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Full text of "Dictionnaire raisonné, universel des animaux, tome III"

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DICTIONNAIRE 



RAISONNÉ 

ET UNIVERSEL 

DES ANIMAUX, 



M- 



o u 



LE REGNE ANIMAL, 

CONSISTANT 

En Quadrupèdes , Cétacées , Oifeaux , Reptiles , Poiflbns , Infectes, V 
Zoopliytes, ou Plantes animales ; leurs propriétés en Médecine; la cl 
la famille , ou l'ordre, le genre, l'efpece avec fes variétés , où et 
animal eft rangé , fuivant les différentes méthodes ou nouveaux fy~ 
de Meilleurs Linnjîus, Klein & Brisson: 

Par M. D. L. C. D. B. 

OUVRAGE COMPOSÉ D'APRÈS CE QU'ONT ÉCRIT 

les Naturalises anciens Se modernes , les Hiftoriens Se les Voyageurs. 




Major rerum m'thi nafeittir ordo ; 
Majiu oput moveo. jï.neïd. Virg. lib. VIT, • 



TOME TROISIEM E, 




A PARIS 

Chez C'laude-Je an-Baptiste Bauche, Libraire, Quaï des Auguftînr 
à l'Image Sainte Geneviève , & à Saint Jean dans le Défert. 



M. D C C. L I X 
AVEC 'APPROBATION- ET PRIVILÈGE- DU R O U- 



DICTIONNAIRE 

RAISONNÉ 

ET UNIVERSEL 

DES ANIMAUX. 



M A B 



M A B 




A B O Y A , ou 
M A B O U Y A, 
félon le P. La bat. 
On donne ce nom en 
Amérique à la Sala- 
mandre , efpece de 
Lézard. M. Klein 
(Dijjj. <^uaU. urd. u.) dit que le Scïnque 
brun de la Jamaïque , en Latin Scïncus 
rnaximus fujcits, dont parle S l o a n e, 
eft le Mubuuya ou Scïnque du P. DU 
Tertre, ainfi que le Brochet de 
terre deRocHEFom, & le Cucitz* 
du Pérou & du Chili , dont le 
Feu i l l é e fait mention, 
Terne III. 



Les Maboityas fe trouvent ordinai- 
rement dans^les Ifles de l'Amérique, 
Se les Sauvages les nomment ainiî , 
pareequ'ils font les plus laids & les 
plus hideux de toutes les différentes 
efpeces d£ Lézards qu'on y voir ; car 
M.ibouyas eft un nom qu'ils donnent 
communément fi tout ce qui le*ur fait 
horreur. Ces Lézards n'ont jamais un 
pied de long. Quand on leur a coupé 
la queue, ils paroiffent être comme de 
véritables Crapauds. Ils ont les doigts 
des pattes plats , larges & arrondis par 
les bouts , & à l'extrémité une petite 
griffe femblable à l'aiguillon d'une 

A 



é ' MAC 

Guêpe. Ils font de différentes couleurs, 
& ont tous la peau comme frottée 
d'huile. Ils fe retirent ordinairement 
fur les branches d'arbres , ou fur le 
faîte Se fur les chevrons des cafés , & 
dépendent rarement en bas. Ceux qui 
fe tiennent dans les arbres pourris ou 
dans les lieux marécageux , ainfi que 
dans les vallées étroites , où le foleil 
ne pénètre pas , font noirs Se affreux , 
dit R a y ( Qitad. p. %6%. ) : ils n'ont 
d'ordinaire qu'un peu plus d'un pou- 
ce de groiTeur. Pendant la nuit ils jet- 
tent de temps en temps un cri effroya- 
ble , qui eft un infaillible préfage de 
changement de temps. Ils fe jettent 
hardiment fur ceux qui les agacent , Se 
s'y attachent de telle forte qu'on ne 
peut les en retirer fans beaucoup de 
peine. On n'a pourtant jamais remar- 
qué qu'ils ayent fait mourir ou mordu 
perfbnne. Leur peau paroît comme 
pénétrée d'huile , comme il a été dit. 

MAC 

MACACOALT, Serpent de 
l'Amérique ami du. Cerf. Sa jolie tête 
cil défendue par des écailles couvertes 
de petites taches de couleur châtain ; 
fon col long Se grêle eft revêtu d'écail- 
les blanchâtres , furfeméesde grandes 
taches brunes & noires , qui régnent 
tranfverfalement enfaçon de flammes , 
jufqu'à l'endroit le plus gros du corps : 
là les taches femblent fe divifer comme 
par pelotons ; la queue a les mêmes 
taches que la partie antérieure du 
corps. Ses a en donne lâ*defcription 
Se la figure , Thef. II. Tab. 79. n. 3. 

MÀCAMITZL1, nom que 
Nieremberg( Hift. Exot. L. IX. 
c. 24. ) , Se Ru ysc h ( de Quad. p. 8 1 . ) 
donnentà un animal étranger , qui pour 
la figure approche du Lion , 8e du 
Cerf en quelques parties. Cette bête 
eft plus groffe que le Lion., mais plus 
petite Se moins féroce. Elle fe nourrit 
de Cerfs Se de Brebis. Elle tue, quoi- 
que rafTafiée , tous les animaux qu'elle 
rencontre ; elle dgrt pendant deux ou 



MAC 

trois jours 8c ne continue fa chafle que 
quand elle a faim, 

MACAO, nom que les Voya- 
geurs ont donné à un grand Perroquet 
du Bréfil , le même que le Macaow, 
qui fuit. 

MACAO?, efpecede Perro- 
quet , dont le plumage eft un mélange 
de bleu , de rouge Se de verd ; fon 
corps eft quatre fois plus gros que les 
Perroquets ordinaires. On en voit dans 
l'IUe de Tabago , à la Jamaïque Se 
autres endroits de l'Amérique. Cet 
oifeau eft le plus grand de fon efpece. 
Il a trente pouces de longueur depuis 
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité 
de la queue ; le bec en eft grand , for- 
mé en demi - cercle , de couleur de 
frêne : la pointe en eft noire : l'iris eft 
jaune ; la peau qui entoure les yeux 
eft dégarnie de plumes Se raboteufe ; 
la tête entière , la poitrine 8c le ventre 
font d'une très - belle écarlate : il en 
eft de même du deffous de la queue j 
le côté fupérienr eft de couleur bleue 
8c écarlate , ayant quelque teinture 
de verd , mêlé avec le bleu , qui le 
trouve dans les plumes du deffus de 
l'aile; les jambes font de couleur de 
frêne fombre , mélangée de brun. Le 
plumage delà femelle eft bleu Se jaune. 
On les apporte ordinairement de la 
Jamaïque Se des autres parties des In- 
des Occidentales. Albin ( Tome IL 
». 17.) dit, qu'ils fe vendent cher, 8c 
que le prix ordinaire eft de dix guinées 
pour chacun. Au Bréfil on l'appelle 
Macao. 

MACAQUO: C'eft une efpece 
de Singe , du genre des Cercopithè- 
ques , dit RAjysch (de Quad. p. 100.) 
d'après Marc Grave., Hift.Braftl, 
p. 2 27. 

M. A C C A M A , nom que 
N 1 E R e M b e r G donne à des Cerfs 
de la Nouvelle Efpagne. Voyez au 
mot C E R F. 

MACÉDONIENNES, Mou- 
ches aquatiques à deux ailes, qui fe 
trouvent aux environs du fleuve Aftrée. 



MAC 

Elles font de la grandeur des gros Fre- 
lons , de la couleur des Guêpes , Se 
imitent le bourdonnement des Abeil- 
les Si ont la hardiefle des autres Mou- 
ches. 

M A C H L I S , nom d'un animal , 
dont parie Pline , Hift. Nat. L.Vlll. 
c, i 5. 11 eft fort commun dans la Scan- 
dinavie , a les jambes toutes d'une 
venue , fans jointures. Cet animal ne 
fe couche jamais. I^demeure appuyé 
contre un arbre , Se pour le prendre 
on fait une entaillade aux arbres , pour 
le faire tomber quand il s'appuie con- 
tre. Il va d'une fi grande vîtefle , qu'on 
ne le peut prendre autrement. 11 eft 
fort femblable à l'Alcé. Sa lèvre 
droite eft fort grande , de forte que 
pour paître il eft contraint d'aller à 
reculons. Ge sn ek , deQitad. Voyez 
ALCÉ. 

MACHORAM, nom d'un 
poiffon qu'on pêche fur la côte du 
Pérou , près d'Arica. Il n'a point d'é- 
caiiles ; là peau eft fine , fa chair blan- 
che : aux deux cotés de la tête il a des 
efpeces de filandres ou barbes , à-peu- 
pres femblables à la barbe du Chat 
Peut-être eft-ce pour cela que plu- 
fieurs l'appellent Chat marin , ou Chat 
de mer. L'on voit , dit F R É z 1 e R , à 
Pifle Saint Vincent du Cap Verd une 
infinité de Mâcherait s. 

Ce poiffon eft auffi fort commun à 
la côte d'Or. Les François lui ont don- 
né le nom de Machoran. Les Anglois 
l'appellent HornYnb, où Poifjon cor- 
nu , Se les Hollandois petit Homme 
barbue à caufe de cinq excroiflances 
allez longues , qui lui tombent fous 
la mâchoire , en forme de barbe. Il 
en a aufti des deux côt'îs de la gueule , 
immédiatement au-deffous des yeux ; 
fes deux nageoires , dont l'une règne 
le Ion? du dos Se l'autre fousle ventre , 
font avm 4 es d'une corne dure Se poin- 
tue , dont la piquûœ fait enfler les 
parties bleffées , avec^rne tres-violente 
douleur. Cette raifon le fait rejetter 
comme une nourriture dangereufe aux 



MAC 3 

Ifles fous le Vent, où il fe trouve en 
abondance. On y eft perfuadé que fe 
nourriffant de Mauzanilles le long 
du rivage , cette efpece de Pomme lui 
communique fes funeftes qualités. Mais 
fur la côte d'Afrique c'eft un poiffon 
fortfain 8c de très-bon goût. Il parok 
gémir fie foupirer lorfqu'ïl eft pris, 
Hift. Génér. des Voyager , Tome XIV. 
p. 245. édit. in-iz. 

MACO ALT, très-beau Serpent 
du Mexique , dont parle Sua, 
Thef. H. Il en donne la figure , lab. 7 3 . 
n. ï'i\ 

M A C O C O , animal de la 
groffeur d'un Cheval , qui fe trouve 
dans le Royaume de Congo. 11 aies 
jambes longues Se grêles , le col long, 
de couleur grife , Se rayé de blanc , 
deux cornes extrêmement longues , 
minces 8c aiguës. La fiente de cet ani- 
mal eft faite comme celle des Brebis 
Se a une odeur qui approche du mufe 
de la Civette , mais elle n'eft pas "fi 
forte. On tient que fes ongles font un 
remède contre Pengourdiffement des 
nerfs. Le nom de Macoco veut dire 
grande bête dans la langue du pays. 
DappïR, Dejcript.p- 340". 

MACOLACAN N A , ncm 
qu'on donne en Amérique à des Per- 
drix , dit T h F. V E t ( àingular. de la 
France Antard. p. 0 6. ) , qui font plus 
groffes que les nôtres. 

MACREUSE, forte d'oifeau de 
mer, mis dans l'ordre des Aves Anj'tres 
par M. Linna:us , Si par M. Klein 
dans la huitième famille de fes oifeaux. 
11 eft fort femblable au Canard. Il tient 
de la nature du poiffon , pareequ'il 
eft d'un fang extrêmement froid ; ce 
qui eft caufe qu'on permet d'en faire 
uiage dans le carême. Cet oifeau de- 
meure preique toujours fur la mer , 
où il fe plonge jufqu'au fond , pour 
trouver dans le fable de petits Co- 
quillages , dont il fe nourrit. Il vit auflî 
d'infectes , de plantes marines Se de 
poiifons. Cet oifeau ne vole qu'avec 
beaucoup de peine, ayant défi aiîcs 



4 



MAC 



MAC 



fort petites, à proportion de la pefan- 
teur de fon corps .* c'eft ce qui fait qu'il 
ne s'élève jamais plus de deux pieds 
au-deiTus de l'eau ; fes pieds qui font 
foibles , lui fervent plutôt de nageoi- 
res que de pieds , & fes ailes autant 
à marcher fur la furface de l'eau , qu'à 
voler ; en effet , lorfqu'il veut fe 
tranfporter d'un lieu dans un autre, 
îl fe foutient fur l'extrémité de fes 
pieds Se de fes ailes Se court ainiî avec 
beaucoup de vîteiTe fur la furface des 
eaux. Il a le bec plat & large , avec 
une élévation au-deiTus des narines, 
vers lefquelles il a beaucoup de jaune 
& un peu de rouge ; il a les pieds noirs , 
dont les doigts, qui font noirs aulïiSc 
quelquefois rouges , tiennent à une 
membrane rouge , qui lui fert à nager. 
Les plumes de cet oifeau font noires 
dans les mâles Se grifes dans les femel- 
les. La chair de Macreufe eft dure Se 
coriace , d'un fuc groflïer , dont le 
goût eft fort marin & fauvage. Elle 
renferme beaucoup d'huile : fon foie 
fur-tout abonde en huile. La Macreufe 
»oire pafle pour la meilleure. La gri- 
fe, qui eft la femelle , & qu'on ap- 
pelle communément Bifette , eft plus 
coriace ; mais on a trouvé l'art de 
corriger , par le moyen d'un affnifon- 
nement, fi non en tout, du moins en 
partie , le mauvais goût & la mauvaife 
qualité de la Macreufe. 

Il y a une, fi grande quantité de 
Macreufes en Écofle, qu'elles obfcur- 
ciffent le foleil en volant , & elles y 
apportent tant de branches pour faire 
leur nid , que les habitans en ont aiTez 
pour faire une bonne provifion de bois. 
Quelques-uns veulent que la Ma- 
creufe foit formée dans quelque co- 
quille , d'où elle fort enfuite. D'autres 
croient que la corruption de certaines 
Pommes , qui tombant dans la mer , 
les produit. Plufieurs ont imaginé 
qu'elle eft engendrée de l'écume de 
la mer , ou bien du boîs pourri des 
Vieux vaîlïeaux , où on la trouve at- 
tachée parle bec, d'où elle fe détache 



quand elle eft formée. Albert Se 
B E L o n ont embraffé ce fentiment. 
S'il en faut croire les* Matelots An- 
glois , il eft certain que , lorfque quel- 
que mât, ou pièce de bois de Sapin 
eft tout-à-fait corrompue , on voit 
ces oifeaux fe former infenfiblement 
de cette corruption , pour fe revêtir 
de plumes , prendre leur mouvement 
naturel & voler comme des Canards. 
Ce fait eft confirmé par Aldrovande , 
qui , pendant qu'il écrivoit fon hiftoire 
des oifeaux , dit l'avoir appris d'un 
homme très-digne de foi. Ajoutons à 
tous ces dififérens fentimens celui de 
Hector Boëtius, qui , fans 
vouloir époufer aucune de ces opi- 
nions , a mieux aimé croire que la 
Macreufe tire fon origine de toutes 
les chofes en général qui fe putréfient 
dans la mer, M. Graindorge, 
Médecin de Caen , nous a donné un 
traité fur l'origine de la Macreufe. 
L'opinion la plus probable eft que la 
Macreufe eft un vrai Canard , produit 
par des oeufs couvés comme les autres 
oifeaux. Plufieurs, ditRiEGER (Introd. 
ad Not. Rer. Nat. & Artif. Tome L 
p. 539.) , confondent mal à propos 
la Bernacle d'EcolTe avec la Macreufe. 
M. Ll N N JEU S ( Fauna Suec. p. 3 8. 
m. 10 6.) nomme la Macreufe , A fias 
corpore objeuro , macula ponè oculos , 
linéique alarum albà. On la nomme 
en Suédois Swaerta. C'eft VAnas fera 
fufca deJoNSTON ( Otnith. 49. ) , 
VAnas fera fufca de Rudb , Peintre ,. 
Se VAnas niger de Willughby 
( Ornitb. 278. ) , de R a y ( Synop. 
Me th. Avïnm , p. 141. «.4. &$.)8c 
d'A ldrovande. Ray en donne 
de deux efpeces , l'une qui eft VAnas 
niger d'A ldrovande , qu'on 
nommme en Anglois the Great Black, 
Dufik. > & qui eft plus grande que le 
Canard vulgaire. L'autre eft nommée 
Anas niger minoj^ en Anglois Scoter. 
Elle eft de figur^fonde Se un peu plus 
petite que le Canard.* Le Dictionnaire 
de Trévoux appelle la Macreufe , Tuffi- 



MAC MAD M £ 

nus Anglofum ; celui-ci nous paroît ufl 
oifeau tout différent. Voyez au mot 
P U F F I N. 

MACREUSE, oifeau , appellé 
autrement Diable de mer , en Latin 
Fulica major , qui eft une efpece de 
Poule de mer fort noire. Voyez au 
mot POULE D'EAU. 

MACUCUAGA, oifeau du 
Bréfil , qui reffemble fort au Faifan , 
plus gros que les Poules d'Europe. Il a 
trois peaux , Se beaucoup de chair , qui 
eft fort délicate. Cet oifeau pond deux 
fois tous les ans douze ou quinze œufs. 
11 court fur terre & vole furies arbres 
auffi-tôt qu'il voit des hommes. On en 
trouve de plufieurs efpeces , & il eft 
facile d'en prendre. Il vit des fruits fau- 
vages qui tombent des arbres. Ses œufs 
font un peu plus gros que ceux d'une 
Poule ordinaire; ils font d'un bleu tirant 
fur le verd. Voyez AGAMI. 

Les Auteurs qui en ont écrit font I.aît, 
Ind. Occid. L. XV. c. 7. R c y s c h , de Avlb. 
f, iij.Ray, Synop. Meth. Av. p. $3. n. 9. 

MAD 

MADREPORES, Lithophy- 
tes dont la pierre eft calcaire Se due à 
des Vers. La pierre des Madrépores eft 
compofée de cavités , féparées par des 
cloifons , qui forment des étoiles , Lapis 
foraminibits flellatis , dit M.Linn^euS. 
L'animal qui s'y loge peut être ap- 
pellé Médufe. Les Madrépores fe trou- 
vent en mille endroits ; entr'autres il y 
B les Madreporis de la mer Baltique ; 
VAlcyonion rameux , mou , dont les 
ramifications font en forme de doigts, 
qui eft entièrement chargé de petites 
étoiles; la Main de mer, dont par- 
lent M. Breynius Se Ray, & la 
Fiante marine , qui reffemble au très- 
petit Adiantnm doré. C'eft une maffe de 
tuyaux membraneux. M. de Jussieu 
eft de tous les Modernes celui qui a le 
mieux fait connoître les Madrépores. 

M JE 

fM yïNURGUS; Va ri nus 
Tome III. 



MAE M A F 5 

donne ce nom à un poiffon. Geskek 
( de Aquat. p. <5i 8. ) ne fait d'après 
quel Auteur. 

*MAEOTAI, du Grec 
poiffons du Nil , qui fe trouvent eu 
abondance vers le Palus - Méotide 
Se le Pont-Euxin , dont les Anciens 
font mention , dit G e s n e r. , de 
A quai . p. 6 18. 

M A F 

M A F A N , nom que M.Adan- 

S o N ( Hijl. des Coquillages dit Séné- 
gal , p. 93. ) donne à un Limaçon 
operculé du Sénégal, du genre du Rou- 
leau. C'eft fa quatrième efpece , figu- 
rée Planche VI. n. 4. Ce Coquillage 
eft nommé Amiral par d'autres Na- 
turalistes', nom que M. Ad ans on 
lui eût confervé , s'il n'eût , dit- il , 
appartenu depuis long - temps à une 
efpece de Papillon, dont la Chenille 
vit fur l'Ortie. J'ai parlé de ce Coquil- 
lage au mot AMIRAL; mais voici 
comme l'Auteur le décrit fous le nom 
de Ma/an. 

L'animal reffemble à celui de la 
troilïeme efpece , nommée Tilin , à la 
couleur prè6 , qui eft très - blanche. 
La coquille a une fois & un peu plus 
de longueur que de largeur. La plus 
grande que l'Auteur ait trouvée eft 
d'un pouce Se demi. On y compte 
onze Ipires légèrement renflées , Se 
entourées de fdlons affez profonds , 
qui font au nombre de vingt dans la 
première fpire , Se fort écartés les uns 
des autres. Cette fpire eft prefque 
plate Se forme un angle affez aigu , 
en fe repliant dans la partie inférieure : 
elle a quatre fois plus de longueur 
que le fommet ; celui - ci a une fois 
plus de largeur que de longueur. L'ou- 
verture reffemble à celle du Tilin ; 
mais elle n'a que quatre fois plus de 
longueur que de largeur. C'eft cette 
efpece qui fournit les Amiraux , les 
Vice - Amiraux , Se les Coquilles les 
plus eftimées , tant pour la forme , que 
pour la richeffe Se la netteté des cou- 



tf M A F 

Jeurs ; letif fond eft toujours d'un très- 
beau blanc qui eft coupé par des mar- 
brures d'un beau jaune doré , dïvifées 
en deux ou trois bandes. Lorfque ces 
bandes font fimples , elles forment 
les Vice-Amiraux : lorfque les deux 
d'en haut font partagées par une ligne 
ponctuée , elles donnent cette belle, 
variété , qu'on appelle Amiral , ou 
Grand -Amiral, Se leur réunion produit 
VExtr'Amiral.» 

M. A D A N s o n range fous le nom 
"â 2 Mafan , comme Coquillages du 
même genre , le Rhombus Indiens albus, 
fafciis albis & M&andris , de Peti- 
vert, Gaz.opb. Vol. L Cat. 3 1 2.. Tab. 
27-fig. 11. 

La Voluta Arcbithalaffui fecundus , 
ou le Vice- Amiral de M. d'A rGbn- 
ville, p. 234. Edit. 1757. 

Le Cornet Vice-Amiral du même , 
figuré àla lettre H. Planche XII. delà 
même Édition , dont les fàfcieS mar- 
brées de taches blanches fur un fond 
jaune , forment un très -beau compar- 
timent : fa tête eft très-bien marquée 
& fort élevée pour un Cornet. Voyez 
AMIRAL. 

La Voluta Archhhalajjus primits, du 
même , ibïd. 

Le Cornet Grand- Amiral , qui ne 
diffère du Vice - Amiral que par une 
ligne ponctuée , qui fe trouve au mi- 
lieu de la grande fafeie jaune , figuré 
à la lettre N. de la même Flanche. 

La Cochlea conoida , albida , colore 
lutta radiata, vel mkdata, & qUafi faf- 
data, punâata , obfcure flriala , apice 
ftriis bullatis exaj'perato , de G u a l- 
t 1 e r 1 , fad. Tab. & pag. 20. lin. F. 

La Cochlea conoida, mucronata, U- . 
vii , crocea , tribus fafciis candïdis , 
notatis, rubris, nigric amibus , undatim 
depiùiis elegantijjime circumdata , du 
m? me , ibid. lut. G. 

La Cochlea conoida , mucronata , la- 
vis colore, luteo , vel ex luteo rufef— 
cente depicla , ,duabus fafciis candidis 
izuila, Au même,. J. Voyez au 
mot CORNET.. 



M A G MAI 

MAGOT, ou TARTARIN» 

efpece de Singe Cercopithèque , ou 
Cynocéphale , du nombre de ceux qui 
ont la emeue longue Se le mufeau al- 
longé , dit M. El ri s s on , p. 2 1 3 . Il 
le nomme Cercopithecus Cynuccphalus , 
parte corporis anteriore longis pitis obfîta, 
nafo violaceo mido. C'eft le Cynocepha* 
lus de Gesker (Quad. p. yz.fig. 93.) » 
de J o N s t o n ( Quad. p. 100. fig. & 
Tab. 59.), deCiuSlUS( Exot. fig.- 
pag. 3 70. ) , 8c le Maman de quelques- 
uns , félon G E s n E R. Cet animal eft 
environ de la grandeur d'un Dogue : 
il a à-peu-près la forme des Cerco- 
pithèques ordinaires , mais il a le corps 
plus épais Se plus fort : tous fes poils 
font d'un gris blanchâtre ; ceux qui 
couvrent la partie antérieure' du corps 
font très-longs ; les autres font courts : 
fon nez eft fort gros, dénué de poils, 
canelé félon fa longueur, Se d'une cou- 
leur violette. On le trouve en Afie & 
en Afrique. 

M A G U A R I , oîfeau du Bréfil , 
dont parle Marc Grave , que Ray 
nomme Cicognc de mer. Voyez ce mot. 

M A I 

M A I A , oîfeau de l'ifle de Cuba, 
qui vole en troupe. La couleur en eft 
roufle. Il ravage toutes les campagnes 
enfemencées de Riz, qui eft la grande 
récolte des gens du pays. La chair de 
ce volatil eft une excellente nourri- 
ture. R u y s c h C de Avib. p. 119.) 
rapporte , d'après Ni e rem bers 
( Nat. Exot. L.X. c.y.), que cet oifeau 
a le ventricule placé derrière le col , 
pour fervir de premier réceptacle à la 
nourriture qu'il prend. Ce fait n'eft pas 
croyable , comme le remarque Raï, 
Synop. Meth. Av. p. 155. 

M A J A G U E , oifeau du Bréfil , 
félon P 1 s o n , de la grandeur Se de 
la. figure de l'Oie. Son bec eft crochu 
parle bout 3J à-peu-près comme celui 
du Corbeau aquatique de Gesner 
dit R a y ( Symp. Meth. Av. p. 133' 
n. 3, ; , avec lequel il convient aifez- 



M A J 

par fa couleur brune , tirant, fur le 
noir ; la partie inférieure du col eLt 
îaune. H a lâ tête un peu groile Se 
ronde. Cet olfeau palmipède vit dans 
la mer à l'embouchure des rivières , 
& fait fou nid fur le bord de ces mêmes 
rivières. Il vole auûï-bien qu'il nage. 

M A J ET : M. Adanson , dans 
fon Hifioire des Coquillages du Séné- 
gal , p. 6-J- dit qu'il n'a connu que 
trois efpeces de Conques de Venus , ou 
de Pucelages , fur ces côtes. A la pre- 
mière il donne le nom deMajet; à la 
féconde le nom de Lupon, & à la troi- 
fieme celui de B 'uou. Voyez LU PON 
& BITOU. 

Il décrit ainfi le Ma jet. Sa coquille, 
dît-il , repréfente une portion d'ovoï- 
de qui feroit coupé par la moitié dans 
fa longueur. On juge bien par -là 
qu'elle a deux faces ; l'une plane , qui 
eft le devant ou le deflous , & l'autre 
convexe , qui eft le dos. Son épaiffeur 
eft aiïez confidérable. 

Quoiqu'elle ne paroifle pas tour- 
née enfpirafe , elle eft cependant comi- 
pofée de cinq tours , qui vont horifon- 
talement de droite à gauche. Le pre- 
mier tour eft prefque le feul qui foit 
fenjible à caufe de fon volume. II for- 
me , pour ainfi dire , lui feul toute la 
coquille , 3c efface les quatre autres , 
qui font un bouton, ou un fommet, a 
peine apparent à fon extrémité infé- 
rieure. 

L'ouverture eft une fente égale à la 
longueur de la coquille , & placée à- 
peu-près dans fon milieu , cependant 
un peu plus proche du côté droit que 
du côté gauche. Ellen'eft pas tout-à- 
fait droite , mais elle fe courbe un peu 
vers fes extrémités en confervant un 
parallélifme affez exact avec l'axe de 
la coquille. Dans l'endroit où elle eft 
plus large , elle a à peine la dixième 
partie de fa longueur. Ses deux extré- 
mités forment un canal profondément 
échancré dans la première fpire. 

La lèvre droite eft de moitié moins 
large que la lèvre gauche , & quoi- 



M A J 7 

quMle paroifle tournée comme elle enr 
fpirale , elle ne' l'eft pas néanmoins 
elle eft feulement repliée ourameni 
en dedans , où elle forme une grand 
cavité. Ses bords font obtus , très 
épais , fans bourrelet , Se relevés d'u 
bout à l'autre de trente- trois dent: 
tranfverfales allez longues & à -peu- 
près égales. 

La lèvre gauche eft convexe Se ren- 
flée au-dedans de la coquille, oit elle 
tourne en fpîrale. Elle fait une cavité 
notable dans fa partie fupérieure. Ses 
bords ne portent que trente-une dents, 
un peu plus longues Se moins épaifles 
que celles de la lèvre droite. Le plan 
formé par la largeur de ces deux lè- 
vres n'eftpas exactement horifontal ; 
il rentre tant foit peu en dedans de 11 
coquille. 

Les plus grandes que l'Auteur dit 
avoir obfervées avoient environ trois - 
pouces un quart de longueur , & une 
fois moins de profondeur. Leur lar- 
geur étoit moindre d'un tiers. Leur 
couleur étoit agathe dans quelques- 
unes , brûlée dans d'autres , mais beau- 
coup plus claire en deflous , 8c mar- 
quée fur le dos de grandes taches bru- 
nes : ces taches étoient quelquefois 
féparées dans les dernières par une 
ligne qui s'étendoit d'un bout à l'au- 
tre de la coquille vers fon milieu. Les 
dents de l'ouverture étoient ordinai- 
rement blanchâtres , Se la. fente étoit 
quelquefois noire , mais plus fouvent 
d'un brun clair. Toute leur furfacô 
étoit d'un beau poli. 

Telle eft la defcrîption du Mafet , 
que M. Adanson dit être le même 
Coquillage que la Concha Uvigatoria' 
platygafter dida de Columna , r. 6j. 
Gr6$. 

La Concha Veneris magna , gihkofior . 
multô majoribus macitlts nigricanûbus' 
donata de l'Ifle de Madagafcar , de 
Lister, Hift. Conchyl. Tab. 68 z. 
fig. zo. 

La Concha Veneris , ex vîridifucef- 
cens , lato. , valde • gibbofa , macuiis 




8 



M A J 



fufdflatis depicîaàe la Jamaïque, du 
même, Tab. 6^7. fig. 34. 

La Cmcha Veneris magna , crajfa , 
lat a , ventre & ipfâ rimâ nigricamïbus , 
dorfo magnis maculis retïculatîm dé- 
puta de l'Ifle Maurice , du même , 
Tab. 703. 52. , . 

La Veneris Concha Indica média , 
alba , polita , ni^ro maculata de P l- 
T 1 V e r t , Gaùph. Vol II. cat. 273. 
Tab. 9 6.fig.% 7 . /3 

La Veneris Concha Indïca média , 
maculata, coftis & ventre latis nigri- 
cantibus du même , ibid. cat. 274. 
Tab. 96, fig. 8. 

VEryihr&a. lituris , punclulifque ma- 
culofa , lineâ angufiiore dorfum percur- 
rentede Barrelierus , hon. pag. 133, 
Tab. ï 3 2i.fîg. 23. 

L'Erythrxa maculofa major , lineâ 
^'igufiajuprà dorfum fer pente du même , 
Tab. 1322. fig. 24. 

Et enfin la Porcellana fimbriata , 
va ft latâ , in dorfo magnis- maculis ex 
fujco fulvidis & mgricantibusnebidata , 
lateribus colore livido , lucido , veluti 
tn Achate eleganter diftindis de Gual- 
tieri , Ind. Tab. Qr paçr. k. U tt , s 
& T. 

M. A D a N s o n dît qu'il y a peu 
de coquilles , dont les variétés foient 
«lieux caractérises dans la même ef- 
pece. H a fait figurer dans leur gran- 
deur naturelle fix variétés de Majet 
les plus remarquables , dont il décrit 
les différence^, en rapportant à cha- 
cune les citations des Auteurs qui les 
ont figurées. 

La première variété qu'il décrit eft 
la Venerea in mari Siculo & Tarem ino 
fréquent, ubi vulgo vocatur Purceletia 
de Bonanni , fan. pag. 145. daif 2 
». 251. 

La Concha Venerea Uvis , ex fufco 
rufefcens, bifafciata ad claviculam, tri- 
bus , aut piuribus maculis nigrtcanti- 
bus depida , item ad cervicem binis 
tanium de Lister, Hifl. ConchJ. 
Tab. 671. fig. i? . 

La Concha Veneris çrafia , fufca,& 



M A J 

claviculâ & lingua canali croc sis , item 
utrimque binis maculis nigricanûbus no~ 
tata de l'Ifle de l'Afcenfïon , du mê- 
me , Tab. 673. fig. ip. 

La Porcelaine , appellée la Souris , 
dont la couleur tire fur le gris , avec 
des points noirs à chaque extrémité , 
imitant les yeux de cet animal , Se dont 
parle M. d'A r g e n v i l-l e , p. 270. 
Planche XVlll. litt.C. de l'Édition de 

La Porcellana vulgaris , Uvis, ht- 
cida , duabus maculis nigris in utroque 
capite infigniter notata , ventre albido , 
aliquando croceo de Gualtieri , Ind 
pag. & Tab. 13. Int. E. 

La P orcellana vulgaris , Uvis , fuf- 
ca , lucida , duabus fafciis albidis in 
dorfo , & duabus maculis nigris in ca- 
pite donata du même , ibid. lia. J. 

La féconde variété , que l'Auteur a 
obfervée fur les côtes du Sénégal, eft, 
dit-il , la même que la Concha Vene- 
rea extgua , ferè plumbei coloris , aut 
leviter purpurafeens de l'Ifle de Saint 
Maurice , dont parle Lister, Hifl 
Conchyl. Tab. 656. fig. 1. 

La Concha Veneris Jubfiava, ipfâ rima 
purpurajeente , tribus fafciis circumda- 
ta, Uviare tejlâ de Madagafcar , domt 
parle le même Auteur, ibid. Tab. 66< 
fig- 9- 

La Concha Veneris fufca , valdè U- 
T^tÊ dl f abm f a fw albidu exornata 
de 1 Jile des Barbades , dont parle en- 
core le même Lister, Tab 667 
fig- 

Et la Concha Veneris parva fubei^ 
nerea , ventre candido , unicâ fijciâ 
jujea latâque circitmdata , dorfo paulu- 
lum gibbojo , admodum Uvis du même , 
Tab. 66%. fig. 1 3. 

^ La troifieme variété , qui refiemble 
a la précédente, dit l'Auteur, mais qui 
eft feulement un peu plus épailfe & un 
peu plus grande, eft la même que la 
Concha Veneris parva purpurafeens , 
exiguis maculis albis denfe depida de 
Lister; Hifl. Conchyl. Tab. C04, 
fig-^- 

u 



M A J 

La Concha Veneris parva, tennis , rimà 
candidâ , dorfo fttfco mac a lis a Uns reti- 
culatim dcpiclo du même Auteur, Tab. 
701. fig. 49. 

La Coucha Veneris ternis , lateribus 
ritgric antibits , dorfo maculis albis dij - 
tiniio de l'Ifle de Saint Maurice , du 
même, Tab. jo^.fig. yj. 

La Porcellanâ varioU dii'la de Rum- 
phius , Muf. p. 115. art. 1 J- Tab. 38. 
fa °- 

La Concha. Veneris rrànor , maculata 
& oculata de Petivert, Gazoph. 
Vol. I. Cat. 300. Tab. 9. fig. 7. 

Et la Concha Veneris Indica minor 
du même, Vol. II. Cat. 275. Tab. $6. 

fig T 9 ' ■ .,; 

La quatrième variété , infiniment 
plus épaiiïe, 8c beaucoup plus pelante 
que les précédentes, eft la même que 
la Venerea , tcfludinis inflar gibbofa , 
dorfo rufo flellulis notabilt de Bonanni, 
Recr. p. 147. claff. 3. n, 258. 

La Concha Veneris c rafla, ventre lato, 
rima, albidâ , lateribus nigricantibus , 
dorfo fummo albis maculis depicto'àe 
rifle de Saint Maurice , dont parlent 
L 1 s T E K , Hifl. Conchyl. Tab. 702. 
fig. 50, 8c M. Klein , lent. pag. 80. 
jpec. 4. n. 2. 

La Porcellanâ fpeciesfe.xta de RuM- 
phius, Mufi-p. 1 14. Tab. 3 8. fig. F. 

La Porcellanâ fimbriata , Uvis , dorfo 
fubjlavo , candidis punllis minimis fi- 
gnato , lateribus fufco colore latè obfcu- 
ratis , rimà albidâ , capitibus aliquan- 
tulitm tuberofis de Gualtieri, bld. 
pair. &Tab. 15. litt. J. & 0. 

La cinquième variété , qui eft fort 
petite, Se de même forme que la pre- 
mière variété , eft la même que la 
Venerea laclea , tribus fajciolis ojlrinis 
fegmentata , quas aurem, lacinis e.xor- 
nant de Bonanni , Recr. p. 144. claff. 
3. ». 236". 

La Concha Veneris parva , candida , 
tribus latis fajciis nigricantibus depicix 
des Ifles Maldives , dont parle Li S- 
T E R , dans fon Hifl. Conchyl. Tab. 666. 
fig. 10. 

Tome III. 



M A J 9 

La Porcellanâ Afelli de Rumphius * 
Muf p. 118. art. 12. Tab. ^9. fig. M. 

La Venerea laElea , tribus fajciolis 
ojlrinis fegmentata , quas aureœ lacinU 
exornant du Muf mon du P. Kirker , 
p. 4(54. n. 235. 

La V encris Indica Concha minor , tri- 
fafeiata de Petivert, Gaz.oph. Vol. II. 
Cat. 290. Tab. 97, fig. 1 I. 

U Erythr&a minor variegata & faf- 
eiata de Barrelierus, Icon. p. 133, 
Tab. \~^i6. fig. 27. 

La Porcelaine , appellée le petit Afne, 
à caufe de trois barres noires , qui fc 
voient fur fa robe blanche, de laquelle 
parle M. D'A r G e n v 1 l le , p. 271. 
Planche XVIII. lett. T. de l'Édition de 

La Porcellanâ fimbriata , Uvis , mi- 
nor ,' candida , tribus latis fajciis ni- 
gricantibus , vel ex fufco rujefeentibus 
cincla de Gualtieri, Ind. Tab. & 
pag. 1 5 . litt. M. 

La Porcellanâ brevis , fivè elatior, vel 
gibba Afelli , triplici xjma nigrâ tranf 
verfaliptr àorftm album de M. Klein, 
lent. p. 86, Jpec. 2. n. 10. 

La fixieme variété a , dit l'Auteur, 
un certain rapport avec la quatrième. 
C'eft, dit-il, la même variété que la 
Venerea flellata fpeciofiffima , qui iert 
de monnoie dans les Ifles Philippines, 
dorfo partim violaceo , partim livido , 
intits flellulis latleis & aureis décor ata , 
dont parle B o N A N n 1 , Recr. p. 1 44. 
clajj. 3. ». 247. Se le Mu/xum de 

K 1 R K E R , p. 484. ». 245. 

La Concha Veneris parva , ventre & 
lateribus flavejientibus , ipfo lingujt 
canali leviter purpurafeente , dorfo 
maculato fiavis & innumerïs punEiu-is 
candidis des Maldives , dont parle 
Lister , Hifl. Conchyl. Tab. 692. 
fig.%%. 

La Veneris Concha Indica minor , 
maculata , rimà croceâ de Petivert, 
Gazoph. Vol. H. cat. 281. Tab. 07. 

fa' x 7' 

La Porcellanâ fimbriata , Uvis , 
fubfulva, albis maculis dcpitla , rima 



io MAI 

fubcroceiï , ventre & lateribus albiâu , 
furpurafcentibus macidii fignata de 
Gualtieri, Ind. lab. & pag. 1 5 . 
Un. C. 

La Porcellana in utroque latere fim- 
briata , jlellata , thoracica , fiellulis 
rubiginofis in âorfo albido dijîinUa , 
(atcribus ex Jufco caflaneis de M. 
Klein, Tent. pag. 89. yp. 4- »■ 4- 

La Porcellana in utroque latere fim- 
Iriata , jalita , ventre & lateribus 
flavefcentibus du même , ibid. pag. 90, 
«.13. lin. C. 

Voilà les fix variétés les plus remar- 
quables de la première efpece de Co- 
quillage , qui elt du genre du Puce- 
lage , Se que M. Adanson a 
examinées avec foin. Il s' eft contenté 
de ce petit nombre, pour faire con- 
noître de quelles fortes de changemens 
cette efpece de Coquille eft lufcepti- 
Lle, tant pour la forme que pour le nom- 
bre des dents, & pour leurs couleurs. 
Ce Coquillage eft figuré à la Plan- 
che V. n. 1 . de fon Ouvrage , & les fix 
variétés aux lettres D. E. F. G. H. & J. 
de la même Planche. 

Pour l'animal qui habite cette Co- 
quille , c'eft , félon l'Auteur , le 
même dans toutes les variétés qui lui 
font .tombées fous les mains. Ce qui 
l'a obligé à faire un genre du Pucelage , 
différent de celui de la Porcelaine , 
c'eft que le tuyau du manteau ne dé- 
borde jamais la coquille dans le Pu- 
celage , au-lieu qu'il paroît toujours 
au dehors dans la Porcelaine. C'eft fur 
ce caractère qu'il s'eft fondé pour en 
faire deux genres distingués , ce que 
n'ont pas fait les autres Naturaliftes , 
qui tous mettent le Pucelage , ou la 
Coquille de Venus dans le genre des 
Porcelaines. Voyez pour la defeription 
de l'animal qui habite cette Coquille , 
Y Ouvrage de M. Adanson , p. 7 1 . 

M A 1 G R E , nom qu'on donne à 
l'Ombre , dit Rondeiet. Voyez 
OMBRE. 

MAIN MARINE, Zoophyte 
OU Plante animal , ainfi nommé parce- 



M A I M A K 

qu'il a la figure d'une main. RursCif , 
Exfans;. pag.$%. Tab. 20. 
MAlSI DE MACATOTOLT , 

oîfeau ainfi nommé par les Bréfi liens. 
Son corps eft orné de plumes noires ; 
fa tête , qui eft d'un rouge de fang , 
porte un collier d'un jaune doré au- 
tour du col &"du jabot : le bec & les 
pieds font d'un jaune pâle. Seba , Tbef. 
I. Tab. 57. n. 3. 

* MAISOLE , du Grec MauVoAoç : 
Hesichius & Varinus don- 
nent ce nom à un Quadrupède qui vît 
dans l'Inde, femblable au Veau. C'eft 
tout ce que G e s n e r nous en ap- 
prend. 

M A K 

M A K , nom qu'on donne à Cayen- 
ne au Coufin , infecte volant, petite 
Mouche à deux ailes. Voyez au mot 
COUSIN. 

MAKAKOATH, Serpens 
cornus , qu'on trouve aux environs du 
Mexique. Ces Serpens ont vingt pieds 
de' long 5c font de la groffeur d'un hom- 
me. On leur a donné ce nom , qui veut 
dire Serpent-Cerf, pareequ'en effet ils 
ont la tête d'un Cerf; mais leurs cor- 
nes ne paroiffent que lorfqu'ils com- 
mencent à vieillir. Hifl. Gén. desVoyag. 
Tome XVIII. p. 153, édit. in- 1 2. 

M A K A Q U E , efpece de Cer- 
copithèque , ou Cynocéphale , du 
nombre de ceux qui ont la queue lon- 
gue & le mufeau allongé. Il eft ap- 
pellé Mak.akk.of à Angola & Makaquo à 
Congo. M. BfmsoN.p. 213.1e nom- 
me Cercopithccns Cynocrphalus , naritus 
bijidis , elatis , clmnbits calvis : Makc 
Grave ( Hift. Brafil. p. zzj.) & Rat 
{Sjnop. Quad. p. 1 5 5. > Cercopithccns 
Angolenfis major : M. Linn/rcs (Sy/f. 
Nat. édit. 6. g. z.fp. 10.) Simia eau- 
data , imberbis , naribus elatis > bijidis. 
Les F rançois de la Guyane le nomment 
Makaque. La longueut de fon corps „ 
depuis la tête jufqu'à la queue , eft de 
plus d'un pied : celle de fa tête , de fix 
doigts ; celle de fa queue, d'un pied^ 



M A K 



M A K ir 



fes quatre jambes font d'une longueur 
égale, favoir de dix doigts chacune ; 
fes pieds de devant font longs de trois 
doigts , Se ceux de derrière de fix 
doigts ; le tour de fon corps , dans 
l'endroit où il eft le plus gros , eft d'un 
pied neuf pouces ; il a les narines fen- 
dues en deux Se élevées , les fefles 
chauves : il porte toujours la queue 
courbée en arc j la couleur des poils 
de tout fon corps eft la même que cel- 
le d'un Loup. On le trouve ordinai- 
rement dans le Royaume d'Angola Se 
dans la Guyane. 

Les Auteurs qui ont écrit far cet animal 
font M. Barrire, Hîfl. de laFrance Epitn. 
p. 149. M. Klein, Dîfjp. Quad. p. 8y. Jo&s- 
ton , Quad- P- 100. 

M A K E S ; Lofez dît que c'eft 
un Coquillage qui fe tcouve fur toute 
la côte d'Or, mais que ceux de Loan- 
da font les n ailleurs , parcequ'ils ont 
le coloris fort brillant. On en diftingue 
dediverfes couleurs. Les gris font les 
plus eftimés Se tiennent lieu de mon- 
noie. On fe repofe de cette pêche fur, 
les femmes : elles l'exercent fur les 
bords de l'ifle de Loanda , en creufant 
un trou de quatre ou cinq pieds de 
profondeur, où elles remploient leurs 
paniers de fable : enfuite après avoir 
féparé le gravier du poiifon , elles 
diftinguent les mâles des femelles , 
opération que la différence du coloris 
rend fort aifée. Hïfi. Gén. des Voyag. 
Tome XV IL p. 159. édit. in-i 2. 

MAKIS, efpeces de Singes d'une 
grande beauté. M. Brisson , p. 219. 
les met dans l'ordre des Quadrupèdes 
qui ont quatre dents incifives à la mâ- 
choire fupérieure Se fix,à l'inférieure, 
& les doigts onguiculés. 11 en fait un 
genre, Se félon fes obfervations , 1°. 
toutes les efpeces de ce genre de Maki 
ont les dents incifives de la mâchoire fu- 
périeure féparées par paires & conver- 
gentes: celles delà mâchoire inférieu- 
re font très-étroites, toutes contigues , 
couchées obliquement & avancent ea 
dehors ; elles ont douze dents canines , 



favoir trois de chaque côté à chaque 
mâchoire , lefquelles font larges , 
plates 3c Ce terminent en pointe, 8c 
quatre dents molaires de chaque côté 
à la mâchoire fupérieure , Se trois de 
chaque côté à l'inférieure , en tout 
trente -fix dents ; 3 0 . leurs ongles font 
larges , plats & terminés par une poin- 
te obtufe , excepté celui de l'index 
des pieds de derrière , qui eft plus 
étroit Se plus long ; leurs pieds de 
devant font l'office des mains. Ce gen- 
re de Maki , genus Profilai* , contient 
quatre efpeces. 

Le premier Maki , nommé en Latifl 
Profimia fufca par l'Auteur , eft le 
Simia » Sciurus lanuginofus , fufeus , 
&c. de Petivert, Gaz^oph. fig. & 
Tab. 17 . f. 5. La longueur du corps 
de ce Maki , depuis le fommet de la tê- 
te jufqu'à la queue, eft d'environ onze 
pouces : celle de fa tête , depuis fon 
fommet jufqu'au bout du muftau , de 
trois pouces: celle de fa queue , d'un 
pied quatre pouces Se demi. Son mufeau 
eft allongé Se pointu ; fes oreilles font 
courtes Se prefque cachées dans fes 
poils; tout lbn corps eft couvert de 
poils doux Se laineux , bruns par tout 
le corps, excepté le nez, la gorge Se 
le ventre, qui font d'un blanc faie : le 
bleu tire un peu fur le roux vers la 
partie fupérieure du dos. On trou/e 
ce Maki à Madagafcar. 

La féconde efoece eft le Maki au* 
pieds blancs, en Latin Projînria fufca » 
ruifo , gutture & ptdibus aibis. 11 eft 
de la grandeur du précédent. Il a com- 
me lui les oreilles courtes Se cachées 
dans fes poils 8c le mufeau allongé Se 
pointu ; tout fon corps eft couvert de 
poils doux Se laineux bruns par tout 
le corps , excepté le nez , la gorge Se 
les quatre pieds , qui font blancs , Se le 
ventre , qui eft d'un blanc fale. On 
le trouve auffi i Madagafcar , Se feu 
M. de RÉAUMUïten avoit un dans 
fon Cabinet. 

La troifieme efoece eft le Maki aux 
pieds rouges > nommé en Latin par 

B ij 



i2 M A K 



M A K MAL 



l'Auteûf Ttofimiafufca , rufo aàmixto , 
facie nigrâ , pedibusfulvis. La longueur 
de fon corps, du fommetdela tête juf- 
qu'à la queue , eft de treize à quatorze 
pouces : celle de fa tête , depuis fon 
fommet jusqu'au bout du mufeau, eft 
de trois pouces trois lignes , & celle 
de fa queue , d'un pied cinq pouces. 
Son mufèau eft allongé & pointu ; fes 
yeux font d'un jaune roux ; fes oreil- 
les font longues de dix lignes Se lar- 
ges d'environ un pouce. Tout fon corps 
eft couvert de poils doux & laineux , 
bruns par delTus le corps 8c à la par- 
tie extérieure des jambes , & d'un 
blanc fale & jaunâtre par defïbus le 
corps , ainfi qu'à la partie inférieure 
des jambes : fa face Scfonmufeau font 
noirs ; fes quatre pieds font fauves , 
& les poils qui couvrent le dos font 
mêlés d'un peu de rouflatre. On trou- 
ve cet animal à Madagafcar,* ainfi que 
les deux précédens. Il faifoit aulîi par- 
tie des curiafîtés du Cabinet de M. de 
Réaumur. 

La quatrième efpece eft le Maki à 
queue annelée , nommé en Latin par 
M. Brisson , Frofimïa cinerea , cauda 
cincià annulis altermtim albis & ni- 
gris. La longueur de fon corps, depuis 
Te fommet de la tête jufqu'à la queue , 
eft d'environ un pied ; celle de fa tête , 
depuis fon fommet jufqu'au bout du 
mufeau , eft de trois pouces ; celle de 
fa queue eft d'environ un pied & demi. 
Son mufeau eft blanchâtre & pointu • 
fes oreilles font longues de dix lignes' 
larges d'autant , & couvertes de poils 
blancs. Tout fon corps eft couvert de 
poils longs , doux & laineux ; ceux du 
deftus du corps , des pieds de devant , 
Se de l' extérieur des quatre jambes, 
font roux à leur origine , 8c terminés 
de gris, de façon qu'il n'y a que cette 
dernière couleur qui paroiffe ; ceux du 
defïbus du corps , des pieds de der- 
rière ,■& de l'intérieur des quatre jam- 
bes , font blancs ; fa queue eft annelée 
alternativement de noir 8t de blanc. 
On le trouve à Madagafcar , & il était 



avec les deux précédens dans le Cabi- 
net de M. de Réaumur. 

MAKOUM A, poiffon de l'Ifle 
de Cayenne , nommé par M. Bar- 
re r e ( Hifi. Nat. de U France Êquin. 
p. 1 7 J . ) , Muihts imberbis leucocepha.-* 
lus minor. 

MAL 

*MALACÏUS, du Grec 
MaXaytoç , poiffon dont parlent H e s y- 
Chius & Varinus ; mais les 
bons Auteurs Grecs nomment Ma.xdnnx 
tout genre de poiflbns moux , à ce que 
dit Gesner , de Aquai. p. 6iS. 

M A L A G O S , oifeau aquatique 
qui le voit très-fouvent fur la mer > 
ou fur les rivières du Cap de Bonne- 
Efpérance. U eft gros comme une Oie, 
Son bec , fortifié de dents petites & 
aiguës , eft tant foit peu plus court que 
celui du Canard. Le noir & le blanc 
font mêlés de taches grifes , qui ornent 
fes, plumes, & en font un oifeau char- 
mant. 11 a les jambes un peu plus cour- 
tes , & plus près du croupion que le 
Canard , auffi ne marche-t-il que bien 
difficilement. Le poiffon lui fert de 
nourriture , & pendant le jour il eft 
prefque toujours dans l'eau occupé à 
la pêche. Voici de quelle manière il 
s'y prend. Des qu'il apperçoit tous lui 
un poiffon , il enfonce promptement fa 
tête dans l'eau. S'il a été affez adroit 
pour prendre quelque chofe, il avale 
le tout , avant que de retirer fa tête.de 
l'eau. Pendant la nuit,-& à l'approche 
d une tempête , il fe retire furies ro- 
chers, ou furies grands arbres. Kolbe, 
Defcript. <èu Cap de Bonne- EJpérance , 
Tome III. c. 17. p. 173. 8c Hifi. Gên. 
des Voyages, Tome XVIII. p. 161. édie, 
in-i 2. 

M A L A K A Y A , nom qu'on 
donne à Cayenne au Chat Tigre , dit 
M. B a iî k e r e-. C'efr le Maraca de 
Marc Grave, nommé en Latin 
Fêles fera Ti&ma. Voyez CHAT 

TIGRE. 

M ALARMAT, nom que don- 



MAL 

ne Rondelet CL. X c. 9. p. 234. 
édit. Franç. ) à la L)>r# cornuta de 
Pline, poilfon , dit-il , qu'on nom- 
me en Languedoc Malarrnat , de mê- 
me que fur les côtes de Gênes. A R- 
T E D 1 ( Ichth. Part. V- p. 75. w. 10. ) 
nomme ce poifTon Trigla cirris pluri- 
mis, corport otiogono. Unie nomme en 
Grec QMWi , Se en Latin Catapbrac- 
tum. H eft du genre des poiûons qu'on 
nomme Pij'cts acantbopterygii , c'cft-à- 
dire Poiilons à nageoires épineufes. 11 
eft , dit Rondelet , armé çar-tout , 
Se garni d'os. Quelques-uns ont cru 
que c'eft le mâle de la Lyra , que ce 
Naturalise nomme Groneau , mais ils 
fe font trompés. On trouve fouvent 
au ventre du Maiarm.it des œufs tout 
rouges. 

C'eft un poifïbn de mer d huit an- 
gles , qui -eft de couleur rouge , tout 
couvert d'écaillés , Se entouré de na- 
geoires épineufes. Sa tête eft dure & 
remplie d'os ; elle finit par deux cor- 
nes larges : fa bouche , qui n'eft point 
garnie de dents , eft au-deflTous ; au 
bas de la mâchoire inférieure il a deux 
barbillons moux Se charnus , des ai- 
guillons Se des nageoires placés com- 
me ceux du Groncau. Son corps eft 
rouge , quand il eft vivant , 8c cette 
couleur s'évanouit, quand il eft mort. 
Il a l'eftomac petit avec peu d'addi- 
tions : le foie eft grand Se blanc ; la 
bourfe du fiel y eft attachée ; la rate 
eft petite 8c rouge , avec une grande 
velfie pleine d'air. Ce poilTon a deux 
ouïes de chaque côté de la tête. Il a 
peu de chair ; elle eft dure Se feche. 
Rondelet dit que. ce poilTon étant 
pendu au plancher , la queue montre 
«i'où vient le vent. Selon Pline , cette 
Lyra cornuta levé hors de la mer des 
cornes d'un pied Se demi : ce font les 
plus grandes ; car on en prend qui ne 
les ont longues que d'un demi-pied. 
Mais Rondelet penfe qu'au-lieu de 
jefquipeaali,: > il faut lire dans Pline 
Jimipedalia,c'e{i-à-d[Te d'un demi pied, 
& non d'un pied Se demi. On nomme ce 



MAL 13 

poifïbn à Rome Fefie Capane , Se Pefcs 
Força , dit Artedi. . 

Outre les Naturalises ci-deffus cités , on 
peut encore confulter Aldrovande , L. ji. 

C. 7. p. I47. Wl L LU G H B Y, p. 28g. R A Y, 

p. 89. & Gesker, de Afuat, ainfi que B e- 
non, qui en ont parlé. 

M A L E R O U D A , nom qu'on 
donne à un oifeau de l'Ifle de Ceylan, 
qui eft de -couleur noire. 

MALKARAB/ELA: C'eft le 
nom qu'on donne dans PIfle de Cey- 
lan , à un Serpent , dit R a y ( Synop. 
Anirn. Quad. p. 331.), qui a fur la 
• peau des fleurs blanches tirant fur le 
jaune. 

M ALLE-M EEU¥EN: Le» 

Hollandois dans leur Navigation aux 
Indes Orientales- de l'an icTo8. donnè- 
rent ce nom , qui veut dire en François 
Poules d'eau Jattes , à des oifeaux „ 
qui fe laiffoient prendre par milliers r 
Se tuer à coups de bâton, dit Daf- 
p E R , dans fa Defcription de l'Afrique , 
p. 496. 

MALLE-MUCKE, nom que 
M, A n derson donne à la grande 
efpece de Mouette. Voyez au mot 
MOUETTE. 

MALPOLO N , Serpent de 
Pille de Ceylan , félon S e b a , que 
M. L 1 n N m u s croit être une efpece 
à'ibiboboca. R A Y en parle. S e b a 
donne la defcription de deux Mal- 
palans. 

Le premier eft décoré de toutes for- 
tes d'ornemens ; fes petites écailles 
font d'un jaune vif Se éclatant, rele- 
vées fur toute l'étendue du dos , depuis 
le fommet de la tête jufqu'à l'extrémité 
de la queue , par des taches noirâtres , 
marquées çà Se là alternativement , 8c 
qui femblent travaillées à l'aiguille. 
On voit fur les côtés d'autres taches 
fafrannées , rangées avec fymétrie , 
faites en croix. R a y les compare à de 
petites étoiles , auxquelles cependant 
elles ne paroiifent pas relTembler , dit 
S e b a. Les écailies du ventre font 
cendrées , jaunes , tachetées de brun. 
Thef.II, Tab. 39, n. 4. 



14 M A L M A M 



M A M 



Le fceond Matpolon , auflî Serpent 
de Ceylai> , eft orné de bandes qui 
s'étendent fur toute la largeur de fon 
corps; celles du milieu du dos fem- 
blent travaillées au métier : elles font 
faites en réfeaux d'un bleu mourant , 
marquées de taches rouffes au centre 
du rhombe & ceintes d'une bordure 
de couleur châtain. Ce même appareil 
règne fur les côtés du ventre , dont les 
écailles tranfverfàles font d'un jaune 
verdoyant ; la tête n'eft pas moins 
belle par . fa marbrure Se fa jafpure de 
points fymétrifés : ainfi l'on peut met- 
tre avec raifon ces fortes de Serpens 
au nombre des plus beaux qu'on con- 
noifle. 

S e b a , dans la figure qu'il en 
donne , repréfente la tête de ce Ser- 
pent contre-oppofée à celle de celui 
qui précède, pareeque ces animaux , 
fortant au printemps de leurs quartiers 
d'hiver, s'approchent l'un de l'autre , 
pour fentîr s'ils font de la même ef- 
pece , ce que ne trouvant point , ils 
fe quittent & pourfuivent ailleurs leur 
chemin, S E B A a obfervé lui-même 
cet inftinft qu'a donné la Nature à ces 
animaux , pour chercher mutuelle- 
ment leurs fernblables. Thef.lt. Tab. 
52.». 4. 

MALTHA, du Grec m*a6 m \ 
nom que les Anciens ont donné à un 
poifTon que Rondelet nomme 
Sorrat. H eft appellé à Rome Lamiola , 
parcequ'il a les dents faites comme là 
Larme, Pline (Ntjî. Nat. L. XXXVI.) 
en parle , ScGesner Aquat. 
p. 7 2 1 . ) d'après cet Ancien. Suidas 
Se V a r 1 n u s marquent que c'eft une 
bête marine , difficile à prendre , Se 
"W o t T o n doute fi ce n'eft pas le 
Bœuf marin , poifTon cétacée , ou 
quelque autre animal femblable. Selon 
O ? P 1 e N , au rapport de G e s n e r , 
c'eft \zLamia. Voyez au mot SOR- 
RAT. 

M A M 
MAMMON, nom qu'on donne 



à des efpeces de Chats des Indes 
Orientales , dit Re d i. 

M A M O N E T , efpece de 
Singe.- Thomas Bartholin 
( in Acad. Médit. 1 67 1 . îôji. Vol. L ) 
dit qu'il eft d'une forme finguliere. 
Eft-ce un Singe fans queue, ou un 
Singe avec une queue , c'eft-à-dire 
un Cercopithèque ? Chez J o N s T o N 
c'eft un Singe à queue longue , Se celui 
dont Bartholin parle , n'en a 
point. G E S n e r {deQuad.p. 852.) 
parle d'ua Mamonet , qui n'eft pas 
beaucoup différent , mais il a la tête 
du Chien , plutôt que celle du Porc. 
Albert le Grand nomme Mamonet 
une efpece de Singe à queue. Selon 
G e s n e r ( ibid. p. 8 5 6. ) c'eft un petit 
Singe à queue. Celui dont Bartholin 
fait mention n'en a point , & ce n'eft 
pas une grande efpece de Singe. A la 
face horrible qu'il a, on le peut pren- 
dre pour un Monftre. 

On trouve dans les Collections Aca- 
démiques, Tome IV. Partie étrangère, 
p. 192. la defeription anatomïque d'un 
Singe nommé Mmmonct. Elle eft tirée 
des Ailes de Coppenhagut , ann. l6yi. 
& 16 y i. Obferv. 3 6. Voici ce qu'on y 
lit. 

On a diflequé chez Henri Serive- 
rius , Chirurgien du Roi , un Singe 
extraordinaire , nommé Mamonet. il 
étoit mort de maladie ; fa couleur ti- 
roir fur le rouge; fa tête reffembloit 
à celle d'un Cochon ; la peau de fes 
fefTes étoit fans poils. Cet animal ne 
fe trouve décrit dans aucun des Au- 
teurs qui ont écrit fur l'Hiftoire des 
Animaux.Le Singe dont parle Jonston 
a une très-longue queue , & le nôtre 
n'en a point. Gesner parle d'un 
Singe aiTez femblable à celui dont il 
eft quefttoh ; mais fa tête approche 
plutôt de celle d'un Chien , que de 
celle d'un Cochon. Albert le 
Grand appelle Mamonet tous les 
Singes à queue. Gesnf.r dit encore 
que le Mamonet eft plus petit que 
le Singe. Le nôtre eft plus gros qu'ua 



M A M 

Singe & n ' a P as iu e ^ e - Comme 
aucun Auteur n'a donné jufqu'ici la 
defcription d'un femblable animal , 
fa hideufe figure permet, de douter fi 
c'eft un Monftre , ou un animal que 
perfonne n'a vu ni décrit jufqu'à pré- 
fent. Quoi qu'il en foît, je vais rap- 
porter ce que j'ai obfervé en le difl'é- 
quant, &ce que j'aî rarement obfervé 
en difféquant d'autres animaux. 

i°. On ne vit aucune trace de l'om- 
bilic. 

2°. Les tefticules a fiez gros étoient 
placés au-defius de la verge , préci- 
fément au milieu de l'os pubis; la ver- 
ge étoit afièz longue : on y voyoit à la 
partie moyenne les deux mufcles érec- 
teurs , qui étoient ronds ; il y avoit 
quatre profitâtes , deux plus grolTes 
Se deux moindres : celles-là occupaient 
leur place naturelle , 8e les deux pe- 
tites étoient rondes & adhérentes aux 
premières ; les véficules féminales 
étoient de petites glandes , qui ne 
contenoient aucune liqueur. Cet ani- 
mal étoît très-lafcif. 

3 °. Le foie étoit dîvifé en trois lobes : 
on y remarquoit trois veflies remplies 
de lymphe & aufii groffes que le 
poing : elles étoient à moitié engagées 
dans le parenchyme du foie , mais fl 
étoit aifé de les en détacher : elles 
étoient reçues dans la cavité des lo- 
bes & fe trouvoient elles - mêmes 
chargées de véficules femblables à 
celles de l'ovaire ; leur tunique étoit 
épaifle Se pouvoient fe partager en 
plufieurs membranes : la lymphe qu'el- 
les contenoient étoit pure : car après 
avoir été chauffée , il ne refta que de 
l'eau claire , la fubftance gélatineufe 
avec laquelle elle étoit d'abord mêlée 
ayant fervî fans doute à former les 
tuniques. Cette lymphe avoit diftillé 
des vaîfieaux hépatiques , mais par 
des voies que l'on ne put découvrir. 

4°. Nous trouvâmes dans le pou- 
mon une veffie tout-à-fait femblable 
à celle dont nous venons de'parler. 
5°. Quelques caillots de fangétoient 



M A N 

attachés par quelques fibres aux parois 
intérieurs des ventricules du cœur , 
ce qui empêchant la circulation du 
fang , avoit apparemment fuffoqué 
l'animal. 

6°. On trouva beaucoup d'eau épan- 
chée entre les rrlufcles Se la peau de 
la tête. Cette efpece d'hydropifie 
pouvoir avoir été occasionnée par le 
changement d'air Se d'alimens Se par 
la bière qui fervoit de boiflbn à cet 
animal. 

7°. L'épine du dos étoît courbée 
dans un endroit. J'ignore fi ce vice 
étoit naturel ou accidentel. 

8°. La rate étoit peu épaiffe & avoit 
à peine trois travers de doigts de lon- 
gueur. 

9°. La cloilon du cœur avoit une 
ouverture que l'on n'y remarque point 
dans les autres animaux. M. Aurllius 
Severinus donne d'autres obferva- 
tions dans la quatrième partie de fa 
Zootomie ; mais ces obfervations ont 
été faites fur des Singes différens de 
celui-ci. Voyez les Colleilions Aca- 
démiques- , Tome IV. Planche IX. fig. i . 

2. 3. & 4. 

M A N 

M A N A GU RREL, bête fort 
pefante de la Nouvelle Efpagne. Elle 
eft toute couverte de pointes, comme 
le Hérilfon : ces pointes ont environ 
un pied de longueur; fon mufeau eft: 
fait comme celui du Porc , mais plus 
petit. Cette bête a le pied fort court , 5c 
fa chair eft exquife. 

M A N A ï I : On trouve dans 
YHiftoire Générale des Voyager , dans 
ceux du Pere La bat aux lues de 
l'Amérique , dans fa Relation de l'A- 
frique Occidentale , dans les Singula- 
rités de la France Antariliqite , par 
Thevet > dans R a y & plufieurs 
autres Naturaliftes des deferiptions Au. 
Marnai , nommé Manat par Ron- 
delet. Voyez LAMENTIN. 

MANBALLA, Serpent cfe 
Ceylan > de couleur châtain , qui a 



i6 M A N 

la tête d'un Chien de chalTe; fa parure 
eft fort belle ; le deflus du corps eft 
couvert d'écaillés d'un jaune pâle ; cel- 
les du front Se des mâchoires font pein- 
tes d'un rouge foncé ; fur toute l'éten- 
due du dos, qui eft lifte Se très-poli , 
règne un aflemblage de chaînons ova- 
les , faits en forme d'anciens boucliers , 
Se joints enfemble par une large attache 
mitoyenne; au-detfous de cette bande 
qui unit les chaînons , font difpofées 
des taches triangulaires , tirant fur un 
rouge-pale, qui vont d'une manière 
uniforme fur chaque côté du ventre , 
jufqu'au commencement de la queue ; 
vers l'extrémité de la queue les cou- 
leurs deviennent plus pleines : le jaune 
clair fe change en un jaune foncé , Se 
le rouge brun en un rouge vif & ver- 
meil , avec une efpece de bordure 
noir*: ; les grandes taches jaunâtres 
du deflus du corps font piquées de 
quantité de points incarnats , ce qui 
fait à l'œil un joli effet ; la tête eft 
large , d'une figure particulière ; le 
col eft mince , la langue longue , four- 
chue ; il a la gueule armée de longues 
dents , les yeux grands , petillans , 
les écailles du ventre d'un cendré 
jaune , enrichies d'une marbrure de 
taches noirâtres & autres ornemens. 
Ceft ainfi que l'a décrit S e b a , 
Thef. IL Tab. 99. n. 1 . 

MANCHE DE VELOURS, 
oifeaux qui fe trouvent au Royaume 
d'Angola , de la grolTeur d'une Oie, 
Ils ont le bec long , le plumage d'une 
extrême blancheur. Ce font comme 
autant de mefiagers , qui informent 
les vaifleaux de l'approche de la terre. 
Ils voltigent fur les flots pendant tout 
le jour Se retournent la nuit au rivage. 
La vue de ces oifeaux fait fauter de 
joie les Matelots. Les Portugais leur 
donnent le nom de Mangas de VelluAo-, 
pareeque cet oifeau a les ailes toutes 
picotées de noir , Se il les remue in - 
ceflamment comme les Pigeons. D a p- 
ï> e r en parle , Defçripthn de l'Afrique , 
p. 385. 



M A N 

MANCHE DE COUTEAU 
dans le pays d'Aunis Coutelier : Solen, 
du Grec, comme l'appelle Rondelet: 
en Italien Canalichio. Ceft un Coquil- 
lage dont M.'d'A rgenville fait 
la fixieme famille des Bivalves. Solen 
dicitur à Gracis , hoc eft fiftula , five ca~ 
nal'u , cui ajfimilatur , chm tejta amb& 
quibus confiai , conjunguntur. A Latinh 
vocatur Unguis, qitem jub(lantia & co- 
bre imitatttr : d'autres difent, Concha 
ttnuibus , lorigijjlmifque valvis ab utrli- 
que parte naturaliter hianùbiis. Ce Co- 
quillage a le corps long , ouvert par les 
deux extrémités , quelquefois droit , 
fouvent arqué. Rondelet dit qu'il y 
a un Solen , ou Manche de Couteau mâle 
Se femelle: que la femelle eft diffé- 
rente pour la grandeur , la 'couleur Se 
le goût , fœrnina unicolor & dulcior. Ce 
poiflbn en allongeant la tète , refpire 
l'air Se attire l'eau par deux tuyaux 
qu'on remarque au bout d'en haut , 
& par le moyen d'une jambe qu'il 
allonge & qu'il retire par le bout d'en 
bas , il s'enfonce à deux pieds de fond 
dans la mer & s'élève tout droit dans 
le fable : c' eft tout le mouvement qu'on 
lui remarque. Pour le prendre , on 
jette du fel dans le trou qu'il a formé , 
ce qui le fait fortir Se enfuite on le 
tire avec un fer pointu. Ruhphius 
décrit un Manche de Couteau d'une 
feule pièce , qu'il appelle Solen aretia- 
rius. Ceft un long tuyau à plufieurs 
reprifes, ou nœuds , & les autres fi- 
gures qu'il en donne font des Monf- 
tres , dit M. D'A rgenville, qui 
n'ont aucun genre déterminé. Pline 
prétend que ces Coquillages par leur 
fuc glutineux reluifent dans les ténè- 
bres , fur la terre, fur les habits, fur 
la main Se même dans la bouche de 
ceux qui les mangent. Lister appelle 
Solen curvus celui qui eft un peu cour- 
bé dans fa longueur : d'autres l'ont 
nommé in fiât enfu Hungaricifalcatus , 
femblable à un fabre Hongrois. Il y 
a des Manches de Couteau de couleur 
de rofe, qui viennent d'Orient. Leur 

épaiiîeuv 



M AN 

épalQeur Se leur rareté les diftiflguent 
aifez des autres. Ceux qui viennent 
fur nos côtes ont la moitié de la robe 
violette & l'autre bariolée de brun ; 
la figure eft un peu courbée Se creufée 
en forme de gouttière , ou d'un fabre 
Hongrois. Il y en a de la petite efpece. 
Voici ceux dont M. d'Argenville 
compofe la fixieme famille des Bival- 
ves : 

Le Manche de Couteau , dont le 
corps eft droit : celui de couleur de 
rofe Se de l'Amérique : celui dit YO- 
nix : le brun , le mâle , c'eft-à-dire 
le plus grand: la femelle, c'eft-à-dire 
le plus petit , pareequ'il reffemble à 
l'ongle ; Se celui qui imite le doigt 
parfalongueur. M. Adanson, comme 
je l'ai dit au mot COUTELIER, fait 
de ce Coquillage bivalve un genre 
lous le nom de Sole». Voyez COU- 
TELIER. 

MANDOUST, efpece de 
Couleuvre de l'Ifie de" Madagafcar , 
de la grofTeur de la cuifTe humaine. 
Elle vit de Rats & de petits oifeaux, 
qu'elle mange dans les nids. Il y a 
plufieurs autres efpeces de Couleu- 
vres , qui reffemblent à celles de 
France. 

MANDRIL, efpece de Singe. 
V oyez SINGE. 

MANGARSAHOE, grand 
animal de l'Ifle de Madagafcar , qui 
a le pied rond comme le Cheval & de 
grandes oreilles. Lorfqu'il defeend les 
montagnes , fes oreilles s'abattent fur 
fes yeux & l'empêchent de voir où il 
va. Son cri imite celui d'un Ane. F L A- 
Court le prend pour un Ane fau- 
vage. Cet animal fait un grand bruit 
& poufTe un fon défagréable , comme 
quand un Ane brait. Il y a une mon- 
tagne à douze lieues du Fort Dau- 
phin , que les François ont nommé 
Man^arfahoe , à cattfe que cette bête 
s'y tient ordinairement. Djpper, 
Defcript. de PAft. p-457- 

MANGE-BOUILLON , 
ou les SOUFFRETEUSES: 
Ttme III. 



M A N i 7 

Goedard ( Part. II, Exp,io.)dit 
que le Bouillon blanc , ou le Taxas 
Barèams des Apothicaires , nourrit 
de petits Vers , de petites Araignées 
Se un autre petit animal , qui a des 
pincettes au front , qu'il ouvre & qu'il 
ferme comme il veut. Ce petit Ver, 
cette petite Araignée Se cet autre 
animal à pincettes font engend es fur 
la feuille de Bouillon blanc. Le petit 
Ver devient la proie de la petite 
Araignée, Se l'un Se l'autre ont pour 
ennemi l'autre animal à pincettes ou 
ferres , qui les coupe par le milieu Se 
s'en nourrît. 

MANGE-FROMENT: Le 
même Auteur (Part. II. Exp, i8 > 
donne ce nom à une efpece de Che- 
nille , pernicieufe aux bleds quand ils 
font fur pied. Elle en mange lafubftan- 
ce 8c en ronge les épis. Elle fe fauve 
en terre quand elle fent qu'on remue 
l'épi avec la main, ou avec un bâton. 
Ces fortes de Chenilles fe transforment 
en Mouches. 

MANGE-SERPENT, nom 
qu'on donne dans les Colonies du 
Cap de Bonne-Efpérance à une ef- 
pece de Pélican, dit K o L b e. Voyez 
PÉLICAN. 

MANGEUR DE CHE- 
NILLES, Serpent d'Afrique. On 
l'appelle ainfï , pareequ'il fe nourrit 
de Chenilles couvertes de longs poils 
rudes , pointus 8c piquans. Ces fortes 
de Serpens préfèrent de telles Che • 
nilles à celles qui fontlifTes & fans poils, 
ce que S e b A a appris par expérience , 
ayant trouvé de ces fortes de Chenil- 
les dans leur ventre. Thef". II. Tab.y, 
». 3. 

MANGEUR DE CHE- 
NILLES: Celui-ci eft un Serpent 
de Surinam , auquel les Chenilles fer- 
vent aufïi de pâture ; fon dos cendré- 
gris eft embelli d'une moucheture de 
larges taches de couleur châtain ; le 
deiïous du corps eft d'un gris plus 
clair que le deftus. S E b a , Thef. II. 
Tab.64. ». 3. 



18 M A N 



M A N 



MANGEUR DE FOURMIS. 
Voyez FOURMILLIER. 

MANGEUR DE MILLET, 
oifeau dont plufïeurs efpeces , qui fe 
trouve dans l'Ifle de Cayenne. M. 
Barrere nomme la première efpece 
Miliaria major , nigro-violacea : la 
féconde , AlUiaria rninor , nigra : la 
troifieme , Miliaria minima. C'eft une 
efpece d'Ortolan , dont la chair eft 
excellente. On y voit aura des Bec- 
figues, qu'on y nomme Mangeurs de 
Figues. 

MANGEUR DE POIRES, 

nom que Goedard (Parti. Exp-4-6.) 
donne à un Ver qui mange la Poire 
nommée la Sucrée. Il l'a vu commen- 
cer fa métamorphofe le 3 Août , Se le 
2 Juillet de l'année fui vante devenir 
line efpece de Teigne. . 

MANGEUR DE POULES , 
efpece de Faucon , nommé fagani 
dans l'Ifle de Cayenne; en Latin , fé- 
lon M. Barrere, Fako Gallinam 
crifiatus. 

MANGOUSE, animal, qui, 
pour la forme extérieure , approche 
allez de la Belette; maïs il a le corps 
plus gros Scpluslong, les jambes plus 
courtes , le mufeau plus délié , l'œil 
plus vif Se je ne fais quoi de moins 
fauvage : car II eft extrêmement fami- 
lier. Il joue 8c badine avec les hom- 
mes plus agréablement qu'un Chien; 
cependant quand il mange , il eft traî- 
tre Se colère: alors il gronde prefque 
toujours Se fe jette avec fureur fur 
ceux qui veulent le troubler. Il chaffe 
aux Rats & aux Souris , ainfi qu'aux 
Serpens, dont il eft le mortel ennemi. 
Il Ils prend adroitement par la tête , 
fans en recevoir sucune blefïure. Il eft 
encore l'ennemi des Caméléons, qui, 
à fa feule vue , font faifis d'une fi 
grande frayeur , qu'ils deviennent tout 
d'un coup plats comme une feuille Se 
tombent ordinairement ;i demi-morts; 
ce que le Caméléon ne fait pas à l'ap- 
proche d'un Chat , d'un Chien, ou 
de quelque autre animal encore plus 



à craindre ; car il s'enfle & fe met es 
colère prend le parti de fe défendre <, 
ou de les attaquer. 

La Mangoufe aime fur-tout les œufs 
de Poules"; mais comme cet animal 
n'a pas la gueule affez fendue pour 
lesfaîfir, il tâche de les caffer, en les 
jettant en l'air , ou en les roulant fur 
la terre de cent manières différentes. 
S'il trouve une pierre auprès de lui, 
il lui tourne incontinent le dos Se élar- 
giffànt auffî - tôt les jambes de der- 
rière , il prend l'œuf avec celles de 
devant & le pouffe de toute fa force 
par deffous le ventre , jufqu'à" ce qu'il 
foit cafté contre la pierre. Voilà ce que 
dit le Diitionnaire de Trévoux de cet 
animal, que je crois être le même que 
la Mangoufle deM.BRiSSON, vul- 
gairement nommée Rat de Pbaraott, 
Voyez ICHN EU MON. 

MANGON1ZO, Vipère de 
l'Ifle de Cuba , couverte d'écaillés 
rhomboïdes d'un jaune pâle , Se qui a 
fur le deffus du corps de petites raies 
de couleur châtain , qui forment ou 
des points, ou des taches, de couleur 
en partie rouffe , en partie noire ; les 
écailles du ventre font d'un jaune cen- 
dré, pointillées chacune d'une ou de 
deux taches noires. Sera, Thef. IL 
Tab. 5 3 . n. 3 . 

M A N I C O U , animal qui fe 
trouve dans l'Ifle de la Grenade. On 
le nomme Opajjum dans la Virginie. 
Le Pere DU T e r t r e en parle. C'eft 
le Philander, ou Didelphe des Natu- 
raliftes , Se le Loir fauvage de l'A- 
mérique de M. Gautier. Voyez 
DIDELPHE. 

M AN I Kl N S, forte deS inges , 
qui fc trouvent à la côte d'Or , affez 
grands. Ils ont le poil noir & de la 
longueur du doigt, la barbe blanche 8c 
fi longue , qu'ils en ont tiré le nom de 
petits Hommes barbus , ou de Monk,eys r 
qui fignifle petit Moine. Les Neçres 
employent leur peau à faire des Fétis , 
efpeces de bonnets , dont ils fe cou- 
vrent la tête. Ces peaux fe vendent 



M A N 

ordinairement dix-huit ou vingt fche- 
lines d;#ns le pays. Hifi. Gén. des Voya- 
ger, Tome XIV. p. 1 8 3 . édit. in- 1 z. 

M A N I M A , forte de Serpent 
du Bréfil , qui ne fort jamais de l'eau. 
Il y en a qui ont plus de vingt -cinq 
à trente pieds de longueur. Ce Serpent 
eft marqué de taches de différentes 
couleurs. Les Sauvages difent que 
c'eft de-li qu'ils ont pris la coutume 
de fe peindre le corps. Ils eftiment tant 
cet animal , que celui à qui le Manima 
s'eft fait voir , demeure perfuadé qu'il 
vivra long-temps. 

MANIPOURIS, ou TAPIR , 
genre d'animal, Quadrupède , dont le 
caractère , dit M. B r i s s o n , p. 1 1 S. 
eft d'avoir dix dents încifives à chaque 
mâchoire , quatre doigts ongulés aux 
pieds de devant, Se trois à ceux de der- 
rière. La partie antérieure de chaque 
mâchoire , fuivant l'obfervation de 
l'Auteur , fe termine en pointe Se eft 
garnie de fix dents incifives • il n'a 
point de dents canines , mais il en a 
dix grandes molaires à chaque mâ- 
choire , cinq de chaque côté , un peu 
diftantes des incifives ; ce qui fait en 
tout quarante dents. 

Ce genre de Quadrupèdes ne con- 
tient qu'une efpece , qui eft le Tapir , 
ou M.tnipouris , en Latin Tapiras. C'eft 
le Tapiurete du Brélîl , dont parlent 
R a y ( Synop. Quad. p. izd.) , M. 
K l e i n ( Dijp. Quad. p. 30'. ) , 
J o n s t o n ( Quad. p. 74. ) , Marc 
G r a v e ( Hift. Bmfll. fig. p. * a 3 . ) Se 
P 1 s o N , Hi,V. Nat. fig. p. ioi. M. 
B a a il E R e ( Hifi. de la France Equtn. 
page 161.) le nomme Sus aquatùus , 
mulùj'idcits. Cet animal fe trouve dans 
la Guyane au Bréfil. Les Portugais le 
nomment Anta , différent de l'Anta 
du Paraguay , dont j'ai parlé au mot 
ANTA. 

Voici comme parle M. Brisson 
du Manipouris. U eft de la grandeur 
d'un Veau de fix mois. Quant à la 
figure du corps , il approche de celle 
d'un Cochon; il a cependant la tête 



M A N I9 

plus groffe , oblongue Se dont la partie 
ïupérieure fe termine en pointe • ] a 
lèvre fupérieure , qu'il peut étendre 
& contractera fà volonté, eft beaucoup 
plus longue que l'inférieure , très- 
élevée & comme garnie de filions 
dans fa longueur; il a de petits yeux 
de Cochon , des oreilles arrondies , 
affez grandes , la queue très-courte , 
conique Se dénuée de poils : les jambes 
à-peu-près de la longueur de celles 
d'un Cochon , mais un peu plus gref- 
fes ; il a à chacun des pieds de devant 
quatre ongles noirâtres : celui du mi- 
lieu eft le plus long : les deux des cô- 
tés font plus courts , 8c le quatrième, 
qui eft extérieur , le plus petit; 8e aux 
pieds de derrière , trois feulement , 
dont celui du milieu eft plus long que 
les deux autres ; fon poil eft court : 
dans les jeunes il eft de couleur d'om- 
bre brillante , variée de taches blan- 
ches ; & dans lei adultes, il eft brun , 
ou noirâtre , fans taches. 

M A N I S , animal qui n'a point 
de dents, & dont le corps eft couvert 
d'écaillés. M.LiNN«us( Syfi. Nat. 
édit. 6. g. 16.Jp. ï.) le nomme Mœnis 
m.i/iibus pcrttadatiylis , palmis ptnta- 
dactylis. C'eft le Lézard écailleux. 
Voyez ce mot. 

MANOFENT, oifeau de proie 
des Antilles , qui n'étant gueres plus 
gros qu'un Faucon , a les griffes deux 
ibis ^lus grandes & plus /ortes. Il a 
un tel rapport avec l'Aigle par fa for- 
me Se par fon plumage , qu'il n'y a 
que la petiteife qui l'en puilfe diftin- 
guer ; cependant , quoiqu'il foit fi fort 
Se fi bien armé , il ne fait la guerre 
qu'aux Ramiers 8c aux Tourterelles , 
aux Grives Se autres petits oifeaux , 
qui font incapables de lui réfifter. II 
vit de Serpens & de petits Lézards Se 
fe perche d'ordinaire fur les arbres 
fecs , les plus hauts Se les plus élevés, 
au milieu des habitations. C'eft où les 
habitansle tirent à coups de fufil; mais 
il faut le prendre à rebours , autrement 
le plomb n'a point de prife fur lui. 



MAN 



M A N 



tant fes plumes font ferrées Se Fortes. 
La chair en eft excellente, quoiqu'elle 
foit un peu noire. Rochefort en 
parle , ainfi que le P. d u Te r t r e , 
Hift. Nat. des Antilles , Se Ray , Synop. 
Alctb. Av. p. 19. 

MANTE, infecte qui approche 
du genre des Sauterelles , mrds dont 
le corps eft beaucoup plus effilé. L a 
Mante a de très-longues jambes j elle 
plie Se pofe quelquefois les deux pre- 
mières l'une contre l'autre , fe tenant 
prefque droite. Il n'en a pas fallu da- 
vantage, pour en faire un infecte dé- 
vot , dit M, D E R É A U M U R , Mém. I. 
Tome I- p. 15). Son attitude imite alors 
celle où nous joignons les mains. On 
lui a fait prier Dîeu. Le peuple de 
Provence l'appelle même Pregue-Dieu, 
Sa charité, dit-on, eft grande , au 
moins pour les enfans. Lorfqu'il y en 
a quelqu'un qui lui demande le che- 
min , elle le lui montre avec un de fes 
pieds. On aflure qu'il eft rare qu'elle 
le lui enfeigne mal , que cela n'arrive 
prefque jamais. La Mante s'appelle 
autrement 1' 1er Henné, bn Latin Italica 
Mantis dida , Jit Charletok. 

MANTEAU DUCAL, nom 
qu'on donne à la coquille d'une efpece 
de Pétoncle, de la clalfe des Bival- 
ves. Le Manteau Ducal dont on voit 
la figure à la Planche XXV 27. de la 
Conchyliologie de M. d'Ar&envii.le , 
a les couleurs rouges , bariolées de 
blanc Se de jaune. Il eftégalement beau 
delfoin comme deffus: le travail grainé 
de fes ftries , les bords orangés de fes 
oreilles , fes contours chantourn ! s le 
font rechercher des Curieux. Voyez 
PÉTONCLE. 

M A N T E L E T : nom fous le- 
quel M. A d a n s o N range un genre 
de Coquillage univalve , qu'il a obfer- 
vé far les côtes du Sénégal. Le genre 
de Coquillage , dit cet Auteur , dans 
fon Hifloire des Coquillages du Séné- 
gal , p. 75. auquel je donne le nom de 
Manteltt , à caufe de la figure de fon 
manteau , eft le dernier des Univalves 



que j'aî obfervés au Sénégal , Se II a 
beaucoup de rapport avec le Pucelage 
Se la Porcelaine. Ce genre eftcompofé 
de quatre efpeces , qu'il nomme Fo- 
tan, F aller -, Simeri Se Stipon. Voyez 
ces mots. 

M A N U C O D I A TA , nom 
que les Indiens ont donné à un genre 
d'oifeau , que nous nommons Oifeatt 
de Paradis. Il y en a de plufieurs 
efpeces , fuivant le rapport des Natu- 
raliftes Se des Voyageurs. Ces oifeaux 
étrangers , dit Ray ( Synop. Meth. Av. 
p. 20. ) , font des oifeaux de proie de 
la petite efpece. On a fauflement cru 
qu'ils étoient fans pieds. Tant s'en 
faut , dit B o n t 1 u s (L. V. c. 12.) , 
qu'ils foient fans pieds , & qu'ils fe 
nourriffent de l'air , ils ont des ongles 
courbés & pointus ; ils font la chafle 
aux Pinçons, Verdiers & autres pe- 
tits oifeaux femblables , Se s'en nour- 
riflent comme les autres oifeaux de 
proie. Il n'eft pas encore vrai qu'on 
n'en trouve que de morts : ces oifeaux 
fe perchent lur les arbres. On les tue 
à coups de flèches , Se par rapport à 
leur vol prompt Se rapide , de même 
que celui des Hirondelles, les Indiens 
les nomment Hirondelles de 1ernacc y 
en Latin Hirundines Ternacenfes , lieu 
où on en trouve beaucoup. 

Ces oifeaux font beaux à voir , par 
la fingularité , la forme & la fituntion 
de leurs ailes , différentes de celles de 
tous les autres oifeaux ; car des côtés 
de la poitrine fortent de trcs-longues 
plumes Se en grand nombre , qui paf- 
fent de beaucoup la longueur de la 
queue , Se qui font très-larges ; Se du 
croupion de quelques-unes des efpe- 
ces de ces oifeaux , non pas de toutes , 
fortent deux longs filets , dégarnis de 
plumes , Se qui paflent de beaucoup la 
longueur des plumes. Aldrovande 
décrit cinq efpeces de ces oifeaux. 
Clusius Se Marc Grave y 
en ajoutent plufieurs autres. Commen- 
çons par celles d'ALDROVANDE. 
La première efpece eft prefque de 



M A NT 



M A N 



la grandeur Se de la figure de l'Hiron- 
delle. Le plumage de la tête de cet 
oifeau reffemble à l'or le plus brillant 
pour la couleur ; ce qui couvre le 
menton eft d'un bleu d'azur , Se donne 
le même éclat qu'un verd luifant : 
les plumes des ailes font brunes , 8c 
tirent entre un brun Se un roux bril- 
lant : le refte du corps eft fauve tirant 
fur le roux : les deux filets , dont cet 
oifeau eft pourvu , font noirs. 

La féconde efpece diffère entière- 
ment des autres , en ce qu'elle a au 
croupion deux plumes , qui paffent de 
deux palmes la longueur des autres. 
La langue de cet oifeau eft rouge, lon- 
guette Se pointue , peu différente de 
celle des Pies. Cette forte d'oifeau n'a 
point de filets fous la queue , ou au 
croupion , Se la couleur de fes plumes 
diffère beaucoup de celles des autres 
efpeces. 

La troifiemc efpece eft nommée 
fjippom.mucodiata , à caufe de fon 
extrême longueur, depuis la pointe du 
bec , jufqu'à l'extrémité de la queue. 
Le bec de cet oifeau eft crochu. Tout 
le plumage eft de couleur blanche , 
excepté le col Se le ventre , qui font 
de couleur de châtaigne : le haut de la 
tête eft de couleur de rouille, mêlée 
de jaune Se de verd. 

La quatrième efpece eft nommée 
Manucodïaia cirrata. Cet oifeau a le 
bec très-long ; le bout eft noir Se cro- 
chu : les plumes de la tête, du col & 
des ailes tirent furie noir. Cette forte 
d'oifeau a un filet , comme compofé 
de foie , proche le col , qui eft long de 
trois doigts , roide & jaune. 

La cinquième efpece , qui eft le 
Murmcodiata vuharïs d'A ldro- 
v a n D e Se de Ge sner, eft très- 
femblable à la précédente ; mais elle 
n'a point de fdet , & la partie infé- 
rieure du bec eft courbée Se p.tite. 

La'fixieme efpece eft, félon Marc 
Grave , le Roi des Mamtcodïat.i. Cet 
oifeau eft de la grandeur de l'Hiron- 
delle j fa tête Se fes yeux font petits ; 



fon bec eft pointu Se droit. 11 a les 
pieds aftez gros ; les ongles en croif- 
fant , ou crochus : fes plumes , proche 
le bec , font foyeufes , mêlées par 
deffus de verd & de brun , Se noires 
par deffous : le deffus de fon col eft 
de belle couleur d'or 5 le bas eft d'un 
verd doré luifant ; la poitrine eft d'un 
brun foncé ; le refte du corps , com- 
me les ailes Se la queue , font d'un 
beau brun : les plumes , qui fortent 
des côtés , font dorées à leur naiflance 
Se enfuite d'un blanc jaune. Il a deux 
longs filets , dorés au commencement , 
Se vers l'extrémité ils font courbés Se 
d'un brun obfcur. 

La .feptieme efpece eft un autre 
Mamtcodiata de Marc Grave, qui 
furpafle l'Hirondelle pour la gran- 
deur. Cet oifeau a la tête ferrée; les 
yeux petits , de la groffeur d'un grain 
de millet; le bec fait comme le pré- 
cédent. 11 eft orné à la naifTance du 
bec de petites plumes très-noires, qui 
reffemblent à de la foie : tout le go- 
fier , Se la partie baffe du col jufqu'aux 
joues , font garnis de ces petites plu- 
mes d'un verd doré luifant : le haut de 
la tête a de pareilles plumes, quifont 
d'un jaune obfcur, mais dures au tou- 
cher : de courtes plumes , brillantes 
comme de l'or , font le tour de fon 
col ; celles qui couvrent le dos font 
d'un jaune doré ; le bas eft d'un brun 
clair tirant fur le blanc , Se les ailes Se 
la queue font brunes. 

Ray dit que cet oifeau , ainfi que 
le précédent , font ou la même ef- 
pece , ou deux efpeces qui fe reffem- 
blent beaucoup , Se qui conviennent en 
un grand nombre de chofes avec la 
première efpece d'AtDRoVANDE. 

C l u s i u s établit deux genres de 
Manucodiiita , le grand Se le petit. 

La huitième efpece eft du grand 
genre , Se diffère fi .peu de la précé- 
dente , que Ray croit que c'eft la 
même. Cet oifeau a fur le derrière de 
la- tête , Se depuis le bec jufqu'aux 
yeux , de même que fur le col , des 



*a M A N 

plumes qui font comme de la foie , Se 
de couleur jaune ; celles des parties 
inférieures font brunes. 

La neuvième efpece , qui eft du 
moindre genre , paroît être la même 
que la première de Marc Grave. 
Cependant, dit Ray , cet oifeau avoir 
le gofier couvert de plumes vertes Se 
luifantes , comme la première efpece 

d'ALDRO VANDE. 

La dixième efpece eft le Roi des 
Manucodiata , ou des Oifeaux de Pa- 
radis du grand genre de C lu si u s. 
Cet oifeau eft plus petit que les au- 
tres ; fes ailes font plus longues que 
tout fon corps. Il a le bec blanc , qui 
eft long d'un pouce ; il eft garni par 
deflbus de petites plumes rouges, qui 
font des filets foyeux : le devant de 
fa tête eft couvert de pareilles petites 
plumes : la partie du milieu de la tête , 
autour des yeux , eft marquée de petits 
points noirs. 11 a le col Se la poitrine cou- 
verts de petites plumesd'un beau noir. 
Il a prefque toute la partie fupérieure 
du corps, c'eft-à-dire le dos, les ailes Se 
la queue, d'une feule couleur, qui eft 
un jaune tirant fur le brun : fous la 
poitrine il eft marqué d'un collier noir , 
à-peu-près de la largeur du petit 
doigt : les plumes , qui couvrent le 
ventre , font blanches , Se celles pro- 
che des ailes font noires : les filets de 
la queue font menus, noirs, en rond 
par ie bout , garnis d'un côté de poils 
très-déliés , qui par deftiis font d'un 
beau verd , Se par delfous bruns. 

Clusius qui parle de ces Manu-' 
çodiata , dont il a tait deux genres , 
dit n'en avoir vû qu'un du premier 
genre qui renferme les plus beaux. Ils 
fe trouvent ordinairement dans l'Ifle 
d'Arou. Ceux du fécond genre font 
moins beaux. Il y en a dans les lfles 
nommées Papua. Les premiers ont des 
filets fort longs , qui prennent leur 

* Ce poifloneft nomme en Grec Sics^tî ; 
en l.aiin Scombtr ; en Suédois & en Danois , 
Makrill ; en Allemand , Mdkrell ; en An- 
giois, Atecarell; à Rome, Macarello ; àVe- 



M A Q 

naifTartce fous le croupion. Les féconds 
n'en ont point. On dit que ces deux 
genres d'oifeaux ont chacun un Roi , 
diftingué par un plumage particulier, 
Se qui a un vol plus élevé que ceux de 
fon efpece. 

Il y a un Manucodiata de l'Ifle de 
Ceylan , dont la queue eft très-longue , 
Se que les habitans du pays nomment 
Wainhara. 

M. K LE in met le ManucodiatM 
dans la quatrième famille de fes oi- 
feaux , qui font les Tétrada&yles , 
c'eft-à-dire oifeaux qui ont les pieds 
garnis de fimples doigts , dont trois 
devant Se un derrière. Il les range avec 
les Pies , Se il nomme ce genre d'oi- 
feaux Vie a Paradift , dont il donne dix 
efpeces , qui font les mêmes oifeaux 
que ceux ci-deiïus mentionnés. 

M. L i n N s u s range auffi les 
Manucodiata dans l'ordre des Pics, , 
ainfi que M. Murhing, qui dans 
fon Gênera Avium les place dans la 
clafie des Hymempodes , c'eft-à-dire 
dans celle des oifeaux dont les pieds 
font garnis d'une membrane. 

M A Q 

MAQUEREAU*, ponTon 
de mer , mis par Artedi ( h ht h. 
Part. y. p. 48. n. 1.) Se NI. LiNNtus 
(Fauna Suec.p, 107. k. 287,) dans le 
rang des poifTons qui ont les nageoires 
épineufes. Le premier le nomme Scom- 
ber pinnulis quinque in extremo dorfs 
polypterygio , aculeo brevi ad anum , Se 
le fécond , Scomber radiis p^nnarum 
pettoralium viginti , dorfalium duode- 
cim. Artedi donne le nom de 
Scomber à différentes efpeces de poif- 
fons du même genre , favoir au Thun- 
nus Se Pelamii , au Sauras , à un autre 
poiifon nommé Amia , Se au Glanais 
primas deR a y. Je n'ai à parler ici que 
du Maquereau , connu d'A RïSTOTK 

nife , Scambro ; à Naples , Lacerto ; à Mar- 
feille , on lui donne le nom d'Aitriol ; en 
Efpagnol , on l'appelle Carallo, félon Ariïdi, 
ou Cavdlo , félon RoND£i.tT. 



M A Q 

( j vl c. 17. L. VIII c 11. & n- 
L lX.c. *.), d'E lien (L.XIK 

C I P 798.), d'ATHÉNÉE (LUI. 

P 121. & LWtl.p.ltt.) &d'Op- 
p 1 e N ( L. I. Halieut. fol. 108. 109. 
& L. III. ) fous le nom de Sicft^pof ■ 
d'O v 1 d e ( Mal. V. p. 94- ) > de 

COLUMELLÉ ( L. VIII. C. 17.) , 

de P l 1 N E ( L. IX. c. i$.&L.XXXU. 
c. 11. L. XXX/. c. 8. ) , de Martial 
( L. XIII. c. 102.), de Gesner (^e 

AqltM. ) , deScKONNEVELD, 
p. 65. d'A LDROVANDE ( L. II. 

c. 53. p. 270. ) , de J o nsto n ( L. L 

f. 3.), deWlLLUGHDY.p. l8l.& 

de R a Y , p. 58. fous celui de Scomber , 
& de C H A r L e T o N , p. 1 47. de 
Paul J o v e (c. 19. p. 86. 87. ) , 
de W o t t o N ( L. VIII. c. 188. 
p. 166.) Se de Salvien (f.*39- 
p. 241. 242. ) fous celui de Scombnis. 

Le Maquereau nage en troupe, Il 
croît jufqu'à une coudée , dit Ron- 
delet, L.VIII. c. 7. p. \91.Edit, 
Franç. On n'en voit pas de fi beaux d 
Paris. Ce poirtbn eft fans écailles ; il a 
le corps rond , charnu , épais , le 
mufeau pointu , Se fa queue qui eft 
encore plus pointue , finit par deux 
ailerons , ou nageoires éloignées l'une 
de l'autre. Il rertemble au Thon par 
la figure de la bouche : l'ouverture 
en eft grande ; les bords du bec font 
menus Se aigus ; la mâchoire de défions 
entre dans celle de deflùs Se fe ferme 
comme une boete; fes yeux font grands 
& dorés ; fon dos dans l'eau paroît 
couleur de foufre : hors de l'eau , 
quand il eft mort , il eft de couleur 
bleuâtre : îl a plufieurs traits noirs en 
travers ; le ventre Se les cotés font 
blancs ; proche de l'anus il a une pe- 
tite nageoire , fur le dos une pareille , 
Se plufieurs autres plus petites d'ef- 
pace en efpace ; ce qui eft commun à 
la Bonite Se au Thon. Il a une autre 
nageoire au commencement du dos , 
deux autres aux ouies, deux autres 
au-dertous; l'eftomac avec le conduit 
par où parlent ks alimens » eft long , 



M A Q 25 

finit en pointe Se va jufqu'à l'anus ; la 
bourfe du fiel , tient au foie, qui eft 
blanc. Les Maquereaux Se les Thons 
frayent au mois de Février , dit Aris- 
tote. Ils font leurs œufs au commen- 
cement de Juin : ces œufs éclofent 
enfermés dans une petite peau ou mem- 
brane. Ils fe retirent les premiers en 
troupe , avec les Thons Se les Bonites. 
De la liqueur des Maquereauxfaïés les 
Anciens faifoient leur Garum , faumu- 
re fort eftïmée Se de fort grand prix. 
La chair eft propre à cela : elle eft 
fans arêtes , grafle Se fe fond aflez. 
L'Iile où on en pêchoit le plus Se les 
meilleurs s'appelloit Scombroaria. Les 
Maquereaux de l'Océan iont plus 
grands que ceux de la Méditerranée. 

M. Anderson ( Hifl. Nat. de 
l'Ifl.p. 197.), en parlant des poiflbns 
de l'Klande , dit que le Maquereau 
par fa figure reffémble au Hareng , 
mais il eft plus long Se a ordinairement 
dix- huit pouces fur ces côtes. C'eft 
un fort bon manger pour ceux qui 
aiment les poiffbns fort gras , mais il 
répugne à d'autres. Les Iflandois qui 
le méprifent , ne fe donnent point la 
peine de le pêcher. Au refte cepoiÏÏbn 
eft de l'e/pece de ceux qui font an— 
nuellement la grande route Se femblent 
s'offrir à la plupart des peuples d'Eu- 
rope. M. Anderson marque qu'on 
lui a aflùré qu'il parte l'hiver dans le 
Nord. Vers le printemps il côtoie 
l'Iflande , le Hittland , l'Ecoffe Se l'Ir- 
lande , en fe jettant de-là dans l'O- 
céan Atlantique, où une colonne, en 
partant devant le Portugal Se l'Ef- 
pagne , va fe rendre dans la mer Mé- 
diterranée , pendant que l'autre rentre 
dans la Manche , où elle paroît en 
Mai fur les côtes de France Se d'An- 
gleterre , en partant de-là en Juin de- 
vant les côtes de Hollande Se de Frïfe, 
Cette colonne étant arrivée en Juillet 
fur la côte de Juthland , détache une 
divifion , qui faifant le tour de la poin- 
te du Nord , fe jette dan3 la mer Bal - 
tique, pendant que le refte , en partant 



*4 M A Q 

devant la Norwege , s'en retourne 
au Nord. Comme ce poiflbn n'eft pas 
propre pour le commerce, & que gé- 
néralement on y fait peu d'attention , 
l'Auteur dit qu'il lui a été impofïible 
de parvenir à une certitude pofitive 
à fon égard , & il a été obligé de fe 
contenter du témoignage de deux Pê- 
cheurs expérimentés de Hilgeland. 

Ruysch (de Fifcib. p. y. ) parle 
du Maquereau des Indes. Les couleurs 
en font vives. Ce poiiTon a des taches , 
une ligne autour du ventre , & une 
autre qui lui pend depuis la tête juf- 
qu'aux yeux. 

Il y a de ces poiflbns à la côte d'Or 
en Afrique. Ils ont la tête plus longue 
Se le corps plus allongé. Hifl. Génér. 
des Voyag. Tome XIII. p. 374. t'dït. 
in- 1 2. 

MAQUEREAU DE SURI- 
NAM, poiflbn nommé dans les 
Aties d'Upjal , 1750. p. 37. par M. 
GronoVius, Scomber Itnealatcrali 
curva » tabellis ojjeh ioricatâ , corpore 
lato & tew«i. C'eft , félon Ray (Synop. 
Meth. Pifc, p.^^.n. 1 o. ) , le Trachurm 
du Bréfil , auquel les habitans du pays 
donnent, félon Marc Grave (Hifi. 
Pifc. L. IV. c. 1 5. ) , le nom de Gitura 
lereba Se celui de Concorda viinor. La 
largeur de fa tête & de fon corps eft 
plus perpendiculaire que tranfverfale ; 
fon corps aux côtés eft ferré , mince ; 
large Se très-large proche les deux 
nageoires, qui font devant celles de 
l'anus ; enfuîte il va en diminuant juf- 
qu'à la queue , où il a à peine une 
ligne de long j fon dos eft convexe 5c 
fon ventre pointu ; il a la bouche gran- 
de & l'ouverture très-ample ; les mâ- 
choires , la bouche étant fermée , pa- 
roiflent égales , mais , la bouche ou- 
verte , l'inférieure paroît plus longue ; 
les dents font très -petites , pointues 
& éloignées les unes des autres , ne 
faifant qu'un rang à chaque mâchoire; 
le palais , le gofier Se la langue font 
unis ; les narines ont deux trous de 
chaque côté Se font plus proches de 



M A Q 

la bouche que du mufeau , ori quàm 
rofiro propmes , dit M. Gronovius, 
Les yeux font petits , placés aux côtés 
de la tête , couverts d'un voile à ta par- 
tie antérieure, & l'iris eft rouge ; l'ou- 
verture des ouies eft ronde , claire , luî- 
fante Se très-grande. Ce poiflbn a qua- 
tre ouies de chaque côté ; les mem- 
branes de ces ouies ont fept arêtes , 
dont la dernière qui eft cachée par ce 
qui couvre les ouies , eft la plus gran- 
de; lesécailles font petites & peuvent 
à peine fe féparer de la peau. Il a une 
ligne aux côtés , qui commence à l'ou- 
verture des ouies : elle eft courbe 
proche des yeux , va le long de la 
nageoire de la poitrine , eft repliée au 
milieu du corps, & va en droite ligne 
à la queue ; à l'endroit où elle eft cour- 
be elle forme prefque un demi-cercle, 
& elle eft unie ; à l'endroit où elle eft 
droite, elle eft couverte de tablettes 
ofleufes , radiées de chaque côté : ces 
tablettes font d'abord petites , vont en 
croiflant vers la queue Se font plus 
élevées : enfuite fon corps eft quarré 
vers la queue. Ce poiflbn a en tout 
huit nageoires avec fa queue. La pre- 
mière du dos , cachée dans le fïllon- 
nage , eft compofée de fept arêtes 
pointues 8e rudes , dont la première , 
qui eft la plus longue , a quatre lignes : 
la dernière a à peine une ligne. La 
féconde nageoire du dos, qui eft pro- 
che de celle-ci , a neuf arêtes molles 
Se flexibles, jointes enfemble par une 
fine membrane , dont la première a 
cinq lignes de long , & la dernière a à 
peine une ligne. Le refte du dos jufqu'à 
la queue eft muni de dix petites na- 
geoires très-fines , molles , dégagées 
& légèrement rameufes à leur pointe. 
La nageoire de la poitrine eft placée 
proche de la couverture des ouies : 
elle eft oblongue, compofée de quinze 
arêtes fimples Se molles , dont la plus 
longue pafTe fix lignes , Se la plus 
petite n'en a que deux. Les nageoires 
du ventre, qui fortent du bord du ven- 
tre , font cachées en long dans le fillon- 

nage; 



M A Q M A R 

«âge; elles font très-petites Se proche 
l'une de l'autre , compofées de fept 
arêtes , dont la plus grande a fix lignes. 
Apres ces deux nageoires , il y a dans 
le même fillon deux épines offéufes , 
fortes , qui ont à peine une ligne de 
long. Suit la nageoire de l'anus , qui 
s'étend jufqu'à la queue: elle efteom- 
pofée de quatorze arêtes dures, dont 
la première a quatre lignes de long : 
la dernière en a à peine deux. Enfuite 
ïl y a de petites nageoires , pareilles 
à celles qui font après la féconde na- 
geoire du dos. La queue eft très- 
fourchue , compofée de vingt (impies 
rayons, dont le dernier a fept lignes 
de long : ceux qui font en dedans , 
paflent à peine une ligne. CepoilTon 
a le haut de la tête , le dos, les côtés 
au-deflus de la ligne latérale , d'un 
bleu verd ; le ventre eft d'un blanc 
luifant. On en pêche à Surinam , où 
M. Gronovius l'a décrit. 11 a 
trois pouces Se une ligne de long & à 
peine douze lignes de largeur : jufqu'au 
commencement de la queue , deux 
pouces & cinq lignes : jufqu'aux yeux, 
deux lignes : jufqu'à la ligne aiguil- 
lonnée , un pouce fix lignes : jufqu'à 
la nageoire de la poitrine , huit lignes : 
jufqu'aux nageoires du ventre , neuf 
lignes : jufqu'à la première nageoire 
du dos , un pouce deux lignes : juf- 
qu'à la féconde nageoire du dos , un 
pouce cinq lignes : jufqu'à la nageoire 
de l'anus, un pouce fix lignes. 

MAQUEREAU BÂTARD, 
autre poilTon de mer , nommé par 
Rondelet Gajcanei , ou Gajcanct 
& Oàcarou. Voyez GASCANEL. 

MAQUIZCOALT, Serpent 
des Indes , le même que ¥ Ampbijbèric. 
Voyez ce mot. 

M A R 

MARACACA , nom qu'on 
donne au Bréfil , dit Marc Grave, 
au Chat -Tigre , nommé Maiakaya 
dans Tille de Cayennt , en Latin Fêles 
fera. Ttgrïna. Voyez CHAT-TIGRE. 
Tome III, 



M A R ^5 

M A R A CANA, oîfeau du. 
Bréfil, plus grand que les Perroquets. 
Tout fon plumage eft d'un gris tirant 
fur le bleu ; fon cri eft comme celui des 
Perroquets. II aime les fruits Se fur- 
tout celui nommé Murucuïa , dit Ray , 
Synop. Metb. Av. p. 29. n. 4. 

Le même Auteur ( ibid. ». 5. > parle 
d'une autre forte d'oifeau , auquel il 
donne le nom de Maracana. Arar& , 
c'eft-à-dire petite efpece de Macaos , 
genre de Perroquets du Bréfil. Il n'ex- 
cède pas la grandeur d'un Perroquet ; 
cependant il a la figure de V Arara. Il 
lui reiTemble par fa queue longue , par 
fon bec , qui eft noir , par la peau qu'il 
a autour des yeux , qui eft blanche , 
ponctuée de petites plumes noires ; fa 
tête , fon col Se fes ailes font d'un beau 
verd: il a feulement le derrière de 
la tête d'un verd plus clair Se tirant fur 
le bleu ; le deflùs des ailes Se de la 
queue eft verd ; le dedans eft bleu ; 
l'extrémité des plumes eft d'un bleu 
obfcur ; à la naiflance de chaque aile 
il a une tache couleur de vermillon, 
Se au haut du bec, une de couleur 
brune. 

M A R A C O A N I , petit Cancre 

du Bréfil , dit Ruysch {âeExfang. 
p. 2 5.), qui fe promené dans les en- 
droits qui fe trouvent fecs après le 
reflux de la mer. Dans un autre temps 
il ne fort pas de fon trou. Son corps eft 
prefque quarré , de la longueur & de 
la largeur du doigt : cependant le de- 
vant eft plus large; fes yeux peu éloi- 
gnés l'un de l'autre , font de la grofieur 
d'une grotte épingle : il peut à Ja vo- 
lonté les faire rentrer Se fortir; fa bou- 
che eft large Se plus grande que celle 
des autres Cancres ; il a huit jambes, 
couvertes de peu de poils, qui font 
bruns ; fon bras droit eft très-grand : 
il patte trois doigts de longueur : il eft 
allez gros , & l'animal peut fe cacher 
entièrement derrière ce bras ; la pince 
en eft large & non épaifle ; fon bras 
gauche eft petit , Se plus petit qu'ua 
de fes pieds; il eft de couleur rouffë; 



a6 M A K 



M A R 



les extrémités de fes pieds fontrô-unes; 
fera bras droit eft d'un rouge obfcur. 
On mange la chair de ce Cancre. 

M A R AI L, nom qu'on donne 
dans l'Ifle de Cayenne à deux efpeces 
de Faifans. 

MARAIL DES AMAZONES , 
efpece-dc Faifan , qui eft nommépar M. 
Barrere ( Hift. Nat, de la France 
Équin. p. 1 39. ) Pkafiamts tiiger , Ar- 
burus roflro viridi. Il y a un autre oi- 
feau , nommé auflî Marail , ou Faifan 
par le même , en Latin Fhafianus 
cinereus , cervïce fanguineâ. 

MARANGOIN , efpece de 
Coufin , fort incommode dans l'Ifle 
de Cayenne Se dans toutes les Ifles 
de l'Amérique , nommé par M.Bar- 
rere, p. 195. Cul ex mh^r vulgatiffi- 
mus. C'eft le Maringoutn de l'Améri- 
que. Voyez MAR1NGOUIN, 

MARASSUS , Vipère d'Ara- 
bie , dont la peau écailleufe eft fuper- 
be par fes ornemens ; fur le deflus du 
corps les écailles font rouftatres , om- 
brées de larges taches brunes , fom- 
bres , qui s'étendent jufques fur les 
flancs ; au commencement de la queue 
ellos font marbrées : ces mêmes taches 
fur le dos font entremêlées de raies de 
couleur d'alezan brûlé , qui vont en 
travers ; d'autres femblables taches , 
mais plus larges , Se d'une couleur 
moins chargée , régnent furies côtés : 
là tête de cette Vipère eft couverte de 
grandes «cailles uniformes : fa gueule 
eft ourlée d'une belle bordure ; les 
é*-aillr:s du ventre font d'un jaune bla- 
fard , Se picotées de points roux. Seba , 
Thejl II. Tab. <<. ». 2. 

M AR AXE: C'eft un poifton des 
Indes , dit Rondelet (L. XVI. c. 1 3. 
p. 359. Edit. Franç.), plus cruel Se 
plus grand que le Tiburon, mais non 
fi i''ger. Sa peau eft comme un cuir, 
& par conféquent c'eft un Cétacée. Il 
eft ll-mblable en pluïïeurs chofes au 
Tiburon. La gueule de cet animal eft 
armée de neuf rangs de dents. On le 
pêche de la même manière que l'on 



pêche le Tiburon , mais on n'en man- 
ge pas la chair. GESNER(<s(e Aquat. 
p. 253.) parle de cette forte de poif- 
fon. 

MARCASSIN, petit de la 
Laye & du Sanglier. Il porte ce nom 
pendant qu'il eft jeune, Voyez S A-N- 
GLIER. 

MARCINETTE, nom que les 
Gens de mer , fur la côte de Tofcane , 
donnent aux Cancres femelles, à ce 
que dit Mathiole. 

M ARE C A, Canard fauvage du 
Bréfil , félon Marc Grave, dont 
deux eipeces. 

Celui de la première , dit R a y 
( Synop. Meth. Av. p. 149. «. 4) , a le 
bec brun comme les Canards , Se à fa. 
naiffance de chaque côté il a une tache 
rouge : le haut de fa tête eft gris ; aux 
côtés , fous les yeux , il eft blanc, Tou- 
te fa poitrine , ainfi que le bas de fon 
ventre , qui font marqués de poiivs 
noirs, imitent parfaitement la couleur 
obfcure du bois de Chêne. Il a les jam- 
bes Se les pieds -loirs ; la queue grife: 
les ailes ;i leur nal'.Tance font d'un gris 
tirant fur le roux ; les grandes plumes 
d'un côté font de la même couleur , 
Se de l'autre d'un brun clair; le milieu 
eft d'un verd brillant , Se les bords en 
font noirs. 

L'autre efpece refTcmblc à la précé- 
dente pour la grandeur & pour la 
figure. Son bec eft d'un noir hu'fant. 
Cet oifeau a le dos de couleur /"ombre, 
mêlée de b r un. Il eft blanc fous le 
goder: devant chaque œil m po r re une 
petite tach 1 -: ronde d'un blanc tirant 
furie jaune. Son ventre Se fa poitrine 
font d'un gris obfcur, mêlé d'une cou- 
leur dorée : fi queue eft noire. Les 
plumes de fes ailes font brunes ; il y 
reluit du verd , Se dans le milieu règne 
un très-beau verd , mêlé avec du bleu, 
qui jettent un éclat qu : tire fur un brur» 
brillnnt. Il y paroît auffi une onde 
noire. Les extrémités des grandes plu- 
mes font toutes blanches. Les jambes 
& les pieds de cet oifeau font d'un 



M A R 

beau ronge , ou couleur de vermillon. 
Quand ïf eft rôti ou grillé , fa chair 
teint les mains ou le linge d'une cou- 
leur de vermillon fanguin. 

MARÉCHAL, ou RES- 
SORT, genre de Scarabée , dont 
plufieurs efpeces , félon M. Linn/eus. 
Voyez RESSORT. 

M A R G É E , nom qu'on donne 
en Mande à une efpece d'Oie qui y 
vient tous les ans. Voyez au mot OIE 
D'ISLANDE. 

M A R I B O N S E S , nom que les 
habitans de Surinam donnent à des 
Guêpes , qui font fort incommodes ; 
elles font brunes. Elles attaquent Se pi- 
quent les hommes , ainfi que les ani- 
maux , qui les troublent dans leur tra- 
vail. Elles font , comme en Europe , 
de petits nids , très - admirables à la 
vue , tant pour y garder leurs petits , 
que pour fe mettre à couvert de la 
pluie & du vent. 11 fort de leur fe - 
mence un Ver blanc , qui peu-à-peu fe 
transforme en cette Guêpe féroce , qui 
eft la pefte du pays. On la voit repré- 
fentée à la Planche LX. de VHifîoire 
des hfetlcs de Surinam , par M e Mt- 
r i a n. Voyez GUEPE. 

M ARIC ATACA, ou MA- 
RITACACA, nom que Pis on 
donne à une efpece de Renard du 
Bréfil, qui eft le même que le Cary- 
gittia , nommé par les Naturalises 
Didclphe&c Vhilander. Voyez aux mots 
DIDELPHE & PH1LANDER. 

MAR1GNONS, petites Mou- 
ches fort incommodes. On les nomme 
en Afrique , Marmgotms. Voyez ci- 
défieras MARI NG O U I N. 

MAR1GUI , petit Moucheron 
qui fe trouve dans le Bréfil , &c qui pi- 
que fort cruellement. C'eft le même 
que le Maringouin. 

MARINGOUIN, forte de 
Moucheron , qui fe trouve dans les 
Mes de l'Amérique , & qu'on appelle 
Mangue, ou Marague dans le Bréfil. 
C'eft à-peu-pres ce qu'on appelle en 
France , Coufin. Au commencement ce 



M A R 

n'eft qu'un petit VermiOeau de la lon- 
gueur d'un prain de blt.-d , & qui n'eft 
gueres plus eros qu'un cheveu. Lors- 
que les ailes font venues à ces forces 
de Moucherons , ils s'envolent en ft 
grand nombre, que l'air en eft tout 
obfcurci en qu.lques endroits , parti- 
culièrement deux heures avant le jour, 
& autant après le fok.i couché. Ils 
tourmentent fort les habitans , & fe 
jettent fur toutes les parties du corps 
qu'ils trouvent découvertes : ajuftant 
leur petit bec fur un des pores de la 
peau , fi-tôt qu'ils ont rencontré la 
veine , ils ferrent les ailes , roidiffent 
leurs jarets , Se fucent le fang le plus 
pur. Ils en tirent tant, quand on les 
laîffe faire, qu'à peine enfuite peuvent- 
ils voler. 

Il y a des Maringouïns dans l'Me 
de Cayenne , moins mauvais que les 
Maks , ou Confins , qui habitent les 
mêmes climats & marais , & qui , com- 
me en France , s'annoncent par un 
bourdonnement. On les nomme auffi 
Mœrangoins- Voyez COUSIN. 

MAR1NO PISCATORE: 
C'eft le même poiffon de mer que le 
Gal.mga, 8c que les Italiens nomment 
encore autrement Diavvlo dï mare. 
Voyez G AL AN G A. 

* MARI PETE : Ni e r f : m- 
b erg donne ce nom à certains Ser- 
pens des Indes Orientales, qui pour 
éviter, dit-il , la vieilleffe & la rrorf. 
vont après un certain temps chercher 
la mer , où frappant les ondes avec 
leur queue, ils fe partagent en plu- 
fieurs morceaux , & ces morceaux , 
par un admirable effet de la Nature» 
deviennent un genre de Polypes, fi 
fèmblables à ceux que les Portugais 
appellent Polvos , que les ignorans y 
font trompés. Pierre - Christophe 
Borrus , ajoute Nieremberg , lui a 
dit qu'il a vu des Portugais qui en ont 
pris quelques - uns dans les Indes , 
qu'ils croyoîent être des Polvor , 5c 
qu'ils s'en nourriffoient; que cepen- 
dant les habitans les avoient avertis 

Di] 



a 8 M A R 

de n'en rien faire , parcequ'îls etoîenï 
•venimeux Se n'étoient pas leurs vrais 
Polvos j qu'on les connoiffoit au nom- 
bre des pieds , 8c que ceux-ci , c'eft- 
à-dire les Maripetes , les avoient iné- 
gaux, R u y s c H (de Serpent, p. 31.) 
rapporte ce fait comme fabuleux. 

MARIPOSA, nom que les Es- 
pagnols donnent à la fixieme efpece de 
Gros-Becs. Voyez GROS-BECS. 

M A R K O J I O , poifton affreux 
des Indes , qui dévore un homme tout 
entier , tant il a la gueule grande. On 
rapporte que les Espagnols en prirent 
un qui venoit d'avaler un Italien qui 
pêchoit des Perles. On le tira encore 
vivant de fon ventre , mais il mourut 
feu de temps après. 

MARMOT, efpece de Singe. 
Voyez CERCOPITHEQUE 
& SINGE. 

MARMOTTE, petit Qua- 
drupède , que M. L 1 n n je v s met 
dans l'ordre des Glires , 8c du genre 
du Rat. Il entre chez M.Klein dans 
la famille des Pentadatiyles. Il eft chez 
M.BiussoNdu genre du Loir , dont 
le caractère eft d'avoir deux dents in- 
cifives à chaque mâchoire , point de 
dents canines , les doigts onguiculés , 
point de piquans fur le corps , la queue 
longue 8c couverte de poils , rangés 
de façon qu'elle paroît ronde. M, 
B r 1 s s o n > p. 16^. & fuiv- donne 
piufieurs efpeces de Marmotte , qui 
font i°. la Marmotte de Bahama: 2 0 . 
la Marmotte d' 'Amérique : 3 0 . la Mar- 
motte de Pologne : 4 0 . la Marmotte des 
Alpes: <°. la M.irmotte de Strasbourg. 

MARMOTTE DE BAHAMA , 
en Latin Marmot a Ëabamenfis > Glis 
fufcw. C'eft le Cavia B ihamenfis de 
M.Klein ( Difp. Quad. p. 50. ) , le 
Lapin de Bahama de C A tesb y, 
Tome II. fig. p. 79. Cet animal eft un 
peu plus petit que notre Lapin, Il a 
les oreilles Se les pieds fembîajles à 
ceux du Rat. La couleur de fes poils 
eft brune. On le trouve ordinairement 
À Bahama. 



M A R 

MARMOTTE DE L'AMÉ- 
RIQUE, nommée en Latin par M. 
B R 1 s s o n Marmota Amcricana , Glis 
fufeus , roflro è cinereo carulefcente - 
par M. Klein (Difp. Quad. p-ï^-} 
Glis Marmota Americanus ; par E D— 
V aud ( Tome II. fig. p- 104. ) Se 
CaTESEY ( App. p. 28.J Monax , ou 
Marmotte d'Amérique i ou Marmotte 
Américaine. Cette Marmotte , felort 
M. Buisson eft environ de la groffeur 
de notre Lapin. Elle a les yeux noirs 
8c à fleur de tête , les oreilles courtes 
Se rondes , une mouftache compofée 
de poiis roides comme des foies , Se en 
outre de pareils poils de chaque côté 
de la tête , un peu au-delà des coins 
de la bouche : quatre doigts aux pieds 
de devant 8c cinq à ceux de derrière, 
tous très-longs Se armés d'ongles longs 
& pointus ; tout fon corps eft couvert 
de poils d'un brun plus foncé fur le dos , 
un peu plus clair fur les côtés Se encore 
plus clair fous le ventre; le mufeau eft 
d'un cendré clair Se bleuâtre ; les 
ongles , les doigts 8c les pieds juf- 
qu'au talon font noirs; la queue qui 
a plus de la moitié de la longueur du 
corps, eft couverte de poils bruns Se 
noirâtres. On la trouve en Amérique 
Se fur- tout à Maiyland, dans la partie 
Septentrionale de l'Amérique. 

MARMOTTE DE POLOGNE, 
en Latin Marmota Polonica , Glis fia- 
vie ans , corporerufefeente. C'eft le Mus 
Al pin us de R z a c k i n s k y ( Hifi. 
Nat. Foi. p. 233.), du même (AutL 
p. 327.) ; le Mus mont amis de quel- 
ques-uns; la M amont. ina des Itali ns ; 
le Murms.t hier des Allemands, Scie 
Bobak., ou Siuifiez, des Polonois, Cet- 
te efpece -le Marmot 4 puis le bout 
du muf-au jufqu'i l'or v de la queue 
un pied Se demi; la tête depuis les 
narines, jufqu'à l'occiput eftloneue de 
quatre pouces: la queue eft de la mê- 
me longueur ; 1 s oreilles fmt très- 
courtes Se rondes. Elle a quatre doigts 
aux pieds de devant , Se cinq à ceux de 
derrière ; à la place du pouce qui matv- 



M A R 

tme aux pîeds de devant , eft un ongle 
très-court & obtus : les trois doigts 
du milieu des pieds de derrière font 
plus longs que les deux autres; tout 
fon corps eft couvert de poils jaunâ- 
tres; fa tête eft un peu rouflè , ainfi 
que 'fa queue. On la trouve en Pologne. 
Je penfe que cet animal eft le même 
que le Bobaque , qu'on voit autour 
du fleuve Nieper , dont j'ai déjà parlé. 
Voyez BOB AQU E. 

MARMOTTE DES ALPES, 

en Latin Marmota Alpina , Glispilis 
e fufco & fiavicante mixtis veftûus , 
nommée par M. Linnjeus ( Sj$. Nat. 
F dit. 6. ç. 2 1 . fp. il 0 Mus caudà elon- 
gatâ, corporerufo. C'eft, dit M. Klein 
XlHfP' Quad- f- jé-) la Marmota des 
Italiens^" le Mus Alpimts de Pline, 
de R A T ( Synop. Quad. p. 221. ) , 
d'ALDROVANDE (Quad. Digit. Vivip. 
p. 445.). de GesNER (Quad. p. 840.), 
de Jonston, Quad. p. 117. U en 
eft parlé dans les Mémoires de V Aca- 
démie des Sciences , Tome III. Part. III. 
p. 3 3 . 

La longueur de fon corps , dîr M. 
B R 1 s s o N , depuis le bout du mufeau 
jufqu'à l'origine de la queue eft d'un 
pied Se demi: celle de fa tête depuis 
les narines jufqu'à l'occiput , de trois 
pouces neuf lignes : celle de fes oreil- 
les, de fept lignes , Se celle de fa queue, 
depuis fon origine jufqu'au bout des 
poils , qui font fort longs , de fix pou- 
ces. Elle a quatre doigts aux pieds de 
devant 8e cinq à ceux de derrière , 
dont les trois du milieu font plus longs 
que les deux latéraux ; tout fon corps 
eft couvert de poils rudes, variés de 
brun Se de jaunâtre dans la partie fu~ 
périeure du corps , Se tour-à-fait jau- 
nâtres dans la partie inférieure; ceux 
de la queue font variés de noir Se de 
jaunâtre. On trouve cet animal dans 
les Alpos. Les ongles des pieds de 
derrière font grands & crochus : ceux 
des pattes de devant font plus courts 
Ses'ufent, pareeque les Marmottes s'en 
fervent à creufer la terre, où elles fe 



M A R 



2 9 



font un logement & à grimper fur les 
rochers. GeSKER a remarqué qu'elles 
montent fort haut entre deux murail- 
les. Elles ont des dents de Rats , qua- 
tre en devant, deux en haut Se deux 
en bas , fort longues Se tranchantes , 
pareilles à celles duCaftor: les deux 
d'en bas ont dix lignes de long Se deux 
de large : celles d'en haut font plus 
courtes , mais plus larges. La Mar- 
motte n'a rien de commun avec les Rats 
que l'odeur forte Se défagréable. Les 
dents Se la facilité qu'elle a à fe tenir 
fur les pieds de derrière lont des cho- 
fes que Ton voit dans plusieurs autres 
animaux , qu'on ne met point au rang 
des Rats; car l'Ours, le Lièvre , l'Écu- 
reuil fe fervent des pieds de devant, 
ayant le corps élevé fur les pieds de 
derrière , Se le Caftor , le Loir , le 
Porc -Epie ont des dents tranchantes 
en manière de cifeaux Se de tenailles. 

Les Marmottes font fort communes 
dans les montagnes de Savoye Se du: 
Dauphiné , ce qui les fait appcller 
Mitres montant. Elles ont enfemble une 
efpece de fociété , qui fait que quand 
elles amaflent du foin pour leur hiver , 
elles mettent des fentinelles fur les 
avenues, qui les avertiffent par leur 
GfHement quand il paroît des Chaf- 
feurs. Elles font extraordinairement 
farouches. 11 n'y a que les jeunes Mar- 
jnef/erque l'on puiife apprivoifer. El- 
les font beaucoup de dégât fi elles 
rencontrent de quoi ronger. Elles dor- 
ment tout l'hiver comme les Loirs 
dans le foin Se la paille , où elles fe 
cachent , Se où , à force de dormir, elles 
deviennent fi grades, que quelquefois 
elles font monftrueufes. Leur chair fent 
fort le fauvage Se caufe des vomiffe- 
mens à la plupart de ceux qui la fen- 
tent. On lui ôte ce mauvais goût Se on 
la rend propre à manger , en deiîéchant 
la graille dont elle eft chargée , quî 
eft bonne pour mollifier Se étendre les 
nerfs retirés. Cette chair , quoique 
falée , eft difficile à digérer Se nuit à 
Teftomac. 



30 M AU 

Mathiole dit qu'on trouve quan- 
tité de Marmottes dans les montagnes 
de Trente. George-Jérôme Velsch , 
Médecin célèbre d'Augfbourg a fait la 
dîifettion de la Marmotte. Elle ett in- 
férée dans les Collections Académiques , 
Tome IV. Partie étrangère , page 26. 
d'apns les Epbémérides des Curieux de 
la Nature , Déc. I, an. 1 6*70. C'eft une 
lettre du Docteur Velsch au Docteur 
Sachs. Voici ce qu'elle contient. 

Je nourriObis l'année dernière une 
Marmotte , qui étoit devenue fi fami- 
lière , que fe drefîant fur les pattes de 
derrière & s'appuyant contre la table , 
elle venoit prendre de ma main ce que 
je voulois lui donner 5 mais il y a quel- 
ques mois qu'ayant paru tout-à-coup 
effarée , elle fe mit à ronger les meu- 
bles , les livres Se tout ce qu'elle ren- 
contrait > quoique les légumes , les 
fruits Se le pain ne lui manquaient 
pas , & qu'elle pût fe raffafier ; ce qui 
accéléra fa mort, joint à ce qu'elle étoit 
très-graffe, de forte que mes domefti- 
ques la tuèrent. Mais comme je n'ar- 
rivai pas affez à temps pour la diffé- 
quer , je ne pus obferver que les cho- 
fes fuivantes : je reconnus que tout 
étoit difpofé dans cet animal à l'ordi- 
naire , & à-peu-près de la même façon 
que Fabrice l'a rapporté Cent. VI. 
Obferv. 97. Je trouvai cependant la 
langue bien longue Se bien large , Se 
le larynx d'une grande étendue , par 
rapport à la tête & à tout le refte du 
corps. Les poumons étoient plus pe- 
tits que le foie , qui étoit très-grand. 
Le thymus étoit placé le long de la 
trachée artère près des poumons , Se 
étoit exactement de leur même gran- 
deur. L'eftomac n'étoit compofé que 
de deux membranes très-minces. Le 
pancréas , d'une fubftance très-mince , 
étoit affez long? S; on y diftinguoit le 
canal de VlRSUNGUS. Les membra- 
nes des înteftins étoient auffi fort dé- 
liées jla ratte, qui étoit de la longueur 
du do<gt, étoit de même très-mince , Se 
d'un rouge très-vif; Se je ne pus apper- 



MAR 

Cevoîr dans les reins que quatre caron- 
cules papillaires : à l'égaard du foie , il 
étoit d'un trts-grand \oiunie, divifé 
en cinq lobes , dont trois petits » un 
plus grand , Se un trts-granj ; eu plus 
grand des quatre premiers 1 dontl ex- 
trémité fe partagtoit encore en trois, 
étoit attachée la vé Seule du fiel , qui 
étoit fort petite , Se qui cont.noir peu* 
de bile , très verte , Se liquide couime 
de l'eau ; mais dans la partie convexe 
du plus grand des cinq lobes , j'ap- 
perçus un abfcès puftuleux Se en quel- 
que façon cartilagineux , lur lequel il y 
avoir plufieurs hydatiques allez grof- 
fes , dont il ne fortit que de l'eau pure , 
lorfque je les eus percées : de chaque 
côté de cet abfcès , j'en trouvai deux 
autres plus petits , glanduleux Se en- 
kyftés, que je tirai , 8e que j'enlevai 
tout entiers avec le fcalpel. Je fuis per- 
fuadé que ces abfcès auraient produit 
par la fuite une hydropifie par l'écou- 
lement d'une humeur féreufe, qui fuin- 
toit par l'ouverture de ces pullules , 
dans la cavité du bas- ventre, il n'y a 
pas d'apparence que la graiffe qui fe 
trouva abondamment dans cette Mar- 
motte eût pû être dans ces circonltan- 
ces de quelque utilité pour la Méde- 
cine ; ce qui me la fit rejetter , Se je 
n'enconfervai que les os pour en faire 
un fquelette. 

MARMOTTE DE STRAS- 
BOURG , en Latin Marmota Argtn- 
toratenfis , Glis ex cinereo rujus in dor- 
J'o , in ventre ntger , macults tribus ad 
latera albis, nommée par M. Li k- 
N JE u s ( Syfl. Nat. Edit. 6. g. 21. Jp. 
10.) Mus caudâ elongatâ, corpore ci- 
nereo , rutila , nigroque , longitudinaiiter 
varia. C'eft le Glis cricetus de M. 
Klein , DifpoJ Quad. p. jd. de Ray , 
Synop. Quad. p. 22 1 . de Rzacktnsky , 
Hifi. Nat. Polon. p. 232. du même , 
Authtarium , p. 32(5. Se de GeSner , 
Qitad. p. 835. Cette forte de Mar- 
motte eft YArclomys de la Paleltine , & 
le Mus magnus campi de quelques Au- 
teurs. La grandeur de cet animal tient 



M A R 

le milieu entre le Rat 3c notre Lapin. 
Il a les pieds très-courts , & la queue 
longue d'environ huit pouces : le def- 
fus de la tête , ainfi que le dos Se la 
queue , font d'un gris roux ; la gorge 
eft blanche , Se le ventre noir ; de plus 
les côtés font marqués chacun de trois 
taches blanches. On trouve cet ani- 
mal auprès de Stralbourg , dans la 
Thuringe , dans la Mifnie Se dans la 
Pologne. Auprès de Strafbourg , on 
l'appelle KornfaerLe ; en Pologne Cho- 
mir, ou Skfxxevtc Se en Allemagne 
Harnfler , ou Marne fi. 

M A R N A T : Il y a un Coquillage 
que les Latins nomment Trochvs, Se 
que Rondelet a rendu en Fran- 
çois par le mot Toupie. Hoc Turbinum 
genus , à fîmilitudine inflrumentï qno lu- 
fitarit pueri , Trochos appdlumus , dit 
ce Naturalise , Eciit. Lat. p. 92. 

M,Adanson( Hift. des Coquil- 
lages du Sénégal , p. 167. ) fait un 
genre particulier-de la Toupie , qu'il 
place parmi fes Operculés. 11 dit que 
la Côte du Sénégal ne lui en fournit 
que quatre efpeces. Le Alarnat , qui 
eft figuré Planche XII. ». 1. eft la pre- 
mière Ce Coquillage eft extrêmement 
commun à la pointe Méridionale de 
PI!le de Gorée : il cherche les rochers 
découverts , Se feulement ceux où la 
mer vient battre avec violence , car 
lorfqu'elle l'abandonne entièrement, 
Se qu'il fent un peu trop de féchereffe , 
il pourvoit à fa confervation en quit- 
tant le rocher, Se fe biffant tombera 
la mer : puis il remonte de nouveau 
jufqu'à la hauteur où elle cc T; de fe 
d'-ployer. 11 a recours au même arti- 
fice , torfqu'on le touche du bout du 
doigt , ou qu'on veut l'inquiéter. Ce 
Naturalise décrit la coquille & l'ani- 
mal çn ces termes : 

La coquille du Marnât a la figure 
d'un ovoïde obtus , Se comme coup' 1 
obliquement à fa p^nie fupérieure , Se 
terminé brufquem.nt en une pointe 
très-fine A l'extrémité oppofée. Sa lon- 
gueur ne pafle pas fept à huit lignes , 



M A R 31 

6c fa largeur eft d'environ cinq lignes , 
c'eft-à-dîre , moindre de près de moitié. 
Elle eft très-épaiffe Se formée de fix {pi- 
res applaties , peu renflées , peu diftin- 
guées, Se dont la furface eft bienlui- 
fante Se d'un beau poli. Les deux pre- 
mières font d'une grandeur démefurée 
à l'égard des autres qu'elles effacent 
prefqu'entierement. Le fommet efl 
prcfqu'auffi long que large , Se un peu 
plus court que la première fpire ; l'ou- 
verture eft prefque ronde Se comme 
couchée & inclinée fur le dos de la 
coquille. La lèvre droite entoure cir- 
culairement plus des deux tiers de fa 
circonférence , qu'elle rend aiguë Se 
d'un tranchant extrêmement fin. La 
lèvre gauche préfente une furface plane 
dont le bord eft aflez droit, & un peu 
tranchant au-dedans de la coquille ; le 
périofte qui l'embraffe eft membra- 
neux , for», mince , Se peu fenfible. Le 
fond de fa couleur au-dedans eft brun 
caffé , au-dehors c'eft un gris plombé, 
quelquefois rougeâtre , tout moucheté 
de petits points blancs difpofés fur plu- 
fleurs lignes , qui au-lieu de tourner 
avec les fpires , les coupent oblique- 
ment. On n'obferve d'autres variétés 
dans la forme Se dans ia couleur de 
cette coquille", que celles que l'âge y 
occaflonne. Les petites font courtes , 
Se plus larges à proportion que les 
grandes: elles ont aulfi moins de fpi- 
res , Se font prefque entièrement cen- 
drées. 

Le même Auteur marque qu'il tient 
de M. Bernard de Jussieu une co- 
quille qu'on ne peut nier être de la 
même efpece. Ce célèbre Académi- 
cien l'a reçue autrefois , Se encore tout 
récemment des Côtes de la Chine Se 
de Bengale. Elle ne diffère, ajoute- 
t-il , de la fïenne , que pareeque fon 
fond plombé eft coupé par huit ou dix 
bandes blanches , fou vent ondées , qui 
tiennent iieu de lignes ponctuées qu'on 
obf rve dans celles du Sénégal. Voilà 
un exemple des variétés que deux cli- 
mats fort éloignés > mais peu différens, 



32 M A R 

peuvent eaufer dans la couleur d'une 
même efpece de coquille. 

11 parle en ces termes de l'animal» 
qui habite cette coquille. Quand il 
en fort , dit-il, Ta tête paroît comme 
un petit cylindre tronqué à fort ex- 
trémité , Se renflé à fa bafe par une ef- 
pece d'anneau & de bourelet, dont la 
largeur égale fa longueur : des deux 
côtés de la tête Se de fon origine par- 
tent deux cornes coniques, fortépailles, 
doubles de la longueur , 8ç qui paroii- 
fent divifées en delfus par un iillon , 
qui en parcourt la longueur. Les yeux 
font deux petits points noirs , qui ne 
faillent point au-deiTus de la furface 
des cornes , à la racine defquelles ils 
font enchâlfés fur leur côté externe. Au- 
defïous de l'extrémité tronquée de la 
tête , on appercoit deuxlevres ovales, 
Se latérales , au milieu defquelles on 
diftingue un petit fillon longitudinal , 
traverfé par un autre fillon placé un 
peu au-defTus , & dont le concours 
lui donne la forme d'un T à tête courbe. 
Ceft proprement l'ouverture de la 
bouche , au fond de laquelle fe trou- 
vent deux mâchoires dont l'inférieure 
eft garnie de vingt-quatre dents , qui , 
par le moyen du microfeope , paroif- 
fent diipofées en long for deux rangs 
fort ferrés. Le pied-de l'animal eft pe- 
tit, elliptique , obtus à fes deux ex- 
trémités , ou prefque rond , & prefque 
une fois plus court que la coquille ; fa 
furface inférieure eft marquée de deux 
filions, dont le premier, plus léger, 
le coupe longitudinalement dans fon 
milieu; l'autre, plus profond, borde 
fon extrémité antérieure. En deftus du 
pied , vers le milieu de fa longueur , eft 
attaché un opercule cartilagineux , fort 
mince , taillé en demi-lane , poli Se 
luifant en deflus , & marqué légère- 
ment de plufieurs lignes courbes , qui 
ont pour centre commun un point pla- 
cé vers fon angle fupérieur. La mem- 
brane qui forme le manteau eft fort 
mince , Se tapiiTe les parois intérieures 
de la coquille ; elle laifle fur le col de 



M A R 

l'animal , Se un peu vers le côté gau- 
che , une ouverture par laquelle il jet- 
te les excrémens. l'ar cette même ou- 
verture , il fait fortir une petite lan- 
guette , charnue , triangulaire, appla- 
tie , trois fois plus iongue que large, 
que quelques Auteurs ontprife pour 
la partie affectée aux mâles : pour moi , 
dit M. Adanson, je n'ai pas eu 
occalion de vérifier fi cet animal étoit 
hermaphrodite , c'eft-à-dire , fi chaque 
individu réunifibit les deux fexts, ou 
s'ils étoient partagés en diiîérens in- 
dividus; car il arrive rarement qu'on 
les trouve en copulation ; mais je puis 
dire , continue-t-il , que j'ai obfervé 
cette partie dans tous ceux qui m'ont 
palfé par les mains. Quoi qu'il enfoit, 
cette languette porte fur fon côté exté- 
rieur un ofielet pointu , fragile Se 
blanchâtre , qui lui fert comme de fou- 
tien dans toute fa longueur. 

Le même Naturalise dit que M. 
Bernard de Jussieu lui a fait voir, 
depuis fon retour en France , les deux 
fexes bien diftingués dans une coquille 
de l'Océan , appellée Vignot , ou Bi- 
gourneau > qui eft la Cochtea marina de 

SVAMMERDAMf Blb. Nrtt. Vol. I. 

p. 180. Tab. 9. fig. 14. & 20.), que 
les Hoilandois nomment Alie Kniyk* 
qui a un rapport très-prochain avec 
le Marnai du Sénégal , quoiqu'il n'ait 
pas comme lui de languette fur le 
côté. Cela lui fait foupçonner que Pof- 
felet , dont cette languette eft armée , 
eft une efpece d'aiguillon , dont les 
femelles feroient pourvues aulh bien 
que les . aies , pour fe réveiller & s'ex- 
citer mutuellement dans le temps de 
la copulation , comme il arrive aux 
Limaçons de Jardin, 

Le corps du Marnât eft d'un blanc 
fale , traverfé en deiTus par un grand 
nombre de petites lignes noirâtres. Ce 
Coquillage du Sénégal eft le même 
que la Cocblea jublivida nigris iincis 
undatis diftintia , lineis interdum ni- 
grioribits & multà pluribus , de l'Ifle 
des Barbades Se de la Jamaïque , dont 

parie 



M A R 

parle Lister , Hijl. Conchyl. Tab. 583. 

La Cochlea troclnformis l&vis , ex 
albido , rubro , & Jhbviridi per Jeriem 
Une ut a de Gualtieki, bld. Tab. 
& p. 6}. fig. N. 

Et le S accus orc integro , fublividus , 
Hneis aigris , undatijque dijlincius de 
M. Kleik, Tent. p. ^2. j'p. 2. ». 2. 

M. d'Argen ville ( Htjl.Conchyl. 
p. 215. Edit. 4 7 5 7 . ) nomme le Tro- 
cbus des Latins , Sabot en François , 
& il en compofe la Septième famille de 
fes Limaçons ï bouche applatic. Voyez 

sabot'. 

_ MAROLY; nom d'un oifeau 
fort extraordinaire : il eft paflager Se 
il vient d'Afrique. Il fait fon patfage 
aux mois de Septembre Se d'Octobre, 
plutôt que dans un autre temps. Les 
hnbitnns du Cap de Coloche , de Friè 
dans l'Ifle de Z ua tan , Se les autres 
lnfulaires le nomment Maroly : les 
Perlans l'appellent Fac. Il eft de la 
grandeur d'une Aigle , Se il a la forme 
d'un grand oifeau de proie. Son bec 
eu aquilin; Il a deux espèces d'oreilles 
d'une énorme grandeur qui lui tom- 
bent lur la gorge. Le fommet de la 
tète eft élevé en pointe de diamant, 
enrichi -de plumes de différentes cou- 
leurs ; celles de fa tête Se de fes oreilles 
font d'une couleur tirant fur le noir. 
Il fe nourrit du poill'on qu'il trouve 
mort fur le rivage de la mer , Se bien 
fouvent deSerpens Se de Vipères; à 
caufe de cela on peut lui donner le 
nom à' Aigle de mer ,'aulli-bien qu'à 
YOrfraie, appellée Haliaëtos par les 
Grecs. 

M ARQUIS D'A N C R E , 

nom que quelques Modernes ont donné 
à un Scarabée noir , dont les fourreaux 
font marqués de deux bandes jaunes, 
qui fe réuni lent. M. Linn^us le 

*Ce ponTon eft nommé en Grec *»ic<tiv*; 
en Latin Phocxna , du mot Grec , & Turfîo ; 
en Allemand, Meerftha'tyn; en Suédois, iilar- 
/;<■/'( , ouTtimMare , félon M. Ltnnaus; 
en Danois , Marfyîn , ou BriV^ùp , ou 
Sphiik.Val , on Sprinter; ce même poill'on eft 
Tome III. 



M A R 33 

nomme. S'carabxitf ni%cï,hirfuiui,fiavur, 
elytris fajciis duabus luteis coadunatis._ 
On en trouve fur les fleurs. 

MARSOUINS C'eft la trei- 
zième efpece de Baleine de M. A n- 
D e r S o N , dont j'ai parlé d'après les 
Voyageurs au mot BALEINE , qui 
en admettent deux efpeces en Amé- 
rique. On lit dans les Transactions Phi- 
hjophiqucs , an. \6ji. n. 7 6. art. 2. 
& dans le i'ome II. des Coileciions Aca- 
démiques , p. 145. & Jitiv. la deferip- 
tion d'un jeune Marfouin , faite par 
R A v ; ce qui m'oblige d'en parler en- 
core ici , d'après ce grand Naturalise , 
après que j'aurai remis fous les yeux 
du Lecteur les différens noms fous les- 
quels il en eft fait mention chez les 
Auteurs. 

Le Marfouin eft nommé par M. 
B R 1 S s o N (p. 371.), Delphi ans pin- 
trâ in dorjo unâ , dentibus acutis , roftrë 
brevi jobtujo : 

Par A r t e d 1 f Genr. Pifc. g. 47. 
fpec. 1); par le même ( Synop. PiJ'c. 
gcn. g. 47 '.. fp. 1. ) , Delphinus corpore 
ferè canif ormi , dorjo lato , rojlro jitba- 
citto : 

Par M. '.1 NNit u s ( Syfl. Nat. 
Edit. 6. g. ioo.yp. 1. ) ; par le même 
( Fauna Suce, n- 266.) , Delphinus cor- 
porej ubconiformi , dorjo lato, rofirojuba.- 
cuto. . 

C'eft le Phoatna de R o n d e l e t , 
PiJ'c. p. 47 3 . de W 1 L L u G h b y , Hijl. 
PiJ'c. p. 31. de Ray, Synop. PiJ'c. 
p. 13. de J o N S T O N , PiJ'c. p. 155. 
de Charleton , Exe cit. p. 48. 
le Turjio , five Phoc&na de M. Klein , 
PiJ'c. Alijf. 2. p. 26. de G e b n e r , 

PiJ'c. p. 837. d'A LDROVANDE, 

Pij'c. p. 719. de Bel on, Aquat. p. 

15. Se le Sus marinus , rojlro obt'-fo d j 

N I E R E M B E R G , p. 25 Q4»M. B A R- 

R E R e ( Hijl. Nat. de la France Eqitin. 

appelle en Nonyege, Marfven, ou Sifer ; 
en I'iin.'oiî, Su inhuai , ou Suinhval'r.tr , on 
IViiingr ; en Flamand, Britynvifch; dans la 
Frife Orientale, Brunfifck; en Anglois , Vor- 
pit ; en Ecoffois , Sea Porc , & en François 
Marfouin , Souffleur, ou Tunbu 



34 M AR 

p. i72.)nomrae le Matfitttp , Delphi- 
mis nigricans. 

Le corps du Marfonhi eft beaucoup 
plus gros Se moins long que celui du 
Dauphin : il en diffère encore par la 
forme de fon mufeau , qui eft court Se 
obtus. Ses deux mâchoires font armées 
de petites dents pointues , & fes yeux 
font très-petits. 11 a fur le fommet de 
la tête un canal , par lequel il rejette 
l'eau. Il a , comme le Dauphin , trois 
nageoires , deux latérales , & une vers 
le miiieu du dos. Sa peau eft très- 
lilfe , noire fur le dos , Se blanche fous 
le ventre. On le trouve dans toutes les 
mers. Voilà en abrégé la defeription 
du Marj'ouin. 

Celui que décrit R A Y , eft un jeune 
Marfout» d'une grandeur convenable 
pour la difleétion , qui lui fut apporté 
par des Pêcheurs , qui Pavoient pris 
fur le fable, où la marée l'avoit laiifé. 
Ce Naturalifte dit qu'il a obfervé en 
le diiféquant des chofes que Ronde- 
let a omifes dans fa defeription du 
Dauphin. Voici celle de l' Observateur 
Anglois , telle qu'on la lit dans un 
des Tomes des Colletlions Académi- 
ques ci-deflùs cité. 

Sa longueur étoit de trois pieds fept 
pouces : il avoit deux pieds Se deux 
pouces de circonférence , où il étoit 
plus gros. La forme de fon corps ne 
dilféroit gueres de celle du Thon , (en 
grouin étoit feulement plus long & 
plus aigu; la peau étoit mince unie , 
Se fans écailles. 11 y a apparence que 
dans la vieillefle elle devient épaifle 
& rude , comme Rondelet la re- 
préfente. 

Ses nageoires étoient cartiLagîneufes 
& fléxibles , Se non pas aiguës & pi- 
quantes , comme les Anciens le rap- 
portent, liftn'en avoir qu'une fur le 
dos , éloignée d'un pied neuf pouces 
d"e la pointe de fon grouin ; elle avoit 
cinq pouces Se demi de bafe , de forte, 
qu'elle étoit un peu au-deftbus de la 
moitié de la longueur du poiifon , en 
aaefuranr depuis, le mufeau jufqu'àla. 



M A R 

queue : îl en avoit deux paires fous le 
ventre à neuf pouces Se demi de l'ex- 
trémité de la mâchoire inférieure , pref- 
qu'au même endroit où ont coutume 
d'être placées les nageoires de devant 
des autres poiflons. Sa queue étoit 
fourchue en manière de croiflant , 5c 
avoit onze pouces d'une corne à l'au- 
tre : elle étoit fituée autrement que 
celles de toutes les autres efpecesde 
poiflons; car au-lieu d'être perpendi- 
culaire à l'horifon , elle lui étoit pa- 
rallèle , & je crois qu'il doit en être de 
même dans tous les Cétacécs. J'ima- 
gine que la raifon en eft en partie pour 
fuppléer aux nageoifes poftéricures des 
autres poiflons , qui fervent à balancer 
leur corps , Se à les tenir élevés dans 
l'eau , répondant aux jambes de der- 
rière des Quadrupèdes; ce qui nous - 
fait voir pourquoi les poiflons longs, 
qui n'ont qu'une paire de nageoires , 
comme les Anguilles , ne peuvent fe 
tenir élevés dans l'eau , mais rempent 
toujours au fond , Se en partie pour 
aider au poiflbn à monter à la furface 
de Peau , ( ce qu'il fait d'un coup de 
queue ) , pour prendre fa refpiration , 
qui lui eftauffi néceflaire qu'aux Qua- 
drupcdes;car il y a apparence que Ci on 
le détenait fous l'eau, il y fuffoque- 
roit , 5c s'y noyercit en très-peu de: 
temps. 

Immédiatement fous la peau , étoît 
placé le pannicule adipeux , qui étoît 
ferme , fibreux , Se épais d'un pouce , 
enveloppant tout le corps, le dos , le 
ventre , & les cotés , dont l'ufagefans 
doute eft , i°. de garantir du froid 
de l'eau le fang du poiflbn , que je 
crois chaud au même degré que ce- 
lui des Quadrupèdes , & qui par con- 
féquentferoit coagulé par la fraîcheur 
de l'eau ; 2°. d'empêcher la diflîpa- 
tion des vapeurs chaudes du fang , de 
* conferver & d'entretenir par-là fa cha- 
leur naturelle ; comme nous voyons 
que l'eau 8e toute autre liqueur con- 
ferve plus longtemps fa chaleur dans* 
un vaifleau bien fermé , qu'à, décou- 



- 

M A R 

vert: Se rien n'eft plus propre à pré- 
venir la rliiïipation des eiprits & des 
vrpeurs les plus fubtiles, que l'iuiile 
& là graiffe; 3°. peutétre auiFi de le 
rendre plus léger , Se de contrebalancer 
fon corps , qui fans cela feroit trop pe- 
lant pour fe mouvoir Se nager. 'Tout 
ce pannicule fe trouve une chair muf- 
culeufe , femblable à celle des Qua- 
drupèdes , mais un peu plus noire. 

Le corps étoit divifé en trois régions 
ou ventres ; la tête , la poitrine , Se 
l'abdomen. Les principaux vaiileaux 
ou vifeeres étoient Les mêmes que dans 
les Quadrupèdes. L'abdomen étoit en- 
vironné par un fort péritoine ; les in- 
teftîns étaient attachés à un méfentere , 
Se étoient très-longs , ayant quarante- 
hui t pieds : ils n'étoienepoint diftingués 
en gros Se petits. Je n'y pus trouver 
de cœciim , ni d'appendice. 

L'ellomac étoit d'une ttructurc fin- 
guliere : il étoit diviîé en deux grands 
facs Se en deux petits. Je ne trouvai 
dedans qu'un très-grand nombre de 
petits poiifons longs , que les Pêcheurs 
Anglois prennent dans le fable , Se 
qu'on appelle pour cela en quelques 
endroits Anguïder de Jltble. Gesneh. 
les nomme Ammodkœ. 

bon ioie étoit d'une grandeur médio- 
cre ; il étoit fitué du côté droit , Se di- 
vifé en deux lobes, n'ayant point de 
vélicule du fiel. Le pancréas , qui étoit 
grand , étoit fortement adhérant au 
îroiheme fuc de l'eitomac , où fon ca- 
nal s'inféroit & fe dégorgeoit : fa rate 
étoit petite 8c ronde ; les reins étoient 
grands Se attachés au dos , contigus l'un 
à l'autre , Se compofés de plulieurs 
glandes, comme aux Bœufs , mai plus 
petits , ils étoient plats Se fans bnflinet 
au milieu, mais les artères partoient 
du bas. 

La veflie étoit longue Se petite , eu 
égard au volume de cet animal ; elle 
avoit de chaque côté un ligament rond 
fait par les artères ombilicales dégé- 
nérées. La verge longue Se grêle avoït 
un petit gland pointu; elle ne paroif- 



M A R 35 

foît pas au dehors, mais étoit cachée 
avec fa gaine dans le corps , étant ré- 
fléchie en manière d'S , comme cella 
du .Bœuf. 

Les tefticulcs étoient enfermés dans 
la cavité de l'abdomen , comme ceux 
du Hérill'on , Se de quelques autres 
Quadrupèdes; leur figure étoit oblon- 
gue. Quant à leur fubltance interne , 
je veux dire les vaiflfeaux féminaires , 
foit préparans,foitdéférens,ceux de l'é- 
pididyme, les vailfeaux pyramidaux, le 
corps variqueux , Se les glandes prof- 
tat^s , elle étoit exaucement la même 
que celle des tefticules ç^es Quadru- 
pèdes. Les vaiileaux déférens perçoient 
l'urétere de plufieurs petits trous , 
dont quatre étoient plus vifibles que 
les autres, un peu au-delïus du col 
de la velfie. 

Le diaphragme étoit mufculeux. Le 
cœur, qui étoit grand Se renfermé dan* 
un péricarde, avoit deux ventricules 
avec leurs valvules figmoïdes , fémi- 
lunaires , tricu/pidales , Se mirraies , 
leurs artères Se leurs veines coronaires. 
En un mot , toute la llructure Se la 
t u otlance du cœur Se des poumons s'ac- 
cordoient exactement avec celte des 
Quadrupèdes. La trachée artère étoit 
extrêmement courte , le poiflon n'ayant 
pas de col : le larynx avoit une figure 
finguliere , s'avançant avec un long 
col , Se un bec en forme d'aiguicre. 

Le conduit par lequel cet animal 
refpire 8e rejette l'eau eft placé dans 
la tête devant le cerveau , Se fe ter- 
mine en dehors par une ou verture com- 
mune. Intérieurement il eft divifé par 
une cloifon ot'feufe , comme s'il avoit 
deux narines , mais il n'a qu'une ou- 
verture dans la bouche. Cet orifice in-- 
terne n'a qu'un fphincter , au moyen" 
duquel le poilfon peut l'ouvrir Se le 
fermer à fa volonté. Les parois du 
canal font garnies d'une membrane 
glanduleufe , qui, lorfqu'on laprelfe, 
verfe par une -infinité de petits trous 
ou papilles , une liqueur gluante dans 
le tuyau. II y a au-defiiis des narine* 

Eij 



> 



Z6 MAR 

une valvule ou membrane femblable 
à une épiglotte qui empêche l'eau d'en- 
trer involontairement. Ce conduit afix 
trous borgnes , qui n'ont point d'ilTue , 
quatre vers le mufeau , dont deux au- 
deffus de la valvule qui ferme les 
narines , Se deux au-deffous : les deux 
autres font vers le cerveau , ayant une 
cavité longue , mais étroite , que je 
conjecture fervir à l'odorat , quoique 
je n'aie trouvé dans le cerveau ni nerfs 
olfactifs , ni procès mammîllaires. Ce 
poiffon a voit les yeux petits, vû fa grof- 
iéur , & fitués fort loin de la bafe du 
cerveau. Le rnufeau étoit long & pour- 
vu de mufcles très-forts , pour fouiller 
le fable au fond de la mer , Se y trouver 
les poiffons dont il fe nourrit ; ce qui 
paraît par les petites Anguilles que 
nous trouvâmes dans fon eftomac , & 
qui , comme nous l'avons dit aupara- 
vant , font enfevelies dans le fable. Le 
cerveau, y compris le cervelet, étoit de 
la même lubftance & avoit les mêmes 
anfractuofités que celui des Qadru- 
pedes,. n'en différant que parla figure 
qui étoit plus courte ; mais il avoit 
en largeur ce qui lui manquoit en lon- 
gueur; il avoit auffi une dure Se une pie- 
meres ; fix ou fèpt paires de nerfs , 
outre les optiques , & les mêmes ven- 
tricules ; mais je n'obfervai pas à la 
moelle allongée les protubérances que 
l'on appelle natss Se teftes. Le crâne 
n'étoit pas auflï épais que dans les Qua- 
drupèdes , mais il étoit articulé de la 
même manière avec la première ver- 
tèbre de l'épine. Cette largeur du cer-« 
veau , & {k reiTemblance avec celui 
de l'homme , indiquent que cet animal 
a plus d'intelligence Se de capacité que 
les autres bêtes ; ce qui doit rendre 
plus vraifemblables les anciennes Hif- 
toires qu'on a faites fur cet animal , 
telles que celle d'A rion, rapportée 
par Hérodote; celle que Pline 
l'ancien^C Ht fi. Nat. L. IX. c. 8. ) ra- 
conte d'un Dauphin; qui s'étant pris 
d'amitié. pour un jeune garçon , avoit 
coutume de le porter deffus fon dos 



MAR 

de Bayes à Pouzole , où il aîfoît â 
l'école , au travers d'un bras de mer. 
P l i n e le jeune ( Lin. 33. c. 3 9. ) . 
en rapporte une toute femblable d'un 
Dauphin , qui portoit de la même ma- 
nière un jeune garçon à Hippone en 
Afrique. 

Ce poiffon avoit quarante-huit dents 
à chaque mâchoire , difpofées comme 
un rang de chevilles émouffées : fa lan- 
gue étoit plate en deffus , Se égale- 
ment large d'un bout à l'autre ; fes 
bords étoient dentelés , & elle étoit 
fortement attachée à la partie inférieu- 
re de la bouche par fon milieu , comme 
Aristote l'a dit avec raifon ; Se 
je ne puis affez m'étonner que Ron- 
delet l'ait contredit en cela , Se ait 
affuré que la langue du Dauphin efi 
mobile, & qu'il peut la tirer & la rcti - 
rer , comme il veut : à moins que le Dau- 
phin ne diffère en cela du Marfouin ; 
car le Marfouin eft , félon moi , le; 
Fhocœna des Anciens , qui eft une pe- 
tite efpece de Dauphin , au moins ft 
le poiffon que je décris eft un Mar- 
fouin s caries dents de ce poiffon font 
plus petites , Se d'une figure différente- 
de celles qu'on voit aux mâchoires du 
Dauphin , qu'on nous apporte au-delà 
de la mer. Néanmoins , il n'y a pas 
beaucoup de différence entre le Dau- 
phin Si le Thocana. Quant au poiflort 
que nos Matelots appellent Dauphin > 
Se qui , félon la defeription qu'en don- 
nent Meffieurs Terrï Se LtGONS, 
a des dents fur la langue , de petites 
écailles, des nageoires dures, une odeur 
Se un goût agréables, je ne fais quel it 
eft , mais je fuis très-affuré qu'il diffère 
entièrement du Dauphin des Anciens. 

Nous n'avons pas obfervé d'autres 
narines dans ce poiffon , que celles que- 
nous avons vues dans le conduit que- 
nous avons décrit , ni aucun conduit 
auditif ; en quoi Aristote s'ac- 
corde avec nous. R o n d e l e t en a. 
trouvé un près desyeux, étant très ma- 
nifefte , dit-il , qiî'aucun animal ne peut 
entendre fans un conduit qui porte-les; 



M A R 

fons au cerveau. Il ajoute cnfuftc : 
fleilt de cette idée , j'ai obfervé avec 
foin le crâne du Dauphin : j'aivft m 
conduit auditif , qui s'ouvre jufqit'ait 
cerveau.'!! eft placé immédiatement der- 
rière l'œil, & eft fi petit qu'il échappe 
prefqttc à. la vue- Mous avons obfervé 
dans le crâne un os qui répondoit à l'os 
pierreux , Se qui certainement étoit def- 
tiné pour l'orne. Ce Marfouin zvo'iï. de 
chaque côté fix côtes qui éroient dé- 
nuées de cartilages , Se fept qui en 
avoient ; le ftemum étoit très-petit. 
Quant au nom Forais , je crois avec 
G E- S N E K , qu'il dérive de Pnrcus , 
ittafi Porcus pifeis , plufieurs Nations 
lui donnant le nom de Forcus marinas. 
En effet il reffemble à un Cochon à 
plufieurs égards , par fa graiffe , par la 
force de fon grouin,&c. 

Voilà ce que dit Ray du Marfou'm. 
Les Anglois envoient aux tfl.es du 
Nord-Oucft del'Écoffe depuis quel- 
ques années un grand nombre de vaif- 
feaux pour la pêche du Marfcuin , 
dont ces parages abondent pendant 
l'été. Elle fe fait à peu de frais, Se 
le gain en eft fur. On tire du Mar- 
fouin une huile propre aux mêmes ufa- 
ires que celle de la Baleine. 

M A R S O U I N DE RIVIERE , 
poiffon de la Chine , que les Chinois 
nomment Cbyang-Chu , c'eii- A-dire , 
Porc de rivière, 

MARTE, animal du genre de 
la Belette , dont deux efpeces , mifes 
par M. L i n n a: u s dans l'ordre dès 
fera , 8c par M. K l e i n dans la fa- 
mille quatrième du fécond ordre de 
fes Quadrupèdes, 

La première efpece , qui eft la Marte 
proprement dite * , eft nommée par M. 
B k i S s o n (p. 247. ) , Muftela pilif 
in exortu ex cinerio aibidis , caftaneo 
colore terminatis,vtftita ,gutture flavo ; 

* Cette forte d'animal eft appelle en Latin 
Martes; en Efpagnol, Maria, en. Italien , 
Martttro, ou Martarb y & M.irivrdlo ; en Al- 
lemand , rdd-i\Ut\kr, ou Wild-V.ïrdir ; en 
l?olonois, Kttnai.cn Suédois, Moanà ; en 



H A R 37 

par M. L 1 n n jf. u s ( Syfi. Nat. Edit, 
6. gtn. 6-J'p. 2. & Fait» a Suec. n.j.), 
Muftela julvo-nigricans ,gulâ pallidâ. 
C'eft \z Muftela Martes de M. Klein , 
Quad. p. 64. de R a ( , Synop. Quad, 

p. 200. d'A LDROVANDE, Qltad. 

digit. vivip. p. 331. de Charleton,. 
Excrc p. 20. la Martes fylveftris de 

G E S N E R, Quad.p. 8d7.de JoNSTCNV 

Quad. p. 108. de R z a c k 1 N s k y , 
Hijl. Nat. Fol. p. 222. & la Martes 
abietina du même Auteur , p. 314. 
Cet animal reffemble à la Fouine par 
fa figure Se par fa grandeur ; mais il 
en diffère principalement pour la cou- 
leur de fa gorge qui eft jaune. Tout 
le relte de ion corps eft couvert de' 
poils d'un gris blanchâtre à leur ori- 
gine , Se qui font terminés de couleur 
maron : il ne fort gueres des boir. On 
le trouve en Canada ,- & rarement en 
Europe. 

La féconde efpece , eft la Marte 
Zibeline**, nommée par M. Brissonv 
Mujlcla obj 'euré fulva,gutUire cintreo i 
par M.Klein (Dijp. Quad 64. ) r 
Muftela Zibellina, Martes Séjtkica,- 
Mus Sarmaticus , Mus Scytbicus. Elle 
eft appellée Muftela Zibellina par 
Ray, Synop. Quad. p. 201. par M. 
L 1 n N je u s ,. Syft. Naz. Edit. 6.fp. 7. 
par A l D r o v a n D E , Quad. digit. 
vivip. p. 335. par J o n S T o N , Quad' 
p. 108. par Charleton, hxerc. 
p. 20. G E s n e r ( Quad. p. 8<5ç,) , 
lui donne le nom de Muftela Sobella » 

ScRzACKINSKY ( Aull. p. 3 I 7. ) , 

la nomme auffi Muftela Scytbica , lc- 
tis Scythica. Cet animal reffemble à 
l'autre Marte , mais il eft un peu plus 
petit. Tout fon corps, excepté fa gorge - y 
qui eft grife , eft couvert d'un poil obf- 
cur : la partie antérieure de fa tête 5c 
de les oreilles eft d'un gris blanchâtre, 
On le trouve en Lithuanie ,. dans la 

Ar.Elois, on lui donne le nom de Martin, ou 
celui de Manier'. 

'""En Latin Martes Zibellina ;en Alîemin '.. 
7obel ; en Polonois & en Illyrien , Sobol ; enfi- 
bLtJois, Suvbel , & en Anglois, SaUe,- 



3 3 M A R 

Ru (fie blanche , dans la partie Sep- 
tentrionale de la Mofcovic,.& dans la 
Scandinavie. On dit que cette efpece 
n'eft gueresplus groiTe que l'Ecureuil, 
8e a la forme du Renard. Elle fait la 
chafTe aux oifeaux & aux Ecureuils; 
elle fournit les plus belles fourrurjs. 
Ses ongles font extrêmement aigus. 
Elle monte la nuit fur les arbres , Se. 
l'Écureuil, qui eft moins fort, mais 
plus agile , fe fauve le long de l'arbre 
court Se grimpe autour du tronc , ce 
que la Marte Zibeiim ne peut pas 
faire , mais elle le poulie jufqu'au 
haut , d'où il s'élance des plus hauces 
branches, fur un autre arbre. Ce ne 
font pas feulement les petits oifeaux 
qu'elle arrête aveefes onglcs,lorfqu'ils 
pa lient la nuit fur les arbres , mais en- 
core les pius grands qui s'écartent. 

Ces deux efpeces de Martes font 
plus eftimées par leur peau , que par 
leurs propiétés médicinales. Leur chair 
paiïe pour réfoiutive Se pour fortifier 
les nerfs. 

MARTEAU, poiflbn de mer , 
mis p# A R T E D i ( Gen. 44. ». y.Syn. 
p. 9 (5. ». 7. ) dans le rang des poiffons à 
nageoires cartilagineules , ïnter Tijces 
Chondyopterygios. Il le nomme Sqitalus 
capte latijfimo tranfvtrfo , mallei injlar, 
Cdkkluyond d'Aa istote, L. //. 
c. 15. & d'ÉL 1 e N , L. IX. c. 45-. la 
Zyçtna de B f. l o n , de Rondelet , 
L."'XUl.c. 11. p. 389. de G e s N e r. , 

lOÏO. I255- d'A L D R O V A N DE , 

h. III. c. 47-'f- 4°8. de Jonston, 

L. I. T. f. à ? • de C H A R L E T O N , 

p. 128. de W I L L V G h B Y , p. 55. • 

Se de R A Y , p. 2 0, S A L V I E N , fol. 

128. l'appelle Libella , Se à Rome on 
le nomme Ciambetta ; en Anglois , tht 
Balance fish. 

Ce poifion qu'on voit en Afrique , 
Se qui porte en Amérique le nom de 
Fantoumer , eft un animal vorace , ef- 
pece de Chien de mer , dont la tête 
plate , s'étend des deux cotés , com- 
me celle d'un marteau. Ses yeux qui 
fe trouv eut placés aux deux extrémités , 



M A R 

font "grands , rouges , Se comme étiil- 
celans: fa gueule a deux rangées de 
dents fort tranchantes. Le corps eft rond 
Se fe termine par une grofle Se forte 
queue : il s'en fert pour fecpnder la 
voracité de fon gofier. Il n'a point 
d'écaillés , Se fa peau eftépaifle Se mar- 
quée de taches : les nageoires font gran- 
des Se vigoureufes. Il s'élance fur fa 
proie avec une rapidité extrême. Tout 
convient à fon avidité , fut-tout la chair 
humaine. C'eft une forte de Requin 
que les Nègres ne laiflent pas d'at- 
quer , Se qu'ils tuent fort adroitement. 
J-jyhïre Générait des Voyages , J'ume 
XI L p. 473. Edic- 12. 

Outre les Auteurs ci defios cités , qui ont 
écrit fur es poifion , on peut encore consul- 
ter M. Gaonovics, Muf. Ithtk. Or A. 4. 
gm. i. fp. 8. M. K l 1 1 n ; Mif. in.;, rj. 
tu t. qui le nomme- Gflrac ion jVor.tc arçûs j* 
gurà ; le 1\ nu TtRiaE , Hijl. des Antilles , 
Tome H. p. 107. Varagrzphe 7. le Mitfuum de 
BhSLEaus, /. i^. fig. i.Bochart, hiitroz. 
Van. II. L. V. c. 15. liossutr, Epig. p. 166. 
Sic. 

MARTEAU, ou NIVEAU 
D'EAU DOUCE, en Latin Libelle 
fiuviat 'dis , à caufe de fa rellemblance 
avec le poifion de mer ci-defius men- 
tionné. C'cilun petit infecte d la forme 
d'un T. ou d'un niveau. Il a trois pieds 
de chaque côté. Sa queue finit en trois 
pointes vertes, Se cette queue, ainfi que 
fes pieds , lui fervent à nager. Ros T - 
delet, Part. U, L. XXXV. p. 157. 
Edit. Fra/iç. 

MARTEAU, nom donné à une 
efpece d'Huître , dont les replis , la 
longue queue , Se les deux parties d'en 
haut forment la figure d'un vrai mar- 
teau. M. d'ArgenVille , l'a fait ma- 
gnifiquement figurer à la Flanche XI X. 
Utt. A. de fa Conchyliologie, Edit. 
1757. Sa couleur brune , qui tire fur 
le violet, eft allez dillinguée. Malgré 
la bifarrerîe des contours de fes écaiiles, 
on eft étonné de la juftefle avec laqueUe 
elles fe joignent. Voyez au motHUÎ- 
TR E 

MARTIN PÊCHEUR:J'aî 
rapporté au mot ALCYON le con- 



M A R 

tenu d'une Lettre de M. Chevalier , 
Docteur Régent de la Faculté de Mé- 
decine, Se ci -devant Médecin du Roi 
à Saint Domingue , fur les Alcyons , 
écrite à M. J E A N ». de la même Fa- 
culté ; & j'ai donné une notice des dif- 
férentes efpeces d'Ipftda, connues des 
Naturalises. On y a lu que ce que M. 
Chevalier dit des Alcyons convient 
au Martin ou Martinet Pêchuir, dont 
il s'agit ici. On lie dans la Nouvelle 
Hifioire des Oifeanx , gravés par 
Albin, une defeription du Martin 
Pêcheur ; celle du grand Martin Pê- 
cheur de Bengale ; celle du Martin 
Pêcheur de Smyrne , Se celle du petit 
Martin Pécheur de Bengale. Commen- 
çons par le Martin Pêcheur ordinaire 
eu vulgaire. 

Le Martin Pêcheur *, ctt nommé 
Jpfida par D a L E , Pharm. p. 420. 
par Gesner, de Avib. p. 513. par 
Aldrovande, Ornith. III. p. 5 18, 
& par Jonston, de Avib. p. 107. 
Alcedo ; par S CHrode Rus,p, 314. 
& Lé mer Y, p. 13. Halccdo muta ; 
par B e 1, o N ( des Gif. p. 219.), Al- 
cyon fiuviatiiir, v.'tlgo pifeator Rcgir ; 
Ipftda y par Char leton, Exercit. 
Alcedo fluviaùli s parScHVENKFELD, 
Aviar. Silef. p. 1 0 3 . W 1 l i. u g h b t , 
Ornith. p. loi. Se R A y , Synop. Aleth. 
Av. p. 48. doutent fi cet Jpfida eft 
FAlcyon des Anciens : Ipfida , an ve- 
teri-tm Alcyon. Cet oifeau elt nommé 
par quelques-uns Halcyon- riparia s 
Marthnu Pifcator ; Avis Paradift ,/tve 
Janils Maris, ; Alcedo nuit a , cirrata , 
fubviridis ,. par M.Barre H E , Hift. 
Nat. de la France Eq:dn. p. 122. 

Quelques Auteurs modernes , difent 

* Ce^ oifeau eft appelle Alcyon , ou Hal- 
cyon , d'après les Grecs , pareequ'on a pri- 
t-indu qu'il iaifoir fon nid fut la mer, I! eÛ 
nomjné en Italien Viombiho , Uccdlo di Santa 
MUria ; en Allemand , Eyfz-Vogel , c'efl-à-dire 
Oifeau de glace; en Anglois, Xinefithcr, on 
Pêcheur dit Roi ; en Portugais, Papa Veixe ; 
en l'rançois, Martin ou Mani'net Pécheur, 
autrement Oifeau de Saint Vartin, parc ('qu'on 
i'çll plu à donner des noms de Saints aux. 



M A K 39 

les Auteurs de la Suite de la Matiè- 
re Médicale , Tome IIP p. 25. ont fait 
l'application du nom d'Alcyon à de 
certains oifeaux d'un caractère bien 
différent. C'eft ainfi que Selon a 
jugé à propos de le donner à deux ef- 
peces d'oifeaux qu'il a nommés l'un 
Alcyon muet , qui eft notre Martin 
Pêcheur , Se l'autre Alcyon chanteur, 
Roujferole , ou Roffignol de rivière , très- 
peu connu en France , qu'on appelle 
vulgairement en Orléanois, Tire- Ar- 
rache , à raifon de fon chant. Aris- 
tophane, plus ancien qu'A r i s- 
t o t e , a exprimé fon chant dans la 
Comédie des Oifeaux. 

Le Martin Pêcheur pefe une once 
8t un quart. A l bi n lui donne fept 
pouces de longueur depuis le bout du 
bec jufqu'au bout delà queue : ils 
onze pouces de largeur , l'extrémité 
des ailes étendues Se disantes ; le bec 
long de près de deux pouces , gros y 
fort , droit, pointu Se noir , néanmoins 
blanchâtre au coin de la bouche ; la 
mâchoire fupérieure efl: plus longue 
que l'inférieure dans la plupart , St au' 
contraire l'inférieure elt plus longue 
que la fupérieure dans quelques-uns :. 
la langue efl courte , large , pointue 
par le bout, & entière ; la bouche cil' 
fafranée en dedans. 11' a les narines 
oblongucs , le menton blanc avec quel- 
que nu lange de roux , le milieu- de 
la poirrine ou du ventre aufiï d'un! 
roux blanchâtre , le bas du ventre au- 
deflous de la queue d'une couleur romTe 
foncée, ainfi que les côtés & le def- 
fous des ailes , la poitrine rouffe avec 
les extrémités des plumes d'un bleu 
verdâtre fale , une très -belle couleur' 

animaux. Il efl encore appelle Drapier, oiv 
Arire , comme étant propre à éloigner dej 
draps, ainiî que des pelleteries, lesTcigr.cs 
les Artimons ; Tarta> in , à raifon de Ion? 
cri ; Mcunitr , parcequ'il habite proche des 
moulins ; fie ver.i d'eau, PêcHe-Vcron , Mer-- 
le bleu, pu Mc-rlet Pefcheret ; en certains en- 
droits Vire-vent , ou le Puant des Matelot?. 
Voilà tous les dirTérens'nonis qu'on lui a- 
donnas.. 



40 M A K 

d'un bleu clair , ou tirant fur le blanc , 
continuée depuis le coi par le milieu 
«lu dos jufïju'i la queue , capable par 
fon éclat d'éblouir les yeux qui relie - 
roient longtemps fixés deiïiis , des li- 
gnes tranfvcrfales oblcures , qui pa- 
roilfent fur le bleu du des , quand on y 
regarde de près. Le lommet de la tête 
cil d'un noir verdàtre avec des taches 
bleues en travers. 11 a une tache roulTe 
entre les narines 5: les yeux, 8c une 
autre au-delà des yeux , à laquelle 
fuccede une tache blanche roufïatre , 
vingt-trois grandes plumes à chaque 
aile , dont la troifieme eft la plus lon- 
gue , tant les grandesplumes que celles 
qui en font les plus proches , extérieu- 
rement bleues , intérieurement bru- 
nes; les plu mes du fécond ordre bleues 
par le bout , à l'exception des plus 
petites, qui font à la bafe , ou au plî 
de l'aile; les longues plumes qui naif- 
iënt des épaules Se qui font couchées 
fur le dos de chaque côté, d'un bleu 
verdàtre; la queue courte, c'eft-à- 
.dire d'un pouce Se demi , compofée 
de douze plumes d'une couleur bleue 
.obfcure avec quelque noirceur ; les 
jambes fort courtes & petites , noirâ- 
tres par devant , rougeatres par der- 
rière , de même que la plante des 
pieds Se le doigt postérieur. 

Dans cet oifeau la ftruchire des 
pieds eft fingulierc ; caries trois join- 
tures du deigt extérieur tiennent à 
celui du milieu , tandis que l'intérieur 
n'y 1 ^ 111 ( ï ue par une feule jointure; 
ce doigt intérieur eft le plus petit Se 
plus court de moitié que celui du mi- 
lieu: au contraire l'extérieur eft prof- 
ane égal à ce dernier , Se celui de der- 
rière un peu plus grand que l'intérieur ; 
le troifieme ou dernier os de la jambe 
eft plus court Se plus grand qu'il n'a 
coutume d'être dans les autres oi- 
feaux ; les doigts paroiiTent comme 
articulés par plusieurs lignes tranf- 
verrales ; lesoflelets de la langue font 
plus petits & plus courts que dans les 
filtres ; l'eftomac eft grand & lâche , 



m a rc 

comme dans les oifeaux carnaffiers , 
plein d'arêtes Se d'écaillés de paillons; 
les inteftins font plus menus vers l'a- 
nus. Gîsnek allure que la grailla 
de cet oiieau eft rouile , ce qui eft vrai. 
Le même Auteur dit qu'il fe trouve 
fouvenr neuf petits dans un feul nid. 
Willughsï, duquel eft la deferip- 
tion de cet oifeau , tirée de la Suite de 
la Mature Al édi cale, marque qu'il n'en 
2 obfervé que cinq dans un trou pro- 
fond d'une demi-aune , au bord d'une 
petite rivière. 

Ecoutons Beion fur ce qu'il rap- 
porte de cet oifeau. Nous n'avons 
point, dit-il, de couleur plus exquif; 
que celle du Martinet Pêcheur , auquel 
nous donnons ce furnorn de Pêcheur , 
à la différence de l'efpece d'Hirondel- 
le , qui eft pareillement furnommée 
Martinet, Se qui fait fon nid au bord de 
l'eau , comme le Martinet Pêcheur. 
Lorlqu'il trouve un lieu commode iur 
le bord de quelque rivière, il creufe 
la terre près de deux coudées de pro- 
fondeur , avec fon bec , ainfi que le 
Mérops ou Guêpier; mais comme il 
nourrit fes petits d'une grande quan- 
tité de poillbns , la Nature les a doués 
de l'avantage , que , quand ils en ont 
digéré la chair en leur eftomac , les 
arêtes demeurent entières 8e en peloc- 
tes , lefquelles ils revomiflent en une 
petite mafle ronde , tout comme un 
oifeau de proie rend fa curée des os Se 
des plumes de l'oifeau. Cette malfe 
d'épines Se d'écaillés demeure dans le 
trou avec les excrémens de 1' 'Alcyon , 
Se qui ne fauroit ce que nous avons 
décrit defdites arêtes , ou écailles , 
cenfidérant la ftructure du nid , diroit 
proprement que les Martinets Pêcheurs 
ont été chercher les épines despoilTons, 
pour les mettre en leurs nids : nous- 
mêmes au commencement nous trou- 
vions étrange d'y trouver tant d'arê- 
tes ; mais ayant fu l'artifice de la Na- 
ture , qui veut qu'ils revomilTent les 
épines quand la chair eft digérée , la 
choie ne nous a pas été fi difficile à 

croire. 



MAP. 

croire. Nous mangeons Indifféremment 
toutes les autres efpeces d'oifeaux de 
rivières, excepté les Alcyons , quoi- 
qu'ils fe nourrifTent de bon poiflon : car 
même fi les Payfans en dénichent une 
grande quantité fur les bords des ri- 
vières , ils n'en font d'autre eftime 
que de les donner aux enfans pour s'en 
jouer ou bien de les faire fécher , pour 
■en garder les corps avec leurs plumes , 
à cau.Ce de leur beauté exquife : aufli 
c'eft l'oifeau du plus beau plumage 
que nous connoîflîons. Il eft un peu 
plus grand qu'un .PafTereau. Il ne fe 
pofe point à terre , non plus que le 
Pic verd; car il a les jambes fi cour- 
tes , qu'on diroit prefque qu'il n'en 
a point. C'eft ainfi que Belon parle 
du Marti/1 Pêcheur. 

Voici les remarques & obfervations 
de Mefïïeurs les Auteurs de la Suite 
de la Matière Médicale. Belon eft 
exact dans la plupart des faits qu'il 
vient d'avancer; maïs nous ne croyons 
pas que le Martinet Pêcheur creufe 
lui-même la terre à une telle profon- 
deur , pour y faire fon nid. La vérité 
eft qu'il s'empare des trous creufés par 
les Rats d'eau , ou par des racines 
d'Aulne , ou par l'eau même , quel- 
quefois dans le roc. A proprement 
parler cet oifeau ne fait point de nid. 
Quand il a trouvé un trou commode , 
il ne le quitte point, quand même on 
lui dénicheroit fes petits. La femelle 
eft un peu moins belle & moins grotte 
que le mâle. On a beaucoup vanté la 
fidélité de la Tourterelle pour fon 
pair: mais il eft fort douteux qu'elle 
l'emporte fur celle du Martinet Pê- 
cheur. 

Il y a quelques années, continuent 
les Auteurs ci-defTus cités , qu'on nous 
apporta en vie une femelle qui avait 
été prife la veille fur fes œufs, qu'elle 
couvoit le long des bords d'un étang, 
dîftant de trois lieues, dans un trou 
creufé horifontalement & profond de 
deux pieds Se demi. Après l'avoir exa- 
minée, nous la laiûames s'envoler, & 
Tome HL 



M A R 4r 

fur le champ elle alla retrouver foa 
mâle , en forte qu'elle recommença une 
ponte , qui étoit la troifieme de l'année, 
quoique la faifon fût déjà fort avan- 
cée , Se ce qu'il y a d'étonnant c'eft 
qu'elle pondit fept œufs à chaque cou- 
vée. Plus le nid eft ancien , plus il con- 
tient d'arêtes Se d'écaillés de poiflons : 
mais ces écailles Se ces arêtes s'y trou- 
vent pêle-mêle , fans aucun ordre , 
comme nous nous en lommes aiïurés » 
en faifant fouiller la terre jufqu'au fond 
du trou. Ce nid , félon un Auteur 
Allemand , ell de figure ronde ; fon en- 
trée eft fur un petit angle éminent. Il 
eft compofé de fleurs de rofeaux , qui 
font très-douces. 

La femelle du Martin Pêcheur com- 
mence à pondre de bonne heure , Se 
fouvent fes œufs font éclos dès le pre- 
mier jour d'Avril. Le mâle lui porte af- 
fiduement force poiffons pendant qu'el- 
le couve : alors il entre Se fort fans 
crier ; ce qu'il ne faifoît pas aupara- 
vant: la couvaifon dure environ vingt 
jours. Les Martinets Pêcheurs ne font 
pas tous également beaux , ni de la 
même groffeur. Il y en a dont la beauté 
eft ravinante , & qui font plus gros d'un 
tiers que les autres. Au refte cette 
obfervation n'eft pas particulière au 
Martinet Pêcheur : elle lui eft com- 
mune avec la plupart des oifeaux. Il 
ne perd pas, comme quelques-uns, le 
principal luftre de fes couleurs ; celle 
des plumes ne s'altère point par fk 
mort. Quand leurs barbes font déve- 
loppées, le fuc nourricier ne s'y porte 
plus: quand elles ont été arrachées de 
l'oifeau , elles ne deviennent pas plus 
feehes qu'elles l'étoient auparavant ; 
le tuyau feul a pour lors quelque chofe 
à perdre, mais ce ne font pas les cou- 
leurs du tuyau qui plaifent à nos yeux. 
Cette remarque eft de l'illuftre M. 
de R é a u M u r , dont la mémoire , 
pour me fervir des exprefTions des 
ïàvans Naturaliftes ci-defllis cités, ne 
périra jamais , tant que les Lettres 
iubfifteront , Se j'ajoute , à la mort 



4 î M A R 

duquel l'Hiftoire Naturelle vient de 
perdre beaucoup. ( 

On dit communément , ( c'eft la re- 
flexion des mêmes Écrivains ) , que les 
oifeaux des Indes excellent pour le 
plumage , & ceux d'Europe pour le 
chant ; mais il nous femble que pour 
la beauté même du plumage , nous 
n'avons rien à défirer dans nos oifeaux: 
Européens : car , fans parler du Paon ,. 
qui eft fans contredit le Phénix des 
oifeaux , ni de nos Volailles domefti- 
ques , n'avons-nous pas le Faifan , la 
Perdrix rouge , la Sarceile , diverfes 
autres cipeces de Canards, l'Outarde, 
la Cane-Pétiere de B e l o n , le Lran- 
colin, le Geai ordinaire, le Geai de 
Strafbourg , le Geai de Bohême , la 
Hupe, ou Puput , le Loriot, le Plu- 
vier doré , le Vanneau, la Pie, plu- 
fîeurs fortes de Pics, les Pinçons, le 
Bouvreuil ou Pivoine , le Chardon- 
neret notre Martin Pêcheur, qui 
lui feul efl vaut mille ? 

C'eft une opinion généralement re- 
connue , que la chair du Martin Pê- 
cheur- eft incorruptible , Se que cet 
oifeau fufpendu fec dans un garde- 
meuble i a la propriété de préferver 
les habits de toutes fortes de vermines. 
Les Auteurs que je copie difent avoir 
éprouvé le contraire 5 car outre que 
nous avons trouvé, difent-ils, un tas 
de Vers dans le gofier d'un de ces 
oifeaux nouvellement tué , nous avons 
vû un Pigeon Bizet mangé de Teignes, 
malgré le voifmage de deux Martins 
Pêcheurs fufpendus tout auprès. 

Le Vulgaire s'imagine encore que fi 
l'on pend ces oifeaux par le bec avec 
tin fil dans un appartement , il tourne 
toujours fa poitrine du côté du vent. 
Albin Se quelques autres Auteurs 
font dans cette erreur.C'eft la girouette 
de nos Mariniers , mais une girouette 
fur laquelle on ne doit pas compter. 
Une Méfange ,. un Roitelet & tout 
autre. oifeau léger, tourne de même 
au moindre vent. Il eft très-faux que 
le. Martin Pêcheur garantuTe une mai- 



M A R 

fon de la foudre , des procès Se de la 
difette , Se que , tout fec qu'il eft , il 
mue tous les ans , comme s'il étoit 
vivant Nous ne lui avons point trou- 
vé non plus cette odeur de mufe que 
quelques Auteurs lui attribuent , mais 
plutôt une odeur difgracieufe de poif- 
fon pourri , qui dure long - temps » 
fur-tout quand on le tient enfermé. 

Le Martin Pêcheur contient beau- 
coup d'huile & de fel volatiL L'ufage 
de cet oifeau en Médecine eft très- 
bornée. On en fait fécher le cœur,, 
qu'on enferme dans un fachet & qu'on 
pend au col des enfans, pour les pré- 
ferver de l'épilepfie ; mais , comme 
le remarque M. Lémerï, cet effet 
eft peu alfuré ,. & il feroit mieux de 
pulvérifer l' oifeau après l'avoir delfé- 
ché Se d'en faire prtndre tous les jours 
un fcrupule dans l'eau de Bétoine. 

Il me paroît qu'A L b i n a confondu 
le Martin Pêcheur avec l'Alcyon chan- 
teur, autrement Rouflerole , ou Rof» 
fignol de rivière, comme je l'ai mar- 
qué plus haut ; car il dit du premier 
qu'il a pris fon nom de ce qu'il arrive 
au mois de Mars & qu'il s'en retourne 
à la Saint Martin. Ceci convient à 
l'Alcyon chanteur , très-peu connu 
en France , & non au Martin Pêcheur , 
qui ne nous quitte point. L' Alcyon- 
vocal , ainfi nommé par Aristote 
parceqn'il chante Se pour être diftin- 
gué de l'autre qui ne chante point 
fréquente toutes fortes de pays , fuit 
les rivières 8c les marécages 011 fe trou- 
vent des rofeaux , dans lefquels en 
été on entend fon chant , qui eft fort 
agréable. C'eft par cette raifon qu'il 
eft appellé par quelques-uns RoJJignol 
de rivicre. B e L o n dit qu'il a le bec 
tranchant, reifemblant en quelque cho- 
fe à celui de la Pie Griêche. Cet oi- 
feau paroît être hupé , mais cela pro- 
vient de ce que les plumes de la tête 
font longuettes; fes jambes Se fes pieds 
font moyennement longs Se de cou- 
leur cendrée. 11 ne vole gueres bien. 
IL bat des ailes à la manière du Coche— 



M A.R 

vis. Gesnér affure que la graille de 
cet oifeau eft rouge. Willughbï 
dit la mène chofe. 

Quant au Martinet Pêcheur, Albin 
(Tome I. n. 54. ) rapporte que le Doc- 
teur Charleton , dans fon Livre 
intitulé Gnomaflicon , fait mention d'un 
Martinet Pécheur venu des Indes. Il 
n'cft gueres plus grand qu'un Roitelet. 
Albin lui-même marque en avoir 
vu un, que le Docteur Scherwonp 
avoit apporté de Smyrne , dont voici 
la defcriprion. 

MARTIN PÊCHEUR DE 
SMYRNE, en Latin Smyrmnfis 
Cerylur : en Anglois the Sinyma King- 
Fijcher. Cet oifeau , dit-il , eft environ 
trois fois auffi gros que le Martin Pê- 
cheur d' Angleterre ; le bec eft long Se 
épais vers fa racine : il finît en une poin- 
te aiguë, Se eft rouge ; il a l'iris blanche, 
le fommet de la tête Se le col bruns , 
ainfi que la partie inférieure du ventre 
Se des cuifTes ; la poitrine traverfée 
d'une bande blanche , qui finit fous la 
naiflance des ailes ; le dos , la queue 
& les ailes par-tout d'un verd fombre ; 
les jambes Se les pieds d'un beau rou- 
ge. A LB 1 N a fait cette defeription fur 
un de ces oifeaux, tué au bord de la 
rivière de Smyrne par un Conful An- 
glois Se confervé dans de l'efprit de 
Tin. 

MARTIN PECHEUR DE 
LA C A R O L I N E. Le même Au- 
teur dit avoir vu un Martin Pêcheur 
de la Caroline , qui étoit encore plus 
grand. Il étoit d'une couleur un peu 
obfcure , avoit une grande hupe de la 
même couleur; le ventre , la poitrine 
Se les cuifTes d'un rouge pâle ; le bec 
Se les jambes de couleur de frêne fom- 
bre ; la gorge & une partie du col 
blancs. Tome If I. n. 27. &r 28. 

GrandMARTIN PÊCHEUR 
de Bengale , en Latin Alcedo major Ben- 
galenfïs. Cet oifeau , félon Albin, 
eft de la grandeur de la Grive ; fon 
bec-a trois pouces de longueur Se eft 
de couleur écarlate; il eic épais à la 



M A R 43 

racine, Se finit en une pointe aîgue - 
l'iris eft d'uajaune charmant ; la tète , 
le deflus du col , ainfi que la partie fu- 
périeure du dos font bruns ; la gorge, 
la poitrine Se une partie du ventre font 
blanches ; aux deux côtés de cette par- 
tie il y a cinq taches larges Se brunes ; 
le bas du dos , les ailes Se la queue font 
d'un beau verd clair Se bleuâtre , ex- 
cepté les plumes couvertes des ailes, 
qui font brunes; le bas du ventre Se 
les cuifTes font de cette même cou- 
leur; les jambes font courtes Se les 
doigts longs: les uns Se les autres font 
de couleur orangée. Cette defeription 
efl faite fur un oifeau apporté de Ben- 
gale en 1734. 

Petit MARTIN PÊCHEUR 
de Bengale , en Latin Alcedo Benga- 
lenfis minn , en Anglois ihe Small 
Bengal King- Fijcher. Cet oifeau , fé- 
lon Albin (Tome IIP n. 29. ) , eft de la 
grandeur du premier Martin Pêcheur 
dont nous avons parlé ; fon bec eft de 
couleur écarlate ; il a fur le front, 
tout près du bec une tache jaune , Se 
fous la gorge une grande tache blan- 
che ; de plus une bande noire , qui pro- 
vient du bec Se entoure les yeux ; le 
fommet de la tête eft d'un rouge fale , 
Se au-delTous il y a une raie d'un bleu 
fombre , qui eft féparée du des par 
une bande de blanc ; il a le des d'un 
bleu fombre Se les ailes d'un gris fort 
obfcur; le croupion & le delTus de la 
queue font rouges ; le defïbus du col , 
la poitrine , le ventre Se les cuifTes , 
ainfi que le deffous de la queue, font 
d'un beau jaune ; les jambes Se les pieds, 
de couleur écarlate. 

MARTINAZZO , nom qu'on 
donne à Venife à une efpece de Mouet- 
te , ou de Larus , oifeau aquatique , 
oui eft le Wa^ellus de Rat. Voyez 
MOL E T T E. 

MARTINET, efpece d'Hi- 
rondelle, qui a la çorge Se le ventre 
bla ncs Se le dos noirâtre. Cet oifeau 
vole fans cefTe Se ne fe perche jamais 
que dans fon nid. Il y a deux efpeces 



44 MAS MAT 



MAT 



de Martinets , le grand & le petit. 
Voyez HIRONDELLE, 

MAS 

M A S I E R , nom que M.Ada N- 
!on( Hifi. des Coquillages du Séné- 
gal* p. i<5(?.) donne à un Coquillage 
operculé , du genre du Vermet , de 
la cote du Sénégal. Cette efpece , 
dit-il , eft la plus grande des Ver- 
mets qu'il y ait obfervécs : elle y eft 
auffi extrêmement rare. Il ne l'a trou- 
vée qu'aux environs du Cap Verd , 
où elle vît folitairement. Sa coquille eft 
fort épaifîe , longue d'un pied , large 
de huit à neuf lignes , marquée de 
■vingt canelures longitudinales » ex- 
trêmement fines , Se tournée fur elle- 
même en trois rpircsaiFezirrégulieres, 
dont celle du fommet fe trouve au- 
deiibus des autres. Son ouverture ne 
«'élevé pas au-defTus des fpires. Elle 
eft grîfe , fauve , ou couleur de chair 
au-dehors , Se couleur de corne au- 
dedans. Ce Coquillage eft figuré à la 
Planche XI. n. f. 

M. Adakson- range fous cette 
efpece de Vermet, ou de Vermifïeau, 
les Tubuli alii in quibus Vermes deli- 
tefeutu d'A ldrovande, Exfang. 
p. $<fï. de Rumphius, Muf. p. iio\ 
Jab, 41. Litt, L. 

Le Tubuhts biftoruformis de Lan- 
chius , Meth. p. 

Le Vermiffeau des mieux contour- 
nés , de couleur de chair en quelques 
endroits Se blanc dans ie refte , de M'. 
D'A rgenville, figuré à h Plan- 
che IV. Lett. H. p. 197. de l'Édition 

MAT 

MATA D O A, nom que ht mè- 
ne Auteur (p. 239.). donne à un Co- 
quillage bivalve du genre de la Tel- 
line. C'eftfa cinquième efpece , qu'il a 
©bfervée vers l'embouchure du Niger,, 
où elle eft fort rare , dit-il. Sa coquil- 
le eft triangulaire ,. Se femblable à la 
^uataenae eipece qu'il nomme Tivel» 



mais moins large S: moins appîatîefirff 
les- côtés qui regardent le fommet. 
Elle a un pouce & demi de longueur» 
Ce qui la diftingue de toutes les au- 
tres Tellines , ce font quarante A 
quarante-cinq petites canelures tranf- 
verfales , qui iont répandues fur toute; 
fa furface parallèlement à fa largeur. 
Son fommet n'eft pas placé exacte- 
ment au milieu de fa largeur , mais un 
peu au-deffous. Sa couleur eft blan- 
che , Se quelquefois jaune , tant au- 
dedans qu'au-dehors , fur-tout verï 
le fommet. Ce Coquillage eft figuré à 
la Planche XVIII. «.5. 

M.Adanson range fous ce nom 
la Cama circinnata , Malaicenfibus de 
Rumphius, Muf. p. 1-39. dont parle 
M. Klein , Tent. p. i 52. fpec. r, n. 6. 
Se la Cama in&quilatera , tranfvtrfm 
flriata de Langhius , Meth. p. 70. 

M A T I N A , nom qu'on donne en 
Italie , dit R a y , à la Car.e-Pétïere ds 
Belon , ou Canard de pré d'ALBJNV 
Voyez CANARD DE PRÉ. 

MATU1TUI, nom que Marc- 
Grave donne à un oifeau duBré(il ,de 
la grandeur d'un Étourneau. Il a le col 
court , de même que les jambes ; le bec 
eft droit , fort ,• de couleur de vermil- 
lon ; le dos eft tout brun tacheté 
d'un jaune pâle ; fon gofier eft jaune * 
le bas du corps eft blanc , marqué de 
points bruns ; fes jambes font d'un cen- 
dré obfcur. C'eft ainfi qu'en parle Rat, 
Synop. Meth. Av. Appcnd. n.16^. «.3. 
Cet. Auteur dit , p. 11 3 . que le Ma- 
tuïtui, commun en Amérique , eft auffi 
commun- en Europe , étant le même 
oifeau que le Charadrius , ou Hiatula» 
que nous nommons Oifeau de rocher* 
Voyez ce mot. 

MATURAQUE, poîfTon dn< 
Bréfil , félon Marc Grave, donr 
le corps eft oblong , prefque de lai 
longueur d'un demi-pied , Se de la lar- 
geur d'un doigt Se demi. Il a la tête- 
large , & il eft couvert d'une peam 
dure. La mâchoire inférieure eft unv 
peu plus, longue qwe la fupérieure> èe 



M A V M A U 

elle eft garnie de fix dents très-po : tt- 
tties : les yeux ont l'iris de couleur 
d'or , Se en dehors elle eft brime : fa 
queue finit en ligne droite * fes écail- 
les font grandes Se rangées par ordre : 
le haut de la tête , ainfi que le dos Se 
les côtés , font noirs , comme toutes 
fes nageoires ; fon ventre eit Uanc. 
C'eft un poiflon de lac Se de marais , 
d'un fort bon goût, qui n'entre point 
dans les rivières , dit R A ï > SjHop. 
Meth. Pifc. p. 1 1 2, ». 12, 

M A V 

MAVALI: Hëurera donne 
ce nom à un poiffon extraordinaire , 
qui a vingt pieds de longueur , Se dix 
de groffeur. Son cuir eft fort dur, Se 
ïl reffemble en quelque façon à celui 
du Bœuf Ce poiffon fe trouve dans 
les Indes Orientales. Le même Au- 
teur dit ( L. V. c, 2. ) que le Cacique 
Caramitix en avoit nourri un dans 
un lac pendant vingt-fix ans : il étoit 
apprivoifé , Se fortoït de l'eau pour 
aller manger à la maifon ; il prenoit 
tout ce qu'on lui donnoit , Se jouoic 
avec les enfans. Il paffoit jufqu'à dix 
hommes fur fbn dos , fans en être in- 
commodé. 

MAUCE, efpece de Mouette. 
Voyez MOUETTE. 

M AU R E , poiffon des Indes , quî 
tft d'une très -grande utilité , félon 
R u y s c h , de Pifcib. p. 16. Tat>, 0. 
k. i . La chair en eit bonne. Sa couleur 
noire Lui a fait donner le nom de 
Maure * maïs cette noirceur ell variée 
de petites lignes confufes , telles qu'on 
en voit dans les pierres de Porphyre ; 
une raie blanche entoure fa tête - t le 
long du corps, des deux côtés , il a la 
Hiême raie , mais beaucoup plus large j 
les taches qu'il a fur le dos font de la 
même couleur. Ce poifïon n'a pref- 
que point de nageoires à la queue : il 
en a deux fur le dos ; d'autres fous le 
ventre , proche de la queue , qui ne: 
font pas petites - . 

MAUVE. Voyez MOUETTE. 



M AU 4j 

MAUVIS , ou GRIVE ordi- 
naire , en Latin Pur dus fïmpticiter dic- 
tas. Cet oifeau eft le Turdus Itiavuf 
de Ray , ainfi que des autres Natu* 
raliftes. J'en ai parlé au mot GRIVE. 
Comme on le connoît plus particu- 
lièrement fous le nom de Mauvis , 
voici La defeription de cet oifèau , telle 
qu'elle eft dans la Nottvtlle Hijloirs 
des Oijeaux , donnée par Albin „ 
Tome L n. 34. 

Tout le monde recherche avec rai- 
fon cet oifeau , par rapporE au goût 
délicieux de fa chair. Il gafouill-e admi- 
rablement bien , non-feulement parce- 
que fon ramage renferme une grande, 
variété de ton3 , mais au(fi par l'agré- 
ment qu'il procure pendant neuf moi* 
de L'année au moins. 

Ces oifeaux engendrent ordinaire- 
ment dans les mois d'Avril , de Ma* 
Se de Juin. La première couvée eit 
toujours la meilleure de toutes. Or* 
peut les prendre âgés de quatorze 01* 
quinze jours. Il faut les tenir chaude- 
ment , proprement , 8c les nourrir de 
viande crue , de pain Se de chenevt 
égrugé : il faut hacher la viande , hu- 
mecter le pain un peu , & enfuite les 
mêler er.femfale. Lorfqu'ils ont leur 
plumage , on les met dans une cage' 
avec deux ou trois petits bâtons pour 
les jucher , S: de la moulTe lèche au. 
fond. On peut les défaccoutumer in- 
fenfiblement de la chair Se ne leur 
donner que du pain Se du chenevi. il 
faut leur donner de l'eau fraîche deux 
fois la feinaine , pour fe laver , fanss 
quoi ils ne fe porteronr pas bien. Si oit; 
n'a pas foin de les nettoyer , ils fonc 
fujets à la crampe. 

Cet oifeau eft Ci reffenablarït à la: 
Roitge-aile par fa figure Se ia couleur r 
qu'il eft difficile de les diitinguer 5 
mais le Mauvis a des taches fur la poi- 
trine Se fur le ventre. Les plus petites- 
plumes couvertes de deffous les aîles- 
font de couleur d'orange Se les plus- 
hafiës ont les pointes jaunes. Les gran-- 
des plumes de chaque aile font a#i 



4<S MAX 

nombre de dix -huit. Sa queue ert com- 
pofée de douze plumes , & a trois pou- 
ces & demi de longueur. Son bec a un 
pouce de longueur, & elr, de couleur 
brune. Sa langue eft un peu fendue , 
Se le dedans de fa bouche eft jaune. 
Les yeux ont l'iris de couleur de noi- 
fetier ; les taches en font brimes : la 
poitrine eft jaunâtre , le ventre blanc , 
Se la furface du deiTus du corps eft 
par-tout de couleur olive. Cet oiieau 
a neuf pouces de longueur , depuis la 
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de 
la queue , Se quatorze pouces de lar- 
geur les ailes étendues. Il a les cuif- 
fes Se les pattes d'un brun clair , ou 
d'une couleur obfcure : les bouts des 
pattes font jaunes ; le doigt de dehors 
eft joint à celui du milieu jufqu'à la 
première jointure. Il fe nourrit d'in- 
feéles 8c de Limaçons , de même que 
dt bayes d'Épines blanches Se de Guy. 
On voit cet oifeau pendant tout le 
cours de l'année , 8e il engendre au 
printemps. Il fait fon nid dans des haies 
épailTes , Se le compofe avec de la 
boue , de la moufle Se de la paille , Se 
le dedans eft enduit de terre argilleu- 
fe. Il pond cinq ou fis œufs d'un verd 
bleuâtre, tachetés d'un petit nombre 
de marques noires , femées çi Se là. 
Il eft folitaire , niais Se facile à pren- 
dre. Au commencement du printemps , 
51 fe perche fur les grands arbres , 8c 
chante fort agréablement. 

MAX 

M A X O N , nom que Rondelet 
donne à un poîflon de mer , qui elt le 
Mti£>y d'AïuSTOTE , traduit en Latin 
par Muco , félon Gaza . Il fuit le Ca- 
hot Se le Same pour la bonté ; il ref- 
femblc au dernier , mais il eft plus ba- 
veux : fâ tête eft moins pointue ; fa 
chair plus gluante. Rondelet mar- 
que que quelques-uns lui ont donné 
ie nom de Baccbm , foit pareequ'il eft 
de couleur rougeàtre , ou pareeque, 
çomme les ivrognes , ce poitTon chan- 
celé dans l'eau , Se va fe promener 



M A Z M E A 

de côté Se d'autre. Aiitedi lui donne 
le nom de Chelon. 

Outre les N;uur ilittes cî-defius cités , on 
peut encore confulter A. al s tôt E, L. V. 

C. 11. & L. VI. C . \ 7. Rûr DELIT) L. IX. 
c. 3. p. zio. Edit. FraKf. A&tedi , Uhik. 
Part. V. p. 1 18. G e s n e r , de Aquat. qui en 
ont parle. 

M A Z 

M A Z A M E , ou CERF cornu 
de la Nouvelle Efpagne. Cet animal a 
de petites cornes, tournées, recour- 
bées en arrière Se en pointes. Voyez 
CERF. 

M A Z A R I N O , nom que les 
Portugais donnent à un oifeau du Bré- 
fil, que Marc Grave appelle Cari- 
caca. Voyez CARICACA. 

MAZERETA, nom qu'on don- 
ne à Ferrare à la cinquième efpece de 
Cancre, nommée Latipes par Ron- 
delet. Voyez CAN CRE. 

* M A Z I N >E : G e s N e r ( ^ 
Aquat. p. cTlQ.)dit que, félon Tiîéo- 
fhraste , ce font de petits poiiTons des 
Indes, qui forteni des rivières pour 
fauter fur la terre , Se qui retournent 
enfuitedans l'eau comme font Ils Gre- 
nouilles. 

* MAZOS: Epicmarmus, 
au rapport de Gesner (îùid. p. 610 ), 
donne ce nom à de certains poilfons 
qui nous font inconnus. 

M E A 

M E A R , hom que les Nègres du 
Cap Verd en Afrique donnent à un 
poilfon. 11 eft de la grandeur d'une 
Morue, Se prend le fel comme cette 
forte de poiflon , mais il eft plus épais. 
Robert eft perfuadé qu'un Vaif- 
feau pourroit en faire fa cargaifon , 
plutôt que de Morue, Se qu'elle fe 
vendrait aufll bien , fur-tout à Téné- 
rif. Le fel étant fi près , l'opération 
en feroit beaucoup plus prompte , Se 
fe feroit à bien moins de frais , d'au- 
tant plus que les Nègres de Saint An- 
toine , ainfi que ceux de Saint Nico- 
las , font d'une adreife extrême pour 



M E E M E L 

la pêche Se pour la falaifon. Hifl. Gcn. 
des Voyages Tome VI. p. 127, Edit. 
in- 1 a- 

M E E 

MEERAEL, nom que Nieu- 

H o F F donne à un poifTon des Indes , 
qui lignifie en François Anguille de 
mer , en Latin Anguilla marina. Laet 
le nomme Ubirre. Ce poifTon a le corps 
brun , marqué de taches faites en for- 
me de lofanges. Il le dépouille de fa 
peau comme le Serpent. La partie an- 
térieure du corps eft mince ; celle de 
derrière eft du double plus épaifTe : 
fcn mufeau eft long , Se prefque tou- 
jours entr'ouvert; fes dents font tres- 
pointues , mais on ne les voit pas aifé- 
xnent. Il fe retire entre les rochers ,. 
où il s'engraiffe , Se devient une fort 
bonne nourriture. Ceux qui en tuent 
font faifis de frayeur, Se s'affoupi'Tent 
quelquefois , mais ce fommeil fe diffi- 
pe. Il approche en beaucoup de cho- 
ies du Ahtcu de Marc Grave ,. 
mais c'eft un poifTon différent. 

MEERWYRM, nom que 
JonstonC Infed. 25.) donne à un 
Ver aquatique , qui le trouve dans les 
lacs Se dans les fontaines. M. L 1 n- 
N A" U S ( Fauna Suec. p. ^6^.n. 12.65.) 
le nomme Gordius pallidus , cauda c&- 
■piteque nigris. Dans le Voyage de Goth- 
land 1 p. 282. il eft nommé Gordius-, 
ScchezGESNER (de Aqilat. p. 463.), 
ainfi que chez Aldrovande {Infect. 
720. ) , il a le nom de Vitulus aquati- 
eus, Se celui de Seta aquatica. On l'ap- 
pelle en Suéde Onda-Bctet. 

M E L 

MELANAÈTOS, nom que 
les Grecs ont donné à une efpece 
d'Aigle , qui eft lar Valeria Aquila 
des Latins, & celle que nous nom- 
mons en François Aigle noire. Voyez 
AIGLE. 

M E L A N C O R Y P H O N ,. 
nom que Ray donne à une efpece 
de Larus „ oifeau aquatique du genre 



M F. L 



47 



des Mouettes , qui eft le Larus major 
cinereus de Baltner, 8c le Cata- 
racla d'A ldkovande. Voyez au 
mot MOUETTE. 

MELANDRIN, du mot Grec 
MiX<*f$f»yo« : Ce poifTon eft ainfi nom- 
mé , dit R O N D E L E T ( L. V. C. J. 

Edit. Frarif. ) , à caufe de la noirceur 
de fon corps. Aristote Se Pline r 
de même qu'OppiEN , ne font point 
mention de ce poilTon, mais feulement- 
Athénée, qui le nomme Speialppus. 
IL fe trouve dans nos mers , Se fe vend 
fous le nom de Sargo , à caufe de fa 
relfemblance avec celui-ci. Il appro- 
che auffi du Nigroil ; mais fon corps eft 
un peu plus rond, Il eft noir par tout 
le corps , Se de couleur violette au- 
tour de la tête : fes dents font petites 
& aiguës. Il a autant de nageoires que 
le Sargo , Se elles font placées de mê- 
me. Sa queue eft différente , n'ayant" 
qu'une nageoire: autour de l'eftomac,. 
il a quatre additions. Son foye tire en— 
tre te rouge Se le blanc ; la bourfe 
du fiel y eft attachée : fa rate eft gran- 
de Se noire. Sa chair eft molle Se d'utr 
a fiez bon goût. G e s n e r C de Aquat.- 
p. 63 7. ) parle de ce poifTon. 

MELANTHR1N , du Grec 
MsXct' ô'CiVOf. O P P 1 e n donne ce nonr 
m Thon. Voyez THON. 

ME LANURE, du mot Grec 
MtïJvapoç : C'eft un poifTon que Ron^ 
det et nomme Nigroil , Se auquel on' 
donne le nom à'Qblado à Marfeille 
ainfi que celui d'Ofrlada , félon le- 
rapport de Gesner (de Aquat. p. 
6"3 S. ) , de R o N D E L e t ( L V. c. 6. 
p, 115. Edit. Franf. ) , Se d'A R T E D i- 
(lehih. Tart. V. p. 59. ». 4.) qui le 
met dans le genre des Spares. Voyez' 
NIGROIL. 

M E L A R : C'eft un Coquillage 
operculé , ainfi nommé par M. A dan- 
son ÇfJift. des Coquillages du Séné- 
gal , p. 90. ) , du genre du Rouleau „• 
Se qui eft mis par l'Auteur dans la- 
feélion dès-Limaçons opercul's 11 IV 
obfLrvé au Sénégal , fur les rochers du; 



4 S MEL 
Cap Bernard. 11 dît que l'animal ne 
diffère du Jamar , autre efpece du 
même genre, qu'en ce que Ion pied 
eft auffi long que fa coquille. Cette 
coquille a une fois plus de longueur 
que de largeur; fou grand diamètre 
eft de deux pouces Se demi : elle n'a 
que dix fpires , parfaitement fembla- 
Mes à celles de la première efpece ; 
mais elles font traverfées parun grand 
nombre de petits filets très -ferrés. On 
compte depuis quatre-vingts jufqu'à 
cent de ces filets dans la première 
fpire. Le fommet a deux fois plus de 
largeur que ce longueur. La longueur 
de fon ouverture eft feptuple de fa 
plus grande largeur. Cette coquilk eft 
quelquefois d'un beau blanc, Se fou- 
vent de couleur de chair, marbrée de 
grandes taches brunes , non interrom- 
pues dans quelques-unes , Se divifées 
en trois bandes dans d'autres. C'eft 
çlc-là qu'elle a pris le nom d'Êcorchée, 
fous lequel elle eft connue dans la 
plupart des Cabinets des Curieux. 

En effet, M. d'A rgenville, 
qui l'a fait figurer à la Planche XIII, 
lett. C. de l'Édition de 1 757. dit que 
cette efpece de Cornet , par fon fond 
couleur de chair , approche de la cou- 
leur d'une Écorchée , dont il a pris le 
nom. Ce fond, ajoute-t-il , eft tra- 
yerfé de grandes taches brunes , Se eft 
rayé par-tout légèrement. 

Ce Coquillage , figuré à la Plan* 
che VI. n. 2. de l'Ouvrage de M. 
Adanson, eft le Rbombus cylindre- 
pyramidalis , finis capillaceis , puntla- 
tifqut circurnjeriptus , claviculâ intégra 
de Liste tt , H'ifi, Conchyl. lab. 755. 

fis- 7- 

Le Rbombus cylindro-pyramidalis , ex 
rufo nebulatus , finit capillaceis dona- 
tus , claviculâ fulcatâ du même Au- 
teur, ibid. Tab. 760. fig. C. 

Le Cyli'idms Moluccenfts , craffus , 
çarneus , fafciis capillaceis fufeis de 
jPETïVERT , Qazoph, Vol, IL Cat. 24$. 
f*b ( 98. fig. 9. 

La Çoçhlea pyriformis intorta , tnte- 



MEL 

gra , bafi fulcatâ , finis minimis dont- 
ta , ex albido purpura/cens , colore bel- 
vaceo , jeu. rufo nebulata de G u A L- 
Ti E ri 1 Ind. Txb. &pag. 26. lit t. D. 

Et enfin le Conus Voluta Jigrmf * 
bafeos muricau anguftioris fpiris J'd- 
catis , & ventre longs ,fttbtiliter firiato , 
nubeculis cafianeis, fœpe nigrkantibus 
Jitper albo & rubentï de M. Klein, 
Tent. p. 71. (pce. 2. ». 2. 

MELE ï, nom queRoNDELET 
(L.VIII. c 9. p- 180. Edit. Franc.) 
donne A un poiffon nommé .-'Sriçnct. en 
Grec. A Rome on l'appelle Lathcrina: 
dans le Languedoc Se en Provence 
Mclet Se Sanclés. C'eft un poiffon de 
rivage , ou d'etang de mer , dit R o N- 
Delet. Il a douze doigts de lon- 
gueur Se n'a de groffeur que celle du 
petit doigt. Il eft épais du dos Se plat 
du ventre; fa bouche eft petite Se fans 
dents ; fes yeux font grands Se de di- 
verfes couleurs ; il a le ventre argen- 
té , le dos brun , la tête entre le jaune 
Se le rouge , comme la Sardine : deux 
nageoires aux ouies, deux au ventre , 
une autre proche de l'anus , deux au- 
tres au dos : elles font toutes blanches ; 
il a un trait qui va par le milieu du 
corps depuis les ouies jufqu'à la queue; 
fa chair tient le milieu entre le mou Se 
le dur : elle eft d'un bon goût. Ce 
poilTon fait fes œufs vers l'Equinoxe 
de l'automne , en fe frottanr le ven- 
tre contre le gravier. C'eft ainft que 
Rondelet parle du Melet. 

Artedi (Ichth.Part. V. p. 1 1 6. n. 1 ) 
parle de trois poitlons nommés î-&<p/fa. 
Le premier dont font mention Aris- 
t o t e (L.VI. c 17. L. IX. c, z. ) „ 
Oppien (L.I. p. 5) Se Athénée 
( L. Vil. p. 85. ) , eft celui d'où fart 
YEpfctus , c'eft-à-dire le jeune Atbe- 
rina. Rondelet en parle fous le 
nom d'ivojl : G e s N e r ( de Aquat. ) , 
A l d r o v a n d e (L. 11. e. j 5.) & 
J o N s t o N ( L. /■ c . 1 . ) fous celui 
d'Epfetus. Gaza a traduit le mot Grec 
e*4«t9« par Ârifia , Se W 1 l 1. u g h b y , 
p. 209. Se Ray, p. 79. difent que ce 

petit 



M E L M E M 

petit poiifon eft nommé Anguella à 
Venife. 

Le fécond Atherina, nommé Laihe- 
- rïna à Rome Se décrit par A L D r o- 

V A N D E (L.ÎI. C. 3 6. ) , G E S N E R 

(de Aquat.) , Jonston ( L. 1, ci.), 
Willughby , p. 209. & Ray , p. 70. 
eft le poiffon dont nous avons donné 
d'abord la defeription d'après Ron- 
delet. 

Le troifieme Atherina , qui a la 
queue fourchue , eft auffi nommé An- 
guella à Venife , Se a été pareillement 
décrit par Belon, Gesner 

Aquat. ) , A I, D R O V A N D E ( L. II. 
C. 36.)) WlLLUCHBÏ , p. 2 I O, & 

R a y , p. 97. Mais ces trois efpeces 
de poiiTons , félon Artedi , ne diffé- 
rent tout au plus entre eux que par 
quelques variétés , comme l'a obfervé 
le favantlchthyologue Suédois. Voyez 
I V O I L , nom que Rondelet 
donne au premier Atherina. 

M E L E T T E , poiffon de la côte 
d'Or en Afrique, B o S M A N en donne 
de deux efpeces, l'une grande Se l'au- 
tre petite , qui font toutes deux fort 
grades dans leur faifon , mais dont la 
première eft fi cordée , qu'on en fait 
peu de cas. L'autre eft fort agréable, 
foit marinée comme le Thon , foit 
defféchée comme les Harengs rouges, 
Se les Hollandois en font de grofles 
provifions. H 'ifi. Générale des Voy.zges , 
Tome XIV. p. 237. 

MEUS OPHAGO, nom que 
les habitans de l'Ifle de Candie don- 
nent à un oifeau fort commun parmi 
eux , Se que nous nommons Guêpier- 
Merops , pour le diftinguer d'un autre. 
Son ancien nom en Grec eft \itpo-\. , en 
Latin Apiafier , dit Belon, de la 
Nature des Oifeaux , L. IV. c. 21. 
p. 224. Voyez GUÊPIERSc 
MEROPS. 

M E M 

MEMBRADAS, poiffon 
qu'A t h É n É e nomme XputrottÈcpaAiJî 
EB^pstç , c'eft à-dire, Poiffon qui ala 
Tome III. 



M E M 49 

tête d'or. C'eft le même que le Célerin 
Voyez CÉLERIN. 

MEMBRE MARIN, en Latin 
Aîentula marina , Zoophyte , ou Plan- 
te animal, auquel les Naturaliftes ont 
donné ce nom , pareequ'il reffemble 
à-peu-pres à la partie naturelle de 
l'homme. Il y en a de deux efpeces, 
félon Gesner, Aldrovande 
(L.IV. c.j.), Belon Se Rondelet. 
Ces Zoophytes ne devienne nt la nour- 
riture d'aucun poiffon Se on n'en trou- 
ve fur le bord des rivages que dans 
les lieux où il y a des Patelles Se des 
Ricins. On les appelle en Latin Géni- 
tale , ou Mentula marina , pareequ'ils 
font ronds Se longs d'un pied. Leur 
groffeur eft celle d'un bras médiocre. 
Ils s'allongent Se fe raccourciffent com- 
me les Sangfues. Leur couleur eft 
rouffe. Ils font lents dans leur mouve- 
ment , marchent en ferpentant , pa- 
roiffent remplis de na-uds Se ont la fi- 
gure du Lys d'étang , en Latin ~Nym- 
ph&a. Ce Zoophyte fe trouve tou- 
jours au fond de l'eau Se ne nage ja- 
mais. Quand il eft: ramaffé , il a la peau 
de la dureté de la corne , Se à peine la 
pointe d'une épée ou d'un couteau la 
peut-elle percer ; mais s'il fe remue 
de fon plein gré, cette peau devient 
molle. Il a deux efpeces de trompes 
d'un pied de longueur, qui, quand il 
les retire , ont à peine fix doigts. Par 
les cavités ou trous qui font à ces ef- 
peces de trompes, ou cornes , il s'at- 
tache aux pierres , où on en trouve en 
quantité. A la partie antérieure de fa 
tête il fait fortir comme des cheveux, 
ou petits arbuftules , creux en dedans ^ 
dont il fe fert pour approcher de fa 
bouche tout ce qu'il touche. Cette 
bouche eft grande Se il y fait entrer 
toutes fortes de Coquillages tout en- 
tiers ; fes excrémens font gluans , blancs 
Se copieux , Se deviennent fi durs , 
qu'ils peuvent le difputer à des cordes 
de boyau ; fa bouche faite en rond 
paroît garnie de petits offelets , quî 
font autant de dents ; par-tout ail- 



50 M E M 

leurs il n'eft compofé d'aucun os • 
l'ouverture de fa bouche , ou Ton œfo- 
phage , porte à l'eftornac tout ce qu'il 
prend , de même que fait l'Hérilfon 
de mer ; fes inteftins font en rond dans 
fon corps & à peine peut-on les obfer- 
ver. C'eftainfi queRuYSCH (Exjang. 
p. 57. c. 4. ) parle d'après B e l o n de 
la Mentuia marina, U en donne de 
deux différentes figures. 

Rondelet, dit le même Auteur , 
en donne aulfi de deux efpeces. La 
première a la peau dure comme un 
cuir: quand elle eft vivante, elle s'en- 
fle & s'allonge : quand elle eft morte , 
elle eft molle ; fes parties internes ne 
fe peuvent diftinguer. L'autre eft cou- 
verte d'une coquille dure Se cartila- 
gineufe , tranfparente Se ridée. 

G e s N E R parle aulfi de deux Mcn- 
tula marina. La première eft une maf- 
fe informe : par derrière elle eft plus 
groife , plus élevée & a la figure d'une 
petite corne ridée •> la partie oppofée 
eft plate & fait voir une efpece de 
gland , on il y a un trou de couleur 
rouge. L'autre , qu'il nomme Epipc- 
trum , eft aulïï une maife informe , iné- 
gale Sctubéreufe, percée de pluficurs 
trous ; fa couleur eft en partie noire , 
Se en partie rouge ; dans quelques 
endroits il y a du blanc. 

M E M 1 M A , animal fauvage des 
Ifles de Java & de Ctylan, qui n'eft 
pas plus gros qu'un Lièvre, mais qui 
rciTembk parfaitement à un Daim. 11 
eft pris & tacheté de blanc , & fa chair 
eft excellente. Hift. 67». des Voyag. 
TomeVtU.if-4. 0 . p. 5 <5. 

M E M O A : On trouve ce nom 
dans Marc G R A V E , c. 1 2. donné 
à un infecte du Bréfil , efpece de Ver 
luifant, qui donne pendant la nuit une 
cl rté admirable. On en voit aulTi dans 
les Iflcs de l'Amérique. Cet animal a 
aux deux côt^s un. tache blanche Se 
brillante , d: la rrand _ur d'un grain de 
Pavot. IL nfortnuit 3c jourdes rayons. 
On voit suffi dans le même pays des 
Mouches 3 qui donnent une lumière 



M E N 

auffi claire que celle d'une lampe , ou 
d une chandelle. Ces infectes volans 
font nommés Acaàia chez Herrera. 

M E N 

M END OLE, poîffon de mer, 
qui eft le mWk d'ARiSTOTE , L.VL 
c. 1 5. & 17. L. VIII. r. 30. & L. IX. 
c. 2. d'O p p 1 e N , L. Le 5 . & d'A- 
T H É N É e , L. VII. c. 3 1 3 . la Mene- 
rela d'O v 1 d e", Haï. v. 1 20. la M<t- 
na de Pline , L. IX. c. z6. ainfi que 
de B e l o n , de Pifc. de Ronde- 
l E T , L. V. c. 1 3 . p. 1 24. Edit. Franç. 
de Gesner , de Aauat. p. 615. d'AL- 
dro van de , L. 77. c. 39. de J O N s— 
TO N » L. I. Ç. I. de C H A R L E T O N , 
p. 144. de W ILLUGHBY, p. 318. 

& de R A Y , p. 135. Ga z a a traduit 
le Maiiiif d'A r 1 s T o T E par Alec. 
Artedi (Ichth.Part. V. p. Si. «. o.) 
met ce poilfon dans le rang de ceux: 
qui ont les nageoires épineufes , en 
Latin Pijces acanthopterygit > Se du rang 
des Spares. 11 le nomme Sparus va- 
rias , macula nigricante in medio la- 4 
tere , dtntibus quatuor majoribits. 

C'eft un poilfon couvert d'écaillés , 
f mblable à la Bogue , dit Rond e- 

I e t , un peu plus large & plus court , 
qui n'a pas plus d'un empan de long. 

II a le mufeau pointu , la tête plate „ 
les yeux plus petits que ceux dt la 
Bogue , & des dents très-menues. Ce 
ponTbn eft blanc en hiver, & dans le 

"printemps : dans l'été , il eft de diver- 
ses couleurs ; car il a fur le corps des 
taches bleues , principalement à :a tête 
& au dos , & au milieu du corps, de part 
Se d'autre , une tache grande Se pref- 
que ronde. 11 a des pierres dans la 
tête. Les parties intérieures du corps 
font femblablts à celles de la Bogue» 
Quand la femelle commence à s'em- 
plir d'oeufs, le mâle change de cou- 
leur ; il devient noir, Se fa chair eft 
mauvaife Se puante. La femelle , au 
contraire , eft meilleure , quand elle cli 
pleine : elle fraye en hiver. 

Dans Athén ïe, Hesïchius 



M E N MER 

dit que ce poifibn eft meilleur que le 
Gouiôfl , quoique non fi agréable au 
goût, ni fi facile à digérer. Ce n'eft 
pas le fentiment de Rondelet. 
La chair du Goujon eft friable & autïi 
bonne que celle des poiiTbns de ro- 
chers ; ainfi la Mendt/le ne peut être 
meilleure : cependant celle-ci eft d'un 
a'iezbon fuc.EUe eft meilleure frite que 
bouillie. Les Anciens n'en faifoient pas 
grand cas. On s'en fert en Médecine , 
félon Dioscoride. Les maladies 
du fondement fe guérifïent avec les 
cendres de la tête des Mendolet ; cel- 
les de la houche fe guérifïent avec de 
la faumure de ce poifïbn. Pline, 
Galien & Dioscoride, ainfi 
que Paul Eginette, parlent 
amplement de fes propriétis en Méde- 
cine. On le nomme à Rome Menola s 
à Marfeille , Cagarel s en Languedoc, 
JtiJ'cle, Se fur les côtes de la mer Adria- 
tique , Sclave, 

MENLOSSES, forte d'Abeil- 
les de Pille de Ceylan. Voyez au mot 
ABEILLE. 

MER 

MERE DES FOURMIS, 

en Latin Mater Formicarum , nom que 
C L u s i us donne à une efpece de 
Serpent , dont on voit la figure dans 
R u Y s c h , de Serpent. Taù. 7. fans en 
donner la defeription, 

MERLAN*, poifibn de mer , 
mis par Ahtedi ( Icbth. Part. V. 
p. 34. n. I.) dans le rang des poilTons 
à nageoires molles , inter Pi/ces mala- 
coptcryçiof. On le pêche dans l'Océan , 
dit Rondelet, L.IX. c.y.p.ziS.Edit. 
Frarif. Il a la tête & le corps applatis 

* On trouve aulTi écrit Merlanc , ou Mer- 
lans , difent les Auteurs de la Suite de la 
Matière Médicale. La plupart des Etymolo- 
giltes regardent ce mot comme purement 
François, de même que celui de Merluche 
néanmoins M É n a r. t dit que de Maris Lu- 
cim , on a fait Merlus , & du mot Merlus , 
celui de Merlan. Il ajoute que dans le Lan- 
guedoc on appelle Merlttce ce que nous ap- 
pelions ici Morue , & Merlus ce que nous 



MER j r 

furies cô tis, mais le devant de la tête 
plus plat en defius , quand la bouche 
eft ferm'e ; le dos convexe , l'anus 
fort voifin de 'a tête , & par confisquent 
bien éloigné de la queue; tout le corps 
d'une couleur blanche argentée, mais 
le dos plus foncé , oj grifâtre ; les 
écailles petites, arrondies, blanches, 
& la mâchoire Supérieure avancée au- 
delà de l'inférieure , de forte que , 
quand la bouche eft fermée , les dents 
f'périeurcs outrepafient la mâchoire 
inférieure. Ce poilfon a les narines 
apparentes, avec deux ouvertures de 
chaque côté , un peu plus proche des 
yeux que de l'extrémité du mufeau ; 
Es yeux grands, placés aux côtés de 
la tête , couverts d'une membrane 
lâche Se transparente ; l'iris eft de cou- 
leur argentée & la prunelle grande & 
bleuâtre ; la membrane des ouies eft 
compofée de chaque côté de fept arê- 
tes; la mâchoire fupérieure eft garnie 
de plufieurs rangs de dents , dont le 
dernier , ou le plus extérieur eft I2 
plus grand : les dents du dernier rang 
font inégales en grandeur; la mâchoi- 
re inférieure a un rang de dents iné- 
gales en grandeur. On trouve à la par- 
tie fupérieure du palais un oflèlet den- 
telé , qui forme les deux côtés d'un 
triangle : dans le gofier Supérieure- 
ment deux offelets ronds & inférieure- 
ment deux oblongs , auffi dentelés. 
Ce poifibn a la langue Se tout le palais 
dans fon milieu lilfes : neuf poinrs au 
moins de chaque côté à la mâchoire 
inférieure , fans aucun barbillon ; la 
ligne latétale noirâtre , ou obfcure , 
courbe , beaucoup plus proche du dos 
que du ventre; une tache noirâtre des 

appelions Merlan. Ce poilTon fe nomme en 
Anglois Wit'w.i ; en Suédois , HiviJing , 
comme qui diroit le Manchet, ou le Voijfon 
blanc, à caufe de fa blancheur. Selon dit 
que le Merlan s'appelle Pefce molle à Vern- 
ie ; Muzo , ou Mazo , à Conftantinople ; Fi- 
co , à Home ; Servantin , à M^rieille : mais il 
fe trompe, félon Rondelft & Wilughey, 
doutant plus que notre Merlan eR un poiffon de 
l'Océan & non pas de la Méditerranée. 



5 ï MER 

deux côtés à la naiflance des nageoires 
pectorales : les nageoires pectorales 
grifâtres , compofées de vingt-une arê- 
tes , dont celles qui occupent le milieu 
font les plus longues & fourchues au 
bout, mais dont les deux premières 
8c les deux dernières ne le font point: 
les nageoires du ventre , fituées plus 
en devant que celles de la poitrine , 
d'une couleur blanche , formées de 
fix arêtes, dont la féconde eit lapins 
longue , Se celles du milieu fourchues : 
trois nageoires au dos , dont la pre- 
mière eft triangulaire , compofée de 
vingt-une arêtes , dont les premières 
font les plus longues , & celles du mi- 
lieu un peu fourchues au bout : deux 
nageoires près de l'anus, blanchâtres , 
dont la première eft longue , formée 
de trente-trois arêtes > dont celles quî 
occupent le milieu font fourchues par 
le bout , Se celles des extrémités de 
chaque côté petites ; la féconde na- 
geoire plus petite, compofée de vingt- 
trois arêtes , dont celles du milieu font 
fourchues par le bout : la queue égale 
8c noirâtre à fbn extrémité, compofée 
d'environ trente-une arêtes longues, 
excepté les dernières qui font four- 
chues au milieu : le foie blanchâtre , 
divifé en deux grands lobes, dont le 
droit eft petit , court , Se le gauche 
très - long , étendu par tout l'abcîo- 
men; la rate triangulaire fous l'efto- 
mac ; deux ovaires longs dans les fe- 
melles, pleins u'ceu r s jaunes ; la vef- 
fie de 1 air longue, gluante, fimple , 
attachée à l'épine du dos , avec un 
canal pneumatique , qui prend fon ori- 
gine à fa partie fi'périeure Se va s'infé- 
rer dans l'œfophage ; le cœur qua- 
drangulaire, à angles fort obtus, four- 
ni d'une grande oreillette Se d'une 
grande aorte; l'eftomac obtus, affez 
long , réfléchi à fa partie inférieure , 
avec un nombre d'appendices au pylo- 
re, en manière de couronne; l'inteltin 
réfléchi d'abord avec le diaphragme , 
puis vers l'anus , enfiiite de l'anus à 
l'œfophage Se enfin defeendant droit 



MER 

à l'anus ; la partie inférieure de Pîfl- 
teftin fort ample , en forte que l'in- 
teftin étendu avec l'eftomac eft un peu 
plus long que lepoîifon même; la vé- 
ficule du fiel adhérente par un conduit 
au foie , Se par un autre plus grand s 
l'inteftin proche des appendices ; les 
reins fang uinolens , longs , étendus le 
long de l'épine du dos ; deux velhes 
urinaires , oblongues vers l'anus , plei- 
nes d'eau claire ; les vertèbres au nom- 
bre de cinquante-quatre en tout. Telle 
eft la defeription du Merlan par A R- 
T £ D i , Se la même qui fe trouve dans 
la Suite de la Madère Médicale. 

On trouve , dit M. L i m e r i , dans 
l'endroit le plus ample , ou le plus 
épais de la tête , proche de la cervel- 
le, deux petits os pierreux , un de 
chaque côté , longs d'un travers de 
doigt , larges de quatre lignes , poin- 
tus par un des bouts, obtus par l'autre, 
liiTes & polis , très-blancs , tendres , 
faciles à rompre , d'un goût tant fok 
peu falé , lorfqu'tls ont été mis en 
poudre fubtile , de fubttance' alcaline 
Se abforbante. La pointe de ces os n'eft 
pas placée juftement au milieu de leur 
extrémité , mais à côté , Se le refte de 
cette extrémité eft comme échancré 
naturellement. Ce poilTon , dit W i L- 
lughby , eft petit en comparaifon 
des autres poilTons du même genre. 
11 n'a gueres plus d'un pied de long , 
8c eu égard à fa grandeur il eft menu , 
fur-tout vers la queue , car il eft plus 
gros vers la tête. Il fembie , ajoute 
Willughbï , que c'eftle Merlan de 
Rondelet , mais mal repréfentéavec 
une feule nageoire derrière l'anus. 
Rondelet le diftingue du poilTon que 
les Vénitiens nomment Pefce molle ; 
mais WiLLUGHBYne convient pas 
avec lui que le Pefce molle des Véni- 
tiens fbît d'un genre tout différent du 
Merlan. Ils fe reffemblent fi fort, qu'il 
avoue les avoir pendant quelque temps 
confondus enfemble avec B e l o n. 
WiiLUCHBi dit que le Merlan n'a 
gueres plus d'un pied de long ; mais 



MER 

j'en al vu fur les côtes de Normandie , 
& fur- tout à Caen , qui ayoient au 
moins deux pieds de long. Il eft vrai 
que le Merlan ordinaire n'a gueres 
plus d'un pied. 

Ce poilTon fe prend fréquemment 
dans la Manche 8c dans toute la mer 
Baltique. ChafTé de la haute mer par 
nombre d'ennemis redoutables qui 
cherchent à le dévorer , il approche 
fou vent en foule des côtes , où il de- 
vient la proie des Pécheurs. Il n'y a 
gueres de poilTbns plus connus dans 
les poiifonneries. Il fe nourrît d'An- 
chois , de Crevettes , de Goujons de 
mer Se d'autres petits poiffons. Il les 
avale tout entiers , car fes dents ne 
lui fervent point à hacher fes alimens , 
ou fa proie par morceaux , mais à la 
retenir; cependant, félon Rondelet, 
les petits poiffons fe- trouvent hachés 
par morceaux dans fon eftomac, parce- 
que les viandes , à mefure qu'elles fe 
digèrent, font mifes en pièces par la 
chaleur naturelle. 

Il y a dos Merlans qui font vérita- 
blement hermaphrodites , comme il 
arrive aulTi quelquefois parmi les Car- 
pes Se les Brochets ; car l'on voit 
distinctement dans leur intérieur les 
œufs d'un côté Se la laite de l'autre. 
Thomas Bartholin parle d'un 
de ces Merlans hermaphrodites , c'eft- 
à-dire qui avoït des œufs Se des laites , 
qu'on avoit envoyé de Norwege au 
Doéteur Wilhemworm. 

En quelques lieux d'Angleterre Se 
de Flandres on fait fécher ce poilTon 
après l'avoir vuidé , Se on le fale. 
Etant ainfi préparé il fournit une nour- 
riture très-agréable aux gens délicats; 
Se Willughby dit que les Allemands, 
les Polonoîs , les Flamands & autres 
Nations fe fervent dans la préparation 
des poiiTons de la racine de Curcuma » 
pour leur donner de la faveur Se une 
couleur jaune. 

Le Merlan contient beaucoup dliui- 
le Se de fel volatil; fa chair eft friable 
fk: raolie Se meilleure rôtie que bouil- 



M E R J3 

lie. On le doit choiHr bien nourri , 
d une chair molle , tendre Se légère 
Au jugement de toutes les Nations 
il n'y a point de poiifon pins km que 
celui-ci. Sa chair qui n'eftpas imprégnée 
de focs vifqueux , ne charge point 
l'eftomac : elle nourrit cependant Se 
produit un bon fuc. Cette nourriture 
eft fi légère Se paiTe fi vite , que la 
Nature , difent les Auteurs de la 
Suite de la Matière Médicale , n'a 
prefque pas le temps d'en difpofer 
pour le foutien du corps : c'eft ce qui 
fait qu'on en permet l'ufage à toute 
forte d âge Se de tempérament , mê- 
me aux malades Se aux convalefcens. 
De-l.i vient auffi que , félon R o N- 
D E l E t Se B e l o n , on dit en pro- 
verbe que les Merlans pefent autant 
Se même plus, portés à la main ou à 
la cemture , qu'à l'eftomac. C'eft auffi , 
félon Richelet, une nourriture 
de Coureur Se de Poftillon , parce- 
qu'elle n'empêche point de courir. 

La faumure du Merlan eft très- 
réfolutive Se defficative étant appli- 
quée extérieurement : on la mêle dans 
les lavemens , Se elle eft laxative. 
M. Lémery remarque avoir trou- 
vé dans la tête du Merlan deux peti- 
tes pierres oblongucs : ces pierres con- 
tiennent un peu de fel , qui les rend 
apéntives , propres pour la colique 
nephrénque, Se pour chaiTerles fables 
des reins Se de la veffie ; elles font 
propres auffi pour arrêter les dévoie- 
mens , Se pour abforber les acides de 
l'eftomac. On les prépare Amplement 
en les broyant fur lePorphyre. 

Le Merlan eft le Merlanus , fecunda 
Afellorum fpseies de Rondelet 
dePiJc. p. xj6. Se de Gesner, de 
Aquat. p. 85. 

Le Merlangus, altéra Afellorum fp e ~ 
cies de Belon, de Aquat. p. i 24 . 

L' Afellns minor & mollis de Char- 
LBTON , de Pijc. p.. 3 . Se de Mirrbt , 
l in. p. 184. 

Ï/Afellui minor alter d'AtDRo- 
V a u d'E -, de l'ifc. p.z&j, 



54 MER 

UAfellus mollis » feu Merlangus de 
JoNSTON, de Pijc. <, _ 

L' J^flitf pr*»** de bCHON- 

NEVELD, Icbth.-p+7- 

Ray, Symp. Pijc. p. 55- . 

Et enfin le Gadut dorjo trtpterygio , 
ore imberbi , corpore albo , maxUlâfu- 
pcriore longiore d'A r T e d i , f*? - 

sert. 19. Symp. 34- d2> * e 
Linn«us, Fatm* Stuc p- *94- 

MERLE*: J'ai dit au mot LrKl- 
VE qu'il y a trois fortes d'oifeaux , fa- 
voir les Grives , les MerlesSe^s Etour- 
neaux , qui , chez les Naturalises mé- 
thodittes , compofent un genre d oi- 
feaux , fous le mot Latin Turdus , qui 
eftleur nom générique. Ce genre d'oi- 
feaux tient le milieu pour la grandeur 
entre celui des Pigeons , Se celui des 
Alouettes. Les marques cara;téniti- 
ques des Merles , des Grives , amh que 
des Étourneaux , font d'avoir le bec 
loncr , d'unemédiocregroffeur, un peu 
courbé en deflus . le dedans de la bou- 
che jaune Se la queue longue. Ces vo- 
latils vivent indifféremment d'inledes 

Se de fruits. 

M. Linnjeds ( F aima Suec. p. 
70. n. 184. ) met le Merle dans l'ordre 
des Aves pajferes , Se du genre des Gri- 
ves , ex génère Turdorum. Ray (Synop. 
Met h. Av. p. 6"5. ) > comme W 1 L- 
LUGHBY Se ALDROVANDE, 

comprend fous le nom de Turdinum ge~ 
mu , les Grives , les Merles , Se les 
Étourneaux. A l'article des Merles 
connus en Europe, il joint les efpeces 
étrangères. B e L o n ( L. VI. de la Nat. 
des Gif p- 3 1 6 . & fuiv. ) parle du Merle 
bleu , du Merle blanc , du Merle à 
collier , du Merle du Bréfil , Se du Merle 
noir , autrement dit Merle vulgaire. 
Dans la Nouvelle Hiftoire des Oifeaux , 

* Cet oifeau eft nommé en Hébreu Kippot ; 
en ChaUéen , Ruphda; en Syriaque, Kophra\; 
en Grec Ko'ttu?»; ,■ en Italien , Merula , Mer- 
fa, ou Merlo ; en LTpagnol, Mkrla ; en Alle- 
mand , Meerlen ; en Flamand , Meerl ; en 
Anglois, Ulaïk-Bird, comme qui dirdtO»- 



M E R 

gravée par Albin.oh trouve f Tome 

L n. 37. & 39. Tome II n. 37. ûr 3 9. > 
les deferiptions du Merle proprem .nt 
dit, Merula, du Merle à collier, du 
Merle Pic , qu'il nomme Merle vul- 
gaire, &du Merle aquatique. M. Klein 
( Ord. Au. ) ne faiiant qu'un genre des 
Grives & des Merles , place ( p. 65. ) 
ce genre dans la quatrième familL de 
fes oifeaux. Enfin on trouve dans la 
Suite de la Matière Médicale , Tome 
III. p- 329. la defeription que W t L- 
L u G H 11 ï a donnée du Altrle , Se ce 
qu'en ont écrit B £ 1. o n , Se les autres 
Auteurs. 

Le Merle noir , ou le Merle communs 
le Merle à collier } le Merle de roc her » 
ou de montagne , qui fe trouve dans 
les Forêts de la Laponie ; le Mettê 
bleu ; le Merle blanc ; le Merle Pic 
d'A l d 1 N ; le Merle du Bréjil de Be- 
lon ; le Merle couleur de n>Je d'AL- 
Drovandf ; le Merle , nommé Moi- 
neau Jblitaire par R a y ; le Mené der 
Indes s celui de deux couleurs d'Aï,- 
DROVAN'de , dont il y a trois efpeces ; 
le Merle aquatique ; enfin les Merles 
étrangers, comme ceux de la Louifiane, 
de la Jamaïque , du Cap de Bonne- 
Efpérance , de la Chine , &c. voilà 
les efpeces dont je vais parler d'après 
les Naturalises ci-deflus cités. 

MERLE ORDINAIRE, 
ou MERLE COMMUN, en 
Latin Merula , félon Da l e , Fharm. 

p. 247. L É M E R Y , p. 568. GESNER , 

de Avib. p. 542. ChARIETO N, 
Exerc. p. 90. M e r r et , l inn.p. 177. 
Aldrovande, Ornith. p. 604. 
JoNSTON.df Avtbus , p. 7 3 . Il eft 
nommé Merula mgra par Bel on, 
de la Nat. des Oif p. 320. ainfi que 
par SCHWENKFELD, Av. SU. p. 
300. Merula vttlgaris , par Ray, 
Symp. Meth. Av. p. 6$. par M. 

feau no'r ; en Suédois , Trafl ; en Picard , 
hormejle ; en Galion , Merlat ; la plupart de 
ces noms viennent du mot Latin Merula. 
Quelques-uns appellent le jeune Merle , Mâ- 
le au : la femelle vulgairement MtrlejTe ; en 
Lorraine , Merlttte, Si ailleurs Merluche. 



MER 

Linn^eus ( FaunaSuec.p. 184.) 
Turdui ater , rafiro patpeèrtjque firf- 
v îs , Se Turdus nïger , Menàus , Nf 
grenus, fek Nigrctta , Coïlynon par 
quelques-uns. 

Cet oifeau égale en grandeur la 
Grive nommée Litorne par BeloN, 
Se pefe comme elle quatre onces. U 
a , dit W l l L u G H b Y , neuf pouces 
& demi de long depuis la pointe du 
bec jufqu'au bout des pieds > Se juf- 
qu'au bout de la queue dix à onze 
pouces, le bec long d'un pouce , jaune , 
faffrané. Dans la femelle la pointe Se 
le detfusdu bec font noirâtres ; le de- 
dans du bec eft jaune dans l'un & dans 
l'autre fexe ; la circonférence des pau- 
pières eft pareillement jaune. 11 a dix- 
huit grandes plumes à chaque aile ; la 
quatrième eft la plus longue : la queue 
longue de quatre pouces Se demi , com- 
pose de douze plumes d'égale lon- 
gueur , à l'exception des dernières de 
chaque côté , qui font tant foit peu plus 
courtes que les autres ; les pieds font 
noirs ; le doigt extérieur Se le posté- 
rieur font égaux , le premier efl atta- 
ché à celui du milieu par fa partie in- 
férieure. Le foie eft divîfé en deux lo- 
bes , dont le droit eft le plus grand ; il 
a une véficule de fiel ; l'eftomac moins 
mufculeux , comme dans les autres oî- 
feaux du même genre. Willughby 
dit qu'il n'y a pû trouver aucun veftige 
d'appendice intelcinale. 

Quand les mâles font encore jeunes 
& de l'année , leur bec eft noirâtre ; 
au bout d'un an il devient d'un beau 
jaune : le mâle avancé en âge eft noir 
par-tout. Les mâles 8e les femelles étant 
jeunes lont plus bruns que noirs ; ils 
ont la poitrine rouultre Se le ventre 
un p. u grifâtre. Parmi les petits , on 
ne îauroit d'ft'nguer les mâles d'avec 
les Feroèllespar la couleur. La femelle, 
dit Albin, eft plu r ôt brune , ou d'un 
brun fo mbre que noire. La defeription 
qu'il fait du Merle , eft la même que 
celle de Willughby. 

Le Merle ne fait que gafoUÎller ou 



M E R 



55 



bégayer pendantl'hiver , mais il chante 
beaucoup pendant l'été. C'eft le mâle 
qui fiffle Se gafouille fort agréablement 
pendant cette faifon. Son chant n'eft 
pas défagréable , quand on l'entend 
dans un bois , où il y a un écho , ou 
dans une vallée. Ce qu'il a une fois 
appris il le retient toute fa vie ; il eft 
docile Se on peut l'inftruire à parler. 
Mais fa voix n'eft jamais articulée com- 
me celle des Perroquets. Il aime les 
boccages épais. Cet oifeau fait fon nid 
avec beaucoup d'adrefte , employant 
pour le dehors de la mouffe , de petits 
rejettons , des joncs Se des racines 
fibreufes , liés enfemble Se cimentés 
d'argile ; le dedans eft , couvert de 
petites pailles , de filets , de joncs 
Se d'autres matières mollafiës , comme 
du poil Se du crin , fur lefquelles la fe- 
melle pond quatre ou cinq œufs , Se 
rarement d'avantage , qui font d'uiî 
verd bleuâtre & couverts par-tout de 
taches Se de lignes brunes.^ Il fait or- 
dinairement fon nid dans l'Epine blan- 
che à la hauteur d'un homme , ou 
à-peu-près. Ce nid eft grand , folide , 
arrondi , Se fait en creux comme une 
écuelle. 

Les Merles aiment à fe nettoyer Se à 
laver leurs plumes , Se ils volent ordi- 
nairement l'un à la fuite de l'autre , 
ou à part , d'où , félon Va si! o M 
& F e s t u s , ils tirent leur nom de 
Merula ,qui lignifie jolitaire , ou [cuir 
On croit que le Merle fait deux ni- 
chées par an , Se qu'il fait la première 
au printemps , avant les autres oifeaux. 
Le mâle couve de temps en temps i 
la place de la femelle pendant le jour J 
le refte du temps il lui porte à manger , 
l'égaie par fon chant, Se veille autour 
d'elle pour en écarter l'ennemi. Il vit 
de toutes fortes de viandes » de bayes > 
Vermines , femences Se fruits. li eft 
fi commun qu'on le connoit en tous 
lieux , pour fon chant haut , & qu'on 
le nourrit en cage. On pourroir même 
le faire couver en cage. Un Obferva- 
leur curieux , comme nous l'appren- 



5 <î MER 

nent les Auteurs de la Suite de la Ma- 
ture Médicale , leur a aimré qu'ayant 
rais un Merle & une Merlcfjc dans une 
grande volière au fond de fon jardin, 
où il y avoir un if taillé en pyramide, 
il fut attentif à fuivre leurs procédés. 
Dabord ils poferent de la moufle pour 
baie de leur nid , puis ils répandirent 
fur cette bafe de la pouiliere , dont ils 
avoient empli leur gofier , Se ayant pié- 
tiné dans l'eau pour fe mouiller les 
pieds, ils la détrempèrent , ce qu'ils con- 
tinuèrent de faire couche par couche. 
La femelle couva foigneufement fes 
oeufs , étant bien nourrie par le mâle. 
Quand les petits furent éclos , ils leur 
donnèrent des Vers de terre , coupés 
par morceaux , ayant foin de recevoir 
la fiente que chaque petit rendoit après 
avoir avalé la becquée, Se cette fiente 
fervoit en partie de nourriture au pere 
& à la mère. Us firent ainfi quatre cou- 
vées dans la même année : mais , choie 
étonnante , ils mangèrent les deux der~ 
nieres couvées. 

Notre Obfervateur , difent les Au- 
teurs ci-deffus cités , a vû le mâle tuer 
fes petits l'un après l'autre , Se les don- 
ner i la femelle; d'où il croit pouvoir 
conclure que c'eft la raifbn pour la- 
quelle les Merles étant naturellement fi 
féconds, font néanmoins peu communs 
en comparaifon des Grives Se des 
Alouettes. Mais ce fait paroît fi con- 
traire aux loix ordinaires de la Nature , 
qu'il feroit à fouhaiter , ajoutent nos 
Auteurs , qu'une pareille obfervation 
fût répétée pluiieurs fois, 

Aristotf. Se Pline, difent 
que les Merles s'en vont ou fe tiennent 
cachés pendant l'hiver , comme la 
plupart des Grives. Ges Naturaliftes 
le lont trompés : du moins ce qu'il y a 
de certain , c'eft qu'ils reltent en France 
tout l'hiver comme la plupart des 
Grives. Les habitans de Pologne pré- 
tendent que le Merle a coutume de 
dormir le derrière tourné du côté du 
yent , Se que cette mauvaife habitude 
eft caufe que cet oifeau ne vit pas long- 



MER 

temps ; Car tous les autres oifeaux 
tournent la tête vers le vent pour dor- 
mir , afin que leurs plumes n'étant 
point dérangées , ils ayent moins froid 
pendant la nuit. Mais on peut bien dou- 
ter de la vérité du fait jufqu'à ce qu'il 
ait été mieux vû , difent encore les Au- 
teurs de la Suite de la Matière Médi- 
cale, 

Le Merle , difent-ils , contient beau- 
coup d'huile Se de fel volatil. Cet oi- 
feau eft d'ufage en aliment. Il peut 
être mis au nombre de ceux qui for- 
ment un bon fuc. Les Romains en- 
graiflbïent les Merles avec les Grives 
Se les enfermaient dans des volières. 
En effet le Merle a beaucoup de rap- 
port avec la Grive , mais il n'eftpas 
fi délicat , ni fi facile à digérer. 11 y 
a cependant des Auteurs qui le pré- 
fèrent à la Grive. Pendant les vendan- 
ges il eft aflez bon , pareequ'il mange 
alors du raifin , mais fa chair devient 
amere , lorfqu'il eft réduit à fe nourrir 
de bayes de Genièvre , Se de graines de 
Lierre , aînfi que d'autres fruits fem- 
blables. On le doit choifir jeune , ten- 
dre Se bien nourri; car en vieillilfant 
fa chair devient dure , feche Se de dif- 
ficile digeftion. 11 convient en tout 
temps Se à toute forte d'âge Se de tem- 
pérament. Les Médecins ordonnent 
l'ufage du Merle pour le cours de ven- 
tre Se la dyfenterie. Ceux qui fontfu- 
jets aux hémorrhoïdes , ou qui portent 
quelque ulcère doivent s'abftcnir d'en 
manger. L'huile dans laquelle on a 
fait cuire des Merles eft eftimée contre 
la feiatique; Se la fiente de ces oifeaux 
diffoute dans le vinaigre , dilfipc les 
Touffeurs du vifage Se les taches de la 
peau, fi l'on s'en fert en Uniment. 

MERLE ACOLLIER, 
oifeau nommé en Grec B<*/cç j en La- 
tin Merula Torqtiata ; en Anglois Ring 
Owe,el. Ileftappellé par M. Linn/f,us 
(Fauna Suec. p. 70. n. 185.), Tar- 
das nigricans , roflro flavefeente , torque 
rdlto. B e l o n (p. 3 18. ) dit que les 
Savoyards j Se les habitans du Terri- 
toire 



MER 

to'ïre d'Embrun, Se de Saint Jean de 
Maurienne.connoiffent cet oifeau , au- 
quel ils ont donné le nom de Merle 
à collier. II n'y a point d'oifeauplus 
commun dans ces lieux : il a un collier 
gris, comme la Perdrix franche , Scia 
Cane-Pétiere mâle, Selon Aristote 
< Hift. Ar.im. L. IX. c. n;.), on en 
voit en Grèce : il le diftingue du Merle 
noir Se du Merle blanc , en difant qu'il 
eft un peu plus petit, qu'il habite les 
hautes montagnes & les lieux couverts, 
& que la couleur eft fauve. Il a les 
pieds f le bec , la façon de voler , 
c ?lle de faire fon nid , Se la contenance 
du Merle noir ; il n'en diffère que par 
le plumage. On n'en voit que dans 
les montagnes, Se non dans la plaine 
d'Embrun. Sa chair a le même goût 
que celle du Merle noir. C'eft un des 
bons gibiers des gens du pays. 

^ Cet oifeau eft rare en Angleterre , 
dit A l B i n ( Tome I. n. 39. ) , & on 
le trouve dans les endroits les plus 
montagneux de ce pays, fur-tout aux 
environs de Peak. Il a , dit-il , onze 
pouces de longueur depuis la pointe 
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue , 
& dix-fept de largeur , les ailes éten- 
dues j le bec a un pouce de longueur 
Se quelque chofe déplus: il eft brun 
& noirâtre. Le dedans de fon bec eft 
jaune, Se la langue raboteufe ; l'iris 
eft de couleur de noifetief fombre , ti-' 
rant fur le noir. Le collier de delfus 
la gorge, précifément au-deifus de la 
poitrine, eft blanc & large d'un pouce 
en forme de croiffant , dont les cornes 
aboutiflent à la droite Se à la gauche 
du col. Chaque aile a dix-huit grandes 
plumes, la queue eftcompofée de dou- 
ze , chacune de la longueur de quatre 
pouces. La plus avancée en dehors eft 
un peu plus courte que les autres : les 
plumes extérieures de la queue font 
plus noires que celles du milieu. Les 
petites plumes fous les ailes font blan- 
châtres. Cet oifeau qui n'habite que 
les montagnes , eft nomm^par Gesnf.r 
Av. p. 6oj. par Ai.dro VANDE, Ornilh. 
Twr.e lll. 



MER j 7 

L. XVI. c. 11. par W I L T.U G H B Y , 
Ornuh. 143. t. 37. par Ray, Synop. 
Meth. Av. p. 6y n. %. par Jonston , 
Ornkh. 106. t. 39. par A 1. b i n , Se 
par les autres Naturaliftes , Merula 
torquata. 

Il y a un autre Merle à collier , 
que M. Linn*us( Fuma Suec. p. 
70. n. ) nomme Turdut , rofîro 

flavtfcente , torque fufeo. Ray doute 
fi cet oifeau eft une efpece particu- 
lière , ou s'il ne diffère du précédent 
que par le fexe , quoique fon collier 
ne foit pas blanc. C'eft la remarque 
que fait le favant Naturalifte Suédois. 
Cet oifeau fe retire comme le précé- 
dent dans les montagnes garnies de 
bois. W illughby (Ornith. 144. t. 
38.) en parle fous le nom de Merula 
montana , Se R a y ( Synop. meth. Av. 
p. 65. n. 3. ) » f°us celui de Merula. 
faxatilis. 

MERLE DE ROCHER, 
ou DE MONTAGNE, en La- 
tin Merula faxatilis, Se Ruticilla major, 
félon Olina. On donne ce nom à 
un oifeau , qui eft une efpece de Merle, 
qui n'a point de collier , qui eft nommé 
par M. LiNNjîuS (p. 71 . ». 187. ) , 
Turdus reElricibus rufis , duabus inter- 
mediis cinereis fafciâ niçricante , proxi- 
mâ apice cinereâ ; par Willughbt 
( Ornkh. 145. t. 3<J. ) , Merula faxa- 
tilir ; par Ray {Synop. <4v. p. 6%.), 
Merula faxatilis fturni generis , Se par 
Albin ( Tome III. n. 55. ) , Merula 
faxatilis ; en Suédois Lappiieata , Se 
Olyckrfogel ; en Anglois , the Greater 
Rodfiard. 

Cet oifeau fe trouve dans les bols 
de la Laponie , Se îl eft fi hardi , qu'en 
préfence du monde il ne craint point , 
quand on mange , de venir enlever fur 
les tables quelque chofe pour fe nour- 
rir. Ce volatil , dit le favant M LiN- 
Ntfus , a le bec noir , gros , court, 
triangulaire en deffous , les nageoires 
ovales couvertes de foie , la tête brune, 
le dos d'un pâle cendré ; les plumes en 
font groifes , mais il n'y en a pas en 

H 



5 3 MER 

quantité , & elles ne font pas conti- 
nues. Il a dix-huit plumes aux ailes 
de couleur brune , & ronfle à leur 
bafe : les trois premières font par de- 
grés plus courtes ; celles qui couvrent 
les plumes des ailes , Se qu'on nomme 
tetlrices , font ronfles. Ce Merle de ro- 
cher a la queue auffi longue que le corps 
& de couleur jaune , excepté deux plu- 
mes du milieu qui forment une bande 
noire; les pieds noirs, les ongles grands, 
le doigt de derrière foible , la pointe 
du bec bordée de chaque côté , ainfi 
que la langue. Cet oifeau eft aufTi celui 
qu'A ldrovande nomme Me- 
rula faxatilîs ; les Florentins , Turdus 
marinuj. Raï dit qu'on en voit affez 
en Italie , Se qu'il en a vu à Vienne 
en Autriche. Selon ce Naturalise , il 
eft égal Se fcmblable à l'Etourneau. 
Son bec eft noir, comme le marque M, 
Lins* us; fes pieds font de cou- 
leur plombée : il a le menton un peu 
blanc ,1e deflùs du corps varié de blanc, 
de noir Se de jaune , la tête Se le dos 
de couleur brune , ou tirant fur le 
noir ; le bout des petites plumes cen- 
dré , Se la queue roufle ou fauve. 
Voilà les marques caractéristiques de 
cet oifeau; mais fes couleurs dans les 
mâles différent beaucoup ,ajoute-t-il , 
de celles des femelles. 

M. K l e i n ( Ord. Av. p.-jo.n.ii .) 
dit que cet oifeau eft cendré ; qu'il a 
des taches blanches à la poitrine , les 
aïles brunes , les plumes tout autour 
du corps jaunes , le ventre rou; eâtre , 
le bec noîr , l'ouverture couleur d'or, 
&1-S pieds châtains : Cinereus , in pec- 
tore maculii al bis , alis fufeis , phtmis 
in ambttu luteis , ventre rubicundo , 
rofiro nigro , ricin aureo , pedibus caf- 
taneis. Albin nomme cet oifeau 
Merle démon agne , ou Cajjenoix , par- 
ceque comme le Cajfenoif'ette , en Latin 
Nacifragus, il fe nourrit de Noix. C'eft 
un très-bel oifeau , à caufe de la di- 
yerfité de fes taches. Celui que dé- 
crit Albin étoit plus grand que le 
Merle ordinaire > qui eft tacheté comme 



MER 

l'Etourneau , noirâtre par-deffus , Se 
moins couvert de taches fur la tête 8c 
fur le dos , ainfi que fur les ailes : ce» 
taches par tout le corps étaient toutes 
blanches , Se en forme de croiffant» 
plus grandes fur les aïles Se fur le 
derrière que fur la tête : le devant, de- 
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré- 
mité du ventre, étoit jaunâtre, mar- 
qué de taches couleur de rouille Se 
de blanc. Il avoit les grandes plumes 
des ailes noires , Se blanches à l'ex- 
trémité des bords , le deffus de la queue 
noîr , le deffous de couleur de rouille „ 
Se les pieds bruns. 

MERLE BLEU : Cet oifeau 
eft nommé en Grec Kvayoç , en Latin 
CtLnd&a. Avis. Aristûte ( Hifi. 
Anim. L. IX. c.zi.} parle de ce vola- 
til. Belon ( de la Nat. des Gif. p. 3 1 5. 
c. 24. ) dit qu'il en a vû dans les 
Mes de Candie , de Citherée ,de Cor- 
fou , d'Alzante Se de Negrepont , de 
même que dans la ville de Ragufe , Se 
en Tofcane , où les payfans le nom- 
ment yiftr/o biavo. 11 ne fréquente que 
les hautes montagnes , Se jamais les 
plaines : il eft de plus petite corpulence 
que le Merle noir ; il en a les pieds 
& le bec , mais {on plumage eft bleu. 
Il chante en cage comme le Merle , 
mais fa voix eft plaifante , & il vole 
beaucoup mieux : fa chaïr eft auffi 
bonne. C'eft ainfi que Belon 8c 
R a y ( Synop. Meth. Av. p. 66. ». 5. > 
parlent du Merle bleu. Ce dernier dit 
qu'on n'en voit ni en Italie , ni en Fran - 
ce, Se B e l o n marque qu'on en voit 
dans la République de Ragufe Se en 
Tofcane. 

Le même R a t ( ibid. n. 6. ) parle 
d'un autre Merle bUu des Indes, qui 
eft de la grandeur de l'Alouette vul- 
gaire : fbn bec eft droit Se pointu, il 
eft bleu par tout le corps , Se fa queue 
eft longue. Ce Nattiralifte n'en a vû 
qu'un defféché , Se il foupeonne que ce 
peut être le même que le précédent, 
Les Anglois nomment cet oifeau /«-- 
dian MeckrBird. 



MER 

MEULE BLANC, en Grec 
£*tov*M , en Latin Merula alha. Belon 
t L. VI. de la Nat. des Gif. c. 2 5 . p. 
317.) dit que le Merle blanc eft auffi 
rare aujourd'hui qu'il l'étoït du temps 
des Romains. Varsoh { de Re fttfi. 
L- III. ) en parlant des Poules fau- 
vages, marque qu'on voyoit peu de 
Merles blancs à Rome. Voici le paf- 
fage : In orncUibus publiais filent poni 
cum PJittacis ac Merulis albis , item, id 
geniis rébus inufitatis. Aristote 
{Htfl. Anim. L. IX. c. 19. ) parle du 
Merle blanc en ces termes : Il eft grand 
comme le Merle noir , Se fon chant eft 
le même. On n'en voit qu'en Arca- 
die , dans la contrée de Syllene , 8c 
non ailleurs Cet Auteur en parlant ainfi. 
avec aiïurance , ne parloir que fur le 
rapport des gens du pays. Mais Belon 
remarque que fi Alexandre eût 
régné en Savoye & en Auvergne , 
comme il régnoit en Arcadie , Aris- 
tote y eût envoyé des Oifeleurs , Se 
aurait dit fans doute d'après eux , nec 
ufqtlam alibi nafeens ; car les payfans 
d'Auvergne Scde Savoye , felonno- 
tre Ornithologue François , connoif- 
fent le Merle blanc. 11 n'y a nulle 
différence entre le Merle noir Se lui 
pour la grandeur , la corpulence , le 
bec , les pieds , les jambes , la ma- 
nière de vivre, Se pour le chant: fon 
nid eft le même ; il élevé fes petits 
de la même façon : fa chair a le même 
goût; mais tout fon plumage eft blanc 
ôc il ne fréquente que les montagnes. 
On en peut élever en cage. Voilà ce 
que ditBELONdu Merle blanc , qui 
n'eft pas un oifeau imaginaire , comme 
le croit le vulgaire , mais un oifeau 
rare. On en trouve en Afrique dans 
les pays de Bambuk Se de Galam :on 
y en voit auffi de marquetés. C'eft ce 
qu'on lit dansl' Bifioirc Générale des 
Voyages , Tome VIII. p. 485. Edit. 
in- 12. Albin ( Hifl. Nat. des Gif. 
Tome I. n. 37. Edit. Franc.) marque 
qu'on en voit de tout blancs fur les 
Alpes , Se fur d'autres montagnes éle- 



M E R jr, 

vées ; 8t l'on croit que cette altéra- 
tion de couleur provient de ce qu'ils 
demeurent continuellement dans ces 
pays froids. Ainfi le Merle blanc Se 
le Merle noir feroit le même , comme 
on le pourrait croire d'après Belon, 
n'ayant de différence que la couleur du 
plumage. WiLLUGHBY dit qu'il a vû à 
Rome , chez un Oifeleur, un Merle 
bigarré de blanc Se de noir : mais cela 
n'arrive que par accident , ajoute-t-il , 
comme dans le Corbeau , dans la Cor- 
neille , 8c dans les autres oifeaux. Ainfi 
ce Merle ne doit pas être cenfé faire 
une efpece différente du Merle noir. 
Mais quoi qu'en difent ces deux favans 
IchthyologueSjBELONScWiLLUGHSY, 
je crois devoir faire remarquer que 
le Merle blanc n'habite que les mon- 
tagnes , Se le Merle noir les plaines , 
les bois , Sec. 

MERLE PIC, nommé en La- 
tin Merula vulgaris , Se en Anglois the 
Picd-BlackrBird. 11 eft fait mention de 
cette forte d'oifeau dans la Nouvelle 
Hlfloire des Oifeaux, gravée par Al- 
bin. Voici corrfme l'Auteur {Tome II. 
n. 37. ) en parle. Le bec de ce Merle 
eft d'un jaune charmant , comme dans 
d'autres oifeaux mâles de cette efpe- 
ce. La prunelle de l'œil eft noire Se 
l'iris eft jaune : le fommet de la tête 
Se le deffus du col font blancs ; le blanc 
eft mélangé de taches noires qui tra- 
verfent le deffus du col Se la poitrine , 
qui font marquetés de taches noires 
oblongues. Il y a auffi %ux grandes 
taches blanches fur les plumes cou- 
vertes , Se deux autres à la naiffance 
de l'aile. Tout le refte du corps , c'eft- 
à-dire les ailes , le ventre . les cuiffes , 
Se la queue font noirs ; les jambes 8c 
les pieds font d'un brun forr.bre , & 
les griffes noires. 

MERLE DORÉ, en Latin 
Turdus ameus, Merula aurea,Aureolus, 
félon M. Klein ( Ord. Av. p. 66. 
». 7.). Cet oifeau , dit cet Auteur, 
eft le Ficus nidum fufpendenr d'Aï» 
droVande, Vliïerus de Pline. 

H ij 



6o MER 

L'oîfeau de Bengale, dont parle Albin 
< Tome III. n. zo.) , ainri que celui des 
Indes d'EDWARD ( Tome IL p. 77^' 
en font une variété. Schwenkfeld 
dit que ce Merle eft du genre des Pies. 
M. Klein fait voir qu'il n'en peut 
pas être , i°. parcequ'il fufpend fon 
nid , ce que ne font pas les Pics ; 2°. 
parcequ'il a la langue fourchue , ce 
qui ne convient point au genre du Pic, 
qui l'a pointue. Mais, dit M. Klein, il 
convient en tout au genre de la Grive. 
Il a le haut du bec jaune , le defTous 
luifant, le tronc du corps de couleur 
d'or, les ailes d'un bleu brunâtre , les 
pieds bleus , les ongles d'un brun rou- 
geâtre,8cla langue fourchue. Il varie 
ion chant , lequel eft aufïi clair que 
le fon de la flûte : il aime beaucoup 

le S t> &T ifc S 

MERLE DU BR ÉSILrC'eft 
un oifeau , difent Belon , Aldro- 
VANDe , Se Ray , dont tout le plu- 
mage , la queue Se les ailes exceptées 
qui font noires , eft d'un fi beau rouge , 
que la teinture , ni la peinture ne peu- 
vent L'imiter. Il a , dît R A Y ( Sytwp. 
Av. p. 66. n. 8. ) , les jambes Se les 
pieds noirs , Se le bec court comme 
les Moineaux. Il en a vû un confervé 
dans un Cabinet , de la grandeur pref- 
que d'une Grive , ayant une queue 
très-longue. Belon (p. 319.) qui 
rapporte la même chofe , ajoute que 
ics plumes rouges font noires à la ra- 
cine. Ni Bel o n , ni Ray, n'ont 
■vû aucun dFces oifeaux en vie. Ceux 
qu'on a apportés en Europe étoient 
defTéchés. 

MERLE COULEUR DE ROSE, 
en Latin Meritla rofea , félon Aldro- 
Vande. Les Fauconniers , dit-il , nom- 
ment cet oifeau Ét-oitweau marin, Stur- 
vus marinas ; 8c peutêtre forr bien , 
quoiqu'il ne foit pas tacheté. Il eft un 
peu plus petit que le Merle. 11 a le dos , 
la poitrine , le deflus desailes , de cou- 
leur de rofe , ou de couleur de chair. 
Ses ailes Se fa queue font noires;la par- 
lie du bec proche de la tête eft noire 5 



MER 

le refte eft de couleur de chafr. Cet 
oifeau paraît , dit Aldroyande, 
dans les campagnes d'Italie , Se fe plaît 
fur le fumier. R a y ( Synop.Av.p. 67. 
n. o.) ne dit rien de plus. 

Cet Auteur ( ihid. p. 66. n. 4. ) met 
dans le rang des Merles un oifeau qu'il 
nomme Pajferfoluarins- Il eft, dit-il, 
de la grandeur Se de la figure du Merle. 
Sa tête eft très-grande A proportion 
de fon corps: les mâles font de cou- 
leur bleue, maïs d'un bleu pourpré ; 
les femelles font d'un cendré tirant 
fur le noir. Il a au defTous du corps 
des lignes qui traverfent : elles font 
cendrées , noires , blanches , Se bien 
ondées: le bec eft noir, Seunpeuplu* 
grand que celui de la Grive: les jam- 
bes , les pieds , ainfi que les ongles 
font noirs , Se plus petits que ceux des 
oifeaux de ce genre. 

MERLE DES INDES, 
en Latin Merula bidica. II a la poi- 
trine couleur de vermillon. Ray (ibid. 
n. 10. ) n'a vû cet oifeau que deffé - 
ché : il eft de la grandeur Se de la fi- 
gure du Merle vulgaire. 11 eft noir fur 
le dos; les bords des plumes du crou- 
pion font cendrés ou blancs; fa poi- 
trine eft de couleur écarlate. 11 a le 
bec 8e la queue de notre Merle , Se Ray 
penfe que c'eft le Jacaptt de Marc 
Grave , ou du moins un oifeau qui 
lui refTemblc beaucoup. Voyez JA- 
CAPU. 

MERLE DE DEUX COU- 
LEURS ; C'eft un oifeau , feloa 
Aldrovande( Ornith. L. XVf. 
e. 12. 13. & 14.) dont le plumage 
eft brun , ou tirant fur le noir , Se roux. 
Le même Auteur parle d'une autre ef- * 
pece de Merle , qui lui eft femblable , 
8e qui porte proche du bec une ligne 
rouge. Il donne la defeription d'un 
troificme. Il n'a vû cet oifeau qu'en; 
peinture , ainfi que le premier. 

MERLES ÉTRANGERS,, 
en Latin Merula exoticœ. On en voit 
à la Louifiane , qui font plus gros que 
ceux de France 3 8c M. le Pag s. 



MER 

ÉuPratz, nous a dit que fa chair 
en eft plus dure, 

Sloane dans fon Hifioire Natu*- 
rellede la Jamaïque , parle d'une forte 
de Merle , que R A y { Synop. Av. App. 
p. i8<. n. 30. ) nomme en Latin Me- 
rula fuj'ca , en Anglois the Trusb , long 
de fept pouces , Se large de dix , les 
ailes étendues: longitudo feputneialis , 
latitudo de cent unciarttm. Il a le bec 
de la longueur du doigt , droit , Se en 
rond t de couleur d'orange Se une 
ligne noîre au bout. La queue a trois 
doigts de long ; les plumes du dos font 
d'un rouge obfcur ,- Se fous le menton 
il y a une tache blanche : le bas du 
col Se la poitrine font d'un brun clair, 
le ventre eft blanc , les jambes Se les 
pieds font de couleur d'orange. Il fré- 
quente les forêts montagneufes , Se on 
en mange la chair.. 

On voit , dit K o t B E ( D'efcription 
dit Cap de Bowie-Ffpérance , Tome HT. 
e. 18. p. 185.) des Merles au Cap de 
Bonne-Efpérance , & les campagnes en 
foùrmflènt de diverfes fortes. Les Eu- 
ropéens leur donnent le nom de Merle , 
autfî faut-il avouer, félon l'Auteur, 
que leur chant fe reffcmble beaucoup; 
les uns ont les plumes parfaitement 
noires avec le bec doré ; les autres ont 
toutes leurs plumes brunes , & le bec 
noir. Une troilieme efpece a les plumes 
rougeâtres Se le bec brun foncé. Dans 
les Colonies ils fe retirent le plus fou- 
vent fur les Lauriers ; mais dans les 
autres endroits du Cap , ils fe retirent 
dans les bui fions d'épines. 

On connoît dans lîlfle de Tabago 
deux fortes de Merles : les uns font gros 
êc leur chair ne le cède en rien à celle 
des Pigeons ; les autres , qui font plus 
petits , reffemblentau Merle d'Europe , 
finon qu'ils ont le bec plus long. La 
chair de ces derniers a le goût de celle 
de l'Etourneau-Sanfonnet , mais il faut 
en ôter la peau , fans quoi ils ont le 
goût amer. 

Les Merles du Méxiqui font d'un- 
gris brun, mêlé de roux. Le deflus du 



M E II $% 

corps Se des ailes eft d'un gris lavé. 
Ils ftirpafTent en grandeur les Grives? 
d'Hollande , Se ils ont le bec plus 1 argô' 
Se plus long , dit S e b A , lab. 64, 

L'îfle de Hay-NTan , à la" Chine ,. 
fournit une efpece de Merle d'un blea 
foncé , avec des oreilles jaunes d'urt 
demi-pouce de longueur , qui parle 
& chante en perfection. 

MERLE AQUATIQUE,, 
en Latin Merula aquatica ; en Anglois 
Water-Oi\iz„el ; en Suédois JVaXnjlars. 
On lit d;ns Al b i n {Tome II. n. 39. > 
que ces fortes de Mtrles fréquentent 
en Angleterre les rivières pierreufes , 
Se les eaux venant des lieux monta-- 
tagneux de Galles , de IVorthumber- 
land , de'Weftmorland ,.d'Yorck r Sec. 
Quoiqu'ils fe nourriifent de poiffon , 
cependant ils s'accommodent fort 
bien des infectes , lorfqu'ils les tien- 
nent fur le bord des eaux : ils agitent 
leur queue de temps à autre, Se quoi- 
qu'ils n'ayent pas les pieds plats , nî 
garnis de membranes , ils fe plongent 
tout-à-fait fous l'eau. Ces oifeaux rte 
vont point par bandes; ils ne fe tien- 
nent jamais avec leurs femelles que 
dans le temps qu'ils veulent s'accou- 
pler. Le Merle aquatique a dix-huit 
pouces Se demi de longueur delà pointe 
du bec jufqu'.i l'extrémité de la queue, 
& neuf pouces jufqu'à celle des griffes. 
Les ailes étendues occupent un efpace 
de quatorze pouces. Son corps eft plu-s 
court que celui du Merle ordinaire ; 
fon col eft plus épais ; le bee eft drois> 
pointu , plus délié que celui du Merle. 
Il a environ un pouce de longueur 
depuis la pointe jufqu'aux coins de la 
bouche; la couleur en eft noirâtre. Le 
plumage de la tête , Se du defiûs du 
c-ol, eft d'une couleur fombre ou noi- 
re , teinte de rouge : celui du dos en- 
tier, de même que les plumes princi- 
pales Se couvertes des ailes, font bi- 
garrés de noir , Se de couleur 1 cen- 
drée : les plumes du milieu fonc noi- 
res , & de couleur bleue : le deflus du» 



6z MER 

col , Se le devant de la poitrine , font 
blancs comme du lait ; les plumes qui 
font contigues à ce blanc font rougeâ- 
très : le bas du ventre , vers la queue , 
eft noir ; les paupières font routes 
blanches. 11 a dix-huit plumes dans 
chaque aile. La queue eft plus longue 
que celle des autres oifeaux qui por- 
tent le nom de Merle , Se n'a que deux 
pouces Se demi de longueur; elle eft 
compofée de douze plumes d'une 
égale longueur. Les jambes , de mê- 
me que les pieds Se les griffes , font de 
couleur noire ; le doigt de devant , 
le plus avancé en dehors , eft uni à 
celui du milieu. La langue eft noire Se 
déliée , un peu fendue à la pointe : les 
cercles, qui entourent les paupières, 
font grands , larges , Se d'une belle 
couleur de Noifetier : les yeux font 
fournis de membranes qui les lient; 
les narines font longues. Le plumage 
qui couvre le corps , eft épais , com- 
me dans tous les autres oifeaux aqua- 
tiques. 

M. Linnius( Fauna Suec. p. 8 2 . 
«. % 1 6. ) range le Merle aquatique par- 
mi les Aves FajJ'eres , & du genre des 
Motacilla. 11 le nomme MotacUla pec- 
tore albo , corpore nigro. Gesner {Av. 
p.6oQ.) l'appelle Msrula. aquaùca , 
ou Miliaria ; 8e les autres NaturaHir.es, 
comme Jonston çOrnith. ), Wa- 
Hjghbt( Ornïtb. 1 04. t. 24. ) , Se 
■ R A Y C Synop. Av. p. 66. n. 7.) , Me- 
rula aquaùca. On voit , dît le favant 
Naturalise Suédois , de ces oifeaux 
pendant toute Tannée en Suéde. : l'hi- 
ver ils ne quittent point les gouffres 
des rivières , ni les chutes d'eau , Se ils 
y vivent d'infectes. 

MERLE, poiffon de mer , du 
genre des Labres , félon Artedi 
\lchth. Part. V. p. y 5. »■ 7;)> % ui le 
met dans le rang des poiiTons à na- 
geoires épineufcs , inter Pijces acm- 
thopterygios , 8e le nomme Labrus 
C&rtdeo - nigricans. C'eft le KoTlupoe 
d'A R I S T O T E , Hifi- Anim. L. VIIL 
f. I J. & 30. d'AT H ÉNEEj L. VIL 



MER 

/ IJ2. 35. &d'OPPIEN, L.T. p. 19. 

& L. IV. le &6T%f oi 6**«t7m<; d'ËuEN , 
L. I. c. 1 4. & qui eft nommé Merula 
par Columelle, L. VIIL c I 6. 
ainfi que par Ovide , v. 1 14. Pline, 
Hifi. Nat. L. IX. c.i$,&L. XXXIL 
c. 1 1 . A M s r o s 1 M , L. V. e. 2 . p. 5 2. 

G A Z A , fur A R I S T O T E , Lïtt. C. 

Paul J o v e , c. 20. p. 87. & 88. 
Belon . dePiJcib. Salvien,/o/. 220. 
Gesner, de Aquat. p. 642 . Jons- 
ton, i. /. c. 1. Charleton, 
p. 1 3 3.W 1 l lu g h b y , p. 320. Ray, 
Synop. Av. p. 137.ALDRO van de, 
L. I. c. 6. Se Rondelet , L. VI. c. 5. 
p. 148. Edit. Franc, en parlent. 

Ce dernier Ichthyologue dît que 
quelques Auteurs n'ont point fait de 
différence entre le Merle , poiffon , en 
Latin Merula , 3e le lourd , ou Grive, 
autre poiffon , nommé en Latin Tur- 
dus ; d'autres lui ont donné le nom de 
Rochau. LeMerle, félon Rondelet, 
eft un poiffon de rocher , femblable à 
la Perche de rivière pour la figure du 
corps. Sa couleur tire entre le bleu 
Se le noir: celle du mâle approche du 
violet , Se celle de la femelle eft plus 
noire. Sa bouche eft garnie de dents 
pointues Se courbes ; fes lèvres , fes 
yeux , fes nageoires , fes écailles , & 
autres parties ièmblables , font pareil- 
les à celles des autres poiffons faxati- 
les : fon foie eft grand ; la bourfe du 
fiel y pend. Il a les boyaux larges , 
l'eftomac long , la rate petite , Se le 
cœur fait en angle : il a les ouies fai- 
tes comme celles des autres poiffons. 
Il Te nourrit de moufle, d'Hériiïbns de 
mer , Se de petits poiffons. Rondelet 
dit en avoir trouvé dans fon efto- 
mac. 

Selon Aristote, les Merles Se les 
Tourds changent de couleur félon les 
faifons , comme certains oifeaux : dans 
le printemps , elle eft plus obfcure ; 
dans l'été , elle eft claire Se moins 
noire ; ce qui fait dire à Aristote 
que ces poiffons deviennent blancs. 
Pline loue le Merle entre les poiffons 



MER 

Êaaeiïks. Sa cbaïr eft tendre, molle , de 
facile digeftion, nourrît peu, engendre 
lin très- bon fuc. Ce poiiTon bouilli eft 
bon à ceux qui ont la fièvre ; frit , 
érant faupoudré de farine pour qu'il ne 
fe carte pas , il eft excellent. 

Quelques Naturalistes ont donné 
une autre forte de Merle , que celui de 
Rondelet ; mais ce dernier fait voir 
qu'ils fe font trompés , Se que le fien 
eft le véritable Merle des Anciens : 
voici comme iL le prouve. Le bleu cou- 
vert , ou le pourpre couvert & okjeur 
des Anciens étoit appellé noir ; com- 
me ils difoient la pourpre noire , la vio- 
lette noire , ils difoient auflî le Alerte 
noir. Or le Merle poiffon, reffemblant 
au Merle oifeau , eft noir i d'où il faut 
conclure que le Merle noir, ou Mtrle 
bleu y ou pourpré couvert , félon les 
Anciens , font le môme que celui dont 
il eft ici queftion. Le même Natura- 
liste le prouve encore par Athénée , 
dans lequel N u M E N i us nomme ce 
poiiïbn KstIu^oî fti^xyxiùoç, c'eft-à-dire 
Merle de couleur noire. De plus , félon 
Aristo te, ce poiflon change de 
couleur en hiver , Se au printemps il 
eft plus noir. La même chofe arrive à 
celui de Rondelet , qui eft un poif- 
fon faxatile , Se qui a la chair tendre 8c 
friable , en quoi il reiTemble encore à 
celui d'A ristote. Gesner eft 
du nombre de ceux qui admettent 
deux poiObns de ce nom. 11 dit que le 
fécond a le dos noir; que les nageoi- 
res , que la queue , & les environs des 
ouïes, font bleus ; mais que la chair , 
pour le goût , efl la même chofe que 
celle du précédent, he Merle, dont je 
viens de parler , eft le Turdus rugir de 
Salvien. Scaliger appelle la 11 anche 
en Latin Merula. fluvLititis. Voyez 
TANCHE. 

M E R L U , ou M E R L U- 
C H E *, efpece de Morue , dont 
Ar i s tôt e (L, VIII. c. 15. L. IX. 

*Ce poiiïbn eft nomnK 4 en Grec o»«î ; en 
Latin Merhcius, & Afiltut ; en Anglois , 
the Hake ; en Italien Mtr/wo-, ou AJeMo ; à 



MER <?3 

C Vf. y, A T H É N É E ( L. VU. C. 3 I 5.) 

& O p p 1 e n ( H al. L. L jh 5. & L. H. 
p. 59. ) , parlent fous le nom dV: ïcç ~ y 
El 1 en (L. IX. c. 38. L. V. c. 20. 
p. 276, ) fous celui de &axâr%i ; 
D o r 1 o n ( L. VIL p. 315.), dans 
Athénée , fous celui de ra<Tûç , 
dont A r T e d 1 a fait le nom généri- 
que de Gadus , fous lequel il désigne, 
tous les poilTons de ce genre. Ce poif- 
fon eft le Bacchus Se V Ajellus d« 
Pline ( L. IX. c. \6. & 17.); le 
Merlitcïus de B e l o n (de Pijcib. ) ; 
VAfe'dus d'O vide (v. i 3 1 . J , ainft 
que de V A R R o n C L. IV. de Ling. 
Lat.), de Paul JoveO. 20. p. 87.), 

deRoNDELET(L, IX. C. S. p. ZI 6. 

Edit. Franc.); V Afellus minor de Sal- 
ViEN (fol. 73. ) ; le Mcrlucius d'AL- 

DROVANDE (L. 3. C. 2. p. 286".) , de 

Ray (Synop. Pïjc. p. $6.), de W i L- 
lu G h b ï ( p. 174. y, & de Jo N S- 
toh(A Pijcib. ) ; Se enfin VAfttlus 

fufcUS de CHARLETON,p, 122. 

Artedi ( Ichth. Part. V. p. 3 6. ». 10. > 
nomme ce poiiTon Gadus dorfo dypte- 
rygio , maxillâ ïnferiore longiore , Se il 
le met dans le rang des poïflbns à na- 
geoires molles , tnter Pifces malacopte- 
rygios. 

Tous les Afellusy ou les différentes 
elpeces de Morues , n'ont pas été con- 
nus des Anciens. Pour le Merlu, qui 
vit dans !a haute mer, il croît jufqu'à 
une coudée Se quelquefois plus; il a 
le dos gris-cendré, le ventre blanc r 
la queue quarrée , la tête avancée Se 
plate , les yeux grands , l'ouverture - 
de la bouche grande, la mâchoire de 
deftbus un peu plus grande & plus lar- 
ge que celle de delTiis : toutes deux 
font garnies de dents aiguës & cour- 
bes ; après la langue il a des os deffus 
Se d efTous & un conduit par où la nour- 
riture defeend dans l'eftomac ; vis-à- 
vis le cœur deux autres plus longs 
qui empêchent que les poiiTons qu'il 

Gènes , on lui donne le nom d'4/îno, & celui 
de Nazetto en d autres endroits d'Italie ; ojï 
I appelle en Hoilandois Schllvtsh, 



tf 4 M E R. 

avale ne lui bleffent le cœur avec leurs 
aiguillons. Ce poilTon eft goulu. Il a 
quatre ouies de chaque côté , entre 
lefquelles eft le cœur , de la figure du 
noyau du fruit de Palmier , nommé 
datte. Il paroît , dit Rondelet, 
qu'A T H é n ée s'eft trompé , en rap- 
portant que ce poilïon eft le feul qui 
ait le cœur dans le ventre , foit qu'il 
entende , ajoute le Naturalise Fran- 
çois , par le ventre, le creux qui eft 
au-deffous du diaphragme , ou celui 
qui eft au-deffus du diaphragme. Ce 
poiffon a le cœur placé au même en- 
droit où l'ont tous les autres poilTons : 
du refte il a l'eftomac grand , large en 
haut, pointu en bas, le foie blanchâ- 
tre , où pend une bourfe pleine de 
fiel verd ; après l'eftomac luit un boyau 
d'abord étroit, enfuite large Se grand, 
Se qui finit par être étroit ; la rate eft 
rougeàtre Se placée au milieu du mé- 
ientere ; fous l'épine du dos il a une 
veffie pleine d'air : proche des ouies 
deux nageoires : deux autres plus près 
de la bouche , comme quelques poif- 
fons d'eau douce ; l'anus eft placé 
haut ."tout proche il a une nageoire , 
qui va jufqu'à la queue , une pareille 
iùrledos , une plus petite vers la tête 
Se un trait , ou une ligne qui commen- 
ce aux fournis Se finit à la queue. 

Quand le Merlu , f;lon Galien, 
prend de bonne nourriture Se en eau 
çlaire , fa chair eft auffi bonne que celle 
des poilTons faxatiles : quand il en 
prend ce mauvaîfe dans les eaux bour- 
beufes , fa chair eft molle , greffe , 
gluante , n'eft pas d'un bon goût Se 
devient une nourriture excrémenteufe. 
Le foie du Merlu eft un mets délicat. 
Dans l'été ce poiffon fe tient long- 
temps caché , fi l'on en veut croire 
Arist.otej cependant nos Pê- 
cheurs en prennent prefque en tout 
temps. Pline dit qu'il y a deux efpeces 
de Merlu, une grande & une petite. 
On en pêche en fi grand nombre en 
Angleterre , qu'on en porte de falés 
defféchés prefque par toute l'Eu- 



M E R 

rope , Se lï le Merlu ne nageoït pas ets 
troupe , on n'en pecheroit pas tant. 
Il n'a point de barbillons pour attirer 
les autres poiffons Se les manger. Son 
corps eft tout couvert de gravier : c'eft 
ce qu'A r i s T o t e dit de l'uvoç. Le 
Merlu n'a point le ventre tacheté , 
comme le rapporte Epicharm us 
d'un autre poilfon nommé ÔW," ce qui 
fait voir qu'il a été connu des An- 
ciens, comme Galien , Philotime 
&c DoRion, qui ont donné les noms 
d'.i'yot & d Of itiUf à des poiffons bien 
différens. Selon Rondelet , VOnifcot 
n'eft pas toujours le même que YOnos, 
mais un poilfon bien différent , comme 
le marque Athénée. Oppien met 
auffi de la différence entre l'un & l'au- 
tre. Il range l'Onos parmi les poiffons 
qui vivent en haute mer, & YOnifcos 
parmi ceux qui vivent fur les rivages 
fangeux. Turnerus dans une Epître 
à Gesneu,Willughby Se Ray 
difent que VOmseâ Y Afellus des An- 
ciens , Se cet AJellus des Anciens eft 
YÉglefin des autres Naturalises mo- 
dernes. C'eft apparemment cet Onos , 
qui , félon Rondelet , fe trouve fur 
les rivages fangeux. Le Merlu a eu en 
Latin le nom de Merlucius , comme 
qui diroit maris Lucius , Brochet de 
mer, pareequ'il fait fa nourriture des 
petits poiffons qu'il rencontre : c'eft 
même le nom qu'on lui a donné. Les 
Hollandois ne font point de cas de ce 
poiffon , pareequ'il eft très-commun 
parmi eux; cependant , dit Rieger 
( Ititrod. ad not. rer. nat. & artefacl, 
Tom. I. p. 9<Jj.), fa chair eft tendre , 
friable Se d'un fort bon goût. On en 
fait beaucoup de cas en Weftphalie. 
M. A N D E R S o N dit que la Merluche , 
ou Merlu eft une efpece de Cabéliau. 
Voyez au mot W1TTL1NG, 
où je rapporte tout ce qu'en dit ce 
Naturalifte. 

Les Indiens ont aufïï une efpece de 
Merlu , dit Ruysch (dePifciù. p. 3 1. 
lab. 16. ». 9.) , qu'ils nomment Kair. 
Us la font fécher au foleil. Elle a plus 

de 



MER MES 

de trois pieds de long, eft de &8êt&A* 
tes coukurs & retTemble affez à notre 
plus grande Morue. La principale de 
fés couleurs eft jaune: les autres font 
des taches , pour la plupart bleues: 
il faut en excepter une ligne , qui com- 
mence au milieu du corps , & finit à la 
queue, laquelle ligne eft bleue & rouiTe. 

MEKOS , nom que les Portugais 
donnent à un grand poilfon du Bréfil , 
qui eft le Jacob Evsrjên des Hoilandois 
& le Cuvupit-G tacu de MaiïC Grave. 
Voyez CU GUPU-GUACU. 

MEROPS , en Latin Apiafler , 
oifeau de la grandeur d'un Merle. On 
îe nomme en François Guêpier. Voyez 
ce mot. 

MES 

MES AL, nom que M. Adanson 
( Hifi. des Coquillages dit Sénégal , 
p. i 59.) donne à un Coquillagcopcr- 
culé, qui eft la feptLme cfpece de 
fon genre de Cérite. Il eft figuré , 
Planche X. h. 7. Sa Goquille , dit-il, 
reflemble infiniment à la fixieme cfpece 
de ce genre , qu'il nomme Ligar , 
mais elle n'a gueres plus de deux pou- 
ces 3c demi de longueur ; fes dix-fept 
à dix - huit fpires font auffi entou- 
rées de cinq à fix canelures , mais fi 
finies, qu'elles femblent autant de fi- 
lets fort écartés les uns des autres ; le 
fommet ne furpalTe que trois fois la 
longueur de la première fpire; l'ou- 
verture rt'eft pas tout-à-fait ronde , 
mais un peu allongée ; la lèvre gau- 
che paroît repliée comme une petite 
plaque fur la féconde fpire ; le fond 
de fa couleur eft quelquefois blanc , 
mais ordinairement d'une agathe fort 
claire. 

L'Auteur range fous le nom de Mé- 
Jal , le Turbo Uvi tefiâ , in mari Adria- 
ticofrequens , fubtUijfimis crenis crifpa- 
tus , colore lapïd'u Tiburtini , tribus 
Juprà decem orbibus , licet mole parvus, 
extenfus de BoNanni , Recréât, p. n 6. 
Claff. 3. n. 23. Se de M. K L E 1 N , 
Tent. 1. p. ^o.yp. 2. B. >i. 2. A. 
Tome 111. 



•M E S- 6$ 

Le Turbo alter , mole major , decem 
tantiim orbibus finitus , valdè tumejeen- 
tibus , omnino lœvigatis , colore mar- 
moreo , jïtbalbido & aliquantullim ve- 
tuftate [tavejeente du même , ». 24. 8c 
du A'tujdum de Kirker , p, 45 1. 
n. 23. çr 24. 

La Cochlea albida , ad imum quemque 
orbem unà vel altéra flr'ui majujeua 
de L 1 s t t k , Hijl. Conckyl. Tab. 501. 
». 5<1 

Le Turbo ïnteger , vulgaris , Uvis de 
Langhius, Meth.pag. 47. 

Le Strombus Conchuïdcs ,fpiris torofîs 
ftriatis carminatus , albidus , ad imum 
mitmque orbem unâ vel altéra Jhià 
majujculâ , ore rotundo , parura ad fi- 
nifiram labiato du même , ibid. 

MÉSANGE , genre de petits 
oifeaux, qui font les 1 />/■&<* Aoi d'An is- 
T o t E & les Pari des Latins , mis par 
M. Linn/ïus parmi les Aves F après. 
Les marques cara^cériftiques des diffé- 
rentes eJpeces de Mé fanges font d'a- 
voir le bec court Si noir, de voltiger 
autour des arbres , de s'y nourrir prin- 
cipalement d'infeélcs , de faire leurs 
nids dans les trous des arbres, ce qut 
leur a fait peut-être donner le nom de 
Titmouji en Anglois , dit Ray. T u r- 
n e r u s dit que les Méfanges fe nour- 
riffent suffi de graines de Chanvre & 
de noyaux de fruits, qu'elles ouvrent 
avec leur bec. Toutes les Méfanges, 
excepté \a Méfange à longue queue , ont 
les pieds de couleur plombée. 

BELONparlede lu grande Mé fange , 
autrement nommée Notmette , de la 
Méfange à longue queue , de la Méf an- 
ge bleue. Aristote a fait mention de 
ces trois cfpeces. B e l o n y ajoute une 
quatrième cfpece , qui eft la Méfange 
à tête noire. Gesner , Aldrovande , 
Ray, Albin & M. Linnjeus 
ajoutent à ces quatre efpeces la Mé- 
fange hitpée Se la Méfange de marais. 
Il y a encore, félon À L a 1 K , la Mé- 
fange barbue dejuthland , une Méfange 
des Indes , félon AldrovandeSc 
enfin les Méfanges du Cap de Bonne- 



'tftf MES 

Efpérafiee. Gesner donne te nom 
de Méfange de bais , en Latin parus 
fylvtticus à. un petit oifeau, qui a paru 
àWiLLUGHBY être Je Roitelet hupé. 
M. Klein C Or do Av. p. 84. ) fait 
des différentes efpeces de Mffanges le 
neuvième- genre de la quatrième fa- 
mille de fea cvfcaux. Il en donne juf- 
qu'A quinze efpeces, dont à la vérité 
le plus grand nombre font des efpeces 
étrangères. Les Auteurs de la Suite, 
de la Matière Médicale comptent lix 
efpeces de Mcjangcs , firvotr la grojfe 
•u grande Méfange, la Méjangt àtete 
noire , la Méfatlgè de marais , que peu 
de gens connoiffent , la Méjange bleue, 
fort joli oifeau , la Méjange à longue 
queue & la Méjange hupée. 

Grande , ou Grojfe MESAN- 
G E*,. nommée Parus par D a L e 
( Pbarm. p. 422.) & par L è ME R Y, 
p. 6"c8. Fringillago & Farorum raaxi- 
ma par B e t o h ( des Gif- p. 3 67. ) : 
Parus major par Gesner (de Avib. 
p. 578. ) , par Aldrovande 
(Ortiith. i. p. 7 10.) , par M E R R ET 
( Pin. p. 178,) , par Jonston (de 
Avib. p.$6. ) , Se par Char leton 
{ Exercit. p. 96.): Parus Carbon ar lus 
major par Schroderus, p. 332. Parus 
Carbonarius parScHWEMCKFELD 
(Aviar. SileJ. p. 318.): Fringillago, 
Jeu Parus major par W 1 L L u g h b y 
(Ornith, p. 174.)» par Ray ( Synop. 
Meth. Avium p. 73.).» par Albin 

* La grojfe Méfange, comme le rapportent 
les Auteurs de la Suite de la Matière Médi- 
cale , autrement dite Mefenge , ou Marenge , 
Ô Méfangert , ou Mufangere, eitaufïi appel! ce 
Mefengle , Lardere , ou Lard. relie , Ardirdle,- 
ou ArdcroUe , ainfi que Méfange- Sonnette , 
Charbonnitre , ou Tinççnnitre , & Croque^ 
Abeille , autrement Cmiriïïe , qui fe nomme 
en Grec À'y>ts>.'< ; en Italien Parifola, oit 
Farufcla Maggiore ; en Allemand , Spiegel- 
Metfe , comme qui diroic Méfange à miroir , 
à caule ries tachej blanches & jaunes qu elle 
a parmi les autres t elle porte en Anglois le 
nom rie Crvat-Tittncufe, ou celui ieOx-Eye , 
& en Suédois celui rie Talg-Oxe. En Berr> & 
et> Sologne les gens de la campagne l'ap- 
pellcm vulgairementle Perron des Maréchaux , 
sLcaute qu'elle, repjete fort fouveut tii, ti, ti 



M E S 

(Tomel n.4,6.) , Se par M. LiNffiFUs 

( Fauna Stuc. n. 238. ) Paru* oa pif p 
nigro , temporibus albis , macula lutea. 
Les deferiptions qu'Al.DROVANDE j. 
"Willughby , Belon , &ç. font de la 
grande Méfange , différent. Cela n'eft 
point étonnant : c'eft la remarque 
d'A 1, drovandEj & je l'ai déjà dit 
ailleurs. La Nature , toujours féconde 
dans fes productions , aime à fe jouer 
& il n'ell point étonnant que la diver- 
fité de l'air, du climat & des contrées 
mette aulTi de la différence dans le 
plumage des oifeaux de la même tf- 
pece.. 

Cet oifeau , félon WiuUGKBT,. 
eft prefque égal au Pinçon: il pefe à 
peine une once. 11 a depuis le bout du 
bec , jufqu'au bout de la queue un 
demi-pied de long , & entre les ex— 
trémités des ailes étendues neuf pou- 
ces de large. A L b 1 K ne lui donne que 
fix pouces de longueur depuis la pointe 
du bec jufquM l'extrémité de la queue , 
& neuf pouces & demi de large , les 
ailes étendues. Il a le bec droit, noir, 
d'un demi-pouce de longueur : les 
deux mâchoires de pareille longueur 
la langue terminée en quatre filamens , 
(Albin marque deux); les pieds 
bleuâtres, ou couleur de plomb; les 
doigts extérieurs joints jufqu'à un cer- 
tain point à celui du milieu ; la tête & 
le menton noirs ; au-delTous des yeux „ 
de chaque côté, une raie large, ou 

comme fi elle frapport furune enclume, fur- 
tout quand le temps menace de froid & d» 
gelée , & c'eft apparemment pour la mcnie 
railbn qu'on l'appelle en Provence le Sirru- 
rier. Quant au mot Méfange , le Pe re L a b b e- 
croit qu'il vient du mélange des plumes de 
l'oifeau ; mais ce Pere n'a pas en cela bien 
rencontré , (i l'on en croit Mena oï , qui le ! 
fait venir de l'Allemand Mif nke. Selon M.- 
J a u l t , d'après W a c h t e «. , k s Allemands 
difent Meife , Si les Flamands Meyt ; autre- 
fois les Anglo-Saxons difoient Mafe. or ces- 
mots ont beaucoup de reffemblance avec le 
Grec inufité Mt'î«« , mon rend en Latin par - 
le mot de parrus . & ij y a grande apparence 
que la Méfange a été air.fi nommée à caufe de b 
fa petitelle. C/.tisey, p t 64. appelle tet oi- 
feau Méjaugt-Vinjon, ■ 



Tv! E S 

tache Manche rcm-.,v;uuble , qui patte 
en arrière & entoure les joues ; au 
derrière de la tète une autre tache blan- 
che, terminée d'un côté par le noir 
Je ia tête , Se de l'autre par le jaune 
du col; le col, les épaules, le milieu 
du dos d'un verd jaunâtre; le croupion 
bleu; la poitrine, le ventre Se les 
cuiiïes jaunes , mais le bas-ventre eft 
blanchâtre ; le milieu de la poitrine Se 
du ventre divifé par une ligne large, 
noire , qui Ce continue depuis la gorge 
jufqu'à l'anus; les fortes Se longues 
plumes de l'aile font au nombre de 
dix-huit, dont les petites , qui font 
le plus en dehors , font fombres , ayant 
des pointes blanches , ou en partie 
blanches , ou en partie bleues ; les 
bords extérieurs de celles qui font con- 
tinues au corps font verds. Quant ans 
plumes couvertes du premier rang , 
celles qui font vers le milieu de l'aile 
font avec leur pointe blanchâtre une 
bande en travers, tirant fur le blanc; 
les plus petites plumes couvertes de 
l'aile font bleues ; la queue a environ 
deux pouces Se demi de longueur ; 
elle eft compofée de douze plumes , 
dont les girouettes extérieures font 
bleues , ou d'une couleur de frêne 
fombre , excepté celle de la plume la 
plus avancée en dehors, les girouettes 
intérieures étant noires ; les plumes 
les plus extérieures de toutes ont leurs 
girouettes extérieures & leurs poin- 
tes blanches. Le Doeteur d'Herran 
■a remarqué que le mâle de la grandi 
M J fange eft un peu plus grand que 
la femelle , Se que la lifiere ou le trait 
noir qui eft fur la poitrine Se fur le 
ventre du mâle , eft beaucoup plus 
large & plus luîfant qu'il ne l'eft dans 
la femelle. 

B e l o m parle en ces termes de la 
plus grande efpece de Méjange. Elle 
fe tient , dit-il, au bois, monte Se def- 
■cend à la manière du Pic verd , s'ac- 
crochant aux troncs des arbres. Elle 
ne fe volt pas fi communément en été 
qu'en automne. Elle paroît quand la 



M E S 67 
Bergeronnette s'en va , & alors on en 
trouve en grande abondance. Le Vul- 
gaire a trouvé une invention pour 
prendre les Méfanges , qui eft puérile : 
c'eft qu'ils pendent une noix entamée , 
autour de laquelle ils tendent plufieurs 
petits collets (Impies , de queue de 
Cheval , Se les Méf anges voulant ve- 
nir manger la noix fe pendent par les 
pieds, 8c là trouvant les collets font 
ainfiprifes. Elles portent une coëffure 
fur la tête , ainfî que cette efpece de 
petite Oie , qu'on nomme Crevant : 
de-là vient que toutes deux font ap- 
pelles NoneHes. Cette Méfange eft 
de la grandeur d'un Pinçon, comme 
le dit Aristote. Elle a un petit bec 
bien tranchant , rond , Se qui n'eft gue- 
res long, mais pointu Se tirant fur le 
noir; la coeffure qui lui couvre la tête 
eft fi noire , qu'elle en ternit : elle lui 
prend jufques deiTus la gorge Se par 
deffus les côtés du col ; mais elle a les 
temples blanches , comme auifi une 
tache blanche en chaque côté; les plu- 
mes du deiTus du dos font de couleur 
de celles d'un Verdier; mais elle eft 
jaune defibus le ventre , comme une 
Bergeronnette, ayant les ailes comme 
celles d'une Lavandière ; fon col eft 
de couleur cendrée ; les plis de fes ai- 
les font verds, ayant aulfi une 'ligne 
fur l'aile en travers de couleur pâle; 
fa queue eft pour la plus grande partie 
cendrée ; les deux dernières plumes 
aux bords de chaque côté font blan- 
châtres : cet oifeau a de bonnes jambes 
& de bons pieds, Se fi l'on faiteomparai- 
fon du grand au petit , ils font abfolu- 
ment femblables à ceux du Loriot ; 
car ils les ont tous deux de couleur 
plombée , avec de bons ongles & de 
gros doigts ; mais les jambes font 
courtes. Cette efpece ne fe pend pas 
tant aux branches que les autres. Elle 
fait une grande quantité de petits, le 
plus fouvent douze ou quinze pour 
une nichée. Toutes les Méfanges ont 
les plumes fi avant fur le bec & fi lon- 
guettes , qu'elles en paroiflent hu- 



M E S 



M E S 



pées. C'eft ainfi que Bïio n p:rî° de 
cet oifsau. 

O i. i na , p. ^o. pppeile la gr*jp 
Méfange , Sp*m;iz.z.>jla Se dit qu'elle 
pond d'une feule couvée huit ou neuf 
œufs dans le creux des arbres : qu'elle 
eh: la plus eftimée des M éf anges pour 
le chant : qu'elle vit quatre ou cinq 
Ans : que fou cri ennuie & fatigue aviez 
louveut : que c'ell un oifeau cou- 
rageux , qui défend fes petits des au- 
tres oifeaux avec beaucoup de bra- 
voure : que les Me fanges volent par 
troupes de fix ou fept , & quelquefois 
davantage. Olina ne s'accorde pas 
ici avec Belon pour le nombre des 
rrufs que l'oifeau pond à chaque cou- 
vée. M. Zinanni n'en fait aucune 
mention dans fon Traite des oeufs & dis 
nids des Oifeaux. Les Auteurs de la 
Suite de la Matière Médicale difent en 
avoir beaucoup déniché : qu'ils ont 
trouvé pour l'ordinaire neuf œufs d'un 
blanc de couleur cendrée , parfemés 
de points rougeâtres , fur - tout au 
gros bout, dans un nid évafé ou ap- 
plati * Se fait de bourre t du moins en 
grande partie. 

Cette efpece de Méfange , nommée 
Charbonnière a pris fon nom des ban- 
des Se des taches noires. D'autres , 
comme Catesbï , l'appellent Méfange- 
Pinçon , à caufe de la reflemblance des 
deux cris. Les mâles ont une bande noi- 
re, plus longue que celle des femelle s , 
qui s'étend en deffous , & le long du 
ventre. Cela les fait encore appeller 
Mé fanges brûlées ; mais le nom de Mé- 
fanges Charbonnières eft le plus connu , 
comme aulfi le plus ancien, puifqu'elles 
l'ont de même en François. 

Cette grande efpece eft véritable- 
ment un oifeau de proie Se mange de 
la viande. Elle vole avant toutes les 
autres fur les cadavres, fur les corps 
pendus & roués. Lorfqu'elle en voit 
quelques-unes de fon efpece même & 
de plus petites qui font malades & 
forblcs , elle les pourfuit Se leur tire 
la. cervelle à coups de bec» C'eft un 



fortjolï oifcatii On p:ut f*apprîvoîftT 
f: le nourrir en cage , ou dans uns 
étuve, à caufe de la douceur de fora 
chant, qu'elle continue pendant toute 
l'année. Aldrovande dît que , 
commr elle aime le fuif , on s'en fert 
pour lui dreff;r des embûches , 8c 
qu'en cage on lui en donne , afin qu'el- 
le chante plus agréablement'. Elle ne 
fe pofeprcfque jamais par terre. 

Selon M. F r i s c h , quand les Mé~ 
fanges n'ont que du Chêne vi davs 
leur cage , elles deviennent bien-tôt 
aveugles , pour trop becqueter. La 
plupart des M'J'arges , comme je viens 
à; le dire , de la grande efpece , rrtan- 
g;nt de la viande : c'eft ce qui fait 
qu'elles volent fur les cadavres; ce- 
pendant eil r -S fe nourriflent ordinaire- 
ment de Chenilles & des crufs de ces 
infeclres, qui in^eftent le? arhr S, Dans 
les maifons elles mangent de la plus 
grande partie de r.o-s alimens. Elles 
aiment particulièrement le? noifettes : 
plufieuvs même s'en fervent pour les 
prendre avec des méfangeres. En au- 
tomne la plupart de leurs alimens dans 
les bois font tontes fortes d'infecte-s 
rolans Se rempart, qu'elles prennent 
entre les écorcts Se dans les fentes 
des arbres. Elles peuvent grimper le 
long Se autour des troncs des arbres» 
comme font les Pic". F.Ues goûtent 
leur manger avec la langue Si ne l'a- 
valent pas d'abord. Elles ne vivent pas 
long-temps en cage. On les nourrit 
encore avec des Limaçons , du fro- 
mage nouvellement caillé Se des œufs 
de Fourmis. 

La grvjfe Méfange contient beaucoup 
de fel volatil & d'huile. Cet oifeau eft 
d'ufage en aliment , principalement en 
automne ; mais comme il n'a rien d'ex- 
ouis , il n'y a gueresque le petit peu- 
ple qui en faiTe ufage. On l'eftime 
propre contre l'épilepfie , j our exciter 
l'urine 8e pour déterger les glaires & 
les graviers des conduits urinaires- 
On le fait fécher, Si après l'avoir ré- 
duit en poudre , on en donne depuis 



M E S 

un fcrupule juffu'à ort gros , bfidk 
dans tm verre de vm blanc , ou cans 
quelque eau diurétique , telle que 
celle de Turquette, ou de Pariétaire. 

MÉSANGE à longue qmue , en 
Latin Paru» caudatus; en Anglois tbe 
Long -Tait 'd Titmwfe ; en Suédois 
Ahltita. A L b i n C -i orne IL n. 5 2 . ) dit 
que cet oifeau a le fommet de la tête 
blanc : derrière le bec & au-deffus des 
yeux , à droite & à gauche , il y a une 
tache . q ui entoure le derrière de 
la tête : cette tache eft noire , lar- 
ge Se dentelée par en haut ; les mâchoi- 
res, la gorge , la poitrine Se le ventre 
font blancs : cette cou Lu r eft diverti fiée 
de petites tache? l'ombres; le plumage 
du dos eft d'un châtain tendre , bigarré 
de noir ; les fougues plumes des ailes 
font noires ; les bords extérieurs de 
celles qui font en dedans font blancs. 
La queue de cet oifeau relfemble à 
elle delà Pie-Griêche ; les plumes 
les plus avancées en dehors font plus 
courtes que les autres , qui font con- 
fidérablement plus longues par degrés 
jufqu'à celle du milieu , qui cilla plus 
longue de toutes ; la pointe Se la moi- 
tié extérieure à droite Se à gauche de 
la plume la plus avancée en dehors font 
blanches, Se celle qui eft immédiate- 
ment après a moins de blanc : il n'y a 
que la pointe de la troifieme qui foit 
de cette couleur, les autres étant en- 
tièrement noires ; le bec eft court , 
fort & noir; la langue eft large , par- 
tagée en filets ; les yeux font plus 
grands que ceux des autres petits oi- 
feaux : 1 iris eft de couleur de Noife- 
tier; les bords des paupières font jau- 
nes , Se les narines font couvertes de 
petites plumes; les jambes, les pieds 
Se les griffes font noires.. Ces oifeaux 
fréquentent les jardins plutôt que les 
endroits montagneux. Ils font leurs 
nids de la même manière que le Roi- 
telet Se même avec plus d'art : car 
les voûtes en font travaillées comme 
les autres parties de telle manière , 
que l'ouvrage en entier reffemble à 



MES 6*9 

un ceuf placé fur une de fes pointes : 
il y a un petit trou à côté, pour fortir 
Se rentrer : par ce moyen les oeufs 8c 
les petits font affurés contre l'intem- 
périe du climat , ou contre tout autre 
accident du vent , de la pluie , ou du 
froid, & afin que ces petits y foient 
plus mollement , le dedans du nid eft 
doublé de duvet : le dehors eft conf- 
truit de mouflê , de laine Se de toiles 
d'Araignées , entrelacées avec beau- 
coup d'art. Cet oifeau commence à 
paraître vers le premier mois de l'au- 
tomne. On le voit pendant tout l'hiyer. 
M. L 1 n n /eus ( Fauna Suec. p. 90. 
v. 243. ) nomme cet oifeau , Parus 
vertice albo , caudâ corpore longiorc, 
C'eft le Parus caudatus Montïcula 
de BELON , p. 3CT8. Scd'ALDROVANDE 

C L. XVII. c. 1 5 • ) , & le Parus cauda- 
tus de Gesnek ( Av. p. 6%l ) , de 
^iiluchbï ( Ornïth. 176.) , de 
Raï ( Synop. Avïum , p. 74. n, 5) Se 
d' A L ff 1 N. Cet oifeau , dit B e l o n , 
lailfe fa queue Se s'échappe des mains 
des Oifelcurs. ïl a les mœurs Se la 
manière de vivre du précédent. II 
quitte les bois , pour venir vivre l'hi- 
ver dans les jardins , les Villes Se les 
Villages. 11 fe pend parles pieds aux 
branches des arbres » Se comme les 
autres Méfaages il en mange au prin- 
temps les bourgeons. L'hiver il vole; 
d'arbres en arbres. 11 a un cri clair, vole 
en troupe. Ces Mrfanges s' appellent les 
unes les autres. La queue de cet oîfeatr 
eftfourchue , comme celle de l'Hiron- 
delle. Il eft de la groffeur du petit Roi- 
telet. M. L 1 n n m u s en donne la 
figure , dans fa Fauna Suce. n. 243. 
Schwenkfeld Se Frisch en parlent. 
Celui-ci dit qu'il a le bec court , bien 
pointu Se rond , Se M. K c e i n ( Ordo 
Av. p. 85. n. 7. ) qu'il a la tête , la 
poitrine Se le ventre blancs , le dos Se 
la queue d'un brun noir , des plumes 
blanches fous la queue , Se les ailes- 
variées de blanc Se de noir. 

MÉSANGE H U P É E » en 
Latin Parus enflatas i en Anglois the 



7 o M E S 

■Crcfied Tïtmoufe ; en Suédois tfifmyjfa , 
ou ] <0ita. Albin au même endroit dit 
que le bec de cet oifeau eft paflàblé- 
ment court & çrand ; fa langue eft 
large fe partagée en quatre fi ets; les 
pieds font dérouleur de plomb j les 
doigts de dehors font liés à celui du 
milieu jufqu'à une certaine diftance 
par une membrane ; le ibmmet de la 
tête eft noir, Se les bords des plumes 
font blancs ; il y a une bh-nde noire , 
quî provient du derrière de la tête Se 
entoure le col comme un collier ; il y 
a une autre bande noire , qui s'étend 
■depuis la mâchoire inférieure jufqu'au 
collier; les plumes des côtés de la 
tête Se du milieu du col font blanches, 
mélangées de plumes brunes; le plu- 
mage "du milieu de la poitrine eft 
blanc ; celui des côtés du bas du ven- 
tre 8c des cuiffes eft un peu rouge ; 
les ailes, ainfi que la queue , font (om- 
bres , & les bords des plumes d'un 
blanc verdàtre ; le dos eft d'un verd 
tirant fur la couleur d'olive. Cet oi- 
feau a cinq pouces de longueur, de- 
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré- 
mité de la queue. Les ailes déployées 
ont huit pouces Se un quart de lar- 
geur. Les longues plumes des ailes 
font au nombre de dix-neuf. La queue 
confifte en douze plumes. Btlon n'a 
point connu cet oifeau. M. Linn^us 
( p. 89. n. 23 9. ) le nomme Parus ca~ 
pite crifrato. C'eft le Parus criflatus de 
G E s n e R , Av. p. 642- d'A tDRO- 
V A N D E , (Jrn'uh. deÀy/lLLUGHBY, 
Ornïth. p. 175. /. 43. de R a y , Synop. 
Av. p. 74. Se d'A L b 1 N 1 Tome II. 
^.58. C a te s b y , p. 57. nomme cet 
oïfeau Méfange hupée , & dit, & M. 
Klein, d'après lui, ( Ord. Av. p. 85. 
rt. iz.) , qu'il a le bec noir , une peau 
en deflus , qu'il eft gris par-deAus , 
que tout le deffous Se toute la face 
font blancs , avec une nuance de rou- 
ge plus frappée fous les ailes ; les 
cuiftes , ainfi que les pieds, fontplom- 
bés. 

MESANGE DE MONTA- 



MES 

G N E, en Latin, mo-ninm Fringilla; es 
Anglois the Mont liriTitmoufe. On a vû 
à l'article de MÉSANGE à longue 
queue , que, chez les Naturaliftes , la 
Méfange de montagne , auffi-bien que 
celle à longue queue , font le même 
oifeau. Cependant Albin (Tome III. 
n. 57. ) les distingue , Se voici la def- 
cription qu'il donne de la Mcj'ange de 
montagne. Cetoiieaueft de, la grandeur 
des Mcfanges Nonnettes à tête bleue. 
Le bec du mâle eft jaune ; les yeux 
ont l'iris de couleur blanche. Il a une 
grande bande , qui renferme l'œil , Se 
finit en un point vers le col. La tête 
eft bleuâtre ; le deiTus du col , la poi- 
trine Se le ventre , font d'une couleur 
tirant fur le jaune : le dos , Se l.s plu- 
mes fcapulaircs des ailes , font d'un 
brun jaunâtre : les longues plumes des 
ailes , Si celles qui font couvertes , 
font de couleur de frêne bleuâtre ; 
les jambes Se les pieds font bleus ; le 
bec de la femelle eft de cette dernière 
couleur. La queue confifte en douze 
plumes, dont le milieu de chacune eft 
brun , & ks bords extérieurs font de 
couleurde frêne bleuâtre: la tête, le 
dos , les ailes Se la queue , font d'un 
brun clair : la Rorge eft blanche ; la 
poitrine , le ventre Se les cuiiTes , font 
de couleur de bufle pâle Se jaunâtre ; 
les jambes Se les pieds font cendrés. 
Le même Auteur dit qu'on voit de 
ces oifeaux dans certaines Provinces 
d'Allemagne Se en Italie. 

MÉSANGE BLEUE, ou 
NON NETTE, en Latin Parus c*- 
ruUus s en Anglois ibe BlewTttmouJ'e , 
ou Nun i en Suédois Blaumes. Cet oi- 
feau eft gros comme la Fauvette, 
mais fon ramage eft extrêmement dé- 
fagréable : il a la tête noire Se blan- 
che ; l'eftomac tirant fur le verd , Se 
l'échine eft d'un violet obfcur. On dit 
qu'il vit ordinairement quatre ou cinq 
ans. Ce volatil a quatre pouces de 
longueur , depuis la pointe du bec juf- 
qu'à l'extrémité de la queue , Se fept 
pouces Si demi de largeur les ailes 



M E S 

I tendues : ion bec eft court , êpaîs , 
pointu , Se d'une couleur fombre : fa 
langue eft large , Se finit en filets ou 
fibres ; fes jambes l'ont de couleur de 
plomb : les doigts de dehors font atta- 
chés à ceux du milieu. La tête eft or- 
née d'azur , & entourée d'un cercle 
blanc redemblant à une couronne. Ce 
cercle eft fui vi d'un autre cercle bi- 
garré, qui entoure la gorge & le der- 
rière de la tête , étant au-deftus de la 
même couleur que la tête , Se noir 
vers la gorge Se au-delTous ; au-deflus 
de ce cercle , fur le col, eft une ta- 
che blanche : il y a une ligne noire , 
qui paffe à travers les yeux , depuis 
le bec jufqu'au derrière de la tête J 
les joues en font blanches , Se le dos 
eft d'un verd jaunâtre : les côtés Se la 
poitrine font jaunes, à la réferve d'une 
ligne blanchâtre qui , s'étendant jus- 
qu'au défaut de l'os de la poitrine, 
partage la poitrine en deux. Le mâle a 
plus de bleu fur la tête que la fe- 
melle , Se que leurs petits : les points 
des grandes plum_s contigues au corps 
font blancs , àînfi que les bords exté- 
rieurs des plumes de devant , depuis 
le haut jufqu'au milieu : les plumes 
couvertes des ailes font bleues , dont 
les intérieures, avec leurs pointes blan- 
ches , font une ligne blanche à tra- 
vers , avec cette exception , que les 
bords des plumes , qui font les plus 
avancées en dehors, font un peu blancs. 
Les grandes plumes de chaque aile 
font au nombre de dix-huit , fans y 
comprendre une plume courte , qui eft - 
la plus avancée de toutes en dehors. 
Le Docteur d'Herran a remarqué , 
après avoir fait une exacte recherche , 
que le mâle de la Mcfange Now/ctu eft 
un peu plus grand que la femelle , Se 
que toutes les couleurs en font plus 
brillantes , fur-tout le jaune fous le 
menton, Se le bleu fur le dehors des 
ailes Se fur la queue. Ces oifeaux font 
d'uni- grande utilité aux arbres, dont 
ils défruifënt les jeunes Chenilles, Sic 
lès œufs de ces infectes , qui en man- 



M E S 71 

gent les fruits. C'eft ainfi qu'Ai, b i n 
( Tome L ». 47. ) parle de la Méfange 
bleue. 

M. Linn;eus C Fauna Suce, p, 89. 
n. 240. ) nomme cet oifeau Tarn; remi- 
gibus C&TuleJctntibus , prima rnar><ine 
exieriore albà , vercice cxridco. C'eft le 
Parus contiens de B e l o n , p. 7, 60. 
de Gesneu, Av. p. 64 1 . de W 1 i> 
t u G h b y , Otm(h. p.*7 f. de Rat, 
Syri: p. Av. p. 74. w. 4. Se d'A [DR o- 
VANDE, Ornith. L. XVII. c. 17. 
ArijjTote ( Hifi. Anim. L. VIII. c. 3. > 
a parlé de cet oifeau , Se l'a compris 
parmi fes A/;/9a>oi. Nous le voyons 
en automne Se pendant tout l'hiver , 
Se il va paffer l'été dans les bols. Il 
n'eft guerts plus gros que le Roite- 
let. Il fait , comme les autres efpeces 
de M'' fanges , une grande quantité de 
petits. M, Klein (p. 8$. n. 1 1 1, ) dit 
que cette flSéJknge Nonnette eft la plus 
petite de toutes Tes autres e/peces. On 
dit que les Méfangej, appellées com-' 
munément Notmti tes, font plus fit jettes 
aux gouttes qu'aucun autre oifeau. 

MÉSANGE NOIRE, nom- 
mée en Latin Parus ater , Se en An-- 
glois the CvlemouJ'e. M. L 1 n ttJÊ v s' 
(Fauna Suce. p. 89. n. 24 1.) appelle 
cet oifeau Parus capïte nigro , vertice 
albo , dorfo cir.ereo , peilore albo; C'eft 
le Parus ater de Gesner , Av. p. 0*4 
d'A L D r o v a n d e, Omit h. L. XV II.. 
c. de Willughby , Ornith. p. 175,- 
f. 43. Se de Ray, Synop. Av. p. 73, 
n. 2. Selon Bel on, p. 37b. cet oï-- 
feau a le bec, les jambes, les pieds 
Se les ongles de couleur noire. Il a du 
noir fur le fommet de la tête , qui def- 
cend jufqu.es 'dédits le bec : le dedous- 
de la gorge , les deux côtés des tem- 
ples , Se tout le dedbus du ventre,, 
font blancs ; le dedus du col Se du 1 
dos eft entre tanné Se cendré ; fa queue 
Se fes ailes font d'une couleu"- mêlée 3 ■ 
tirant fur un noir pâle. Cette forte de 
Mêfange fè tient plus volontiers dans 
les forêts & les bois taîlliV, que dans' 
les jardins Se les vergers. Elle tienne-- 



7 % MES 

milieu entre la grande Méfange Se la 
Méfange bleue. Albin nomme cet oi- 
feau méfange de bois. 

MÉSANGE DE MARAIS, 
en Latin Parus palufiris ; en Anglois 
the Marsh -Titmoufe , ou Black-Cap ; 
en Suédois Entka , Se Tomlinge. Cet 
oifeau eft nommé par M. L i n n & u s 
( Faim a Suce, p. 89. ». 241.) Parus cn- 
pite nigro , temporibus albis , dorfo ci- 
iureo. G es N e a ( Av. p. 642.) , A l- 
drovandeC Ormtb. ) , Wil- 
l u G h b y ( OrnitL p. ijf. t. -45. ) . 
R a y ( Symp. Av. p. 73.) , Se Al- 
bin (. Tome HI. ) en parlent fous le nom 
de Parus palufiris. Cet oifeau fe retire 
dans les Genévriers. Il a la tête noi- 
re : les mâchoires ou les temples.au- 
•deffous des yeux , font blanches ; le 
dos eft verd , & les pieds font plom- 
bes. 11 diffère de la Méfange noire par 
fa grandeur, Se par fa queue qui eft 
plus longue. Il n'a point de taches blan- 
ches derrière la tête; fa face eit plus 
blanche. Il a moins de noir fous le 
menton , & point de taches blanches 
au bout des plumes qui couvrent fes 
ailes. 

MÉSANGE DES INDES, 
en Latin Parus Indiens. C'eft, félon 
A L d R .0 V A N D E , un oifeau pres- 
que tout-à-fait iemblable à la grande 
Méfange » quoiqu'il n'ait point de ta- 
ches noires. Son plumage eit compofé 
de trois couleurs , c'eft-à -dire bleu , 
blanc Se noir. Les yeux ont l'iris rouf- 
fe ; le derrière de la tête & tout le 
col font d'un bleu clair : fous le ven- 
tre , il eft blanc : fes ailes font bleues, 
ai n h que fa queu? , qui égale fen corps 
pour la longueur: fes pieds font noirs 
& petits , Se en cela jl diffère des Pa- 
rus ou Me'J anges. Cet oifeau parolt fuf 
peâ à Ray (Synop. Av. p. 74. n.y.), 
Se il croit qu'A ldrovande ne 
l'a décrit que fur la fnnple ligure en 
peinture qu'il en a pû voir. 

MÉSANGE ENCAPU- 
CHONÉE , ou CAPUCHON 
ftO.IIl, felcflCAT e sb y , p. ûo.en 



MES 

Latin Parus cucullo nigro. Cet oîfeau 
a une large raie , qui entoure le col 
Se le derrière de la tête en forme de 
capuchon ; fa face , qui ett jaune , fem- 
ble fortir de-l.i comme la tête d'un 
Bernardin de fon capuchon : tout le 
deifous elt jaune; il a le dos, les ailes 
Se la queue d'un verd fale , & les pieds 
noirs. M. Klein (Ord. Av. p. 85. 
Tt. J.) ^it qu'il a les pieds bleus. 

MÉSANGE à croupion jaune , 
en Latin Parus uropygio luteo. Cet oi- 
feau, dit Catesby , court fur les 
arbres , comme le Pic-Verd. Il eft 
tout brun & a une ceinture de verd 
Se le croupion jaune. 

MÉSANGE DE BAHAMA. 
en Latin Parus h.:hamcn[ts. Cet oi- 
feau , dit Catesby , a le bec noir , 
longuet, un peu courbé; la tête, le 
dos , les ailes bruns ; une raie blan- 
che , qui va de l'angle du bec au der- 
rière de la tête , Se coupe l'œil à moi- 
tié ; la poitrine Se le haut défi aiies 
jaunes ; la queue longue , brune deffus, 
blanche Se fale defTous. 

MÉSANGE BRUNE , en 
Latin P arus lut ff cens Americanus. Cet- 
te cfpece , fclon le même Auteur, a 
le bec noir , tout le deffus du corps 
d'un verd jaunâtre , le défions jaune, 
blanc vers la queue ; les ailes brunes, 
tachetées de blanc , la queue brune , 
les deux plumes de deffus à moitié 
blanches , Se les jambes d'un blanc 
fale. La femelle eft toute brune. 

MESANGE a gorge jaune , en 
Latin Parus Americanus , gutture lu-- 
teo. Cet oifeau étranger , a , dit le 
même Auteur , le bec Se l'occiput 
noirs ; la gorge d'un jaune brillant , 
féparée de chaque côté du deffus de 
la tête Se du col par une raie noire , qui 
prend de l'angle du bec , traverfe l'œil 
Se s'avance jufiu'à la poitrine ; l'oc- 
ciput , le col Se le dos gris ; les ailes 
grifes, prefque brunes; le deifous du 
corps blanc au milieu ; les côtés tache- 
tés de noir: la queue noire Se blan- 
che; les pieds bruns, armés d'ongles 

très-longs , 



MES 

très-longs, comme le petit Grîmpe- 
reau : auflî cette efpece de Méjange 
erimpe-r-elle aux arbres de même. 

MÉSANGE JAUNE, en 
Latin Parus lutms. Cette efpece , dit 
le même Auteur , eft plus petite qu'un 
Roitelet. Elle a le bec mince , la tête , 
la poitrine & le ventre d'un jaune vif: 
le dos jaune Se verdâtre : la queue 
brune & nuancée de jaune. 

MÉSAN GE -PINÇON, en 
Latin Parus -Fringillaris. Cet oifeau, 
félon le même Catesby, a le bec 
brun delfiis , jaune deffous ; la tête 
bleue, le dos verd , jaunâtre au bas ; 
les ailes & la queue d'un bleu obfcur ; 
les plumes nommées tetïrtces alarum 
tachetées de bleu; le gofler jaune ; la 
poitrine d'un jaune plus foncé , divifée 
par une raie d'un bleu obfcur , qui 
prend du deffous du bec ; le ventre 
blanc; la poitrine ornée de taches rou- 
ges ; les pieds d'un jaune obfcur. La 
femelle eû noire 8c brune Se porte la 
queue redreflee. 

MÉSAN GE à barbe noire , qui 
pend de chaque côté des yeux , en 
Latin Parus barba nigrâ , it trinque ab 
oculis Aependente. C'eft le Moineau 
barbu des Indes, Pajjer barbatus Inii- 
cus , nommé Mouftachc par Frisch, 
& que M. Klein {Or do Av. p.%6, 
rt. 8.) met dans le rang des Mé fanges. 
Albin'( Tome I. ». 48. ) le nomme 
en Anglais the Beard-Manica , ou 
Bearded-Titmouje. Cet oifeau a la tète 
cendrée , le bec jaune , le dos & la 
queue d'un brun rougeâtre ; les plu- 
mes des ailes nommées tectrices alarum 
frangées de blanc Se de noir ; fous les 
yeux des plumes pointues , pendantes , 
qui ont la figure d'une barbe. 

MESANGE DE LITHUANIE , 
qui fufpend fon nid , en Latin Parus 
Uthuanicus , nidum fufpendens , que 
Rzackinsk YfTowîe I. p. 294.) nomme 
en Poionois Remiz,. Cet oifeau , félon 
M. Klein (p. 85. ». 10.), cil d'un 
cendré brunâtre : il fufpend fon nid , 
qui eft varié par fa figure , Se com- 
Tome III. 



MES 73 

pofé du coton produit par les fleurs 
du Chardon. On le trouve à Sandomir, 
8e en différens endroits de la Lithua- 
nîe. Son bec eft conique Se bleu. 

MÉSANGE^/ poil doré , en La- 
tin Parus aureis capiltis , dont le corps 
eft noir, la queue courte, Se le dos 
mêlé de pourpre. M. Klein ne com- 
prend pas pourquoi Edward ( Tome I. 
p. 21.) met cet oifeau dans le rang 
des Ipfida. Celui - ci lui donne des 
doigts très-femblables à Vlpjtda , 8c 
cependant il n'en a donné nulle part 
la defeription , ni une figure exacte. 
M. Klein alfure que cet oifeau aie» 
pieds Se les doigts fembiables à ceux 
des Méfanges. Il a le haut de la tête 
doré , le refte noir , le dos pourpré , 
Se les plumes des jambes font rouges ; 
le bec eft blanc, court; la partie in- 
férieure eft un peu courbée; les pieds 
font bruns. 

MÉSANGE à face de Pic , en 
Latin Parus facie Pici. C'eft la Sitta 
capitenigro,&c la Sitta altéra capitefufco 
de Catesby , p. 22. Le Picus fitbc&ru- 
letts d'A ldrovande; la Sitta ou 
Pic cendré d'ALBiN {Tome II. p. 28.) 
font autant de variétés. Ces oifeaux , 
dit M. Klein, font mis au nombre 
des Pics. 

MÉSANGE BARBUE DE 
JUTHLAND : Cet oifeau , félon 
A l b 1 N ( Tome I. n. 48. ) , fe trouve 
non-feulement dans l'ille de Juthland, 
mais encore dans les marais falins de 
la Province d'ElTex , & dans la Pro- 
vince de Lincoln. Sa longueur , depuis 
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de 
la queue eft de fix pouces 8c demi , 
Se fa largeur eft de dix pouces Se de- 
mi, les ailes étendues; le bec en eft 
court , épais Se d'une couleur jaunâtre : 
celui de la femelle eft fombre ; la tête 
eft d'un brun cendré : le mâle a une 
touffe de plumes noires qui pend par 
en bas , Se qui s'étend depuis le bec 
jufqu'au derrière de l'œil des deux 
côtés , où ces plumes aboutiffent en 
un point , & reflemblent à une barbe 

K 



74 MES 

épluchée , d'où l'oîfeau eft, noiwmë 
Beard-Manka en Angloîs. Le dos , le 
déflus des ailes , le bas du ventre Se 
la queue font bruns; l'efpace qui eft 
fous le menton eft blanc ; la poitrine, 
le ventre , Se les cuifies , font d'un 
blanc pâle , tirant fur le jaune , avec 
une ceinture de brun ; les jambes & 
les pattes font noires. Ce volatil eft 
fort remarquable par le foin & par la 
tendreffe qu'il marque à fa femelle ; 
car lorfqu'elle fe juche, il la couvre 
toute la nuit de fon aile : elle eft plus 
petite que le mâle , & d'un plus beau 
brun , tirant fur le jaune : elle lui eft 
femblable par la couleur des ailes & 
des jambes : elle n'a point de barbe , 
Se fa poitrine eft plus pâle. Cet oifeau 
a dans chaque aile dix-huit grandes 
plumes ; les cinq ou fix plus avancées 
en dehors font blanches ; elles ont le 
tiers de leur longueur depuis la pointe 
d'un brun luifant ; toutes les autres 
ont leurs textures extérieures noîres,& 
leurs textures intérieures d'un brun, 
clair. Il a deux taches noires de cha- 
que côté des parties couvertes du def- 
fus des ailes. La queue a environ deux 
pouces & trois quarts de longueur : 
elle eft compofée de douze plumes 
de la même couleur que le dos. 

MÉSANGE DU CAP DE 
BONNE-E SPÉRANCE: On 
Irouve dans ce pays , dit Kolbe 
{ Defcription du Cap de Bonne- Efpe- 
rance , Tome III. chap. 19, p. 188. ), 
différentes eipecea de Méf anges. La 
plus petite Méfange de toutes a les 
plumes de la tête bleues , Se celles de 
la poitrine & du ventre font jaunes. 
D'autres ont la tête couverte de plu- 
mes noires. Une troifieme efpece fe 
diftïngue par la longueur de fa queue, 
La quatrième a une tache blanche fur 
la tête , qui d'ailleurs eft toute noire. 
La cinquième efpece a pareillement la 
tête noire , mais il y a une tache rou- 
ge ; les plumes de fes ailes font auffi 
noires , Se fes pieds font rougeâtres. 
Il y en a encore qui ont la tête toute 



MES MET 

ftoîre , & toutes les autres plumes font 
d'un verd tirant fur le jaune. Cette 
dernière efpece eft de la groffeur d'un* 
Pinçon. Les Méfanges du Cap chan- 
tent fort agréablement , 8c comme les 
Serins de Canarie fe mêlent avec elles» 
on entend fouvent de magnifiques con- 
certs fauvages formés par ces deux 
efpeces de Muficiens. 

MESORO, nom que les Italiens 
donnent à une efpece de Blenne. 
R u ï s c H dit que ce poiffon de mer 
furpaffe rarement la grandeur du Gou- 
jon. Belon penfe que c'eft le Bul- 
btts de Pline. La couleur de ce poif- 
fon varie. Il y a des lieux où il eft 
rouge ; d'autres où il eft fauve : fes 
écailles font en petit nombre Se min- 
ces : fa peau eft fi gluante qu'on a de 
la peine à le tenir dans les mains. Ii a 
la tête greffe , les yeux élevés : les 
dents font fi ferrées Se fi petite*" qu'à 
peine les peut-on appercevoir. Ce 
poifFon aime les rivages, où il y a beau- 
coup d'Algue. Il fe nourrît d'Anchoîs 
Se d'autres petits poiffons , ou d'herbe 
à leur défaut. Sa chair eft une fort 
bonne nourriture , difent Belon Se 
Rondelet. A r t e d i le met dans 
le rang des poîlfons A nageoires épi- 
neufes , inter Tifces acanthoptery- 
gios. Il le nomme ( Synop. p. 44. ) 
Blenniuj fulco inter oculos , macula ma- 
gna in pimiâ dorfi. C'eft le BÎ\w<; 
d'ATHÉNEE , L. VII. p. 2.88. le BXvjyàç 
d'OppiEN, L. I. foi. 10S. le Blennius 
de Pline , L. XXXII. c. 9. le Bien- 
nus de Salvien, fol. z 1 8. ainfi que 
de B E L o n , de G E s n e R , de J o n s- 

ION-, d'A LDROVANDE.deWll- 

LTJCHBY,de Ray, &c. Il eft nom- 
mé en Anglois the Butter-jîy-ffch. 

MET 

METZCANAHACHTLI, 

efpece de Canard du Mexique , félon 
Hernandez, nommé auffi Tolte- 
colocili , & le même , dit Ray ( Synop. 
Meth. Av. Append. p. 1 75 . > , que le 
Quaitr'occbj des Italiens. Cet oifeau a 



MET M E V 

tme tache blanche entre lesyeiiK &ie 

bC M ETZC AN AUTHLI, au- 
tre Canard du Mexique , félon le mê- 
me Hermandez, varié de diffé- 
rentes couleurs , Se qui fréquente les 
marais de ce pays. Haï ( ibïd. ) dit qu'il 
eft égal à notre Canard domeftique. 

M E U 

MEULE, MOLE, ou LU- 
N E , poiffon de mer , de figure ex- 
traordinaire , qui fe pêche dans nos 
mers, mais rarement, & qui eft nom- 
mé en Italien Pejct lamburo. ArteDi 
(lébtb. Part. V. p. 83. n. 4.) le met 
dans le rang des poiffon-s qui ont les 
nageoires cachées , Fi/cet brancbiofte- 
gi , Se il le nomme Xjfiracion catbeto- 
plateus y jïibrotundus » inermis , afper , 
pimiis pecloralibitr borifontalibus , fora- 
minibus quatuor in capite. C'efi: ¥Gr- 
thragorifeus de Pline, L. XXXII. 
c. 2. p. n, de G ESN e r , de Aquat. 
de Rondelet , L. XV. c.6. p. 326'. 
ainft que la Mola de S a l V 1 e n , fol. 
155, de JûNsToN^^ Pijcii. d'ÂL- 

DROVANDE, L. III. C. 44. de CHAR - 

leton , p. ^2p. de "W i l lu g h » y, 
p. 151. Se de Ray, Synop.Fifc. p. 51. 
Voyez aux mots LUNE Se MOLE , 
où je parle plus amplement de cette 
forte de poiffon , d'après les Natura- 
liftes qui en ont écrit. 

MEUNIER*, poiffon de rivière 
mis par Autedi ( hbtb. Part. V. 
p. 7. n. 10.) dans le rang des poiffons 
à nageoiree molles , inttr Fijcxs ma- 
lacDpterygiot , Se nommé en Latin Cypri- 
nus , oblongus macroUpidatus, pinn'à oj- 
Jiculoritm undecim. On trouve , dit 
RondelctC Poiffi de riv. ch. iz.p. 
137. Edit. Franc-. ) dans les rivières 
deux fortes de Muges ; l'un qui y vient 
de la mer , Se qui fe pêche le plus 
fouvent aux embouchures de la Ga- 
ronne , de la Loire , Se du Rhône j 

*Ce pcîiTon eft nommé h Home Sjuaglio ; 
en Anglois a X$tab , ou Chcvin ; en Alle- 
mand i (eïoa G e s n e » , Aise & Mat ,• fe- 



M E U 75 

l'av.tre naît & demeure toujours dans 
les rivières. C'eft celui dont nous 
allons parler ici. Comme il y a plu- 
fieurs efpeces de Muges de mer , il 
y a auffi plufieurs efpeces de Muges 
de rivière. Le premier , qui eft le Meu- 
nier » eft nommé k'çsMç en Grec, & 
en Latin par A u s o n e , Capito flu- 
vïaûlis. On le trouve autour des mou- 
lins. Il eft aufh nommé Vilain, car il vit 
dans l'ordure , Se Têtard , à caufe de 
fa greffe tête. Il eft femblable au Mu- 
let de mer , nommé Cabot dans le Lan- 
guedoc; mais il n'eft pas fi large , Bc 
fon corps eft plus plat : il a une na- 
geoire au dos, deux au bas desouies , 
deux autres au bas du ventre , une 
autre près de l'anus. Sa tête eft groffe 
& grande , fa bouche eft fans dents , 
fon palais eft charnu 8e garni d'os : il 
a quatre ouies de chaque côté , l'efto- 
mac Se les boyaux petits , le foie en- 
tre blanc & rouge , le fiel verd , la 
veffie double Se pleine de vent , la 
toile du ventre noire. Sa chair eft blan- 
che, fade au goût , pleine d'arêtes , 
Se meilleure falée que fraîche. C'eft 
ainfi que Rondelet parle du Meu- 
nier, ainfi nommé , comme on l'a dit , 
pareequ'il fe trouve autour des mow.- 
lins. 

R e d 1 dit qu'en confidérantle ca- 
nal des alimens d'un très-gros Meu- 
nier i qu'il nomme en Italien Pcfce 
fqitadrv , qui pefoit environ foîx&nte 
livres , il a obfervé que l'intérieur de 
l'œfophagc était liffe , Se fes parois 
très-déliées ; mais celles de l'cûomac 
étoient très - épaîffes , charnues à l'in- 
térieur , fkparfemées de lames ou émi- 
nences ridées, dhpoféesfans aucun or- 
dre , comme on voit dans le quatriè- 
me eftomac des Cerfs. Entre ces émi- 
nences rempoïent beaucoup de Vers 
très déliés , qui avoient la tête ronde 
& la queue fort aiguë : il s'en trou voit 
aufli un grand nombre dans la cavité 

Ion F 1 g h l a , Eîn Keuling ; félon K £ m t- 
manh, Ate , Alte , Bc Dhbel; à Cologne , 
félon le meme G e s n £ a. , Manne, 

Kij 



7 6 MEU MIA MIC 

de l'inteftîn , dont l'intérieur eft fait 
enfpirale, Se dans la cavité de cette ap- 
pendice aveugle Se recourbée, qui tient 
à l'extrémité de l'inteftin rectum. Ce 
poiifon eft le Sqitalus de V a r r o n 
de Re rufi. J. e. 3. de Columelle , 
L. VIII. c . 1 6. Se de Salvien ,fol. 84. 
C'eft le Sqtt.iHus de P l i n e , L. V. 
c. 43. le Cipito d'A usohe , Mef. 
V. 85. deFiGULUs, f.'t.'Bc de Wot- 
ton , L, Vlll. c. 190. le Capito , ou 
Cephalits fiuviatilis de G e s N E R , de 
Aquat. d'A ldroVANDE, L, V. 
c, 17. p. dbo. de Jonston,£. III. 
c. 6. de Char le ton , p. i<$6. 
de Willuchbï , p. 255. & de 
Ray, Synop. Pifc. p. 119. n. 17. 

MEUNIER: On donne aufîî ce 
nom à un petit Scarabée ,en Latin Sca- 
rabeolus piftinarïus , en Grec Mu>ikoç. 
Selon Charleton ( Exerc. I*f 
■p. 47. ) , il eft long , armé de petites 
cornes très- fines , Se monté furfixpieds. 
It eft noir par -tout , excepté fous le 
ventre , où il eft d'un rouge obfcur. 
Il naît dans la farine humide. Ces for- 
tes de Scarabées le trouvent dans les 
moulins. Lêewenhoeck donne le 
nom de Molkor à la grande e/pece de 
Hanneton , parcequ'elle broyé les feuil- 
les à-peu-près comme une meule de 
moulin écrafe & fait fariner le bled. 

M I A 

MIACOTOTOLT, petit oî- 
feau du Méxique , félon Hernandez, 
dont le ventre eft pâle T les ailes Se 
la queue cendrées par en bas ; le refte 
du corps eft noir , mais il y a des- 
plumes blanches mêlées parmi , à ce 
que nous apprend Ray > Synop, Meth. 
Av. Append. p. 171. 

M I C 

MICROCOSMUS, du Grec 

^wfîtpoç, parvuî , petit , Se de ho<t/l»oç , 
pulcher , ou ernatas , beau. M. Lin- 
N*us donne ce nom ÇFauna Suec.p. 

». 135*1. ) à un Teftacée qu'on 
trouve dans la mer en Norvège. H 



M I D M I G 

dit n'en avoir pas vû. Il en eft parlé» 
dit-il, dans BartholinC Cent, IV. 
p. 1184. > fous le nom de Cete vigefi- 
mm fecundur ; chez R e d i C Vivent, 
t, 22. f. 1. 4, & fous celui de 
Microcofmus marinas j dans les Êphé- 
mérides des Curieux de la Nature , 
ann. 8. Obf. 51. fous celui de Singu- 
lare monflrum > Se dans les Adcs de 
Leipfick, 1 6c\6. p. 48. t. 48. fous celui 
de Microcofmus marinas. 

M I D 

MIDAS deTHÉOFH'-îASTE, 

enGrecTpâ?, petit Ver, qui fe nour- 
rit dans les Fèves , qui les ronge Se 
les confume, C'eft une efpece de Tei- 
gne , félon le rapport de C H a r l 
ton, Exercit. p. 5 c/. 

M I G 

M I G A , nom que M. Adanson 
( Hifi. Nat. des Coquillages du Séné- 
gal , p. 1 16. y donne à un Coquillage 
operculé , qu'il met dans le rang des 
Pourpres à canal court, échancrî, & 
replié en dehors. La coquille du Miga, 
dit-il , ne lui a paru figurée dans au- 
cun Auteur. Elle n'a que neuflignes 
de longueur - y fes neuf fpires font ar- 
rondies , renflées , Se relevées de dix 
à douze côtes prefque parallèles à fa 
longueur , couchées cependant un peu 
fur le côté > Se de gauche à droite. Elles 
font encore marquées d'un grand nom- 
bre de petits filions qui tournent avec 
elles Se qui coupent toutes les côtes à 
angles droits. Ces filions font au nom- 
bre de vingt dans la première fpire, 
dix dans la féconde, Sec. Le fommet 
eft de moitié plus long que large ». 
Se de moitié plus long que l'ouverture. 
Celle-ci eft prefque ronde , à peine un 
quart plus longue que large : elle a 
dans fa partie inférieure un petit ca- 
nal fans échancrure , formé par une 
petite dent élevée fur la racine de 
la lèvre gauche, qui elle-même n'eft 
que légèrement ridée vers fa partie 
fu£érieure, La lame quf la recouvre 



M I G Mil 

he s'étend aucunement fur la féconde 
foire • fon bourrelet eft affez IhTe & fans 
canelures. La lèvre droite eft garnie 
de quinze dents , femblables à quinze 
longs filets , & bordée d'un petit bour- 
relet. On remarque une grande va- 
riété de couleurs dans cette efpece 
de coquille: il y en a de blanches, 
degrifes, de jaunes, de fauves, de 
brunes , de couleur de chair , de 
gris , & de violette, L'Auteur mar- 
que qu'il en a même une qui eft d'une 
belle couleur de pourpre : il n'y a que 
celles qui font blanches ou fauves , qui 
admettent un mélange des autres cou- 
leurs. On voit fur quelques-unes du 
brun ou du bleu , diftribué par bandes 
ou par marbrures. Rien n'eft plus com- 
mun que cette efpece dans les rochers 
du Cap Bernard , près de t'Ifle de Co- 
rée. Elle eft figurée Planche VIII. 
». 10. dudit Ouvrage. 

MIGRAINE, nom qu'on donne 
en Languedoc à la quatrième efpece 
de Cdncre. Voyez CANCRE. 

MIGUEL DE TUCAMAN , 
Serpent du Paraguai. S E b a dit l'avoir 
reçu d'Efpagne , où fous ce nom il 
avoit été tranfporté du Paraguai , gran- 
de région de l'Amérique Méridionale, 
C'eft une efpece de Serpent à deux 
têtes , autrement nommé Double mar- 
cheur. Sa tête eft petite , écaillée de 
blanc , rouffe à la partie poftérieure , 
vergetée de taches de la même cou- 
, leur ; fur le delTous de fon corps fafrané 
paffe une bande , qui va jufqu'à la 
queue , qui eft greffe. Il a de plus fur 
le dos un cercle de demi-anneaux , 
couleur de fafran , qui fe réunifient en 
une bande vers le ventre, Se qui for- 
ment comme autant d'articulations ou 
de nœuds. Les écailles du bas-ventre 
ibnt d'un cendré jaune , larges , mail- 
lées, cerclées de bandelettes , brunes & 
noires. S e b a , Tbef, IL Tai>. 100. n. 

M I I 

Mil VIP IRA, nommé auffi Pi- 
rabebe ; C'eft un poifion volant duBré> 



MIL 77 

fil , que les Portugais nomment Peixe- 
volador. C'eft Y Hirondelle de mer , dont 
parlent AldRQVANDE, L, II. c. 5 . 
Gesner, de Aquat.p. 5. & 145. Ray, 
Synop. Pïfi. p. &o. Se Rondelet. 
Voyez aux mots HIRONDELLE 
DE MER Se MILAN DE MER. 

M I L 

MILAN, oifeau de proie. BeloM 
( de la Nat. des Gif. L. IL c.z6.) donner 
deux efpeces de Milans , qui font le 
Milan Royal , Se le Milan noir. Il y * 
le Milvus <truginofus , que nous nom' 
mons Fan- Perdrieux , voyez ce mot j 
& un Milan du Bréfil, nommé Cara- 
cara par Marc Grave , Se Gavïam 
par les Portugais. Voyez auffi au mot 
C A R AC AR A. 

MILAN ROYAL : Cet oî- 
feau eft nommé en Anglois Kite , 01* 
Glead y Se en Suédois Glada, A r i's- 
tote ( Hifl, Anim. L. VI. e. 6.1) , 
parle de deux efpeces de Milans fous 
le nom d'jKT/vàç, que les Latins ont 
rendu par Milvus. Les Grecs moder- 
nes , félon B E L o n , nomment ces 
deux efpeces Licadouria, Le Royal n'a 
aucun furnom , ni en Latin , ni en Grec. 
Le noir eft furnommé par Aristotk 
kn&Sme. Célui-ci n'eft qu'un oifeau 
de paffa^e. Le Milan royal eft quelque 
peu plus noir , & beaucoup plus com- 
mun. P L 1 n e ( Hift. Nat. Pijc. c. 10. > 
le met au nombre desoifeaux de proie , 
ce que n'a pas fait Ak istot e. Cet 
oifeau fe cache l'hiver , Se ne parole 
que dans le fblftice d'été. Ll eft , dk 
B E l © N , iujet à k goutte. Le vol 
du Milan royal eft un plaifir pour les 
Princes Se pour les Seigneurs , qui font 
lâcher après lui le Sacre & le Duc. 
Quand le Milan apperçoit le Duc v 
îl defeend incontinent à terre ,. & fè 
place vis-à-vis de lui y Se le regarde. 
On lâche alors le Sacre fur lui :■ le Mi- 
lan s'élève le plus haut qu'il peut ; le 
Sacre le fuit , Se tous les deux ils vo- 
lent fi haut qu'A peine les apperçoit- 
on. Mais le Sacre, plus fore que le- 



7 8 M 1 L 

Milan , le ramené à terre à force de 
coups de bec qu'il lui donne. Selon 
ARiSTOTE,le Milan royal ne pond 
que deux œufs, oh tout au plus trois, 
mais VÊttiîm* ou le Milan noir , en 
fait toujours quatre. Voici la defenp- 
f ion qu'A L8iN{ Tome L ». +• ) donne 
du Milan royal. 

Cet oifeau a deux pieds quatre pou- 
ces de longueur depuis l'extrémité du 
bec iufqu'à celle de k queue. Sa lar- 
geur , lorfqu'il étend Ces ailes ><*& d'en- 
viron cinq pieds; fon bec a environ deux 
pouces de long. Sa mâchoire fupérieure 
excède , en fe courbant , celle de dei- 
fous, deia longueur d'un demi-pouce. 
Le bec de cet oifeau eft de couleur 
de chair ; quelques-uns l'ont noirâtre. 
La langue eft large Se épaiïïe, comme 
l'ont les autres oifeaux carnalCers. La 
cavité j qui fe trouve dans le palais ,eft 
égale A la langue : la peau autour des 
narines eft blanche : il y a encore une 
petite mâchoire double dans le palais. 
Ses yeux font larges , l'iris eft d'un 
jaune pâle , mais charmant; les jam- 
fees Si fes pattes font jaunes :1e doigt 
ce devant le plus en dehors s'unit à 
celui du milieu par une membrane 
qui s'étend jufqu'au milieu ; fes ferres 
font noires : celle du doigt de derrière 
eft la plus grande. La ferre du doigt 
du milieu a un taillant aigu en de- 
dans. 11 a la tête , le col, le menton 
de couleur de frêne , bigarrés de li- 
gnes noires ; la poitrine, le ventre Se 
JescuifFes d'un brun rougeâtre , tache- 
tés de noir; le dos eft d'un brun foncé, 
flinfi que les plumes qui font près de 
laqueue; celles de deflous font d'une 
couleur pâle rougeâtre , .avec des li- 
gnes noires en travers. 

Cet oifeau vole en étendant fes ailes 
& fe balançant en l'air , où il demeure 
longtemps , pourainfi dire, immobile, 
fans que fes ailes fafllnt le moindre 
^mouvement, & il fend l'air d'un en- 
droit i l'autre faits fe remuer beau- 
coup. On le diitingue des autres oi- 
seaux de-proie jpw la qtreue fourchue t 



M I L 

St on dît que c'eft un oifeau de paP- 
fage .pareequ'il change de pays toute* 
les faifbns de l'année. Ces Milans dé- 
vorent un grand nombre de Poulets , 
de jeunes Canards & d'Oifons ; ils font 
fi hardis , qu'ils les viennent enlever 
dans les jardins Se dans les cours , à la 
campacue comme à la ville , Se autres 
lieux fréquentés. 

M. L i njîius ( Fauna. Suec. p. 
iq. «. 59. ) nomme cet oilèau Falco 
cerâ Jluvâ , caudâ forcipatâ , cor pore 
ferntgineo , capite albidiore. C'eft le 
Milvus de Gesner. , Av. p. 610. 
d'AioROVANOE , Ornith. p. 368. de 
Wm-lughbï j Ornith. p. 41 . & de 
Ray, Symp. Av. p. 1 7. n. 6. M. 
Klein met le Milan dans le genre 
des Vautours. C'eft le Vultur Bœlicus 
des Auteurs , dit ce Naturalifte , QreL 
Av. p. 44. M. L i N n j u s ( Fauna. 
Suec. n. 63. ) le nomme Falco cerâ 
liiteo-viridi , pedibus lutàs , corporefer- 
ruçineo , verticefulvo. 

"MILAN NOIR x Les Natu- 
raliftes cî-defTus cités ne parlent que 
du Milan royal. Mais 13 e L o n ( de la 
Nature des Gif. L. II. c. 27. ) dit que 
le Milan noir eft tout différent pour 
les mœurs 8c pour le plumage. Aris- 
tote ( Hiji. Anirn. L. VI. c. 6. ) dit, 
Jld qui Actolius nuncupatur vel qitater- 
nos aliquando cxcludii.Par cepaffage, 
félon notre Ornithologue François» 
il donne à entendre que de fon tempe 
les Grecs en connoifToient de deux es- 
pèces. Ces Milans noirs , comme les 
autres oifeaux de rapine , au défaut 
de viand-e,fe nourriflent de fruits : c'eft 
ce que ditAmsTOTE, & Belon 
marque en avoir vû en hiver manger 
des Datces fur les Palmiers. Ils y {ont 
fi privés,qu'ils n'ont pas peur ; ils vien- 
nent jufques fur les fenêtres des maî- 
fons du Caire. Selon le même Auteur, 
ils paffer.t plus tard en France que le 
Milan royal , Se s'en retournent plutôt. 
Il en a vû une très-grande quantité du 
coté du Pont-Euxin fur la fin du mois 
d'Avril. Ce Milan noir eft aufli bon 



M I L 

pouf le vo! d'tr Sacre que le Milan 
royal j il eft même plus agile & de 
moindre corpulence , & fatigue plus 
le Sacre dans le combat qu'ils ont en- 
semble. C'eft tout ce que nous ap- 
prend B e L o n de cet oifeau , que les 
autres Naturaliftes n'ont point diftin- 
gué du Milan royal. M. L i n n m u 3 
(Faima Suec. n. 59.} nomme teA&- 
lan noir , Falco cerâ flavâ , caudâfor- 
g'tpatà » corpors fetrugmeo , capits albi- 
diore. 

On lit dans le Tome III. des Col- 
levions Académique! , p. 5.37. une def- 
cription anatomique du Milan , par 
Jean Muralto, Médecin de Zu- 
rich , 8c par le Docteur Vagner.us. 

Le Milan eft le troifieme oifeau de 
g roîe de la- côte d'Or en Afrique. On 
lit dans ¥ Hiftoire Gén. des Voyages 
Tome XIV. p. loi. Edit. in- 12. qu'il 
enlevé non-feulement les Poulets >mais 
tout ce qu'il juge propre à lui fervir de 
pâture , foit chair , foit poiffon. Sa har- 
dieffe eft étrange, puîfqu'il arrache en 
plein jour au milieu des marchés les 
alimens de la main d'un Nègre , mais 
plutôt de celle des femmes-. 

M ï L A N , poifTonde mer volant , 
mis par Artedi (Ichth. Part. V.p. 73. 
7t. 5. ) dans le rang des pohTans à na- 
geoires épineufes , inter Fifces acan- 
thopterygios , Se nommé Trigta rofiro bi- 
fide , lima laîerali ad caudam bifurc-â. 
On le nomme en Languedoc Lucerna, 
dit Rondelet ( L. X. c. 7. p. 234. 
Edit.Franç. ), pareequ'il luit la nuit , 
Se Belugo en Provence , qui fignifie 
étincelle de feu. Le Milan demerref- 
femble pour la figure du corps au Cor- 
beau de mer. Il eft plus rouge , Se fa 
tête eft moins large , & elle eft plate; 
il a le même nombre de nageoires que 
le Corbeau de mer, & la queue pa- 
reille , mais il en diffère pour la gran- 
deur Se pour la couleur. Le dehors 
de fes nageoires près des ouïes n'a point 
de taches rouges , le dedans eft en par- 
tie noirâtre Se jaunâtre. Le trait de- 
puis les ouïes jufqu'à la queue eftgar- 



M ï L 79 

ni d'aîgiiillons courts 8c bien piquans. 
Sa peSi eft rude. Pour le dedans II 
eft femblable au Surmulet , qui n'eft 
pas barbu ; fon palais eft un peu jaune , 
fa chair eft dure & feche. Il' vole un 
peu au-deiîus de l'eau; alors c'eft figne 
de changement de temps. Ray ( Synop. 
Metb. Pifc. p. E8, ». 6. ) dit que ce 
poiilon , qui eft la Lucerna des Vé- 
nitiens , ne paroit pas être un poifTort 
différent de l'Hirondelle de mer d'AL- 
BROvande, Il en a, ajoute-t-il, 
toutes les marques, excepté la largeur. 
Il eft nommé en Latin Milvui , Milva- 
gv & Lucerna j à Naples , Cocco à 
Gênes Organo ; à Marfeille , Galline, 
Il y a un autre poiïïbn de mer qu'AR- 
tedi ( lchth. p.y^.n. 6.) nomme Tri- 
gla capite parum aculeato , pinnulh 
fmgulari adpinnas petlo-rales. Ce poif- 
fon volant , qui eft nommé Xs?./^» 
par Aristote ( Hifl. Anim. L. IV. 
c. 9.) à caufe du bruit que font fes 
ailes en volant, ainn" que par Elien 
(L. IL c. 50. p. 129. & L.IX. c. 52.- 
L. XII. c. 59O > Se auûî par Oppiem 
C L. II. p. 35. ) . eft encore , félon 
Artedi , le même poiffon qu'ÉLiEN 
C L. XII. f. 59.) , Athénée ( X. 
VIII. fol. 1 77. ; & O p p 1 e n ( L. I. 
fol. 113.) , nomment l'iî'ptf| , & ï{pii£ 
qui veut dire en Latin Corvtts , Se en- 
1- rançois Corbeau. Ronde t, et ( L. 
X.c. i.J . eft le feul , qui lui donne 
le nom d'Hirondelle de mer , en" 
Latin Hirtindo marina. Tous les 
autres, comme Pline(L. IX. tv 
25. L. XXXIL c. 2. ) , Ovide 
C V, 92. ) , B e L o n C de Pifeib. > ,- 
SALVIEN {fol. 187.)., Al.DROVANDE 

( L. II. c. y.)JoNSToN (L.lc.î.)} 

"WlLLUCHBY ( p. 283.) , RuïSCH- 

( de Pifc. p. 130, ),Gesner (deAquat, 
p. 5. & 145. ) , Se R a y ( Synop. Pifc. 
p. 89. n. 10.), le nomment, les uns 
Milvago , 8c les autres Milvus , à caufe 
de fon dos noir , en François Milan 
de mer. Le même Artedi ajoute > 
que ce peut être le même que Gil- 
lius , dans Athénée, a traduit par 



8o M I L 

slccipiter , en François Faucon de mer. 
Mais le Faucon de mer eft Homme 
Muge volant par Rondelet ( L. IX. 
c. <.). Quoi qu'il en foit , ce poiflbn 
volant, nommé par les uns Hirondelle 
de mer , par les autres Milan de mer , 
cil le même que le Parabche ou Pa- 
rabelede Marc Grave(L. IV.) , félon 
Ray, Seque celui qu'on nomme Vola- 
dor en Efpagne , Rondire à Rome , Fal- 
cone en Sicile , Flygande-fisk en Sué- 
dois , Se Flying-Fish en Anglois. 

Ce poiflbn", dit Ray , a la tête large , 
ferrée, creufe entre les deux yeux , la 
figure du corps ronde Se longue, mais 
plus pointue vers le bout. Il eft couvert 
d'écaillés fortes, dures 8e très-âpres : 
ces écailles font élevées dans le milieu , 
Se forment toutes , de la manière dont 
elles font rangées , des lignes parallèles 
depuis la tête jufqu'à la queue : la cou- 
leur du dos eft noire. Cetanimal a plu- 
fieurs autres marquesque l'on peutlire 
dans Ruvsch ( de Pifc. p. 1 30. ) où. 
jl y en a une ample description d'après 
Marc Grave, fous le nom de Mii- 
vipira. Ses ailes ne font pas autre chofe 
que des nageoires , qu'il a proche des 
ouïes & quis'étendent jufqu'àfa queue. 
Il en a deux de chaque côté. Les plus 
grandes , qui font les premières , font 
compofées de fis rayons qui tiennent à 
une légère membrane ; les autres font 
d'une couleur d'olive fale : fur les bords 
elles ont des taches rondes d'un beau 
bleu. Au milieu de la partie poftérieure 
il y a de plus grandes taches brunes , Se 
d'un bleu tirant fur le blanc. Vers le 
fond il y a entre les rayons des lignes 
longues Se oblongues. Par le moyen 
de ces ailes , ce poiflbn s'élève au- 
deflus de l'eau , d'un jet de pierre , 
&c il vole tant que fes ailes font hu- 
mides. Gillius , Rondelet Se Marc 
Grave, ont vû voler de cespoifibns, 
communs en Italie, en Sicile, au Bré- 
fil, & ailleurs, auxquels la Nature a 
donné des ailes , pour s'échapper des 
JDorades qui font leurs ennemies. 
MIL ANDRE, ouMÉLANDRE, 



M I L 

poiflbn , efpece de Chien de mer, qui 
eft le rÂMoç kJwï d'ARisTOTE. On a 
donné à ce poiflbn le nom de Cagnot , 
comme qui diroit petit Chien , pareequ'il 
eft du genre des Chiens de mer. Mais 
ce Cagnot ou Milandre , ainfi nommé à 
Montpellier, & Pal à Marfeille , n'eft 
pas le même que le Cagnot bleu , dont 
j'ai parlé d'après Rondelet. On lit 
dans le Tome IV. des Collerions Aca- 
démiques , Partie étrangère, p. 284. la 
defeription du Milandre , par Nicolas 
Stemon , tirée des Ades de Coppenha- 
gue , an. 1 £73 . ObfLXXXlX. L'Ob- 
fervateur s'exprime en ces termes : 

Ce poiflbn avoir fur le dos deux pî- 
quans d'inégale grofleur ; le plus gros 
de ces piquans étoit le moins éloigné 
de la queue , Se ils terminaient l'une 
Se l'autre nageoire, dont ils étoientle 
plus près ; la queue avoit la forme 
d'un triangle fcalene ; la bafe étoit plus 
longue que le côté inférieur , Se plus 
courte que le côté fupérieur. J'ai re- 
marqué fur la bafe un fmus , ou en- 
foncement a fie 2 profond ; il avoit fous 
le ventre deux paires de nageoires ; le 
foie fe divifoit en deux lobes; la vé- 
ficule étoit oblongue , Se terminée en 
pointe. 

Le corps, le pavillon, 8c l'orifice 
inférieur de chaque ovidubtus de ce 
poiflbn , ne différoient aucunement de 
ces mêmes parties vues dans cette ef- 
pece de Chien de mer, que j'ai diiîé- 
qué. L'ouverture du fond des trompes 
faites en entonnoir me parut aflez gran- 
de , & on voyoit fur cette partie quan- 
tité de rides formées pardes fibres, ce 
qui me rît croire qu'elle étoit d'une 
fubftance mufculeufè. Je trouvai dans 
les deux ovaires beaucoup de petits 
œufs, qui contenoient une humeur lai- 
teufe , Se j'en vis quatre autres , qui 
étoient au moins aufli gros , que ceux 
des ovaires des Poules , Se qui avoient 
tous une couleur jaune pareille à celle 
du jaune d'un œuf de Poule , à l'ex- 
ception d'un feul , qui étoit entière- 
ment laiteux , Se dont la furface fe 

trouvent 



M I L 

trouvoic couverte de rides, Chaque 
ovaire avoit une membrane propre, 
qui tenoit tous les œufs enfermés com- 
me dans une bourfe. L'ovaire droit 
contenoit trois des plus gros os , 8c 
le gauche le quatrième. Il avoit un 
fœtus dans un des ovïdudus , Se deux 
dans l'autre : les têtes de ces trois fœ- 
tus étoient tournés du côté de l'ou- 
verture extérieure de Y ovidudus. Ils 
avoient au (fi tous la queue repliée du 
même côté , pareeque la capacité de 
Yovidutlus n'étoit pas aflez grande , 
pour que ces poiitonspulfent s'étendre 
de toute leur longueur. Je fus fort 
furpns de voir que la liqueur dans la- 
quelle nageoient ces fœtus , étoît conte- 
nue dans les membranes mêmes de 
chaque oviduclits , je n'apperçus ni de 
membrane particulière , ni de placenta , 
mais en regardant ces fœtus plus at- 
tentivement , j'obfervaî fous la région 
du cœur un tubercule blanchâtre dont 
l'intérieur étoit cave & vuide. Voyez 
la Planche XV. fig. 6, des Colleïtions 
Académiques , Tome ci-dejfus cité. Je 
diiïéquai enfuîte un de ces fœtus , & 
à l'ouverture de l'abdomen , je vis une 
véficule oblongue , qui communiquoîr 
par un petit canal au tubercule blan- 
châtre , dont nous venons de parler; 
le milieu de cette véficule adhérait au 
canal inteftinal , contourné en fpirale, 
qui avoit à fa partie fupérieure une 
ouverture 2(Tez grande , aboutilTante à 
la véficule. J'ouvris cette véficule Se 
il en fortît une humeur d'un blanc 
jaunâtre ; l'inteftin étoit rempli d'une 
pareille humeur , mais teinte par la 
bile , Se l'eftomac de tous ces fœtus 
contenoit une liqueur femblable à celle 
de Y ovidudus , dans laquelle ils na- 
geoient. On voit par-là que lespoif- 
ïbns prennent de la nourriture dans 
Yoviduclus par la bouche , Se par les 
înteftins , de même que les oifeaux. 
J'obfervaî fur la furface intérieure de 
chaque ovïdudus des vaifleaux fanguins 
qui s'étendoient fur toute la longueur 
de ces vifeeres , en formant des replis 
Tome III. 



MIL Ss 

Se des finuofités , dont les angles ou 
contours alternatifs pouvoientfe mar- 
quer en relief fur la tunique extérieure 
de Yovidutlus, Voyez CHIEN DE 
MER , pour les autres efpeces. 

MILLE CANTONS: On 
prend au mois de Juillet dans le Lac 
de Genève de petites Perches , qui dans 
ce temps ne font pas plus groffesque 
les plus petits fers de lacets : cela fait 
un mets fort délicat, qu'on appelle 
dans le pays Mille Cantons. 

MILLEPEDE , ou ARAI- 
GNÉE DEMER,en Latin Mtl- 
lepeda , nom que les Conchyliologues 
donnent à une efpece de Coquillage 
que M. d'Argenville met dans le 
genre des Murex, de la claile des Uni- 
valves ■ il eft ainfi nommé à caufe du 
nombre des pieds qu'on voit au pour- 
tour de fon aile , qui eft fort étendue ; 
le corps eft tout rempli de bottes Se 
de tubercules ; la queue eft allongée 
Se recourbée. La tête ne laiffe pas de 
fe découvrir diftinclement. 

MILLEPI EDS, infectes four- 
nis d'une quantité de pieds. Les Mil- 
lepieds d'Hollande , dit Seba , font 
ovipares ; leurs œufs font blancs , bril- 
lans comme des Perles , de la grofTeur 
delà tête d'une épingle; ils deviennent 
plus gros au commencement du prin- 
temps , Se prennent vie en terre par la 
chaleur des rayons du Soleil. Ceux 
de S urinam font beaucoup plus grands , 
mais ils leur refiemblent pour la figure. 
Voyez Thef. I. Tab. 8 1. ». i, & a. 

L'Auteur en a reçu deux des côtes- 
de Guinée , dont l'un , dans la figure 
qu'il en donne , eft mâle , Se l'autre , 
couché fur le dos , eft la femelle. Il ne 
paroît entre eux qu'une légère différen- 
ce. Les articulations font plus larges 
dans le mâle , plus petites Se plus ra- 
maffées dans la femelle. Les écailles 
qui couvrent le delTus du corps de ce- 
lui-là font d'un brun qui tire fur un 
rouge foncé , au-lieu qu'elles font d'un 
rouge pâle dans celui-ci. La même 
chofe a lieu à l'égard du defibus du 



8, MIL 

corps : le deiïbus de la tête eft coloré 
de rouge. Thcf. I Tab. 81.». ?• 

Il y en a de très-grands à la Nou- 
velle Efpagne ; le même Auteur en a 
reçu un de ce pays. Cet infecleétoit 
conipofé de trente-deux articulations , 
dont chacune avoit deux pieds, c'eft-à- 
dire , qu'il rempoit avec foixante-qua- 
tre pieds. Il fortoit près de fa gueule 
deux pinces armées d'ongles noirs , 
pointus & crochus. C'eft parle moyen 
de ces pinces que cet animal fe faififioit 
d'autres infectes & s'en nourriifoit : il 
avoit deux pieds fort longs qui for- 
toient de la partie poftérieure de fon 
corps : chaque pied étoit formé de qua - 
tre articulations , dont la dernière étoit 
munie d'un ongle noir , fait en croc , 
fort pointu à l'extrémité , & lequel 
aidoit cet infecte à marcher. Tous les 
autres Millepieds, de quelques lieux 
qu'ils viennent , jufqu'aux plus petits 
qu'on trouve en Hollande , font faits 
de la même manière ; la tête de cet 
infecte formée d'une plus grande arti- 
culation que ne font celles du relie du 
corps, poufloit deux longues cognes, 
terminées en pointes , & divïfées en 
jdufieurs jointures qui rendoient leur 
mouvement libre de tous côtés. Seba 
a eu une fois divers de ces infectes 
avec leurs œufs , qui furent tirés du 
bois d'un vieux vaïfleau de la Com- 
pagnie des Indes Orientales qu'on avoit 
mis en pièces. Ces infectes étoient vi- 
vans , & leurs œufs prêts à éciorre. Il 
conferva ces Millepieds fous terre affez 
long-temps en vie ; mais les œufs qui 
étoient de la grofleur d'un grain de 
Moutarde , périrent faute de chaleur 
néceflaire. L'Auteur marque qu'il n'a 
jamais rencontré de Miltepiedi de cette 
efpece plus grands que ceux-ci. Les 
écailles qui couvroientles articulations 
étoient convexes deifus le corps & 
plates deiïbus, à la manière des écailles 
de Tortues. Voyez Thef. 1. Tab. 81. 
». 4. 

Le même Naturalifte au même en- 
ilroit parle, d'un Millepieds Oriental », 



M I L 

& qui eft le plus grand de tous. Let 
articulations qui forment le corps de 
cet infecte , font étroites & jointes en- 
femble en façon d'anneaux ; fes pieds 
font en plus grand nombre que dans 
le précédent , & îls paroifTent en fl 
grande quantité , que c'eft avec juftice 
qu'il porte le nom de Millepieds. Cha- 
que pied eft auffi compofé de quatre 
articulations : le corps eft d'une figure 
oblongue ronde , tel que celui des Ser- 
pens à deux têtes. La tête eft couverte 
d'une écaille ronde , large , en forme 
de bouclier. Sous les yeux , qui font 
très-petits , pouffent deux cornes , dont 
chacune eft compofée de trois gros 
nœuds ; les deux dernières articula- 
tions du corps-, près de la queue , n'ont 
point de pieds. Voyez Thcf'. t. Tab. 81. 
». 5. 

Seba donne la figure d'un plus pe- 
tit Millepieds , tel qu'il eft quand il 
dort. Ces petits animaux fe ramalTent 
en rond quand ils veulent repofer : ils 
font de leur tête le centre du peloton 
3c replient leur corps tout à l'entour t 
en rangeant leurs pieds fur le -^.os félon 
leur ordre , Se en retirant la queue. Ce 
qui eft aufiî la manière de dormir de 
quelques Serpens. Les Millepieds dor- 
ment de cette façon pendant le jour & 
courent pendant la nuit , au rapport 
des Indiens, avec une vîtefie que l'œil 
peut à peine fuivre, Thej. I. Tab. 8 1. 

K.6. 

Les Millepieds de mer d'Amboine p. 
fbnt nue efpece particulière de ces 
grands Vers qui fe fourrent dans les 
vieux pilotis enfoncés dans la mer , les 
percent Se en tirent leur nourriture „ 
d'où leur vient le nom de Vers de mer. 
Depuis la tête jufqu'à la queue ils font 
hériftés de chaque côté de petrt3 fais- 
ceaux terminés en trois pointes , qui 
refTemblent aux fins pinceaux dont les 
Peintres fe fervent , 5c font compofés 
de foies luifantes de diverfes couleurs, 
Le défais du corps de ces Vers elt 
tout couvert de petits poils. Les an- 
neaux , dont il eft formé , font étroite- 



MIL MIL gj 

ment ferrés Se moux au toucher. Les vent dans les bois Se les lieux incul- 
troisran^s de petits faifeeaux tiennent tes , au grand défagrément des Ne- - 
lieu de pieds à cet infecle ; il s'en fert gres ; mais , par bonheur , les Serpent 
pour avancer , comme les poilTons fe aveugles dont Seba donne la figure , 
fervent de leurs nageoires. IbeJ. I. Tbef. II. Tab. 24, ». 1. en diminuent 
Tab. 81. n. 7. I e nombre. 11 paroît , par les deux pe- 
Les Millepieds de mer d'Hollande , tites cornes qui pouffent hors la tête 
font de ces Vers de mer pernicieux , du Millepieds dont il donne la figure, 
qui, au grand dommage de ce pays, que c'eft un mâle. On ne peut donner 
ont jufqu'à préfent rongé les pilotis à ces infectes un nom plus convenable 
des digues d'Hollande, Seba s'eft fait que celui de Millepieds qu'ils portent, 
apporter de diverfes côtes maritimes En effet de chaque côté de leur ven- 
d'Hollande , plufieurs morceaux de tre fort un rang d'une infinité de 
pieux qu'on a déracinés du fond de pieds , menus , pointus Se crochus , 
l'eau, afin d'en tirer lui-même ces femblables à autant de petits ongles, 
Vers encore vivans; alors il a vû qu'ils qui ont chacun leur mouvement quand 
étoient de différentes grandeurs, placés l'infecte marche , de façon qu'il ne 
à leur aife , nageant , pour ainfi dire , peut plus remper avec la même aifart- 
dans les niches qu'ils s etoient faites , ce & la même agilité , s'il lui manque 
8c qui étoient remplies d'une liqueur feulement un feul de ces pieds. Le& 
limpide ; c'eft une chofe digne d'être Millepieds ont le tronc du corps rond, 
remarquée. L'iafeSfe , à mefure qu'il compofé d'articulations mobiles pour 
avance dans l'intérieur du bois qu'il pouvoir fe tourner & fe mouvoir de 
perce , élargît fon domicile, en fe dé- toutes parts: ces articulations- font 
pouillant de toutes parts d'une ma- jointes intérieurement par des ligamens 
tîere écailleufe , blanchâtre , qui fe membraneux ; ces ligamens ayant été 
durcit , & paroît intérieurement Bfle Se une fois retirés ou rompus , lorfque cet 
luifanre; ainfi l'excavation s'amplifie infecte s'eft defféché , on voit alors les 
Se s'agrandit avec le Ver qui y eft articulations , qui ne font plus rete- 
renfermé. L'Auteur ne donne la figu- nues, fe féparer facilement les unes des 
re de ce Ver qui s'infinue dans les autres. Les petites cornes qui for- 
pieux des digues d "Hollande , que par tent de la tête du mâle manquent à la 
la reffemblance de fes anneaux Se de femelle : elle porte fes œufs comme 
fes jambes avec le Millepieds d'Am- la Chevrette , autrement nommée la 
boine , repréfenté au n. 7. Se dont il Salicorne dans le pays, favoir fous le 
diffère néanmoins totalement par rap- ventre , entre les deux rangs de fes 
port à la tête ; car dans celui - ci il pieds , jufqu'i ce que les petits entie- 
îbrt de fon mufeau rond deux longues rement formés fortent vivans du ven- 
dents ou pinces , qu'il peut avancer ou tre de lamere, laquelle ils abandon- 
retirer comme il lui plaît: il fe fourre nentfur le champ : ilscommencent alors 
dans les excavations des Vers qui per- à remper , Se fe répandent par- tout à la 
cent le bois , les déchire avec fes ronde.- Tbef. Ij, Tab. 24. n. 4. & 5. 
dents, les tue Se les mange, ainfi que 11 y a aux Indes un infecte qu'on 
le fait voir Seba dans la figure qu'il nomme Millepieds, ou Cloporte Orien- 
cn donne; carie Ver qu'il repréfenté tul ; c'eft une autre efpece de Miller 
fous les lettres A. & B. eft le Ver pieds différent de ceux d'Amérique : 
qu'il a tiré lui-même des morceaux de fes articulations font plus grandes , lar- 
bois où il étoit entré. Tbef. I. Tab. 81. ges Se comprimées ; de chacune d'el- 
», 8. les fortent feulement deux pieds : 
Les Millepieds d'Amérique fe trou-*- ceux de devant furpaflent en longueur 

Lij 



84 MIL 

ceux de derrière; fes cornes font auflî 
plus longues ; fa tête eft encore d'une 
conformation différente : le deflùs du 
corps tire fur un jaune enfumé. Tbef. 
IL Tab. 25. n. 3. 

Seba a encore figuré un Millcpieds 
de Ceylon couché furie dos. Il lui a 
été envoyé de l'Ifle de Ceylon : il a 
les articulations du corps plus rondes 
que celles du précédent ; d'ailleurs il 
lui rtflemble parfaitement par les cou- 
leurs Se par les pattes , avec cette uni- 
que différence , qu'on voit entre fes 
deux derniers pieds fortir trois appen- 
dices mollettes , dont celle du milieu, 
qui a quelque rapport avec le mem- 
bre viril , femble indiquer les parties 
de la génération , Se prouver par con- 
féquent que ce MÛlepieds feroit un 
mâle. Tbef. IL Tab. 25. ». 4. 

Voilà toutes les cfpeces de Mille- 
pieds de différens pays , ainfi que de 
terre Se de mer, que Seba a examinés 
Se fait figurer. 

K o L b e dît que les Milleptedr fe 
trouvent en abondance au Cap de 
Bonne-Efpérance'. Ils y font blancs 8c 
rouges. Leur longueur eft de trois 
pouces, &leur épaiifeur un peu moin- 
dre que la moitié de celle du doigt. 
Ils font velus. On n'a pu découvrir 
aucun oeil dans cet infecle ; mais à la 
tête il eft pourvu de deux cornes mou- 
vantes , dont il fe fert pour râter le 
chemin où il doit paiïer. Cet animal 
eft venimeux, Se fa morfure eft auflî 
dangereufe que celle du Scorpion. On 
emploie avec fticcès pour la guérir la 
pierre de Serpent, auflî -bien que les 
oignons rôtis. Koi.be ( Defcripc. 
du Cap de Bonne-Efpérance , Tome III. 
p. 102. ) dit qu'il a vu ce dernier re- 
mède employé à bord d'un vaiffeau. 
Un Matelot avoir été mordu par un 
de ces infectes: la douleur étoit trts- 
vîve Se fa vie en danger. Trois oignons 
rôtis , appliqués fur la partie malade , 
arrêtèrent parfaitement le poîfon , Se 
le malade recouvra promptement fa 
première fantê. 



M I L 

Les Portugais appellent les fi*t!h- 
pieds , Centipedes. Il y en a une quan- 
tité prodigieufe à la côte d'Or , Se 
quoique leur piquûre ne foit pas fi: 
dangereufe que celle des Scorpions , 
elle caufe pendant quelques heures 
des douleurs fort aiguës , qui ceflent 
enfuite , fans qu'il en refte aucune tra- 
ce. Bosman {tiïfi. Gcn.-desVoyag. 
Tome XIV. p. 222.) dit que dans les 
Forts Hollandois il n'y a point de lieu 
qui foit exempt de cette Vermine. 

11 y a encore un Mil h pieds en Amé- 
rique , auflî dangereux que celui d'A- 
frique , quoiqu'il paroiffe que ce foit 
le même animal. Voici la defeription 
que le P.LabàT (Veyag. de l'^mér.) 
Se d'autres Voyageurs nous font de 
celui-ci , auquel on peut trouver 
quelque différence. On appelle cet 
infecte ainfi , à caufe de la -multitude 
prefque innombrable de fes pieds , qui 
hériflent tout le deffous de fon corps. 
11 s'en fert pour remper fur la terre , 
ce qu'il fait avec une vîtefle incroya- 
ble , lorfqu'il fe trouve pourfuivi. II 
a environ fix pouces de longueur : tout 
letleffusde ion corps eft couvert d'e- 
caîlles tannées , extrêmement dures 
Se emboitées les unes dans les autres , 
comme les tuiles d'un toit. Cet in- 
fecte eft dangereux , en ce qu'il a des 
mordans à la rére Se à la queue, donc 
il pince fi vivement Se fait glîffer un 
fi mauvais venin en la parrie qu'il a 
ferrée , qu'on y reflenr une douleur 
fort aiguë pendant plus de vingt-quatre 
heures. 

MILLEPIEDS S dard > nom 
donné par JV1.de Ré a u m u R à des 
infectes aquatiques, qui n'ont gueres 
que fept à huit lignes de longueur. 
Ils font remarquables par une trompe 
ou dard charnu , qu'ils portent en de- 
vant de leurtête Se qu'on ne trouve pas 
aux Millepieds des autres efpeces. Ils 
fe foutiennent dans l'eau Se y nagent 
au moyen des inflexions qu'ils font 
faire à leur corps avec vîtefle. Ils fè 
''repoferrt & ik rempent fur tous les 



MIL MIN 

Corps qu'ils rencontrent. On en trouve 
beaucoup fur les plantes aquatiques, 
& ils deviennent la nourriture des Po- 
lypes d'eau douce , dit M. Trem- 
blay. 

M I L L I O , Serpent de Guinée , 
très- rare , brun fur le corps Se blanc 
deffous ; les écr.illes du défais du corps 
font afTez grandes, d'un brun rouge, 
toutes cerclées d'anneaux blancs & lar- 
ges, qui continuent jufqu'au bout de 
ln queue; la blancheur de ces écailles 
eft marbrée d'un rouge pâle; tout le 
ventre eft prefque blanchâtre , mêlé 
d'un peu de rouge ; il a la tête longue , 
les yeux brillaas , la gueule large 5c 
dentelée d'un bord blanc ; le front eft 
couvert de grandes écailles 8c le col 
entouré d'un collier blanc. Les Afri- 
cains nomment ce Serpent Miil'io. 
Seba, Tbef l Taè.%\.n. 3. 

M I N 

MINEURS, ou VERS 
MINEURS de feuilles : Ce font 
des infectes très- petits 8c fort aifés à 
trouver. On n'a befbin que de voir 
l'extérieur d'une feuille, pour recon- 
noître fi quelque Mineur S'eft logé dans 
fon Intérieur. Quoique faine Se verte 
par-tout ailleurs , elle eft defféchée, 
jaunâtre , ou blanchâtre , ou du moins , 
d'un verd dîiFérentdti refte , vis-à-vis 
les endroits que l'infecte habite , ou 
qu'il a habités, La claffe de ces InfeEtes 
Mineurs avoit été peu obfervée avant 
M. de R É a u M u K : elle eft très- 
nombreufe en efpeces différentes; mais 
toutes ces efpeces ne font compofées 
que d'animaux bien petits. 11 y a peu 
d'arbres & de plantes , fuppofé qu'il y 
en ait, dont les feuilles ne foïent pas 
attaquées par des Mineurs. 

Quelques-uns , félon cet Obferva- 
teur , s'établiffent dans les tendres 
feuilles du Laiteron ; c'eft une des 
plantes où on en trouve le plus. D'au- 
tres fe logent dans celles du Houx , 
toutes dures qu'elles font , 8c même 
dans le temps où elles font le plus 



MIN 85 

dures , c'eft-à-dire vers la fin de l'été. 
Il y a des Mineurs de différentes èfpe- 
ces , qui vivent dans l'intérieur des 
feuilles de la même phmte , ou du 
même arbre. On voit les feuilles du 
même Pommier , & la même feuille du 
même Pommier , qui ont été minées , 
tant en galeries, qu'en grandes aires. 
Ces Injectes Mineurs fe transforment 
en des#nfectes ailés des trois claiTes 
les plus nombreufes en genres Se en 
efpeces. Par exemple , quantité de 
petites Chenilles Mineiij es fe métamor- 
phofenten Papillons: quantité de Vers 
Mineurs fe métamorphofent en Mou- 
ches , 8c quantité d'autres Vers Mineurs 
fe métamorphofent en Scarabées. Il 
n'ell pas facile de reconnoitre les diffé- 
rentes efpeces de Chenilles Mineiij'es , 
d'avec les Vers Mineurs ; mais un Ob- 
fervateur reconncît qu'elles en diffé- 
rent , quand il parvient à voir les in- 
fectes dans lefquels elles fe transfor- 
ment. 

Tant que la plupart des Mineurs 
font Vers , ou Chenilles , ils vivent 
dans une grande folitude. Chaque ga- 
lerie Se chaque efpace miné plus en 
grand , eft l'habitation d'un feul infec- 
te , laquelle n'a aucune communication 
avec celles que d'autres infectes de la 
même , ou de différente efpece peu- 
vent s'être faites dans la même feuille. 
11 y a cependant des Mineurs habitan» 
d'une même feuille , qui après avoir 
paffé une grande partie de leur viefé- 
parés les uns des autres , fe rencon- 
trent , lorfque le temps de leur mé- 
tamorphofe approche. A près avoir vé- 
cu jufques-ld dans d'étroites galeries, 
ils veulent des demeures plus fpan'eu- 
fes: ils minent en grand. 11 y a d'ail- 
leurs des Mineurs , qui, dès leur naif- 
fance , s'établiffent plus de vingt ou 
trente enfemble dans une même ca- 
vité , qu'ils agrandiffent journelle- 
ment , pour fe nourrir. On trouve de 
ces fociétés de Mineurs dans les feuille* 
de Lilas. Les Vers qui les compofent 
font blancs Se ras. Ils ont ûx jambe» 



85 MIN 

écailleufes : on ne leur en d-îftingue 
point de membraneufes. Leur derrière 
les aide à marcher : il fait l'office d'une 
feptieme jambe. 

M. de Réaumur dit que quoi- 
que ics Mineurs foient toujours très- 
petits, les yeux feuls trouvent entre 
eux des différences qui fuffifent pour 
en faire distinguer les clafles , les gen- 
res Se même quelquefois les dfcèçes.j 
mais on a befoin, pour les biefr voir, 
du fecours d'une loupe. Tous les In- 
fectes Mineurs ont une peau tendre , 
tranfparente Se rafe ; tous ne l'ont 
pas de la même couleur : la plu- 
part cependant font blanchâtres , ou 
d'un blanc dans lequel il y a une lé- 
gère teinte de verd.D'autresfont d'une 
couleur de chair pâle , & d'autres font 
d'une couleur dechairplus vive, pref- 
que rouge. 11 y a un grand nombre 
d'efpeces , qui font d'un allez beau 
jaune qui tire fur la couleur de l'am- 
bre. C'eft la couleur des Chenilles 
Mineuja en grand du Pommier. Quand 
les bijeïles Mineurs ont fubi leur der- 
nière métamorphofe , après qu'ils font 
devenus des infectes ailés , ils ne ref- 
tentpas long-temps à s'accoupler. Les 
femelles vont dépofer leurs œufs fur 
les feuilles propres à nourrir les petits 
qui en doivent éclorre. Elles en biffent 
peu fur chacune. Ces œufs font fi pe- 
tits, qu'il eft difficile d'en rencontrer. 
Les Vers Mineurs qui doivent fe tranf- 
former en Mouches à deux ailes , n'ont 
- point de jambes , Se leurs têtes ne font 
point écailleufes.: ces Mouches ne ref- 
femblentpas à celles des Chenilles Mi- 
neuj'es, ni même à celles des Vers Mi- 
neurs, qui doivent fe transformer en Sca- 
rabées. Ces Vers Mineurs , qui doivent 
devenir des Mouches , lbit pour miner 
en grand, foit pour miner en galerie, 
ont une méchanique différente des 
Chenilles Mtneitfa Se des autres Vers 
Mineurs. Us femblcnt piocher à-peu- 
près comme nous piochons pour creu- 
fer la terre ; c'eft l'exprellion de M. 
DE Ré A U M u R. 



M ï M 

Plufieurs efpeces de Vers Mineurs 
fortent des feuilles dans lefquelles ils 
ont pris leur accroiffement , lorlqu'ils 
font près de leur première transfor- 
mation, D'autres le mettent en coque 
dans la cavité même qu'ils ont creuiée 
dans la feuille. Plufieurs autres efpeces 
de Vers Mineurs paffent , pour ainfi 
dire , de l'autre côté de la feuille « 
c'ell-à-dire qu'ils ouvrent une cavité , 
qui , du côté du deffus de la feuille , 
eft couverte d'une épailfeur capable 
d'empêcher de les voir. 11 y a aulli des 
Mineurs en grand , qui, après avoir 
mini la feuille plus près du deffus que 
du deffous , pendant qu'ils minoient 
pour croître, patient de l'autre côté, 
lorfqu'iis fon,rprès de fe métamorpho- 
fe r , & minent un efpace moins grand 
que le premier , lequel ne paroît miné 
que quand on regarde la feuille par 
deffous. C'eft ce que pratiquent pour 
l'ordinaire les Mineurs des feuilles du 
Houx. Voyez furie travail de ces Vers 
Mineurs Se leur métamorphofe le Mé- 
moire I. dit Tome III. des injectes de M. 

DE R É A U M U R. 

MINEUR DES INDES 
OCCIDENTALES: Cetoifeau 
eftenviron de la grandeur de la Grive 
de Guy. Albin {Tome II. ». 38.) 
dit qu'il a le bec d'un beau rouge Se 
l'iris d'un jaune pâle. Sur le derrière 
de la tête il y a une large bande de 
noir, qui s'étend jufqu'aux yeux , les 
extrémités de cette bande fe coumynt 
par en bas. L'oifeau eft entièrement 
noir , excepté qu'il y a deux longues 
marques blanches dans les deux lon- 
gues plumes de l'aile les plus avan- 
cées en dehors ; les jambes font oran- 
gées Se les griffes noires. Cet oifeau 
imite la voix humaine. Son ramage eft 
bien articulé. Albin dit qu'on les 
apporte des Indes Orientales. 

MI N I A, forte de Serpent veni- 
meux, qui fe trouve dans le pays des 
Nègres. Il eft fi grand Se fi gros , qu'il 
avale des Moutons , des Pourceaux Se 
même des Cerfs entiers. Il fe tient à 



M I N 

l'affût dans des brouffailles , & quand 
il découvre quelque proie , il s'élance 
deffus, 8c «'entortillant autour de fon 
corps , il l'étouffé en la prenant. On 
rapporte une chofe particulière de ce 
Serpent, c'eft qu'avant que d'englou- 
tir ce qu'il a pris , il regarde tout 
autour s'il n'y» point quelque Fourmi 
qui fc pourroit gliffer dans fon corps 
avec fa proie & lui ronger les entrail- 
les. La peur qu'il en a vient de ce 
cu'aprcs avoiravalé un animal de cette 
groffeur, il fe fent incapable de fe dé- 
fendre, jufqu'à ce qu'il ait digéré ce 
grand fardeau. 

M I N I A C , nom Malabre , que 
M. Adanson( Hifi. des Coquillages 
du Sénégal , p. no.) donne, d'après 
Rumphius, à un Coquillage du 
Sénégal , Se qu'il met dans le rang de 
fes Coquillages operculés & du genre 
des Pourpres à canal court, échancré 
& fimple. Ce Coquillage eft figuré à la 
Planche VII. ». 6. L'Auteur en parle 
en ces termes. Cette efpece, dit-il , a 
beaucoup de reffemblance avec une 
ancre , qu'il nomme Tefan , tant par 
les couleurs de fa coquille , que par 
fa légèreté & fon peu d'épaiffeur, mais 
fa forme eft prefque ronde ; fa lon- 
gueur, qui elt d'environ deux pouces, 
excède à peine fa largeur d'une qua- 
trième partie : elle eft des plus tranf- 
parentçs : elle n'a que fix fpires , qui 
différent de celles du Tefan , en ce 
qu'elles font diftinguées par un large 
8c profond canal. Leurs canelures font 
plus étroites , plus arrondies , plus 
relevées Se féparées les unes des au- 
tres par un efpace plus grand que leur 
largeur. La première fpire en a qua- 
torze : la féconde en a trois , & les au- 
tres beaucoup moins. Ces canelures 
font en creux dans l'intérieur de la 
coquille Se fparées par autant de pai- 
res de filets, ou de petites côtes, qui 
égalent leur largeur; Le fommet eft 
conique , pointu, mais fortapplati, 
deux fois plus large que long, Se trois 
fois plus court que fon ouverture. La 



MIN 87 

lèvre droite de l'ouverture efl: plus 
évafée que dansun autre Coquilla ge du 
même genre , qui eft la cinquième efpe- 
ce de l'Auteur : elle n'a que quatorze 
ondes fur fes bords. La lèvre gauche a 
aufliun ombilic, mais il manque dans le 
plus grand nombre. Cette coquille eft 
enveloppée d'un périofte affez épais , 
qui lui communique fa couleur rouffâ- 
tre. Lorfque ce périofte eft enlevé, 
elle paroît d'un fort beau blanc, taché 
de quelques points fauves & quarrés , 
diftribués fur les canelures à une gran- 
de diltance les uns des autres. 

M. Adanson range encore fous 
le nom de Mïniac pluficurs efpeces de 
Coquillages, qu'il regarde du mime 
genre Se delà même efpece ; favoir y 
la tertia Natttilii fpeciej , Aris- 
t o t e l e prodita , dont parle BeloN, 
de Aquat. p. 383. 

La Cochlea rugofa & umbilicata de 
Rondelet,/^. L. L Edit.Lat.p. 106. 
dont parlent Bossuet, Aquat. paru 
altéra, p. 55. Gesner , Aquat. p. 287. 
& Aldrovande , Exfang. p. 390". 

La Cochlea rugofa de Jonston,- 
Exfang. lab. lo.pg.y. 

La Cochlea nivea , è papyraceâ fub- 
ftamiâvehai compacta , at non plie a tilt , 
jemi-circularibus canaliculis diflintla , 
inter quoi fin* ferè plana , maculis fla~ 
vis tejj'ellatis, de Bonanni, Recr. 
p. 115. Claff. 3 . n . 1 6. Se du Mufmm 
de K 1 R k e r , p. 450. ». 16. 

La Cochlea fuperiori crajfior , eodem~ 
modo canaliculata , fimilil-itj'que norif 
difiintla , ore valdè labrofo & vxlvii- 
liscoronato , in cujus extremitate fora- 
men profundum du même Bonanni»- 
ibid. n. 17. SeduMufatm de Kirker r 
p. 45 0. n. 17. Ce Coquillage fe pécher 
dans la mer de Sicile. 

La Cochlea am précédente conven'unr 
in finis & maculis , at bafi planiore 
du même, p. nô\ ». 25. & de Kir- 
k e r , p. 450. ». 2.5. Ce Coquillage fe. 
trouve aux Indes Orientales-. 

Le Biiccimtm Ampullaceitm ,■ tenue v 
nnfra Uviter fmmfo rjïriis. raris rtarap r 



88 M I R 

valdè extamibus , maeulatis , circuni - 
datum de Lister, Hifl. Conchyl. 
Tab. 899. fig. 19 Ce Coquillage fe 
trouve dans le détroit de Malava. 

La Cochlea firiata, fîve Olearia de 
R u m p h 1 u s , Mufi p. 90. art. 1. 
p. 27. /g. 4. & le Bia-Mitdac du mê- 
me , qui fe trouve à Malabar. 

La PerdiceaLuz,onis , globofa, coflis 
clatis, maeulatis de Petivert , Gaz. 
Vol. II. cat.z$$. Tab. 99. fig. II. 

La Cochlea car.aliculata, relia , craf- 
fior , vitlgaris , urnbonata , firiata ftriis 
c an aliculatïs & in jummitate fuâ Jul- 
cata canaliculo rugofo & quafi in Je 
comorto de Lanohius , Meth. p. 24. 

La Cochlea canaliculata , extrormm 
incufvata , vitlgaris , urnbonata , firia- 
ta firiis canaliculatis , & umbilicata 
du même , p. 26. 

La Tonne chargée de cordelettes 
tachetées de jaune fur un fond blanc , 
de M. d'Ar G en V 1 L L E, figurée à 
la Planche XVII. Utt. C. p. 264. Hift. 
Conchyl. Edition de 1757. 

Et enfin la Cochlea cajftdiformis , 
umbilicata , ventricofa , firiata firiii 
raris , elatis , canaliculatis' > G~ in jum- 
mitate colore fulvido l éviter tejfellatis , 
fubalbida de G U A L T 1 E R 1 , bld. Tab. 
& pag. 39. litt.E. 

M I R 

Ml R AILLET, ou RAIE 

L I S S E , en Latin Rata lavis , octtla- 
ta , nom que Rondelet(£. Xll- 
c. 8. p. i-/6. Edit. Franç.) donne à un 
poiffon qu'A R t e D 1 ( le ht h. Tan. V- 
p. loi.n. 7. ) nomme Rata dorjo , ven- 
ir eque gl abris , aculeis ad oculos , ter- 
noqite eorum ordine in cattdà. Cette ef- 
pece de Raie eft la Raia oculata des 
autres Naturaliir.es , comme de Ges- 
n e r , de Aqtiat. p. 933. de J o n s- 

TpN ,L.I.C. 3. d'A LDROVANDE, 

L. III. c. 61. p. 453. de Ch arle- 

TON,p, qO.deSCHONNE VELD, 

p. 58. de WilluGhby, p. 72. Se 
de R a y , p. 27. n. 9. Elle eft nommée 
friiraiiltt par le Naturalifte François , 



M I R 

à eaufe des figures d'yeux qu'elle a 
fur le corps , Se qui font des marques 
qui reiïemblent à de petits miroirs. 
Ce poifibn eft femblable aux autres 
efpeces de Raies. Son mufeau eft car- 
tilagineux Se tranfparent : fon corps eft 
brun au-deffus , Se femé de tachas ; de 
chaque côté il a une ^>elle marque , 
comme un cdl , d'où lui eft venu le 
nom de Raia oculata. Ses aiguillons 
fout en plus grand nombre que ceux 
des Raies à long bec Se à bec pointu. 
Le delTous de fon mufeau eft rude ; 
il y a quelques aiguillons autour des 
yeux , Se la queue en eft toute garnie. 
Ce poiifon eft nommé à Vcnife Bar- 
racol , Se à Rome ArzMla. Voyez au 
mot RAIE. 

M I R A N : C'eft un Coquillage 
univalve , du genre de la Vis , des 
côtes du Sénégal , qui ne vit que dans 
les fables , Se que M. A d a N s o n 
( Hifi. Nat. des Coquillages du Sénégal , 
p. 51.) dit avoir trouvé fréquemment 
fur la côte maritime de Ben , pendant 
le mois de Mars. Ce Coquillage eft 
figuré Planche IV. ». 1. La coquille 
du Miran eft ovoïde , arrondie Se ob- 
tufe dans Ton rxtrémité fupérieure Se 
terminée en une pointe tr^s-rine lion 
fbmmet. Sa longeur eft d'environ treize 
lignes Si furpalle une fois Se un tiers 
fa largeur , qui n'eft que de cinq lignes 
Se demie. Elle eft médiocrement épaille 
Se formée de dix fpires, qui tournent 
en defeendant peu obliquement de 
droite à gauche , Se dont la largeur 
diminue à mefure qu'elles approchent 
dulommet, où elles fe terminent par 
un point prefque imperceptible ." ces 
fpires font un peu renflées & bien dif- 
tinguées par un léger fillon , qui les 
fépare : les deux premières , ou les 
plus proches de l'ouverture font liffes 
Se unies; mais les huit autres ju/qu'au 
fommet font relevées chacune de plu- 
fieurs petites côtes parallèles à la lon- 
gueur de la coquille: au refte elle eft 
d'un poli Se d'un luftre tel qu'il n'eft 
point terni par le périofte fubtil qui la 

recouvre, 



M I R 

recouvre. Son ouverture eft une cl- 
lipfe trrégulîere , pointue par le bas 
Se arrondie par le haut , où elle fe 
termine en un canal profondément 
échancré dans la coquille. La longueur 
de cette ouverture eft double de fà 
largeur : elle eft une fois & un quart 
plus courte que le foramet de la co- 
quille Se à -peu -près parallèle à fa 
longueur. La lèvre droite de l'ouver- 
ture eft fimple , courbée en portion 
de cercle, tranchante Se fans bordure. 
La lèvre gauche eft aulfi courbée en 
deux fens différens , mais arrondie Se 
garnie par le haut de deux plis allez 
gros , dont l'inférieur fait le tour de 
l'échancrure de l'ouverture. La feule 
variété que l'on obferve dans cette 
Coquille , confifte dans la proportion 
de fes parties , dont la largeur , com- 
parée à .leur longueur , eft plus grande 
dans les jeunes que dans les vieilles. 
Leur couleur dans tous les âges eft 
ou blanche , ou agathe , fans Aucun 
mélange. 

La tête de l'animal que contient 
cette Coquille, a, dit M. Adanson , 
la forme d'un croiftant, dont la con- 
vexité eft bordée d'une membrane très- 
fine. Elle eft arrondie Se convexe en 
deflus Se plate en deilbus: fa largeur 
eft double de fa longueur. Deux cor- 
nes cylindriques Se terminées en poin- 
te , prennent leur origine de fon fom- 
met Se fur les côtés, qui les tiennent 
fort éloignées l'une de l'autre : leur 
longueur eft double de celle de la tête : 
leur furface eft polîe Se luifante. Les 
yeux font deux petits points noirs , 
peu appareils Se placés fur le côté ex- 
térieur des cornes à leur origine. La 
bouche eft une fente aflez longue , 
parallèle à la longueur de la tête Sefi- 
tuée .au-deflous d'elle dans fon mi- 
lieu. Lorfqu'elle s'ouvre on apperçoît 
le mouvement de la mâchoire infé- 
rieure , qui porte de bas en haut. Quoi- 
que l'Obfervateur n'ait point vu fortir 
de langue à cet animal , l'analogie le 
fait p enfer qu'il doit en avoir une fem- 
Teme III. 



M I S M I T 5> 

blable à celle de l'Yet qui eft du genre 
de la Porcelaine. Le pied forme une 
ellipfe très-ouverte ouobtufe à fes ex- 
trémités. Sa longueur eft prefque dou- 
ble de fa largeur 8c un tiers plus courte 
que fa coquille. A fon extrémité anté- 
rieure il eft traverfé par un profond 
fillon Seprolongé fur fes côtés en deux 
oreillettes triangulaires, qui n'ont que 
la fixieme partie de fa longueur. Le 
manteau eft une membrane épaiffe, 
qui tapifte l'intérieur de la coquille. Le 
tuyau fort par le canal, ou l'échancru- 
re de l'ouverture de la coquille , Se fe 
rejette fur le côté gauche de l'animal. 
Le deffous de 1cm corps eft d'un blanc 
pâle , Se le deiïus d'un blanc d'eau, 
marqueté de petits points , ou de lignes 
noirâtres. 

M I S 

M I S G U R N , poîflbn commun 
en Allemagne , de la figure de la Lam- 
proie , qu'on pêche du côté de Ra- 
tifbonne , difent Gesner Se Ray. 
Ce dernier dit qu'il eft prefque de la 
largeur de l'Anguille depuis la tête 
julqu'à la queue. H a cinq lignes noi- 
res , une au haut du dos , deux plus 
larges aux côtés Se deux plus étroites 
depuis la tête jufqu'à la queue : les 
efpaces entre ces lignes Se le bas du 
ventre ibnt d'un bleu obfcur, marqué 
de points noirs , ainfi que les nageoires 
de la queue. Ce poiflbn a la bouche 
environnée de barbillons , fix à la mâ- 
choire fupérieure & quatre à la mi- 
choîre inférieure. Il n'a qu'une nageoi- 
re au dos. Il diffère de la Lamproie 
par les nageoires qu'il a au ventre. 
Il n'en a point proche des ouies. Il a. 
des ouies, au-lieu que les Lamproies 
ont des trous Se non des ouies. 

M I T 

MI TA CLE, efpece de Moule, 
dont Dioscoeude dît que les meil- 
leures fe trouvent dans la mer Pontî- 
que , Se dont les cendres ont la même 
qualité que celles des Buccins. Étant 

M 



co MIT 
lavées comme on fait le plomb , elles 
font bonnes aux médicamens qu'on fait 
pour les yeux avec du miel , Se non- 
feulement elles confument la groffeur 
des paupières , mais elles ôtent la taye 
de l'œil Se tout ce qui apporte empê- 
chement à la vue. 

M I T T E S * , infectes volans du 
genre des Scarabées. Les jeunes font 
blancs : les vieux deviennent noirs. Ils 
fe dépouillent de leur peau. Les mâles 
ont des ailes : les femelles n'en ont 
point : le froid les fait périr. Il y a de 
plu (leurs efpecesde3f/r/ÉT, fa voir celle 
qui vit de chair , en Latin Blatta carni- 
vora, en Allemand Fleijcb Scabe , en 
Italien Platella , ou Baccaroni : celle 
qui fe trouve dans le pain Se la farine, 
en Latin Blatta panes devorans , en 
Allemand Brod Kafer : on en voit la 
deferiprion dans les Éphéméridcs des 
Curieux de la Nature , n. 6. Dec IL 
an. 20. p. 1 8. celle qui ronge lesLivres, 
en Latin Blatta libraria , en Alle- 
mand Bikher-Scabe : celle qui gloufle 
comme les Poules , en Latin Blatta 
glocitans : il en eft parlé dans les Fphi : - 
mérides des Curieux de la Nature, n. 6. 
Dec. II. an. 6*. p. 50. celle qui aime le 
Porreau , èn Latin Blatta porricida : 
elle fait du ravage dans les jardins : 
celle qui fuit la lumière , en Latin 
Blatta hteifuga : celle qu'on trouve 
dans les moulins Se aux environs des 
fours , en Latin Blatta molendinaria & 
pifîrinarid , en Anglois Cockrocbe, en 
Allemand Stuben Schabe Schivartz.er 
MM Kaftr. Pline appelle celles qui 
nriiTent clans les mo'ulins , à l'entrée 
des latrines Se des bains , MiUcon. On 
en voit beaucoup en Ruffie , qui fe 
cachent de jour dans les fentes de bois 
& qui fortent la nuit. On les appelle 
dans ce pays Turakan. 11 y a la Mitte 
puante , en Latin Blatta fœtida , qui 
répand fa mauvaife odeur par-tout où 
elle pafTe. Elle fe retire dans les ca- 
yes Se dans les lieux frais : on ne la 

* La Mitte , en GrecSi'Aop», & Tj'àcp»., eft 
nommée en Latin Blatta ï en Anglois, Mothi 



M I T 

voït ordinairement que la nuit, Scelle 
marche très-lentement. 

M. Linn/kus { Fauna Stuc. n. 594.) 
la nomme , Tenebrio atra » coleopteris 
ponè acuminatis. C'eft la Blatta fœtida 
des Naturaliftes , comme d'A LDR o- 
V AN D E ( Infetl. p. 499, ) , de Mouf- 
fet (Lat. p. 138.) , de Charleton 
(Exercit. p. 48.), de Jonston ( Inf. 
t. 16.) Se de Merret {Pin. p. 201. ); 
le Scarab&us impennis > tardipes de 
Petivert ( Gazoph. p. 38. ) ; le 
Scarabitus niger , rotundtts , lavis, an- 
tennis globo/is de Ray ( Inf. p. 89. ) ; 
le Scarabitus terrains & flentraritts , 
niger , fœtidus de F a 1 s c h : la Blatta 
ofjicinarum de D a L e { Pharm. p. 9 1 . ) , 
Se enfin le Tenebrio terrefiris des Voyages 
d'Œlande. Petivert parle d'une 
autre efpece , qui eft plus ronde , Se 
Lister aullî d'une , qui eft couleur de 
violette , qui eft ventrue Se différente 
de celle de Petivert. M. LinNjïus 
les croit l'une & l'autre d'une autre 
efpece que la Blatta fœtida. Enfin M, 
G é e r en donne une quatrième efpe- 
ce , qu'il nomme Tenebrio atra , coleop- 
teris ponè rotundis , maxiliis prominen- 
tibiis. F R 1 s c H en parle. C'eft une 
petite efpece , qui a le thorax comme 
le genre des Car abus y Scarabées jar- 
diniers , les cuifles faites en mafiîie Se 
les mâchoires de la longueur de la 
tête. 

Le* Mines en général reffemblent 
aflez aux Grillons des champs. On dit 
qu'elles fortent de leurs œufs toutes 
parfaites Se qu'elles croiflent peu à 
peu. Elles ont huit grands pieds , pa- 
reils à ceux des Faucheurs, ce qui eft 
aifé d'obferver , en mettant une de 
ces petites bêtes dans un microfeope. 

Pour h Mitte qui imite le cri de la 
Poule , qui ronge les livres Se qui fe 
nourrit de la colle dont on les enduit 
en les reliant, elle eft de la groffeur 
d'une grofïe Puce. Cette Mitte a fur 
le dos une crête oblongue , de cou- 

en Allemand , Scabe i en Suédois Torraka » 
& Dmean. 



M I T 

leur erife. Elle porte la tête baffe Se 
rapprochée de la poitrine. C'eft en 
frappant des ailes l'une contre l'autre 
qu'elle excite un bruit , qui imite le 
gloufîement d'une Poule. Cet infe&e 
a paru à Chrétien Mentzelius peu 
différent de l'infecte dont Goedard 
a parlé dans fon Traité des Métamor- 
phofes y Fart, I. Obferv. 60, 

M. LiNN/Eus ( Fauria Suce. p. 195. 
». 6 17. cTi8.) nomme Biatta ferrugi- 
neo -fujea , elytris fulco wato imprcjjïs , 
la Biatta molmdmana Qr piftrinaria 
de Mouffet , le Scarab&us alter , 
tefludinarius , minor > atque aiatus de 
Coi.UMNAjle Gryllus de J o N S T o N, 
le Gryllus aiatus & reptns de B a it- 
THOLE, infecte qui fe trouve dans 
lefucre, la Biatta prima, pve mollis 
deMouFFET.&la Biatta lucifuga , 
fve molendiaaria de F r 1 s c H. Il y a 
une efpece de Mine qui fe met entre 
les écailles des poiffons que les Lapons 
font deflecher. Il en eft parlé dans les 
Ailes d'Upfal, fous le nom de Lam- 
pyris alis juperioribus ad apgulum acu- 
tumjiriatij . M. L 1 n n m u s la nomme 
Biatta ftavefcetif , elytris nigro macu- 
latïs. 

M c M e R 1 A N ( Hifl. des Infeiï. de 
Surin, p. 19. ) dit qu'il y a de belles 
Mittes blanches à Surinam , qui fe mé- 
tamorphofent en de belles Mouches 
vertes. 

Voyez fur ces différentes efpeces de Mû- 
tes, V 1. 1 n e , L. XXIX. c. 6. Aldrovande , 
Infitt. L. IV. c,9. Mouffet, L. I. c. iS. 
V o s s 1 11 s , 7hef. Gent. L. W. c. 48. />. m. 
1605. R 1 e G e R , Net. rcr. nat. & artefatl. 
p. 117. & fuiv. dit Tome II. 

M I T U , ou M U T U , oifeau 
du Bréfil , félon Marc Grave, 
qu'H ernandez nomme Tepetotolt. 
11 eft du genre des Faifans , dit le mê- 
me Auteur, & les Efpagnols le re- 
gardent pour tel ; mais R a y ( Symp. 
Me th. Av. p. 52. ». 4, ) penfe qu'à 
caufe de fa queue , qu'il drelfe en 
rond comme les Paons Se les Coqs 
d'Inde , il eft plutôt une efpece des 
uns ou des autres. Il eft plus grand 



MIT M I X su 

qu'un Coq; les plumes de fon corps 
font noires , excepté au ventre Se au 
croupion , où elles font brunes. Cet 
oifeau a fur le fommet de la tête des 
plumes noires , plates , qu'il élevé 
Se qu'il drelfe en forme de hupe quand 
il lui plaît. Il a le doigt courbé , long 
d'un doigt & demi , d'une belle cou- 
leur de chair Se blanc vers la pointe. 
Il fe perche fort haut Se vole fur les 
arbres comme les Paons. C'eft un oi- 
feau doux Se ami de l'homme. 

M I T U P O R A N G A , autre 
oifeau du Bréfil , félon Marc Grave , 
Se dont parle Aldrovande , L.XÎV. 
c. 10. Il a le bec moins large Se moins 
en forme d'arc que le Mitu : l'extré- 
mité en eft noire : tout le refte eft 
couvert d'une membrane jaune , pa- 
reille à celle qu'il a autour des yeux; 
fon col Se fa tête font couverts de plu- 
mes très-noires Se luifantes comme 
de la foie; il a fur le haut de la tête 
des plumes crêtées , torfes , qui def- 
cendent jufqu'au commencement du 
col & qu'il peut élever en forme de 
hupe: le refte de fon corps eft noir, 
avec quelques taches noires. Proche 
du croupion il a quelques plumes blan- 
ches : fes jambes font cendrées. C'eft 
une efpece de Coq des Indes, ainfi que 
le précèdent , difent R a y ( Symp, 
Mcth. p. 52. n.6.) Se Ru y se h {de 
Avib. p. 133.), Se le même que les 
Africains nomment Ano } G e s n e r , 
LongolinHî ; Aldrovande, G al- 
las Indiens. Voyez COQ INDIEN. 

M I T Z L 1 , animal , dit Nierem- 
eerg C Hifl. Exot. L. IX. C. 24, ) , qui 
eft une efpece de Lion. Quand il eft 
petit , fa couleur eft brune ; à mefure 
qu'il prend croiffance, il devient fauve, 
quelquefois rouge , ou d'une couleur 
tirant fur le blanc : quand cet animal 
eft grand , il eft moins féroce que le 
Lion. R u y s c h en fait mention , 
de Quad. p. Sx. 

M I X 

MIXANO, petit poiflbn de la 
M îj 



$i MO C M O F 

rivière des Amazones , dont plufieur* 
ne font pas fi longs que le doigt. Ils 
arrivent tous les ans en foule à Berja » 
quand les eaux commencent à baiffer 
vers la fin de Juin, Ils n'ont rien de 
fmgulier que la force avec laquelle ils 
remontent contre le courant; comme 
te lit étroit de la rivière les raffem- 
ble néceflaîrement près du détroit,- on 
les voit traverfer en troupe d'un bout 
à l'autre , 8e vaincre alternativement ? 
iur l'un ou fur l'autre rivage ,, la vio- 
lence avec laquelle les eaux fe pré- 
cipitent dans ce canal étroit, On les 
prend à la main , quand les eaux font 
baffes , dans les creux des rochers de 
Pongo , où ils fe repofent pour pren- 
dre des forces , Se dont ils fe fervent 
comme d'échelons pour remonter- 

M O C 

MOCOTOTOTL, olfeau du 
Méxîque , ainfi nommé , dit Hernan- 
nrz , d'une herbe r dont il fe nourrit, 
nommée Mocoquul. Il eft de la gran- 
deur d'un Etourneau , dit Ray , Synop, 
Av. Append. p. 166. n. 8. Sa couleur 
eft brune Se pâle ; fa poitrine eft blan- 
che , 8c le deifous de fa queue eft de 
la même couleur ; fon bec & fes pieds 
font d'un rouge écarlate. Cet oifeau 
chante afiez méiodieufemenf.. 

M O F 

M O F AT : C'eft un Coquillage 
fcivalve de l'a côte du Sénégal , la pre- 
mière efpece du genre des Pétoncles 
de M. Adanson, p. 241. Il eft 
très-commun dans les fables voifins de 
l'embouchure du Niger, Se fe trouve 
figuré chez l'Auteur Planche XVIIL 
n. 1. 

Sa coquille , dit-il , eft exactement 
ronde , médiocrement épaiffe , d'un 
pouce Stdemi de diamètre , &de moi- 
tié moins profonde. Elle eft relevée de 
vingt-fix grolTes canelures ,. liffes Se 
arrondies , qui s'étendent en longueur 



M O F 

fuf tôllte la furface extérieure. Les 
bords des battans font marqués inté- 
rieurement d'un pareil nombre de 
greffes dents, dont les fept premières 
de l'extrémité fupérieure font divifées 
comme les dents d'une fcîe par de pro- 
fondes échancrures : elles ne joignent 
pas parfaitement enfemble , lorfque la 
coquille eft fermée j les autres font 
peu apparentes au-dehors r fort écar- 
tées les unes des autres , Se féparées 
au-dedans par un petit canal qui va fe 
perdre dans les fommets. Ceux-ci font 
ronds , affez grands , tournés légère- 
ment Se horifontalemcnt en fpirale , 8c 
placés au milieu de chaque battant » 
fort proches l'un de l'autre. Le liga- 
ment eft coriace , brun étroit ,. a fiez- 
court, convexe luifant 8e fort entiè- 
rement hors de la coquille, au-deffus 
du fommet où il eft placé. La char- 
nière eft très-longue & forme une 
ligne droite , qui furpaffe un peu la 
largeur de la coquille. Elle eft corn- 
pofée dans chaque battant de cinq dents, 
dont quatre font raffemblées par pai- 
res, &fort écartées les unes des au- 
tres. Il y en a une paire vers leur 
milieu ; elle eft longue & pointue. 
L'autre paire eft placée en haut dans 
le battant droit , Se en bas dans le 
battant gauche. Elle eft fort large Se 
obtufe , aufli-bien que la cinquième 
dent , qui. fe trouve au contraire en 
bas dans le battant droit , 8e en haut 
dans le battant gauche. Toutes s'en- 
grainent parfaitement, & font un peu 
plus grandes dans le battant gauche 
que dans le battant droit. Chaque bat- 
tant porte intérieurement, près des ex- 
trémités de la charnière, deux taches 
qui défïgnent le lieu où étoient fixés 
les mufcles. Celle d'en haut eft el- 
liptique , & plus petite que celle d'en 
bas , qui eft ronde. Cette coquille ne 
paroît pas couverte d'un périofte fen- 
fïble ; le blanc eft £a couleur ordinai- 
re y on voit cependant quelquefois un 
peu de rouge à fes fommets , Se à fou 
extrémité fupérieure, 



M O F 

r M. A d a n s o n dit que le Thon' 
tle , ou Hannon , de la côte de Bre- 
ïagne Se de celle de Normandie, dont 
•a parlé Belon(</( ^gaa*. p. 4 10 * 
^-411.) reffernble beaucoup &vMo- 
f^f du Sénégal; mais il en diffère en 
ce que fa coquille eft moins épaifTe , 
ainfi qu'en ce que fes canelurcs font 
iraverfées par un nombre confidérable 
de petits filets qui lui donnent beau- 
coup d'âprcté , Se en ce que fes bords 
ne font pas fi- fenfiblement dentés à fon 
extrémité fupérieure. L'animal , plongé 
dans les fables , écarte médiocrement 
les deux battans de fà coquille , Se mon- 
tre les bords de fon manteau , qui font 
lîmples & légèrement ondés : ce man- 
teau eft ouvert dans l'efpace compris 
entre tes trachée3 Se la partie posté- 
rieure du pied ; du* refte il eft tout 
d'une pièce aux extrémités. Deux tra- 
chées , en forme de tuyaux , fortent 
de l'extrémité fupérieure à une dif- 
tance à-peu-près égale du fominet& du 
point qui lui eft oppofé. Elles font fort 
courtes , & n'ont qu'une ligne Se demie 
au plus de longueur. Celle qui eft la 
plus éLoignée du fommet eft la plus- 
grande , Se accompagnée fur fon côté 
antérieur d'une efpece de frange de dix 
à douze filets. Toutes deux font cou- 
ronnées de trente filets diftribués fur 
deux rangs. Les filets du rang exté- 
rieur font coniques & plus grands que 
les autres. Le pied eft d'une grandeur 
médiocre ; ii fort du milieu de la co- 
quille , dont il égale quelquefois la 
longueur , en prenant la forme d'une 
lame de couteau recourbée en deiïlis. 
Tout le corps de cet animal eft blan- 
châtre , tacheté de quelques points 
jaunes fur la couronne des trachées Se 
quelquefois fur les filets mêmes. 

M-. Adansôn range fous le nom de 
MofatAe Petlitncuhts orHcularif > ex 
altero latere pr&ïongis ,-iatïfqite dentibus 
cvnfpkuus deLiSTER» Hifl. Conchyl. 
1ab,_ 3 3 o. /g; , i&j-, & de M. Klein, 
fent. p. 140. fp.i.n. 4. Litt.K. 

Et le fiUunculiu Bomeocus , finis 



MOI n 

alte incijîs de Petivert, Gaz.oph. 
Vol. II. Cité. O. Tab. 5 4. fig. $ . 

M O I 

MOINE: Les Holland ois ont 
donné à quelques poïfTons des Indes , 
qui font de la même efpece , le nom 
de Nonncvijïh , eu Latin Munialis , 8c 
en François Moine. Ruïsch ne faic 
pas lacaufe de cette dénomination. Ce' 
nom cependant, dit-il, eftaffez con- 
nu dans les Indes. On prend ce poif-» 
fon proche Hila3. 

Le premier eft d'un bleu clair , de- 
puis le dos jufqu'à' la mâchoire infé- 
rieure. Il a une ligne large qut eft de? 
couleur rouge , mais le ventre eft mar- 
bré de différentes couleurs : les na— 
geoires , qu'il a des deux côtés dit 
corps , ne font pas pointues. Sa chair 
eft bonne à manger* mais il faut au- 
paravant l'ouvrir , & le faire fécher au 
foleil , ou le faler; 

Le fécond reffemble affez au précé- 1 
dent ; mais il a huit aiguillons , dont 
fix fur le dos , Sz deux autres au bas 
du ventre. II a trois taches blanches 
rrès-remarquables , avec des nageoires 
fous les ouies : c'eft ce que n'a pas le 
précédent?. Sa couleur eft jaune. 

En comparaiît le troifieme avec ce- 
lui dont je viens de parler, il n'y a 
aucune différence ; mais quant à la cou- 
leur il y en a une très-grande. Ce poif- 
fon eft jaune, noirâtre Se bleu : fa têre eft 
rouge , à la réferve d'une ligne qui la 
rraverfe. 

On donne auflî le nom de Moine au 
Maribuin , comme je l'ai dit. Voyez- 
au mot MARSOUIN. 

Gesner Se Rondelet rapportent 
qu'en Norvège on prit un Monftre 
marin , après une grande tempête :. 
ceux qui le- virent lui donnèrent le 
nom de Moine. Il avoît la face d'un 
homme ruftique : fa tête étoit rafe Se 
unie ; on voyoît fur fes épaules com- 
me une efpece de capuchon de Moi- 
ne. Il avoit deux longues nageoires 
au-lieu de bras, Se fon corps finiflbiî 



If MOI 

en une queue très-large. Rondelet 
dit que la figure qu'il donne de ce 
Moine marin lui avoit été donnée par 
Marguerite de Valois, Reine de 
Navarre, qui l'eut d'un Gentilhomme 
qui cnportoit une autre à Charles- 
quint. Ce Gentilhomme difoit avoir 
vû ce Monftre , tel qu'il eit repréfenté 
dans Rondelet, jetté par les flots 
furie rivage, après une grande tem- 
pête , dans un lieu nommé Diez.e , 
proche d'une Ville appellée Denelo- 
pocb. Le même Rondelet mar- 
que avoir vû à Rome un Moine marin 
en peinture , qui ne différoit en rien 
du fien. 

Entre les bêtes marines , Pline 
fait mention de l'Homme marin , Se 
Pausanias du Triton, comme Monf- 
tres vraiment exiftans. Voyez HOM- 
ME MARIN. 

MOINE DES INDES, nom 
que les Portugais donnent au Rhino- 
céros. Voyez ce mot. 

MOINEAU: Les Naturalises 
ont donné le nom de Pajjer , non- 
feulement à plufieurs oifeaux de di- 
vers genres , mais encore à quelques 
poiiTbns plats , tels que la Limande , 
la Plie, le Carrelet, la Sole, le Tur- 
bot , Sec. M. L i N N je u s ( Fauna Suec. 
p. 64. & fuiv.) en compofe le fixieme 
ordre des Aves Pajj'eres , dans lequel 
il range i°. fous le nom générique de 
Colwmba , les différentes efpeces de 
Pigeons; 2 0 . fous celui deLoxia, les 
Gros fjecs ; 3 0 . fous celui à'Ampelis* 
les différentes efpeces de Geais ; 4 0 . 
fous celui de Sitia, les oifeaux nom- 
més ordinairement Torchepots ; 5 0 . 
fous celui de Sturnus , les Étourneaux ; 
6°. fous celui de Turdus , les Grives; 
7 0 . fous celui d'Alauda, les Alouet- 
tes; 8 U . fous celui de Fringilla , les 
Chardonnerets , les Pinçons , les Moi- 
neaux , les Linots , Sec. 9 0 . fous 
celui de Certhia , les Grimpereaux ; 
io°. fous celui de Motaciila , les 
Hoches-Queues , les Rollignols , les 
Fauvettes , les Roitelets , Sec, 1 1°. 



M O \ 

fous celui de Parus, les Mélanges; 
12°. fous celui d'Hirundo, les Hiron- 
delles; 13 0 . fous celui de Procellaria, 
PAntipollux , ou le grand Pierrot » 
nommé Pinçon de mer, ou Oifeau de 
tempête. 

M. K l E 1 n ( Ord. Av. p. 87. ) fait 
fous le nom de PaJJèr un genre d'oi- 
feaux , qui eft le dixième de la qua- 
trième famille , laquelle contient les 
oileaux tétradactyles , qui , comme j'ai 
déjà eu occafion de le dire plufieurs 
fois , ont les pieds munis de trois doigts 
fimples en devant Se d'un quatrième 
par derrière , Tttradadyli , digitis fîm- 
plicibus , taàça poftico. Cet Auteur di- 
vife ce gênas Pajjèris en cinq tribus. 
Dans la première font les différentes 
efpeces de Moineaux, Parères; dans 
la (econde les différentes efpeces d'Or- 
tolans , F.mberiz.a. ; dans la troifîeme , 
les Linots, Lin aria s dans la quatriè- 
me , les Gros Becs , Coccotbraufies , 
Se dans la cinquième , les Pinçons , 
Fringilla. Je n'ai à parler ici que des 
Aves Pafferes , dont le caraclere eft 
d'avoir le bec en forme d'un cône ren- 
verfé , les bords très-coupans Se fit- 
niffant en pointe; le fommet de la tête 
plus élevé que celui des autres petits 
oifeaux de ce genre. 

Les efpeces de Moineaux dont onr 
parlé Aldrovande , Villuchbï, 
Ray.Gesner ScBelon, ainfi 
que Me (Heurs Linnjeus 8e Klein , 
Albin, Catesbt, Edward, 
S l o a n e Se les autres , font le Moi- 
neau franc , le Moineau d'arbre , le 
Moineau jaune , le Moineau de trois 
couleurs , le Moineau blanc , le Moi- 
neau à la fonde , le Moineau à tête rou- 
ge , le Moineau de montagne , le Moi- 
neau de jonc , le Moineau des Indes, 
le Moineau dont parle S e b a , ceux 
de Catesby -3c des autres, & enfin 
le Moineau de neige de M.LiNn itus, 
Commençons par le Moineau franc , 
qui elt ordinairement appellé Moineau 
domeftique. 

MOINEAU VULGAIRE, 



m o r 

DOMESTIQUE, ou DE 
MAISON, autrement dît Moineau 
franc, on franc Moineau*, nommé 
par M. LiNNitus ( Fauna Suec. 
p. 80. ». H2.) Fringilla remigibus , 
rethkibufque fufcis , gulà nigrà , tem- 
poribus ferruginds. Cet oifeau eft le 
Pajfer domefticus de G E s N E R ( Av. 
p. 543 .). deWiLLUGHBY ( Omith. 
p. 182.) , de R A Y {Synop. Meth. Av. 
p.%6.) Se d' A l B 1 N , Terne I. n. 62. 
Cet oifeau pefe un peu plus d'une 
once. Il n'a que fix pouces ou fix pou- 
ces Se demi de longueur , depuis la 
pointe du bec , jufqu'à l'extrémité de 
la queue ; fix de large , les ailes éten- 
dues. Il a le bec épais , les coins de la 
bouche noirs chez le mâle ; l'entredeux 
des yeux jaunâtre 5 le bec , chez la 
femelle , eft fombre Se d'un pouce de 
longueur , & les yeux font couleur 
de Noifetier ; il a les jambes & les 
pattes couleur de chair fombre , les 
griffes noires , la tête d'un bleu fom- 
bre , ou couleur de Frêne Se le menton 
noir ; au-deflbus des yeux deux peti- 
tes taches blanches; une bande large , 
d'un rouge brun , qui provient des 
yeux; les plumes qui croiflent autour 
des oreilles, couleur de frêne ; la gorge 
au-deffous de la tache noire , de ia mê- 
me couleur, tirant fur le blanc; il a 
fous les oreilles des deux côtés , une 
tache longue & blanche ; les plu- 
mes du deflus de la poitrine Se celles 
du ventre font blanches vers leur inté- 
rieur; mais il y a peu de blanc vers 

* Il eft nommé en Hébreu Tfîppcr , à cau- 
fe de fon ramage, qui femble toujours dire 
*(ip, >J>P, tfip , ifip. M.. Jault dit que le mot 
Hébreu Tfippor fignifie proprement tout oi- 
feau en général , qui vient du verbe . fapiiar , 
s'envoler ; les Cbaldéens difent TJifgtv, & les 
Syriens Tfephra. dans le mërné fens". Cet oi- 
feau eft appelle en Grec Zrfvht'i ■ en Latin 
Tafir ; en Italien, Psffira domef&ca ; enAUe- 
marid Spct thig , ou Hauf-Spatzen ; en Ân- 
glois tjiïoufe- Sparnw ; en Suédois Taeeting , 
ou Sping. S c h wt'NCKFELD dérive le mot 
Latin Paffer à paiiendo , pareeque cet oifeau 
tombe du mal caduc. LaurentJoubert 
jlit auffi qu'on appelle en Languedocien le 



MOI p5 

leurs bouts, qui termine le rouge : le 
refte du dos Se du croupion eft d'un 
verd fombre 8c d'une couleur de frêne 
mélangée. La femelle n'a point de ta- 
ches noires fous la gorge , ni de taches 
blanches lur le col & au -deffus des 
yeux ; la tête & le col font de la mê- 
me couleur que le croupion : le deflbus 
du corps elt d'un blanc fombre , Se 
au milieu de la ligne blanche , en tra- 
vers des ailes, il efl: couvert de plu- 
mes blanches , dont les pointes font 
pâles 8c rougeâtres. Les couLurs de 
la femelle en général ne font pas aufli 
belles , ni fi vives que celles du mâle. 
Chaque aile a dix-huit plumes fom- 
bres avec des bords rougeâtres , & il y a 
une bande blanche, qui féparela faulfe 
aile de la jointure , immédiatement 
après; les plumes couvertes des ailes 
au-deflus de cette ligne fc:u d'un brun 
rougeâtre; au-deflbus elles ont leur 
partie du milieu noire Se leurs bords 
extérieurs rouges : la queue a douze 
plumes, Se ia longueur en cil de deux 
pouces 5c un quart , la plume du milieu 
étant un peu plus courte que les au- 
tres; toutes les plumes font de cou- 
leur £çmbre Se noire , avec des bords 
rougeâtres. Le Moineau eft un oifeau 
lafeif. Aldrovande dit en avoir 
vu un, qui en moins d'une heure co- 
cha fa femelle vingt fois, étant prêt' 
à la cocher encore davantage , fi elle 
rr'eùt pas changé de place. Cet oifeau 
a les tefticules grands , les inteirïns 
longs de neuf pouces , avec des ap~ 

mal caduc lm mm de las PaJfvM , c'eft-ù- 
dire le mal des P-aflereaux. Pour le mot Fran- 
çois Moineau , autrefois Maincl , il vient de 
Moine , félon la penfée de Blipv, paree- 
que fon plumage gris & enfumé le fait ref- 
fenibler à de certains Moines. Pierre Borfl 
le fait venir, ainfi que le mot de Moins , du 
Grec Mnnç , qui veut dire folitaire , & M. - 
l'Abbé Prévost , dans fon Manuel-Lexicon^, • 
eft du même fentiment. Cet oifeau eft en- 
core connu dans nos Provinces fous les noms 
de Pafe ou faitfe, Pajfereau, Paftrat , Vixfe- 
tean ou Paijfeieau, Mottcet, Moine, Mainet., 
Mai fon, Vierru ou Pierrot , ?ilhry ou Gtw£-- 
kry.è 



9 6 MOI 

pendices très-courtes. La femelle a 
l'ovaire grand , Peftomac charnu Se 
une véficule du fiel. On peut douter 
avec raifon fi fa vie eft d'aufù courte 
durée qn'on le dît. Il varie en cou- 
leurs , comme bien d'autres oifeaux ; 
car A L D R o v a n D E , dont on peut 
coniulter là-dcffus les figures Se les 
defcriptions , repréfente un Moineau 
blanc Se un jaune. 

Le Moineau franc , félon Frisch, 
fait des petits trois fois l'année. Quand 
il eft jeune , on peut lui apprendre le 
cri de quelques oifeaux Se quelque 
chofe du chant de ceux qui font auprès 
de lui. Comme il fe tient plus que les 
autres fur la terre devant les hommes 
Se dans les villes , il eft auffi plus con- 
nu ; mais il eft extrêmement incom- 
mode, pareequ'il fait tort aux grains , 
tant d la campagne , que dans les gran- 
ges Se dans les' greniers. Il n'épargne 
pas auffi les jardins. Il a un cri im- 
portun depuis le commencement du 
printemps jufques dans le plus grand 
froid de l'hiver , & U crie d'une ma- 
nière particulière. Quand plufieurs mi- 
les pourfuivent une feule femelle , elle 
fe défend alors à grands coups de bec , 
en forte que fouvent ils tombent par 
terre tout étourdis , Se que quelques- 
uns font pris par les Chats. On peut 
,diftinguer leurs cris quand ils s'accou- 
plent pour pondre , quand ils avertif- 
fent leurs petits de ne fe pas faire en- 
tendre, d.e peur de fe découvrir; quand 
ils voyentprès d'eux quelque ennemi , 
comme un Chat, un Oifeau de proie , 
un Hibou ; quand ils volent par trou- 
pe à la campagne , 5c enfin quand ils 
marquent leur colère l'un contre l'au- 
tre , ou qu'ils fentent de la douleur. 
En plufieurs endroits on oblige les 
gens de la campagne à en livrer un 
certain nombre de têtes , afin qu'ils ne 
fe multiplient pas trop. 

Les Moineaux font rufés & ils re- 
marquent bientôt tous les pièges qu'on 
leur tend ; aînfi il faut les biffer tran- 
quilles long-temps auparavant , lorf- 



M O I 

qu'on veut les prendre. Ils font mé- 
fia ns , & il n'y a gueres que les jeunes 
qui fe lailfent prendre au filet , à la 
glu, ou au trébuchet. Quelques-uns 
n'en veulent point manger, pareequ'ils 
s'imaginent que ces oifeaux tombent 
du mal caduc: d'autres en mangent, 
mais ils leur ôtent la tête. Le Moineau 
eft gras quand il eft jeune Se qu'il ne 
cherche pas encore à s'accoupler ; car 
alors fa cupidité lafeive ne le biffe pas 
croître. Il marche en fautillant, 11 eft 
très-fécond , fait fon nid , tantôt dans 
le creux d'un arbre , tantôt fous un 
toit , ou dans un trou de muraille » 
tantôt dans un vieux nid de Pie , tantôt 
au haut d'un Pommier , ou d'un autre 
arbre; fouvent même dans un puits, a 
une certaine profondeur. 11 s'empare 
auffi quelquefois des nids d'Hirondel- 
les à cul blanc , qu'on nomme petits 
Martinets ; alors il fe livre de rudes 
combats entre eux. 

On a prétendu que les mâles ne vî-- 
voient que deux ans. Scalicer croit 
cette opinion vraifemblable ; car , fé- 
lon lui , on cherche peu à en prendre : 
on en prend réellement fort peu. Ils 
font très - féconds , & néanmoins la 
quantité n'en eft pas à craindre. A L— 
DROVANDE leur donne quatre ans 
de vie , attendu que les Pigeons , tout 
lafeifs qu'ils font , vivent jufqu'à feize 
ans Se plus. Ce qu'il y a de certain , 
c'eft qu'on a vu des Moineaux, tant 
mâles que femelles , vivre en cage 
pendant huit ans , ScRiChelet dit, 
d'après Olina, que le Moineau vie 
neuf à dix ans. Les jeunes s'apprivoi- 
fentaifément & font fort amufans.^ 

Le Moineau fait un grand dégât de 
Mouches à miel, fur-tput lorfqu'il a 
des petits. lien fait auffi dans les Co- 
lombiers , pareequ'il tue les Pigeon- 
neaux , en leur crevant le jabot avec 
fou bec , pour manger le grain qui eft 
dedans. 11 mange de tout, Mouches, 
Papillons , Guêpes , Abeilles , Fre- 
lons , Bourdons , Fourmis , Grillons , 
Scarabées , Vers , grains , fruits fit lé- 
gumes, 



MOI 

.gnmes. Aufïï pour éloigner ces oifea'iK 
& leur faire peur, les gens de la cam- 
pagne ont - ils coutume de planter 
tir-bout des hommes de paille habillés 
•de haillons. On attache fouvent contre 
les maifons des pots de terre faits ex- 
près , qu'on appelle pour cette raifon 
Aes pets à Pajjè ou à Moineau , afin 
«pie ces cifeaux y fafTent leur nid. La 
i'julî qualité louable qu'ils ont, c'eft 
d'aimer paflîonnément ceux de leur 
efpece ; car non-feulement ils élèvent 
leurs petits avec beaucoup de foin , 
mais aufît quand ils viennent à décou- 
vrir quelque amas de grains, ils invi- 
tent à grands cris leurs compagnons .i 
en manger avec eux. Z I N A n N 1 dit 
que dans un nid fait d'herbes lèches & 
<le plumes', il pond pour chaque cou- 
vée quatre ou cinq œufs à coque très- 
mince , qui font de couleur cendrée, 
marquetés ç.i Se là d'une détrempe 
«'encre & de lacque. Les Moineaux vo- 
lent ordinairement a(T;z bas ; mais leur 
vol eft tel qu'il n'y a gueres de Chnf- 
feurs qui pui.fent en tuer à coups de 
fufil. 

Le Moineau, franc contient beau- 
coup d'huile & de fel volatil. Cet oi- 
f.au n'etl gueres d'ufage eu aliment 
que parmi le petit .Peuple. Sa chair eft 
maigre , feche & dure ; ce qui la fait 
■rejetter de ceux qui peuvent fe pro- 
curer de meilleurs morceaux. D'ail- 
leurs les Moineaux font fttjets au mal 
caduc , comme on l'a déjà dit , mala- 
die qui vient , félon les apparences , 
de leur trop grande lubricité ; Se l'on 
s'imagine qu'en mangeant de ces pe- 
tits oifeaux , on pourroit devenir fujet 
à la même iaiirmité ; mais (1 cela eft 
arrivé quelquefois , <:'eft moins , félon 
les Auteurs de la Suit* de la Madère 
Médicale , pour cette forte de raifon , 
que pareeque la chair du Moineau 
étant recommandée par plufieurs Mé- 
decins , comme très-propre à exciter 

amour , Se comme un remède aphro- 
difiaque , il peut être arrivé que des 
pejfonnes , après en avoir mangé dans 
Tome UL 



MOI 97 

Cette 9fie , Se abufant enfuîte de leur 
tempérament par un ufage immodéré 
des femmes, foient tombées dans c:tte 
terrible maladie , qui eft quelquefois 
la fuite d'un penchant à l'amour , au- 
quel on s'eft livré fans ménagement. 
Nous ne devons cependant pas taire 
qu'il y a des obfervations qui tendent 
à faire croire que le Moineau par lui- 
même difpofe à l'épilepfie. On en trou- 
ve deux fur ce fujet dans les Éphémé- 
rides d' Allemagne : mais quoi qu'il en 
foit de ce fentiment , il faut s'abftenir 
de la chair de Moineau , comme peu 
ragoûtante, Se peut-être encore plus 
mal- faine. La fiente de Moineau don- 
née à la dofe de deux ou trois grains 
dans la bouillie , lâche le ventre aux 
petits enfans, comme fait celle de la 
Souris. Cette même fiente mêlée avec 
du faindoux , Se employée en liniment 
fur la tête , remédie à la chute des 
cheveux & les rend plus fournis : fi 
l'on en dilTout dans de l'eau chaude , 
& qu'on s'en lave les mains , elle les 
blanchit & adoucit la peau. 

MOINEAU D'ARBRE, en 
Latin Pajj'tr arboreus , mentanus, férus, 
Tajferfylveftris, fclon Sch wexCKFELD 
Se FrisCH , ainfi que Pajfera Mattu- 
gia , fclon Olina , p. 46. Le Moineau 
d'arbre n'a. point d'autre différence , 
d'avec le Moineau de maifon , que de 
relier dans les huilions Se dans les ar- 
bres. Il fait fon nid dans les arbres 
creux des jardins Se des bois. Il ne s'y 
multiplie pas beaucoup, parcequ'il a 
plus d'ennemis dans les bois , Se plus 
d'incommodités à fouffrir; car durant 
l'hiver on le trouve fouvent mort dans 
les trous des arbres. Cet oifeau n'a 
qu'un cri 5 encore eft-il différent de 
celui des Moineaux qui vivent dans les 
maifons. Ceux qui effayent de faire des 
bâtards en fait d'oifeaux , affurent qu'il 
s'apparie aufïi avec la Serine des Ca- 
naries. Ce Moineau d'arbre peut bien 
être le Friquet de B e L o N , que les 
Payfans , dit-il , nomment auili Moi- 
neau de Noyer. Il a le bec court , noir 

N 



5>§ MOI 

8c groflet ; les pieds , les jambes , les 
ailes & la tête font comme chez le 
Moineau franc. 

Il y a un Moineau de bois , nommé 
en Latin PaJJèr fylveftris , dont parle 
Aldrovande, Ornith. L. XVI. 
c 1 6. Cet oifeau , dit-il , n'eft pas 
plus gros que les autres Moineaux. H 
a le bec d'un jaune blanchâtre ; le fom- 
met de la tête eft jaune , tirant fur le 
cinabre ; le tour des yeux eft blanc ; 
l'iris eft jaunâtre : il a la prunelle noi- 
re, & eft de couleur cendrée, depuis 
le deflbus de la gorge jufques deflbus 
le croupion , dont les plumes font 
jaunâtres à l'extrémité -, la gorge ,. aînfi 
que le deflbus du col , eft traverfée 
de lignes continues qui font noires ; 
le dos , la queue y ainfi que les pieds , 
font de couleur jaune , tirant fur le 
châtain brun. 

M O I NE AU JAUNE, en 
Latin PaJJ'cr fiaviir .-Aldrovande 
marque que des Oifeleurs Lui appor- 
tèrent cet oifeau : il étoitprefque tout 
jaune, à la réferve des yeux qui étoient 
noirs. Il dit aufll en avoir vû un au- 
tre ,. qu'il croit en être la femelle , 
pareeque fon jaune étoit d'une couleur 
plus pâle. 

MOINEAU de trois coitleiffs , 
en Latin Pajjcr tricolor ou maculatus. 
Cet oifeau, félon ce même Ornitho- 
logue ( L. XV. c. 2.1. ), eft blanc, 
noir 8c jaune. Il a la tête & le col 
blancs , marquetés de taches jaunâtres, 
&c les ailes blanches , noires 8c jau- 
nes, mais le blanc Se le noir y domi- 
nent : le bec eft gros , pointu à fon 
extrémité , jaunâtre par-deflus , entiè- 
rement jaune par-deflbus ; les yeux 
ont l'iris blanche 8c la prunelle noire; 
le deflbus de la gorge , la poitrine , le 
■v entre , ainfi que les cuifles , les jam- 
bes , les pieds & la queue , font d'un 
blanc jaunâtre, mais la queue feule- 
ment par-deflbus. 

MOINEAU BLANC, en 
Latin Pajfer albiu. On trouve quel- 
quefois » mais rarement dès Moinçaux. 



M O I 

Blancs. Les Auteurs de la Suite de la 
Matière Médicale difent qu'ils font té- 
moins , que dans une nichée de cinq il 
s'en eft rencontré deux de cette cou- 
leur , vivans en 1 75 6. i 

Aldrovande ( Ornith. L. XV. ) 
parle de deux Moineaux entièrement 
blancs , excepté le bec 8c les pieds , 
qui étoient jaunes , & la prunelle de 
l'oeil , qui étoit noire , Se environnée 
d'un cercle jaune. 

Le même Auteur, c. 14. parle aufll 
d'un Moineau blanchâtre, appellé en 
Latin Pafi'er Albicilla , qui n'a pas la 
queue abfolument blanche, mais en- 
tièrement blanchâtre, &: dont le bec eft 
blanc, les yeux noirs, la tête & les 
parties inférieures d'un blanc jaunâ- 
tre ; le dos eft couvert de grandes ta- 
ches de coultur jaune , pariemées de 
petites lignes blanches ; les plumes des 
ailes font de couleur de châtaigne , Se 
jaunes de part Se d'autre ; les jambes 
& les pieds font bruns. 

Enfin le même Ornithologue parle 
encore d'une tfpece de Moineau , dont 
le bec eft blanchâtre. Cet oifeau a le 
corps couvert de taches ronfles ; elles 
paroiflent davantage au-deflbus du col 
& à la poitrine , pareeque ces parties 
font plus blanches : il a le dos , ainfi 
que le defliis du col Sclefommerde 
la tête , de couleur roufle , 8c l'extré- 
mité des plumes de la queue St des ai- 
les eft blanche. 

M. L 1. n n & u s donne le nom de 
Moineau blanc à un oifeau des monta- 
gnes de la Laponie , qu'il met dans le 
genre des Alouettes. Je finirai l'Hif- 
toire Naturelle des Moineaux par ce 
Moineau blanc, 8c j'en Éfcnne la def- 
cription telle qu'on la lit dans le Jour- 
nal Étranger. 

MOIMEAU D'ITALIE, 
ou DE BOULOGNE, en Latin 
Pajfer Italus Bononienfium : C'eft, fé- 
lon Ray ( Synop. Av. p. 8.7. ». 1. j.* 8c 
Aldrovande ( Om'ub. L.XV.), un 
petit oifeau que l'on prend quelque- 
fois aux environs de Boulogne, TouE 



M O I 

fotl Corps eft jaunâtre ; la poitrine , 
ainfi que le fommet de la tête , eft 
blanchâtre , Se le bec eft d'un beau 
jaune. Cet oîfeau fe perche plus com- 
munément dans les Cerifiers que dans 
les autres arbres. 

MOINEAU D'ILLYRIE, 
en Latin Fajfer Illyricus : Cet oifeau , 
dît Aldrovande( ibid. c. z I . ) # 
reffemble au Moineau franc pour la 
couleur : mais il eft: plus grand , & 
tout blanchâtre pardevant ; il eft par- 
deffus d'un rouge pâle , fans mélange 
d'aucune autre couleur. 11 a les yeux 
& le bec grands à proportion du corps, 
la queue fourchue , Se les pieds jau- 
nes ; les ongles fout noirs , affez longs 
& pointus. 

MOINE AU à la fonde , ou au 
collier jaune, en Latin F ajjer torquatus. 
Cet oifeau eft; différent du précédent , 
dit BeloN {de la Nat. des Oijeaux, 
L, VIL c. 20.), par fa couleur & par 
une tache jaune qu'il a fous la gorge. 
Ce Naturalifte le nomme Moineau à 
la foucie , parcequ'il a les yeux om- 
brés d'une tache blanche fur les fou- 
cils , à chaque côté de la tête. Il eft 
beaucoup plus gros que le Moineau 
domeflique , 8c d'une couleur phis cen- 
drée. Cet oifeau fait fon nid dans le 
creux des arbres , Se fon cri eft haut 8c 
éclatant. Voilà ce que dit Belon de 
cet oifeau , ainfi que Ray, Synop. Av. 
p. 87. Il y a un autre Moineau à collier , 
qui fe retire dans les joncs, Se qu'A L- 
bin appelle Moineau de jonc. Nous 
en parlerons plus bas. 

M O I N E A V à tête rouge , en 
Latin P.rjfer nigto capite ; en Anglois 
the Red Headed Sparrow. Cet oifeau, 
félon Albin ( Tome III. n. 65 . ) , eft 
un peu plus gros que le Moineau d«- 
meflique , ou ordinaire , 8c il a le corps 
affez délié; fon bec eft de couleur de 
frêne, & jaune vers fa racine ; l'iris 
eft blanc ; le fommet de la tête , ainfi 
que le derrière , eft rouge. Il a fous 
le bec une longue bande de noir, 8c 
une autre de la même couleur , de 



MOI 99 

moitié plus petite , le long de la tête : 
depuis cet endroit fous l'œil 8cautour 
de cette bande il y a du blanc, auffi- 
bien qu'un cercle de cette même cou- 
leur, qui entoure le derrière du col; 
le dos Se les plumes fcapulaires des 
ailes font d'un brun rougeâtre , mélan- 
gé de marques longues Se noires; les 
bouts des plumes couvertes font blancs, 
ce qui fait deux raies de la même ccru- 
leur en travers de l'aile ; ces plumes » 
ainfi que les longues plumes des ailes , 
font d'un brun plus clair , fans être 
mélangées de marques , ni de taches; 
la poitrine & le ventre font d'un blanc 
{âle. La queue confîfte en douze plu- 
mes , chacune d'une couleur fombre 
Se ayant leurs bords bruns. Les jambes 
Se les pieds font jaunes Se les griffes 
noires. Cette defeription eft faite fur 
un oifeau, que l'Auteur dit avoir eu 
d'un Oifeleur, qui l'avoir pris fur les 
Communes d'Angleterre , proche des 
bois WilluGHBy( Ornith. Scjf III. 
p. 250.) fait mention d'un oifeau, qui 
reffemble un peu à celui-ci. 

MOINEAU DEMONTA- 
G N E , nommé en Latin montium Taf- 
fer ; en Anglois tbe montai» Sparroiv. 
Dans la même Hifloire des Oifeaux , 
gravée par Albin ( Tome III. n. 66.), 
on lit que cet oifeau eft de la gran- 
deur du Moineau ordinaire , avec cette 
différence qu'il a le corps plus long ; 
le bec eft d'une couleur de frêne 
fombre ; la prunelle eft noire & l'iris 
blanche : il a une bande blanche , qui 
part de la mâchoire de délions Se fe 
courbe par en bas comme une moufta- 
che : le derrière de la tête eft auffi en- 
touré d'une bande blanche tirant fur le 
brun ; le fommet Se les côtés de la tête 
Se la gorge font d'une .couleur brune , 
bigarrée de noir Se de blanc ; le dos 
eft d'un brun fombre , rougeâtre 8c 
rayé de noir; la couleur des ailes tire 
fur le rouge , fans être rayée de la 
forte; les bords extérieurs des plumes 
couvertes font blancs ; la queue eft 
compofée de douze plumes brunes , 

Nij 



ïoo MOI 



M 0 I 



marquetée de taches rondes Se blan- 
ches; les jambes & les pieds font d'une 
couleur pâle Se rougeâtre, & les grif- 
fes font noires. Cet oifeau fe plaît dans 
'des endroits montagneux , déferts & 
remplis de bois. Ray ( Synop. Meth, 
Av. p. 87. n. 15.) dit avoir vu de ces 
oifeaux dans la Styrie Se la Carinthie.. 
Aldrovande en parle aufïî, Cet 
oifeau fert autant aux Oifeletirs que 
le Moineau commun, pour prendre ks 
autres. Le mâle , qui eft le meilleur, a 
la tête 8e le bec plus gros que la femel- 
le , & le deflbus de la gorge coloré 
d'une tache jaune. Il vit comme les 
autres de toutes fortes de femences , 
c'eft-à-dire de Chenevi , de Millet , 
de Navette , &c. 

MOINEAU DE JONC: 
Cette forte de Mvine-au eft la Canne - 
varola. Albin en parle , Tome IL 
«.51. Voici- la defcriptioiv qu'il en 
donne; 

Cet oifeau a fix pouces Se demi de 
longueur depuis la pointe du bec juf- 
qu'à l'extrémité de la queue , Se dix 
pouces de large , les ailes étendues ; 
l'a mâchoire inférieure a les bords des 
deux côtés en dedans;- elle eft enfon- 
cée & reffemble à un entonnoir; la 
langue y eft enfermée Se s'élève près 
de fa bafe, en formant-une dent, ou 
un angle à droite ou à gauche : il y a 
une entaillure ou rigole conforme à 
cet angle dans la mâchoire de deffus , 
pour recevoir la langue, comme dans 
le bec duTraquet. Cet oifeau a la tête 
noire, le col entouré d'umcercle blanc, 
tourné vers les coins de la bouche; le 
menton- Se la gorge font noirs-; la poi- 
trine 8e le ventre font blancs ; cette 
première eft tachetée d'un brun pâle : 
les plumes du dos , de même que les 
plumes couvertes des ailes, font bi- 
garrées dë noir Se d'une efpece de rou- 
ge ; le croupion eft de cette dernière 
couleur, mélangée de couleur de frê- 
ne: les plumes longues des ailes font 
fombres , & leurs bords extérieurs rou- 
ges ; les pointes des fegt premières „ 



ou des plus avancées en dehors , font 
aiguës; celles des autres font émouf- 
fées , dentelées Se de couleur de frêne 
les plumes des moindres rangs des ai- 
les ont leurs bords extérieurs Se leurs 
pointes rouges; le plumage de la bafe- 
de l'aile eft bleuâtre & blanc au— 
deflbus ; la queue a deux pouces Se 
demi de longueur Se eft compofée de- 
douze plumes , dont les deux dumilieu 1 
font noires Se un peu plus courtes que- 
les autres; les bords extérieurs en font 
rouges ; les trois plumes , immédiate- 
ment après , font brunes Se prefque noi- 
res de chaque côté ;. le bord extérieur 
de la cinquième eft blanc; l'intérieur , 
à une petite diftance de la pointe , eft 
auifi tacheté delà même couleur; la- 
plume la plus avancée en dehors eft. 
entièrement blanche ;• toutes fe ter- 
minent en une pointe :: les pattes font 
noirâtres , Se les griffes font noires : le- 
doigt le plus avancé en. dehors , arna- 
que celui du milieu , eft lié par le 
bout ; le doigt de derrière eft grand Se 
fort. 

La femelle , comme il arrive i la 
plupart des oifeaux , n'eft pas fi joli- 
ment colorée que le mâle ; car le cer- 
cle qui entoure fon col eft plus brun,-. 
Se n'eft guercs vifible : toutes les au- 
tres plumes de la tête ,. du dos , des 
épaules , ainfi que tes plumes couver- 
tes des ailes, font de la même cou- 
leur que celles du mâle : celles de la 
femelle font beaucoup plus pâles :fcj 
jambes Se fes pieds font de couleur de 
chair, Se elle a les griffes noiresi 

Il y a une autre forte de Moineau a , 
qu'on appelle Moineau d'eau. Cet oiV 
feau fe niche dans les Joncs-, Se il eft 
nommé pour cela- Juncus par les La» 
tins. Il eft grand comme le Moineau- 
ordinaire: il' a le bec noir , canelé,, 
dur Se crochu à l'extrémité ; la langue 
canelée , dure Se fourchue fur la fin-; 
le haut du derrière de la tête , de mê>- 
me que le ventre, eft de couleur de- 
châtaigne ; le devant du col' Se la poi- 
trine font blanchâtres ; le refte, des*, 



MOI 

parties du corps eft d'un brun tirant 
fur le noir; la queue , longue de trois 
doigts , eft compofée de fîx plumes ; 
fcs jambes & les pieds font bruns. 
Le mâle diffère de la femelle en ce 
«lue celle-ci a les couleurs moins écla- 
tantes Se plus ufées , & que le mâle 
les a plus vives. 

On regarde comme une autre ef- 
pece de Moineau d'eau, un petit oifeau 
îiommé parles Latins Velio , ou He- 
lio. Belon penfe que c'eft le même 
que celui dont a parlé Aristote, 
Il chante bien Se fréquente les rofeaux. 
Ce volatil n'eft pas plus grand que la 
petite Méfange bleue. Il a le corps 
diverfifié de plufieurs couleurs. Il s'é- 
lève en l'air en voltigeant Se en chan- 
tant , Se retombe foudain fur les ro- 
feaux. Il fait ordinairement fa demeure 
fur le bord de la mer. Dans la belle 
faifon il cherche les lieux où il y a du 
■vent Se de la fraîcheur ; dans l'hiver il 
aime les abris Se les endroits où le fo- 
leil paroît. Ces trois dernières efpe- 
ces de Moineaux fonrde ceux dont j'ai 
déjà parlé au mot JUNCO. Voyez 
auffi CANNEVARÛLA, & 
FAUVETTE à- tête touffe.. 

Moineaux des Indes-. 

Il y a, félon Aldrovaxde (Ornitb. 
L. XV. c. 21. &Juiv.) Se 11 ay , plu- 
fieurs efgeces de Moineau» des In- 
des. 

Le premier a le bec rouge. Cet oi- 
feau eft de la groffêur de notre Moi- 
neau privé , excepté ïes longues plu- 
mes de fa queue , qui font différentes-, 
Il a le bec court Se gros, Se il eft de 
couleur de vermillon ;. la tête eft unie 
Se élevée , noirâtre vers le chignon du 
col , & mêlé d'une couleur verdâtre ,. 
tirant fur le bleu ; le dos 8c le der- 
rière font de pareille couleur ; le haut 
des ailes eft compofé de ce bleu ver- 
dâtre , de blanc Se de noir, & d'une 
couleur jaunâtre , mais en dedans elles 
fiait, cendrées:.. II. a de plus- le gofier,. 



MOI ior 

le défions de la gorge , la poitrine & 
le ventre blanchâtres. La queue dou- 
ble eft comme celle du Paon , Se de 
deux couleurs : la petite queue fou- 
tient la grande , & lui fert comme 
d'appui ; celle-ci eft compofée de qua- 
tre plumes très-longues , très-belles 
& ms-noircs. Il a les jambes Se le» 
pieds tachetés de blanc Se de noir; les 
ongles font noirs , aigus Se crochus 
ainfi que chez les oifeaux de proie. 

Le fécond eft de la grandeur dû- 
précédent. Il a le bec bleu ; la tête eft- 
plate , Se plus élevée par le chignons 
du col , qui eft noir ; les yeux font 
noirs, environnés d'un cercle blanc ; 
l'iris eft jaunâtre; le col & la poitrine 
font de couleur d'écarlate ; le ventrQ 
Se les cuiffes font blanchâtres; lésai— 
les , le derrière & la queue font noirs 
avec un peu de couleur pâle , mêlée 
aux ailes. Il a deux grandes plumes à 
la queue , très-longues & tris-larges;', 
la troifieme , également large , finit 
par deux filamens déliés & menus; les' 
autres petites plumes les foutiennent' 
Si leur fervent d'appui. Il a les jam- 
bes & les pFeds blanchâtres ; les on- 
gles font noirs ,. très-aig us, grands , Si 
courbés comme ceux du précédent. 

Le troifieme fe perche fur les bran- 
ches du Figuier, & il eft tout noir ; 
il a cependant une efpece de bleu Se 
d'améthifte qui règne par-tout ; fon bec 
Se fes pieds font de couleur de chair;, 
fes ongles font noirs , ainfi que fes : 
yeux , qui font environnés d'un cercle 
blanc. 

Le quatrième a le deflus du devant: 
du corps , de même que le commen- 
cement des ailes , d'une très-belle cou- 
leur d'écarlate ; le refte de fes ailes eft: 
noir, mais quand elles font entière- 
ment ouvertes , on y voit quelque cho- 
fe de blanc vers les côtés : il a aulîî: 
les pieds noirs , deux taches noires Si' 
oblongucs, fort contigues , dont l'une- - 
eft de beaucoup plus grande que l'au- 
tre. Cet oifeau a le bec petit à prC"- 
portion<du corgs qui eft: fort; gros?. 



loi M O I 



MOT 



Il eft blanc par l'endroit où îl eft 
joint à la tête; tout le relire eft noir, 
aigu & menu. Il eft nommé Moineau 
d Inde fans croupion , parcequ'il n'en a 
point. 

Le cinquième eft un autre Moineau 
d'Inde fans croupion , qui a le col , la 
poitrine , Se toutes les parties balles , 
d'un rouge fort couvert. Cet oifeau a 
deux taches aux côtés du col , pro- 
ches l'une de l'autre, en demi-croifîànt, 
grandes Se de couleur bleue ; les ailes 
font longues , noires Se bleues par les 
cotés : il a les pieds courts Se noirs ; 
le bec un peu recourbé , blanc proche 
du front, noir par le refte. Les In- 
diens , avec des plumes de cet oifeau , 
romme avec celles des précédens , font 
leurs ouvrages de PlumafTerie. 

Le fixieme eft femblable à ceux 
dont nous venons de parler. Sa queue 
eft longue de cinq doigts , garnie de 
dix plumes très - noires. La tête , le 
dos, ainfi que le croupion , font d'une 
couleur de pourpre fort couverte. 11 a 
les racines des plumes jaunâtres ; le 
bec eft allez gros , un peu courbé Se 
aigu , noir par deffus &par le bas , & 
blanc à l'endroit où il eft joint à la tête ; 
fes pieds font noirs. 

S e b a parle de deux Moineaux , 
l'un de l'Afrique .Se l'autre de l'Amé- 
rique. 

Le premier qu'on lui a envoyé de 
î'Ifle Saint Euftache , étale à l'œil une 
magnifique parure. Son plumage fur 
le dos , fur le col & principalement 
fur la tête eft d'un rouge citron; fur 
l'eftomac , d'un jaune orangé; furies 
ailes , la queue , les jambes Se les pieds , 
d'un rouge vermeil. Il eft repréfenté 
Tbcf.II.Tab.6^.n.6. 

Le fécond , dont le plumage eft 
magnifique, a été envoyé à S e b a des 
lues Barbades. Le dos eft d'un beau 
noir, pendant que le ventre eft blanc; 
la tête Se la poitrine font d'un bleu 
célefte ; les plumes des ailes Se de la 
queue jettent un beau noir , qui fe 
change dans les côtés en un pour- 



pre clair ; le deffus de la queue eft 
d'un verd foncé.Voyez Thtj. I. T*h n 6j. 
n. 3. 

C A T e s b y parle auffi de plufieurs 
efpeces de Moineaux, 

Le premier , dont îl fait mention , eft 
un Moineau noir , de la grolfeur de 
l'Alouette ; il a le bec noir , ramalTé , 
l'iris rouge , la tête , le col , la gorge , 
le dos , les ailes & la queue noirs ; les 
plumes des ailes bordées de blanc ; la 
poitrine Se le ventre blancs au milieu , 
de côté Se deflbus ; l'aile d'un rouge 
obfcur , Se les pieds bruns. 

Le fécond eft un Moineau tout brun , 
en Latin Pajfer fujeus , dont le dos eft 
plus obfcur. 

Le troifieme eft un petit Moineau , 
en Latin Pajfcrculus, entièrement brun 
& fort petit. 

Le quatriem e eft le Moineau de neige* 
en Latin PaJJer nivalis, quia le bec , 
la poitrine Se le ventre blancs ; le refte 
noir Se quelques taches couleur de 
plomb. 

Le cinquième eft un Moineau de 
Babama , en Latin Pajfcrculus bicolor 
Bakamenfis , qui eft de la grolfeur du 
Serin , & qui a la tête , le col , la poi- 
trine noirs Se tout le refte d'un verd 
fale. 

M. Klei n (Ord. Av. p. 89. n. \ 1.) 
met la petite Alouette de prés de 

5 L o a n E , en Latin Atauda pratorum 
minor , au rang des Moineaux. Cet 
oifeau , félon Rat , p. 188. a le bec 
court, gros Se pointu: ce n'eft donc 
pas une Alouette, dit M. Klein. 

Les autres oifeaux de ce genre , 
dont ce Naturaiifte donne la notice , 
font i°.\Jn Moineau d'un bleu brunâtre, 
cœru'eo-fufcus , qui a le dos bleu , la 
poitrine couleur d'azur, les plumes du 
ventre jaunes à leur extrémité; les ailes 

6 la queue d'un noîrbleuâtre , qui finit 
en une couleur verte, Ray, p. 157. 
Sloane, p. 3 1 1 . t . 257. parlent de 
cet oifeau : ils le nomment en Anglois 
the Banano Bird. 2 U , Un Moineau qui 
approche du Serin, Se qui eft un S mit 



M O I 

bit ardLVoyez SERIN. f.Vn Moineau 

hupéà bec rouge , en Latin PaJJèr crifia- 
tus , roflr» ntbro. C'eft le Ficititli du 
BréfiL 'Seba en parle , Thef. L p. 9 S- 
Tab. 59. ». 4. La hupe de cet oifeau 
eft jaune ; les pieds & le bec font rou- 
ges , & le reûe du corps eft couleur de 
pourpre. 4 0 . Un Moineau tout noir, 
orné d'une bande blanche, qui eft le 
Cacatoto't du Brcfil , dont le même 
Seba parle , Thef. II- p- roi. Tab. 96. 
v. y. 5 0 . Un Moineau à queue très- 
longue, Se qui en change, dont parle 
Edward, p. 85. en Latin FajJ'er cnudCi 
longifllmà & mutalnli. C'eft quelque 
ehofe de merveilleux' que ce petit oi- 
feau , dit M. K L E 1 N. Il change non- 
feulement tous les ans de couleur , mais 
encore de queue : de longue elle de- 
vient courte. C'eft apparemment que 
les plumes de la queue tombent tous 
les ans , Se que les nouvelles qui pouf- 
fent forment d'abord une queue cour- 
te , avant que d'être parvenues à leur 
longueur naturelle. 

MOINEAU DE BENGALE, 
en Anglois the Cock Se Heu Sparrow 
frorn Bengal. Cet oifeau eft un peu plus 
gros que notre Moineau ordinaire , dit 
Albin, Tome IL «. 52. Le bec eft 
grand $c pointu , Se de couleur de cor- 
ne ; l'iris eft blanchâtre , Sclefommet 
de la tête eft d'un beau jaune , nuancé 
d'orange ; le deflus du col , le dos , les 
ailes Se la queue font d'une couleur 
fbmbre ; les bords des plumes font d'un 
blond elair , & une large bande de 
même couleur entoure fa poitrine ; le 
menton , le defïbus du col Se le ventre 
font d'un blond clair , ombré de mê- 
me couleur , mais plus fombre : les 
raies ou bandes qui traverfent la poi- 
trine de la femelle , ne font pas auffi 
larges que celles du mâle. 

MOINEAU DE LA CHINE: 
Cet oifeau , dit A L b i n ( ilnd. «.53.), 
eft de la même couleur que les Lino- 
tes; fon bec eft de couleur de frêne, 
court Se épais comme celui des Pin- 
sons 5 la: tête ,. k col la poitrine & 



MOI 103 

le deftbus du ventre du mâle font cou- 
verts de plumes noires ; le refte du 
corps , & les ailes , ainfi que la queue , 
font d'un brun rougeâtre , ou d'un 
châtain clair : les jambes Se les pieds 
font bruns. 

La femelle a le dos , les ailes & le 
deflus de la queue d'un brun plus fom- 
bre que le mâle ; le deiïous de la 
poitrine & du ventre eft d'un blond 
clair ; les côtés du ventre & le défions' 
des ailes font régulièrement tachetés 
de noir & de blanc: les jambes & les 
pieds font d'un blond clair & jaunâtre. 
Le ton de ces oifeaux imite le firliemenc 
des vents , dit A L B ! k t . 

MOINEAU DU CAP DE 
BONNE-ESPÉRANCE, en 
Latin Yromontorii Bon* Spei Pajfer. Le 
même Auteur (Tome III. ». 6~.) dit 
que cet oifeau eft environ de la gran- 
deur du Verdier ; fon bec eft couleur 
de cendre pâle • l'iris eft blanc ; la 
tête , le col , la poitrine font noirs r 
couleur qui finit en pointe fur le ven- 
tre; le bas du ventre, les cuifles ,. de" 
même que cet efpace qui eft à l'en- 
tour des ailes , font blancs ; les ailes 
font d'un brun clair, excepté les deux 
premières longues plumes , qui font 
entièrement noires ; Je refte de ces 
plumes n'a de noir que les bords ex- 
rérieurs ; les jambes & les pieds font' 
d'un brun clair , & les griffes d'un brun- 
fombre. La queue eît compofée de 
douze plumes , chacune d'égale lon- 
gueur , & de même couleur que Ies : 
ailes. Cet oifeau , ainfi que le précé- 
dent , a pour ramage une efpece de 
fifflement, femblable à celui du vent,, 
dit A L b 1 N. 

Les Moineaux font en grande abon- 
dance en Afrique. On donne aufli ie 
nom de Moineaux aux Perroquets „ 
fans qu'il foit aifé , dit Bosman , d'ère 
favoirla raifon. Merolla après avoir 
obfervé la variété furprenante de rou- 
tes fortes d'oifeaux , fait une remarque- 
finguliere fur les Moineaux. Ils fonr„ 
dit-il , de la même faune que eeaic 



M O I 



M O I 



d'Europe , aulfi-bien que les Tour- 
terelles 5 mais dans la iaifon des pluies , 
leur plumage devient rouge Se reprend 
enfuite fa première couleur. L'étonne- 
ment diminue , s'il ne faut pas dire 
qu'il augmente , lorfqu'on voit arriver 
la même chofe aux autres oifèaux. 

Le même Auteur parle avec admî- 
jation d'un petit oifeau décrit par C A- 
vazzy, au Royaume de Congo Se 
.d'Angola, dont la forme eft peu diffé- 
rente de celle du Moineau , qui a la 
couleur d'un bleu fi foncé , qu'à la 
première vue il paroît tout-à-fait noir. 
Son ramage commence à la pointe du 
jour & fait entendre fort diftinétement 
le nom de Je s u s-C H rist. N 'eft- il 
pas furprenant , dit l'Auteur , que 
cette exhortation naturelle n'ait pas 
la force d'amollir le cœur des habitans , 
pour leur faire abandonner l'idolâtrie l 
Hift. Génér. des Voyages , Tome XV il. 
j>. 2 1 q . Edit. in- 1 2 . 

MOINEAU BLANC: Voici 
la deferipnon de cet oifeau , traduite 
en François par les Auteurs du Jour- 
nal Etranger, Août 1754. p. 16%. Se 
tirée des Acles de Stockolm. 

Le Moineau blanc n'ayant été juf- 
<ju'ici ni décrit, ni représenté par qui 
-que ce foit , M. L 1 N N x u s s'eft pro- 
curé trois oifeaux de cette efpece , 
qu'il a élevés dans la maifon pour en 
confidérerla nature , Se pour fe mettre 
par-là en état d'en donner une def- 
cription exacte, qui puiffe contribuer 
A faire connoître aux Etrangers les fin- 
gularitésduNord. 

Les noms de cet oifeau font en La- 
t.n Alauda remigibus albis , pnmoribus 
extrorsum -aigris , reclricibus nigris , la- 
teralibus tribus albis , dans les Actes 
de Stockolm , 1746'. Se Paj/ér Alpino- 
Laponïcus , Jeu nivalis , dans les Ailes 
d'Upfal , 1735. Voyez la Fauna Suce. 

V-73- » J.94- 

Ce Moineau blanc eft de la gran- 
deur d'une Alouette Se pefe ordinai- 
rement une once : fon bec eft conique , 
jSflèz pointu, Se volontiers d'une cou- 



leur noire , qui vers la bafe devient 
fouvent cendrée. La partie inférieure 
de ce bec eft plus courte Se en même 
temps plus épaiiTe que la fupérieure : 
fes extrémités ne font point coupan- 
tes , mais recourbées vers la bafe. Les 
narines de cet oifeau font rondes , un 
peu élevées , Se couvertes de plu- 
mes. 

Sa langue eft lilTe Se polie comme du 
parchemin, de figure conique , molle, 
& tant foit peu tendue par le bout , 
ayant la bafe découpée en forme de 
flèche , Se fes deux racines fendues; 
l'orifice du larynx a des dents des deur 
■côtés du palais. 

Cet oifeau a les yeux petîrs 8c noirs; 
fes pieds afiez courts , Se de couleur 
■obfcure , ont quatre doigts , dont celui 
du milieu eft le plus long Se celui de 
derrière eft le plus gros. Les ongles 
de fes doigts font noirs , un peu cour- 
bés , applatis & coupans furies bords, 
émouffés par le bout ; celui du milieu 
eft de la moitié de la longueur des au- 
tres doigts , Se celui de derrière eft 
deux fois plus long que ceux des doigts 
•extérieurs. 

Quand notre Moineau ferre les ailes 
contre le corps, elles paroïffent blan- 
ches, excepté aux bords inférieurs de 
leurs extrémités , où elles font noires, 
aulli-bien qu'à la jointure des ailes , 
où eft une petite tache de même cou- 
leur, formée par trois petites plumes 
couchées l'une fur l'autre. 

Les plumes ramieres, ou plumes des 
ailes ( nmiges ) du Moineau , font au 
nombre de feize : depuis la première 
jufqu'à la huitième , elles font blanches 
vers la bafe , Se noire-s vers l'extrémi- 
té , mais de façon que la première eft 
moitié blanche Se moitié noire, &que 
dans les autres le noir va toujours en 
diminuant ; en forte que la huitième n'a 
qu'une petite tache noire au bout. La 
feizieme plume eft rroire , 8c elle a 
l'extrémité blanche dans les mâles, Se 
elle eft d'un jaune tirant lut le brun 
dans les femelles 

Sa 



M O I 

Sa queue , qui n'eft que très-peïi 
fendue , eft par en haut noire au mi- 
lieu , Se blanche fur les bords Les plu- 
mes reclrices de cette queue font au 
nombre de douze. De chaque côté il y 
en a trois toutes blanches , à l'ex- 
ception d'une petite tache noire de la 
largeur d'une ligne , qui fe trouve 
tout près de la côte : la quatrième & 
la neuvième font blanches en dehors , 
8c noires en dedans* la cinquième , la 
fixieme, lafeptieme & la huitième plu- 
mes font tout-à-fait noires. 

La couleur des autres parties du 
corps diffère félon les fexes , de forte 
que n'étant point prévenu on pour- 
roit s'imaginer que les mâles & les 
femelles fufTent des oifeaux de deux 
efpeces différentes; car dans les mâles 
la tête, la poitrine Se le col , que cet 
oifeau a fort court , font tout blancs : 
cependant en été ils fe teignent , mais 
très-légerement , d'une couleur tefta- 
cée , qui tire du jaune au brun. A con- 
fidérer chaque plume par elle-même , 
elles font noires du côté extérieur , 
depuis la bafe jufqu'à la moitié , 8c 
blanches vers l'extrémité Se quelque- 
Fois entourées d'un bord jaune brun à 
peine fenfible, La poitrine , ou la par- 
tie inférieure , eft toute blanche , cha- 
que plume n'étant noire que vers la 
bafe Se blanche à l'extrémité , mais en 
été cette couleur blanche fe change en 
un jaune brunâtre. Le dos eft noir , 
Se les plumes noires qui le couvrent, 
étant à leurs extrémités ou d'un jaune 
brunâtre ou blanches , elles forment 
des nuances prefqu'imperceptibles,qui 
font traverfales dans les mâles , & 
s'étendent en long dans les femelles. 
La couleur des plumes qui couvrent 
les ailes par en haut Se par en bas , 
eft blanche , excepté vers la bafe » 
où elle eft noire. L'extrémité de la 
queue eft noire , fans mélange d'au j 
cune autre couleur. 

Dans les femelles j la tête , la poi- 
trine , ainfi que le col , font entière- 
ment couverts d'un jaune brunâtre , ou 
Tome lU. 



MOI ioy 

d'une couleurteftacée, fans aucun mé- 
lange. Outre les plumes qui font noi- 
res , du moins en partie , on en trouve 
quelques-unes toutes blanches ; mais 
à l'extrémité toutes leurs plumes font 
d'un jaune brunâtre , fans aucun mé- 
lange de noir en dehors. Cette même 
poitrine eft d'une couleur pâle fur la 
partie la plus couverte, Se les plumes 
qui la couvrent , noires vers la bafe 
Se d'un jaune brunâtre vers le milieu , 
tirent à leur extrémité plus ou moins 
fur le blanc , félon qu'elles fe trou- 
vent placées plus haut ou plus bas. 
Le dos eft auffi noir , comme celui des 
mâles , mais avec des raies d'un jaune 
brunâtre , les plumes noires qui le cou- 
vrent ayant la moitié de leur côté 
extérieur teinte de cette dernière cou- 
leur. Les plumes qui couvrent les 
ailes des femelles par en haut, font 
d'un jaune brun , & blanches par en 
bas; les plumes Tectrices, dont la plus 
grande partie eft noire , font à leurs 
extrémités un peu teintes d'un jaune 
brunâtre. 

Au refte , il eft à remarquer que cet 
oifeau change de couleur, comme la 
Perdrix blanche ( Lagopus ) , le Liè- 
vre , & d'autres animaux , qui vivent 
dans les pays froids. En hiver le mâle 
a la tête , le col Se la poitrine blancs 
comme de la neige, & on ne voit de 
la couleur jaune Se brunâtre qu'un 
petit veftige à la tête : dans le temps 
de la Canicule , ce blanc éclatant eft 
terni par une couleur teftacée légère , 
Se, pour ainfi dire, tranfparente ; & le 
dos , qu'il avoit noir en hiver , fe cou- 
vre de nuances jaunes , qui cependant 
ne font jamais fi foncées dans les mâles 
que dans les femelles. 

Les oifeaux , que M. Linnsus 
avoit élevés dans ion appartement 
qu'il tenoit toujours chaud , ne devin- 
rent pas blancs à la tête , ni au col , 
non plus qu'à la poitrine, ils gardè- 
rent , au contraire , pendant tout l'hi- 
ver leur couleur d'été , de même que 
le Lièvre, qui chez nous , dit-il, efl 

O 



îo5 MOI 

toujours blanc en hiver , refte gris en 
Allemagne , ainfi qu'en Hollande , en 
Angleterre Se en France , comme îl 
l'eft en été chez nous , 8c dans tous ces 
différens pays. 

La couleur de ce Moineau peut , à 
ce que je penfe , nous faire voir quels 
font dans les oifeaux les marques qui 
doivent fcrvir à leurs dénominations 
caractériftiques. Je n"ignorepas que les 
caractères tirés de la couleur ne font 
pas fi remarquables que ceux que peu- 
vent fournir la figure du corps , ou la 
configuration des parties. Je fais en- 
core que les couleurs font variables j 
cependant elies le font moins dans les 
animaux fauvages , que dans les ani- 
maux domeftiques , Se il a fallu y avoir 
recours , n'y ayant pas eu moyen juf- 
qu'ici de bien établir les différences 
des figures. Or la couleur variable , 
folon les faifons , étant encore diffé- 
rente dans nos Moineaux , félon les 
fexes , qui cependant doivent être ca- 
raetérifés par une dénomination com- 
mune , j'ai cru qu'il falloit tirer les 
vrais caractères de la couleur des plu- 
mes ramieres des ailes , ainfi que des 
reétrices de la queue , ce qui femble 
être confirmé par les Canards fauva- 
ges , outre que ce font ces plumes-là 
qui changent le plus fouvent dans les 
oifeaux , fi ce n'eit dans ceux de mer. 

L'ongle , qui dans le doigt pofté- 
rleur eft deux fois plus long que celui 
des doigts de côté, fait voir que l'oi- 
feau que je décris , doit être mis dans 
le genre des Alouettes , dont il imite 
parfaitement la manière de fauter , 
quoique au refte celles-ci n'aient pas 
la langue femblable à du parchemin , 
ni même fendue comme lui , Se que 
de plus elles n'aient pas le bec ni fi 
étroit ni fi long. 

En été , ce Moineau fait fon féjour 
dans Ie3 montagnes neigeufes de la 
Laponie , où il s'en trouve fort peu 
d'autres; car on n'y voit gueres que 
des Perdrix blanches , de même que 
des Pluviers ( Charadrius } Se quel- 



le O I 

ques autres oifeaux quî courent for îg 
neige au bas des montagnes , & qu'à 
peine apperçoît-on quand ils volent » 
parcequ'alors ils paroiffent tout blancs. 
Les Moineaux de cette efpece , que 
j'avois élevés , fe tenoient toujours par 
terre , Se n'aimoient pas à fo mettre 
fur des branches Se des buifibns ; ce 
qui vient , fajjs doute , de ce qu'il n'y 
a pas d'arbres fur les montagnes , où 
cet oifeau a coutume de vivre » Se où 
îl ne fait que fautiller fur le terreirt 
raboteux. 11 court précifément comme 
les Alouettes en hiver. Dans les mon- 
tagnes couvertes de neige, ilfè nour- 
rit , comme la Perdrix blanche avec 
la femence de la Scherra (Betuiafo- 
liis orbiculatis , crenatis ; Flora- Lapon. 
ou Betula vana , p. 3 24. ). Les miens 
fê contentoient de Chenevi , qu'ils 
avaloient avec l'écale quand ils avoient 
faim , 8e qu'ils écaloient quand ils com- 
mençoient à fe raflafier. lis mangeoient 
encore de l'avoine , qu'ils favoient 
éplucher fi adroitement , qu'ib ne l'a- 
voient pas plutôt dans le bec , que le 
grain fortoit par l'un des bouts de 
l'écale. Quand on leur donne autant 
de Chenevi qu'ils en peuvent man- 
ger , ilss'engrailfent promptement , & 
meurent enfuite. Je leur ai aufli don- 
né quelquefois des Poîs verd3 qu'ils 
ont mangés avec appétit. 

La rigueur de l'hiver venant à ref- 
ferrer toutes les (essences des plantes 
qui viennent dans les montagnes de la 
Laponie , nos oifeaux fe voyent oblî- 
^ïs-de defeendre dans le plat-pays de 
la Suéde , où ils arrivent avant que 
l'hiver y faffe fentir toute fa violence; 
de même qu'à l'iffue de cette faifon „ 
ils reviennent des pays Méridionaux, 
pour retourner dans les montagnes de. 
Laponie. Dans les temps de leur paf- 
fage , on les trouve ordinairement le 
long des chemins, cherchant des ,?raîns 3 , 
ou d'autres chofes qui foient à leur 
gré. 

Chez nous , continue M. Linn/eus ■> 
cet oifeau porte le nom de Ms'memt. 



1 



M O I 

de neige : c'eft ou en partie parcequ'efl 
volant il paroît aulfi blanc que la 
neige , ou en partie parcequ'il arrive 
en Suéde dans le temps où la neige 
commence à tomber, & qu'il en fort 
quand elle eefte. C'eft dans le temps 
de ces paflages que les Oifeleurs. ten- 
dent des pièges à nos Moineaux pour 
les aller vendre à Stockolm , où l'on 
en met en cage uniquement à caufe de 
leur couleur; car ils n'ont qu'une es- 
pèce de gafouillement , que même ils 
ne font pas fouvent entendre : mais 
quand on les prend , ils crient à-peu- 
près comme les jeunes Choucas. 

Cet oifeau ne dort prefque jamais : 
il paffe la nuit à fautîller & à voltiger , 
ce qui le rend très -propre à habiter 
les montagnes de la Laponîe , où en 
été il n'a point l'incommodité de la 
nuit. 

Quand il eft gras , fa chair cft d'un 
très-bon goût , & il y a beaucoup de 
gens en Suéde qui s'imaginent que 
c'eft le véritable Ortolan , Hortulana ; 
mais celui-ci , qu'à caufe de fon goût 
exquis les Etrangers payent jufqu'à 
un ducat la pièce , & qui ne paroît que 
très- rarement dans le Nord, eft un 
autre oifeau , que M, LtnNjEUS 
{ Faurut Suec. n. aoS. p. 78. ) nomme 
Fringilla remigibus nigris , primis tribus 
tnargim albiâis , reclricibus nigris , 
latex alibus âuabus ex tr or sus al bis. 

Cet oifeau a un cercle pâle autour 
des yeux; la couleur de fon corps eft 
un noir entremêlé d'un jaune brun ; 
fon col eft verd , fa tête jaune Se fa 
poitrine d'un jaune brun ; par confé- 
quent il n J a pas la moindre reflemblan- 
ce avec le Moineau que je viens de 
décrire. Les Suédoisnommentce Moi- 
neau de neige , Snoe-Sparf s les Lapons , 
Alaipg. IVÎ/utTENS , dans fon Voyage 
de Spitz.berg , le nomme Avis nivalis : 
Albin (Tome IL p. 'jo.Tab. $4.), 
Pied Chaffinch. Il y a un autre oifeau , 
qui eft la Fringilla montana d'A lu 1 N 
( Tome 111. p. 67. Tab. 71. ) ; l'A vis 
tgnita à Fipeiina mijja de Gesner (Av. 



M O I M O L ïo? 

P- 79%- ) ; la Fringilla albieana d'At- 
Drovande ( Ornith. L. VIII. c, 357. 
t. f. 1. J ; la montium Fringilla, 
calcaribus Alauda , feu major de Wil- 
luchby (Ornith. 187. t. 77.}» 8c de 
Ray (Synop. Meth. Avium, p. k%.) 8c 
qu'on nomme en Scanie Siotlaercka. 
M. L 1 M n s u s ( Fauna Suec. p. 74. 
n. 194. ) dit que cet oifeau eft très- 
femblable au Moineau de ndge de la 
Laponie , mais il eft plus petit 8c d'une 
couleur plus brune dans l'été, 11 n'eft 
pas du même pays. L'Auteur le pro- 
pofe à examiner: peut-être, ajoute- 
t-ïl , n'eft-ce qu'une variété du pré- 
cédent. M. Lèche dit que c'eft 1* 
même efpece. 

MOIRE, nom d'une efpece de 
Coquillage , du genre des Volutes * 
dit M. d'Argenville , & de la clafle 
des Univaîves , dont la clavicule eft 
très-plate. Voyez VOLTJTE. 

MOITE, nom que Goedaed 
donne à une Chenille , qui a toujours 
la tête dans l'eau pour boire, L'Auteur 
dit qu'elle eft d'un tempérament fec, 
fujette à la foif , parcequ'ellefe nourrit 
de feuilles de Saule , qui ont une qua- 
lité chaude & aftringente. Elle réfïfte 
facilement au grand froid. On en voit 
au printemps , quand les arbres com- 
mencent à pouffer. Elles fe métamor- 
phofent en Chry falides au mois de Juin , 
Se félon les obfcrvations de Goedard , 
elles deviennent des Papillons en Juil- 
let. 

MOITON, ou MOUTON, 

oifeau du Eréfil , dit Ru y se h (dt 
Avib. p. 25.), d'après Lerius, un 
peu plus grand que le Paon. Il eft 
remarquable par une belle hupe qu'il 
a fur la tête Si par les belles plumes 
blanches Se noires dont il eft couvert. 
On mange la chair de cet oifeau , dont 
il y aplufieurs efpeces. 

MOL 

M O L A N : C'eft un Coquillage 
bivalve des côtes du Sénégal, que M, 
Ad a n s o m , p. 258. met dans le 

O ij 



ïo8 MOL 

genre du Solen, Il eft figuré Plan- 
che XIX, n. 3 . La coquille du Molan » 
dit l'Auteur , fe voit dans les fables 
de l'embouchure du Niger, Elle eft 
des plus minces Se des plus fragiles , 
iarge d'un pouce & demi , deux fois 
moins longue , fort applatie , extrême- 
ment luifante 8c tranfparente. Lesfom- 
mets font placés au tiers de la largeur 
de chaque battant vers fon extrémité 
fupérieure, Elle eft d'un blanc qui tire 
fur la couleur de la corne. 

MOLE, en Latin Fhuca , nom 
que Rondelet ( L. VI. c. io. 
p. 150. Edit. Franç. ) donne à un poif- 
fon de mer, qui eft le 4wth d'AR rs- 
tote(L.VL c. 13. L.VlILc. 10O, 
d'OppiEN (L.I.p.6.) 8c d'Aï h é- 
n É e ( L. VIL p. 319.); le Phycis de 
Pli ne ( L. IX. c. 26, L, XXXII. 
r. 1 1 .), de Paul Jove (c. 10, p. 89. ), 
de Gesneh. f de Aquat. ) , de C H A R- 

L E T O N > p. I33. d' Al DR OVANDE 

{L.I. c. 8,- p. 43.), de Jonston 
C L. ///. c. 3 7. ) , Se le Ficis de C u b a , 
fol. 230. On le nomme en Efpagnol 
Mo/ere > à Rome Phico, C'eft un poii- 
fon fâxatile de couleur rougeâtre , 
relfemblant à une Tanche d'eau douce 
par devant , Se à une Sole par derrière , 
pareeque cette partie eft mince , plate , 
Se environnée d'aiguillons. Au prin- 
temps il eft de différentes couleurs : 
dans un autre temps il eft blanc. Ce 
poilfon a le bout de la tête entre noir 
8c rouge , le bas de la tête vers le ven- 
tre de la couleur de la Tanche ; le 
derrière du corps , noir ; les deux na- 
geoires qui font aux o'uies , rouges ; 
la bouche grande , fans lèvres; les 
dents petites , les yeux grands & do- 
res ; au bout de la mâchoire inférieure 
deux barbillons ; au-deiTous,tirant vers 
le ventre » deux autres plus longs , qui 
lui fervent de nageoires. 11 a une petite 
nageoire au dos , une autre plus gran- 
de , qui s'étend jufqu'à la queue, Se 
line pareille au-deffous de l'anus ; fon 
eftomac eft grand , ainfi que fon foie , 
fiui eft couleur de lait , ou il pend une 



MOL 

bourfe longue , pleine de fiel : les 
boyaux font larges 8c repliés. Il a les 
ouies grandes 8c des pierres dans le 
cerveau. 

Tel eft le Phycii des Anciens, dit 
Rondelet. Ce qui le lui fait croi- 
re , e'eft qu'il l'a vu frayer ou dépofer 
fes œufs dans l'Algue , ce qui eft par- 
ticulier à ce poiflbn, comme le mar- 
quent Aristote 8c Pline. Celui qui 
a traduit en vers Latins les Livres des 
Poiffons d'O p p 1 e N , appelle fans 
raifon ce poifTon Eunuque , puifqu'il 
va dépofer fes œufs dans i'Algue , pour 
les mieux conferver. O p p i e n ne l'a 
point ainfi nommé ; mais en parlant des 
poiffons qui vivent dans les rochers» 
ou autour des rochers, il fait mention 
des Phycides , 8c enflure d'un poiffon 
ftérile , qui eft le Cyn&dus. De Phycis 
vient Fhycidion , qui femble , félon 
Rondelet être un petit Phycis, & 
ceux-là fe font trompés , ajoute ce 
Naturalifte , qui ont cru que le Fhy- 
cidion étoit le Capelan , pareequ'il a 
un barbillon à la mâchoire inférieure. 
Suivant Aristote le Fhycidion a des 
écailles, Se le Capelan n'en a point. 
Athénée femble aufTi faire deux poif- 
fons différens du *y*«ii2 Se du^iii'J;;» , 
tous deux poiffons faxatiies. La Mole , 
dont nous venons de parler ici , vit 
non-feulement d'herbes Se de moufTes, 
mais auffi d'autres petits poiffons. Sa 
chair a la même bonté que celle des 
autres poiffons faxatiies, 

A r t e d 1 fous le nom de Phycis 
place la Tanche marine de S A lv i e n, 
ainfi que d'A ldrovande(L. ///. 
c. 9. p. 192. j , de Jonston {L. L 
c. 1 .} Se de Charleton ( Onom. 
p. 12 2.), Se il croit que c'eft le mê- 
me poifTon. S a L v 1 E N , fur le té- 
moignage de Rondelet, foutient 
que ce font deux poiffons différens ; 
mais la chofe , félon Artedi, mérite 
encore d'être examinée. Willughbï 
Se Ray , qui ne parlent point du Phy- 
cis des Anciens , nommé. Mole par 
Rondelet, connoiffent la. Tiuctt 



4 



MOL 

marina de S a l v i . e n , dont parle auffi 
Gesner , & qui eft YAjedus Calianas 
de B E l o N. La defcription que Ray 
nous donne de la Tinca marina a bien 
du rapport avec celle que je viens 
de donner , d'après Ronde i. et, du 
Phycis. Quelques variétés en peuvent 
faire la différence. Voyez TANCHE 
DE MER. 

MOLE , MEULE, ou LUNE 
DE MER, autre poiffon , qui eft 
VOrthragorifcus , dont j'ai parlé fous le 
nom de Meule, Voyez ce mot. On ap- 
pelle ce poiffon Lune en Languedoc , 
foit , dit Rondelet, parceque la 
dernière partie de fon corps , deffous 
les nageoires , eft faite en croiffant , 
foit parceque , fes nageoires ôtées , il 
eft rond comme la pleine Lune , foit 
parcequ'il reluit la nuit comme la 
Lune : mais ce poiffon n'eft pas celui 
qu'É lien nomme Lima, car ce qu'il 
en dit ne convient pas à celui-ci. Ce 
n'eft pas aufli la Rota de Pline; 
mais I' 'Ortbragorifcus, qui fignirie Fore, 
dont parle le même Pline. Il eft 
fort grand , croît jufqu'à quatre , cinq 
ou fix coudées , Se grogne , comme un 
Cochon, quand on le pêche : Ron- 
de l e T dît 'l'avoir entendu. Pline 
parle d'un Porc de mer , qui a au 
dos des aiguillons venimeux. Celui-ci 
eft le Caprifcus Se i'Aper. Il y a encore 
d'autres poiffons nommés Porcs de mer, 
foit à caufe de leur reffemblance avec 
le Porc de terre , ou par ce qu'ils ont 
quelque chofe de fon naturel. 

Pour \' Ortbragorifcus , qui eft la 
Meule de Rondelet , dont je parle 
ici , il eft long Se large, Se de figure 
ovale. La partie de devant eft pi us 
pointue ; celle de derrière eft plus 
large Se plus ronde. Ce poiffon eft cou- 
vert d'une peau rude & claire com- 
me de l'argent : fa bouche eft petite ; 
fes denrs font larges. Il a deux nageoi- 
res rondes , en forme d'ailes , courtes 
Se larges comme deux ailes , placées 
de façon qu'elles portent le corps en 
haut Se en bas. Proche de la queue il y 



MOL 109 

a deux autres nageoires plus longues 
Se plus étroites , qui fervent à mouvoir 
le corps à droite 8c à gauche ; l'une 
eft au dos , Se l'autre proche de l'anus. 
Sa queue , faîte comme un croiffant , 
eft jointe au corps haut & bas , pour 
avoir fon mouvement. La chair cuite 
de ce poiffon eft comme de la colle ; 
elle a beaucoup de graiffe. Tout ce 
poiffon fent mauvais. Rondelet en a 
vû plufieurs. Il y a des parties de fon 
corps, qui jettent pendant la nuit de la 
clarté. On fe fert de fa graiffe fondue 
pour mettre dans les lampes. Elle eft 
bonne pour les douleurs des jointures, 
ainfi que pour les raccourciffemèns de 
nerfs. Lorfqu'elle eft mêlée avec de la 
farine , elle eft propre à faire mûrir 
les abfccs. On s'en fert aufïï pour 
amollir les duretés du foie , de même 
que celles de la rate. 

On pêche dans ies mers d'Italie , 
dît R F. D 1 , mais affez rarement , un 
poiffon qui eft nommé Pejce Tamburo- 
par les Pêcheurs de Livourne. Je crois, 
continue l'Auteur, qu'on peut le rap- 
porter, malgré de légères différences, 
à l'efpece de celui qui a été appelle 
Mola par Salvien, & Orthragonj- 
cus par Pline, ainfi que par Ron- 
delet, en François Lune de mer ; 
car à l'extérieur ce poiffon reffemble 
beaucoup aux figures qu'en donnent 
ces différens Auteurs , Se avec eux 
Aldrovande Se Jonston, 
Redi rapporte que le Grand Duc 
Côme III. lui donna au milieu de 
l'hiver de l'année 1674. un de ces 
poiffons, qui pefoit environ cent livres. 
Voyez au mot LUNE la defeription 
que j'en ai donnée , d'après Redi, 
qui ajoute qu'il trouva tout l'efto- 
mac , Se même les inteftins , remplis 
d'une efpece de bouillie blanche , fans 
aucune autre apparence d'alimens , nî 
d'excrémens : vingt Vers de couleur 
de fuie , dit encore le même Obferva- 
teur, étoïent engagés dans cette ma- 
tière; ils reffembloient, continue Rept, 
beaucoup à ceux de Tînteftin rectum 



no MOL 

de l'Épée de mer , avec cette diffé- 
rence pourtant que ceux du Pefce Tam- 
buro , étoient quatre fois plus gros Se 
qu'ils avoient la queue fourchue. A l'en- 
droit de la bifurcation , on voyoit ma- 
nifeftement l'ouverture de l'anus, où 
aboutifroit l'înteftin du Ver. On trou- 
voit dans cet inteftin , ainfi que dans 
l'ertomac , un peu de cette bouillie 
blanche, dans laquelle les Vers étoient 
engagés. Les extrémités des deux bran- 
ches de la queue étoient auffi percées , 
Se deux ramifications de deux vaif- 
feaux fpermatiques y aboutiffoient : ces 
deux ramifications étoient plus lon- 
gues dans les mâles que dans les fe- 
melles , Se les deux extrémités de leurs 
gaines renfermoient deux verges fort 
aiguës ; ces deux gaines fè terminoient 
de même dans les femelles par deux 
ouvertures que l'on voyoit aux deux 
extrémités des branches de la queue , 
& leur tronc principal, avant que defe 
divifer en deux rameaux, fe dilatoit, 
& formoit une cavité ovale toute plei- 
ne de petits œufs. Le cœur de ces Vers 
étoit à-peu-près de la figure de l'héxa- 
gona ; de la partie fùpérieure de ce 
cœur fbrtoit l'aorte , qui peu-à-peu fe 
ramifioit en trois branches , s'attachoït 
par fbn rameau principal à l'intérieur 
de la cavité du ventre , Se continuant 
d'y être adhérante , fe retournoi t 8e 
defeendoit vers la queue , où s'élar- 
gifïant, elle formoit une cavité fem- 
blable à un nœud Se s'unifïbit à la 
veine-cave , laquelle ferpentoit , adof- 
fée au canal des alimens , & alloit fe 
décharger dans le cœur. Voyez Flan- 
che XXXI. Jfc. 16. 17. 18. & 19. du 
Tome IV. des Collections Académiques , 
Partie étrangère. 

M OLE CC A, nom qu'on don- 
ne à Venife aux Cancres en général. 
Voyez CANCRE. 

MOLLO , nom qu'on donne à 
Venife à la dixième efpece de Morue 
de R a ï. Voyez MORUE & 
CAPELAN. 

MOLUR'OS, Serpent d'Amé- 



M O M MON 

rîque. Il eft d'un gris clair , orné la 
long du corps de bandelettes blanches, 
parïèrnées Se comme entrecoupées de 
taches , les unes noires Se les autres 
blanches. Il a le ventre d'un cendré 
blanc , la tête courte &ramaffée ; Seba, 
The f. IL Tab.^i. ». 4. Au même en- 
droit, «, 5, il a fait figurer un autre 
Serpent couché fur le dos , pour mon- 
trer qu'il n'eft point revêtu de ces 
grandes écailles qui traverfent le ven- 
tre. Il eft repréfenté avec de petites 
écailles jaunes-pâles, femées de quel- 
ques taches noires. 

M O M 

M O M O T , nom d'un oifeau du 
Mexique, de la grandeur du Pigeon, 
dont l'iris eft de couleur de rouge 
écarlate ; fon bec eft courbé en deffous , 
noir , long prefque de trois doigts , 
pointu , plus court en deiTous , fait 
en forme de feie en deflus. Il a les 
pieds bruns, la tête noire Se faite com- 
me celle du Paon : le refte du corps eft 
verd. Il eft rare qu'il y ait à la queue 
une plume plus longue que les autres, 
Se la dernière n'eft plumée que par le 
bout. Cela eft rare en effet, Se même 
faux , dit R A Y ( Synop. Me th. Av. 
Append. p. 16*4. ) : car à la queue de 
tous les oifeaux il y a toujours deux 
plumes qui fe reffemblent , c'eft-à- 
dire une qui réponde à une autre. 

MON 

M ON Kl E, petit Singe de l'A- 
mérique, nommé ordinairement jWom- 
kie , ou Tête de Mort. Voyez TETE 
DE MORT. 

MONO 8c M ON A , nom que 
les Efpagnols donnent au Marmot mâle 
8e femelle , efpece de Singe , du gen- 
re des Cercopithèques. Voyez au mot 
MARMOT. 

MONNOIE DE BRATTENS- 
BLRG , en Latin Nummits Brattenf- 
b'irgcnfis , nom" qui eft donné dan:; les 
Actes d'U$fal(Val< IL p. $60.) à ua 
Coquillage bivalve. Siob-îus, dans 



MON 

fes dîiTertations ( Differt. Êfifi. 573*-) 
en parte fous le nom de NutnmuLus 
Brattenfturgenfis. M. Linn/f.us ( FattM 
Suecica,p. 384. «. 13470 le nomme 
Coucha tejlâ planiore orbiculatâ, cra- 
nium humamtm referente. Ce NumfnHS , 
ou Nummithu > dit le favant Natura- 
lise Suédois , eft rond Se a la figure 
du crâne de l'homme. Il marque que 
M. L E c H E en a trouvé deux cfpeces , 
qui fe tenoient enfemble. L'une éftle 
NummiisBratcenjburgtn/ts de Stob/eus. 
L'autre eft plus creufe en dedans Se 
eft turbinée en dehors , Se il n'y a point 
de doute , dit-îl , qu'elles ne foient 
du mime genre. On volt à la Planche 
féconde de la Fauna Sitecïca de M. 
Linni us la figure de la coquille 
fupérieure du Nummits dans une gran- 
deur naturelle Se vue par derrière, b. 
îa repré fente augmentée par le côté 
intérieur ; r. montre le côté extérieur: 
A. fait voir la coquille de défions par 
le côté intérieur , & E. la même par le 
côté extérieur. Ce Coquillage fe trou- 
ve en S came, 

MONOCEROS, bête fauva- 
ge qu'on n'a jamais vue en Europe, Se 
dont différens Ecrivains, comme Louis 
le Romain , Se P a u l Vénitien , qui 
ont voyagé dans les Inde3 , ont bien 
voulu nous donner la defeription , 
fans l'avoir vue. Pline dit qu'on 
chaffe dans les Indes le Monoceros , 
bête très-cruelle, femblable au Che- 
val par le corps r au Cerf par la tête , à 
l'Eléphant par les pieds , Se au San- 
glier par la queue. Il a le mugiffement 
fort , Se la corne qu'il porte au milieu 
du front eft de deux coudées de long. 
Selon Elien, cet animal fe retire au 
fond des Indes. Gesner croit que 
c'eft l'Âne fauvage des Indes, &i il y 
a des. Interprètes qui rendent le Reem 
de l'Ecriture , tantôt par le Monoceros ' 
& tantôt par le Rhinocéros. Gesner 
croit qu'il fàttt l'entendre par le Mo- 
noceros. Cet Auteur dit que la belle 
corna que Ton voit dans le Thréfor 
de Saint Denis , eit celle du Monoceros, 



MON m 

Il a raifon ; mais c'eft la corne d'un 
poiiTon cétacée , nommé Monoceros , 
ou Licorne de mer , Se non pas du Mo- 
noceros , Quadrupède : car , comme 
l'obferve M. L 1 n n R u s dans fa 
Fauna Succica , p. 98. il n'y a point de 
Monoceros Quadrupède dans le Monde. 
Ce qui a donné lieu à cette fable , 
c'eft la dent du Monoceros poiffon » 
que les Anciens ont pris pour la corne 
d'un Quadrupède. Nondaturin Naturék 
Quadrupes Monoceros -.fabula defumpta 
efi ab hiijus Pifcis dente , qitem Veteres 
crediderunt Qjiadrupedis aïterura cornu* 
Le Monoceros , la Licorne , Se l'Ane 
fauvage des Indes , dont parlent les 
Voyageurs , tous ces animaux , quel- 
que différence que l'on y veuille trou- 
ver , font le même. Sous différens noms 
il s'agit de prouver fon exiftence. Les 
Modernes la nient. Quoi que difent les 
Voyageurs de^ la Licorne , de l'Âne 
cornu & de l'Âne fauvage des Indes , 
ils font portés à croire que ces diffé- 
rens animaux & même FAbada d'É- 
thïopie ne font que des Rhinocéros, 
Voyez aux rrrots LICORNE Se 
RHINOCEROS. 

MONOCEROS, nom qu'on 
donne dans le pays de Bambuk Se de 
Galam à un oifeau qu'on nomme Ma- 
nucodiata , autrement Oifeau de Para- 
dis. Sa grandeur eft celle d'un Cocj 
ordinaire , Se fon plumage varié , fur- 
tout aux ailes ; fon bec eft crochu 
comme celui de l'Aigle 5 fes éperons 
font gros Se robuftes. Il a fur la tête 
deux plumes , longues de trois ou 
quatre pouces , qui fe joignent dans 
un point avec l'apparence d'une corne 3 . 
ce quia fait croire mal-à-propos que 
c'en étoit une. Voyez au mot M A~ 
NUCODIATA, les différentes 
efpeces. 

MONOCEROS, poiffon du 
genre des Cétacées , appellé ainfi à 
caufe d'une longue corne qui lui fort 
de la mâchoire. Les Indiens, à ce que 
dit R v y s c h , mangent la chair du 
Monoceros, qu'ils trouvent. d'affez boa 



J lî 



M O N 



MON 



goût. M. LiNNjf. us dans fa Fauna 
Suecica , ainfi qu'A rtedi , donne 
à ce poîlTon le nom de Rîonodone. Le 
premier dît qu'on en pêche dans la mer 
Atlantique. Voyez au mot L I C O R- 
N E DE MER, où je parle de ce 
poiiTon d'après M. A N D e r s o N. 

Ceux qui ont écrit fur le Moncceros font 
Charleton, Onom. p. 16K. Se h o nhe- 
vtiD, Ichth. :S.\Viildgheï, Ichth.qz. 
Ray , Syncp, Me th. Pifc, j>. 1 1, D.\L£ , Phurm, 

P 'MONOPHTALME, en Latin 
Monophtalmus ; en Hollandois de Ee- 
noog. C'eftun poiffon des Indes Orien- 
tales , ainfi nommé pareequ'il n'a 
qu'un œil au milieu de la tête. Sa tête 
eft extraordinaire 8c reffemble à la tête 
de quelques infectes. Il aie corps min- 
ce : fa couleur eft bleue. Sur le haut 
du dos il porte de longues nageoires 
recourbées vers la tête : après celles- 
là il en a d'autres, tant fur le dos que 
far le ventre ; ce qu'il a encore de fin- 
gulier , ce font des nageoires fous les 
ouies , qui fe replient vers la partie an- 
térieure. Voyez Ruïsch, de Pifc. 
p. 3 7. Tab. i o. n. 3. 

MONSTRE; On entend com- 
munément par ce mot un animal , qui 
naît avec une conformation contraire 
à l'ordre ordinaire de la Nature , c'eit- 
à-dire avec une ftruclure de parties 
très-différente de celle qui caraétérife 
l'efpece des animaux , dont il fort. Si 
l'objet ne frappe pas avec étonnement , 
s'il n'y a qu'une différence légère Se 
fuperficielle , on ne donne pas le nom 
de Monftre à l'animal où cela fe trouve. 

Il y a bien des fortes de Monftres , 
dit M. Lé mer T, par rapport à leur 
ftruclure : les uns , ou ont trop , ou 
n'ont pas afTez de certaines parties , 
tels font les Monftres à deux têtes , 
ceux qui font fans bras, ou fans pieds 
autres pèchent par la conformation 
extraordinaire & bifarre , par la gran- 
deur difproportionnée , par le déran- 
gement confidérabSe d'une , ou de pla- 
ceurs de_ leurs parties , Se par la pla- 
çe finguliere que ce dérangement leur 



fait fouvent occuper; d'autres enfin» 
ou par l'union de quelques parties » 
qui, fuivant l'ordre de la Nature , Se 
pour l'exécution de leurs fonctions , 
doivent toujours être féparées , ou par 
la défunion de quelques autres par- 
ties , qui , fuivant le même ordre & 
pour les mêmes raifons , ne doivent 
jamais ceffcr d'être unies. 

M. Lémery , dans quatre Mémoires 
inférés dans V Hifloire de l' Académie 
des Sciences , des années 1 7 3 8. C?" 1 740. 
fait connoître les différentes manières 
dont les Monftres font formés, Se il en 
montre l'évidence , fuivant le nouveau 
fyftème de la génération des œufs. 
Nous renvoyons à ces Mémoires , Ss 
à un autre que M. duVerney, 
a donné en 1706". fur la même ma- 
tière. 

Mais en ne prenant pas ftriclement 
le nom de Mon/ire , les Naturaliftes 
le donnent indifféremment ou à des 
animaux énormes pour leur grandeur, 
tels que font parmi les Quadrupèdes 
terreftres les Eléphans , Se parmi les 
bêtes marines, les Baleines Se autres 
grands poitTons cétacées , ou à d'autres 
animaux farouches Se cruels , tels que 
les Lions, les Tigres Se les Panthères , 
Se les Requins dans la mer , ou enfin à 
des animaux finguliers par leur efpece , 
qui viennent de l'accouplement des bê- 
tes qui ne font pas du même genre. 
L'Afrique eft féconde en ces fortes de 
Monftres , comme nous l'apprennent 
les Voyageurs. La mer n'en fournit pas 
moins en poiffons. Les Relations des 
Indes Orientales Se Occidentales font 
remplies d'Hommes Se de Femmes 
marines ,.que des vaifTeaux ont ren- 
contrés. Rondelet , Gesner, Se 
R u y s c u , (les deux derniers paroif- 
fjnt avoir copié le premier) , parlent 
d'un poiffon péché en Norwege , qui 
avoit la figure d'un Moine ; d'un au- 
tre qui avoit celle d'un Évêque. Voilà 
des Monftres , Se pour la figure Se pour 
la rareté : car fi l'on veut ajouter foi 
à ceux qui nous les ont donnés pour 

de» 



MON 

des êtres exiftans , il faut du moins 
convenir qu'ils font rares , Se que la 
mer eft avare de nous en faire voir. 

Je rapporte aux mots HOMME , 
SYRENE , ÉVÊQUE , & MOI- 
NE MARIN , ce] que les Auteurs 
en ont dit. Voyez ces articles. 

M O N T A I N , oifeau à gros bec , 
que B E L o n C de la Nat. des Oifeaux, 
L.VîLc. 2,0. p. 372.)ditêtrel'dp 5 5r7ri'£nç 
d' Aristote ( Hift.Anim. L. Vllt c. 3 ,) 
& la Montifringitia des Latins. Les Pay- 
fans, dit DELON , l'appellent Montait!, 
&c de fon nom Grec on le pourroit 
nommer Pinçon de montagne , car Gros 
en Grec , lignifie montagne , Se Spiz.a 
Pinçon. On le nomme auffi Pinçon Mon- 
tain , ou Pinçon d' Ardennes. H a les 
mœurs du Pinçon: il chante de deux dif- 
férentes manières. Quand il a peur , fon 
chant reflemble à celui du Pinçon , 8c 
dans un autre temps , il imite celui de 
la Chouette. Il y a quelques endroits en 
France où on nomme cet oifeau Paijje , 
OU Moineau de bois , mais c'eft par 
erreur , dit B e l o n : Il eft vrai qu'il 
eft de la corpulence Se de la couleur 
du Moineau, Se l'on s'y méprendroit 
fi fon chant ne lefaiibit pas connoître. 
Il a deux lignes par dellus les ailes en 
travers qui font de dîverfes couleurs : 
le Moineau en a de pareilles , mais-qui 
font de couleur fauve , plus obfcures 
que tannées. Le Montain eft un oifeau 
de grand courage , prefque mourant il 
cherche encore à fe défendre, à pincer 
Se à mordre. 11 a le bec gros & plus 
robufte que le Pinçon, les jambes 8c 
les pieds de la couleur de ceux des 
Grives. Aristote dit Orojpiz.es colla 
caruleo. Bt l o n penfe que pour en- 
tendre ce panage il faut croire qu'A- 
ristote appelle le Pinçon Orojpiz.es, 
le Montain , ou le Pinçon de montagne, 
Amplement Spiza. Voilà ce que dit 
B E L o n du Montain , oifeau qu'on 
connoît mieux aujourd'hui fous le 
nom de Pinçon de montagne , dont il y 
a deux efpeces , félon R a y , & l'Au- 
teur de la Nouvelle Hifloire des 0ï~ 
Tome III, 



MON MOO MOR115 

féaux. Voyez pour leur defcriptlon te 
mot PINÇON DE MONTAGNE 

MONTANELLA, nom q Ue 
les Grifons donnent à la Marmotte. 
Voyez ce mot. 

M O N T I C O L E , du Latin Mon- 
ticola , nom d'un petit oifeau , que les 
Allemands appellent Coldfinch , 8c qui 
eftT 'JEnanthe quarto, de R a y ( Synop. 
Meth. Avium , p. 77. ». y. ). Ce n'effc 
ni le Vitrex , en Latin Viiifiura , ni le 
Traquet , Rubetra de B e L o n , maïs 
un oifeau à-peu-près femblable. Il a 
le ventre blanc , la poitrine d'un roux 
brun , la tête & le dos d'un brun ou 
d'un verd cendré , les plumes de la 
queue 8c celles des ailes noires , mais 
toutes depuis la cinquième plume font 
blanches vers la racine ; le bec eft 
noir , ferré & prefque triangulaire : 
les pieds font de la même couleur. 

MOO 

M O O S : R a y ( Synop. An. Quad. 
p. 8(5. ) dit que c'eft un animal de 
la Nouvelle Angleterre , 8c des autres 
parties Septentrionales de l'Amérique , 
du genre de l'Alcé. Ce Naturalifte 
en a vû des cornes dans plufieurs Ca- 
binets , une entr'autres dans la Pro- 
vince de SufTex , qui pefoit vingt- cinq 
livres , large d'une palme , garnie au 
bout de huit branches pointues comme 
des poignards. On dit que cet animal 
eft de la figure du Cerf, mais non ft 
alerte, & de la grandeur du Bœuf , Se 
qu'il met bas trois petits à la fois, 
Voyez MOSE. 

M O R 

MORDICANTES, Mou- 
ches à deux ailes , dont la bouche eft 
large , prefque dentelées , lefquelles 
aiment à faire des ampoules fur la 
peau tendre des petits enfans. Aris- 
tote en a fait mention. 

M O R G A Y , nom qu'on donne , 
dit Artedt, à la féconde efpece de 
Roujjette , poifTon de mer. Voyez au 
mot ROUSSETTE. 

P 



3ï4 M O R 

MORILLON, nommé en Grec 
Thctwuoy i en Latin Glaucus; en Sué- 
dois Britnnackf: C'eftun oifeau de ri- 
vière , qui , félon B E L o N ( de la Nat. 
des Oif.L. III. c. 10. p. IQ-5. ) eft le 
Glaucio7i des Grecs , & le Glaucus des 
Latins. M. L 1 N N je u s (Fauna Suec. 
p. 99. n. 104.) le nomme Anas ocu- 
lorum iridilus fia-vis , capite grij'eo , 
collari albo. Aldrovande ( Om. 

L. XIII. C. 38. ), SC W I LLUGHB Y 

( Ornith. p. 281. ) parlent de cet oi- 
feau , qui fe trouve fur les côtes Ma- 
ritimes. Il eft , dit B e l o n , fort 
femblable à la Cane , étant* de la mê- 
me grolTeur. Son bec eft comme une 
fcfe par les bords; fes jambes & fes 
pieds, en dedans , font rougeâtres , Se 
en dehors font noirs : il a la tête tan- 
née jufqu'à la moitié du col , où com- 
mence fon collier blanchâtre. Sa poi- 
trine eft cendrée , le deiïbus du ventre 
eft blanc , le deiïiis du dos eft noir: il 
a fept plumes aux ailes qui font bi- 
garrées comme le font celles de la 
Pie; le refte du corps & la queue font 
noirs , & reffemblent aux ailes & à la 
queue du Cormoran. 11 cherche fa nour- 
riture dans l'eau , où îl vit de petits 
poiffons , d'infeétes aquatiques, d'E- 
crevilfes tendres & de Limaces. Sa lan- 
gue eft fi charnue , qu'il paroît en avoir 
une autre à la racine. Sa poitrine eft 
fort large. 11 a les cuiffes courtes Se ti- 
rées en dehors comme tous les oifeaux 
qui fe plongent. 

B e L o n , au même endroit , parle 
d'un autre oifeau qu'il nomme Tiers, 
pareequ'il eft après le Morillon Se le 
Canard : il a les ailes bigarrées , comme 
le Morillon , Se le bec fait comme celui 
de la Piette. Pour le refte , cet oifeau 
reiïemble à la Piette. Il eft de moindre 
grandeur que le Morillon Se le Canard , 
fa chair a le même goût. Les Mo- 
rillons fréquentent les étangs èc les ri- 
vières de toutes les contrées , & B e- 
L ctn ne doute point que cet oifeau 
ne foit le Glaucion des Grecs, 
lî y a au oifeau aquatique , que Ray 



M O R 

( Synop. Meth. Av. n. 11. p. 143. J 
nomme Anasferafufca minor , qui peut 
être , dit-il , Y Anas Fulicula d' Al- 
drovande ( p. 2 27. >. C'eft le Capa 
Rojfo des Italiens. Il tient le milieu 
entre la Cane Pénélope Se la Cerce- 
relle. Si ce n'eft pas le même que le 
Glaucion , ou le Morillon de Bei.on , 
c'eft du moins , ajoute R A y , un oi- 
feau du même genre. Cela peut être. 
Mais le Morillon de B E L o N a un col- 
lier blanc , Se celui de R a y a le collier 
brun. Le premier a l'iris jaune, & le 
fécond l'a blanche , ou de couleur d'i- 
voire. Voici ce que ditRAï de fort 
efpece de Morillon : fon bec eft d'un 
bleu obfcur , pâle fur les bords , Se noir 
au bout. L'Auteur Anglois ne nous 
dit point, fi comme celui de Belon, 
il eft dentelé par les bords : il a la 
tête groile,rou[fe ou couleur de rouille, 
à l'angle de la mâchoire inférieure une- 
petite tache blanche , le dos brun , les 
plumes des ailes blanches Se brunes au 
bout , de façon que fur les ailes éten - 
dues on voit une grande ligne blan- 
che qui traverfe. La poitrine , au-def- 
fous du collier , eft Touffe , Se cette 
couleur s'étend proche des plumes fea- 
pulaires. Il a le refte de la poitrine , 
& le haut du ventre blancs, le bas juf- 
qu'à l'anus brun , les plumes fous la 
queue blanches , ( elles font longues Se 
rouifes fur les cuiffes), les jambes Se 
les pieds noirs. Tel eft l'oifeau , nom- 
mé Anas fera fufca minor par Ray» 
Se qu'il dit être , ou le Morillon de 
B e L o N , ou du moins un oifeau du 
même genre , congener , fî non eadern » 
dit- il. Il avoue cependant que le Mo- 
rillon de Belon en diffère Se par la 
grandeur Se par fon collier. 

A l e 1 N ( Tome I. n. 94. ) donne 
auffi le nom de Morillon à un oifeau 
qu'il nomme en Latin Vulpanfer. Mais 
le Vulpanfer de B e L o n {de la Nat. 
des Oij. L. III. c. 5. p. 158. ) , eft 
l'oifeau , nommé par le même Au- 
teur Oie Nonnette > Se Cravant er* 
François 1 & Ra ï ( Synop. Metk Av*. 



* 



mor 

p. 140. ) dît que ce que B e t o N (L< 
III. c. 17. V- *7 2 -) appell e Tadorne, 
eft ie Vulpanfer de quelques autres Na- 
îuraliftes. M. LiNN*us(p. 33. ». 
p3.J , fous le nom Anas albo varie- 
gata , petloris lateribus ferrugineis » 
abdomine longiiudin aliter cinereo , ma- 
culato , entend la Tadorna de Wùl- 
lughby ( Ornitb.p. 278. de Belon, 
& de R A y , qui eft le Vulpanfer d'Al.- 
b in Se de quelques autres Auteurs. 
Ainfi , en conciliant ces Naturalises , 
îl y a deux fortes de Vulpanfer. Le 
premier , qui eâ VOÛ Nomette , eft le 
Cr avant de B e L o N. Voyez OIE 
NON NETTE, & GRAVANT. Le 
fécond , qui eft le Morillon d' Albin . 
Will u G h b y Se Belon le nom- 
ment Tadorne. J'en parlerai au mot 
TADORNE. Cependant , comme 
Albin lui donne le nom de Mo- 
rillon , voici la defeription qu'il en 
fait. 

Cet oîfeau , nommé en Latin Vul- 
panjer , Se en François Morillon , elt 
le même , dit-il , qu'ALDttov ande 
( Ornith. L. XIX. ) appelle Berganders. 
Quelques-uns appellent ces oifeaux 
Canards- de trous , pareequ'ils font leurs 
nids dans des trous de Lapins ; d'au- 
tres les nomment Morillons , paree- 
qu'ils font bigarrés. Ils aiment leurs 
petits ,3c rcffemblent à la Perdrix , en 
ce qu'ils détournent les Chaffeurs de 
l'endroit où ils font. On en trouve , 
dit Albin, autour des differens lacs 
Se rivières près des côtes d'Angleterre , 
&dans la Principauté de Galles; mais 
fur-tout dans les Provinces de Lan- 
caftre Se dans celle d'Effex. Cet oi- 
fêau depuis la pointe du bec jufqu'.i 
l'extrémité de la queue a vingt-fept 
pouces de longueur, 3e trois pieds cinq 
pouces de largeur , fes ailes étendues. 
Il tient le milieu en grandeur entre 
l'Oie Scie Canard ; le bec en efteourt , 
un peu relevé , large , mais beaucoup 
plus à la pointe. Sa couleur eft rouge , 
excepté les narines Se le bout du bec 
qui font noirs. 11 y a une bofTe longue 



MOR U y 

Se charnue à la racine de la mâchoire 
fupérieure. La tête Se le deflus du col 
font d'un verd fombre , & luifant com- 
me de la foîe. Cette couleur parott 
être noire à certaine diftance : le refte 
du col Se la région du jabot lont blancs. 
La partie fupérieure de la poitrine , de 
même que celle des épaules , eft oran- 
gée , ou d'un rouge brillant ; & la par- 
tie du devant du corps eft entourée 
d'un grand cercle de cette couleur. 
Il y a une ligne large Se noire qui s'é- 
tend tout le long du milieu du ventre 
depuis la poitrine jufqu'au défaut du 
cartilage de l'os de la poitrine, & s'y 
étend de-là fous la queue , où les plu- 
mes font d'une couleur d'orange pâle. 
Le refte de la poitrine , ainfi que le 
ventre , le defTus des ailes Se le milieu 
du dos font blancs. Les longues plu- 
mes fcpulaires font noires , & toutes 
celles des ailes , auflï bien que les plu- 
mes couvertes , à la referve de celles , 
qui font fur la jointure la plus avancée 
en-dehors , lefquelles font blanches : 
chaqueaile a environ vingt-huit plumes 
dont les dix plus avancées en dehors 
font noires. Il en eft de même de celles 
du fécond rang, qui couvrent ces pre- 
mières , fi on en excepte leurs bouts. 
Au défais de ces plumes , vers lefom- 
met de l'aile , il y a deux plumes blan- 
ches en bas , ayant leurs bords noirs de 
tous côtés : les douze plumes qui font 
immédiatement après , autant qu'elles 
font vifibles au - defTus des plumes 
qu'elles couvrent , font blanches fur 
le dedans des dards , Se elles ont fur 
le dehors une ligne noire attenante aux 
dards , le refte étant teint d'une cou- 
leur orangée. La vingt-fixieme plume 
eft blanche , ayant fon bord extérieur 
noir, La queue a douze plumes blan- 
ches avec des pointes noires , excepté 
les plus avancées en dehors qui font 
toutes blanches. Les jambes & les pieds 
font d'un rouge pâle , ou de couleur 
de chair, Sa peau eft fi tranfparente , 
qu'à travers on peut facilement dis- 
cerner les traces des veines. La chair 

Pij 



■ t ié M O R 

de cet oifeau n'eftpas fort favOureufe , 
ni délicate , quoiqu'elle ait été autre- 
fois fort eftimée , dit l'Auteur. 11 fe 
nourrit principalement d'infeftes aqua- 
tiques. Tel eft le Morillon d'Al.BiN, 
qui paroît être la Tardons de Belon. 

M O R M E , poilTon de mer à na- 
geoires épineufes , en Latin Pifcir 
acanihopteryghts , mis dans le rang 
àesSpares par A rtedi( Ichth. Part. 
V. p. 6z. n. il.) , & nommé Sparus 
maxilla fuperiore longiore , lineis utrin- 
que duodecimnigris, tranfverfis,paral- 
lelis. C'eft le Mspwupoj d'AïuSTOTE 
( L. VI. C. 17. ) . d'ATHÉNÉE ( L. VIL 
p. 313. )» d'EuSTACHIUS (f. II50. 
P. 33. ); le MrpuiAoç d'OPPIEN (L. 1. 
p. 5. Se L. II. p. 58. ) ; le Mormylur 
de S A L VI EN ifi 183.); le Mormyr 
à'O v 1 V E ( Hal. V. 1 10. ) , Se de 
Pline ( L. XXXII. c. 11. ) ; le 
Mormurde Gaza (in Arifl. ) ; le Mor- 
myrus de Gesneu (de Aquat. p. 

6^6. ) , d' A LDROVANDE ( L. IL 

c. t 9. p. 184. ) , de J O NS TO N C L. /. 
c. 1 . ) > de Charleton(j), 141 . ) , 
de W 1 L L u G h b T ( p. 3 29. ), & de 
R a y ( Synop. Pifc. p. 134. ). On le 
nomme Mormillo à Rome , Mormiro 
à Venife , Mormo à Marfeille Se à 
Gênes. 

Le Morme , félon Rondelet 
( L. V. c. 2,2. p. 135. Edit. Franc.') , 
eft un poiffon de rivage , femblable à 
la Dorade , moins rond de corps , plat , 
qui a la tête plus ronde , le mufeau plus 
pointu, la bouche moyenne & garnie 
de petites dents qui font de la cou- 
leur d'argent. U a des traits noirs qui 
traverfentdu dos jufqu'au ventre , éga- 
lement éloignés l'un de l'autre ; le 
premier eft le plus grand ; le fécond 
eft moindre , Se ainfi de fuite. Ses écail- 
les tombent aifément. Il a le dos entre 
blanc Se bleu, le ventre blanc comme 
de l'argent, Se il eft un peu différent 
de la Dorade. Ce poiffon a quatre 

• * Ce poifTon eft nommé en l atin GfcK/rtj-, - 
il eft appelle Perlon en Saimonge ; Galline, 
. i Marfeille ; Rondelle , à Agde ; Cocchott , à 



M O R 

ouïes , le Cœur fait en angle , l'efta- 
mac petit & blanc , les boyaux blancs , 
la toile du ventre noire , le foie rouge , 
& la rate noire. Sa chair eft molle 
Se fent la bourbe. Il vît de fange , d'im- 
mondices , & de petits Calmars. Il n'eft 
bon nï frit , ni rôti , ni fur le gril. 
Les Anciens , dît Rondelet, n'en 
faifoient pas de cas. Hesychius, 
dans Athénée, dit cependant que 
c'eft un poilfon fort nourrilfant , mais 
Archestrate marque qu'il eft 
mauvais : il fraie en été , Se on ne le 
pêche pas aifément. Il a , au rapport 
d'O p v 1 e n , la fineife de s'entoncer 
dans le fable , Se d'éviter les rets des 
Pêcheurs. 

M O ROM O RI, nom que les 
Indiens donnent Aune efpece de Bre- 
bis du Bréfil. Voyez PACO. 

MORPHNOS, nom que les 
Grecs ont donné à une efpece d'Aigle. 
Voyez AIGLE. 

MORPION, en Latin Pedicu- 
lus inguinalis , Vermine qui s'engen- 
dre dans la peau , qui a beaucoup de 
pieds , Se qui fe multiplie infiniment. 
Les Morpions s'attachent particulière- 
ment aux parties velues; mais par le 
fecours de l'onguent compofé avec du 
mercure , on parvient dans un mo- 
ment à détruire totalement toute cette 
Vermine. M. LiNNf us ( Fauna. 
Suec. p. 3 38. n. 1 1. & 54. ) la nomme 
Pediculus Pubis , en Suédois Flat- 
Luus. R e d 1 { Exp. XIX. f. 1. ) , 
Se Peti veut ( Gaz.. Cj. f. 9. ) eit 
parlent fous le nom de Pediculus in- 
guinalis : Mouffet( Lai. p. 200. > 
Se R a y ( Infp. 8. ) , fous celui de Pe- 
diculus férus , & d'autres le nomment 
Pediculus Scorpio. Voyez POU, 
pour les autres efpece;. 

M O R R U D E * , ou ROUGET, 
noms que Rondelet ( L. X. c. \ i. 
p. 227. Edit. Franc. ) donne à un poif- 
fon de mer , mis par A r t e d i clans 

Naples ; Organo , en Sclavonie ; Han.hcm^ 
en Hollandais ; Gurnady ou Rotchet , en An- 
glois, 



M O R 

le rang des pottfons à nageoires ëpï- 
reufes , en Latin Fifres acantboptery- 
H H le nomme ( Ichtb. Part. V p- 
74 » 7- ) . Trigla Ma rubens , roftro 
ia'rhm bkorni , operculis branchiarum 
firiatis. C'eft le k^miÇ J'Aristote 
L. IV. c 9. L. VIII. c. 13. ) d'ELiEN 
< L. X. c. il. ) » d'OppiEN , ( L. 1. 

V IC.) , Se d'A TKENÉE ( L. Vil. 

p. 309. ) ; le Cuculus de G a z a , fur 
A r 1 s t o t e > de GesnerC^ê 
) , d'A l n R o v a n d e (L. 
II t. 4. p. 139. > . de J o n st o n 

(L. I. C. I. ) , de W IL LUGHBÏ 

(p. 89. ) , & de R a y ( p. 89. ) ; c'eft 
auffi le Cuculus Lyrx. fpecies de Schon- 
KEVELD (p. 32.) , \zLyra de Char— 
x e t o n (p. Scie Cape de Paul 
Jqve , f. i5. p. 70'. 

Ce poiflon , dit Rondelet, a la 
figure de l'Hirondelle de mer ; mais 
il en diffère par fa bouche , par la gran- 
deur de fes nageoires , Se par la mul- 
titude de fes écailles. Il a le ventre 
gros , le refte dit corps rouge , la tête 
groffe faite en angle. Son mufeau finit 
par deux aiguillons pointus ; il a deux 
petites pointes au demie des yeux : le 
derrière Se le deffus de la tête finifiènt 
auffi en pointe vers la queue. Ce qui 
couvre les ouies eft garni d'aiguillons , 
Se fa peau eft déliée. Aux côtés , par 
le milieu du corps , il a un trait large 
couvert d'écaillés, Se au dos depuis 
la tête jufqu'à la queue deux rangs 
d'écaillcs pointues, d'où fortent deux 
nageoires , qui fe drelfent quand le 
poiffon nage , Se qui s'abbaiifent 8c fe 
cachent , comme dans un étui , quand 
ilfe repofe. La première nageoire eft 
plus petite ; fes premiers aiguillons font 
longs Se pointus: la féconde nageoire 
eft plus longue , Se s'étend prefque 

* On prétend que le mot Morue , ou Mo- 
rhue y ou Molue , eft François d'origine, 5c 
que ce poiifon a été airfî appelle du nom 
des Ifles Molucques , d'où il vient . & proche 
defquellcs on va le pécher. Il eft apreliéen 
Ang'ois Morhuel; en Suédois, Cabtfiao ; en 
Flaman I , Cabiljaa'.V ; c'eft du Flamand que 
l'on dérive le mot Cabéliau, Quant aux noms 



M O R 



117 



jufqu'à la queue : fes aiguillons font 
petits. 11 a deux autres nageoires près 
des ouïes , qui font rouges par le bout ; 
deux autres au delfous , devant les- 
quelles pendent deux barbillons char- 
nus ; une autre depuis l'anus jufqu'à 
la queue. Ce poiffon eft charnu par 
tout le corps , épais , rond , un peu 
large vers la queue ; fes ouies font 
doubles, fbn palais eft jaune, fon foie 
e:t rouge Se blanc, fans fiel , &fa rate 
eft rouge. Sa chair eft dure Scfeche, 
peu ou point gluante. 

MORUE*, genre de poiffon de 
mer : il y en a de pluiïeurs efpeces , que 
les Naturaliftes nomment sifelli , 1 
caufe de leur couleur grife cendrée , 
qui approche de celle des Anes Se des 
Cloportes. A r t e o i ( Ichib. Fart.V. 
p. 34. ) , M. L 1 N N je u s C FaunaSnec.} 
Se M. Gronovius ( Maf. Ichtb. 
p. 20. & 2. 1 . ) le mettent dans le rang 
des poiifons à nageoires molles Ont et 
Fifccs m.iLicopterygios. Ces Auteurs 
donnent à ce genre de poiffon le nom 
de Gadus , mot qui vient du Grec r 
Se qu'on trouve dans Athénée y 
dont l'origine n'eft pas claire , origo 
minus clam , dit A r t e d i. M. G r o- 
n o v 1 u s dit du genre de Morue > qu'il 
a le corps cathétoplat , épais, oblong; 
la tête le plus fouvent cathétoplate , 
Se quelquefois plagioplate ; la bouche 
garnie de barbillons à quelques efpeces; 
la membrane qui couvre les ouies eft 
compofîe de fept offelets ronds de cha- 
que côté , Se non de fix , comme le 
marque M. L in n je u s ( Syfl. Nat. 
Edit. 6. ) ; neuf ou dix nageoires , Se 
deux ou trois au dos :. Corpus cathcto~ 
plateum , crajfum , oblongttm : caput ple- 
riemque cathetoplateum , interdhm & 
plagioplateum : os non manquant cirro- 

de Merluche , Mcrluce , Merlue & Merlu , en 
Latin Merluctus, c'efl comme qui diroit Morts 
Luctuf, Brochet de mer. Le nom Allemand 
Stoci jlr, ou StrocfisH , femble venir de ce que 
la MoPmftcht, ou la Merluche, contracte une 
dureté oifeufe , & qu'elle ne fe cuit qu'après 
avoir été battue & macérée lonc-temçs dans 
l'eau, 



M O R 



M O R 



fum : memlrana branchiofiega , ojficula 
feptem teretia mrinque continet : pin- 
nu novem vel decem in dorfo dita vel 
très. M. Gkonovius divife ce genre 
de poiflTons , i °. en poilTons qui ont 
trois nageoires fur le dos , Se la bouche 
fans barbillons; 2°. en poifions qui ont 
trois nageoires fur le dos , & des bar- 
billons à la bouche; 3 0 . en poilTons , 
qui n'ont que deux nageoires fur le 
dos. Ray ( Synop. Meth. Pifc. > divife 
tout Amplement les Montes , en Mo- 
ntes qui ont trois nageoires fur le dos, 
Se en Morues qui n'en ont que deux. 

Commençons par les Montes qui ont 
trois nageoires fur le dos. 

La première eft le Cabéliau des 
Hollandois , nommée par Artedi, 
p. 3 5. n.6. Gadus dorfo tripterygio, ore 
cirrato , caudâ aquali , ferè cura radio 
frimo fpinofo ; par Willuchbï, 
p. 1^5. & R A ï (Synop. Meth. Fifo, 
p. 53.) Afellus vtdgaris major ; par 

SCHONNEVELD, p. 28. & ChARLETON, 

p. 121. Afellus major > par Belon 
C de Pifcib. ) , Aldrovande ( L. III 
c.6.p. 289.), Jonston (L. Z.c. 1.), 
Gesnek (de Aquat.) & Rondelet 
( p. 2 2 2 . Edit. Franç. ) Morbua Se Mo - 
lua ; par les Suédois Cabeliao ; par les 
Danois Kablag, ou Towk., nom com- 
mun de toute l'efpece ; par les Bas- 
Saxons & les Hauts- Allemands Bolch ; 
par les Angloîs Cod, ou Codfish ; dans 
certains endroits Keeling. Nous parle- 
rons plus bas de fa pêche & de fa pré- 
paration. 

La féconde eft la Morue verte , nom- 
mée par Artedi (PartV.p. 3 5. n. 3.) 
Gadus dorfo tripterygio , ore imberbi , 
maxilla itiferiore longiore , lineà latera- 
li curva. C'eft V Afellus virefeens de 

S C H O N N E V E L D , p. 20. de WlL- 

lughby, p. 173. & de Ray, p. 53. 
n. 2. Se le Witling PoUack des Anglois. 
VoyezWITLING. 

La troifieme eft la Moruenoire , nom- 
mée par Artedi (ParlV. p- 34. ». 2. ) 
Gadus dorfo tripterygio , ore imberbi , 
•maxillà inferiorc longiore & lineà late- 



ralireïïà ; par Aldrovande (L. III- 

C. 7. p. 289.) , WlL L U G H B Y , p. I 6%. 

Se R a y , p. 54. n. 3. Afellus niger ; par 
Schonneveld , p. 19. Carbonarius ; 
Se par Char LETON,p, 121. Afellus 
niger , five mollis , nigricans. C'eft le 
Koolffch des Angloîs , Se nous le nom- 
mons en François Charbonnier. Voyez 
CHARBONNIER. 

La quatrième eft V Afellus lufeus » 
nommée Bib, Se Blinds dans la Pro- 
vince de Cornouailles ; par Artedi, 
Gadus dorfo tripterygio , ore cirrato , 
ojftculo pimiarum ventralium primo in 
longum fatis produclo. Ce peut être 
V Afellus nanus de Schonfeld. Elle 
refiembie à la grande Morue par les 
barbillons qu'elle a au menton, Scelle 
en diffère parla petiteffe de fon corps , 
qui n'a pas plus d'un pied de long , par 
fa figure , qui eft courte Se large , par 
fa couleur qui eft plus claire , par la 
grandeur de fes écailles qui tiennent 
beaucoup à fa peau , Se de plus cette 
efpece de Monte , dit R a y ( Synop. 
Meth. Pifc. p. 54. ». 3. ) n'a point de 
nageoires à l'anus. W 1 L L u G h b y en 
fait auffi mention fous le nom à.' Afellus 
lufcits. 

La cinquième eft nommée par A r- 
t e D 1 ( Part. V. p. 35. n. 4. ) Gadus 
dorfo tripterygio , ore cirrato , colore 
vario , maxilla fuperiore longjore , cau- 
dâ œqitali ; par Schonneveld, 
p. 19. par Willughby , p. 172. &par 
Ray, p. 54. n. 5. Afellus varias , ou 
firiatus ; par Jonston (de Pifcib. ) 
Se par Robert (de Pifcib. p. 14. ) 
Afellus varias. C'eft le Sma-Torsk. des 
Suédois. Rondelet appelle cette 
efpece de Morue, Mufchebout. Voyez 
ce mot. 

La fixierne , dit R a y C Synop. Pifc. 
pag. 54. n. 6.) , eft la Morue jaune de 
Schonfeld , femblable à la fé- 
conde efpece , excepté que fes na- 
geoires font plus petites. 

La feptieme efpece eft nommée par 
Artedi, p.. 3 5 . ». 7. Gadus dorfo 
tripterygio , ore cirrato , corpore albi- 



M O R 

tante, maxillàfuperiore longiore , eatt- 
dâ varhm bifurcà , Se Gadus cirratus , 
albicans , maxillâ fuperiore longiore , 
caudâ parkm bifurc'à. Cette efpece de 
Morue eft le Callaris de Pline ( L. IX. 
c. 17. ) > VOnos , ou VAJînus des An- 
ciens , fuivant T u R N E R u s C Epifl. ad 
Gejh. ) , WiUi'GHBï, p. 170. & 
Ray, p. 55. n, 5. VAfellus major 

d'ALDROVANDE , p. 34. ». I. & Celle 

que nous nommons en François Ëgle- 
fin , que les Suédois appellent Kaitior, 
les Danois Koll, les Anglois Hadock , 
les Iflandois Scbelfifch. Voyez au mot 
SCHELF1SCH. 

Le huitième eft le Gadus dorfo trip- 
terygio , ore imberbi , corpore albo , ma- 
xillâ fuperiore longiore d'ARTEDi , le 
Merlan de Rondelet, VAfellus 
mollis major , ou albus de Willughby , 
p. 1 70. & de R a y ( Synop. Pifc. p- $$■ 
». 8. ) • VAfellus candidus primus Je 

SCHONNEVELD , p. 1J. V AfellliS mï/WÏ 

aktr d'A l d r o V a n d e (L. HL c. 3. 
p. 287.); VAfellus mimr & mollis de 
Charleion, p. 121. & VAfellus 
mollis deJoNSTON (de Pifcib. ) ; en 
Suédois Hivitling, en Anglois Witling. 
Voyez ce mot. 

La neuvième eft le Gadus dorfo 
tripterygio , ore cirrato , longitudine ad 
latitudinem tripla , pinnîi ani prima offi- 
culoritm triginta d'ARTEDi , p. 37. ». 
12. Cette efpece de Morue, qui eft 
VAfellus mollis latus de Willuchby , 
p. 22. Se de Ray C Synop. Pifc. p. 5 5. 
». 9. ) eft VAfellus barbants de C H a r- 
leton , p, 121. elle eft nommée par les 
Anglois Pouting Tout Se Whiting - Pout. 
Sa largeur eft extraordinaire à pro- 
portion de fa longueur, & par cette 
marque il eft facile de la diftinguer des 
autres efpeces de Morue. Les extré- 
mités de là queue Se de fes nageoires 
font noires.Se à la racine des ouies elle 
a des taches noires. Selon Lister ce 
poifTon , depuis le bout de fa tête juf- 
nu'à la queue , a tout au plus onze 
doigts de long , & vers les nageoires 
du dos trois doigts 5c demi de large, 



M O R ,ï0 

La première de fes nageoires du dos 
eft triangulaire & s'allonge comme une 
corne ; fes écailles font petites Se par- 
tout de couleur d'argent, comme le 
font celles des Morues molles, Afelli 
molles. Ce poifTon , dit Lister, a 
l'ouverture de la bouche beaucoup 
plus étroite que ne l'ont les Morues 
de fon genre. 

La dixième efpece de Morue eft 
nommée par A r t e d i ( lchth. Part. V. 
p. 36. ». 8. ) Gadus dorfo tripterygio r 
ore cirrato , corpore fefcunciali , ano in 
medio corporis. C'eft VAfellus mollis 
mimr , ou omnium minimus deWiL- 
L u g h b y , p. 171. & de Ray ( Synop. 
Pifc. p. $6. n. 10.); Se VAntbu f ecun- 
da.fpecies de Rondelet(L. VI. 
c. 12.) Se de Gesner, de Aquat. 
Elle e!t nommée Por 8c Power en An- 
glois ; Mollo à Venife , Se Capelan i 
Marfeille. 

R a y ( ibid. p. 5 6. ) , parmi les Mo- 
rues <\m n'ont que deux nageoires fur 
le dos , compte le Merlu Se la Morue 
longue. 

Ar te d i(p. 30'. n. 10.) nomme le 
Merlu , ou la Merluche , Gadus dorfo 
dipterygio , maxillâ inferiore longiore. 
Voyez au mot MERLUCHE , pour 
la defeription de ce poifTon , ainfi que 
pour les Auteurs qui en ont écrit. 
Voyez aufli WITLING. 

Le même Naturalifte nomme la 
grande Morue (p. 7,6. ». 9.), Gadus 
dorfo dipterygio , ore cirrato , maxillâ 
fuperiore longiore. C'eft la Molua major 
de Charleton, f. 121. VAfellus 
longUS deSCHONNEVELD,- p. 18. 
ainfi que deWlLLUGHEY, p. 175, 
Se de Rat ( Synop. Pifc. p. 5 6. ) ; c'eft 
auffi le même poifTon que les Suédois 
nomment Langa , les Allemands Len- 
ge , Se les Anglois Ling. 

A r 1 s t o t e ( Hift. Anim. L. VIII 
c. 15. Se L. IX. c. 37. ) parle d'une 
efpece de Morue , qui fe cache dans le 
fable. Quand le poilTon , dit cet Au- 
teur , apperçoit les Pêcheurs , il fe 
retire dans l'algue ,. dont il fe nourrir- 



no M O R 

il y refte long-temps caché. Pline 
{Hift. Nat. L. IX. c. i(5. & 17. Se 
L. XXXII. c. 10.) fait mention de 
deux efpeces de Morues, La première 
qu'il nomme Callaris mïnor , peut bien 
être l'Églefin; Se la féconde Baccbus, 
qui eft lYivcç des Anciens , Se notre 
Merlu. Rondelet, fous le nom 
de Morue n'en donne qu'une efpece. 
M. L 1 n n je u s .( Fauna Suec. p. 1 1 o. 
;;. 293. 294. 295. 296. & 297. ) 
ne parle que de Y Afellus varias , qui 
eft le Torsk. des Suédois , & qui fe pê- 
che dans la mer Baltique Se Occiden- 
tale , aux environs de Gothland , Se de 
l'Œlande ; de, Y Afellus mollis major 
& albus, qui eft le Merlan: les Sué- 
dois ie nommenti/iwt/iwg & Widding : 
on le pêche dans la mer de Norvège ; 
de 1 Afellus vulgarïs major , c'eft le 
Çabéliau : il fe pêche dans la mer 
Occidentale : les Suédois le nomment 
Cabeliao ; de la Monte verte , qui fe pê- 
che en grande quantité dans la mer A- 
tlantique : on la nomme en Norvège 
Sey ; Se enfin de YOnoi des Anciens , 
qui eft YEglefin , Se que les Suédois 
nomment Kolia. On pêche cepoiffon 
dans la mer Occidentale. 

Enfin , M. A n d e r s o n ( p. 154. 
jujàu'à 191.) , dans fa curieufe Hif- 
toire Naturelle de l'IJlande , nous donne 
celles du Çabéliau, de la grande Mo- 
rue > de YEglefin, AuWitling, efpece 
de Merlan , du Dorfcb , qui eft Y A- 
fellus variiis , ou ftriatus , Se enfin du 
Charbonnier , qui efti' Afellus minor. 

On trouve aufll dans les Ailes d'Up- 
fal , 1742. p. 90. & ftàfo.ht deferip- 
tion de la Morue verte par M. G r o- 
novius , & celle d'une Morue à 
deux nageoires fur le dos , nommée 
par A R T E D 1 , Gadus dorjo dipte- 
rygio fufco ad pinnam dorfi primant, ore 
cirrato. C'eft le Wifllefish' des Angloîs , 
Se celle qu'on nomme à Venife Don- 
z.tllina. 

La Morue vulgaire a trois ou quatre 
pieds de long , Se neuf ou douze de 
large ,1e corps gros, arrondi, le ven- 



M O R 

tre fort avancé , le dos & les côtés 
d'une couleur olivâtre , fale ou brune, 
variée de taches jaunes; le ventre blan- 
châtre; une large ligne blanche de cha- 
que côté , qui s'étend depuis l'angle 
iiipérieur des ouies jufqu'i la queue , 
qui , tant que la cavité de l'abdomen 
peut s'étendre , fe recourbe en forme 
d'arc, puis va par le milieu des côtés 
droit à la queue ; de petites écailles , 
très -adhérantes à la peau; deux grands 
yeux couverts d'une membrane lâche 
Se diaphane ; l'iris eft blanc : elle a un 
barbillon unique, à peine long du doigt, 
qui lui pend au coin de la mâchoire in- 
férieure ; la langue eft large , ronde , 
molle , dépourvue de dents : pluiieurs 
rangées de dents aux mâchoires , dont 
une eft compofée de dents beaucoup 
plus longues que les autres : or en- 
tre les dents fixes , il s'en trouve plu- 
fleurs de mobiles , comme dans le Bro- 
chet ; au haut du palais Se au bas près 
de l'orifice de l'eftomac , ainfi qu'entre 
les dernières ouies , on obferve de pe- 
tites dents preffées ; elle a trois nageoi- 
res au dos , dont l'antérieure eft formée 
de quatorze rayons , & les deux autres 
de dix-neuf chacune ; les nageoires 
des ouies font compofées chacune de 
dix-huit rayons ; celles du ventre ou 
plutôt de. la poitrine , ( car dans ce 
genre de poiffon , elles font fituées plus 
en devant que les précédentes ) , ibnt 
chacune de fix rayons feulement. Ce 
poiffon a de plus deux nageoires après 
l'anus , dont l'antérieure a vingt rayons 
Se la poftérieure feize ; la queue pref- 
que plate , Se nullement fourchue : le 
premier rayon delà première nageoire 
de l'anus eft court Se épineux ; l'efto- 
mac eft grand , & ordinairement rem- 
pli de Harengs ; l'inteftin eft entouré 
d'appendices au deflbus du pylore , ou- 
tre celles qui en fortent par un côté , 
comme dans l'Alofe , lefquelles font 
divifées en fix troncs , & chaque tronc 
en plufieurs branches , puis les bran- 
ches le font en cercles; la véficule du 
fiel eft grande ; le canal cyftique eft 

pénétrant 



M O R 

pénétrant dans l'intettm au-deffbus des 
appendices; le foie eft divifé en trois 
lobes , les reins continués dans toute la 
longueur du dos , & même au-delà de 
l'abdomen; la veflie de l'air , quîfert 
à nager , attachée au dos , eft épailfe , 
gluante Se prolongée par de -là la ca- 
vité de l'abdomen ,8c l'anus , que des 
gens de bon goût préfèrent , dît Tur- 
nerus, à toutle refte :lapeaueftmolle 
& épaîiTe. 11 eft à remarquer que les 
conduits excrétoires du pancréas, qui 
dans ce poifïbii font au nombre de fix , 
fe trouvent fort ouverts , de même que 
dans piefque tous les autres poiflons , 
au-lieu que les conduits excrétoires de 
la bile font fort reflerrés. Quant à la fa- 
veur & à la couleur dufuc pancréati- 
que , elles ont quelque rapport avec 
celles de la femence tirée des véficules 
féminales du Taureau , & des profta- 
tes du Chien. Ce pohTon excite un goût 
rance dans la gorge, & quelquefois il 
eft un peu amer Se jaune. 

Rondelet dît que la Morue croît 

i'ufqu'à une coudée & plus : elle eft 
arge d'un pied. Quoiqu'elle ait les 
yeuxafiez grands., elle ne voit gueres 
clair , d'où vient le proverbe François , 
yeux de Morue , qui fe dit de ceux qui 
ne voyent pas bien clair , comme il 
arrive le plus fouvent aux perfonnes 
qui ont de grands yeux fortant de la 
tête , 8c la prunelle large. Les Grecs 
n'ont rien dit de ce poîrtbn, fi connu 
dans nos contrées , pareequ'il ne fe 
trouve ni dans le Pont-Euxin , ni dans 
la Méditerranée. Les Anglois Se les 
Holbndoîs prennent tous les jours dans 
la mer Baltique une infinité de Morues 
qu'ils falent au Soleil , & qu'ils dé- 
bitent à leur profit dans toute l'Euro- 
pe. La pêche de la Morue , dit Schon - 
keveld , eft fans contredît un plus 
grand objet du commerce , ainfi qu'une 
des preuves les plus éclatantes de la 
Providence Se de la bonté de Dieu , 
qui fait abonder cepoifibn dans les pays 
Septentrionaux , en Dannemarck , en 
Norwege , en Suéde , en Mande , 
Tome III. 



M O R ï2t 

dans les Ides Orcades, dans plufieu s 
endroits de la Mofcovie , tk dans d'au- 
tres contrées qui ne produifent pohir 
de froment , à canfe du trop grand, 
froid , & de l'inclimence de l'air ; car 
pour peu que la pèche en foit favo- 
rable , non-feulement tous les habitans 
fe nourrifTent de ces poiflons tant frais 
que féchés au lieu de pain ; mais ils 
en vendent encore une extrême abon- 
dance à des Marchands étrangers , qui 
les tranfportent dans l'intérieur de l'Eu- 
rope , où ils en font grand débit. 

Cependant , comme l'a remarqué 
M. P l u c h e , les Morues font peu 
fréquentes dans nos mers. Leur ren- 
dez-vous général eft au grand banc 
devant Terre-Neuve , vers le Canada. 
C'eft dans cet endroit qu'elles tiennent 
pour ainfi dire leurs grands jours , Se 
la quantité en eft telle , que les Pê- 
cheurs qui s'y rafTemblent de toutes 
les Nations , ne font occupés du ma- 
tin au foir qu'à jetter la ligne , à re- 
tirer , à éventrer la Morue prife , Se 
à en mettre les entrailles à leur ha- 
meçon pour en attraper une autre. Un 
feul homme en prend quelquefois juf- 
qu'à trois ou quatre cens en un jour. 
Quand la nourriture , qui les amorce 
dans cet endroit, eftépuifée , elles fe 
dîfperfent 8c vont faire la guerre aux 
Merlans , dont elles font fort friandes. 
Ceux-ci fuient devant elles , 8c c'eft 
à la chafle qu'elles leur donnent , que 
nous fommes redevables des fréquens 
retours des Merlans fur nos côtes. C'eft 
ainfi que Dieu a pourvu à la confer- 
vation despoiffons, :n donnantaux uns 
la force , aux autres la légèreté & la 
prévoyance , en les multipliant tous 
d'une manière fi prodigieufe , que leur 
fécondité furpalTe leur ardeur naturelle 
à fe dévorer , 8c que ce qui s"en dé- 
truit , eft toujours fort au - defious 
de ce qui fert à le;; renouvtller pour 
notre fervice. Quelque grand que foit 
le nombre des Morues qui font con- 
fommées par les hommes chaque an- 
née , ou dévorées en mer par d'au- 

Q 



122 M O R 

très poîfloiïs , ce qui en refte eft tou- 
jours plus que fuffifant pour nous en 
redonner un pareil nombre un an ou 
deux après. Léeîenhoeck a 
trouvé que la fomme totals des œufs 
que porre une Morue ordinaire fe monte 
à neuf millions trois cents quarante- 
quatre mille œufs. 

La Morue vulgaire , ou le Çabéliau , 
dit M. A N d e R s o N , eft le prin- 
cipal Se prefque le feul poiffon , dont 
fe nourrirent les habitans d'Iflande. 11 
eft appellé de même Kabéliau par les 
Hollandois Se par tes bas Saxons ; par 
les hauts Allemands Belth ; par les 
Danois Kablag, ou Torsk,, qui eft le 
nom général de toutes les efpeces ;par 
les Angloïs il eft nommé Codroit Cod- 
jjfcb , Se dans certains endroits Kéeling. 
Ce poifion eft fi bien connu , que je 
me crois difpenfé , continue ce Na- 
turalifte , d'en donner ici la defeription, 
8c fa chair eft d'un goût fi exquis , 
qu'il paife généralement par-tout pour 
un manger délicieux. 11 fe nourrit de 
toutes fortes depoiflbns, principale- 
ment de Harengs , Se de gros Se de 
petits Crabes de mer , comme on le 
voit tous les jours dans ''eftomac de 
Ceux qu'on pêche proche HilgJand à 
l'embouchure de l'Elbe. On ne fau- 
roit trop admirer la faculté inconce- 
vable pour digérer que la. Nature a 
donné à cette espèce d'animaux. Tour 
petit poifton avalé eft entièrement di- 
géré en moins de fix heures , comme 
l'expérience le démontre. 

Les Pêcheur? de nfle de Hilgeland 
pour prendre du Scbtlfifch * mettent 
leurs hameçons en mer pour fix heu- 
res , en fe réglant fur la marée, qui , 
comme tout le monde fait , change 
toujours après cet intervalle de temps : 
or , fi bientôt après que l'hameçon a 
été jetté , ur Çabéliau avale unSchel- 
fifib, qui s'y étoit pris auparavant , on 
trouve , en retirant la ligne au chan- 

* Le poiflbn , nommé Scheffîfch , eft aufTi 
une e.pece de petite Morue écaîfieufe , appel- 
ke en Angloïs Haddwfe, ou Hadoche ; & en 



M O R 

gement de la marée , que le Schèlfifck 
eft déjà digéré , Se que l'hameçon qui 
l'avoit pris tient alors au Cabéliau , 
fi bien qu'il fert à le tirer de l'eau. 
Si , au contraire , il n'a avalé le Sihel- 
fijeh qu'un peu de temps avant qu'on 
ait retiré la ligne , il s'efforce à con~ 
ferver fa proie avec tant d'acharne- 
ment , qu'il fe laide enlever en l'aîr 
avec elle ; mai» il l'abandonne aufli- 
tôt , Se fe replonge au fond de la mer. 
On apperçoit encore plus clairement 
la force de cette faculté digeftive dans 
des Cabéliaux, qui ont avalé de gros 
Crabes ; 8e quoiqu'on ne fâche pas au 
jufte , fi ce peut être à caufe de l'écail- 
le , il ne leur faut gueres plus de 
temps, que pour digérer un ,\ heififeh, 
M. A n d e R s o n a néanmoins appris 
des plus expérimentas Pêcheurs de 
Hilgeland , que l'écaillé eft d'abord la 
première attaquée dans les eftomacs 
de ces poîftons : elle devient bientôt 
aufli rouge qu'une Écrevifte qu'on fait 
bouillir dans l'eau ; elle fe diffout en- 
fuite en forme de bouillie épaifte , & 
à la fin elle fe digère tout-à-fait. Les 
Tortues de mer font de même digé- 
rées dans l'eftomac du Crocodile , fé- 
lon le rapport du P. F e u i l l é e , 
Continuation du Journal des Objerva- 
tions rhyfiquei , p. 375;. 

Je nefaurois, dit M. Anderson , 
m'empêcher de remarquer ici en paf- 
fant que ce poifton ïnfatiabic a reçu de 
la Nature un avantage- fingulîer, que 
beaucoup de nos gourmands fouhai- 
teroient pouvoir partager avec lui • 
c'eft que toutes les fois que fon avi- 
dité lui a fait avaler un morceau de 
bois , ou quelque autre chofe d'indî- 
gefte , îl vomit fon eftomac , ]p retour- 
ne devant fa bouche , Se après l'avoir 
■vuidé Se bien rincé dans l'eau de mer, 
il le retire à fa place , Se fe remet fur 
le champ à manger, Ce fait eft avéré 
entr'autres par D e n i s , dans fa De/- 

Fnnçois elle, porte les noms je Hadau , 
Aiglefin ou Aigrefin , ainfi que celui de Ca- 
pelan. 



M O R 

tription des cotes de l' Amérique Septen- 
trionale, où il décrit fort exactement 
toute la pêche & la préparation des 
coiffons , comme elle fe fait fur les 
côtes de Terre-Neuve, en remarquant 
en même temps que la Monte verte 
ou blanche , Se la Morue feche ou Mer- 
luche , fe font du même poiffon , Se que 
la différence de la dénomination ne 
vient que de la façon différente de le 
préparer. Il faut obferver après tout 
que la Morue verte , qu'on embarque 
auffi-tôt que le poiffon eft coupe , Se 
que, fans l'entonner, on range par cou- 
ches avec du fel dans le vaiffeau , n'eit 
autre chofe que du Cabéliau falé , 
connu parmi nous ( à Hambourg) fous 
le nom de Labberdam , de même que 
la Morue feche , reffemble beaucoup à 
notre Klippfifch. Voyez LABBER- 
DAM Se KLIPPF1SCH. Cette 
Morue-ci eft plus petite que la verte , 
& avant que de s'embarquer on la fale 
furie bord de la mer: on la lave en- 
fliJte dans la mer même , & après avoir 
laiffé dégoutter l'eau fur des claies , 
on la range une à une fur des bancs 
de pierre , Se après cela entas pour la 
iaiffer bien lécher ; on l'enta ne enfin 
dans le vaiffeau fur des fagots , Se on 
la tranfporte aïnfi en France. 

Les lllandois , continue toujours 
M. Anderson, pèchent ce poif- 
fon à l'hameçon , en y attachant pour 
amorce un morceau de Moule, ou de 
mâchoire fraîche Se rouge d'un Cabé- 
liau récemment pris : mais il mord 
bien mieux fur un morceau de viande 
crue Se chaude , ou fur le cœur d'un oi- 
feau , tel qu'une Mouette , Se qu'on 
vient de tuer. Il eft certain que de cette 
dernière façon un Pêcheur prend plus 
de vingt poiffons pendant qu'un autre, 
qui fera à côté , n'en prendra qu'un 
avec l'amorce ordinaire. C'eft auffi 
pour cette raifon que ces artifices , trop 
avantageux pour un feul particulier, 
iont défendus par un Edit du Roi de 
Dannemarck , dans le temps ordinaire 
de la pêche. En effet , un peu avant ce 



M O R tzy 

temps-là , la quantité de ces poiffons 
eft fi prodigieufe dans ces endroits, 
que leurs nageoires du dos fortent de 
l'eau , & qu'on les voit fouvent mor- 
dre à un fïmple hameçon de fer fans 
amorce. 

Le véritable temps de la pêche de 
cette forte de poiffon commence à la 
Chandeleur, Se dure ordinairement juf 
qu'A la Saint Jacques Se Saint Philippe, 
Le temps devenant alors plus chaud, 
on ne peut plus préparer le poiffon 
pour le garder. On remarque généra- 
lement que les différentes efpeces de 
Morues montent toujours contre le cou- 
rant de l'eau. La pêche s'en fait pen- 
dant le jour fur la haute mer Se dans 
les golfes profonds , Se pendant la nuit 
dans les endroits qui n'ont pas plus 
de fix braffes d'eau , Se dans d'autres 
où les flots violemment brïfés contre 
les bancs de fable Se les rochers l'em- 
pêchent de fe fauver. Le meilleur Se 
le plus délicat eft pris dans la haute 
mer à quarante ou cinquante braf- 
fes de profondeur , où il trouve fi 
nourriture la plus convenable. Celui 
qu'on pêche fous la côte, ou dans les 
golfes peu profonds , n'eft pas à beau- 
coup près ni fi bon , ni fl tendre. 

Les lllandois fa vent préparer avec 
ce poiffon deux fortes de Stocfifcb , qui 
eft dans ce pays auffi tendre Se auffi 
délicieux que dans aucun autre. Voyez 
au mot STOCFISCH , la préparation 
de ces poiffons. 

La première forte , qu'on appelle 
Flacfifch , du mot Fiackjen, qui veut 
dire fendre eft la meilleure , la plus 
délicate Se la plus chère. On le pré- 
pare de la façon fuivante. Les Pêcheurs 
étant arrivés à terre avec leur poiffon 
le jettent fur le rivage , où les fem- 
mes qui les y attendent, pour cet effet, 
lui coupent fur le champ la tête , Se , 
après l'avoir vuidé , le fendent du côté 
du ventre du haut en bas. Elles luï 
ôtent enfuite l'arête du dos , depuis la 
tête jufqu'd la troifieme vertèbre au- 
deffous du nombril , pareeque c'eft 

Qij 



n4 MO R 

fous cette arête principalement que le 
poiflon commence à fe gâter. Cet ou- 
vrage étant fait , les femmes empor- 
tent fur leur dos les têtes coupées , 
dont elles font leur repas: elles brû- 
lent les arêtes en guife de bois , Se les 
foies leur fervent à faire de l'huile. 
Les hommes mettent enfuite ces poif- 
fons fendus par petits tas , les uns au- 
deffus & à côté des autres , fans ce- 
pendant y mettre de fel , Se le laif- 
fent fermenter en cet état , pendant 
trois ou quatre femaines, félon que le 
vent eft plus ou moins fec , pénétrant 
Se confiant. Ils conftruifent après cela 
des bancs quarrés de cailloux de riva- 
ge , fur lefquels ils rangent le poiflon 
pour le fécher , en forte que la queue 
de l'un foit à côté du ventre de l'au- 
tre , & que la peau de tous foit tour- 
née eu haut , pour empêcher que 
la pluie ne le pénètre , ce qui feroit 
venir des taches fur la peau du poif- 
fon. Lorfque le temps eft au beau , Se 
que le vent fouffle beaucoup du Nord, 
il ne faut qu'environ trois jours pour 
fécher le poiffon à fon point. Quand il 
eft bien fec , on en fait des tas de !a 
Jrauteur d'une maifon , Se fans les cou- 
vrir , on les laifîe expofés aux injures 
du temps , jufqu'à ce qu'on les débite 
aux Négocians Danois , qui , en rece- 
vant cette marchandife, l'entaflent de 
même , & la laiffent en cet état juf- 
_ qu'après, la Saint Jean , qu'ils la char- 
gent dans les vaiiTeaux. 

La deuxième forte de Stocfjfch , que 
les Iflandois préparent du Cabéliau , 
porte le nom de Hengfifch , du mot 
Hengen , qui veut dire jufpendre. On 
commence d'abord à le préparer de 
la même manière que le Fiacfîjtb , fî- 
non qu'au-lieu de lui ouvrir le ventre, 
on le fend du côté du dos , Se après 
en avoir ôté l'arête , on fait une fente 
d'environ fept ou huit pouces de long 
au haut de l'eftomac, pour pouvoir le 
fufpendre. On le couche enfuite par 
terre , 8c pendant qu'il y fermente , on 
élevé quatre parois de petits mor- 



M O R 

eeaux de rocs entafTés légèrement les 
uns fur les autres , & fans aucune liai- 
fon , afin que le vent y pafte facile- 
ment de tous côtés. On couvre le- tout 
avec des planches Se des gazons. Lorf- 
que le poiflon a ceffé dé fermenter , on 
l'ôte de la terre , & on le palfe par la 
fente fur des perches de bois , qu'on 
fufpend les unes à côté des autres , 
dans des cabanes conftrnites de rocail- 
les. Le poiffon s'étant à la fin bien fé- 
ché à l'air , on l'ôte des perches , Se on 
l'arrange par tas de la manière précé- 
dente. 

Il y a , dit M. Anderson, une 
différence confidérable entre le poif- 
fon féché fur un rivage abondant en 
cailloux ou pierres , & un poiflon féché 
fimplement fur le fable. Le premier 
devient beaucoup plus ferme , plus 
blanc Se plus durable , au-lieu que 
celui-ci, qu'au défaut de pierre on 
étend fur l'arête que l'on a ôtée du dos, 
devient jaune , Se ne fe conferve pas 
il long-temps que l'autre. Si un poif- 
fon fi gros Se fi gras , préparé fi négli- 
gemment fans fel, Se entaifé en plein 
air , fe conferve fans pourriture , de 
façon qu'envoyé dans d'autres climats, 
il fe earde pendant plufîeurs années , 
c'eft le froid pénétrant du pays , prin- 
cipalement dans le temps où on pré- 
pare ce poiflon , la pureté de l'air , Se 
l'a lécherefle étonnante des vents du 
Nord , qui ébattent abfoîument toute 
l'humidité , qui eft la caufe intrinfeque 
de la fermentation Se de la putréfaction. 
De plus , dans cette Ifle , du temps de 
la préparation de ce poiflon , il n'y a 
point, de groffes Mouches , Se le petit 
nombre de ces infectes , qui pourroit 
s'y trouver dans la fuite, ne touche 
plus au poilTon préparé , à caufe de fon- 
odeur de marécage qui paroît leur ré- 
pugner; par conféquent ce poiflon n'cll 
jamais infecté de lmirs oeufs Se Vers,, 
qu'on peut regarder comme la caufe 
intrinfeque Se véritable de la putré- 
faction. Tout ceci , joint enfemble - 
fait comprendre très-parfaitement ce 



M OU 

Çuî eft la eaufe que ce poiflbn feC peut 
fe conferver fi long-temps. 

Dans les Mes" de Weftmanoë , on 
prépare le Cabéliau à la façon de Nor- 
vège , pour en faire une efpece de 
Stocfifch,^ on appelle Rothfchoer. On 
fend le poiflbn du côté du dos , auffi- 
bien que du côté du ventre , en forte 
que les deux moitiés ne tiennent en- 
ftmble que par l'extrémité de la queue. 
On le couche enfuite par terre pour 
le laiifer fermenter, & on le faitfécher 
après cela , en le fuipendant fur des 
perches de bois , tendues dans des ca- 
banes de rocailles fans toit. Cette ef- 
pece de Stocfifch eft confommée dans 
le pays même : on tranfporte rarement 
ce poifïbn , parceque les habitans de 
ï'Ifle n'ont point de commerce avec 
les Marchands ordinaires de Rothfchoer, 
qui tirent toutes leurs provifions- de 
Norvège où ils ont des comptes ou- 
verts , Se une relation intime Se culti- 
vée depuis nombre d'années. Les Fli- 
bustiers Hollandois ont une autre ma- 
nière de préparer le Cabéliau fur leurs 
vaifleaux , Se ils lui donnent alors le 
nom de Labberdam. Ils- ne font autre 
chofe que de lui couper la tête , Se 
après l'avoir vuidé da côté du ventre , 
ils le rangent dans des tonneaux avec 
des couches de gros fel. Voyez LAB- 
BERDAM. 

Voilà ce que M, Anderson nous 
apprend de la pêche Se de la prépara- 
tion du Cabéliau , dont on fait deux 
fortes de Stocfifc h , comme on vient. de 
le voir. 

La 'grande Morue, qui eft le Ling 
des Anglois , en Latin Afellus îon- 
gus, eft la dernière efpece dont j'ai 
donné plus haut la notice ; elle n'a 
que deux nageoires fur le dos. Cette 
Morue eft au (Il une efpece de Cabé- 
liau; elle eft plus mince Se plus lon- 
gue que l' efpece ordinaire. Ce poiflbn 
a la peau extrêmement gratte Se de bon 
goût , & fon foie paffe pour un man- 
ger excellent. On fait auffi de ce poif- 
fon deux fortes de Stocfifch, c'eft-à- 



M O R ï2$ 

dire du Flacfifch Se du Hengfifch , dont 
la préparation eft la même que d- 
deflus ; mais ils ne valent pas ceux 
qu'on fait du Cabéliau même , Se les 
Iflandoisfont obligés de le confommer 
dans le pays , parceque les Norvé- 
giens favent préparer de ce poiflbn. 

Ils ne réuffi'ïènt pas non plus à faire 
ce qu'on appelle Klippfîfch, ou Poijfon 
de Rocher. 11 porte ce nom des rochers,, 
ou des cailloux unis fur lefquels on 
l'expofe , pour le faire fécher. Cette 
efpece de Stocfifch eft aflez mauvaîfe 
Se fe corrompt aifément , ce qui eft 
caufe qu'on n'en envoyé pas hors du 
pays. Les Hollandois au contraire qui 
ne font pas fort éloignés de cette Ille, 
favent préparer de ce même poiflbn 
leur excellent Klippfîfch , ce qui a mis 
leur lûe, dit l'Auteur, d'ailleurs affez 
inconnue, dans une efpece de répu- 
tation. Ainfi les Iflandois ont leur Fiac- 
fifeh Se llen^ffch , les Norvégiens 
leur Rundfifch Se les Hïttlandois leur 
Klippfîfch , Se chacune de ces Nations 
a fon fecret particulier pour commer- 
cer avec l'Etranger, fans qu'elles puif-~ 
fent fe nuire. 

Le Witling eft le nom qu'on donne 
dans le Nord à une efpece de Merlan. 
Le Dorfch , YAfellus varias , oùflria- 
tus, le Schelfîjch, VÉglefi», le Char-- 
bonmer , VAfellus niger , font des dif- 
férentes eipeces de- Montes , ■ dont je 
parle à ces articles , d'après M, A n- 
de KSON. Voyez ces mots, 

La Mante fraîche eft un" excellent"- 
manger. Les mâles valent beaucoup ■ 
mieux que les femelles. Il y a vers le 
Canada un banc de cent lieues de long , 
qu'on appelle le grand Banc de Monte , ■ 
parceque la meilleure Morue que nous • 
voyons en France , Se qu'on appelle 
Morue nouvelle- de Terre-Neuve -vient-' 
de ce pays-là. 

Il y a , dit F r e z i e r , p. iïo. une 
efpece de Morue , que l'on pêche à la - 
côte de Chili , vers les mois d'Octo- 
bre , de Novembre Se de Décembre, 

On voit à la Chine une efpece dè 



M O R 



M O S 



poîfTon , qui reffemble à la Morue de 
Terre-Neuve. 11 s'en fait une confom- 
mation incroyable dans la faifon qui 
lui eft propre, Se il s'en vend une quan- 
tité prodigi'eufe de falée dans le lieu 
même de la pêche. 

La Morue , difent les Auteurs de 
la Suite de la Modère Médicale , 
Tome II. Tart.L p. 62. . contient beau- 
coup d'huile Se de fel volatil. Elle 
doit être choifîe blanche , tendre , 
nouvelle Se de bon goût. Ce poiflbn 
fe mange frais ou fec. On l'appelle 
Monte r ou Moine quand il eft frais , Se 
il retient le nom de Merluche quand il 
a été féché. La Morue eft pour ainfi 
dire le Bœuf des jours maigres , & c'eft 
un fort bon manger quand elle eft nou- 
velle. Elle s'apprête de plufieurs fa- 
çons , mais quand elle a été falée , on 
doit la bien faire deflaler avant que de 
la manger , pareeque fans cela elle 
altère Se échauffe beaucoup. Ce poif- 
fon convient en tout temps , à toutes 
fortes d'âges Se de tempéramens. Sa 
peau eft grafle 8c de bon goût , Se fort 
foie patte pour un excellent manger, 
W 1 L l v G h b y dit que les grolTes têtes 
de Morues font fort recherchées des 
gourmands pour leur délîcatefle 5c 
fervies fur la table des riches , comme 
un mets des plus exquis. La Morue eft 
de peu d'ufage en Médecine. Ses dents 
paflent pour être absorbantes Se pro- 
pres pour arrêter les cours de ventre 
Se les crachemens de fang : la dofe en 
eft depuis dix grains jufqu'à un demi- 
gros. Les pierres qu'on trouve dans 
fa tête ont la même qualité & fervent 
aux mêmes ufages. On employé enco- 
re la faumure comme réfolutive Se def- 
ficative , étant appliquée extérieure- 
ment. On la mêle dans les lavemens Se 
elle eft laxative , pareeque contenant 
beaucoup de fel , elle irrite & picote 
les glandes înteftinales & en fait fuin- 
ter plus de liqueur qu'il n'en fortoit 
auparavant. Quant à la Merluche , c'eft 
un aiïez mauvais aliment, parcequ'elle 
eft dure , coriace Se difficile à digé- 



rer; c'eft pourquoi elle ne convient 

qu'à de bens eftomacs : cependant 
quand elle a été bien battue Se qu'elle 
eft bien apprêtée , foit à l'huile, foit 
au beurre , elle ne laifiTepas d'être pref- 
que auifi bonne que la Morue. Il y a 
bien des gens qui s'en font un ragoût. 

Les Auteurs qui ont écrit fur ce genre de 
poiilon , (ont Belon, Rond blet, G ê s- 
ner, Aldrovande, Jonston, Ch,r- 

LETON , WlLUICKBÏ, R A Y , M. G R O- 

novius dans les Aftts d'Uj>fal> M.Klein. 
Mif. 4. & k s autres. 

M O S 

M O S E , forte de bête , qui fe 
trouve fréquemment dans la Nouvelle 
Angleterre. Elle eft de la grandeur 
d'un Taureau , ayant la tête d'un) 
Daim , avec les cornes larges , qui 
muent tous les ans. Elle a le col com- 
me un Cerf , le crin fort court, qui 
defeend du col le long du dos ; les 
jambes longues , de grands pieds à la 
manière des Vaches Se la queue un peu 
plus longue que celle des Daims. La 
chair de cet animal eft d'un allez bon 
goût. Les fauvages la gardent long- 
temps féchée au vent : elle eft auÛS 
épailfe que celle du Bœuf Se n'eft pas 
moins utile à bien des choies. Ces 
bêtes fe trouvent en quantité dans une 
Me près de la terre ferme, 8c les Sau- 
vages les prennent en allumant plu- 
fieurs feux : après quoi ils environnent 
le bois Se les chaflent vers la mer , où 
elles fe jettent. Ils les y pourfuivent 
avec leurs canots Se les tuent. Cet ani- 
mal eft le même que le Moos de Ray 

MOSKA-KAZKA, nom qu'on 
donne du côté de Gênes au Marmot, 
elpece de Singe. Voyez MARMOT 

MOSQUILES, efpecesde 
CGufins , qui font un fléau à la côte 
d'Or, fur-tout pendant la nuit, près 
des bois Se dans les lieux marécageux. 
Leur aiguillon eft fi pointu, que pé- 
nétrant la chair , auffi-tôt il y caufe 
une enflûre fort douloureufe. Hifloire 
G 'né r. des Voyag, Tome XIV. p. 2 z 3 , 
Edtt. in- la. 



MOT MOU 

Philips (ibid.Tome XV. p.ioi> 
3it qu'à la côte des Efclaves en All- 
oue les Nègres font fort tourmentés 
de ces Mofquiles; que la moindre de 
leurs piquûres enflamme la chair Se 
caufe de l'enflure avec une démangeai- 
fon exceffive. Le meilleur remède que 
l'expérience ait appris à l'Auteur eft 
de frotter la partie bleffée avec du jus 
de Limon , ou du Vinaigre. La dou- 
leur n'augmente un moment que pour 
s'appaiferpreique auffi-tôt; mais ceux 
qui veulent écarter ces fâcheux ani- 
maux pendant la nuit, n'ont pas d'au- 
tre reflburce que de faire veiller un 
Nègre avec un grand éventail de peau, 
qui fert en même temps à rafraîchir 
l'air. 

Les Nègres de Sierra-Leona font 
suffi très-îneommodés 8c infectés de 
ces Mofquiles. 

MOT 

JVI O T M O T , oifeau du Bréfil , 
qui esA d'un rouge bai. 11 eft de la gran- 
deur d 'jin Pigeon. Sa tête eft grolfe , 
fon col cocirt , fon bec petit Se épais, tait 
comme celui des Poules , defquelles il 
approche aulïi par la figure de fes pieds; 
les maîtreffes plumes des ailes font 
d'un bleu verdâtre: le bec eft bordé 
de quelques plumes noirâtres. Cet oi- 
feau bien apprêté eft fort bon au goût , 
au rapport de ceux qui en ont mangé, 
dit S ! b i, qui en donne la figure , 
Thef. I. Tab. Cj.n.i, 

MOU 

MOUCHE*, infecte volant , 
dont bien des genres Se des efpeces. 
Il y en a qui n'ayant que des moitiés 
d'ailes , font mifes par M. L i N N M u s 
dans lepang des Infecta herniptera : telle 
eft la Mouche qui a la figure d'une 
Punaife , Mufca Cimiciformis , félon 
Ray {Inf p. $6. «.3.) Se qui fent 
fort mauvais, nommée par le Natu- 

* La Mou:he porte en Hébreu le nom de 
y.ebw') ; cette forte .l'infecte eft nommée en 
Cbaldéen , Debbm ; en Syriaque , Debaba i 



MOU 127 
ralifte Suédois ( Fauna Suec. p. 203. 
n. 6$j.) Cimex roftro acuto , antennis 
apice capillaceii , corpore oblongo , ni- 
gro , Se connue de F r. i s c h , p. 22. 
8c deLiSTER , p. 307. une autre de 
la même figure, qui eft la fexta Mufca 
Cimiciformis de Willughb 1, dit 
Ray {.Inf, p. 56. ». 6*.), dont parle 
auffi Lister ( Muf t. 3 7. n. 2 o, ) f 
Se nommée par M.Linnjeus, p. 206", 
n. 656". Cimex ovatus, anticè attenua- 
tus , cinereo-exalbidus , an tennis incar- 
natis. 

D 'autres Mouches ont les ailes ner- 
veufes Se font par conféquent mifes 
dans le rang des Infetla neuroptera : 
telle eft la Mouche-Scorpion , nommée 
par M. LinnjEus, p. 221. «.720, 
Pamrpa , Se par les autres Natura- 
lîftes , comme Aldrovande {Infecl. 
p. 3 96. & 3 87. ) , M o u f f e t ( Edit, 

Lût. p. 6z.) , H O FFN A G E L, M. DE 

R É a u M u R , Se les autres , Mouche 
Scorpion , en Latin Alufca Scorpio , 
ou Scorpio Mufca. Cette Mouche ha- 
bite dans les prés , de même que deux 
Mouches aquatiques , dont l'une à qua- 
tre ailes 8e l'autre à deux , nommées 
Hemerobius dans les Actes â'Upfal , Se 
dont M. Linn^uS ( p. 225. n. 744. C7" 
«. 745 •) parle fous le nom générique 
de Vhryginea. 

D'autres Mouches ont les ailes mem- 
braneufes , Se font rangées parmi les 
Infecta hymenoptera ; telles font les 
Mouches Ichneumons , dont je donnerai 
ci-après t'hiltoire , fuivant ce qu'en a 
écrit M. d e R É A u m u H. Parmi ces 
Mouches Ichneumons , on compte la 
Mouche à coton , dont il eft parlé dans 
le Journal des Savans , année 1713. 
p. 474. M. L 1 N N je u s ( Fauna Suec, 
p. 289. & fuiv. ». 9Ji. jufqu'à 9 9 7 . ) 
donne trente-fept efpeces A' Ichneu- 
mons , tant Guêpes que Mouches. 

Parmi les Mouches à deux ailes r 
Infecta diptera , le même Auteur place 

en Arabe, Dfebab ; en Italien &enEfpagnoî,- 
Mofca ; en Allemand Stiege , ou Mouk; en 
Anglois, Stic. 



i»8 



MOU 



MOU 



.d'abord celles qui ont des atguîUons , 
Se ce font celles qu'on nomme Œjïnts, 
ibid, p. 305. n. 1024. jufqu'à 129. 
..Entre ces Mouches , les unes s'atta- 
chent fur le dos des Bœufs , les autres 
fur celui des Cerfs , d'autres aux nari- 
nes des animaux ruminans , Se d'au- 
tres au fondement des Chevaux. M, 
L 1 n n ^ u s .en donne de fix efpeces 
différentes. 

Les Moucher Afyles, connues fous le 
nom d'Afylus, dont les unes s'atta- 
chent aux troupeaux , & les autres à 
différentes plantes , font auûl des Mou- 
,chcs à deux ailes. Le même Auteur 
(p. 308. n. 1030. jufqu'à 1042. ) en 
fait connoître de treize efpeces. 

Les Mouches à Chien, en Latin Hip- 
pobofca, dont deux efpeces , font en- 
core des Mouches à deux ailes , fuivant 
M. Li-fîNjEus, ibid. f. 310, n. 1043. 
■:& 1-044. 

Sous le nom générique de Mufca, 
ce favant Naturalifte Suédois { ibïd. 
p. 313. n. 105 1. jufqu'à 1066.) par- 
tage d'autres Mouches à deux ailes , 
-en Mouches, dont les ailes font variées, 
alis vartegdûs , Se il en fait connoître 
de lêîze différentes elpeces ; en Mou- 
.ches , ap pe liées velues , en Latin hit- 
Jute ( ibid. p. 3? 5. n. 106 7, jufqu'à 
1075.), dont neuf efpeces ; on trou- 
ve de ces Mouches dans les jardins , 
d'autres dans les boic , d'autres recher- 
chent les excrémens de l'Homme, du 
Bœuf Se du Cheval ; en Mouches de 
différentes couleurs, variegau (ibid, 
p. 318- n. 107 6. jufqu'à 1 088. ), dont 
treize efpeces : en Mouches qui fe nour- 
riffent d' Aphys , Aphydivorœ (p. 321. 
n. 1089. jufqu'à ,1007.), dont neuf 
différentes fortes : en Mouches dorées, 
en Latin aurai a {ibid. p. 324.W. 1008. 
jufqu'à 1104. ), dont fept efpeces ; 
la plupart s'attachent aux cadavres : 
,en Mouches vulgaires , vulgares s le 
jnême M. Linn£US (Fauna Suec. 
p. 325. n. 1105. jufqu'à 11 14. ) en 
'donne de fept efpeces ; les unes vi- 
vent de chair fraîche , les autres de 



fromage , & les autres répandues dans 
les jardins Se les campagnes viveur de 
tout ce qu'elles trouvent. Suivant cette 
notice, que je donne des Mouches 3 
dont il eft fait mention dans la Fauna 
Suecïca de M. Linn^eus , on voit qu'il 
y en a de plufieurs genres Se de plu- 
fieurs elpeces. Elles différent toutes , 
ou par leur grandeur , ou par les par- 
ties dont elles font compofées , ou par 
leur couleur, ou fuivant les lieux quî 
les produifent. Les unes font grandes , 
les autres moyennes , les autres peti- 
tes. On en voit qui ont la tête groffe , 
d'autres qui l'ont petite ; une efpece 
qui a le ventre gros , une autre qui 
l'a court , .mince Se fec. Plufieurs font 
velues, plufieurs fans poils; plufieurs 
ont des efpeces de cornes , plufieurs 
n'en ont point ; plufieurs ont le front 
large , comme des Fouines ; plufieurs 
font femblables à des Vipères : en gé- 
néral il y a des Mouches domefiiques Sç 
des Mouches fauv âges. 

La Mouche eft le plus connu deWus 
les infectes. Elle incommode en été 
les hommes & les animaux. C'efl: un 
petit animal lafeif, très-nui'fible , qui 
fe nourrit de chair la plupart du temps , 
Se en tire pour aînfi dire fon origine. 
Il y en a un très - grand nombre de 
différentes efpeces , en forte qu'on 
pourrait faire un Traité complet fur 
cette matière. 

Les Mouches fe plaifeut dans les 
lieux humides Se chauds. On en voit 
en quantité dans la Pouille. Autrefois 
l'Efpagne en étoit fi remplie , qu'il y 
avoit des hommes ^prépofés pour y 
faire la chafïè. En Egypte le nombre 
en étoit fi grand , que l'air retentiffoit 
quelquefois du bruit qu'elles faifoient 
en volant, fur-tout dans les lieux où on 
avoit élevé des pyramides. Les Mouches 
fréquentent lesfépulchres. Elles volent 
par .effaims à Aftracan , prts de la mer 
Cafpienne , fuivant le rapport des Na- 
vigateurs Anglois. Elles fuient les mi- 
nes Se les carrières, à caufe des va- 
peurs Se des exhalaifons perniçieufes 

qui 



MOU 

quî y font renfermées. A Rome elles 
n'entroient point dans un Temple dé- 
dié à Hercule, qui étoit fitué dans 
le Marché aux Bœufs, ni dans celui 
de Venus à Paphos , fi nous en 
croyons Apollonius. 

Les Mouches fe nourrirent de tou- 
tes fortes de chofes. Elles aiment le 
lait , le miel , non celui de Grèce , 
pareequ'il fent le Thym , dont les 
Abeilles de ce pays tirent le fuc pour 
compofer leur miel, la Berce, plante 
dont la fleur eft ileurdelifée à l'extré- 
mité du calice , & les cadavres. Des 
Natun-.liir.es ont voulu que les Mou- 
chas peuvent être produites de trois 
différentes manières. Les unes s'accou- 
plent, & la femelle produit un petit 
Ver, qui devient \me Mouche : ce font 
les ovipares. Quelques - uns veulent 
que la Mouche femelle après le coït 
n'engendre point un Ver , mais une 
petite Mouche toute formée , qui au 
bout d'un cerrain temps fort de fa 
Nymphe 8c s'envole ; ce font les vi- 
vipares. ScaliGer dit qu'il y a de 
certaines Moucha qui proviennent de 
pourriture , ou de quelque autre ma- 
tière , difpofée pour cela par la Na- 
ture. Kni V et, Angiois a obfervé , 
dit M oufFET, que le corps pourri , 
■du moins un peu meurtri , d'une Che- 
nille , produit un ou plufieurs Vers 
blancs , qui dans la fuite deviennent de 
petites Mouches. Croirons-nous que des 
Mouches ont été produites des gouttes 
de fueur , qui fortoient des doigts d'un 
homme qui travaillait ? R u y s c h le 
rrpporte : Pierre Martyr dit 
Pavoir vu. Du temps deRiVELLUS, 
Préfet des Ides Britanniques pour les 
Romains , il tomba une pluie couleur 
de fang , qui engendra des Menthes. 
Ces traits hiftoriques ne font pas croi- 
re aux Modernes qu'il y en a qui naif- 
fent de la corruption. Toutes viennent 
de l'accouplement du mâle avec la 
femelle. 

On dit que les Mouches aiment beau- 
coup le Rofage , arbrîlTeau dont la fleur 
Tome UL 



MOU 119 

eft femblable à celle de la fofe , 8c dont 
les feuilles ne tombent jamais comme 
celles du Laurier , & qu'elles volent 
tout autour de la fofle où il a été planté. 
Les Araignées Se les Frelons font leurs 
ennemis mortels : tous deux s'en nour- 
riifent. Les Mouches communes vivent 
fort peu : les grandes un peu plus 
long-temps. Elles périflent dans l'hui- 
le , pareeque l'huile leur bouche le* 
conduits & leur ôte la refpiration. Le 
froid les fait mourir. La trop grande 
chaleur les étouffe ; mais à l'ardeur du 
foleil les Anciens ont voulu qu'elles 
renailToient de leurs cendres: c'eft-ce 
qui leur a fait dire qu'ehes étoient im- 
mortelles. Quand elles volent , l'air 
retentit du bruit qu'elles font. Les unes 
en font peu , les autres moins. Les 
Moucha ont la hardiefle , l'impruden- 
ce & l'indocilité pour partage. On a 
beau les chafler des endroits où elles 
s'attachent , elles y reviennent tou- 
jours ; elles craignent eeperc'anr les 
hommes ; elles tâchent atifli d'éviter 
les embûches que les Araignées leur 
dreflent ; elles relient long-temps atta- 
chées aux corps. Leurs piquûres font 
douloureufcs , & plus encore fi elles 
ont fùcé quelque chofè de venimeux. 
Elles cherchent les étoffes blanches , 
où elles font des taches , qu'on efface 
avec peine. Les viandes qu'elles atta- 
quent fe corrompent aiCment. Les 
Mouches mordent plus vivement,qi!and 
on eft menacé d'une tempête ou d'un 
orage , que dans un autre temps. 

Pour chaffer les Mouches , Pline 
dit de mettre des Oignons coupés par 
tranches dans les viandes qu'on veut 
conferver ; d'attacher à un plancher 
la tête d'un Loup ; d'afperger les lieux 
avec de l'eau , dans laquelle on a fait 
infufer des feuilles de Sureau , ou de 
Calebafle , où on a mêlé de l'Ellébore 
blanc avec du lait j de laver les plan- 
chers avec de l'eau où on a mis du jus 
d'Origan , du lait , du fiel de Cochon 
& des Pommes de Grenade coupées par 
morceaux , Sec. 

R 



130 MOU 

Les Mouches fervent à dîfférens ufa- 
ges dans la Médecine : entre autres, 
félon Pline, leurs cendres mêlées avec 
celles d'un Rat ou d'une Souris font ex- 
cellentes pour faire venir les cheveux. 
Nous avons déjà dit que les Araignées 
t'en nourriflent. Les Hirondelles en 
font anffi leur nourriture. Les Camé- 
léons , les Canards , Se un poiffbn nom- 
mé Zig&na les avalent Se les dévorent. 
Les Perfes faîfoient frotter de miel & 
de lait leurs criminels Se lesexpofoient 
aux Mouches. Tel fupplice a été auflli 
celui de plufieurs Chrétiens dans le 
temps des perfécutions. Voilà en abré- 
gé ce que les Anciens difent des Mou- 
thes. Je vais à préfenr les caractirifer 
d'après, M. de Réaumur; parler 
• des clafTes où il les a établies ; dire 
quelque ehofe de leurs variétés dans 
le port des ailes , dans leurs antennes , 
leur trompe , leur tête , leur corfelet ,. 
leurs jambes , Sec. J'entrerai enfuite 
dans le détail de quelques Mouches 
particulières à quatre ailes Se à deux 
ailes , comme par exemple des Mou- 
ches Ichneumons , des Mouches des 
fai'jfjs Chenilles , des Mouches des 
Icignes aquatiques , des Mouches des 
Vers de Galles , des Mouches destructri- 
ces des Pucerons , des Mouches de Saint 
Marc & autres , Se je finirai par tout 
ce que j'ai pû recueillir dans les Voya- 
geurs des Moucher étrangères, comme 
par exemple des Mouches luifantes de 
l'Amérique. Pour les Mouches Tipu- 
Us , les Demoijtlles , les Éphémères , Se 
quelques autres , j'en parle à. leurs 
noms particuliers. 

Caractère différentiel des Mouches ». & 
difiribution de leur corps. 

Le caractère des Mouches le plus 
aifé , qui les fait diftinguer de quantité 
d'efpeces d'infectes ailés, eft d'avoir 
des ailes tranfparentes , qui femblent 
être de gaze & fur lefquelles il n'y a 
point de ces pouffieres que laifient les 
.ailes des Papillons fur ks doigts qui 



M O U 

les ont touchés. Les ailes des Menti ' «s 
ne font cachées fous aucune envelop- 
pe : c'eft ce qui les caraclcrife encore. 
Enfin les Moucher , comme on vient 
de le dire , n'ont point de poufiieru 
fur les ailes : en cela elLcs différent 
des Papillons. Leurs ailes ne font point 
cachées fous des fourreaux , Se en cela 
elles différent des Scarabées. 

Les Moucheront une tête , un corfe- 
let , un corps. C'efl: au corfelet que les 
ailes font attachées. Le corps eft Ja 
partie où font contenus les inteftins,, 
l'eftomac , les parties de la génération 
Se le plus grand nombre des trachées. 
La tête des Mouches tient ordinaire- 
ment au corfelet par un col aflez court, 
& fur lequel elle peut communément 
tourner comme fur un pivot. M. D e 
R É a u m i R dît qu'il y a des Àîoiu hes 
qui ont comme deux corfclets , feparé* 
l'un de l'autre. Le premier eft le plus, 
petit , & c'eft au fécond que les ailes, 
tiennent. Le corfelet eft la partie la 
plus arrondie , toujours la plus forte 
& fouvent la plus épailTe , quoiqu'elle, 
foît quelquefois beaucoup moins lar- 
ge que le corps. Les Formica-Leo Se 
quelques Teignes aquatiques fe tranf- 
forment en des Mouches qui ont, pour 
ainfi dire , un double corlelet. 

Clajfes des Mouches.. 

Beaucoup de Naturaliftes , comme 
Aldrovanbe, ont confondu les 
Abouches à quatre ailes avec les Mou- 
ches à deux ailes , Se ont fouvent négli- 
gé d'avertir du nombre des ailes de i« 
Mouche qu'ils voulaient faire cortnoj- 
tre ; mais M. de Réaumur corn- 
mence par en faire deux clafTes géné- 
rales ; l'une compofée des Mouches à 
deux ailes, & l'autre des Mouches à' 
quatre ailes. 

A ces deux clafTes générales il y en 
a quatre autres , qui leur font fubor- 
données. La première claffe comprend 
les Mouches qui ont une trompe & qui 
n'ont point de dents , ou de ferres. La 



MOU 

féconde eft compofée de Mouches qui 
ont une bouche , fans dents fenfibles. 
Latroifieme ralfemble les Mouches qui 
ont une bouche munie de dents , & dans 
la quatrième claffe M. de Réaumur 
range les Mouches qui ont une trompe 
Se des dents. Entre les Mouches qui 
ont une bouche & des dents , il y en a 
qui n'ont pas feulement des dents 
hors de la bouche , elles en ont même 
en dedans. Ces Mouches pourroient 
être placées dans une cinquième claffe : 
mais ceferoit, dit ce f«.vant Obfer- 
vateur, prefque tirer des caraeleres 
des parties intérieures , & il ne con- 
vient pas d'y avoir recours , lorfque 
les parties extérieures, en foumiflent 
fuififàrnment. 

Tous les genres des Mouches à 
deux ailes appartiennent à la première 
©u à la féconde claife , & U n'en a 
trouvé aucun genre qui eût le carac- 
tère des deux autres claffes. Les grûf- 
fes Mouches bleues des Vers de la vian- 
de , toutes les petites Mouches , qui 
nous inquiètent dans nos appartenons, 
ont des trompes , de même que les 
Coufms , fans avoir de dents, & font 
de la première claffe. Les Mouches de 
Suint Mure ont une bouche fans dents : 
d'autres Mouches, allez femhlables par 
leur forme aux Coufms » ont auffi une 
bouche fans dents ; ces dernières Mou- 
ches font de la féconde claife des Mou- 
ches à deux ailes. Les Mouches à qua~ 
tre ailes fourniffent beaucoup de gen- 
res pour remplir les troifieme Se qua- 
trième claffes : telles font les Abeilles , 
qui ont une trompe Se deux dents au- 
deffus de la trompe , ainfi que toutes 
les eipeces de Guêpes , qui ont une 
bouche & deux dents en dehors. Beau- 
coup de genres de Moueh»s à quatre 
ailes appartiennent à la féconde claife : 
telles font les Mouches papilbnnacées , 
qui viennent de différentes efpeces de 
Teignes aquatiques. Ptufieurs genres 
de petites Mouches à. quatre ailes font 
de la première clafTe , comme les Pu- 
cerons ailés Se les faux Pucerons ailés : 



M OU 

les Cigales appartiennent auftï à cette 
claife. 

M. de Réaumur fait une cin- 
quième claffe , qu'il nomme Moucher 
à tete en trompe. 11 appelle des têtes en 
trompe , des têtes extrêmement allon- 
gées , qui , comme celles des oifeaux , 
ont une forte de long bec , mais un 
bec qui ne s'ouvre que par fon bout. 
Il veut dire que dans l'endroit où 1-s 
têtes des autres infecles finiiVent , cel- 
les de quelques-uns ont un prolonge- 
ment qui a la figure d'une trompe , 
mais qui efi roide , 8c qui ne peut 
changer de forme , & qui même ne 
peut changer de polltion , fans que la 
tête en change. C'eft au bout de cette 
partie allongée que font les dents, ou 
les inilrumens au moyen defquels le 
petit animal prend la nourriture. Une 
de ces Mouches à tête en trompe , i 
laquelle M. L i n n m u S ( Fauna Sttec. 
p. 221. n. 719.) donne le nom de Pa~ 
norpa , efl une Abouche Scorpion, nom- 
mée aînfi par M. de Réaumur» 
pareeque le mâle tient ordinairement 
fon derrière relevé & recourbé vers 
le dos , comme l'efl celui d'un Scor- 
pion qui veut piquer. Cependant if 
nous apprend que la Alouche Scorpion 
ne fait ce que c'ell que de piquer , 
quoiqu'elle femble le vouloir. Une 
autre fort jolie Mouche , qui voltige 
volontiers fur les rieurs > donne un fé- 
cond exemple d'une tête en forme de 
trompe. 

Outre ces claffes , M. de Réau- 
mur en établit du fécond ordre , qui 
fo:\t fubordonnées aux premières , Se 
dont les caractères font fournis par ca 
qui fe préfente aux yeux fans fé faire 
cr. .relier. Ces claifes , qui font au- 
deffous des cinq premières claffes, ca- 
ractérifées foit par la trompe , foit par 
la bouche , dénuées de dents ou accom- 
pagnées de dents , Se ayant la figure 
de la tête faite en forme de trompe , 
font au nombre de trois, La première 
eft la claffe des Mouch-s à corps court » 
Si plus large qu'épais : la féconde , la 



>3* MOU 

«latfe des Moucher à corps long : la 
troifieme , celle des Mouches à corps 
foit long , foit court, mais qui eft joinr 
au corfelet par un fimple fil vifible. 

Variétés dans les Mouches , & dans le 
■port des ailes. 

Pour avoir des caractères des gen- 
res qui doivent être rangés fous cha- 
cune de ces clafles, M. de Réau- 
S/i u R fait une particulière attention 
aux variétés conllantes , qui peuvent 
être fournies, foit par les ports d'ai- 
les , foit par les figures des antennes, 
foit par les ports des trompes , foit par 
d'autres parties extérieures du corps , 
èc fur-tout par les poftérieures. Par- 
courons ces principales variétés. 

Les Moue he s de dîfFérens genres font 
voir , foit pendant qu'elles font en 
repos , foit pendant qu'elles ne font 
que marcher, autant de ports d'ailes 
difFérens , que les Papillons nous en 
montrent: mais il y a plus de Mouches 
qui portent leurs ailes parallèles au 
plan de pofition , qu'il n'y en a qui les 
tiennent dans des directions qui y font 
inclinées. 

Entre celles qui portent leurs ailes 
parallèlement à ce plan, les unes les 
tiennent comme des efpeces d'avirons. 
Leur direction eft perpendiculaire à la 
longueur du corps , qu'elles ne cou- 
vrent aucunement, C'eft le port des 
quatre ailes de plufieurs efpeces de 
Demoifelles , & celui des deux ailes 
de quelques efpeces de Tipules. 

D'autres Mouches portent leurs ailes 
de façon qu'elles couvrent le corps en 
partie , fans fe couvrir l'une l'autre , 
fi la Mouche n'a que deux ailes ; ou il 
elle en a quatre , fans qu'une des fu- 
périeures empiète fenfiblement fur 
l'autre aile fupérieure. Parmi les Mou- 
thés à deux ailes , les Mouches bleues 
de la viande , ainfi que les Mouches de 
nos appartemens , donnent un exem- 
ple de ce port d'ailes. 

Les ailes de plufieurs autres Mou- 



M O 17 

ches fe croifent fur le corps , & le pîuj 
& le moins dont elles fe croifent , four- 
nit encore bien des différences aifées à 
remarquer; caries unes , quoiqu'elles 
fe recouvrent même beaucoup , ne laif- 
fent pas de déborder, chacune de leur 
côté, le corps qu'elles couvrent en- 
tièrement : d'autres font faites de fa- 
çon qu'elles fe croifent à un tel point, 
que te corps déborde par de-là cha- 
cune des ailes ; telle eft la difpofition 
des ailes de quelques Mouches de Vers 
aquatiques: d'autres nefe croifent que 
près de leur bout , ou que fur la par- 
tie poftérieure du corps , & laiflent 
entre elles une portion de la partie an- 
térieure à découvert. 

Les aîles de plufieurs autres Mou- 
ches fe croifent fur le corps : elles s'y 
arrondifîènt : elles ne font pas exacte- 
ment parallèles au plan de pofition. 
L'aile qui fe trouve la fupérieure eft 
plus élevée fur la ligne du milieu du 
corps, que fur les côtés. C'eft ainft 
que font dîfpofées les ailes de la plu- 
part des Mouches , qui ont crû fous la 
forme de fauftes Chenilles. Quelques- 
Mouches ont leurs ailes pofées fur le 
dos , appliquées les unes contre les au- 
tres : elles font dans un plan perpen- 
diculaire à celui de pofition, Plufieurs 
efpeces de petites Demoifelles & plu- 
fieurs efpeces de Pucerons portent ainfi 
leurs aile3. C'eft aufli le port des ailea 
de ces Mouches, que la courte durée 
de kur vie a fait nommer Éphémères. 

Les ailes de plufieurs autres Mou- 
ches font appliquées obliquement con- 
tre les côtés : elles fe rencontrent au- 
deftus du corps par le bord de leur 
côté intérieur : elles forment par leur 
rencontre un toit à vive arête. Tel eft 
le port des ailes de la Mouche du petic 
Lion des Pucerons. D'autres Mouches 
ont leurs ailes appliquées contre les 
côtés; mais ces ailes , après s'être éle- 
vées , fe recourbent fur le dos , pour y 
faire un toit écrafé & prefque plai\ 
Plufieurs Mouches , qui dans leur pre- 
mier état ont été des Teignes aquaù- 



MOU 

«ues , ont cette efpece de port d'allés. 
Enfin d'autres Mouches tiennent les 
plans de leurs ailes obliques à celui de 
pofition , mais de manière que c'eft 
au-deffous du ventre que fe rencontre- 
roient les plans prolongés des deux 
ailes. Le Ver du Bigarreau fe tranf- 
forme en une petite & jolie 'touche à 
dtttx ailes , dont le port elt .celui qu'on 
vient de décrire. 

Variétés dans le tijfu des ailes des 
Mouches, 

Il y a encore d'autres variétés , que 
la texture des ailes fait voir. Pour l'or- 
dinaire les ailes des Mouches font d'une 
efpece de gaze très-fine , où elles ont 
par-tout une teinte & une tranfparen- 
ce à-peu-près égales ; cependant les 
ailes de plufieurs efpeces de Mouches 
n'ont pas cette grande tranfparence : 
celles de quelques-unes femblent mê- 
me opaques , Se lorfqu'on ne les regar- 
de pas de près , on eft porté à les pren- 
dre pour des ailes de Papillons, M. 
De Kéaumur donne aulfi le nom 
de Mouches papillonnacées à celles dont 
les ailes n'ont qu'une demi -tranfpa- 
rence. Parmi les Mouches à quatre ailes 
îl y en a de papillonnacées , dont les 
ailes inférieures font très-tranfparentes , 
pendant que les fupérieures ont un peu 
d'opacité : c'eft ce que l'on remarque 
dans 'es Mouches de plufieurs Teignes 
aquatiques. D'autres Mouches ont fur 
leurs quatre ailes des taches opaques, 
diftribuées fur un fond très-tranfpa- 
rent : c'eft ce qu'on voit fur les ailes 
des Mouches Scorpions. 11 y a auffi bien 
des efpeces' de Mouches à deux ailes, 
qui ont fur les leurs des endroits obf- 
curs Se opaques , féparés par des en- 
droits tranfparens. 

Variétés dans les antennes des Mouches, 

La figsire des antennes fert auffi à 
dîftinguer différens genres de Mouches 
les uns des autres. Il y a autant Se plus 



MOU 133 

de différences entre les antennes des 
Mouches, qu'il n'y en a entre celles des 
Papillons. Certains genres de Mouches 
ont les antennes articulées , qui font 
comme compofées de plufieurs vertè- 
bres , ou de plufieurs grains , mis bout 
à bout , ainfi que ceux des chapelets. 
De ces antennes que l'Obfervateur 
nomme à filets grainés , il y en a de 
grainés à grains plus fins & à grains" 
plus gros. Ces fortes d'antennes font 
ordinairement plus greffes à leur ori- 
gine qu'à leur extrémité , ou au moins 
elles n'y font pas plus déliées. 

Des Mouches de quelques autres 
genres ont des antennes compofée3 
comme les précédentes d'une fuite de 
vertèbres , mais qui deviennent de 
plus grolfes en plus grolfes , à mefure 
qu'elles s'éloignent de la tête. Ces an- 
tennes ont une forme femblable à celles 
de certains Papillons diurnes que M. 
de Réaumur nomme des antennes 
en majjice. La Mouche du Formica- Léo 
a de ces fortes d'antennes. Plufieurs 
efpeces de très petites Mouches , com- 
me les Coufins & certaines Tipules 
ont des antennes , qui font d'admira- 
rables panaches Se que M. de Réa U-- 
mur appelle antennes à barbes de 
plumes dans des Papillons. D'autres 
Mouches ont aufli des antennes analo- 
gues à des antennes prifmatîques qu'ont 
certains Papillons : ce font des anten- 
nes articulées , plus déliées à leur ori- 
gine Se près de leur bout , que dans- 
tout le refte de leur étendue. Une 
Mouche Tipule qui vient d'un Ver qui* 
vit des agarics de Chêne , donne un 
exemple de ces fortes d'antennes. Cel- 
les de cette Mouche , dit l'Obfervateur 
pourroient être appellées des antennes 
en rape. Quelques Mouches ont des an- 
tennes branchues , ou fourchues , des 
antennes compofées de deux pièces- 
articulées , des antennes dont chacune 
paroît double. Les Papillons n'ont 
point donné à M. de R é a u m u n 
d'exemples de ces fortes d'antennes. 
Un autre genre d'antennes , dont les- 



134 MOU 

Papillons n'ont point encore fourni 

d'exemple , ni les Mouches à deux 
ailes , eil: propre à beaucoup de genres 
de Mouches à quatre ailes : ce font des 
antennes extrêmement courtes , mais 
groffes par rapport à leur longueur: 
elles n'ont que deux ou trois articu- 
lations. Il donne en général à ces fortes 
d'antennes le nom à' antennes à palettes. 
Les Mouches qui nous incommodent 
dans nos appartenons ont leur pa- 
lette faite en prifine , car il y en a de 
plufieurs fortes. 11 y a encore une au- 
tre efpece d'antennes à palettes , dont 
le corps qui les termine a quelque 
chofe d'un croiffant , lefquell&s fer- 
vent à caraclérifer beaucoup de Mou- 
ehes à deux ailes , qui aiment à tirer 
lefangdes Bœufs, ainfi que celui des 
Chevaux. 

La grandeur des antennes fert auffi 
à faire reconnoître certains genres de 
Mouches. La manière dont elles les 
portent y peuvent encore fervir. Les 
Mouches Ichneumons ont les leurs dans 
une agitation continuelle. Elles leur 
font faire des efpeces de vibrations î 
c'eil ce qui fait que JuKGlUS a 
donné à ces Mouches les noms de Vi- 
trantes Se de Vibratoires. 

Variétés dans la trompe des Mouches. 

La trompe fert auflï à caraftérifer 
deux clafTes de Mouches , dont les unes 
■ont Amplement une trompe Se les au- 
tres une trompe & des dents , eu des 
ferres. Ces mêmes trompes fourniffent 
auiïi bien des genres de Mouches. Les 
tines ont un fourreau oornpofé d'une 
feule pièce : les autres en ont un fait 
par la réunîo-n de plufieurs pièces diffé- 
rentes. Les unes ont des fourreaux 
comme écaîlleux : les autres en ont 
de charnus : .ceux de quelques-unes 
font terminés par un empattement 
charnu , parties efpeces de greffes lè- 
vres: d'autres n'ont point de lèvres, 
ou au moins des lèvres fenfibles. D'au - 
ftta trompes font faites comme une 



MOU 

efpece de fufeau, dont le bout feroît 
creux. Voilà les variétés que M.de 
K É a ,u m u R indique , & dont on a 
allez d'exemples dans le cours de ils 
Mémoires fur les Mouches. On a be- 
foin de la loupe pour voir les diffé- 
rences qui font entre les trompes du 
même genre. 

Mais fans mierofeope on voit dans 
les Mouches de différens genres trois 
manières différentes de porter leurs 
trempes dans le temps où elles n'^-o 
font point d'ufage. Plufieurs efpeces 
de Mouches ont une trompe , qu'elles 
raccourcîffent quand elles n'en font 
point d'ufage. Elles la tiennLnt en de- 
vant de leurs têtes , dans uns cavité 
deftinée à la recevoir. Dans quelques 
efpeces de Mouches cette cavité n'efl 
qu'un fimple enfoncement de la partie 
.antérieure de la tête ; mais dans d'au- 
tres Mouches cette cavité eir. mieux 
façonnée ; le bout antérieur de la tête 
s'allonge pour lui former une efpece 
de voûte. D'autres Mouches ont des 
trompes , qiù pendant l'inaction font 
contournées de haut en bas; c'en: ahfî 
que font difpofées alors les trompes 
des Abeilles & celles des Bourdons. 
Enfin d'autres Mouches en ont unecotv- 
tinue en entier dans un étui où elle 
ell droite : elles ne la contournent rj 
ne la plient , mais elles peuvent l'in- 
cliner différemment par rapportai) plan 
fur lequel leurs jambes îont polées ; 
elles peuvent la rendre perpendicu- 
laire à ce plan , & l'y rendre parallèle . 
lorsqu'elles la couchent contre ledef- 
fous de leur corfelet , Se enfin elles 
peuvent la mettre dans toutes les pofi- 
tions moyennes entre les deux précé- 
dentes. Telles font les trompes non ac- 
compagnées de dents des Coufîns , des 
Cigales , Sec. comme les trompes des 
Mouches ont plus de variétés que cel- 
les des Papillons, M. de Réau- 
m ur leur a donné une attention par- 
ticulière, Voyez fon Mémoire V . inféré 
dans les Mémoi-es de F Académie Rtyalç 
des Sciences , Tçme IV, 



MOU 

t'S formes & les proportions de fa 
plupart des parties extérieures des 
Mouches fourniffent encore de quoi fe 
mettre en état de diftinguer les uns & 
les autres genres de ces différent 
infectes ailés- 

Autres variétés des Mouches par leur 
tête, leur corfclct , leurs jambes, 
la forme de leur corps, &c. 

La figure de la tête de toutes les 
Demoifelles , par exemple , n'eft pas 
la même les unes ont une tête pres- 
que ronde ; les autres ont une tête plus 
large que longue , Se elle a moins de 
diamètre du devant au derrière, que 
d'un côté à l'autre. La Mouche du 
Formica- Léo diffère des Mouches des 
Pucerons , non-feulement par fes an- 
tenne?, mais encore par fon double cor- 
felet , pareeque les dernières l'ont fim- 
ple. Le corfelet de queLques Mouches 
s'élève beaucoup plus que celui des 
autres, & s'élève fouvent à un tel 
point , qu'il femble obliger la tête àfe 
recourber en bas , & à rendre l'infecle 
boffu. Les Coufins Se les Tipules ont 
ordinairement de ces corfelets rele- 
vés, 

Toutes les Mouches n'ont que fis 
jambes , mais les proportions de ces 
jambes à la grandeur du corps , ne font 
pas toujours les mêmes: les unes- en 
ont de très-longues , les autres de cour- 
tes. Les Coufins Se les Tipules femblent 
montés fur des échafles. Les jambes 
des Mouches font pour l'ordinaire at- 
tachées au corfelet ; mais il y a des 
efpeccs de Mouches qui ont une de 
leurs paires de jambes attachée à un 
des anneaux du corps. 

Il y a des Mouches , qui pour la 
forme du corps font placées dans la 
même claffe : mais dans chaque claffe, 
3. y a entr'elles des différences , même 
par rapport à la forme du corps , ce 
qui les fait mettre dans des genres dif- 
férens. 

11 y en a dont le corps eft trèss- 



M O U 135 

mince Se très-applati : teleft celui des 
Mouches des Vers mangeurs de Pu- 
cerons. D'autree ont le bout du der- 
rière recourbé en crochet : le bout du 
corps eft communément moins gros 
que ce qui le précède. Cependant la 
Mouche du nid des Hirondelles, fin- 
gtilicre par la forme de fes ailes , aie 
corps plus gros à fon bout que pai tout 
ailleurs, & il eft échancré en cœur. 

La feule partie poftérieure aide en- 
core à dîftinguer bien des genres de 
Mouches les unes des autres. Les Mou- 
ches qui font armées de ces aiguillons v 
dont on redoute les piquûres , n'ont que 
trop de quoi fe faire connoître: d'au- 
tres portent au derrière des efpeces de 
tarrieres logées dans un étui. Ce font- 
les femelles qui portent cette longue 
"queue , comme piufieurs femelles Ich- 
neumons. Ainfi il y a des Mouches à, 
aiguillon , Se des Mouches à tarricre. Il 
y a beaucoup d'efpeces de Mouches k 
feie , qui méritent ce nom à caufe d'un 
inftrument fingulier dont elles font 
pourvues , 8c qu'elles ne montrent 
gueres que quand on les y force en 
leur preffant le corps. D'autres Mou-' 
ches portent au derrière de longs filets, 
qui par leur forme Se parleur ftruéture 3 . 
ont quelque reffemblance avec les an- 
tennes. Parmi les Mouches- à quatre 
ailes , les Éphémères ont de ces filets. 
Parmi les Mouches à deux ailes, les. 
mâles des Gallinfetlts ont pareillement 
de ces filets. 

Communément les Mouches font ovi- 
pares , mais il y a des elpeces qui font, 
vivipares. Celles qui mettent au jour 
des petits vivans , différent par la ma- 
nière de fè perpétuer des autres Mou- 
ches , qui d'ailleurs leur ftmt fembla- 
bles. Les induftries de diverfes Mou- 
ches les font mieux connoître , que des 
particularités de toute autre nature. 
Les Mouches qui fa vent vivre en fo.-- 
ciété , comme diverfes eipeces - d'a- 
beilles , de Bourdons , 8c de Guêpes 3 , 
ne doivent pas refter confondues avec 
celles qui vivent folitaires. Les partie* 



ij5 MOU 

extérieures des Mouches- fourtiîiïent en- 
core beaucoup de caratteres. C'eft avec 
tous ces caractères qu'on diftingue fa- 
cilement des genres de Mouches. 

Four les efpeces de chaque genre 
de Mouches , elles n'ont entr'elles que 
des différences légères , moins eflen- 
iielles que celles qui font entre les 
genres. Il y a auiïi pour les efpeces 
des différences de grandeur , de cou- 
leur , Se quelques variétés peu effer.- 
tielles en la forme des parties , qui 
fervent à diftinguer les efpeces. Cer- 
taines efpeces de Mouches font auffi 
velues que les Chenilles qui le font le 
plus : d'autres ne font que demi-ve- 
lues ; d'autres font prefque rafes Se luï- 
fantes, & d'autres n'ont que le corps 
ou le corfelet de velu. 

C'eft par les deux claffes générales 
des Mouches, que M. de Réaumur 
a établies ; par les clafles du fécond 
ordre; rar les variétés dans le port des 
ailes , dans le tiffu de ces mêmes ailes ; 
par les variétés des antennes & de la 
trompe , par les manières différentes 
de les porter • par la variété de leur 
tête , de leur corps, de leur corfelet, 
de leurs jambes , de leurs parties pof- 
térieures : c'eft enfin parles différences 
des grandeurs & des couleurs , ainfi 
que par l'aiguillon Se par leur induf- 
trie , que cet habile Obfervateur a tire 
du cahos Se de la confufion toutes les 
Mouches, On peut, par la lecture de 
fon Mémoire Ul. Tome IV. connoitre 
furie champ à quelle claffe appartien- 
nent les Mouches qu'on trouve d?ns 
la cempacne , Se par quels caractères 
leur genre eft distingué des autres gen- 
res de la même claffe. 

Toutes ces différentes fortes de Mou- 
ches, {oh à deux ailes, foit a quatre , 
viennent de Vers. Ces Vers ont a'tiflS 
le^ir hiftoire particulière. Ainfi voyez 
.au mot VERS DE MOUCHES , 
leurs différences, leurs variétés, S*: les 
finît claffes que M. de Réaumur 
leur a données. Pour les parties extér- 
ieures des Mouches Se les parties inté- 



M O U" 

r'eurcs, eonfultez fon fixieme Mémoire 
du même Volume. 

Mouches vivipares. 

J'ai dit plus haut que communé- 
ment les Mouches font ovipares ; mais 
il y en a des efpeces qui font vivi- 
pares. On eu trouve de ces dernières 
parmi les Mouches à deux ailes , qui 
mettent au jour des Vers vivans. Sca- 
lîger a cru toutes les Mouchas vivi- 
pares , Se le P. Fabri les a crues toutes 
ovipares : c'eft de quoi les bUme Rfdi, 
Les efpeces de Mouches à deux ailes » 
qui font vivipares, font bien moins con- 
nues que celles qui font ovipares ; Se 
les efpeces de Mouches vivipares .'ont 
encore plus rares parmi les Mouchas à 
quatre ailes. M. DE Réaumur dit 
qu'il ne connoît que les l'ucerons ai- 
lés, qui parmi celles-ci foi^nt vivipares. 
Mais il a obfervé fix à- fept efpeces de 
Muiu hes à deux ailes , qui ; ont des Vers, 
vivans. Ray en a auffi obfervé de ces 
dernières. 

Lister parle d'une Mouche vivi- 
pare , des plus groffes de celles qui 
n'ont pas de venin , qu'il envoya à l'E- 
diteur izsTrar.facivns 1 hilojophiques. 
Cette Mouche éroit rayée de gris Se 
de noir fur les épaules, Se marquette 
de ces mêmes couleurs fur le dos. On 
pouvoit diftinguer la femelle à un peu 
de rouge qu'elle avoit à l'extrémité de 
la queue. 11 en ouvrit plufieurs à la lin 
du mois de Mai 1666. il trouva d'eux 
facs remplis de Vers Lianes , rends , 
longs Se vivans ; ils avoient la tête 
noire , Se fe mou voient fur fa main Se 
dans les véficules qui les contenoient ; 
ils y étoient arrangés comme dans au- 
tant de cellules , fuivant la longueur 
de la femelle , femblables à une gerbe 
de bled. Aldrovandf. dit auffi 
(L. I. de InJ.p. 47. Edit. Bal. ) qu'é- 
tant encore fort jeune , il attrapa une 
groffe Mouche rayée de blanc , que 
l'ayant retenue quelque temps dans fa 
mairi , elle y fit plufieurs Vers blancs 
d'une vivacité extraordinaire. 

Pour 



MOU 

Pour s'affurer qu'une Mouche eft 
Vivipare , il faudroit, dit M. de Réau- 
mur , la furprendre dans le temps de 
l'accouchement : ce qui eft un inftant 
rare & difficile à faifir. Un moyen pour 
le favoir , eft de faire accoucher une 
Mouche avant qu'elle foît à fon terme. 
En ouvrant le ventre d'une Mouche 
on voit s'il y a des œufs , ou des 
Vers , & par cette opération on re- 
connoît fi elle eft ovipare ou vivipare. 

On voit dans nos maifonsune Mou- 
che d'une efpece vivipare , qui cherche 
fur-tout les endroits où on conferve 
la viande , fur laquelle elle aime à dé- 
pofer fes Vers , comme la grofle Mou- 
che bleue aime à y dépofer fes oeufs. 
Son port d'aîles eftle même que celui 
de cette demiereMouche : fes antennes, 
comme celles de cette Mouche , font à 
palettes prifmatiques. Elle l'égale , ou 
elle la furpaffé en longueur , mais elle 
a le corps moins gros , un peu plus al- 
longé que celui de l'autre , & un peu 
courbé parle bout. D'ailleurs elle eft 
aiféeà reconnoître par fa couleur, qui 
eft grife. Cette couleur grife réfulte 
furie corfelet de longues taches com- 
me des efpeces de raies de figure ir- 
réguliere , & dirigées félon la longueur 
du corps , qui font dillfi gris cendré , 
&: féparées les unes des autres par du 
brun. Un gris aflez femblable fe trou- 
ve furla partie fupérieure des anneaux 
du corps , mais par taches plus courtes, 
prcfque quarrées , 5c entre lefquelles 
eft un brun luifant , qui dans certains 
points de vue a du bleuâtre. Ses jam- 
bes font noires; fes coquilles font blan- 
châtres, Se fes yeux à réfeau font rou- 
geâtres & même rouges. 

Il y a d'autres efpeces de Mouches 
vivipares , que M. de RiAUMURaob- 
fervées. Une entr'autres , qu'il a prife 
fur des feuilles de Lierre , étoit plus ai- 
fée à distinguer de la plupart des autres 
efpeces , que ne le font d'autres dont 
51 parle. L'intérieur de ces Mouches vi<- 
vipares eft plus propre que leur exté- 
rieur à fixer nos regards. C'eft par 
Tome III. 



MOU r 37 

Ces parties intérieures qu'onpeutmieux 
les diftinguer des Mouches ovipares. 
Ce que font à la Mouche ovipare les 
ovaires , ou les paquets de vaiffeaux, 
dans lefquels les œufs font contenus, 
le cordon l'eft à la Mouche vivipare : 
il eft le vaiffeau, ou l'affemblag'e des 
vaiffeaux, dans lefquels les embryons, 
les fœtus , & les Vers font renfermés. 
Il eft la matrice de la Mouche. Le 
Mémoire X. du Tome IV. p. 413. 
Jitiv. nous en donne l'anatomie. 

Les Mouches vivipares , dont il eft 
parlé dans ce Mémoire , font d'affez 
grandes Mouches : mais parmi les plus 
petites efpeces à deux ailes , il y en 
a apparemment de vivipares & d'o- 
vipares ; le petit & le grand, dit l'Ob- 
fervateur , ne font rien , ou plutôt font 
la même chofe pour l'Auteur de la 
Nature , en effet il nous apprend des 
circonftances favorables qui l'ont mis à 
portée de voir qu'une d «3 plus petites 
efpeces de Mouches que nous puiflïon* 
connaître eft vivipare. 

Accouplement des Mouches. 

Lorfque les Mouches ovipares s'ac- 
couplent, (c'eft par cette remarque que 
M. de Réaumur finit l'Hiftoire des 
Mouches vivipares ) , elles font bien 
plus proches de leur terme que ne 
le font les Mouches vivipares dans le 
temps de leur accouplement. Alors 
le ventre des Mouches ovipares eft plein 
d'eeufs , dont la plupart ont toute leur 
groffeur. Le ventre des femelles Pa- 
pillons eft de même rempli d'œufs en 
pareille circonftance : mais dans le 
temps que les Mouches vivipares s'ac- 
couplent , les embryons ne font encore 
aucunement fenfibles dans leur corps. 
Le Lecteur verra ici des détails ana- 
tomiques des parties , tant internes , 
qu'externes , de ces infettes volans. Il 
n'y a rien à négliger, quand on veut 
faire connoître les ouvrages du Créa- 
teur; Se l'on ne peut qu'être furpris 
d'admiration d'appercevoir dans le plus 
petit infecte le même nombre de parties 

S 



i 3 8 MOU 

organiques , deftinées aux mêmes ufa- 
ges , dont font compofés les plus gros 
animaux. De cette hiiloire générale des 
Moucher , panons aux descriptions des 
fefpeces les plus connues. 

Mouches domestiques. 

II y a des Mouches domeftiques rem- 
plies de Poux , comme Le Scarabée des 
fumiers , ou Stercoraire. Mentzelius 
les appelle Mouches Pédiculeiifes. Les 
Mouches domeftiques font différentes 
entr'elles. Quelques-unes plusgroffes 
font du bruit en volant , Se font d'un 
beau bleu fous Le ventre : elles aiment 
les chairs qui fentent , 8c que l'on garde 
depuis long-temps; elles les cherchent 
dans les endroits les plus cachés , 
afin d'y mettre leurs petits. Ces groiTes 
Mouches bleues font connues de tout le 
monde. D'antres Mouches domeftiques 
plus grottes, ; couleur cendrée , avec 
des yeux rouges , ne font aucun bruit 
en volant , 8c ne cherchent point la. 
viande .mais elles aiment les lues aci- 
des : elles font entièrement femblables 
à ces petites Mouches, qui fe produifent 
dans toute forte de vinaigre, & qui ti- 
rent leur origine de ces petits Vers en 
forme d'Anguilles , que l'on voit quel- 
quefois dans le vinaigre fans microf- 
cope. Voyez MOU C H E S formées 
dans le -vinaigre. Des Mouches fan- 
vaget deviennent quelquefois domef- 
tiques , lorfqu'elles palTent avec le bé- 
tail dans les Villes Se dans les Bourgs ; 
au lieu de trompes elles ont des ai- 
guillons avec lefquels elles piquent 
fortement les pieds 8c les mains des 
hommes. Il y a encore des Mouches 
femblables aux Mouches domeftiques: 
elles font brillantes , de couleur d'or, 
vertes , ou bleues ; elles recherchent 
avidement les excrémens humains. Cel- 
les qui recherchent les excrémens des 
Bœufs , font d'une autre forte , & celles 
qui tourmentent les pieds , font encore 
d'une autre efpece, 

La Mouche dmeftiguo , qui habite 



M O U 

dans les maîfons, eftydit Mentze£itjs s 
un infecte vivipare, Se rarement ovipa- 
re ; car lorfqu'elle a conçu , elle dépofe 
fur les chairs fraîches , fes petits con- 
tenus dans fon ventre , car il lui 
tient lieu d'uterus ; ceux-ci fe nourrîf- 
fent de la chair , 8e lorfqu'ils font de- 
venus grands , ils fe changent en Chry- 
falides , d'où il fort encore des Mou- 
ches dans un temps marqué. Ces Mou- 
ches domeftiques ont des trompes , avec 
lefquelles elles pompent toutes fortes 
de lues. Le même Auteur dit qu'il prit 
une de ces Mouches ,c\\û avoit les deux 
pieds de derrière longs Se forts , com- 
me ceux du Grillon ;il la vit fauter 
comme une Sauterelle : c'eft pourquoi' 
ii lui a donné le nom de Mouches Gril- 
liformes. On voit la figure de cette Mou- 
che Grilhforme , à la Planche qui fe 
trouve à la page 442. du Tome III. des 
Collections Académiques , Le te G. 

M OU CHES A DEUX AILES. 

Jean Muraeto a donné la des- 
cription d'une Mouche commune ou a. 
deux ailes, dans les É^hémérides de 
l' Académie des Curieux de la Nature, 
La voici telle qu'on la lit dans le 
Tome III. des Collections Académiques ». 
p. 490. 

La Mouche commune ou à deux ailes,, 
dit-il , a une tête , une poitrine , Se 
un ventre. La partie antérieure de la: 
tête elt principalement compofée de 
yeux , qui faillent confic'érablement- 
de chaque côté : ils font immobiles ». 
comme les yeux des Grillons , 5c ornés 
d'une infinité de points , comme d'au- 
tant de petites perles ; ils font envi- 
ronnés d'un cercle, qui eiï ordinaire- 
ment blanc , au-deiTus duquel s'élève 
une fuite de poils qui fe continuent 
vers le grand angle de l'œil Se vers 
deux corps cylindriques fitués au mi- 
lieu de la face. Ces poils font courb ! a 
Se s'embarrafT^nt les uns dans les au- 
tres , comme de petites branches. En- 
tre ces poils on trouve un corps menï^- 



MOU 

•braneux, affez large , Se femblable à 
du tafetas noir , qui fort du cercle blanc 
des yeux; il eft percé de plufieurs trous 
& il fépare les yeux. Au Commet de 
la tête eft attachée fur ce corps une 
éminence , qui reffemble à une cou- 
ronne ; car elle eft faite d'un cercle de 
couleur d'or , orné comme de trois 
perles noires , fort brillantes. On voit 
aufïïen cet endroit plufieurs foies re- 
courbées. 

Au-defFous de la membrane noirâtre , 
on voit deux petits corps oblongs qui 
fe meuvent en haut Se en bas: ils font 
marqués de points , Se munis de trois 
poils en forme déplumes , femblables 
à la queue velue du Rat. Le dernier eft 
plus court que les autres, & pour peu 
que l'air foit agité , il eft dans un mou- 
vement continuel. Sous ces poils il y 
a deux cavités dans lelquelles ils fe 
cachent , lorfqu'on irrite la Mouche. 

A la partie inférieure de la tête il y 
a deux corps, qui s'avancent de cha- 
que côté , Se qui paroilfent être des mâ- 
choires : ils font blancs , marqués de 
points noirs , 5c hériffés de poils. Ils 
fe recourbent peu-à-p^u de la partie 
inférieure vers le corps cylindrique 
dont nous avons parlé , Se de leur fom- 
met partent des poils longs qui fe 
croifent. 

Au-deffous de ces poils on voit une 
autre cavité , femblable à une bouche , 
dans laquelle fe cache la trompe enfe 
pliant. La partie fupérieure de cette 
efpece de bouche eft blanchâtre 8c 
tranfparente comme une membrane. 
Cette trompe eft ailez femblable à celle 
d'un Éléphant , elle eft velue à l'ex- 
trémité , Se fendue comme la bouche; 
du milieu de la trompe s'avancent deux 
petits corps cylindriques Se velus. 

Le col a deux mufcles fitués pofté- 
rieurement par lefquels la tête eft tirée 
vers la poitrine : par devant on voit un 
collier gris , qui eft orné d'un plumage 
fous lequel il y a une efpece de mi- 
roir de couleyr rouge. 

L'œfophage prend fa naiffance. au 



MOU 13$ 

col , 8c de -là defeend intérieurement 
dans la poitrine , qui eft velue de cha- 
que côté fur le derrière, jufqu'au bas 
du ventre. La Mouche porte fur le mi- 
lieu deux ailes tranfparentes , d'un tiflu 
très-délicat. 

Le dos eft marqué de fix lignes noires 
longitudinales , Se de trois autres tranf- 
verfales. L'extrémité du dos eft plus 
pâle que les autres parties de la poi- 
trine. 

On voit dans l'intérieur différentes 
côtes bien diftinguées , 8c une ^chah- 
jaunâtre Se gluante. Deux petites feuil- 
les qui naiiïent du dos font couchées 
fur l'abdomen : les inteftins ont des 
cellules, Se des vaiffeaux noirâtres, 
étendus félon leur longueur ; ils con- 
tiennent une pituite jaunâtre & tranf- 
parente. 

Il fort de la poitrine fixpîeds épineux 
qui ont des griffes aux extrémités : ils 
font outre cela armés de crochets , qui 
leur fervent pour fe cramponner. Il y 
a une articulation pour la cuiffe , pour 
le genou , Se pour le pied. 

Le ventre eft de différentes couleurs, 
mais il eft le plus fouvent bleuâtre , 
un peu velu , compofé de quatre four- 
reaux , Se marqué d'autant de lignes. 

Le ventricule eft contourné avec les 
inteftins , comme unEfcargot. On re- 
marque dans les femelles Se dans le* 
mâles deux ovaires avec de petits 
œufs. Je crois , dit l'Obfervateur, avoir 
remarqué dans les Mouches qui ont un 
aiguillon , deux ovaires jaunes , parfe- 
més de petites fibres noires. Il eft dou- 
teux fi les Mouches font hermaphro- 
dites. 

Le cœur eft pâle , défigure conique 
Se couché fous le diaphragme dans l'ab - 
domen : il n'a qu'un feul ventricule , 
Se eft environné d'un péricarde. 

L'eftomac eft grand Se membraneux, 
Se fouvent il fe rompt avec bruit, com- 
me une veflîe , lorfqu'on preffe le ven- 
tre avec les doigts, 

Le méfentere , qui eft jaune, réunit 
les inteftins, 

S ij 



i 4 o MOU 

La verge eft oblongue & rloueufe » 
blanche au milieu , & marquée de cha- 
que côté de lignes noires : elle a le 
fommet noir. 

Une pointe recourbée ferme la vul- 
ve , qui eft velue. 

Le fâvant M. de l a Hire, de 
l'Académie Royale des Sciences de 
Paris , croit que ces trois petits corps 
brillans , comme des pierres précieufes , 
qui font fur la tête des Mouches , font 
les yeux avec les paupières. Nous ne 
fommespas tropportés.ditMuRALTo, 
pour ce ientiment , après la diffèction 
que nous en avons faite. 

Telle eft la defcription de la Mou- 
che coïfiTHimc par ce Naturaliste. Après 
cette defcription on lit la remarque fui- 
vante. 

L'obfervation , dît- il , qu'a donné fur 
les yeux des Mouches le P. de Got- 
tignies , ProfefTeur de Mathémati- 
ques au Collège de Rome , 8c qu'on 
trouve dans les E-phémérides des Sa- 
vant de Rome , au mois de Novembre 
i <5<îq. eft très-curieufe 8c mérite d'être 
rapportée ici. » Sur la tête des Mouches, 
35 des Coufins , des Papillons , Se d'au- 
» très infectes femblables , il y a deux 
a» corps d'une convexité irréguliere , 
si qui étant examinés au microfeope , 
35 paroiffent tres- jolis , Se que l'on croit 
35 être les yeux dans les Mouches. Ro- 
» bert Kolbe a auflî cbfervé la même 
35 chofe avec cet inftrument , & en a 
3> donné une exacte defcription dans fa 
35 Micrographie , où il remarque que 
s> ces pièces font cornpofées de plti- 
35 fieurs globules de différente gran- 
35 deur, qu'elles font difpofées en forme 
35 triangulaire, Se fi bien jointes qu'elles 
s» ne laiffent entr'elles que le moins 
55 d'efpace qu'il eft poffible : il croit 
35 que chacun de ces petits globules eft 
» un œil parfait , en forte que les Mou- 
35 ches ont les yeux tournés en tout fens, 
35 Se quoiqu'ils foient immobiles , elles 
as peuvent voir devant , derrière , Se à 
35 côté : les animaux qui n'ont qu'un 
» petit nombre d'yeux , font privés de 



MOU 

» cet avantage. Il a compté jufqu'a 
» quatorze mille de ces globules dans 
3> une certaine efpece de Mouches , 
33 c'eft-à-dire , fept mille de chaque 
3> côté ; quatre mille petits , Se trois 
35 mille autres encore plus petits. Mais 
35 le P. de GoTTiGNiESa fait des 
35 obfervatîons très-exaètes fur les par- 
«ties , Se en raifonnant d'après les 
35 principes de l'Optique , il affure 
33 qu'elles ne peuvent point être des 
3> organes de la vue , pareeque , dit-il , 
33 ou chacune d'elle ne conftitue qu'un 
=5 ccil , ou elle en conftitue plufieurs; 
33 fi elle n'en fait qu'un , cette furface 
33 extérieure devroit donc fervir de 
35 cornée , ce qui ne peut point être , 
33 puifque fa convéxtté n'eft ni égale 
»5 ni polie , comme elle devroit l'être 
33 pour faire l'office de cornée : fi cha- 
33 que partie formoit plufieurs yeux , 
33 il doit s'en fuivre une très grande 
3» confufion dans la vue. C'eft pour- 
33 quoi il penfe qu'elles ont été conf- 
33 truites par la Nature pour une autre 
33 fin que pour voir, Se que confidé- 
33 rant que ces parties font renflées Se 
35 tendues comme un tambour , il croit 
35 qu'elles font l'organe del'ouie .étant 
•5 très-propres parleur ftructure àrece- 
33 voir les vibrations de l'air extérieur 
33 c'eft-à-dire , le fon. Il eft d'autant 
33 plus affermi dans cette opinon , qu'il 
33 a vû,, par le moyen du microfeope , 
33 fur la tête des Mouches , des parties 
3) femblables aux yeux des autres ani- 
35 maux. On pourroît douter fi ces par- 
35 ties font réellement les yeux des Mou- 
3» c/w,puifqu'elles font peu différentes 
33 par leur forme Se par leur couleur 
35 de, ces taches noires , que l'on voit 
3> pareillement difperfées fur leur tête. 
33 Mais les obfervations qu'il a faites 
35 fur les autres animaux , ne laiffent , 
35 dit-il, aucun doute fur cette matière; 
33 car on diftingue fort bien dans quel- 
33 qu\in d'entr'eux , Se les yeux & les 
33 corps convexes , dont nous avons- 
35 parlé , comme dans ces Punaifes que 
» les Italiens appellent Cmkidi Cam- 



MOU 

hpagna, qui font très-curîeufes. On 
» découvre dans ces infectes , par le 
w moyen du microfcope, plufieurs ta- 
v ches noires , difperfées très-élégam- 
•jfflent fur un fond en partie blanc, 
s , en partie jaune , & fur leur tête on 
s> diftingue aïfémenr deux corps élevés, 
s> aflez femblables à ceux dont nous 
» avons parlé , Scquife trouvent dans 
» les Mouches- , au-deflfus defquels on 
b> voit deux petits globes très-diftincts , 
a>lefquels vraifemblablement ne font 
3) autre chofe que les yeux. C'eftpour- 
33 quoi ayant trouvé dans le même ani- 
' s> mal ces deux éminences ou convé- 
s> xités qui fe trouvent dans les Mou- 
» ches , Se de plus les yeux , qui en 
3> font évidemment diftingués , il con- 
3> dut que dans les Mouches, cescon- 
35 véxîtés ne font point les yeux , maïs 
pi plutôt les organes des ouïes, « 

Quoi qu'il en foit , qu'il me foit per- 
mis d'ajouter ici une remarque , dit 
Jean Mur alto. Les corps glo- 
buleux , dont nous venons de parler , 
font d'une nature membraneuie. Ils 
font enduits Se pénétrés d'une liqueur 
aflez épaifTe , Se rouge comme du fang , 
quoiqu'un peu plus foncée , laquelle 
étant elïïiyée , la membrane elle-même 
paraît aflez épaifle , eu égard à la pe- 
titefle de la Mouche , Se lâns couleur ; 
Se fi on lui oppofe quelque corps co- 
loré , rouge , noir , &c. les fommets 
des globules , ( qui méritent peutêtre 
mieux le nom de taches blanchâtres , 
puifqu'ils fe voient des deux côtés, 
tant à l'extérieur , ou du côté convexe , 
qu'à l'intérieur ou du côté concave ) , 
les fommets , dis-je , ne tranfmettent 
point la couleur , mais confervent un 
éclat blanchâtre , tandis que les efpaces 
intermédiaires , qui ne font point tache- 
tés , ou les interitices des globules , 
prennent la couleur du corps qu'on leur 
oppofe. J'ai auffi apperçupar le moyen 
du microfcope dans la poitrine de quel- 
ques Mouches , près de l'infertion des 
pieds , une efpece d'infeète très-petit, 
que je çrgis être l'eipece Pédiculaire. 



MOU 141 

Sachsius , notre Aflocié , a rapporté 
dans fa Scholie de l'Obferv. 13. à» 
V année 1. des Êphémérides , tout ce que 
F on t a N a , Hookius , 8c les au- 
tres ont obfervé à l'aide du microf- 
cope. Pierre H a i n (in ann. 1 1. 
Décad. Ephém. Obf. 27. ) a obfervé 
par le moyen du microfcope foïxante 
Se douze Vers enfermés dans le corps 
d'nne Mouche , Se qui étoient conte- 
nus dans une membrane ; Se Fré- 
déric Schroderus a remar- 
qué que les Mouches qui engendrent 
le Ver de fromage avoient une verge 
d'une ftruérure finguliere , & qu'or» 
n'a peutêtre jamais obfervée dans au- 
cun autre animal: elle efl recourbée , 
comme les tendons de la Vigne , Se a 
lin grand trou à l'extrémité , clans le- 
quel entre la vulve, en forte qu'elle 
ne s'y infère point, comme dans les 
autres animaux. Enfin la Mouche 
n'a point de rate, non plus que les au- 
tres infcètes , félon l'obfervation de 
Thomas Bartholin, L. I. Anatom. 
Reform. cap. 1 6. 

MOUCHE formée dans le vi- 
naigre , ou dans la bière aigrie. Les 
Auteurs anciens n'ont pas ignoré qu'il 
feformoitdes infectes dans le vinaigre. 
Aristote a parlé de ces infectes » 
Se il y a un paflage dans fon Hifhirc 
des Animaux , L. V. qui peut être tra- 
duit ainfi : Les Moucherons du vinaigre 
ont été auparavant de petits Vermijfeaux 
qui s'engendrent dans la lie du vin 
aigri. Ces infectes cependant , die 
Chrétien Mentzeeius , ne font pss 
de vrais Moucherons. C'eft ce qu'il 
a obfervé particulièrement en 1683, 
Voici l'obfervation de ce Naturalifte , 
tirée des Éphémérides de l'Académie 
des Curieux de la Nature, Se telle qu'on 
la lit dans le Tome III. des Collections 
Académiques , p. J 4 3 ■ 

Dans le printemps , Se fur- tout pen- 
dant les mois de Mai Se de Juin, on 
apperçoit dans le vinaigre , à Paide du 
microfcope , & même à l'œil fimple 7 . 
de très-petits Vers, qui ont la forain 



M O U 



de petits Serpens , qui fe meuvent avec 
une agilité furprenante , Se dont la tête 
paroit élevée à la fuperficie de la li- 
queur , comme fi l'air fervoit d'aliment 
À ces infectes. Lorfqu'on laifTe ce vi- 
rai rre dans un lieu clos fans le remuer 
& que le vaîfleaun'eftpas bouche allez 
exa'ctement.pourque l'air extérieur n'y 
puiiTe communiquer , fa fuperficie le 
couvre d'une pellicule moufleufe , qui 
eft pour ces petits Vers un aliment plus 
fubftantiel , & lorfqu'ils ont acquis 
toute leur grofteur , ils fortent de la 
liqueur ; ils s'attachent aux parois Se. 
au couvercle des vaifieaux , & fe trans- 
forment bientôt en Chryfalides , dont 
la grolTeur égale à peine celle d'un 
grain de Moutarde. Le temps étant 
arrivé qu'il doit en éclorre de petits 
infectes , c'çft-à-dire dans les mois de 
Juillet & d'Août, l'efpece d'étui qui 
les renfermoit fe déchire à fa partie 
fupérieure , où la tête de ces infectes 
fe trouve placée, Se ils en fortent fous 
la forme de petites Mouches , qui ont 
à peine la grofleur de la plus petite 
Lentille , Se qui volent çà Se là en agi- 
tant leurs ailes avec la plus grande 
vivacité, fans faire cependant le moin- 
dre bruit j mais elles voltigent pendant 
quelque temps , toujours autour de ces 
ciêmes vaifieaux remplis de vinaigre , 
pu elles ont pris naiflance , & d'où 
elles ne s'écartent jamais beaucoup. 
Elles femblent fe nourrir des vapeurs 
qui s'en exhalent Se paroiflent craindre 
<3e s'expofer à l'air froid : elles rentrent 
enfuite dans le vaiiïeau plein de vi- 
naigre Se s'y accouplent, y produifent 
de petits Vers, Se meurent prefqu'aufiî- 
jtôt. Cette Mouche , comme nous Va,r 
•vons dit, eft très-petite, Se peutêtrç 
la plus petite de toutes les Mouches. 
Ses yeux font d'un rouge couleur dç 
feu ; fon dos eft jaunâtre & convexe ; 
fa queue eft traverfée de fix raies noires 
comme celle des Guêpes , & de la 
même couleur que fon dos. Ses ailes, 
plus longues que fon corps ne femble 
l'exiger, font parfaitement tranfpa- 



rentcs,ont des couleurs changeantes qui 
reprékntent celles de l'arc-en-ciel ,8c 
quatre ou cinq nervures d'un pour- 
pre brun. Onapperçoit de côté & d'au- 
tre quelques poils fur le dos 5c iur la 
tête de cet infecte ; & il a entre les 
yeux deux petits corps ronds Se fail- 
lans , aiuii garnis de poils, qui tiennent 
peutêtre lieu de narines à ces Mou- 
ches , Se dans lcfquels l'air acide qu'elles 
paroiffent refpirer, reçoit quelque al- 
tération : elles n'ont point de trompe , 
mais elles ont en fa place un autre pe- 
tit corps Spongieux, qui, lorfqu'il s'ou- 
vre , reiîemble à la bouche d'une Lam- 
proie , avec lequel elles fe tiennent 
fortement attachées aux côtés des vaif- 
feaux , ou elles fucent par le moyen 
de cet organe l'humidité acide qui s'en 
élevé. Le ventre de cette Mouche eft 
ablolument jaune. 

MOUCHAS GALLINSECTES 
DU PECHER : Ce font de jolies 
Mouches à deux ailes , dont le corps , 
la tête, le corfelet & les fix jambes, 
font d'un rouge foncé : leurs ailes font 
grandes proportionnellement à la gran- 
deur du corps ; elles lont du double 
plus longues. Ces ailes font parallèles 
au plan de pofition , ou fur lequel la 
Muuche fe trouve , Se elles font croï- 
fées fur le corps de manière que la 
fupérieure cache l'inférieure prefqu'en- 
tierement: elles font moins tranfpa- 
rentes que celles des Mouches ordi- 
naires; elles font blanches d'un blanc 
fale , excepté leur côté extérieur , bor- 
dées d'une bande d'un rouge qui appro- 
che de celui du carmin. Ce qui carac- 
térife encore les petites Mouches de 
cette efpece , ce font deux filets blancs 
qui partent de leur derrière , & qui 
font à-peu-près du double plus longs 
que les ailes : ils font écartés l'un de 
l'autre , & plus écartés vers leur ex- 
trémité qu'à leur origine. Entre ces 
deux filets eft une forte de queue , faite 
en manière d'aiguillon , d'une longueur 
égale à celle d'un tiers ou d'un quart 
d'un des filets blancs, Cette efpece d'ai- 



MOU 

Buillon > plus gros , comme tous les ai- 
guillons , à fa bafe qu'à fon extrémité » 
fe recourbe un peu en deflous. Les an- 
tennes de cette Mouche font grainées 
à longs grains, chargées de chaque côté 
de poils , qui paroiflent plus gros vers 
le bout , qu'à l'endroit de leur infertîon. 
Ces Mouches deviennent des Nym- 
phes , qui fortent de leurs dépouilles, 
pendant que d'autres Gallinfectes , qui 
deviennent plus grottes , pondent leurs 
oeufs fans fe transformer. Ainfi celles- 
ci font les femelles , Se les Mouches 
font les mâles. 

MOUCHES GALLINSECTES 
DU KERMÈS : Parmi les Mouches 
qui fortent du Kermès , la plus noble 
des Gallinfectes , il y en a une dont 
les ailes font blanches , & qui a tant 
de rapport avec la M\ u ke précédente, 
dit M. de Réaumur, qu'on n'hé- 
fitera pas à la prendre pourunlecond 
exemple de Mmuhes qui fervent à 
féconder des Gallinfectes. M. ÉmeriC 
décrit deux efpeces de Nymphes qu'on 
trouve dans certains grains de Ker- 
mès , qui fe transforment en deux pe- 
tites Mouches de différentes efpeces , 
qui toutes deux ont de commun de 
fauter comme des Puces , ou comme 
des Sauterelles-Puces. L'une , c'eft 
celle dont je viens de parler , eft d'un 
blanc fale , Se l'autre eft d'un noir de 
Jayet. Celle qui a les ailes blanches , 
les a comme celles des Mouches Gal- 
linfectes , plufqu'hémilpnériques. C'eft 
cette Mouche , Se quelques autres , dit 
M. de Réaumur , qui ont fait croire 
à quelques Sa vans que le Kermès étoit 
une véritable Calle. 

MOUCHES de Vers fans jambes 
defiructeurs de Pucerons. Ce font toutes 
Mouches qui n'ont que deux ailes. Plu- 
fieurs approchent de la grandeur, de 
la couleur , Se de la figure des Guêpes 
ordinaires. Un des caractères princi- 
paux des Mouches de ce genre eft 
d'avoir le corps très-applatî, La Mou- 
che , qui vient des Vers jaunâtres avec 
des raies ondées , a alternativement 



MOU 



143 



fur le deflfus de fon corps des bandes 
tranfverfales noires & des bandes jau- 
nes , trois ou quatre de chacune de ces 
couleurs , Se à-peu-près égales en lar- 
geur. Dans d'autres de ces Mouches , 
le nombre des bandes colorées fe mul- 
tiplie. Une large bande jaune eft fui- 
vie de près d'une autre bande noire 
plus étroite , ou plutôt d'un filet noir. 
Les plus groiles Mouches de cette ef- 
pece font celles qui viennent des Vers 
qui ont une raie blanche ou jaunâtre 
tout le long du dos , & qui par-tout 
ailleurs font d'un beau verd. Le fond 
de leur couleur eft noir , ou plutôt 
d'un brun noirâtre. Surla partie fnpé- 
rieure de chaque anneau , elles ont 
deux taches courbes, dont la concavité 
eft tournée vers la tête. 11 relte uir 
efpace brun entre ces taches. Toutes' 
les Mouches de ces Vers ont encore 
de commun de voltiger au-dcfïïis des 
plantes Se des fleurs comme en pla- 
nant. Quelques-unes s'y tiennent 
comme fufpendues pendant du temps, 
par le mouvement de leurs ailes. 

GoEdard a obfervé & admiré 
l'accroiifement fubit qui fembie fe fai- 
re dans des Mouches qui lui étoient 
venues des Vers mangeurs des Puce- 
rons de Sureau , & des Vers mangeurs 
des Pucerons du Saule. A peine ont- 
elles un quart-d'heure de vie de 
Mouches , qu'on les voit au moins do,' 
double plus longues Se plus groffes , 
qu'elles n'étoient quelques inftans 
après être fortics de la coque. Cet ac- 
crohTement ne lui a point paru réel;par 
l'expérience qu'il a faite , il a vu que 
l'infecte dans ce premier inftant rtfpi- 
roit plus d'air, & que cet air intro-- 
duit ou raréfié dans le corps , l'obli- 
geoit à s'étendre. Le corps des Mou- 
ches de cette efpece , qu'il a gardées ,. 
s'eftapplari peu-à-peu ; Se de pareil- 
les Mouches , qui ont vécu libres , Se 
qu'on voit voler autour des arbres Se 
des plantes , ont de même le corps- 
plat. On voit dans l'intérieur de ces 
Àlottches des fingularités , dont parle 



144 MOU 

M. de Ri au mur dans PHîftoir e 
générale des Mouches à deux aller. 

La Mouche , qui vient d'un Ver 
mangeur des Pucerons qui eft hériffé 
d'épines , eft beaucoup plus petite 
que celles dont je viens de parler. 
Elle n'a d'ailleurs rien de fort remar- 
quable. Le deflus 8c le deflous de fbn 
corps font d'un noir éclatant , tel que 
celui des vernis. Ce noir n'eft caché 
qu'au bord des anneaux , qui ont cha- 
cun une petite frange de poils blan- 
châtres. Les différences qu'il y a entre 
ces Mouches qui viennent de Vers 
fans jambes , font légères , Se par-li 
auffi difficiles à décrire , dit M. D E 
.R é a u M u R , que peu propres à in- 
téreffer. 

MOUCHES DE SAINT 
MARC : Le même Académicien 8c 
Obfervateur { Mémoire II. Tome V. ) 
conferve à ces Mouches le nom qu'el- 
les portent en quelques Provinces du 
Royaume , comme en Poitou Se en 
Touraine , apparemment pareequ' elles 
paroiflent des premières au printemps 
Se vers la fête de Saint Marc. On voit 
fbuvent ces Mouches à deux ailes fur 
les fleurs, Se fur les bourgeons des 
arbres. On les aceufè" de faire tort à 
ces boutons , Se de faire périr les fleurs. 
Ce font des Mouches de grandeur mé- 
diocre , bien plus petites que les 
grolfes Mouches bleues. Elles font de la 
féconde claffe générale de celles des 
Mouches , lefquelles ont une bouche 
fans dents;mais elles peuvent avec leur 
bouche exprimer le fuc des bourgeons, 
ainfi que celui des fleurs qui ne font 
pas épanouies, & peutêtre y occafion- 
ner , dit M. jd E R É A u M u r , un 
defféchement qui les fait périr. La 
itructure de leur bouche reffemble fort 
à celle des Tipules. Leurs antennes 
font peu longues, & n'ont d'ailleurs 
rien de fingulier. Le mâle a une tête 
beaucoup plus groffe que celle de la 
femel'e. Les yeux à réfeau du mâle 
font aufli plus gros. Dans plufieurs ef- 
£e<es de ces Mouches les yeux font 



MOU 

noîrs. Ces Mouches portent ordinaire^ 
ment leurs ailes de manière qu'une 
des deux couvre l'autre prefqu'en en- 
tier. Celle-ci ne paroît qu'auprès de 
fon origine , Se à fon extrémité. Ces 
Mouches volent d'affez mauvaife grâce. 
Quand elles font en l'air , leur corps 
fcmble y être pendant. M. de Réau- 
mur n'a connu de ces Mouches que; 
de deux couleurs. Les unes font noi- 
res 8c d'un très-beau noir , 8c les au- 
tres ont le corps Se le corfelet rou- 
geâtres. Il dit en avoir obfervé des 
unes Se des autres de grandeurs très- 
différentes , Se qui font de différentes 
efpeces. Il y en a des efpeces au(13 
petites que les petites efpeces de Ti- 
pules & que les Coufins , & on ne les 
diftîngue des unes & des autres , que 
quand on examine à la loupe, ou au 
microfeope , la forme de leur corps. 
Ces Mouches viennent , comme les 
Tipules, de Vers qui fe tiennent fous 
terre , qui s'y nourriffent d'une efpece 
de terreau ou de terre , Se qui pour- 
tant s'accommodent d'une matière qui 
paroît contenir des fucs plus aifés à 
extraire. Voyez fur ces Mouches le 
Mémoire ci-deffus cité. 

MOUCHES en forme d'Abeil- 
les : Ce font des Mouches à deux ailes, 
dont la reffemblance eft. fi grande avec 
les Abeilles, que M. de Réaumur. 
(Tome IV. Mémoire XI. > avoue n'avoir 
pas oie plufieurs fois prendre avec la 
main de ces Mouches Abeilliformes , de 
peur que ce ne fuflent des Abeilles. 
Les couleurs , les grandeurs, les figu- 
res & les proportions des différentes 
parties de ces Mouches de deux claf- 
fes fi différentes , font à-peu-près les 
mêmes. Les Abeilles ont cependant le 
corps un peu plus allongé : elles font 
moins grofîes ; elles ont fur-tout la 
tête plus petite , proportionnellement 
à leurs autres parties , que la tête des 
Mouches qui leur reffemblent. Ces der- 
nières Mouches d'ailleurs tiennent tou- 
jours leurs ailes parallèles au plan de 
pofition , mais en dehors de leur corps. 

Enfin 



MOU 

Enfin ces Moucher à deux ailes Ce com- 
portent fur les fleurs , qu'elles cher- 
chent, Se qu'elles aiment beaucoup , 
à-peu-près comme les Abeilles. Si 
elles ne fongent point à y faire une 
récolte de cire , elles ont une trompe 
avec laquelle elles favent en tirer le 
miel, La trompe de ces Mouches n'eft 
pas accompagnée de dents. Leur corps 
eft un peu plus court que celui des 
Abeilles , Se plus applati. 

Il y a plufieurs efpeces de ces Mou- 
ches. Ray en a décrit fix différentes 
dans fon Hifloire des lnfetles. On en 
peut ajouter à ce nombre , dit M. de 
R é a u m u r. Elles différent entr'el- 
les en grandeur. Quelques-unes de ces 
efpeces font plus petites que les gref- 
fes Mouches bleues : mais la plupart 
des autres les égalent où les furpaf- 
fent en grandeur. Ces efpeces différent 
aufïï entr'elles par des nuances de 
couleur brune , Se quelques autres ef- 
peces du même genre ont des taches 
très-noires & d'autres très-jaunes, qui 
les éloignent beaucoup de la couleur 
des Abeilles. Les Vers , d'où provien- 
nent ces Mouches , Se qu'on appelle 
des Vers à Pourceaux , pareequ'on les 
trouve dans la matière dont ces ani- 
maux fe ragoûtent ; ces Vers , dis -je , 
n'ont pas été inconnus à Goedaru , 
ni à M e Me r i an , ni à Albin. 
M. de R É a U m u R en donne l'Hif- 
toire dans le Mémoire ci-delfus cité. 

MOUCHES en forme de Guê- 
pes : Ce font des Mouches à deux ai- 
les , qui ont une forte de refTemblance 
avec les Guêpes. Elles proviennent de 
Vers à queue de Rat. Le corps un 
peu long , marqué de jaune Se de noir , 
eft ce qui frappe le plus dans la Guê- 
pe , Se on trouve tout cela dans la 
Mouche à Ver à queue de Rat. Plufieurs 
efpeces de Mouches , qui viennent des 
Vers mangeurs de Pucerons , ont aufli 
cette reflemblance groulere avec les 
Guêpes. 

Il y a une Mouche d'un autre genre, 
qui refTemble fi fort à une petite Guê- 
Tome UL 



MOU i 4S 

pe, que M. deRéaumur dît ne l'avoir 
jamais prife , en fe fervant des doigts , 
qu'avec les précautions avec lefquel- 
les on prend une Mouche armée d'un 
aiguillon , Se il ne s'eft affuré qu'elle 
en étoit dépourvue , qu'après avoir 
reconnu qu'elle n'avoit que deux ai- 
les. Ses antennes font aufTi de celles 
qui font les plus ordinaires aux Mou- 
ches de cette dernière claffe ; elles 
font à palettes , mais à palettes très- 
allongées. Il ne donne point l'Hiftoire 
de cette Mouche , n'étant point par- 
venu à la faire naître chez lui. 

MOUCHES en firme de Fre- 
lons: Les Frelons font du genre des 
Guêpes ; j'en ai parlé au mot G U E- 
PE, d'après M. de R é a u m u r. 
Ils ne différent prefque des Guêpes 
les plus communes que par leur gran- 
deur. Ils font mis au rang des grof- 
fes Moiuhef à quatre ailes. 

11 y a une Mouche à deux ailes , qui 
ne le cède pas en grandeur aux Fre- 
lons , 8c qu'on ne peut gueres man- 
quer de croire être un Frelon, la pre- 
mière fois qu'on la voit pofée fur une 
plante. Elle y arrive & en part avec 
un bourdonnement d'ailes , femblable 
à celui des Frelons , avec lefquels elle 
a une grande reffemblance , par les 
couleurs de fem corps Se de fon cor- 
felet. Le jaune domine fur fon corps , 
mais il y eft coupé par deux larges 
raies tranfverfaleSj qui toutes deux font 
noires. Le corfelet eft noir, Se l'in- 
tervalle qui eft entre les deux yeux à 
réfeau eft jaune. 

MOUCHES en forme de Bour- 
dons : Ces Mouches à deux ailes ne 
différent des Bourdons , que parce- 
qu'elles n'ont point une trompe fem- 
blable à la leur , Si qu'une paire d'ai- 
les leur manque. Ces Mouthes , qui 
reffemblent aux Bourdons , différent 
entr'elles en efpeces Se en genres. Il y 
en a qui font de différentes claffes. Il y 
en a qui ont des trompes ; d'autres 
auxquelles on trouve î peine une bou- 
che. Toutes ont été des Vers de plu- 

T 



i4<? MOU 

fieurs efpeces» auxquels la Nature a 
affigné , pour les faire croître , des ha- 
bitations , qui ont paru bien fingulie- 
res aux Obfervateurs. Il y a de ces 
Mouches , qui naiffent de Vers qui 
prennent leur accroilfement dans les 
inteftins des Chevaux ; d'autres vien- 
nent d'une efpece de Vers qui ne fe 
trouvent bien que fous l'épaifTe peau 
des bêtes à corne ; d'autres font pro- 
duites par des Vers qui vivent de ma- 
tières végétales. M. de Réaumur 
donne l'Hilloire d'une de ces Mou- 
ches , dont le Ver fe tient dans l'inté- 
rieur de certains Oignons de fleurs , 
comme de Narciffe , & enfuite celle 
des autres Vers. Il appelle cette forte 
d'infecles , Mouches d'Oignons de Nar- 
cijfe , Mouches de Bœuf, Se Mouches 
de Cheval. Valisnieri paife pour 
avoir la premier connu la véritable 
Mouche qui occafionne la naiflance 
des tumeurs des bêtes à cornes. Il en 
a donné une Hiftoire curieufe & ïnté- 
reflante » Se ornée d'une agréable éru- 
dition : mais les Obfervations de M. 
de Réaumur ont été plus loin , 
tant fur cette Mouche de Bœuf , que 
fur celle qui vient dépofer fes œufs 
dans les inteftins du Cheval. Voyez 
fon Mémoire XII. du Tome IV. 

Les Anciens ont connu une Mou- 
che , qui par fes piquûres faifoit quel- 
quefois entrer en fureur les bêtes à 
cornes de leurs troupeaux. Les Grecs 
l'ont nommée (Eftraf , nom qu'ils ont 
enfuite ennobli, au figuré, en le don- 
nant à la fureur poétique: mais il eft 
ordinairement affez difficile de déter- 
miner l'infecte que les Anciens ont 
déterm'né par un certain nom , parce - 
que , dit notre favant Académicien » 
ils ont rarement pris la peine de bien 
décrire cet infeéte , & que même ils 
en ont fouvent rapporté des chofes , 
qui le font méconnoître. Ainfi Pline 
veut q-ie VfEftros des Grecs fbit le 
Tabanus ou i' ifylus des Latins. Les 
Naturalises conviennent cependant 
«tue h Tabanus , su Taon » «jui eft une 



MOU 

Mouche bien connue , eft différent de 
l'AJylus : mais ils ne conviennent pas 
de la Mouche , à laquelle le nom d'A- 
fylus eft propre. Valisnieri veut qu'il 
foit donné à cette Mouche qui occa- 
fionne la production des tumeurs des 
Boeufs. Swammerdam donne le nom 
à'AJylus à une Mouche qui vient des 
Vers aquatiques , & que M. de Réau- 
mur nomme Mouche à corfelet armé. 
Ce grand Obfervateur eft du fentîment 
de Valisnieri , & il appelle en Fran- 
çois Afyle cette Mouche de Bœuf. 

MOUCHE du Ver du nez. des 
Moutons : Cette Mouche n'eft pas du 
genre de celles qui ont l'air de Bour- 
dons , & dans lefquelles fe transfor- 
ment les Vers des tumeurs des Bœufs,. 
& ceux qui naiffent dans les inteftins des 
Chevaux ; mais elle eft au moins de 
la même claffe. Les cavités, ou finus» 
qui font au haut du nez du Mouton „ 
ainfi que les (mus frontaux , font le 
lieu où fe tiennent les Vers , d'où for- 
tent ces Mouches , Se où ils prennent 
leur accroilfement. Ces finus , dont la 
capacité eft afiëz confidérable , font 
remplis d'une matière blanche & mol- 
le , qui eft un affemblage de glandes, 
abbreuvées d'un mucilage , que les 
Moutons rendent par le nez. C'efi de- 
ce mucilage que les Vers fenourrif- 
fent , jufqu'à ce qu'ils aient toute la 
grandeur à laquelle ils doivent par- 
venir. Quand ce temps eft arrivé , ils 
fortent du nez du Mouton ; ils vont 
chercher de la terre, dans laquelle ils 
s'enfoncent Se fe cachent. Là , ils paf- 
fent tranquillement par les différena 
états , qui les conduifent à celui de 
Mouches. La Mouche femelle , après 
avoir été fécondée par le mâle , fait 
que c'eft dans le nez des Moutons» 
qu'elle doit aller pondre , pour que les 
Vers , auxquels elle donnera naiffan- 
ce , puiflent devenir Mouches à leur- 
tour. Cette Moul he, dans tout le temps 
de fa vie , comme dans celui où elle 
vient de naître , a un air pareffeux r 
elle cherche rarement à faire ufage die. 



MOU 

&s jambes & de fes ailes. M. de Réau- 
MUr a gardé en vie chez lui pendant 
plus de quinze jours une de ces Mou- 
ches, Voyez le Mémoire XII. Tome IV. 
p, Valisnieri eft le premier qui 
ait donné la véritable Hiftoire des Vers 
qui donnent ces efpeces de Mouches. 
Ils ont aufli été connus des Anciens. 
Un des plus célèbres Médecins Grecs, 
Alexandre Trallien, que 
M. F r e 1 N D place vers l'an 560. fait 
mention de ces Vers comme d'un re- 
mède contre l'épilepfie. 

MOUCHE ARAIGNÉE: 
■Cîtte Mouchi , dès l'inftant où elle 
fort de l'œuf, n'a plus à croître. Elle 
eft à deux ailes , plus petite que celle 
nommée Taon, Scplus grande que d'au- 
tres , aflez femblable à celles de nos 
appartemens. Dans l'été ces Mouches 
s'attroupent 8c forment de grandes pla- 
ques fur le col , les épaules 8c fur d'au- 
tres endroits du corps du Cheval. C'eft 
aux parties des Chevaux les moins dé- 
fendues par le poil qu'elles s'attachent 
plus volontiers. Elles fe tiennent fou- 
vent fous le ventre , entre les cuifles 
poftérieures, ou fur la face intérieure 
des cuifles mêmes. Quelquefois elles 
pafTent fous la queue du Cheval , & 
c'eft alors qu'elles l'inquiettent davan- 
tage. Si on fe contente de les chaiTer , 
après un vol très-court elles revien- 
nent fur le Cheval , qu'elles fuivent 
obftinément. Les Chevaux ne font pas 
les feuls animaux auxquels ces Mou- 
ches en veulent. On en trouve aflez 
fouvent fur les bêtes à cornes , & à la 
campagne elles fe tiennent quelque- 
fois fur les Chiens ; aufli un de leurs 
noms eft celui de Mouches de Chien. 
Leur forme eft propre à les faire diftin- 
guer de beaucoup d'autres Mouches. 

Selon la defcription que M. D E 
Réaumur( Mém. IV. Tome VI. ) 
en fait dans fes Mémoires pour fervir 
à l'Hiftoïre des Infectes, elles ont un 
air plus applati que celles qui {è trou- 
vent fur la viande & que celles de nos 
appartemens. Leur corps touche pref- 



M O U t 47 

que la furface fur laquelle elles fant 
pofées , quoique leurs jambes loient 
longues ; mais c'eft qu'elles les por- 
tent loin du corpi. Elles s'en fervent 
pour marcher vite , & elles marchent 
volontiers , lorfque les doigts qui les 
ve ulent faifir s'approchent d'elles. Pour 
fuir elles employent plutôt leurs jam- 
bes que leurs ailes. Quand on leur a 
arraché celles-ci, leur corps applati, 
la longueur Se le port de leurs jambes , 
leur donnent une forte de reflemblance 
avec des Araignées de quelques efpe- 
ces , qui ont le corps plat 8c qui s'é- 
lèvent peu fur leurs jambes. C'eft ce 
qui fait que le nom de Mouches Arai- 
gnées , dit M. deRéaumur, parolt 
allez leur convenir , 8c à d'autres Mou- 
ches du même genre. On leur a donné 
plufieurs noms en différens endroits du 
Royaume; en Normandie , par exem- 
ple , on les appelle Mouches Breton- 
nes ; ailleurs Mouches d'Efpagne , Se 
Mouches de Chien. 

Le bout de leur corps eft plus large 
que ce qui le précède. A fon milieu , 
du moins en certain temps , paroît une 
échancrure, qui pourroit les faire ap- 
peller des Mouches en cœur. Leur tête 
bien plus petite , par rapport au vo- 
lume du corps , que celle du commun 
des Mouches , tient de la figure trian- 
gulaire. Le delTus du corfelet eft plat 
8c très-luifant , quoiqu'il ait quelques 
poils; mais ce n'eft qu'avec la leupe 
qu'on les découvre : il eft fille nnâ 
tranfverfalement en ligne droite & en 
trois différens endroits. Sa couleur do- 
minante eft un caffé brun , fur lequel 
font jettées des taches d'un blanc jau- 
nâtre : quatre de ces taches font plus 
remarquables que les autres; deux font 
placées dans la ligne du dos, & deux 
courbées en arc fe trouvent fur les 
côtés, aflez près de la tête. Le corps 
eft encore plus plat que le corfelet , 
fur-tout par deflùs ; car ledeflbus eft 
un peu renflé tk tire fur le blanchâtre : 
le deflùs eft brun , chargé de poils fur 
l'un 8c l'autre de fes côtés & prefque 

Tij 



i 4 8 MOU 

ras au milieu : il n'a nulle partie luifant 
du corfelet : dans les états ordinaires 
il eft plus large que long. Celui des 
femelles prêtes à pondre s'allonge un 
peu , mais plus fur les côtés que dans 
la ligne du dos, d'où il arrive que 
l'anus fe trouve dans un enfoncement, 
Se que le corps tient de la figure d'un 
cœur, ou de celle du corps de certai- 
nes Araignées. Ordinairement leur ven- 
tre eft peu rempli de matières fuccu- 
lentes ; ce qui fait que ceux qui les 
prennent furies Chevaux , les trouvent 
difficiles à écrafer. Les doigts entre 
lefquels elles gliffent ont peine à venir 
à bout de les tuer. 

Dans tous les temps où elles ne fê 
fervent pas de leurs ailes pour voler, 
elles les portent crcifées fur le corps , 
au-delà du bout duquel elles vont à 
une diftance égale à la moitié de fa 
longueur.Leurs jambes, que nous avons 
déjà dit être longues , font d'une cou- 
leur plus claire que celle du corfelet, 
d'un jaunâtre aflez clair. Chacune fe 
termine par deux grands crochets très - 
courbes vers leur origine , mais dont 
la plus longue 8c dernière partie eft 
prefque droite. 

M. de Réaumur n'a point. re- 
marqué à ces Mouches de petits yeux. 
Leurs yeux à réfeau s'étendent depuis 
le devant jufqu'au derrière de la tête: 
ils font bruns. Le deffus de la tête eft 
plus blanchâtre Se forme une efpece 
d'enfoncement. Cette Mouche a paru 
à- cet Obfervateur dépourvue d'an- 
tennes. En devant , la tête a une efpece 
de bec , ou plutôt paroît en avoir un 
affez long : il eft formé par deux pe- 
tites palettes de figure ovale , d'un 
noir luifant , pofées fur une même 
ligne horifontale , ms-pres l'une de 
l'autre ,. & qui dan les temps ordi - 
naires s'appliquent l'une contre l'au- 
tre : elles ont quelque reffemblance par 
leur figure avec les antennes à palet- 
tes des Mouches a deux ailes ; mais el- 
les font autrement ii'tuées & ont un 
tout, autre ufage. Enfemble elles com- 



MOU 

pofent l'étui d'une trompe extrême- 
ment délié. On la voit fouvent fortir 
d'entre les deux palettes Se fe porter 
à une ligne ou deux par d e-là. Elle eft 
fi fine , qu'on la prendrok pour un 
poil, fi on lui voyoit conftamment la. 
même longueur : à peine a-t-elle la 
groffeur d'un cheveu. La Mouche l'al- 
longe 8c la racourcit à fon gré , 8c elle 
la fait difp aroître totalement quand el- 
le veut. Telle eft la defeription que M.- 
de Réaumur fait de la Mouche 
Araignée , ou en cœur. 

Elle n'eft pas rare : on en voit quel •• 
ques-unes au printemps ; mais c'elfc 
en été & fur-tout en automne qu'elles 
font le plus communes. Les femelles, 
pondent un œuf de la groffeur d'urt- 
pois ordinaire : il n'a du noir qu'à fon: 
bout le plus menu Se échancré : tout, 
le refte eft blanc. Il ne fort point de 
cet œuf un Ver Se enfuite une Nym- 
phe. Cette Mouche fort de fon œuf fous 
la forme d'une Mouche , comme le 
Poule; fort Poulet du fien, avec cet- 
te différence que le Poulet eft bien 
éloigné de la grandeur de laPoule Se 
encore plus de celle du Coq , & que: 
nos Mouches Araignées naiifent abso- 
lument auflî grandes que les Mouches 
pères Se les Mouches mères , à qui el- 
les doivent le jour. Ce font les obfer- 
vations que M. de Réaumur a faites,. 
Les œufs de ces Mouches Araignées 
comme les œufs les plus connus , ref- 
tent tels qu'ils étoient quand ils ont 
été pondus. Tout ce qui leur arrive 
c'eft que leur coque prend une teinte 
brune en moins d'une heure : au bouc 
de deux ou trois heures elle eft rou— 
geârre , . & enfin en moins d'un jour en- 
tier , Se quelquefois dans un demi- 
jour , elle devient du plus beau noîn. 
Elle fe defféche Se acquiert plus de 
confiftance Se de dureté qu'elle n'en 
avoit d'abord , Se l'intérieur de cette, 
coque a afTez de capacité pour renfer- 
mer une Mouche auffi complette Se auffi: 
grande que celle par qui l'œuf a été 
gondu. Dans les obfervations que M,. 



MOU 

ee Ré au mur a faîtes en ouvrant 
des œufs de Mouches Araignées , il a 
trouvé de ces Mouches fous la forme 
de Nymphes, dont les parties étoient 
très - diftincres , très - reconnoiffables 
pour celles d'une Mouche , Se auxquel- 
les il manquoit peu du côté de la con- 
fiftanee , Se dans aucun de ces œufs 
il n'a jamais découvert de Vers ; ce 
qui prouve que de la liqueur contenue 
dans ces œufs fe forme une Nymphe ,. 
fans paffer auparavant par l'état de 
Ver, 8c que cette Nymphe devient 
nne Mouche:- 

Parmi ces Mouches, comme parmi 
«elles de la plupart des efpeces con- 
nues, il y a des mâles & des femelles. 
La femelle qui vient de pondre ne 
fiirpane pas fenfiblement le mâle en 
grandeur & n'offre pas d'ailleurs des 
différences marquées. 

MOUCHES ARAIGNÉES 
des nids d' Hirondelles, La manière de 
naître de ces Mouches eil la même que 
celle des Mouches Araignées de Che- 
vaux , dont nous venons de parler. 
Elles font d'une autre efpece , mais 
du même genre , & elles n'en différent 
que parcequ'elles ont des ailes plus 
étroites. C'eft dans les nids des Hiron- 
delles qu'elles fe tiennent. C'eft dans 
ces mêmes nids que M. de Réaumur 
3 trouvé" des grains aufli luifans que 
s'ils euffent été des Jais , plus gros que 
k corps des Mouches mêmes : ce font 
leurs œufs. 

Tentes MOUCHES: M. de 
R é a umur( Mém. IL TomeV.)~ 
parle d'une efpece de Mouches qui ne 
font , dit -il, que de vrais Mouche- 
rons. Llles font plus petites que les- 
plus petites Tipules. Lorfque leurs 
ailes font pofées fur leur corps , à peine 
font-elles auffi groffes qu'une groffe 
tête d'épingle. Avec une loupe notre 
ûvant Obfervateur a remarqué qu'el- 
les appartiennent à la première des 
elaffcs générales ; qu'elles n'ont qu'u- 
ne trompe affez femblable à celles des' 
Mouches bleues de là viande , 8c quelles 



MOU 142 

font de la première des claffes fubor- 
données à la claffe générale des Mou-' 
ches à corps court. Ces fortes de Mou-* 
ches aiment l'efpece de lie de vin dé- 
pofée fur les tonneaux d'où on tire 
le vin avec un robinet. Elles aiment le 
marc de raifin qui s'aigrit , Se en gé- 
néral elles aiment les liqueurs qui ont? 
été fucrées , lorfqu'elles viennent à- 
s'aigrir. Le corps Se le corfeiet de cette 
petite Mouche font jaunâtres ; fes yeux - 
à réfeau font d'un rôuge qui n'eft pas" 
d'une beile nuance , mais qui fait pour- 
tant qu'on les remarque plutôt que 
ceux des autres. Les ailes qui ordinai- 
rement fe croifent fur le corps, ont 
des couleurs d'iris. M. de Réaumur' 
n'a pu s'affurer fi elles font vivipares 
ou ovipares. 

MOUCHE TRUFLE: M. 
de Réaumur ( Mém. II. J-ome V\ 
p. 6"40 dit que les> Trufles font re- 
cherchées par des efpeces de Vers ,~ 
qui deviennent des Mouches a deux 
ailes. Elles ont des poils longs , gros. 
Scroides, femés fur le corps , le cor- 
felet Se la tête. La couleur du corfelet 
Se celle du corps eft un rougeâtre poin- 
tillé de brun. Les antennes font à pa- 
lettes plates Se ovales. Cette Mouche 
eft de la première claiîe générale des 
Mouches à deux ailes. Elle a une trom- 
pe charnue Se n'a point de dents, 

MOUCHE à deux ailes & £ 
corps long , qu'on trouve fur les Char-- 
milles , dès qu'elles commencent à-être 
couvertes de feuilles. La trompe de 
cette Mouche eft autrement conftruite 
que les différentes efpeces de trompes- 
de Mouches à deux ailes. Elle eft ordi - 
nairement logée dans un long étui , qui 
tout du long & en deffus a une cou — 
liffe, qui la reçoit Se qui lui permet 
de fortir. Quand cette trompe eft hors, 
de fon étui & développée , on voie 
qu'elle eft compofée de quatre pièces, 
toutes d'une forte de corne , dont l'u- 
ne eft plus longue Se plus forte que' 
les autres Se deux plus courtes Se très-- 
fines ,> Se la- quatrième, un peu> plu3- 



MOU 



grotte & un peu plus longue que le* 
deux précédentes , mais plus mince & 
plus courte que la première. 

MOUCHES DE RIVIERE: 

On en voit beaucoup voler fur la fin 
de l'été. Elles ont les yeux grands , le 
dos rond, le ventre plat & fix pieds : 
ceux de devant font plus grands. Ces 
Mouches étendent leurs deux ailes pour 
nager : c'eft ce qui fait qu'elles nagent 
fur l'eau Se volent en l'air. Elles ont 
des lignes vertes & noires au dos , dit 
G e s n E R , de Aquat. p. 6^6. 

Mouches a quatre ailes. 

Après avoir parlé des Mouches à 
'deux ailes ,M. de Réaumur met 
dans l'ordre qui fuit celles qui en ont 
quatre , & voici comme il les divife. 

MOUCHES ICHNEUMONS : 
C'eft d'après les Naturalîftes , 8c fur- 
tout les Modernes » que M. de Réau- 
mur (Mém. IX. Tome VI) donne le 
nom à' Ichneumonsïàzs Mouches, dont 
plufieurs donnent pour nid à leurs pe- 
tits l'infecte même dont ils doivent 
fë nourrir ; en général les Mouches 
Ichneumons ont recours à trois moyens 
différens pour arriver à leur fin, & tous 
trois également fûrs. Les unes favent 
loge; leurs œufs dans l'intérieur d'un 
infecte, qui eft encore fous fa premiè- 
re forme , Se qui par conféquent a en- 
core à croître. Elles portent à leur 
partie poftérieure une efpece d'aiguil- 
lon , capable de pénétrer dans des 
corps plus durs que les chairs contre 
lefquefles il doit agir. Des Ichneu- 
mons de plufieur^ autres efpeces ont 
une manière plus fimple de placer 
leurs œufs. Ils fe contentent d'en col- 
ler un ou plufieurs fur le corps des 
infectes qu'ils ont deftiné? à nourrir le 
petit qui doit fortir de chacun. D'autres 
Ichneumons , 8c c'eft la troifieme ma- 
nière dont ils favent pourvoir à la fub- 
fiftance de leurs petits, font à l'affût 
des nids que la plupart des infectes 
préparent aux leurs. D'autres Ichmil- 
mom > qui ne font pas inftruits â trom- 



M O U 

per la vigilance de l'infecte » qui par 
nécelîïté abandonne pour quelques inf- 
tans le nid auquel il travaille , par- 
viennent par une autre voie à loger 
leur œuf à côté de celui qui eft dépo- 
fé dans un nid. Ces Ichneumons , com- 
me les premiers , font munis d'un ai- 
guillon, ou d'une tarriere , capable de 
percer des corps plus durs que les 
chairs d'un animal , & d'une longueur 
propre à traverfçr des épaiffeurs auflU 
confidérables que celles des plus fo- 
lides parois des nids. Ils font pénétrer 
leur tarriere dans des nids , qui ont 
d'épahTes enveloppes , foit de bols » 
foit de terre , foit de fable , foit de 
mortier le plus compacte. La tarriere 
porte dans l'intérieur du nid où elle 
s'eft introduite, un œuf d'où fort par 
la fuite un Ver vorace. 

Enfin fous le nom d' Ichneumons font 
comprifes des Mouches qui différent 
affez par leur forme , pour être mifes 
en des genres différens. M. de Réau- 
mur les range fous deux genres prin-» 
cîpaux , caratiérifés par la manière 
dont les femelles portent cet inftru- 
ment fi effentiel , au moyen duquel 
elles parviennent à loger leurs œufs 
convenablement. Les unes , ce font 
celles que cet Obfervateur met dans 
le premier genre , ont une longue 
queue , compofée de trois filets fi fins * 
qu'ils peuvent être pris pour des poils. 
Les Naturalîftes, en parlant de quel- 
ques Mouches qui avoient cette queue , 
les ont défignées par le nom de Mufca 
triplis. R a ï les a placées parmi les 
Ichneumons. Les trois poils de quel- 
ques-unes font extrêmement longs , 
une Se même deux fois plus longs que 
le corps , le corfelet & la tête pris en- 
femble. M. deRéaumur avec une 
forte loupe a examiné à quelle lin ils 
font faits. Les deux des extrémités font 
deftinés à conferver celui du milieu , 
Se à lui faire un étui. Ce filet du milieu 
lifte & aftez arrondi dans la plus grande 
partie de fa longueur, s'applatit près 
defonbout &fe termine par une poia* 



MOU 

te quelquefois faîte en bec de plume , 
& fur laquelle, avec le fecours de la 
loupe , on diftmgue des dentelures , 
qui font juger que malgré fa finefle , 
ce filet eft un inftrument analogue à 
l'admirable tarriere dont font pour- 
vues les femelles des Cigales. Quoique 
délicat & flexible, les Icbneumons fa- 
vent l'introduire dans des corps très- 
durs. Quand la Mouche ne cherche pas 
à le faire agir, il eft renfermé dans 
l'étui, qui n'eft fait que de deux espè- 
ces de poils creux , & la Mouche ne 
femble plus avoir pour queue qu'un 
poil , qui encore ne paroît pas fort 
gros. Quelquefois la tarriere n'eft lo- 
gée que dans une moitié de fbn étui , 
dans un des poils , & la queue ne fem- 
ble plus être cornpofée que de deux 
poils ; aînfi la même Mouche , vue en 
différens temps , a bien pu fournir, 
dit M. deRéaumur, les noms de 
Mouche à un poil , à deux poils Se à trois 
poils , noms que Mouffet a cru 
donner à des Mouches différentes. 

Les femelles des Icbneumons , que 
M. de Réaumur ralTemble dans 
le fécond genre , ont encore comme 
les autres une tarriere , mais elles la 
portent appliquée contre le deffous de 
leur ventre. Ordinairement fon bout 
n'excède pas , ou excède peu celui 
du corps. Elle eft logée dans une cou- 
lifte , faite de deux pièces , creufées 
en gouttières Se adhérentes au corps 
de la première partie , & quelquefois 
dans plus de la moitié de leur lon- 
gueur. C'eft ainfi qu'il caraftérife ces 
deux genres d' Icbneumons par ce qu'ils 
ont de plus remarquable , c'eft-à-dire 
en les ditlinguant par la façon dont les 
femelles portent leur tarriere. 

On distingue au premier coup d'œiL 
les Icbneumons , dont on n'a pas le 
temps d'examiner le fexe , des autres 
Mouches , avec lefquelles ils auroient 
quelque reffemblance , pareequ'ils agi- 
tent leurs antennes plus contimiement 
& plus vivement que ne font les autres 
Mouches, La plupart tiennent pareil- 



M O U 



lement leurs ailes dans une agitation 
continuelle , dans les temps où ils font 
pofes , & ou ils ne fongent nullement 
a voler. M. de Réaumur trouve 
encore un caractère aux Icbneumons, 
qu il n a trouvé à aucune Mouche d'un 
autre genre r foit que le corps des au- 
tres infectes ailés s'applique immédia- 
tement contre le corièlet , foit qu'il 
n y tienne que par un étranglement 
ou par un filet , c'eft toujours du bout 
du corfelet que le corps part : il n'y 
a au contraire , dit-il , que parmi les 
Icbneumons , qu'on trouve des Mou- 
ches, dont le corps eft emplanté dans 
le deffus du corfelet. Voyez la Plan- 

r I4 * & ** du To ™eIV- de 

Jes Mémoires , où un de ces Icbneumons 
eft repréfenté , & un autre d'une for- 
me plus finguliere , envoyé de Saint 
JJomingue. 

Parmi les Icbneumons à queue , il y 
en a qui mettent les Vers qui fortent 
de leurs œufs à portée de fe nourrir 
d un ou de plufieurs Vers de Guêpes : 
îls font de grandeur médiocre , & de la 
couleur d'un brun maron très-foncé. 
La partie du milieu de chaque anten- 
ne eft tout ce qu'ils ont de blanc. Des 
Icbneumons de même taHle , Se d'au- 
tres confidéraboment plus grands & 
qui ont des queues d'une longueur 
plus démefurée , cherchent à pourvoir 
leurs petits de Vers de différentes ef- 
peces , & leurs mères ont cru les loger 
bien fùrement , en les faifant naître au- 
deffous de l'écotee épaiffe de fore 
grands arbres , & dans l'intérieur du 
bois même. On voit de ces derniers 
Icbneumons roder autour des arbres 
comme les autres autour des murs: II y 
a des Icbneumons qui logent leurs œufs 
dans les corps des Chenilles , dont M. 
de Réaumur parle au Mémoire XI, 
du Tome IL 

Les mâles Icbneumons , du premier 
genre , font diftingués des femelles , 
en ce qu'ils n'ont point de queue. Le 
nombre des petites efpeces d'Ichneit- 
mons à queue eft prodigieux. N ous fea*? 



l5 i M O U 

devons l'avantage de ne pas voir tous 
ies fruits de la terre dévorés par les 
infectes ; la quantité que les efpeces 
A'Ichneumtms en font périr de tout gen- 
re chaque année , n'eft point conce- 
vable. ^ 

Parraî les Ichneitmons a queue des 
très-petites efpeces, comme parmi ceux 
des plus grandes Se des moyennes , 
les femelles portent , comme on la 
déjà dit , une queue , qui eft compofee 
de trois filets. Les unes n'ont pas ces 
trois filets plus longs , ou même les 
ont moins longs que leur corps; ceux 
des autres furpaffent deux ou trois fois 
le corps en longueur. Les couleurs de 
.beaucoup d'efpeces de petits Ichneu- 
.rnons n'ont rien de frappant ; ce font 
des bruns clairs , ou plus foncés , Se 
quelquefois du noir: mais les couleurs 
de ceux d'un grand nombre d'autres 
.efpeces font éclatantes : l'or y domine. 
Le corps Se le corfelet des uns font 
d'un verd doré, dont les nuances ne 
font pas toujours les mêmes; ceux des 
autres fout d'un rougeâtre doré. 

Voilà enabrégé l'Hiftoire des Ichneu- 
pions du premier genre ; ou à queue. 
Pafibns à ceux du fécond genre , qui , 
dans les temps ordinaires , tiennent 
l'inftrument avec lequel ils doivent 
percer, foit des corps animés , foit des 
corps inanimés , couché au moins en 
grande partie fous le ventre. Parmi 
ceux-ci, comme parmi les autres , on 
en trouve de différentes grandeurs , 
qui offrent beaucoup de variétés dans 
la forme du corps. Un des plus grands 
que M. d -E R É a u M u R ait vus & plus 
grand qu'aucun qu'il ait trouvé dans 
fe Royaume , lui a été donné , pris 
en Laponie par M. de Mauvertuis. 
Le volume de nos plus grands Fre- 
lons n'égale pas celui de Yhhneumon 
de Laponie. Son corps eft auiïi gros 
à fon origine , que l'eft l'extrémité du 
corfelet: il n'eft pas joint à celui-ci 
par une efpece de fil délié. La forme 
de fon corps n'eft pas ellipfoïde , com- 
me celle du corps des Frelons, 11 a plus 



MOU 

de diamètre de deiïus en deflbus , que 
d'un côté à l'autre , Se c'eft fur-tout 
vers le milieu du ventre qu'il en a le 
plus : c'eft de-là que part la tarriere : 
c'eft-là qu'elle eft aflujettîe : depuis 
cet endroit jufqu'au bout du derrière , 
le ventre femble coupé obliquement. 
La tête de cet hhneumon eft noire en 
grande partie. Les petits yeux Se les 
yeux à réleau font de la même cou- 
leur; mais la partie qui eft par de-là 
ceux-ci, Se qui eft proche du bout 
fupérieur de la tête , eft jaune , com- 
me le font aufïï les antennes. Le cor- 
felet eft entièrement noîr: pardeflus , 
le corps eft jaune près de fon origine , 
après quoi il a une large bande tranf- 
verlâle qui eft noire : le refte eft jaune. 
Le noir occupe plus d'étendue du côté 
du ventre : les deux tiers au moins de 
la longueur de chaque jambe font jau- 
nes , Se l'autre tiers reliant eft noir : les 
ailes ont une aïïez forte teinte de jau- 
ne. Un autre Ichmumon à-peu -près 
de la taille du précédent , fut donné 
à M. de R é a u m u r par M. de 
Maupertuis: c'étoit un mâle de 
cette efpece, qui n'avoit point de tar- 
riere : pour le refte fa forme étoit la 
même ; mais les couleurs étoient au- 
trement diftribuées fur fou corps. Le 
jaune en occupoit le milieu , Se les 
deux extrémités étoient noires. Le noir 
étoit auffi la couleur de fes antennes. 
On voit à la Planche XXXI. fig. 3. 
FF. le premier très-bien repréfenté , 
Se le fécond qui l'eft auffi à la même 
Flanche ,fig. 5 . à la fin du Mémoire IX. 
du Tome VI. 

Nous avons dans ce pays des efpeces 
d'Icbnenmons très-inférieures en gran- 
deur à l'efpece dont on vient dépar- 
ier, mais à-peu-prés aufli grandes que 
des Guêpes communes , qui fàvent 
fouiller dans les fables gras que la 
chaleur a endurcis. Ces Ichneumons , 
comme les Guêpes , ne doivent être 
pris qu'avec précaution , car ils favent 
faire pénétrer leur tarriere dans les 
doigts de ceux qui leur font violence, 

comme 



MOU 

comme dans le corps des infectes où 
elles veulent loger leurs œufs. Leur 
tarriere eft toujours couchée fous le 
ventre , dans une efpece de gouttière , 
faîte de deux demi- fourreaux, Les 
demi-fourreaux font quelquefois di- 
vifés en deux , fuivant leur longueur , 
comme compofés de deux pièces arti- 
culées enfemble , Se dont la dernière» 
qui va par de-làl'anus en s'élevant,eft 
mobile. Les bouts réunis de ces deux 
dernières pièces forment quelquefois 
une courte queue à la Mouche. Les 
Ichmumons de la plupart de ces efpe- 
ces de médiocre grandeur font bruns , 
Se tous , ou prefque tous laiiTent une 
odeur pénétrante Se défagréable fur 
les doigts qui les ont touchés. C'eft 
au corps des Chenilles qu'ils confient 
ordinairement leurs œufs. 

Le nombre de ces différentes efpe- 
Ces d' le hne itmons du fécond genre eft 
prodigieux. Ils fe répandent par- tout. 
Les femelles cherchent des infectes, 
des nids Se des œufs même d'infectes, 
propres à recevoir leurs œufs Se à 
nourrir les Vers qui en éclofent. M. 
deRéaumur en a vu qui travail- 
loient à percer en différens endroits 
le corps d'une Chenille. lien a vu qui 
confioient à un jeune Puceron un dé- 
pôt qui lui devoir être funefte, M. 
Valisnieri Se d'autres Naturaliftes 
attentifs ont aufli vu d'autres femelles 
Ichmumons occupées à cette importan- 
te & finguliere opération. Il y a des 
Vers lchneumons , qui prennent leur 
accroiikment dans l'intérieur des plus 
groftes Se des plus folides galles des 
arbres Se des plantes , aux dépens du 
Ver ou des Vers pour qui chaque gal- 
le eft faite , Se à qui elle femble donner 
un domicile impénétrable à tout in- 
fecte. Les Vers lchneumons logés dans 
le corps d'un jeune infecte, le rongent, 
s'en nourriflent, confument quelques- 
unes de fes parties , fans l'empêcher de 
croître , & quelquefois fans l'empêcher 
de parvenir à fa première transforma- 
tion. Il y a aufli des Vers lchneumons, 
Tome III, 



MOU t sf 

quï rongent des infectes hors defquels 
ils fe tiennent. Du nombre de ceux-cî 
il y en a qui doivent favoir les endroits 
où ils doivent faire une plaie Se lafu- 
cer, ou en manger les environs, fans 
que l'infecte foit en danger de périr 
trop promptement : car tel Ver lchneu- 
mon , dit M. d e R É a u m u r à la fin 
de fon Mémoire IX. du Tome VI. ( Se il 
y en a de ceux-ci dans les galles ) , n'a 
fouvent pour fe nourrir qu'un feul Ver , 
qui ne fût pas devenu une Mouche plus 
grande que celle en laquelle le Ver 
Ichneumon doit fe transformer. L'ac- 
croiflement du Ver Ichneumon ne fe fait 
pas dans un feul jour, ni même en plu- 
sieurs jours. Il faut donc que leVer ron- 
gé continue de vivre Se même de croî- 
tre , pour fournir affez de fa propre 
fubftance à l'acerohTement complet de 
V Ichneumon. Voyez fur ces Vers Se les 
Mouches lchneumons , les Mémoires ci- 
deifus cités de M. d e Réauhur. 

MOUCHES à quatre ailes de 
faufes Chenilles , ou MOUCHES 
à Jcie. Toutes les faulfes Chenilles , 
pour parvenir à être des Mouches à 
quatre ailes , fe défont de la peau qui 
leur donnoit la forme de Vers. Après 
l'avoir quittée, elles font Nymphes, 
Se fur les Nymphes de ces faujjis Che- 
nilles , on en reconnoît aifément les 
jambes Se les ailes, La fa ujfe Chenille , 
qui devient une Nymphe Vans fortir 
de fa coque , fe transforme en Mou- 
che. Cette Mouche eft du nombre de 
celles qui n'ont point de trompe , mais 
qui à chaque côté de la tête ont une 
forte dent : ces deux dents fe rencon- 
trent l'une Se l'autre vers le milieu 
de la bouche. Le premier ufage que la 
Mouche en fait eft de les faire agir 
contre fa coque , ou de les employer 
pour fe procurer une ouverture, qui lui 
permette de fortir d'un logement quî 
»' eft plus pour elle qu'une prifon, Les 
dents viennent à bout de hacher des 
fils de foie , même ceux qui dans cer- 
taines coques ontplufieurs grains de 
terre réunis. Les Mouches de faufes. 



*54 MOU 

Chenilles de différentes efpeces , fe ref- 
femblent toutes. Toutes ont un air 
aflez lourd ; elles font peu farouches , 
fe laifTent approcher , même fe laîf- 
fent prendre , & femblent fbttes. Leurs 
ailes font croifées furie corps , qu'el- 
les débordent un peu de toutes parts , 
Se au-deftus duquel elles ont un peu 
de convexité. Ces ailes ne font pas 
auffi liifes Se aulli-bien tendues , que 
celles de beaucoup d'autres Mouches ; 
elles ont de petites convexités , ainfi 
que de petits enfoncemens , avec un 
air d'être mal détirées. 

Les variétés qu'offrent les Mouches, 
qui viennent de faujjes Chenilles de 
diiférentes efpeces , font fouvent bien 
moins confidérables Se moins frappan- 
tes que celles qui font entre les faitf- 
fes Chenilles. Il y en a qui différent des 
autres en couleur. Les unes ont le 
corps jaune , d'autres l'ont verdàrre , 
8c d'autres l'ont noir. La couleur de 
Ta Mouche de la faitjfe Chenille du 
Chèvrefeuille efl d'une couleur appro- 
chante de celle des Abeilles. Les unes 
ont des ailes tranfparentes , qui à pei- 
ne la.'ifentappercevoir une légère tein- 
te de jaunâtre. La teinte noire , ou la 
teinte bleuâtre des ailes de quelques 
autres , eft très-forte. Enfin les nuan- 
ces , foit des couleurs du corps , foit 
de celles des ailes , varient dans celles 
de ce3 Mouches qui font de différen- 
tes efpeces. Les unes ont le corps plus 
court , §c d'autres l'ont plus allongé. 
Il y a encore des différences dans la 
ftru ;ture de leurs antennes; celles des 
unes font à filets grainés ; celles des 
autres font en forme de ma'Tue. L?s 
antennes du mâle différent quelquefois 
de celles de la femelle. 

Les Mouches femelles des fauffes Che- 
nilles font ovipares; elles logent k urs 
eeufs dans des entailles fartes dans le 
bois , ou dans d'autres fardes d'arbuf- 
tes vivans. Ces Mouches femelles ont 
un infiniment qui les met en état de 
faire ces entailles : cet infiniment éft 
une véritable feie , qui ne diffère de 



MOU 

Celles dont nous nous fervons pour 
couper le bois , qu'en ce qu'elle eft de 
corne , au-lîeu que les nôtres font 
d'acier, & qu'elle eft faite avec beau- 
coup plus d'art que les nôtres Voyez 
la defeription de cette feie , telle que 
M. de Réaumur nous l'a donnée 
dans fon Mémoire III. du Tome IV. 
pages io3.. & fuivantes; on plutôt de 
deux feies ; car ces Mouches en ont 
deux égales & femblables , qu'elles 
mettent en mouvement dans le même 
temps. Ces deux feies font très-min- 
ces , Se defti nées à déchirer des fibres 
ligneufes. Les dents en font dentelées, 
5c chaque grande dent eft une fuite de 
dents plus petites, Chaque feie n'efl 
pas feulement une feie , elle eft en- 
core une rape ou une lime d'une 
ftructure fort flnguliere. Cette forte 
d'infiniment n'eft néceffaire qu'à la 
femelle , Se le mâle ne l'a point. 

M. de Réaumur n'eft pas le 
feul qui nous ait donné l'hiftoire des 
Mouches à feie : Valisniert en a 
repréfenté les figures Se donné les des- 
criptions ; & il a auffi écrit fur la fabri- 
que de ces feies. Ce favant Italien a 
obfervé que des fauffes Chenilles ibr- 
ries d'œufs pondus depuis quatorze à 
quinze jours, Se vers le 6 Mai , étoient 
le 18 Juin fuivant des Mouches par- 
faites , Se des Mouches en état de faire 
des entailles avec leur feie dans les 
Rofiers , ou autres arbrifleaux Se d'y 
pondre à leur tour. 

MOUCHES^/ Vers à (îx 
jambes , du premier genre , mangeurs 
de Pucerons. Ce font de fort jolies Mou- 
ches , dont le corps eft fort long & 
femblable à celui de ces longues Mou- 
ches , connues même des enfans & ap- 
pelées Demoifelles. Mais cette Mouche 
du Lion des Pucerons a des ailes , qui 
ont plus d'ampleur, par rapport à la 
grandeur du corps , que n'en ont cel- 
les des Demoifelles ordinaires : elles 
l. s torrent auffi tout autrement quand 
elles font en repos : alors elles for- 
ment un toit au-defTous duquel le corjg3 



MOU 

éft logé. Ces ailes font délicates Se 
minces au-delà de ce qu'on peut dire. 
Il n'en- point de gaze qui ait une tranf- 
parence pareille à la leur: auffi laiffent- 
elles voir le corps au-deffus duquel 
elles font relevées , Se ce corps mérite 
d'être vu. Il eft d'un verd tendre Se 
éclatant : quelquefois il paraît avoir 
une teinte d'or. Leur corftlet eft auflî 
de ce même verd ; mais ce qu'elles 
ont de plus brillant , ce font deux yeux , 
.gros Se faillans , qui font placés à 
l'ordinaire de chaque côté de la tête. 
Ils font de couleur de bronze rouge , 
maïs il n'eft pas de bronze, ni de mitai 
poli , dont l'éclat approche du leur. Il 
falloir , dit M. de Réaumur, que 
les grandes ailes de cette Mouche Se 
toutes fes parties fuffent bien pliffées 
Se repliées pour être réduites à être 
contenues dans une coque moins grolfe 
qu'un petit pois. Ces Mouches font des 
œufs qu'on trouve même fans les cher- 
cher. On les voit ordinairement volti- 
ger fur les feuilles de Chèvrefeuille , 
de Prunier Se de divers autres arbres 
ou arbriifeaux , attachées à de petites 
tiges qui font plantées les unes auprès 
des autres , qui ont chacune à peine la 
grofleur d'un cheveu , qui font blan- 
ches Se tranfparentes Se longues de près 
d'un pouce.T out autre qu'un Obferva- 
teur qui les aura étudiées, les prendrait 
pour des plantes Parafites. 

MOUCHES des Vers à fix 
jambes , o u petits LIONS du fécond 
genre , mangeurs des Pucerons. Ces 
Mouches à quatre ailes différent confi- 
dérablement des précédentes ; elles ont 
pourtant un corps long Se effilé , mais 
moins long. Au-lieu que les ailes des 
Mouches précédentes femblent être de 
la gaze la plus tranfparente , les ailes 
de celles-ci font fi opaques , qu'on 
héfite , dit M. de Réaumur, à 
les prendre pour des ailes de gaze, ou 
pour de vraies ailes de Mouches. Leur 
tiflu eft moyen entre celui des Mou- 
ches ordinaires , Se celui des fourreaux 
ces ailes des Sauterelles. Les deux ai- 



M O U 155 

les fupérîeures font d'un brun clair un 
peu rougeâtre 5 elles ont des endroits 
plus bruns que les autres. Les ailes 
inférieures ont une teinte jaunâtre, Se 
n'ont pas, non plus que les fupérieu- 
res , la tranfparence des vraies ailes en 
gaze. 

MOUCHES à quatre ailes des 
Vers à fix jambes , du troifieme genre , 
ou des petits LIONS, mangeurs des 
Pucerons. Ces Mouches ont tous les 
caractères de celles des petits Lions , 
dont le corps eft d'un jaune pâle, Se 
dont les ailes , quoique extrêmement 
tranfparentes, ont une légère teinte de 
cette couleur. 

MOUCHES de Teignes aquati- 
ques : Ce font des Mouches à quatre 
ailes. M. de Réaumur (Mém. V. 
Tome IV. p. 174. & fttiv. ) les met 
dans la clafle des Mouches papillon- 
nacées. Quand cette Mouche eft en 
repos , on ne voit que les deux ailes 
.fupérieures qui font immédiatement 
appliquées contre les côtés. Prolongées, 
elles formeraient fur le dos un toit 
aigu , mais une petite bande de l'une 
Se de l'autre , qui fuit le côté intérieur , 
fe replie en faifant prefqu'un angle 
droit avec le refte de l'aile , Se fe cou- 
che fur le deflus du corps. Ainfi le 
corps fe trouve , pour ainfi dire , fous 
un toit coupé ou plat. Ces deux ailes 
fupérieures font médiocrement tranf- 
parentes, & elles paroiiTent opaques 
quand elles font pofées fur les deux 
autres : c'eft ce qui difpofe à les pren- 
dre pour des ailes de Papillons. Mais 
quand on les examine de près , on voit 
qu'elles n'ont pas ces pouffieres qui 
caractérifent fi bien les ailes des Pa- 
pillons : les deux ailes de deffems font 
des plus tranfparentes; elles font une 
gaze blanche , qui a une légère teinte 
bleuâtre. Le jour de fa nailTance, Se 
quelques jours après , la Mouche a une 
teinte verdâtre prefque par-tout : c'eft 
même la couleur qui domine alors fur 
les ailes fupérieures. Ces dernières 
perdent peu-à-peu cette couleur Se 



MOU 

deviennent au bout de quelques jours 
d'un canelle clair. Le corps de l'in- 
fecbe prend aulfi la même couleur. 
Quoique fes fix jambes foient longues , 
le corps eft peu élevé au-delTus du 
plan fur lequel elles poftnt , parce- 
qu'elles font pliées confidérablement 
dans des articulations peu éloignées 
de leur origine. Les antennes de cette 
Mouche font très-longues , Se furpaffent 
la longueur de fon corps r elles font 
de celles que M. de Ré au mur 
nomme coniques, Se à filets graines: 
elles vont en diminuant de grofleur 
depuis leur bafe jufqu'à leur extré- 
mité. Le deffus & les deux côtés de 
la tête font très-garnis de poils. Elle 
a des yeux à réfeau femblables à ceux 
des autres Mouches , Se des Papillons. 
La bouche n'eft point munie de dents 
Se de ferres, femblables à celles que 
Fmfeâe avoit lorfqu'il étoit Teigne 
ou Nymphe. Ce qu'elle offre de plus , 
remarquable , font quatre efpeces de 
barbes en forme d'antennes , dont deux 
font pofées en deflous ,. Se deux en 
deffus , comme fi les unes étoi'ent des 
prolongemens ou des appendices de la 
lèvre inférieure, & les autres des pro- 
longemens de la lèvre fùpérieure : les 
deux fupérieures font longues , & du 
double plus longues que les inférieures. 
Environ aux deux tiers de leur lon- 
gueur, elles ont une articulation fur 
laquelle la partie reliante fe plie pour 
revenir vers la bouche. Ces quatre 
barbes en forme d'antennes femblent 
autant de bras placés autour de l'ou- 
verture , par laquelle l'infecbe doit fe 
nourrir : là eft une trompe très-petite 
Se qui peut être rapportée à une de 
celles que M. de Réaumur décrit au 
long dans fon Hiftoire des Mouches. 

On voit fouvent dans la campagne 
des Mouches qui font plus petites que 
celles dont on vient de parler , mais 
qui d'ailleurs leur font très -fembla- 
bles , S: qui de même font des Mou- 
ches papillonnacées. Les ailes fupé- 
rieures paroiuent des ailes de Papil- 



M O U 

Ions d'un brun gris jufqu'à Ce qu T oit. 
les ait regardées d'affez près , pour 
s'affùrer qu'elles ne font pas couverte* 
de poufliere. L'ouverture où eft l'or- 
gane , au moyen duquel elles fe nour- 
riffènt, eft comme celui de la précé- 
dente Mouche, munie de quatre barbes 
en forme de bras. Cette Mouche vient 
d'une elpece de Teigne , qui fe loge 
dans des fourreaux petits. 

D'autres Teignes aquatiques , dont 
l'intérieur des fourreaux paroît fait 
d'une bande roulée , fe transforment 
dans une Mouche différente des pré- 
cédentes : elle porte fes ailes croifées 
l'une fur l'autre , Se parallèles au plan 
fiir lequel le corps eft pofé. Elle a une 
queue fourchue & formée par deux fi- 
lets femblables aux antennes coniques. 

M. de Réaumur parle d'une, 
autre Mouche très-petite à deux ailes 
de la figure de celles que nous ap- 
pelions Coufîns. Le corps de cette pe- 
tite Mouche eft gris: il a alternative- 
ment des raies tranfverfales de couleur 
plus brune & plus claire. Ses quatre 
jambes font longues;maisles deux pre- 
mières le font beaucoup plus que les 
autres .* elle les porte d'une façon. fin- 
guliere. Le plus fouvent elle les tient, 
en l'air, & pofées de manière qu'on, 
les prendroit pour deux longues an- 
tennes , dont chacune partîroit d'un, 
des côtés delà tête. Cette Mouche vient, 
d'un Ver rouge. Le même Auteur a 
trouvé fur des feuilles de Chêne 
tombées dans la marre du bois de Bou- 
logne , Se fur d'autres un grand nom- 
bre de petites coques brunes habitées 
chacune par un Ver rouge , qui fournit- 
la Mouche dont on vient de parler. 

MOUCHES DES VERS 
DES G A L L E S : On a donné le 
nom de galles à des excroiffances „ 
ou à des tubérofités qui s'élèvent fur 
différentes parties des plantes Se des 
arbres , & qui doivent ieur naiflance 
à des infecles , qui ont crû dans leur 
intérieur. Ces infectes fe métamorpho- 
fent en Mouches. U y a des différences- 



MOU 

«titre ces Mouches, Se M. deRêau- 
*jy R , malgré leur petiteffe en a vu de 
trois différentes efpeces. I outes a- 
voîent quatre ailes ; mais les unes , 
drt-fl , avoientle corps court &noir; 
leur corfelet étoit de même couleur; 
elles avoient de longues antennes , de 
celles qu'il nomme Blets graines : d'au- 
tres avoient le corps plus allongé , & 
corroient au derrière une efpece de 
queue formée de plufieurs filets. Leurs 
antennes , plus courtes que celles des 
précédentes , étoîent faites prefqu'en 
jnaffues. Le corps & le corfeletde cel- 
les-ci étoient bruns ; elles avoient aufïi 
une tache brune fur chacune des gran- 
des ailes. Enfin , cet Obfervateur dit 
avoir eu des Mouches fèmblables aux 
dernières , mais qui en différaient en 
ce que leur corps étoit d'un verd doré , 
£c que leurs ailes avoient les couleurs 
d'Iris , qu'on voit fur les boules d'eau 
de favon. Des Mouches quelquefois 
aufll petites , ou plus petites que celles 
dans lefquelles les Vers des galles 
fe transforment , favent percer les murs 
des cellules , dépofer dans leur inté- 
rieur un ctuf, d'»ù naît un Ver car- 
naffier, auquel celui-là même pour qui 
la galle a été faîte , fert de pâture. 

Les galles en grofeilles qu'on voit 
fur les chattons du Chêne font occu- 
pées par un Ver , qui , après fa méta- 
morphofe , eft une petite Mouche noire 
à quatre ailes. 11 y a d'autres galles 
de Chêne d'une figure arrondie , dans 
leiquelles fe nourrilfent des Vers qui 
deviennent des Mouches plus grandes 
que celles des galles en graines de gro- 
feilles : mais d'ailleurs elles lui font af- 
fez fèmblables, Elle ett brune , Se elle 
a quatre ailes qu'elle porte parallèle- 
ment au plan de pofition croifées fur 
{on corps , dont elles excédent le bout : 
elle eft munie de dents en feie , ca- 
pables de hacher des corps plus durs 
que la galle qui la renferme. Les 
galles ligneufes de Chêne contiennent" 
un Ver blanc , qui fe métamorphofe 
en. Mouche à quatre ailes ; elle les- 



MOU Ï57 

porte parallèles au plan de pofition » 
Se croifées fur le corps qu'elles fur-» 
pafTent en longueur. Le corps Se le 
corfelet font d'un beau verd doré, tel 
que celui desCantharides les plus con- 
nues. Leurs jambes font jaunâtres , 8c 
leurs antennes font courtes Se noires. 
Cette dernière couleur eft auul celle 
de la tête. Mais ce que ces Mouches 
ont de plus rcmarquable.c'eft une forte 
de queue qui égale au moins en lon-^ 
gueur la tête, le corfelet Se le corps , 
mis bout à bout. Ordinairement elle 
ne parort qu'un gros filet noir , qui 
feu vent le relevé un peu en haut près 
de fou bout ; mais quelquefois cette 
queue a paru à M. de R é a u m u r 
compofée de deux ou trois filets , Se 
elle l'elt réellement de trois,dit-il: ceux 
des côtés font des gouttières qui for-' 
ment enfemble un étui à celui du mi- 
lieu. Ce dernier fe termine par une 
pointe fine : c'eft une efpece de-tar- 
riere. Le même Naturalifte nous ap- 
prend encore que dans ces mêmes gal- 
les ligneufes, il a trouvé une Mouche' 
fort différente delà précédente; elle 
n'avoit point cette longue queue , qui-' 
caracïérife Ja première. Elle avoit le? 
corps d'un noirluifant , Se le corfelet 
brun : elle étoit du genre des Mouches' 
les plus communes qui éclofent des : 
vers des galles. 

La galle du Chardon hémorrhoïdal- 
loge un Ver tout blanc , excepté à fa' 
partie poftérieure , où il a une plaque- 
brune , luifante , & comme écailleufe. 
Ce Ver a à fa partie antérieure deux 
crochets parallèles l'un à l'autre, dif- 
pofés de même que ceux des Vers de la 
viande , ou comme ceux des Vers- mi- 
neurs de la Jufquiame, Ces infectes fe 
transforment en desMouches à deux ai-- 
les , Se avant que de s'y transformer , ils 
fe font une coque brune de leur propre 
peau. Voici la defeription qu'en fait' 
M. de Réaumur. Les ailes ne font, 
tranfparentes qu'en partie , Se elles 1 
font de deux couleurs ; celle du fond- 
eft un blanc, qui a toute la tranip-.-- 



IS S MOU 

renée ordinaire aux ailes des, autres 
Mouches , celle du refte eft un brun 
prefque noir. Ce brun noir forme une 
large bande en zigzag. Le zigzag fait 
paroître l'ai! a fort finguliere , quand 
on la regarde en certains fens , où 
elle n'etf pas trop éclairée ; alors la 
partie blanche Se tranfparente difpa- 
roît , & l'aile femble découpée en 
zigzag. La Mouche porte pour l'or- 
dinaire les deux ailes en toit renverfé , 
de façon que leurs plans prolongés fe 
rencontreroient au deflous de celui fur 
lequel la Mouche eft pofée : quelque- 
fois pourtant elle les tient parallèles 
à ce même plan. Son corps eft d'un 
beau noir. Son corfelet eft en grande 
partie de la même couleur , mais il a 
déplus quelques ornemens d'une vraie 
couleur de citron. Depuis la tête juf- 
qu'à l'origine des ailes , il a de chaque 
coté une raie de çette dernière cou- 
leur, & il a une tache allez large du 
même citron vers le bout de fa partie 
fupérieure. Cette tache remplit pref- 
que l'efpace , qui eft entre les deux 
ailes. Le deflous de la tête , la partie 
où eft fituée une trompe femblable à 
celle des Mouches à deux ailes les 
plus communes , eft blanche ou blan- 
châtre. Il femble que cette Mouche ait 
un vifage blanc. Ses yeux , fes courtes 
antennes en palettes , Se prefque tout 
le refte de la tête, ont pourtant un velu 
qui eft plus jaune que le citron. Tout 
ce qui eft proche du corfelet eft bor- 
dé d'un velu du même jaune. Chaque 
jambe depuis fon extrémité , julqu'en- 
viron aux deux tiers de fa longueur, 
eft d'un canelle clair , Se le refte eft 
brun. Ce favant Naturalifte dit avoir 
vû fortir des Mouches encore d'une 
clafle différente de celles des précé- 
dentes de quelques-unes des galles du 
Chardon hémorrhoïdal : il en a vu for- 
tir , mais en petit nombre , des Mou- 
ches à quatre ailes du genre de celles 
qui fe trouvent dans le plus grand 
nombre des galles de différentes ef- 
peces. 



MOU 

Les galles en pommes de Chêne 
fourniflent des Mouches à quatre ailes. 
Leur corps, leur corfelet , Se leur tête , 
font d'un roux qui tire fur la couleur 
du Karabé ; leur figure eft femblable 
à celle des Mouches qui fortent de la 
plupart des galles du Chêne. La galle 
de Lierre terreftre a donné à M. D E 
Reaumur des Mouches à longue 
queue : la couleur de leur corps Se celle 
du corfelet eft d'un verd doré ; leurs 
jambes font d'un jaune pâle. Ces Mou- 
ches font plus petites , mais d'ailleurs 
femblables à d'autres qui fortent des 
galles en boulles de bois. Leur grande 
queue lui a fait juger qu'elles venoient 
de ces Vers cruels Se voraces , qui 
vivent des Vers des galles. 11 a été 
confirmé dans cette idée lorfque dans 
plufieurs galles , qu'il ouvrit , il trou- 
va leurs vrais habitans encore fous leur 
première forme. Ce font des Mouches 
brunes à quatre ailes , du genre de 
celles qu'il donne pour les plus com- 
munes dans les galles de Chêne, maïs 
qui ont quelques différences légères 
Se furfifantes pour le caractère d'une 
efpece particulière. Ces Mouches pafA 
fent l'hiver dans leurs galles. 

Les galles chevelues duRofier fau- 
vage font celles qui fourniflent le plus 
d'efpeces de petites Mouches. Dans 
la féconde année de la féconde Dé- 
cade des Objervations des Curieux de 
la Nature ,Mentzei, lusa décrit 
une efpece de petite Mouche qui avoït 
pris fon accroiffement fous la forma 
de Ver dans ces fortes de galles , &; 
il l'a décrite , nous dit M. de Réau- 
MUit , en homme enchanté de la beau- 
té de cette Mouche. La couleur de 
fon corfelet lui a paru du plus bel 
outremer, Se celle de fon ventre d'un 
pourpre fupérieur à tout pourpre : il 
rehauiîe d'or ces couleurs. Mais cette? 
Mouche, que M. de Réaumur a vu 
fortir des mêmes galles , qui a une lon- 
gue queue , ou un long aiguillon , eft 
une efpece d'Ichneumon , dit-il , qui , 
loin d'occafionnerla naiffance des galles 



MOU 

du Cynorrhodon , comme l'a penfé 
Mentzelius , donnent naiflance à des 
Vers , qui en détruifent les habitans 
naturels. 

M. de Réaumur, potfefieur 
d'un Manufcrit de M. de la Hire , 
y a trouvé un article fur des Mou- 
cher que des galles chevelues du Ro- 
fier avoient données à cet Obferva- 
teur en iô'j»}. Il en diftingue quatre 
efpeces. La Mouche de la première Se 
de la plus petite efpece , n'a environ 
qu'une ligne de long : elle eft toute 
noire. M. de Réaumur dit avoir 
eu des mêmes galles une Mouche noire, 
& dans le même temps d'autres Mou- 
chef aufli petites Se de même figure , 
mais dont le corps Se le corfelet étoîent 
d'un verd doré. La féconde efpece de 
/fo«cfce,obiervéepar M. de la Hire , 
a le corps court de couleur châtain , 
& le ventre en dos d'Âne. Il donne 
à cette Mouche deux lignes de lon- 
gueur. La troifieme efpece eft une 
Mouche dont le corps n'eft attaché au 
corfelet que par un fil. Son ventre eft 
long , Se de couleur de citron , avec 
quelques rangées de points noirs. Enfin 
la quatrième efpece eft une Mouche 
qui a trois lignes de long , fans com- 
prendre fa queue , qui feute eft lon- 
gue de deux lignes. Son corfelet eft 
d'un verd doré , Se fon corps d'un rouge 
doré. Celle-ci ne diffère de celle qui 
a été obfervée par Mentzelius, 
qu'en ce que fon corfelet eft verd , 
Se que celui de l'autre eft bleu. M. 
de Réaumur en a eu d'autres dont 
le corps, comme le corfelet, étoient 
d'un verd doré , Se il remarque qu'en- 
tre celles qui ont le corps long , Se 
qui font du genre des Ichneumons , il 
y en a qui n'ont point de queue , qui 
font les mâles : les femelles en ont 
une. 

Ces mêmes Mouche* de la troifieme 
efpece ont été obfervées par Ray, 
qui dit ( lnj\ p. 259. ) que la tête Se le 
corfelet de cette efpece font noirs, 
que le deftus du corps eft roux , 



MOU 159 

que îe defTous , ou le ventre , eft d'un 
jaune verdâtre , excepté dans les places 
occupées par les taches rangées fur 
deux lignes , dans chacune defquelles 
il y a cinq de ces taches. Ces Mou- 
ches Ichneumonr, qui fortent des galles, 
ne font pas celles qui occafionntnt la 
naiflance des galles. Elles y croilfent 
aux dépens du véritable Ver. Il y en 
a qui ont la queue longue , d'autres 
la queue plus courte, que M. de Réau- 
mur n'a reconnues pour être des Ich- 
neumons , qu'après bien des obferva- 
tions. Il en a vu fortir chez lui des 
galles du Cynorrohon ; c'étoient des 
Mouches à longues antennes , mâles 
& femelles, & dont la forme du corps 
étoitla même.que dans les Mouches qui 
vivent des Vers qui occafionnent la 
production de la plupart des galles 
du Chêne , Se des galles des autres 
arbres Se des plantes. La tête Se le 
corfelet dans les deux fexes étoient 
noirs Se raboteux:le corps du mâle étoit 
noir, comme fon corfelet; le corps de 
la femelle , de couleur de maroit 
& luifant. Les jambes étoîent de la 
couleur du corps , & les antennes de 
celle de la tête. Leur corps étoit court, 
moins épais d'un côté à l'autre , que 
de défais en deflbus : leur ventre tran- 
chant les caraclérifoit de refte pour être 
du genre des Moucher des véritables 
Vers des galles , dit M. de Réaumur, 
qui marque que la difpofition des par- 
ties qui renfermoient leur aiguillon , 
ou tarriere , différait pourtant delà 
difpofition des parties femblables de 
diverfes autres Moucher des galles , 
mais qu'elle différait davantage de là 
difpofition des parties qui forment la 
queue des Ichneumons femelles. 

De toutes les galles dont M. d e 
Réaumur parle , les galles de 
Chêne font celles qui fourniffent plus 
de Moucher à quatre ailes. C'eft un 
genre de Moucher dont les efpeces 
n'ont pas de grandes variétés entre 
elles. Il s'eft fixé à nous donner la 
defeription de la Mouche des galles 



\ 



160 MOU 



MOU 



prefque ligneufes en grofeilies. Sa tête 
n'a rien de fort remarquable , dit-il : 
elle porte deux antennes afïèz longues 
proportionnellement à la grandeur du 
corps. Elle eft munie de deux dents 
ou ferres , qui font les deux premiers 
ïnitrumens dont elle doit faire ufage 
après fa transformation. C'eft avec ces 
dents qu'elle doit percer dans lagalle 
un trou propre à lui permettre d'en 
fortir, Cet ouvrage eft celui de toutes 
les Mouches à quatre ailes du même 
genre. Le corfelet de cette Mouche 
eft affez grand par rapport à la lon- 
gueur du corps : il eft brun ; mais il 
l'eft moins que la tête. La loupe fait 
découvrir qu'il eît chargé de poils. Le 
corps eft d'un brun très-luifant. C'eft 
de la figure du corps , qu'on doit tirer 
les caratteres du genre des Mouches 
auquel cette efpece appartient. La 
partie par laquelle le corps eft atta- 
ché au corfelet eft auffi déliée qu'un 
fil. Le corps eft court; mais ce qui lui 
donne un air qui lui eft propre , une 
forme différente de celle du corps des 
Mouches des autres genres , c'eft qu'il 
& moins de diamètre d'un côté à l'au- 
tre que du défais au deffous : c'eft fur- 
tout le deffous du ventre qui a une 
forme différente de celle du deffous du 
ventre des autres Mouches. Il a en quel- 
que forte celle d'une carene de vaif- 
feau. Voyez Mêrn. XII. p. 482. & 
fitiv. du Tome III. 

Le même Obfervateur nous apprend 
que parmi les Mouches de galles en 
Artichaux, affez femblables aux Mou- 
ches des galles ligneufes en grains de 
grofeille , & à celles de quantité d'au- 
tres galles , on en trouve beaucoup qui 
différent de ces autres Mouches , par- 
ccqu'elles ont au derrière une queue 
menue Se courte, qui fe relevé en haut ; 
elle n'eft prefque qu'un mammelon. 
Mais parmi ces mêmes Mouches de 
galles en Artichaux , il en a trouvé 
plufieurs à qui cette queue manquoit : 
.c'étoient les mâles. Les Mouches des 
galles en grpfdiles , fo.it de celles qui 



Viennent fur les feuilles , foit de celles 
qui viennent fur les chattons , foit de 
celles qui font charnues &quî paroiffént 
au printemps , foit de celles qui font 
ligneufes , Se que M. DE Réaumur dit 
n'avoir vues qu'en automne ;le$Mou—_ 
ches des galles en pommes de Chêne» 
celles des galles en pommes de, Licrrej 
terreftre : en un mot les Mouches d'uni 
très-grand nombre de galles fe reffenv 
blent extrêmement ; mais elles ne font 
pas toutes de la même efpece : elles 
ne font affez fouvent que du même 
genre. 

M O UC H E S CULICI-' 
FORMES, ou en forme de Cottfinti 
En l'année 1682. on vit, dit Ment- 
zelius , au mois d'Août, dedans les 
environs de Léipfick , certaines Mou- 
ches en forme deCoufins. Elles étoienC 
prefque longues d'un demi -pouce : el- 
les avoïent fix pieds , quatre ailes , Se 
comme deux longues appendices en 
forme de poils, attachées à la queue ; 
elles étoient toutes blanches , ainli que 
leurs ailes, comme on le voit par les 
figures ( p. 442. Tome III. des Col!: 
Académ. ) , dont l'une les repréfente 
félon leur grandeur naturelle , Se l'au- 
tre les repréfente vingt fois plus gran- 
des, vues aumicrofeope. 11 s'en répandit 
au mois d'Août dans la ville , Se dans 
tout le pays d'alentour , jufqu'à l'Elbe, 
une multitude incroyable , au grand 
étonnement de tout le monde. L 5 Ob- 
fervateur dit que ces Mouches en forme 
de Coufïnspréfagent lapefte. Lorfqu'il 
fait chaud, Se que les vents du Midi 
fouinent , ces Mouches fortent des eaux, 
& bientôt l'air en cil rempli : elles 
voltigent avec une agilité furprenante, 
Se après qu'ellesont vécu à peine deux 
ou trois jours , elles meurent & tom- 
bent dans les eaux. Voici la manière 
dont fe produifent ces Mouches. Lors- 
qu'elles ont dépofé leurs œufs dans 
l'eau , il en fort , par le moyen de la 
chaleur du Soleil , de petits Vers qui 
ont des pieds , par le fecours defquels 
ils peuvent s'arrêter au fond de l'eau 

Si 



MOU 



MOU rSt 



&*p feft ^ re leur nourriture dans la boue 
pendant l'hiver , jufqu'à ce qu'au re- 
tour de la faîfon , le Soleil , par fa cha- 
leur, retire ces petits Vers de l'eau; 
après quoi, étant expofés à la chaleur 
de l'air, ils mettent bas leur dépouille 
de Vers en très-peu de temps, d'où 
fort cette Mouche en forme de Cou- 
fin , de l'un Se de l'autre fexe , qui 
paffe fa vie en l'air. 

MOUCHES FORMICI- 
F O R M E S , ou en forme de Fourmis. 
Le même Mentzelius dit qu'en 
16&J. au mois d'Août, il parut beau- 
coup de ces fortes de Mouches à Breflaw 
Se aux environs. Voici la defeription 
qu'il en donne. Elles font de la taille 
d'une Fourmi de médiocre grofTeur. 
Cet infecte , vu au mkroicope .paroît 
avoir le corps recouvert d'une espèce 
de cuiraffe. Il a la tête arrondie , les 
yeux faillans , & deux antennes dif- 
pofées au milieu du front comme deux 
cornes : chacune de ces antennes eft 
eompofée de douze petits globules ar- 
ticulés les uns avec les autres. L'Au- 
teur dit n'avoir pas obfervé la bouche. 
Le dos eft relevé , noir , Se hérifTé de 
petites pointes ; le bas-ventre, d'une 
forme allongée , comme dans les Four- 
mis , eft couvert d'écaillés Se de pe- 
tites pointes ; les ailes , au nombre 
de quatre, font toutes compofées d'une 
membrane très-mince : vues au mi- 
crofeope , elles ont des couleurs fem- 
blables à celles de l'arc- en-ciel. Les 
fix pattes & le corps ont ces mêmes 
couleurs : les ailes avoient une teinte 
de brun fur la moitié de leur étendue 
du côté du corps. L'Auteur dit que 
la defcrîption de ces Mouches a. beau- 
coup de -rapport avec celle des Mou- 
ches dangereufjs qui infectèrent toute 
la Pologne dans le courant de l'été 
de l'année 1670. fi ce n'eft que ces 
dernières Mouches font beaucoup plus 
grandes , 8c qu'elles ont de plus que 
les nôtres, un très-grand aiguillon 
fous le ventre. J'en ai parlé au mot 
INSECTE , p. 544.. du Tome IL 
Tome III. 



de Ce Ditlionnaire univèrfel tir rai-' 
formé des Animaux. 

Mouches Étrangères. 

MOUCHES LUISANTES: 
Il y a de ces Mouches dans toutes les 
in es : on les appelle Mouches à feu. 
Elles font de la grofTeur des Moucher 
ordinaires , Se un peu plus longues. 
La partie poftérieure de leur corps , 
depuis les ailes , eft d'un verd tranf- 
parent , Se conferve la lumière qu'elle a 
reçue pendant le jour , ou plutôt le 
mouvement violent que la chaleur du 
Soleil a excité dans cette partie. Dès 
qu'il eft nuit , on les voit voler de tous 
côtés , fur-tout dans les buîffons Se 
dans les allées d'arbres, & dans les lieux 
fombres , où il fembie que ce foient 
autant d'étincelles de feu. Ce manège 
dure deux ou trois heures , après quoi 
leur clarté celfe, foit que leur lumière 
fe foit diilipée , foit qu'elles fe foient 
retirées pour fe repofer. Le P. La bat 
( Nauv* Voyag. aux JJles Francoifes de 
l'Amérique , Tome III. p. 8.) dît qu'il 
en a mis dans des phioles pour obfer- 
ver le matin , en les mettant dans un 
lieu obfcur , fi elles rendraient encore 
delà clarté , Se qu'il n'y en avoit point 
remarquée. Ces Mouches liâfantes font 
communes à la Louîfiane Se dans toutes 
les parties de l'Amérique. 

Il ajoute que ce qu'il a vu de plus 
particulier en ce genre à la Guade- 
loupe font des Mouches à feu grodes 
comme des Hannetons. Il en a même 
trouvé qui étoient prefqueauffi groflès 
que le pouce , Se d'un pouce Se demi 
de longueur ; elles ont les yeux fort 
larges Se fort plats. Ces infectes éclai- 
rent dans l'obfcurité, Se rendent une 
lumière fort vive , qui tire un peu fur 
le verd ; outre ces yeux ils ont toute 
la partie poltérieure de leur corps tel- 
lement diaphane Se lumineufe qu'ils 
femblent des Charbons ardens , qui 
étincellent de tous côtés , Se foit qu'ils 
fe tiennent en repos , foit qu'ils volent , 

X 



16*2 MOU 



MOU 



dans quelque fituation que l'on le* 
regarde , ils répandent toujours une 
lumière fort vive Se fort étendue. Cet 
Auteur dit çn avoir pris piufïeurs fois 
par divertiffément : une feule de ces 
Mouches fuffiibit à l'éclairer pour lire 
des caractères très-menus , & prefque 
auffi-bien qu'une chandelle. Il enavoît 
confervées pendant piufïeurs jours dans 
des flacons où il les nourriffoit avec 
du pain , des feuilles d'arbres , & des 
morceaux de bois pourri : il les ex- 
pofoit , dît-il , le matin dans un lieu 
obfcur : elles rendoient encore de la 
lumière plus par les yeux que par le 
corps ; mais c'étoit une lumière foible 
& qui n'avoit pas à beaucoup près la 
vivacité de celle du foir. Il les expo- 
foit au Soleil ou fous des arbres , où 
elles étoîent au grand jour fans pou- 
voir être incommodées de la trop gran- 
de chaleur , Se le foir elles jettoient la 
même lumière que le premier jour 
qu'il les avoit prifes. Au bout de huit 
jours leur lumière commença à n'être 
plus fi vive , Se elle diminua à pro- 
portion que les forces Se les mouve- 
ment de ces animaux s'affoibliffoient. 
Peut-être que c'étoit une fuite de la 
perte de leur liberté, ou que la nour- 
riture qu'il leur donnoit ne leur étoît 
pas convenable. Ces infectes ont un 
mouvement extrêmement vif dans la 
partie poftérieure de leur corps , de 
forte que quand on les prend il faut 
les tenir aiTez preffés, fi on veut les 
empêcher de s'échapper. 

Cyrano de Bergerac avoit quel- 
que fondement de dire qu'on fe fert 
de Vers luifans au-lieu de chandelles 
dans le Royaume de la Lune. Sans 
aller fi loin , le F, Labat dit qu'il 
auroit bien pu faire la même chofe à 
la Guadeloupe , 8c ne fe fervir que de 
ces groffes Mouches. 

Le Docteur Stubbes , dans fes 
Observations { Tranf actions Phiîofo- 
fhiques , ann. i5tf8. n. dit qu'il 
y a une très-grande différence entre 
les Moaçku luifams de l'Ifle de Saint 



Domîngue Se celles de la Jamaïque , 
quant à la groffeur ; elles peuvent en 
volant refferrer ou étendre leur lu- 
mière » qui continue quelques jours 
après qu'elles font mortes. Ceftcequi 
empêche ce Savant d'être de l'avis de 
ceux qui prétendent que c'eft la flamme 
du co.ur , qui fe trouve dans leur queue*. 
NoRWOODle jeune , autre Savant 
Anglois , dit dans les mêmes Tranfac- 
tiotis Ph'dofophiques , n. 41. que les 
Mouches luifantes , font une efpece de 
Cantharides , qui paroiffent vertes pen- 
dant le jour , mais qui éclairent la nuit , 
même après qu'elles font mortes. Ce 
dernier Auteur affure en avoir appli- 
qué fur de l'écriture , Se fur de l'im- 
preflîon , avoir lû, à la lumière qu'elle* 
répandoient quoique mortes. 

MOUCHES CORNUES: 
Ces Mouches , pour l'ordinaire , ont 
deux pouces Se demi de longueur de- 
puis le col jufqu'à la queue , fans comp- 
ter le col , la tête Se les cornes. Leur 
corps eft ovale , foit qu'on le regarde 
dans fa longueur depuis le col jufqu'à 
la queue , foit qu'on le prenne dans 
fa groffeur , qui peut avoir trois pouces 
Se demi de circonférence dans fon mi- 
lieu. Tout le dos , depuis le col juf- 
qu'à la queue , eft couvert de deux 
ailes qui ont la confiftance , l'épaiffeur 
Se la force d'un bon parchemin ; elles 
font brunes avec piufïeurs petites li- 
gnes Se quelques points noirs : elles 
font liftées , unies Se comme vetniffées. 
Quoiqu'elles paroiffent toutes d'une 
pièce , Se convexes comme le corps 
qu'elles couvrent , les Mouches ne laif- 
fent pas de les étendre , & de les tenir 
aflez droites quand elles volent. Cette 
paire d'ailes en couvre une autre paire 
tant foit peu plus courte que la pre- 
mière : celles-ci font moins brunes „ 
bien plus fines, plus déliées, 8c plus 
larges que les premières ; de forte 
qu'elles font pliffées quand la Mouche 
ne s'en fert point , Se elles débordent 
de beaucoup quand elles font en mou- 
Yemeiupom voler. Cette fetondegaire 



MOU 

fert encore de couverture i une troi- 
sième paire d'ailes blanchâtres , & fi 
fines qu'elles n'ont pas plus de con- 
fiftance qu'une veffie de Carpe : elles 
foru-p.iirées Se environ de la grandeur 
des fécondes. Avec toutes ces ailes 
as Mouches n'en volent pas mieux ; 
elles fe foutiennent à la vérité en l'air , 
mais elles avancent peu ,foit que l'air 
ou le vent maîtrife trop ces ailes ,fok 
qu'elles n'ayenrpas affez de force pour 
les faire agir : il femble qu'elles ne 
font que pirouetter. Elles paroiffent 
comme un vaiffeau qui a toutes fes 
voiles dehors Se qui en eft trop chargé. 
ApKs avoir développé toutes ces ailes, 
on trouve enfin le corps , ou le dos 
de la Mouche : il eft couvert d'un du- 
vet jaunâtre tirant fur le roux , fin , 8c 
doux comme de la foie. Le ventre eft 
couvert d'un femblable duvet un peu 
plus court, dontaffùrément elles pour- 
roient fe pafTer , car leur peau eft affez 
épaiffe , dure , 8c féche. Elles ont trois 
jambes de chaque côté , longues d'en- 
viron trois pouces , divifées en trois 
parties , qui forment des cuiffès , des 
jambes Se des pieds, dont les extré- 
mités font divifées en quatre efpeces 
de .'oigts , ou de petites griffes , avec 
lefqueil^s elles s'attachent fortement 
à ce qu'elles rencontrent , Se fur lef- 
«juelles elles s'appuyent Se marchent 
fort bien , Se affez vite. La naiffanee 
de leurs jambes eft au milieu du ventre, 
comme celles des Ecreviffes.auxquelles 
elles reffemblent affez par la partie la 
plus voîfine du ventre , Se que le P. 
La bat appelle cuijj'e , qui eft plate, 
5c qui s'applique fort jufte à la con- 
vexité du ventre ; la partie fupérieure 
de la cuiffe eft plus convexe; la partie 
qui eft jointe à la cuilTe , Se qu'il re- 
garde comme la jambe , eft bien moins 
plate. De ces trois paires de jambes , 
les deux les plus greffes font attachées 
fous le ventre; la première à plus d'un 
pouce de la queue , c'eft-A-dire du 
tout de l'animal ; la féconde , un peu 
au-deflbus de la naiffanee des ailes. 



MOU î6*î 

8c la tfoîfieme , qui eft la plus petite , 
au col de la Mouche , un peu au def- 
fous de fa corne inférieure. La tête 
Se le col font d'une feule pîece. Lafub- 
ftance qui les compofe eft dure corn* 
me de la corne , noire , polie , Se lui- 
fante comme du jayet. Le col Se la 
tête n'ontpoint d'autre mouvement que 
celui qu'elles reçoivent par le moyen 
des cartilages qui les joignent au corps. 
Ces deux pièces font affez fembla- 
bles à un calque qui auroit un collet 
affez long pour couvrir une partie des 
épaules. Toute cette partie n'eft pas 
ronde ; elle eft comme taillée à pans , 
dont les angles font fort émouffés. 
De la partie fupérieure fort une corne 
courbe , creufe d'environ trois pouces 
de longueur, de même matière Se da 
même couleur que le refte de la tête , 
qui a deux petites excroiffances poin- 
tues au tiers ou environ de fa lon- 
gueur ; le deffus de la corne eft rond , 
le deffous eft un peu creufé en canal , 
Se eft tout garni jufqu'au bout d'un 
petit duvet rouflatre , court Se épais. 
Se doux comme du velours , partagé 
en deux par une petite ligne qui fait 
le milieu du deffous de la corne :jTotr 
extrémité eft partagée en deux petites 
pointes. Cette conie fupérieure n'a 
point de mouvement particulier dif- 
tingué de celui de la tête. La corne 
inférieure eft plus courte d'un tiers que 
la fupérieure ; elle fort de la mâchoi- 
re fupérieure Se reçoit d'elle tout le 
mouvement dont elle a befoin , pour 
s'approcher ou s'éloigner de la corne 
fupérieure ; elle eft courbe , Se plus 
plate que la fupérieure ; elle a quel- 
ques excroiffances affez pointues ; elle 
n'eft point garnie de duvet; elle afon 
extrémité partagée en deux pointes , 
de même que la corne fupérieure. On 
remarque aifément l'endroit où cetta 
corne inférieure touche la corne iupé- 
rîeure , en ce que le duvet eft coupé 
en ce lieu-là. Quelques obfervations 
qu'ait pu faire le P. Labat, il n'a 
jamais pu découvrir à quoi fervoiesc 



i«4 MOU 

ces deux cornes , qui ne luî paroiffent 
avoir d'autre ufage que pour la dé- 
fenfe de l'animal , comme les cornes 
des Bœufs & des autres animaux cor- 
nus. Les yeux font à côté de la naif- 
fance de la corne inférieure ; ils font 
durs , tranfparens , gris Se immobiles». 
. Se ne fortent point de leurs orbites ,. 
comme ceux des Ecreviffes. La bou- 
che eft au-deflbus de la corne infé- 
rieure ; elle eft garnie de quelques 
petites excroifTanccs ou pointes , qui 
tiennent lieu de dents, avec quelques 
poils rudes , durs , Se longs de trois à 
quatre lignes , qui font placés au- 
deifous de deux petites mouftaches 
proprement applaties fur la partie que 
l'on pourroit regarder comme la lèvre 
fupérieure. 

Ces Moucher naiiTent Se fe nourrif- 
fent dans la fubftance & le cœur des 
arbres , qu'on appelle Bas de foie. 
C'eit en effet dans ce feul endroit-là 
qu'on les trouve, & où , félon toutes 
les apparences , elles fe produifent , 
quand par quelque accident cet arbre 
fe pourrit fur pied ou quand il eft 
abattu. 

Lorfque le P. Labat avoit befoin 
de ces Monrhes cornues, pour en en- 
voyer en France , il envoyoit abattre 
quelques-uns de ces arbres : s'ils fe 
trouvoient pourris en quelques en- 
droits , comme cela arrive fort fou- 
vent , il étoit fur d'y trouver des Mou- 
ches en les faifant fendre ; Se quand 
ils ne l'étoient pas , il y faifoit donner 
quelques coups de haches, comme on 
fait à la Martinique , pour avoir des 
Vers de Palmites : il étoit affûré d'y 
trouver des Meuches cornues dans trois 
ou quatre mois. 

Le même Auteur a trouvé dans des 
Gommiers pourris une autre efpece 
de Mouches fort particulières : elles 
étoîent de la longueur & de la grof ■ 
feur du pouce , fans compter le col & 
la tête ; elles- avoient trois jambes de 
chaque côté, Se deux petits mordans ,. 
somme les Crabes , avec deux paires 



MOU 

d'ailes de la même matière Se de Is 
même forme que celles des Mouches- 
cormteï. 'LeuT peau étoit dure &feche, 
couverte d'un duvet noir , court ,. 
épais Se doux comme du velours. Leur 
tête étoit longue de neuf lignes ; elle 
étoit jointe au corps par un col qui 
avoit un bon pouce de longueur , 8c 
ce col avoit tous les mouvemens né- 
ceflaires pour la haufler^Ja bailfer 
8c la tourner à droite Se à gauche. 11 y 
avoit au-deffùs des yeux deux cornes: 
toutes droites d'environ un pouce de 
longueur , noires comme du jayet 
dures , fortes Se pointues , Se au mi- 
lieu du front étoit une autre corne de 
près de deux pouces de longueur,, 
de même matière & forme que les pré- 
cédentes , Se qui étoient parallèles à la 
longueur du corps. Il en a trouvé , 
dit-il , qui n'avoient que deux cornes ,. 
Se d'autres qui. n'en avoient qu'une , 
mais qui avoit près de trois pouces de 
longueur. Il remarqua , continue-t-il 
qu'ayant agité quelques-unes de ces 
trois dernières efpeces pour les obli- 
ger à voler dans là chambre ; elles le 
faifoient avec tant de force qu'elles 
s'enfonçoient dans la cloifon , qui étoir 
de bois , à la vérité , affez tendre , Se y 
demeuroient attachées , fans pouvoir 
s'en tirer. 

Pour conferver ces Mouches 8e em- 
pêcher que la tête ne fe fépare dit 
corps , il faut leur enfoncer un petit 
bâton dans le fondement qui paiTe juf- 
qu'à la tête , Se enfuite les mettre à la 
fumée pour les faire fécher ; c'eft la 
pratique ordinaire : mais ayant cepen- 
dant remarqué , dit le P. Labat,, 
que la fumée gâtoît la couleur de leurs 
ailes Se du duvet, il en fit fécher dans 
Fétuve , Se par ce moyen elles étoiénf 
bien mieux confervées , Se les couleurs 
n'étoient point du tout changées. 

Les différentes efpeces de Mouches 
font innombrables au Cap de Bonne- 
Efpérance : .on en diftingue entr'autrer 
une verdâtre , qui eft de la nature des: 
Manches Espagnoles , ou des Can}harir 



/ 



MOU 

T ies , & que les Chirurgiens du Cap 
emploient aux mêmes ufages. Hift. 
Générale des Voyages, Tome XVI IL 

Les Hollandois trouvèrent a la cote 
d'Or , dît Artus , un infecte fi bril- 
lant dans les ténèbres qu'ils le prirent 
d'abord pour un Ver luifant. Il ref- 
lembloît à la Çantharide, ou à la Mou- 
che d'Efpagrie, excepté par fa couleur 
qui étoit noire comme du jayet. Bar- 
bot obferve qu'outre ces Mouches 
noires , qui font fore gro(lês , dit-il , 
Se qui rendent pendant la nuit une 
forte de lumière , on voit iur la côte 
quantité de Vers luifans. Akkins rap- 
porte que la Mouche de [eu , qui eft 
fort commune dans la Latitude Méri- 
dionale , vole pendant la nuit, & ré- 
pand dans l'air autant de clarté que 
les Vers luifans fur terre. 

Il y a une variété infinie de Mou- 
ches dans rifle de Madagafcar , en- 
tr'autres une Mouche luij'atite nommée 
J-Ierecherche. V oyez ce mot. 

On voit autant de fortes de Mou- 
ches , Se même plus , à la Louifiane , 
qu'en France , dit M. le Page du 
P r a t z ; car le pays y eft beaucoup 
plus chaud. Le moyen de s'en garan- 
tir , félon ce Voyageur , eft de brûler 
tant foit peu de foufre le matin & le 
foîr , de deux jours en deux jours feu- 
lement. Ces fortes d'infectes ont l'odo- 
rat fin , & ne reviennent que plus de 
huit jours après. 

On y voit quelquefois une efpece 
particulière de Mouche , qui , fuivant 
toute apparence , eft pafiagere ; car 
on n'en voit pas tous les ans. On a 
même remarqué qu'elle ne vient que 
tous les deux ans. Les Naturels du 
pays ont obfervé que lorfque ces Mou- 
ches font en grand nombre , elles fem- 
blcnt annoncer une abondante récol- 
te. Ces Peuples , comme le dit M. l e 
Page du Pratz, peuvent bien- 
avoir leurs fuperftitîons ; mais il a re- 
marqué que les beftiaux ne peuvent' 
seûer dans les pâturages , fi-tôt que' 



MOU ïtf5 

le Soleil paroît , l'année qu'il y a de 
ces Mouches. Au refte , c'eft dommage 
qu'elles foient fi méchantes ; car elles 
font très- belles , ajoute-t-il > 8c uns 
fois plus grottes que l'Abeille du plus 
beau verd céladon. Le dos reffemble 
à une cuiralfe d'or cîfelée & brunie , 
& il eft d'un deffein char^nt à voir 
avec le microfeope. 

Il y a suffi différentes efpeces da 
Mouches dans l'ifle de Cayenne. Lea 
unes font des Frelons; les autres des 
Guêpes ; les autres de fimples Mou- 
ches. 

M. Barrere (Hijl. Nat. de la 
France hquinoxiale , p. 193.) nomme 
la première Crabro- major , niger , vene- 
natus. Il a fui vi Jonston, dit-il, qui n'a 
pas fait difficulté de diftinguer ce genre' 
d'infecte de celui de la Guêpe , que 
plufieurs confondent enfemble. Divers 
jifm à Vefpis Crabrones genus pono , dît 
le même Jonston, Hïfi. Nat. delnf. 
L. I. p. 20. Cette efpece de Frelon- 
fait fon nid ordinairement fous terre r 
ou fur les arbres. Il a l'euie fi fine r 
qu'au moindre bruit qu'il entend de' 
loin , il quitte fa retraite Se va piquer 
le partant. La piquûre de cet infecte 
fait des élevures fur le corps, donne 
fouvent la fièvre , & caufê les dou- 
leurs les plus vives , qui durent cinq 3: 
fix heures. On en eft quelquefois fi 
maltraité à Cayenne, qu'on s'en dé- 
fefpere pendant quelques jours. L'Au- 
teur marque l'avoir malheureufement 
éprouvé plus d'une fois. Il dit que 
l'urine calme la douleur , en baffinant' 
les piquûres. 

Il nomme la féconde , Mouche à 
Tathou, en Latin Çrabro parvus , mger,- 
venenatus. On a donné ce nom à cet' 
Infecte , pareeque l'on a cru que le 
nid qu'il fait avoit en quelque forte la 
figure de cet animal , qu'on appelle' 
dans le pays Tathou. Sa piquûre eft- 
très-fàcheufe & venimeufe ; elle effe 
le plus fouvent accompagnée de la; 
fièvre. 

La troîfieme efpece' qui el£ un©.' 



\66 



MOU 



Mouche luifante , eft nommée Mu fi a 
argentea minor , fplendefiens. 

La quatrième , nommée Mufca ma- 
ior , dih noilhque i»fi<*r gènam Jplen- 
dens , eft une grotte Mouche luijante , 
qui eft appellée Infettum infiar t'uci , 
par Marc Grave. Cet infecte, 
félon M. Barrere, appartient au 
genre des Mouches :îl eft très-différent 
de celui qu'on appelle aulli dans le 
pays Mouche luijante , que l'Auteur 
a rangé parmi les Scarabées, Voyez 
SCARABÉE DE C A YEN NE. 

11 donne auflï le nom de Mouche grt- 
fc, Se de Mouche à drague , a deux 
e/peces de Guêpes qui fe trouvent dans 
l'ifle de Cayenne. Voyez GUÊPE. ^ 

Les Mouches DemoïfeUes , les Éphé- 
mères , les Tipules , &c font des in- 
fectes volans , comme il a été déjà dît. 
Je parle de chacun d'eux à leur article. 

Voyez ces mots. 

MOUCHEROLE, oifeau. 
C'eft le même que le Bouvier. Voyez 
ce mot. 

MOUCHERON: Quoique 
les plus petits objets foient en appa- 
rence les plus Simples , il eft conftant 
cependant , dit Jean-Jacob "Wagne- 
rus , Médecin de Zurich , dans les 
£phémérides des Curieux de la Nature , 
Dec z. Ohfirv. 1Z6. que les merveil- 
les de la Nature n'éclatent nulle part 
davantage que dans fes plus petites 
productions, lorfqu'on les obferve avec 
attention, Se le Moucheron en pourrait 
fournir la preuve. 

Cet infecte eft du genre des Mou- 
ches ; fon corps eft long Se moilaffe. 
Il a fix jambes très-longues, courbées 
en dehors , dont les deux de derrière 
font plus hautes que les autres. Son 
ventre eft formé de neuf lames ou an- 
neaux. 11 a la tête petite ; à fon extré- 
mité font deux antennes garnies d'ef- 
peces de plumes , Se fes yeux font 
noirs. Au lieu de bouche il a une trom- 
pe pointue , ou une forte de bec dur 
Se creux , avec lequel il perce la peau 
& fuce Je fang des animaux , Se fur- 



MOU 

tout celui de l'homme , dont il parole 
le plus avide , Se dont il f= remplie 
jufju'à ce que fon corps foit tendus 
comme un bâton. Sa poitrine efl: lar- 
ge , élevée , & d'une couleur ver- 
dâtre. 

Le P. K i R K E R attribue à la pou£ 
fiere la propriété de produire les Mou- 
cherons, pareequ'elie doit contenir une 
grande quantité de matière excrémen- 
teufe , Se de molécules qui ont autre- 
fois appartenu à différentes efpeces 
d'animaux. Le célèbre Sïammer- 
DAM rapporte qu'on l'avoitaiTuré qua 
les Moucherons n'étaient produits qu» 
dans les eaux. Goedard ( i'vp. XXil. 
Part. III. ». io.) a obfervé que les 
Moul hérons fe retiraient en grand nom- 
bre dans les citernes , lorfque l'hiver 
approche , c'eft-à-dîre à la fin de 
Novembre. Ils y entrent , Se fe tien- 
nent en repos fur la fuperficie des 
eaux , Se y jettent leur femence , baif- 
fant la partie poftérieure de leur corps, 
pour le décharger avec plus de faci- 
lité. Cette femence , dit-il , qui va au 
fond de l'eau fe transforme en de pe- 
tits Vermiifeaux , qui font de couleur 
rouge comme du fang. Ces petits Ver- 
miifeaux fanguins fe peuvent nourrir 
de quelques petits animaux , qui fe 
trouvent fur la fuperficie des eaux. 
Goedard les nomme Toux aquati- 
ques. Ces Vermiffeaux au bout de onze 
mois fe raffemblent en grand nombre Se 
comme en peloton ; ils font un grand; 
mouvement dans l'eau ; enfuite il fort 
de leur corps un fuc gluant Se pituî— 
teux : après cela , la métamorphofe f« 
fait , & de cet amas , il fort une quan- 
tité prodigieufe de Moucherons , qui fe 
mettant auffi-tôt à voler, 1 elles font 
les obfervations de Goedard fur 
la génération des Moucherons. Voici 
celles de W A G N e k u s fur la même 
matière. 

Le Mouchera» , dît cet Auteur, dé- 
pofe en automne fa femence , ou plu- 
tôt fes petits œufs jaunâtres , fur le 
Nénuphar Si le Potamogéton, ainfi que 



MOU 

fur les autres plantes de marais : il 
les y colle avec une forte de glu , Se 
les range fur leurs feuilles avec un cer- 
tain ordre. Aux environs du mois de 
Juin de l'année fuivante , la chaleur du 
Soleil ayant échauffé ces œufs , il en 
fort de petits Vers jaunâtres, ronds & 
menus , compofés de treize anneaux , 
Se dont la tête eft rouge. Ils n'ont que 
deux pattes placées fous le premier 
anneau. L'extrémité de ces pattes en 
rude , comme la graine d'Appariné ou 
Grateron , Se la partie poftérieure de 
ces Vers eft formée par trois petites 
apopliyfes*. Ils fe conftruifent enfuite 
de petites coques molles Se vifqueu- 
fes, qu'ils attachent à ces mêmes plan- 
tes aquatiques , dans lefquelles ils fe 
Tenferment , comme dans une forte 
d'étui ; & ayant alors acquis une cer- 
taine groffeur, & leur corps étant de- 
venu d J un brun verdâtre , comme les 
feuilles des plantes qui leur ontfervi 
de nourriture , leurs ailes fe déploient : 
ils s'envolent , Se fe nourriffent enfuite, 
dans ce nouvel état, du fang des ani- 
maux qu'ils fucent avec leur trompe. 

Cet infecle fait un bruit aifez aigu 
en voltigeant : on ne doit pas cepen- 
dant fe perfuader qu'il ait fous le dia- 
phragme une poche membraneufe qui 
contienne de l'air , ni aucunes fortes 
d'organes deftinés à la refpiration , 8c 
qu'en frappant ces parties avec leurs 
ailes qu'ils meuvent avec la plus gran- 
de vîteffe , ils en tirent un fon , com- 
me il arrive à pluficurs infectes. Le 
Moucheron n'a en effet aucun de ces 
organes ; mais comme en faifant tour- 
ner en l'air avec rapidité un morceau 
de douve de tonneau , ou du cuir fu£ 
pendu à une ficelle , on produit un 
certain bruit , de même les ailes mem- 
braneuses du Moucheron , en frappant , 
en produifent un femblable ; & ce bruit 
ou ce fon , que les infectes font en vol- 
tigeant , eft proportionné à la force 8c 
à l'étrndue de leurs ailes. C'eft aînfi 
que le bruit que fait le Frelon , eft 
î>lus fenfLble que celui des Mouches , 



MOU irr 7 
pareeque les ailes du premier ont plu# 
de confiance : c'eft par la même rai- 
ion que les ailes des Scarabées étant 
cruftacées , le bruit que leur mouve- 
ment excite eft encore plus fort , tan- 
dis que celles du Moucheron étant plu» 
petites , elles ne peuventproduirc dans 
l'air que de petits fons aigus ; & que 
le mouvement des ailes des Papiiicng 
eft abfolument fourd , pareeque les 
membranes qui les forment font fari- 
neufes , Se revêtues d'une efpece do 
duvet. 

Les mâles des Moucherons , ajoute 
G o e d a r d , ont fur le haut de \a 
tête comme des plumes fort légères , 
Se leur aiguillon a plus de force que 
celui des femelles. Ce font des infectes 
fort incommodes. Ils fe railafient de 
notre fang , jufqu'à en regorger. Les 
Moucherons qui viennent de naître , Se 
qui montent pour la première fois du 
fond des citernes , font blancs , 8e pa- 
roiffent n'avoir ni pieds ni ailes. U« 
quart-d'heure après , leurs ailes com- 
mencent à s'étendre , Se ils prennent 
l'effor , quand leurs ailes font affez 
flexibles. 

MOUCHERON PANA- 
CHÉ : Il eft parlé dans le Journal 
des Savans, du 28 Avril itf8i. d'ura 
Moucheron panaché. Cet infecte a voie 
autour de la tête une efpece de bour- 
relet, tout parfemé d'yeux 5 le con- 
tour étoit d'une couleur verte Se au- 
rore très- vive. Du haut de la tête, 
qui étoit à-peu-près de la couleur de 
l'ambre gris , s'élevoient deux pana- 
ches bruns mêlés d'aurore , au milieu 
defquels fe trouvoit la trompe de même 
couleur. A côté de ces deux pana- 
ches fortoient deux tiges tranfparentes, 
qui étoient divifées à diftances égales 
par des nœuds , qui poulfoient de tou- 
tes parts des plumes doreés. Voyez la 
figure de ce Moucheron panaché , dans 
le Tome I. des Collettuins j4 endémi- 
ques , p. 288. 

MOUCHERON SAU- 
TEUR des faux Vucerms du Fit- 



MOU 



guier : Ce Moucheron fauteur , dît M, 
de Réaumur (Além. X. Tome III.), 
porte fes ailes en toit fort aigu , & 
affez élevé au-deffùs du corps .* elles 
ont de greffes nervures. Le nombre de 
leurs nervures n'eft pas auffi grand 
que celui des nervures des ailes de 
tliverfes Mouches: les leurs paroiffent 
composées de carreaux de talc de fi- 
gure irréguliere , 8c tous encadrés : la 
nervure , qui borde chaque aile , eft 
jaunâtre. Le corfelet , qui eft maffif , 
par rapport à la grandeur de l'infefte , 
Se le corps , font d'un verd tendre : 
les jambes font blanchâtres. Quoique 
l'infecte s'en ferve pour fauter, les 
poftérieures mêmes ne font pas bien 
longues , auffi ne fait-il pas de grands 
fauts. H porte deux antennes un peu 
brunes , compofées de petits cylindres 
mis bout à bout ; elles font trts-char- 
gées de poils. Sa trompe eft noire ; 
elle fort d'entre la première 8c la fé- 
conde paire de jambes. Ainfi fous la 
forme de Mouche, comme fous celle 
de faux Puceron , il pompe le fuc des 
feuilles. La vraie origine de la trom- 
pe du faux Puceron eft apparemment 
dans le même endroit , que l'origine 
de celle du Moucheron. Le Moucheron 
jette encore pour excrément, comme 
le faux Puceron , une eau claire. Son 
anus eft au bout d'un tuyau qui part 
du derrière. Il redreffe ee tuyau pref- 
que perpendiculairement à fbn corps, 
toutes les fois qu'il veut fe débarraf- 
fer d'une goutte de liqueur , & dans 
d'autres temps ce tuyau eft prefque 
dans une pofition horifontale. 

MOUCHERON SAU- 
TEUR de faux Puceron de Buis. 
Ce Moucheron eft comme le précé- 
dent : il a de même le port d'ailes en 
toit; mais à l'origine des ailes refte à 
découvert une partie du corps, parce- 
queles ailes ne fe rencontrent qu'à une 
affez grande diftance de leur origine. 
Cet infecte a le corps verd : fes ailes 
font fi minces , qu'elles femblent pren- 
dre la couleur du corps; cependant fi 



MOU 

on les regarde dans certains jours 1 
elles paroiffent un peu rouffes. Il a fis 
jambes , dont les deux dernières font 
pofées comme celles de la plupart des 
Inf elles fauteurs , c'eft-à-dire que le 
milieu de la jambe eft ordinairement 
pofé parallèlement à la longueur di» 

T'OUCHET, ouÉMOU- 
C H E T , oifeau de proie , qui eft le 
Tiercelet , ou mâle de VÉpervier , qui 
ne vaut rien en Fauconnerie, nommé 
en Latin Tertiarius Percos , ou Mwf- 
cetus , ou Mufchetus. Cet oifeau , dît 
B e l o n ( L. II. de la Nature des Oif. 
chap, il. p. 123.), a la tête couver- 
te de plumes brunes ; la racine en eft 
blanche. Quelques plumes de la par- 
tie des ailes qui touche le dos , font 
marquées de taches circulaires & blan- 
ches. Les plumes qui couvrent le 
dos Se les Liles , ne paroiffent tache- 
tées que lorfqu'on les regarde par de- 
dans : ces taches font en travers. Les 
petites plumes qui font autour du pli 
des ailes, Se aux côtés de l'eftomac, 
font rouffes ; celles qui font deffbus 
le ventre paroiffent fort mouchetées en 
travers , Se les côtés en font noirs. 
Voyez ÉPERVI E R. 

MOUETTE, en Latin Larus, 
nom que les Naturaliftes donnent à 
plufieurs efpeces d'oifeaux aquatiques , 
que M. L 1 n n & V s ( Fauna Suec. 
p. 4.6. ) met dans lç rang des Avet 
Anferes , & M. K l e i n dans la 
cinquième famille de fes oifeaux qui 
font palmipèdes], tétradaétyles , 8c dont 
le doigt de derrière eft fimple: Plotti, 
id efi palntati , tetradattyii , di^ita 
poftico ffmplici. Les Mouettes en com- 
pofent la première tribu du fécond 
genre. Ce Naturalifte dit que le nom 
Grec A*pèç a été donné à ces oifeaux , 
à caufe des petits poiffons nommés 
Lari , qui font leurs délices. Ils font 
Macropteres , Macroptera , c'eft-à- 
dire qu'ils ont les ailes longues. Leurs 
pieds font courts Se palmés. Plufieurs 
efpeces de Mouettes ont à la mâchoire 

inférieure 



mou 

Inférieurs tomme un article , on émî- 
nence. De certaines efpeces ont les 
deux mâchoires droites. Quelques- 
unes ont la queue égale : d'autres l'ont 
fourchue. 11 n'y a de Lari , dit M. 
Klein, que ceux qui font palmipè- 
des & tétradaccyles. M. LinnjEUS 
ne parle que de la Mouette blanche Se 
de la cendrée. R A y ( Synop. Metlt. Av. 
p. les diftribue en trois genres, 

fa voir les Lartts qui ont trois doigts 
Se n'en ont point derrière ; les Larus 
qui en ont quatre, trois devant Se un 
derrière , 8c les Larus de la petite ef- 
pece , qui ont la queue fourchue. Les 
marques caractérilîiques du Larus font 
d'avoir un bec fort , long , étroit , 
pointu, un peu courbé à l'extrémité; 
dans les petites efpeces il eft plus droit. 
Cet oifeau a les narines obiongues , 
les ailes longues Se fortes , les pieds 
petits , le corps menu , couvert de 
beaucoup de plumes. En général les 
Larus, ou les Mouettes font des oi- 
feaux criards , toujours volans , tou- 
jours affamés , Se qui fe nourriffent de 
poiffons. Parlons de ces différentes ef- 
peces de Larus , fuivant l'ordre que 
K a y leur a donné. 

Le premier des Larus qui n'ont que 
trois doigts aux pieds Se point derrière , 
eft nommé Ratbs-Herr par Martens. 
Cet oifeau , connu en Allemagne, a 
le bec étroit, pointu, délié, noir, les 
pieds noirs , le corps blanc comme celui 
du Cygne, des ailes longues , & une 
queue large Se longuette , comme celle 
des autres Larus. La blancheur de fon 
plumage entait un très -bel oifeau. Il 
ne va pas ordinairement dans l'eau ; il 
le tient plus volontiers à fec. Le plus 
fouvent il eft folitaire ; cependant ces 
efpeces d'ojfeaux volent en troupes , 
pour aller chercher à vivre. 

Le fécond, appelle enGrccKcTrpsflc'pjis» 
Se en Anglois Strund-Jagcr , eft un 
autre Larus , décrit encore Se dépeint 
par M a r t e n s. Il eft connu en Alle- 
magne; fon bec eft un peu obtus Se 
■courbé , noir , autant que s'en peut 
Tome III. 



MOU i6 9 

foitvefiîr l'Auteur , dit Rat. H a trois 
doigts aux pieds, les jambes petites, 
la queue comme celle des autres La- 
rus , où il a une plume qui pafle tou- 
tes les autres en longueur : le fommet 
de fa tête eft noir. Cet oifeau a autour 
du col un collier de couleur jaune ; fon 
dos eft brun ou gris cendré ; fon ven- 
tre eft blanc. Selon M a r t e n s, on le 
nomme Strud-Jager en Allemand , par- 
cequ'il ne ceffe pas de fuivre le Larur 
cendré de Belon, qu'on nomme en 
Allemand Kudge-Ghef , afin de pou- 
voir fe nourrir de fa fiente , quand il 
voit qu'il s'eft vuidé , Se en effet il ne 
la laiffe pas tomber au fond de l'eau , 
car il vient très-avidement la dévorer. 
C'eftce-que Ray dit avoir remarqué 
lui-même. 

Le troifieme , dont Frédéric 
M a r t e N s parle , reffemble en tout 
au Larus cendre de la grande cfpece 
mais II n'a point de doigt derrière le 
pied. 

Entre les Larus qui ont quatre 
doigts , le premier dont parle Ray, 
eft le Larus maximus , ex albo & ni- 
gro , Jeu caruleo nigricante varius , ou 
marinus , ingens de C h v s i u s. On le 
nomme en Anglois Great Blackœnd 
White Gull. Cet oifeau eft prefque de 
la grandeur d'une Oie. Il a le bec fer- 
ré, un peu courbé à l'extrémité , de 
couleur jaune : fa mâchoire inférieure 
vers la pointe forme une efpece d'an- 
gle marqué d'une double tache , noi- 
re par deffous & rouge par deffus. Sa 
tête qui eft grande, fon col, fa poi- 
trine , fon ventre Se fa queue font 
blancs. Il a le milieu du dos Se les ai- 
les noirs , excepté les pointes des 
grandes plumes ; les jambes Se fes pieds 
font blancs , Se fes ongles font noirs. 
R a y dit, en difféquant un de ces oi- 
feaux , avoir trouvé en entier dans fon 
eftomac un poiffon plat, du genre des 
Pajferes TiJ'ccs , tels que les Limandes, 
les Plies, les Fiez 8t les Fletelets. 

Le fécond eft le Larus ciuereus 
maximus, nommé en Anglois Heiring- 



ï 7 o MOU 

Cuil. II eft de la grandeur du Canard 
domeftique : fon bec eft jaune & de 
la figure de celui du précédent, Cet 
oîfeau a une élévation angulaire à la 
mâchoire inférieure , marquée de cha- 
que côté d'une grande ligne rouge; Tes 
pieds font tantôt de couleur jaune , 
tantôt couleur de chair : fes ongles font 
noirs. Il a la tête , le col , le croupion , 
la queue & tout le bas du corps blancs ; 
fon dos , les plumes qui couvrent les 
ailes & les pennes font d'un cendré 
obfcur, excepté cinq, qui font tache- 
tées de blanc. On voit beaucoup de 
ces oifeaux fur les bords de la mer. 
Cette efpece de Larus eft le Marina- 
rius Tijcator du Comte de Marsilly ; 
la Mauve des Pères duTertreSc 
Iabat ; le Gaviota d'OviEDo; 
le Guacaguacu de Marc Grave; 
âe le thc Common Gull de Sloane, 
p. 322. 

Le troifieme eft le Larus cinereus 
7ninor t que les Anglois nomment the 
'Common jea-Mall , ou Meiu. 11 pefe 
une livre Se eft femblable au précé- 
dent, mais bien plus petit. La grolfeur 
qu'il a à la mâchoire inférieure du 
bec eft auffi plus petite. Cet oifeau a ' 
le bec d'un blanc fale , jaune au bout ; 
la tête 8c le col tachetés de noir ; le 
dos, jufqu'à la queue , cendré ; les plu- 
mes des ailes nommées tecirices > blan - 
ches ; les grandes , rémiges , variées de 
noir Se de blanc ; le refte du corps cou- 
leur de neige , & les pieds verds. M. 
Klein, Ord. Av. p. 137. n. 4. 

Le quatrième , félon Ray, eft le 
Larus cinereus de B e l o n. 11 n'eft pas 
plus gros , dit-il , qu'un Pigeon ordi- 
naire Se il ne diffère pas beaucoup de 
fa figure. Cet oifeau eft tout blanc fous 
le ventre ; le haut de fa tête Se de fon 
col font pareillement blancs ; mais 
P'oche d' j s oreilles il a une tache noire ; 
lapnrtie inférieure du corps eft noirc- 
ie milieu du do? Se les plumes feapu- 
laires foàt cendrées. Il a la queue blan- 
che , le bout des plumes noir ; fon bec 
eft de la longueur du doigt; les pieds 



MOU 

font de couleur livide Se les ongles 
noirs ; le doigt de derrière n'eft qu'une 
efpece de doigt , tant il eft petit Se me- 
nu. Ses ongles ne font point garnis 
d'un tubercule charnu : c'eft en cela 
qu'il eft facile à dïftinguer des autres 
Larus. M. Klein {ibid. ». m.) le 
nomme Larus cinereus Pifcator , Se 
Schwfnkfeld , Gavia. Quelques-uns 
l'appellent auifi Hinmdomarina,Vu!tur 
Pifcarius , Gyrfalco marinus. Les An- 
glois nomment cet oifeau Tarrock. . Se 
M a r t e n s , Kttdge - Ghef. C'eft le 
Aapoj dont parle Aiustote(L. VlIL 
c. 3 & L. V. c. 9.) , dit Belon {de 
la Nac. des Gif L. 111. c.i^.p. 10*9. 
M. Linn/eus ( Fawia Suce . p. ^6. 
n. 12 5.) le nomme Larus alkus , dorfa 
cinereo-fiifco. 

Le cinquième eft le Larus cinereus 
tertius d' A L D R o v a N D e , le Cepphus 
deTuRNERUS &deGESNER. On 
le nomme en Anglois Pewitta , ou 
Blackcap , Called at Chefter the Sea- 
Crow. 11 eft de la grandeur d'un Pi- 
geon. Son bec eft un peu courbé Se de 
couleur de fang , noir au bout ; fes 
ongles font noirs Se fes pieds rouges : 
le derrière de la tête eft noirâtre. Dans 
quelques-uns toute la tête Se legofier, 
jufqu'au milieu, font-d'yn cendré tirant 
fur le noir. C^t oifeau a le milieu du 
dos cendré , ainfi que les plumes qui 
couvrent les ailes. Son col , fa queue 
fourchue , fa poitrine Se fon ventre 
font blancs. Cet oifeau Se le précédent 
font leurs nids dans le même endroit. 
M.Klein, p. 1 38. n. 11. 

Le fixîeme eft le C^r^/ex de Ray , 
qui eft le Sk.ua de C L u s 1 u s , & qu'or» 
nomme en Anglois Gatmet. Albin 
en parle, Tome 11. ». 85. Cet oifeau eft 
d'un brun ferrugineux. Il a les extré- 
mités des grandes plumes des ailes & 
la queue noires. J'en ai parlé au mot 
CATARACTES, où je renvoie 
le Le&eur. 

Le feptieme eft le Cataraila d'AL- 
drovande. Voyez encore au mot 
CATARACTES 



MOU 

Le huitième eft le Larus major c'tne- 
reus deBALTNER. Cet oifcau a tout 
le dos d'un cendré obfcur » excepté les 
grandes plumes des ailes , qui font noi- 
res , & le haut de la tête, qui eft d'un 
noir tirant fur le verd obfcur. Il a le 
bec droit couleur de vermillon , & les 
pieds noirs. Excepté la couleur des 
pieds , cet oifeau refïemble au Cepphus 
de Gesner 3c de Turnerus , qui 
eft le Peiuhta, ou le Melancoryfhon 
des Anglois. 

Le neuvième eft le Larus albus ma- 
jor de Belon. Le plumage de cet 
oifeau eft blanc comme la neige : il a 
quelque chofe de cendré fous les ailes. 
Ses yeux font entourés d'un cercle 
noir. Il a proche des oreilles de chaque 
côté une tache noire : du refte il ref- 
femble affez au Peivitta des Anglois. 

Belon dit qu'on nomme cette 
efpece de Larus , Mauve au Havre de 
Grâce Se à Dieppe. Cet oifeau eft de 
plus petite corpulence que la Alouette 
cendrée Se approche affez de la grof- 
feur d'un beau Pigeon blanc ; mais 
fon plumage le fait paroître d'un plus 
grand corfage , quoiqu'il ne foit pas 
tant en chair. C'eft un oifeau gai , qui 
fe tient droit fur fes jambes. Lorfqu'ii 
fait fes petits , il vole çà Se là Se crie 
contre les hommes & les animaux qui 
approchent de fon nid , d'où eft venu 
le Proverbe , Larus parturït , quand 
on veut parler d'un homme qui ne fait 
que babiller. Son nid eft contre terre , 
dans les landes , parmi les bruyères. 
Aristote dit que toutes les efpeces 
de Mouettes font leurs nids dans les 
rochers proche de la mer, & qu'elles 
ont une inimitié déclarée contre le 
Brentus, un autre oifeau nommé Har- 
pa , lesCancs Scies Canards. 

Belon parle aufli d'une petite 
Mouette blanche , différente cte la précé- 
dente , qui , lorfque le froid commen- 
ce àfe faire fentir, vole par delfus tes 
rivières Se va chercher la terre ferme. 
Cet oifeau a le defTus de la tête tout 
noir. 11 eft de moindre corpulence Se 



MOU i 7l 

vole plus long-temps. Il faut de l'a- 
dreffe pour le prendre. Il n'eft pas 
difficile d'apprivoifer cette efpece de 
Mouette. On la nourrit de tripailles , 
de chair 8c de poiffon. M.Linn^us, 
qui , comme plufieurs autres Natura- 
liftes , ne parle que d'une efpece de 
Mouette blanche , l'appelle ( Faitna 
Suec. p. 46. n. i 20. ) Larus albus > dorjb 
cano. On le nomme en Suéde Homao- 
k.a 3 en Gothlande, Mave; en Lapo- 
nie , Straule. M.Klein, ». 8. parle 
d'un Larus albus , erythrocephalus , qui 
eft le Larus major , capite rubro de 
Schwenckfeld, 8c \ethe Brown 
Heaâ Gull d' Albin , Tome II. ». 8tf. 
Il y a encore le Larus albicans du 
Comte de M a r s i l l y , p. 88. t. 42. 
qui a la queue fourchue. \J Hirundo 
marina major , en Anglois par Albin 
( Tome IL ». 8 8 . ) the Greater fea-Svjal- 
low , eft une variété. C'eft le Sterna 
deTuRNERUs, le Speuter deBALTNER, 
dit M. Klein , ». 10. 

Le dixième eft le Larus major d'A L- 
"•CROVande, qui ne diffère du Larus 
hybernus de Baltner , que par la 
couleur de l'iris , & celle du bec Se des 
pieds. Voyez plus bas Larus hyber- 
nus. 

L'onzième eft le Cepphus d'ALDRO- 
VANDE. Cet oifeau a le bec d'une mé- 
diocre grandeur, de couleur de chair, 
roux aux côtés de la membrane , noir 
au bout Se crochu; l'iris eft blanche; 
fa tête , qui eft un peu plus petite que 
celle des autres Larus,Se le bas du ven- 
tre' font blancs Se bruns, marqués de 
taches : fes ailes font noires Se de cou- 
leur jaune au bout : les grandes plu- 
mes de la queue font aufli noires. Il a 
les jambes de couleur verte, les pieds 
Se la membrane qui tient les doigt? , 
bruns. Par le bec Se par les pieds cet 
oifeau reffemble aux autres .V?ouet:eso\x 
Larus , Se par le refte aux Canards. 

Le douzième eft un Larus du Bréfil, 
nommé par Marc Grave Guaca- 
çrttacu ; par les Portugais , Gaviota. 
Voyez GUACAGUACU. 

Yij 



ï 7 2 M O V 

Le treizième eft le Wagelhts de la 
Province c!e CornouailLes en Angle- 
terre, nommé Maninaejz.o à Venife; 
à Amfterdam Burgomafter , ou Groen- 
land} par Martens , Mali-Mucki en 
Anglois Great Grey-Gull. Get oilêau 
pefe vingt-deux onces. Sa couleur , 
tant du dos que dtr ventre , eft un mé- 
lange de blanc , de cendré Se de brun , 
comme celle du Canard vulgaire , ou 
de l'oifeau nommé Numemus. Les plu- 
mes du croupion & de deflbus la queue 
font, pour la plus grande partie, blan- 
ches : elles font peintes au milieu de 
grandes taches brunes. Les grandes 
plumes des ailes l'ont noires : celles de 
la queue font traverfées- de taches blaiv- 
ches Se noires. 11 a proche de l'a partie 
fopérieure un cercle noir Se large , for 
lequel les pointes desplumes font blan- 
ches : fon bec eft de trois doigts de 
long & tout noir : fon col eft court Se 
fa tête grande , qu'il retire toujours 
vers les épaules-,, comme font les autres 
Larus. Par la grandeur de fa tête , Rat 
conjecture que c'eft l'oifeau qu'on 
nomme àAmfterdam Burgomafler. On 
en voit beaucoup dans la Province de 
Cornouailles. M. Klein (p. i^j. 
». 6. ) doute fi cet oifeau n'eft pas- le 
Larus aibo - cinereus , torque cinereo 

d'ALDROVANUE Se de WlLL'UGHIHr, 

Se le CataraUa. 

Il y a un autre oifeau que M a r- 
t e n s prend pour le Burgomafter , Se 
que R a y dit être le Larus cinereus 
maximus, qui n'a que trois doigts, & 
dont j'ai parlé. 

Le quatorzième eft le Larus fufeus , 
kybernus ,. nommé Winter-Meiv , 8c 
du côté de Cambridge , Céddy -Noddy. 
Ray dit que cet oifeau pefe dix-fept 
onces ; qu'il s la tête blanche , marquée 
de taches brunes ; le col Se le goficrun 
peu bruns ; toute la partie inférieure 
blanche; le milieu du dos cendré; les 
plumes fcapulaires tachetées de brun ; 
le croupion blanc; les pointes des plu- 
mes de la queue blanches Se une mar- 
que noire , large d'un demi-pouce ; le 



M O V 

refte blanc ; le bec long de deux doigts 
Se depuis les narines juiqu'à l'extrémité 
blanc, mêlé de brun ; une groffeur à 
la membrane inférieure. La courte defi- 
cription qu'en fait M. Klein n'elb 
pas la même. Il lui donne une moitié 
de la tête Se le ventre blancs; le défi- 
nis du corps, jufqu 'au bout de la queue,, 
cendré ; un bec noir ; les 'yeux places 
dans un- cercle noir ; autour des- ouies 
une tache noire , en forme de rein ; 
derrière la tête Se par-delà le milieu 
du col un collier noir; les ailes variées 
de brun Se les bord3 blancs. On voit de 
ces oifeaux dans l'hiver en Irlande 
éloignés de la merde plufieurs milles , 
Se voler autour des prairies humides,, 
des marais Se des fleuves. 

Le quinzième eft le Sternafufca de 
Johnson , nommé en Anglois Brown 
Terri. Ray doute fi ce n'eft pas le 
Larus cinereus minor d'ALDRO vande. 
Cet oifeau eft" entièrement blanc fous 
le ventre Se brun- fur le dos. Il a les 
ailes en partie brunes -, & en partie 
cendrées: fa tête eft noire. Les oifeaux 
de cette efpece volent en troupes. Voi- 
là félon Ray, les efpeces de Larus 
dont les pieds font garnis de quatre 
doigts. 

Le premier des Larus de la petite - 
cipecc , qui ont la queue fourchue 
eft l'Hirondelle de mer , qui eft le 
Sterna de Turnerus , en Anglois 
fea-Swallow , Se le Larus albicans dit- 
Comte de Marsilly, déjà cité ci- 
deffiis. Vovez HIRONDELLE DE 
MER; 

Le fécond eft le Larus Tifcator 
d'A l d r o v a n d e Se de Gesner, 
nommé en Anglois LeftérJca-S\vzllow. 
Get oifeau a les ailés , la queue Se le 
vol d'une Hirondelle ; fon bec eft. 
rouge, Se le haut de fa tête eft noir ; 
fon dos Se les ailes font cendrés, Se fa 
queue eft fourchue & longue de fix 
pouces. M. Klein , p. 138. n. 13. dit- 
avoir tué le 16 Août 1745. deux de 
ces oifeaux , dont il conferve la têta 
& les pieds dans fgn cabinet. 11 ne dpiK 



MOV 

ïte à la queue noire de cet oîfeau qu'un 
pouce & deux lignes. 

Le troifieme eft le Larus mger de 
Qesker, nommé en Anglois fea- 
Gravi parcequ'il fuit les hommes. 
Cet oifeau a la tête , le col Se le ven- 
trenoirs , les ailes cendrées , la queue 
un peu fourchue ,. les pieds petits Se 
rouges. Le mâle a une tache blanche 
fins le menton. C'eft la Meva nigra. 
de Schwenckfeld, l' Hirundo 
marina minor , en Anglois the Lejfer 
fea-Cock Swalio-w à' A l b i n { Tome IL 
n. 89.) Se deWiLLUGHBY, M.Klein, 
71. ia. dit que Y Hirundo , ou Hirun- 
della minima , Peruviana , caudâ bi- 
fform dont parle le Père Feuillée 
( Tome III. p. 3 3 . ) » appartient à cet oi- 
feau: il n'eu: pas plus grand qu'une 
Tourterelle. 

Le quatrième eft le Larus mger fi- 
dipes , alis longiorihus d'A ldro- 
V a N d e. Ses ailes 3c fa poitrine font 
entièrement cendrées , ou d'un gris 
cendré ; fes ailes font très - longues 
& noires par le bout ; fa queue eft 
courte Se cendrée. Cet oifeau aie crou- 
pion blanc , les doigts affez longs Se 
armés d'ongles noins , faits en forme de 
poignard ; les jambes courtes Se noi- 
res ; le delfus de la tête ,.le col Se le 
bec noirs. Le bec eft un peu longuet 
Se crochu à fonextrémité: 

Le cinquième eft le Larus mger , 
fidipes alter , alis brevioribus d'A L- 
brovjndh, Cet oifeau eft de la 
grandeur du précédent Se reflemble à 
un Merle ; mais fes ailes font beau- 
coup plus courtes , au contraire de fa 
queue, qui eft beaucoup plus longue. 
Sa couleur eft eendrée. Il a la tête noi- 
re , ainfi que le bec , qui eft menu Se 
un peu recourbé. Les plumes de la 
queue font blanches. 11 a les pieds rou- 
ges 8c petits comme les Hirondelles , Se 
quatre doigts qui font joints enfemble , 
où il y a une apparence de membrane 
qui les tient. 

Le fixieme eft un Larus minor fidi- 
$es r . connu e n Angleterre , où il eft 



MOU i 7 $ 

nommé Small-Black Clovenfooted , fea- 
Sivallow. Cet oifeau eft plus petit quo 
l'Hirondelle de mer. Son bec a un 
demi-doigt de long;, il eft aigu Se noir:, 
fa tête eft noire. Il a le dos 8e le défais 
des ailes d'un cendré obfcur , le go-, 
fier Se la poitrine noirs ; les plumes 
du bas-ventre fous la queue blanches ;, 
la queue fourchue; les dernières plu- 
mes longues de trois doigts 3c demi 
celles du milieu de deux doigts 3; urr 
quart ;. les dernières de chaque côté- 
blanches : les autres d'un cendré clair. 
Il a les pieds petits , d'un rouge tirant 
fur le noir: fes doigts qui font divifés 
ne tiennent que par une très-petite 
membrane. A peine cet oifeau par for»' 
cri peut-il être diftingué de l'Hiron-- 
delle de mer* 

Le feptieme eft le Larus fidipes alter 
de Johnson. Cetoifeau eft de la gran- 
deur d'un Merle , ou un peu plus pe- 
tit. Son bec eft menu , pointu Se noir, 
II. a le haut de la tête noir , ou d'urr 
roux obfcur ; les deux côtés du col Se 
le deJTous du col rouges ;. le bas du." 
corps blanc ; le dos Se les ailes- bruns ,., 
marqués de taches jaunes. Une ligne 
blanche traverfe fes ailes : elles font 
longues & fa queue eft courte. Les' 
doigts des pieds ne fe tiennent point ; 
mais de petites membranes de chaque 
côté , tortueufes Se joliment dentelées 
les tiennent les uns aux autres. Cet 
orfeau eft fingulier, dit Ray , Se parois 
tenir le milieu entre les Foulques Se les ; 
Larur. 

Le huitième eft un Larus minor , ex 
albo & nigro varius , qu'on voit dans 
le cabinet d'Hiftoirc Naturelle de Ley- 
de. Ray ne fait fi c'eft une efpece de 
Larus, ou un de ceux dont on vient 
de parler, d'après ce N'aturalifte An- 
glois. 

Cet Auteur parle aulTi d'un Larus 
einereus mïnimus, que l'on voit au même 
endroit: 

Enfin il y a le Larus de l'Amérique 
en Latin Larus Americanus miner », 
folié. us , dçjat- le corps eft d'un brurj; 



i 74 MOU 

rouge Se le ventre blanc , dit Sloane, 
On le nomme Noddy en Anglois. C'eft 
le Pajfer jhdtus d'H brnandez Se de 

NlEREMBEitC. 

11 y a encore quelques autres oi- 
feaux, que M. Klein met dans la 
famille des Mouettes, fa voir le Larus 
maculâtes du Comte DE Marsilly , 
p. 94. t. 45, Cet oifeau a fur le haut de 
la tête une efpece de coêrrure de fem- 
me , compofée de petites plumes noi- 
res. Il a le refte de la tête Se le menton 
blancs ; le gofier & la poitrine marqués 
de taches vertes , Se alternativement 
de taches blanches Se noires; les gran- 
des plumes des ailes , rémiges , d'un 
noir brun ; la pointe blanche , les yeux 
noirs, l'iris blanche, les pieds-d'un 
jaune fale. 

1 Le Larus , nommé Hirundo marina, 
minor , capite aibo par S L o a n e , 
p. 3 1. 1. 6.f. 2. eft Y Hirondelle marine 
à la tête blanche de Catesbt, p. 58. 
Cet oifeau a les yeux rouges, bordés de 
blanc; le bec pointu, long de deux pou- 
ces; le vertex Se le jynciput blancs : à me- 
fure que le blanc approche du col, cette 
couleur brunit; il a tout le corps brun , 
les ailes fur-tout: elles égalent en lon- 
gueur la queue. Au-deifus de l'angle 
du bec il a une raie noire , qui a fa 
bafe à l'œil Se fa pointe au bec. Les 
çieds font noirs Se membraneux. 

Le Larus minor , capite nigro , rofiro 
rubro , eft la Mouette rieufe de C a- 
t e S b y. Cet oifeau a le bec rouge, 
crochu vers fon extrémité , fait en 
faucille par denous vers le bout; la 
tête d'un noir brun ; les yeux noirs , 
bordés autour de blanc ; l'extrémité 
des grandes plumes de l'aile d'un noir 
brun; les pieds noirs , membraneux; 
les plumes de la queue égales , plus 
courtes de deux pouces que celles des 
ailes. 

Le Larus chlamyde leucophω , alii 
hrevioribus. C'eft le Goiland du Pere 
Feu iilée, Tome III. p. 1 2. Cet 
.pifeau a le bec à la racine jaune , le 
refte noir j le col & les joues d'un cen*> 



dré mêlé de blanc; la partie antérieure' 
du col, ainfi que le ventre, cendrée; les 
premières grandes plumes des ailes des 
couleur ferrugineufe , frangées d'un 
jaune foncé , ainfi que les plumes de 
la queue ; les pieds d'un jaune doré. 
Le Larus torquatus » chlamyde nigrâ 
& pedibus cinereis du Pere Feuillée 
C Tome III. p. 14. ) en eft ou une varié- 
té, ou le mâle ou la femelle , dit M, 
Klein, Tome III. p. 14. 

Le Larus piger cunicularïs. C'efl 
le PuJJin des Anglois, dont parlent 
Willughbï Se C A ï u s. Cet oi- 
feau a les pieds palmés Se rouges , le 
bec long d'un doigt Se demi , ou de 
deux doigts, étroit, noir Scfemblable 
pour la forme en quelque forte à celui 
du Vanneau ; le doigt de derrière petit 
& pointu. Il fe cache dans les trous des 
Lapins. Il a fon temps pour fe cacher , 
comme font le Coucou & l'Hirondel- 
le, dit Caïus. Sa queue Se Ces ailes 
font afTez longues , & fon vol eft vif, 
Iln'eft pas couvert de laine, comme 
l'a prétendu Aldrovande. 

Enfin, il y a encore le Larus major 
rofiro indiquait & j'ecante de Catesby, 
dont ne parle point M. Klein. Cet 
oifeau a le bec fait en cifeau : la par- 
tie de delfous eft plus courte d'uri 
pouce Se émoulfée ; celle de deffus eft 
pointue , & a trois pouces de long. 
Il a la moitié du bec rouge ; l'autre 
moitié , jufqu'à la pointe , eft noire r 
le col Se le ventre font blancs ; le der- 
rière de la tête , ainfi que les ailes , 
eft noir , avec quelque mélange des 
blanc , Se la partie noire s'avance juf- 
qu'aux yeux : il femble que de la tête 
au ventre il foit coupé en deux. Il a 
tout le deffus du corps noir ; tout le 
defTous blanc ; la plume de defTous la 
queue eft noire ; les autres font blan- 
ches. Il a les jambes petites , courtes* 
rouges , & un talon. Ses pieds font 
membraneux , Se Ces ailes auffi lon- 
gues que la queue, Cet oifeau eft de la 
grofleur d'une Corneille. 

De cette notice des Mouettes don- 



MOU 

îlée d'après les Auteurs d-dertiis cités, 
partons aux defcriptions de plufieurs 
Se ces efpeces , telles qu'on les lit 
«îans la Nouvelle Hifioire des Oifeaux , 
«ravée par Albin. 

MOUETTES pieds fendus. 
Albin ( Tome IL ». 02.. ) donne à 
cet oifeau fix pouces Se demi de lon- 
gueur depuis la pointe du bec juiqu'à 
l'extrémité de la queue , Se trenîe-flx 
de largeur , les ailes déployées. Il a 
le bec droit Se noir à la pointe : le relie 
«le l'oifeau eft d'un blanc jaunâtre » 
n'ayant point de boffe fur la mâchoi- 
re Supérieure , en quoi il diffère de 
la plupart des autres Mouettes. Les 
narines font oblongues 3c les yeux 
noirs. La tête , la gorge , la poitrine > 
le ventre & les eûmes font d'un bianc 
laie > jaunâtre » ombragé Se tacheté 
de couleur de Frêne bleuâtre fur la 
poitrine Se fur le deflùs du col. Ses 
ailes font un peu plus longues que la 
queue : le nombre des plumes princi- 
pales dans chaque aile eft d'environ 
vingt-huit ; les quatre premières font 
d'un brun fombre j le relie des lon- 
gues plumes elt d'un brun clair : les 
bords en font cendrés. Il en eft de mê- 
me du dos Se des plumes couvertes 
des ailes : le dertous de ces ailes eft 
de la même couleur , mais plus ten- 
dre. La queue a cinq pouces de lon- 
gueur Se confifte en douze plumes d'un 
brun fombre : chacune a un bord lar- 
ge Se noir à la pointe. Les jambes font 
chauves au - dellous des genoux. Les 
jambes Se les pieds /ont d'un verd plus 
fombre , tirant lur une couleur de 
Frêne ; ils font bordés de côté Se d'au- 
tre d'une membrane latérale Se atta- 
chés enfemble à leur racine. Les griffes 
font noires. 

Grande MOUETTE grife , en 
Latin Lariis albo-cinereus. Albin 
donne à cet oifeau vingt pouces Se de- 
mi de longueur depuis la pointe du 
bec jufqu'à l'extrémité de la queue , 
& cinquante trois pouces de largeur, 
les ailes déployées. La couleur du plu- 



M O U i 75 

mage du dos , Se le defîus du col , font 
d'un gris brun Se blanchâtre entremê- 
lés. Les plumes du dos ont leur milieu 
noir 8e leurs bords couleur de Frêne. 
Prefque toutes les plumes du croupien 
placées fous la queue font blanches , 
excepté que leur milieu eft tacheté de 
brun. Le devant de la tête , la gorge , 
la poitrine , le ventre Se les cuiffes- 
font blancs. Chaque aile a trente plu- 
mes d'un brun fombre. Quelques-uns 
de ces oifeaux les ont noires. Les moin- 
dres rangs des plumes des ailes font 
aurtî bruns. La queue qui confifte en 
douze plumes a fix pouces Se demi de 
longueur ; les pointes les plus avan- 
cées en dehors de celles de deffus font 
blanches : cette couleur eft fuivie d'une 
couche noire , qui va en travers , ayant 
environ deux pouces de largeur : les 
plumes de delîous font diverfiflées de 
barres d'un brun fombre , qui traver-, 
fent le bec à près de trois pouces de 
longueur : il eft noir par -tout. La 
mâchoire fupérieure eft courbée par 
en bas Se pourainfi dire crochue : celle 
de deflous s'élève en boffe par en bas , 
entre le coin Se ta pointe. Cet oifeau a 
les narines oblongues Se les yeux gris , 
le col court Se la tête grande , laquelle 
il peut abaiffer jufqu'aux épaules , en 
marchant , ou fe tenant debout , à la 
manière de toute autre Mouette , Se 
alors il paroît comme s'il n'avoit point 
de col. Les jambes Se les pieds font 
orangés Se les griffes font noires : celle 
du doigt du milieu eft tranchante en 
deffous. Les gens de Cornouailles , die 
Albin, rapportent pour un fait 
véritable que cet oifeau a coutume de 
harceler Se d'effrayer les alouettes de- 
mer Se les petites Mouettes , jufqu'à ce 
qu'elles fientent de peur: alors il at- 
trape leurs excrémens avant qu'ils 
tombent dans l'eau Se les dévorent 
avec avidité , comme un mets déli- 
cieux C'eft ce que j'ai déjà dit de- 
cette efpece de Alouette, d'après Ray, 
Mais Albin eft plus porté à croire 
que hgrande Mouette grife leur enlevé 



tj6 MOU 

lepoilTon qu'elles viennent d'attraper» 
en les forçant de le dégorger. 11 en a 
Vu l'exemple dans les Indes Occiden- 
tales , où il y a un oifeau nommé le 
Vaïjjcau de guerre , qui , dès qu'il a 
faili fa proie , eft harcelé par un autre 
oifeau , julqu'à être obligé de la dé- 
gorger, Se l'autre l'attrape enfuite dans 
l'air. 

Grande MOUETTE noire & 
blanche , en Latin Larus ingens ma- 
tinus de Clusi us. Albin ( lome III. 
». 94. ) dit que cette Alouette eil la plus 
grande qu'il ait vue de Ion efpece, Sa 
longueur , depuis la pointe du bec juf- 
qu'.i l'extrémité de la queue , eit de 
vingt-fix pouces , Se fa largeur , les 
ailes étendues, eft de foixante-fix. Le 
bec çfl orangé, applati d'un coté de 
plus de la longueur de trois pouces, 
Se un peu courbé à la pointe. La mâ- 
choire inférieure forme en dehors une 
bofTe rouge. Cet oifeau a lés narines 
oblongues , l'iris d'un beau rouge ; la 
tête , le col , la poitrine , le ventre Se 
la queue blancs , & le milieu du dos , 
de même que les ailes , noir ; les poin- 
tes des longues plumes des ailes , ainfi 
c|ue les plumes couvertes , font blan- 
ches. La queue a fîx pouces de lon- 
gueur : elle eft compofée de douze 
plumes d'un beau blanc. Les jambes 
Se les pieds font couleur de chair , Se 
les griffes noires. Cette Mouette a le 
doigt de derrière menu , la bouche 
large , la langue longue & un grand 
coller, Ellcfe nourrit de poillbns. 

MOUETTE BLANCHE, 
en Latin Larus albus. L'Auteur An- 
glois donne à cet oifeau quinze pouces 
S: demi de longueur depuis la pointe 
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue , 
& trente -fix de Largeur, les ailes éten- 
dues. Son bec ejOb rougeâtre & un peu 
courbé à la pointe. La mâchoire fupé- 
rieure s'élève en boiTe Se y forme ui) 
angle ; les narines font oblongues 8e 
les yeux nous ; l'iris eft blanche & en- 
tourée d'un cercle couleur de Frêne.La 
fffpj la gorge, la poitrine Se le ven- 



M O U 

lté ont leur plumage blantf, avec une 

petite teinture de jaune ; les plumes 
du dos, ainii que les plumes couvertes 
des ailes font couleur de Frêne. Les 
plumes principales des ailes font noi- 
res : elies ont leurs pointes 8c leurs 
bords 5c avancent d'environ deux pou- 
ces au-deià de la queue : celle-ci eft 
compolée de douze plumes blanches , 
d'une longueur égaie , ayant chacune 
cinq pouces de long. Les jambes & les 
pieds lont d'un verd fale , dégarnis de 
plumes au-deffus des genoux. Le doigt 
de derrière eit menu ; les griffes le lonc 
de même & d'un brun oblcur. Cette 
Mouette 8c la plupart de fon efpece 
font d'une grande utilité aux jardins * 
en ce qu'elles y détruifent les Vers 
Se les infectes. A l b i n dit avoir eu 
un de ces oifeaux vivant Se l'avoir 
nourri avec de petits morceaux de foie 
de Bœuf, avec des inteftins de Pou- 
Lets , quelquefois de petites Mélettes, 
8c avec des morceaux d'autres poillons 
frais. 

MOUETTE BRUNE: Cet 
oifeau a feize pouces de longueur de- 
puis la pointe du bec julqu'à l'extré- 
mité de la queue , 8c trois pieds ou 
environ dclargeur, les ailes déployées. 
Il ne relfemble à la Alouette que par le 
bec Se par les jambes. Le bec eit de 
couleur de corne , a un pouce Se demi 
de longueur Se une moyenne épaifleur; 
la pointe qui eft courbée eft noire. Il 
a les narines oblongues , les yeux pe- 
tits 8e l'iris jaune ; le plumage de la 
tête , du col , du dos , ainii que les 
plumes des ailes, d'un brun fombre ; 
le plumage de la poitrine 8e du ventre , 
d'un brun plus adouci , traverié de 
raies de cette même couleur; les plu- 
mes principales des ailes , noires , de 
même que celles de la queue ; les 
jambes , qui font chauves au-delTus 
d^s genoux, Se les pieds, d'une couleur 
fombre Se jaunâtre ; le doigt de dehors 
petit & les griffes noires. Cet oifeau 
a été envoyé mort à l'Auteur par le 
Chevalier Aiilï, Il dit qu'il paroît 

n'avoir 



MOU 

îï*avoïr jamais été dépeint. Aldrô- 
Vande, que Wulughbï cite, 
■p. 351. de Ton Ouvrage, repréfente 
un oifeau qui lui refTemble parle bec, 
mais d'une efpece différente. 

MOUETTE à tête brune : Cet oi- 
feau, dit Albin , a feize pouces de long 
depuis la pointe du bec jufqu'à l'extré- 
mité de la queue , & trente huit de 
large , les ailes étendues. Le bec eft 
rouge , pointu Se un peu eourbé : la 
mâchoire en deffous a une boffe en 
forme d'angle. 11 a les yeux noîrs ; 
l'iris eft rouge, Se entourée d'un large 
cercle de plumes blanches. Le plu- 
mage de la tête 8c de la gorge eft 
d'une couleur qai tire fur le brun, & 
ce brun devient plus fombre vers 
le col , fïniffant , pour ainfi dire , en 
une ombre. Les plumes du corps font 
entièrement blanches , nuancées d'un 
verd pale & jaunâtre , à la réferve du 
dos , Se des plumes couvertes fur le 
deflus de l'aile , qui font de couleur 
de Frêne. Les plumes principales des 
ailes font noires; leur texture extérieu- 
re eft blanche. La queue a près de cinq 
çouces de longueur , Se elle eft com- 
pofée de douze plumes blanches d'une 
longueur égale. Les jambes Se les pieds 
font de la même couleur que le bec, 
c'eft-à-dire rouges. Les griffes font noi- 
res , courbées 8c menues ; le doigt de 
derrière eft petit. On voit de ces oï- 
feaux , dit Al b i n , fur la Tamife , 
près de Gran étend. 

Petite MOUETTE D' I R- 
LANDE, en Latin Larus Hyber- 
jtus. Le même Auteur donne à cet 
oifeau dix-huit pouces de longueur, 
depuis la pointe du bec jufqu'à l'ex- 
Irémité des griffes, & quarante -quatre 
pouces de largeur,fes ailes déployées: 
le deffous de fa gorge eft un peu 
fombre , quelquefois blanc. La tête , 
excepté le derrière , eft d'une couleur 
cendrée. Il a une tache noire en tra- 
ders derrière l'œil , Se une autre gran- 
de marque, qui refTemble à un croif- 
fant fur le derrière du col , Se qui 
Terne III. 



MOU i 77 

l'entoure de la moitié. Les plumes du 
dos font cendrées : les plumes feapu- 
laires font diverfifiées de taches noi- 
res ; le croupion eft blanc. La queue 
a cinq pouces de longueur , Se con- 
fifte en douze plumes , qui ont des 
pointes noires ; le refte de la queue eft 
blanc. Les longues plumes des ailes 
les plus avancées en dehors , font noi- 
res , excepté les bords 8e les pointes 
qui font cendrés, Les moindres plu- 
mes couvertes des ailes ont un mé- 
lange de noir Se de couleur cendrée : 
celles du deffous des ailes font blan- 
ches. Le bec a plus de deux pouces 
de longueur. La mâchoire fupérieure 
eft de couleur de Frêne , tirant fur le 
brun ; elle eft plus longue que celle 
de deffous , Se courbée à l'extrémité ; 
cette dernière eft noire , Se s'élève en 
dehors en une boffe , ou en forme 
d'angle , comme dans les grandes 
Mouettes. La langue eft blanche , fen- 
due , Se elle s'étend jufqu'à l'extrémité 
du bec. Les yeux font de couleur de 
Noifetler , Se fournis de membranes 
qui les lient enfemble ; les oreilles 
font grandes ; les jambes Se les pieds 
font d'une couleur fombre , tirant fur 
le verd ; le doigt de derrière eft petit 
Se armé d'une petite griffe ; le doigt 
intérieur de devant eft le plus menu 
de tous : les griffes font noires , Se 
celle du doigt du milieu eft tranchan- 
te en dedans. Ces oifeaux fréquentent 
les rivières , les prairies humides , Se 
les marais. Ils fréquentent aulfi quel- 
quefois les terres labourées à la diftsn- 
ce de plufieurs milles de la mer. 

Il y a plufieurs fortes de ces oi- 
feaux au Cap de Bonne-Efpérance , 
qui ne différent que parla couleur ou 
par la groffeur. On trouve des Moitet~ 
tes vertes ; d'autres font noires 8c 
blanches; une troifieme efpece eft d'un 
gris blanc. Celle-ci eft la plus petite. 
Se toutes reffemblent beaucoup au Ca- 
nard : il n'y a que le bec qui foit diffé- 
rent; car toutes les différentes efpe- 
ces de Mouettes ont le bec pointu. 



i 7 9 MOU 

Elles font leur nid le plus fou vent fur 
les rochers qu'elles trouvent dans de 
petites iiks ; quelquefois elles les 
poient fur les rochers du continent qui 
font environnés d'eau : elles pondent 
en Octobre & en Novembre. Leurs 
œufs font très-excellens : ils font gros 
comme ceux de la Cane t & le blanc ne 
fe durcît point dans l'eau bouillante , 
comme celui des autres oeufs. U relie 
toujours comme une gelée. La coque 
des œufs de quelques fortes de Mouettes 
eft toute blanche ; d'autres coques font 
parfemées d'un grand nombre de peti- 
tes taches. Les Européens du Cap 
tuent plufieurs milliers de ces. oifeaux 
toutes les années , à caufe de leurs 
plumes qui font fort petites, qui valent 
beaucoup mieux, pour les lits que cel- 
les d'Oie. C'eftauûîl'ufage qu'on en 
fait au Cap , dit Kolbe , dans fa Dej- 
cription du Cap de Bonne- Efpérance » 
Tome III. chap. 17. p. 17 S- 

M. Anderson ,. dans fon Hifioire 
Naturelle de l'IJlande , dit qu'on lui a 
rapporté qu'une grande Alouette de 
mer favoit adroitement tirer de l'eau 
un certain pohTon excellent connu en 
Ifiande fous Je nom de Kunmagen , 
ayant à-peu-près la figure d'un Cor- 
beau. Cet oifeau ayant pris fon poiffon 
t'apporte à terre , n'en mange que le 
foie , Se laiffe le refte. Les Payfans ne 
manquent pas de profiter de ces captu- 
res , & ils initruifent même leurs en- 
fans à courir promptement fur la 
Mouette , aufli-tôt qu'elle arrive à terre 
pour lui enlever fa proie. Hift. Nat. 
d'Iflande, p. 89. 

Les MaLlemuk.es,, dont j'ai parlé 
d'après cet Auteur , font auffi de 
véritables Mouettes. Voyez MALLE- 
MUKE. 

Les Mouettes, nommées Falcordes 

* Le mot François Moule, ou Maucle, eft 
fermé du Latin Mufculus. On appelle Caym 
à Rouen la Moule. Le mot 4e Cayeu pourroit 
Keut-ctre venir , difent les Auteurs de la 
Suite de la Matière Médicale , de l'Italien Ca- 
glio „ Cal , ou Calus , à caufe de ces inéga- 
lités. 3, ou effiecet tfexçreiflants* çalleuXes » 



MOU 

Se Poules d'eau , fur la rivière de Loî- 
re , marquées de taches blanches Se 
noires , y font communes en automne. 
On dit qu'elles préfagent la crue de 
la rivière. Les Mouettes grifes cen- 
drées font les jeunes ; les blanches » 
les vieilles. 

Les Mouettes de mer de Tlfle de 
Tabago ne différent en rien de celle* 
d'Europe , finon qu'elles font d'un 
meilleur goût. 11 s'en trouve dans cette 
lile des quantités prodigieufes. 

Les Mauves , ou Mouettes d'Afri- 
que, que les Hollandois nomment Jean 
Ven-Genten, ou White-Meiven à ce 
que dit Dappeu ( Dejcript. d ! 'Afrique „ 
p. 375. & 385.),, ont le bout des ai- 
les noir. Ces oifeaux ne s'éloignent 
jamais en mer de plus de quinze ou 
vingt lieues loin du rivage. Ils font 
conjecturer, quand on les voit en mer, 
qu'on eft proche de la terre ferme. 
Ces oifeaux font blancs , & n'ont de 
noir que le bout des ailes. 

Il y a auffi d'autres Mouettes que le 
Voyageur Jacob Van-Neck , dans 
fon Voyage des Indes , appelle Kalap- 
Vogelo. Ces Mouettes ont le ventre 
blanc & le dos bleu. 11 y a encore d'au- 
tres efpeces de Mouettes, plus petites 
que les dernières , & qui ont le même, 
plumage. 

M O U L E * , genre de Coquil- 
lage bivalve de mer , de rivière , & 
d'étang. M.Linnjeus{ Fauna Suec, 
p. 380. ) place les Moules dans la 
claffe des Vers teftaeées fous le nom 
de Concha , mot qui défigne les Co- 
quillages à deux battans. M. Adanson 
range celles qu'il a obfervées au Sé- 
négal fous le genre du Jambonneau 
& M. D'A rgenville, dans la 
Conchyliologie , fait des Moules la troi- 
fieme famille de fes Bivalves. On voie 

qui fe trouvent allez fouvent non-feulement 
fur la furface externe des coquilles , mais 
même dans l'interne , avec cette différence 
néanmoins, que celles de la furface interne 
font bien plus polies que dans les autres for r 
tes de Coquillages, & qu'on les prendroh psu$ 
de. fauiles perles,. 



MOU 

i la Planche XXil. les différentes ef- 
peces qu'il a fait figurer : comme la 
Mode marquée A. extrêmement lon- 
gue , avec des bariies triangulaires 
partant de fa charnière, lefquelies font 
de couleur de rofê avec un rond blanc : 
à la lettre C. une Mntle de la terre 
des Papous , qui expofe aux yeux les 
plus belles couleurs d'agathe , de vio- 
let , Se de rofe : à la lettre D. une 
Moule finguliere par fa couleur aurore , 
nacrée Se mêlée de taches violettes 
fur les côtes , qui vient , félon toute 
apparence, de l'ifle de Magellan : à 
la lettre H. une petite Moule d'une ra- 
reté infinie par rapport à fa couleur 
parfaite de bleu cebft- : on pourroit 
la dire unique ; il parole dans le bas 
quelques raies jaunes par étages : à la 
lettre K. la Moule nommée la gueule 
de Sourirpar rapport à fa forme poin- 
tue , Se à fa couleur grife tachetée de 
violet ; les bords de fes deux pièces 
font de couleur de rofe : à la lettre L. 
line petite Moule, marquée de plufieurs 
raies blanches 8c violettes : à la lettre 
N. une Monte d'un très-beau violet , 
mêlé de pourpre 5c d'agathe ; c'eft la 
grande Moule de Magellan : à la let- 
tre Q. la Moule Magellanique bariolée 
de brun fur un fond d'agathe ; fa mar- 
brure eft fort différente des autres : à 
la lettre R. une Moule toute blanche , 
des plus fingulieres , fi mince qu'on ne 
la peut toucher : l'une de f.s extré- 
mités , qui s'entr'ouvreen bec , l'a fait 
nommer la Lanterne : fa rareté eft très- 
connue. A la Planche VIII. de la fé- 
conde Partie de fa Conchyliologie , le 
même Auteur a fait figurer n. 1 1 . une 
Moule de rivière , Se au n. 12. une 
Moule d'étang. La Teltim , Se la Pitme 
marine , font au:fi des efpeces de Mou- 
les. Voyez ces mots. 

La iloitle de mer eft un petit poif- 
fon connu de tout le monde , oblong, 
gros comme une Féve , d'une figure 
approchante de celle d'un petit muf- 
cle, d'où lui eft peut-être venu fon 
aom Latin MitftuluT. H eft tendre, 



MOU T79 

blanchâtre , un peu frangé fur fes bords, 
nageant dans une eau falée , délicat 
Se fort bon à manger , renfermé dans 
une coquille à deux battans affez min- 
ces , convexe & d'un bleu noirâtre 
en dehors , concave Se d'un bleu blan- 
châtre en dedans , ordinairement lifte 
des deux côtés , quelquefois chargé© 
d'excroiifances galeufes, produites par 
des Vers à tuyaux , ou par de petits 
infectes marins qui s'y attachent à 
travers laquelle on apperçoit de pe- 
tites veines ou lignes bleues, longues 
d'environ deux doigts &c demi , large» 
d'un bon doigt , plus pointue à fa 
bafe , plus arrondie au fommet , où 
eft placé le ligament qui unit enfemble 
les deux pièces d'une aflez ample ca- 
pacité Se de figure rhomboïde. M. 
Steide, Médecin , a fait une exacte 
anatomie des Moules ; il a obfervé 
qu'elles ont une langue , de la grailfe, 
un eftomac , des inteftins , un foie , Sec. 
qu'on y trouve une manière de cornes , 
qui s'allongent Scfe raccourcirent, com- 
me celles des Limaces , Se qui fe re- 
tirent dans le corps dès qu'on les tou- 
che , en forte qu'on n'en voit aucune 
apparence. Il y a dans toutes les par- 
ties de ce petit animal un mouvement 
de vibration , que M. Steide ap- 
pelle mouvement radieux. Cet animal 
eft prefque tout environné dans fa co- 
quille d'une efpece de bordure , atta- 
chée à une membrane qui règne le 
long des bords , en forte qu'il eft joint 
aux deux pièces de fa coquille. La mê- 
me membrane fait l'office de tendon; 
car étant jointe à des fibres mufculeufes 
qui entourent en travers la bordure , 
elle contribue à la faire mouvoir. En- 
fin cette bordure s'enfle quelquefois , 
de forte qu'elle tient la coquille en- 
tr'ouverte , Se l'on remarque outre 
cela qu'elle eft capable d'un mouve- 
ment vermiculaire. 

M. de Ré au MUR , dans un Mé- 
moire fur le mouvement progreHit de 
diverfes efpeces de Coquillages , nous 
apprend que les Moules de mer , quoi- 

Z ii 



180 MOU 

que communément attachées aux pier- 
res , ou les unes aux autres par diffé- 
rera filamens , ne laiffent pas cependant 
d'avoir la faculté de fe mouvoir; & 
pour le prouver, il fuffiroit de rap- 
porter le fait fuivant. Dans le temps 
qu'il ne fait plus affez chaud pour tirer 
dufel des marais falans , les Pêcheurs 
jettent quelquefois dans ces marais des 
Moules qu'ils ont prifes au bord de la 
mer. Ils prétendent par-là rendre leur 
chair plus délicate , en les faifant vivre 
dans une eau moins falée ; car l'eau de 
pluie , qui tombe dans ces marais , aux- 
quels on ne lahTe alors aucune com- 
munication avec la mer , rend plus 
douce l'eau falée qu'ils contiennent , 
en fe mêlant avec elle. C'eft par le 
même moyen qu'on rend verte la chair 
des Huîtres : mais les Pêcheurs y jet- 
tent les Moules, féparés les uns des au- 
tres , & à diverfes distances , Se lors- 
qu'ils vont les pécher enfuite , ils les 
trouvent affemblées à gros paquets. 
Or il eft vifible que ces Moules n'ont 
pû s'approcher les unes des autres pour 
s'attacher aînfi , fans fe mouvoir elles- 
mêmes , car elles ne font point dans 
une eau courante. Il refte à préfent à 
favoir quelle partie elles employent 
à cet ufâge. Pour s'en inftruire , il ne 
faut qu'ouvrir la coquille d'une Moule 
par le côté où. elle s'entr'ouvre natu- 
rellement : rien ne paraît alors plus 
diftinâement dans le corps de cet ani- 
mal qu ? une certaine partie noire ou 
brune , dont la bafe eft placée à-peu- 
près au milieu des autres parties , Se 
la pointe tournée vers le fommet de 
la- coquille ; fa longueur eft d'environ 
de fix ou fept lignes :. on fe fera une 
image affez reffemblante de fâ figure , 
en concevant celle de la langue d'un 
animal. C'eft cette partie qu'on peut 
appeller la jambe , ou mieux le bras 
de la Moule, puifqu'elle fe traîne par 
fbn moyen , plutôt qu'elle ne marche. 
Quand la Moule fe prépare donc à chan- 
ger- de place, elle commence par en- 
îx.'ou.vrir. fa. coquille enfuite, on, voit 



MOU 

paraître fur les bords la pointe de cette 
partie , que nous avons dit reffembler 
à une langue. L'animal lui donne bien- 
tôt plus d'étendue Se L'allonge quelque- 
fois jufqu'à un pouce Se demi loin des 
bords de fa coquille. Alors il s'en fert 
pour tâter de droite à gauche le ter- 
rein : cela fait „ il replie l'extrémité de 
cette partie , qui eft charnue Se très- 
flexible fur quelque corps , pour le 
faifir ou s'y cramponner en quelque 
façon ; de forte que réduifant cette 
même partie à-peu-pres à fon éten- 
due naturelle,. fans lui laiffer abandon- 
ner le corps fur lequel il en a recour- 
bé la pointe , il oblige fà coquille d'a- 
vancer vers ce corps. Ainfi l'on voit 
que la manœuvre dont les Moules fe 
fervent dans leur mouvement progref- 
fif. reffemble affez à celle d'un homme ». 
qui, étant couché fur le ventre , vou- 
dront s'approcher de quelque endroit , 
en fe fervant feulement de fon bras ; 
il porterait ce bras fur le corps le plus 
éloigné qu'il pourrait faifir avec la 
main ; en le raccourciffant enfuite , il 
obligerait fon corps à quitter fa place,, 
comme les Manies quittent la leur. 
Aufli eft-ce fur cette reffemblance que 
nous avons nommé d'abord cette par- 
tie le bras de la Af<9«/e,parceque fon ex- 
trémité fait de même, en fe recourbant» 
la fonction de main; toute la différence 
de l'ufage que l'homme fait de fon bras 
dans la circonftance précédente , Se de 
celui que la Moule fait de cette partie 
eftqu'elle la raccourcit véritablement,, 
au-lieu que nous ne ferions que plier le 
bras. Les Moules ne profitent pas fou- 
vent de la facilité qu'elles ont à ce mou* 
vement; car elles font toutes ordinai- 
rement attachées les unes aux autres 0 . 
ou à d'autres corps par différera fils y 
Se ce n'eft que lorfque ces fils font rom- 
pus , qu'il leur arrive quelquefois de 
faire ufage de cette efpece de bras. 

M. Poupart, de la même Aca- 
démie , avoitdéjà obfervé que les Mou- 
les de rivière étant couchées fur le plat 
de leurs coquilles en faifoientfomr.g, 



MOU 



MOU iSi 



quand elles vouloient, une partie qu'on 
peut nommer jambe ou bras par rap- 
port à fon ufage , qu'elles s'enfervoient 
pour creufer le fable fous elles , Se par 
conféquent baifler doucement d'un cô- 
té , de forte qu'elles fe trouvaient à la 
fin fur le tranchant de leurs coquilles ; 
après quoi elles avançaient ce même 
bras le plus qu'il étoit poffible , Se s'ap- 
puyoient enfuite furfon extrémité pour 
attirer leurs coquilles à elles,& fe traî- 
ner ainfi dans une efpece de rainure 
qu'elles traçoient elles-mêmes dans le 
fable , & qui foutenoit la coquille des 
deux côtés. 

La Nature eft admirable de quel- 
que côté qu'on la regarde, Iln'eftper- 
fimrie , qui , après avoir ouvert la co- 
quille d'une Moule par le côté où elle 
s'entr'ouvre naturellement, n'ait re- 
marqué qu'il y a au milieu de l'animal 
cette efpece de langue , dont on vient 
de parler , & qui eft plus étroite par 
les deux bouts. Dans les plus grottes 
Munies- elle a environ cinq ou fix li- 
gnes de longueur , 5c deux lignes Se 
demi de largeur. C'eft de fa racine que 
partent un grand nombre de fils , qui 
étant fixés fur les corps voifins , tien- 
nent la Moule affujettie. Chacun de ces- 
fils eftà-peu-près gros comme un gros 
ebeveu , ou comme une foie de Co- 
chon, Ils ont ordinairement de lon- 
gueur depuis un pouce jufqu'à deux ; 
ils font attachés par leur extrémité fur 
des pierres , fur des fragmens de co- 
quilles , Se le plus fouvent fur les co- 
quilles des autres Moules. De-l-.i vient 
que l'on trouve ordinairement de gros 
paquets de ces Coquillages, Ces fils 
font autant éloignés les uns des autres , 
que leur longueur & leur nombre le 
peuvent permettre. Les uns font du 
côté du fommet de la coquille , les 
autres du côté de la bafe ; les uns à 
droite Se les autres à gauche : enfin , 
îl y en a en tout fens collés fur les 
différens corps qui entourent la Moule. 
M. de Réaumur affure en avoir 
quelquefois coing té glus de cent cin- 



quante employés à en fixer une feule. 
Ces fils font comme autant de petit* 
cables , qui , tirant chacun de leur côté r 
tiennent , pour ainfi dire r la MouU à 
l'ancre. Mais de quelle adreffe les Mou- 
lesfe fervent-elles pour s'attacher avec- 
ces fils , Se comment peuvent-elles les 
coller par leur extrémité ; ou plu- 
tôt cetre extrémité qui eft beaucoup' 
plus grofTe que le relie , ne peut-elle 
pas être regardée comme une efpece 
de main , dont le refte du fil feroit 
comme le bras ? 

La Moule fait fortir de fa coquille 
entr'ouverte cette partie , dépeinte ci— 
deffus fous la figure d'une langue j 
elle l'allonge par degrés , &: la raccour- 
cit enfuite; de forte qu'après plufieurs 
allongemens S; raccourcifTemens alter- 
natifs , elle lui donne quelquefois juf- 
qu'à deux pouces de longueur. Or c'eft 
en recommençantdiverfes fois la même' 
manœuvre qu'elle parvient à s'atta- 
cher par des fils en' différens endroits, 
plus ou moins éloignés , félon qu'elle 
a porté Se appliqué l'extrémité de cette 
efpece de langue plus ou moins loin, 
Ainfi l'on peut dire , avec vérité , que 
la mer a des fileufes dans les Moules r 
comme la terre en a dans les Vers à 
foie , dans les Chenilles } 8c dans les-' 
Araignées. 

Par-là , on voit que la même partie 
eft deftinée à des fonctions fort diffé- 
rentes , puifqu'elle fert à la Moule 
tantôt de bras ou de jambe pour mar- 
cher , Se tantôt de filière pour filer.. 
11 y a quatre principaux ligamens muf- 
culeux , qui peuvent fervir à la mou- 
voir en tout fens. Lorfque la filière eft 
dans l'inaction , fa pointe eft tournée 
vers le fommet de fa coquille , &*ïon 
extrémité ne va pas loin de la bouche 
de l'animal. Depuis fon origine jufqu'au 
près de fa pointe , on apperçoit une 
fente qui pénètre allez avant dans la 
fubftance de cette partie s & qui la 
divife félon fa longueur en deux égale- 
ment. Cette fente eft un vrai canal' », 
& ç-'eû- dans çe canal que gaffe la-M> 



,8s MOU 

queur qui forme les fils : c'eft-Ià oïï 
elle fe moule. Le tuyau que la filière 
file à fon origine , a environ une de- 
mi-ligne de profondeur , il contient 
dans fon milieu une efpece de tendon 
rond , ou plutôt un fil de même na- 
ture que les autres , mais beaucoup 
plus gros. Dans les grandes Moules 
fa grofleur égale du moins celle d'un 
brin de foie à coudre. Sa longueur eft 
fouvent d'un pouce ; quelquefois il eft 
allez long pour fortir comme les autres 
en partie par l'endroit où la coquille 
s'cntr'ouvre. C'eft à ce tendon ou à 
ce gros fil que font attachés par une 
ce leurs extrémités tous les fils déliés 
qui fervent à fixer la Moule : il eft 
comme un cable , auquel tiennent tous 
les petits cordages ; ils y font atta- 
chés dans toute leur étendue. Le pe- 
tit tuyau d'où il part ne feroit pas fuf- 
fifant pourloger un nombre de fils auffi 
confidérable que celui des fils des 
grandes Moules. Ce même tuyau eft 
entouré de diverfes parties glanduleu- 
fes propres à filtrer la liqueur gluante 
deftïnée à compofer les fils. La Monte , 
comme la plupart des animaux marins , 
abonde en cette forte de matière. Si 
l'on applique le doigt fur fa filière , 
& qu'on le retire doucement, on en- 
traîne divers filamens vifqueux , tels 
qu'on les tire des Araignées , des Vers 
à foie , & des Chenilles. Mais fi l'art 
de filer eft un art commun aux Moule s 
& à divers autres animaux terreftres, 
tout ce que nous avons rapporté fait 
aflez voir que la méchanique qu'elles 
y employent leur eft particulière. Les 
Vers à foie , les Chenilles , Se les A- 
raij^iées , tirent de leur corps des fils 
auffi longs qu'il leur plaît en les faifant 
pafler par un trou de filière ; leur pro- 
cédé refTemble à celui des Tireurs d'or. 
Le procédé des Moules au contraire 
refTemble à celui des Ouvriers qui jet- 
tent les métaux en moule. Le canal 
de leur filière eft un moule où le fil 
prend fa figure , 8c une longueur dé- 
terminée. 



MOU 

C'eft aïnfi que s'exprime M. 
Réaumur fur le mouvement pro- 
grefllf, & la manière de filer des Moules. 
Mais par les nouvelles expérience» 
faites à la Rochelle par M. Mercier 
du Paty , C voyez fon Mémoîrefur les 
Bouchots à Moules, Tome IL de l' A- 
cadémie de la Rochelle ), on n'a point 
reconnu dans la Moule un mouvement 
progreflif. Ces bouchots à Moule font 
des efpeces de parcs , formés par des 
pieux, avec des perches entrelacées, 
ce qui fait une forte de clayonnage 
folide , capable de réfifter aux efforts 
des flots, à quoi les Moules s 'attachent 
par gros paquets pour y dépofer leur 
fray. M. Mercier prouve par des 
raifons Se des expériences qui méritent 
d'être lues, que le mouvement pro- 
greflif accordé à la Moule par Meflieurs 
Poupart , Steide , de Réaumur 8c 
autres, n'a aucune réalité, & qu'elle 
ne file point le bylTus qui l'attac! e 
aux corps voifins , vû qu'il naît & qu'il 
croît avec elle , comme une partiequi 
lui eft effentielle. M. D'A rgek» 
V i L L e ( Part, I. p. 35. Edit. 1757. > 
veut auffi que les Moules ne fortent 
jamais de leur place à moins qu'on ne 
les détache exprès , & il dit ( Part. Pl. 
p. 53.) que le Pêcheur ayant détaché 
avec un fer pointu des Moules de leurs 
malfts , & les ayant jettées dans les en- 
droits dégarnis de marais ou de bou- 
chors, elles cherchent auflî- tôt à faifir 
l'objet qu'elles trouvent le plus voifin , 
8c s'y attachent par un nombre infini 
de fils qu'elles font fortir; elles jettent 
enfuite leur frai, qui engendre beau- 
coup de Moules attachées & garottées 
avec elles ; ce qui forme leurs familles, 
La Moule, ajoute-t-il , ne peutaflu- 
rément joindre par fon prétendu mou- 
vement progreifif les autres Moules 
éloignées , que les Pêcheurs ont laiffée* 
attachées fur les pieux , qui entourent 
le parc ou bouchot. Il faut environ 
un an pour peupler un bouchot; de 
forte que faifant monter la peuplade 
d'un bouchot environ à quarante mille, 



MOU 

en laiffe fur le bouchot un dixième de 
la famille , 8c même un peu plus , com- 
me cinq à fix mille , pour peu qu'un 
parc ait été dégarni. Cette récolte fe 
fait dans les mois de Juillet , d'Août , 
de Septembre 8c d'Octobre. Le temps 
du frai 8c le commencement des cha- 
leurs en font feulement exceptés. 

11 y auroit encore bien d'autres ob- 
fervations à faire fur la Moule de mer. 
On remarque , par exemple, une pe- 
tite bande qui enveloppe le bord in- 
térieur de la coquille. Cette bande eft 
d'une efpece de matière de corne , & 
dans l'état naturel elle eft collée au 
contour du corps de l'animal. Le ca- 
nal par où il jette fes excrémens fe 
rend dans la même ouverture où il 
refpîre l'eau ; les excrémens qui en 
iortent , paroiflent une fimple terre » 
une efpece de glaife : ils ont tout du 
long une canelure, c'eft-à-dire qu'ils 
font faits comme une portion d'un 
tuyau creux. De-ià il eft clair que 
l'ouverture de l'anus par où ils paf 
fent , n'cft pas ronde , comme dans les 
autres animaux. On découvre auflî , 
outre le reifort placé vers le fommet 
de la coquille , lequel fert à l'ouvrir 
& à la fermer au gré de la Moule , 
une infinité de petites parties charnues , 
très -joliment découpées , affez fem- 
blables à de petites crêtes de Coq , 
que l'animal ne fait voir que lorfqu'il 
refpire l'eau. La Moule en mafle s'ou- 
vre & fe ferme feulement d'un quart 
de pouce; mais elle fait ufàge de fes 
deux parues : elle eft naturellement 
garottée 8c retenue par des fi la m uns 
qui s'attachent fur la furface de fes 
deux battans , $c de-là fe réunifient à 
tout ce qui fe préfente à leur ren- 
contre, 

La Moule de rivière eft fort diffé- 
rente de celle de mer. Elle eft her- 
maphrodite & fe multiplie indépen- 
damment d'un autre animal de fon tf- 
pece. M. M e R Y ( Mém. deL'Acad. 
des Sciences, an. i jï o. p. 408. ) pré- 
Jtead qu'elle a huit œuf/cles attachés 



MOU ,8 3 

à la furface interne de fes dewx battans, 
qu elle reçoit fa nourriture par l'anus, 
Se qu'elle refpire par cette partie * 
n'ayant point de canal , qui de fa bou- 
che aille aux poumons. M. d'Ar- 
genville ayant ouvert une Moule 
au bord de la rivière , il lui a paru 
qu'elle tenoit à fes deux battans par 
une pellicule , ou épiderme , qui s'é- 
tendoit tout du long du battant au- 
quel elle étoit adhérente , & tenoit i 
fes deux battans par quatre tendons r 
8c nullement par huit mufcles , comme 
le marque M. M e r y. Son bras a 
fix à fept lignes , & par le moyen de ce 
bras elle fe traîne plutôt qu'elle ne 
marche; elle ouvre pour cet effet fa 
coquille, Se l'on voit une langue qu'elle 
fait fortir d'un pouce 8c demi , pour 
tâter le terrein , & fe tranfporter fur 
quelque corps qu'elle faifit, 8c oblige 
fa coquille d'avancer vers ce corps ; 
en réitérant ce manège , elle ne laiife 
pas de faire du chemin, M. Poupart 
{Mém, del'Acad. an. 1706.) qui a 
fait figurer , p. do. une Moule de ri^ 
viere , dit qu'elle avance de trois à 
quatre aunes de long , marchant le ta- 
lon en devant par un mouvement réi- 
téré ; elle peut frayer ,. fe rencontrer 
avec une autre , & cette même langue,, 
qui fort de fa coquille , & par laquelle 
elle fe traîne , lui fert de filière pour 
filer une quantité de fils, qui tiennent 
tous à un tendon ou gros fil , auquel 
ils font attachés dans toute fon éten- 
due. Ce même tuyau eft entouré de 
diverfes parties glanduleufes propres 
à filtrer la liqueur deftinée à compo- 
fer les fils. On peut remarquer inté- 
rieurement à l'une de fes extrémités 
deux diaphragmes , deux cloifons , ou 
deux filets perpendiculaires , comme' 
il fe voit en a a d'une Moule de ri-^ 
viere , figurée à la Planche VIII, de- 
là féconde Partie de la Conchyliologie 
de M. D'A RGENVILLE,». 11. 

GuntheR' Christophe Se hellam-- 
MER dit, dans les Êphe'mérides des Cm- 
rieux de la, Nature- * Dée. IL anm* 



ï$ 4 MOU 

1587. Obf. ii 2. que les Moules en 
Allemagne font abondantes dans les 
fleuves, & reffemblent à celles de la 
mer par la groffeur & par la figure , 
mais elles ne font pas fi bonnes à man- 
ger. Il en a trouvé une de cette ef- 
pece à Jene fept fois plus g rode que 
toutes les autres, Se qui contenoit une 
Perle de la groffeur d'un Pois, & ad- 
hérente à fa coquille, 

La Moule d'étang , qui , chez le mê- 
me Auteur eft figurée ( iùid, n. 1 2.) , 
eft toujours plus grande que celle de 
rivière ; mais c'eft néanmoins le même 
animal. Sonmouvement la porteà faire 
des traînées dans le fable Se dans la 
houe , à s'y enfoncer de deux ou trois 
pieds : elle fait fortir de même une 
grande plaque ou langue , & ouvre fes 
deux battans , de même que la Monte 
de rivière. On remarque que les Moules 
d'étang font plus folitaires que celles 
de rivière ; leur nourriture ordinaire 
n'eft que du limon , ou de l'eau rem- 
plie de parties nourricières. M. Mert , 
célèbre anatomifte , a donné fur les 
Moules d'étang un Mémoire des plus 
intérefians. Selon lui elles fontherma- 
phrodkes ; maîs d'une efpece finguiiere, 
en ce qu'elles multiplient fans aucun 
accouplement. La coquille s'entr'ou- 
vre par le moyen d'un puiffant reffort 
Se fe ferme par la contraction de deux 
forts mufcles. Ce poiflbn nage dans 
l'eau , & paroît quelquefois fur la fur- 
face , mais très-rarement. Le plus fou- 
vent il rempe dans la vafe , fur la- 
quelle ilrefte prefque toujours en re- 

fios : il a une bouche garnie de deux 
evres charnues. L'inteftin commence 
dans le fond de la bouche , paffe par 
le cerveau» fait toutes Ces circonvo.- 
lutions dans le foie. A la fortie de ce 
vifeere , il décrit une ligne droite , 
entre dans Je çœur qu'il traverfe , 8c 
vient finir dans l'anus. Les parties de 
la génération font deux ovaires Se deux 
yéficules féminales. Chaque ovaire , Se 
chaque véficule a fon canal propre : 
p'eft par ces quatre canaux que les œufs 



MOU 

& la femence de la Moule fè rendent 
dans l'anus , où ces deux principes s'u- 
nifTent enfemble en fortant , ce qui 
fuffit pour la génération. Au refte il 
eft à remarquer que les ovaires de la 
Moule ne fe vuident de leurs œufs 
qu'au printemps , Se ne s'en empliffent 
qu'en automne ; de-li vient qu'on les 
trouve toujours vuides en été , Se pleins 
d'eeufs en hiver. Le cœur eft placé 
immédiatement fous le dos des co- 
quilles , Se au-deflous des poumons; 
la bafe eft tournée du côté de l'anus , 
Se fa pointe regarde la tête ela Vlouïeî 
il n'a qu'un feul ventricule , Se a ce- 
pendant deux oreillettes ; maison n'y 
découvre ni valvules , ni veines , ni 
artères. Il eft renfermé avec les oreil- 
lettes dans un péricarde rempli d'eau. 
On y remarque Ls mêmes mauvemens 
alternatifs de diaftole Se de fyftûle, que 
dans le cœur de la Tortue; mais avec 
cette différence confidérable , que le 
ventricule du cœur de la Tortue re- 
çoit le fang des oreillettes , au-lieu 
que les oreillettes du cœur delà Moule 
reçoivent l'eau de fon ventricule : ce 
qui eft un effet naturel de la ftructure 
du cœur de ce Coquillage , dont les 
oreillettes n'ont point de veines pour 
leur porter l'eau, tandis que celles de la 
Tortue en ont qui leur portent le fang. 
La conformation des poumons de la 
Moule n'eft pas moins extraordinaire 
que celle de fon cœur , Se la voie par la- 
quelle elle refpire eft diamétralement 
oppofée à celle des poiffons. Dans la 
Carpe Se dans le Brochet, l'air entre par 
le nez ou par la bouche ; au contraire 
dans la Moule , il entre par l'anus dans 
ies poumons , fitués entre le péricarde 
Se les parties de la génération , l'un 
à droite Se l'autre à gauche , abbreu- 
vés d'une humeur noire, dont ils em- 
pruntent la couleur. Or comme la 
Moule n'a point de canal qui , de fa 
bouche , aille aux poumons , il eft évi- 
dent que ce poiflbn ne peut refpirer 
que par l'anus. 

Plufieurs des Moules Jluvjatiles don- 
nent 



MOU 

tient de belles Perles , telles que les 
Moules d'Écoffe , de Bavière , de la 
Valogne en Lorraine Se de Saînr Sa- 
vinieo. Pour la Moule de mer, elle Te 
trouve abondamment le long de nos 
côtes maritimes. Ce petit poilton a des 
ennemis ; car , outre que les Pécheurs 
s'en fervent beaucoup pour prendre du 
poiffon, M. d e Réaumur a ob- 
servé qu'il y a un petit Gofuîllfge 
de l'efpece de ceux que l'on nomme en 
Latin Trochus , dont la coquille eft 
d'une feule pièce , 5c tournée en fpi- 
rale , comme celle du Limaçon, qui 
en fait fa proie. Il s'attache pour cela à 
la coquille d'une Moule , la perce d'un 
trou aifez exactement rond , environ 
d'une ligne de diamètre , Se y fait pafTer 
«ne efpece de trompe , ou de petit 
boyau cylindrique , long de cinq ou 
fix lignes, qu'il tourne enfpirale, Se 
avec quoi il fuce la Moule. M. de 
-Réaumur dit avoir vû quelque- 
fois plufieurs trous fur une même 
Moule, Se quand il a trouvé des coquil- 
les de Moules vuides , il a prefque tou- 
jours vu de ces trous; ce qui lui a fait 
croire que ces Coquillages ne çontri- 
buoîent pas peu à détruire les Meu- 
lières. 

On rapporte qu'en quelques lieux 
du Bréfil , on voit des Moules fi grofles, 
qu'étant féparées de leurs coquilles 
elles pefent quelquefois jufqu'à huit 
onces chacune , Se que les coquilles 
de ces grottes Moules font d'une grande 
beauté. La mer & la rivière d'ifiini en 
Afrique, produifent des Moules d'une 
monfirueulè groffeur. La mer du Cap 
de Bonne - Eipérance offre une forte 
d'Ecreviffe , nommée Moule- Crabe , 
qui , outre l'écaillé dont elle eft re- 
vêtue , en a une autre qui lui fert de 
maifon; mais elle n'en fort jamais allez 
loin , pour s'en féparer tout-à-fait. 
Hifi. (jên. des Voyages, Tome Il.p.zyz. 
V Ïome XVIII. p. 178. Edit. in- 1 2. 

Au rapport de L 1 s T E R , chez quel- 
ques habitans des environs de Lan- 
caftre en Angleterre , le principal ufage 
Tome LU. 



MOU rSf 

dés Moules eft pour fumer les terres 
voifines de la mer , d'où on les tire 
par charretées. M. Linn;eus dit 
auffi que le territoire de la Province 
d'Helfingie en Suéde , eft en grande* 
partie compofé des mêmes Coquilla- 
ges. U ajoute que les Flamands man- 
gent des Moules, aulfi-bien que les 
Anglois, mais jue les Suédois n'en 
mangent point. 

Les Moules contiennent beaucoup 
d'huile , de phlegme, Se de fel vo- 
latil. Celle de mer eft fans contredit 
la plus eftimée , comme étant plus faine 
Se de meilleur goût que celle de ri- 
vière ou d'étang. On doit choifir les 
Moules tendres , délicates Se bien nour- 
ries. Leur ebair lâche le ventre , mais 
elle fournit peu de bonne nourriture , 
Se ne convient qu'aux tempéramen» 
bilieux , Se à ceux qui ont un bon ef- 
tomac , encore en faut-il ufer modé- 
rément; car elles fe digèrent difficile- 
ment, produifent des humeurs lentes 
Se vifqueufès : elles partent même pour 
exciter la fièvre , Se pour caufer des 
obftru£Hons dans le bas-ventre. Le 
Docteur Mœrhing , dans le feptieme 
volume des Epkéméyides â* Allemagne 
année 1 744. p. 1 1 5. rapporte plufieurs 
Obfervations , qui prouvent que les 
Moules font fujettes à devenir veni- 
meufes par des maladies qui leur ar- 
rivent , Se qui les rendent très-dange- 
reufes dans l'ufàge. Quelques perfon- 
nes ayant mangé de ces Moules tom- 
bèrent dans des anxiétés , des convul- 
fions accompagnées d'éruptions cuta- 
nées , qui ne biffèrent aucun doute fur 
lapréfence du venin. On ne put guérir 
les malades que par les vomitifs , fuivis 
des antidotes , qui les rétablirent au 
bout de quelque temps. Ceci , difent 
les Auteurs de la Suite de la Afatiere 
Mcdicale , doit donc rendre les Moules 
Se les autres poiffons teftacées fufpects, 
fur-tout après des hivers rigoureux , 
parcequ'alors une partie des poiffons 
périffant par le froid , infecle l'eau de 
leur corruption ; ce qui fait contracter 



i8tf MOU 



MOU 



aux Moules , Se aux autres poïïïbns 
teftacées , qui fe rempliffent de cette 
eau , une qualité nuifible , fi l'on s'en 
fert en aliment. 

On apprête les Meules de plufieurs 
manières , mais la meilleure façon eit 
de les accommoderavec le beurre frais, 
fe Perfil , la Ciboule , Se la chapelure 
de pain, On fait auffi, des potages aux 
Munies , qui peuvent paner pour fàîns , 
fur - tout pour les jeunes gens d'un 
tempérament chaud & bilieux : caries 
vieillards Se toutes les perfonnes dont 
l'eftomac par débilité fait mal fes fonc- 
tions , doivent s'interdire abfolument 
cette nourriture. 

On fe fert en Médecine de la co- 
quille des Moules , & on la prépare en 
poudre : elle eft fort bonne contre la 
fièvre tierce. On prend pour cela telle 
quantité qu'on veut de ces coquilles, 
&: on les met dans du vinaigre , les y 
laiffant tremper pendant une nuit ; le 
lendemain on en ôte le limon que le 
vinaigre y a fait naître en les rongeant ,. 
puis on les calcine un peu ■ Se après 
les avoir pulvérifées , on les garde pour 
le befbïn. On en prend un demi-gros 
dans de l'eau de Chardon bénit , ou 
dans du vin , à l'entrée de l'accès. Cette 
poudre fait fuer doucement ; ce qui 
emporte fouvent la fièvre. On s'en fert 
encore étant fimplement lavées , def- 
féchées 8c porphyrifées , à la dofe d'un 
fcrupule à un demi-gros , pour pouffer 
les urines , Se pour arrêter le cours de 
ventre , qui furvient à la fuite d'une 
purgation trop forte. Comme elle eft 
abforbante , elle arrête doucement le» 
évacuations; Se cette poudre peut être 
fubftituée à celle des coquilles d'Huî- 
tres , ou de Limaçons, produifant à- 
peti-près les mêmes effets. Les Maré- 
chaux employent contre les tayes , & 
les onglets qui naiffent fous les yeux 
des Chevaux , la poudre de coquilles 
de Moules , en guife de collyre fec ,. 
qu'ils faufilent dans leurs yeux ; ce qui 
tes déterge Sccorrfume les rayes en peu 
de temps. 



tes Auteurs qui ont écrit fur les Moules 
font Bflon, de Aquat. p. JP7. G e s n y r y 
de Pifcib. p. 177. Kondelît, de Tifcib, 

P. 48. A L a K O V A K D E , p. 5 1Z. DilEj 
P- Mfc'RRET, P. I?î. BONANNI , p. 101. 

Peiivert, p, 84. L 1 f t F r, p. 1 8 1. Lan- 
guis , p. 14. M. Linnjeds, Fama Suce*, 
n. 1353. & les autres. 

M O U R E T : C'eft tel Coquil- 
lage univalve , du genre ùa Lépas à 
coquille fimple S: entière ,. des côtes 1 
du Sénégal , fort commun fur les ro- 
chers de Pille de Gorée , ainfi nommé 
par M. A D a N S o N , p. 34. Se figu- 
ré à la Planche II. ». 5. de fon Hijhire 
des Coquillages du Sénégal. 

L'ouverture delà coquille du Mou- 
ret , dit l'Auteur , eft elliptique ; fes 
bords font entiers ; elle a environ un. 
pouce de longueur ; fa largeur eft un 
tiers moindre , Se un peu plus grande 
que fa profondeur. Le fommet efï élevé 
Se placé vers fon centre , en s'appro- 
chant cependant un peu de fa partie 
poftérieure. Deux cents canelures ex- 
trêmement fines , Se fort ferrées par- 
tent de ce fommet r Se fe répandent 
comme autant de rayons fur toute la 
furface extérieure de la coquille. Sa 
couleur eft ordinairement grife au-de- 
hors , ou cendrée , tirant un peu fur 
le verd. Lorfqu'elle a été roulée fur 
le rivage , fon fommet devient blan- 
châtre , Se fes canelures lont brunes „ 
fur un fond quelquefois blanchâtre * 
& quelquefois vineux , fouvent cou- 
pé par trois ou quatre bandes brunes,, 
circulaires & concentriques au fommet, 
Au-dedans elle eft d'un poli très- 
brillant , brune fur fes bords , & blan- 
châtre dans le fond. 

Je ne connois point , dit notre Na- 
turalîfte , d'elpece de Lépas, dont la: 
figure du corps s'éloigne davantage 
de fes congénères que ne fait celui- 
ci. Ses yeux Se fes cornes font fi petits „, 
qu'on peut dire qu'il n'a ni les un» 
ni les autres : fa tête eft faite en demi— 
lune , Se coupée vers le milieu par une 
large crenelure , quïfemble ladivîfer 
en, deux parties égales. Le cordon une. 



MOU 

îe même Auteur dît avoir remarqué 
fur le manteau de la première efpece de 
ce genre de Coquillage , manque dans 
celle-ci , Se les b.ords , au-lieu d'être 
frangés , font légèrement crénelés. 
Dans le iînus qu'il fait avec le delTus 
du pied , on voit feukment fur la 
droite une petite membrane quarrée , 
qui eft dans une agitation continuelle ; 
c'eft le tuyau de la refpiration. Le 
pied n'a point non plus ce fillon cir- 
culaire de la première efpece. Le fond 
de la couleur de tout le corps eft un 
gris cendré , fur lequel font répandues 
un grand nombre de petites taches 
d'un alfez beau jaune. 

M. Adanson range fous le nom 
de Mouret , la Pateita mgricans rai- 
nor , capiuat. eu finis injignita , Afri- 
cana , de LaSTER , Hifi. ConchyL lab. 
S 37- fié- l 7- & de M- Klein, lent, 
p. 115. Jp. 1 . ». 15. Tab. 8 . fig. l . 

La tatella finis nigris donata , ipfo 
vtrtice albo , tagràqxte ferè lineà cin^to , 
du même L 1 s t e k. , ibid. Tab. 539. 
fig. 22. 

MOURON, nom qu'on donne 
en Normandie à la Salamandre. V 'oyez 
ce mot. 

MOUS, mais mieux M O U X: 
Les Poijfons maux font appelles en La- 
tin Moliia , ou Molufta , Se en Grec 
Max*;: cà\?fjLct , c'eft-à-dire qui étant ti- 
rés de leur peau n'offrent à la vue 
qu'une chair molle , quoiqu'ils con- 
tiennent en dedans une matière qui 
leur tient lieu de fang ; tels font les 
Polypes , la Sèche , le Calmar , Se le 
Licvre marin. Voyez ces mots. 

MOUSTIQUE, efpece de 
Mouche qui fe trouve dans les Ifles 
Antilles , Se qui n'eft pas plus groffe 
qu'une petite pointe d'épingle , mais 
elle pique bien plus vivement que ne 
font les Maringouîns. Elle laifle une 
marque fur la peau , qui eft faite com- 
me une tache de pourpre. Ces fortes 
de Mouches ne fe trouvent que le 
long des rives de la mer, qui font à 
l'abri des vents. 11 n'eft pas pouible 



MOU 187 

de s'y arrêter ni le foir ni le matin , 
fans en être tourmenté. On en voit à la 
Louifiarfe. Cet infecte ne paroît qu'au 
Soleil couchant , Se fe retire la nuit. 

MOUTON, en Latin Vervex . 
Agneau mâle que l'on a coupé pour 
le faire engraiffer plus facilement, 8c 
pour en rendre la chair plus tendre. 
Les Moutons de Beauvais font beau- 
coup plus gras que nos Moutons ordi- 
naires. La chair du Mouton eft chau- 
de , Se fait un bon iàng. Sur ce Qua- 
drupède-couvert de laine, voyez au 
mot BREBIS pour la defeription. 
Je ne vais feulement parler ici que des 
Moutons étrangers. 

MOUTONS D'ISLAN- 
DE:M. Anderson (Hifloirt 
Nat. d'IJlande , p. 59O dit que ces 
animaux font petits , Se qu'ils ont le 
même fort que les Chevaux, c'eft-à- 
dire qu'il n'y a point d'étable pour eux 
ni en été ni en hiver. Ils relient tou- 
jours en pleine campagne , où ils fe 
mettent à couvert fous les éminences 
faillantes des rochers, ou dans les creux 
des montagnes , Se fe nourriifent com- 
me ils peuvent. Ils vivent toujours 
avec les Chevaux, qu'Us fuivent par- 
tout en hiver, pour profiter, dans les 
fortes gelées , du peu de mouflTe , qui 
refte à découvert dans les creux que 
les Chevaux font pour eux-mêmes 
dans la neige , Se où les Moutons n'au- 
roient pû atteindre avec leurs petites 
jambes. On a même fouvent obfervé 
que tourmentés par la faim , ils man- 
gent le crin des queues des Chevaux. 
Quand il neige avec un grand vent, 
ils fe mettent à courir en quittant les 
montagnes, comme s'ils vouloient de- 
vancer le vent. Ils prennent alors la 
route de la mer , Se s'y jettent quel- 
quefois , en forte qu'il en périt aflez 
fouvent des quantités confidérables. 
Lorfque dans d'autres temps ils font 
furpris par une neige fubite & fort 
épailfe, ils en font bientôt couverts; 
Se c'eft alors qu'ils fe joignent en gran- 
des troupes , en mettant les têtes en- 



ÏSS MOU 

femble , & en abandonnant le dos , 
fans le remuer , à la neige. Ils y font 
quelquefois tellement pris & roidis par 
le froid , qu'ils ne peuvent plus s'en 
retirer par eux - mêmes. La faim les 
oblige alors de fe ronger mutuellement 
la laine , pour fe foutenir , jufqu'à ce 
qu'ils foîent tirés de-là par la main des 
hommes. Autli les Payfans ne man- 
quent pas de voler promptement à 
leur fecours , auffi-tôt qu'ils s'apper- 
çoivent d'un pareil accident. Ils con- 
noiiTent l'endroit où le tient la troupe 
par la vapeur, ou efpece de fumée , 
qui s'élève de fon milieu , où la cha- 
leur concentrée tient une ouverture 
dans la neige , comme un tuyau de 
cheminée. 

Au relie ces Moutons ont la laine 
fort grotte Se rude , ce qui vient de la 
froideur du climat Se de la mauvaife 
nourriture , puifqu'il eft confiant que 
plus les climats font doux 5c les pâtu- 
rages meilleurs , plus la laine des Mou- 
tons 8e le poil des Chèvres font fins Se 
tendres. Ceci eft confirmé par le rap- 
port que Busbecq (Première Lettre) 
fait , dans fes Ambaff'ades de Turquie ( 
des Chèvres précieufes de l'Afîe mi- 
neure , qui ont le poil extrêmement 
beau , fin Se long , pareequ' elles fe 
nourrifTent d'une herbe fine & feche , 
qui , à ce qu'on croit , contribue beau- 
coup à la finefle de leur poil ; car il eft 
certain que ce poil ne relie pas le mê- 
me , fi on les amené ailleurs ; il chan- 
ge félon le pâturage , fi bien que les 
Chèvres mêmes dégénèrent au point 
qu'elles ne font plus reconnoifiables. 

Quant aux Moutons d'Iûande , on 
regarde la roideur de leur laine com- 
me un "bénéfice de la Nature, qui 
donne à chaque créaurre ce qu'il lui 
faut, félon les circonftances où elle fe 
trouve , Se qui a fi bien garni ces ani- 
maux pour les garantir contre le froid 
terrible de ces pays. On ne les tond 
jamais j cependant il leur vient tous 
les ans de nouvelles laines , ce qui ar- 
me ordihairementvers la Saint Jean,, 



MOU 

où ils peuvent fe palier de leur an- 
cienne couverture épaifie , qui fe dé- 
tache alors de tout le corps , 8e qui 
étant entortillée , les brins fe tenant 
fortement attachés enfemble , leur eft 
ôtée à la fois comme une efpece de 
peau fuperficielle. C'eft pour cet effet 
qu'on les affemble exprès en leur don- 
nant la chafie. Un Berger, accompa- 
gné de Chiens bien dreiTés pour cet 
effet , monte fur une colline , & ayant 
donné le fignal avec fa corne , les 
Chiens fe détachent chacun de fort 
côté , Se chafient les Moutons de tous- 
les rochers Se autres endroits où ils fe 
tiennent ordinairement , en les faifant 
entrer tous dans un certain parc im- 
menfe , qui eft fort large fur le de- 
vant, 8e qui fe rétrécit peu-à-peu verr 
l'autre extrémité. 

Tous les Moutons d'Iflande , tant 
les Brebis , que les Béliers , ont des- 
cornes extrêmement grandes Se entor- 
tillées. Ils en ont même ordinairement 
plus de quatre, & allez fouvent huit , 
parmi lefquelles il y en a quelquefois 
une qui fort droite de la tête en avant,. 
Se les bêtes à cornes des autres pays 
n'en ont point du tout dans cette Ifle. 
Olaus Magnus( Hift. L. XVII. 
chttp. i. J rapporte la même chofe de* 
Béliers de l'Ifle de Groenland , Se if 
marque que dans tout le diftricl: du 
Nord il y a quantité de gros Mou- 
tons , dont les femelles mêmes ont des 
cornes courbées en arc. Martin 
( DeJ'cript. de L'Ecojfe, p. 19.) remar- 
que auffi la même chofe touchant les 
Moutons des Mes Occidentales d'É- 
co(Te. 

M. And ers on dit que peut- 
être la Nature a donné dans l'Illande 
des cornes à tous les Moutons en gé- 
néral , pour fe défendre contre les oi- 
feaux de proie , qui fe trouvent dans 
cette Ifle en grande quantité Se d'une 
groffeur prodigieufe , Se auxquels ces 
pauvres animaux, qui errent continuel- 
lement dans les déferts, font beaucoup 
plus exgofes que dan? d'autres pays,. 



M OU 

Le gros bétail , au contraire » qui n'a 
rien à craindre de ces oifeaux , ni des 
bêtes fauvages, puifqu'il n'y en a point 
dans l'Ifle , fèmble ne pas avoir befoîn 
de cornes pour fa défenfe , Se il paroît 
que la Nature n'a pas voulu l'en char- 
ger inutilement. M. Anderson 
donne ceci comme une fimple con- 

I'eclure de fa part, mais il lui paroît 
>ien difficile de pénétrer la vraie caufe 
naturelle de cette fingularité. 

Dans certains endroits de l'Iflande 
tout le commerce confifte principale- 
ment en Moutons , Se c'eft-là où les 
Payfans les gardent avec un peu plus 
d'attention. Ils n'envoient dans les 
montagnes que les Béliers , Se ils gar- 
dent les Brebis chez eux , autant qu'il 
eft polïible. Ils ont aulïï une attention 
particulière pour les Agneaux , & ils 
empêchent, pour cet effet, les Béliers 
de couvrir mal à propos les Brebis , 
en leur attachant un morceau de drap 
ou de toile , fous le ventre , qu'ils 
n'ôtent que vers le temps que les 
Agneaux , qui en doivent venir , puif- 
fent trouver de l'herbe dans la campa- 
gne , c'eft-à-dire vers la Pentecôte. 
Ces Agneaux font marqués à mefure 
qu'ils naiffent, Se chaque Payfan a fa 
marque particulière pour diftinguer les 
fîens dans tout le nombre , qui ne fait 
qu'un commun troupeau. 

Ces petits animaux délicats fou firent 
beaucoup d'une elpece de gros Cor- 
beaux noirs , qui fe multiplient confi- 
dérablement dans les déferts & fur les 
rochers de l'Iflande. Ces terribles oi- 
féaux fe jettent fouvent impunément 
fiâtes petits Agneaux , 8e après leur 
avoir crevé les yeux de leurs pattes , 
pour les empêcher de fe fauver , ils les 
mangent avant qu'on puiffe venir au 
fecours. Les Payfans ne manquent pas 
d'y courir aufli-tôt qu'ils s'en apper- 
çoivent ; mais ordinairement quand ils 
Chaffent le Corbeau , l'Agneau fe trou- 
ve déjà aveuglé ; & comme dans cet 
état il ne fauroit plus trouver fa nour- 
riture , ils le tuent Si l'écorchent fur. 



MOU 189 

le champ. C'eft de-là que viennent ces 
fourrures ou petites peaux douces , 
qu'on trafique en Dannemarck Se dans 
le pays de Holftein , Se qui font beau- 
coup en vogue parmi les gens du mé- 
diocre état. 

Dans l'automne , lorfqu'il s'agît de 
tuer des Moutons pour les vaiffeaux qui 
font à la rade , on les afTemble par le 
moyen des Chiens , comme il a été 
dit ci-devant. Cette chafTe fe fait err 
préfence des Juges pour éviter les dif- 
putes , & pour empêcher que perfonne 
ne foit léfé , 8c il eft alors permis à 
chacun de retirer les bêtes qui portent 
fa marque. 

On trouve fort fouvent dans Pefto- 
mac des Moutons d'Iflande une bou- 
le ronde de la groffeur d'une bonne' 
Pomme , remplie en dedans de laine T 
de mouflè , &c. l'Auteur la nomme 
Tophus Ovimts Norwcgicits.(2es boules 
fe forment , fans doute , de la laine Se 
des autres chofes indigeftes , que les 
Moutons avalent faute d'autre nour- 
riture , & leur figure fphérique vient 
en partie du mouvement continuel de 
l'eftomac , qui eft agité fans celle par 
fes membranes qui fe croifent , & le 
tirent alternativement en directions' 
oppofées ; ce qui comprime Se roule 
continuellement ces matières étrangè- 
res. Latroûtc provient de la vifeofité 
del'eftomac , qui en groffit le volume , 
& forme cette enveloppe , à mefure 
que ces matières augmentent. L'Au- 
teur dit qu'on trouve dans les envi- 
rons de la ville d'Hambourg de pa- 
reilles boules de poils , consolidées 
fans croûte, Se pallablement grandes , 
dans les eftomacs des Bœufs Se des 
Vaches. On n'élevé point de Chèvres 
en Hlande , pareeque leur nourriture ,. 
qui font les tendres feuillages des ar— 
briffeaux & des jeunes arbres , y man- 
que. 

MOUTONS DES ISLES< 
DANOISES: Les Ifles Danoifes* 
de Féroé , qui ne font pas fort éloi- 
gnées de l'Iflande , & qui font au nom" 



IQO 



MOU 



bre de dix-fept ou de dix-huit , tant 
grandes que petites , tiennent environ 
un diftria de quinze lieues de Danne- 
marck , fur dix de large. Les monta- 
gnes n'y font ni hautes ni efcarpées , 
& ne font prefque jamais couvertes de 
neiee. Comme les pâturages y lont 
très-bons , on y élevé beaucoup plus 
de Moutons qu'en Mande : ils courent 
les déferts , de même que dans cette 
Ifle. On rapporte , dit M. And e r- 
s o N , que ces animaux fe retirent en 
hiver fous les rochers, dans les en- 
droits où Us avancent un peu fur la 
plaine, Se ils s'y tiennent ferrés entre 
eux , autant qu'il eft poffible , avec 
ce ménagement cependant , que ceux 
qui fe font bien échauffés , en dedans 
de la troupe , vont relever de temps 
en temps ceux qui font en dehors , Se 
qui vont à leur tour fe chauffer pour 
en relever enfuite d'autres. On ajoute 
que quand la terre eft gelée au point 
que ces pauvres bêtes ne peuvent 
plus atteindre la bruyère , ou la mouf- 
ie , avec leurs pieds , elles fe man- 
gent la laine les unes aux autres & 
fe foutiennent par-là jufqu'au dégel. 
Les habîtans de ces Mes font en quel- 
que façon , continue le même Auteur, 
plus heureux que 'ceux d'Mande , en 
ce qu'ils ont une efpece de moiffon: 
cependant ils ne peuvent cultiver que 
de l'orge , Se un tonneau de femence 
en rend pour l'ordinaire vingt & quel- 
quefois infqu'à trente tonneaux. 

MOUTONS DU CAP DE 
BONNE-ESPÉRANCE: Us y 
font en fort grand nombre. Leur chair 
eft de bon goût. Les pauvres em- 
ploient la graille de ces Moutons au 
lieu de beurre , Se lorfqu'elle eft fon- 
due , on y trouve peu de différence. 
Ce que les Moutons de ce payr ont de 
plus remarquable eft la longueur Se 
ï'épaiiTeur de leur queue , qui pefe 
entre quinze Se vingt livres. Les terres 
yoîfines du Cap font fi couvertes de 
beftiaux , qu'il n'y a point d'années où 
les Hottentots n'en vendent un pro- 



MOU 

dîgieux nombre aux Européens , Se 
toujours à fi bas prix » qu'ils donnent 
un Bœuf pour une livre de Tabac , Se 
un excellent Mouton pour une demi- 
livre. Hifloire Générale des Voyages , 
Tome XVIII. p. 127- Edit. in 12. 

Les Moutons des côtes d'Yaman Se 
de Zeila ont la laine du corps blanche » 
Se la tête de la noirceur du Jais. Leurs 
oreilles font petites , leur taille grofle 
Se leur chair délicate. Leur queue n'eft 
pas moins large que leurs feues : elle 
a fept ou huit pouces de long. H A- 
miltom compare la forme à celle 
d'un oreiller fans coins ; mais de l'ex- 
trémité de cette matîe il fort une autre 
petite queue , longue de cinq ou fix 
pouces , qui reilcmble beaucoup à 
celle du Cochon de lait. Hift. Gén. des 
Voyag. L. XVill. p. 1 90'. bldtt. in-iz. 

Les Moutons du Sénégal Se de la' 
Gambra font en très - grand nombre. 
On en distingue de deux fortes , les 
uns couverts de laine , comme ceux 
d'Europe, mais avec des queues fi grof- 
fes , fi graifes Se fi pelantes , que les 
Bergers font obligés de les foutenirfur 
une efpece de petit chariot , pour ai- 
der l'animal à marcher; iorfqu'on les 
a déchargés de leur grailfe extérieure » 
elles partent pour un aliment fort dé- 
licat. Les Moutons de la féconde forte 
font revêtus de poils comme les Chè- 
vres. Ils font plus gros , plus forts Se 
plus gras que les premiers. Quelques- 
uns ont jufqu'à fix cornes de différen- 
tes formes. Leur chair eft tendre Se de 
bon goût. Hifloire Génér. des Voyages % 
'l'orne X. p. 3 8<S. Edit. in- 12. 

Les Moutons de la côte de M^ia- 
guettefont différé ns de ceux d'Europe. 
Outre qu'ils n'ont pas la même grof- 
feur, la Nature leur a donné au lieu 
de laine du poil comme aux Chèvres , 
avec une forte de crinière , comme aux 
Lions. Leur chair eft un aliment mér 
diocre ; cependant ils ne fe vendent 
pas moins d'une barre de fer. Hift. 
Génér. des Voyages, Tome XII. p. 41 J. 
Edit. in- ^. 



MOU 

Les Moutons de la côte d'Or y font 
en grand nombre. Ils y font toujours 
chers. Leur forme eft la même qu'en 
Europe , maïs ils ne font pas de la moi- 
tié fi gros que les nôtres , Se la Natu- 
re ne leur a donné que du poil au lieu 
de laine. Ici Art us dit que le Monde 
paroît renverfé : les hommes ont de 
Ja laine Se les Moutons du poil. 

La chair du Mouton eft fi feche Se fi 
maigre dans tous les cantons de la côte 
d'Or , qu'un Européen délicat n'eft 
pas tenté d'y toucher ; cependant le 
prix de ces animaux n'eft jamais au- 
deflbus de vingt-fept ou vingt-huit 
fchelings , ce qui ne permet gueres 
aux gens du commun d'en faire leur 
nourriture. Le Général Se les princi- 
paux Faéteurs prennent foin de les en- 
graiflfer pour leur table » avec de l'or- 
ge grillé , qui les rend un peu plu3 
flipporcables. 

Les Moutons de Guinée ont fi peu de 
TetTemblance , au rapport de S, M ith, 
avec ceux d'Europe , qu'un Etranger 
ne reconnoîtroit pas leur efpece à la 
vue. Il faut les entendre bêler , & l'on 
eft furpris de trouver la voix du Mou- 
ton dans un animal qui eft couvert affez 
légèrement de poil brun Se noir comme 
le Chien. Hift. Génér. des Voyages » 
Tome XIV. p. I 52. Kdit.in-ii^ 

Les Moutons de Madagafcar ont une 
queue qui pefe quinze ou feize livres. 

Ceux des Eluthas, peuple de Tar- 
tarie font gros , ont la. queue courte 
$e comme enfevelie dans une raafle de 
graifiê , qui pefe , félon certaines Re- 
lations quelquefois jufqu'à quatre- 
vingt livres. Leur laine eft longue 8c 
grofliere. Ils ont une boffe fur le nez 
comme les Chameaux & les oreilles 
pendantes. 

Les Moutons de la baye de Sambras 
font fort grands Se d'une beauté ex- 
traordinaire. Quelques-uns ont la queue 
d'une demi-aune de tour , fi charnue 
qu'il n'y a pas moins à manger que 
dans une éclanche. Au lieu de laine , 
ils ont un poil femblable à celui des 



MOU Ipi 
Chèvres Se de la même longueur. Hift 
Génér. des Voyages , Tome VIII in-4. 0 
p. 78. 

Les Moutons de l'Indoftan ont la 
laine fort courte Se fort fine. 

Ceux de Perfe ont la laine fort fine , 
& cette laine tombe d'elle-même dsns 
certains temps. 

Il y a encore une forte de bête à 
laine dans l'Afrique , qu'on appelle 
Mouton de cinq quartiers. Cet animal 
ne dirlere de nos Moutons que par les 
cornes , Se par la queue qui eft large 
Se ronde , Se qui s'allonge à mefure 
qu'il s'engrailfe. Toute fa grailTe eft 
dans cette queue. On trouve au Pérou 
des Moutons plus hauts que des Ânes. 
Ils font aflez forts pour porter des far- 
deaux de deux cents livres, Se on s'en 
fert à voiturer les terres de mines aux 
lieux où on les purifie. Les Moutons font 
aujourd'hui fort communs à la Loui- 
fiane. Ceux qui font nourris fur les co- 
teaux ont le goût meilleur Se plus dé- 
licat , dit L A F. T. 

MOUTON; C'eft aufïï dans le 
Bréfil le nom donne a un certain oifeau 
exquis , dont le plumage eft noir & 
jaune , qui eft grand comme un Paon r 
Se qui a une fort belle hupe fur la tête. 
Sa chair eft bonne à manger. On voit 
plufieurs efpeces de ces oifeaux, die 
Ruïsch, de Avib. p. 125. 

MOUTON MARIN: C'eft 
une forte de poiffon qu'on appelle ainfr 
parcequ'il eft d'une couleur blanche r 
& qu'il a des cornes recourbées comme 
le Mouton de terre » en Latin Arie* 
Fifcis. 

11 y en a , dit Rondelet ( L. IX. 
c. 10. p. 220, Edit. Franc. ) qui ont 
cru que l'Églefin, efpece de Morue » 
étoit le ripcfiilon ou i'Aries, c'eft-à-dire 
la Brebis & le Bélier de mer des An- 
ciens , pareequ'il a une crête fur le 
nez , comme les Brebis de terre. Ce 
Naturalifte n'en croit rien. Cette mar- 
que , ajoute-t-il , convienr mieux & 
l'Ombre de mer, quia non-feulemenr 
ie mufeau f mats toute la. figure de- 1* 



ip.2 MOU M U C 

face d'une Brebis de terre ; maïs la 
Brebis Se le Bélier de mer ne font 
pas un même poiffon. Selon Opfien> 
la Brebis de mer fe cache au fond des 
eaux , & il met le Bélier entre les 
Cécacées Se les grandes bêtes marines : 
.c'eft ce que fait auffi Pline, d'où il 
faut conclure indubitablement que la 
Brebis Se le Bélier de mer ne font pas 
un même poiffon. C'eft tout ce que 
Rondelet dit de l'un Se de l'autre à 
l'article de l'Églefin. 

M O U V I N , ou MOVIN, 
£ft une efpece de Coquillage bivalve 
de la côte du Sénégal , commun au- 
tour de l'Ifle de Gorée Se du Cap 
Manuel, ainfi nommé par M. Adan- 
-soN,p. 246". qui le met dans le genre du - 
Pétoncle. Il eft figuré Flanche XVlll. 
n. 4, Sa coquille , dît-il , fe diftingue 
aifément des autres Pétoncles , parce- 
que fa largeur,qui eft de feize lignes ou 
environ, furpaffeunpeu fa longueur. 
Sa profondeur eft moitié moindre que 
cette dernière dimenfion. Les quarante 
filions longitudinaux qui s'étendent fur 
fa furface extérieure font fi fins Se fi peu 
marqués , qu'elle paroït lifte & d'un 
beau poli. Les battans font marqués 
intérieurement fur leurs bords d'un 
pareil nombre de filions affez longs Se 
profonds : ils ne joignent pas parfaite- 
ment vers l'extrémité fupérieure. Le 
fommet eft rond Se peu renflé. La char- 
nière eft courbée Se au moins une fois 
plus courte que la largeur des battans. 
Sa couleur eft au dehors d'un fauve 
clair, qui en dedans tire un peu fur 
fa couleur de chair. 

M U C 

M U C O , nom que les Italiens 
donnent au Muge , poiiTon dont plu- 
fieurs efpeces. Voyez MUGE. 

MUCU : Marc Grave {Hifi. 
du Bréfil , L. IV. c. il.) donne ce nom 
à un poiffon rond , comme la Lam- 
proie , mais non fi gros. Il eft long 
d'environ deux pieds , un peu moins , 
fK* an peu plus. Sa tête eft pointue & 



M U G 

Conique ; fes yeux font petits Se no'rs" ; 
fa bouche eft petite. Il a aux côtés des 
lignes noires , obliques , qui forment 
des angles obliques par le milieu. Ce 
poiftbn fe pêche dans les lacs Se les 
marais. La e t , dit R u ï s C H ( de. 
Pijcib. p. 141. ), donne dans fa def- 
cription de l'Amérique la figure du 
Muât , fous le nom d'Ubirre ; mais la 
figure ne fe rapporte pas avec la def- 
criptîon , ce qui fait croire que VUbirrs, 
eft un poiftbn différent du Mitai, 

M U G 

MUGE; C'eft le nom qu'on don-: 
ne à de certains poiffons , dît R o N- 
d e l e T (Part. IL p. 98. Edit. Franç. ) 
qui fc prennent dans la mer , les étangs 
Se les rivières. Ils ne différent pas de 
figure , mais de fubftance Se de goût. 
Les Mugei d'étangs font plus gras. 
Ceux de mer fontmoins humides &de 
meilleur goût, pareequ'il y a toujours 
plus de bourbe dans les étangs que 
dans la mer. On fale les Muges Se ils 
fe gardent affez long-temps. 

Le même Auteur donne cinq efpe- 
ces de Muges de mer. Le premier eft 
celui qu'il nomme en François Cabot , 
en Latin Cepbahts , autrement en Fran- 
çois Mulet. Voyez ce mot. Le fécond 
eft celui qu'il nomme Same. Voyez 
SAME. Le troilleme eft le Chkluc , 
en Latin Labrus. Voyez CHALUC. 
Le quatrième eft le Maxen. Voyez ce 
mot. Le cinquième eft le Muge noir. 
Ray ajoute à ces efpeces un Muge de 
l'Amérique ; le Curema du Bréfil , qui 
en eft une efpece ; le Paraît , autre 
poiffon , femblable au précédent ; un 
Muge de rivière , que Gesner nomme 
Majela ; un autre pareil à celui-ci t 
qui eft une efpece de Muge de la Ja- 
maïque , dont parle S L o a n E. Ajou- 
tons à toutes ces différentes efpeces de 
Muges le Muge volant de Rondelet,' 
J'ai renvoyé pour les quatre premiè- 
res efpeces de Muges de mer à leurs 
noms particuliers. Parlons ici des ju- 

tT£S. 

La 



M U G 

Le Muge noir eft un poiffon qui n'eft 
point connu dans nos mers , dîfent 
Rondelet (L. XV. c. 5. p. 32^. 

) Se Ray, j>«<?p. Afctk fifc. 
p. 8 J. ». 8. Il eft couvert d'écaillés. Il 
reffemble aux Muges ordinaires pour la 
figure ; fa couleur eft noire. 11 a des 
traits noirs depuis les ouies jufqu'à la 
queue ; c'eft ce qui lui a fait donner 
le nom de Muge noir par Rondelet. 
Il a la mâchoire baffe fort avancée Se 
couverte, ce qui fait qu'il peut beau- 
coup ouvrir la bouche. Il eft garni de 
fept aiguillons au dos, féparés l'un de 
l'autre, après lefquels il y a une pe- 
tite nageoire. Gesner en parle, de 
Aquat. p. (>5 3 . 

Le Muge de l'Amérique eft nommé 
Paflor par les Hollandois , Se Harder 
par Marc Grave. Voyez au mot 
HARDER. 

Il y a une efpece de Muge de riviè- 
re , qui eft la fpecies mïnor Ceph.iîi 
fiuviatilis de G E s N e r. Les Alle- 
mands nomment- ce poiffon Has/le, Se 
Hasjlcr à Zurich ; du côté de Stras- 
bourg, Schnotfifch. 11 reffemble au Squa- 
lus. Sa chair eft molle Se grade. 11 eft 
long de deux ou trois palmes , d'un 
verd tirant fur le noir le long du dos, 
de couleur d'argent au ventre Se aux 
côtés. Il a une nageoire au milieu du 
dos ; des écailles fines Se un peu gran- 
des ; des lignes remplies de points , 
plus prociies du bas-ventre que du haut 
du dos. Ce poiiïon pefe à peine une 
livre, 8c il n'a pas plus d'un pied de 
long, dit Ray, ïkiâ. p. 122. n. 26. 

Le Meunier eft aufTi une efpece de 
Muge de rivière, Voyez au mot MEU- 
NIER. 

Il y a .1 la Jamaïque un petit poiffon , 
qui a deux nageoires continues fur le 
dos. Les Anglois le nomment Frejch 
Water Snapper. C'eft une efpece de 
Muge de rivière , qui , félon Sloane , 
dit Ray {ibid.p. \6o.n. 9.) a environ 
trois pouces de long , & eft du double 
plus large. Il a la bouche élevée , poin- 
tue , fans dents ; les yeux grands Si l'i- 
Tome III, 



M U G I03 

ris blanche ; deux nageoires fur le dos , 
dont la première eft garnie de rayons 
épineux Se la féconde de rayons moux : 
ces nageoires vont du milieu du dos 
jufqu'à la queue : fà queue eft four- 
chue. Par le nombre de fes nageoires 
Se la manière dont elles font placées , 
ce poiffon a du rapport avec les Muges. 
Il a des lignes courbes aux côtés , pa- 
rallèles au haut du dos. Il eft par-tout 
couvert d'écaillés , blanches , claires 
comme de l'argent : elles font cepen- 
dant plus obfcures furie dos qu'au ven- 
tre. On en pêche à la Jamaïque , dans 
les eaux douces de lacs , d'étangs 8c 
de rivières 

Le Muge volant de R o n d e l e t eft 
un poiffon , auquel il a donné ce nom , 
dit-il (L. IX. c. 5. p. 211.J, parce- 
qu'il en a la figure. Il eft fourni de 
deux ailes , d'où il a le nom de Muge 
volant. On le nomme Faucon de mer à 
Agde, On en trouve dans les étangs' 
de mer , où il devient grand d'une cou- 
dée. Il reffemble au Same de façon , 
de corps , de couleur Se de figure. Il 
n'a de différence que les ailes Se la 
queue. Sa bouche eft petite. Il a la 
mâchoire de deffous plus avancée que 
celle de deffus Se fans dents. Ses yeux 
font grands Se ronds : fon dos Se fa tête 
font larges , comme dans les autres 
Muges. Il a de grandes écailles, des ailes 
larges , attachées aux ouies , qui vont 
prcfque jufqu'à la queue. Les nageoi- 
res qu'il a au ventre font bien plus 
baffes que celles des autres poillons. 
Sa queue finit en deux nageoires , dont 
celle de deffous eft la plus grande. 11 a 
un trait qui commence à fes ailes Se va 
jufqu'à la queue. Les parties du dedans 
font femblables à celles des autres Mu- 
ges. Sa chair a le même goût Se le même 
fuc. Artedi ( Syn. p. 52. ) met le Mu~ 
gilCephalus des Naturaliftes , qui eft le 
Mulet, le Mullus barbatus , le Mullus 
major, qui eft le Surmulet , Se le Mul- 
lus ïmberbïs , ftve Rex Mullorum , dans 
l'ordre des poiffons à nageoires épineu- 
fes ; le Capito , ou Squalus fiuviatus 



i5>4 M U L 

mirer , dans celui des poîflbns à nageoi- 
res molles Se du genre des Carpes, ainfi 
que le Mugil a la tus de Rondelet, 
qui eft VHirundo de Pline , de Sal- 
Vien &des autres. Voyez M U LE T 
&SURMULET. 

M U L 

MULET, & MULE*, animal 
Quadrupède , fort! d'un Cheval Se 
d'une Âneflè , ou d'un- Âne & d'une 
Cavale. Les Anciens , dit Gesner 
(de Quad. L. I. p. 19. ), nommoient 
fitnnuli les animaux engendrés d'un 
Cheval Si d'une Ânefle , parcequ'ils 
hennifîent comme le Cheval , Se les 
autres Midi , parcequ'ils brayent com- 
me l'Ane. Ils appelloient aufli les pre- 
miers Hardi, nom que les Muletiers 
donnent encore à leurs Mulets. M. 
L 1 N N jè tr S , dans fa Fauna Succica , 
met cet animal au rang des bêtes de 
charge , que les Latins nomment Ju- 
ment a , Scie âêfk&t Equus caudâ extre- 
mà fetojâ , dénomination qui convient 
au lli à l'Ane Se qui les diltingue l'un: 
& l'autre du Cheval , dont la queue 
eft velue par - tour , caudâ undiqtie 
fetofâ. M.BftissoNle nemme Equus 
nuricidis longis , ereEiis ,. juhâ brevi. 
C'eft l' Afin us biformis , Hybridus de 
M. Klein f Dijp. Quad. p. 6.B.), le 
Mulus de.R A y ( Synop, Quad. p. 64. ) , 
d'A LDROVANDE( Quad. Soiip. 
p. 358.), de Gesner (Quad. p. 794.)* 
deJoNSTON ( Quad. p. 1 5 . ) , de 
Charleton ( Exercit. p. 4.) Se de 

S L O A N E , Vol. II. p. 327. 

Le Mulet n'eft pas une efpece cer- 
taine Se confiante qui puiOe fe repro- 
duire , mais plutôt une bâtarde , qui 
provient d'un Âne Se d'une Jument. 
I! reffemble beaucoup au pere par la 
forme du corps , la longueur des oreil- 

* En Hébreu le m.île & la femelle font 
nommas Tir<.d, ou Pirdah, qui viennent du 
verbe Parad , qui fî^nifie féparer , foitparce- 
que cet mimai ne fe mêle avec aucune au— 
tre e'p xe pour engendrer, foit parce^u'il 
n engendre poim à taufe qu'il eft féparé de 
lace. Ces animaux font appelles, en ChaWeeni 



M U L 

les Se la brièveté de la crinière ; mais 
il reflemble plus à la mere par la gran- 
deur. Comme l'Âne , il a une queue 
longue , qui n'a de crins qu'à fon ex- 
trémité. Sa couleur la plus ordinaire 
eft noire ou d'un brun noir. Il a , com- 
me l'Âne , fur le dos une croix d'une 
couleur plus foncée. 

On voit peu de fjulets en Suéde. 
On affure qu'ils ne ruent point quand 
on leur a fait boire du vin. Cet animal 
eft d'un grand ufage en Efpagne, oit 
la plupart des carrofies n'ont qu'un at- 
telage de Mules. On dit que la Mule 
a l'odorat très-fin , & beaucoup de fyrn- 
pathie avec les oifeaux aquatiques. Il y 
en a en abondance â la Chine. 

MULETS SAUVAGES: 
On en voit en Tartarîe, qui tie ref- 
femblent point aux Mulets domtftiques. 
Ils ne peuvent s'accoutumer à porter 
des fardeaux. Les Tartares font beau- 
coup d'ufage de la chair de ces ani- 
maux. Ils la trouvent aufli faine Se auffi 
nourriffànte que celle du Sanglier. 

MULET, poiffbn de mer, pre- 
mière efpece de Muge,qui eftle Kttp^cç 
à' A r 1 s t o t e ( L.V. c. n, L. VL 
e. 17. L. VIII. c. 2. p. 19.) , d'E l 1 e m 
f L. I. c. 3. p. 7. L. XIII. c. 19. ) & 
d'OppiEN ( L. I. p. 5.) , Si le Cepbahts 
Mugil des Latins , mis par Artedi 
(Ichih. Part. V. p, y 2. n. t.) dans le 
rang des poiffons à nageoires épineufes. 
On le nomme en Italie Cephalo , 8e en 
Languedoc Cabot , à caufe de fa proffe 
tête. C'eft un poifTon de mer, d'étang 
Se de rivîere. Il croît jufqu'à une cou- 
dée t dit Rondelet, L. IX. c. r, 
p. 207. Edit. Franc. Il a la tête plus 
large , plus eroffe Se plus courte que 
les autres efpeces de Muges ; quatre 
ouies de chaque côté ; l'ouverture de 
la bouche grande , fans dents ; les 

Cudana ; en Sytiaque , Coudanîo , du verbe 
Edan , qui veut dire mettre fous h joug ; en 
Grec "B/numi ; en Allemand , Mulihiir ; err 
Flamand le mâle Mugl-Ejfl , & la fenulld- 
Mwl EJfiUne ; en Llpaçnol Se en Italien ^ 
Mulo ; en AngiQis.j.AWf i en Suédois, AI»»- 



M U L 

îevres petites; les yeux grandis , Cou- 
verts d'une eipece de taie ; des traits 
noirs depuis les ouies julqu'à la queue; 
le dos large , noirâtre; le ventre blanc; 
deux nageoires proche des ouïes; au- 
tant deffous, qui font plus petites ; une 
proche de l'anus ; deux au dos , dont 
la première a des aiguillons Se la der- 
nière n'en a point. Ce poiiTon a la toile 
du ventre noir, le foie petit, le fiel 
jaune , l'eftomac différent de celui des 
poiffons qui fe nourriffent de chair ; car 
il eft charnu , épais comme celui des 
oifeaux & ridé en dedans. Sa rate eft 
cachée dans fes boyaux, qui font en- 
tortillés ; fon cœur eft fait en an- 
gle. Ce poiffon , comme les autres 
efpeces de Muges , conçoit en Dé- 
cembre. Il entre dans les étangs de 
mer, où il fraie, & il y hiverne vo- 
lontiers ; il y vit de limon. Il fent 
la bourbe plus en été qu'en hiver. U 
eft meilleur au printemps. Ceux que 
l'on pêche au Cap de Cette font excel- 
lens. Ceux de Marfeille , de la côte 
de Gênes , de Naples , de l'embou- 
chure du Tibre ne font pas fi. bons , Se 
ceux de Venife font très-mauvais , dit 
Rondelet. Ceux de mer , félon le 
même Auteur, font de bon goût, Se 
ceux d'étang plus gras Se plus favou- 
reux. 

Il y a dans l'Ifle de Tabago des 
Mulets en très-grande quantité Se de 
différente grolfeur , depuis celle du 
Maquereau jufqu'à celle d'un Brochet 
d'une moyenne taille. Ils y font d'un 
goût admirable. La rivière du Sénégal 
produit beaucoup de ces poitTons. Ils 
ïont couverts de grandes écailles noi- 
res , ce qui les rend fort différens de 
ceux d'Amérique , qui font fans écail- 
les. Le mufeau du Mulet: d'Afrique 
eft court, Se fon corps oblong. Il eft 
ordinairement fort gras & très-léger 
à la nage. Il fe prend à l'hameçon , ou 
dans des paniers d'ofier. On prétend 
que la pierre qui fe trouve dans fa tête 
eft un fpécifique pour la pierre , ou la 
gravelle. Les œufs du Mulet pour- 



M U L tpy 

roîent être employés comme ceux de 
PEfturgeoti à faire du Caviard. On 
trouve auffi de ces "poiffons à la côte 
d'Or. Le Mulet qu'on y pêche en eau 
douce eft peu différent du Carmont 
que par la tête , qui n'eft pas fi épaiffe. 
11 eft auflî moins grand , mais il ne lui 
cède en rien pour la bonté. 

Ruysch {de Fifcib. Tab. zo.p. 40. 
n. 1 8. ) donne le même nom à un poif- 
fon des Indes Orientales, dont la bou- 
che eft placée différemment que dans 
les autres poitTons. On ne la voit point 
à la partie inférieure de la tête , mais 
a. la partie fupé Heure. Sa tête ne fe 
recourbe point vers la bouche : elle eft 
unie au corps fur la même ligne. Voila, 
ce que cepoilfonade particulier : quant 
au refte il eft affez femblable aux ef- 
peces de Mulets. Voyez au mot SUR- 
MLLET pour fes autres efpeces de 
Mulets. 

Les Auteurs qui ont écrit fur ce poiffon , 
parmi les Anciens, font Ovide & Pline , 
L. IX, c, 15. & n, & parmi les Modernes 
confuitez G e s n e r , ieAquat. p. 666. Wil- 
lughby, p. 174. Ray, p. 84. CKAB.LETON , 
p. 151. Cuba, L. 111. c. 5 ç . W o t t 0 n , 
L.VIII, c. 179. Jonston , L. I. c. 4. 

MULOT, en Latin Mus fubter- 
TAneus , petit animal qui fouit la terre 
comme font les Taupes , & qui eft une 
efpece de Souris champêtre, qui ronge 
les oignons des plantes Se la racine des 
bleds. R A y ( Synop. Qitad. p. 218,) 
l'appelle Mus domeflkus médius. Il eft 
nommé par M. Linnsus {Syft.Nat. 
Edit. 6. gen. 21 Jp. 7. & Fauna Suec. 
n. 30. ) Mus çaitdà Ivagà , corpvre nigro 
flavefeente , abdomine albo : par M. 
B r 1 s s o n , p. 174. Mus cauda lon- 
gâ , fitprà è fujeo flavefcezs , infrà ex 
albo cinerajeens. La longueur de fon 
corps depuis le bout du mufeau jufqu'i 
l'origine de la queue eft de quatre 
pouces Se demi ; celle de fa tête eft 
de quinze lignes , Se celle de fa queue 
eft de trois pouces Se demi. Il a les 
yeux grands Se à fleur de tête , les 
oreilles larges , rondes Se tranfparen- 
tes ; quatre doigts aux pieds de de- 



t$S MUL 

■vant, & cînq à ceux de derrière; à la 
place du pouce qui manque aux pieds 
de devant, eft lut angle court & ob- 
tus. La couleur de fes poils eft un brun 
jaunâtre dans la partie ftjpérieure de fou 
corps Se un blanc tirant iùr le gris dans 
l'inférieure. Il y a un peu de rouiîatre 
à chaque côté de la tête. On le trouve 
dans les bois , les champs & les jardins. 
Ce petit animal eft un peu plus grand 
que la Souris. Il en diffère aufli par 
la couleur. 

MULTI VALVES, nomdonné 
■à des Coquillages qui ont plufieurs 
pièces, ou adhérentes , ou jointes en- 
fcmble , en Grec V!o\vèupn , 5c en Latin 
Folyi'itlvïa. Les Afultivalvcs compo- 
fent la troifieme clafTe des Coquilles , 
de laquelle l'Auteur de la Conchyliolo- 
gie fait fix clafles. Il met dans la pre- 
mière les Ourfîns, Boutons ou Hérif- 
J<-ni de mer , nommés en Latin Ecburi , 
Se qui font ordinairement hériffés de 
pointes : lorfqu'on les trouve dénués 
de ces pointes , c'eft qu'elles font 
tombées en les tirant de l'eau. La deu- 
xième famille eft remplie psr VOjjca- 
brion, qui eft une efpece de Lé-pas à 
huit côtes, que l'on trouve vivant en 
Amérique tk en France. Ceux qu'on 
appelle Orgues Se les Glands de mer 
font de la troifieme famille : les Latins 
les nomment Balani. Les PouJJepieds , 
qui n'ont aucune variété, font très- 
aifés à connoître & font contenus dans 
la quatrième famille, fous le nom de 
Pcllicipedes. Les Conques Anatiferes , 
en Latin Cor/chœ Anatiferœ , fourniffent 
la cinquième famille : leur figure fouf- 
fre peu de différence. La fixierne Se 
dernière famille eft celle des Pholus , 
nom Grec qui eft traduit par celui de 
Pholades : elle eft aufft ailée à recon- 
jioître que les précédentes. Sa forme 
eft oblongue Si ordinairement de cou- 
leur blanche , fouvent renfermée dans 
des pierres de Marne. Les unes ont 
cinq pièces : les autres deux. 

On ne connoît aucune Multivalve 
dans lesCoquillages d'eau douce. Dans 



MUL 

les Coquillages terreftres on trouve en 
Multivalves les Ourfîns Se les Glands de 
mer. Tous ces Coquillages font ana- 
logues à ceux de mer , dont ils ont fait 
autrefois partie. On ne trouve d'autre 
différence entre eux , fi ce n,'eft que 
les folîîles font revêtus d'un fuc pier- 
reux & qu'ils ont perdu leur couleur 
naturelle. 

M. Adanson, dans fou Hiftni- 
re des Coquillages du Sénégal , com- 
pofe la fection de fes Conques mul- 
tivalves de deux petites familles. La 
première renferme celles dont aucune 
des pièces de la coquille ne prend la 
forme d'un tuyau, telleque la Pbvlade. 
La féconde renferme celles dont une 
des pièces de la coquille prend la for- 
me d'un tuyau, qui enveloppe tentes 
les autres pièces , comme le Paret , en 
Latin Teredo, Les deux genres de cette 
feétion , dit-il , la Pholade. Se le Taret P 
fe rapprochent beaucoup l'un de l'au- 
tre par le nombre & les pièces de leurs 
coquilles, 8c quoique diftingués par-là 
des Bivalves, ils y tiennent cependant, 
mais far -tout au Svlcn , i". par la 
figure des battant de la coquille , qui 
font béans , ou qui laiiTent une ouver- 
ture à leurs extrémités ; 2°. par le' 
manteau de l'animal, qui eft tout d'une 
pièce , Se femblable à un lac ouvert 
aux deux bouts; 3 0 . enfin pareequ'ils 
vivent toujours enfoncés dans quelques 
corps folides , où ils pafTent toute leur 
vie fans fortir. Voyez au mot C O- 
QL 1 L L A G E , pour la divifion de 
ces Teftacées , fuivant la divifion de 
différens Naturaliftcs. 

M U LU : C'eft un Cerf-Cheval: 
de la Chine , Se qui n'eft qu'une efpe- 
ce de Cerf de la hauteur des petits 
Chevaux , qu'on appelle Chuenma dans 
les Provinces de Se-Chuen Se de Yun- 
Nau. 

Il y a encore dans ces deux Pro- 
vinces une efpece finguliere de Cerfs, 
qui ne fe trou ve dans aucun autre pays. 
Ils ne deviennent jamais plus grands 
que les Chiens ordinaires , dit.N A Y A»- 



MUR 

rette, p. 38, Les Princes & les 
Seigneurs en nourrifTent dans leurs 
parcs comme une curiofké. 

MUR 

MUR, nom qu'on donne à une 
efpece de Coquillage du genre des 
Conques fphériques , ou Tonnes , de la 
clalle des Uni valves, parcequ'clle eft 
garnie de tubercules noires , dit M. 
jd'Akgenville. Voyez TONNE. 

MURAL: Les Hollandois don- 
nent le nom de Muurvijch à un poif- 
fon des Indes. R u y s c h le rend en 
Latin par Pijcis Muralis. Ce poilïbn a 
au bas du ventre des taches qui Unif- 
ient en pointes , Se de pareilles taches 
au haut du dos , qui finilTent égale- 
ment en pointes. Cet Auteur dit que 
le nom de Muralis lui a été donné 
pareequ'il paroît avoir une apparence 
de nageoires murales. Il en a au milieu 
du dos , qui ne vont pas jufqu'.i la 
queue ; Se outre celles qu'il a aux 
côtés des ouies, il en a encore d'au- 
tres fous le ventre. Ce poilTon n'eft pas 
large , mais il eil long 8c ferré. 

R u Y S C H au même endroit ( de 
Fifcib. Colleil. Amb. p. 17. Tab. 9. 
». 13 ) parle d'un autre poilTon qu'il 
nomme double Mural , en Latin duplex 
Muralis. Celui-ci a non-feulement des 
taches au ventre , pareilles à celles du 
précédent, mais encore au dos, lef- 
quelles répondent à celles du ventre. 
Ces doublts taches font , fans doute , 
la raifon du nom qu'on lui a donné. 
Pour le refte , il eft afiez femblable au 
précédent , mais la nageoire qu'il a 
fous le ventre eft plus belle. 

MURENE, nom générique 
qu'A r t E D 1 ( Ichth. Part. V. p. 39. 
O" Juiv. ) donne à des poiftbns rangés 
parmi ceux qui ont les nageoires mol- 
les , Pifces malacopterygii , comme i °. 
à l'Anguille ; z°. au Congre ; 3 0 . au 
Mymg, que Rondelet dit être le 
mâle de l a Murène ; 4 0 . au Serpent ma- 
rin ; 5 0 . à un autre Serpent marin; 6°. 
i la véritable Murène. Plufieurs Au- 



M U R S97 
teurs Ont aufli donné le nom de Mph 
rana à la Lamproie Voyez ce mot. Je 
n'ai à parler ici que de la Murène pro- 
prement dite. Ce poifTon , nommé 
Mujff iya par A r i s t o t e ( L. I. c. 5. 
L. II. 15. L. III. c. 10. L. V. 

c. 10. L.VlII. r c. i. 13, 15. &L.IX. 
c. 2. ) Se par Elien (L. I. c. 32. 50. 
& L. IX. c. 9. 40. 66. ) , ainfi que par 
Athénée (X. VII. p. 3 1 2.) & par 
Oppien (L.l.p.ix L. VIII. p. 39.), 
eft la Murana de P L a u t e , Ampb. 
AU. I. Scen. I. Pj'eud. Ad. I. Scen. III. 
d'A ulugelle, Ad. II. Scen. VI. 
de C o l u M E L L e , L. VIII. c 1 6V 
de Ciceron , Fam. L. VII. Epifi. 27. 
de Varkon , de re Rufl. L. II. c. 6. 
d'OviDE , Mal. V. 26", 42. C7- 1 14. de 
Pline , L,. IX. c. 16. 19. 20. 23. 54,- 
55. & L. XXXII. c. 2. 5. 7. & B.- 
d'AMCROSiN , Hexam. L.V.c.z.y. de 
Macrobe, Satur. L. III. c. 1 j. p. 52. 
deCAÏus Figula,/o/. 6. de Beeon,, 
de Pjjcib. de Salvien , fol. 59. & 60. 
de G E S N E R , de Aquat. p. 67 8. de 
J o N s t o N , de Pijcib. de Char- 

L E T O N , p. 126. deWlLLUGHBY». 

p. 103. tJe R a y , p. 34. de C u b a 
L. III. c. 58. de Paul Jove, c. 31. 
p. 103. & de Wotton, L. VIII, 

C. 166. A L D R O V A N D E ( L. III. C. 

2 7- P- 3 57') P ar ^ e ^ e la Mur&na mâle- 
& de la Mur ma fèmelle. 

A rte D 1 (Ichth. Part. V. p. 41; 
». 6. ) nomme ce poilTon Murana pin- 
nis petlortilibiis carens. U eft , félon 
Rondelet ( X XIV. c. 4. p. 3 14. 
Edu. Franç. ), de haute mer, Se quel- 
quefois de rivage, long de deux cou- 
dées au plus, & eft femblable à l'An- 
guille , mais plus large, Il a l'ouver— 
ture de la bouche grande , la mâchoi- 
re aquiline , au bout de laquelle font 
comme deux verrues , telles que le 
Congre en a. Ce poiflbn a des dents 
longues , fort aiguës , & courbes au- 
dedans de la bouche , non -feulement 
aux mâchoires , mais au(C au palais p 
ce qui fait qu'il femble qu'il n'a poini 
de langue, tant elle eft imparfaite 



i 9 8 MUR 

& en récompenfe il a le palaîs charnu. 
Ses yeux font blancs Se ronds ; fes 
ouïes font de couleur brune ; il a un 
trou à chaque côté : fa peau eft line , 
femée de taches blanchâtres ; il porte 
une petite pinnule ou nageoire furie 
dos , comme le Congre. Il n'a point de 
nageoires , pareeque tous les poiîfons 
longs nagent dans la mer , Se avan- 
cent par tortuofité , comme font les 
Serpens fur terre. Il a l'eftomac long, 
du milieu duquel fort un boyau , qui 
■va jufqu'à l'anus ; fon foie ell grand , 
long Se jaune ; la bourfe du fiel eft 
attachée aux înteftins , Se fa rate eft 
noîre. 

La Murène vit de chair: elle fe tient 
cachée pendant le froid dans les ro- 
chers ; ce qui "fait qu'on n'en pêche 
que dans certains temps : elle a des 
petits en tout temps , qui deviennent 
bientôt grands. Parcequ' elle fraye fou- 
vent , quelques-uns ont cru qu'il n'y 
a point de Murène mâle , qu'elles font 
toutes femelles , Se qu'elles frayent 
avec les Serpens. Of pif.n a été de 
ce fentiment. Il dit que la Murène & 
le Serpent s'entraiment beaucoup. Le 
Serpent ayant laiifé fon venin fur la 
pierre , finie au bord de la mer , pour 
appeller la Murène , qui accourt incon- 
tinent. Ils frayent enfemble , Se le Ser- 
pent s'en retourne Jrendre fon venin. 
S'il ne le retrouve pas , il en meurt 
de douleur. ÉlieH raconte la même 
fable , que Pline rejette en difant , 
d'après AriSTOTE, qu'il y a une 
Murène mâle , qui eft le Myrus. La 
grande reflemblance de ce Myrus avec 
le Serpent a fait croire aux Anciens 
que la Murène frayoit avec le Serpent, 
vu principalement qu'elle fraye com- 
me eux:. La Murène eft ennemie de la 
Poulpe , poiffbn cruftacée ; celui-ci 
fuit le combat le plus qu'il lui eft pof- 
fible : quand il ne peut l'éviter , il 
tache avec fes longs bras d'envelopper 
la Murène , qui gliffe Se s'échappe i & 
3a Poulpe ell miférablement mife en 
pièces par la Murène > mais la Lan- 



MUR 

goufte pour l'ordinaire dévore la Mu- 
rène. 

Les Pécheurs , dit Rondelet, 
craignent la morfure de la Murène , qui 
eft venimeufe Se dangereufê. Ils ne la 
touchent vive qu'avec des forces. Ils 
lui coupent la tète. Ses cendres , félon 
le même Naturalifte , guériflent fa 
morfure Se les écrouelles. Quand la 
Murène a mordu quelqu'un , il faut 
auiTi-tôt en couper la morfure. On lit 
dans l'Hiftoire que Pollion , favori 
d'A u G u s T E , faifoit conftruire de s 
viviers de Murènes pour y jetter le s 
Efclaves condamnés aux fupplices. Les 
Murènes font adroites à fe fauver : 
étant prifes à l'hameçon , elles l'ava- 
lent pour couper la ligne avec les 
dents , Se elles fe fervent de leur dos * 
qui eft tranchant , pour la couper ; Se 
quand elles fe voient prifes dans les 
filets , elles partent au travers des mail- 
les. 

On ne pêche ce poiifon que dans 
une côte caïllouteufe Se remplie de 
roches. On tire plufieurs de ces cail- 
loux pour faire une fofle jufqu'à l'eau; 
enfuite on écrafe un Crabe ou deux , 
qu'on lave dans l'eau de cette folle ; 
ou bien on y jette un peu de fang , Sç 
incontinent on y voit venir la Murène » 
qui avance fa tête entre deux rochers : 
fi-tôt qu'on lui préfente l'hameçon , 
pendu à un petit bout de corde , 5c 
couvert d'un peu de Crabe ou de quel- 
que autre poiiïbn , elle fe jette gou- 
lûment delfus , Se l'entraîne dans fort 
trou. Il faut alors avoir l'adreife de la 
tirer tout d'un coup ; car fi on lui don- 
ne le temps de s'attacher par fa queue , 
on lui arracheroit plutôt la mâchoire 
que de la prendre. Cela fait voir que 
fa force eft au bout de fa queue , ce 
qui vient de ce que la grande arête de 
ce poiflon eft renverfée du haut en 
bas ; en forte que les arêtes , qui dans 
tous les autres poUfons font peschées 
vers la queue , font rebrouffées dans 
celui-ci. Quand la Murène eft hors de 
fon trou , on ne la fait pas mourir fans 



MUR 

Beaucoup de peine , fi on n'en fâît le 
fècret , qui confifte à lui couper le bout 
de la queue , ou à l'écrafer , & elle 
meurt autu-tôt fans fe débattre, 

Pline, en parlant de l'Orateur 
Hortensi.us, dit qu'il aimoit tant 
les Murènes , qu'il en pleura une mor- 
te. Mac robe rapporte auiïï que 
Lucivs C R a s s u s porta le deuil 
d'une Murène , qui lui mourut dans 
fon réfervoir domeftique. Les Anciens 
en eftimoient la chair. Elle eft molle Se 
graffe , n'eft pas plus r.ourriffante que 
l'Anguille , Se beaucoup moins que le 
Congre. Sa chair eft blanche & d'aflèz 
bon goût. Mais fi la Murène n'eft un 
peu grande , ce n'eit que de la colle , 
Se même les grandes font fi remplies 
de petites arêtes , que plufieurs per- 
fonnes n'en mangent peint pour cette 
raifon, 

La Murène mâle , nommée Myrus , 
du Grec Mup« , eft appellée par A r- 
t e d i ( Ichih. Pan. V.n. 3.) , Murs.no. 
Tojtro aciito Utttru albïdïs varia , mar- 
gine pinm dorjalis nigro. C'eftk Mupcç 

d'AlUSTOTE (L. V. C. IO.), d'ÉLIEN 

IL. XIV. c. 15. p. 820.) & d'ATHÉ- 
îJée CL VIL p. 3 1 2, ); le Smyrus Se 
Myrus de Pline (L. ///. e. 23. & 
L. XXXI I c. 1 1. >; le Myrns de Ron- 
delet ( L. XIV. (. y p. 310". Edit. 
Frartf. ) , ainfi que de Gesner (de 
Aqitut. p. 58 1 . j , de Jonstqn(^« 
Pij'ctb. L. I. ci.), de Charleton, 
p. m. de WiLLUGHBï.p. 109. 
& de Ray, Synop. Meth. Pifc. p. 37. 
Les Pêcheurs , dit Rondelet , nom- 
ment ce poilTon Serpent. Il eft d'une 
feule couleur, Se eft plus gros que la 
Murent femelle. Il a des dents dehors 
Se dedans. Selon Aristote,ï1 ref- 
femble à un Serpent. Son mufeau eft 
pointu ; fon corps eft long , noir , 
menu , rond , fans taches Se fans écail- 
les Il a un trou de chaque côté des 
ouies ; deux nageoires fort petites , 
depuis la tête jufcju'à la queue, & autant 
depuis l'anus jufqu'à la queue : il a 
des points dorés au-de flous de la tête.. 



MUR 



109 



de chaque cote , qui paroiffent plus 
grands quand il eft vivant ; les boyaux 
font longs Se droits ; le foie eft roug e 
long , fans fiel ; la rate eft longue & 
menue. La chair de ce poiffon , qui eft 
peu abondante, eft tendre & fans arê- 
tes. Les cendres de fa tête guérilfent 
les morfures qu'il fait. D oui on , dans 
A T H i N É E , marque qu'il y a deux 
efpeces de Myrus , l'un noir Se l'au- 
tre roux. 

A r t e d 1 joint à ce poiffon une 
autre efpcce de Murène, qu'il nomme, 
d'après SVillughby, p. 108. Se Ray, 
p. 3<1 Serpens marinas alter , caudX 
comprçffâ , qui ne peut être que la mê- 
me , à quelques variétés près. 

MUREX, genre de Coquillage 
que M. D'A u G e n v 1 l l r met dans 
la clalfe des Lnivalves, qui eft garni 
de pointes Se de tubercules, avec un 
fommet chargé de piquans , quelque- 
fois élevé , Se quelquefois appiati ; la 
bouche eft toujours allongée , dentée 
& édentée ; la lèvre ailée , garnie da 
doigts , repliée Se déchirée ; le fût ri- 
dé , quelquefois uni. L'Auteur nom- 
me indifféremment ce Coquillage Mu- 
rex , ou Rocher , pareequ'il a la figure 
d'un rocher. 11 en donne de cinq efpe- 
ces différentes^, & ces efpeces renfer- 
ment des variétés , comme on le peut 
voir à la page 244. de fa Conchyliologie 
Edition de 1757. 

De la première eft le Murex , ou 
Rocher, garni de pointes Se de tuber- 
cules noires , figuré à la Planche XIV. 
hure L. ainfi que le Murex garni de 
pointes émouffées & noires , Se dont le 
fommet eft appiati ; le Murex couleur 
de cendre , entouré de piquans noîrs, 
avec une clavicule élevée , repréfenté 
à la lettre E. 2. le Murex à pointes 
émouffées Se bleuâtres, avec le fom- 
met appiati , figuré à la lettre F. le 
Murex fauve, entouré de quatre rangs 
de pointes émouffées ; le Murex blan- 
châtre , remarquable par deux rangs 
de pointes pliées , repréfenté à la let- 
tre (r. a. le Mitrs.v- brun 6c bleu à rroi> 



MUR 



MUR 



rangs de pointes , figuré à la. lettre H. 
4. le Murex jaune , avec des pointes, 
rangées très-régulierement ; le Murex 
blanchâtre , couvert de boutons jau- 
nes , Se la bouche violette , avec des 
dents des deux côtés ; le Murex, nom- 
mé jférijfon blanc à pointes noires Se 
à bouche dentée , qui eft repréfenté à 
la lettre A. le Rocher, ou Bois veiné, 
figuré à la lettre D. la Mufique , avec 
un fût ridé , dont on voit la figure à 
la lettre F- le Plein chant ; la Foudre , 
avec un fût ridé; le Mure x bariolé , 
avec une clavicule élevée & raboteu- 
fe , repréfenté à la lettre J. l'Ondé , 
avec un fommet élevé , raboteux Se 
étagé ; le Blanc rayé , dont le fommet 
eft garni de longues pointes; le Fau- 
ve à côtes , raboteux de tous côtés & 
canelé , figuré à la lettre K. 2. le Mu- 
rex plein de verrues , de ftries Se om- 
biliqué , avec un fommet de couleur - 
rougeâtre. 

De la féconde efpece font le Murex 
uni , dont la clavicule eft peu char- 
gée de pointes Se le bec recourbé; le 
Murex triangulaire , ou le Cafque de 
Rondelet à bouche dentée Se à 
lèvre repliée; le Turban rouge , plein 
de boutons, dont les lèvres font éten- 
dues des deux côtés ; le Turban , qui 
eft fait en forme de cafque , dont parle 
Bonanni; le Murex fait en cafque 
de couleur d'agathe , à bouche moins 
.dentée, repréfenté à la lettre D. 2. le 
Bariolé de taches fauves ; le Cafque de 
couleur de cendre fans boutons ; le 
Blanc , qui eft ondé de lignes jaunes ; 
l'Agathe, féparée par des taches fau- 
ves Se régulières , figurée à la lettre J. 
1. le Bleu à ftries ; garni de lignes rouf- 
fes en zig-zag. 

De la troifierne efpece font le Mu- 
rex dont les lèvres font garnies de 
doigts , repréfenté à la lettre J. P A- 
raignée , qui eft celle qu'on nomme 
Lambis ; le Crochet , ou l'Araignée 
rnâle ; l' Araignée femelle ; la Mille- 
pieds , figurée à la lettre B. 2. l'Arai- 
gnée très-groue qui a des cornes , félon 



RuMPHiUS; l'Araignée qui a fept 
doigts , félon Pline ; l'Araignée qui 
a cinq doigts ou greffes pointes ; l'A- 
raignée qui a quatre doigts , félon 
Rondelet; l'Araignée qui a fix 
excroilïànces canelées ; le Scorpion 
dont la bouche eft rayée de petites li- 
gnes , repréfenté .i la lettre B. le Scor- 
pion qui eft de couleur rouge , & dont 
les pointes font droites ; le Scorpion à 
pointes recourbées , femblables au bec 
d'un Corbeau ; celui à lèvre pliée ert 
cinq excroiiTances , de couleur bleue , 
blanche 5c fauve, & qui eft figuré à la 
lettre M. 

De" la quatrième efpece font le Mu- 
rex à lèvre ailée Se déchirée ; l'Oreille 
d'Afnc rouge en dedans , avec un bec 
recourbé , repréfentée à la lettre O, 
l'Oreille triangulaire , entourée de 
grandes ftries Se tubercules, & nom- 
mée Oreille de Cochon par quelques 
Conchyliologues ; l'Oreille à bouche 
rouge Se le fût noir ; la Gueule noire , 
figurée à la lettre N. le Murex à bouche 
blanche Se brune ; la Tourterelle ; le Mu- 
rex à bouche faite en forme d'oreille , 
dont parle Rumphius, repréfenté 
à la lettre A- 2. le Murex à lèvre très- 
étendue , rougeâtre , découpée , avec 
une clavicule pleine de pointes, figuré 
à la lettre À\ le Rouge à lèvre déchi- 
rée , Se la clavicule garnie de piquans , 
repréfenté à la lettre C. le Bariolé , 
plein de verrues , à lèvre déchirée Se 
épailfe; la Mince > le Rocher; le Mu- 
rex Jaune , à lèvre déchirée , Se la tête 
bollue ; le Ventru à lèvre repliée , de 
couleur de plomb , figuré à la lettre O. 
l'Uni à lèvre épaiffe Se pliée , Se la 
columelle dentée ; le Jaunâtre , Se à 
tubercules , à lèvre repliée , dentée 
d'un côté Se tachetée de l'autre, re- 
préfenté à la lettre G. le Jaune , avac 
une côte régulière 8e tachetée , qui 
prend du fommet vers la queue , tra- 
verfant par le milieu du dos , figuré i 
la lettre H. le Murex couleur de cen- 
dre S: à côtes, la lèvre étendue du côté 
du fut ; le Blanc ventru à côtes Se la 

columelle 



MUït 

toltifflelle étagée , repréfenté à la let- 
tre c. 

De la cinquième efpece n'y a que 
le Murex, nommé VU nique , dont la 
bouche eâ contournée de droite à gau- 
che , figuré à Ja lettre F. z. 

Voilà les différentes efpeces de Mu- 
rex que nous donne M. d'Argf.n- 
VILLE. Quoique le caractère généri- 
que du Murex , ou Rocher , foif , dit 
l'Auteur , d'avoir la bouche oblon- 
gue , garnie de dents , & tout le corps 
couvert de pointes , ou de boutons , 
avec une tête élevée Se une bafe allon- 
gée , on y remarque encore quatre 
.caractères fpécifiquef , qui déterminent 
des efpeces elfentîeiles dans ce genre. 
La première efpece eft le Rocher qui 
n'a point de pointes Se qui a des ailes. 
La féconde eft l' Araignée qui a des 
pointes , ainfi que des doigts ou cro- 
chets remarquables, Se que plufieurs 
Is'aturalîftes appellent Aporrhais , ou 
hambïs. La troifieme efpece font les 
■Cafques , qui font de vrais Murex 
triangulaires ; c'eft aînft que Ron- 

CELETi AlDKOVAN-DE&RuM- 
p h i u s les ont nommés La dernière 
efpece eft un Rocher tout canelé , fans 
pointes, ni ailes, ni boutons, avec la 
tête plate ; mais la bouche dentelée Se 
oblongue de ce Murex en détermine -le 
genre. 

A l'afpect de quelques Cafques, fur- 
tout de ceux dont la robe eft unie , 
on leur refuferoit une affiliation avec 
les Murex. Leur corps , dénué de poin- 
tes , femble d'abord leur défendre 
l'entrée dans cette famille. Qu'on exa- 
mine leur bouche oblongue Se garnie 
de dents, c'eft, continue M. d'Ar- 
Ginville, le premier caractère des 
Murex * & leur corps uni , qui eft cou- 
pé par une excroiffance faillante , 8c 
ïbuvent par un repli mince Se très- 
fenfible vers la bouche , dénote l'ap- 
parence de quelques tubercules : dans 
les circonvolutions d'une tête peu éle- 
vée , on voit la naifïânce de plusieurs 
pointes , Se trois gros replis faillans , 
Tme III, 



M V R toi 

interpofés dans leur contour. Il n'en 
faut pas davantage , nous dit l'Auteur, 
pour être de vrais Murex , à la vérité , 
moins hériffés que les autres. 

On a donné le nom de Murex à ce 
Coquillage, pareequ'il a la figure d'un 
rocher hériffé. Le Murex eft pris chez 
plufieurs Naturaliftes pour le nom 
générique de plufieurs Coquillages , 
qui fou Truffent la teinture de pourpre; 
la Pourpre, tout ainfi que le Buccin , 
n'en font que des efpeces. De -là vient 
la confufion de diflérens genres , que 
M. D'A r gen'Ville a cru devoir 
fixer. 

Virgile , dans fon Éae'ïde , L. IV, 
c\\t,Tyrioque ar débat Muricelana, parce- 
que le fuc de ce poiffon fërvoit chez 
les Anciens à teindre leurs robes de 
pourpre , Se que ceux de Tyr y excel- 
loient. Le P. Plumier dit que le 
Murex eft appellé Pijfeia' en Améri- 
que, à caufe qu'il jette promptement 
fa liqueur , qui eft la véritable Pour- 
pre. Fabius Columna parott 
diftinguer le Murex de la Pourpre Se 
Au. Buccin, en dîfant : Siciu emm Pur- 
puras ab uj'u celons • ko. Murices ab 
aculeatis tuberculis , Buccin a ab uftt , 
& effigie tortili & longà. Rondelet 
f l'art. IL p. 48. ) Se Gesner ( de 
Aquat. p. doc, ) ne parlent que de 
cinq efpeces de Murex ; favoir , du 
Murex marbré, du Murex triangulaire, 
du Murex couleur de lait f du Murex 
à bec de Corbeau , Se du Murex nom- 
mé Aporfhaii. 

M. Adanson met le Murex dans 
le rang des Coquillages operculés , Se 
du genre des Pourpres. Comme les ef- 
peces qu'il a obfervées fur les côtes 
du Sénégal ont des noms particuliers , 
j'en parle fous ceux que cet Auteur 
leur a donnés. 

Quant à l'animal qui habite la co- 
quille du Murex , ou Rocher , il eft le 
même, dit M. d'Argenville ( Part. 
II. p. 2 5 . ), que celui qui habite les Cor- 
nets Se les Olives ; Se c'eft peut-être 
la rahon pour laquelle les Conchylio- 

C c 



îoz MUR 



M U R MUS 



logues ont confondu jufqu'à préfetlt 
ces trois gtnres de coquilles , aux- 
quelles ils ont encore ajouté les Pour- 
pres Se les Buccins. Il eft vrai que le 
Murex approche afiêz de la Pourpre 
pour la figure extérieure & intérieure ». 
Se qu'il ne paraît d'abord de diffé- 
rence que dans la couleur , fa partie 
fupérieure étant d'un blanc jaunâtre* 
Se l'inférieure tirant fur un brun ver- 
dâtre. 

Le Murex fe diftingue encore par fà 
bouche allongée , garnie de dents , Se 
par fbn corps , qui , au lieu de feuilles 
déchirées Se de pîquans, comme dans 
ta Pourpre f eft couvert de pointes de 
boutons, de côtes > de tubercules , de 
crochets , ou de doigts , quelquefois 
peu faillans. Souvent le Murex eft tout 
nud j comme le Cafque, avec cepen- 
dant des replis & des apparences de- 
tubercules, qui le font reconnoître pour 
un véritable Murex. 

Le Murex, figuré à la Planche lit 
lettre E. Partie IL de la Conchyliologie 
<du même Auteur r quî eft ombiliqué , & 
chargé de grotTes tubercules, elt cou- 
vert d'une croûte blanche afTez épaif- 
fe y qui cache les petites nuances va- 
llées de différentes couleurs qui ornent 
£a robe : telle eft , par exemple , la 
belle Muftque. La bafs fur laquelle il 
rempe eft charnue Se fon mantelet en 
fe recourbant à la fortie de la coquil- 
le , forme un tuyau , qui a beaucoup 
de faillie. Ce que ce Coquillage a de 
fingulier eftfa tête Se fon col , qui font 
extraordinairement gros. Les yeux y 
font proportionnés & fi éminens qu'ils-, 
faillent en dehors de plus d'une ligne. 
Les cornes font accollées fur les côtes 
d'un cordon qui forme une efpece de 
bourrelet élevé Se renflé dans toute 
fbn étendue. Aux autres Teftacées , ces 

* Cet animal eft nommé en Hébreu K*a- 
r.afa ; en Grec iAvyn\i'- en Latin Mus Ara- 
neus ; les Efp gr.ols l'appellent Raton Pejuen- 
xo , lelon G e s n e r , & Murganho , félon 
Aidrovasde; les Italiens , Top<ragno ; 
les Orrions , Mufer. a mg ; les Savoyards Mur 
Itt i ou Mujjttte ; les Suiffes. , Matw ± le& 



cotes lbnt ordinairement pointues; ici 
elles font rondes , camufes , Se beau- 
coup pluJ groffes à leurs extrémités 
qu'à l'origine de leur marche :. rietl 
n'imite mieux le pilon d'un mortier. 
Le mufeau de ce Teftacée forme un 
demi-cercle dentelé, & le deffus eft 
occupé par une bouche très-vafte Se 
chagrinée dans fon pourtour. On voit 
au bas de la couche un opercule 
oblong , Se placé comme ceux des 
Rouleaux Se des Cornets. La chair de ce 
Teftacée eft d'un blanc fale tirant fur 
le cendré. 

M U R I A , nom que les Anciens, 
donnoient à une Saumure de poilTon 
faite avec du Thon , dit Gesner» 
deAgmt, p. 594, Voyez G ARUM. 

MUS 

MUSARAIGNE*: M. 
L 1 n n m u s ( Syfi. Nat. Ediu 6. 
p. ïo. gen. 22. & Fauna Suec. ». 3 3. } 
place ce petit Quadrupède dans l'ordre 
des Glires, 8e il en fait un genre fûus' 
le nom de Sorex. Il a , dit- il , les pre- 
mières dents- fupérieures fendues en 
deux , les inférieures dentelées , Se les 
canines fupérieures très -petites Se air- 
nombre de quatre,, dentés primons fu- 
periores bifidi, inferiores ferrati , canini 
fuperiores quatuor minimi. M.Kl e i-n 
met la Mufaraigne dans la famille des. 
Pentadaétylea , qui eft la quatrième , 
8e du genre des Rats. M. Brisson», 
p. 178. marque que le caractère dt* 
genre de la Mufaraigne eft d'avoir 
deux dents încifives à chaque mâchoi- 
re ■ des dents canines, les doigts on- 
guiculés Se point de piquans fur le 
corps. Il la nomme Mujarmcus fuprà 
è fujco rufus , infrà albicans. M. Kleint 
(Dij'p. Quad. p. 58. ) la nomme Muja— 
raneus rojîro produdiore , Mus venena- 

Alle-nands, Sp'tz-Mnf; lèsf Siléfiens , Bîfem- 
Muff ; les IMyriens, Miïmegka-MyjT; les Po- 
lonois , K ret ; les Suédois, tseabb-Mtïf; \es 
Ang'ois Shrev , SKrtiF-Màuffè, Shreiv- Motif e t 
on Hardy-Skrew ; les Bourguignons lui don- 
nent le nom de S<.r}, dilent Gis Ni a. St 

A.LOS. 0 v a s u i 0 



MUS 

Tuf. La longueur de fon corps depuis 
le bout du mufeau jufqu'à l'origine de 
îa queue eft de deux pouces 8c demi ; 
celle de fa tête depuis les narines juf- 
qu'à l'occiput de neuflignes; celle d e 
fa queue de quinze lignes. Son nez 
avance beaucoup au-delà de la mâ- 
choire inférieure 8c eft très - pointu. 
Elle a les yeux très-petits Se noirs , les 
oreilles & les jambes courtes; à chaque 
pied cinq doigts » dont les trois du mi- 
lieu des pieds de derrière font plus 
longs que les deux latéraux. Sa queue 
eft couverte de poils courts : toute la 
partie fupérieure de fon corps eft d'un 
brun roux , Se l'inférieure eft blanchâ- 
tre , ainfi que les quatre pieds. Elle a 
à chaque mâchoire deux dents incifives 
pointues ; les fupérîeures font échan- 
gées Se crochues; les inférieures avan- 
cent droit en avant Se font un peu cour- 
bées vers le bout : elle a en outre trois 
dents canines de chaque côté à la mâ- 
choire fupérieure , dont la première 
eft plus grande que les deux autres , 
& deux de chaque côté à la mâchoire 
inférieure , dont la première eft plus 
petite que la fuîvante ; de plus quatre 
dents molaires de chaque côté à la mâ - 
choire fupérieure , dont la dernière eft 
plus petite , & trois de chaque côté 
à la mâchoire inférieure , en tout 
vingt-huit dents. On la trouve dans les 
champs. Cet animal , félon M. Klein , 
fent mauvais. Il eft gros comme une 
Souris > de la couleur de la Belette , 
goulu, qui feint d'être doux, Se qui, 
■quand on s'approche de lui , répand 
Ion poifon. 11 eft fin , & on a de la peine 
à le prendre. Comme les Rats, il fait du 
tort aux vignes. La Mufamigne « dit 
Ray (Synop. Quad. p. 240. ) dirFere 
de la Souris , 1 °. en ce qu'elle eft plus 
petite ; 2 0 . parcequ'elle a le mufeau 
plus allongé fie fait comme celui du 
Cochon ; 3 0 . par les doigts des pieds , 
qui font au nombre de cinq ; 4 0 . par 
fes yeux qui font petits Se noirs ; $°, 

* Cet animal eft appelle Mcfchus en Latîn ; 
Hîam , chez les Chinois ; CafrfaU M Mttfco , 



MUS soj 

par fés oreilles qui font courtes • 6°, 
par fa couleur noire ; 7 0 . par fes' on- 
gles longs 8c blancs; 8°. par fes dents 
coupantes, qui ne font point éloignée» 
des dents molaires. Dioscoride 
dit que le corps de cet animal ouvert 
Se appliqué fur la morfure qu'il fait , 
qui eft venimeufe , y fert de remède, 
Turnerus croit avoir vu de* 
Mufaraignes en Angleterre. Il leur 
donne une couleur noire Se un mufeau 
pointu. Pline a cru qu'il n'y en a voit 
que fur le mont Apennin. Mathiolb 
rapporte qu'il y en a dans le territoire 
de Trente Se fur les montagnes d'A- 
nanîe , où les gens du pays ne les 
croyent point venirneufes , ce qui peut 
venir de la bonté de l'air; cependant, 
félon G e s N E R , leur morfure eft' 
dangereufe en Italie. Seja ( Thef. IL 
p. f). Tab. 8, n. 3.) parle d'une Mufa- 
raigr.c des Indes Orientales. 

Les Naturalises qui ont écrit fur la Mufa- 
fiiîgne font Ray, Synop. Quad. p. 2,39. G E s- 
hé a. , Qtiad. p. 844. Aldrovande, Quad. 
digit. vtvip. p. 44.1. Jonston, Quai.p. 116. 
C h ARiEiON, Exercit. p. if, & les au- 
tres. 

MUSC*, genre de Quadrupède , 
que M. Linn^us (Syft. Nat. Edit. 6. 
g. lo.fpec. I.J met dans l'ordre des 
Pecora. M. Buisson, p. 97. », 5. 
le met dans le genre du Chevrotât 
Se le nomme , Tragulus ad umbili- 
cumfolïiculum mufebiferum gèrent. M, 
Klein, p. 18. le range dans la fa- 
mille des Dichelons , & du genre du 
Bouc. Cet animal a depuis le fommet 
de la téte-jufqu'à la queue trois pieds 
de long : la tête a plus d'un demi-pied : 
le front a trois pouces de large : les 
oreilles qui refTemblent à celles de no* 
Lapins , font longues de quatre pou- 
ces ; les jambes de devant de quator- 
ze pouces. Se la queue de deux pou- 
ces au plus. 11 a le mufeau pointu ; 
toute la partie fupérieure du corps 
couverte de poils variés , depuis leur 
origine jufqu'à leur extrémité, de jau- 

en Italien ; Btfemtîer , en Allemand , ou Bi- 
Jemreech , dit G e s n £ r. 

C c ij 



1 



so4 MUS 

ne , de maron Se de blanc; la tête & 
les jambes brunes; le ventre Se le def- 
fiis de la queue blancs. Auprès du 
nombril eft une efpecede petite bouf- 
fé, qui contient Je mufe, qui a trois 
pouces de long Se deux pouces de lar- 
ge , 8c s'élève au-deffus du ventre 
d'environ un poncer elleeft garnie de 
poils extérieurement, Se intérieurement 
d'une pellicule qui renferme le mufe 
Se qui eil garnie de glandes , qui , félon 
les apparences , fervent à faire la fé- 
crétion. Il a en tout vingt-fî.x dents , 
favoir à la mâchoire inférieure huit 
dents incifives Se huit molaires , quatre 
de chaque côté , Se à la mâchoire fu- 
périeure même nombre de molaires » 
& en outre deux canines, une de cha- 
que côté. On trouve cet animal à la 
Chine- 
Les Auteurs qui ont écrit fur le Mufc font 
ïUy , Symp. Quad. p. i vj. N i h r. e m_b erg, 
p. 1S4. fous le nom à' Animai Mofchiferum ; 
M. Klein, Dîfp, Quai. p. 18. fous celui de 
Iragus Mafchifcrus ; M. Lï H M M W 9 t Syfî. 
Na-f. Edit. 6. g. la. fp. !. fous celui àe Muf- 
ehtts ; G e s n e a , Quad. p. 786. lous celui de 
Mofchi Capreoku ' T AlukoVande, Qaad. 
Bzful. p. 743, Jonsion , Quad. p. 55. & 
CtTARLETON, Exercit. p. ia. 

MUSCHEBOUT , nom que 
Rondelet ( L. IX, c. 10. p. 221. 
Edit. Franç. ) donne au Merlu mou- 
cheté ,. en Latin Aftnus varius , poiffon , 
dit-il , couvert d'écaillés comme le 
Goberge , plus petit , de couleur cen- 
drée, femé de taches noires. 11 a le 
ventre blanc , trois nageoires au dos , 
une proche de l'anus , deux près des 
ouïes deux au-deffous , plus loin de 
la bouche ; la bouche grande , des dents 
aux mâchoires ; les yeux plus petits 
que ceux du Goberge. 

M U S I M O M , animal Quadru- 
pède. Pline écrit Mufimo, quoique 
le Grec dife mb'îwov félon Strabon. 
G e s n e R , qui dit qu'on l'appelle au- 
jourd'hui en Sardaigne Muflo, ou Muf- 
ton, comme d'autres l'écrivent, nous 
apprend ,. fur le rapport d'un habitant 
de Sardaigne que cet animal eft particu- 
lier à ce pays , Se qu'on n'en voit point 



M V 5 

dans aucune autre partie de PEurope; 
11 a la peau Se le poil comme le Cerf. 
D'autres difent qu'il a le poil du Che- 
vreuil; du refte il refTemble à la Bre- 
bis. 11 a les cornes d'un Bélier- : elles 
ne font pas longues , mais repliées et», 
arrière du côté des oreilles. Il eft de la. 
grandeur d'un Cerf médiocre. Il vit 
d'herbes Se fe retire fur les montagnes, 
les plus inacceffibles. Il court avec 
grande vîteiTe. Les Chaffeurs e friment 
fa chair. G e s n e R croit que le Tta- 
geldpbur de Belon eft le même que- 
ce Mufimom, S'il y a quelque différen- 
ce , c'eft pareeque ce font deux elpe— 
ces différentes. J'ai dit plus haut que 
cet animal ne fe trouvoii qu'en Sar- 
daigne ; mais félon Pline on en. 
voyoît de fon temps en Corfe Se en 
Efpagne , Se Albert ( L. XXLl y 
dit que le Mufimom eft. engendré de la 
Chèvre Se du Bélier comme. le Cy- 
rhius l'eft, dit- il .. du Bouc Se de la 
Brebis. Albert parle fans preuve Se 
il n'ell pas croyable. UOpkianot de. 
Pline,, dont les Grecs ont fait men- 
tion n'eft autre chûfe que le Mu~ 
fimom , dit Gesnes. 

MUSIQUE , nom que les Con- 
chyliologues donnent à une efpece de 
Coquillage, delà famille des Murex „. 
qui fe diftingue par de très - beaux 
points rouges 8c par la netteté de fes: 
cinq lignes , pareilles à celles d'un pa- 
pier de muftque. M.d'Argen v illë 
l'a fait figurer , Planche XIV, lettre F. 
M. Ad ans on,, p. oy. dit que ce. 
Coquillage eft rare au Sénégal. On le 
voit quelquefois aux Ifics de la Magde- 
lene 8c dans l'es brifans de Rufîsk. II 
lui donne le nom de Cottpct-. Voyez ce 
mot. 

MUSKQU ASH, nom, dit 
R a * ( Syvop. Qttad. Préf. ) qu'on don- 
ne dans la partie Septentrionale de. 
l'Amérique à un animal qui a quelque 
reflemblance a vec leCaftor, maisqtiS 
eft beaucoup plus petit. C'eit un Am- 
phibie, qui travaille Se vit de même» 
qui dans le mois de Mai a une forte 



MUS 

odeur de mufc , & que Rat croît 
être le Rat aquatique dont parle C Lu- 
Sius. Voyez ce mot. 

MU S SA SOUS, animal qu'on 
trouve dans la Virginie Se qui fent le 
mufc. Sa forme eft femblable à celle 
de notre Rat aquatique & il en a le 
naturel. 

MUSSOLE , nom que Ron- 
delet Ç Fart. IL p. 20. c. 24. Edit. 
Franç. ) donne à un Coquillage , efpe - 
ce de Moule , femblable à la Moule 
de mer. La coquille eft plus épaifle 8c 
plus dure, La partie où les battans 
s'attachent eft droite la tête eft poin- 
tue ; l'autre partie eft ronde comme 
aux Moules. De la tête pointue des- 
cendent de petites canelures , dont les 
Unes font droites , les autres obliques. 
Les battans font noirs & le poilTon 
qu'ils enferment a la chair dure. 

M. Adanson, p. 1 jo. met la 
Mnjjole dans le genre du Pétoncle Se 
en fait la neuvième efpece. Les Grecs 
en langue vulgaire nomment ce Bi- 
valve Calognone , ou Calagnone , di- 
fentB e l o n & Rondelet. L'Auteur 
de V Hi flaire des Coquillages du Sénegil 
en parle en ces termes. Voici la Co- 
quille qu'on nomme communément 
Arche de Noéà caufe de fa figure, Elle 
a à-peu-pres la forme du Jabet* autre 
efpece du même genre; près de qua- 
tre pouces de largeur Se une fois moins 
de longueur Se de profondeur. Sa fur- 
face extérieure eft couverte d'un pé- 
riofte fort mince , qui en tombant laiiTe 
autour des bords de chaque battant un 
amas de poils très-épais, & for: diffi- 
ciles à arracher. Lorfque ce périofte 
eft enlevé , on la voit ornée de cin- 
quante ou Soixante petites canelures 
longitudinales , fbuvent divifées en 
deux Se ridées tranfverfalement. Ces 
canelures deviennent infenfibles en ap- 
prochant du fommet. Les bords des 
battans font intérieurement unis Se fans 
canelures,. comme dans le J abêti mais 
îls ne ferment jamais exactement Se 
Saillent en. devant vers le milieu, de: 



M U S 205 
leur longueur une ouverture Souvent 
très-grande, dont l'entrée eft cachée par 
cet amas de poils du périofte. Les fom- 
mets font pointus , altez grands Se fort 
écartés l'un de l'autre. L'efpace qu'ils 
laiffent entre eux eft auffi. fort large Se 
plat fans rnclinaifon. La charnière eft 
prefque égale à la largeur des battans 
Se compofée de huit à dix dents in- 
finiment petites. 

On obferve plufieurs variétés dans 
la forme de cette coquille. Il y en a 
qui n'ont qu'un pouce de largeur fur 
une longueur moindre de moitié, fou- 
vent égale à leur profondeur Se quel- 
quefois un peu plus grande. D'autres 
font plus ou moins grandes , Se une 
fois plus larges que longues; mais,- 
elles onttoutes au moins quatre-vingts^ 
dents à la charnière. Leur couleur 
eft blanche au-dehors , avec des ban- 
des tranfverfales rougeâtres , qui Ser- 
pentent différemment en zïg-zags : 
intérieurement elles Sont blanches , 
quelquefois tachées de brun tirant fur" 
le rouge. On les trouve en grande 
quantité entre les rochers de l'Ifle der 
Gorée. 

En cueillant ce Coquillage ,. je me 
fuis apperçu , continue l'Auteur, que 
l'animal tenoit aux rochers par une 
efpece de nerf, qui pauoît au travers de 
l'ouverture que j'ai dit que les battans.' 
de la coquille laiffoient entre eux. Ce 
nerf paroiffoit partir du pis-d de l'animal 
comme celui des Jambonneaux ; mais 
il ne s'épanouiiToit pas en un grand 
nombre de fils comme le leur. Il étoir 
fort applati Se d'une dureté femblable 
à celle de la corne , dans l'endroit où. 
il étoit attaché aux rochers ; il s'amol^ 
lifToit enfuite peu-à-peu , en appro- 
chant du corps. Bonanni a fait la- 
même remarque .1 l'égard de la Muffo- 
le qu'il a obfervée dans la Méditerra- 
née. Ce nerf fort à peine de la lon- 
gueur de deux lignts hors de la co- 
quille. Elle eft repréfentée , Flan-' 
che XV111. ». 9. de L' Hifloire <Us Ca*- 
guillagu du SéncgaL 



20* MUS 



MUS 



M. d'Argenville, p. 196. Edit. 
î 7 5 7 . dit que la MuJJole , qui eft l' Ar- 
che de Noé , eft peut-être la Coquille 
lapins difficile à placer dans une Mé- 
thode. Mathiole & Rondelet 
l'appellent Rhomboïdes, fm Mufculus 
finatus. Lister qui les a fui vis la 
met parmi les Moules ; Rumphius 
parmi les Peignes : d'astres la pla- 
cent dans ia famille des Huîtres. Quoi- 
qu'elle paroifTe extérieurement un peu 
différente du Coeur , il n'y a point de 
genre, dît M. d'Argenville, où 
elle fe rapporte mieux : elle eft à ftries 
comme lui & elle repréfente une ef- 
pece de cœur irrégulier Se allongé par 
deffous. 11 y en a même une efpece , 
appellée le Cœur de Bœuf allongé , fait 
comme l'Arche de Noé. Celle qu'il 
a fait figurer, Planche XXIII. lett. G. 
de l'Edit. de 1 757. repréfente une efpe- 
ce de Cœur oblong dans la partie de 
fa carène. Sa charnière eft à dents fines , 
comme une lime , S; les ftries qu'on voit 
fur fa robe forment un ouvrage cha- 
griné, de couleur brune , fur un fond 
blanc : plus elles approchent de la 
carène , plus elles font creufes. 

Ce Coquillage eft le Bctfmyef des 
Grecs , le fêlons des Latins , le Cala- 
gtione des Grecs vulgaires , Se le Mouf- 
jblo des Vénitiens , dit Belon, de 
Aquat. p. 596'. 

La Co ncha Rhomboïde! de RoNDE' 
jlet ) Tefl.L.I. p. 27. cap. 28. & la 
Coquille nommée Mtijfole , du même , 
Edit. Franc, p. 20. chap. 24, 

La Concha Rhomboïdes de Bossuet , 
Aquat, Part. ait. p. 20. de Gesner, 

Aquat. p. 317. & d'ALDROVANDE , 
Exfang.p. 459. 

La Concha navîculam exprimées , 
Rhomboïdes à mnnullisdicla , Mufculus 
finatus à Mathiolo , ab aliis Mitu- 
lus, de B0NANN1, Recr. p. 103. clajf.%. 
n. 32. & du Mujwm du P. Kirker , 
p. 432. », 31. 

Le Balanus tenuiter jlriatus, Jamaï- 
çenfis, de Lister , Htfi, Conchyl. lab. 
3^7' fig- 2Q 7- 



Le Mufculus ftriatus , fafcîss tmda~ 
tis fubfujcis depittus , Barbadcnfis , da 
même , Tab. 368. fig. 208. 

Le Peclen J'axatilis , Malaicenfibus 
Biabatu de Rumfhius, Muf. p. 
143. an. 10. & 144. Tab. 44. fig- L. 
&P. 

La Concha Rhomboïdalïs flriata, pa- 
rùm vel mediocriter tanthm elongata , 
infigniter ventricofa, rugofa , umbonïs 
cardine notabiliter didttcto , de La N- 
Gi u s , Meth. p. 71. 

La Coucha Pediniformis*v:£%uilatera t 
triangtdans , ex uno latere notabiliter 
elongata , du même , p. 72. 

Le Bucardium cordiforme , Arca 
Noèmi, de M. d'Argenville , Plan- 
che XXIII. de l'Édition de 1757. 

La Concha Rhomboïdalïs fubrotunda, 
dorfo fatis lato , & expanjo , umbonïs 
cardine depreffo , & infigniter diduilo , 
oris rima notabiliter hïante, flriaia firiir 
aliquando tranfverfis , aliquando circti- 
lanbtts , vel undatis , ex atro fufco fub- 
albida , de Gualtieri, Ind. pap. 
&Tab.% 7 , litt.F. 

La Concha Rhomboïdalïs parva,flria* 
ta finis granulatis , & in marginis ex- 
tremuate aliquar.tulùm emijjis , & (ub- 
tïlijfimo byjjo donatis ,fufca , du même , 
ibid. lin. G. 

La Concha Rhomboïdalïs elongata , 
naviculam exprïmens, diverfimode » den- 
fijfimè flriata , & cancellata , ex albi- 
dofulvida , maculis fufeis circumdata , 
punHata & notata , du même , ibid. 
litt. H. 

La Concha Rhomboïddlis eadem cum 
fupcrïorï , Jed firiata firïis infigniter 
crajfis, raris & jubrotundis , du même, 
ibid. litt. J. 

Le Mufculus Polyleptoginglymus , 
Arca Nos , qua Concha Rhomboïdalïs , 
naviculam exprimens , de M . K L e i n , 
Tent, p. léj.jpec. 1. 

Le Mufculus Polyleptoginglymus « 
qui Balanus Bellonii, tenuiter jlriatus , 
du même , pag. lôB.fpec. 2. Tab. 1 1, 
fig. 69. & 70. 

Et enfin la Matlra Rumphiana , 



MUS 

éoloris ohfcurîy longior> du même, p. ï 7 1 ; 

fpec. i. ■ _ 

MUSTELE*, duLaxia Mufle- 
la. Rondedet donne ce nom à 
deuxpoiflbns. Il appelle ( L. IX. c. 14. 
paç. 223. Ed.it. tranç. ) le premier 
Muftele vulgaire » 8c le fécond Am- 
plement Muflele. La Muflele vulgaire 
eft appeUée par A r t e d i ( Ichth. 
Fart. V. p. 3 7- »• 1 1 • ) Gadus dorfo 
dipterygio , fuie» magno ad pinnam dorfi 
yrimam * ore cirrata. C'eft la Muflela 
vulgaris d' A ldkovande (L.UL 
c. 8. p. 290. >, def iLiuCHBï, 
*. 1 2 1. & d*RAY C Synop. Pifc.p. 67. }; 
la Muflela de Jonston (1,. /.ci.), 
& la Muflela altéra de Schonne veld , 
y. 49. G E SNE K. {deAquat. p. 104. ), 
d'après Rondelet, dit que c'eft un 
jpoiflbn de mer du genre des Morues 
qui fe nourrit de Squilles Se de petits 
poilfons. Gesner croit que c'eft le 
Calcarias de Pline, ou la petite 
Morue. Ce poilTon a le corps long , 
brun , fàro écailles ; la bouche a fiez 
grande & les dents petites. Du bout 
de la mâchoire de delfous fort un bar- 
billon blanc : à celle de delfus , fur le 
bout du mufeau il y en a deux noirs. 
Proche des ouïes il porte deux nageoi- 
res , deux delfous aifez loin de la bou- 
che „ une autre proche de l'anus , qui 
va jufqu'à la queue, 8c une pareille au 
dos , mais plus longue. Il a après la 
tête un filet droit. Son corps finît en 
tme queue pointue : une ligne droite 
commence aux ouïes & finit à la tête. 
Sa chair efl; molle Se friable. 

L'autre Muflele , ainfi nommée p 
ik Rondelet (L.IX. c. 15.^.224. 
Edit. Franç. ) à caufe de fa reifem- 
Mance avec la précédente , elt nommée 
Fecorella en Illyrie. Ce poiflbn , fem- 
blable au Merlan , a deux barbillons 
à la mâchoire de dcfliis, uni la mâ- 
choire de deflbus ; deux nageoires 
courtes près les ouïes, deux au-defTous, 

*La Mufltk fft nommée en Anglois Wiftlt- 
fîfch ; à Veni r e on l'appelle Donzelltna, & 
Strge marina , lelon Ar.ts.oi ; en lialie m 



MUS Ï07 

plus femblables à des barbillons qu'à 
des nageoires : il en a une autre pro - 
che de l'anus , qui va jufqu'à la queue. 
Son foie elt entre rouge & blanc ; foii 
fïeleft au-dedans : fa veffie eft pleine 
d'air : fa chair eft molle & friable , au- 
tant que celle du Merlan. Les marques 
qu'ARiSTOTE attribue â VOmj fe trou- 
vent dans ce poiiTon dit Rondelet ^ 
principalement les barbillons qu'il a aux 
mâchoires , pour attirer les autres poif- 
fons; les petites pierres qu'il a dans- 
la tête & qui ont la figure d'une meu- 
le , & enfin qu'il fe tient caché Se qu'il 
eft couvert d'écaillés. 

Il y a auffi la Muflela fiuviatilis , 
qui porte le nom de Lote. Voyez ce mot. 

Il y a une Muflele de marais , die 
R a y f Sytiop. Mtth. Pifc. p. <58. n. 4 > 
nommée en Latin Muflela lacuftris , 
Triflia , ou Botariffa. Ce poiflon eft 
plus grand que la Muflele de rivière 
ou laLote. Sa couleur eft noire & jau- 
ne , Se Gesner en donne de trois efpe- 
ces. Beeon n'en donne que de deux 5. 
la première qui" eft la Muflela lacuftris- 
major, la féconde qu'on nomme Lote- 
ou Barbote , plus petite que la précé- 
dente , & qui n'en diffère que par la- 
couleur , qui eft noîre. Ray dit ne 
connoître que les deux efpeces dont- 
B e l o n parle , Se qui n'ont que deux 
nageoires fur le dos ; il foupçonne que 
Gesner peut s'être trompé. 

Schonneveld parle d'une Muflelt 
vivipare , err Latin Muflela vivipara 9 , 
que les Allemands, dit Ray (ibid, 
p. 69. n. y,) , nomment Aelguappe Se 
Aelpute. C'eft un poilfon de mer , qui 
a un peu plus d'un pied de long. Sa 
peau eft unie ; lacouleurde la tête & 
du dos eft d'un brun jaune. 11 eft mar- 
qué de lignes noires, Ce poilfon a la 
tête ronde , comme les Anguilles. La 
nageoire qu'il a fur le dos commence 
au défaut de la tête , & finit à un demi- 
doigt près de la queue. Il a au nom» 

félon Rondïlet, Pefce Moro; & Goudf 
rupfaro eft le nom que lui donnent les Gres* 



20$ MUS 

bril une nageoire qui tire fur le jaune , 
Se qui finit en une queue courte, poin- 
tue comme un poignard , menue , Se 
un peu rouge. Au lieu de dents il a 
les mâchoires rudes. W i li.ughsï 
(Icbtb. p. la*. & iij- J P arle auffi 
de ce poiffon. Artedi ( Icbtb. Part. V, 
p. 45. h. 7. ) le nomme Bltnnius ca- 
pite dorfoque fufcv-fiavefcentibus, lituris 
nigris, pin-iâ ani flavà , & le met dans 
le rang des poîfibns à nageoires épi- 
neufes , Pifces acanthopterygii. 

Ra y C Symp. Msth, Pifc. p. 69 . n. 6.), 
■d'après Gesner {de Aquat. p. 714)1 
nomme Muflela foffilis un poiffon que 
les Allemands nomment Fe ifsker , ou 
Btifsker. Aldrovande(^ Fifcib. 
h. V. c. 7. p. 579- > & Jonston 

< L. III. c. 7. ) en parlent auflï fous le 
nom de Muflela fofilis. Schonfeld 

< p. 56. ) le nomme Pœciiia , Se Ar- 
tedi (ibid. ». 8.), qui le met parmi 
les poifïbns qui ont les nageoires mol- 
les , Pifces malacopterygii , lui donne 
le nom de Cobitis carulefcens , lïneïs 
utrinque qu'tnque nigris longitudinali- 
bus. Raï parle en ces termes de ce 
poiffon. Il eft , dit-il , de la longueur 
de la main Se de la grofleur du doigt. 
On en trouve quelquefois de plus 
grands. Son des eft cendré, marqué de 
points , Se de taches qui traverfent ; 
«lies font en partie noires Se en partie 
bleues. Il a de chaque côté une ligne 
•noire Se blanche. Son ventre eft jaune 
avec des taches blanches , Se de petits 
points rouges Se noirs. Il a de très- 
petites particules charnues qui lui for- 
tent de la bouche , & qui s'allongent 
quand il nage. Ce poiffon paraît être 
le même que celui que Schonfei.p 
nomme P&cilta , qui eft femblableaux 
autres Mufleles , Se n'en diffère que 
par fes nageoires Se fa couleur, il a 
deux nageoires au milieu du ventre , 
& une fur le dos qui répond à celles- 
ci. En cela il reffemble à un poiiTon , 
que les Allemands nomment Mifgurn. 
Rondos eft de couleur cendrée, avec 
beaucoup de points Se de taches qui 



MUT 

traverfent. Ce poiffon fort des rivières, 

qui débordent dans les marais , Scer.tra 
profondément dans la terre, d'où lui eft 
venu le nom de Muflela foffilis , où 
fuivant le débordement des rivières , il 
demeure av.ee l'eau qui refte dans les 
prés, Se entre dans la terre par les fente» 
qui s'y trouvent ; ces fortes de poïf- 
fons entraînés par le courant de l'eau, 
y entrent étant encore tout petits , y 
demeurent, y crotlfent, Se n'en peu- 
vent plus fortir quand ils le veulent. 
Avec tout le refpecT: qui eft dû aux 
autorités d'A rte Di 1 de Schon- 
fkldSc de \V 1 l lu g h b y , & que 
l'on ne peut refufer aux témoigna- 
ges de Ray Se de Gesner, on ne 
croit point aujourd'hui qu'il y ait dus 
Poijfonsfojfiles, c'eft-à-dire des PoilTons 
qui vivent fans avoir d'eau ; mais il 
s'en peut trouver dans des ouvertures 
de terres , voifines des rivières , oà 
l'eau féjourne toujours , y ayant été 
portés par les débordemens» 

MUT 

MUTE L : C'eft un Coquillage 
bivalve des cotes du Sénégal, dont la 
coquille appartient plutôt aux Mou- 
les- d'étang , qu'aux Cames , dit M. 
Adanson, p. 234. de fon Hiftoire 
des Coquillages du Sénégal. On la lui 
a apportée de l'intérieur des terres de 
ce même pays , où on l'a affuré qu'elle 
avoît été pêchée dans les lacs d'eau 
douce. Sa forme ne lui laiffe aucun lieu 
de douter que ce ne foit une efpece 
de Moule analogue à celles de nos 
rivières d'eau douce. Elle a près de 
cinq pouces de largeur fur deux de 
longueur , & un pouce de profondeur. 
Elle eft liffe, traverfée feulement par 
quelques rides , obtufe aux deux ex- 
trémités , mais plus large à celle d'en 
haut qu'à celle d'en bas , Se l'Auteur 
l'a fait figurer à la Planche XVII. 
«.21. dans une fituation renverfée. 
Son fommet eft peu apparent , Se pla- 
cé vers l'extrémité inférieure à la qua- 
trième partie de fa largeur. Le liga- 
ment 



MUT 

ment effc convexe , & s'étend depui E 
lefommet juïqu'â la quatrième partie 
de la largeur des battans vers leur 
extrémité fupérieure. La charnière n'a 
point de dents , mais feulement quel- 
ques afpérités peu fenfibles. La cou- 
leur de cette coquille eft fauve au- 
dehors : au-dedans elle montre une 
belle Nacre , qui prend , fuivant les 
diverfes inclinaifons , différentes nuan- 
ces de verd , de brun , de jaune Se de 
violet. 

M U T U , ou MITU, efpece 
de Poule fort privée du Bréfil, qui a 
«ne crête , comme un Coq , tachetée 
de petits points noirs & blancs. Ses 
œufs font gros , blancs &i fi durs , que 
fi on les choque l'un contre l'autre , 



MUT M Y D MYR ÎO j> 

ils réfonnent comme du fer. On dit 
que quoique leurs os foient mortels 
aux Chiens , ils ne nuifent point aux 
hommes. 

MUTUITUI, nom qu'on don- 
ne au Bréfil , dit Marc Grave , à 
l'Oi/èœit de roche. Voyez ce mot. 

M Y D 

MYDAS, ou MIDAS, nom 

que Se b a donne à une efpece de 
Tortue de l'Ifie de Curaçao. Voyez 
TORTUE. 

MYR 

M Y RPYTTA, nom que le» 
Smolandois donnent à une efpece de 
petit Pluvier. Voyez PLUVIER. 




Tome IIL 



Dd 



NAB N A C 



N A C 



NA B E L : C'eft le nom d'une 
efpece de Limaçon du Cap 
de Bonne-Efpérance. Voyez 
LIMAÇON. 

N A C 

NACELLE, Coquillage uni- 
valve de la côte du Sénégal , qui ref- 
femble parfaitement bien à une Na- 
celle , & auquel M. Adanson a 
donné le nom de Garnot. Voyez aux 
mots GARNOT & NAUTILE. 

NACRE DE PERLES, ou 
MERE DE PERLES , ou la 
MER E-P E R L E : C'eft une Huî- 
tre à écailles nacrées , d'un goût ter- 
reux, & de différentes grandeurs, qui 
fe pêche dans les mers Orientales. On 
lui a donné les noms de Nacre de Fer- 
les , ou Mere de PerUs , Sec. parceque , 
dit Rondelet (Part. IL chap. 30. 
p. 24. Edit. Franf. ),on y trouve beau- 
coup plus de Perles que dans d'autres 
Coquillages , & de plus belles. Cette 
coquille eft grande , épaifle , & peu 
creufe ; elle reffemble aux coquilles de 
Saint Jacques, nommées en Latin Petli- 
ms. Cette coquille a une oreille Se de 
petits trous , qui ne percent pas d'ou- 
tre en outre. Par le bas elle eft ronde , 
en dedans elle eft couleur d'argent , 
en dehors elle eft un peu jaunâtre & 
iîfTe. 

Athénée parle de la Nacre de 
T tries. Il y a , dit-il , dans la mer des 
Indes la Pourpre , ainfi que la Coquille 
nommée Berberi , où l'on trouve les 
Perles en grand nombre. Elles fe ven- 
dent au poids de l'or en Perfe Se dans 
les régions Orientales. La Perle croît 
dans la chair de ce Coquillage , com- 
me les glandes parmi la chair d'un 
Pourceau ladre. Ces Perles font tantôt 
de couleur d'or , tantôt de couleur 



d'argent , tantôt toutes blanches , & 
reftemblent aux yeux des poiflbns. 
C'eft ainfi qu'ATHÉNÉE parle de la Cou- 
cha Margaritifcra , ou de la Mere des 
Perles, lefqueilcs les Grecs appellent 
Map7'Cfp/7*ç, & les Latins Vniones, parce- 
qu'ils ont cru qu'on ne retiroit jamais 
qu'une Perle de chaque Huître : mais 
ils fe font trompés ; car on en trouve 
jufqu'a fept dans une feule écaille , 
où , félon l'opinion des Phyficiens mo- 
dernes , elles font engendrées d'une 
humeur vifqueufe , glutineufe Se fali- 
ne , qui s'eft condenfée Se pétrifiée en 
plufieurs parties du poifibn. 

Pline ( Hifi. Nat. L. IX. e. 35. > , 
& d'après lui Mathiole fur Dios- 
coride, p. 136'. de même que Ron- 
delet { Part. II. L. I. c. 44. p. 40. ) , 
& Corneille , dans fon Dictionnaire 
des Sciences & des Arts , difent que les 
Coquillages où croiflent les Perles , 
quand la faifon les porte à la généra- 
tion , s'entr'ouvrent & bâillent pen- 
dant la nuit : alors ils fe rempliifent 
d'une rofée , dont ils conçoivent les 
Perles , qu'ils rendent félon la qualité 
de cette rofée. Si la rofée qu'ils ont 
reçue eft pure , les Perles qui en font 
produites ont une blancheur admira- 
ble , Se fi elle eft trouble , elles fonf 
troubles de même : s'ils reçoivent 
beaucoup de rofée , les Perles qui en 
proviennent font fort groffes , Se s'ils 
en reçoivent peu , elles font petites. 
Suivant ces Auteurs ces Coquillages 
bivalves ont peur du tonnerre , Se fe 
reiferrent au(fi-tôt qu'ils l'entendent. 
C'eft de-là que viennent les Perles 
qui n'ont aucune fubfiance & qui font 
pleines de vent. Les Perles font mol- 
les & tendres , tant qu'elles font dans 
la mer, Se elles s'endurciffent dès qu'on 
les en a tirées, Quelques-uns rappor- 



I 



N A C 



N A C îîi 



tent que les gro(Tes Nacres de Terle* 
commandent aux autres & les condui- 
re nt , comme la Reine des Abeilles 
conduit les autres Mouches de fon ef- 
pece ; ce qui fait que les Plongeurs 
ne cherchent qu'à prendre les Mères- 
Ferles , fâchant qu'après cela les autres 
ne leur échappent pas. 

La Nacre de Perles > félon les Au - 
teurs de la Suite de la Matière Médi- 
cale , Tomel. p. 59. eft un Coquillage 
bivalve, fort,pefant, gris en dehors , 
ridé Se âpre, mais non canelé , blanc, 
ou de couleur argentée, uni Seluifant 
en dedans, d'une fubiiance plus dure 
Se plus folide que les Perles qu'il pro- 
duit , tant foît peu verdàtre , de figure 
applatie & circulaire , ayant vers le 
milieu la marque d'une Huître qui en 
a été arrachée. 

Les Perles , difent - ils , font des 
fub lances pierreufes , rondes Se an- 
guleufes , grainées , tranfparenres , 
d'une faveur terreufe comme les écail- 
les mêmes. 

Les Auteurs font partagés fur l'o- 
rigine de ces Perles. Les uns penfent 
avec P 1, 1 N e qu'elles s'engendrent 
dans l'efpace d'un mois de la rofée qui 
tombe du ciel , Se que les Huîtres 
viennent recevoir fur la furface de la 
mer : d'autres les regardent comme 
une lèpre ou excrément des Huîtres , 
Se quelques-uns comme une concré- 
tion formée du fuc nourricier dans les 
Huîtres trop vieilles , ou attaquées 
d'autres maladies , ù-peu-pres de la 
même façon que le calcul ou la pierre 
fe forme d'un amas de gravier dans 
le rein , ou la veine. Ce fentiment pa- 
roît A Samuel Dale, aux Auteurs 
de la Suite de la Matière M'dicale Se 
à plufieurs autres bons Phyficiens", fi 
non le plus vrai , du moins le plus vrni- 
fembtable. Le fuc ou la colle qui fert 
aux Huîtres & aux Pinnes marines à 
former par la tranfpiration les commen- 
cemens Se les agrandilfemens de leurs 
écailles , s'extravafe quelquefois hors 
de fon réceptacle naturel: il s'amafle 



par gouttes : il s'épaifïit par petits 
pelotons , ou globules de la couleur 
de l'écaillé , ce qui donne lieu de pen- 
fer que la matière de l'une elt la mê- 
me chofe que la matière de l'autre. 
Pour une Perle que l'on trouvera dans 
le corps de l'Huître, on en trouvera 
mille attachées à la. Nacre , où elles 
iont comme autant de verrues. 11 y a 
une multitude d'Huîtres où l'on ne 
trouve jamais de Perles , d'où l'on 
peut inférer que la Perle eft un défaut 
dans l'Huître , Se un défaut qui a'eft 
pas commun. D'ailleurs on a remar- 
qué dans les Relations des Voyageurs, 
que les côtes où l'on fait la pêche des 
Perles font très -malfamés , ce qui 
fait croire avec raifon que les Huîtres 
qu'on y trouve ne renferment des Per- 
les que parcequ'elles font malades. Le» 
Payfans mêmes ne veulent pas manger 
des Huîtres dans lefquelles ils les trou- 
vent , tant la chair leur en paroît mau- 
vaife. Au contraire plus les Huîtres 
font exquifes , moins on y trouve de 
Perles , d'où il eft affez naturel de 
conclure que les eaux où l'on pêche 
le plus de Perles font malfaînes , Se 
qu'au contraire les Huîtres qui habi- 
tent dans des eaux faines Se qui fe 
nourriiïent de- fucs bienfaifans , ne 
donnent que peu , ou point du tout 
de Perles , pareequ'il n'y a aucune 
maladie & aucun défordre dans leur 
tempérament. 

Il arrive quelquefois que les Perles 
croifïènt au point d'empêcher les co- 
quilles de fe fermer Se alors les Huî- 
tres en meurent. Il n'y a point de lieu 
affecté pour la génération des Perles. 
Elles nanTent indifféremment en tou- 
tes les parties de l'Huître ; mais il s'en 
trouve ordinairement dans chacune une 
ou deux plus grofies Se mieux for- 
mies que les autres. Cette Huître eft 
bonne à manger comme les communes, 
fi l'on en croit Lémeuy , ce qui doit 
s'entendre de cette forte d'Huître en 
général • car pour les Huîtres qui ren- 
ferment des Perles , il eft conftant 
Ddij 



zii N A C 

qu'elles font dures & désagréables à 
manger. 

Les Perles viennent des pays étran- 
gers. Ta VERNI ER nous apprend 
qu'il y a quatre pêcheries de Perles 
en Orient. La première eft autour de 
Plfle de Bahren, dans le golfe Perii- 
que ; la féconde vis-à-vis de Bahren , 
fur la côte de l'Arabie heure ufe , près 
de la ville de Carifa ; la troifieme dans 
Plfle de Ceylan , dans la mer qui bat 
le bourg de Manaar; la quatrième fur 
la côte du Japon , où l'on en pêche 
plus rarement, parceque les Japonois 
ne fe foucient gueres de joyaux. On 
compte cinq autres pêcheries de Per- 
les en Occident , qui font toutes fi- 
tuées dans le golfe du Mexique, le 
long de la côte de la Nouvelle Ef- 
pagne. On pêche encore des Perles 
dans la mer Méditerranée, en Écoffe 
& ailleurs; car outre ces Huîtres Orien- 
tales & Occidentales fi renommées, il y 
a d'autres genres d'animaux teftacées , 
qui fournîffent des Perles , comme les 
Moules de la mer Baltique , de Nor- 
. \eége , de la Laponie , de laSiléfie , 
entre lesquelles il s'en trouve de ditlin- 
guées par leur blancheur , par leur 
éclat Se par leur rondeur; mais pour 
la plupart elles font baroques & nul- 
lement comparables en beauté avec 
celles d'Orient Se d'Occident. 

Comme les Huîtres font au fond de 
la mer , ordinairement attachées aux 
rochers , les Pécheurs y defeendent 
dans une corbeille, où tient une groife 
pierre qui pefe environ trente livres , 
&c avec un couteau , ou un autre inf- 
iniment de fer dont ils font munis , 
ils détachent les Huîtres, Quand ils 
ont rempli la corbeille , ils donnent 
à leurs compagnons le fignal au moyen 
d'une corde , qui fert à les retirer in- 
continent. Quoique ces Plongeurs def- 
eendent quelquefois à plus de foixante 
pieds de profondeur ils difent que 
le jour y eft fi grand , qu'on y voit 
auffi clair qu'à terre. Dès qu'ils tou- 
chent le fond , ils courent de tous eô<- 



NAC 

tés fur le fable, arrachant les Huître* 
de defFus les pierres Se les pointes des 
rochers le plus vite qu'ils peuvent „, 
car ils n'ont pas de temps à perdre. Les. 
meilleurs Plongeurs demeurent pour- 
tant jufqu'à une demi-heure fous l'eau ; 
mais la plupart n'y peuvent refter 
qu'un quart d'heure. Dans certains 
endroits ils fe fervent d'une éponge 
imbibée d'huile & liée au bras qu'ils 
flairent de temps à autre. Ailleurs ils 
n'employent pour cela ni huile , nî 
aucune autre liqueur : ils ne font que 
retenir leur haleine , s'y étant accou- 
tumés dès leur bas âge. Les jeunes gens 
robuftes &: vigoureux y font les plus 
propres. Au refte ces pauvres gensfon: 
expofés à de grands périls: car outre 
les rifques de fe précipiter fi profon- 
dément dans la mer, de demeurer ac- 
crochés à quelque endroit , de s'eftro- 
pier , ou même de fe tuer , en tombant 
fur quelque pierre , fur quelque poin- 
te de rocher de perdre la trémonta- 
de par la peur , 8c de s'évanouir ea 
manquant d'air, ils courent encore ce- 
lui d'être dévorés par de gros poiflbns 
fur-toutpar les Requins. 

Lorfque les Huîtres font tirées de 
la mer , on les étale au foleil , & Port 
attend qu'elles s'ouvrent elles-mêmes :: 
car fi on les ouvroit de force comme 
on ouvre nos Huîtres à l'écaillé, on 
pourroit endommager & fendre les; 
Perles. Si-tôt qu'elles font ouvertes,, 
on en retire les Perles. 11 y en a de- 
différentes couleurs , les unes blanches,, 
les autres rirant fur le jaune , ou fur le 
verd : d'autres qui font livides- & com- 
me plombées. Tavernier dit eru 
avoir eu fix parfaitement rondes , mais- 
auffi noires que du Jayet. La couleur 
blarîche leur eft la plus naturelle. 
La couleur jaunâtre ou verdâtre pro- 
vient de ce que les Pêcheurs vendant 
leurs Huîtres par monceaux , & les 
Marchands attendant quelquefois juf- 
qu'à quatorze ou quinze jours qu'elles- 
s'ouvrent d'elles-mêmes pour en tirer, 
les Perles , quelques-unes de ces. 



NAC 

Huîtres venant pendant ce temps-là 
à perdre leur eau , fe gâtent Se s'em- 
puantifTent , de forte crue la Perle fe 
jaunit ou verdit par l'infecHon , ce qui 
eft fi vrai, que dans toutes les Huîtres 
qui ont confervé leur eau , les Perles 
font toujours blanches. Celles de cou- 
leur plombée &: noire ne fe trouvent 
gueres qu'en Amérique, Se cette cou- 
leur vient de la nature du fond de la 
mer , qui eft plus remplie de vafe 
qu'en- Orient. 

Toutes les Huîtres qu'on pêche ne 
contiennent pas des Perles : il s'en, 
trouve beaucoup qui n'en ont point. 
Les années pluvieufes font les plus 
favorables pour cette pêche ; car on a 
obfervé qu'après les grandes pluies les 
Huîtres étoient plus abondantes en 
Perles. On trouve auffi quelquefois des 
Perles dans nos Huîtres communes : 
celles-ci le nomment Perles d'BcojJe , 
Se celles des Moules & des Pinnes 
marines font nommées Perles de Lor- 
raine. Celles des Pinnes marines font 
groffes Se onles diftingue très-aifément. 
On en diftinçue pareillement dans plu- 
lieurs autres Coquillages. De quelques 
lieux qu'elles viennent , elles y ont 
été formées par des applications , ou 
appofuions naturelles de couches, ou 
lames très - minces & luifantes , en 
façon de pelures d'oignons , qui fe 
font enfuite durcies Se pétrifiées; car 
leur matière eft la même que celle de 
la Nacre Se des autres Coquilles. 

Michel - Bernard Valentini , 
dans fon Hifloria Simplicium reformata , 
après avoir rapporté les diverfes opi- 
nions des Auteurs , touchant la gé- 
nération des Perles, embraiTe le fen- 
timent de ceux qui penfent que les- 
Perles font autant de petits œufs , qui 
proviennent uniquement des Coquil- 
lages femelles en vertu d'un accouple- 
ment ordinaire, Se qui en produîfent 
de nouveaux de l'un & de l'autre 
fexe; mats les hiftoires qu'il raconte 
à ce fujet , quoiqu'elles lui femblent 
iuffifamment circonftanciées & confta- 



N A C 213 

tées par des témoignages authentiques, 
paroifTent néanmoins plus ridicules que 
férieufes, plus fabuleufes que vérita- 
bles. Mais écoutons M. de Réaumur , 
Mém. de P Acad. des Sciences , 
p. 186. Les Anciens, dit cet Acadé-- 
mieien , n'ont débité que du fabuleux 
fur l'origine des Perles. La Phyfique 
eft trop avancée pour qu'il foit befoiti 
de prouver qu'elles ne font point pro- 
duites par la rofée célefte , malgré ce 
qu'en ont dit des Auteurs graves. 
Ceux qui les ont prifes pour des œufs 
des poiffons où on les trouve, ne mé- 
ritent pas non plus qu'on s'y arrête. 
M. Geoffroy le jeune les range 
parmi les Bézoards , pareequ'il met 
dans cette claffe toutes les pierres for^- 
mées par couches , qui s'engendrent 
dans les animaux. La pierre qu'on ap^ 
pelle Perle eft d'une eau argentée ,> 
approchante de celle de la Nacre. La 
beauté de l'eau de Perle peut furpafTer 
même celle de la Nacre de la coquille , 
quoique formées toutes deux d'une 
même matière. Celle de la Nacre de 
la coquille fe porte jufqu'au dehors- 
du corps de l'animal, où elle eft tou- 
chée par des eaux bourbeufes , qui 
altèrent fa couleur , au -lieu que la 
matière de. l'autre a été reçue entre 
les membranes , qui l'ont mife à cou- 
vert. La matière des Perles n'eft autre 
que celle qui forme la Nacre de la' 
coquille. M. de Réaumu r s'eft 
confirmé dans ce fentim^nt par les 
obfervations qu'il a faites fur la Pinne 
marine. Il en a trouvé dans ce Co- 
quillage de différentes couleurs , 8c 
fur-tout de deux fortes; les unes dont 
les nuances approchent de celles de la 
Nacre , Se les autres d'une couleur 
rougeâtre , conformément à la coquil- 
le , qui eft compofée de deux couches 
de couleur différente , l'une rougeâ- 
tre Se l'autre de couleur de Nacre , 
pareeque l'animal a des fucs pierreux 
colorés , pour fournir aux Perles de 
ces deux couleurs principales. Si les 
vaifteaux qui portent le fuc propre à- 



ii 4 N A G 

bâtir la Nacre fe brifenf , ils forment 
une Perle de couleur de Nacre. Si les 
vaifleaux qui fe brifent font ceux qui 
portent le fuc dont l'autre partie de 
la coquille efk bâtie , l'épanchement 
de ce fuc produira des Perles rougeâ- 
tres , ou de couleur d'Ambre , comme 
la coquille qui en eut été formée ; ainfi 
en deux mots dans les parties du poif- 
fon , qui forment la coquille de couleur 
rongeâtre , on trouve des Perles de 
la même couleur , & dans les parties 
du poilTon , qui répondent aux endroits 
de la coquille où cft la Nacre , on 
trouve les Perles de couleur de Na- 
cre. 

11 y a des Perles noires , ou plutôt 
noirâtres , ajoute M.deRéau MV B, 
Il en a trouvé dans la Pinne marine , 
qui ont été obfcurcies par le mélange 
de quelque fuc , qui leur donne une 
grande partie de leur opacité 8c de leur 
couleur brune ; mais en dedans , quand 
elles font brifées , on voit qu'elles ont 
une couleur approchante de celle des 
Perles jaunâtres ou rougeàtres. 11 y 
a encore des Perles , dont une moitié 
eft de couleur de Ndcrc , Se l'autre 
moitié noirâtre: c'eft qu'elles ont été 
formées dans le confluent de deux vail- 
feaux à fucs de différentes couleurs. 

Les Jouailliers appellent loupe de 
Perle un fuc pierreux , qui s'échappe 
plus abondamment 5c qui fe figeant 
forme une efpece de nœud. Quand 
ils en trouvent de demî-fphériques , 
ils les font feier , & de deux de même 
groifeur collées enfemble , ils compo- 
fent une Perle. Les Perles les plus efti- 
mées font les Perles Orientales ,8c en- 
tre celles-là on choifit les plus greffes, 
qui foient en même temps parfaite- 
ment rondes , polies, blanches, liman- 
tes ou tranfparentes : c'eft ce qu'on ap- 
pelle Perles d'une belle eau. Le prix eft 
plus ou moins haut , fuivant qu'elles 
approchent plus ou moins de ces qua- 
lités. On ne les emploie que pour les 
colliers Se Les braflelets. Mais on fe 
fert en Médecins des Perles menues , 



N A C 

qu'on appelle femenecs de Perles , par- 
cequ'elles rellemblent à des femences. 
Elles n'ont pas moins de vertu que lea 
grolfes & ne coûtent pas tant. Il faut 
néanmoins les choihr Orientales , blan- 
ches , claires , tranfparentes Se nettes. 
On les prépare en les broyant fur le 
Porphyre , jufqu'à ce qu'elles foient 
réduites en poudre impalpable. Quant 
aux coquilles , on choiiit les plus belles 
Se les plus luifantes. On les taille Se 
on en fait des cuilliers , des jettons 
Se beaucoup d'autres petits ouvrages 
polis, doux au toucher, luifans, fort 
agréables à la vue. On en broyé auffi 
fur le Porphyre , pour les réduire en 
poudre impalpable , Se c'elt ce qu'on 
appelle Nacre de Perle préparée. Les 
femmes en emploient pour le fard. 

La Nacre de Perles , difent les Au- 
teurs de la Suite de la Matière Médi- 
cale, eft regardée en Médecine comme 
un bon ablorbant , qui s'emploie dans 
le même cas que les coquilles d'Huî- 
tres, dont nous venons de parler. On 
en forme un fel & un magiftere par le 
fecours de la Chymie , dont le pre- 
mier fe donne à la dofe de dix à vingt 
grains , Se le fécond de vingt à trente , 
iorfqu'il s'agit d'arrêter le vomilfcment 
Se le dévoiement caufés par un acide 
dominant dans les premières voies ; 
mais il vaut mieux dans ce cas-là faire 
prendre la Nacre de Perles , fans autre 
préparation que celle du Porphyre , 
que d'en faire un fel ou un magiftere 
par le moyen du vinaigre : cet acide 
énerve fa vertu abforbante Se fait qu'el- 
le agit moins efficacement contre les 
aigres de l'eftomac : c'eft ce que l'ex- 
périence prouve tous les jours Se on 
• n'a prefquc aucun effet fenfible de ces 
préparations chymiques. On en fait 
aufli des tablettes abforbantes pour les 
mêmes ufages , lefqtielles fe donnent 
depuis un gros jufqu'à deux. 

La Nacre de Perler entre dans la 
poudre peilorale Se dans l'emplâtre 
ftyptique de là Pharmacopée de Paris. 
Les PerLs, difent les Auteurs de I» 



N A C 

'Suite de la Matière Médicale , fervent 
en Médecine à augmenter la pompe 
Se le prix de plufieurs difpenfations , 
fans en augmenter le mérite; car elles 
n'ont pas d'autre vertu que les coquil- 
les qui les renferment , c'eft-à-dire 
qu'elles font bonnes pour détruire Se 
amortir les acides , comme font toutes 
ies matières abforbantes 8c alcalines. 
Ainfi l'on s'en fert avantageufement 
contre les aigreurs de l'eftomac , con- 
tre la faim canine , dans les cours de 
•ventre , Se dans les hémorrhagies. La 
dofe en eft depuis quinze grains juf- 
qu'à un demi -gros. On les emploie 
encore dans les potions cordiales pour 
réfiiler à la malignité des humeurs , Se 
pour réparer les forces abattues : mais 
cette dernière vertu ne nous paroît 
devoir être attribuée qu'à leur qualité 
alcaline, qui abforbant les acides de 
l'eftomac qui quelquefois caufent la 
cardialgie Se la lypothymie , en irri- 
tant les nerfs du Plexus ftomachique , 
Se faifant ceiTer fubitement ces fyinpto- 
mes , a fait croire qu'elles étoient cor- 
diales par elles-mêmes , quoiqu'elles 
ne le foient que par accident à la façon 
des Coraux Se des yeux d'Écrevines. 
Ainfi nous croyons que l'idée qu'on fe 
forme des Perles , comme d'une pro- 
duction précieufe , influe beaucoup fur 
les qualités qu'on leur attribue. Les 
Apothicaires y trouvent leur compte 
en les taxant dans leurs remèdes com- 
me s'ils avoient employé les plus 
grottes Perles de l'Orient Se de la plus 
belle eau , Se le malade a l'efprit fatif- 
fait en penfant qu'un remède extrême- 
ment cher doit lui faire beaucoup de 
bien. 

Au refte de favans Médecins ont 
alfez écrit fur cette charlatanerie pour 
nous difpenfer d'en dire ici davantage. 
11 paroît cependant qu'il devroit être 
bien clair pour tout le monde , que fi 
les remèdes tes plus chers avoient le 
plus de vertu , les pauvres feroient 
exclus de leur ufage , Se qu'il n'y au- 
roit que les riches qui pourroient fe 



N A D aij 

guérir avec facilité, ce quiferoit con- 
traire à la bonté de Dieu & à fa Pro- 
vidence , qui a établi la Médecine pour 
le foulagement de tous les hommes , 
Se qui pour cette fin tire des chofes 
les plus viles en apparence , les remè- 
des les plus fouverains.C'eft ainfi que 
parlent les Auteurs de la Suite de la 
Matière Médicale ci-deflus cités fur la 
propriété des Perles en Médecine. 

La Nacre de Perler , ou la Mere des 
Perles , eft la Mater Perlamm de 
Schroderus, p. 530. Se de Dale , 
p. 397. 

La Concha Margaritifera de Jons- 

TON , p. 13. de DELON , p. 402. 

(PAl-Drovande, p. 418, & de Char- 

LETON , p. 6~4. 

La Concba mater Vnïenitm de RoN-* 

DELET , p. 3 3. 

La Concha mater Unionum ditla, ou 
Margaritifera de Bonanni , p. 03. 

La Concha Margaritifera , plerifque 
Berberis antiquïs Indis dtëla,àz Lister , 
p. 56. 

La Concha valvis aqualibus , medio- 
crïttr , vel leviter umbonata, deL A N- 
dus, p, 69, 

Et la Concha, qitœ Margaritas fert , 
Oflrea Margaritarum mater , feuMar- 
garitigena de quelques-uns. 

N A D 

NADELLE, ou MELETTE , 
nom, dit Rondelet, que l'on donne 
en Languedoc À la quatrième efpece 
d'Aphys, petit poiflon qu'ARisTOTE 
nomme A\,hys Phalérique. Voyez au 
mot A P H Y S. 

N A D D I : C'eft un poiffon du 
genre des Carpes , Se de la famille des 
poiflons à nageoires molles , que M. 
LiNNJtus nomme ( Fauna Suec. n. 
325.) Cyprimts pinn.t ani radiis un- 
decim , pinnis albentilnts ; Arte di 
( Ichth. gin. 5. Synon. 5. f'pec. 12. ) ; 
Cyprinus obuongus iride argenteâ, pinnis 
albetttibus , Se Cyprinus oblor.gus , figura 
rutilâ , pinnâ ani ojficidorum decem. 
f lLHJGHCï( kbth. p. 263. ) , Se 



zi6 N A G 



N A G 



Ray ( Symp. Met h. Pifc. p. 1 2 5 . ». 
z8.) , difent que c'eft une efpece de 
Goujcon, nommé à Augfbourg Grijîa- 
gïne s Grceflwg en Allemand , veut dire 
Goujeon.hes Suédois le nomment Staem. 
On en voit en Angermanie & dans la 
\Ceftrobothnie. M. L 1 n n m u s mar- 
que qu'il eft plus commun dans les 
parties Boréales de la Suéde qu'ail- 
leurs. M. ^argentin, Secrétaire 
de l'Académie Royale de Hulm , Lui 
en a envoyé un qui venoit de la Fin- 
lande : il avoit été pris à Helfingfors , 
011 il ell connu fous le nom de Naddi. 
Comme on ne trouve nuLe part une 
figure exacte dé ce poiflbn , M. L 1 n- 
ki us en donne une , avec la des- 
cription fui vante. 

Ce poiflbn a un pied de long , Se 
quatre pouces de large , la tête large , 
obtufe , unie , le haut brun , les côtés 
argentés , & la mâchoire fupérieure un 
peuplas longue que l'inférieure. L'iris 
eft pâle ; les trous des nageoires font 
doubles , la bouche eft fans dents ; la 
membrane des ouies a trois rayons , 
comme celles de tous les poiflbns du 
£enre des Cyprins • la nageoire du dos 
en a dix , dont les deux premiers font 
{impies & l'un proche de l'autre ; celles 
de la poitrine dix-fept , dont le pre- 
mier eft fimple ; celles du ventre neuf, 
le premier eft fimple; celle de l'anus 
pnze , les deux premiers font fimpies , 
le premier eft très-court. La nageoire de 
laqueue, qui eft la queue même, con- 
cile en dix-huit rayons. Cette queue eft 
fourchue. La couleur du Naddi fur le 
dos eft brune , blanche aux côtés , ar- 
"gerttée au ventre , & rouiïb à la poï- 
crine. Les nageoires de la poitrine font 
joufles dans le milieu , & celle de l'anus 
eft prefque d'un incarnat pale : les écail- 
les font larges , obtufes Se ftriées, La 
ligne que ce poiflbn a fur le côté eft 
à peine vifible. Il eft figuré dans les 
/Ides d'UpJal , année 1750. _p. 3$. 

N A G 

NAGEUR: Serpent aquatique 



qui crie comme la Grenouille. A m-« 
b r o s 1 n en donne la defcription , 
& Ra y , Syn'jp.Çhiad. p. 334. Wor- 
mius dit qu'il fe nourrit de grains, 
d'infecies, de tout ce qu'il trouve , Se 
comme la Vipère , il fait la chafle aux 
Rats. Cet! la Matrix tvrquata des La- 
tins , que les Anglois nomment tht 
Commun Snaiie. En François on l'ap- 
pelle Charbonnier. Voyez CHAR- 
BONNIER. 

Il eft parlé de ce Serpent dans G E s- 
n er , Serp.p. 43 . dans Âldrovande r 
Serp. p. 287. dans C H A R L E T o n , 
Onom. 3 3. dans Petivert, M if. 
17. n. 101.. ainfi que dans plufieurs 
autres Naturaliftes. 

N A G M E U L , du Latin Net- 
gemulnr , nom que les Allemands don- 
nent à un poiflbn qui fe pêche dans 
le Danube , & en Bavière , dans un 
lac nommé Amm rfét , dit G e s n e r 
(de Aquat. Parai, p. 1288 ). C'eft 
leLucio-Perca deScHONNEV eld, 
lchth. p. 4 3 . de W 1 l l u g h b y , h h:h. 
p. 293.. & de Ray , Sytop. Pijc. p. 
98. ». 24. C'eft le S'chiius, ou le Na- 
gemulus d'A ldeovandi.I. K 
£. y a. p. 66 j de Jonston, L. 
III. c. y. Se de C H A R L e t o n , p. 
1 64. Les Suédois le nomment Gws ; 
en Poméranie on lui donne le nom de 
Sandat , Se à Augfbourg celui de Schin- 
del. A a t e D 1 ( I-chth. Part. V. p. 
6j. ». 2. ) , le met dans le rang des 
poiflbns à nageoires épineufes , I'iJ'cei 
acanthopterygii , & il le nomme Perça 
pailidè maculoj'a , dentibus duobus utrin- 
que majoribits. Ce poiflbn eft une ef- 
pece de Perche , quelquefois - long 
d'une aune , dit R a y , Se il y en a 
qui ont un pied Se demi de long , & 
rarement paflent-ils le poids de dix 
livres. Il eft plus long que la Perche , 
Se va toujours en diminuant jufqu'à 
fa queue. Son mufeau eft plus long 
que pointu ; fou dos n'eft pas entière- 
ment élevé. Il a le ventre large & 
plat; aux écailles des bordures rudes: 
le dos Se les côtés font d'un brun fa te 

tirant 



N A I N A R 

tirant fur Je jaune , avec des traits de 
couleur obfcure fans ordre. Les nageoi- 
res du ventre, Se le ventre même font 
un peu rouges ; mais moins que la Per- 
che. La mâchoire fupérieure eft un 
peu élevée au-deffus de l'inférieure, 
Se toutes les deux font garnies de pe- 
tites dents. Ses nageoires font garnies 
d'aiguillons pointus , Se fa chair eft 
tres-blancJie. Voyez PERCHE. 

N A I 

N Aï A: C'eft une petite Vipère 
qui fe trouve dans Plfle de Ceylan. 
S e n a donne la figure de deux ef- 
peces ( The], i. Tah- 43.». 4. & 5. ) ; 
elles fe retlemblent par la conforma- 
tion du corps apparie. Celle du «.5. 
a diverfes bandelettes blanchâtres, en 
forme d'anneaux , qui l'entourent toute 
entière jufqu'au ventre ;fa tête eft pe- 
tite & d'une extrême blancheur , mar- 
quetée de tacrus rouges , ce qui eft 
d'une grande beauté. Les écailles qui 
couvrent le dos ne font point plus 
grofleS que celles du refte du corps. 
La couleur des écailles du ventre , eft 
c'un cendré tirant fur le jaune. 

N A R 

KAREL:M.Adansok( Hifi. 
Aes Coquillages du Sénégal , p. 59. ) 
nomme ainfila féconde efpece de Por- 
celaine , qu'il a obfervée furies côtes 
du Sénégal , autour des rochers de 
Plfle deGorée. Ce Coquillage unival- 
ve , figuré à la Planche XV. w. 2. dif- 
fère , dit l'Auteur, de la première ef- 
pece par fa coquille : elle a à peine 
un pouce de longueur Se une fois moins 
de largeur. Sa furface extérieure eft 
relevée de quinze canelures , ou pe- 
tites côtes parallèles à fa longueur , 
Se qui ne paroifTent que dans la par- 
tie inférieure des fpires, dans l'endroit 
où leur renflement eft plus confidéra- 
ble Son ouverture eft beaucoup moins 
évafée que dans la précédente. Elle a 
une longueur quintuple de fa largeur. 
Sa couleur eft quelquefois blanche fans 
Tome III. 



N A R 217 

m Mange, quelquefois veinée d'un grand 
nombre de lignes grifes.qui font ondées 
en zig-zagsparallelement A fa longueur. 

NAKHWAL, poiflbn cétacée , 
dont le caractère eft d'avoir à la mâ- 
choire fupérieure feulement deux dents 
très -longues, droites , & qui s'allon- 
gent en avant. C'eft le Ceratodon de M. 
Brisson(j). 3 66. ) , le Narhwal 
de M. Klein { Pifc. Mifiz. p. 18. 
Toi, 2. Litt. C. ) > le Monoceros pif- 
cïî è ginere cetacco de R a y ( Synop. 
Pifc. p. 1 1. n. 6. J , Se de Wii.lughby 
C Hifi. Pifc. p. 42. ) ; c'eft aufti le Mo- 
nocaos unicornit de M. L 1 n n A' V S 
( Syfi. Nat. Edit. 6. g. 98. Jpec. r.), 
de Cha r letonC Exercit. p. 47.) , 
du Miif&ian Wormerfe ( p- 282. ) , Se 
enfin le Monodon d'A rtedi ( gen. 
Pifc. g. 49. J'p. 1. Synop. Pifc. gen. 40. 
jp. 1 ) ; c'eft la Licorne de mer de M. 
A n d e K s o n ( Hifi. d'ifiande & de 
Groenl.indc , Tome II. p. 102. fig. p. 
108.). Les Suédois, félon M. Lin- 
N m v s , l'appellent Evhocrning ; les 
lilandois , diient Ray, Willughbt 
Se Artedi , le nomment Narhival , 
de même que les Septentrionaux, au 
rapport de Charleton; Se les 
Groenlandois lui donnent le nom de 
Towackj comme le remarque M. An- 

D E R S O N. 

La longueur ordinaire du eorp de 
cette bête marine eft d'environ vingt 
ou vingt-deux pieds ; il y en a de 
quarante à foixante pieds , félon M. 
Anderson ( Hifi. d'ijl. &de Groenl. ) ; 
fa têne eft très-petite en comparaifon 
de la grofleur de fon corps. Cet ani- 
mal a à la mâchoire fupérieure deux 
dents ; mais il eft très-rare de trouver 
le poiflbn avec ces deux dents , parce - 
qu'il y en a ordinairement une qui 
périt dans fon alvéole. La preuve de 
cela , c'eft que les jeunes en ont deux , 
dit M. Anderson. Ces dents font 
longues de fix ou de fept pieds , droites, 
tortillées en fpirale. Mais quelques 
Auteurs difent avoit trouvé quelques- 
unes de ces dents qui n'étoient point 



2i8 NAR 



NAS 



tortillées en fpirale , maïs lîffes d'un 
bout à l'autre. C'eft peut-être une au- 
tre efpece de Narh wal. Ces dents per- 
cent la lèvre fupérieure ,.& s'allongent 
en avant. Les yeux font très-petits. 
Il a par-dedus la tête un canal, par 
lequel il rejette l'eau ; il n'a point de 
nageoires fur le dos: il en a feulement 
une de chaque côté Se tics-petite. Sa 
peau eft très-lHTe , blanche , Se mar- 
quée fur le dos de taches noires. On 
le trouve ordinairement fur les côtes 
d'IflandeSe deGroenlande , 8c dans le 
Détroit de Davis. Voyez Tome I. de 
ce Dictionnaire , au mot BALEINE , 
jeptieme ejpece , p. 221. 

NARINARI, efpece de Raie 
du Biéfil , dont parle Marc Grave 
{JJifi. Braf. Tab. 39.J. Les Hollan- 
dois nomment ce poiiTon Fiiljert , ou 
Seicles, félon Ray (Synop. Mcih. Pifc. 
p. 24. n. 4. ), Se Deicle , félon Ru y se h 
( de Pifc p. 146. ) ; en Anglois , the 
Whip - Ray. Le Narinari a le corps 
grand , large , préfque triangulaire , Se 
à chaque côté une nageoire très-large , 
triangulaire Se charnue. Sa tête eft à- 
peu-pres de la grandeur de celle d'un 
Porc médiocre , greffe Se ramaiTée. 
Au milieu il y a une efpece de fûfïc-j 
Il eft fans dents ; mais au lieu de dents , 
il a dans la bouche des os qui fonteom- 
pofés de plufieurs o(Telets;fes yeux font 
petits; le deffus du corps eft de couleur 
de fer , ou bleue félon Sloane, 
Se marqué de taches rondes Se blanches. 
Le ventre eft blanc , & fa peau eft 
unie. Proche de fa queue il a deux cro- 
chets , faits comme les hameçons d'un 
Pêcheur : ils font longs de trois doigts. 
On voit la figure de ce poifTon à la 
Tab. 3 o. de R u ï s c h , p. 144. de 
Pifcib. 

NARTARUGA, nom que les 
Portugais donnent à une efpece de 
Tortue , qu'on nomme Juracua au Bré- 
fil. Voyez TORTUE. 

NARVAL,. poifTon cétacée „ 
qui eft une efpece de Baleine. Voyez 
NARHWÂL Se BALEINE.. 



NASELLO,ouASELLO t , 
noms , dit Rondelet, qu'on don- 
ne en dift'érens endroits d'Italie , au 
Merlu. Voyez ce mot. 

NAS EN, ou NASE.nomque 
les Allemands donnent à un poifTori 
de rivière , qu'A R t e d i C Itbth, 
Part. V. p. 6. n. 9. ) nomme Cypri- 
nus roftro nafiformi promirunte , ptnnà 
ani ujjhulorum quatuor ueditt. Albert 
le Grand , Gesner (de AtfUau 
p. 732-) , A r. d r o v a n d e ( L.V. 

C. 16. p. 6l I . ), S C H O N N E V E L D 
(p. 52.),CHARLETON(p. I5CT. ), 
J O N S T O N ( L. ///. C 9, 5 » W I L- 

lughey (p. 254.), & R a y ( Sy- 
nop. Pifc. p. 119. ) , parlent de ce 
poifTon , qu'on nomme Savetta en Ita- 
lie , Se Siteta à Ferrare , dit B e l o n_ 
Ce poifTon , qui eft du nombre de ceux 
qui ont les nageoires molles , Pij'cet 
malacopterygii » eft, felonRAY , de 
la longueur d'un pied , Se reffemble 
pour la figure Se la couleur , au Gar- 
don , ou au Capito , efpece de Muge. 
Il a le ventre & les côtés de couleur 
d'argent. Toutes les nageoires du ven- 
tre , Se la partie inférieure de la queue 
dans quelques-unsfont rouges : il a fur 
le derrière de la tête une tache noire. 
Sa tête ell petite, fon ventre eilplat 
Se large : il a des lignes qui font plus 
près du ventre que du dos ; fon mu- 
feau eft un peu élevé , d'où lui eft 
venu le nom de Nafe ; fa bouche 
eft petite , dans laquelle il n'a point de 
dents. If a le crâne luifant , l'iris tire 
entre la couleur dorée, Se la couleur 
d'argent, les caroncules de fes ouïes 
faites en forme de peigne , font très- 
petites. Parla fituation de fes nageoires 
qu'il a fur le dos , Se par le nombre 
des rayons , il convient avec la Brème. 
Sa chair eft blanche , infipide ,.Sc rem- 
plie d'arêtes. 

R u y s c h ( de Fifcih. p. 2 y. Tab. 
1:3. ». 14. ) parle d'un poifTon des Inde* 
Orientales , auquel il donne le même 
nom , pareequ'il a la mâchoire fupé- 
rieure très-longue Se élevée. Il croîï'. 



N A T 

150e c'eft un poifïbn cornu , pareequ'Il a 
un aiguillon fur le dos aflez élevé. 
Sa têt<-' eft bleue • fon corps depuis le 
dos jufqu'aux côtés eft brun. Le ven- 
tre eft de couleur jaune. Ses nageoires 
font courtes. Il en a deux proche des 
ouïes , 3c doux autres fous la tête , qui 
vont jnfqu'au ventre. 

N A T 

NAT1 C E, en Latîn Natica, 
nom abandonné , dit M. Adanson 
(jJijl- Nut. des Coquillages du Sénégal, 
p. 172,) , que les Anciens donnoient 
autrefois à un genre de Coquillage , 
a(Tez femblable à la Nérite. L'Auteur 
le fait revivre , Se fous le nom de Na- 
tice établit un genre de Coquillage 
operculé des côtes du Sénégal. Ce 
genre renferme quatre efpoces. Il nom- 
me la première Fojfar , la féconde No- 
tice , la croifieme h" and , Se la quatrième 
Cochet. M. d'Argesville ( Fart. 
II. p. 33. Edit. 1757. > dit que la 
Natice elt un Limaçon abouche demi- 
ronde , qui n'a point de gencives, ni 
de dents , & qui ne dilfere de la Né- 
rite que par ces deux endroits. Je ne 
vais parler ici que de la Natice propre- 
ment dite. Voyez les autres aux noms 
qu'on leur a donnés. 

La coquille de la Natice , figurée 
chez l'Auteur Planche XIII. n. 2. eft, 
dit-il , arrondie , femblable à celle du 
Limaçon des Jardins , appellée la Vi- 
gneronne ; mais elle eft un peu plus 
épaiife , longue de feïze lignes , Se un 
fixieme moins large. On n'y compte 
que fept fpires renflées , arrondies Se 
d'un beau poli. Le fommet forme un 
cône furbaiifé , peu pointu à fon ex- 
trémité , une fois plus large que long. 
Se prefqu'une fois plus court que l'ou- 
verture: celle-ci a la lèvre droite (Im- 
pie Se unie ; fa lèvre gauche n'eft re- 
pliée que dans le bas en une lame peu 
«pailTe , qui occupe A-peu-près le tiers 
de fa longueur. L'ombilic fe trouve 
exactement vers le milieu de cette co- 
cmilleâl eft deux fois plus court qu'elle 



HAT 2x9 

8c porte vers le dos un renflement de- 
mi-cylindrique , en forme d axe autour 
duquel les fpires feroient leurs circon- 
volutions. Cet axe n'occupe que la 
moitié de l'ombilic dans les jeunes 
coquilles , au-lïeu qu'il le bouche pref- 
qu'entierement dans les vieilles. Le 
périofte qui les enveloppe eft fauve Se 
très- mince , le fond de leur couleur 
eft blanc , rayé longitudinalement de 
lignes fauves qui recouvrent prefque 
en entier fa furface. La première {pire 
eft encore entourée de quatre bandes, 
dont la première qui borde l'ombilic 
eft brune Se fort large ; les deux au- 
tres qui fuivent font étroites Se blan- 
ches ; la quatrième qui eft placée dans 
fa partie inférieure elt blanche Se mar- 
brée de brun. Les autres fpires , aufll- 
bien que les jeunes coquilles,n'ont que 
cette dernière bande. La couleur du 
dedans eft jaunâtre. Ce Coquillage , 
nous dit l'Auteur , vit parmi les Al- 
gues marines dans les fables de l'Anfc 
de Ben , où il rempe à la profon- 
deur de deux pouces ou environ. 11 ne 
diffère peutêtre que par l'éloignement 
du climat , de celui de nos côtes , qui a 
été communiqué à M. Adanson 
par M. de Jussieu , qui l'a ob- 
fervé dans les fables des environs de 
Dieppe. 

Ce Coquillage eft le même que la 
Cochlea umbilicata , cum operculo Juo , 
de Ronde 1, et( Pifc. Pan II. Edit. 
Lat. p. 105.), que cet Auteur nomme 
dans l'Édition Françoife C p- jo. ) , Co- 
quille ayant un trou avec fon opercule , 
ainfi que de B o s s u e T ( Aquat. Fars 
ait. p. 53.),deGE«NER( Aquat. p. 
280".}, Se d' Aldrq VANDE , Exjangï 

P- 197- , 

La Cochlea maris Méditerranée ne* 

rara , Perlata dicenda à colore unio- 

nïs , Jkb cortice velttti ovi Stntthio- 

Cameli cdato ,deBoNANNi( Recr. 

p. 1 3 3. clajf. 3. n. 16%. ),&e du Muftum 

de K 1 R k e r , p. 459. ». 168. 

La Cochlea tefla craffà &ponderofâ, 

colore çaraeo , maculis rufis , & cafta- 

E e ij 



220 N A V 

neis , inviccm alternatif vlltat.t , du 
même B o n a n n i ( s. i <5q. ) , Se 
du M.ijleum de K i r k e r , p. 450. 
n. ifjo. 

La Cochléa umbïïicat.i , infiar gloki 
perfectè cireïnata & lavis , colore Ony- 
ebtm , de Bonanni ( p. 141. ». 
225.), & du Mujdiim de Kirker, 

4^2. ». 225. 

La Cochlea alla fiimilis figura , lavis 
& nitida , afiperfia coloribus fubviridi , 
rufo & croceo,veluti aqttâ multà dilutis ; 
orbium commijjuris àfiaficiolâ albâ cla- 
vicuiatim intortâ indicatis ; bafii veiuti 
ficapi orbes fulcientis in centra confipicuâ, 
de Bonanni ( ibid, n. 226. ) , Se 
de Kirker, p. 462. «. zz6. 

La Gtchlea fublivida , orefnfico,ad 
bafim cujufque orbis vehui funïculo de- 
pifla , Angiica , de L 1 s T E R , Hifl. 
Conchyt. Tab. 5 t5"S . fig. 19. 

La Cochlea marina terrefirifiormis,U- 
vis, de L a N" G 1 us, Aletb. p. 5 2. 

La Cochlea urnbilicata foramine fipi- 
raritnt fiernicirculari , umbilicali verà 
/implici , Ittvis , du même Langi US,. 
£■ 54- 

Le Pïatyflomaorefimplici zfaficiatum, 
ponderofum, carneitm , ritfis & caflaneis 
maculis ahernantibttsfaficiatum, de M.. 
Klein, Tent.p. ij.jp- 1 . n. 1 . & 9, 

Le Platyfloma ore fimbriato , Ony- 
chium , du même, ibid. p, i^-Jp* a. 
». 4. 

Le Platyfioma ore fimbriato , varie- 
gatum coloribus fubviridi , rufo & 
croceo , dilittis , commijjuris à fafciolâ 
albâ claviculatim intortâ in umbilico. 
fultis, du même Auteur , ibid. n. y. 

Le Flatyfioma ore fimbriato , fiubli- 
vidum , ère fufco , ad bafim cujufque 
trbis velutfttniculô conftrilîum , du mê- 
me , ibid. ». 6. 

N A V 

NAVETTE DE TISSERAND, 

Coquillage du genre des Porcelaines r 
peu commun , affez femblable à un 
œuf pour la forme , de même que pour 
laxauleur „ excepté que fes deux bouts 



N A U 

font beaucoup plus allongés, Se. plus 
pointus. Voyez PORCELAINE. 

NAUTILE, genre de Co- 
quillage, de forme ronde , oblong , 
mince, épais, à oreilles, ou fans oreil- 
les, uni, Se quelquefois canelé , imi- 
tant le vaiiTeau , dont M, d'AiiGen- 
ville (p. 108. Edit. 1 7 y 7. ) compofe 
la feptieme famille de fes univalves. 
Bo n a n n 1 dit : NautUus fie diclus à 
navigando. Naittïhts à voce Gr&câ 
N-jut<? cç âerinatur , pir quant Pijcis & 
Naitta fignificatur : tefia enim hujus tefi 
tacti navicjdam pr& fie fert eminente 
puppe , in fie ipfiam aliquantulnm tranfi- 
verfiim contortam. Quelques Auteurs , 
comme Aldrovande Se Lister 
Pcntap pellé Pompilus.Naitplius, Nan- 
tit us , ovurn Polypi , Polypus , Polypus 
tefilaceus. Le terme le plus ufité eiV 
NautUus. C'eftde lui que les hommes 
ont appris l'art de la navigation , & 
plu fleurs l'appellent le Voilier , quel- 
ques-uns Cymbimn , qui eft le Nau- 
tile papyracé fans cloifons. 

On connoît deux efpeces de Nau- 
tile : le premier elt le papyracé , ap- 
pellé NautUus Polypofius, qui n'eft point 
attaché à fa coquille, Se qui la quitte 
fouvent pour venir paître à terre , dit 
P l 1 n E ( L. IX. c. 2Q. )j Quand il 
veut nager il vuide Ion eau , pour être 
plus léger ; il étend en haut deux de 
fes bras , entre lefquels eft une mem- 
brane légère, qui lui fert de voile p - 
Si les deux autres en bas dans la mer 
qui lui tiennent lieu d'aviron : fa queue 
eft fon gouvernail. Dans une forte 
tempête, ou quand il entend du bruit 
il retire fes pieds, remplit fa coquille 
d'eau , Se par ce poids fe coule au fond 
de l'eau. Aldrovande( Exfiang, 
p. 10. & 261.) Se plufieurs autres s . 
veulent que les Nautiles croiffent 
d'eux-mêmes, Se qu'à l'exemple du 
Polype , ils marchent & hument l'eau 
par les cavités qui fe trouvent le long 
de leurs pieds. C'eft par ces mêmes 
trous qu'ils fe vin'dent pour fe rendre 
glus légers quand ils veulent navigejy. 



N A U 

L'autre Nautile , nommé Nautîlns 
Indiens , &parRuMPHius, Nau- 
rihts major feu crajfus , a fa maifon 
plus épaifTe Se ne la quitte jamais ; fon 
intérieur eft partagé en quarante cel- 
lules ou cloifons qui diminuent à me- 
fure qu'elles approchent de leur cen- 
tre : on prétend qu'il paffe de l'une 
de ces cloifons dans l'autre par un pe- 
tit tuyau , pour pénétrer dans la cel- 
lule la plus reculée. Ce trou , qui eft 
fort étroit, Se par où pourroit à peine 
paffer la plus petite alêne , rend ce fen- 
timent prefqu'ïncroyable. Ce poiffon 
occupe fans doute l'efpace le plus large 
de fa coquille depuis fon ouverture 
jufqu'à la première cloifon ; Se le nerf 
qui paiïe au travers de toutes ces cloi- 
fons , fert à le retenir dans fa prifon , 
à donner la vie à toutes les cellules, 
& à y porter Pair & l'eau par le pe- 
tit canal , pour appefantir fa coquille. 
On ne peut penler autrement d'un 
poiffon en chair Se en os , tel que le 
repréfente Rumphius, A r i s- 
T o t e a décrit deux efpcces de Nau- 
tiles. Rondelet appelle le Nau- 
tile ordinaire , Cochlea Margaritifera 
vulgo diila , feulement à caufe de fa 
belle couleur de nacre , car on n'y 
trouve point de Perles. Hookiu s 
prétend que dans le creux des cellules 
àu Nautile on trouve des eillorefcen- 
ces de fel marin , & qu'ainfi l'air y a 
paffé avec l'eau de la mer. RuïSCH 
( Jheat. Anim. Tome II. p. 30. ) donne 
quatre figures de Nautiles. Les ef- 
pcces particulières font , le Papyracé , 
ceux à cloifons Se à oreilles , Se celui 
qui eft ombiliqué. 

La Planche V. de la Conchyliologie ,■ 
Edit. 1757,. repréfente plufieurs' ef- 
pcces de Nautiles. Celui figuré à la 
lettre A eft le grand Nautile Papy- 
racé. Celui de la lettre B. eft plus petit 
de moitié ; mais fa carene eft beaucoup 
plus large. C'eft le même à la lettre 
C. dont la différence confifte dans l'é- 
•vafion des parties de fon ouverture à 
L'endroit de Fœil , ou centre de la vo- 



N A U t»4 

lute. On voit à la lettre D. ua tres- 
petit Nautile chambré. Le Nautile 
de la lettre E. eft très-grand ,fa robe 
eft unie , de couleur fauve , Se tachetée 
de blanc ; celui de la lettre F. eft ua 
Nautile , qui à Pceil ou au centre de 
l'a volute a un petit trou qui traverfe , 
ce qui le fait nommer ombiliqué. Voilà 
pour ce qui regarde la coquille du 
Nautile. Quant à Fanimal , l'Auteur 
dans la féconde Partie , Planche IL 
donne trois figures. 

La première eft le Nautile , que 
Rumphius appelle Nautilus major 
feu crajjits. L'animal qui l'habite , dit 
M. d' A R (j en ville > eft une ef- 
pece de Polype à huit pieds. Quand 
l'animal fe retire , il ne remplit pas 
tout-à-fait fa coquille. Le derrière da' 
fon corps eft creux & couvert de por- 
reaux ; le defiùs eft plat , cartilagineux 
8c ridé , tirant fur la couleur fombn» 
avec de certaines taches noires. On 
voit à la partie de devant une mul- 
titude de petits pieds pofés l'un fur 
l'autre , avec plufieurs lambeaux cou- 
vrant la bouche des deux côtés. Ces 
lambeaux reiïemblent à la main d'un 
enfant , Se fe divifent en vingt doigts 
qui font de la grofTeur d'un fétu de 
paille , Se de la longueur d'un demi 
doigt. Plufieurs lambeaux fontau-defc 
fus les uns des autres , féparés en plu- 
fieurs doigts , qui vont en diminuant 
jufqu'à la bouche : c'eft avec ces lam- 
beaux Se ces doigts que l'animal peut 
s'allonger Se fe retirer , qu'il fe traîne , 
prend fa nourriture & la porte à fa 
bouche. Cette bouche eft faite , comme 
le bec d'un oifeau, ou comme le Chat 
de mer; favoir la partie d'en haut 
grande , un peu crénelée en forme de 
dents fur les côtés; la partie de deiïùs 
eft recouverte par celle de deiïbus , au 
travers de laquelle il s'eft fait jour. 
La bouche eft dure comme un os ; elle 
eft entourée d'une chair blanche , Se 
d'une autre petite peau qui couvre 
prefque tout le bec. Les yeux font 
gros comme des Fèves ,. formés fans- 



zn N A U 

eryftalîn , ni fans paupières fur les cô- 
tés près de la gorge , Se font remplis 
d'un fang noir brun. Du derrière du 
corps il fort une grande artere/qui parte 
par tous les trous des cloifons jufqu'au 
point du milieu du dedans; ce qui at- 
tache le poiifon Se le fufpend à fon 
écaille. On voit une demi-pipe ronde 
fur le nez , ou mufeau , qui eft roulé 
Se une efpece de langue qui y eft ca- 
chée. 

Cet animal , continue M. d'Argen- 
VILLE , quand il veut voguer , eft tou- 
jours feul: il fort la tête Se toutes fes 
barbes , 8c les étend avec les mem- 
branes de derrière. Souvent il fe traîne 
en arrière , ou avec le gigot en haut, 
la tête & les barbes en bas ; mais il 
cil: le plus fouvent à terre , ou dans 
quelques cavités bourbeufes , où fe 
retirent les autres poifïbns pendant les 
tempêtes. Dans le beau temps il relie 
peu fur l'eau. Alors fes barbes fe re- 
tirent , il tourne fon gigot , Se va au 
fond de l'eau , où l'on croit que font 
les autres Nautiles. 

On conclut que l'animal tient peu à 
fa coquille.par les coquilles vuides que 
l'on trouve flottantes , & par celles qui 
font furie rivage. D'ailleurs étant fans 
couverrure Se fans défenfe , il eft en 
prife aux Crabes , aux Araignées Se 
Scorpions de mer : ce qui fe prouve 
par leurs coquilles , dont les bords font 
toujours endommagés. On fait peu 
d'ulage dans les tables de ce Teftacée, 
dont la chair eft fort dure; mais fon 
écaille fcrtàiairedes vaiffeaux à boire, 
Se les Sauvages en font des cuilliers 
qu'ils nomment papeâa. 

La féconde figure eft celle du Nau- 
îihp^.pyracé , appelle par Rumphius , 
Nautilus mimrjeh tenais , dont la vraie 
figure eft plus fidèlement rapportée par 
le Docteur Ruysch , dit notre Conchy- 
liologue. il s'exprime ainfi : » Nous ne 
»î fournies perfuadés de la vérité de cette 
» figure , que parreque nous péchons 
41» cet animal en Sicile , en Sardaigne , 
*» en Corfe , dans le golfe de Venife, 



N A U 

« dans I'Ifle Minorque , Se dans d'au- 
« très lieux. On voit le poiifon fortir de 
a fa coquille , où il ne tient par aucune 
«partie de fon corps : aulli le trouve- 
» t-on le plus fouvint féparé.« On 
voit, à la figure qu'en donne l'Au- 
teur , cinq de fes bras s'étendre d; s 
la mer; un autre ne fe peut voir ên. ît 
derrière la coquille: les uns lui fervt nt 
à ramer , les autres à fe tenir en équi- 
libre. Il fe fert des deux autres à fou- 
tenir la pellicule, dont il faitune voile, 
qui s'apperçoit en haut , animée par 
le vent, Se lui fert à voguer Se à fe 
conduire. La coquille a ordinairement 
cinq à fix pouces de long fur trois de 
haut & un de large ; fon écaille eft 
d'un blanc de lait, quelquefois tirant 
fur le jaune , Se eft fi mince , qu'on Lut 
a donné le nom de papyracé. 

La troiileme figure eft le même ani- 
mal , forti de fa coquille, d'une na- 
ture fcmblableà celle du fécond. C'eft 
un vrai Polype repréfenté très-natu- 
rellement par le Docteur R u rsc H, 
Se dont l'Auteur dit conferver l'animal 
dans la liqueur. Sa tête eftalfezgrofTe , 
garnie de deux yeux clairs : il a huit 
pieds ou jambes d'une chair molle, 
appellés barbes. Ils font plus gros par 
le bout qui approche du corps , avec 
une membrane légère qui lie les uns 
aux autres , telle qu'on en voit dans 
les Canards. Ces barbes de couleur 
argentée , avec plufieurs porreaux fur 
les côtés , font plates comme des rames 
& lui fervent à nager. Il paroît qu'il 
rame avecTes lambeaux &: fes barbes , 
& qu'il conduit fa coquille comme 
on fait une chaloupe. Les fix barbes 
de devant font courtes , blanches 8c 
pleines de porreaux , comme tous 
les Chats de mer les ont ; il les étend 
de même qu'une rofeen nageant. Les 
deux autres barbes de derrière , plus 
longues que les autres , pendent dans 
la mer pour fervir de gouvernail à fa 
coquille , qu'il élevé avec fes leviers 
de devant pour y recevoir re vent. Lorf- 
que tout eft calme il fe met à ramer, 



N A U 

kaîfle fês leviers 8c fait forrir toutes 
fes barbes. Dans la crainte de quel- 
que péril , il fait rentrer fa chair Se 
toutes fes barbes , afin que fa barque 
faffe eau Se coule à fond. Souvent il 
pompe Se jette l'eau de fa coquille ; 
fouvent il l'abandonne : elle vient fur 
l'eau , & enfuite va fe briier contre lâ 
rocher.. 

Ce Teftacée retourne fa barque fans 
dtflus delfous, quand il veut, & va 
fur la tête , quand il s'élève du fond 
de la mer ; mais dès qu'il a atteint la 
fuperficie de l'eau , il tourne adroite- 
ment fa petite barque , dont il vuide 
l'eau , Se épanouillant fes barbes , il 
fe met à voguer. On remarque que 
ce Nautile a moins de plis que le pre- 
mier ; que fa gorge eft plus large , & 
que fes côtés font auffi noirs. 11 rame 
plutôt qu'il ne navige. 

On dit que le Nautile à cloîfons 
ne vit pas longtemps hors de fà co- 
quille , Se l'on en a vu qui font morts 
en fortant de la mer. Leur ventre eft 
rempli de quantité d'eeufs rouges , 
tons à manger , Se qui font faits com- 
me de petits grains ronds , qui ont cha- 
cun un petit point noîr , comme un 
ceil : ils forment une malTe entourée 
d'une pellicule mince , qu'on appelle 
ovaire , placée comme un couffin fous 
le col. Ces animaux fe trouvent allez 
rarement avec leurs coquilles, dont ils 
fe détachent trts-aifém:nt : il faut que 
les Pêcheurs foient bien adroits pour 
fes prendre enfemble. Quand ils font 
pourluivis , ils tournent leur nacelle 
tantôt à droite 8e tantôt à pauche. En- 
fin les Pêcheurs remarquant qu'ils veu- 
lent faire eau Se fe couler à fond , 
fouvent fe jettent à la nage pour les 
pouvoir joindre. Voyez la Conchylio- 
logie , l'art. II. p. 27. & fuiv. 

Le caractère générique du Nautile, 
cil: dereiïcmbler à un vaiifeau. L'Au- 
teur de la Description dit Cap de Bonne- 
Efpérance ,.'lo?ne III. p- 154- dit que 
les Nautiles font des poitTbns teiracées,. 
qu'on voit fouvent grès du Cap , Se 



NAY NEB NEC 225 
ce n'eft pas un petit plaif.r que de leur 
voir faire leur manège fur la mer , lorf- 
qu'ils font au defffis de l'eau , où il s 
fe plaifent beaucoup quand le temps 
eft calme. Alors ils lèvent la tête Se 
élèvent une efpece de voile dont la 
Nature les a pourvus. Ils voguent 
d'une manière fort amufante pour le 
fpectateur. Si pendant qu'ils font ainfi 
occupés à faire voile , il furvient quel- 
que cjiofe qui les épouvante , on les 
voit caler la voile , fe coucher dans 
leurs coquilles , & difparoître. Les 
Hollandois les nomment Paal Slak- 
ken , c'eft-à-dire , Limaçons-Perles , 
pareeque leur coquille nettoyée reftem- 
ble à la Nacre de Perle. On trouve 
fouvent fur le bord de la mer des co- 
quilles de Nautiles , mais elles font fi 
minces, qu'on y en trouve rarement 
de grandes qui foient entières. Sur 
l'intérieur elles ont une matière cruf- 
tacée , que le vinaigre diffout. Lors- 
que cette matière en eft ôtée , elles 
font auffi belles en dehors qu'en de- 
dans. Plufieurs perfonnes du Cap s'en 
fervent comme de talles : on en trouve 
qui tiennent un quart de pot. Pour 
s'en fervir plus commodément , on y 
met un pied d'argent , d'yvoire ou de 
bois, Se lerfqu'on veut les embellir,, 
on les grave en dehors , Se on y ajoute 
divers petits ornemens. M. Linn^us 
C Fauna Suec. n. 1330.) nomme le 
Nautile , Nautilus tefiâ reclâ , fubey- 
lindraceâ , apicem verjus arigu/Hore: 

NAY 

N A Y A , Serpent de Pille de Cey- 
lan. Voyez N A 1 A. 

N E B 

N E B B I , efpece de Faucon du 
Mexique, qu'on nomme auffi Flutli,- 
dit Herna ndez. Son plumage eft 
noir , 8c il a les pieds Se le bec de- 
couleur raufîe, 

N E C 

N E C Y D A L I S : Ce nom e$ 



22 4 N E G 

donné par les Savans des Aftes d*Up- 
fal , à différens infectes du genre des 
Scarabées. 

Le premier de ces infecles y eft 
.nommé ( Ailes d'Upfal ., IJT,6. p. 19. 
31, 3 . ) , Necydalis collari nigro , ely- 
Xris teflaceis j fajciâ nigrâ. C'.eft une 
^fpece de Chryfomele , que M. LiN- 
KvP.us ,C Fauna Sttec. p. 153. n. 439 ) 
appelle Cbryfumela thorace nigro, co- 
leoptens rubris , critce nigrâ. 

Le fécond eft une espèce de Cha- 
rançon , nommé par M. Linnjïus 
iibid. 160. n. 476.), Curculh ely- 
tris rubris , capite porte elongato / .c'eft 
le nom qu'on lui donne dans Je Voyage 
.d'Œlande( fflfi, d'ŒL p. 153.). Les 
.Ailes d'Upfal , 1736. p. 19. w. 4. en 
parlent fous le .nom de Necydalis ru- 
bra , capite minime , nigro. 

Le troifieme , dont il eft parlé dans 
Jes mêjnes Actes , 1736'. p. to.n. 1. 
fous le nom de Necydalis cineréo 
piacidata <, fulcata , eit une efpece de 
Capricorne .nommé par M. Lînn^us 
,( Fauna Suec. p. 163. ». 485.) , Ce- 
rambix çintrtus , nigro-ntbulofus , an- 
iennis corpore dimidio brevioribus , tho- 
race fpincjb.. 

Le quatrième eft nommé , dit M. 
L 1 N N m u s C ibid. p. 1 90. n. 597. ) , 
.dans le Voyage 4'Œlande ( p. 74. J, 
Necydalis elytrorum apïce ïintolâ albâ ; 
.& dans les Atles d'I/pjal { 173 et. p, 
38.». 16. ) , Cimex longus , deprcjjks , 
grifeus , ge.nubus glcbofis. 

Le cinquième eft nommé par le 
même Auteur ( ibid. n. 598,) , Necy- 
dalis elytrorum apicepimtto ftavo. Cet 
infecte eft un peu plus gros qu'un Pou. 
Ce Savant dit en avoir trouvé dans 
VHéliame , nommée auffi Fleur du 
Soleil. Ces différentes efpeçes de Ne- 
cydaUs font des mfecles coléoptères , 
c'eft-à-dire que ces petits infectes on$ 
des ailes enfermées dans des étuis, 

N E G 

NEGRE, forte de poiffon de 
l'Amérique, appellé ainfi à çaufe de 



N E P 

&. couleur qui eft toute noire. Il f- 
nourrit dans les rochers , & il a la fi- 
gure d'une Tanche. Il eft d'un très- 
bon goût & fort nourriffant. Selon. 
Axmelin, Auteur de VHifloire 
des Aventuriers , il paroît que ce poif- 
fon vit long- temps, pareequ'ilen a vu 
un prodigieux. Il rapporte que pé- 
chant un jour avec une petite ligne 
& un hameçon , il fentit mordre à 
la ligne , qui n' étoit qu'un fimple fil 
d'archal : un peu apres ne fentant nulle 
réfiftance , il ne put retirer la ligne 
hors de l'eau 5 il croyoit qu'elle étoit 
accrochée à quelque rocher, lorfqu'il 
vit à fleur d'eau un monftrueux Nègre 
qui étoit fans mouvement ; car le moin- 
dre effort qu'il auroit fait eût caffé fà 
ligne. 11 demeura fi longtems fans re- 
muer , qu'on eut celui de lui atta- 
cher une corde Se de le guinder : il 
avoir quatre pieds de long, deux de 
large , Se peïbit cent vingt-deux li- 
vres. 

On lit dans GeSner (de Aquat. 
p. 739.3 , qu'il y a différens poiffon» 
noirs : les un$*f dit-il , font venimeux , 
les autres ne le font pas. C T E s 1 A s 
fait mention d'une fontaine dans l'Ar- 
ménie , où il y a des poiffons noirs , 
qui donnent tant d'un coup la mort. 
Pline, Elien , & Théophraste , 
rapportent la même chofe. On a dit 
auffj qu'ils'enpêchoit dans le Danube , 
ou proche du Danube. Gesner y en 
a fait chercher, Se n'y en a pas trouvé. 
Mais il peut , remarque-t-il , y avoir 
des eaux empoifonnées , &les poiffons 
qui* en fortent peuvent être mortels. 
Quant aux poiilbns noirs, qui ne font 
pas venimeux , Gesner dit qu'on 
en pêche de fort bons dans un fleuve 
noir , fitué tout au fond du Septen- 
trion. 

N E P 

N E P A : M, L 1 n n je us ( Fauna 
Suec.p. 233. m, 091, & dpi. ) donne 
ce nom au Scorpion aquatique , ou Pu-r 
naife dg rivierg. Voyez ce mot. 

NEPA, 



N E P NER 

NEPA, Vipère d'Afrique , quî 
fur apporrée à Seba, avec quelques 
autres de l'Ifle de Madagafcar. Le 
dos de celle-ci étoît revêtu d'écaillés 
roufîàtres , couvertes d'une efpece de 
réieau jaune , dont les petites marques 
intérieures étoient d'un jaune obfcur. 
Elle avoit un collier de la même cou- 
leur : pour le ventre , il étoit d'un 
cendré clair d'un bout à l'autre , Se juf- 
qu'auprès de la queue. Dans l'endroit 
deiriné au paflage des excrémens , on 
voyoît deux tefticules ovales Se en- 
tourés d'épines de tous les côtés. Cette 
Vipère étoit un mâle , félon le rapport 
de S e b a , Tbef. I. lab. Ip. », 7, 

NEPAPANTOTOLT, oi- 
feau du Méxique, félon Hern an dez , 
qui a un peu le bec en pointe, Se en 
cela il dirière du genre des Canards. 
11 n'y a point de couleurs , dit-il , au 
plumage des autres Canards , qui ne 
fe trouvent ralTemblées fur le Nepapan- 
totolt , d'où lui eft venu fon nom. Ray, 
Sjnop, Metb. Av. App. p. 176". 

NER 

NÉRÉIDES, Monftres marins, 
dont les Anciens ont parié. Ce peut 
bien , dit G e s n e r (de Aquat. 
p, 736.) , être des poilTons à ligure 
.humaine , fur lefquels on a débité des 
■fables. Pline donne aux Néréides 
un corps couvert d'écaillés , Se une 
face humaine. On en a entendu fe plain- 
dre , dit R o N D E l e t ( L. XVI. c 
18. p. -$6l- Edit. Franc.) fur le bord 
du rivage , Se avoir les accens d'une 
perfonne mourante. Le même Auteur 
rapporte qu'on en a vû une en Pcmé- 
r^ùe , qui avoit la figure d'une femme } 
& qu'un Marinier Efp a g n °l en a nourri 
une dans fon vaifleau , qui , après un 
certain temps fe plongea dans la mer , 
& difparut. Rondelet ne donne 
pas ce fait comme véritable. Voyez 
aux mets S Y REN ES & HOMMES 
MARINS. 

N É R I T E , Coquillage , que M. 

D'A RGENV I L L E ( Vaxt. % $• 2. 1 O. 

Tome LLL 



NER Sîy 

Nouv. Êdit. ) met dans la famille des 
Limaçons à bouche demi-ronde. Il y 
a des Nérites qui ont des gencives , Se 
d'autres qui font ombiliquées. Rum- 
phius appelle la Nérite , Concha vul- 

faiif. , ftve J'emi-lunaris , parce que fa 
ouche eft toujours ceintrée en forme 
de demi-cercle. Belo-n l'appelle 
Bigourneau. Bonanni( Recr. men- 
tis & oculi jp. 5 6. ) fait un bel éloge 
de la Nerite. il en parle en ces termes : 
Nerita , id eft maris genita , qum ç<tte- 
ris rébus quœ in mari gêner antur , pul- 
chritudine antccelht , ficittï Néréides , 
inier omnes Nerei filias,venuftate elegan- 
t'tjjima,. Nerita Lvchlearttm regina , flos 
maris , adeo fpettabilis , ut Gratiarum 
manibus elaborata videatur. Cet Au- 
teur confond la Nérite avec les trompes 
Se les Porcelaines. P L i n e , ( L. IX. 
c. 33. ) en parlant des Nérites dit : 
Navigant ex his Nerita , prœbentejque 
concavam fut partent , C?* altérant aura 
apponentes , per fumma aquarum veli- 
ficam. Les Nérites naiflent dans les ca- 
vernes , Se fur les rochers auxquels 
elles font adhérentes. On, voit à la 
Planche VII. nouvelle Édition de 
Y Hiftohede la Conchyliologie plufieurs 
Nérites figurées ; Se à la Planche III. 
de la féconde Partie , une Nérhe garnie 
d'un palais , d'un rang de dents , d'un 
opercule : elle fort une tête garnie de 
deux cornes , & à côté deux bouts 
de tuyaux , où font placés fes yeux. 
Elle marche fur une plaque charnue . 
quî fort de fon coté droit. 

M. A D A N s o n ( Hifioire des Co- 
quillages du Sénégal , p. i88. ) fait un 
genre*" de la Nénte, le range à la fin 
des Coquillages operculés , Se le rap- 
proche plus que tout autre des Bi- 
valves , pareeque, dit-il, c'elt celui 
qui a le plus de rapport avec eux. 
Èn effet , ajoute-t-il , fi l'on confi- 
dere la forme applatie de fa coquille , 
le raccourciiTèment Se la petitelTe de 
fon fommet , l'évafement de fon 
ouverture , l'épaîueur Se la nature pier- 
r-eufe de fon opercule , fes elpeces de 

Ff 



**» N E U 



N H A NIE 



gonds , Se les crenelures de la lèvre 
gauche de la coquille , dans lefquelles 
il joue , comme un battant dans fou 
pivot , à la manière des battans des 
coquilles bivalves , on verra qu'elle 
leur refiemble à bien des égards. Il 
eft vrai que le battant fupérieur , dont 
'l'opercule t'ait la fonction , ireft pas 
proportionné à la grandeur de la co- 
quille ,' qu'on pourrait comparer au 
battant inférieur des Bivalves , & que 
fa forme n'eft pas concave , mais feu- 
lement applntie. L'animal lui-même 
eft fort différent de celui des Bi- 
valves , Se c'eftpar cet endroit que M. 
A d a n s o n croit être allez fondé à 
laifïer ce Coquillage parmi les oper- 
culés , mais parmi les operculés qui 
touchent pourainfi dire aux Bivalves. 
Ce genre de Coquillage eft compofé 
chez l'Auteur de cinq efpeces , aux- 
quelles il adonné les noms de Dunar , 
àe-Tadin, de Lagar , de Selot, Se de - 
Kifil , noms apparemment fous les- 
quels ils font connus en Afrique. H 
les a obfervées les unes autour des 
Illes de là Magdelene , Se les autres 
entre le Cap Manuel Se leCapVerd, 
ainfi qu'autour des rochers des Illes 
de Corée. Vcvez aux motsDUNAR, 
T A D I N , LA G AR , SEL OT, 
& K1SET. 

N E U' 

N E U N A U G E , nom qu'on 
lionne en Allemagne à un poiffon affez 
reifemblanr â la Lamproie. Les Pê- 
cheurs le nomment Der-Schlœmm-Beif- 
fer. On le pêche quelquefois dans les 
fleuves, mais on le trouve beaucoup 
plus communément dans les endroits 
marécageux : on le tient enfermé dans 
un bocal : de verre , & on ne lui donne 
pour toute nourriture qu'un peu de 
fable , & un peu d'eau de rivière Se de 
pluie ; il faut avoir foin de renouveller 
l'eau deux ou trois fois la femaine. 
Quand la température de l'air doit 
changer, on voit ce poiffon inquiet & 
s'agiter dans fon bocal la veille du 1 



changement , ou feulement une demi- 
journée auparavant ; il avertit même 
quelquefois par une forte de fifUement 
quand il y a une tempête fubite X 
craindre , ou le tonnerre , ou quelque 
choie de femblabfe. On peut le garder 
pendant l'hiver dans les poêles, pourvu 
qu'on le place pns de la fenêtre. Oa- 
BKir.L Claudeu appelle ce poilfon 
1 herûiomttre vivant. On en voit la fi- 
gure Planche VII. fîg. i. dans le Tome. 
IV, de La Partie étrangère des Collec- 
tions Académiques , f. itfj.. 

N H .A 

NHAQUUNDA, po.Ton êw 
Bréfii , que Ray met dans le rang: 
des poiifons qui n'ont point d'aiguil- 
lons , Se qui n'ont qu'une nageoire fur 
le dos. Il y en a de longs de fept , huit 
ou dix doigts ; il- eft large prefque par- 
tout de deux doigts. Il a la tête Se Ia> 
bouche à-peu-prts faites comme celles 
du Brochet ; au lieu de dents , il. a des 
mâchoires rudes comme une lime; l'i- 
ris eft brune : une nageoire règne tout 
le long du dos jufqu'à la queue. Cette 
nageoire eft longue de trois doigts . 
& large prefque d'un : à la fin elle 
eft plus large. Sa queue eft couverte 
d'une peau dure Se noire: fes écailles 
font petites; fon dos Se fes côtés font 
d'un gris obfcuravec un briHant d'ar- 
gent. Ses côtés font marqués de taches 
de la grandeur d'un gros Pois. Parmi 
ces taches il y a plufieurs points bleus. 
Toutes fes nageoires , ainfi que fa 
queue , font de couleur d'or ;. celle 
du dos eft marquée de points bleus. 
Les lignes qu'il a fur les côtés font- 
noires ; Se proche de la queue il en v. 
une de chaque côté , qui s'élève Si 
qui eft de couleur d'or. 

N I E. 

NTEMEGKA- MTSS , nom 
qu'on donne à Gènes , dit Gesnek , 
à la Mufaraigne , petit animal gros 
comme une Souris. Voyez au mot 
MUSARAIGNE, 



N ï F N I G 

NI F AT: Coquillage univaïve du 
Sénégal , qui fe trouve fur la côte ma- 
ritime de Ben , que M. A d a n s on 
sCp.-ya.J met d™s le genre de la Vis. 
L'Auteur dit que l'animal reuemble à 
celui du Mirai & du Rafel .( deux 
autres efpeces du même genre J à cela 
près que fon pied eft suffi long & un 
peu plus large que la coquille , Se que 
le tuyau de fon manteau fort beau- 
coup moins au-dehors Sa coquille eft 
ovoïde , mais pointue à fes deux ex- 
trémités, hlle a près de deux pouces 
de longueur j, & une fois deux tiers 
moins de largeur. On y compte onze 
fpires applaficSj comme dans le Rafel, 
mais IhTes» unies , & renflées plus fen- 
fiblenaent par le bas. L'ouverture eli 
une ellipfe pointue par les deux ex- 
trémités , dont la fupérieure forme par 
Je.prolongcment de la coquille un ca- 
nal affez long. La longueur de cette 
ouverture eftprefque triple de fa lar- 
geur; elle égale la longueur du fom- 
jnet. Un ou deux plis aflëz gros, ou 
arrondis , s'élèvent dans la partie fu- 
pirieure de la lèvre gauche. La cou- 
leur de cette coquille eft un fond blanc, 
tigré d'un grand nombre de taches 
quarrées , qui font jaunes dansles vieil- 
li s , Se -brunes dans les jeunes. Ces ta- 
ches font dilpofées régulièrement fur 
pluficurs lignes., qui s'étendent d'un 
bout à l'autre de la coquille, en fui- 
vant ,1e contour de fes fpires. Ce Co- 
quillage eft figuré dans l'Ouvrage ci- 
deftïts cité , Planche IV. «. 3. C'eftle 
même que le Buccbmm roflratum , in- 
terjeaif lineis faj'datum, de Lister. 
Hifi. Corubyl. Jab. çi^.fîg- 7. 

N I G 

N I G H T I N G AL E , oifeau 
de la Virginie , qui eft une efpece 
dtCoccothratr/Ie. Voyez ce mot. 

NIGROIL, nom que R o n- 
delet ( L. V. e, 6. p. 115. $dit. 
Franc. ) donne au lA'huwpoi d'A R. 1 s- 

T O T E , L. Vlll. C. 2. d'O P Y I E N , 

L. I. f. 5. & L. lll. foi il9- 



N I G 417 

LI E N , L. I. c. 41. p. 48. Se L. XII' 

C. 17. & d'ATHÉK ÉE , L. Vlh 

p. 3 1 3 . Se L. Vlll. C'eft le Melanurut 
d'O v 1 D e , Hctl. V. 1 1 3 . de C o- 
l v m e l l e , h. Vlll. c. 1 6. de Pline, 
L. XXXll. c. 11. de Paul J o y e » 
c. 24. p. 94. de B e l o n , de Fifc. de 

S A LV I E K,fol. l8l.(^l82,deGES- 

n e r , de Aquat. de Jonston, L. 
Le. 1 . de Charleton , p 134. 

de \Pl L LUG H B Y ,p. iïo. deR A Y, 
p. 13 I. Se d'AL D R O Y A N D E , L. /. 

c 13. p. 6\- Gaza a traduit le 
NU> a yKpoç d'An iSTOTEpar Qçulata. 
C'eft un poiflbn à nageoires épineufes , 
Fifcis acumbopurjgius , mis dans le 
rang des Spate s par A R T e D. 1 ( IchtL 
Fart. V. p. 58. ». 4. ) , qui le nomme 
Spams lineis variis longitudinalibus ■ 
macula nigrâ utùnque ad caudant. 
C'eft à caufe de cette marque noire 
qu'il a à la queue , que les Grecs l'ont 
nommé ivuAavapsç , Se G A z A Oculata i 
Pla u te l'appelle Ophlhalrma , à caufe 
de fes grands yeux noirs. 11 a la 
bouche & les dents petites.. Son corps 
tire entre le bleu Se le noir : fa queue 
a une tache noire , Se finit par deux 
nageoires qui fent rougeâtres. Ses 
écailles , qui font larges , tombent aî- 
fément. De la tête à la queue , il a 
une bande d'écaillés rondes qui font 
plus grandes que les autres , marquées 
de petits traits noirs , ce qui le diftin- 
gue du Sparaillon Se du Sargot. 11 a le 
foie grand , la bourfe du fiel y eft at- 
tachée , l'eftomac moyen , le cœur 
fart en angle, Se au ventre unevefl'ie 
pleine d'air. Ce poiflbn n'a pas plus 
de la longueur de la main ; mais ileft 
fin , Se il ne fe prend pas aifément dans 
les rets Se dans la nalfe. La mer étant 
calme , il vient fur le rivage ; quand 
elle eft agitée , il va çà Se là. Il nour- 
rit moins que le Sargot. Sa chair eft 
mollaiTe. 11 fe nourrit d'algue, Se vit 
dans la fange. Celui qui vît dans les 
eaux nettes Se fe nourrit de petits poif- 
fons , a la chair meilleure. On le nom- 
me QçtbiadQ à Rome , Oblaâo à Mar- 
Ff ij 



ïzS N I N N I Q 

feille , 8c Oblada à Nice , félon le rap- 
port de RoNDEL ET. 

N I N 

NING AS , forte de Vermine des 
Indes , rrcs-nuifible à l'homme , qui 
ie cache dans la pouiïiere , 5c faute à 
la manière des Puces ; elle fe fourre 
entre cuir Se chair dans les orteils de 
ceux qui marchent pieds nuds ; elle 
y lailïe fa femence en fi grande abon- 
dance qu'on a de la peine à la détruire 
à moins que ce ne foit par un cautère , 
ou en coupant les chairs où elle s'ell 
nichée. Cette Vermine eft la même 
que le Toits du B ré fil , Se la Chique 
des Antilles. Voyez CHIQUE. 

NINTIPOLO N G A, Serpent 
de l'Ifle de Ceylan., de couleur brune 
tirant fur le noir , avec des taches blan- 
ches, dont la morlùre caufe un fom- 
meil mortel. Ra y , Synop. Meth. Atiim. 
Q:tad. p. 332. 

S e b a dit que le Nintipolcnga , Ser- 
pent des Indes Orientales, eft d'une 
très-belie couleur de marbre: il a la 
tête ornée de petites fleurs ; tout fon 
corps eft d'une couleur de foie , mar- 
brée d'un cendré clair. Ces taches font 
terminées par des bords noirs , fauves 
en quelques endroits , & très-blancs 
en d'autres-. Le front eft d'une gran- 
deur proportionnée , couvert de larges 
écailles de couleur d'un jaune clair , 
Se difpofées en forme de petites fleurs. 
Ses yeux , qui font grands Se bleus , 
brillent beaucoup ; l'ouverture de fa 
gueule qui eft garnie de dents courbées 
& aiguës , eft munie dans fon contour 
d'écaillés épaiffes. Cet animal a la 
langue blanche , aflèz longue ou four- 
chue. La blancheur des grandes écailles 
tranfverfales du ventre brille à l'en- 
droit où elles finiffent , c'eft-à-dire , 
proche de' l'anus. La queue va en di- 
minuant , Se finit en pointe. Tkef. I, 
T^ib- 37. ». î. 

N I Q 

Q P 1 > poiflbn du Bréfil :„ dont 



N I S N I V 

la tête elr. greffe , qui a la bouche d'une 
Grenouille , grande , Se fans dents : fa 
langue eft épaiffe , Se la mâchoire in- 
férieure eft plus grande que la fupé- 
rieure. La moitié antérieure du corps 
eft un peu large; l'autre moitié , qui 
eft la poftérieure , eft étroite & ronde. 
En tout , il a de longueur tout au plus 
fix ou fept doigts , Se de largeur au 
plus un doigt Se demi. Ses yeux font 
petits. A la naiffance de la nageoire 
du dos il a deux forts aiguillons , 8c 
au-deflùs, proche de chaque ouie , ce 
poiffon eft pareillement armé d'un au- 
tre aiguillon pointu. Il eft couvert 
d'une peau. La couleur du dos , des- 
côtés , Se des nageoires eft cf un noir 
fombre , mêlé de gris avec des points 
noirs partout. Ce poiffon fe cache dans 
le fable fur le bord du rivage , Se 
bleffe les paffans. R a y , Synop. MeiL 
Pifc. p. 92. n. 7. Se R u y s c K,dePifc. 
p. 1 34. en parlent; 

N I S 

NISOT, efp ece de Buccin de3 
côtes du Sénégal, qui ne diffère, dit 
M. A D A N s o n ( Hift. Nat. des Co- 
quillages du Sénégal , p. 150.) du Bar- 
net , première efpece du même genre , 
qu'en ce que fon pied a quatre fois 
plus de longueur que de largeur. Sa 
coquille reffemble auflî à la fienne „ 
quant à la figure; mais elle n'a que 
quatre lignes de longueur , Se huit 
fpires chagrinées, ou couvertes de huit 
petits tubercules fort ferrés Se féparés 
par des filions qui forment une efpece 
de treillis. L'ouverture a deux foi3 
plus de longueur que de largeur : elle 
n'a d'autre couleur que le gris-de-lin», 
ou une belle carnation , fans être re- 
couverte d'un périofte. La lèvre droite 
de l'ouverture éprouve les mêmes va- 
riétés de fexe Se d'âge que celles du 
Barnet. Voyez BARNET. 

N I V 

NiVAR , autre Coquillage oper- 
culé , du genre des Pourpres à cana& 



n r v 

évafé , qui & trouve aflez fréquem- 
ment dans les rochers des Mes de 
Gorée Se de la Magdelene. L'animal , 
«lit M. A D a n s o n ( p. 141. J , ref- 
l'emble parfaitement à un autre qu'il 
nomme Vojet , Se qui eft la douzième 
efpece de ce genre. Pour la coquille , 
,11e eft médiocrement épaifle , fort al- 
longée Se pointue aux deux extré- 
mités. Elle a cinq à fix pouces de lon- 
gueur, Se une fois & un tiers moins 
de largeur. Ses onze fpires font ren- 
flées confidérablement Se repliées en 
angle droit vers le milieu, excepté la 
première dans laquelle ce repli ne fe 
voit que vers fon extrémité inférieure : 
îl les fait paroître comme étagées , Se 
îl forme un angle tantôt droit, tantôt 
aigu , tantôt obtus , fouvent garni d'un 
rang de tubercules arrondis. Leur fur- 
face eft encore ornée d'un grand nom- 
bre de petits filions, qui tournent avec 
elles. Le fommet eft un peu plus long 
que large , 8c de moitié plus court que 
la première {pire. L'ouverture eft el- 
liptique , aiguë aux deux extrémités , 
Se deux fois plus longue que large : 
elle fe confond avec fon canal fupé- 
rieur , qui eft ouvert en demi-cylin- 
dre , à bords tranchans. La lèvre droite 
eft aiguë , tranchante , mince , rele- 
vée en-dedans de quinze à vingt fi- 
lets , qui tournent avec la première 
jfpire. La lèvre gauche eft creufée en 
arc vers fon milieu , recouverte d'une 
plaque luifante , polie , fort petite , Se 
prcfque fans bourrelet. Le périofte , qui 
la recouvre reflemble à un drap brun , 
eft tcnace.très-épais Se velouté. Lefond 
de fa couleur eft brun , quelquefois 
violet, tanné, ou de couleur de fuie , 
eoupéparune bandelette blanche di- 
vifée inégalement en deux par un filet 
brun. Cette bandelette commence un 
peu au-delTous du milieu de la pre- 
mière fpire , Se tourne fur la partie 
fupéfiieure des autres. 

L'Auteur a fait figurer ce Coquil- 
lage Planche IX. n. 31. Se dît que c'eft 
1k Cocblea fulvanv JEthïopïs ptllem 



N I X NKANLA 22*? 

Colore (irrtulans , HmsfafciïscinEla \m- 
qualibus , ore valdè angufta , c[uamvis 
in longum produclo , de B o N a n n 1 
(Rccr, p. r<5$. clajf. 3. », 357.), Se 
du Mujhtm de Kir ker , j>. 4.72. 
n. 350. 

Le Buccin de l'Auteur de la Conchy- 
liologie , p. 224. nouvelle Edition, Se 
figuré à la lettre A. de la Planche IX. 
11 eft de couleur fauve , rayé fur toute' 
fa fuperficie ; ksfept étages de fa cla-' 
vicule , qui font applatis , le rendent 
extrêmement rare: 

Et le Fujks brevis, JEthiops à colore*- 
binis fajciis inuqualibus cintlus,àc M. 
Klein, Tent. p. 6i.Jp. 2. rr. 2. g. 

N I X 

NIX-QUANQUECHOLLA : Ce 
Serpent rare du Méxique , dit S"E u A *> 
a les écailles du deflus du corps min- 
ces, d'un brun noir ; le long des deux 
côtés du ventre une bande blanchâtre ; 
le defibus du corps eft d'un jaune pâle ; 
la tête eft oblongue ; la gueule eft 
bai - brune , entourée d'une bordure 
blanche ; la queue eft large Se plate ,> 
magnifiquement tachetée de blanc Se- 
de brun. Thef. IL Tab. 77. n. 1 . 

N K A 

N K A KKO , grande bête féroce" 
qui fc trouve au Royaume d'Angola 
en Afrique. 

N L A 

NLANNETONS, Vers îuî- 
fans du Royaume de Siam. Ils font 
d'un verd doré le plus beau du monde S 
ils brillent pendant la nuit d'une lu->- 
miere beaucoup plus vive que celle 
de nos Vers luifans , Se leurs œufe : 
font de la grofleur d'un Pois. HiJ},- 
Gén. des Voyages, in-4 0 . p. 3 12, 

N O E 

N O E H T O T O LT, oifean 
étranger , de la couleur du Moineau-' 
d'Efpagne , dit S E B A : il a le bec re-- 
corrrbé, pointu , . & jaune jjè pjumagç 



* 3 o NO E N O K 

de la tête & du col eft d'un pour- 
pre foncé , mêlé d'or; le ventre Se la 
poitrine font d'un rouge incarnat ; les 
pieds Se les ongles font longs Se dé- 
liés Se font de couleur jaunâtre ; les 
bords de ces ongles font comme dé- 
coupés. Ce bel oifeau imite le Roffignol 
par fon chant. TbeJ'. I. TaL %. n. 5. 

NOE RZA : Axbejit le Grand, 
dit Ruïsch {de Quad. p. 1 07. c. 2. 
in fin. ) a donné ce nom à une efpece 
de Belette delà grandeur de la Marte, 
dont le poil approche pour la couleur 
decelui d'une Loutre. ■Cet.animal fe ca- 
che dans les endroits les plus épais des 
bois , Se il exhale une très-mauvaife 
odeur. On en trouve, dit Agricola , 
dans les vaftes Se fombres forêts de 
la Suabe du côté de la Viftule.. 

N O K 

NOKOKO , nom que les Nè- 
gres d'Afrique donnent à V Élan. Voyez 
ce mot. 

N O K T H O , nom que les Sia- 
mois donnent au grand Gofïcr. Le P. 
T A C H A K D en parle dans fon fécond 
Journal. Voyez dans le SecQndVvyage 
de ce Bere, L. VI. p. 245. & fuiv. les 
remarques de ce Miflionnaire iur un 
de ces grands olfeaux , qu'il vit bleffé 
dans un voyage qu'il rit à la mine 
d'aiman. Il étoit de médiocre grandeur. 
Dans fa plus grande largeur en y com- 
prenant les ailes étendues , il avoit 
iept pieds Se demi. Sa longueur, de 
■ la pointe du bec au bout des pattes , 
étoit de quatre pieds Se dix pouces. 
La partie fupérieure du bec avoit qua- 
tre pouces quatre lignes de long : les 
côtés étoient recourbés & tranchans. 
En dedans elle avoit trois canelures , 
dont celle du milieu étoit la plus gran- 
de , qui s'ailoit perdre dans une 
pointe fort aiguë , Se courbée vers le 
bas , qui faifoit celle du bec. La par- 
tie inférieure qui portoit la natTe avoit 
quatre lignes moins en longueur que 
la fupérieure : elle pouvoit s'étendre 
fyivant Jebefoin que cet animal avoit 



N O K 

d'élargir ou de rétrécir la natTe , quî 
lui eft attachée. Cette naiîe étoit une. 
membrane charnue, femée de quan- 
tité de petites veines , qui avoir vingt- 
deux pouces de long, quand elLe étoit 
bien tendue. Les Siamois en font des 
cordes pour leurs inftrumens. La plus 
grande ouverture du bec étoit d'un 
pied Se demi. La patte qui étoit grifâ- 
tre , Se du relie lemblable à celle de 
l'Oie , avoit huit pouces de largeur , 
& la jambe quatre de hauteur ; les 
plumes du col étoient blanches , cour- 
tes & veloutées ; celles du dos tirant 
tantôt fur le gris , tantôt fur le roux. 
La couleur des ailes étoit le gris Se 
le blanc , mêlés avec fymétrie. Les 
grandes plumes du bout des ahes 
étoient noires , le ventre étoit blanc. 
Sous le jabot il y avoit des aigrettes 
d'un affez beau gris-blanc ; la groffe 
plume couvroit un duvet , plus épais i 
la vérité que celui d'un Cormoran 
mais beaucoup moins fin. 

Dans la diôeition on trouva fous le 
pannicule charneux , des membranes 
très-déliées , qui eavelovpoient tout 
le corps , Se qui en fe repliant dîver- 
fement , formoientplufieurs finus con- 
fidérables,fur tout entre les cuifles.& le 
ventre.. Entre les ailes, les côtés Se le ja- 
bot, on pouvoit mettre les deux pouces. 
Ces grands finus fe partageoient en 
plufieurs petits canaux , qui à force de 
fe divifer , dégénéroient enfin en une 
infinité de petits rameaux lins iiïue , 
qui n'étoient fenfibles que parles bul- 
les d'air qui les enfloient ; dp forte 
qu'il ne faut pas s'étonner fi, lorfqu'or» 
prefloit le corps de cet oifeau , on en- 
tendoit un petit bruit , femblable à 
celui qu'on entend lorfqu'on preffe les 
parties membraneufes d'un animal 
qu'on a foufflé , pour l'écorcher plus 
lacilem .nt. L'ufage de tous ces con- 
duits étoit de porter l'air qu'ils rece^- 
voient des poumons par la commu- 
nication feniible , que l'on découvrit 
avec lu fonde , Se en foufflant , Se 
de le diiuibusr dans toutes les par- 



NOK 

lies de l'animal. Cette diftribtuion 
diminuoit le poids de l'oifeau , Se 
le rendoit par ce moyen plus propre 
à nager. Chaque bube d'aïr faifoit à 
{on égard à-peu-près le même effet 
que les veiïies pleines d'air , qui fe 
trouvent dans la plupart des poiflbns 
Se la liaifon intime que ces membranes 
avoient avec celles du poumon , nous 
fit croirt! ,. dit l'Auteur , que ce pou- 
vo:t bien être les mêmes, étendues par 
tout le corps. Sous ces membranes 
on trouva de part & d'autre deux doigts 
épais d'une chair fanglante femblable 
à celle de la venaîfon. Le thorax étoif 
compofé de deux os fort larges , at- 
tachés au ftcrmtm , qui formoient une 
voûte très-folide ; deux os , qui te- 
noientlieu de clavicules, & fur lefquels. 
elle portoit , lui fervoient d'impoftes ; 
& les cutis, qui s'y venoient inférer,, 
pouvoient bien paiTer pour les arcs qui 
la foùtcnoient. Cette voûte olTaufe 
avoit fes méninges , auQi-bien que le 
crâne , où les finus qui la traversaient 
faifoient plufieurs petits labyrinthes. 
Les os mêmes -avoient leurs finus. La 
trachée artère fe partageoit immédia- 
tement fur la bafe du cœur en deux 
rameaux , qui faifeient un angledroit 
avec le principal canal : ils étoientap- 
platis à leur origine ; enfuite ils fê ren- 
floient confidérablement avant que de 
fe plonger dans le poumon'. Le paren- 
chyme du poumon étoit afîez ferme ; 
îl étoit plein de finus de figure ovale. 
Les boyaux avoient neuf pieds & de- 
mi de long: ils avoient leurs contoursr. 
Le ventricule étoit un renflement de 
boyaux,, 5c tout droit , a un petit fac 
près qui étoit voifin du pylore. Deux 
doigts au-defTous du pylore il y avoit 
Un' fécond renflement dans le duodé- 
num. Le refium avoit quatre .pouces 
de long , Se un double cœcum , qui , 
fe réfléchiffant vers le haut, adroite 
& à gauche , vendit s'attacher au co- 
lon , &: faifoit aufli une efpece de tri- 
dent. La longueur de chaque cœcum 
étoit de deux pouces. Le ventricule 



N OL NOM 231 

avoit près de deux pouces de long: 0 it 
y trouva deux poifions que cet oifeaut 
avoit avalés ; la main étendue y en- 
troit facilement. Tel eft le Noktho des 
Siamois , nommé en Afrique & en Amé- 
rique grand Go fier , partons les Voya- 
geurs , & Pélicûnipzr les Naturalises,. 
Voyez PÉLICAN. 

N O L 

NOLTIBO, ouNOITlBO», 

nom que les Portugais donnent à ua 
oifèau noiturne , que nous nommons 
Effraie. C'eft 17/>i;<«* des Bréfiliens. 
Voyez au mot I B I J AU, 

NOM 

NOMBRIL MARIN: Selon. 

Rondelet &: les autres Natura- 
lises , c'eft une Coquille qui a à-peu— 
près la figure d'un nombril, R o n — 
DILET ( Part. IL p. 69. & fuiv, 
Êdit. Franc. ) en donne de plufieurs 
efpeces. 

La première , qu'il nomme Cochiez, 
umbilicata, a un trou profond , autour 
duquel il y a plufieurs révolutions" 
faites en vis. Cette coquille eft affez 
femblable à celle du Limaçon de mer; 
mais celle-ci eft de diverfes couleurs: 
elle a des lignes pourprées ,. d'autres 
qui font blanches & claires , comme 
des perles , Se cependant cette coquille 
eft unie Se épaifTe, 

La féconde a auffi un trou, comme' 
un nombril. Ses couleurs font noires, 
blanches , & rouges. Elle eft large par 
le haut Se pointue en bas. 

La troifieme efpece , eft une petite 
coquille de la grandeurd'un Pois chi- 
che , quelquefois un peu plus grande;; 
elle a un petit trou comme un nom- 
bril , marqué de taches rouges comme 
du corail. 

La quatrième eft une coquille afTcz 
grande , tournée en vis , au milieu de 
laquelle il y a un trou. 11 y en a de 1 
diverfes couleurs : les unes font noires 3 > 
d'autres font de couleur de corne ,1 
quelques-unes font- mouchetées elle 



i 3 2 N 0% 

eft fort femblahle de figure aux pe- 
tits Limaçons de terre , qui fe trou- 
vent le plus fouvent contre les plus 
grolTes tiges du Fenouil. 

La cinquième eft une coquille lon- 
guette , tournée en vis , fi de travers 
qu'on n'en peut voir le fond. Cette 
coquille eft de couleur de corne. 

La fixieme eft un Limaçon ridé , 
don le trou eft fait comme celui d'un 
(nombril. Cette coquille , félon R o N- 
Celet, a de grands plis ou rides en 
travers , qui font comme des cane- 
lures : elle eft toute blanche en dedans , 
jaunâtre en dehors , Se très-fragile. Le 
retour ou la vis ne finit pas en pointe . 
Le bout d'en haut eft fort long. Le 
trou comme le nombril eft afiez ouvert 
Se long. 

M. d'Argenville appelle Nom- 
bril marin le Limaçon ombiliqué. Il 
en fait la cinquième efpece des Li- 
maçons i bouche demi-ronde , ou cein- 
trée. Ces Limaçons font lafixieme fa- 
mille de la clafle de fes Univalves. 
Voyez LIMAÇON. 

L'Auteur de la Defcription du Cap 
de Bonne EJpérance , l ame III. p. 151. 
dit que le Nombril marin du Cap eft 
une efpece de Moule, Se 'a coquille 
fe partage en deux , Se reftemble en 
total à celle que les Naturaliftes ap- 
pellent Nombril. Ses deux parties font 
tortillées , épaiftes , & ont fur la face 
extérieure une efpece de croûte rude , 
fi curieufement formée , qu'on la pren- 
drait pour un effet de l'art. Cette fub- 
ftance cruftacée le dilTout dans le vi- 
naigre , & lorfqu'on a enlevé la co- 
quille 1 elle eft d'une belle couleur de 
perle. On orne les cabinets des Cu<- 
rieux de ces coquilles. 

N O R 

NORD-C APER , Baleine qui 
fe pêche furjes côtes de Norvège Se 
<l'Iilande , dont M. A N D E R S o M 
parle dans fon Hiftoire d'IJlande & de 
Grocnlande,Tome I. p. 109. & Tome II. 
f. <j 1. C'eft j.a Balxna glacialis de M. 



N O T N U M 

Klein ( Fifc. Mif. 2. p. 12. n. 
nommée par M. Buisson , BaUna 
bipenms , exnigro canàidans, dorj'o Uvi- 
par A R te di( Synop. p. 106. n. 3. ) , 
Delphinus rofero jurjhm repando, demi- 
bus latis Jcrrato ; Vrca par P l i n ç 
( L. IX. c. 6. Se L. XXXII. c. n.), 
par C u b a , L. III. c. 6$. fol.. 85. b. par 
\V o t T o n ,L. VIII. c. i$$.Jol. 172. 
b, par Bel o n , de Aquat, par Ron- 
delet, L. XVI. c. 13. p. 483. par 

G E S N E R t pi C?3 5 . par S C H O N N E- 

v e l D , p. 53. par Ai.drovande, 
Cetac. c. 6. p. 698. par Jonston, 
L. V. p. 21 7. par Charleton, 
p. 1 (5 8. par f illuchbï, p. 40. 
par Ray, p. 10. Se par S 1 B b a i. d , 
Baiana miner , utràquc maxillà dentatà. 
Cette Baleine reftemble par fa figure 
à la Baleine ordinaire de Groenlande; 
elle en diffère feulement, parcequ'elle 
a la tête Se les lames de corne : ces lames 
garnirent la mâchoire fupérieure ; elle 
eft beaucoup plus petite , & le corps 
plus mince. Sa peau eft lifte, Se d'un 
noir qui tire un peu furie blanchâtre. 
Elle fe nourrit de Harengs. Voyez au 
mot B A L E I N E , Jttonde < fpece , 
Tome I. p- 21 6. de ce Dictionnaire , 
où l'on trouvera l'hiftoire étendue de 
ce poiflbn cétacée. 

N O T 

N O T O N E C T A, nom que 

M. Linnius donne à des Punaifes 
à aviron. Voyez PUNAISES à 
aviron. 

NOTOPEDA: Ce font deux 
cfpeces de Scarabées, dont il eft parlé 
fous ce nom dans les Ailes d'Upjal , 
1736'. p. 15. n. 3. M. LiNNitiiJ 
nomme le premier Elater fiijco viridi- 
anaus ; le fécond Elater tutus mgro* 
fufcus.Voyez RESSORT. 

N U M 

NUMENIUS, nom générique 
que le favant Naturalise Suédois don- 
ne ( Fattna Suec. p. 50. G7" jitiv. ) à 
différentes e/peces d'oifeaux , tels que 

les 



NUS 

les Cari if , ou Corlieux , les Pluviers 
Se les Bécafjines. Voyez ces mots, 

NUS 

NUS A R, Coquillage bivalve 
âu Sénégal, qu'on trouve en petite 
quantité dans les fables du Cap Ma- 
nuel. M, Auanson( Hifi. Nat. des 
Co.juilti-ges.du Sénégal , p. 2 3 8j en fait 
la troisième e/pece de fon genre de 
Tclline. Ii dit que la coquille du Mu- 
far eft beaucoup moins longue que 
celles des deux premières efpeces , & 
par-là elle approche plus de la forme 
triangulaire. Elle n'a que neuf lignes 
de largeur & fept de longueur , fur 
une profondeur une fois moindre. Son 
extrémité inférieure forme une furface 
trcs-larg e , & plus applatie que celle 
de la première cfpece. Extérieurement 
elle elt marquée de foixante filions 
longitudinaux , qui différent de ceux 
de la première efpcce , en ce qu'ils 
font plus profonds , Se piqués d'un 
nombre de petits points allongés & 
tranfverfaux. Ces points qui font pref- 
que infenfibles à la vue , fe découvrent 
facilement par le moyen du verre len- 
ticulaire de trois à quatre lignes de 
foyer. Le bord de chaque battant n'a 
que foixante petites dents. Le foin met 
tlt placé fort au-de{fous du milieu de 
leur largeur. On compte à la charnière 
de chaque battant cinq dents , dont 
trois plus petites font rapprochées vers 
le fommet ; les deux autres en font 
aflèz écartées. L'intérieur de cette co- 
quille eft d'un violet foncé , appro- 
chant du noir. Dix à douze bandes vio- 
lettes, qui partent du fommet , s'éten- 
dent au-dehors , comme autant de 
faifeeaux , jufqu'à fa circonférence. Ce 
Coquillage eft figuré Planche XVIII. 
». 3. 

L'Auteur range fous le nom de Na- 
ja r , la Teliina maris Italici , intrin- 
jecits cvlort fulvo cum urreo Porraceo- 
(jue mixto , intrinjecus vero , ut pluri- 
mitm cyaneo , iriterdhm laileo , confufb , 
de B o n a n n 1 , Recr. p. 1 04. clajj. z. 
Tome III. 



N Y M 335 

n. 37. Se du Muf&'tm de Kirker, 
p. 443. n. 36". 

La Teliina umbone omnium acutiffl- 
mo , tefla coloribus dwsrfîs t quafi tef- 
fcllato opère decoratâ , admodum termi , 
de Bonanni, Recr. p. 104. ctajf. 2 . 
». 38. du Mufaum de Kirkf.r , p. 443. 
». 37. & de M. Klein , Teni. p. 1 jo. 
Jpec. J. 

La Teliina purpurafeens , margine (i- 
tntofo , Jamaïctnfis , de Lister. , Hifl. 
ConchyL Tab. 316. fig. 218. & 219. 
& de M. Klein, Tent. p. 1 60. 
Jpec. 11. 

La Teliina inxqidl atera , Jrriata, de 
L a n g 1 u s , Meth. p- 7 2. 

La Teliina intqitilaiera , altéra latere 
truncato & firiato, margine interno den- 
tato , candida , inius purpura Je ens , de 
Gualtieri, Ind. pag. & Tab. 8p. 
lin. D. 

La Teliina firiata , tefiâ ptilchrâ , fo- 
rts albâ , plana , Jubtiliffimâ , ftri.itâ, 
de M.Klein, Tent. p. 1^0. jpec. 3. 

N YM 

N Y M P H E : C'eft le changement 
d'un Ver en un infecte volatil. Les 
noms de Nymphe, d'siurélie, deChry- 
J.dide , de Fève , Se de Necydalt , ne 
lignifient qu'une feule Se même cho- 
fe , dit le favant Sïammerdam, 
pareeque la Nymph? proprement dite, 
ik la Nymphe qui eft dorée & que l'on 
a nommée par cette raifon Chryfalide, 
ou Aurélie, ne différent entr'eiies que 
par la couleur Se par d'autres varié- 
tés trop fuperficielles , pour conltituer 
deux efpeces diftinctes de la Nymphe 
8c de la Chryfalide. Toutes deux ne 
font autre chofe que le Ver ou la Che- 
nille parvenue à l'état de parfait ac- 
croiffement Se de dernier développe- 
ment de fes membres , état analogue 
à celui de la fleur dans le bouton : en 
effet la Nymphe contient l'infeîte qui 
en doit fortir. Cet infecte y eft par- 
faitement formé , ou plutôt la Nym- 
phe eft cet infecte même renfermé dans 
fon enveloppe ; ainfi , à proprement 



*34 N Y M 

parler, le Ver ou la Chenille ne Te 
change pas en Nymphe , mais devient 
Nymphe par l'accroitlcmcnt Se le dé- 
veloppement de fes membres; & de 
même la Nymphe ne fe transforme pas 
en animal ailé : mais c'eft encore ce 
même Ver, cette même Chenille , qui 
devient un animal ailé , en quittant fà 
dépouille de Nymphe , Se il ne fe fait 
pas ici plus de changement que dans 
le Pouffin , lequel ne fe transforme pas 
en Coq ou en Poule , mais qui de- 
vient l'un ou l'autre par i'accroiflê- 
ment de fes membres : de même en- 
core le Têtard ne fe change point en 
Grenouille , mais devient Grenouille 
par un femblable développement. On 



N Y M 

peut voir au furplus ce qu'a écrit 
Swammerdam, dans Ion Bibtui 
Natura , fur l'état de Nymphe , confi- 
déré comme le fondement de toutes 
les transformations des infectes , ainfi 
que fur la manière dont les Vers & les 
Chenilles paffent à cet état de Nym- 
phe , Se les erreurs de quelques Natu- 
ralises fur la nature de la Nymphe „ 
inféré dans le Tome V. Partie Étran- 
gère des toilettions Académiques , p. J>. 
& fuivantes , où iL en ell amplement 
parlé. 

NYMPHE: Athénée don- 
ne ce nom à un poïflon qu'il met a«t 
rang des Écrevi/jes » ou des Cancres*- 
Voyez ces mots. 



2 35 



OBLOCEOCO OCO 



B L A D O , félon Ro N . 
# Jdelet, & OBLADA, 

félon A R T E D I , nom qu'on 
donne à Marfeille au Melanurus , poif- 
fon de mer. Selon ces deux mêmes 
Jchthyologues , on le nomme à Rome 
Occbiad» & Occbiata. Voyez au mot 
NI GROIL. 

O C E 

OCELLATUS, Serpent qu'on 
voit au Cap de Bonne - Lfpérance : 
fon nom Latin , qui fignifie Serpent 
qui a des yeux , lui a été donné à cau- 
fe de diverfes taches qu'il a fur fa 
peau noire. On l'appelle en Allemagne 
Jug-SMang, qui veut dire Serpent 
d'yeux , Se Serpent qui s'élance , à 
caufe de la vîtelîe avec laquelle il fe 
jette fur fon ennemi , lorfqu'il en trou- 
ve l'occafion , ou avec laquelle il s'en- 
fuit, s'il n'en trouve pas le moment 
favorable : mais un petit coup de bâ- 
ton qu'on lui donne fur le dos fuffit 
pour l'arrêter , Se le mettre hors de 
combat. Alors il eft fort ailé de le tuer , 
dit Kolbi. , Ocjcript. du Cap deBonne- 
Ejpérame, J urne l il. cbap.j. p. 78. 

OCO 

OCOCOLIN: Les Mexicains, 
félon S E b a , donnent ce nom à une 
eïpece de Pic , Se à une Perdrix de 
montagne du Mexique. 

Vuc ucoiin y efpece de Pic , eft d'un 
plumage fi magnifique Se fi brilknt , 
qu'on ne fe l'imagineroit pas , fi la Na- 
ture ne le montro ; t tel à nos yeux. 
Cet incomparable oifeau eit de la gran- 
deur du Pic , dont il a le bec , mais 
un peu plus voûté & fort pointu. Son 
plumage eft d'un noir d'éb.ne , varié 
cà Se L\ de bleu célefte éclatant. Le 
bout de fes plumes noires eit coloré du 



même bleu. Sa gorge eft d'un pourpre 
tivs-vîf. Son ventre Se fes cuiifes font 
d'un bleu mourant. Hernandez , & 
d'autres Auteurs , apurent qu'il a le 
ramage de l'Alouette. On l'apporte du 
Mexique Se des forêts de Tetzcocanara 
au Bréfil S e e a , Thef. II. Tab. 90". 
n. 3. Se Raï , Synop. Metb. Av. p. 10*3. 
en parlent. 

h'Ococolw, Perdrix montagnarde du 
Mexique , eft de la taille de notre Cor- 
beau , Se porte lur fa tête une longue 
Se belle crête ; fon bec eft rougeâtre, 
court , gros , femblable à celui des 
Perdrix , mais beaucoup plus grand. 
Les yeux font brillans , défendus par 
des paupières auffi rouges que le fang, 
lefquelies font fortifiées dans leur con- 
tour, par leurs éminences pointues ; 
cela plaît d'autant plus à la vûe , que 
non-feulement les plumes de La crête , 
dont quelques-unes s'étendent fur le 
bec , mais auffi le plumage du corps , 
font brillans d'or, de bleu Se de verd. 
Les ailes font peintes d'un pourpre 
clair. Les plumes des côtés , le bout 
des maîtreifes plumes , Se les plumes 
de la queue , font tout-à-fait noirâtres. 
Les cuilTes font couvertes de plumes 
allez longues. Les pieds gros Se courts 
fe fendent en doigts garnis de grands 
ongles. S e b a , Ibij'. I. Tab. 6^. n. 1. 
Se Ray , Synop. Mttb. Av. p. 57. en 
font mention. 

OCONOTOTL: C'eft un Pic 
du Mexique de la plus grande elpece. 
Voyez P I C. 

O C O T Z I N I T Z C A N : Cet 
oifeau , qui eft de la grandeur d'une 
Colombe, ell d'un beau jaune. Il a" la 
tête Se le col de couleur noire ; les 
grandes plumes des ailes font noirâ- 
tres , Se ombrées d'un jaune pâle ; le 
delïus Se le deflbus du corps font du 



2j6 o c o m d 

même jaune , avec quelques nuances 
d'un jaune plus foncé; une large ban- 
de noirâtre parcoure en ferpentant fa 
queue jaune Se longue. 11 a le bec 
jaune , pointu , Se les pieds gris. On 
appelle en Amérique ces oifeaux colo- 
rés de différens jaunes , Ocotùnitz.can. 
Voyez S e b.a , Thef. I. Tab. I . ». 3. Se 
Ray, Synop. Me th. Av. p. 154. 

OCOZUALT, forte de Ser- 
pent , qui fe trouve au Mexique dans 
la Province de Tlafcala , Se dont la 
morfure eft. mortelle. Ce Reptile eft 
long de quatre palmes Se quelquefois 
de plus , Se moyennement gros. 11 a la 
tête faite comme celle d'une Vipère, 
Se le ventre blanc tirant fur le jaune. 
Les côtés font couverts de certaines 
écailles blanches , avec des lignes noi- 
res par intervalles. Cet animal aie dos 
brun Se prefque noir , Se quelques raies 
brunes qui finiffent au dos. Il fe remue 
fort vite par les rochers Se les préci- 
pices , & plus lentement dans un lieu 
uni. 11 a autant de fonnettes au bout 
de la queue qu'il a d'années , Se fes 
fonnettes qu'il' fait mouvoir violem- 
ment Se fonnerfort haut, quand il eit 
fâché , fe fuîvent l'une l'autre à la 
façon des os de l'épine du dos. Ses 
yeux font petits Se noirs , Se il a deux 
dents courbées à la mâchoire haute » 
qui communiquent fon venin. Il en a 
encore cinq autres en chaque mâchoi- 
re, qu'il laide voir en ouvrant la gueu- 
le. Ceux qui font blcffés de ce Ser- 
pent meurent en vingt-quatre heure9 
de temps, avec de grandes douleurs :. 
tout leur corps fe fend en petites cre- 
valfes'. Les Sauvages mangent fa chair , 
Se leurs Médecins fe fervent de fes 
dents 8e de fa graiffe. Ce Serpent eft 
une efpece de Serpent à fonnettes, au- 
quel les Mexicains ont donné le nom 
à'0coz.oah. Voyez au mot BOICI- 
3SINGA. 

(1 D 

<E D I C N E M O N : Cet oîfeau ;> 
ielwu Albin {Totae-L ». ég,£,a.di&~ 



m d 

huit pouces de longueur , depius h 
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de 
la queue, Se vingt pouces jufqu'à l'ex- 
trémité des griffes. 11 a trente-fix pou- 
ces de largeur , les ailes étendues : le 
bec , depuis la pointe jufqu'aux coins 
de la bouche, reiTemble un peu à ce- 
lui d'une Mouette , avec cette diffé- 
rence , qu'il eft droit , pointu , noir 
jufqu'aux narines , Se le refte jaune) 
les yeux ont l'iris de cette dernière 
couleur , ainfi que les borda des pau- 
pières , Se il fe trouve fous les yeux 
un efpace dégarni de plumes qui eft 
d'un verd jaunâtre : les jambes en font 
longues Se jaunes ; les grilles petites 
Se noires. Cet'oifeau n'a que trois doigts 
de devant ; celui de derrière lui man- 
que : tous font unis par une certaine 
membrane , qui commence à la fécon- 
de jointure fur le dedans du doigt du 
milieu , à la première fur le dehors 
Se s'étend prefque aux griffes des doigts 
de dehors. Les jambes font fort épaif- 
fes au-deffous des genoux , Se au- 
deffus. Les cuiffes font dégarnies de 
plumes à plus de la moitié , ce qui 
marque que c'eft un oifeau aquatique. 
Le menton , la poitrine Se les cuilfcs 
font blanchâtres; la gorge, le col , le 
dos Se la tête font couverts de piumes , 
dont le milieu eft noir, Se leurs bords 
font de couleur de Frêne rougeâtre 
ièmblable à celle du Corlieu. Il eft 
appcllé par les habitans de la Pro- 
vince de Norfolck , the Sihone Curleiv 
ou Corlieu de rocher. Dans chaque aile 
il a environ vingt-neuf grandes plu- 
mes , dont la première Se la féconde 
ont une tache blanche qui traverfe , Se. 
la furface extérieure en eft noire. Lea 
quatre fucceffivement après celles-ci 
font noires. Les trois fuivantes ont 
leurs bouts Se leurs bords blancs , & 
précèdent treize autres plumes noires-,. 
Celles qui font tout près du corps; 
font de la même couleur. Les premiè- 
res plumes du fécond rang font noi- 
res - y les autres ont leurs pointes blan- 
ches, Se fous ces pointes on voit une - 



m i 

raie , ou bord de noir , qui traverfe ries 
plumes couvertes du delTbus des ailes , 
particulièrement celles qui fortent des 
épaules, font fimplement blanches. La 
queue a cinq pouces de longueur , Se 
confifte en douze plumes diverfifiées , 
comme celles du corps Se des ailes. 
Les boyaux font grands. Cet oifeau 
engendre dans la iàifon fort avancée. 
On a trouvé que les petits n'étoient 
point en état de s'envoler à la fin du 
mois d'Octobre. Les cris que ces oï- 
feaux pouffent refltmbknt à ceux du 
Pluvier verd. Albin dit avoir ob- 
fervé qu'ils courent très-vite, & que 
quand ils s'arrêtent, ils ne font aucun 
mouvement de la tête ni du corps , 
pendant un temps confidérable , pas 
même le moindre clin d'oeil. Les au- 
tres Naturalises donnent le nom d'CE- 
âienemon à l'Outarde. Voyez ce mot. 

m i 

ŒIL DE BŒUF, oifeau qui 
fe trouve à Sierra-Leona en Afrique, 
& au Cap de Bonne-Efpérance , où on 
lui a donné le nom d'fEil SccVÈlan- 
ceitr i l'un , à caufe de la multitude de 
taches blanches de les plumes noires 
mouchetées , Se qui ont l'apparence 
d'autant d'yeux ; l'autre , A caufe de 
la légèreté avec laquelle il s'élance 
pour fuir ou pour attaquer ce qui le 
bleflé. 

(EIL PEINT, oifeau du Mexi- 
que , nommé Izcuicuil, qui eft de la 
grandeur d'un Moineau. 

CE I L DE BOUC, ou LE- 
PAS, ou PATELLE, Coquil- 
lage de la claffe des Uni valves. Voyez 
LEPAS. 

(EILDE PAON, beau Papil- 
lon, provenu d'une Chenille, qui fe 
nourrit de feuilles d'Ortie , ainfi nom- 
mé par Goedard( Part. L ) , par 
L i s te R , p. i. /. t. par Petivert , 
Muf. p. 34. ». 3 14. par Al b 1 n , Inf 
Ang. Se par Valentin Herb. f. 57.- 
aïhfi que par M, DE RéAUMUR 
far les autres;. 



CE N 137 

R AT ( înfecl. iftftvj».'}.) le nomme 
Tapïlio elegayiiijjima ad Urticariam ac- 
cèdent, (ingidis alarum maculiy ociiloi 
imitantibus. Mouffet ( Edit. Ang. p. 
5>58, Edit. Lat. -p. 99. ) Se H o ffn a- 
G e l ( Inj. t. 1 2. fi 9. ) , de mime que 
J o n s T o N ( Injetl. p. 40. ) Se M c 
M E R 1 A N ( Infect, de l'Eur. jl'appel- 
Ient Regina omnium > & M. LinnjEUS 
( Fauna Sitec. p. 234- n. J"j6. ) lui don- 
ne le nom de Papilio tetrapiis , alis an-~ 
gularibus fulvis , nigro maculatis , 07M- 
nibus ocello cxruleo variegatisr 

CE N 

ŒNANTHE:Ce nom Grec eft 
donné à ditférentes efpeccs d'oifeaux. 
Le premier cil nommé Vitiftora et* 
Latin. C'eft le Cul blanc , ou le Vitréa 
de B e I, o n , nommé par M. L 1 n— 
NJEUS( Fauna Suec. p. 82. n. 217. ) y 
Motacilla dorj'o cano , fronte alba , ocu- 
lorttm regïombus aigris ; en Anglois , tbe 
Fallow Smicb ; dans la Province de' 
Sulfex , the Wheat Ear ; en Suédois 
Stenfqiietta. 

11 y a une autre efpece de Cul blanc,' 
dont parle A t. d r ovand e , nom- 
mé par R A y ( Synop. Meth. Av. p. j6.- 
n. 2.) , (Enanthe altéra d'A L D R o- 
V A N D E. 

Le troifieme (Enanthe, nommé Ru- 
bicula par le même Naturalifte ( ibid, 
». 3. ) , eft encore une efpece de Cul 
blanc. Les Anglois le nomment th& 
Whin-Chat. Cet oifeau a le dos bien; 
coloré , la moitié des plumes noires 
& les bords blancs ; deux taches blan- 
ches aux ailes : le deffous de la queue-" 
eft blanc; les petites plumes qui cou- 
vrent la queue jufqu'à la moitié , def~ 
fus Se delfous , en cachent entièrement 
la blancheur. Il a une ligne blanche , 
qui commence au coin du bec Se viens 
finir derrière la tête. Cet oifeau a le 
bec , les pieds Se les ongles noirs';- 

Le quatrième (Enanthe eft la Mitf— 
cicapa tertia d'A l drovandEj.ê 
îa Rubetra , ou Traqitei de B e e o m. 
iLes Anglois- nomment cet" oiïkzwSè&itF 



e 3 8 (E S O G N OIE 

Smifch , ou Stone Cbatter , & TuRNE- 
rus , Àloor-Titling. M. Linn/eus 
t FtfWM Sttec. p. 82. ». 218.) nomme 
cet oifeau Motaciila nigricans , j'uper- 
ciliis albis , macula alarum alba , gulâ 
fiavefcente. Voyez TRAQUET. 

L'GEnanthe quarta de R A ï & de 
Willughdy, nommé auflî Monti- 
cole y de fon nom Latin Monticola , eft 
le Coldfinch des Allemands. Voyez aux 
mots MONTICULE & CUL 
BLANC , pour la defcription des 
différentes efpeces. 

Œ S 

CES T RUS : C'eft le nom géné- 
rique que M. Linnsus ( Fauna 
Suec p. 306.) donne aux Mouches à 
deux ailes. Celles qu'il décrit {«. 1024. 
& Juiv. ) font au nombre de fix efpe- 
ces. Voyez MOUCHES à deux ailes. 

O G N 

OGNELLA, efpece de Pour- 
pre de la Méditerranée , aînfi nommée 
par les Vénitiens , & que les Génois 
nomment Roncera. Rondelet en 
parle, dans fa féconde Partie, Edition 
Franfoi/e , page 45. Elle approche du 
Bolin de M. Adanson, qui eft nne 
efpece de Pourpre à canal très-long , 
commune au Sénégal aux llles de la 
Maf delene. Voyez POURPRE Se 

BOLIN. 

OGNIELLA, nom qu'on don- 
ne à Rome , dit B E L o n (de Aquat. 
p. 420. ) , à une autre efpece de Co- 
quillage 1 qui eîl le Murex marmoreus 
de Rondelet. Voyez MUREX. 

O I E 

OIE, ou O Y E : On verra au 

* Cet oifeau eft nommé en Grec X.S ; en 
Latin Anfir ; en Anglois, ihe Tante Qoofe ; 
en Suédois , Goas ; en Allemand , Gjw/z ; en 
Italien, Oc a ; en Elpagnol , Ganzv. Suivant 
M t nage, Oie, ou Oye , vient A'Oge , qui 
fe trouve dans nos vieux Auteurs , formé 
(L'Auckfl , Auca, Ocha , ou Oga. On diloit 
autrefois Que pour Oie. De-là à Paris le nom 
<£e la rue aux Quel , dite par corruption la 



O I E 

mot OISEAU que M. Lin n /eus 
par Aves AnJ "ères entend non-feulem°nt 
la Palette , le Cygne , l'Oie privée Se 
faubagé , la Bernazle , la 'Tadorne de 
iiELON, mais encore les Canards Se 
tous les autres oifeaux aquatiques du 
genre des Canards. Pour les oifeaux 
aquatiques palmipèdes, qui appartien- 
nent proprement au genre d'ôie , An- 
jerimimgcnus , ce font le Cygne domefli- 
qut Scjauvage , l'Oie priv.'e ScJ'auvage, 
la Bcrnaclc , le Brenta des Anglois , 
qui eft le Canard à collier de B e L o N ; 
un autre nommé Brcntus par J o hnson j 
hptite Oie d'Efpagne, une Oie noire 
très-grande, ['Oie de marais, V Oie- 
Cygne de Guinée , l'Oie de Gambr* , 
l'Oie de Canada , l'Oie ou-le Canard, 
de montagne de Spitzberg , Sec. M. 
Klein, p. 1 28. compofe la cinquième 
famille d'oifeaux palmipèdes, divifée 
en difrérens genres. Le premier con- 
tient les Oies & les Canards. 

Les marques caracirériftiques de ces 
oifeaux font d'être grands de corps » 
d'avoir le col long, les ailes amples , 
ainfi que la queue qui eft ronde ; un an- 
neau blanc proche du croupion ; le dos 
élevé Se rond & non auflt plat que dans 
le genre des Canards , Se enfin le bec 
épais à la bafe , pointu vers le bout Se 
plus crochu que celui des Canards. 

OIE DOMESTIQUE*: 
M. L 1 y n /E u s (Fauna Suec. p. 3 2. 
». 00.) l'appelle , ainfi que l'Oie J'ait- 
vage , Anas roftro femi - cylindrico , 
corpore Juprà cinereo , fubttts albido , 
redvicibus mar^ine albis. L'Oie domefti- 
que , félon R a y ( Synop. Meth. Av. 
p. 1^6. n. 3 J, eft plus petite que le 
Cygne , Si plus grande que le Canard. 
Ellepefe bien dix livres quand elle ell 

rue aux Ours , à caufe du grand nombre à'Oiei 
que nourriifoient les RôfilDurs ou Oyers , qui 
de rout temps ont habité particulièrement 
cette rue. Le petit de l'O/V le nomnioit d'abord 
Oyon, puis Oyfon, ou Oîfm. M. té D. chat 
nou, apprend qu'en plufieurs endroits de b 
France on appelloit un Oifon Siiilot, à Sibi- 
lando, comme qui diroit Siffleut, On a nommé 
le maie Oyard, Jard , Jar % ou Jai j. 



0 I E 

engraifTée. Sa longueur , depuis le 
bout du bec jufqu'au bout des pieds , 
eft de trente-fept pouces & demi, Se 
jufqu'au bout de la queue , de trente- 
cinq pouces Se demi. Elle a le bec , 
depuis la pointe jufqu'aux coins de la 
bouche , long de deux pouces trois 
quarts, & jufqu'aux yeux, de trois pou- 
ces Se demi ; la queue longue de fix 
pouces Se demi , compofée de dix- 
huit grandes plumes , dont les exté- 
rieures font les plus courtes , Se les 
autres plus longues infenfiblement , 
jufqu'a celles du milieu j qui font les 
plus longues , Se vingt-fept grandes 
plumes à chaque aile. Elle a le col 
plus court que le Cygne & plus long 
que le Canard. Sa couleur varie , com- 
me dans tous les autres oifeaux do- 
meftiques : elle eft brune , cendrée ou 
blanche , ou mêlée de brun Se de 
blanc. Le mâle eft ordinairement blanc. 
Le bec Se les pieds des jeunes font 
roux , Se ceux des vieux font ordinai- 
rement rouges. Quand l'Oie eft en 
colère, elle fiffle comme le Serpent, 
L'Oie privée, comme le dit Bel on 
{de la Nat. des Gif. L. III. chap. 3. 
jp. 156". } tire fon origine de l'Oie fau- 
vage. II y a , félon ce Naturalifte , 
deux efpeces d'Oies privées : l'une eft 
plus grande , de plus belle couleur Se 
plus féconde , Se l'autre , qui tire fur 
l'Oie fauvage , eft plus petite Se de 
moindre revenu. Les bons Economes, 
qui favent tirer avantage des Oies , 
favent préférer la grande efpece à la 
petite , Se fur-tout celles qui font blan- 
ches ; car celles dont le plumage chan- 
ge de couleur , paifent pour être de 
mauvaife race. Willughby rapporte 
que' l'Oie vit long-temps , Se qu'un 
ami très -digne de foi lui a raconté 
que fon pere avoit eu une Oie âgée de 
quatre-vingts ans , qui n'étant aucune- 
ment affaiblie par la vieillefle , fem- 
bloir pouvoir vivre encore long-temps, 
fi on n'eût été contraint de la tuer, à 
caufe de fa méchanceté Se des mauvais 
îraitemens qu'elle faifoit aux Oijçns. 



Il ne parolt pas que les Anciens euf- 
fent la coutume de fe coucher fur la 
plume d'Oie. P L 1 N e ( Hifi. Nat. 
L. X. c. 22.) cependant dit qu'on en 
faifoit des oreillers ; mais ce n'étoit 
que pour mettre fous la tête. Ce qui 
fait croire , dit B e l o n , que les 
Anciens ne connoiffoient pas les lits 
déplumes, c'eft qu'aujourd'hui ils ne 
font pas encore en ufage chez les Peu- 
ples du Levant. Leurs lits font corn-- 
pofés de bourre de Chameau , de laine v 
de coton Se des fommités de rofeaux. 
Va ru on SeCoLUMELi. e, qui ont 
beaucoup écrit fur l'Agriculture , ont' 
donné la manière de faire couver les 
Oies. Aristote a donné une deferip-- 
tion anatomique de cet oifeau , & le 
diftingue en grand Se en petit; mais 
Pline fait une différence de l'Oie 
domefliqiie Se de l'Oie fauvage. Les 
Anciens n'ont point fait de cas des oeufs 
Se de la chair de l'Oie, Ils l'ont regar- 
dée comme excrémenteufe Se de diffi- 
cile digeftion , pareeque c'tft un oifeau 
de marais. Il eft vrai que fa chair eft 
humide Se vifqueufe ; mais nous fai- 
fons cas aujourd'hui d'une jeune Oie 
bien nourrie Se gralfe. Les Anciens' 
n'eftimoient que le foie de l'Oie , par- 
cequ'ils le trouvoient de bonne di- 
geftion. Mais B e l 0 n fait remarquer 
que le jeettr des Latins eft le géfier, & 
nous , nous entendons par jecur le foie, 
La graiffe de l'Oie chez les Romains 
paffoit pour quelque chofe d'exquis. 
On ne fait cependant pas fi les Méde- 
cins en faifoient ufage. 

LeHainault, l'Artois, les Régions 
Septentrionales fourniifent beaucoup 
d'Oies. Elles font leur ponte depuis le 
premier Mars jufqu'à la fin de Juin,. 
On les dépouille de leurs plumes en 
Mars Se quelquefois en Septembre. Les 
Oies accoutumées dans les maifons font 
d'auffi bonne garde que les Chiens. On 1 
en voit le long de la Loire s'affem'r.hr 
en cerrains temps de l'année Se faire' 
leur paifage en d'autres pays , d'otV 
elles revienneat-enfuite,. chacune dans< 



24° OIE 

leurs maifoRS , ce qu'elles pratiquent 
tous les ans. Cet oifeau eft trc's-vigi- 
lant S: a le fommeil fi léser, qu'il fe 
réveille au moindrebruit. Les Romains 
ont mis les Oies au rang de leurs oi- 
feaux lâcrés , pour les avoir avertis de 
l'approche des Gaulois , prêts à s'em- 
parer du Capitole. 

Les Oies privées , comme les Oies 
fauvages , aiment les lieux maréca- 
"geux "Se les environs des eaux. Elles 
fe nourrifTent de bleds Se de grains : fi 
l'on n'y prend garde , elles peuvent 
gâter tout un pays en très -peu de 
temps , pareequ' elles arrachent les 
grains & les racines, Se que leur fien- 
te eft brûlante. Dans certaines Pro- 
vinces de France on tire un grand pro - 
fît des Oies : aufiî y en voit-on après 
la moiflbn de nombreux troupeaux 
pâturer dans les champs avec les Din- 
dons. Dans l'automne on les engraifie 
dans lefpace de quinze jours ou trois 
femaines avec de la pâtée, en leur cre- 
vant les yeux. On en fait vers la Saint 
Martin un débit confidérable. La Jtif- 
quiame Se la Ciguë font mourir les 
Qifotts. L'amande amere £ft auffi un 
poifôn pour eux , comme pour les 
Canards Se les autres oifeaux. 11 n'y 
a pas de Volaille plus fujette à produi- 
re des monftres que l'Oie. Les gens de 
la campagne ronnoiffènt par la gran- 
deur & par la figure des œufs ceux qui 
doivent en faire naître, Se ils les rejet- 
tent comme n'étant pas propres pour 
couver. A l d a ovande nous a 
donné les figures de plufieurs monftres 
en ce genre ; i°. d'un Oij'on à deux 
têtes fur un feul col , avec quatre pieds 
Se autant d'ailes ; 2°. d'un Oijvn i 
deux cols Se à deux corps; 3 0 . d'une 
Oie à quatre pieds, qu'il affaire avoir 
vue à Bologne Se qui a vécu quelques 
années. Chrétien-François Paulin 
dit avoir vu en 1 66^ . au mois dç Mai , 
dans le Duché de Holftein , près d'Itr- 
zehoa , une Oie mâle, grande, cou- 
rageufe Se d'une belle couleur blan- 
che , qui aYoit fur la tête une petite 



O I E 

Corne pointue. On lit dans les Ëphé- 
mérides des Curius: de la Nature , 
Obferv. 6 j.queDANiEL Kketschmer 
de Gorlitz, ayant fait couper la tête 
à une Oit grade, fut fort furpris de 
voir couler une liqueur blanche au lieu 
de fang. Quand i'Oie fut ouverte, on ne 
trouva dans le foie Se dans tout le refte 
du corps qu'une pareille liqueur blan- 
châtre, fans y voir une feule goutte 
de fang : au refte cette Oie rendit beau- 
coup de graxffe à la broche. Ceux qui en 
mangèrent la trouvèrent d'un bon goût 
& n'en furent point incommodés. 

OIE S AD V AGE : Cet oîfcau 
ne parolt parmi nous que l'hiver. Il 
fréquente les terres labourées, où il 
pâture. Il eft déplus petite corpulence 
que l'Oie privée. Aristote Se Pline 
les diftinguent l'une de l'autre. Il y en a 
qui ont cru que ce que nous appelions 
Oie fauvage étoit un oifeau privé , qui 
venokpafTer l'hiver parmi nous, Sequi 
s'en retoumoitpafTerPété dans fon pays 
natal. Belok ( de la Nue. des Oif.L. HT, 
£■.4. p. 158.) rejette ce fentiment ; 
car les Oies fauvages ne peuvent être 
nullement apprivoifées. La graiffe en 
eft meilleure que celle des Oiesprivces. 
Les des fauvages arrivent chez nous 
après les Grues : elles y reftent pen- 
dant l'hiver , au-lieu que les Grues 
vont plus loin chercher les pays chauds. 
Les Oies fauvages volent par bandes 
le jour Se la nuit avec beaucoup d'or- 
dre , en forme de triangle fans bafe , 
comme font les Grues Se les Canards 
fauvages. Leur cri fe fait entendre de 
fort loin : aufii remarque-t-on que 
dans l'Oie faUVagt la trachée-artere eft 
réfléchie , comme dans la Grue , en 
façon de trompe. 

Alsin t (Tome I. n. po.) donne ainfi 
hdefcriptîon de l'Oie fauvage. Cet oi- 
feau à onze pouces de long , depuis 
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de 
la queue , Se cinq pieds de large , les 
ailes étendues. La longueur du col . 
de la pointe du bec jufqu'à l'emboîte* 
ment des ailes , eft de dix-fept pouces. 

Soit 



O I E 

Son bec a deux pouces Se trois quarts 
de longueur. Le derrière de la tête , 
le dos , le col Se généralement tout 
le défais du corps , excepté les plumes 
qui font fur la queue , font d'un brun 
foncé; mais les plumes couvertes du 
deiîus des ailes font de couleur de Frê- 
ne bleuârre. Les fécond, troifieme & 
quatrième rangs des plumes de l'aile, 
suffi-bien que les plumes (capillaires, 
ont des bords blancs à l'entour de leurs 
pointes. Les plumes qui font attenantes 
à la queue font entièrement blanches. 
Les longues plumes des ailes font au 
nombre de vingt-fept , d'un brun fom- 
bre Se preique noir. La queue a fix 
pouces de longueur: elle eft compo- 
fée de dix-huit plumes brunes , qui 
ont leurs pointes Se leurs bords exté- 
rieurs blancs. La poitrine Si le deflbus 
du corps font d'un gris clair , tirant fur 
le brun & qui s'éclaircit de plus en 
plus depuis la tète jufqu'à la queue , 
fous laquelle tout eft blanc. Le bec eft 
d'un jaune foncé, ou couleur defafran, 
Se la pointe eft d'un jaune clair. Cet 
oifeau a la mâchoire Supérieure toute 
garnie de plufieurs rangs de petites 
dents, Se celle de deffous d'un feul 
rang de chaque côté: la langue en a 
aulfi un de chaque côté fur la membra- 
ne extérieure: fes jambes & fes pattes 
font couleur de fafran Se fes griffes 
font noires & livides : fous chaque 
œil il y a une ligne blanchâtre. 

L'Oie j'aiwdge fuit prefque la même 
méthode que les Canards Se les autres 
oifeaux de rivière. On voit de ces Oies 
en France pendant l'hiver. Elles fe 
plaifent dans les grandes plaines rem- 
plies de bled verd , qui leur fort de 
pâture; elles fréquentent fort ces lieux, 
de peur des Chalfeurs. La chair de cet 
oifeau eft beaucoup meilleure & plus 
délicate que l'Oie privée. Il fait fes 
petits dans les lues , Se dans les lieux 
maritimes où il y a des marécages. 

Aux environs do Ferrare en Italie 
on en voit dont le bec eft noir au com- 
mencement & à la lin : il eft jaune par 
Tome III. 



OIE i 4t 

'e milieu , un peu courbé par de (Tus , 
Se dentelé comme une fcîe : le palais 
eft même rempli de dents. On voit 
quelque chofe d'élevé fait comme un 
ongle à l'extrémité du bec , lequel 
defeend en fe courbant Se finit en poin- 
te. Cet oifeau a le dos Se le col cendrés , 
un peu rougeâtresà la Superficie- les 
plumes du col menues comme celles 
du Chapon Se très- étroites ; les gran- 
des plumes des ailes noires à leurs ex- 
trémités : celles du premier Se du 
fécond rang qui les couvrent ont l'ex- 
trémité blanchâtre Se compofent une 
ligne blanche, qui traverfe les ailes Se 
toutes les autres plumes du corps , 
principalement celles des .ailes , qui 
font blanches par leurs bords. Les dix 
plumes de la queue font très-courtes Se 
blanches , ainfi que celles du dos , 
qui couvrent le commencement de la 
queue : la partie de deffous eft d'un 
gris cendré , auffi-bien que le dedans 
des ailes : le bas du ventre Se le crou- 
pion font très-blancs. Les jambes font 
longues Se d'une couleurtrès-agréable , 
mêlée de rouge Se d'un jaune d'oran- 
ge. Les pieds font de femblable cou- 
leur , Se font faits de même que ceux 
d îs Oies privées , Se les membranes qui 
joignent les doigts font un peu dente- 
lées enfeie. 

On en voit d'une autre cfpece , affez 
femblable à la précédente , excepté 
qu'elle n'a pas le bec dentelé. Elle eft 
connue en Flandres, Sa queue eft cour- 
te ; fon plumage eft d'un gris cendré , 
Se fes pieds font de même que ceux de 
l'autre efpece. 

Il y a encore une autre forte à'Gie 
JUuvage. Elle eft grande , Se a le bec 
dentelé Se courbé en pointe. Son col eft 
couvert de plumes en façon de poils. 
Elle a par-tout les plumes d'un cendré 
mêlé d'un peu de brun Se particulière- 
ment celles du delfus du dos. La queue 
eft courte Se menue ; les pieds font ro- 
buftes Se de même couleur que ceux 
des deux précédentes. C'eft ce qui fait 
voir que toutes les efpeces d'Oies n'ont 



pas , comme le dit Aristote, les 
jambes de couleur d'eau. 

O l a v s M a g n u s dit qu'il y en 
a quantité en ÉthiopieSe dans les pays 
Septentrionaux , principalement dans 
le temps de leur couvaifon qu'elles 
font au mois d'Avril , temps où elles 
viennent des pays Méridionaux , & 
qu'elles fe retirent dans les pays froids, 
p'arcequ'eiles font d'un naturel tres- 
chaud. 

Selon les Relations de nos Voya- 
geurs il y a dans l'Amérique beaucoup 
d'Oies Se de Canes , principalement 
dans le mois de Décembre. Elles volent 
comme les Grues, & font, comme dit 
A G R i c o c a , de très-grandes tra- 
verles de pays. Elles reviennent l'hi- 
ver Se font plus volontiers leur paifa- 
ge lorfque le vent fouille du Nord au 
Midi , pareequ'autrement il leur fe- 
r'oit contraire & qu'il retarderoït leur 
voyage. Albert le Grand dit 
qu'elles font des cris fort hauts en vo- 
lant , pour avertir celles qui les fuïvent 
de la route qu'elles doivent tenir. A ni- 
er osin ajoute que les plus fortes 
fècour.ent les plus fôibles , en les fou- 
tenanr Se les attendant , Se félon O p- 
I- 1 E N , ëifeë fe mettent dans le bec 
quelques petits cailloux , pour s'em- 
pêcher de crier lorfqu'ellcs partent le 
Mont Taurus , où il y a quantité d'Ai- 
gles. La même chofe eft dite des 
Grues. 

Les fels de l'Oie faitvage font beau- 
coup plus exaltés que ceux de l'Oie do- 
meftique , à caufe de fon exercice con- 
tinuel, & les Vers, les Infectes & les 
Vég 'taux dont elles fe nourriffent tou- 
tes les deux rempliflent leur chair Se 
leur grai'f' d'un fel extrêm. ment vo- 
latil Se pénétrant , qui la rend tres- 
fuj\.tte àfe corrompre. 

UOie dom^ftique Se l'Oie fanvage 
comi: nnent beaucoup d'huile & de lel 
volatil: la dernière fur- tout fournit 
ces principes avec abondance. Cet oi- 
feau eft un affez bon mander. On don- 
ne avec raifonla préférence au-fauya- 



O I E 

ge , dont le goût eft bien plus favou- 
reux , pareeque fe donnant plus de 
mouvement , fa chair eft moins char- 
gée de fucs vifqueux Se grofliers, & que 
les principes de fes liqueurs font plus 
exaltés. On peut cependant dire en gé- 
néral que la chair d'Oie eft plus agréa- 
ble au goût que fatutaire. En effet , 
difent les Auteurs de la Suite de la 
Matière Alcdicale , elle abonde tou- 
jours en lues lents Se greffiers , qui la 
rendent de très-difficile digeftion : c'eft 
pourquoi l'on en doit ufer modéré- 
ment, & elle ne convient qu'aux per- 
fonnes robuftes , qui ont un bon efto- 
mac Se qui font de l'exercice, parce- 
qu'elle nourrit beaucoup Si qu'ellejpro- 
duit un aliment lolide Se durable ; mais 
ceux qui ont un eftomac foible , qui 
font fédentaires Se gens de cabinet doi- 
vent abfolument s'en palier. On doit 
choifir cet oifeau tendre , ni trop jeu- 
ne , ni trop vieux , bien nourri Se qui 
ait été élevé dans un air piir Se ferein. 
Nous diions que cet c.ifeau ne doit être 
ni trop jeune , ni trop vieux , pareeque 
quand il eft trop jeune la chair eft vif- 
queufe Se propre à produire des hu- 
meurs grollîeres Se excrémentitielles : 
quand au contraire il eft trop vieux, 
fa chair eft feche , dure, d'un mauvais 
fuc , Se elle caufe dis indigeftions Se 
des fièvres. L'Oie fe mange ordinaire- 
ment rc'itie ou. en rapoût, Se l'on fait 
des pâtés de cuiffes d'Oies, qui font 
fort eft'més. Les œufs d'Oies fe man- 
gent chez le petit Peuple; mais '!s ne 
font pas fi agréables ni fi vantés que 
ceux de Poule. La première peau de 
l'Oie pa(fe pour être aftringente Se pro- 
pre pour arrêter les écoulemens immo- 
dérés, quand on en prend en poudre, 
du poids d'une drarme. La rraifïè eft 
réfoiutive Se ^molliente. On s'en fert 
pour adoucir les hémorr' o'VLs , pour 
appaifer les douleurs d'oreill s, nffe 
en dedans -, pour lâcher le ventre érant 
prife intérieur .ment ; pour en frotter 
les parties attaquées de rhumatifims. 
Les excrémens de l'Oie mis enp oudre, 



O I E 

donnés au poids d'une demi-dragme» 
raréfient & atténuent les humeurs ; 
excitent les fueurs , les urines , les 
régies des femmes Se hâtent l'accouche- 
ment , dit Lémery. Quelques-uns 
veulent que la peau de l'Oie appliquée 
furies ang<_lures les guérit. 

l.es Auti-urs ljuÏ oit écrit fur l'Oie domc(li- 
qne & lur l'Oie fauvuge , font D> le , Pharm. 
p. 419. M. LÉ M tkï, Train- des Aliment , 
p. 50. Charleton , Extrcit. p. 103. Belon, 
de la Nature des Oifeaux , p. 157. Schko- 
p e'k us , p. 314. G t S N E R , Av. p. 11$. 
Ali/Rovam;Ej Orniih. ;./>. 102. Schwenck- 
hlo , Aviar. Silef. p. 2,09. Jonston, de 
Avib. p. 91. M t R. h e t, Pin. p. 179. W 1 l- 
liigh by, Ornith.p. 2.73. Raï, Syuop.Melh. 
Av. p. 136. M. I.innjEds , Vanna iwee. n. 90. 
M. Klein, Onio Av. p. i3. & les autres. 

OIE DE MER, en Latin 

Merganfer, en Anglois the Goofander. 
C'eft un oifeau dont la chair n'eft pas 
faine : il a un goût maré.ageux & 
défagréable. Albin (Ttme l. n. 83.) 
dit qu'il a vingt-huit pouces de lon- 
gueur depuis la pointe des ailes juf- 
qu'à l'extrémité de la queue , Se qua- 
rante pouces de largeur, les ailes éten- 
dues. Il a le corps long , le dos large & 
plat ; la tête & la partie fupérieure du 
col d'un brun fombre & jaunâtre , ainfi 
que la tête ; la partie inférieure du col 
en arrière , la nailfance des ailes , le 
dos & le defllis de la queue d'une cou- 
leur cendrée , tïrarft fur un brun fale ; 
le devant du col , la poitrine Se le 
ventre , aufli-bien que la partie infé- 
rieure de la queue, d'un jaune mourant, 
tirant fur l'argent pu couleur ifabel- 
le. La queue eft compofée de dix- 
huit plumes. Chaque aile a environ 
vingt-fix principales ou grandes plu- 
mes , dont les dix qui font les plus 
avancées en dehors font noires , aulfi- 
bien que les quatre qui fuivent immé- 
diatement après ; mais elles ont les 
pointes blanches : les cinq plumes qui 
viennent fuccelïivement après ont leurs 
bouts noirs , & les autres fix ou fept 
qui font tout près du corps font blan- 
ches , ayant leurs bords extérieurs 
noirs. Dans le fécond rang des plumes 



O I E 243 

de l'aîle celles qui font placées lur les 
grandes plumes blanches font de la 
même couleur depuis leurs pointes 
jufqu'au milieu , & noires en bas; en- 
fuite elles font toutes blanches jufqu'à 
la fauffe aile ; mais entre les blanches 
& les longues plumés f.apulaires des 
ailes il y en a de noires qui furvienn^nt, 
defquelles fi on ôt les langues feapu- 
laires qui couvrent le dos & la partie 
en avant de l'aile , les deux aibs fe- 
ront noires , félon la defeription d' A l- 
Drovande, vers le dos , puis blan- 
ches avec une certaine pâleur, enfuite 
noires, mais plis négligemment, Se 
après blanches. Le bec , depuis la 
pointe jufqu' aux coins de la bouche eft 
plus long que le doigt du milieu La 
mâchoire de deftous eft d'une cou- 
leur brune-jaunâtre : celle de défais 
eft d'une couleur plus foncée , tirant 
fur le noir , Se crochue. Les deux mâ- 
choires font armées de dents des deux 
côtés Se reflemblent à une feie. Cet 
oifeau a la langue & le palais jaunes, 
les oreilles rondes , les narines larges 
Se l'iris de couleur de fang;les jambes 
Se les pattes rouges ; le doigt de der- 
rière large , avec une membrane qui y 
eft attachée. Il a un grand labyrinthe 
olfeux furie fifflet du goder, exacte- 
ment au-defTus des membranes qui y 
font: d'ailleurs il y a deux e.-iflûres dans 
le larynx , dont l'une eft au-deffus de 
l'autre , chacune re(Temb!ante à une 
houpe à poudrer. Cet oifeau eft le 
grand Plongeon des autres Natuialiftes, 
nommé Knipa par S c KO n F e L b ; 
IFrakfogcl Se Kjoerfogel en Suédois ; 
Skraka en Gothlande Se à Upfal. 

OIE N O N N E T T E , ou 
CRAVANT, félon Belon, de 
la Nat. des Oij. L. lli c . 5 . p. 1 5 8. Cet 
oifeau , dit ce Naturalifte , ne provient 
pas de la pourriture des bois de navire. 
Il en a vu pondre Se faire des œufs, 
& leurs petits éclorre. Quelques-uns 
ajoute -t -il, le nomment Cr avant , 
Se c'eft celui qu'il nomme Oie Nonnetic, 
pareequ'il a la contenance d'une Oie Se 
H h ij 



M4 OIE 

que fon plumage reflemble à l'habille- 
ment d'une Religieufe vêtue de blanc 
& de noir. Il n'eft pas fi grand qu'une 
Oie , mais ïl l'eft plus qu'un Canard. 
Le deflus de fà tête , le long du col par 
derrière & le devant de l'eftomac font 
couverts de plumes fort noires ; le 
défions du bec julqu'à la moitié du col 
8c le deflbus des yeux font des plumes 
blanches ; fa queue eft courte Se noire; 
les ailes Se le dos font de couleur plom- 
bée, & les deux côtés des cuifles font 
noirâtres , comme à l'Oie & à la Qiw 
de mer. Cet oifeau qui a la forme d'une 
Oie , le col long, la corpulence plus 
petite, eft haut monté fur fes jambes. 
Ses pîeds font plats , larges Se fort 
noirs , de même que fes jambes , fon 
bec & fes yeux; mais le bec eft rond 
Se plus court que celui de l'Ole. S'a 
manière de marcher, de fe nourrir Se 
de cri^r eft la même que celle de l'Oie. 
Selon Belon l'Oie Nonnette eft le 
Xmvï?c771)^ d'AïuSTOTE, BclcVulpanfer 
des Latins ; mais Lion Ray Se M. 
Linnius, comme je l'ai dit ail - 
leurs , le Vulpanjèr eft l'oifeau que 
le même Belon nomme Tadorna , 
en François Tadorne. 

Quant .i l'Oie Nonnette , Belon dit 
que les Grecs Se les Latins lui ont 
donné les noms ci -deflus , pareequ 'el- 
le a la.finefle du Renard pour faire 
échapper fes petits quand quelqu'un 
veut s'en faifir. Elle fait f:mblant de 
vouloir fe laiflcr prendre Se leur donne 
par cette rufs le temps de s'échapper. 
Quelquefois elle fait comme fi elle 
aveit les ailes Se les cuifles caflees, & 
quand elle voit fes petits hors de dan- 
ger, elle s'envole Se s'échnppe à fon 
tour des mains des Chaffeurs, Cet 
oifeau n'eft pas fort commun parmi 
nous. 

OIE DE SOLAND.ouOIE 

D'ECOSSE, en Latin Anfer BaJ/a- 
nus , en Angloîs tbe Sdànd Goofe , 
oiiean . dit Albin {Tome!, n. 86". ) 
qui a vîngt-huît pouces Se un quart 
de longueur depuis la pointe du bec 



O I E 

jufqu'à l'extrémité de la queue , $* 
quarante - deux pouces de largeur 
lorfque les ailes font étendues. Son bec 
a trois pouces Se demi de longueur • il 
eft droit, de la couleur du Frêne, 'un. 
peu courbé à la pointe , ayant des 
deux cotés près du crochet une appen- 
dice ou dent angulaire , qui reflemble 
aux becs de quelques oifeaux de proie, 
La peau fur les côtés de la tête au-delà 
des yeux eft dégarnie de plumes , com- 
me celle du Cormoran. Le palais , auflî- 
bien que tout le dedans de la bouche , 
eft noir, Se la fente de la bouche eft 
large. A l'angle de l'os, qui reflemble 
à un l'ou à un U des Grecs, il y aune 
fort petite langue. Les oreilles font 
d'une grandeur médiocre, Se les yeux 
couleur de Noifetier. Cette Oie n'a 
point de narines , mais il y a une rigole 
à leur place , qui s'étend des deux 
côtés tout le long du bec. Les bords des 
deux mâchoires paroiiTent être gluans, 
afin qu'elle puiflb tenir ferme lespoif- 
fons qu'elle attrape. Elle a quatre 
doigts tous liés enfemble par une mem- 
brane , qui vient jufqn'aux bouts des 
doigts. La jambe, depuis la jointure 
du genou jufqu'à l'extrémité de la 
griife de devant la plus avancée en 
dehors, Se qui eft la plus longue, a 
fix pouces de longueur. Cet oifeau eft 
garni de plumes jufqu'aux genoux, 
8e les jambes, de même que les pattes, 
font noires par-tout où elfes font dé- 
garnies. La griffe du doigt du milieu 
eft large Se picotée fur le dedans , 
comme on la trou ve dans L s Hérons. 
Son plumage reflemble à celui d'une 
Oie : la couleur en eft blanche après 
la première mue , excepté des plus 
grandes plumes de l'aile , qui font 
noires. Les plumes des vieux oifeaux 
ont un trait jaunâtre fur le fommet de 
la tête , fur le col Se fur le dos. Les 
jeunes font bigarrées de blanc , d'un 
brun foncé , ou de noir fur les parties 
fùpérieurcs de leur corps. Il y a en- 
viron trente - deux grandes plumes 
dans chaque aile , Se la queue eft com- 



O I E 

pofée de douze , chacune de la lon- 
gueur d'environ fept pouces. Ces oî- 
feaux engendrent dans l'Ifle de BalTen 
Eco (Te Se non ailleurs. Ils y viennent 
annuellement en nombre prodigieux , 
Se chaque femelle ne pond qu'un œuf. 
Comme on ne tire jamais fur ces oi- 
feaux dans l'Ifle Se que perfonne ne 
les effraye , ils font fi hardis ou allures 
qu'ils d feendent Se nourri fient leurs 
petits tout prts des habitans. Leur 
unique nourrituro elt de poilfon ; néan- 
moins les Qifons pa(Tent pour des mets 
exquis parmi les Ecoflbïs Se on les 
vend cher. Le Seigneur de l'Ifle en tire 
annuellement de grands revenus. Ils 
viennent dans le printemps Se ne s'en 
vont que dans l'automne. On ne fait 
pas où ils vont, ni où il9 fe tiennent 
pendant l'hiver. Ces oifeaux font fort 
induftrieux & adroits pour attraper les 
poilfons, moyennant quoi les Infulai- 
res font fournis pendant tout l'été de 
poilfon frais. Cette efpece d'Oie eft 
plus petite que VOie Nonne t te , mais 
elle en a la figure & la voix. Elle fait 
fon nid dans les rochers élevés de l'Ifle 
fituée dans la mer d'Ecoffe. Il ne s'en 
trouve pas dans les autres Royaumes 
de la Grande-Bretagne. Cette Oie ai- 
me fes petits fi tendrement , que lorl- 
que les enfans du pays vont pour les 
dénicher , ils ne le peuvent faire fans 
péril de leur vie. Il n'y a point d'oifeau 
plus gras. Les Êcollois fe fervent de 
fa graille pour la compofition de plu- 
fieurs remèdes. Cet oifeau ne s'éloigne 
de l'Ifle que de fix milles tout au plus , 
de façon qu'il paroît propre à cette 
lfle feulement , & particulièrement 
aux environs du fleuve, de Furt, qui 
coul 1 près delà ville d'Edimbourg. 

OIE DE MUSCOVIE: 
A T. b i N ( Tome IL n. 91. & 92.) 
dit que c'eft un oifeau qui a quarante- 
deux pouces de longueur, depuis la 
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de la 
queue , Se foionte de largeur, les 
ailes déployé, s. Ces Oies font plus 
grandes que les Oies ordinaires & ont 



OIE 245 

un air majeftueux. Le plumage du 
fommet de la tête Se du deflus du col 
eft d'un brun foncé : les côtés de la tête 
Se du col font d'une couleur tendre. Le 
bec eft orangé : il y a une bofTe large , 
ronde , de la même couleur fur la 
mâchoire fupérieure. Le bout vers la 
tête eft noir Se bordé de blanc. Cet 
oifeau a l'iris d'un beau jaune luifant , 
la prunelle de l'oeil noire ; une grande 
bourfe fous le bec ; le deflus du dos 
d'un brun fombre ; les bords extérieurs 
des plumes d'une couleur plus tendre ; 
le refte du corps Se des ailes blanc , 
excepté deux ou trois plumes fur le 
deflus de la queue , qui font d'un brun 
fombre. Les jambes Se les pieds font 
d'une belle couleur d'orange , Se les 
griffes font noires. 

La tête , le col Se la poitrine de la 
femelle font d'une couleur fombre Se 
adoucie , Se le dos , les ailes Se les 
cuifles d'un brun fombre ; les bords 
extérieurs des plumes font d'un blanc 
fale , mais le bec eft de la même cou- 
leur que celui du mâle : la bofle n'en 
eft pas fi laree. 

OIE DE BRENTA, en Latin 
Anjer Brenta. Selon le fentiment de 
Ray l'G/e^ifrfw/vîditferefp^cjfique- 
ment du Bamaque. Les Hiftoriens qui 
ont écrit fur les oifeaux , dit A l b i n 
( Tome I. n. 9 3 . ) , les confondent Se ren- 
dent les deux noms fynonymes. Ray 
(Synop. Meth. Av. p. 1 37. ». 5, & 6. ) 
les diftingue , pareequ'il en a vu de 
l'une & l'autre efpece dans le Parc 
de Saint James. Aldrovande 
< Ormth. L. UL §. &7- & L. XIX. 
§.37.) en parle. C'eft un ofieau , qui , 
félon Albin , a vingt - fept pouces 
de longueur depuis la pointe du bec 
jufqu'à l'extrémité de la queue , Se 
trois pieds trois pouces Se demi, les 
ailes étendues. La tête & le col Se la 
partie fupérieure de la poitrine fonr 
d'un brun foncé tirant fur le noir, Se il 
fe trouve dans quelques-uns une pe- 
tite tache ou ligne de blanc , environ 
au milieu du col de chaque côté, ce 



i 4 <î OIE 

qui paroît former cnfemble un collier 
ou cercle de blanc: le dos en eft plus 
fombre que celui d'une Oie ordinaire, 
ou apprivoifée. Les plumes qui font 
immédiatement près de la queue font 
blanches. La poirrine eft d'un gris fom- 
bre. Le bec eft petit & noir , de la 
longueur d'un pouce trois quarts , plus 
épais vers la tête , mince vers la poin- 
te. Les yeux font couleur de Noife- 
tier. Les narines font grandes , les 
pattes font noires , & le doigt ell en 
arrière. 

OIE DE CANADA, en 
Latin Anfer Canadenfis » oifeau , dit 
le même Auteur, ». 92. qui a vingt - 
fix pouces de longueur depuis la pointe 
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue , 
& quatre pieds fept pouces de largeur , 
les ailes étendues. Le bec depuis la | 
pointe jufqu'aux coins de la bouche a 
un pouce Se un quart de longueur & 
eft noir. Le devant de la tête , l'efpace 
autourdes yeux Se fous le menton , font 
de couleur de bufle pâle. Cet oifeau 
a le derrière de la tête , le col , le 
dos Se la partie fupérieure de La queue 
noirs ; le ventre Se les ailes blancs , 
aufli-bien que le delfous de la queue 
Se du croupion ; l'aile entière d'un 
gris fombre , à la réferve des bords 
extérieurs Se des extrémités des grolfes 
plumes , qui font noirs , ainfi que les 
extrémités des plumes couvertes fu- 
périeures des ailes ; les yeux couleur 
de Noifetier; l'iris blanche ; les jam- 
bes & les pattes noires & le doigt de 
derrière extrêmement petit. Ces Oies 
font excellentes lorfqu'on les prend 
toutes jeunes Se qu'elles font gralfes. 
L'Auteur dit en avoir reçu de plu- 
fieurs Particuliers d'Angleterre , fa- 
voir une qui fut tuée fur laTamife , 
une autre fur la rivière de Thame dans 
la Province de Cambridge, Se une autre 
qui lui vint du marché de Nevgate. 
11 paroît par-lâ qu'il en vient en Angle- 
terre , Se que c'eft une efpece d'Oie 
fauva^e. 

J OIE D'ESPAGNE, en Latin 



O I E 

Anfer Cyenoïdes , ou Qgneus > Guinée»- 
fis. Albin ( Tome I. n. 9 1 . ) dit que 
cet oifeau a trois pieds fept pouces de 
longueur depuis la pointe du bec juf- 
qu'à l'extrémité de la queue , Se qua- 
tre pieds Se onze pouces de largeur. 
Le dos eft d'un gris fombre , mélangé 
d'un brun rougeâtre : le ventre tire 
fur le blanc. La gorge Se la poitrine, 
font d'un brun pâle-rougeâtre. Il y a 
une ligne , ou raie de brun foncé , qui 
va tout le long du foinmet du col , de- 
puis la tête jufqu'au dos. Le bec eft 
noir , Se de la racine il s'élève une bofle 
par-deifus, qui ell très-large dans les 
miles Se dans les vieux oifeaux. La 
tête eft embellie entre les yeux & le 
bec d'un filet de blanc. La queue eft 
de la même couleur que le dos 6c les 
ailes , les pointes de quelques plumes 
qui s'y trouvent étant blanchâtres. Les 
pattes font orangées , Se le bec de 
quelques-uns eft de la même couleur. 
Le doigt de derrière eft petit. C'eft 
un oifeau majeftueux , qui marche le 
col élevé, 11 s'accouple fouvent avec 
nos Oies appthtoifees Se produit une 
efpece bâtarde. La chair en eft excel- 
lente loriqu'il eft jeune Se bien gras. 
Le goût en eft agréable Se différent de 
celui de l'Oie ordinaire. 

Ray {Synop. Met h. Av. p. 138. 
n. 1 . ) , d'après Lister, parle aulli 
d'une forte d'Oie, qui eft nommée en 
Latin Anfer Hijpamcus parvus. Elle 
eft de la grandeur du Brenta , Se par 
la couleur Se la figure approche de 
l'Oie domefliqiu. Ray ne fait point 
pourquoi on donne à cet oifeau le nom 
d'Oie d'EJ'pagne , à moins qu'on ne 
penfe qu'elle vienne d'Efpagne en 
Angleterre. 

11 y a une très-grande efpece d'Oie 
toute noire , à laquelle on donne le 
nom à' Anfer n\aximus niger , dit-il , 
qui paroît au commencement de l'hi- 
ver. Elle fe nourrit d'herbes : elle 
fréquente les prés Se les pâturages. Les 
Anglois nomment cette efpece d'Oie , 
the Wkfflt, 



O I E 

Ils ont auflî une Oie de marais ~ t 
qu'ils appellent en leur langue Grey- 
Lagg. Elle eft de la grandeur de Voie 
domeftique & peut bien être la même 
efpece que Voie Jauvage vulgaire , 
parceq ie la defcription qu'en donne 
K a y d'après Lister convient en 
tout à Vu te Jauvage , à la réferve que 
fes pieds lont pourprés couleur de 
chair, & que Ion bec, depuis la tête 
juiqu'à près de la moitié , cil noir , Se 
le relie couleur de pourpre. 

14 a y donne encore le nom d'Oie à 
un oifeau , qui eft le Canard de mon- 
tagne du Spiuoerg, ainfi nommé par 
Frédéric Marte n s. Cet oifeau 
a plutôt le bec d'une Oie que d'un Ca - 
nard. Il eft de la grandeur d'une Oie 
médiocre. Son plumage eft blanc Se 
noir. C'eft un très- bel oifeau, qui 
nage & qui fe plonge comme font les 
Canards. La femelle eft de la couleur 
de la Perdrix. Cetre efpcce d'Où vole 
en troupe , fait Ion nid dans les Mes 
les p us balles , pond à chaque fois 
gpatre oeufs , qui font d'un bleu pâle , 
&. un peu plus gros que ceux des Ca- 
nards ordinaires. 

Il y a encore Y Oie de Magellan de 
C L u s 1 V s , que 11 a y croit être le 
Pcngitin des Anglois , 8c le Goifitgcl 
d'H ojerus. Voyez au mot PEN- 
GL1N. 

On compte parmi les Oies a" I (lande 
une efpece un peu plus groffe qu'un 
gros Canard , connue fous le nom de 
Margéej , qui y vient en fi gran.le 
quantité , que leurs troupes font par 
miiliers. Lne autre efp ce appellée 
Hel tnger vients'ëtablîrl l'ÈiVcîePIfîe. 
CesoT.aux fontfi fatigués enarri' ant, 
vra'f mb'ablement^ar la grande route 
qu'ils viennent de faire e*n traversant 
la m^r , qu on en peut tuer des miilk-rs 
à coups d^ b'iron. Hifi. Nat. a'i/l. par 
M Amderson, p, 8;. 

Il y a au Cap de Bonne-Ffp 4 rrnce 
des Oies en quantité & de trois fort s: 
les OL r Jauvagts , les Oies de mon- 
tagne Se les Oies d'eau. Ces trois for- 



O I E a47 

tes différent beaucoup , foîr pour la 
couleur , foit pour l a grolTeur L'Oie 
de montagne eft plus groîTe que celles 
qu on élevé en Europe. Elle a les plu- 
mes des ailes & celles du fommet de 
la tête d'un verd beau & très-éclatant. 
Cet oifeau fe retire le plus fou vent 
dans les vallées, où il fe nourrit d'her- 
bes & de plantes. 

Les Oies ja/tvages , qui ont reçu 
le nom d'QitJ jab.auns , ont , comme 
leur nom le défirne , le jabot d'une 
groifeurextrême. L.<s Soldats & lecom- 
mun du Peuple des Colonies s'en fer- 
vent pour faire des poches à mettre du 
la^ac, qui peuvent en contenir envi- 
ron deux livres. 

La taille des Oies d'eau qu'on trou- 
ve au Cap , eft la même que celle des 
Oies donuftiques qu'on nourrit en Eu- 
rope , Se a l'égard de. la couleur, il 
n y a entre elles d'autre différence, fi- 
non que les uies aquatiques ont fur le 
dos une raie brune , mêlée de verd. 
Toutes ces diverfes efpeces d'Oies font 
très-bennes Se très-faînes Koi.be, 
Defcription du Cap de Bonne Ej 'pératwe , 
Tome II l. c. 16 p. 154. 

Il y a.i la Gambra des Oiesf.uwages, 
beaucoup plus grolfes que celles d'An- 
gleterre , armées , à la jointure des 
ailes , d'éperons auflî longs.que ceux" 
de nos Coqs , & qui les rendent ca- 
pables de battre un Chien. 

Les Oies jauvr.ges du Sénégal font 
d'une couleur fort différente de celles 
d'Europe. Elles ont des ai.es armées 
d'une lubftance dure , épineuie Se poin- 
tue , qui a deux Dotr.cs & demi de 
longueur. Le Maire dit que ces 
Oie-jauvages du pays font très brunes - 
mais que la Sarcelle eft d'un goût qui 
lurpaffe celui de tous les autres oi- 
feaux II ajoute qu les Oies grtfes font 
les meilleures Jriifi. Gén. des Vvyag. 
Tome X. p. 409. tuir. i'J-i 2. 

On en voit quantité à la Chine Les 
rivières 81 les lacs font remplis de Ca- 
nards Se d'Oies Jauvages. 
11 y a aux Molucques des Oies en 



i4 8 O I G 

grande quantité , Se dont les pieds 
reflemblent à ceux des Perroquets. 

O I G 

OIGNON MARIN, efpece 
de Cancre, en Latin Squilla, poiffon 
cruftacée , qui a une queue , beaucoup 
de pieds , mais point de pinces,, di- 
fent Aiustote Se Rondelet. Elien 
Se Belon marquent que les Oignons 
marins ont des pinces. Ils ont d'abord 
le corps noir : ils deviennent blancs dans 
la fuite. Us ont auffi , félon Oppien, 
des cornes fort aiguës , placées fur la 
tête. On leur donne un aiguillon tres- 
pointu , fait comme l'éperon d'une 
galère à trois rangs. Ils ont des yeux 
élevés , Se dont le cryftal eft très-dur. 
Leurs :nteftins , comme dans les autres 
Cruftacées , finifïent fous Ia^ queue , 
par où ils rendent leurs excrémens Se 
leurs œufs. Ils fe retirent dans les ma- 
rais falés & les endroits pierreux. On 
en voit de grands dans les Indes , qui 
ne quittent point le fond de la mer. 
Les petits fe trouvent proche du riva- 
ge. Les mers d'Allemagne & de France 
en fourniflent beaucoup. Ces Oignons 
de mer , ou SquiUes fe nourriffent 
d'Huîtres , Se il y en a qui aiment la 
moufle de mer. On connaît le mile de 
la femelle par deux taches blanches 
qu'il a. Ils s'accouplent à la manière 
des Quadrupèdes , dans le printemps, 
toujours proche de la terre , & lorfque 
les Figuiers font en maturité. Ils de- 
viennent la proie du Loup marin , Se 
d'un autre poiflon qui change de cou- 
leur , que les LaSns , comme Pline, 
appellent Phycis. On fait ufage de 
l'Oignon marin , tant fur les tables 
qu'en Médecine. A p i C i u s qui les 
aïmoit beaucoup , envoy oit en Afrique 
pour en avoir. On les mange bouillis 
avec le vinaigre Se frits à l'huile. Ils 
font long-temps à cuire. L'excès fait 
mal à l'eftomac. Cardan aiïure qu'ils 
font tres-propres à exciter de l'amour. 
Quelques - uns s'en fervent comme 
d'amorce , pour pêcher des Mulets. 



O I s 

Il y aplufieurs fortes d'Oignons marins, 
celui qui eft large , Squilla lata , j,' ve 
Urja; celui qui paroît boflu , lorsqu'il 
fe courbe , Squilla g'bboja ; celui qui 
eft petit, Squilla parva , Sec.RimcH, 
de Exfaneidbus aquatkis , p. 17. & 1 8» 
Voyez S'QU 1LLE. 

O I S 

OISEAU, en Latin Avis, Aies, 
Volucris i en Grec âpw i en Anglois, 
Bird Se Fowl ; en Allemand , \ vgel : 
En général c'eft un animal qui a des 
plumes Se des ailes pour voler. L'ori- 
gine des Oifeaux qui viennent tous de 
l'œuf, leur manière de vivre , la va- 
riété de leurs couleurs fuivant les fai- 
fons , leur chant , leurs différentes fi- 
gures & grandeurs, ont occupé plu- 
fieurs Naturalistes anciens Se modernes. 
Aristote,Pline, Élien, 
Albert le Grand, Scali- 

GER, ALDROVANDE, \flL- 

luomby, Ray, Belon Se Al- 
bin, de même que Meilleurs L 1 n- 
Njeus, Klein, Mœrhing, Se 
bien d'autres , ont écrit fur la nature 
des Oifeaux, Se ont marqué dans les 
différentes dattes qu'ils en ont faites , 
ce qui les diftingue les uns des autres 
par les plumes , le bec , les ongles , la 
tête , le col , les ailes , les cuiffes , les 
jambes Se les pieds. 

Belon a fait une clafle des Oi- 
feaux qui vivent de rapine. De ce 
nombre font les différentes efpeccs 
à' Aigles , Se les autres Oifeaux de preie 
qu'on nomme en Latin Accipitres , 
comme le Vautour noir Se fauve , l'Air 
gle noire Se fauve , le Gerfault , Y Au- 
tour , le Sacre connu , l'Égyptien , le 
Faucon, YÉpervier, le Mouchet, l'E- 
merillon , le Hobreau , le Lanicr , le 
Tiercelet , l'Orfraie , la Qttercerelle , la 
Bufe , le Goyran , le Fan - Perârieu » 
l'Oifeau nommé Jean le Blanc, les Pies- 
Grièches grande Se petite , le Milan « 
Se autres. Le même Bf.lon( Liv. L 
chap. 2. ) y ajoute pour la reflemblan- 
CC le Coucou , tous les Oifeaux de nuir, 

nommés 



O I s 

nommés en Latin N0EI11& Aves , entre 
kfquels il compte l'Effraye , la Hu- 
lotte, la Chevêche, le grand Se le petit 
Duc, le Hibou ou Chat- Huant, l'Gjfî- 
fragus , le Charadrius , le Corbeau de 
îiuit & le Faucon de nuit. Cet Auteur 
finit par le Phénix , qui eft un Oifeau 
étranger. 

Dans la féconde clarté ce Natura- 
lifte met les Oifeaux aquatiques , tels 
que font le Cygne, le Pélican nommé 
Onocrotale , les Oies privées Se fauva- 
ges , l'Arcanne Se Caniart , le Canard, 
le Hark , le Cormoran , le Cr ayant , la 
Cercelle ou Garfotte , la Mouette , le 
Morillon , la Piette , le Biévre , le petit 
Plongeon fauve nommé Caflagneux , le 
grand Plongeon , &: le noir nommé la 
Macreufe , auquel on donne auffi , dit 
Belon, faufTement le nom de Dia- 
ble de mer , la Jtrdelle nommée autre- 
ment la Poule d'eau , Sec. 

Dans la troisième clafTe font les Oi- 
feaux qui fréquentent les bords des 
étangs , des lacs , des marais Se des 
rivières , ainll que le rivage de la 
mer , edmme la Grue, le Héron gris 
&le blanc Sel' Etoile, celui que nous 
nommons Galerand ou Butor , l'Ai- 
grette , le Bihorreau , le Flamand ou 
Flambard , la Fie ou Bécajfe de mer , 
1-a Cigogne Se l'Ibis , l'Alouette de mer , 
la Barge , le Chevalier noir & rouge , 
le Coriis , la Poulette d'eau , le Marti- 
net Pêcheur , le Blanculet ou Cul blanc, 
la Pale ou Palette, le Râle noir , le 
Porphyrie , Sec. 

Dans la quatrième clafTe font les 
Oijeaux qui nichent fur terre , tant 
dans les bois que dans les campagnes, 
comme l'Autruche, l'Outarde, la Ca- 
ne Pétiere , le Francolin , la Perdrix 
de Grèce , nos Perdrix rouges Se gri- 
fes , les Perdrix de Syrie , celles de 
Damas , les Perdrix blanches , le Plu- 
vier , la Bécaffe , le Coq de bois , autre- 
ment le Faijan Bruant , la Gélinote de 
bois , le Râle de Genêt, le Paon, les 
Poules d'Inde , les Poules, de Guinée, 
le Coq privé & les. Poules privées , & 
Terne III. 



OIS 149 

l'Auteur Suit cette clafTe par.laCW- 
le , le F ail an ,.8ec. 

'Dans la cinquième clafTe font les 
Oifeaux qu! n'ont point d'habitation 
fixe-, & qui fréquentent indifférem- 
ment les boi$ de haute futaie de mê- 
me que les taillis , les prairies , les 
pâtis , lesguérets , les rivages , & qui 
fe nourrirent de toutes fortes de vian- 
des, tels font les Corbeaux, les Cor- 
neilles , les Emmantelées , les Freux ou 
Grollei , les Chouettes, tant rouges que 
noires , les Pies , les Ramiers, les Bi- 
fets , les Pigeons privés &-fuyards , le 
Geai , la Hupe , la Liiorne , le Loriot , 
le Alerte noir , le M.rle blanc , le Mer- 
le à collier , le Merle bleu , le Pape- 
gay ou Perroquet, le Trajîe , autrement 
nommée Grive, le Touret , autrement 
nommé Mauvis , la Tourterelle , le 
grand Pic qui a le bec crochu , le Pic 
jaune , qu'on nomme autrement Pic 
verd , le Pic rouge , qu'on nomme auffi 
Epeiche , le Grimpereau , le Torchepot , 
le Tercot , le Pic de muraille, que les 
Auvergnacs nomment Fermer , l'Etour- 
neau , le Paijfe folitaire , Sec. 

Dans la fixieme clafTe font les pe- 
tits Oijeaux qui fe nichent dans les 
haies & les buiffons , dont les uns fe 
nourrilTent de vermines , les autres de 
femences , Se d'autres de vermines & 
de femences tout enlemble , tels font 
les Paijfes, autrement dits Moineaux , 
le Friquet , le Moineau à la fonde , le 
Bec-figue ou Pivoine, le Bruant , les 
Fauvettes, tant la brune que la roufTe, le 
petit Mouchet , le Gros- Bec -, la Linote , 
le Picaveret , les Méfanges , tant la 
Nonnette que la Mêfange bleue , Se la 
Méfan^e à longue queue , le Mérous , 
que les Latins nomment Apiafter , les 
Pinçons, tant le commun que le Mon- 
tain , le Pinçon d'Ardetines , la Rube- 
line , autrement nommée Roupie , ou 
Rouge gorge , les RoJ/ignols , tant de 
bois que de muraille , le Chardonne- 
ret , le Serin , le Tarin , le Traquet , le 
Verdier , le Roitelet , la Soucie , le Cul 
blanc , qu'on nomme Vitrée , 8c il finie 



îjo OIS 

cette decnîere clafle parles trois for- 
tes d'Hirondelles , & par la Lavan- 
dière, la Bergeronnette jaune, la cen- 
drée , Sec. C'eft ainfi que Belon 
parle des Oifeaux en général , fuivant 
les différentes dattes dans lesquelles il 
les a mis. 

Ray dîvîfe les Oifeaux en terreftres 
& en aquatiques. Les Oifeaux terreftres 
font ceux qui ne fréquentent point du 
tout les eaux , fe retirent dans les 
lieux fecs 8c vivent de ce que la terre 
produit. Les uns ont le bec Se les on- 
gles crochus, Se les Grecs les appel- 
lent Ta./j.-\mtvxi( • les autres ont le bec 
& les ongles droits , Se font nommés en 
Grec dpÔwvu^jç. Parmi ceux qui ont le 
bec Si les ongles crochus , il y en a 
qui vivent de fruits, 8e on les nomme 
Aves frugivora, telsfont les Perroquets : 
les autres vivent de chair Se font nom- 
més carnivorœ. ; ce font ]$s Oifeaux de 
rapine » rapaces. On connoît les Oi- 
feaux de rapine , fur-tout ceux de jour, 
par leur tête grande Se leur col court , 
par leur bec Se leurs ongles crochus , 
& par leur langue large , épailTe Se 
iëmblable à celle de l'homme. Les 
plumes de la queue font au nombre de 
douze , ce qui eft auffi commun à plu- 
fîeurs autres e/peces d'OiJeaux ; celles 
des ailes font au nombre de vingt- 
quatre. Le ventricule eft membraneux 
& non mufculeux. Ils ont des appen- 
dices Se deux inteltins cœcum courts , 
qui ne font d'aucun ufage dans les 
Oifeaux adultes. Les cuilfes font for- 
tes Se mufculeufes. Ces Oijeaitx ont 
ia vue perçante Se apperçoivent de 
fort loin leur proie. Ils vivent folitaires 
Se non en troupes , au rapport d'A- 
riStote, mais il faut en excepter 
les Vautours. B e L o N dit en avoir vu 
des cinquante Se foîxanre enfemble. A 
proportion u"e leur grandeur ils font 
vêtus de plumes en très-grande quan- 
tité. Ils vivent très-long-temps Se plus 
que toutes les autres efpeces d'Oi— 
féaux : c'eft ce dont Ray doute ; ce- 
pendant il eft certain , ajoute-t-U % 



O I s 

qiïë tcftis les Oifeaux en général , mal- 
gré la petiteffe de leur corps compa- 
ré à celui des Quadrupèdes, font néan- 
moins plus vivaces. Ils fouffrent plus 
long-temps la faim , ce qui leur eft 
prefque nécefTaire, parceqii'ils n'ont 
pas toujours' leur nourriture préfente. 
Les femelles des Oifeaux de rapine font 
plus grandes que les mâles , d'un plus 
beau plumage , plus fortes , 'plus cou- 
rageufes Se plus féroces , parcequ'el- 
les ont feules le foin de leurs petits. 
Ces Oifeaux vivent de petits Qua- 
drupèdes , & divers Oifeaux de- 
viennent aulîî leur nourriture. Quel- 
ques-uns plus lâches que les autres 
fe contentent des cadavres que le 
hafard leur fait trouver ; tels font les 
Vautours. 

Parmi les Oifeaux de proie on distin- 
gue les Oifeaux nocturnes d'avec les 
Oifeaux diurnes. Les premiers ne vo- 
lent que la nuit Se ne cherchent leur 
nourriture que la nuit. Leur tête eft 
grande Se faite à-peu-près comme celle 
des Chats : telles font les différentes 
efpeces de Hibous ou fhats-J-fuams. 
Les Oifeaux de rapine de jourfont di- 
vïfés en grands & en petits. Parmi les 
grands il y en a qui font plus coura- 
geux, telles font les Aigles: d'autres 
qui font plus lâches , comme les Vau- 
tours. Quelques efpeces d'Aigles ne- 
font pas plus grandes que le Faucon- 
Gerfaut s mais les Aigles différent des 
autres Oifeaux de proie , non-feulement 
par leur grandeur , mais encore par 
leur caractère féroce Se indomptable, 
ce qui fait qu'on n'en peut dreffer pour 
la Fauconnerie. 

Les petits Oifeaux de proie de moin- 
dre grandeur font pareillement divilés 
en ceux qui ont du courage Se ceux 
qui n'en ont pas. Les premiers qui font 
élevés par les Fauconniers ont , ou 
des ailes, longues prefque jufqu'à la 
queue , alas macropteras , tel que le 
Faucon -L amer , ou des ailes courtes -, 
alas brachypteras , comme V Kmettllon 
Se VEpervier. Ceux qui n'ont pas de 



O I s 

Courage font méprifës des Fauconniers , 
tels font le Butor Se le Milan. 
. Parmi les Oifeaux terreflres qui ont 
le bec droit Se les ongles moins cro- 
chus que les Oifeaux de proie , ondiftin- 
gue i°. ceux qui font d'une énorme 
grandeur & ont des ailes peu propres 
à voler, comme V Autruche , VEmea 
ou le Cajoar 8c le Dodo. 

2°. Ceux qui font grands & qui ont 
un bec gros , fort & oblong ; ce font 
ks genres de Corbeaux, Oifeaux que 
quelques-uns appellent demi-Oifeaux 
de proie , femi-Rapaces. 

3°. Ceux qui ont le bec moindre, 
plus court , quelque peu courbé Se 
qui appartiennent au genre des Pou- 
les » ne vivent que de grains. Ils 
ont le corps gros 8c pefant , ont 
beaucoup de chair , des ailes cour- 
tes , concaves, ce qui fait qu'ils ne 
peuvent pas voler haut & long-temps. 
Le boyau cœcum eft très-long. Leur 
chair eft blanche, fur-tout celle de 
la poitrine. Ils font leurs nids à terre. 
Leurs petits , qui font couverts de du- 
vet , fuivent la mere , courent o% Se là, 
& ramalTent ce qu'ils peuvent avec 
leur petit bec : telles font nos Poules 
domefiiques. , les Faifans , les Per- 
drix , Sec. 

,4°. Le genre des Pigeons , en Latin 
genus Columbinum , appartient aulïi au 
g£nus Gallinaceum s ce qui les carafté- 
rife , c'eft la figure de leur corps , 
qui approche de celle du Coucou > leurs 
jambes font courtes & rouges , ainfi 
que leurs pieds, dans prefque toutes 
les efpcccs que nous connoiflons. Leurs 
ailes font longues. Ils ont le vol fort , 
le bec droit , menu , étroit Se un peu 
long. Il faut excepter quelques Pi- 
geons étrangers , qui ont le bec plus 
court 8c plus gros. Les Pigeons ont une 
voix gémiflTante. Ils ne couvent que 
deux ceufë à la fois , mais en récom- 
penfe ils font plufieurs pontes par an. 
Ils dégorgent dans le bec de leurs pe- 
tits pour les nourrir. 

5°, Il y a de plus petits Oifeaux 



OIS tfî 

terreflres , qui pour la gràndeur tie n- 
nent le milieu entre le Pigeon Se I' d P 
louette. Ils ont le bec* d'un- grolTeur 8c 
d'une longueur médiocre. Le defïlis eft 
un peu courbé. Leur queue ett lon- 
gue. Ils vivent indifféremment de bayes 
8c d'infectes.* Ce genre d' Oifeaux , à 
caufe de fa reflemblance avec la Gri- 
ve , qui eft un volatil très-connu , ett 
nommé par les Naturaliftes Turdinum 
genus. Ce font les* différentes efpeces 
de Grives , de Merles 8c à'Etour- 
neaux. 

6°. 11 y a encore les Oifeaux les plus 
petits de tous, qu'on divîfe en Becs- 
menus 8c en Gros-bect , in tenuirojlros , 
Sc craJJlrafiros.he nombre en ett fore 
grand. 

Pour les Oifeaux aquatiques, ce font 
r°. ceux qui volent autour des eaux, 
qui y cherchent leur nourriture , 8c. 
cependant ne nagent pas. Ils font tous 
filTipîdes. La plupart ont les cuilTes 
longues , Se au-deffus des genoux , ils 
font fans plumes , afin d'entrer plus 
facilement dans les eaux bourbeufes. 
2°. Les Oifeaux qui nagent , Se dont la 
plupart font palmipèdes ; le plus fou- 
vent ils ont les jambes fort courtes. 

Entre les Oifeaux qui volent autour 
des eaux , il y en a de très-grands , 
comme les Grues , Se de petits. Parmi 
ceux-ci les uns fe nourrilîent de poif- 
fons , 8c font nommés pifcivoTœ s les 
autres d'infecles ou de limon , Se on 
les appelle bifeciiv*r<& , ou lirnofug<t. 
Il y s. de ces Oifeaux qui ne vivent 
point de poiiTons , qui ont le bec- très- 
long Se droit , ce font les Bécajfes ; &£ 
ceux qui ont le bec courbé, ce font 
les Hérons. D'autres l'ont de moyen- 
ne longueur , c'eft la Bécajje de mer , 
autrement appellée Pie de mer , connue 
des Latins tous le nom H xmante-pus > 
Se fous celui de Pua i%arina. D'autres 
ont le bec très-court , qui n'a pas plus 
d'un doigt Se demi de long, tels font 
les Vanneaux Se les Pluviers. 

Les Oifeaux aquatiques qui nagent 
font ou fiilipedes , comme la Foulque , 

I i ij 



iji OIS 

ou palmipèdes. Entre ceux-ci îl y en a 
qui ont les jambes très-hautes , com- 
me le Flamand , l'Avofetta , le Tro- 
cbylus , qui eft le Corrira d'A ldr o- 
VANde; d'autres ont les jambes très- 
courtes. Parmi ceux-ci i). y en a qui 
s'ont que trois doigts , comme le F 'en- 
gain , l'Alkfl & le Lomxuia j d'autres 
en ont quatre , 8e* ils fe tiennent tous 
par une membrane , tels font le Péli- 
can , l'Oie , VOie Nonnette , le Corbeau 
aquatique, ou le Cormoran ; d'autres 
ont feulement trois doigts qui fe tien- 
nent , Se celui de derrière eft dégagé; 
de ce genre il y en a qui ont le bec 
étroit ; d'autres qui l'ont pointu à 
l'extrémité , ou un peu courbé , lcf- 
quels font de deux genres ; i°. ceux 
qui ont les ailes courtes 8c qui nagent, 
brachypterm 8c urinatrices , tels font les 
Plongeons de la petite efpece , dont 
quelques-uns ont les doigts divifés Se 
fournis feulement d'une membrane aux 
C('t:s; 2°. ceux qui ont les ailes lon- 
gues Se qui volent , macropters, & vo- 
laticœ , telles font les différentes efpe- 
ces de Mouettes. 11 y en a qui ont le 
bec crochu à l'extrémité , Se de ces 
Oifeaux les uns l'ont dentelé , comme 
les Plongeons j d'autres l'ont uni, fans 
être dentelé , tel eft le Puffin des An- 
glois , Se V^ifeau de Diomedc. Enfin 
les Cifaux aquatiques à large bec , 8c 
qui nagent , peuvent fe réduire à deux 
genres , c'eft- à-dire à celui des Oies , 
en Latin genus Anferinum , 8c à celui 
des Canards , 8c on divife les Canards, 
en Canards de mer, 8c en Canards de 
rivière 8c de lac. 

M. LiNN.EuSjUn des plus fa vans 
Naturaliftes de nos jours , fuit une au- 
tre route. Il divife en fix ordres la 
claffe des Oifeaux. 

Le premier comprend les Accipi- 
tres , qui font fes Oifeaux de proie , 
qu'il divife en Oifeaux notlurnes' 'Se en 
Oifeaux diurnes. Sous le nom généri- 
que de Strix , il comprend toutes les 
différentes efpeees d'Oiftaux notiur- 
nes i fous celui de Fatco , il entend les 



O I S 

r Aiglts , les Faucons , & les autres Oi- 
feaux de proie. 

Il place dans le fécond ordre tous 
ceux qu'il nomme Pica. Sous le non» 
de Corvus , il parle des Corbeaux^ des 
différentes efpeees de Corneilles, des 
Pies Se du Geai i fous celui de Ciicu- 
lus , il comprend le Coucou ,*aînfi que 
le Turcot de Belon; fous celui de 
Ficus , les différentes efpeees de Picsi 
fous celui d'Upupa , îl entend parler 
de la Hupe , 8c fous celui d'ipftda , du 
Mérops , ou Guêpier. 

Le troïfieme ordre eft celui des 
Anferes , Se fous le nom générique d'A- 
nas il range la Poche , Pale ou Palette , 
le Cygne , les Oies , la Bernacle , la 
Tadorne , les différentes «fpeces de 
Canards , le Morillon , la Macreufe , 
la Cercelle , Sec. fous celui de Mergus , 
les Plongeons, le Cormoran 6c le petit 
Cormoran , ou petit Corbeau aquatique ; 
fous celui d'Alca » la Pie de mer du 
Nord „ l'Oie de Magellan , ou le 
Fenguin des Anglois , le Tord des 
Gothlandois , qui eft YAlca d'H o J E- 
R u s ; fous celui de' Colymbus > les 
différentes efpeees de Plongeons , un 
Pigeon de Groenlande ; fous celui de 
Larus, les différentes efpeees de Mouet- 
tes i fous celui de Sterna, les Hirondel- 
les de mer , Se fous celui de Fuite a,, les 
Poules d'eau. 

Le quatrième ordre des Oifeaux de 
l'Auteur , qu'il nomme Scolopaces * 
Oifeaux à long bec , font i °, fous le nom 
d'Ardea , la Grue , les Hérons , le 
Butor > la Cigogne i 2°. fous celui de 
Recurvirofira , l'Avofetta des Italiens * 
& un autre Oifeau de la Laponie , qu'il 
nomme Recurvirofira petlore croceo j 3 ". 
fous celui de Numenius , les' Courlis » 
ou Corîieux , la Becajfe , les BécaJJines > 
les efpeees de Chevaliers ; 4 0 . fous 
celui de Tringa , l'Avis pugnax , qui 
eft le Brusham des Suédois , le Cinclus 
de Belon, efpece de petite Bccajfme , 
l'Alouette de mer , le Vanneau , le 
Tôt an , ou Chevalier rouge i 5 0 . fous 
celui de Charadriits , les Pluviers, le 



O I s 

Charadriuf , ou Oifeau de Roche ; 6°. 
fous celui d' H&mantopus , la Pie ou 
Béeajfe de mer s 7 0 . fous celui d'Orty- 
gometta le Raie d'eau. 

Le cinquième ordre nommé Galli~ 
nuU , Oijèaiix du genre .des Poules , 
font , fous le nom de Pavo , le Paons 
fous celui de Meleagris , le Coq d'Inde ; 
fous celui de Gâllus , le Se -les 
Polder ; Se fous le nojn de Teirao , le 
Co^ rie Bruyère , la Perdrix blanche , 
la Gelinotte , la Perdrix roujfe , la j°£r- 
drixgrife, la Caille, Sec. 

Le fixieme ordre comprend les i'^JJf- 
rej. Sous le nom de Columba il entend 
les différentes efpeces de Pigeons Se les 
Tourterelles s fous celui de Loxia , le 
Pinçon Royal , nommé autrement Groj-- 
, Se deux autres Loxia ; fous celui 
d'Ampelis , le t7^i Bohême, la Pie- 
Griêcbe , dont plufîeurs efpeces ; fous 
celui de Sitta, le Grimpereau ou Ter- 
chepot ; fous celui de Stufnus , Y E tour- 
veau } fous celui de Turdus , les Grives , 
les Merles; fous celui d'Alaitda, les 
différentes efpeces 6.' Alouettes ; fous 
celui de Fringilla , les Chardonnerets , 
les Pinçons , les Verdiers , les Serins, 
les Ortolans , les Linotes, les Moineaux 
de différentes efpeces ; fous celui de 
Certhia, le pe tit Grimpereau j fous ce- 
lui de Motacilla , la Lavandière , les 
Bergeronnettes , le Merle aquatique , les 
Câ/Ï blancs , les Rouges queues , les 
Rojftgnols , les Gorges rouges , les f <«f- 
vettes, les Bec -figues , les Mé fanges 
de Bois, les Roitelets ou Bérichons ; 
fous celui de Parus, les différentes èf- 
peces de Méf anges ; fous celui d'Hi- 
rundo , les Hirondelles domefiiques , des 
champs , les Martinets , l'Hirondelle 
de mer Se le Tette-Chevre , ou Crapaud 
volant ; & enfin fous celui de Procella- 
ria , un Oifeau connu en Suéde , qui 
eft leftitrf/ d'A lein. 

M. Klein dîvîfe la claffe des 
Cifeaux en huit familles, & les range 
fuivant le nombre des doigts qu'ils ont 
aux pieds. 

Dans la première il place les Oifeaux 



O I S î SÎ 

qui n'ont que deux doigts aux pieds , 
& il n'y a que l'Autruche d'Afrique 
qui n'ait que deux doigts , Se point par 
derrière, didatlyhts, nullo pôjlico. 

Dans la féconde famille , qui con- 
tient fix genres % font les Oifeàuk qui 
ont trois doigts aux pieds Si point der- 
rière , tridaclyhts , nullo fiflico. Le 
Nhanduguacn de l'Amérique, cfpece 
d'Autruche, fait le premier. genre. Le 
Cafoard , ou V Ente h fait le fécond.. 
U Outarde , la Cane Petiere , l'Outarde 
de l'Arabie d'E dtaiid , k Mucu- 
cagitd font du troifieme. Dans le qua- 
trième l'Auteur place les différentes 
efpeces de Gavia , comme le Vanneau , 
le Pluvier verd , Sec. dans le cinquième 
l'Hœmantopitsde Pline, décritpar Sib- 
dald & par le Comte de Marsilly ; 
dans le fixieme la Pie de mer de Belon. 

La troifieme famille, qui font' les 
Oifeaux à quatre doigts , dont deux 
devant Se deux derrière , tetradaclylus , 
digitis duobus anticis , tôt idem po/licis , 
contient aufli fix genres. Dans le pre- 
mier font les Perroquets ; dans le fé- 
cond les Pics ; dans le troifieme les 
Coucous j dans le quatrième les Jpjîdà 
ou Alcyons s dans le cinquième l'Ci- 
feait Royal, ou Roi de Guinée s dans le 
fixieme la Pie du Bréjil. 

La quatrième famille contient les 
Oifeaux à quatre doigts » trois devant 
5c un derrière , tetradaclylus digitis 
fimplicibus, unico pojîico y Se forme vingt 
genres. Le premier eifc divifé en quatre 
tribus. Dans la première font les diffé- 
rentes efpeces d'Aigles ; dans la fé- 
conde les Vautours ; dans la troifieme 
les Faucons; dans la quatrième les 
Oifeaux de nuit. Le fécond genre con- 
tient les différentes efpeces de Cor- 
beaux Se de Corneilles ; le troifieme les 
Pics , les Geais , le Cajjfè-Noifette , Sec. 
le quatrième les Etourneaux 3 le cin- 
quième tes Grives ; - le fixieme les 
Akuettes. Le feptieme genre eft drvïfé 
en trois tribus. La première contient les 
Ficedula , qui font les Roffignols Se au- 
tres Oifeaux chantans j la féconde ies 



Trochloàytes , qui font les Roitelets; la 
troifieme les Silvia, tels que'la Rouge 
gorge Se autres petits Oifeaux. Le hui- 
tième genre contient deux tribus. Dans 
la première font les Hirondelles , dont 
les plumes de la queue font égales ; 
dans lai féconde f° nr -Hirondelles, 
dont la queue eft divifée. Le neuviè- 
me genre eft compofé des différentes 
efpeces de Méfanges. Le dixième eii 
partagé en cinq tribus. Dans la pre- 
mière on trouve les différentes efpeces 
de Moineaux ; dans la féconde les Or- 
tolans & autres; dans la troifieme les 
différentes efpecçs de Linotcs ; dans la 
quatrième les Oifeaux à gros bec , tels 
que le Pivoine , ou Bouvreuil , & au- 
tres; dans la cinquième le Chardonne- 
ret d'Europe Se d'Amérique. L'on- 
zième genre comprend les Oifeaux à 
long bec , comme les Bécajj'es , Bécajfi- 
nes , h Barge, Sec. Le douzième, les 
Oifeaux qui fe plaifent dans le gra- 
vier, que l'Auteur fait connoître fous 
le -nom de Glareola , tels que le Che- 
valier aux pieds rouges , le Chevalier 
aux pieds noirs Avis Pugnax , nom- 
mé Soldat , Sec. Le treizième, les diffé- 
rentes efpeces de Râles. Le quator- 
zième , les Suceurs de miel, tels que les 
Colibris , Sec. Le quinzième genre eft 
divifé en deux tribus : la première offre 
les Grimpereaux ; la féconde les Cor- 
peux , les Guêpiers 8e la Hupe . Le fei- 
zieme genre eft celui des Oifeaux pou- 
dreux : fous le' nom de Gallinaa:eus , 
on- connoît le Coq Se la Poule ; fous ce- 
lui de Favo , le Paon ; fous celui de 
fthleagris , le Coq d'Inde ; fous celui 
de Pha/ianus , le Faifan , la Perdrix Se 
la Caille ; fous celui de Lagopus , le 
Coq de Bruyère , la Géiinote , Sec. Le 
dix-fsptieme genre eft celui des diffé- 
rentes efpeçes de Pigeons , dans lequel 
on comprend la Tourterelle , Sec. Le 
dix- huitième genre comprendra Grue 
ordinaire, \aGrue Baléarique , celle 
du Japon , celle de Numidie , nom- 
mée Demoifelle , Sec. Le dîx-neuvieme 
genre eft compofé de trois tribus : 



O I S 

dans la première on voit les Hérons j 
dans la féconde les Cigognes ; dans la 
troifieme la Palette , ou Spatule , le 
Flamand, ainfi que le Pélican d'arbre 
de l'Amérique. Le vingtième êft un 
genre d'Oijeaux qui ont le bec fait en 
forme d'harpon j telle eft la Pie du 
Mexique. 

La cinquième famille renferme les 
Oifeaux palmipèdes , armés de quatre 
doigts aux pieds", un derrière Se trois 
devant: les genres font au nombre de 
quatre. Le premier contient deux ra- 
ces ; la première font les Oies, la fé- 
conde les Canards. Le fécond genre 
eft partagé en quatre races ; dans la 
première font les Mouettes , dans la 
féconde le /Varie , Sec. dans la troi- 
fieme les Plongeons, dans la quatrième 
Y Avofetta Se le Coupeur d'eau. 

Dans la fixieme famille font des 
Oifeaux palmipèdes à quatre doigts , 
comme VOnocrotale , ou le Pélican , 
VOie de Baffan , le grand Fou, le Cor- 
moran , le petit Cormoran , VOifeau du 
Tropique , Se le Topinamèu de Marc 
Grave. 

Dans la feptieme famille font aufii 
des Oifeaux palmipèdes , mais à trois 
doigts , tels que la Colombe de Groen- 
land , le Lomwia , ouGuiltemot (3'Al- 
b i n , le Canard Arclique de Cl u- 
S i u s , l'Oie de Magellan , ou Pen- 
gain , ['Alka , le Sénateur de M a r- 
T e n S , ainfi que le Préconfu! ou Bour- 
guemeflre du même , le Stront-Jage r , 
le Pinçon de mer ou de tempête de 
FeuilléE, Se l'AlbatroJfd'Euw ARD. 

Enfin dans la huitième famille font 
des Oifeaux datïylabes à quatre doigts , 
franges de chaque côté, Se dont plu- 
fieurs ont trois doigts devant Se un 
derrière. L'Auteur y place les diffé- 
rentes efpeces de Colymbes Se les Foul- 
ques. 

M. Mœrhing a auffi obfervé en 
1752. les genres des OiJ 'eaux , qu'il 
divife en quatre claffes. La première 
qui renferme les Hymenopodes , c'eft- 
à-dire les Qifea;ve dont les pieds font 



O I s 

garnis d'une membrane, eft fubdîvi- 
fée en deux ordres. Dans le premier 
fbnt les Aves Pieu, s dans le fécond font 
les Aves Pa/feres. 

Sa féconde clafTe eft cdmpofée des 
'Dermatopodes , Oifeaux do rit les pieds 
font garnis d'une peau , & contient 
deux ordres, fa voir les Aves Ascipi- 
tres & les Aves Gallin*. 

Sa troifieme contient les Brachypte- 
r£ . Oifeaux à ailes courtes ; telle eft 
¥ Autruche. 

Et la quatrième , divifée en cinq 
ordres , contient les Oifeaux aquati- 
ques , hydrophyU. Dans le premier 
font les Oif eaux à bec dentelé , odomo- 
rkyneha ; dans le fécond les Oifeaux à 
bec plat & crochu en dedans ,- platy- 
rhyncha; dans le troifieme les Oifeaux à 
bec étroit , ftenorbynchœ , tel quel'Ono- 
crotale } dans la quatrième les Plon- 
geons , Urtnatrices } dans la cinquième 
les Oifeaux à long bec , Scolopaces. 

Telles font les divifions ou les tables 
fynopriques de nos Ornithologues mé- 
thodiftes. 

Il n'en eft pas , dit Bel on, des 
Oifeaux comme des anilmaux terref- 
tres , qui de chaque efpece font , ou 
plus grands ou plus petits , ou plus 
maigres ou plus gras , fuivant les ré- 
gions qu'ils habitent. Les Oifeaux , 
fuivant l' efpece qu'ils font , confervent 
a (fez conftamment par-tout leur gran- 
deur. Une Aigle , par exemple , le 
Ramier , la Tourterelle , le Roitelet , la 
Corneille t dans quelque pays qu'ils vi- 
vent, font voir peu de différence. S'il 
y a des Chapons T des Grives, des Oies 
& tels autres Oifeaux un peu plus 
grands ou un peu plus gras dans des 
pays que dans d'autres, ils ne différent 
pas pour cela par leur forme , leur 
couleur & leur nature. Un Coq vivant 
en Afrique eft comme un Coq vivant 
en Afie Se en Europe. 

Les Anciens ont dit quJentre les 
animaux , celui qui eft couvert de plu- 
mes , qui marche fur deux pieds , & 
ç^ui a des ailes, eft nommé Oifeau. Les 



O I S 1TS 

Grecs dîfent 6W ; les Latins Avis ; 
du mot Omis , les Grecs ont fait Qrni- 
thotropbia , 8â les Latins d'Avis ont 
fait Aviaria, mots qui fignifient en no- 
tre langue volière. Les Oifeaux qu'on, 
nomme encore Bipèdes , ont des yeux 
& des paupières comme les autres ani- 
maux. Ils couvrent leurs yeux d'une 
membrane, qui fort du coin de l'œil, 
de la partie de dehors r en l'amenant 
en bas vers le bec, Us voyent tous 
fort clair, mais les uns plus que les 
autres ; les uns voyent le jour, & les 
autres la nuit. 

Les Oifeaux de proie ont les yeux 
ombrés. Aucun JJïfeau n'a de cils , 
qu'on nomme en Latîn cilia , ni de 
fourcils, qu'on appelle fupercilia , du 
moins qui portent du poil autour des 
yeux , comme chez l'homme & les ani- 
maux. II eft vrai cependant qu'il y en 
a , tels que les Faifans , qui ont quel- 
que chofe d'approchant. Les Oifeaux 
ont fur le bec deux trous , qui leur 
fervent pour l'odorat. Ils ont un bec 
fans dents , mais il y a quelques Oi- 
feaux de rivière , qui ont le bec den- 
telé ; ils l'ont auffi crochu. Ceux qui 
vivent de vermine ont le bec grêle, 
foible Se pointu : ceux qm" vivent de 
grains l'ont fort court, & propre à les 
broyer : ceux qui nagent fur l'eau * 
qu'on nomme paluftres , l'ont large Se 
crochu par le bout : ceux qui font 
montés fur de grandes jambes ont le 
bec longuet , menu & jointu ; enfin 
il y en a qui l'ont rond & droit ; d'au- 
tres voûté , & d'autres tranchant. 

Comme les Oifeaux différent les uns 
des autres par le bec , ils différent aufll 
par la langue. Les uns l'ont courte , 
les autres large: d'autres déliée & la 
plupart dure. Ceux qui nagent fur 
l'eau ont des membranes aux pieds , 
qui leur fervent d'avirons pour nager; 
ils ont cependant autant de doigts au* 
pieds que les autres. 

Tous les Oifeaux ont quatre doigts v 
«fexcepté un petit nombre , qui en ont 
trois. 11 y en a plufieurs qui en ont 



2 5 <î OIS 

deux derrière Se deux devant. Les Oi- 
feaux qui ont les ongles crochus , font 
ordinairement les Oijeaux de proie , Se 
ils ne marchent pas fi bien que les au- 
tres. Tous ont une queue , non comme 
celle des poiffons Se celle des bêtes 
terreftres , mais un croupion , où des 
plumés font attachées , qui leur fervent 
de gouvernail. Il y en a beaucoup qui 
l'ont longue Se d'autres courtes , Se 
d'autres qui n'en ont point du tout. 
Tous ont les plumes fendues & atta- 
chées à la peau; la racine en eft creu- 
fe : mais outre ces plumes ils ont en- 
core du poil , ou une efpece de duvet. 
Nous n'entrerons point dans le détail 
des parties intérieure^ des Oijeaux , 
cela regarde l'anatomie. 

Le bec Se les pieds font ce que les 
Auteurs anciens ont choifi pour diftin- 
guer les Qifeaux les uns des autres. 
J'ai déjà parlé de la nature de leur 
bec. Quant à leurs pieds , les An- 
ciens appellent fiffîpedes ceux qui ont 
le pied fendu , pour les diftinguer 
de ceux qu'ils nomment palmipèdes , 
c'eft - à - dire qui ont les pieds plats. 
Cette diftinclion conduit à répéter Ici 
que les Oijeaux de proie , qui ont l'on- 
gle crochu i font nommés en Latin 
une ungues , Se les autres qui ont l'on- 
gle droit, rethtngues. 

Les Grecs Se les Latins ont auiïi tiré 
îa dénomination de chaque efpece d'Oi- 
feau , de la nourriture qu'elle prend. 
Les Qifeaux de proie , par exemple , 
en général font appelles par les Grecs 
farcopha<rA , Se par les Latins carnivo- 
ta, ce qui veut dire en François man- 
geurs de chair. Ceux qui ne vivent que 
de Vermine font nommés par les Grecs 
Scolicopbaga , ce qui lignifie en Fran- 
çois mangeurs de Vermine. Ceux qui 
ne vivent que de femences de Char- 
dons, d'herbes épineufes , font nom- 
jmés acanthophaga , comme qui diroit 
mangeurs de Chardons. Ceux qui ne 
vivent que de Fourmis , Moucherons , 
3çc. font nommés fenipophaga , c'elt^-y 
â-dire mangeurs de Mouches. Ceux 



O I S 

qui ne vivent que de grains entiers 
font nommés Carpophaga. , c'eil-à-dire 
mangeurs de fruits. Ceux qui dévorent 
indifféremment les grains 8e la Vermi- 
ne font nommés Famphaga » comme 
qui diroit vivans de toutes choj'es . Ceux 
qui fréquentent Se nagent fur les eaux, 
qui ont le pied plat, font nommés fle~ 
ganopodes , Se en Latin palmipèdes , à 
la différence des Oijeaux qui font 
appellés fiffîpedes. On nomme Avei 
agreffes ceux qui vivent dans les lieux 
retirés , pour les diftinguer des Qi- 
féaux domeftiques. 

Il y a des Oijeaux qui ne quittent 
point le haut des montagnes ; d'autres 
qui font toujours dans les forêts , & 
d'autres qui ne fréquentent que les 
rochers. Plufieurs efpeces -à'Oifeaux 
changent, de demeure fuivant les fai- 
fons. Pendant l'été ils relient fur les 
montagnes , Se l'hiver , à caufe du 
grand froid qui y règne , ils defeendent 
dans les plaines. Plufieurs quittent les 
eaux douces en hiver, pour aller cher- 
cher les eaux falées , qui ne le glacent 
point. D'autres ne vivent que fur les 
bords des fontaines Se des fources. 
D'autres , comme les Qifeaux pajja- 
girs, vivent pendant un certain temps 
de l'année dans un pays, Se s'en vont 
dans un autre, où ils arrivent prefque 
tous à jour marqué. En Europe on ne 
voit que pendant l'été les Cigognes , les 
Cailles, les Milans noirs, les Hiron- 
delles , qui fuient les chaleurs brûlan- 
tes de l'Afie Se de l'Afrique. Sur la 
fin de l'automne , à caufe des rigueurs 
de l'hiver , les Hirondelles quittent 
l'Europe , pour jouir pendant cette 
faifon du climat tempéré de l'Afrique, 
de l'Egypte Se de l'Arabie. Les Bé- 
cajfes qui ne peuvent vivre pendant 
l'hiver fur le haut des montagnes qui 
font couvertes de neige Se de glace, 
viennent chercher l'humidité de nos 
bois Se de nos vallons. Les Gruè's quit- 
tent pendant l'hiver les Régions Sep- 
tentrionales , pour vivre dans les cam- 
pagnes , Sc3près l'hiver elles retour- 
nent 



O I s 

fient à leur première demeuré , où 
règne un froid plus fupportable. Mais 
s'il y a un grand nombre à'Oifeaux 
pajfgers , il y en a encore un plus 
grand nombre , qui ne quittent point 
jes endroits où ils ont pris naiflance. 

Les Oifeaux vivent les uns plus, les 
autres moins. Les Oifeleurs ont obfer- 
vé parmi ceux qui vivent en cage qu'il 
y en a plufieurs qui ne vivent pas plus 
de deux ans : d'autres vivent cinq , 
d'autres dix , Se d'autres jufqu'à cin- 
quante ans. Ceci doit s'entendre des 
Oijeaux de proie , mais le cours de leur 
vie n'eft pas réglé. 11 y a des Oifeaux 
qui vivent enfemble ; d'autres qui vi- 
vent feuls. Ceux qui ont les ongles 
droits & qui fréquentent les rivières 
fe lavent en tout temps dans l'eau. 
Ceux qui ne volent pas fort haut , 
comme les Poules , aiment à faire la 
poudrette. On voit qu'un Oifeau eft 
malade quand fon plumage eft hérilTé 
& mal en ordre. 

On connoitlesO/y^và la différen- 
ce de leur vol & de leur marcher. Plu- 
fieurs marchent toujours pas à pas : 
d'autres ne peuvent aller qu'en fau- 
tant , d'autres en courant , d'autres 
en jettant leurs pas devant eux. Quel- 
ques-uns ne peuvent marcher fur ter- 
re, ne ceffent de voler, ou s'arrêtent 
bien peu. Les Oifeaux qui ont de gran- 
des ailes , comme ceux qui ont des 
ongles crochus , tels que les Oifeaux 
de proie , ne marchent que difficile- 
ment. Il y en a qui preffent leurs ailes 
en volant , après avoir frappé feule- 
ment l'air d'un feul coup : d'autres ne 
peuvent voler, qu'ils ne remuent fou- 
vent leurs ailes; d'autres ne s'élèvent 
de terre , qu'en jettant un grand cri 
avant que de partir ; d'autres ne font 
aucun bruit. Les uns s'élèvent tout 
droit de terre ; d'autres ne peuvent 
s'élever fans prendre leur courte; d'au- 
tres partent de deffus quelque hau- 
teur ; d'autres paroiffent fe biffer tom- 
ber, 8c fe relèvent enfuite tout d'un 
coup. 

Tome III, 



OIS i 5 7 

Il y a des Oifeaux qui chantent plus 
melodieufement que les autres , & il 
n'y en a aucun qu'on ne puiffe recon- 
noître à fa voix. Cependant les Oi- 
feaux de proie chantent peu , ou plu- 
tôt chacun a un cri particulier par le- 
quel on le peut distinguer. C'eftlorf- 
que le temps eft ferein qu'on entend 
les Oifeaux chanter dans les bois. Les 
Oifeaux mâles, fans en excepter au- 
cun , chantent mieux que les femelles. 
Il y a même des femelles qui ne chan- 
tent point du tout. Les Oifeaux s'en- 
tendent les uns les autres , Se fe ré- 
pondent. Le printemps eft la faifon de 
leurs mélodieux accords. On fait que 
le Rojfignol fait dans cette faifon , & 
fur-tout la nuit, l'agrément des bois. 
On entend la nuit, avant le jour, Se 
pendant le jour, le Coq , l'Oie , les Sar- 
celles , l'Alouette , le Vanneau , le Cor- 
lis , le Pluvier , la Grue, le Rojfignol , 
la Perdrix, & plufieurs autres. 

Le printemps paroît être la faifon 
dérerminée pour les amours des Oi- 
feaux. Ce n'eft que dans ce temps 
qu'ils s'entrecherchent , & ils fe tien- 
nent compagnie pendant tout le refte 
de l'année , fans penfer à leurs amours. 
Les mâles des Oifeaux de proie font 
communémentplus petits que leurs fe- 
melles. Entre les Oifeaux il y a des 
efpeces qui font plus portées à l'amour 
que les autres , même des mâles plus 
amoureux que des femelles, & des 
femelles plus amoureufes que des mâ- 
les. Tous les mâles ne cochent point 
leurs femelles de la même manière. 
Les uns la tiennent contre terre; les 
autres tout de bout. Quelques Oifeaux 
pondent dans toutes les faifons de l'an- 
née ; d'autres une fois l'an , au prin- 
temps feulement ; d'autres en hiver , 
Se d'autres deux fois l'an. Les uns font 
une grande quantité d'œufs ; d'autres 
en font peu. Les uns font leurs nids 
à terre , les autres au haut des arbres, 
d'autres dans des arbrîffèaùx , d'autres 
dans des creux d'arbres , d'autres dans 
la terre , d'autres dans des rofeaux * 

Kk 



î5$ O I S" 

d'autres dans des fentes de rochers , Set. 
Les œufs différent fuivant les efpeces 
à' Oifeaux , par la couleur 8c par la 
grotfeur ; maïs tous ont une coque ou 
écorce afTez dure , & en dedans une 
membrane qui enveloppe tout le vo- 
lume de l'œuf. Pendant que les femel- 
les couvent leurs œufs , 8c les font 
éclorre par leur chaleur naturelle, il y a 
des maies qui foulagent leurs femel- 
les & leur apporte de la nourriture ,. 
&c d'autres qui les abandonnent tout- 
à-fait. 

Les Oifeaux de proie font ordinai- 
rement tous maigres ; cependant il y a 
des pays où l'on en mange. Les petits 
des Vautours étoient autrefois fort efti- 
més dans l'Ifle de Crête. B uon 
( Liv. I. chap. 20. ) dit qu'il y a des 
f auconniers qui font cas de la chair 
du Sacre , du Vautour 8c du Faucon , 
rôtie ou bouillie en guife de volaille, 
8c qu'ils ne perdent pas de ces Oifeaux 
de proie , quand il y en a qui courant 
après le gibier fe caffent une cuifle , 
ou fe rompent une aile. Akistote 
( Hifi. Auim. L. VI. c. 7. ) dît que les 
petits de* Oifeaux de proie font un ex- 
cellent manger ; 8c Pline ( Hifi. Nat. 
L. X c, 4.9. ) rapporte que dans les 
Mes Baléares les Bujards étoient de 
fon temps très-recherchés deshabitans. 
Mais fi les Anciens recherchoient fi fort 
lies Uijeaux de proie , Belon nous 
apprend qu'on mange en Auvergne le 
Goyran , qui eft une efpece d'Aigle , 
Se il nous allure que ces fortes d' Oi- 
feaux jeunes 8c vieux font excellens ; 
ei j p ndant il avoue que ces Oifeaux. 
de proie font faits plutôt pour le plai- 
fir des Grands , c'eft-à-dire pour la 
chafle , que pour couvrir leurs tables. 
Il: ajoute aulïî qu'un Payfan ne man- 
gerait pas d'un Milan , d'une Orfraie, 
d'une Cnjferelle , 8c d'autres qui fo 
nourrifTent de charogne » non plus que 
des Oifeaux.de nuit. Le petit d'un Cou- 
cou paffoit chez les Anciens pour un 
excellent mets. Aristote ( ibid. ) 
€fj: faifoit grand cas. On mange, err. 



O I s 

Egypte & en Macédoine beaucoup de 
Cygnes, quoique leur chair foit de 
dure digeftion. Les Oifeaux de rivière 
qui fréquentent les marais ont la chair 
excrémenteufe , 8c font de plus diffi- 
cile digeltion que les Oifeaux terreftres; 
mais les Canes, de même que lesCa- 
nards fauvagïs 8c privés , les Maries ». 
les Sarcelles , les I'iettes 8c les Moril- 
lons font un meilleur manger , Se infi- 
niment moins excrémenteux que les- 
Plongeons , les Cormorans >\es Cravans?. 
les Caftagneux , les Macrotdles ,. les 
Jodelles, les Mouettes 8c les Bievres, 
dont la chair eft dure , fibreufe , beau- 
coup excrémenteufe , & maigre. 

Toutes les Nations ne s'accordent 
pas fur la qualité des Oifeaux pour le 
manger. Belon rapporte que les 
Hérons blancs Se gris , les Butors , les 
l'aies ou Palettes , les Bihorreaux 8c 
les Aigrettes font recherchés des unes 
& méprifés des autres. Il y a eu des 
Empereurs, difent Pline 8c Ma- 
cro b e , qui regardoient la langue 
du Flamand , comme un mets excel- 
lent. Du temps de P L 1 n e , la Cigo- 
gne palfoit pour un bon manger. L'Au- 
truche eft un régal chez les Afri- 
cains, comme l'Oie l'ell parmi nous. 
Quant aux Oifeaux dont on fait ufage 
fur les tables en Europe, voici com- 
me en parle Belon. L' 'Alouette de 
mer, la Barge , Se le Chevalier noir & 
rouge pris en hiver Se gras font un 
bon manger. Le Corlis 8c la Foule d'eau 
fentent beaucoup le fauvagin. Le Mar- 
tinet Pêcheur n'eft pas cftimé. Le Cul 
blanc eft d'une bonté finguliere. Le 
Râle noir eft de dure digeftion. La Ca- 
ne Fétiere eft moins bonne que la Per- 
drix. Le Francolin , la Géltnote 8c le 
Coq de bois engendrent un làng fubtfl. 
Les Poules d'.nde 8c d' Afrique pafTent 
pour être délicates ; elles font meil- 
leures froides que chaudes, ha Caille 
eft une viande friande. Le Pluvier 8c 
la Bécajje font des Oifeaux de bon 
t>oût. Le Paon , quoique d'une chair, 
dure s paroiftoit autrefois fur les meiV 



O I 5 

leufeS tables avec les Toutes de Gui- 
née. Le Fài/att, les Foules d' Autruche 
Se les Poules privées , de même que 
les Chapons , les Poulets Se les Pou- 
lettes font la nourriture des perfonnes 
en famé & de celles qui font malades. 
Les Pigeons Ramiers , les Bijets , les 
Pigeons fuyards Se privés , Se les Tour- 
terelles , tous ces Ojfeaux font en ufa- 
ge par- tout. Les Payfans fe nourrif- 
fent des petits des Corneilles Se des 
Pies, ainfi que de ceux du Geai, Sec. 
Les Merles noirs Se blancs , les Grives 
Se les Mauviettes font d'excellens Oi- 
feaux. En Italie , on fait grand cas du 
Bec- figue , du Pivoine , du Rojfignol « 
de la Fauvette roujfe & brune , Se de la 
Rouge gorge , qui font d'un très-bon 
goût. Les Moineaux , les Bruants , les 
Gros-Becs , les Linotes , les Picsverds, 
les Pinçons, les Chardonnerets , les T;Z- 
riwr , les Verdicrs , les Lavandières Se 
les Bergettmuttesioiit mangés quelque- 
fois à la campagne , tant parccqu'ils 
font gras en hiver , que parecqu'ou y 
en prend une grande quantité. 

En général , les Oifeaux qui fe nour- 
rîlTent de grains , d'herbes ou de fruits , 
font bien plus fains , fourniflent un 
meilleur fuc, fie fe digèrent plus faci- 
lement que ceux qui fe nourriHent 
d'infectes , de viande , ou de poilïbn. 
La chair des premiers n'eft ni trop ter- 
reftre , ni trop aqueufe , & les princi- 
pes qu'elle contient lont fi concentrés 
Se mêlés fi intimemenr , qu'elle n'a 
rien d'àcre ni de piquant , Se qu'elle 
n'excite fur la langue qu'une faveur 
telle qu'il la faut pour détacher la fa- 
iive , qui doit venir préparer l'aliment 
dans la bouche Se former une bonne 
digeftion : bien au contraire des Oi~ 
féaux aquatiques Se de marécages, dont 
la chair eft mauvaife & prefque toute 
cxcrémentitielle; car comme ilsfenour- 
riflentde poiiTon, qu'ils habitent ordi- 
nairement dans la fange & dans la 
boue , qu'ils font peu d'exercice , Se 
qu'ils amaflTent plufieurs récrémens , à 
«aufe de la froideur de l'eau qui bou- 



O ï 3 î5j> 

che les pores de la peau ; par-là, au lieu 
d'avoir une chair falubre , ils l'ont mal 
travaillée Se contraire à l'eftomac , Se 
pour cette feule raifon on doit donner 
la préférence aux premiers Se n'ufer 
des autres que très-fobrement. 

Pour finir cet article nous dirons 
qu'il y a eu des Auteurs qui ont foute- 
nu qu'il y a plus de deux mille fortes 
d'OtJeaux , deux fois autant de poif- 
fons , une quantité innombrable d'ef- 
peces de bêtes à quatre pieds ; mais 
B e l o N en diminue bien le nom- 
bre , en difant qu'il eft hors du pou- 
voir de l'homme de compter plus de 
cinq cents efpeces de poilTons , plu* 
de trois cents fortes d'Oifeaux , plus 
de trois cents bétes à quatrepieds , plus 
de quarante diverfes fortes de Serpens 
Se plus de trois cents chofes provenues 
des herbes Se des arbres , propres à 
manger. 11 ne parle ni du nombre des 
infectes, ni de celui des Coquillages : 
peut-être met - il ceux-ci dans le 
nombre des poilTons. Notre Natura- 
liste François ne parle que d'apres 
P L i n e ( Hifl. Nat. Lu II. c. 31), 
qui dit : Peraciâ Aquatilium dote , non 
alienum videtur indicare per tôt maria 
tam vafla 0" tôt miliibus pajfuum terrœ 
itifufa , ex traque circumdata menjitrâ 
pêne ipfius mundi , qu& intelligantur ani- 
malia, centum feptuaginta-j ex omnium 
generum ejje , eaque nominatim corn- 
pleElï i mais P l 1 N e ne parle que 
des animaux en tous les genres , qui 
étoient venus à fa connoilfance. Com- 
bien de découvertes depuis cet An- 
cien, Se même depuis Belon, dans 
l'Hiftoire Naturelle de tous les gen- 
res d'animaux ! Combien de poîflons 
cachés dans la mer, que nous ne con- 
noilfons point! Combien qui n'ont fait 
que paroitre Se diiparoître aux yeux 
des Mariniers , qui n'ont pas eu de 
temps affez pour en confidérer la figu- 
re Se leur donner un nom ! Combien 
d?ns l'Afrique Se dans l'Afie à'Oi- 
feaux Se de Quadrupèdes , que nos 
Voyageurs n'ont vus qu'en palfant Si 
K k îj 



2Ô0 OIS 



O I S 



defquels ils n'ont pu nous donner Côïl- 
uohTance ! Cependant comme BeloN 
ne nous parle que de ce qui nous eft 
connu , il fe peut qu'il ne fe foit pas 
beaucoup trompé dans fon calcul. 

Il y a beaucoup d'Oifeatex qui n'ont 
point de noms particuliers. Voici ceux 
que j'ai remarqués dans les Auteurs. 

OISEAU D'AFRIQUE, en 
Latin Avis Afra. Voyez POELE 
DE BARBARIE, 

* O I S E AL X DE LA CHINE : 
On lit dans V Jiijloire Générale des 
Voyages, Tome VI. p. 488. que les 
Chinois , non contens des chefs-d'œu- 
vres de la Nature dans leurs pays , 
ont eu recours à l'invention , pour fe 
former des Oifeaux. Les plus remar- 
quables de cette efpece font le Fong- 
Whang Se le KikHn- On en raconte à 
la Chine mille hiftoires fabuleufes, dît 
Al. du H A 1, D E, Le premier doit être 
le même Oifeau que Navarette 
prend pour notre Aigle. Il dit que les 
Chinois le nomment Oifeau du Soleil , 
apparemment , dit-il , pareeque , fui- 
vant l'opinion commune , il regarde 
fixement cet Aftre. 11 ajoute que les 
Chinois prennent pour un bon augure 
de le voir paroître , & que s'il en faut 
croire leurs Savans , on en vit un à la 
naiffance de leurPhilofophe C o n f u- 
Cius. Leurs livres, continue-t-il , 
nous apprennent que cet Oifeau a le 
col d'une Grue , le corps en forme 
de Serpent & la queue femblable à 
celle d'un Dragon. Il ne fe perche ja- 
mais fur les arbres. Il ne mange aucune 
forte de fruit. On dillingue le mâle 
d'avec la femelle , d'où le même Au- 
teur conclut que ce ne peut être le 
Phcenix , comme plufieurs Millionnai- 
res fe le font imaginé. Son chant eft 
d'une harmonie charmante. Enfin les 
Chinois font perfuadés qu'il exifte dans 
la Nature, quoiqu'aucun Chinois ne 
l'ait jamais vu. M.duHalde aiïure , 
d'après fes Correfpondans , que cet 
Qijeau dont les Chinois peignent 
feuvent k figure avec tant d'orne - 



meus , fie paroît jamais dans aircufte 
des Villes Se des montagnes auxquel- 
les ils ont donné f on nom. 

Le KikjtUi , fuivant les Chinois , eft; 
compofé ( comme le précédent, de diver- 
fes parties qu'ont les autres créatures. 
Il a la hauteur Scie tronc du Bœuf, le 
corps couvert de larges Se dures écail- 
les , une corne au milieu du front , les- 
yeux Se les mouftaches du Dragon 
Chinois. Cet animal imaginaire eft 
le fymbole des Mandarins du premier 
ordre. 

Les Géographes Chinois parlent 
d'un petit Oifeau nommé Tung-Whang- 
Fung , qui furpaife le Fvng-Whang mê- 
me en beauté. Ils racontent que la 
beauté de fes couleurs eftfurprenante. 
Il a le bec d'un rouge brillant , tirant 
fur le vermillon , & fa vie ne dure pas 
plus que la fleur nommée Ing-IVha ; 
mais à Chîn-Tu-Fu , Capitale de Te- 
Chuen , où ils ajoutent que la Nature 
le produit , les habitans ne connoilfcnt 
pas cet Oifeau. 

Magalhaens nous fait la def- 
cription d'un autre Oifeau , qui n'eft 
pas moins remarquable qutlçs Qi/èaux 
fabuleux , s'il faut s'en rapporter à fon 
récit. On le nomme La-Ki , c'eft-à-dire 
Oifeau au. bec de cire , pareeque fon bec 
eft de cette couleur. L'Auteur en vit 
un dans le palais de l'Empereur. Il 
étoit de la gi ofteur d'un Merle , mais 
la couleur de fon plumage étoit cen- 
drée. Il apprend tout ce qu'on lui en- 
feigne avec tant de docilité , qu'il fait 
des chofes incroyables: par exemple 
il joue feul une comédie , il met un 
maique ; il manie une lance , une 
épée ou une enleigne qu'on fait exprès 
pour lui. Il joue aux échets : il fait 
plufieurs aéHons Se divers mouvemens 
avec tant de grâce & de vivacité , qu'il 
charme les Spectateurs. M. Du Halde, 
qui a emprunté tant de particularités 
de Magalhaens, ne dit rien de cet 
Oifeau merveilleux. H~ifl. Géri, des 
Voyag. Tome VI. L. H. p. 488. 

On fait beaucoup de cas a la Chine: 



O I s 

de certains petits Oifeaux , qui fe 
nomment Oifeaux de combat, qui ref- 
femblent aux Linots Se qu'on nourrit 
dans des cages , non pour chanter , 
mais pour combattre. Ceux qui ont 
été mis à l'eflai fe vendent fort cher. 

Il fe trouve au(Ti dans l'Ifle de Hay- 
non à la Chine des Oifeaux de la grof- 
feur du Lïnot. Les uns ont le pluma- 
ge d'un beau rouge , 8c d'autres l'ont 
couleur d'or. Ces deux efpeces font 
toujours enfembie. 

Aux environs de la ville de Nan- 
Ning-Su, ville de laProvince deQuang- 
Si, au même Royaume , il y a des 
Oifeaux qui rendent par le bec du fil 
de Coton. 

OISEAU DE COMBAT, 
en Latin Avis pugnax : les Suédois le 
noramentiSr/f/Lîw. Il ell commun dans 
toute la Suéde Se principalement en 
Scanie. Aldrovande ( Ornith. 
L. XX. c. 1 9. ) , J o M s t o n ( Ornith. 

illughby (Ornith. 224.) , 
Ray (Synop. Av. p 107. ». 3.) , le 
Comte de Marsilly ( Damé. 52.) 
& Albin f Tome I. n. 7ï. <$* TCJ. ) 
en parlent fous le nom d'avis pugnax, 
Se M. Linnjf.us {Fauna Suec. p. 5 3. ». 
145. j le nomme Tringa in ficiepapiliis 
granulatis minïmis , carnets , rvfiro , pe- 
dibitfqite rubris. R A Y le met clans le 
rang des Oifeaux qui volent autour des 
eaux , Se M.Linnsus dans le rang 
des Aves Scolopaces , Oifeaux à long 
bec. Les Anglois à caufe des plumes 
longues de fon collier, le nomment 
Rajfe, Se ils appellent la femelle Reeve. 
Ce volatil eft de la grandeur du Totan. 
Il pefe cinq onces. La variété du plu- 
mage dans les mâles eft admirable. On 
n'en trouve pas deux de pareils-. Les 
mâles aiment fi fort à fe battre, que 
quand deux fe rencontrent le combat 
îie finit point qu'il n'y en ait un de tué. 
Le dos dans les femell s eft varié de 
cendré , de blanc Se de noir, & le ven- 
tre eft tout blanc. Ces Oifeaux font 
leurs nids l' ké dans les marais de Lin- 
coln en Angleterre; 



O I S" î4l 

OISEAU DE DIOMEDE: 

Aldrovande Se Gesner donnent ce 
nom à un Oifeau qui fe trouve dans 
les Ifles de Diomede , nommées au- 
jourd'hui Tremiti, dit Ray. Il eft de 
la grandeur d'une Poule. Il a le col Se 
les jambes un peu longs. Sa couleur 
eft brune , ou d'un cendré obfcur. II 
a le ventre blanc , le bec roux Se le 
bout noir. Par les ailes Se là figure du 
corps il a beaucoup de relTemblancc- 
avec les Mouettes. La deferiptiotï 
qu' Aldrovande Se Gesner don- 
nent de ce volatil eft imparfaite : au 
refte, félon Ra y (Synop. Met h. Av. 
p. 133. », .1. ) , il a quelque rapporï 
avec le Fuffin des Anglois. 

* OISEAUX DE LA FORÊT 
D'H E R C I N IE : Ce font des Oi- 
feaux fabuleux ou inconnu* , à qui , 
félon B e L o N , les Anciens ont donné 
des plumes luifantes qui éclairoient 
pendant la nuit» 

OISEAU DE JUNON, err 
Latin Avis Junonis. Voyez PAON. 

OISEAU DE JUPITER r 
en Latin Avis Jevis. R 1 E G E R C Not,- 
rer. nat. & art, Tom. 1. p. 1 o 1 9 . ) dit 
que c'eft le Chardonneret , en Latin 
Carduelis. Voyez CHARDONNE- 
RET. 

* OISEAUX DU LAC DÉT 
S T Y M P H A L E : Ce font des 
Oifeaux fabuleux , qui vïvoient près? 
du lac de ce nom. Ils' mangeoient les- 
hommes. La Fable attribue à Her- 
cule la gloire de les avoir détruits. 
Si l'on en croit B e l o n , ce font des 
OifeatiX réels, de la grandeur d'une- 
G rue, qui relTemblent ,i l'Ibis, Se portent 
une hupe fur la tête. Ils fe retirent dans - 
les déferts d'Arabie , & ils font moins 
cruels que les Lions Se les Panthères. 

OISEAU DE MÉDIE: C'eft 
le même oifeau que le Faon. Voyez ce- 
mot. 

* OISEAUX DE MEMNON 
en Latin Memnonides Aver : Ce font' 
encore d'autres Oifeaux fabuleux, qui,, 
félon les Anciens , voloient to us iey ^ns^ 



z6z O I S 

d'Éthiopîe à Troie au tombeau de 
JUemnon. 

* OISEAUX DE LA MER 
CASPIEN NE, en Latin Avcs 
CaJ'pix. Les Anciens ont donné ce nom 
à des Oifeaux , qui vivent vers les 
Ifles de la mer Caftùeane. Ils font 
grands comme une Oie. Ils ont les 
pieds de la Grue , le dos rouge , le 
•ventre verd , le col long Se blanc, 
entremêlé de taches jaunes , le bec 
noir Se le cri des Grenouilles. Belon 
(L. /. c. 23.) le met au rang des Oi- 
feaux fabuleux & inconnus. 
J OISEAU DE PARADIS, 
en Latin Avis Paradifi , nommé auili 
Manucodiata par les Naturalises Se 
par les Voyageurs. Au mot de MA- 
NUCODIATA, j'ai donné d'sprès 
Ray, ainfi que d'après plufieurs au- 
tres Naturalises , la notice d'un nom- 
bre d'efpeces de ces Oijeaux. 

Jean Otton H e i, b i g i u s 
dit , dans Tes différentes curiofités des 
Indes , qu'on ne voit nulle part des 
f)ife*ux de Paradis que dans les Terres 
AuftraSes Orientales. La feule Lie 
d'Aru , parmi un fi grand nombre d'au- 
tres , produit les plus grands & les plus 
beaux ; mais ceux de la nouvelle Gui- 
née font plus petits , blancs & jaunâtres. 
Les lfies d'Aru font divifées en cinq 
Ifles : il n'y a que dans celle du milieu 
où l'on trouve ces Oifeaux ; ils ne 
paroiffent jamais dans les autres ; parce 
qu'étant d'une nature très-foible , ils 
ne peuvent point fupporter les grands 
vents. Cet oifeau eff de la grandeur 
de la Colombe ; fes ailes font rouges, 
un peu plus longues que celles de la Co- 
lombe. Ils font prefque neuf mois fans 
plumes , .1 caufe des pluies Se des tem- 
pêtes ; & à peine les voit-on une fois 
pendant tout ce temps: mais au com- 
mencement du mois d'Août , Se lors- 
qu'ils ont fait leurs petits , leurs plu- 
mes reviennent, Se pendant les mois 
de Septembre &: d'Octobre , ilsfuivent 
en troape leur Roi , comme font les 
Jùûurneaux en Europe. Ils fe nour- 



O I S 

riffent le foîr communément de bayea 
rouges qui croiflent fur des arbres bran- 
chus Se élevés. On confirait fur le» 
brandies de ces arbres de petites ca- 
banes percées de plufieurs trous , dans 
lelquelles on fe cache avant l'arrivée 
des Oifeaux, Se de-l.i on les tue en leur 
lançant de petites flèches , faites avec 
des rofeaux. 11 y en a qui leur ou- 
vrent le ventre avec un couteau , dès 
qu'ils font tombés à terre ; & ayant 
enlevé les entrailles avec une partie 
de la chair , ils introduifent dans la ca- 
vité un fer rouge. Après les avoir ainft 
ramalfis , on les fait fécher A la che- 
minée , Se on les vend à vil prix à des 
Marchands. Les habitans du pays di- 
fent que les plus gros de ces Oifeaux 
font les mâles , Se les plus petits font 
les femelles : mais l'Auteur marque 
qu'il ne fait pas ce qu'il en eft. 

Quant A ceux de Guinée , qui n'ont 
point à la queue ces deux longues plu- 
mes Se brillantes qu'on remarque aux 
autres, il n'en dit rien. Ces Oijeaux 
dans l'Ifle d'Aru demeurent immo- 
biles fur l'arbre fur lequel ils fc font 
alTemblés le foir, jufqu'à ce que leur 
Roipafle, Se emmené avec lui touta 
la troupe. Le corps du Roi eft éclatant 
& de la groiTeur du Moineau d'Eu- 
rope. 1) porte à fa petite queue deux 
longues plumes , qui lui font communes 
à la vérité avec fesfujets , mais il n'y 
a que lui qui les ait ornées d'yeux à 
l'extrémité. Lorfque ce Roi eli percé 
d'une flèche , on tue affez ordinaire- 
ment tous les autres qui refirent , s'il 
fait jouraifezlong-temps. Les Burang- 
Aru , ( c'eftainfi qu'on les nomme dans 
les Terres Aufirales Orientales ) , ont 
les pieds comme les autres Oifeaux, 
Se aucun d'eux n'en manque à moins 
qu'ils ne les ayent perdu par la vieil- 
lefie ou parla maladie, ce qui leur ar- 
rive fouvent. C'eft ainfi que Je AK 
Otton Hei.bicius parle des 
Oifeaux de Paradis dans les Ephémc- 
rides des Curieux de la Nature , Où- 
fervatim 194. Se il finit par dire qu'il 



OIS 

G appris ce qu'il en rapporte des ha- 
bïtans d'Ara eux-mêmes. 

S ë a a donne la description de dix 
différens Oifeaux de Paradis , tant mâ- 
les que femelles , qui lui ont été en- 
voyés de différens endroits des Indes 
Orientales, 

Le premier eft un Oifeau de Pa- 
radis Oriental noir , qui lui fut en- 
voyé de l'ifle de Papos , dans les In- 
des Orientales. Les habitans de ce 
lieu-là leur coupent les pieds & les 
ailes , les étendent , les préparent Se les 
fechent pour en faire dt s plumets qu'on 
met au bout des cafques. Tout fon 
plumage eft. doux au toucher comme 
la foie , brillant , noirâtre , maisjettant 
auffi un éclat de pourpre, qui femble en- 
tremêlé d'or. Les plumes de la queue 
font des plus variées de verd ,. de bleu , 
& de rouge , & répandent un luftre 
comme s'il y a voit de l'or fur le noir, 
ce qui leur donne un œil fort éclatant. 
Thef. I. Tab. 60. n. t. 

Le fécond eft un Oifeau de Paradis 
Oriental , magnifique par la diverfité 
dn fon plumage , apporté des Ifles 
Moluques en Hollande. Sa couleur do- 
minante eft rouge , mélangée de verd , 
de bleu, de noir , de jaune-pâle, Se 
de jaune-doré : il fort de fa queue deux 
langues plumes terminées en pointe ; 
fes deux ailes font peintes d'or , de 
verd Se de rouge ; fes pieds font cou- 
pés, fon bec eft d'un beau rouge près 
de la tête , large comme celui du Per- 
roquet; mais plus pointu au bout. Cet 
Oijeau eft de la même efpece que le 
précédent par rapport au plumage Se 
à la couleur, mais il n'a point d'ailes. 
Son corps eft plus grand , & les plumes 
de fa queue font plus longues. Thef. I, 
Tab. 60. n. 2. & 3. 

Le troifieme eft un Oifeau de Pa- 
radis , très-grand , Se rougeâtre. On 
en apporte fouvent en Hollande. Cette 
efpece d'Oifeau eft de l'ifle de Cey- 
lan, Se quelquefois de Ternate. Celui 
que Seba , dans la figure qu'il en 
donne , rep réfente comme s'ilvoloiCj. 



montre qu'il eft un mâle parles deux 
grandes plumes qu'il a vers le crou- 
pion , qui font de la longueur de pl u9 
d une coudée , Se qui reffemblent afTez 
par leur grofteur Se leur couleur noire 
au fil enduit de poix dont fe fervent les 
Cordonniers , Se paroiffent comme un 
peu hérilTées de poils de chaque côté : 
elles font garnies vers l'extrémité , i 
a hauteur d'un bon doigt , de plumes 
larges de près d'un demi-pouce, Se 
firriflent en pointe; ce qui eft une des- 
marques du mâle. Les plumes du dos , 
Se celles des ailes font d'un chAtpirt 
clair par deflus; le bec eft long, dur, 
de couleur de plomb. La tête & les 
yeux font fort petits à proportion dit 
corps. Le haut de la tête Se du coi 
font de couleur de citron. Le contour' 
du bec eft garni de plumes tres-dé- 
liées qui femblent des poils Se qui font 
d'un noir de Corbeau. Sous le col ré- 
gnent des plumes d'un verd foncé 
mais fi brillant qu'elles le difputcnt à 
une foie peinte d'un verd d'émeraude 
éclatant. Les plumes qui fervent à cou- 
vrir cet Oifeau font longues , pointues 
au bout , grifes, blanches, jaunes Se 
rouflàtres : elles fortent du delTousdes 
ailes par de petits tuyaux fins , qui fe 
réunilfant, forment un joli faifeeau de 
plumes , Se d'autant plus beau que ces 
plumes font d'une grandeur différente. 
Valentin, au Tome III. où i\ 
traite des Oifeaux d' ' Amboine , y donne 
p. 306". une hiftoire tres-exacte de cet 
Oijeau de Paradis , autrement Oifeau 
du Soleil , comme le nomment les 
Portugais. Tbef I. Tab. 53. n. 1. 

Le quatrième eft la femelle du pré- 
cédent , de la même forme Se de la 
même couleur que fon mâle , Se qui n'en 
dilïere que pareeque fes deux grandes 
plumes du croupion n'ont point les 
bouts fournis de plumes. Thef I. Tab, 
63 . n. 2. 

Le cinquième n'eft pas commun 
on n'en apporte que rarement des 
pays les plus éloignés de l'Orient où' 
ils naiiïeiu. Leur. tète& leur col fonr 



*j£4 O I S 

Ornés d J une longue Se magnifique crête 
Se font couverts de plumes très noires. 
Leur queue eft partagée en deux plu- 
Jries très-longues, d'une couleur rouge 
lin peu claire , qui eft aulli la couleur 
des aiies & de la partie fupérieure du 
corps: les plumes au défions du ven- 
tre font d'un cendré clair ; les pieds 
& les doigts des pieds , font d'une 
couleur plombée , munis d'ergots fins 
Se recourbés. Le bec eft de la même 
couleur que les pieds : il eft long , 
recourbé Se finiffant en pointe. ThcJ. I. 
lab. 30. ». 5. 

Le fixïeme eft nommé O if eau de 
Paradis Royal , a caufe de la très- 
grande beauté de fes couleurs : il naît , 
au rapport du Sieur Valentin, 
dans les Ifles Aroë ou Aru. Seba, 
dans la Planche qu'il en donne , le 
repréfente comme le plus grand qu'il 
ait jamais vu. 11 a une petite tête; fon 
bec eft droit, pointu & blanc, de pe- 
tites plumes fort lemblables à des poils 
de couleur de citron foncé , couvrent 
fa tête dont la forme eft oblongue • 
fes yeux font petits. Tout le corps , 
au deiTus , le col & la partie fupérieure 
des ailes font teints d'un rouge très- 
/oncé ; mais ce rouge paroît moins vif 
dans la portion des ailes qui s'étend 
.en volant, La poitrine eft d'un rouge 
éclatant , terminée en frange par uns 
cfpece de bordure encore plus vive. 
Les deux côtés de la poitrine font fort 
couverts de plumes fines , longues , 
variées d'un gris foncé , & d'un cen- 
,dré clair, colorées dans les extrémités 
d'un verd d'émeraude fort chargé : 
le refte eft blanc par defTous • la queue 
eft d'un gris cendré ; le bout des ailes 
eft d'un rouge clair. Du croupion naif- 
fent fur la queue deux poils de la lon- 
gueur d'un quart d'aune , affez fem^- 
Hables aux crins d'une queue de Che- 
val & dont les extrémités font termi- 
nées par une boucle de plumes frifées 
jàe couleur verdâtre , ce qui donne à 
,-cet oifeau un ornement fingulier. Les 
|>ieds font grands , armés d'ongles , 



O I s 

qui font longs Se recourbés, Thef I- 
Tab. 38. n. 5. 

Le feptieme eft un Oifeau de Pa- 
radis , nommé Ternatana , dit S e b a t 
à caufe de fa grande beauté. 11 a le 
bec jaune , long , droit, pointu, à- 
peu-pr.s tel que celui de la Pie La 
tête , le derrière de la tête , Se les 
côtis du col font d'un bleu célefte des 
plus beaux ; le devant du cof , la poi- 
trine , le ventre , Se le deifous de fa 
longue queue font d'un blanc de neige. 
Les planés blanches de la poitrine Se 
du ventre font ombrées Se variées de 
bleu turquin : les ailes Se le dos font 
d'un bleu turquin très-foncé tirant fur 
le noir, entremêlés de petites plumes 
d'un beau bleu célefte. Les plumes de 
la queue , outre qu'elles font très- 
blanches , font entourées comme d'une 
bordure noire. Du milieu delà queue 
naiffertt deux plumes fines de 1 1 lon- 
gueur d'une demi- coudée , à côtes 
noires ; dans l'endroit de leur origine 
elles font touffues Se garnies de duvet. 
Ces plumes font marquetées dans les 
bords de taches d'un bleu clair , Se elles 
font blanches au bout. Leur tuyau eft 
extrêmement fin, Thej. I. Tab. 46. 
n. 3. 

Le huitième Oifeau de Paradis , va- 
rié de blanc Se de noir , qu'on trouve 
dans i'Ille Papoë , eft nommé des ha- 
bitans W'aggehoë , OU Wardiui' , félon 
le témoignage de Valentin. Le plu- 
mage de la tête Se du col tire fur le 
noir, ou brille d'un pourpre très-vif; 
fa tête eft petite : fon bec pointu Se 
blanchâtre eft couvert defTous d'un poil 
noir. Ses yeux font pleins de feu , ayant 
le contour blanc. Les plumes du refte 
du corps font très-blanches , excepté 
les deux grandes de la queue , qui font 
garnies de petites plumes noires , Se 
même les deux plumes qui ont une 
grande longueur font à demi -noires 
depuis leur commencement jufqu'au 
milieu , 8c depuis le milieu jufqu'au 
bout font tout-à-fait blanches. Les 
pieds font d'un rouge lavé , munis de 



O I s 

petits ongles blancs. Thef. I. Tab. 52. 
n. 3. 

Le neuvième Oifeau de Paradis , 
appelle au Bréfil Cuivivi-Acamakii , 
habite les déferts 3c les lieux incultes : • 
il tombe rarement fous la tue des 
hommes , & fous la main de l'Oifeleur, 
Le deffus de fon corps Se fa queue font 
d'un bai-clair ; fa tête Se fa crête font 
d'un noir de Corbeau ; le deffus de fes 
ailes font d'un jaune doré , fo-n ventre 
$c fa poitrine font blancs ; fon bec tire 
fur le rouge. Ses yeux font étincelans. 
Thef- IL Tab. ,87. n. 2. 

Le dixième eft très-beau. S e ba l'a 
reçu des Ifles des Barbades. Il a la 
tête Se le col de couleur d'or , de mê- 
me que le bec qui eft recourbé , très- 
pointu & garni de quelques petites 
plumes rouges. Les pieds Se les doigts 
des pieds font jaunes * la poitrine Se le 
dos font d'un jaune orangé pâle ; mais 
ks greffes plumes des ailes avec la 
queue , jettent un jaune orangé qui 
tire fur le rouge. Thef. L Tab. 66. 

»• 3- 

On volt un Oifeau de Paradis dans 
l'Ifle de Tabago :^il eft à-peu-près de 
la groffeur d'un Etourneau ; fon plu- 
mage £ft de toutes fortes de couleurs. 
Il vit de Mouches qu'il prend fur la 
furface de l'eau. 

A -l b 1 n parle d'un Oifeau de Pa- 
radis , qui reffemble de près à une 
Hirondelle , quanta la grandeur Se à 
la figure du corps. Ses plumes font 
ce différentes couleurs, très- belles 8c 
agréables à la vue. La tête refTemble 
à celle d'une Hirondelle ; elle eft 
grande , eu égard à la petiteffe de fon 
Corps. Le bec eft un peu plus long que 
celui d'une Hirondelle. Les Phyficiens 
ne décrivent pas moins de dix fortes 
à' Oifeaux de Paradis , qui différent 
les uns des autres , foit en grandeur , 
en figure ,ou en couleur. Voyez MA- 
NU CODIATA. Les Anciens en don- 
nenr plufieurs deferiptions , qui ont été 
reçues autrefois pour véritables , même 
par des Gens de Lettres , quoiqu'à 
Tome III. 



préfent elles palTent pour fabuleufes 
Se chimériques. Telles font celles 
qui dépeignent ces Oijeaux fans jam- 
bes Se fans pieds ; celles qui marquent 
qu'ils ne .vivent que de rofée ; qu'ils 
volent toujours fans relâche; qu'ils ne 
fe.repofent jamais que dans l'air les 
ailes déployées, 8e à une grande dis- 
tance de la terre , qu'on n'en a jamais 
attrapé, mais qu'ils tombent mortsfur 
la terre , &c. Ces magnifiques Oi- 
jeaux , félon Aldrovande, font 
beaucoup eftimés , Se ils font nommés 
par les habitans des Ifles Moluques 
Manucodiattt , c'eft-à-dire , Oijeaux 
de Dieu , Se cela , tant par rapport à 
leur grande beauté , Se à leur figure , 
que parce^u'on ignore où ils font leurs 1 
petits, d'où ils viennent, où ils fe re- 
tirent , Se qu'on n'en trouve que de 
morts ; ce qui fait croire au peuple 
qu'ils tombent du Ciel. Tous ces rap- 
ports pàfTtnt aujourd'hui pour faux 
chez ceux qui ont fait venir de ces 
Oifeaux des Ifles. Il n'eft pas encore 
vrai qu'ils n'ayent point de jambes : 
au contraire ils en ont de fortes , ar- 
mées dégriffés crochues, comme font 
celles qui caraétérifent h&OiJeaux de 
proie. Ils donnent la chaffe , dit-on . 
à d'autres petits Oijeaux qu'ils dé- 
vorent. 

OISEAU PEINT , en Latin 

Avis pïtia. C'eft la même chofe que 
la Poule de Barbarie. Voyez POULE 
DE BARBARIE. 

OISEAU DEROCHE: Il 
eft mis par M. Linnsus ( Fauna 
Suec. p. 58. n. 159. ) dans le rang 
des Aves jcolopaces , oifeaux à long 
bec , Se il le nomme Cbaradrius pecïore 
nigro , fronte nigricante ,lintolà albâ , 
vertice fujeo. Jonston ( Omit h, p. 
1 66. ) , en parle fous le nom de Cba- 
radrios. Aldrovande , Ormth. 
L. XX. c. 6y. ) , W 1 l l u g h b y , 
Ornith. p. î^d&Raï , Synop. p. m, 
». 6. le connoiifent fous le même nom , 
Se fous celui de Hiaticula. C'eft, dit 
Marc Grave ( Brafil. p. 1 op ) , 



*66 OIS 

le Mutuitui du Bréfil. Les Suédois 
le nomment Strandpipare , 8c les La- 
pons Pago. Cet -Oifeau a les jambes 
longues Se menues ; le dos , les ailes , 
la qiieue , & le fommet de la téte , font 
d'un brun cendré ; la tête eft plane Se 
unie , avec une bande noire , prefque 
pareille à celle de la Mélange , qui en- 
vironne fa tête. Il a le ventre, le front 
êc le col blanchâtres , la poitrine noi- 
râtre , & le bec noir Se court, Élien 
rapporte , en parlant de cet G if eau , 
que 11 une perfonne attaquée de la 
jaunifle le regarde , avant qu'il puilfe 
Pappercevoir , elle en eft parfaitement 
guérie. Bel on ( L. ill. c. 27. p.' 
183.) , parle de cet Oifeau lous le 
nom de Charadrios. H eft connu en 
Amérique , comme en Europe. On en 
voit beaucoup dans les montagnes de 
la Laponie , Se par- tout fur le bord 
des rivages, Il y a un autre Chara- 
drios particulier à la Laponie. Voyez 
CHARADRIOS. 

OISEAU ROUGE Se NOIR: 
C'eft un Oifeau commun à la Louifia- 
rte , qui tire fon nom de fon pluma- 
ge ainfi coloré. Il eft gros comme un 
Pinçon. Sa» ramage eftalfez doux. Il 
chante- rarement. C'eft tout ce que 
nous en a appris M. le Page du 
Pkatz, qui a demeuré dix-fept ans 
à la Louiftane. 

OISEAU RO YAL.-C'eftun 
oifeau des Indes , qui a fur le derrière 
de la tête une forme d'aigrette , corn- 
pofée de plufieurs brins de couleur 
ifabelle , qui forment une efpe*e de 
couronne : c'eft ce qui l'a fait appeller 
Oifeau Royal , par ceux , qui., fous 
Louis XIV. en apportèrent des In- 
des à la Ménagerie de Verlàiiles. M. 
Perrault a donné la defeription 
anaromique de deux de ces oifeaux , 
8e dit que ce n'eft point la Grue Ba- 
léarique des Anciens , comme quel- 
ques-uns l'ont prétendu , tel qu'AL- 
drovande( Ornith. L. XX. c. 6.), 
qui décrit un oifeau tout femblable à 
wQtftÂH Royal , 8e qu'il prend pour 



O I S 

la Grue Baléarique. Belok {de la 
Nat. des Gif L. IV. c. 27. ) de fort 
côté prend pour la Gruë Baléarique 
un oifeau nommé Bihorreau , 8e qui fs 
trouve fur les côtes de la Province de 
Bretagne. 

Les opinions de ces Auteurs n'étant 
point fondées fur des caraéîcxes par- 
ticuliers par lefquels les Anciens ont 
déligné la Grue Baléarique , il y a 
beaucoup d'apparence , dit M. Per- 
rault, que nous ne fa vous pas 
certainement ce que c'eft que la Gruë 
Baléarique. Il ajoute , que YOifcau 
Royal a été inconnu aux Anciens. Par- 
mi eux il n'y a que Pline ( Hijî, 
Nat. L. II. c. 37. ) qui ait décrit la 
Grue Baléarique. Il n'en dit rien au- 
tre chofe finon , que c'eft un Oijeatt 
qui a des plumes fur la tête , fem- 
blables à celles du Pic verd. Outre que 
yOijcau Royal a d'autres marques qui 
le diftinguent des autres Oifeaux, le 
panache qu'il a fur la téte n'a aucun 
rapport avec celui du Pic verd. 

Le panache du Bihorreau-, tel que 
B e L o n le décrit , eft auffi fort diffé- 
rent' de celui de V Oifeau Royal. Ce 
panache eft la ieule chofe fur laquelle 
B E L o N lé fonde , quoiqu'il fqjt vrai, 
que beaucoup d'autres Oifeaux , que 
le Bihorreau Se Y Oifeau Royal ayent 
des plumes en manière de panache- 
fur la tête. B E L o N même ne fait au- 
cune mention de ce' panache , lorf- 
qu'en un autre endroit ( Obfav. 
//. c 102.), il décrit un Oifeau , qu'il 
dit avoir vû à Alep , Se qu'il croît 
être la Grue Baléarique. Cet Oifeau 
qu'il décrit-, Se dont il n'a vu que la 
figure , dit Aldrovanre , fut 
envoyé de Portugal À Rome fous Six- 
te V. Se les Portugais l'avoient ap- 
porté des Indes. 

C l u s 1 u s ( Exot. L. V. c. 11. ) 
donne auflî la fleure de la tête d'un 
Oifeau , ayant les plumes du panache 
Se celles de défais la tête Se du col 
entièrement fcmblables à celles de 
V Oifeau Royal, Se dit que cet Oifean 



O I s 

vît en des pays fort éloignés. Il le 
nomme Tavo marinus. Dans les Ob- 
fervations de M. Perrault, oh 
voit que le Bihorreau , ou la Gruë 
Baléarique n'eft point i'Oifeau Royal , 
qui pourroif bien être le Pavo mari- 
nus de Ciu siu s ; car le panache , 
le bec , la tête , le col , & les plumes 
noires de deffus la tête , font fembla- 
bles ;i I'Oifeau Royal. Il n'y a que les 
peaux rouges, pendantes fous la gorge, 
que Clusius ne lui donne point. 

Pour le Bihorreau , qui fe trouve 
en Bretagne, notre Obfervateur croit 
que ce pourroit être la Grue Baléa- 
rique ; les Ifles de Majorque Se de Mi- 
norque , qui font les Baléariques des 
Anciens , n'étant pas fi éloignées de la 
Bretagne. 

Faifons à préfent connoître VOifcau 
Royal par fes marques extérieures. M. 
Perrault lui donne trois pieds 
huit pouces depuis l'extrémité du bec 
jufqu'au bout des doigts , une queue 
longue' de cinq pouces , un plumage 
par-tout gris, fort brun , tirant fur le 
verd : les plumes des ailes Jont blan- 
ches , à la réferve des grandes de l'ex- 
trémité qui font mêlées , les unes 
de rouflatre , Se les autres de gris-brun ; 
celles du col & du ventre font aaffi 
fort longues , fort étroites , allant beau- 
coup en pointe , Se tellement effilées , 
qu'elles repréfentent comme des 
crins. L© delTus de la tête elt garni 
de plumes très-noires , très-fines , très- 
courtes , Se très-ferrées , repréfer.tant 
parfaitement bien du velours noir. Les 
côtés de la tête , comme les joues , 
étoient fans plumes , couverts feule- 
ment d'une peau blanche , avec une 
légère teinture de rouge à l'extrémité. 
Au-deffous de la gorge pendoit une 
peau vermeille , comme aux Poules. 
Cette peau , qui étoit double , fem- 
bloit compofer comme un fac ; mais 
les deux peaux étoient jointes Se col- 
lées enfemble : elles étoient raboteufes, 
Se faifoient paroître quelques petits 
grains par en haut. Le velours du def- 



O I S a <?7 

fus de la tête defeendoît par le der- 
rière des ioues, Se garnhToit le def- 
fousdu col , où les poils s'allongeoient 
&e fe courboient fur les plumes. Des 
brins de fon aigrette , dont nous avons 
parlé , les plus longs avoient trois 
pouces 8e demi : ils étoient applatis , 
Se un peu .tournés en vis. A l'extré- 
mité de chaque'brin , il avoît une houpe 
de petits filets noirs , Se tout le long 
Se aux côtés de chaque brin d'autres 
petits filets blancs à leur racine , Se 
noirs par le bout. Voilà la figure de 
I'Oifeau Royal , ainfi décrit par M. 
Perrault, qui peut bien être le 
Pavo marinas deCLuSius, comme 
on l'a dit. 

OISEAU DE SC YTHIE : 
On donne ce nom à une efpece d'Aigle. 
Il eil mis au nombre des Aigles par 
Aristote , Se par Albert le 
G R a n D : il en a toutes les façons de 
faire , Se il leur reffernble en grandeur 
8c en figure. Scion Aristote, cet 
Oifeau habite particulièrement dans la 
Scythie : il elt de la grandeur de l'Ou- 
tarde ; il fait éclorre deux petits fans 
couver les ceufs qu'il a pondus : il fe 
contente de les mettre dans la peau 
d'un Lièvre, ou dans celle d'un Re- 
nard, Se il les porte ainfi enveloppés 
au haut d'un arbre ; quand il ne chafle 
point , il fe met fur le même arbre 8c 
les garde. Quand quelqu'un monte à 
l'arbre , il le bat de fes ailes , à la ma- 
nière des autres OiJ'eaitx qui défendent 
leurs petits. Aristote, Mifi. A/.im. 
L. IX. c. 33. B e l o n ( de la Nat. 
des Gif. L. I. c. 23 . ) , dit que les An- 
ciens l'ont nommé Otys. 

* OISEAUX DE SÉLEUCIE : 
Ce font des Oijiaux fabuleux que les 
habitans du Mont Cafius , en Séle ucie, 
demandèrent .i Jupiter pour manger 
les Sauterelles qui gâtoient 8c rava- 
geoient'îeurs bleds. 

OISEAU VERD DU CAP 
DE BONN E-E S P É R A N C E : 
Il ell femblable au Perroquet vulgai- 
re , Se vole autour des arbres où il y 
Llij * 



■><Ï8 OIS 

a du miel , parcequ'il s'en nourrît. Les 
Éthiopiens , aufli-bien que les Euro- 
péens , lui demandent en criant , oit eft- 
il ? ok efî-il ? Et aufïï-tôt VOifeau fe 
tranfporte , Se s'arrête fur un de ces 
arbres où eft caché le miel, d'où on le 
retire enfuite. 

S e b a parle de quelques Oifeaux 
du Mexique , d'Amérique , & d'Am- 
boine. 

Le premier eft d'un blond tirant 
fur la couleur d'or , nuancé de verd Se 
de diverfes autres couleurs , d'une ma- 
nière qui éblouit la vue. C'eft un très- 
bel Oifeau. Thef. I. Tab. oo. ». 4, 

Le fécond eft de la grandeur du 
Moineau : tout fon corps eft coloré 
d'un beau bleu varié de pourpre , à 
l'exception des ailes qui font peintes, 
partie de vermillon , Se partie de noir. 
11 a la tête ronde , les yeux & le jabot* 
garnis deffus & deffous d'un duvet 
noirâtre. Les petites plumes fous les 
ailes Se fur la queue font d'un cendré 
clair, mêlé de jaune. Ses ongles font 
petits , & fes pieds font fort déliés. On 
met cet oifeau au nombre- des Oifeaux 
de Chant. Tbef. I, Tab. 59. ». 3, 

Le troifieme eft rouge Se grand": 
c'eft une efpece de Moineau. Les plu- 
mes de la tête , de la poitrine Se du 
dos , font d'un rouge de fang ; mais 
la queue Se les greffes plumes des 
ailes tirent entierem.:m fur le noir , 
avec quelque mélange de rouge à la 
partie d en haut. Tbef, I. Tab. 65, 
». 1. « * 
Le quatrième eft auffide la greffe ut 
d'un Moineau : il a un long bec. Sa 
tête eft petite , couverte comme d'un 
voile nofr,.& luftré. Tout fon corps 
eft louge-pâle , qui devient plus foncé 
lur les greffes plumes. Ses ailes font 
au-dehori d'un jaune doré. Ses yeux 
font vifs & très-beaux. Ses jambes font 
hautes Se fon bec eft long. Thef. II. 
Tab. 70., n. 8. 

Le cinquième' eft un petit Oifeau 
d'Amérique , peint de diverfes cou- 
leurs :-le liaut de la tête eft d'un rouge 



O I S 

éclatant. Le deffous de fes yeux eft 
garni de petites plumes blanches Se 
bleues. Le jabot , la poitrine Se le ven- 
tre font nuancés de jaune pâle, Se de 
jaune doré ; les ailes font d'un bleu 
d'azur, le dos eft marqué par ondes» 
de bleu , de brun , de blanc Se de jaune. 
Ses pieds font courts quoique armés 
d'affez grands ongles. Thef. II. Tab. 3,, 
».-^. 

Le fixîeme eft un autre petit Qifeœzt 
de l'Amérique , qui ne le cède gueres 
en beauté de plumage au précédent. 
Il a la tête noire, le bec blanchâtre,, 
la poitrine Se le ventre, d'un bleu tur- 
quîn très-éclatant , le dos Se les ailes 
d'un verd gai , qui devient plus foncé 
fur la queue. Thef. IL Tab. 3.». 4. 

Le fi'xiemeeft un petit Oifeau d'Am- 
boine , de diverfes couleurs Se très- 
joli. Seba C Thef M. Tab. 7. ». 2, ) 
l'a fait repréfenter pofé hardiment 
far un Serpent. Il dit que dans cette 
fituation il s'amufe à chanter , fans fon* 
ger au péril extrême où il eft expofé 
puifque le Serpentdontla beauté l'at^- 
tire , & dont la rufe Se la finelfe le 
trompent, en fait fa proie. L'agcéabla 
mélange du rouge , du verd , de l'or , 
du pourpre ,- Se d'autres belles couleurs 
dont il eft peint ,. relevé Se diverfifia 
merveilleufementla beauté de fa tête , 
de fon col , de fa poitrine , de fon ven- 
tre Se de fes ailes. 

Il y a dans l'Ifle deTabago des Oi- 
feaux j qui portent le nom de Vaijfeaux 
de gttem : ils font ainfi appellés parce- 
qu'ils viennent de loin au-devant des 
flottes, avant que les' Marins- dé- 
couvrent la terre. Leur plumage eft 
d'un gris noirâtre ; mais fa tête eft 
rouge comme celle d'un Coq d'Inde:.. 
iorfqu'ils font en colère , ils font à-peu- 
près de la grofTeur de cet Oifeau. Ils 
donnent la chaffe aux poïlfons , Se leur 
chair en a le goût. Voyez au mot 
FRÉGATE. 

On voit dans la même Ifl'e deux 
autres fortes d'Oifeaux aquatiques , 
dont l'une eft rouge Se l'autre eft grife ; 



O I s 

ï& font de la groflèur d'un Chapon , 
©nt le bec fort long Se courbé, Se font 
jrès-bons à manger. ■ 

On trouve dans l'I'fle 4e Ténérife 
en Afrique , un Oijeau qu'on vante 
particulièrement, qui eft fort petit & 
de la couleur- de l'Hirondelle , avec 
line tache noire & ronde , de la gran- 
deur d'un Hard,au milieu de la poi- 
trine ; fon chant eft délicieux, mais s'il 
eft renfermé dans une cage il meuit 
en peu de temps. Hifl. Gén, des Voy. 
L, VU- p. 177- Édu. in- 1 2. 

Dans le pays d'Albreda , à Kachao , 
il fe trouve des Oijeaux à gros bec , 
dont la chair eft fort grafle 8e de très- 
bon goût. Leur cri confifte à répéter 
les deux fyllabes ba , ha , auflî distinc- 
tement que la voix humaine , ce qui 
les a fait nommer Oifeaux à voix hu- 
maine. Ibid, Ttwze VIII. p 1 $4. Édit: 
in- 1 2. 

Aux environs de la rivière de Cam- 
bra , on y trouve de grandes troupes 
à'OiJeaux couronnés , qui font des cris 
au (fi défagréables que ceux des Anesv 
Il y a auffi dans les mêmes endroits 
«n Oijeau très-gros , de la longueur 
de fix pieds entre le bec Se la queue. 
Les Portugais le nomment Gofteal , 
& les Mandingots l'appellent Gabon. 
IbidvToîwe IX. p. vCfô. & 171. Édit: 
in- 1 2; 

Il fe trouve dans l'Ifle de Bifefcha, 
près l'Embouchure du Sénégal , un 
Oijeau d'une efpece extraordinaire : il 
eft plus gros que le Merle. Son plu- 
mage eft d'un bleu célefte fort luii'ant ; 
fa queue eft grofle Se longue d'envi- 
ron quinze pouces 1 : il la déploie quel- 
quefois comme un Paon,Ln poids fi 
peu proportionné à fa groflèur rend 
£on vol lent Se difficile. 11 a la tête 
bien faite Se les yeux fort \ ifs. Son 
bec eft entouré d'un cercle jaurîe. Cet 
Qïfeau eft fort rare. 

Les bords dn Sénégal font peuplés 
d'un grand nombre d'autres Oijeaux } 
les unsfontbleus , d'autresfont rougesj 
noirs, & des couleurs les plus vives ; 



O I S 

ils font^ naturellement fort privés. On 
en a vû plufieurs à Paris dans les an- 
nées 1723. Se 172 6. Par la tête 8e par 
le col ils reflemblent à la Linote * 
leurs couleurs ont l'apparence d'un 
vernis. Leur chant eft doux , Se pro- 
portionné à leur taille qui eft fort pe- 
tite; 

Le plus grand Oifeaudes Contrées 
d'Afrique fe nommeto^.ou la Ci- 
gogne d'Afrique s mais il ne tire cet 
avantage que de fon col Se de fes jam- 
bes , qui le rendent plus grand qu'un< 
homme ; fon corps a la groflèur d'un 1 
Agneau. La chair en eft fort féche ,< 
quoique ie3 habitans la croyent nour- 
riftante , Se l'eftiment beaucoup. 

On y voit auffi une infinité dé pe- 
tits Oijeaux , dont la couleur-eft char-- 
mante Se le chant délicieux; Le plu* 
extraordinaire eft celui qui n'a pour 
jambes , comme l'Oifeau d'Arabie, que- 
deux filets , par lefquels il s'attache 
aux arbres' la tête pendante Se le corps 1 
fans mouvement. Sa couleur eft-fi pâler 
& fi femblable à la feuille morte , qu'il 
eft difficile à diftinguerdans ce repos,-- 
En cela il reflemble au'Marmcadiata ,> 
ou Oijeau de Paradis. Ibid. Tome Xi 
p. 417. Se 426". Édit. in-Ti. 

Dans un' bois «de -la côte de Ma'la- 
guette , il fe trouve un Oifeau fingu- 
iier , qui eft de la groflèur d'un Coq 
d'Inde , Se dont le cri eft fort aigu ; 
fa chair eft douce , potelée , d'un goût" 
auffi agréable que celle du Faifan. Le 
remps le plus favorable pour la chaflb 
de cet Oijeau eft le foir , lorfqu'il 
cherche à le placer pour la nuit. Il fa 
perche fur un arbre particulier , où 
certains petits Oijeaux font leurs nids 
en grand* nombre à l'extrémité des 
branches. Leur groflèur nelurpafle pas 
celle du Moineau ; mais ils ont le plu* 
mage fort agréable. Ba r bo t dir-er* 
avoir vu fur un feul arbre plus dé 
mille nids: Les plus habiles de tous- 
les Artîians n'égaleroient pas l'adreflV 
de ces petits animaux. dans le mélange- ' 
& dans l'entrelacement de» joncs flft 



3.JO OIS 

des petites branches dont ces nîdsfbnt 
compofés , 8c ne joindrait pas fi bien 
la délicateiTe àlafolidité : iisy laiffent 
un petit trou pour entrer, & pourfor- 
tir. Hijî. Gé». des Voyages , Tome XII. 
p. 4 1 4. Édit. in- 1 2 . 

On trouve à la côte d'Or un ef- 
pece depeeîts Oifeaux, qui reffemblent 
aux Linotes , que les Nègres mangent 
avec leurs plumes. Barbot s'ima- 
gine qu'ils le font par un mouvement 
de vengeance contre ces petits ani- 
maux , à caufe du ravage qu'ils font 
dans les grains au milieu defquels ils 
conftruifent toujours leurs nids. 

'L.'Oijeau à couronne fe trouve suffi 
dans ce pays : il n'a pas moins de dix 
couleurs. Son plumage eft un mélange 
admirable de verd , de rouge , de 
bleu , de brun , de noir , de blanc , Sec. 
De fa queue , qui eft fort lpngue , les 
Nègres tirent des plumes dont ils fe 
parent la tête! Les Hollandois leur ont 
dormi le nom d'Oifeau à couronne , par- 
cequ'ils ont fur la tète une belle touffe, 
les uns bleue , Se d'autres de couleur 
d'or. Ko s M a N remarque que Too 
quembrock s'eft trompé en prenant 
ces Oifeaux à Bourri pour des Paons , 
pareequ'il ne fe trouve* pas , dit-il, de 
Paons fur la côte d'Or ; mais on a vû 
par le témoignage d'Amus , que 
les Paons n'y font pas rares , à moins 
qu'A R T u s n'ait pris lui-même les 
Oijeaux à couronne pour des Paons. 
Au refte , on ne .doit pas être furpris 
qu'avant que les Européens fuflent 
convenus des noms , ils fe foient mal 
accordés dans l'opinion^qu'ils ont eue 
de certains animaux. Il y a beaucoup 
d'apparence , par exemple , que c'eft 
ici l'Aigle que Villault croit 
avoir vu dans le pays d'Acra: il lui 
donne le plumage d'un Paon , les jam- 
bes d'une Cigogne, Se le bec d'un 
Héron, ave"C 'une couronne de plu- 
mes fur la tête. Il ajoute que le Fac- 
teur de ce Canton envoya deux de 
ces animaux à, Frédérishbourg ; l'un 
£iui étoit mort ayoitla chair exceUen- 



O I S 

te , l'autre fut envoyé vivant au Roï 
de Dannemarclç. 

Smith diftingue deux fortes d'Oi- 
feaux à couenne. Le premier a la tête 
Se le col ve-rds , le corps d'un beau 
pourpre , les ailes Se la queue rouges , 
Se le toupet noir ; il eft .à-peu-près 
de la groifeur des grands Perroquets. 
L'autre forte eft de la forme du Hé- 
ron , Se n'a pas moins de trois pieds de 
hauteur; cet oifeau fe nourrit de poif- 
fonsj fa couleur eft mélangée de blanc 
& de noir , Se la touffe dont il eft 
couronné reffemble moins à des plu- 
mes qu'à des foies de Porc. 

h'OrJ'eau à couronne , dit Atkins , 
eft environ de la grolleur du Paon • 
celui de la Cambra eft couronné d'une 
tourte de plumes roides & mouche- 
tées. Il a les ailes rouges , jaunes , 
blanches Se noires, & un duvet blanc 
fur le devant de la tête. 

Une auflî belle contrée que celle 
de Juida eft l'afyle naturel des plus 
belles efpeces d'uifeaux. Le nombre 
en eft infini , Se leur beauté n'eft com- 
parable qu'à leur variété ; cependant 
VOiJeau à couronne y. eft moins beau 
qu'en Guinée. Il a la taille Se les jam- 
bes d'un Butor. La touffe , dont il eft 
couronné , eft- jaunâtre, 8c mêlée de 
quelques plume* jafpées. Le plumage 
du corps eft noir : les ailes font corn- 
pofées de groffes plumes rouges , jau- 
nes , blanches Se noires. Il a des deux 
côtés de la tête des taches d'un beau 
pourpre. Le devant," qui eft couvert 
d'un duvet noir fort ferré, a l'appa- 
rence de velours. 

JB o s M A n - vit fur la côte un oi- 
feau d'une rareté égale, dit-il, à, fa 
beauté. On ne le trouve que dans le 
pays d'Apam , où il s'imagine qu'il 
doit être affez commun, pareeque dans 
l'elpaCe de deux jours , on lui en ap- 
porta deux fuccelllvement. Ils avoient 
été tués à coups de fufll ; car ces ani- 
maux ne fe laiffent gueres prendre 
vivans. Ils reffemblent parfaitement > 
par le bec , aux grands Perroquets ; 



OIS 

maïs l'ordre de leur plumage , aînfi 
que la variété de leurs couleurs, en 
font des animaux d'une beauté incom- 
parable. Ils ont la poitrine Se tout le 
deffous du corps d'un très-beau verd. 
Le deiïus eft un mélange charmant de 
çris , de rouge , de bleu célefte , & 
de bleu foncé. La tête , le col Se la. 
quetie'font du même verd que la poi- 
trine. Sur la tête il s'élève une touffe 
de plumes dans la forme de la plus 
belle crête : les yeux font grands 8c 
bien ouverts ; au-deiTus Se au-deifous 
ils font entourés de deux raies , ou 
de deux arcs, du plus beau rougequ'on 
puiffe fe repréfenter. Enfin l'Auteur" ne 
connoît point de fpectacle plus mer- 
veilleux. 

11 parle encore d'un Oifeau qui ha- 
bite le bord des làcs Se dss rivières, 
Se qui peut paffer aulTi pour un fort 
bel animal : fa taille eft à-peu-près 
celle d'un gros Poulet. La partie fu- 
périeure de fon corps eft brune Se ta- 
chetée de blanc ; le deffous eft d'un 
jaune foncé qui tire fur le rouge. Il a 
fur la tête une touffe de plumes ta- 
chetées qui s'élève en forme de crête ; 
fon bec eft Tort long Se fort mince à 
proportion du corps. 

Pendant le fé]our de Bosman , on 
tua dans le même pays , fur la rivière 
d'Apam , un oifeau allez femblable au 
Pokko > mals fi grand , lorfqu'il fe tient 
fur fes jambes , Se la tête levée , qu'il 
furpalTe de beaucoup la hauteur d'un 
homme. Son plumage étoît mêlé de 
noir , de blanc , de rouge , de bleu , Se 
de plufieurs autres couleurs. Il avoir 
les yeux jaunis Se très-grands. L'Au- 
teur le regarda comme un animal fort 
extraordinaire. Se les Nègres mêmes 
ignoroient fon. nom. 

Le même Auteur ne remarqua pas 
moins particulièrement deux Oifeaux 
qui dévorent les grains. L'un avoit le 
bec long Se pointu ; le plumage mar- 
queté de jaune & d'un bleu léger , 
avec un demi-cercle autour du col : 
il portoit une longue, queue de. plu- 



O I S » 7 i 

mes jaunes , bleues Se noires, Se quel- 
ques plumes fur la tête*. L'autre étoît 
de la taille du premier , & vrai- 
femblablement de la même efpece • 
mais fa principale différence étoit dans 
le bec , qui étoit épais, court Se noir; 
le dos. étoit d'un jaune admirable, & 
les pieds de couleur noire, aiufi que 
le bec. 

Un autre Oifeatt>fons être fort diffé- 
rent du dernier , a le plumage mêlé 
de gris Se de jaune , le 'bec pointu,, 
avec les pieds Se les griffes d'une lon- 
gueur peu proportionnée à celle de la 
ftille. 

Un autre beaucoup plus petit a la 
forme d'un Moineau : fa couleur fait 
toute fa beauté, il a la tête Se la poi- 
trine noires , les ailes Se les pieds gris, 
Se le refte du corps d'un rouge écla- 
tant. L'Auteur regrette que tous ces 
animaux ne puilfent être tranfportés 
vivans. 

Mais il n'y en a point d'un éclat plus 
diftingué que celui dont B os MU n 
fit tirer le portrait par un Peintre ma- 
lade , qui n'étoit point en état de bien 
repréfenter toute la variété de fes cou- 
leurs. 11 en fait la deferiprion fans le 
nommer. Son penchant l'arrête au bord 
des rivières, où il s'engraiffe de petits 
poiffons. 11 a les ailes Se le deffùs du 
corps entièrement bleus. Les plumes, 
du col font fort longues Se de la mê- 
me couleur, aulb-bien que la touffe 
qui lui couvre la tête - celles de la 
poitrine font d'un jaune foncé, avec 
un mélange de bleu Se de rouge. Son 
bec Se fes jambes , qui font d'un rou- 
ge luifant , ont une couleur extraordi- 
naire , Se de la groffeur à propor- 
tion. 

L'Auteur vit encore un Oifeau quî 
ravage les grains , Se dont la poitrine, 
le ventre Se le col font d'un jaune 
rougeâtre ; fa tète eft entièrement 
noire , à l'exceprïcn d'une belle tache 
jaune qu'il a fur le front. Le deffus du 
corps, ainfi que les ailes, eft noir, 
Se la queue eft d'un mélange de noir ? 



éfà o I s 

de jaune & de. rouge. Un autre Oifeau 
de la moitié plus gros que le précé- 
dent , avoit toutes les parties inférieu- 
res d'un rouge, admirable; le dos, les 
ailes & la queue étoient d'un noir par- 
fait , & la tête éroit d'un jaune bril- 
lant. Hifi. Gén. des Voyages, Tome XIV. 
p. 100. Edit. in~n. 

Sur les confins d'Angola , le Pere 
François de Pavle dit qu'en allant à 
Sînga il avoit obfervé certains grands 
Oifeaux blancs qui ont le bec , le. col 
& 'les jambes fort longues , Se qu'au 
moindre fon d'un infiniment, ces ani- 
maux fe mettoient à fauter Se à dan- 
ferfur le bord des rivières, où ils font 
ordinairement leur réfidence ; ce fpec- 
tacle l'avoit fort airmfé. 

Une autre efpece à' Oifeau a la 
queue fi blanche & fi belle , que les 
femmes Portugaifes achètent ces plu- 
mes à toute forte de prix pour s'en 
faire un ornement. 

Les Oifeaux que les Nègres appel- 
lent dans leur, langue Oifeaux demu- 
j<;p'.e , font un peu plus gros que les 
Serins de Canarie, Quelques-uns font 
.tout- à-fait rouges , d'autres verds , 
avec les pieds & les becs nbîrs ; d'au- 
tres font blancs , d'autres gris ou noirs. 
Les derniers fur-tout ont le ramage 
charmant : on croiroît qu'ils parlent 
dans leur chant. Les Seigneurs du pays 
ies tiennent enfermés dans des cages 
pour leur plaifir. 

Le Pere Captani parle d'un Oi- 
feau merveilleux , dont le chant con- 
■ilfte dans ces deux mots va dritto , 
ç'eft-à-dîre va droit. 

Dapper parie d'un autre Oifeau 
qui fe trouve dans le Royaume de 
Loango , Se dont les Nègres fontper- 
fuadés que le chant leur annonce l'ap- 
proche de quelque bête féroce. Hifl. 
Gén. des Voyages , tome XVlI. p. 2 18. 
Edit. in-iz. 

A Bombay en Afrique aux côtes 
du Cap, on voit des Oifeaux tout noirs, 
qui font de la groffeur d'un gros Ca- 
,«ard. -On en obferva un qui ayoit le 



O 1 S 

bec long, droit, épais & fort poîntui 

Les yeux de cet oifeau étoient creux; 
fes jambes étoient longues de douze, ou 
quinze pouces , Se fort groffes. 11 étoit 
d'une extrême voracité pour la chair 
Se le poiffon; les Rats Scies Grenouil- 
les n'échappoient gueres à fa griffe : 
auffi-tôt qu'il avoit pris quelque ani- 
mal vivant , il le -jettoit en l'air à la 
hauteur de deux ou trois aunes, Scie 
recevoit fur la pointe de fon bec. Il 
recommençoit cet exercice jufqu'à la 
mort de l'animal. Hifl. Gén. des Voya- 
ges , Tome XV III. p. 187. Edit. in*i 2. 

Les Oifeaux les plus extraordinaires 
de la côte des Efclaves font rouges , 
bleus , -noirs , ou jaunâtres. Ils ne font 
pas connus autremerît , Se leur diffé- 
rence ne confifte que dans l'éclat de 
leurs nuances qui font un peu plus vi- 
ves Se plus luiiantes. A chaque mue , 
ces Oifeâux changent de couleur , de 
forte qu'après avoir été noirs une an- 
née , ils deviennent bleus ou rouges 
l'année fuivante , & jaunes ou verds 
l'année d'après. Leurs changemens ne 
roulent jamais qu'entre ces cinq cou- 
leurs , & jamais ils n'en reprennent 
plus d'une à la. fois. Le Royaume de 
juida eft rempli de ces charmans Oi- 
j'eaux , mais ils font d'une délicateffe 
qui les rend fort difficiles à être trans- 
portés. 

A R T h u S raconte que les habitans 
de Bénin redoutent beaucoup une ef- 
pece d'Ofeaux noirs , Se qu'il eft dé- 
fendu , foûs peine de mort , de leur 
caufer le moindre mal. 11 y a des Mi- 
hiftres établis pour les fervir Se pour 
leur porter leur nourriture dans un 
endroit des montagnes qui leur eft par- 
ticulièrement confacré. 

Kolbe, dans fa. Defcription du Cap 
de Bonne-Efpêrance, Tome III. chap. 1 S, 
p. 1 84. dit qu'il s'y trouve un Oifeau 
bleu , que les Naturalises nomment 
Avis c&rulea. Il eft de la groffeur 
d'un Étourueau. M a les plumes bleues 
comme fon nom le porte ; celles du 
col 8c des cuiffes font d'un bleu célefte , 



V 



O I s 

itiaîs tant foit peu plus foncé que cel- 
les du Martin Pêcheur ; fur le dos Se 
aux ailes , les plumes font d'un bleu 
obfcur , tirant fur le noir ; fon bec eit 
de trois ou quatre pouces de long & 
pointu : la partie inférieure eft d'un 
•rouge foncé. On voit quelquefois cet 
oifeau dans les jardins , mais il habite 
pour l'ordinaire les hautes montagnes. 
Sa chair eft délicieufe. C'eft le tj^w 
des N attira liftes. 

Parmi les Oifeaux de la Virginie , 
il en a vû un qu'on appelle Oifeau mo- 
niteur , pareequ'il contrefait ii bien la 
voix naturelle de l'homme Se celle de 
tous les Oifeaux , qu'il trompe les 
ChalTeurs en fe déguifànt par cette 
voix. On en trouve un autre qu'on 
appelle Oifeau rouge , pareequ'il atout 
fon corps & tout fon plumage de cou- 
leur de fang. Il y en a auffi un troi- 
jîeme appellé Oifeau murmure, paree- 
qu'il fait un fort grand bruit en vo- 
lant , quoiqu'il ne foit pas plus gros 
qu'un Hanneton. 

Dans les Indes Occidentales où il 
fe trouve divers Oifeaux de proie, il y 
en a un monftrueux de la grandeur Se 
prefquede la même forme d'une Pou- 
le 3 fes plumes font blanches , & ont 
quelques marques brunes. Il a le bec 
fait comme celui d'un Oifeau de proie, 
mais plus aigu : le pied gauche eft 
fcmblabie à celui d'une Oie , avec le- 
quel il nage dans l'eau , Se le pied droit 
eft fait comme celui d'un Faucon. 
C'eft auffi avec ce pied qu'il ferre ce 
qu'il a pris , foît en l'air , ou dans les 
eaux. 

Le Pere Kuser parle d'un Oi- 
feau qu'on trouve à la Chine , 8c qui 
étant Oifeau tout l'été , fe transforme 
en p'oiffon l'hiver. Les habitans l'ap- 
pellent Hoang-Ao-Yu , qui veut dire 
Poiflon jaune. 

On trouve dans l'Ifle de Ceylan les 
bois & les champs remplis de plu- 
fieurs petits Oifeaux , qui ne fervent 
qu'.i l'ornement de la Nature, parla 
yariété & par la beauté de leur plu- 
Jome lll. 



O I S 273 

mage. Leur groffeur eft celle de nos 
Moineaux.. On en voit de blancs com- 
me la neige , qui ont la queue longue 
d'un pied , Se la tête noire , avec une 
touffe de plumes qui les couronne. 
D.'autres , qui ne différent qu'en cou- 
leur, font rougeâtres comme une oran- 
ge mûre , Se couronnés d'une touffe 
noire. 

Dans l'Ifle de Madagafcar, on y voit 
une quantité infinie 6.' Oifeaux dont le 
ramage eft admirable. 

Il y a auffi dans ce pays beaucoup 
à'OiJcaitx aquatiques , Se Flacourt 
dit que la plupart ne font pas plus 
gros qu'un Pigeon. 

Il y a un grand nombre d' Oifeaux 
aquatiques dans l'Ifiande. On en voit 
des troupes immenfes , qui couvrent * 
pour ainlî dire , la mer , jufqu'à dix ou 
dix-huit lieues de l'Ifle , dit M. An- 
D e r s o n C Hifi. Nai. des Ifies d'îjl. ), 
Se c'eft même par ces Oifeaux, qu'on 
commence à s'appercevoir qu'on en 
approche. Il n'y a que très-peu de ces 
Oifeaux qui relient pour hiverner dans 
ce pays. La plus grande partie , qui y 
arrive dans le printemps , s'en va vers 
l'hiver, en reprenant vraifemblable- 
ment le chemin des climats plus chauds. 
Ces Oifeaux chériffent le féjour de 
l'Iflande , pareeque chaque efpece y 
trouve une nourriture abondante , fé- 
lon fon goût Se fes befoins , tant en 
poiffons , qu'en Crabes & infectes , 8c 
fans doute auffi pareeque la fituarion 
de l'Ifle Se de fes rochers immenfes Se 
inacceffibles aux hommes & aux Re- 
nards , leur permet d'y bâtir leurs 
nîds , Se d'y faire leurs petits en tou- 
te fureté. Il y en a qui nagent conti- 
nuellement fur l'eau , Se qui cherchent 
leur nourriture en plongeant : d'au- 
tres fe tiennent fufpendus en l'air , Se 
guettent d'en haut fi par hafard quel- 
que poiffon remonte vers la furface 
de la mer: quand leurs yeux, qui per- 
cent à travers l'eau , les apperçoi- 
vent , ils fe plongent fur le champ 
avec une rapidité qui égale l'éclair , 
M m 



a 7 4 OIS OLÏ OLO 

Se il eft rare qu'ils manquent leur 
proie. Ils prennent des précautions ex- 
traordinaires pour conftruire leurs nids 
avec fureté , & pour conduire leurs 
petits à l'eau. On trouve la defcrîption 
8c les figures de plufieurs de ces Qi- 
féaux aquatiques , dans le Voyage de 
Spitz,bcrg & de Groenland , Part. IV, 
ebap. 2. », 3. far M. Martens. Voyez 
LL MME & ROT-JE. 

OISEAU : C'tft le nom d'un 
Coquillage bivalve , qu'on nomme 
aufli Ailée , ou Hirondelle, pareequ'au 
coin de fa coquille il porte deux es- 
pèces d'ailes, qui augmentent fa lar- 
geur, de manière qu'elle furpatTe une 
Fjïs & davantage fa longueur. M. 
Adanson le met dans le genre du 
Jambonneau , 8c nomme Chanon celui 
qu'il a obfervé ait Sénégal, autour du 
Cap Manuel & du Cap Verd. Voyez 
CHANON. 

OISON, ou OYSON: C'eft 
le petit d'une Oie. J'en ai déjà parlé 
au mot OIE DOMESTIQUE, 
d'après ceux qui en ont écrit» 

O L I 

OLIVE, nom que quelques-uns 
donnent , dit B E L o N , à un oifeau , 
que nous nommons en François Cane 
Pétiere, on Canard de pré. Voyez ces 
mots. 

OLIVE, en Latîn Oliva , genre 
de Coquillage , de la claffe des Uni- 
-valves, dont Aldrovande » d'après 
Rondelet , fait un genre particulier, 
dont M. d'Argenviele compofe fon 
onzième famille :Voyez ROULEAU; 
& que M. Adanson met dans le gen- 
re des Porcelaines. Il nomme GîVef ce- 
lui qu'il a obfervé au- Sénégal." Voyez 
au mot G I R O T. 

OLO 

OLOTOTOLT, oifeau du 
Mexique , allez femblable au Xot- 
tapech , mais d'un bleu couleur de 
Faon s excepté le col » qui eft blanc 
k rouge. 



O L R O M B 

OLRUPPE, du Latîn Otrup* J 
poifïbn , dît Ge s n e r. ( de Aquat. 
p. 1282.), dont parle Kentmann. 
Il eft fans écailles , d'une peau brune , 
avec des taches noires. Il refTemble 
par la queue à une Anguille. Il a les 
lèvres fort dures. Ce poiflon fe pêche 
dans l'Elbe. 

O M B 

OMBRE: Ce nom eft donné i 
des poiflons de mer 8c de rivière. 
L' Cm ère de mer eft un poiflon à na- 
geoires épîneufes , Pifeis acantkeptery~ 
gitu. A R T E D 1 ( h h h. Part. V.'p. 45. 
». 1.) le nomme Stiœna maxïlla jupe- 
riore longiore , cirroj'ain injtrhre. C'eft 
le ÏK/'ava d'A Ri s t o T F. ( L. VIII. 
c. 19 ) ; le Siojv* d'É L 1 E n (L. IX. 
c.y.p. 517.3, cPAtbénée (L. VIL 
p. 322.) & d'OppiEN (Hal. p. 6. 
L. IV. ) ; le Chrumis de B E L o N {de 
Fifcib. ) ; VUrnbra de Va r ro N (dj 
re ruji. J , de Columelle , du 
Pocte E N N I u s , d'A PULÉE, 

d'I s 1 d o r e , de Cuba ( L. III. 
c. 99. ) > de W o t t o N ( L. VIII. 
c. 1 73 . ) , de G E s N E R ( de Aquat. >, 
de W 1 L L u G h b y , p. 299. de R aï 
(Symp.rifc. p. 99.), d'Ai.DRoVANDE 
CL./, c. 17 ), de joNSTON , p. 135. 

& de C H A R LE T O N , L. V. C. Q. 

p. no. Edit. Wranç. On appelle ce 
poîffbn Ombrino à Marfeilie 8c tout 
le long des côtes de la Méditerranée j 
Maigre en François , dit Rondelet 
& Dame en Languedocien. 

Ce Naturaiifte dît qu'on a donné à 
ce poiflon le nom A' Ombre , à caufe de 
fa couleur noirâtre , ou bien à caufe 
de certaines Kgnes de travers , qui def- 
cendent du dos : elles font dorées & 
obfcures & fcmblcnt faire ombre les 
unes après les, autres ; car quand l'une 
paroît, l'autre eft obfcure , & ainfi de 
fuite, depuis la tête jufquM la queue. 
L'GW>"(T diffère du corps en gran- 
deur. Celle de l'Océan eft plus gran- 
de & pafTe la longueur d'une coudée. 
Elle a une verrue au menton , deux 



O M B 

trous devant les yeux; d'autres petits 
trous au tout du bec & à la mâchoire 
baffe ; point de dents ; des nageoires 
comme le corps , mais plus courtes & 
moins noires , principalement celles du 
ventre & du dos ; la queue fembla- 
ble , le corps moins large Se plus long ; 
le dos moins courbe , les yeux fembla- 
bles ; la tête couverte de plu (leurs 
petites écailles , 8c le bout de ce qui 
couvre les ouïes , noirâtre. Les parties 
du dedans de ce poilïbn font fembla- 
bles à celles du corps. O p p i e Nmet 
{'Ombre de mer entre les poilTons faxa- 
tiles, ce qui n'eftpas , dit Rondelet. 
Sa chaïr eft eftimée : elle eft blanche 
8c de bon goût. Ce poiflon , félon Ray , 
eft commun à Venife , à Rome Se dans 
plufteurs endroits de l'Italie , où il ne 
paiTe pas la grandeur d'une Carpe. 

Sloane, dit R a y ( Synop. Metb. 
Tijc. p. 158.».].), parmi les poilTons 
de la Jamaïque , parle d'un poiflon 
qu'il nomme Umbla minor marina , 
maxiliis longioribus. Il approche du 
Saunis- Il a environ quinze doigts de 
long , trois de large au milieu du corps. 
Sa mâchoire inférieure eft plus longue 
de deux quarts de doigts que la fupé ■ 
rîeure. Depuis les yeux jufqu'au bout 
du mufeau , il a environ deux doigts de 
long. La mâchoire inférieure eft garnie 
de petites dents : il y en a une au bout , 
qui eft oblongue. La mâchoire fupérieu- 
re eft munie d'un double rang de dents ; 
les dents du rang en dehors font plus 
petites, 8c celles Se celui en dedans font 
plus longues. La couleur de cepoiiTon 
eft obfcure fur le dos. Par le milieu des 
deux côtés , il y a une ligne, qui com- 
mence à la tête Se finit à la queue. Son 
ventre eft blanc. Il eft marqué çà Se là 
de taches noires Se couvert de petites 
écailles. Il a deux nageoires au dos , 
longues Se larges d'un pouce, autant 
proche des ouies , autant fous le" ven- 
tre Se une proche de l'anus : ces na- 
geoires font garnies de fept rayons , 
qui font mollafies. Sa queue eft ample 
Se fourchue. Son ventricule a deux ou 



O M B 475 

trois doigts de long , Se fon foie el 

blanc. 

Galien, Athénée , Oppien, 
Pline , Columell e, Sec. ont fait 
ffienrion de l'Ombre de mer , Se parmi 
les Anciens il n'y a qu'A usone qui 
ait parlé de cell ? d* rivière, nom;n;ei 
Ombre , pareeque pour la figure Se 
pour la couleur, elle eft femblable à 
celle de m;r. C'eft une efpece de 
Truite , dit Rom delet ( Part, IL 
c. 3. p. 125. Edic, Franç.) qui reflem- 
ble au CarpiMt des Italiens. Ses écaill s 
font petites Se tachettes. Sa tête eft 
plus longue que celle de la Truite , & 
fa bouche plus petite : el'e n'eft pas 
fi ouverte. Ce poiîfoT a la' mâchoire 
inférieure ronde , là fupérieure un peu 
pointue , point de dents , les yeux fort 
ouverts , la prunelle noire Se la peau 
femblable à de la corne dorée. Son corps 
finit en une queue affez large Se four- 
chue. Il a des lignes jufqu'à la queue , 
Se une ligne droite , qui paffe par le 
milieu du corps. Sort eftomac eft long , 
épais , couvert d'une graiffe fort blan- 
che. Son foie eft rouge; la bourfe du 
fiel qui eft fort noire y eft attachée : la 
rate eft longue 8c noire, La chair de 
ce poiflon eft blanche , feche com- 
me celle des petites Truites Se auîlî 
bonne. 11 fe cache l'hiver Se on le pêche 
l'été avec les Truites, Ait te di met 
ce poiflon dans le rang de ceux qui or.t 
les nageoires molles , Pifces malacop- 
terygii. , Se il le nomme ( Ichth. fart. V. 
p. 20. ». 3.5, ainfi que le Thyrrlo des 
Italiens, dont nous parlerons en fort 
lieu , Corregomts maxilla fuperiore Ion- 
giore , pinnà dor/i ojfuidorum vigïnti- 
triitm. 

On peut, fur cette forte de poiflon, con- 
fulter Wotion, L. VIII. c. 173. B e lo n , 
de Pife. Gesner , de Ajnat. Aidrovandk, 
L. V. c. rj. Jonston, L. III. c. 4. Wi l- 
l no h b v, />. ibiS. 3c R a v, p. 6 1. 

O M B R E , ou O M B L E du lac 

de Laiifune- Ce poiflon, dit RoNUtLET 

( Part. II. p. 1 1 5 . c. 1 2 . Edit. Franç. ) 

eft le Saumon dudit lac. lia la bouc;.e 

grande , armée de plufieurs dents t 

M m ij 



% 7 6 O M B 

non - feulement aux mâchoires , maïs 
auffi à la langue. Par la figure de fon 
corps , le nombre Se la fituation de fes 
nageoires & par fes parties intérieures , 
il eft femblable aux Truites & aux Sau- 
mons. Sa tête eft de couleur plombée , 
Se ce qui couvre les ouies , de couleur 
d'argent. II a le foie charnu : le fiel y 
eft attaché. Sa chair eft bonne , agréa- 
ble au goût , affez dure quand il eft 
vieux. 11 croît quelquefois jufqu'à deux 
coudées. Gesner (de Aquat.p. 1201.) 
& R a y ( Synop. Fifc. p. 64. n. 5 . ) par- 
lent de ce poiflon. Ce dernier dit qu'il 
a au-deffous des yeux trois ou quatre 
petits trous. Artedi ( lebth. Part.V. 
p. 25. ». 7. ) le nomme Salmo lincis la- 
teraiibus fur s ion recurvis t eaudet bi- 
jurca. 

On peut encore confultcr fur ce poûTon 

A L DR OVAWDEj L. V. C. 47. jONSTO», 

de Fifc. Charlbto n , p. 163. & Wl L- 
iughbYj p. 1 95. & les autres Naturalises 
çui en ont écrit. 

Rondelet ( Part. H. p. 116. 
c 13. Edit. Franç.) parle d'un autre 
poiffon , qu'il appelle Omble Chevalier* 
qui eft auffi un poiffbn du lac de Lau- 
fane. Il eft plus grand , plus beau Se 
plus fort que le précédent , femblable 
aux Saumons Se .aux Truites faumo- 
nées. H aie bec long, pointu Se cour- 
bé ; le bout crochu çje la mâchoire in- 
férieure entre dans le bout de la mâ- 
choire fupérieure ,. Se pour cela elle 
eft cavée ou creufe , comme dans les 
Saumons : ces mâchoires font rayées. 
Il a le dos tirant fur le bleu & le noir ; 
le ventre doré ; le foie jaunâtre , au- 
quel tient le fiel ; Peftomac long Se 
épais. Ce poiflon devient fort grand : 
fa chair eft féche & dure. On fait au- 
tant de cas de fa tête que de celle du 
Saumon. Gesner, dit Ray ( Synop. 
fifc, p. 64. n. 6. ) n'a point connu ce 
poiflon , pnreequ'il penfe que les lacs 
de-Suifle n'en fou minent point. 

11 y a une autre UmbLi minor * qui, 
félon Ray (ibid. p. 65. n. 6.) eft 
appcllée enAnglois tbe Red Charre s 
dans la Province de Galles y Torgoch s 



O M I 

par les Allemands Se les SuifTes , Reu~ 
tele , ou Rotele; par les Suédois, R 0 ~ 
tele , ou Roding » Se par les Lapons 
Raud , fxlon M. L 1 n N m u s, Ce 
poiiTon qui eft auffi à nageoires mol- 
les , eft nommé par Artedi ( khtb. 
Part. V. p. 25. n, ro.) Salmo vix peda- 
lis , pinnis veniris rubris , maxillâ in~ 
feriore paulo longïore. Il eft plus long 
& plus menu que la Truite. Son dos 
eft d'un verd d'olive, marqué de ta- 
ches blanches un peu obfcurcs. Le 
vencre dans quelques-uns eft rougeâ- 
tre ; d'autres, fur-tout les femelles „. 
l'ont blanc ; fes écailles font très- 
petites : les nageoires du ventre font 
rouges. Il a l'ouverture de la bouche 
grande , les dents petites 8e pointues, 
doubles à la mâchoire fupérieure. H 
en a auffi à la langue , Se aucune au 
palais. Ce poifïbn ne devient pas fort 
grand , vix pedalis , fuîvant ce qu'en 
dit Artedi; S; le plus grand ne pefe 
pas plus de deux livres. 

Le Torgoch de la Province de Galles 
a la figure de la Truite , dit R A t. Ji 
a fur le dos une ligne marquée de neuf 
petites taches dorées Se d'autant de 
blanches dans le milieu. Les premiers 
rayons des nageoires du- ventre Se de 
celle qui commence à l'anus » font 
d'un beau blanc. On vante beaucoup 
fa chair. On en pêche dans pltifieurs 
lacs d'Angleterre , Se il paroît que 
c'eft une efpece diiférente du Rsutelt 
des Allemands. 

Gesner, de Ayuat. f. iioi.C H a rie- 
ton, p. l6$. W I L L V O H £ ï , p. & 

Ray, Syncp. Pifc. p. 65. parlent de ce poif- 
fon , ainfi qu'A l d ro v a n o t , L.V.c. 47> 
p. 650. 

O M I 

OMICRON-YPSILON, 

nom que les Naturaliftes donnent à 
un Phalène , ou Papillon nocturne r 
que M. Linn^us (FaunaSuec.p. z6<j r 
». 859.) nomme PhaUnaf uicornuufpi- 
ri! inguis ,alis pateniibus albidi; , faffiS 
latâ , nebulofâ , interiits t« 8 not.uti. 
M c Mer 1 an, dans fon Hiftoirt- des 



ONC 

Infeiïes de V Europe-, Goedard C "Part. 
111.) i Se Lister fur Goedard » p. 39. 
en parlent fous le nom d'Omicron- 
Ypfilon. Le maie eft plus blanc que la 
femelle. Une tache qu'il a fur les ailes 
fupérîeures en forme d'un Omicron- 
Ypfilon, lui a fait donner ce nom. 

ONC 

ONCE: Les Onces , dit Laeat 
{Relat. de l'Afr. Occident. Tome IV. 
p. 351.)- f° nt ^ es efpecesde Léopards 
dont la peau eft très-belle. Cet ani- 
mal , qui pour l'ordinaire n'eft pas 
fort chargé de graifle , eft extrême- 
ment agile. Il court en bondiflant , 8c 
en moins de rien il eft fur la bête qu'il 
veut attaquer. L'Auteur dit que l'es 
Perfans s'en fervent pour chafler aux 
Gazelles. Ils le portent devant ou der- 
rière eux fur leurs Chevaux , & quand 
ils apperçoivent une Gazelle , ils la 
lui montrent en le lâchant. Il part aiïffi- 
tôt comme un éclair , Se en quatre 
fàuts il eft fur cette pauvre bête , qui 
n'a d'autres armes que fès jambes , & 
d'autre défenfe qu'en la fuite. L'Once 
fe jette à fon col Se l'étrangle; maïs 
lï elle manque fon coup Se que la Ga- 
zelle lui échappe , la honte Scie dépit 
s'emparent tellement d'elle , qu'il faut 
que ks Chaffeurs- la careffent , Se la 
confolent, pour ainfi dire > du mal- 
heur qui lui eft arrivé Se de l'affront 
qu'elle a reçu : après cette manœu- 
vre, ils la remettent fur leurs Chevaux 
Se vont chercher une autre bête , Se 
pou r-lors Y Once prend fi bien fes me- 
sures qu'il eft rare qu'elle manque fon 
coup une féconde fois. 

Les Onces d'Afrique ne font pas fi 
dociles : peut-être que fi les Nègres 
Evoient autant d'adreffe que les Per- 
fans , ils pourraient apprivoifer celles 
de leur pays Se Ils dreffer à cet exer- 
cice Ces animaux font de la taille d'un 
Lévrier. Ils ont la tête fort ronde, la 
gueule large Selesdents fort aiguës: 
Us n'ont rien de féroce dans leur air; 
mais ils font pourtant un peu fauva- 



O N G 177 

ges. Ils ne s'approchent des Villa gesj, 
Se des parcs ou font les Moutons Se 
les autres bêtes , que la nu'.t. On n'a- 
jamais entendu dire qu'une Once ait 
attaqué ni hommes, ni femmes, ni en- 
fans ; excepté cela tout lui eft bon : 
mais cet animal n'a de bon que la peau 
qui eft très-belle , Se bien tachetée de 
couleurs fort vives. On remarque que 
les peaux des bêtes des pays chauds 
ne font jamais fi garnies de poil , & 
durent bien moins que celles qui vien- 
nent des pays froids. Cet animal eft 
le Tigre noir de M. Brisso n, Se 
le Jaguarete du Bréfil. Voyez TIGRE- 
NOIR Se JAGU ARETE, 

ONG 

ONGLE MARIN, ouDAC- 
T Y L E , en Latin Unguis , ou D ac- 
tylus. Il y en a de deux fortes , le 
mâle Se la femelle. On nomme ce Co- 
quillage Pivot en Anglois. On err 
mange à Venffe. On s'en fert en Nor- 
mandie pour pêcher. Pline nommfï 
les femelles Onychas. Gesner (de 
Agitât, p. 1235. & 1237.) dit que 
Y Ongle marin eft nommé Cappe enlta-- 
lien. Ce Coquillage eft ce que .nous 
nommons en François Solen Se Couteau* 
Voyez ces mots. 

ONGLE ODORANT: C'eft 
la Coquille d'un poifïonqui reiTemble 
à celle dont la Pourpre eft couverte , 
Se qui fe pêche dans les marais des 
Indes , où croît le Spica Nardi , dont 
il fe nourrit, C'eft ce qui rend cette 
coquille fi odorante. On l'appelle en 
Latin Unguis odorants. On va cueillir 
ces poifTons quand la chaleur a- deffé- 
chéces marais. Les meilleurs s'appor- 
tent de la Mer rouge Se font blancs 
Se gros. Le Babylonien eft noir & 
moindre ; on en fait des parfums , qu*. 
font bons aux femmes travaillées du 
mal de mere , Se à ceux qui ont le 
haut-mal : ils fententunpcu le Cafio- 
reiim. Sa cendre a les mêmes vertus 
que celles des Pourpres. Voilà ce qu'etf 
dit Dioscoride p défendu par 



2-8 O NO 

M A T h i 0 L E , fur ce qu'il dit que 
l'Ongle odorant fe trouve aux marais 
des Indes , où croît le Spica Nardi ; 
quoiqu'il n'y ait aucun Auteur ancien 
ni moderne qui témoigne que le Nar- 
dus croirtë dans les marais : ils difent 
tous que c'eft fur les montagnes Se 
dans les lieux fecs. M. A D A N S o N 
a donné à ce Conchytium des Anciens 
qu'il a obfervé au Sénégal , le nom de 
Kalan. Voyez aux mots POURPRE 
Se KALAN. 

O NO 

* ONOCENTAURE, en 
Latin Onocentaurus , animal fabuleux , 
moitié Homme Se moitié Âne , dont 
les Anciens ont parlé. Voici r comme 
Ge sner en parle d'après El ien 
3c d'après Volaterranus. Il 
a le vifage , la barbe , le col & la poi- 
trine d'un homme, la gorge pareille 
à celle d'une femme , des épaules , 
des bras , des doigts de figure humaine , 
le dos , les côtés , le ventre , Se les pieds 
d'un Âne , Se de la même couleur ; 
înais le bas du ventre eft un peu blanc, 
fes mains avec fes pieds lui fervent à 
courir avec une viteffe fi grande qu'il 
furpaiïe tous les autres Quadrupèdes 
à la courfe. Il s'en ferc encore quand 
il eft tranquille pour prendre fa nour- 
riture. Cet animal eft mauvais : il aime 
fi fort la liberté qu'il fe laifle mourir 
de faim quand il eft pris , & quelque 
petit qu'il foît , on ne peut l'apprï- 
voifer. G E S N e R ajoute que quelques 
Auteurs obfcurs , fans aucune auto- 
rité , ont avancé que YOnocentaure étoit 
un animal monftrueux , qui n'avoir pas 
été créé avec les autres animaux au 
commencement du Monde ; mais qu'il 
avait été formé depuis de l'accouple- 
ment de deux animaux de différente 
efpece , que fa voix étoit articulée 
en quelque forte , mais non comme 
celle de l'homme , Se qu'il fe fervoit 
de fes pieds de devant , faits comme 
la main de l'homme, pour jetter des 
jpierres Se du bois fur ceux qui l'at- 



ONO ONZ OPA 

(aquoient. On attribue cette induftrîa 
à l'Âne fauvage. Gesner, Qttad. 
L. I. p. 23. & 24. 

ONOCROTALE, oîfeau de 
marais , grand comme un Cygne , qui 
a le pied d'Oie , Se une bourfe tenant 
à la partie inférieure du bec , qui def- 
cend en manière de petite poche. C'eft 
où il ferre tout ce qu'il chaffe , Se il 
l'en retire enfuite pour le manger à 
loifir. Son nom vient du Grec oveç , 
Âne , Se de KpsT<**ey , bruit , ou fou 
d'un instrument , à caufe de fon cri qui 
imite le braire d'un Âne : il rend ce 
bruit en fichant fon bec en terre. Cet 
oîfeau eft le Grand Gofier de R o- 

CHEFORT & du P. DuTERTRE, 

8e le même que nous nommons Péli- 
can. Voyez PÉLICAN Se GRAND 
GOSIER. 

ONZ 

O N Z A , nom que les Portugais 
donnent au Jaguara , ou Jaguarete , 
Quadrupède du Bréfil fort cruel 3 c'eft 
le même que l'Once, 

OPA 

O P A C H , poîftbn des côtes de 
Guinée. Il a été montré à la Société 
Royale de Londres par M. Ralph- 
Bf gland , Se on en trouve la deferip- 
tion dans les Tranfaclions Pbilojophi- 
ques r n. 495. art. 20. Le même poif- 
fon a été péché dans l'été de 1747. 
far les côtes de Normandie près de 
Caën : il a été apporté à Rouen , Si 
acheté par M. 1. e Cat , pour être 
placé dans fon Cabinet. Cet Acadé- 
micien l'a nommé RuphtaSmo- Rhom- 
boïdes , lavis 1 maculatus , caudâ bijm- 
çata. 

OPASSUM, anîmal de la gran- 
deur d'un moyen Chat , qui fe trouve 
dans la Virginie. Sa tête eftfaite comme 
celle d'un Cochon : il a la queue fem- 
blable à celle d'un Loir , Se un fac 
fous le ventre dans lequel il porte Se 
nourrit fes petits. La femelle les alaite 
fans les pofer .1 terre , car fes mam- 



OPH O P I GPS 

tnelles font cachées dans cette bourfe • 
qui en dedans eft couverte d'un poil 
beaucoup plus mollet que celui qui 
paroît en dehors : elle produit ordi- 
nairement fix petits. Le mâle a pareil- 
lement un fac naturel fous le ventre ; 
îl porte à fon tour fes petits afin de 
fonlager fa femelle , quoiqu'il ne les 
puîtTe pas alairer. Comme le Renard , 
il chafle aux oifeaux & aux Poules, Se 
au défaut de cette proie, îl fe nourrit 
de fruit. Cet animal eft jaunâtre fous 
le ventre & fous le col. Il a le dos cou- 
vert d'un poil noir , entremêlé de gris ; 
fes oreilles font longues , larges 8c 
droites , &: fa queue eft longue , pelée 
par le bout , & recourbée par en bas. 
C>-S animaux font communs dans la 
Nouvelle Efpagne & dans la Virginie , 

dît LoNVILLIERS DE PoiNCY, 

dans fon Hifloire Naturelle des An- 
tilles , c. ii, art. ï. C'eft le même 
que le Rat de boîs , dont il eft parlé 
dans V Hifloire des InfeUes de Surinam , 
far M'' M e r i a N. C'eft la première 
efpece de Philandre de M. Brisson. 
Voyez Tome IL de ce Dictionnaire , 
p. 28. au mot DIDELPHE , première 
efpece. 

OPH 

OPHIDION , nom que les 

Grecs & les Latins donnent à un pohTon 
femblable au Congre, & que Ron- 
delet nomme Donz,elle, Voyez ce 
mot. 

OPHIOMACHUS, nom que 

S e b a donne à une efpece de Lézard 
de l'Ile de Ceylan. Voyez au mot 
SOA-AJER. 

O P I 

OPIPISEAN, oifeau du Me- 
xique , dit Raï { Synop. Meth. Av. 
p. 177. ) , dont le bec tire furie rouée ; 
les pieds font roux Si variés de blanc: 
tout le refte du corps eft cendré & 
noir. 

O P S 

OPSAN,ou.OPSA:Les Grecs 



O R A O R C 479 

ttommoïent ainfï des poiflbns aprêtés , 
qui étoîent bons par excellence. Voyez 
fur ce mot Gesher,^ Acmau 
p. 742. & fuiv. 

O R A 

ORANG-OUTANG, ou 
OU RANG-OUT AN Garantis 
animaux qu'on trouve dans le Royau- 
me de Congo. On les nomme ainfi aux 
Indes Orientales : ils tiennent comme 
le milieu entre l' efpece humaine 8c les 
Babouins. Hifloire Génér. des Voyages , 
Tome XVII. p, 147. Edit.hi-iz. 

Il s'en trouve auiïi à la Côte d'or, 
A t k 1 n s rapporte qu'il y en a dans 
diverfes parties de la Guinée , & plus 
fouvent dans Plfle de Bornéo. Ces 
Singes paflent dans l'efprit des Nè- 
gres , Se même dans celui de plufieurs 
Européens, pour des Hoinmjs fau- 
vages. Le Capitaine Floweh en 
apporta un d'Angola en 1733. qu'ii 
avait foigneufement confervé dans des 
efprits de liqueurs. Il l'avoit eu vi- 
vant pendant quelques mois. On ad- 
mira beaucoup à Londres fon vifage, 
fa petite chevelure , & fés parties na- 
turelles , qui ne dîfféroientpas de l'ef- 
pece humaine ; fes tefticules étoient 
extérieurs. Flo ver rendit témoi- 
gnage qu'il marchait fouvent fur les 
deux jambes , qu'il s'afTeyoit fur une 
chaife pour boire & pour manger 5 
qu'il dormoit a (fi s , & les mains fur 
les épaules; qu'il n'avoir pas la mé- 
chanceté des autres efpeces de Singes,, 
& qu'il fe fervoit^aux mêmes ufages 
que nous , de fes mains , de fes pieds 
& de fes ongles. Hift. Génér. des Voy.ig, 
Tome XIV. p. 1Sy.Edtt.m~12, Voyez 
SINGE & HOMME DES BOIS. 

OR AT A 8c ORA : Les Ita- 
liens appellent ainfi la Dorade, poîf» 
fon de mer. Voyez ce mot, 

O R C 

ORCA , efpece de Baleine, qu'An- 
tedi nomme (, Ichth. Part. V.p, taré* 
». 3. } Delphinus toflto fitrsum repan- 



2 8o ORC 



ORE 



do , àenùhus lads , ferratis. Pline 
t Hifi. Nat. L. IX. c 6. & L. XXXII. 
cil.) en parle fous ce nom , ainfi que 
Cuba, jL. III. c. 6$. fil. 8?. Wot- 
t o N , L. VIII. c. 1 85. Gesner, 
de Jquat. p. (Jjj.Aldrovande, 
Cet. p. 698. J S TON , Pifi.p.ziJ, 
Charleton , Onom. p. i<?8. Schon- 
NEVELD , hhth. p. 53. WlLLUGHBY, 

Jchtb. p. 40. & R a y , JjKop. A/ef/?. 
Tïfc.p. 10.». 3. Les Suédois nomment 
ce Cétacée Loepare, Les Anciens lui 
ont donné le nom à'Urca , 1 caufe de 
fa reftemblance avec les vafes qu'ils 
appelloient ainfi , 5c qui leur fervoient 
à mettre de l'huile. Cette efpece de 
Baleine eft par tout le corps gro(Te& 
ronde. Ses extrémités ne font pas beau- 
coup élevées. Par fon mufeau , fon 
tuyau , fes nageoires , & fa queue, elle 
eft allez femblable au Dauphin ; maïs 
elle eft quatre ou cinq fois plus croiTe, 
furtout par le ventre. Elle furpaffe en 
grandeur tous les Cétacées qui appro- 
chent de nos côtes , dit R a y > en ex- 
ceptant la Baleine. L' O rca pefe quel- 
quefois mille livres , ajoure-t-il. Sa 
longueur eft de dix-huit pieds ; fa grof- 
feur par le ventre, au rapport de Be- 
Lon , en a plus de dix ; fon mufeau 
eft recourbé haut & bas , & la lèvre 
inférieure eft fi épaiffe qu'elle eftfé- 
parée delà fupérieure quand fon corps 
eft penché. Sa gueule eft armée de 
quarante dents bien tranchantes ."celles 
de devant font obtufes & menues ; cel- 
les de derrière fontpointues&grofies, 
dit B e 1. o N. 

Les Anglois nomment YOrca en 
leur langue Wiûtpoole. On en a pris , 
dit Gesner ( de Aquat. p. 7 50.J , 
deux ou trois dans la Tamife en 1555. 
Selon ce Naturalifte, ce poiflonénorme 
attend la Baleine entreles rochers pour 
^'attaquer. Un Savant, à ce que rap- 

* On l'appelle en François Qrmler , ou 
■Ormeau , ou Oreille marine , ou Ortille de 
mer ; en Ançlois, Mother of Feari, dit Lan- 
civs ; en Allemand , Meer Chreen, félon le 
jneme Auteur ; les Malais, dit Rumfhius , 



porte Rondelet, a cru que ea 
Cétacée étoit le Xiphias ; mais le Xi- 
phias a le bout de la tête fait comme 
une épée : c'eft ce que dit auffi Ges- 
ner. L'Orca eft le même Cétacée que 
VEpaular de Rondelet , dont 
j'ai parlé aux mots ÉPAUL Ail, 
& BALEINE. 

ORE 

OREILLE DE MER*, que 

quelques-uns appellent 1 Ormier; c'eft 
un Coquillage univalve , qui n'eft 
pas moins connu que le Lépas , dit 
M. D'A rgenville , Part. IL 
de la nouvelle Edition de fa Conchylio- 
logie ; mais il ne fe trouve pas fi com- 
munément : nous ne l'avons en France 
que furies côtes de Bretagne. Il eft or- 
dinairement attaché aux rochers à fleur 
d'eau, Se s'y tient fi fortement cram- 
ponné , qu'on a encore plus de peine 
à le détacher que le Lepas. Rien ne 
refiemble plus à ce dernier Coquil- 
lage que l'Oreille de mer: elle a aftez 
la figure de celle de l'homme , dont 
elle tire fon nom, Le poiffon meurt 
incontinent après qu'on l'a détaché du 
rocher. H fait quelque mouvement » 
en allongeant fa tête ou fes barbes , ou 
cornes , qui font au haut de fa circon- 
férence. Sa chair eft jaunâtre Se I'ob 
en mange. On y remarque une tête 
ronde , & afiez greffe , tranchée fur 
le deffus , avec une bouche garnie de 
quatre cornes; deux plus grandes font 
peu diftaRtes des deux autres. Les deux 
yeux ou points noirs font au fommet 
des deux plus petites cornes. \J Oreille 
dcmervuiàe fes excrémenspar les trous 
qui font fur la fuperficie de fa coquille, 
Se les principaux vifeeres font logés fur 
fon bord , qui fait faillie au-dedans. 
Lorfque l'Oreille de mer eft en marche , 
fon pied ou fa plaque déborde beau- 
la nomment Telinga Malolî , ou B'ta Sacarf- 
jo , & les habitans d'Amboine lui donnent le 
nom de HovïUit. Bel ou la nomme grand 
fiourdin , & les HolJandois l'appellent en leur 
langue SmkfJ'che. 

coup 



O R E 

£oup la Superficie de fa coquille , qui 
eft revêtue delpires , ou filions creufés 
légèrement , qui tournent autour de 
la robe en forme de deux rangs frai- 
fés , & vont fe pendre au fommet. 
Sa couleur ordinairement très- variée 
eft d'un cendré noir ; mais il y en a 
de vertes , de rûugeâtrcs , avec une 
très-belle nacre en dedans. 

On a remarqué , dit le même Au- 
teur , qu'à mefure que cet animal gran- 
dit & augmente fa chair, il fait un nou- 
veau trou à fa coquille , Se en ferme 
un autre. La figure de la lettre C. de 
la Planche I. delà Conchyliologie , rc- 
préfente le rocher fur lequel eft atta- 
chée une Oreille de mer : elle montre 
fa tête applatie Se fes quatre cornes : 
& la figure D. de la même Planche , 
eft le même animal , dont la coquille 
eft renverfée. On voit le fac tout en- 
tier de fon corps , féparé fur le pé- 
ri o lie en plufieurs traverfes , & fa tête 
paroît également munie de fes quatre 
cornes. 

A la Flanche III. de la première 
Partie du même Ouvrage , on voie 
fix coquilles différentes d'Oreiller de 
mer figurées. La première marquée A. 
eft percée de trous, & vient de nos 
mers. La féconde marquée B, plus 
petite de moitié Se bien plus belle , eft 
Orientale. La troifieme marquée C. 
eft une Oreille de mer des plus petites : 
elle n'eft ni nacrée , ni percée. La 
quatrième marquée D. retournée fur 
fon deffus.eft bigarrée de taches rouges, 
la cinquième marquée E. eft une Oreille 
de mer rare Se finguliere : la beauté de 
la nacre l'a fait reconnoître pour Orien- 
tale. La fixieme , marquée F. ref- 
femble à celle de la lettre A, mais 
elle n'a point de perles , & elle n'eft 
percée que de fix trous. Voilà ce que 
dit M. D'A rgenville fur l'O- 
reille de mer, Se voici ce que M. Ad an- 
son (Hift. Nat. des Coquillages dit Sé- 
négal, p. 20. ) nous apprend du même 
Coquillage , qu'il nomme VOrmicr , Se 
dont il fait un genre compofé de deux 
T«me lll. 



O R E a8i 

efpeees, Il nomme la première efpeee 
i'Ormier , Se la féconde Sigare^. l\ 
parle de lapremiere dans ces termes. 

La figure de la coquille , dit- il , lui 
a fait donner le nom d'Oreille, parce 
qu'en effet elle repréfente allez bien 
l'Oreille de l'homme. Si on la confidere 
au-dehors dans la fituation naturelle 
de l'animal lorfqu'il marche , elle pa- 
roît comme un baffin oval renverfé , 
c'eft-à-dire, dont la convexité eft tour- 
née endeffus: alors on af perçoit vers 
fon extrémité poftérieure , 8c un peu 
fur la droite, trois tours de fpirale 
un peu élevés , pour former en cet en- 
droit une efpece demammelon à trois 
étages. On voit encore un rang de trous 
ronds difpofés fur une ligne courbe , 
parallèle à la longueur de la coquille 
& à une diftance à-peu-près égale de 
fon bord droit , Se du milieu de fa 
largeur. Cette rangée de trous , qui 
font au nombre de fept , fe termine au 
milieu de fa longueur ; mais elle eft 
continuée par un grand nombre de tu- 
bercules , ou de mammelons qui Sui- 
vent fes bords , Se ne finiflent qu'avec 
le premier tour de fpirale. Ces mam- 
melons font comme les vertiges des 
trous. L'Auteur dit en avoir compté 
près de cinquante. 

Le relie de la furface extérieure de 
la coquille eft coupé par un nombre 
infini de filions creufés légèrement, Se 
fort proches les uns de^autres : ils ont 
tous leur origine au lomrnet , & vont 
en prenant la courbure d'un demi cer- 
cle , fe répandre fur toutes les parties 
du bord droit de la coquille , où ils 
fe perdent. 

Quant à fa furface intérieure , elle 
eft d'une nacre la plus belle Se la plus 
luilante. Les trois tours de fpirale , 
qui font en relief au-dehors de la co- 
quille , paroillent ici en creux. Le 
bord des trous , n'eft pas non plus 
tranchant en dedans , comme il l'eltert 
dehors. Cette coquille eft allez épaifle „ 
Se l'on en trouve de différentes gran- 
deurs. Les plus grandes que l'Auteur 

N n 



O RE 



O R E 



dit avoir vu es , avoîent quatre pouces 
& davantage de longueur, deux pou- 
ces ïc un quart de largeur , Se envi- 
ron un pouce de profondeur. L'ou- 
verture efl ovale ou elliptique , à- 
peu-près de la forme ou de l'ouver- 
ture de la coquille. La lèvre droite efl: 
courbée en arc , mince dans les jeunes , 
épaiiTe dans les vieilles , Se tranchante 
fur les bords. La le vrc gauche au con- 
traire efl: épaifle » repliée comme un 
large bourrelet au-dedans de la co- 
quille , Se nacrée comme elle. Si l'on 
met cette coquille au nombre de celles 
qui font tournées en fpirale y comme 
on ne peut s'en difpenfer , fon ouver- 
ture fe trouvera placée à la droite de 
tout le corps des fpires ; Se les fpires 
elks-mêmes , prifes du bord droit de 
l'ouverture , tourneront par derrière 
de l'animal , en defeendant de fa droite 
ves fa gauche. 

Le fond de la couleur efl; d'un rouge 
de chair au dehors , quelquefois fans 
mélange , Sefouvent marbré deblanc. 
L'efpace que les trous laiiTent entr'eux 
efl rempli par une petite bande blanche 
qui va fe perdre dans le bord voifin. 
Au-dedans, l'Ormier efl: recouvert 
d'une nacre éclatante , dont la cou- 
leur paffe alternativement du blanc au 
v;rd , & du verd au violet , fuivant 
les difiérens afpecis fous lefquels il 
fe préfente. 

On remarqué une fi grande variété 
dans la forme Se dans la couleur de 
VQpnUT , qu'il n'eltpas étonnant , con- 
tinue M. Adanson,, que les Au- 
teurs en ayent fait trois ou quatre ef- 
peecs différentes. Il y en a d'ovales, 
d'allongés & de courts. Les jeunes 
font plus arplatis, ont moins de trous , 
& moins de filions que les vieux : 
dans ceux-ci on compte fept trous & 
cent- cinquante filions ; les jeunes au 
contraire n'ont que trois ou quatre 
trous , Se cinquante ou foixante fillon3. 
Ce n'eft que dans les jeunes qu'on peut 
juger de leur couleur ; car il efl: rare 
que les vieux ne foient pas couverts d'un 



limon gras Se verdâtre , ou enveloppé 
d'une croûte pierreufe , qui les défi- 
gure ; il faut les en dépouiller pour 
découvrir leur couleur naturelle , q U ; 
efl: , comme on l'a dit un fond rouge, 
marbré de blanc. 

Il y a encore quelques différences 
dans l'intérieur des uns Se des autres. 
Dans les vieux la nacre forme des 
ondes aflez inégales , qui vont aboutir 
au creux du fommet ou de la volute: 
on y trouve auftifort fouvent de pe- 
tites Perles ; au-lieu que la furface 
eft égale & unie dans les jeunes. 

Il n'eft pas facile d'expliquer, dit 
M. Adanson, comment fe for- 
»ment les trous de la coquille de l'O- 
r tille de mer; mais on remarque très- 
bien, qu'à mefure que la coquille s'a- 
grandit , il fe fait fur fes bords un nou- 
veau trou , dont le commencement 
n'efl. d'abord qu'une échancrure. Cette 
échancrure augmente peu après , Se 
devient un trou rond , qui efl porté 
infenfîblement vers le milieu de la co- 
quille par les additions continuelles 
qui fe font à fes bords , Se fe ferme 
enfuite à fon tour comme ceux qui l'onc 
précédé. 

La tête de VOrmisr ou Oreille de 
mer efl groffe , cylindrique , d'une lar- 
geur égale à fa longueur , applatie àr 
fon extrémité ,. comme tranchée obli- 
quement en deflbus. On y voit l'ou- 
verture de la bouche femblable à un 
petit fillon , qui fe trouve vertical lorf- 
que la tête s'étend , Se qui devient pa- 
rallèle à fa longueur lorfqu'elle fe 
courbe en deffous. Quatre cornes de 
figure Se de longueur diftérentespren- 
nent naiffance de l'origine de la tête. 
Les deux plus grandes font de fleure 
conique , un peu applaties , quatre à 
cinq fois plus longues que larges , Se 
un peu plus longues que la tête. Les 
deux autres font une fois plus courtes ^ 
taillées èn prifme à trois artpks , dont 
la longueur efl double de la largeur, 
Par leur fituation elles fe trouvent du 
côté extérieur des plus longues cornes 



O R E 

& une fortpetite diftance d'elles. Elles 
font libres Se dégagées de tous côtés , 
excepté à leur bafe, ou une membrane 
aifez légère , fort ample & comme dé- 
chirée fur les bords, vient les joindre 
avec la tête. Les yeux ne femblent 
être que de petits points noirs. Ils font 
portés comme ceux du Limaçon fur 
le fômmet des cornes extérieures Se 
prifmariques. 

Le manteau n'eft pas une partie bien 
apparente dans cet animal. Ce n'eft 
qu'une membrane affez mince , qui s'é- 
tend fur toute la furface intérieure de 
la coquille, & paroît rarement hors 
de fes bords. On ne la foupçonneroit 
pas en ne regardant que le dos de 
l'animal , fi les deux extrémités anté- 
rieures , celle de la droite Se celle de 
la gauche , qui fe terminent en pointe 
vers l'origine du col , ne fe montraient 
fous la forme de deux languettes trian- 
gulaires , tantôt par le fécond , tantôt 
par le troîfieme trou , le plus près 
du bord de la coquille par où on les 
voit fortir. 

Je ne connoîs point , dit l'Auteur , 
de Coquillage dont le pied foit mieux 
orné que celui de YOrm'm : il eftex- 
trêmement gros, comme dans la plu- 
part de ceux dont la coquille eft fort 
évafée , Se il déborde considérablement 
la fienne quand il marche. Vu en def- 
fous il repréfente une ellipfe , dont 
l'extrémité antérieure , ou la plus pro- 
che de la tête , eft coupée au milieu 
de fa largeur par une crenelure trian- 
gulaire aifez profonde. En deffus il eft 
convexe , Se orné à quelques lignes de 
fes bords de deux franges , ou , pour 
mieux dire , de deux fraifes qui en font 
le tour. Ces deux fraifes font bien dif- 
tinguées l'une de l'autre dans leur 
partie poftérieure , ou fur les côtés juf- 
qu'à la racine de la tête , où elles fe 
réuniffent dans une membrane dé- 
chirée Se frangée fur les bords , qui la 
recouvre ordinairement avec les yeux 
8c avec les cornes , de manière qu'il 
eft rare qu'elle paroifle aufli clairement 



O R E îSj 

que l'Auteur l'a reprêfentée dans la 
figure , pour mettre au jour ces dif- 
férentes partus, dont la ungularhé mé- 
ritoit quelques détails. 

Chaque fraife eft formée d'une mem- 
brane alfez épaiffe, qui prend naiifance 
de la fubltance même du pied. Ses 
bords font découpés profondément 
d'environ quarant: canelures figurées 
en croilfant. Du fond de chaque crcîf- 
fant , il fort un filet femblable à une 
foie très-déliée, qui a le double de 
leur longueur. Leurs cornes font aufli 
terminées par un filet ; mais il eftra- 
meuxSt fubdiviféenpluiieurs branches. 
La difpofition de ces deux fraifes en 
falbalas , Se la quantité prodigieufe de 
filets dont elles font bordées , font un 
très-bel effet , Se font une riche parure 
fur le pied de cette efpece d'Ormier. 

Il y a peu de Coquillages dont l'a- 
nimal foit aulfi varié pour la couleur. 
Sa tête eft d'un cendré noir , traverfée 
par un grand nombre de petites raies 
blanches. Les colomnes , ou les prifmes 
qui portent les yeux , Se la membrane 
ou la coëffe qui recouvre la tête font 
d'un verd pâle. Le blanc fait la cou- 
leur du dos de l'animal , Se du deffous 
de fon pied ; fon manteau eft pareille- 
ment blanc avec un bordé de verd. La 
partie fupérieure du pied , Se fes deux 
franges en falbalas , font bigarrées de 
taches blanches , mêlées avec de pe- 
tites raies noirâtres. 

Tous les rochers de la.côte du Sé- 
négal nourrilTent une grande quantité 
de ce Coquillage. M. Ad an sol* 
marque l'avoir comparé à ceux qui 
naiffent furies côtes de France. Il n'a 
trouvé , dit-il , aucune différence ni 
dans les coquilles , ni dans l'animal 
qu'elles renferment. Le goût eft aufïï* 
le même, & les Nègres qui habitent 
les bords de la mer le mangent, com- 
me font les François de nos côtes. Voilà 
des Coquillages femblables qui habi- 
tent des climats bien différons pour 
la température. L'Auteur les a obfer- 
vës aux llles Canaries & aux Açores ; 

Nn ij 



a§4 O R F O R G 

on les a vus dans la Suéde » Se ils fe 
trouvent fur toutes les côtes depuis la 
Ligne jufqu'aufoixante-neuvieme de- 
gré de Latitude , & même peut-être 
au-delà. Ce Coquillage eft figuré Plan- 
che II. ». i. 

Le caractère générique de l'Oreille 
de mer eft d'être plate , Se de reffem- 
bler à l'oreille de l'homme. Lister 
(p. 167 ) met YOreille de mer parmi 
les Turbinées , ou contournées. Aris- 
tote ( Hifl. Anim. L. IV. c. 4. ) parle 
de l'Oreille de mer. M. L i,;N N m u s 
{Fauna Suec. p. 379. »■ 1316'. ) nom- 
me l'Oreille de mer , Haliotifflriata, 
rugofa , &il l'appelle Aur'u marina, 
dans fon Syfiema Natura » Edit. 6. 
p, 74. ». 232. 

Les autres Naturalises qui en ont écrit 
font B E L o n , Aquat. L. II. p. R o K- 
nuïT, Part, fecunda , Edit. Lut. p. le 
même , Edit. Franf. p. 3. Bossu et. Part, 
ah. p. 6. G e s k £ r , Aquat. p. S07. & iio8. 
AlUKOVMDE.foM. p. 55°. &J>î l - 
Jonston, Exfang. Tab. 17. J>£- A- & ï- 
Bon m , Éecr. p. 91- ^JT. r. n. 10. & 11. 
Lister, Hifl. Anim. p. 167. TV;, \.fg. \6. 
le même , Hifl. Conchyl. Tab. éw.fig, 1. le 
même , Tab. 6 ia. $&• $. & 4. le même, ï<w. 
6\^.fig. 6. Ru m ph 1 u s , M«f. j>. le Pi 
K 1 rk £R, Mu/, p. 43 é. n. 10. Ô" 11. L a n- 

G I U S , Metk. p. Gl'ALTlER.1 , J»d />. & 

Tab. 69. jig. A. k même , fig* B. C. E. 
L. M. M. Klein, lent. p. 19. foc. 1. n. î. 
T«&, 7. fg, 1 1 j, & ï.;«. 1. 

O R F 

O R F R A Y E , oifeau. Voyez au 
mot F RÉ S AYE. 

O R G 

OR G A N O , nom qu'on donne 
en Efclavonie , dit Rondelet, à 
la Morrude , pôiffon de mer. Voyez 
MORRUDE. 

O R G A N O : On donne auffi à 
Gênes ce nom au Milan de mer , paif- 
fon. Voyez MILAN DE MER. 

ORGUE, ou TUYAUX D'OR- 
GUE» en Latin Tnbidaria purpureœ , 
efpece de Coquillage du genre des 
petits Vers , ou Vermifleaux de mer. 
L'arrangement de ces petits Vers eft 
admirable. Les ruches Se l'ouvrage des 



O R H 

Mouches de l'Iûe de Cayenne ne {'ont 
pas au-defïus de ce travail. Chaque 
Ver a fon tuyau, Se il eft adhérant à 
celui de fon voifin , par le moyen d'une 
glu , qui leur eft commune , Se qui 
îert à joindre leurs dîfférens étages. 
Voyez VER DE MER. 

O R H 

O R H C E T T A , nom qif on 
donne , dit Rondelet, fur la côte 
de Gênes à la Squille à tête large. Son 
nom Grec eft SkiMcs 7rAœT 6 7«, en Latin 
Squilla lata. Ce eruftacée n'eft pas 
une efpece de Langoufte; carlesLan- 
gouftes , outre les quatre pieds qu'elles 
ont de chaque côté , ont encore un 
bras de chaque côté garni de forces 
ou de pinces , ce que n'a pas la 
Squille , félon Aristote. Celle- 
ci eft de la grandeur des Langoult.es; 
mais plus large , Se de corps plus plat , 
Se plus velu : elle a au front deux os 
découpés , dont un eft placé de chaque 
côté ; à quelques - une3 ils" font plus 
pointus , Se à d'autres ils font plus 
larges. A ces os font attachées deux 
ailes ou nageoires - y du milieu forter.t 
deux cornes menue3 Se peu longue?, 
Cette efpece de Squille a la bouche 
faite comme la Langoufte : elle a detia 
bras garnis d'aiguillons , & fes pieds , 
qui ne font point fendus , lui fervent 
à porter fa nourriture à la bouche. Ou- 
tre ces deux bras elle a quatre pieds de 
chaque côté: fes yeux paroilïent peu, 
Son front eftquarré Se plus large qu'en 
tous les poiffons de cette efpece. Son 
dos eft couvert d'élevures, Se l'extrémir 
té fi rouge,qu'on croiroit que des Rubis 
y font encliâlfés. Sa queue eft couverte 
de cinq tablettes , Se elle finit par cinq 
autres qui lui fervent de nageoires. 
Elle a fous la queue des peaux pour 
y conferver fes œufs. Ce poiffon fraye 
comme la Langoufte , Se les parties in- 
térieures font les mêmes ; il vit dans 
les lieux fangeux Se bourbeux : quand 
on le prend , il eft couvert de fange. 
Sa chair eft molle comme celle dfcVÉ; 



ORI ORM ORN 

erevîfle de mer. On n'en prend gueres 
du côté de Marfeille , mais beaucoup 
fur les côtes de Barbarie. Rondelet, 
L.XVUL c. 5. p. 371. 

O R I 

ORIGNAL, animal qui fe trouve 
dans le Nord de l'Amérique , Se qui 
eft une efpece de Prenne. Voyez ce 
mot. 

O R I X , ou O R Y X , animal 
dont ont parlé les Anciens , Se qu'ils 
ont mis dans la cla(fe des Chèvres 
fauvages. Gesnir dit qu'il eft de la 
grandeur d'un Chevreuil , femblable 
au Bouc en partie. Il a de la barbe 
fous le menton , dit Albert le 
Grand, d'après" l'Auteur du Livre 
de Nat. Rer, Selon Oppien (L.II.) , 
VOrix fe retire dans les forêts rem- 
plies de bêtes fauvages : il eft de coup- 
leur de lait , excepté la gueule qu'il a 
noire : il elt. large , épais , & gros ; 
fes cornes font droites , pointues , noi- 
res , folides T 8c plus dures que l'airain, 
que le fer , Se que la pierre. Les uns 
lui donnent une corne , les autres lui 
en donnent deux. S'il était vrai que 
VOrix n'eût qu'une corne , il y aurait 
de l'apparence que ce ferait le pré- 
tendu Menaceras , ou la Licorne ; 
s'il en a deux , ce ne pourrait être 
qu'une Chèvre , ou un Boeuf fauvage 
d'Afrique , Se même le Bufle ; car 
G F. S N E R ( L. 1. p. 769.) dit quec'eft 
dans les déferts fecs Se brûlans de l'A- 
frique que fê trouve VOrix. Voyez 
cet Auteur, de Quad. L I, p. 769. 

ORM 

ORME AU. Voyez OREILLE 
DE MER. 

ORN 

O R N EY, efpece de poiffon à 
écailles , que l'on trouve dansl'Ifle de 
Tabago : il fe tient fulpendu aux côtés 
des rochers ; il eft prefque auflî gros 
qu'un œuf, Sec'eftun fort bon manger 
avec du beurre frais. L'écaillé reffem- 



O R P 1S5 

ble par fa beauté aux Perles Orîen-* 
taies. 

O R P 

ORPHIE, forte de poîfïbn afTez 
commun furies côtes de Normandie; 
fa chair eft blanche Se ferme ; maïs 
elle n'eft pas d'un grand goût , & fon 
arête eft verte quand il eft cuit. On 
lui donne le nom d'Eguilletu en Bre- 
tagne, Voici la manière de faire la pê- 
che de ce poiifon qui dure depuis le 
mois de Mars jufqu'au mois de Juin 9 
plus ou moins , fuivant l'établiiTernent 
8c l'expofition des côtes que ce poiffon 
vient ranger , comme tous ceux de fou 
genre, qui font en troupes 8c par ban- 
des. Les Pêcheurs fe mettent la nuit 
quatre dans leurs- bateaux ; l'un eft 
placé à l'avant avec un brandon 
de paille enflammée , dont l'éclat at- 
tire les Orphies , 8c les trois autres ont 
des fouannes , ou dards , en forme d« 
râteaux , avec une douille de fer , où 
le manche eft reçu. Ces inftrumens ont 
au moins vingt tiges , ou branches bar- 
belées de fix pouces de haut , Se fort 
preffées. La tête du râteau n'a au plus- 
que treize ou quatorze pouces de long..,, 
avec un manche de lalongueur de huit r 
dix , à douze pieds. Quand les Pê- 
cheurs voyent les Orphies , ou Egu'd- 
lettes attroupées, ils lancent leurs dards,-. 
8e en prennent fouvent plufieurs d'un 
feul coup. Comme le bateau dérive 
doucement , la manœuvre de la pêche 
n'effarouche point les Orphies : les Pê- 
cheurs qui font les plus heureux , en 
peuvent prendre jufqu'à douze ou quin- 
ze cens dans une feule nuit 3 mais" il 
faut qu'elle foit fort obfcure , 8c que 
le temps foit calme ; ainlî que pour 
toutes les autres pêches qui fe font au- 
feu dans l'obfcurité de la nuit. 

Le produit de cette pêche s'emploie- 
principalement à faire des appas pour 
garnir les hameçons des lignes : fe" 
furplus fert à la nourriture du pauvre 
Peuple^ 

On donne encore ce nom à un. goit- 



a8tf ORP 
fon qui fe trouve aux Antilles , Se quî 
eft allez femblable à celui que l'on ap- 
pelle Aiguille de mer : il fe jette quel- 
quefois en l'air & fait des fauts de plus 
de trente pas. Si dans ce temps il ren- 
controit quelqu'un dans fon chemin, 
il le perceroit de part en part. Sa chair 
eft de très-bon goût , pourvu qu'il 
n'ait pas mangé de la Mancenille , ce 
qu'on lui connoît en lui voyant les 
dents blanches ; fi elles font autrement 
il eft fort dangereux d'en manger. 

Il s'en trouve aufli aux environs du 
Cap de Bonne-Efpérance. Ce poif- 
fon eft long comme une Anguille ; 
mais plus gros, plus charnu , & plus 
quarré. Sapeau eft d'une couleur bleue, 
fa chair eft blanche, ferme, mais un peu 
feche à la vérité : elle ne laiiTe pas que 
d'avoir un très-bon goût. Il elt égale- 
ment bon à toutes fortes de faufîes. 

L'Orphie n'a qu'une feule ver- 
tèbre qui eft verte , qui fe détache 
aifément de la chair. Il a fur le nez 
un avant -bec , qui eft pour l'ordinaire 
d'une cinquième partie de la longueur 
du refte du corps. 

ORPHUS, poiflon de mer, à 
nageoires épineufes , du genre des 
Spares , & nommé par Artedi ( Ichtb. 
fart. V-p. 63 . w. 1 1), Spams varius, ma- 
cula nigrâ ad cauclam in extremo &qua- 
lem. C'eft Pdpçi* d'A ristote, L. 
V. c. io. & L. VIII. c. 13. & 15. 
d'É lien, L. V. c. 18. p. 275. & 
h. XII. c. 1 . d'O P P 1 e n , L. I. p. 6, 

& 1' 'fpèt d'A T H É N É E , L. VIL 

p. 3 15. C'eft l 5 Orphus d'Ov ide , H al. 
y. 104. de P L 1 n e , L. IX. c. 1 6. de 
G E s N E r , de Aqiiat. p. 751. & de 
C H a R l e t o n , p. 140. Ce poiflbn 
que Rondelet nomme Grphe (L. 
V. c. 25. p. 139. Edit. Franc. ), eft 
appelle Cernua par Gaza, il eft de 
rivage , & aflez femblable au Pagre 
irougé. Ses yeux font grands. Il a le 
même nombre de nageoires Se d'ai- 
guillons que le Pagre ; l'anus fort pe- 
tit , & point de vaifleaux fpermati- 
<|ues. Tel eft » dit Rondelet, le 



ORP 

poiflon dont Aristote & Athé- 
née ont parlé. Il devient grand eti 
fort peu de temps : il vit de chair ; il 
eft folitaire ; il a des dents qui entrent 
les unes dans les autres , & il fe cache 
l'hiver. C'eft ainfi qu'en parle A r i s- 
tote. Selon Athénée , il a beaucoup 
de fuc : fa chair eft bonne ; elle n'eft 
pas facile à fe corrompre ; elle nourrit 
beaucoup , 5c fait uriner. Les parties 
autour de la téte font vifqueufes & de 
facile digeftton , Se -les parties char- 
nues font de difficile digeftion : mais 
Rondelet, contre le fentîment 
d'A thÉnée, fait obferver que ce 
qui eft autour de la tête étant gluant , 
ne peut être de facile digeftion ; il 
marque , au contraire , que les parties 
charnues de ce poiflon font de facile 
digeftion. Quant aux vaifleaux fperma- 
tiques , que Rondelet dit qu'il 
n'a pas, Ray ( Synop. Mtth. Vifc. p. 1 3 3 . 
n. 10.) n'en croit rien, 

GesnerC^c Aquat. p. 752.) , 
d'après B e L o n » parle d'un autre 
poilfon appelle Orphus , ou Orpheits , 
qu'A r T e D 1 joint avec le précédent. 
Ray dit que les Grecs modernes le 
nomment Orpheits. Il eft plus ferré que 
rond , & plus large que long : la bou- 
che eft petite. Il a les dents pareilles à 
celles du Sparus i les lèvres pareille- 
ment charnues ; les écailles rudes , & 
tenant fortement ; les nageoires belles 
parlwurs différentes couleurs; la queue 
petite Se fourchue. Les nageoires des 
côtés font rondes , ainfi que celles du 
ventre. Il a la moitié du corps , de 
couleur livide & noire, de même que 
le long du dos. 11 eft blanc fous le ven- 
tre : fa tête eft prefque rouge. Il vit 
d'herbes , comme le Spare. C'eft ainfi 
qu'en parle Ray, Synop. Meth. Pifc. 
p. 133. «. 11. Rondelet marque 
que VOrpkens pefc jufqu'à vingt livres. 
Artedi dit qu'il ne lait fi ce der- 
nier poiiïbn eft de* la même efp^ce , 
ou d'une efpece différente du précé- 
dent. 

11 y a encore un autre poi.Ton nom- 



ORS ORT 

«lé Orphus , qui eft du genre des Car- 
pes. Voyez KO TE LE. 

ORS 

ORSODACNA: C'eft une 
Mouche mordicante, nommée en Latin 
Mor délia , de laquelle parlent Cha r- 
ieton&Aldrovande,^/»/. 

h. if- c- 1 3 ■ EUe a 1 uatre ai ^ es » dit 
R u y s c H ( de Inf. p. a 5 ■ ) : & bouche 
eft large , Se prefque dentelée ; elle 
fait des bubes fur la peau des enfans. 
Aristote marque qu'elle vient 
d'un Ver qui fe trouve fur les feuilles 
de Chou. 

ORT 

ORTIES DE MER: Aris- 
t o t e ( Hifi. Aairn. L. V- c. 1 6. )les 
a dillribuées fous deux genres. L'un 
comprend celles qui relient toute leur 
vie fixées en tin même endroit , com- 
me des Plantes marines; l'autre con- 
tient toutes les efpeces d'Crties , qui 
changent de place , Se qui aiment les 
rivages Se les lieux unis. Les Obfer- 
vations que M. DE Réaumur a 
faites ne lui ont point fait trouver 
d'efpeces d'Orties , même parmi cel- 
les qui fe trouvent dans les trous des 
pierres , qui ne fuflent capables de 
quelque mouvement procreflîf. 11 eft 
vrai , félon le même Auteur , que la 
plupart de celles que l'on voit atta- 
chées fur les pierres , fe meuvent avec 
tant de lenteur , qu'en s'en rapportant 
aux apparences on a beaucoup de rai- 
fon de les regarder comme immobi- 
les. 

Il ne croit pas auflî que le nom 
d'Ortie , qui leur eft commun avec une 
Plante terreftre , leur convienne ; il 
en juge par les efpeces d'Orties, qui 
viennent fur Us ce" tes du Poitou Se 
du pays d'Aunis , qui ne caufent point 
ces démangeaîfons cuifantes à ceux qui 
les touchent, comme plufieurs le pré- 
tendent. On les appelle Culs de Che- 
vaux fur les cétes de Poitou Se d'Au- 
nis , Se fur celles de Normandie Culs 



ORT 2S7 

d'Afne : ces noms leur conviennent , 
dit notre favant Académicien , puis- 
qu'ils retracent une image de la figure 
que ces Orties font paroître dans un 
grand nombre de circonftances. 

P L 1 M e , d'après Aristote, les 
fait d'une efpece de nature moyenne 
entre celles des Plantes Se des ani- 
maux , mais par des raifons différen- 
tes. Les Orties n'ont paru à A R. 1 s- 
t o t e n'avoir aucun conduit pour 
donner fortie à leurs excrémens , Se 
Pline dit qu'elles les jettent par ur*. 
tuyau délié. M. de Réaumur. 
( Mém. de l'Acad. des Sciences , 1 7 1 o. 
p. 466". ) a fait voir que ce qu'elles 
jettent n'a point du tout l'air d'excré- 
ment , & que c'eft une eau claire ; 8c 
fi nous nous en tenons aux idées com- 
munes, nous devons, ajoute-t-il, re- 
garder les Orties , comme de véritables 
animaux ; car , félon ces idées , peut- 
on réfuter le nom d'animal A des corps 
fi bien organifés , qui donnent non- 
feulement des marques de fentiment 
lorfqu'on les touche , mais qui attra- 
pent des Poilfons Se des Coquillages 
& qui les mangent; & enfin qui ont 
un mouvement progreffif , comme 
Aristote&Pline l'ont recon- 
nu de diverfes efpeces. 

Ces Orties prennent fuccelfivemenï 
tant de figures fi différentes , qu'il n'eft 
gueres polfiblc de les décrire fous une 
figure déterminée : mais en général la 
figure extérieure du corps de l'Ortie 
approche de celle d'un cône tronqué 
& fa baie eft nppliquée fur des pier- 
res , auxquelles on la trouve toujours 
adhérente. Voyez fur leur figure le 
Mrntoire déjà ci-deflus cité de M. de 
Réaumur, Se paifons à leur cou- 
leur. 

Les unes font verdâtres , les autres^ 
blanchâtres , d'autres d'une couleur de 
rofe , Se quelques autreS de diverfes 
fortes de couleurs brunes. Dans quel- 
ques Orties ces couleurs paroiffent par- 
tout fur leur furface : dans d'autres',, 
elles font mêlées par raies j. ou ga*r 



s8S ORT 



ORT 



taches ; quelquefois ces mêmes tache* 
font diftribuées régulièrement , quel- 
quefois irrégulièrement , mais toujours 
d'une' manière très - agréable. Elles 
ont , comme je l'aï dit , d'après M. 
Ce R é a u m u r , un mouvement pro- 
greffif , mais très-lent. 

ORTIES ERRANTES: 
Celles-ci n'ont de commun que le 
nom avec les précédentes. On les ap- 
pelle Orties détachées , ou Onies er- 
rantes. Les noms qu'on leur donne , 
furies différentes côtes du Royaume , 
varient fi fort à des diftances même 
très-petites , qu'il feroit trop long de 
les - rapporter , dit M. *t> E R É A u- 
M u r ( Mém. de FAcad. des Sciences , 
1 7 1 o. p. $66. ) , qui , s'il vouloit join- 
dre un nom nouveau aux anciens 
qu'elles ont , les appellerait Gelées de 
mer , nom qui caraètétife fi fort la fubf- 
tance , dont elles font formées , qu'il 
vaut feul une petite defcription pour 
aider à les reconnoître. En effet , la 
chair de ces Orties , fi l'on peut l'ap- 
peller chair , paroît une vraie gelée 
d'eau de mer ; elle en a même ordi- 
nairement la couleur, Se toujours la 
confiftance. 

Toutes les Gelées de mer , ( car 
c'eft ainfi que M. de Réaumur 
les appelle ) , jettées par la mer fur les 
bords des côtes , paroiffentfans aucune 
a£tion : peut-être parceque les chocs 
qu'elles ont effuyés contre les pierres , 
ou contre le fable , fuffifent pour leur 
ôter la vie ; car il eft certain qu'elles 
vivent , Se M. de Réaumur le 
prouve. 

RoNDELETfi. XVII. p. 380. 

& Juiv. H dit. Franç. ) donne la def- 
cription Se les figures de fix efpeces 
d'Orties de mer. 

La première , quî eft celle que les 
Grecs ont nommée 'k*xù$h , en Latin 
Vrtica, parcequ'elle pique, & qu'elle 
caufe des démangeaifons , comme la 
Plante terreftre , qui porte auffi le nom 
à' Ortie » eft celle qu'on nomme Cul 
.d'Afne en Normandie , Se Cahaffeau à 



Bourdeaux. C'eft la même efpece quft 
celle dont on a déjà fait mention plus 
haut. 

La féconde efpece d'Ortie de mer de 
Rondelet, en Latin Unica cinerea, 
n'a gueres de chair ; elle reffemble à 
une grande chevelure. On la trouva 
entre les fentes des rochers, d'où elle 
ne fort jamais , Se on ne peut l'en 
arracher. On en trouve près d'Agde, 
dit l'Auteur. 

La troifieme eft rouge , & eft ap-* 
pellée Roje > quelques-uns la nom- 
ment Fajterol , ou Cul de Cheval. Ella 
eft femblable à la première efpece, maïs 
fa chevelure eft plus grande , plus 
épaifle Se plus étendue ; elle tient auflS 
quelquefois aux rochers , Se quelque- 
fois elle va çà Se là. 

La quatrième fe trouve fur la tête 
des Huîtres , 8c principalement fur les 
Pourpres. Le deffus eft plus dur Se 
plus épais qu'aux autres. Elle a tout 
autour des poils courts , Se du dedans 
fortent des filets longs de couleur de 
pourpre. 

La cinquième efpece fe porte çà Se 
là : on l'appelle en Languedoc Potes ; 
fur la côte de Gênes Capello di mare , 
c'eft-à-dire Chapeau de mer , Se à Mar- 
feille Chapeau charnu } car une partie 
de cette Ortie eft une maffe fpongieu- 
fe , ronde , creufe , Se percée au mi- 
lieu. Elle a tout autour un petit cor- 
don rouge : par cet endroit elle ref- 
femble à un chapeau. L'autre partie 
relfemble aux pieds des Poulpes ; elle 
en a huit gro6 Se quarrés dans leur 
commencement , Se qui finilfent en 
pointe. Son corps eft fi luifant & fi 
tranfparent qu'il éblouit. On en trou- 
ve plufïeurs en été , dit Rondelet , 
aux environs de Maguelonne. Elles 
font grandes comme ces chapeaux 
que l'on porte en été pour fe garantir 
du foleil. Elles fondent comme la 
glace , fi on les manie long- temps • 
elles piquent les mains , Se y caufenc 
des démangeaifons. 

M. LimNjEWS < F aima. Suec. p. 3^8. 



ORT 

1287. ) parle d'une efpece ZPÔrtie 
de mer , à-peu-près femblable à celle- 
ci , ou du moins qui reluit au foleil , 
comme font les étoiles dans la mer. 
Elle fe trouve dans la mer de Suéde, 
& au toucher elle pique. Il en eft parlé 
dans le Voyage d'Œ 1 ande , p. I 60 fous 
le nom de MediiJ'a. On la nomme Or- 
tie de mer , Se M. Linn/evs, Me - 
Ji/fa orbiculo fubtus quatuor cavitati- 
kus notata. 

La lîxieme efpece que Rondelet 
dit avoir vue pris 'd'Agde , eft fem- 
biable aux autres Orties de mer ; elle 
n'a que quatre pieds ou branches qui 
font longues: au-deflus il y a des figu- 
res ovales, quifont difpofées en forme 
d'étoiles. 

ORTOLAN, oifeau mis par M. 
Linn'sus dans le rang des Aves 
F offerts , Se il en donne de deux efpe- 
ces : l'une eft l' Emberiia fiava , ou 
Hortulanus des Naturalises , qu'il 
nomme ( Fauna Sue:, n. 205.) Fri?i- 
giila reclricibus nigricaritibus exlïmis 
diiabus y latere interiore albà acumina- 
ta macula. La féconde eft l'Emberix^a 
aléa , que le même Auteur ( ibid. 
». 20ô". ) nomme , Frbigilla grijea , 
nigro macidata. M.Klein (Ord. Av. 
p. 9 1 . ) compofe la féconde tribu du 
dixième genre, famille quatrième de les 
oifeaux , des différentes efpeces d'Em- 
heri^a , dont les Naturalises Se les 
Voyageurs ont parlé. Ces oileaux ont 
une grolfcur remarquable fur la partie 
l'upérieure du bec. Quand ils font bien 
gras , leur grailfe les fait mourir dans 
lf moment. V oici ceux dont ce dernier 
Auteur donne la notice. 

Le premier eft V Emberiz^a alba de 
G e s N e R , VAlaudz congener d'A l- 
Drovande, la Aliliaria cana de 
F r 1 s c H , nommé Strilloz.z.0 par 
O l 1 N a , p. 44.. dont parle Albin, 
Tome IL ». 50. Cet oifeau a une grof- 
feur proche du palais ; l'ongle du 
doigt de derrière plus fort que ceux 
des doigts de devant ; la couleur de 
l'Alouette Se le bec noir. C'e-ftle plus 
Tome 11L 



grand des efpeces d'Ortolans , JYortu- 
lanns maximus. L'Ortolan dont parle 
le même Albin { Tome III. n. ïo.) 
en eft une variété. Celui-ci eft de la 
grandeur du Traquet. 11 eft long de 
fept pouces depuis la pointe du bec 
juiqu'à l'extrémité de la queue , Se 
large de onze pouces & demi , les ai- 
les déployées. Son bec eft grand , 
épais, couleur de chair. Il a une bofTe. 
dure Se élevée fur la mâchoire de def- 
fus , avec laquelle, dit-on , il brife de 
l'avoine, du bled & autres grains. La 
tête , le col Se le defTus de la poitrine 
font d'un jaune pâle Se verdâtre. Le 
dos Se les ailes ont une teinture rou- 
geâtre , nuancée de brun. Le delfous 
de la poitrine Se des cuifles eft entre- 
mêlé de raies Se de nuances' d'un rou- 
ge pâle. Le deiTus de la queue eft jau- 
ne. Les jambes Se les pieds font d'un 
gris de fer pâle. 

Le fécond , nommé Emberii.a , Mi~ 
liaria pïnguefcenr , eft le véritable Or- 
tolan , trcs-rccherché fur la table des 
Grands , à caufe de fa délicatefle. C'eft 
l'Avis miliaria , Se le Cenchrumus des 
Naturaliftes. Olina, p. 22, dit qu'il 
a le bec, les jambes Se les cuiffes ti- 
rant fur le roux , Se le col Si la poitri- 
ne mêlés de gris Se de noir. Sa chair eft 
tendre , délicate , fucculcnte Se d'un 
goût exquis. Elle paffe pour reftauran- 
te , nourriffante Se fortifiante , parce- 
que cet oifeau a peu d'humeurs vif- 
queufes Se groffieres, qu'il abonde en 
fels huileux Se balfamiques Se en fels 
volatils. Sa grailfe eft émollienre , ré- 
folutive Se adouciifante. Cet oifeau fe 
trouve dans les pays chauds , comme 
dans le Dauphiné , la Provence , le 
Languedoc Se l'Italie. Il pafle vers Saint 
Jean de Bonnefont nne h grande quan- 
tité d'Ortolans , que les Oifeleurs y 
viennent de vingt lieues à la ronde, 
pour en prendre. Un y en voit depuis 
le quinze ou le vingtième d'Avril, 
jufques vers la fin du moir. d'Août. 
D u L o i R marque qu'ils font fort 
communs aux environs de Smyrne . 

Oo 



î 9 o O R"T 

fur Thérébintes , dont ils aiment 
particulièrement le. fruit, Se Olina 
dit qu'il s'en trouve en Lombardie. 

Le troifieme Embcrii.a , ou (Arolus 
d' A ldrovande , 'Se qui eft fou 
Buttait primant genus , eft nommé par 
Oi.ina, p. $6.Zivola, parceque cet 
oifeau , comme les autres du même 
genre , prononcent z.i î,î. 

Le quatrième nommé Emberiuz va- 
ria par M. Klein; Pa(ferhybanus » 
Avis peregrina par G e s N E a Se 
Schwenckfeld, eft le miliaria 
Avis d'A L B I N , 8c le Pajjer Laponïcus, 
Jive nivalis de M. LiNN/EUS, Fauna 
Sue., p. 194. Voyez MOINEAU 
DE NEIGE. 

Le cinquième eft ¥ Emberiz.a Jî.rva 
de G e s N E R , nommé Cbloreui , feu 
Lutea , par Aiustote; Hortulauus , 
par B e l o n; Anth:<j , Jeu Florin, Se 
Lagopm crored , font les noms que lui 
donné Schwenckfeld. 

Le fixieme Emballa eft un oifeau 
de la Caroline , nommé par Catesby , 
p. 14 Ortdan, ou (jijeau de riz. delà 
Caroline. Il eft delà groiïeur de l'A- 
louette Se de fa couleur en deflus ; 
d'un jaune pâle en delTbus. Une autre 
efpece , félon le même Catesby, a 
le bec couleur de plomb ; la face, le 
fynciput , la gorge , la poitrine, les. 
plumes des ailes , nommées rémiges , Se 
la queue , noirs ; l^occîput jufqu'au dos 
jaune; le dos par en haut noir; les ailes 
comme celles de l'Alouette ; les plu- 
mes qui recouvrent l'aile blanches ; 
tout le bas de la poitrine d'un gris 
de chair, & les pieds bruns. 

Le feptieme eft 1' 'Emberiz,a Amboi- 
menÇis. C'eft un très- bel oifeau., nom- 
mé Calatti , dont parle Seba , TheJ'. I. 
p,6-$. Tab. 38. m. 6. Il furpafTe un peu 
L'Alouette tn grandeur. 11 a le haut Je 
la tête noir , varié de bleu ; les plumes 
nommées tectrices bleues ; celles nom- 
mies reltrices vertes , tirant fur la cou- 
leur colombine,, & les côtés tirant fur 
le pourpre ; le ventre blanc ; le crou- 
gkm: d'un; bleu/ verdâtre g la queue- 



Q R Y OSC 

noire , cendrée au bout. Voyez au mot 
CALATTI. 

Le huitième eft un Emberizjz du Me- 
xique , de la grandeur du Moineau, 
C'eft , dit S e b a ('IbeJ'. I. pag. 04. 
Tab. 59. n. 3. ) , un oifeau docile , qui 
imite la voix humaine. Ses ailes qui 
font couleur de brique , font variées 
de noir; le refte du corps eft pourpré. 
Cet oifeau a proche des yeux , au go- 
fier &: proche du bec , de petits crins 
noirs ; fous les ailes Se fous la queue 
il en a de jaunes. . 

Le neuvième eft un Emberiz.a tan- 
ne du Mexique , nommé Lutea Mexi- 
cana par Edward , p. 44. Il a le bec 
couleur de chair, la tête Se le gofier 
jaunes , & la partie fupérieure brune. 

Le dixième eft nommé par M, 
Klein,. Ember'vLa capite nigro , lu- 
teis maculis varia. Albin ( Tome III, 
n. 63. ) le nomme en Anglais the 
Greater Bramling. Cet oifeau a fur la 
tête une efpece de capuchon noir; le 
bec , la poitrine Se le dos jaunes. Il y 
en a un autre plus petit , dont le même 
Auteur pa/le , ibid. n. 64. 11 a la poi- 
trine jaune , ainfi que le bec Se le deflus 
de la tête. Depuis le milieu du col 
jufqu'au croupion il eft garni de plu- 
mes noires , bordées d'une couleur 
jaune, Se enforme d'écaillés. 

O R Y 

O R Y X , Quadrupède , efpece 
de Bouc fauvage. Voyez OR IX. 

OSC 

O S C A B R I O N , dit M, 

d'A rgenv ille (Part, I. p 312.),, 
ou USCABIORN, f Ion J a c o- 
b te us, & d'autres Naturaliftes : Co- 
quillage dont le premier Auteur dit que 
peu de Conchyliotogucs ont f; it men- 
tion , Se qui compofe la féconde fa- 
mille de fes Multivalves. Il a reçu 
différens noms. Petivert l'ap- 
pelle L-Çcdbrinitm Carolinum : d'au- 
tres , comme Valisnieri (1 orne IL 
p, 9 5 . ) .., ,1e nomment Qmtx -marina , en ; 



o s c 

François Punaife de mer. Il y en a qui 
lui donnent le nom de Nacelle , ou de 
Chenille de mer : quelques-uns celui 
dé Cloporte , ou de Chaloupe de mer. Il 
paroît , dit M. d'Argek ville , que 
c'eftune efpece de Lépas à huit côtes 
féparées , qui s'attache aux rochers , 
ainfi que les autres. L'OJcabrion Caro- 
tirtUtn vient de l'Amérique Se fe prend 
fur les côtes de la grande Anfe, Iile 
.de Saint Domingue. Il y a VOfcabrion 
de France , qui nous vient de Dieppe. 
Il montre quelque différence avec le 
premier, en ce que fc s côtes, quoi- 
qu'en même nombre , ont à chaque 
extrémité de petits crans qui s'élè- 
vent Se fc réuniffent fur les contours 
de la coquille. 

h''Jjca/rio» de l'Amérique eft fi- 
guré à la Planche VIL Un. T. Part. IL 
de l' Hiftnire de la Conchyliologie de 
l'Auteur ci-deffus cité. On le trouve 
fous l'eau, à trois ou quatre pieds de 
profondeur , attaché aux rochers , dans 
les endroits les moins fréquentés. Ses 
vifeeres Se fes autres inteftins moux 
font renfermés dans l'efpace ovale de 
fa coquille. A un des bouts eft la tête , 
ou la bouche de l'animal , féparée par 
un petit efpace , Se défignée par une 
aflez large ouverture, prefque ronde. 
L'extrémité ' oppofée qui fe détache 
également de cette même partie, fait 
voir l'endroit d'où fortent les excré- 
mens. On dit que VOfcabrion s'attache 
fur le dos de la Baleine, & qu'il y vit 
en paralïte. « 

Sa coquille figurée à la même Plan- 
che , ictt. V. eft compofée de huit pie- 
ces ou côtes , entièrement détachées , 
Se jointes à la chair de l'animal par de 
pairs crans , qui s'emboîtent 8e qui 
s'y réuni ftnt. On n'entrevoit qu'une 
port'on circulaire de couleur brune ; 
mais fès rebords font garnis de petites 
aigretus alf.z dures & allez fembla- 
blts au crin Cet animal n'a point de 
cornes , point d'yeux , point de pattes, 
au moins il n'en paroît aucune. Il rem- 
pe fur les rochers, comme le Lépas : 



OSC *pr 

alors fon corps paroît féparé de la tcte, 
feulement dans le cas où il agit avec 
force. Sa tête faite en croiftant eft ar- 
rondie Se eft percée d'un trou ovale , 
par lequel fort un tube , fermé par le 
bout de deux demi-globes. Quand la 
partie de fa tête n'eft pas appuyée, il 
fait agir cette efpece de tube , comme 
par reipiration, &ii paroît 8c difparoît 
prefque en même temps. Ce mouve- 
ment peétoral a été examiné à la lou- 
pe plus d'une demi-heure. 

\JOfcabrion de France péché à Diep- 
pe fe trouve avoir de la différence 
dans la jonction de fes huit côtes , qui 
font accompagnées à chaque bout de 
petites élévations, ou crans, lefquels 
s'élèvent Se fe réuniffent fur les con- 
tours , ou fur le bourrelet de la co- 
quille. 

Son pied , de figure elliptique , ne 
déborde jamais la coquille, & fon épi- 
derme , qui n'eft qu'une peau allez 
épaiffe, eft collé intérieurement fur la 
coquille , Se l'environne au dehors , 
pour fe joindre au bourrelet , ce qui 
peut donner de l'afliette à fes côtes. 

Voilà ce que dit A4. d'Argenville 
de VOfcabrion , nommé OJcabiorn dans 
les Actes de Coppenhague. On le trouve 
aufll dans la mer d'iilande. On. dit que 
les Pêcheurs en mangent la chair toute 
crue , pour étancher leur foif. Quel- 
ques-uns prétendent que c'eft un bon 
remède contre les envies de vomir que 
caufe la mer. L'Argus de la Fable , 
qu'O v i D E a chanté , n'avoit pas , dit 
Jacobius C Ailes de Copenhague , 
ObJ'erv. 90. & Collet!. Acad. Fart. 
Etrang. Tome IV. p. 354- ) un atufi 
grand nombre d'yeux que nous en dé- 
couvrons à l'aide du microfeope dans 
ce petit animal. M. Woumius , notre 
compatriote , nous a donné la deferip- 
tion de VOfcabrion s mais comme 01» 
n'eft entré dans aucun détail fur fes 
yeux , qui par leur ftruclure fîngu- 
liere font l'une des parties les plus 
curieufes de fon corps , j'ai jugé à 
propos d'en parler. J'en rapporterai 
O o ij 



ic>5 ose 

d'abord ce qu'en a dît un Auteur 
d'Iflande même : c'eft H a n n a s 
Tharlevius, homme fincere , 
très-habile Se fort verfé dans l'Hiftoire 
Naturelle de fon pays. Voici fes pro- 
pres termes. 

=> Le nom de V Ofcabrion doit Ton 
n origine à la Fable & à la fuperfti- 
» tion: il eft compof: de deux mots , 
*> Biorn , Ourfin , Se OJcar , génitif 
=» àlGoïk. > vœu ou fouhait. L'animal 
» a été ainfi nommé , pareeque , félon 
3J l'idée populaire , quiconque veut 
v> avaler la pierre qui eft dans ion corps , 
sj obtient l'accompliirement de tous fes 
•>fouhaits. \JOjcabrion eft du genre 
s> des Teftacées ; fa forme eft oblon- 
» gue , Se fa longueur eft de deux tra- 
is, vers de doigt On le prendroit au 
3î premier coup d'œil pour la queue 
5 ) d'un Crabe : il luireflemble du moins 
« beaucoup par les anneaux dont il eft 
a> compofé. Sa tête eft très-petite & 
33 prefque triangulaire. On lui voit une 
os bouche , des pinces Se une efpece de 
3> barbe. La ftructure de fes yeux eft 
3> très - curieufe : leur orbite eft une 
3> forte de petite écaille , dans laquelle 
33 ils- font immobiles. Leur couleur eft 
Mverdâtre, & leur forme ovale. Les 
3> lames de la partie antérieure du 
33 corps ont plus de largeur que les fui- 
a« vantes , lefquclles vont toujours en 
33 retréciffant jufqu'à la queue, qui fe 
s> termine en pointe. Wormius prétend 
33 que le corps de cet animal n'eft com- 
sspofé que de fept lames; mais appa- 
siremmentque Wormius n'avoit 
ai pas vu l'animal entier & bien con- 
sjfervé; car dans cet état le corps de 
a» VOJcabrion n'a pas moins de dix la- 
>3 mes , Se fouvent il en a davantage : 
a> de chaque côté des fept lames anté- 
33 Heures naifTent autant de bras, ou de 
«pattes , dont l'animal fe fert pour 
3i,nager. Ce nombre de pattes n'eft pas 
3> toujours le même , Se il eft quelque- 
a> fois plus- grand quelquefois moin-r 
» dre dans différens fujets. Son corps 
ï»>ne. contient: aucuminteftîn on. n'y 



o S c 

» voit ni cœur, ni aucun autre vifeereï- 
»ni même rien d'approchant : il ne 
s'y trouve qu'une matière vifqueu- 
»fe, tranfparente , femblable à delà 
a, gelée de grofeilles un peu épaiifie Se 
» marquée d'un léger fillon. Cette ma- 
33 tiere , dont la forme approche de 
3' celle d'un fphéroïde allongé , fe dur- 
33 cit avec le temps : alors on la nomme 
3>la pierre, de l'Oj'cabrion : ce n'eft ce- 
33 pendant point une véritable pierre ^ 
3> mais plutôt une corne légère , fcilfile 
33 un peu diaphane , tirant fur la cou- 
3> 1 ur du rubis : elle fe dilTout dans le 
33 vinaigre, mais elle le rend trouble 
33 Se infipide. Les Iilandois l'emploient 
33 comme un excellent remède dans 
» différentes maladies. J'ai éprouvé 
33 moi-même qu'en l'avalant on le ga- 
33 ramifient du mal de mer. On s'en fert 
33 au lieu de .Perles dans l'épilepfie Se 
3> dans les affections cardiaques. Elle eft 
3> bonne aufli contre la phthifie Se con- 
33 tre la pleuréfie, parcequ'elle forme & 
33 confolide les ulcères- du poumon. 
nUOjcabriu» fc trouve fouvent atta- 
33 ché à quelques poilïons : par cette 
3> raifon certains iNcmenclateurs l'ont 
33 placé dans la claffe des Poux , ou des 
33 greffes Punaifes : il ne pullule cepen- 
33 dant point fur les poïffbns , comme 
33 les Poux fur les animaux; mais il pa— 
3» roît d'abord dans un petit fac ou 
33 fourreau membraneux , dans lequel 
si il eft caché fur une efpece de moifif- 
33fure verdâtre , fans être réellement 
3, de l'Algue ; cetre # enveloppe en a 
33 l'apparence : elle eft au-dehors de 
33 couleur écarlate , Se noirâtre au- 
3> dedans : elle eft quarrée , Se fa lar— 
33 geur eft de fix à huit travers de 
33 doigt. Ce n'eft qu'après être forti 
33 de ce fourreau , & lorfqu'il dirige fa 
33 marche où il veut, que l'isfeabrion 
33 s'attache aux Baleines , ou à d'autres 
3>poi(Tons, ou même à l'Algue & au 
33 bois , pour chercher fa nourriture. 
3i La pierre de Vojc abrion fe nomme en 
33 lfl; nde Peurs -flein ,. en François 
33 Pierre de Saint Pierre fon en ver 



ose 

wîoppe Peters-skip , Barque de Saint 
» Purre- Ces noms font fondés fur une 
» Fable qui ne mérite point d'être rap- 
portée. « 

Cette defeription de Thorlevius 
eft affez exacte , dit J A c o b m u s. Je 
l'ai vérifiée moi-même , ayant ici bon 
nombre à'Gjcabrions Se de leurs pier- 
res; mais les yeux de ce petit animal 
étant le principal objet de cet article, 
j'ajouterai quelques obfervations à ce 
qu'il en a dit. Ces yeux , c'eft J A c o - 
jîus qui parle, comme on l'a rap- 
porté, font immobiles & placés dans 
une petite écaille , qui forme la tête 
de VOjcalrion. Lorlqu'on les examine 
à la vue , ils préfentent la figure d'un 
petit treillage, ou d'un réfeau verdà- 
rre , compofé d'une infinité de fils , qui 
■vont & reviennent fur eux - mêmes. 
Avec le microicope en apperçoit dif- 
tinctement deux pièces écaiileufes , 
couvertes d'yeux ou de cavités , au 
nombre de deux cents au moins: on 
ne peut les compter exactement, par- 
eeque ces pièces écaiileufes étant un 
peu convexes , les mouvemens que 
l'Obfervateur cit. obligé de faire taire 
à fon microfeope , pour fuivre cette 
convexité , troublent fon opération. 
Cette couleur verte, dont nous avons 
parlé , difparoît au microfeope. Ce 
n'eft qu'une illufion faite à l'œil par le 
mélange de la lumière Se des ombres 
produites parles cavités. J'ai fouvent 
examiné ces cavités au microfeope Se 
toujours avec une nouvelle admira- 
tion : elles paroillent fi profondes , 
qu'au premier coup d'œil on diroit voir 
un rayon de miel avec toutes fes cellu- 
les. Après avoir bien confidéré ces 
yeux au dehors , j'sri voulu obferver 
la face interne de l'écaillé qui les por- 
te: j'ai f^prrépour cela avec beaucoup 
de management toutes les pièces dont 
le crâne eft compofé : j'ai reconnu 
qu'elles étoient toutes liffes Se fans Ala- 
in ns , à l'exception des deux feule- 
ment dans lefquilles les yeux étoient 
filacés celles-ci- étoient comme hé- 



O S I aoj 

rïffées d'une infinité de filets. Comme 
mes Ofcabrïons étoient deflechés , je 
ne pus m'affurer fi ces filets étoient au- 
tant de pètits vailTeaux : j'ai lieu ce- 
pendant de le croire, car on diftinguoit 
à l'extérieur des cavités même affez 
profondes, Se il eft probable que leurs 
extrémités inscrites n'avoient été fer- 
mées que par le defféchement. Ces 
extrémités n'aboutiffent à aucun carti- 
lage , ni même à l'écaillé dont nous 
avons parlé : mais elles fe rendent au 
milieu d'un vuide formé par une pie- 
ce écailleufe, dont la face intérieure eft 
concave , & qui paroît faire ici la fonc- 
tion de la rétine , en recevant Se réu- 
niiTant toutes les images envoyées par 
ce grand nombre de petits yeux ,.& en 
faifanr pafTer ces imprefîîons jufqu'au 
cerveau ou à la partie qui en tient lieu.' 
Les autres Teftacées ont des yeux qui 
débordent un peu au dehors de la tête , 
Se qui par cette fituation peuvent fe 
tourner aifément fur tous les objets qui 
font à leur portée. \JOjcalr\on n'a pas 
la facilité de mouvoir les fiens : il eft 
dépourvu de tout mufcle dans cette 
partie; mais il eft dédommagé par la 
multitude de fes yeux & par ces petits 
filets internes qui empêchent la con- 
fuiion des images , en les réunifiant au 
centre de la cavité de l'orbite , d'où, 
elles vont fe peindre fur cette partie 
écailleufe concave , qui tient lieu de- 
rétine, 

O S I 

O S I L I N : M. A d a n s o n a 
trouvé fur la côte du Sénégal , dans 
les rochers de l'ifle de Gorée Se dans 
ceux del'Ifle de Teneriffe , l'une des 
Canaries , un Coquillage operculé ,> 
dont il fait la première efpece de fon" 
genre de Sabot. Il eft figuré à la Plan- 
che XX1L n. i. Voici la defeription' 
qu'il donne de la coquille Se de l'a~- 
nimal qu'elle renferme. 

XJOfiHn, dit-il, p. 179. a une co'-- 
quille fort épaiffe ,. longue d'environ"' 
un pouce r éc un fixieme moms4krge X- 



»5>4 ° S 1 

elle eft formée de fept fpïres ,. lîfTes , 
unies , peu renflées , mais allez bien 
diftinguées les unes des autres ; fon 
fommet eft conique , médiocrement 
pohm , aufiî long que large & de moi- 
tié plus court que l'ouverture : celle- 
ci eft exactement ronde , coupée obli- 
quement fur un plan incliné de qua- 
rante-cinq de g és à l'axe de la coquille, 
Se environné; à droite d'une lèvre lif- 
fe , aiguë & tranchante , quoiqu'épaif- 
fe Se comme doublée intérieurement. 
La lèvre fauche eft prefque verticale, 
& marquée au haut d'une petite émi- 
nence iemblable à une dent fort émouf- 
fée. Lepéiiofte eft iipeuferifiole , qu'il 
femble ne pas exifter. 

On obierve peu de variétés dans la 
forme de cette coquille , mais beau- 
coup dans fes couleurs. Il y en a dont 
le fond eft gris, ou noir, ou cendré; 
quelquefois" ia-ns mélange, & fou vent 
avec de petits points blancs, ou cou- 
leur de rofe. On en voitd'autres dont 
le fond eft verdâtre, ou d'un blanc de 
corne, veiné de petites lignes brunes 
fort ftrrées.Sc coupé par trois on quatre 
bandes blanches , tachées de rouge. 

11 eft rare qu'on les trouve entière- 
ment recouvertes de leur croûte ex- 
térieure : elle ne relie ordinairement 
que fur les deux premières fpires & eft 
enlevée dans les autres, loitj>ar le 
frottement , foit par quelque autre 
caufe , qui femble agir moins fréquem- 
ment fur celles qu'on trouve aux Ca- 
naries , que fur celles du Sénégal. Cet- 
te première croûte , dont les dernières 
ipires fe trouvent dépouilles, laiiTe 
voir la couleur orangée de la féconde 
croûte , &c lorfque celle-ci eft enecre 
enlevée , on apperçoit la troifieme & 
dernière couche , d'une nacre d'abord 
violette, enfuite gris-de-lin, ou cou- 
leur de rofe, 8< enfin argentée. Cette 
dernière couche eft la plus épaule ; 
elle femble former la plus confulérable 
partie de la coquille; du moins en ta- 
piiïe-t-elle tout l'intérieur, jufqu'aux 
bords de la lèvre droite , qui eft entou- 



O S i 

rée de la croûte noire q«î enveloppe 
toute la furface extérieure de l'ani- 
mal. 

Un fi teau logement , continue 
l'Auteur , ne pouvoit être rempli 
par un animal plus richement paré. 
Sa 'tête eft cylindrique, un tiers plus 
large que longue , tronquée oblique- 
ment en deiTous à fon extrémité, Se 
bordée tout autour d'environ deux 
cents petits filets cylindriques , peu 
fufceptibles de mouvement. Elle eft 
encore ornée en diffus d'une petite 
membrane affez mince, qui en recou- 
vre la moitié poftérieure , en la tra- 
verfant , pour fe joindre à la racine des 
cornes. Les cornes fortent des deux 
côtés de la tête vers fon origine : elles 
font fort minces & fi longues, qu'elles 
égalent la moitié de la longueur de la 
coquille. Les petits filets fans nombre 
qui les couvrent d'un bout à l'autre, les 
font paraître comme velues. Il femble 
qu'elles aident l'animal à marcher, du 
moins il les pofe fouvent à terre. Deux 
petites colonnes , placées fur le côté 
extérieur des cornes, mais bien diftin- 
guées d'elles , lont furmontées par 
deux petits points noirs peu faillans , 
qui font les yeux. La bouche fe re- 
connoît à une petite fente percée de 
longueur, au- deiTous de la tête , vers 
le milieu de ion extrémité tronquée , 
dont les bords paroilTent légèrement 
ondes , ou découpés de plufieurs cre- 
nelures. La membrane du manteau eft 
mince &; crénelée inégalement dans 
fon contour: elle tapilTe les parois in- 
térieures de la coquille , & laiife fur la 
gauche de l'animal une petite ouvertu- 
re femblable à un canal , par où les 
excrémens trouvent une iifiie. C'eft 
encore par cette ouverture du man- 
teau que fort fur la gauche une efpece 
de languette triangulaire , applatie , 
trois fois plus longue que large: elle 
eft foutenue par un oflelet, qui règne 
le long de fon côté extérieur. 

Le pied de cet animal eft petit , de 
forme elliptique , obtus à fes deux ex- 



OSI 

frémîtes , une fois plus long que lar- 
ge, Se une fois plus court que la" co- 
quille. Tout fon contour eit bordé de 
plus de fix cents filets , fembiables à 
ceux de la tête Se des cornes : en def- 
fous il eft traverfé par un grand nombre 
de petits filions, dont la plus grande 
partie eft coupée par un fillon plus con- 
sidérable , qui s'étend de long depuis 
fa partie antérieure jufqu'à fou milieu. 
Sa furface fupérieure eft relevée d'un 
grand nombre de petits tubercules , Se 
accompagnée des deux côtés de deux 
membranes, qui prennent chacune leur 
origine des colonnes qui portent les 
yeux. La membrane qui eu à la droite 
du pied , va fe terminer à l'qpercule , 
auprès duquel elle elt ornée de trois 
longues cornes , de la longueur Se fi- 
gure des cornes de, la tête , velues 
comme elles Se accompagnées chacu- 
ne à leur origine de deux petits tuber- 
cules blanchâtres. L'autre membrane » 
c'eft -à-dire celle qui eftfurla gauche, 
porte dans fa moitié poltérieure trois 
cornes femblables , & dans fa moitié 
antérieure elle eft bordée de vingt- 
quatre filets, qui font difpofés fur deux 
rangs. 

L'opercule eft extrêmement mince , 
tranfparent Se d'une rondeur parfaite. 
On voit fur fa Jurface douze petits fil- 
ions concentriques , creufés fort légè- 
rement. 11 elt attaché au-delfus du pied 
vers fon extrémité poltérieure. 1 out 
le corps de cet animal, eft noirâtre ,. 
marqué en deffus d'un nombre infini 
de petits poin .s blanchâtres. 

L'Auteur range fous le nom d'O- 
Jllin , la Neritafrequens in mari Adriati- 
co , exirinjtchs a, la , lintis tejjeludis 
Sandyct Lndïca jorrnatis twtata , intrin- 
Jtchs colore Aiargantarum argenteo , 
de B o N a M N i , Rcc r.p. 13 9. clajj. 3 . 
h, îoi. Se du Mujtgurn de Kirker,. 
p. 5 62.. n. 10 1 . 

Le Trochus Uvis , ex nigro feriat/m 
denje macula tus , maris Medaerraneï , 
de L 1 s t e K Hift. CoucbjL Tab. 641* 



O S S O S T 205 

Le Trochus priori valdè ftmilis , pra- 
ter qttam quàd orbiitm pars inferior fît 
paiiiulurn Jlmtoja , du même , ïbid. 

Le Trochus Uvis , fafciis catenatis , 
ex nigro , albidoque , ceu vermiculato 
quodam opère dcpitttts , • du même , 
Tab. 643. /5g. 35. Se de M. Klein, 
Tenl. p. 42. j'pec. x.n.i. 

La Cochlea Trocbiformis , ftrïata r 
de La n g 1 u s, Meth.- p. 5 o. 

La Cochlea Trochiformis , Uvis 
albida ,. macuîis interruptis , per Jériem 
difpofnis , pullis , aliquando rufisfigna- 
ta , & ceu vermiculato quodam opère 
depiita , inùis argenté a , de Gualtiek i 
Lnd. pag. & Tab. 63 . fig. D. E. G. 

o s s • 

O S S O N S , nom que les Nègres, 
de Guinée donnent aux Éléuhans ■ 
Voyez ÉLÉPHANT. 

O S T 

OSTRACION: Arté d r 
( Ichth. Part. V. p. 83. ) donne ce nom 
Grec , qui vient d'Ô p- !ÎV , qui fignifie- 
en Latin Tcfta , à beaucoup de poif- 
fons , non pas pareequ'ils font tefta- 
cées , mais pareequ'ils font ronds à- 
peu-pres comme une coquille. Leur 
nom Latin eft Orbis. Ces poiffons font 
couverts d'une peau dure , & la plu- 
part font épineux. Lister, dit Ray' 
{.Synop. Meth. lijc. p. 41. ), en fait trois 
genres. Il met dans le premier ceux? 
qui n'ont que deux dents , une à cha- 
que mâchoire ; dans le fécond ceux qui- 
en ont quatre , deux à chaque mâchoi- 
re ; dans le troifïerne ceux qui en ont 
davantage. Artedi les diltingue les 
uns des autres , ou par leurs nageoi- 
res , ou par les taches qu'ils ont fur 
la peau. 11 les place dans le rang des 
poilTons qui cachent leurs nageoires v 
PiJ ces branchiujfeg i.Voyezfurces di ffé->- 
rens poiffons Gfsner ,,AldrO' 
VA N D E , Jon STON, Wl L LU G H ST. 
Se Ray. La Meule de R o n d e let„ 
&- quelques, autres,, dont j'ai* gariê? 



z 9 <$ O T T O U A 

fous leurs noms particuliers , font de 
ce nombre. 

O T T 

OTTILAOUMA, nom que 

les Caraïdea des Antilles donnent à 
une efpece de petit Lézard de leur 
pays, qui gobe les Mouches. 

O U A 

OUANDERONS, Singes de 
l'Ifle de Ceylan. lis y font en grande 
abondance dans les bois , & il y en a 
de diverf;.>s elpeces , dont quelques- 
unes ne peuvent être comparées à 
celles des autres pays. Il s'en trouve 
d'auffi grands que nos Épapn^uls. Ils 
ont Le poil gris & le vifage noir , avec 
line grande barbe blanche , qui va 
d'une oreille à l'autre , laquelle les 
feroit prendre pour des vieillards. On 
en voit d'autres de la même gro/leur , 
mais d'une couleur différente. Ils ont 
le corps , le vifage Se la barbe d'une 
écarlate pâle, Cette feule différence de 
couleur ne paroiffant pas changer l'ef- 
pece, on les nomme également Ottan- 
dtrons. Ils caufent peu de mal &; fe 
tiennent conftamment dans les bois , 
où ils ne vivent que de feuilles Se de 
bourgeons. 

D'autres , qui fe nomment Rillours, 
font fans barbe, mais ils ont le vifaçe 
blanc 8e de longs cheveux , qui des- 
cendent Se fe partagent comme ceux 
4^.1' homme. Cette efpece eft extrê- 
mement nuîfiWe , par les ravages con- 
tinuels qu'elle commet dans les grains. 
Les Chingulais , à ce que nous ap- 
prend 1 ; 'Hifteire Générale des Voyages , 
Tome VI IL p. 546. Kdit.in-\i. eïti- 
ment la chair de toutes leurs efpeces 
de Singes , Se celle des Chevreuils , 
dont ils ont auili diverfes efpeces 
Voyez SINGE, 

* Cet animal eft nommé en Hébreu Dob ; 
en Arabe , Dtilbe ; en Chaldj-fii , tituba ; 
en Grec a>1.î ; en Latin Urfus : on l'appelle 
en Italien, àe même qu'en Espagnol, Orfo 
O/o , ou .OJ)» ; lti Allemands lui donnent le 



O V R 

OURISSA , nom que C t us itr* 

donne à un petit oifeau de l'Amérique, 
dont a*y a plufieurs efpeces. Vove? 
GOUAMBUCH. 7 

OURS*, animal fauvage , cou- 
vert d'une peau épailfe 8c velue, dont 
le poil eft gris. Le caractère de ce 
genre d'animal eft d'avoir fîx dents 
incilives à chaque mâchoire, les doigts 
onguiculés , tous féparés les uns des 
autres Se de s'appuyer fur le talon et» 
marchant M. B r 1 s s o N , p. 258. le 
nomme, Urfus niger , caudâ unkolore, 
C'eft Vùurs vulgaire , mis par M. 
L i n n m u s dans" l'ordre des Ferœ. H 
le nomme ( Syfl. Nat. Edit. 6. ç. 4. 
fp- 1. Famna Suec. n.z.) Urfus caudâ 
abruptâ. M. Klein ( Dijp. Qùad. 
$. 35.) le place dans la famille des 
Pentadacèyles. L» longueur du corps 
de l'Ours, depuis le bout du mufeau 
jufqu'a l'origine de- la queue , ell de 
cinq pieds Se demi; celle de la tête, 
depuis les narines jufqu'a l'occiput , 
d'un pied cinq pouces ; celle de fa 
queue , de cinq pouces. Ses yeux font 
très-petits , à proportion de la gran- 
deur de fon corps. Ses oreilles font 
alTez courtes & arrondies vers le bout. 
Ses jambes font courtes. Il a à chaque 
pied cinq doigts , armés d'ongles forts , 
crochus Se noirs: le pouce eft le plus 
petit Se n'eft point féparé des autres 
doiets. Tout fon corps eft couvert de 
poils longs Se épais , noirs dans quel- 
ques-uns , dans d'autres d'un brun 
noirâtre , Se dans d'autres mêlés de noir 
Se d'argenté. 

Cet animal monte au haut des ar- 
bres , Se fi l'on en croit Aristote& 
Pline, il n'eft gueres plus gros 
qu'une Souris en nailTant , mais il croît 
toujours , en lorte qu'il s'en eft trou- 
vé qui avoient cinq coudées de long 8c 
qui itoient gros comme des Bœufs. 

nom de Haïr , ou celui de Bcer ; il eft ap- 
pelle en Flamand Bcer; en Anglois, Bear ; 
eh Bohême , on lui donne le nom de Xcd- 
wtd; en Pologne, celui de Vuevuer;% en 
iuede, celui de Bioern, 

Cels» 



O U R 

Cela ri'cft pas vraî , non plus que ce 
qu'il* rai portent , que l'uurje faitles 
petits comme nue maiïe fans aucune 
forme., & que ce n'cft qu'à force de 
1e lécher qu'elle la perfectionne. Ma- 
th i o l e dit qu'il a vu prendre une 
Qkrjî fort grande, qui étoit pleine , 
Se que tous ies petits a voient les mem- 
bres diftingués dans le ventre de leur 
mère. h'Ours vit de plante? , d'arbuf- 
tes, d'herbes, de fruits, de légumes, 
de miel Se rie chair , Se au rapport 
à'E L ie N il vit jufqu'à quarantejour^ , 
en lécshaot fon pied droit. On dit qu'il 
hait les cadavres , le Sangltcr Sf le 
Bœuf marin. Ii attaque ie Taureau par 
devant .& tache de lai -déchirer les 
nafeaux Se de l'accabler par fa pefan- 
icur. On appri voile les Ours , & on 
leur apprend à danfer Se à faire plu- 
fieurs petits tours. 

Vojiz: &T cet anim.il Ray, Synep. Çujid. 
p. 171.. M. lUti» , Qif<;J. f.h.otsKtR, 
Quad. />. 106%. Alukivamue, Quad d'ig. 
vîvip- p. T17. Jot.-STON, Quiid. p.&i.lCHAK- 
ifiON , Excrc. p. 14. le hhifattni IVormenje , 
f. ji8. fcwcKiKSHf, Hift. Km. PoI.j.zk. 
Irmeme, Autluarium \ p. ■ zi. & YHifioîre de 
l'Académie Royale des Sciences , Tome UL 
Tais. 1. p. 83, 

OURS BLANC , animal nom- 
mé par M. Buisson Urjlis al bus , 
caudà itnicolore. M. Anderson , dans 
fon Hiftoire Naturelle de Groenland , 
Tome IL p. 47. dit qu'on en voit en 
Groealande fur le continent. Ils ne 
relfemblent pas i nos Cars , mais à 
ceux du Spitzberg , avant la tête allon- 
gée comme les Loups. Les mêmes 
Ours, félon le même Auteur (Tomel. 
p. 57. ) paffent quelquefois de Groen- 
lande en Iilande & viennent fur de 
gros glaçons quand le vent les pouffe 
du côté de l'ifle ; mais on établit or- 
dinairement vers ce temps des Gardes 
fur la côte du Nord , Se aurfi-tôt qu'on 
en apperçoit unfeul, tout le monde fe 
met en devoir , Se on ne le quitte pas 
qu'on ne l'ait tué , fans quoi ces ani- 
maux dangereux fe mulriplieroient 
bientôt dans les rochers inacceflibles 
Ta me UL 



Q U R ^97 

aux hômmr», & feroient impunément 
des ra vages terribles parmi tes habitans 
difperfés. On trouve ces Ours dans tout 
le Nord. L'Iflande eft un pays inégal, 
monrueux Se coupé de toutes parts par 
dts rochers efearpés. Pendant les mois 
de Mars , d'Avril Se de Mai, les vents 
cL" Nord Se d'Oueft foutîlant alterna- 
tivement , la mer amené fur les cô- 
tes une mafie prodigienfe de glace , 
qui ne fe fend jamais. On lit dans les 
Acies de Copprubagiic , aimée \6j6. 
qu'avec cc:t: glace viennent des Ours, 
fcuvetlt plus grands que les Chevaux 
d'Iflaude , Se qui fe jettant dans l'ifle , 
dé v orcïït ce qui fe préfente à eux. Ce 
qu'il y a de fingulier dans ces ani- 
maux , c'eA leur conftance àne recher- 
ciier pendant leur fejour qu'une feule 
efpcce d'aliment. Celle qu'ils rencon- 
trent la première eil celle qu'ils préfè- 
rent. Si à l:ur arrivée ils tombent fur 
des hommes ians défenfe , ils en font 
leurproie , Scia ebairbumaine eft apres 
cela ie feu! mets qu'ils recherchent : 
fi Je bétail a été leur premier aliment, 
ils n'en veulent plus qu'au bétail : fî 
enfin ils n'ont trouvé ni hommes ni 
bêtes,, lorfqu'ils font entrés dans l'ifle, 
ils ne fe repaiifent que d'herbes & que 
de foin , & renoncent à toute autre 
nourriture. Ces Ours ont d'ailleurs un 
inftincr. admirable pour retourner dans 
leur patrie fur la glace même qui les 
a apportés ; s'il leur arrive de s'en- 
foncer dans l'intérieur du pays Se àç 
s'éloigner de la vue des côtes , Se qu'ils 
foupçontient le départ prochain de la 
glace , foit par le changement du vent, 
foit par quelque autre indice , ils 
montent fur le fommet des montagnes, 
& lorfqu'ils voyentquela glace s'éloi- 
gne du rivage , ils descendent p rompre- 
ment pour la fuivre , Se pour la rega- 
gner à la nage. 

Ceux qui en ont écrit font M. Klein,, 
Quad. fJi.AiDB.ov«KD£, Quad. digit. 
vivip. f.uo.JONSTOK, Quad, p. 88. &. 
le Mufœum Wormenfe , p. 319. 

OURS DE LA BAYE 



aoS OUR 

D'HUDSON, en Latin Urfut 
freti Hudjonis , nommé par M. Bris- 
son j Urjus ca^anei coloris , cauda uni- 
colore , Toftro pedibujque nigris. C'cft le 
Coati Urfola affims Americamts de M. 
K l e r n ( Qttad. p. 74. ) ; le petit Ours 
ou Louveteau d'E D W A R D ( Tome IL 
fig. p. 103. ) ; le Quick.hatch , ou IVol- 
ï-crenne du Voyage de la Baye d' Hud- 
fon , Tome I. p. 58. & de C a t e s b y 
Append. p. 29. Ce: animal , qui fe 
trouve à la Baye d'Hudfon , eft un 
feu plus grand qu'un Loup ordinaire. 
Ses "yeux font petits & noirs ; fes 
oreilles courtes & rondes ; fa queue eit 
d'une longueur médiocre , plus petite 
à fon origine que vers fon bout , où 
elle eft couverte de plus longs poils. 
Il a le mufeau & les quatre pieds 
noirs; le devant de la tête blanchâtre • 
la gorge blanche , marquée de noir ; 
tout le refte de fon corps eft d'un châ- 
tain plus foncé fur le dos qu'ailleurs. 
On dit que le bruit qu'il fait refïem- 
ble à la voix d'un Chien enroué. 11 y 
en a de grands Se de petits. Lewr poil 
eft long & doux comme de la" laine, 
lis nagent & fe plongent fouvent dans 
l'eau pour long-temps. Ceux qui ha- 
bitent la côte fe nourriffent principale- 
ment de Baleines mortes; les autres, 
qui demeurent plus avant dans le pays, 
vivent de tout ce qu'ils rencontrent 
dans leur chemin. 

Il y a peu â'Ours en Afrique : on 
n'en voit point en Angleterre, ni dans 
rifle de Candie. 11 y en a beaucoup 
dans les montagnes de Suiffe , 8c dans 
la forêt noire Se les autres forêts d'Al- 
lemagne. Il s'en trouve auffi dans la 
Lithuanie , dans la Tartane , dans les 
vaftes forêts de la Mofcovie, Se dans 
tout le Nord , comme il a été déjà dit. 
Michel H e r u s dit que les pat- 
tes de l'Ours falées Se fumées fe fer- 
vent fur la table des Princes en Alle- 
magne. 

11 fe trouve aux Indes Occidenta- 
les , dans la Province nommée Uz.al- 
eas*. une eftjecc de petits Ours, qui., 



O U R 

au Heu de gueule , ont un pérît troti 
rond au bout du mufeau , hors duquel 
ils tirent une petite langue ronde , 
longue Se creufe par dedans, avec la- 
quelle ils fucent le miel , ou quand ils 
n'en trouvent point , ils tirent cette 
même langue auprès des fourmillier&g: 
comme fi c'étoît un rofeau , & ava- 
lent toutes les Fourmis qu'ils peuvent 
furprendre. 

Les Ours font fort communs à la 
Chine. \J Hiftoire Générale des Voya- 
ges , Tome VI, Liv. IL p. 492. nous 
apprend qu'il s'en trouve dans la Pro- 
vince de Chang-Tong une efpece que 
les Chinois nomment Hyang - Jin , 
c'eft-à-dire Hommes - Ours. Ils mar- 
chent fur deux jambes. Ils ont la face 
iuimaine , & la barbe d'un bouc : ils- 
grimpent fur les arbres pour en man- 
ger le fruit. On n'a point à" fe plain- 
dre de leur férocité lorfqu'on les laiffe 
en paix , mais fi on excite leur colère, 
ils defeendent furieufement , ils tom- 
bent fur ceux qui les irritent » & les 
frappent deux ou trois fois avec la 
langue : ils emportent toute la chair 
qu'ils touchent. M. Du Halde avoue 
que ce récit doit paroître fort étran- 
ge : cependant le Père Antoine de 
Sanlla Maria , qui avoit un de ces 
animaux , Se le Pcre Jean B a l a t , 
Jéfuite , qui avoit pa(fé plufîeurs an- 
nées dans cette Province , en rendent 
plufîeurs fois témoignage, M. d u 
Halde obferve feulement que ce 
que les Chinois rapportent âuHyang- 
Jin , qui fe trouve , dit-il , dans^la 
Province de Chen-Si , ne doit être en- 
tendu que de la groffeur extraordinai- 
re de ces Ours. 

h'Qurs à la Louifîane fe tient dans 
le Nord de la Colonie. On ne le voit 
defeendre vers le bas du fleuve que 
dans l'hiver. Il y vit de fruits, de glands 
Se de racines. Il aime le lait Se le mie!,. 
La viande de VOurs , dit M. le Page 
du Praïz dans fes Mémoires fur lt» 
Lamjîane , rft délicate, entrelardée „ 
d'un bon goût Se faine. Les habitai» 



O U R 

in pays en mangent Se font Je Vhuïïe 
de fa graiffe. Ils la croyent meilleure 
que celle d'olive pour la falade. Quand 
cette graiffe ell fondue , il refte au 
fond du poêlon une efp.ece de faindoux 
très-blanc , mai? plus mollaffe que ce- 
lui de Porc , dont ils fe fervent en 
cuifine pour les faufTes blanches. La 
graiffe d'Ours eft encore un fouverain 
remède pour les rhumatifmes, & l'Au- 
teur nous apprend qu'il s'en ell fervi 
pourfe guérir de cette maladie. Ce ne 
font que les Ours qui pafTent l'hiver 
vers le bas du fleuve , defquels on tire 
la graiffe pour faire l'huile. Quand ils 
font maigres Se que la faim les fait ve- 
nir du Nord de la Colonie , pour trou- 
ver de la pâture , on en tire peu d'hui- 
le , & alors elle eft plus rare & plus 
chère* 

R e d i en obfervant la fingulîere 
ftructure des reins d'un Ours , mort 
dan; la Ménagerie du Grand Duc de 
Tofcane , dit qu'il remarqua entre la 
membrane adipeufe Se une autre mem- 
brane en forme de poche , laquelle 
contenoit beaucoup de petits reins dif- 
tincts les uns des autres , un grand 
nombre de petites véficules membra- 
neufes , dont chacune renfermoit un 
Ver blanc , long & délié : il y a voit 
même de ces véficules qui contenoient 
deux, Scjuiqu'à trois Vers. 

La graiffe Se le fiel de VOurs font 
d'ufage en Médecine. La première eft 
émolliente & difeuffive , Se bonne , 
fur-tout pour l'alopécie : elle guérit 
auffi la goutte, les parotides Se les au- 
tres tumeurs , Se confolide les ulcères 
qui viennent aux jambes. Son fiel eft 
propre pour l'épilepfie , pour Pafthme 
8e pour la jauiuffe , étant pris intérieu- 
rement. On s'en fert aufG extérieure- 
ment , dit Schroderus, pour les 
ulcères chancreux Se phagédexiques , 
pour le mal de dents, la foibleife de 
la vue Se autres maladies femblables. 
La peau , félon Sent enckfeld, 
fait du bien à ceux qui ont été mordus 
d'un Chien enragé , quand ils couchent 



O U R i?j 

delîus : elle fert auffi de fourrure eux 
Voyageurs. 

OURS, Papillon nocturne , 
nommé par M. Linnsus ( Fauna 
Suec. p. 252, », 820.) Fhal&na petli- 
mformïs, elingitis , alis deflexif , fupe- 
rioribus fitjc is , rividis albis , inferiori- 
bus purpureis , puniïis fex nigris- H 
provient d'une Chenille toute velue , 
qui fe trouve fur la laitue , nommée 
en Latin Eruca Urfina. Elle eft , félon 
Ray (Injc'ci. p. 152.) très-velue , 
grande , couverte de longs poils blancs, 
fauves Se noirs , avec des lignes fur 
les anneaux , marquées de petits points 
blancs. Cette Chenille peutfe nommer 
en François Ourfine. 

Les Naturalises qui parlent de cette Che- 
nille , air.fi que du Papillon no£h:rne qui en 
provient , font Aldrovamde, Inf. 24?. 
& 146. Moukfet , Eà'tt. Lat. p. 93. Hoffna- 
Gii, Inf. G o t d a r d , L I s t e R fur G o e- 
d a r P , Madame Mfrian, Albin, M» 
de Ré AU mur., & les autres. 

OURS DE MER: Belon 
(Objarv. L.I.p 45 ) donne ce nom à 
un poiffon qu'on pêche en Walachie , 
en Bulgarie Se en Servie. Il dit qu'on 
le nomme à Naplcs £^ à MeiYmc Mejfa- 
cara. C'eft un Cralracce prefque fem- 
blable au Homard , mais il n'a point 
de piquans 

OURSIN DE MER, BOU- 
TON , ou HÉRISSON DE 
MER, en Latin Echinus mannus. Ce 
Coquillage tire fon nom , comme 
l'Hériffon de terre-, des épines dont il 
eft couvert. Sur quelques côtes en 
l'appelle Châtaigne de mer , Se cela 
avec encore plus de fondement , dit 
M. de Réaumur ÇMém, de V Acad* 
Royale des Sciences, 171 2. p. 137O; 
car il ne reifemble pas feulement , 
dit-il , aux enveloppes des châtaignes , 
par les épines dont il eft hérifTé , il leur 
reffemble encore par fa figure con- 
vexe. Onlui donne le nom d'Ourfînfur 
les côtes de Provence. Il n'y a nulle 
reffemblance entre le poil des Ourfins 
Se les piquans des HériiTons. Aristote 
Se plufteuxs Anciens ont parlé du mou- 



300 O U R 

vement progreffif de cet animal. Il Fa 
le plus accéléré. 11 court fi rapidement , 
qu'il eft fouvcnt difficile de l'attraper. 
On l'apperçoitfur la grève par un beau 
temps , Se comme il e(l couvert de dix 
a douze piecis d'eau , on fe fert pour 
le prendre d'un long rofeau entr'ouvert 
dans un des bouts par un petit mor- 
ceau de bois , pour en écarter les par- 
ties. On l'enfonce dans l'eau , on le 
darde fur VOurfïn , Se à la place du 
morceau de bois , qui fe dégage aifé- 
ment de lui-même, VOicrftn s'y loge: 
alors on le tire de l'eau. On peut en- 
core , quand le flux Se le reflux eft 
grand , le fuivre fur la grève très- 
avant dans la mer Se le prendre à la 
main. Les Qurfixs , comme on dit en 
Provence , ou les Châtaignes de mer , 
ou les Hérijjotis de mer , fe fervent de 
leurs épines au lieu de jambes ; ce 
n'eft pas qu'ils n'en ayent ; elles ont 
la figure des jambes des Étoiles , ou 
fi on l'aime mieux , elles reffemblent 
aux cornes des Limaçons, 

M. d'Arc en ville ( Fart. IL 
p. 62. > dit que l'Ourfin a dans la cavité 
de fa coquille un inteftin qui s'attache 
en tournant aux cinq anneaux r dont 
on trouve la figure à la Planche VII. 
lett. B. de fon Ouvrage & Tank ci- 
deflùs citée. Cet inteftin va fe terminer 
à une bouche rouge, large Se oppofée 
au trou par où fartent les exerémens 1 
elle eft garnie de cinq dents aiguës & 
vifibles au bout; de cinq ©fTeiets, au 
centre defquels eft une petite langue 
charnue , efpece de caroncule , où 
eft cette bouche , qui finit en inteftin , 
tournant autour de la coquille , fuf- 
pendue par des fibres délicates. Les 
petits ofielèts font liés par une mem- 
brane fituée au milieu de Pinteftin, Se 
forment la figure d'une lanterne. L'in- 
térieur de VOurfa , nommé Eehinui 
marins , Se Echinus dï^itatus quand 
il eft revêtu de fes pointes , eft par- 
tagé en cinq lobes, d'un rouge foncé 
8e rempli d'une efpece de chair & 
d'une multitude: d'ecufs rouges „ qui 



O U R 

étant cuits ont le goût des Ecreviflês & 
font meilleures à manger que l'Huîtra 
verte. Cela doit s'entendre des Ourfint 
pris dans la Méditerranée ; ceux d& 
l'Océan ,. fur-tout ceux qu'on pêche 
à la Rochelle, n'ayant ni goût ni fa- 
veur. 

M. d'Argenvixt.e t en diftéquant 
cet animal, dit avoir examiné la du- 
reté de ces offelets , qui font creux en 
dedans , pour laillerpaiTerdes filamens». 
qui font agir les dents en dehors. Ils font 
de plus entourés de membranes de 
tous côtés , ce qui Ls lie enfemble. 
Chaque partie de YOnrfin a fa mem- 
brane , fa charnière Se des dents ex- 
trêmement pointues. L? Echinus fpata- 
gar Se le Bijjits n'ont point de dents 
ni d'oïïelets : ce n'eft qu'un fimpie in- 
teftin rempli d'eau , qui leur tient lieu 
de chair Se d'oeufs , pour reproduire- 
leurs fcmblables. L'animal du Difcui 
a fon corps revêtu d'une croûte légè- 
re y Se il refpire par deux petits trous» 
placés en défions Se au milieu , dont 
un fert à vuiderfes exerémens;. 

Plufienrs Auteurs ► comme Pline,, 
ont mis les Ourfuis parmi les poiffons- 
crufticées, tels que font les- Étoiles de 
mer & les Crabes-. Aristotf. les a 
placés dans les Coquillages durs. Les 
Ourfins delà mer Rouge Si ceux de. 
l'Amérique font d'une confiftance aifer 
dure pour y tenir leur rang,, dît M. 
n'A rgenvili. e , p. 3 08'. Tart. L 
Edit. 1757. 11 y en a qui penfent que- 
les Gurfins tiennent le milieu- entre les 
Cruftacées & IcsTeftacées. Bonanni p 
malgré la quantité des pointes qu'ont 
remarque à VGurfin , les place dans 
les Coquillages univalves : c'eft ap- 
paremment pareeque fes pointes ne fe- 
voient d'ordinaire que lorfquc le poif 
fon eft vivant, comme le dit Liste r„ 
Se parcequ'elles tombent fi-tôr qu'il 7 
eft mort, ou qu'on le tire de l'eau.. 
On compte plus de douze cents cor- 
nes , dont fe fert VQwrfm pour tarer 
l.e terrein,,. pour fe fixer contre queL* 
que corgs Se pour fe. tenir cn reDOS- Sel - 



O U It 

Côfives , plus longues que fes pointes , 
ne fe voyent que dans l'eau : elles 
s'affai&nt & fe cachent entre les bafes 
ou mammelons de fes pointes , qui fe 
trouvent a» nombre de plus de deux 
mille, &qui'lui fervent à marcher» 
toujours la bouche contre terre , pour 
prendre fa nourriture. Cette bouche 
ronde & large , oppofée au trou par 
©ù forcent fes excrémens , eft. garnie 
de cinq dents aiguës au bout de cinq 
oûelet*, au centre defquels eft une 
petite langue charnue , comme on l'a 
dit plus haut. L'Auteur ditaufli avoir 
remarqué , en dilTéquant le poiffon, que 
chaque pointe de YOttrfin a fa mem- 
brane , fa charnière & des dents extrê- 
mement pointues ». & U y a lieu de 
croire que ces grandes pointes lui fer- 
vent à lè défendre contre les Pêcheurs. 
Pline dit,- aculeorum proeerkate prê- 
tant. Elles lui fervent encore de pieds 
pour marcher, pour fe retourner ,. 8c 
four rentrer dans fa boule. 

M. D'A r g e n v i HE dit avoir 
compté fur la fuperficie d'un Ourfm 
delà mer Rouge cinq divifions à deux 
rangs- de mammelons , Se de grandes 
pointes au nombre de foixante-dix , 
fans' compter cinq autres rangs de pe- 
tites, & toutes les bandes qui féparent 
les rangs des mammelons , lefqitelles 
font percées d'une infinité de petits 
trous , par où forcent fes cornes. Le 
grand nombre- de pointes que plufieurs 
Ov.rfins confervent toujours , & qui 
font partie de leurs coquilles , n'a pu 
ks faire placer mieux , dit - il , que 
parmi les Multivalves, Cependant 
Charletgn ( Exerc.p. 61.) Se A l- 
drgvande les mettent parmi les 
Turbînées, parcequ'ils n'ont point de 
volutes ou depyramideSi 

UOurfin a intérieurement un inteftin 
qui s'attache en tournant aux cinq an- 
neaux que l'on remarque dans la croû- 
te pres de fa bafe , Se cet inteftin va fe 
Terminer à la bouche î. tout fon exté- 
rieur eft partagé en cinq lobes Se eû 
ïempli d'une efpece de chair Se d'une 



OUR 301 

multitude d'œufs rouges , qui , étant 
cuits , ont le goût de ceux des Écre vif- 
fes , ainfi qu'il a été dit. 

G 1 L l 1 u s , rapporté par G e s n e r 
(de Aquat. p. 42,0.) dit avoir péché 
des Ourfins de couleur rouge , mêlée 
de bleu Se de verd , proche des villes 
de Cumes Se de Bayes , aux environs- 
de Naples. Quand ce poiflbn eft mort, 
toutes ces belles couleurs difparoif- 
fent. 

Rondelet admet cinq efpeces 
à'Ourfini, M. Breynius en rapporte 
fept efpeces. M. Klein en marque 
cinquante - huit efpeces , comprifês- 
fous huit genres. M. d'Argesvili.e 
en fait la première famille de fes Mul- 
tivalves & les range fous fix efpeces 
Se chaque efpece en contient plufieurs 
tous dirFérens les uns des autres par 
leurs variétés, Voici comme il définit 
ce genre de Coquillage: UOurfin de 
mer, dit l'Auteur, eft une Coquille 
multivalve , de forme ronde , ovale 
à pans , irréguliere ,. quelquefois plate 
armée de pointes , de boutons , Se quel- 
quefois toute unie. 

De la première efpece font V Ourfm- 
de forme ronde ; celui qui eft garni de 
petites pointes rondes , venant de la 
mer Méditerranée; celui de l'Océan; 
le grand Otirfin à- grandes pointes , ve-- 
liant de l'Amérique ; un pareil grand 
Ourfin p nommé autrement Chardon ,. 
venant de la mer Rouge ; celui dont 
les ceufs font bons à-manger; le Rou- 
geâtre ; celui de couleur verte ; celui 
de couleur violette , Se celui qui a des 
dents. 

De la féconde efpece font VOurfin 
de mer de forme ovale ; le Blanc de. 
la grande efpece, Se celui de la petite 
efpece. 

De la troifieme efpece font les Qur~ 
fins de figure à pans ; le Rmigeâtre ,. 
qui a dix angles Se qui eft falcié ; le 
Verd, Se le Grir de cendre. 

De. la quatrième efpece font ["Our- 
fin de forme irréguliere ; celui fait ety 
forme de tonneau , grand „Sc dontl'au*- 



3 oa OUR 

verturc du dos eft en cœur ; le petit Se 
très -léger; celui de figure longue , 
avec des filions crénelés ; celui qui eft 
applati, formant une étoile ; celui qui 
eft fait comme des fefles ; le grand 
Pas de Poulain ; le petit Pas de Pou- 
lain; celui qi;i imite le cœur à quatre 
rayons à doubles raies , Se celui qui 
ijjiite le cœur à fix rayons à doubles 
raies. 

De la cinquième efpece lont YOur- 
fm plat & étoilé , qui a cinq trous fur 
le deffus , Se fept au-de(fous ; celui qui 
a fix trous fur le deffiis , Se huit au- 

de flous. 

De la fixieme efpece eft VOurfin de 
couleur violette , de forme ronde , Se 
à piquans faits en forme de pignon de 
pomme de Pin. 

M. n'A rgen ville, dans fa 
Conchyliologie, Planche XXV. Edition 
de IJS7- a fait figurer à la lettre A. 
un Ourfin de l'Amérique, nommé en 
Latin Echinus digitatus , repréfenté 
avec tous fes piquans. A la lettre D. 
on voit un Ourfin de la mer Rouge : à 
la lettre E. eft le plus bel Ourfin de la 
mer Rouge : à la lettre F. eft un Our- 
fin de nos mers , entouré de tous fes 
piquans : à la lettre G. eft repréfenté 
V Ourfin violet de l'Iile de France , 
dont les pointes font faites en forme 
de pignon de pomme de Pin : à la let- 
tre H. eft figuré un Bouton faj'cié : à la 
lettre J. VOurftn appellé Bijfus ,- Se à 
la lettre À. le Spatagus , ou Spatangus, 
qui eft nommé en François Pas de Pou- 
lain. 

M. Klein a publié un ordre na- 
turel des Ourfins de mer , Se des Our- 
Jïns de mer fojjiles , avec des Planches. 
Il les a examinés par la différente fi- 
tuation de l'ouverture qui fort de paf- 
fage aux excrémens. Si ces Ourfins 
l'ont placée au fômmet de la coquille , 
il les appelle Anocyfihes, du Grec âyv, 
fuprà , Se (tûîfSoî > anus. 11 les appelle Ka- 
toryjrljcs s'ils l'ont à la bafe , du Grec 
«a, 17» , infra , Se eïT« , anus : ayu eft op- 
poié X k»tu- M. Klein entend par 



OUR 

iiùi , le fommet , vertex , Se par icar»; 
la bafe; & il appelle Pleurocyflhcs les 
Ourfins qui ont f anus placé au coté , du 
Grec3-x eL ,pjt , ou ■nh-^fli, latus, Se Karôof, 
anus. J'ai donné en 1754- la traduc- 
tion de cet ordre naturel des Ourfins, 
augmentée de Gx planches à' Surfins , 
qui fe trou voient dans le Cabinet de 
M. de Réaumur, defquelks 
une entr'autres repréfenté 1 ! 'Ourfin de 
couleur violette , de forme ronde à 
piquans faits en forme de pignon de 
pomme de Pin , qui eft la fixieme ef- 
pece A' Ourfin de M. d'Argenville , 
Se dont M.Klein n'a point faitmen- 
tion. Cet Ouvrage eft un in-%°. qui 
fe vend chez le Libraire qui a le dé- 
bit de ce Dictionnaire. J'y renvoie le 
Lecteur, C'eft le Traité le plus com- 
plet que nous ayons fur les Ourfins 
de mer , Se les Ourfins de mer f affiles. 

OURSIN, ôu HÉRISSON 
DE M ER , en Italien Iflrice marino, 
félon R e d 1 : C'eft un infeite de mer 
à-peu-pres femblable à celui que Ja- 
COB/E'JS dans les A des de Coppenbague , 
Tome III. c. 4. Q" 5. nomme Verrais 
aurais & Erucamarina : mais il a paru 
à R e D 1 que celui-ci en differoit beau- 
coup quant à la ftructure intérieure. 
lu'Our/t'n ou le Hcrijj'on de mer , dont 
je vais parler d'apas ce Naturalifte , 
eft figuré Planche XXXIV. fig. i.& 
1. des Collections Académiques , Tome 
IV.de la Partie étrangère. Cet animal 
dit R E D 1 , dans le même Volume , 
p. 5 3 5. avoit ledeflbus du ventre blanc, 
lifle , Se non velu , mais traverfé par 
des rides droites , dont les intervalles 
étoient faillans comme des cordons : 
il étoit environné de petites touffes 
femblables à de petits pinceaux qui re- 
gnoient fur toute la circonférence du 
ventre depuis la tête julqu'A la queue. 
Il y avoit vingt-fix de ces touffes ou 
pinceaux de chaque côté; ce qui fait 
en tout cinquante-deux. Mais ce nom- 
bre de pinceaux varie ; car dans quel- 
ques autres Ourfins , R E D 1 marque 
en. avoir trouvé jufqu'à quarante da 



OUR 

iliaque côté. Ceux des côtés étoîetlt 
beaucoup plus courts & moins fournis 
que ceux du milieu : les plus gros 
avoient les uns cinq, les autres fix , ftpt 
ou huit crins durs , piquans , 8c ren- 
fermés , pour amû dire , dans une gaîne, 
Ces ciinf paroifloient tous d'une cou- 
leur noirâtre excepté celui du milieu , 
qui eft toujours le plus long Scleplu3 
gros, Se dont la couleur eft d'un jaune 
cPor luftré , qui quelquefois paroît gla- 
cé de verd , fuivantles diffère ns reflets 
de la lumière. La gaîne qui renfermoit 
es crins étoit munie de tendons Se 
de mufcles par le moyen defqucls elle 
fe mouvoît , fe dreiToit , poulToit au- 
dehors fes crins , Se les retiroit au-de- 
dans. Les flancs de l'animal étoientaulfi 
fout entourés de pinceaux ,. ou touffes 
femblables , mais moins épaiffes ; les 
crins en étaient plus longs , Se pour 
la plupart moins piquans Se plus fle- 
xibles. Le dos , dans toute fa longueur 
& fur la largeui- d'un pouce , étoit 
lifie & fans aucun crin; mais il étoit 
tout couvert d'un duvet crépu , jau- 
nâtre , Se femblab'e à cette bourre qui 
recouvre les coccons de Vers à foie. 
A l'une des extrémités on voyoit l'ou- 
verture de la bouche , autour de la- 
quelle étoient placées deux antennes 
ou petites cornes charnues » flexibles 
& blanches. L'ouverture de l'anus fe 
trouvoit à l'extrémité oppofée. Dans 
la cavité du ventre , on voyoit un pe- 
tit canal d'une couleur de pourpre très- 
éclatante : il étoit compofé de petits 
globules diftinfts les uns des autres , 
& depuis fon origine qui étoit dans la 
bouche, & où il étoit le plus gros, 
il parcouroit toute la réj?iot\du ven- 
tre, Se alloït toujours en diminuant de 
diamètre fe terminer vers l'anus. Ce 
canal étoit le cœur , ou plutôt un cor- 
don, une fuite de coeurs. L'eftomacpla- 
cé dans la même cavité du ventre , 
étoit d'une même fubftance blanche , 
dure , & prefque cartilagineufe : l'in- 
teftin alloit r'irectement & fans aucun 
détour jufqu'à l'anus 5 furprefque toute 



OUR 305 

la partie de l'inteftin , comprîfe entre 
le pylore & l'anus, fortoient deux ranga 
parallèles de cœcivms, il y en avoit vingt 
dans chaque rang. Ces quarante cœ- 
cums , pleins d'excrémens gris Se noi- 
râtres , faifoient diverfes ramifications 
irrégulieres , lefquelles s'entrelaçoient 
vers la peau , parmi les mufcles Se 
Se les tendons qui fervoient au mou- 
vement des touffes latérales des crins, 
dont il a été parlé. Dc-là tous ces 
cœcums palToient Se emboitoient leurs 
extrémités aveugles dans autant de 
gaines , lefquelles ne s'arrétoient point 
dans la cavité du ventre , mais péné- 
troient dans une autre grande cavité,- 
qui occupoit tout le deffus du dos & 
de l'épine de l'animal -, depuis l'une 
des extrémitéô jufqu'à l'autre : ces gai- 
nes entourées d'une expanfïon mem- 
braneufe , prélenroient la figure d'un" 
parafol en éventail avec fon manche. 
L'expanfion membraneufe étoit double 
Se canelée à l'intérieur: entre les deux 
membranes il couloit un fluide très- 
clair , qui quelquefois en gonfloit les 
bord.-: voyez la Planche XXXlV.jSg. 
3. Or 4. des Colleti. Acadcm. Tome iV. 
ci-deffus cité : mais en foufflant parle 
moyen d'un chalumeau dans l'eftomac, 
on faifoit gonfler , non-feulement l'ef- 
tomac , mais encore l'inteftin prinnpal , 
Se les quarante caecums dans lefquds 
l'air entroit par les quarante ouvertu- 
res , quife voyoientau-dedans de l'in- 
teftin principal. tvEDidit qu'il trouva la 
cavité qui renfermoit l'eftomac , ainfi 
que les intertins pleins d'une eaufalée : 
l'autre cavité qui occupoit le dos , étoit 
pleine de la même eau. Cette eau y 
entroitpar un trou large Se rond , dont 
on voyoit l'orifice à l'extérieur au mi- 
lieu de la peau du dos. Dans l'eau de 
cette cavité du dos, i'Obfervateury vit 
nager huit vermiffeaux très-petits , re- 
préfentés tels qu'on les voit au microf- 
cope Planche XXXI V.fig. 5 .du même 
Ouvrage. Ils étoient tranfparens com- 
me le plus beau cryftal de M lira no,, 
dit Redi, Telle eft la deferiptiozï 



304 O U T 

qu'il donne de cet infecte marin ., qu'il 
nomme Ourfîn ou Hérijfon de mer , à 
caufe des touffes de crins , oupinceaux 
dont il eft environné. 

O U T 

OUTARDE, OTARDE. 
©u B1TARDE», oifeau que M. 
L i n n m u s C Syft. Nat. Edit. 6. g. 
o"4- ) met dans l'ordre des Galiivœ. M. 
Klein (Ord. Av. p. 17.) place l'Ou- 
tarde dans la féconde famille de fes 
oifeaux, qui font ceux dont les pieds 
font armés de trois doigts en devant, 
Trïdatlylt , nullo pnflice. L'Outarde eti 
ie quatrième genre de cette famille , 
avec la Cane l'éiiere de B Et o n , le 
Buflard de l'Arabie d'E dïj r d , Se 
le Nucucagua de Marc Grave. 

M. Perrault écrit Otarde , en 
Latin Avis tarda , d'où eft venu le 
nom Outarde en François , fi ce n' eft 
qu'il ait été pris de fon nom Grec ,qui 
cil Otis , quoique les Anciens ayent 
parlé allez diverfement de l'Otis , pour 
faire douter fi c'eft notre Outarde. Bf- 
■Lon {de la Nat, des Gif. L. V. c. 3. ) 
& Turnekus( Hijh Av. ) , difent 
que l'Outarde eft le plus grand de tous 
les oifeaux après l'Autruche. Le Ca- 
fuel , le Pélican , Se le Griffon , font 
beaucoup plus grands % & les autres 
Auteurs ne font point ['Outarde plus 
grande que celle dont M. Perrault 
donne la defeription anatomique. Ams- 
tote , dans Athénée ( L. IX. ) , la fait 
même encore plus petite , car il la com- 
pare , pour ce qui regarde la grandeur 
à un Coq. BelonScTurnerus, 
qui , fans - doute , ont vu des Outardes, 
n'en ont aînfi parlé que pour fuivre 

* Cet oifeau eft nommé en Italien Srxrda, 
.ou Ottarda ; en Allemand Trappe, ou Trapp- 
Gans ; en Anglois, Buflard. Le mot l-'ninçois 
Outarde vient , lelon quelques-uns, à' Avis 
Tuvda , & <elon d'autres , d'Anfir Tordus ; 
car on ditojt_ autrefois Ouc pour Oye , ou Oie. 
I) y en a qui veulent que ce mot (bit formé 
du Grec SpU , & & l atin Tarda. Le petit eft 
nomme Uulardea» , Ojlardeau , ou Bitardeau : 
Kicis mal à propos, difent les Auteurs 



O U T 

Pline C Hifl. Nat. L. X. c. 
qu'ils femblent même n'a\oir pas bien 
entendu ; car , dit M. P E r r a u l t, 
l 'oifeau qui , félon Pline, eft l e 
plus grand après l'Autruche , eft la 
féconde efpece de Tarao , qui n eft 
point l'Outarde; & Pline dit feu- 
lement que la grandeur de l'Otis , qui 
apparemment eft notre Outarde , ap- 
proche de celle du 'ietrao ;■ mait on ne 
fait point certainement ce que c'eft que 
le "i etrao , Se ce qu on en dit n'a au- 
cun rapport avec l'Outarde : cet oi- 
feau , félon la defeription de Pline, 
étant noir par tout le corps, a la ré- 
ferve des plumes qu"iia au* dédits des 
yeux , qui font rouges , ce qui ne fe 
trouve point dans {'Outarde , qui a 
bien quelque rouge , quelque noir , ou 
quelque brun dans fon plumage ; mai» 
ces couleurs s'y trouvent placées d'une 
toute autre façon. 

G e s n e r ( de Avïb. L. III. ) , Se 
A l o R o v a N D e f Orn'uh. L. XIII. 
c. 12.) donnent un col Se des pieds 
plus longs à l'Outarde, que M. Per- 
rault : du refte , c'eft la même def- 
eription. Cet oifeau a le col long d'un 
pied , Se les jambes d'un pied & demi. 
Les ailes ne font gueres plus longues 
que les jambes , Se quand elles font 
étendues elles ne font pas plus de qua- 
tre pieds, ce qui n'a pas de propor- 
tion avec la maffe du refte de fon 
corps. C'eft pourquoi cet oifeau vole 
avec tant de difficulté , qu'on le peut 
atteindre à la courfe. Élien (de 
Nat. Anïm. L. V. c. 24. ) dit que de 
tous les oifeaux , iln'y a quel'O.vwr^e 
qui craigne les Chiens , parcequ'elle 
s'élève fi peu de terre , Se va fi lente» 

de la Suite de la Matière Médicale, que Belom 
a nommé fon Otdhnemm , Ojlardeau ; car ce 
prétendu Ojlardeau n eft autre choie que le 
Courlis commun, qui habite dans les plaines 
les plus arides des provinces du Herry , de 
la Sologne & de la Beauce ; & par confe- 
quent, pour le dire ici en raflant, Aldro- 
vanue , Wjllighby & R A y , n'ont pas eu 
raifon de mettre notre Courlis au rang des 
ojfcaux aquatiques, 

ment, 



O U T 

ment» qu'ils la peuvent prendre aifé- 
rnent. 

Le plumage étoit de fix couleurs: 
il y en avoit de blanc , de noir , de 
gris- cendré , de gris -brun , Se de cou- 
leur de rofe. Le ventre , les cuifTes . 
le deflous de la queue , Se le delTous 
des ailes étoient blancs. Il y a appa- 
rence que B E L o N , qui fait le delfous 
des ailes blanc , s'eft trompé. Les Ou- 
tardes de M. Perrault ne les 
avoient point ainfi ; 8e les oifeaux , dit 
cet Académicien , qui ont quelque cou- 
leur brune dans leur plumage , l'ont 
ordinairement fur les ailes & fur le 
dos : ce qui fe remarque aux autres 
animaux qui ont auffi le dos plus brun 
que le ventre. Le devant du col, la 
tête , Se le milieu du deflus des ailes 
étoient d'un gris-cendré. Le derrière 
du col , le dos , le delTus des ailes par 
le haut, Se le deflus de la queue étoient 
d'un roux traverfé de taches noires , 
longues , inégales , Se comme rompues, 
ainfi_ qu'aux Perdrix. Cela fait croire 
qu'E lien{ L. XV. ) a entendu par- 
ler de quelque oifeau fcmblable à 
Y Outarde , quand il a dît , qu'il y a 
aux Indes des Perdrix auffi grandes 
que des Oies. Les extrémités des ailes 
étoient d'un gris-brun. Toutes les 
plumes généralement, à la refervedes 
grandes , qui font au bout des ailes , 
avoient proche de la peau un duvet 
d'un rouge fort vif , Se tirant fur la 
couleur de rofe. Le bout du tuyau étoit 
auffi de cette même couleur par en 
bas. Il y avoit quelques-unes des plu- 
mes , qui, outre ce duvet attaché au 
bas du tuyau, en avoient un autre, 
qui d'une manière fort extraordinaire 
fortoit de leur extrémité , le m' ieu 
de la plume étant compofé de barbes 
fermes Se accrochées les unes aux au- 
tres , ainfi qu'elles font aux plumes 
qui fervent à voler , Se le refte étant 
comme effilé Se divifé en une infinité 
de fibres fort déliées. 

Le bec étoit d'un gris un peu plus 
brun que le plumage de la tête ; il 
Tome III, 



O U T 305 

étoit long de trois pouces , à prendre 
depuis l'œil jufqu'à fon extrémité ; il 
avoit à-peu-près la forme du bec d'un 
Poulet d'Inde , Se ne reffembloit point, 
ainfi qu'A L B E R T le dit { Traité des 
Animaux , L. XXIII. ) , au bec de 
l'Aigle , qui eft fort crochu. Les jam- 
bes, & près de la moitié des cuiffes 
étoient revêtues de petites écailles de 
figure héxagone , dont les plus grandes 
n'avoient qu'une ligne en tout fens. 
Les doigts des pieds étoient couverts 
par deflus d'écaillés en table , longues 
& étroites : elles étoient toutes de cou- 
leur grife, Se recouvertes d'une petite 
peau , qui s'enfevelit comme la dé- 
pouille d'un Serpent, Le deflous du 
pied étoit revêtu d'une peau picotée 
comme du chagrin : il n'y avoit que 
trois doigts ; ce qui a été remarqué 
par A r 1 s T o t e : à la place du doigt 
de derrière il y avoit une callofité de 
la groiTeur d'une petite noix. Le plus 
grand des doigts avoit neuf pouces & 
neuf lignes de long ;les ongles étoient 
larges , courts , peu crochus , peu poin- 
tus , Se de figure ovale. Mais ce qu'ils 
avoient de plus remarquable,c'efl: qu'ils 
étoient convexes en-deflbus de même 
qu'en-deffus , ce qui rendoit leur fec- 
tion lenticulaire. B e L o N (delà Nat. 
des Oif. L. IL c. 7. ) dit que l'efpece 
d'Aigle , nommée Haiiaïtos , a ainfi 
les ongles ronds en-deflbus , de même 
qu'en-deflus , contre l'ordinaire des 
ongles des autres animaux , qui font 
creux, ou du moins plats, Se quarrés 
en-deflbus. 

Selon Albert, l'Outarde ne fait 
point fon nid fur les arbres , parce- 
qu'elle n'y peut voler. Mais il y a 
encore apparence, comme le dit M. 
Perrault , que cet oifeau ne 
s'y peut tenir , à caufe de la confor- 
mation extraordinaire de fes pieds , 
qui n'eft pas commode pour cela , 
n'ayant point de doigts de derrière , 
Se le deflous du pied étant arrondi , 
Se rempli d'une grofle callofité qui 
l'empêche de fe pouvoir percher. 



30<î O U T 

Aristote dît que VOtis en Scy- 
tliie ne couve point fes œufs , comme 
les autres oifeaux , mais qu'elle les 
enveloppe dans une peau de Lièvre 
ou dans celle d'un Renard , & qu'en- 
fuite elle les cache au pied d'un ar- 
bre , au haut duquel elle fe perche pour 
être en garde contre les ChafTeurs, 
qu'elle empêche d'approcher en les 
frappant de les ailes , comme les Ai- 
gles font : ce qui fait voir que le nom 
A'Otis eft bien ambigu parmi les An- 
ciens , Se qu'il fignifie quelquefois 
notre Outarde , & quelquefois un au- 
tre oïfeau, qui en eft bien différent ; 
car l'Outarde n'eft point capable ni 
de fe percher fur le haut d'un arbre , 
ni de fe battre contre les Chaffêurs. 
Casaubon ( Anim. L. IX. c. 10. ) re- 
marque aulïi fur Athénée , que YOtur 
des Anciens , qui eft la Demoifelle de 
Numidie, a été confondu avec VOtis. 

De la defeription extérieure de VOu- 
tarde , M. Perrault paffe à l'ana- 
tomie intérieure de cet oifeau. Voici 
comme il s'exprime : Le trou de i'o- 
rtiile , dont on prétend que la gran- 
deur a donné le nom à cet oifeau , 
n'avoir rien d'extraordinaire. Enquel- 
ques-uns de nos fujets il étoit cou- 
vert de plumes allongées un peu plus 
que les autres ; mais elles ne forrnoient 
point de longues oreilles , comme en 
la Demoifelle de Numidie , qui , félon 
nos conjectures, eft le véritable Otus 
des Anciens , Se que l'on confond avec 
VOtis , ainfi qu'on le fait voir dans la 
defeription de la Demoifelle de Numi- 
die. Le foie étoit fort grand , le lobe 
droit ayant en quelques-uns de nos 
fujets jufqu'à cinq pouces; en forte qu'il 
defeendoit jufqu'au bas du ventre : il 
étoit d'une fubftance ferme Se d'un 
rouge vermeil. La véficule du fiel , 
qui étoit cachée fous le lobe droit , 
n'étoit attachée au foie que par fa par- 
tie fupérieure , qui étoit comme fon 
col:lerefte pendoit, étant dégagé du 
foie, 3c étoit adhérant par en bas à l'in- 
teftin jéjunum : elle avoit deux pouces 



O U T 

Se demi de long, 8c un pouce de large, 
étant de figure ovale. Le canal êylti* 
que , en quelques uns de nos fujets, 
étoit court, pareequ'il Jortoit du fond 
de la véficule , 8c s'alloit inférer à la 
partie fupérieure du jéjunum- En d'au- 
tres , ce canal étoit plus long , paree- 
qu'il fortoit de la partie fupérieure 
de la véficule proche de fon coi, âc 
s'inféroit au même endroit que les au- 
tres qui étoient plus courts. Le canal 
hépatique fortoit proche du col de la 
véficule, Se s'inféroitaufliau jéjunum, 
deux pouces plus bas que le cyftique , 
feulement aux 'fujets où le cyftique 
fortoit du col de la véilcule : aux au- 
tres il étoit inféré immédiatement au- 
deflbus du cyftique , ainfi qu'il eft or- 
dinairement à la plupart des oifeaux. 
La fubftance de la ratte étoit mollaffe 
& d'un rouge brun : elle étoit faite 
comme le rein des animaux terreftres, 
8c elle avoit feulement dix lignes de 
long fur fix de large. Le pancréas étoit 
placé dans la première circonvolution 
des înteftins dans laquelle il defeen- 
doit à l'ordinaire : fa fubftance étoit 
dure Se d'un rouge pâle ; il étoit fort 
mince par fa queue, Se fort épais par 
fa tête , d'où fon canal fortoit , qui avoit 
feulement cinq lignes de long. En l'un 
de nos fujets , il y avoit deux canaux 
pancréatiques qui fbrtoient du même 
pancréas ; en un autre , il y avoit deux 
pancréas , qui avoient chacun leur ca- 
nal. Ces canaux s'inféroient tous aa 
voifinage des cyftiques , ayant chacun 
une entrée féparée ; mais elles étoient 
toutes couvertes par une même ap- 
pendice , en forme de mammelon, 
qui paroîiïbit être un repli de la mem- 
brane interne de Pinteftïn. 

Aristote, dans Athénée, 
remarque que l'Outarde n'a point ds 
jabot. Dans nos fujets l'œfophage étoit 
étroit parteut , il s'élargifioit feule- 
ment, Seprenoîtde I'épaîfièur un peu 
avant que de fe joindre au gélier t 
ce qui contenoît environ l'efpace de 
deux pouces. Il y avoit en cet en-. 



O U T 

flroît une grande quantité de glandes 
enfermées comme les deux membranes 
de l'œfophage. Ces glandes étoient ar- 
rangées comme les alvéoles des Mou- 
ches à miel; chacune étoir percée félon 
fa longueur , formant un petit canal ou 
tuyau : la figure de toute la glande 
étoit conique 8c de la grofleur de plus 
d'une ligne par un bout , Se de la 
longueur de deux allant en pointe. Ces 
glandes étoient couchées l'une fur l'au- 
tre , en forte qu'on ne voyoit paroltre 
que le gros bout , où étoit l'ouverture 
du petit canal. La membrane interne 
de l'œfophage , qui étoit couchée fur 
ces petites glandes , étoit fi mince , 
qu'on les voyoit paroître au travers , 
&:que lorfqu'on les preffoit, elles fai- 
foient fortir une liqueur qui paroiiîoit 
auffi fortir au travers de la membrane. 
Cette membrane étoit encore recou- 
verte d'une autre qui s'étendoit dans 
toute la cavité du géfier , de même 
que dans celle de l'élargiffement de 
l'œfophage où étoient les glandes. 
Cette dernière membrane tenoit lieu 
du velouté , qui revêt ordinairement 
le dedans du ventricule des animaux. 
Cette ftru&ure de la partie inférieure 
de l'œfophage Se cet amas de glandes 
fe trouvent dans la plupart des oifèaûx; 
mais ils ne fe voient pas pour l'ordi- 
naire fi diftinftement que dans l'0«- 
tarde. Arantius, qui a fait la dif- 
feftion d'une Outarde , appelle ces 
glandes de l'œfophage des caroncules , 
Se dit qu'elles font rondes; mais il y 
a apparence qu'il n'a vu ces glandes 
qu'au travers de la membrane interne 
qui ne laiiTe voir que le gros bout de 
chaque glande , qui eft arrondi ; le 
refte qui s'allonge , Se fait une pointe , 
étant caché fous les autres glandes. 

Le géfier étoit long de quatre pou- 
ces , Se large de trois : il paroiiîoit , 
avant que d'être ouvert, affez fem- 
blable au géfier des Poules à caufe de 
fa dureté , qui , dans les Poules , vient 
de l'épaifïcur de la partie charnue. 
Mais dans toutes nos Outardes cette 



O U T 307 

partie charnue étoit fort mince, n'ayant 
pas plus d'une ligne d'épaiffeur; & toute 
la dureté qui fe remarquoit dans ce 
géfier , avant qu'il fût ouvert , ne ve- 
noit que de la membrane interne qui 
étoit non-feulement épaifle & dure , 
mais qui avoit des plis Scdesgodrons 
en plufieurs façons ; chaque godron 
étant frifé Se replifTé ,• ce qui occupoit 
beaucoup de place. Cette membrana 
du dedans du géfier pliiTee Se godron- 
née , étoit d'un jaune doré , & elle n'a- 
voit point de continuité avec la mem- 
brane étendue fur les glandes du jabot» 
qui étoit blanche ; mais elle en étoit 
féparée , comme feroient deux dou- 
blures coufues bout à bout l'une de 
l'autre : elle étoit auffi aifément fépa- 
rée de la partie charnue du géfier. Ce 
géfier étoitrempli de pierres & de dou- 
bles : il y avoit des pierres qui étoient 
de la groffeur d'une noix. Dans l'un 
des fujets , on a trouvé jufqu'à qua- 
tre-vingt-dix doubles ufés & polis 
par l^ur frottement mutuel , 8c par ce- 
lui des pierres qui étoient mêlées avec , 
fans aucune apparence d'érofion ; ce 
qu'il étoit aifé de juger, de ce qu'ils n'é- 
toient ufés qu'en leurs parties gibbeufes 
Se éminentes , les parties caves étant 
demeurées entières 5c fans polifiure , 
puifqu'elles n'avoient pû être touchées 
Se frottées comme les autres. On ne 
voyoit aulfi aucune marque d'érofion 
dans ces parties, n'étant ni rouillées , 
ni âpres , ni inégales. On a trouvé dans 
l'un des fujets , le ventricule rempli 
d'une grande quantité de foin. Athé- 
née dit que les Outardes ruminent. 
Dans un Perroquet , qui eft un oifeau 
que l'on voit remâcher ce qu'il a déjà 
avalé , nous avons remarqué deux ven- 
tricules féparés l'un de l'autre par un 
long conduit ; ce qui femble être fait 
pour cet ufage de la rumination ; mais 
nous n'avons rien trouvé de femblable 
dans i'Outarde. Les inteftins avoient 
quatre pieds de long , fans compter 
les deux cœcums , dont le droit avoit 
un pied , 8c le gauche onze pouces i 



3 o8 O U T 

ce quî n'eft pas une grande longueur 
pour un animal qui mange du foin. Les 
deux cœcums fortoient à l'ordinaire de 
l'endroit où le colon fe joint à Yileon , 
à la diltance de fept pouces de l'anus : 
ils ne tendoient point de haut en bas , 
àirtfi qu'A iuntius dit l'avoir ob- 
fervé , mais de bas en haut , ainfî qu'on 
le trouve aux autres oifeaux'. La tu- 
nique interne de Vileoa étoit pliflée fé- 
lon fa longueur, à la manière du der- 
nier ventricule des animaux qui ru- 
minent ; elle avoit vers l'extrémité de 
cet inteftin quelques rides en travers 
qui lui tenaient lieu de la valvule du 
colon. A la diftance d'un pouce de l'a- 
nus, l'inteftin fe rétrécifioït ,& enfui te 
fe dilatoit , faifant une poche capable 
de contenir un œuf. Les deux uretères 
s'inféroient dans cette poche. Vers fon 
milieu on découvroit un petit trou, 
qui conduifoit dans un fac qui étoit 
comme un troîfieme cœcurn , que l'on 
appelle vulgairement la Bourje de Fa- 
brice , du nom de celui qui l'a pre- 
mièrement décrite. Cette bourfe ou 
fac avoic deux pouces de long fur trois 
lignes de large à fon commencement , 
Scelle étoit un peu plus étroite vers fon 
extrémité. Au-deifus du trou , qui du 
milieu de la poche pénétroit dans le 
troîfieme cœcurn , il y avoit un repli 
de la membrane interne de la poche, 
quî fervoit apparemment de valvule 
capable d'empêcher le reflux vers le 
haut du rettum , Se de favorifer l'en- 
trée dans le troîfieme cœcurn. Cette 
obfervation d'un troîfieme caecum eft 
contraire à ce qu'A risiote a 
remarqué aux înteftins de VGutarde , 
qu'il dit avoir moins d'appendices à 
leur extrémité inférieure , que les au- 
tres oifeaux n'ont coutume d'avoir. 

Les reins avoient trois pouces de 
long : ils étoient recoupés fort pro- 
fondément entrais lobes , à l'ordinaire 
des oifeaux. Leurs vaifleaux étoient 
aufli difpofés comme dans les autres 
oifeaux » à la réferve de deux artères 
crurales qui font doubles ordinairement 



O U T 

& quî ont coutume de pafTer toutes 
deux par deflus le rein ; car dans nos 
fujets , il y en avoit une, qui palToït 
pardeflus , &une autre qui pafToit par 
detTous , pour aller dans la cuifte. 

Chaque refticule avoit fix lignes de 
long fur deux de large , ayant la fi- 
gure d'une petite amande , d'une fub- 
ftance a(Tez ferme & fort blanche. L'é- 
pididyme , qui étoit parfaitement noir. 
Se de même figure que le tefticule , 
avoit quatre lignes de long fur deux 
de large. Outre les deux tefticules , 
il s'eft trouvé dans l'un de nos fujets 
un corps glanduleux qui fembloit en 
être un troifieme : il avoit neuflignes 
de long fur fix de large, de couleur 
d'olive. Le canal déférant, qui fortoit 
de l'extrémité de l'épididyme de cha- 
cun des deux vrais tefticules fe glif- 
foit fur la veine émulgente , à laquelle 
il étoit attaché , Se defeendoit fur le 
rein le long de l'urétere. A la lèvre fu- 
périeure de l'anus , il y avoit une pe- 
tite appendice , qui tenoit lieu de la 
verge. Entre tant de fujets diffère ns 
que nous avons dilTéqués , îl ne s'en 
eft point rencontré de femelle. 

La langue n'étoit point oiTeufe , aînfi 
qu'AsuSTOTE l'a décrite dans Athé- 
née : elle étoit charnue en "dehors , 
ayant en dedans un cartilage attaché 
à la bafe de l'os hyoïde , comme à la 
plupart des oifeaux. Ses côtes étoient 
hériiTés de quelques pointes d'iinefub- 
ftance moyenne entre la membrane Se 
le cartilage. Les anneaux de i'âpre- 
artere étoient entiers. En quelques- 
uns des fujets il y avoit de chaque côté 
une caroncule ou glande rouge, immé- 
diatement attachée à l'âpre-artere , & 
aux carotides , par le moyen d'un 
rameau de la grofTeur d'une grofle 
épingle ; ce qui eft allez ordinaire 
aux oifeaux. Le cœur a voit deux pouces 
& demi de large. Le fac qui forme la 
valvule charnue qui le rencontre or- 
dinairement dans le ventricule droitdu 
cœur des oifeaux , à l'entrée de la veine 
cave » avoit quatre lignes de profoiV: 



O U T 

deur. La chair du ventricule gauche 
étoit épaifîe de cinq lignes vers fabafe , 
Se d'une ligne vers fa pointe. 

Dans l'oeil , la membrane felérotique 
avoit un rebord cartilagineux en de- 
vant , large d'une ligne , qui faifoit 
comme un cercle autour de la cornée. 
L'uvée étoit rougeâtre Se parfemée 
d'un grand nombre d'artères , de veines 
Se de nerfs. L'iris étoit de couleur 
îfâbelle. Le cryftallin avoit trois lignes 
de diamètre : tout le globe de l'œil en 
avoit neuf. Le nerf optique ayant pé- 
nétré au dedans de l'œil , s'applatitîoit 
Se formoit un rebord blanc de figure 
ovale, longue Se étroite , d'où fortoit 
la membrane noire en forme de bourfe , 
qui va s'attacher à côté vers le bord 
du cryftallin. Cette membrane eftplus 
particulièrement décrite Se figurée dans 
la defeription de l'Autruche. Dans le 
palais Se dans la partie inférieure du bec, 
qui eft comme une mâchoire inférieure, 
il y avoit fous la membrane qui revêt 
ces parties plufieurs corps glanduleux , 
qui l'ouvroient dans la cavité de la 
bouche par plufieurs tuyaux fort vifi- 
blcs. Voilà la defeription anatomique 
de {'Outarde, telle qu'on la lit dans les 
Mémoire/ de l' Académie des Science t. 

On lit dans le Tome III. de la Suite 
de la Matière Médicale , p. 373. & 
fuiv. des éclairciffemens irnportans fur 
cet oifeau , qui ont été communiqués 
aux Auteurs dudit Ouvrage par M. 
Navier , Docleur en Médecine , Mé- 
decin de Châlons-fur-Marne , Affbcié, 
Correfpondant de l'Académie Royale 
des Sciences de Paris , connu très J avan- 
tageufement dans la République des 
Lettres. Les Outardes , dit-il , habi- 
tent ce pays-ci (les environs de Châ- 
lons) l'été & l'hiver. En hiver ces 01- 
feaux font répandus dans nos plaines 
en grandes bandes ; lorfqu'elles font 
à terre il y en a toujours une au 
moins un peu éloignée de la troupe 
qui fait fentinelle , ayant toujours la 
tête élevée pour avertir les autres , 
quand quelqu'un paroîr. , & comme 



O U T 309 

elles ont beaucoup de peîne à s'éle- 
ver , étant obligées de courir un peu 
loin en battant des ailes , elles s'y 
prennent de bonne heure. On les prend 
à l'hameçon , en y attachant de la 
pomme ou de la viande , ou au fufil 
en fe cachant derrière quelque émi- 
nence, ou bien dans une voiture de 
paille ; elles s'attrapent auffi avec de 
bons Lévriers, qui fouvent les pren- 
nent avant qu'elles fe foient élevées 
de terre , ou lorfqu'elles en font encore? 
à peu de diilance. L'été, cesoïfeaux; 
s'accouplent , n'y ayant qu'un mala 
appellé Rond pour une femelle ; Se 
s'il s'y en trouve quelqu'un de dé- 
pareillé , ils fe battent jufqu'à ce. que 
le plus foible refte fur la place. On 
trouve de temps en temps de ces vic- 
times de l'amour fur le champ de ba- 
taille. Ils font leur nid dans les terres 
en friche , Se fe contentent de creufer 
un peu la terre pour y placer deux 
œufs feulement, quelquefois ils y met- 
tent un peu de chaume, ou de vieille 
pai.le. Ils ne font qu'une ponte par an. 
Les œufs font gros comme ceux du 
Cygne , blancs , avec quelques taches 
ronfles au gros bout. La ponte fe fait 
fur la fin de Mai Ou en Juin. La cou- 
vaifon eft d'environ cinq femaines , 
comme celle des Dindes ; les petits 
courent comme les Poulets auffî-tôt 
qu'ils font éclos. Les Outardes s' affem- 
blent au mois d'Octobre , Se vont de 
compagnie jufqu'au mois d'Avril : elle» 
fe nourrilTent de Grenouilles , de Sou- 
ris , de Mulots , de petits oiftaux , Se 
de dîrTérens infeftes ; elles font forï 
carnafîieres ; cependant l'hiver elles 
mangent les feuilles de navets T de 
choux, Sec. La durée de leur vie eft 
d'environ quinze ans : on ne leurcon- 
noît point de cri ordinaire , que quel- 
que chofe qui approche du cri du Cor- 
beau. Cesoïfeaux n'ont que deux fortes 
de chair, à-peu-près comme le Din- 
don , une blanche Se une un peu bru- 
ne , dont les fibres font plus courtes ; ce 
qui k rend délicate ; celle-ci fe çtqwy* 



3 io O U T 

le long des cuiffes Se de la earcaffe ; 
il n'y a pas même grande différence de 
faveur ; c'eft ce dont conviennent una- 
nimement tous ceux qui en ont mange. 
Nous regardons à-peu-près cet oifeau 
comme un Dindon , Se nous n'en fai- 
fons gueres plus de cas , fi ce n'eft 
quand il eft mis en pâte. 

Beion remarque que l'Outarde 
reffemble fi fort à la Cane Pétiere , 
qu'il n'y a point de différence entre 
elles , (mon en grandeur. Willughby 
regarde auffi notre Cane Pétiere com- 
me une efpece d'Outarde, 8cM.Ki.xis 
( Ofd. Av. p. 18.) , ne fait point de 
difficulté de l'appeller Tarda Nana, 
comme qui dno\t petite Outarde. "L'Ou- 
tarde , dit le même Auteur , eft un 
oifeau élégant , affez connu dans no- 
tre pays ( à Dantzic ) , très-nuifible aux 
légumes en automne & en hiver, qui 
a la tête Se le col cendrés , Se le ventre 
blanc , varié furie dos de lignes rouffes 
& noires qui traverfent. Le mâle fait 
la roue avec fa queue , comme le Coq 
d'Inde , dans le temps de l'amour. La 
femelle ne pond que deux œufs par cha- 
que couvée , communément dans un 
champ d'avoine , au-deffus duquel elle 
peut montrer fou long col, tandis qu'el- 
le couve. Lorfqu'elle loupçonne qu'on 
veut les lui dérober , elle lestranfporte 
fous fes ailes dans un autre endroit. 
Quand elle fe met en colère , elle enfle 
la peau , qui lùi pend tant foit peu 
au-deffous du bec. Nos Outardes dif- 
férent en quelque chofe de celles d'An- 
gleterre Se de France. 

L'Outarde n'habite pas feulement 
en Champagne , mais auffi en Poitou , 
& un Poitevin digne de foi nous a ra- 
conté qu'un jour en hiver , que la cam- 
pagne étoit toute couverte de neige 
Se de frimats , un de fes domeftiques 
trouva le matin une trentaine d'Ou- 
tardes à moitié gelées , qu'il amena à 
la maifon , les prenant pour des Din- 
dons qu'on avoit par mégarde laiffé 
coucher dehors. Maïs quand ces oi- 
feaux furent dégelés , on fut agréa- 



O U T 

blement furpris de voir que c'étotenr. 
des Outardes. C'eft un fait affez fin- 
gulier , mais qui eft arrivé plus d'une 
fois. 

Denis, dans fon Hifloire de V A~ 
merique , dit que Y Outarde ne pond que 
de deux ans en deux ans , Se que l'an- 
née qu'elle ne pond point elle fe dé- 
plume ^ qu'elle ne pond qu'à quatre 
ans , & qu'elle fait d'une feule couvée 
quinze à feize œufs dans des III es ou 
des marécages , à terre Se quelquefois 
fur des arbres. 11 ajoute que les Outar- 
de aux éclos fe mettent fur le dos de 
leur pere , qui les porte à l'eau , & 
que la nuit la m^re les ramené à terre 
pour les couver. D'abord cette Rela- 
tion nous embarraffoit , difent les Au- 
teurs de la Suite de la Madère Médica- 
le , Se nous penfions que Denis s'étoit 
trompé ; depuis nousavons appris qu'à 
Québec Se aux environs les Canadiens 
nomment Outarde une efpece d'Oie 
noire Se blanche , que Willughby 
Se K a y app e lient Oie de Canada. 

Les vraies Outardes font fort rares 
dans bien des pays, & elles n'y vien- 
nent que dans les grands hivers , lors- 
que la terre eftreftée long-temps cou- 
verte de neige : alors la faim les chaffe 
de leur pays natal , Se elles maigriffent 
tellement , que les plus groffes pefent 
à peine douze à quatorze livres. Selon 
Pierre Gyllius, d'après Oppien, 
l'Outarde aime autant le Cheval, qu'el- 
le abhorre le Chien : auffi fe fert-on du 
Cheval pour l'attraper. Les Pécheurs 
recherchent les plumes de cet oifeau 
pouramorcerlespoiffons,qui font trom- 
pés par l'apparence des Mouches que 
ces plumes repréfentent, On peut en- 
core s'en fervir pour écrire , comme de 
celles des Oies. 

illugkby , dans la courte 
description qu'il fait de l'Outarde , 
dit qu'elle fe nourrit de grains , de 
graines d'herbes, de Choux, de feuilles 
de Piffenlit , Sec, qu'elle fe trouve 
en Angleterre dans les belles cam- 
pagnes, fituées près des Bourgs de 



O U T 

Nevmarket Se de Royfton , dans le 
Cambridgeshire & la Province de Suf- 
folcfc ou ailleurs, dans de vaftes plaines. 
Suivant le témoignage d'H ector 
B o e T i u s , dans la Marche Se en 
Eco fie , il naît des oifeaux , nommés 
Guflarder en terme du pays , fembla- 
bles aux Perdrix pour le plumage , 
mais qui furpaffent les Cygnes par le 
volume du corps, Quelques-uns difent 
qu'on peut les prendre à la main , 
avant qu'ils puifTent s'envoler ; mais 
quoique les Outardes demandent du 
temps pour pouvoir s'élever de terre, 
elles fè montrent cependant chez nous 
fort timides & circonfpecr.es , ajoute 
WiLLUGHBY.en forte qu'elles ne fe 
laifTent point approcher , Se que quand 
elles voyent un homme de loin, elles 
prennentincontinentla fuite. Selon Al- 
DRO VANDE, ces oifeaux ne fe ren- 
contrent point en Italie , à moins que 
la tempête ne les y apporte par ha- 
zard ; mais Willughby rapporte 
que dans fon voyage d'Italie il a vu à 
Modene une Outarde expofée en vente 
au Marché , ce qui lui a fait foupçonuer 
que cet oifeau n'eft pas rare dans ce 
pays-là. Ceux qui en ont voulu nour- 
rir, rapportent qu'il meurt de chagrin 
de fe voir privé de fa liberté. Il s'é- 
touffe lui-même , en retirant fon fouf- 
fle Se s'empêchantla refpiration. Albin 
(Tome III ■ n. 38. & 39.) dît que M. 
DouOLASa remarqué que le mâle 
avoit deux eftomacs , dont l'un eft 
pour la nourriture, Se l'autre fert de 
réfervoir d'eau , pour lui fournir de 
quoi boire , pareeque ces oifeaux fe 
nourriffent dans des bruyères éloignées 
des lacs Se des rivières. Les Outardes 
viennent des pays Septentrionaux & 
des Alpes en Champagne Se en Poitou. 
On en voit en grand nombre en Ef- 
pagne. Les Sauvages fe font des robes 
des plumes d'Outardes. 

L'Outarde contient beaucoup de fel 
volatil. Cet oifeau eft d'ufage en ali- 
ment 8c p=iffr pour un mander délicieux, 
fur-tout quand on le choiiit jeune , 



O U V O U Y 31* 

tendre Se gras , ou bien en chair ; mais 
comme il eft affèz rare Se fort cher , iî 
n'y a gueres que les gens riches qui en 
puifTent faire ufage. 11 fournit un bon 
fuc Se de facile digeftion. Il convient 
à toute forte d'âge Se de tempéra- 
ment.On ne fe fertde l'Outarde en Mé- 
decine qu'extérieurement. Sa graille 
eft anodine & réfolutive. On s'en fert 
en Uniment , pour fortifier les nerfs 
pour calmer la douleur des hémorrhoï- 
des , & contre la furdité , étant intro- 
duite dans l'oreille. Sa fiente eft réfo- 
lutive & propre pour la galle. 

Les Auteurs qui ont écrit fur l'Outarde, 
font L É m e r y , p. 643 . G ë s n £ r , de Avtb. 
p. 484. B e l o n, de la Nat. des Oif. p. zjé* 
AlijROVanuk ) Ornhh. 1. p. S 1 ). Schwenck- 
fèld , Av. Silef. p. îîf. Jonston , de Avtb. 
p. 41. Charleton, Onom. Zoic, p. 75. 
Wl L lu g H b Y , Ornith. p. 1 xg. Ray , Synop, 
M.th.Av, p. 58. & les autres. 

O U V 

OUVRIERES, nom donné aux 
Abeilles auxquelles on ne trouve point 
de parties fexuelles , parties qui font 
fort diftinftes refpeftivement dans les 
mâles Se dans les femelles. Voyez au 
mot ABEILLE. 

O U Y 

OU Y R A O VAS S OU, grand 
oifeau de l'Amérique, dont parle Laet 
(Ind. Occident. L. XVI. c. 1.3.). Les 
Sauvages , dit-il , ont coutume de don- 
ner à tous les oifeaux le nom à'Oura , 
oud'Ouyra. Celui-ci eft prefque plus 
grand du double qu'une Aigle. U eft 
couvert de très-belles plumes. Ses on- 
gles font aigus; fon bec eft fort, On a 
vû une plume des ailes de cet oifeau, 
qui avoit plus d'une aune de long r 
elle étoit d'une très-belle couleur s 
marquée de taches rondes, comme les 
plumes des Poules d' Afrique. Cet oi- 
feau eft fi fort qu'il rue lui feul Se dé- 
chire une Brebis. 11 lui eft facile de 
terraffer un homme ; il fait la chafTe 
aux Cer's. VoilA ce que nous apprend 
Ru ï $Cn{de Avib. p. 125.)» d'après 



O X Y 



Laet, de VOnyra Ovajfou , qui peut 
bien être cette efpece de Vautour 
nommé Cuntur. Voyez ce mot. 

O X Y 

OXYLIPARON; Les An- 
ciens , dit G e s n e R (de Aqitat. p. 
771.) > donnoîent ce nom àTafTaifon- 
nement qu'ils faifoient au poilton que 
l'on fervoit fur leurs tables. 

OXYRHYNCHOS:Ce nom 
eft Grec , Se eft donné à des poiflbns 
qui ont le bec pointu , Pifces Oxyrhyn- 
ckt. Ronde 1. et( Part. II. chap. 1 7. 
p. 141. Edit. Franc. ) dit qu'on en 
trouve de huit coudées de long dans 
un lac voifin de la mer Cafpienne. On 
les vend defféchés Se Talés. On fait de 
la farine avec la graille de ce poif- 
fon , Se les entrailles cuites fervent de 
colle. 

Il y a , dit le même Auteur, un au- 
tre Oxyrhynchus du Nil , que les Pê- 
cheurs fe gardent bien de prendre , 
l'ayant en grande vénération. 

Il parle encore d'un Oxyrhynchus de 
la mer Rouge , qui a la bouche fort 
longue , les yeux reluifans comme de 
l'or, & des marques pâles au dos ; fes 
premières nageoires font noires ■ cel- 
les du dos font blanches. La queue 
eft longue Se verte , Se il y a une ligne 



O Y E O Z T 

dorée dans le milieu. Rondelet 
n'ayant point vu de ces poiiTons, n'en 
donne pas la figure. 

Il y a un poilïbn qu'on nomme Hau- 
tin à Anvers. 11 a le bec long , menu , 
fort pointu , mou & noir. Il eft nom- 
mé Oxyrhynchus par RoNDELET,& 
G e s N e r ( de Aqttat. p. 771-) croit 
que ce Haitùn eft le Schw.il des Al- 
lemands , Se le Snepel des Hollandois. 
Il dit auffi que le Muge de mer, de 
lac Se de rivière , eft nommé Oxyrhyn- 
chus- par Diphilus, comme on la 
voit dans Athénée. 

O Y E 

O Y E , oîfeau aquatique. Voyez 
au mot OIE. 

O Z T 

O Z T O A : C'eft une efpece d« 
Renard des Indes , dit R u y s c h C de 
Qjtad. p. 94 ) , d'après N 1 e r e m- 
b e r g , Hijb. Exot. L. IX. c. 1 o. Cet 
animal eft de la figure & de la gran- 
deur de nos Renards : fon poil eft blanc 
& noir, Se en quelques parties roux. 
Il fe retire dans des fofies , & il élevé 
fes petits dans des trous de terre. 
Quand il ne peut éviter la main du 
ChaOeur , il la mord cruellement , & il 
contrefait le mort. 




PAC 



PAC PAG 



W~\ A C , nom que les Perfans don- 
nent à une espèce d'Aigle de 
mer , nommée en Afrique Ma- 
r oly. Voyez ce mot. 

PACA, forte d'animal femblable 
à un petitPourceau de deux mois. 11 y 
en a une grande quantité dans Le Bré- 
sil , Se quelques-uns font blancs com- 
me la neige. Leur chair a peine à cui- 
re. Les blancs fe trouvent principale- 
ment auprès des rivages de la rivière 
de Saint François , Se fort rarement ail- 
leurs. M. B r i s S o N ( p. 1 44. ) le met 
dans le genre du Lapin , Se le nomme 
Cuniculus caudams , auritiis , pilis obj- 
curè fuïvis , rigidif , limis ex albo Jla- 
vefeentibus ad latera difiinÙis, M. 
Klein ( Dif'p. Qnad. p. 50. ) le ran- 
ge dans la famille des Tétradactyles , 
Se parmi les Cavia , petits animaux , 
dit-il , que les Portugais nomment 
Ratos-do-Matto , qui habitent les bois, 
ont le poil Se la voix du Pourceau , 
appelles Porcelli Se Cunicitli Amcri- 
cani , parecqu'ils fe retirent drns des 
irons , ou dans des arbres creux. Le 
Paca a depuis le bout du toufeau juf- 
qu'à la queue environ un pied de long. 
Sa tête eft grofte , Se a quatre pouces 
de large depuis les narines jufqu'à l'oc- 
ciput : fa mâchoire inférieure eft plus 
courte que la fupérieure. Cet animal a 
une grande barbe de Lièvre , des oreil- 
les pointues Se très-courtes , ainfi que 
la queue ; les jambes de devant font 
un peu plus courtes que celles de der- 
rière : il a cinq doigts à chaque pied, 
le doigt intérieur des pieds de devant 
eft très-petit, & articulé plus haut que 
les quatre autres : les trois doigts du 
milieu des pieds de derrière font les 
plus grands ; mais l'intérieur eft encore 
plus petit, Se articulé plus haut que 
l'extérieur. Son corps eft couvert de 
Tome III. 



poils courts rudes au toucher , d'un 
fauve foncé deffus, avec trois bandes 
étroites longitudinales de chaque côté, 
qui font d'un blanc jaunâtre , Se le refte 
du corps en deiTous eft de la même cou- 
leur. Un le trouve à la Guiane Se au 
Brèûi. C'eft le même animal dont j'ai 
parlé au mot COATI AS, Tome L 
p. 660. de ce Dictionnaire. Les Guianois 
le nomment Gurena Se Pax. M. Bar- 
rere( Hift.de la France Eùttin. p. 1 5 2 ) 
l'appelle Cimiculus major paluftris,j ~aj- 
ciis aibis nota tus. R a y ( Synop. Qnad. 
p. ix6.) lui donne le nom de AliisBra- 
fditnftsmagnits,Porcelli pilis & voce s Se 
il eft nommé Paca par Marc Grave, 
Hift. Brafd. p. 224. ainfi que par Jons- 
ton , Quad. p. iii. Se par Pison, 
Hi(l. Nat. p. tôt 

PACO, ouPACOS,Brebisdu 
Pérou , un peu plus grande que nos 
Brebis, Se plus pLtite qu'une Géniffe. 
L lie a le col long, comme les Cha- 
meaux , les jambes longues & le corps 
bien proportionné : il y en a de blan- 
ches , de noires , de minimes , Se d'au- 
tres bigarrées de différentes couleurs, 
appellées par les Indien:; Moromori , 
ou Moromoro. Leur chair eft bonne , 
quoique groffieve, Se eft beaucoup meil-, 
leure Se plus délicate que celle de 
l'Agneau. 11 eft rare qu'on tue ces 
animaux , à caufe que leur laine fert à 
faire des étoffes , & qu'elles font plus 
de profit à porter des fardeaux. On les 
voit quelquefois en troupes de plus de 
trois cents Se même de mille enfem- 
ble , chargées de toutes fortes demar- 
chandifes, dont elles portent pour l'or- 
dinaire cent livres pefant , Se quelque- 
fois .jufqu'à cent cinquante, félon le 
chemin qu'elles ont à faire ; elles ne 
font que trois ou quatre lieues par 
jour , Se leurs Conducteurs favent les 

Rr 



3 i4 PAC PAG 

lieux où il y a abondance de pâture 
Se de l'eau pour ces bêtes : ils y dref- 
fent des tentes , Se déchargent leurs- 
fardeaux. Quand il n'y a qu'un jour de 
chemin , elles font huit ou dix lieues 
& portent deux cents livres pefant, H y 
en a que la force du travail fait cou- 
cher par terre avec leurs charges, fans 
qu'on les puilfe faire lever ni par me- 
naces , ni avec les coups. Ces animaux 
fè plaifent dans les lieux froids. Us 
multiplient beaucoup dans les monta- 
gnes , Se meurent dans la plaine par 
trop de chaleur. R A y { Sytwp-, Anim- 
Qttad. p. 147.) parle de cette efpece 
de Brebis , Se M. L 1 n n m u s ( Syfi. 
Nat. Edit. 6. p. 29. fpec. 4. ) , qui la 
met dans l'ordre des Pecora ,. Se du 
rang des Chameaux, la nomme Came- 
lits gibbis nulles. Cet animal eft chez 
M. K l e 1 n f Difp. QuM. p- 4*- ) dans 
la famille, des Didactyles. C'eft l'OWx 
Chilenfis de J o n s t o N , Qitad. p. 46". 
& de C H a r l e t o N , Exerc. p. 9. 
VOvis Veruana de Marc Grave, 

jj. 244. & d'H ERNANDEZ, Jilft. 

Mexic. p. 66t,, 

PACQUIRES, forte d'ani- 
maux ,, qu'on trouve dans l'Irte de 
Tabago, & que les Sauvages de la 
Terre-Ferme ont ainfi nommés. C'eft 
une efpece de Porc. Ils ont le lard 
fort ferme, peu de poil & le nombril 
fur le dos. 

PAG 

PAG : C'eft une bête fauvage qui 
fe trouve dans le Bréfil , qui eft d'une 
moyenne hauteur, Se de la grandeur 
d'un Chien de quête : fa tête eft extrê- 
mement difforme, & fa peau Fort bel- 
le ,. mouchetée de taches blanches ,. 
grifes Se noires. Le goût de fà chair 
approche de celui qu'a la chair de 
Veau. 

PAGANELLE, ou PAGA- 
NE LLO , nom que les Vénitiens 
donnent à une efpece de Goujon de 
mer , qui eft mis dans le rang des poif- 
£ons, à. nageoires: épjneufes », Fijces; 



PAG 

acanthopterygiïy Se qu'ARTEDi (Ichth; 
Parc. V. p. 46. ) nomme Gobius knék 
lut eu tranjverja in j'ummo pinna dor- 
falis primâ. C'eft le Boitlerot, ou Go«, 
jon de mer de R O N D E L E T. Voyez 1 

BOULEROT Se GOUJON 
DE MER. 

PAGE DE LA REINE: Les 

Holiandois donnent ce nom à un beau 
Papillon de Surinam , qui vient d'une 
Chcuille toute couverte de pointes ,. 
au bout dcfquelles pend une toile 
toute noire. On voit la Chenille Se le 
Papillon qui en provient repréfentésà 
la Planche XL111. de YHifiuire des In~ 
jeties de Surinam , par M c Merian. 

P A G E L , poilfon de mer à na- 
geoires épineufes , mis dans le rang des 
Spares par Artedi, Ichth; Parc. V. 
p. 59. n. 5. H le nomme Sparus tôt ut 
rubens , iride argenteâ. C'eft l'Èpû^noç 

d'A R I S T O T E , L.1V.C. II. L. Vf. 

c . 1 3 . d'A t h ê n i e , L. VIL c. 3 00. 
Se d'O P P i E N , L. I f. i.c8. nommé 
en Latin Erythrinus , Se Erythinus par' 
Ovide, Mal. v. 104. de même que 1 
par Pline, L. IX. c. 16. & 53.. 
L. XXXIL c.t).& i-o. par B e L o N „ 
de Pifcib. par G E S N E R , de Aqiiat,. 
p. 435. par Jonston , L. L c. 1. 
par Wiliughbt, p. 311. par Ray,, 
p. 132. n. <f. par Charleton,, 
p. 140. Se par Aldrovande , p. 154.. 
Gaza ( L. XXXII. c. 9. ) a traduit 
le mot Grec par Rubeliio, A V 'enîfe: 
on nomme ce poîflbn Albora Se Al— 
boro i en Ligurie , Pagro s à Rome ,, 
Frangolino ScFragolino. Les Grecs mo- 
dernes , dit Ronde l et (L. XV, 
c. \6. p.. 128. Edit. Franc. y, le nom- 
ment A'.dpaov. II y en a qui le confon- 
dent avec le Pagre. Selon le même 
Naturalifte, il ne faut pas aufli le con- 
fondre avec le Rouget, Auïstote 
marque que le Pagel vît dans la hau- 
te mer , Se Ofpien dît proche des* 
rivages. L'un Se l'autre ont raifon. 
Dans* l'hiver , il ne quitte point la : 
haute mer,.& l'été , il vient proche 
des rivages ,.où on le pêche. Il eUrouje; 



PAG 

en couleur , tirant fur le rouge. Son 
ventre eft blanc. Parla forme du corps, 
la fituation & le nombre de fes na- 
geoires . de fes aiguillons & de fes 
ouïes , il reflemble au Pagre, Il a le 
mufeauplus pointu & plus étroit, le 
corps moins iarge , les yeux grands , 
deux taches dorées , la bouche petite, 
les dents fort petites, rondes & poin- 
tues. La chair de ce poiflon eft blan- 
che ; le foie eft bLanc Se rouge, le fiel 
y eft attaché , & la ratte eft d'une cou- 
leur entre -.rouge Se noire. 11 a des 
pierres dans la tête. On ne diftingue 
point le mâle d'avec la femelle. R o n- 
d f. l e T dit que tous les F âge! s font 
femelles, pareequ'on les trouve pleins 
d'œufs. On en pèche en été , Se peu 
en hiver , pareequ'ils font dans la hau- 
te mer. Quand le Pagel eft vieux , il 
n'eft pas fi rouge que lorfqu'il eft 
jeune , Se alors il reflemble au Syna- 
gris ; mais on diftingue l'un de l'au- 
tre par les dents Se par les Riches. Le 
Pagtl pafloit chez les Anciens pour un 
portion ni bon , ni mauvais ; cependant 
il eft meilleur que bien d'autres poif- 
fons. Au rapport de Rondelet, il 
engendre un bon fuc , il nourrit bien-, 
il n'eft point de dure digeftion , Se il ne 
lâche pas le ventre. 

PAG G ERE, nom que les Por- 
tugais donnent à un poiflon teftacée 
du Cap de Bonne-Elpérance. 11 a , dît 
KoLBE ( Defcript. du Cap de Bonne- 
Efpêrance , Tome III p. i 5 3 . ) , fur Ja 
tête une efpeee de corne , ou de pi- 
quant fi venimeux , que ft la main en 
eft Méfiée , on y fent des douleurs 
cruelles. L'inflammation s'y joint, & 
même on perd la main , à moins qu'on 
n'y apporte un prompt remède. 

P A G O , nom que les Lapons 
donnent au Cbaradrior, qui eft YOijéiat 
de roebe. Voyez CHARADRIOS. 

PAGRE, poiflon de mer à na- 
geoires épineufes, mis, comme le Pa- 
ge! , dans le rang des Sparcs , par 
Artfdi (kbth. Pan.V. p. 6\. n.15.), 
eft nommé Spams rubej'cens , nue ad 



PAG 3 tJ 

radieem pinnetrum dorfi & an \ \ n f miim 
produllk. C'eft le our-poï d'AïusxoTE , 
L.VUI. c. 131. d'É lien, L. IX. 
c. 7. p. 5.17. es- L. X. c. iç.. Se d'A- 
T M Ë NÉE,, L. VU. p. 3 27. ainfi que 
I e Pagntr des Latins , dont parle Pli- 
ne, L. IX. C 16. L. XXXI. c. 10, 
Cuba., L. III. c . 66. fol. 8d G e s- 
N E r , de Aquat. p. 773. Al D U o- 

V A N D E , L. II. c. 8. p. ! 5 I. W I L- 
L U G H B Y , p . 3 I 2. & R A Y , p. I 3 I. 

». 2. On le nomme Pagro à Gênes; 
a Sea-Brcam , en Anglois ; Bcgvz.o , ta 
Efpagne , dit Rondelet, âc Pha- 
gros , en Portugal. 

Le Pagre eft un poiflon de mer , qui 
fuit les rivages , Se quelquefois la hau- 
te mer. Il eft mis par Athénée Se 
par Strabon dans le rang des poif- 
fons du Nil. Il reflemble, dit Ro N- 

DELET ( £«5!. V. ch.ip. 15. p. 127. 

Edit. Frar/f.) , à la petite Dorade par 
le corps, & par les nageoires conftdé- 
rëes félon leur fituntion Se leur nombre. 
Il es diffère par les aiguillons , par la 
queue Se par la couleur. Il eft roux , 
tirant fur le rouge , Se en cela il ref- 
fcmble au Pagel , ce qui fait qu'on les 
confond l'un Se l'autre : mais le Pagre 
tire furie bleu pendant l'hiver, Se le 
Pagel en tout temps eft rouge. Le Pa- 
gre a le mufeau plus épais, plus rond 
Se de la figure d'un nez aquilin. Son 
corps eft plus rond Se plus large ; fort 
eftomac eft plus grand ; fa ratte plus 
petite. Ce poiiTon a une grande veflie 
pleine d'air ; l'eftomac Se les boyaux 
font faits comme ceux de la Dorade ; 
le foie eft fans fiel ; le cœur eft fait en 
forme d'angle , Se il a des pierres au 
cerveau , ce qui fait qu'il craint le 
froid. Il vit de bourbier, d'algue , Se 
de chair, comme de Sèches , de Caf- 
ferons , Se autres petits poifïbns de ce 
genre. Athénée dit que le Pagre 
eft un poiflon folitaire ; d'autres dî/ent 
qu'on le pêche toujours en troupe. Sa 
chair eft aflez feche j elle ne lâche pas. 
Le Pagre qui ne quitte point la mer 
pour entrer dans les rivières , eft le 
Rrij 



3 id PAG P A I 

meilleur. Ce poiflbn eft carnaffier, dît 
Belon, Il fe retire dans les pierres. 
Celui de rivière , dit Eli en , annonce 
en Egypte le débordement du Nil. 

PAGULL, nom , dit Gesner , 
qu'on donne dans les parties Méri- 
dionales de la France , au Pagurus » 
féconde efpece de Cancre. Voyez au 
mot Ç AN Cil E. 

P A I 

PAILLES EN CUL, ou 
FÉTUS EN CUL: On trouve 
encre les deux Tropiques certains oi- 
feaux , auxquels on a donné le nom 
A- Oifeaux du Tropique , parcequ'on ne 
les rencontre jamais hors de ces deux 
bornes. L'efpace de leur promenade ne 
la'iïe pas que d'être bien raifonnable , 
puisqu'il renferme toute la Zone Tor- 
vide. C'eft un pays que l'Antiquité 
ignorante avoit fait inhabitable. Les 
Matelots qui donnent des noms aux 
chofes, conformément à leur manière 
de penfer Se de parler, les ont appel- 
lés railles en cul , ou Fétus en cul. 
Nous en dirons la raifon , d'après le P. 
La bat, qui en parle dans fes Voya- 
ges aux IJIes de l 3 'Amérique , Tome Vlll. 
p.. 305. Ces oifeaux font à-peu-pres 
de la grolTeur d'un Pigeon, ils ont la 
tête petite & bien faite.; le bec d'en- 
viron trois pouces de longueur , allez 
gros , tort Se pointu , Se tout rouge , 
auiïi-bien que les pieds , qui font faits 
comme ceux des Canards. Ils ont b.s 
ailes beaucoup jlus grandes , 5c plus 
fortes que leur corps ne femble le 
demander. Les plumes dts ailes Se de 
tout le corps font très-blanches. La 
queue eft compofée de douze à quinze 
plumes de cinq ou fix pouces de lon- 
gueur ,. du milieu defquelles fortenr 
deux plumes de quinze a dix-huit pou- 
ces de longueur , qui font accollécs , 
Se qui femblent n'en faire qu'une feu- 
le ; c'eft ce qui" a donné occafion aux 
Matelots de les appeller Pailles en cuL 
Ces oifeaux volent très-bien Se très- 
Jàaut:. ils s'éloignent des terres autant 



P A I 

que les oifeaux nommés Frégates, rnru? 
ils fe repofent fur l'eau comme les Ca- 
nards. Ils vivent de poiifons. Ils pon- 
dent, couvent & élèvent leurs petits 
dans les Ifles défertes , Se dorment , 
félon les apparences , fur l'eau. Le] P. 
L a b A t dît qu'il n'en a jamais vû 
dans l'ille où il étoit , Si que ce n'eu: 
qu'en partant qu'on en a tué quelques- 
uns, qui lui ont donné le moyen de 
faire la deferiptioh que l'on vient de 
voir. 

PAISSE SOLITAIRE, ou 
PASSE, en Latin Pajjer j'olitariitj. 
On ignore , dit Belon {de la Nat. 
dts Oi/. L. VI. c. 30. p. 312.) quel 
nom les Anciens ont donné à cet oifeau. 
Il tient beaucoup du Roffignol par fa 
contenance. Il cft de la grorteur d'un 
Mauvis. On le pourroit prendre pour 
une efpece de Grive. Son plumage cft 
grîvelé. On diftingue Je mâle d'avec 
la femelle. Le mâle eft plus haut en 
couleur. Les plumes de. la poitrine Se 
des deux côtés font couleur de datte; 
fes taches font de différentes couleurs. 
Il a le deflus du dos cendré , tacheté 
de fauve ; fà queue eft de couleur 
rou'Te, comme celle du Roffignol. Il 
la remue après avoir volé ou marché 
en avant. Son bec eft rond , pointu Se 
blanchâtre , quelque peu obfcurci de 
noir par le bout, & beaucoup plus fort 
que celui d'une Grive ou d'un Merle. 
Cet oifeau a les jambes Se les pieds 
comme ceux des Grives Se de la même 
Couleur; les yeux de même Se bordés 
de plumes blanches, Il fe nourrit d'in- 
fectes vivans , fréquente h s plaines Se. 
les vallées, Se fe retire, dans certains 
temps de l'année , fous les toits des 
maifons couvertes de tuiles concaves, 
que l'on nomme imiricées , dont on 
couvre les châteaux fi tués dans les mon- 
tagnes , comme dans le Forez Se l'Au- 
vergne, en Italie Se en Provence. On 
eftime cet oifeau , dit Belon , à caufe 
de fon chant doux Se agréable. Ceux 
qu'on élevé en cage chantent la nuit 
comme le jour,, & fur-tout à la clartC: 



P A K 

de la lumière. On peut mettre cet 
oifeau dans le genre des Merles , ayant 
beaucoup de rapport avec le noir. 

Selon A l D r o v a n d e il eft un peu 
moindre que le Merle. Son bec eft 
allez long , un peu courbé; fa tête eft 
petite , à proportion du corps : le deffus 
elt uni Se noir au commencement des 
plumes : cet oifeau eft cependant noir, 
ruais non, pas tant que le Merle. La 
femelle eft toute brune. Sa poitrine eft 
diverfifiée de taches jaunâtres.Sc elle ne 
refll-mble nullement au mâle. Elle fait 
fon nid dans les lieux pleins de rochers 
& buiftonneux. Cet oifeau vit en cage 
huit à dix ans quand on en a foin. On 
lui donne pour nourriture de la pâtée , 
faite avec du cœur de Bœuf, des jaunes 
d'œufs & du mafiepain. Le Paijje fait- 
taire |ft fujet aux mêmes maladies que 
le Serin commun , ainfi qu'aux fpafmes, 
aux oppreflîons de poitrine , à caufe de 
fa trop grande chaleur naturelle. Il eft 
même encore fujet aux vertiges Se au 
mal caduc , & fur-tout à la mélanco- 
-fe^do n t le plus fouvent il meurt — 

P A K 



P A K 



3*7 



P A K : C'eft le même animal que 
le Paca. Voyez PACA. 

P A K A S S E , efpece d'animal , 
qui fe trouve clans le Royaume de 
Congo. Il reffemble au Burle , & il a 
le rugilTement du Lion. Hift. Gcnér. 
des Voyages y Tome XVl. p. 77. Ldit. 
in-i 2. 

P A K E L , nom que M. A D A n- 
S o n ( Hifr. Nat. des Coquillages du Sé- 
négal „ p. 105.) donne à un Coquil- 
lage operculé du genre de la Pourpre , 
dont il fait la troifieme efpece , qu'il 
dit avoir vû au Sénégal, fur les rochers 
du Cap Manuel. Voici la defeription 
qu'il donne de la coquille & de l'ani- 
mal. 

La coquille, dit-il , eft obtufe à fes 
extrémités , Se extrêmement applatie de 
devant en arrière. Sa longueur eft 
d'environ deux pouces , fur une lar- 



épaifle , mais d'une grande dureté , 8c 
formée de cinq fpires fort renflées. La 
première furpafle trois ou quatre foi» 
toutes les autres en longueur. Sa fur- 
face extérieure eft environnée de vingt- 
cinq petits filions , & de fix à fept 
rangs de boflettes pointues. Les au- 
tres font nues , Se fi peu détachées T 
qu'on peut à peine les diftinpuer. Le 
fommet qu'elles forment eft fort court, 
obtus à fon extrémité , près ce deux 
fois plus large que long , Se trois fois 
plus court que l'ouverture. 

L'ouverture eft beaucoup plus gran- 
de que dans les deux premières efpe- 
cts , eu égard au volume de la coquil- 
le , mais elle conferve les mêmes pro- 
portions. Le canal fupérieur eft un peu 
moins profond que large. 

La lèvre droite reflemble à celle de 
la première efpece de ce genre de 
Coquillage , Se elle eft de plus ondée 
à fix endroits dilrerens , au-deflbus de 
chaque rang de boflettes. La lèvre 
gauche préfente au-dehors une furface 
très-large Se applatie, dont4-'extrémité 
supérieure , au lieu d'être arrondie eu 
bourrelet , forme une petite côte aiguë 
Se tranchante , dont les bords font gar' 
nis d'une .douzaine de petites dents. 

Cne croûte tarrreuie , tantôt ver- 
dâtre, tantôt de couleur de chair ..cou- 
vre ces coquilles. Quand on l'a enle- 
vée , on voit que les jeunes font d'urr 
brun violet , 5c que les vieilles fonr 
marbrées de brun & de verd : au-dedans 
elles iont de couleur d'azur rcmWuni.- 
La lèvre gauche de l'ouverture eft- 
fauve, Se la droite eft violette. 

L'animal diffère de celui des deux' 
premières efpeccs , en ce que fa cou- 
leur eft plus foncée Se tire fur le vio- 
let. Son opercule eft auflî prîs de deux 
fois plus court que l'ouverture de la. 
coquille. 

A la forme applatie de la coquille,. 
& à la croûte qui la recouvre, on la 
prendroit au premier abord pour la; 
coquille d'un Ormier. M, Adanscw 



geur moindre de moitié. Elle eft peu dit que lorfqu'orf greffe un peu l'oper- 



3 i8 PAL 

cule de cet animal , après qu'il efl ren- 
tré dans fa coquille , il rend une afTez 
grande quantité de liqueur » qui efl 
d'abord verdâtre , & qui devient Pour- 
pre foncé en fe defféchant. On fait 
que cette propriété efl commune à la 
plupart des efpeces de ce genre. On 
voit la figure de cett 1 forte de Coquil- 
lage à la Planche VII. n. 3. de l'Ou- 
vrage ci-defftis cité. 

L'Auteur range fous le nom de Pa- 
kel , la Cocblea cinerea , tonfillas nigri- 
cantes gcjliens , ore valdè expanfo & 
aperto , iabris carnets,, parte intima ci~ 
nereà , fafciis violacés ftgnata , de 
Bo NANNi, Recr. p. J 65. clajf. 3. 
n. 3<58. 

Le Buccimim breviroflrum , labrofum, 
jrajjitm , nodofum , columella latâ, pla- 
na , Barbadenfe , de L 1 s T E a , Hifi. 
Conchyl. Tab. 980. fig. 49. 

Le Bnccbium majus , canaliculatam 
& [ulcatum., ftrïatwn, papillofum, la- 
it 0 ex ter no fatis patulo , & minutiffimè 
dentato , fafciis atbidis & pïceis lu- 
cide depillum , de G u A L T I E K 1 , Inà. 
Tab. & p. 5 I . litt. E. 

Et la Marnmaverrucefj.., papillâ pro~ 
minente } labio oris ad cohtmellam re- 
pando , extus denfts variai is afptra , m- 
gricans , intus cornea , dont parle M. 
Klei n , d'après L i.S T E a , Tent, 
$. Z2. Jpec. p. 

PAL 

PAL , nom qu'on donne dans le 
Languedoc & fur les côtes de Gênes 
à la quatrième efpece de Chien de mer , 
que les Grecs nomment TaMos Kuxv.. 
Voyez CHIEN DE MER. 

PALETTE, PALE, ou 
CUILLIER, nommée en Grec 
AtvKipûSioi,, ou n^EKetyoc, félon A ri S- 
T o T e , & .en Latin Albardeola , ou 
Platea. Cet oifeau efl un Héron blanc , 
comme les deux mots Grec Se La- 
tin le défignent. M. Pîriuu l t 
{ Mémoires de l'Académie des Sciences, 
Tome III. Part. III. % qui a donné la 
.deicriptio.n aoatomique de quatre Pa- 



V A L 

lettes , ne fait pourquoi on a mïs cet 
oifeau au nombre des Hérons ; car 
d'avoir un panache au derrière de la 
tête & -vivre de poifTons , comme le 
Héron , font des chofes qui lui font 
communes avec beaucoup d'oifeaux. 
Cet oifeau d'ailleurs en efl très- diffé- 
rent. Les noms qu'on lui a donnés à 
caufe de la figure de fon bec , femblent 
avoir plus de fondement. On l'appelle 
Platea en Latin , parecque fon bec efl 
large., félon la fîgnification du Grec, 
dont le mot Latin efl dérivé. On le 
nomme en François Palette ou Pale , 
pareeque la largeur de fon bec efl vers 
la fin , Se que le commencement qui efl 
plus étroit repréfente le manche d'una 
pelle ou d'une palette. Quelques-uns 
lui donnent aufli le nom de Poche & de 
Cuiliier* à caufe de cette figure 1 ce- 
pendant, (.c'efl la remarque de M, 
Pe u r a ul t), le nojn de poche & ce- 
lui de cuillier ne conviennent point au 
bec de la Palette , pareeque l'élargiffe- 
ment que cet oifeau a par le bout n'eft 
point creux comme une poche , ni com- 
me une cuillier, mais feulement plat 
comme une palette. 

Le même Auteur croit que la figure 
du bec de la Palette a été caufe qu'on 
l'a confondue avec le Pélican , & que 
ScaliGîr, de même que Gaza, 
ont interprété le UiMaaioc d' A R 1 s- 
T o t e par Platea , fuppofant que le 
bec de la Palettes, la figure d'une ha- 
che, qui eflappellée en Grec ïiiïtxv; s 
Se que la Palette coupe les arbres avec 
fon bec , ainfi que S u 1 D A s dit que fait 
le Pélican, qu'il confond avec leDw- 
dronolaptes d'A ristote, qui eft le 
Pivoine. Les chofes qu'A R 1 s T o T E 
Se Éjlien dîfent que le Pélican fait 
avec fon bec, Pline l'a dit de la 
Palette: c'efl ce qui fait que les In- 
terprètes d'A r 1 s t o t e ont confondu 
ces deux oifeaux enfemble. Cependant 
quoique la figure du bec de la Palette 
reflemble en quelque façon à une ha- 
che qui coupe des deux côtés , à 
caufe de l'élargiffement qu'il a vers le 



PAL 

bout, il eft certain que n'ayant pas la 
dureté fans laquelle une hache ne 
fauroit agir ,• la Palette ne peut cou- 
per , nî percer les arbres. 

Aldrovande dit avoir vu une 
Palette qui avûit des plumes rouges 
au col Se fur le dos. Celles dont M. 
J? e R R a u l t a fait la diffeclion , 
étoient bl anches par tout le corps , mais 
d'un blanc qui paroifToit un peu fale 
vers l'extrémité des plumes : ces plu- 
mes étoient courtes au col Se fort lon- 
gues Se fort étroites au derrière de la 
tête , où elles faifoient comme un pa- 
nache renverfé en arrière. 11 y avoit 
des plumes jufqu'à la moitié de la jam- 
be: le refte étoit couvert d'écaillés pe- 
tites , qui n'avoient pas plus d'une 
ligne ,. d'un gris brun & par-tout de 
figure hexagone , excepté aux doigts , 
où' elles étoient en table. Les ongles 
étoient longs Se pointus. Le bec large 
8c rond par le bout , comme on l'a dit , 
avoit à fa partie fupérieure une petite 
pointe recourbée en deffous : il étoit 
d'un gris brun , femé de taches noires 
vers le commencement , jaune vers la 
fin où il s'élargit , Se femé de tachts 
rouges par le milieu. Ce bec qui eft 
d'une fubftance ferme 8c queJoNSTON 
(deAviè. L. IV. c. 4. art. 2.) 8c A l- 
D R o V an DEC Ornitb. L. 20. c. 1 3.) 
comparent à du cuir» ne paroît point 
avoir la force qui feroit néceffaïre pour 
l'action qu'A r 1 s T o T E attribue au 
Pélican , 8c que Pline ( Hifi. Nat. 
L.1X. c. 9 ) dit de la Palette , qui eft 
de fuivre lesoifeaux qui plongent, Se 
quand ils reviennent fur l'eau avec 
leur proie, de leur faire lâcher prife 
en les mordant par la tête ; car ce bec 
long 8c pliable comme il eft ne fauroit' 
ferrer que faiblement. 

Nicord dit qu'ily a deux efpeces 
de Pale , l'une plus grande , qu'on 
appelle Po he,- 8c l'autre plus-petite , ; 
qu'on appelle Pale ou Cuillier , àcaufe' 
de la forme de fon bec. B E L o N qui 
rapporte la même chofe marque que 
cet oifeau compofe fon' nid de buchet- 



P A L 3 19 

tes , au haut des arbres , près de la mer , 
principalement fur les confins de la Bre- 
tagne & du Poitou. Il élevé jufqu'i 
quatre petits, 

M, L 1 N N m u S ( Faima Sicec. 
p. 31. n. 87.) met la Palette dans le 
rang des Aves Anfcres , Se nomme cet 
oifeau Arias roftm piano , apice dilata- 
to , rotitndatoque. B e L o n ( de la Nat. 
des Gif, L. IV. c'y.) parle de cet oi- 
feau , que les Angloïs nomment Spoon-- 
bill, G e s n e R {Av. p. 666.) en fait- 
mention, fous le nom de Pelecanusy 
ou Piatea. 

On peut encore fur cet oifeau eonfulter 
Aldrovande, Ornuh. L. XX. c. 13 . la 
Muj'œum IVortnenfe , Setl. H, ». 10. t. 11. 
/. z-o. Se Mufatum d'O l h a r i u s , L. XXUI.- 
t. ij./. 4. J o n s t o n, Omîih. t. 46. la' 
Comte de Marsilly, Danuh. 5. p'. 18.. 
r. 1 z. \V 1 l l v g h e y , Omirh. m. t. 51. & 
Ray, Syncp. Mah. Av. p. 101. n. 1. 

P A LOURD , poiflbn qui pafTe 
chez les Voyageurs pour un des princi- 
paux poiflbns de la mer 8c de la rivière 
d'KTini en Afrique : c'eft tout ce qu'ils 
nous en apprennent. Hifi. Génér. des 
Voyages , L. VI II. 

PALOURDE: C'eft un Co- 
quillage des" côtes de Poitou , d'Aimis: 
&de Saintonge, qui n'eftpas une es- 
pèce du genre nommé Chama Peloris ,.- 
comme l'a remarqué Rondelet;: 
foit que le nom de Peloris, qui paroît 
avoir quelque reffemblance avec celui 
de Palourde , ait été donné à ce genre 
pareeque les Coquilles qu'il comprend 
font plus grandes que les autres efpe— 
ces de Charria , ou Coquilles béantes ^ 
comme quelques-uns le prétendent 
foit qu'il lui vienne du nom d'un Pro- 
montoire de Sicile , appellé Pelore ,< 
comme d'autres le veulent, il eft cer- 
tain encore un coup que la Palourde 
n'eft point une efpece de Chama Peloris, • 
n'étant pas une Coquille béante : elle 
fermefa coquille rrts-exactemenr. Elle' 
ri'eft point non plus la Pelorde des côtes; 
de Provence ; car elle nè vit point- 
comme elle dans la vafe : c'eft c&qua' 
nous ; apprend- M, de R e a'u m'u a^, 



3 20 PAL 

dans les Mém. de V Acad. Royale des 
Sciences , armét lyio.p. 4ji. 

La coquille de la. Palourde eft à deux 
battans : fa couleur eft d'un blanc fale , 
un peu jaunâtre , du moins en quelques 
endroits de fa furface extérieure ; mais 
fa furface intérieure eft àflez blanche. 
Sa longueur ordinaire eft d'un pou- 
ce & demi Se quelque chofe de plus , 
Se fa largeur d'environ un pouce. 
Elle a bien une demi-ligne d'épaifleur 
autour de fes bords. Ce Coquillage a , 
comme le Lavignon , deux tuyaux 
charnus , beaucoup plus courts 5c beau- 
coup plus gros. Il ne les étend jamais 
à plus de trois lignes. Il ne fait pas 
toujours paroître ces tuyaux : c'cft 
feulement lorfqu'il eft dans l'eau. M. 
x>'A R ce N ville ( Part. IL de fa 
ConehyL & Planche V. Lu. D.) donne 
la figure d'une Palourde. 11 dit (i6id. 
j. $o.) que c'eft une Came à réfeaux 
lins Se ferrés , d'un gris clair , rayonnée 
du centre à la circonférence, traverfée 
de cercles , avec de grandes taches 
blanches , plus foncées que la couleur 
principale. Les valves font ordinaire- 
ment dentelées Se canelées , pareeque 
l'animal l'eft aufli. îl faitfortir, com- 
me la Boucarde , du côté le plus al- 
longé de fa coquille un corps mem- 
braneux 8c lifte , qui fe divife en fbr- 
tant en deux tuyaux , faits en croiffant, 
minces Se blancs , à l'exception de 
leur extrémité , qui eft jaune , avec 
une ouverture garnie de petits poils 
blancs, qui en fe repliant fur eux- 
mêmes, fervent à fceller la bouche 
de l'animal Se à retenir l'eau dont il 
eft rempli. Ces deux tuyaux , quoique 
féparés dans toute leur longueur ex- 
térieure , fe communiquent intérieu- 
rement , de manière que l'eau de la 
mer qui s'infinue, foit par le canal 
inférieur , foit par le fupérieur , fe 
vuide tout d'un coup quand l'animal 
veut fe remplir de nouvelle eau. Au 
moyen de cette opération réitérée, l'a- 
nimal peut jetter l'eau à près de quinze 
pieds de diftun.ee. Tout fon mouvement 



P A M 

confifte à porter en ligne droite une 
jambe 'triangulaire de couleur blan- 
che , dans l'endroit ou la coquille eft 
fituée & à l'oppofite des deux tuyaux, 
fans la replier fur elle -même. 

P A M 

PAMBUS: RuiscHf ÇolteB: 
Pifc. Amb. p. 22. Taè. ii. n. 16. ) dit 
que c'eft un petit poillbn, dont on fait 
grand cas , & beaucoup d'ufage dans 
l'iile d'Amboine Se dans toutes les In- 
des Orientales. On le fait lécher au 
foleil , Se on peut le conferver long- 
temps , fans qu'il fe corrompe. Quand 
on veut en manger, on le laiiTe quel- 
que temps tremper dans l'eau Se alors 
il eft bon. Pour cette caufe les vaiftêaux 
de long cours font de grandes provi- 
fionsde ce poiffon féché au foleil , Se 
c'eft une précaution contre la difette 
des vivres. Les Matelots le mangent à 
déjeuné Se à goûté. Ce petit poillbn 
eft large 8c tire fur le verd ; mais fa 
couleur change Se n'eftpas toujours la 
même. Il eft armé de cinq aiguillons , 
tournés vers la tête , après lefquels 
il a une longue pointe , tant fur le dos 
qu'au ventre , à laquelle font attachées 
fis nageoires , qui font d'égale gran- 
deur Se vont jufqu'à la queue, 

P A M E T , Coquillage du genre 
de la Teltitte , Se dont M.Ada NSONf 
fait la première efpece, très- commun 
verslacôte du Sénégal , fur-tout vers 
l'embouchure du Niger, où les Nè- 
gres vont le chercher fur les bords du 
rivage , après que la rner s'eft retirée. 
Ils le trouvent facilement, en levant 
une couche de fable d'un pouce d'é- 
paiffeur ; c'eft alors qu'on voit les 
Tellines fauter de tous côtés Se faire des 
efforts , pour regagner l'eau qui les a 
abandonnées. Ce Coquillage eft repté - 
fenté à la Planche XVIII. n. i. de V His- 
toire i^ts Coquillages dit Sénégal. L'Au- 
teur en parle en ces termes. 

La coquille du Pamct , dit-il, ap- 
proche de la figure d'un triangle , dont 
les côtés font fort inégaux. Elle eft 

folide, 



P A M 

{olîde » épaïfïe , comme coupée obli- 
quement & comme applatie à fon ex- 
trémité inférieure Se arrondie à l'ex- 
trémité oppofée. Sa largeur eft de qua- 
torze lignes , fur une longueur moin- 
dre de moitié , 8c double de fa pro- 
fondeur. Sa furface extérieure eft lui- 
fante , d'un très-beau poli Se ornée 
{ut chaque battant de quatre-vingt 
filions longitudinaux Se fort légers , 
qui partant du fommet , vont fe ren- 
dre fur tous les points de leur circon- 
férence. Ces filions font d'autant plus 
fenfiblcs , qu'ils approchent de l'extré- 
mité inférieure de la coquille : Là ils 
femblent coupés Se traversés par une 
vingtaine de canelurcs , qui les font 
paroître chagrinés. 

Les battans font exactement égaux , 
obtus Se arrondis fur leurs bords , qui 
fontfinement découpés de quatre-vingts 
dents triangulaires , à-peu-près égales 
Se femblables à celles d'une feie : ces 
dents font plus marquées au-dedans 
qu'au-dehors , où elles difparoiiTent 
quelquefois. 

Les fommets font fort petits , trian- 
gulaires, pointus, peu éminens , peu 
fenfiblement tournés en fpirale , fort 
proches l'un de l'autre Se placés à la 
troifieme partie de la largeur de la co- 
quille vers fon extrémité inférieure. 

Le ligament que nous avons vu juf- 
qu'ici placé au-dcflùs du fommet dans 
les coquilles à pièces égales , fc trouve 
dans les Ttllines inégalement dittribué 
au-deflus & au-deflTous de ce fom- 
met. Au - deftùs , il eft extrêmement 
étroit & affez court: au-de flous , il eft 
épais , prcfque rond & remplit , fans 
fortir au-dehors , une petite cavité 
formée par une échancrure faite dans 
chaque battant. Cette échancrure , fi 
l'on veut fe donner la peine de l'exa- 
miner , paroîtra répondre parfaitement 
à l'enfoncement en cœur que j'ai fait 
obferver dans les psemieres efpeces 
de Cames. 

La charnière confifte dans chaque 
battant en trois petites dents triangu- 
Tt>nte UL 



P A M 32T 

laites , fort rapprochées & placées au^ 
dedans des fommets. Les attaches des 
mufeies font au nombre de deux dans 
chaque battant , allez petites Se pla- 
cées vers leurs extrémités. Celle d'en 
haut eft elliptique Se un peu plus grande 
que l'inférieure, qui eftprelque ronde 
ou orbiculaire. 

Un n'apperçoit aucune apparence 
de périofte fur la furface de cette Co- 
quille , qui eft par-tout d'un poli trts- 
beau Se trèsduifant. Elle eft blanche, 
ou jaunâtre , ou gris de lin , tachée 
quelquefois de violet ou de rouge au- 
dedans , 8e marquée ordinairement au- 
dehors de deux larges bandes triangu- 
laires d'un brun violet , dont l'une 
couvre toute fon extrémité inférieure 
dans l'endroit qui eft applati. L'autre 
bande qui eft plus large , s'étend fur 
l'extrémité oppofée. 

L'animal que recouvre cette co- 
quille , ne l'ouvre que très-peu , com- 
me les Cames. Son manteau eft divifé 
pareillement en deux lobes , dont cha- 
cun tapifle intérieurement chaque bat- 
tant Se s'étend un peu en dehors fous 
la forme d'une membrane fimple Se 
très -mince. 

Les trachées fortent de l'extrémité 
fupérieure du manteau , fous la forme 
de deux tuyaux , aufli fimples Se fort 
courts, rapprochés l'un de l'autre vers 
leur origine. Celui qui eft le plus pro- 
che de la charnière , ou le poftérleur, 
eft pour l'ordinaire plus petit que l'an- 
térieur. 

Le pied eft placé à-peu-près au mi- 
lieu de la longueur de la coquille. Il a 
la forme du foc d'une charrue , ou 
d'une lame de couteau recourbée en 
haut à fon extrémité. Son ufage eft le 
même que dans les Cames , à cela près 
que la Tellitte faute quelquefois par fon 
moyen , c'elt-à-dire que le mouve- 
ment que le pied imprime à fa coquille 
eftforrprompt Se fait l'effet d'un relfcrt 
qui fe débande fubitement & la lance 
allez loin. La couleur de fa chair eft 
blanchs. On fait cuire les Tellims pour 

Sf 



3 iî PAN 

les manger. On croit qu'elles ont la 
propriété de rendre le ventre libre. 

M. A d A N s o N dit que le Pamet 
eft le même Coquillage que \z.Tellinœ 
crajja , admodùm leviter ftriata , intits 
violacea , Africana , dont parle L i s- 
te r , dans fon Hift.Conchyl.Tab. 

fig. 21 6. 

Et la Tel lin a ftriata. , cuneiformis , 
crajfa, denfè ftriata , ambitu (errata , 
inths violctcea , dont parle M.Klein, 
d'après Lister , p. 160. fpec. 10. 
Taù. 11.fig.61. 

PAN 

P AN APAP A, nom qu'on donne 
en Amérique, ditTHEVET, p. 50. 
à un poiffon qui eft le Marteau. Voyez 
ce motr 

PANGGOELING, nom que 
les Orientaux , dit S E B A , donnent 
au Pholidote de M. 13 R 1 S S o N & au 
Manis de M. Linn^us, qui eft le 
Lézard écaiUeiix. Voyez ce mot. 

P A N O N , oïfeau de l'Amé- 
rique , dit T h e v e T r Singularités de 
la France Antxrtt. p. 04. ) , de la gran- 
deur d'un petit Corbeau , dont le de- 
vant de la poitrine eft rouge , comme 
du fang. Son bec eft cendré. Il ne vit 
que du fruit d'une efpece de Palmier 
nommé Jerahuva. 

PANORPE, en Latin Panorpa , 
nom que M. Ltnn/eus ( Fauna Suec. 
p. 221. ». 729.) donne à la Mouche 
Scorpion, dont parient Aldrovan- 
de , InJ. 3 8d. M O UFFET, p. 62.. 
HOFFNAGEL, Itf. 2. M. DE RÉAU- 

mur , & les autres , fous le nom de 
Mufca Scotpiitros, fous celui de Mafia 
Scorpiitra , Se fous celui de Scarvio 
Mufca. Le nom de Mouche Scorpion lui 
a été donné , parccqu'elle a la partie 
antérieure faite comme celle du Scor- 
pion. Stammfkdam donne le même 
nom à une faufTe Cuêpe , efpece de 
Mouche , qui infefte les raifins. Elle 
ne s'en tient pas obftin'ment à une feu- 
le efpece d'aliment; quand les raiiins 
lui manquent , elle fe nourrit indiffé- 



P A N 

remment de tout ce qu'elle trouve; 
Cette Mouche, qui fréquente les prai- 
ries , porte une trompe dure , cornée , 
élevée par deflus , avec des antennes 
compofées de trente articles , qui font 
foyeufes Se noires. Elle a le corps brun, 
les côtés jaunes , la queue articulée; 
les pinces font rouffes Se fourchues, 
comme celles du Scorpion : elle a les 
ailes blanches , chargées de taches laf- 
ciées , ou en forme de bandes , Se de 
veines faites en réfeaux. Cette faulfe 
Guêpe de Swammerdam eft le 
même infecle que la Mufca Scorpiu- 
ros , ou Scorpiura , Se le Scorpio Muf- 
ca de M. L i n n S V s , de Mouf- 
F e T » de M e u r e t , de Frisch, 
& des autres Naturaliftes qui ont écrit 
fur les infeéces. 

PANSAR: Rondelet dit 
qu'on nomme ainfi en Languedoc une 
efpece de Turbot que nous nommons 
Barbue. Voyez ce mot. 

PANTHERE: Ce nom vient 
du Grec na'y-Svip , qui fignîfie tout-à- 
fait fauvage , de wcty> tout » Se de 9«p , 
bête. Les Auteurs , ( c'eft ce que je 
dirai plus amplement au mot TI- 
GRE), ne s'accordent point dans la 
defeription du Tigre , du Léopard Se 
de la Panthère. Les uns , comme Pli- 
ne {Hifl. Nat. L. XVI JL c. 17.), 
font la Panthère blanche : les autres , 
au rapport d'A idrovande ( Jf 
Qjtad. digit. L. L c. 2.), lui donnent 
les trois couleurs du Tigre Se du Léo- 
pard , Se croyent qu'elle eft appellée 
Panthère , parcequ'elle a elle feule 
toutes les couleurs qui fe trouvent 
dans Ls autres bêtes ; Si quelques au- 
tres encore, fuivantle même Auteur,, 
veulent que la Panthère foit la femelle 
du Léopard. Les Anciens , comme 
Aristote C Hifl. Anim. L. IX, 
c. 6.), donnent une odeur agréable à 
la Pan' hère. M. Perrault, pour 
accord. r ces différentes opinions des 
Anciens , dit que dans l'efpcce des 
P.oitheres le mâle Se la femelle font 
diriérens. Le mile eft celui dont il 



PAN 

3onneune defcriptîon anatomique, qui 
a les trois couleurs de fauve , de noir 
$c de blanc , Se qui a été pris pour un 
léopard par les Anciens. Ils ont eu 
raifon , dit-il, en ce qu'ils ont cru que 
le Léopard étoit le mâle de la Pan- 
thère , dont la femelle n'a que du blanc 
Se du noir. Mais s'il la nomme Pan- 
thère , c'eft le nom que ceux qui l'ont 
amenée d'Afrique difent que lui don- 
nent les gens du pays. Ainfi il eft aifé 
de voir qu'on donne aujourd'hui le 
nom de Panthère au Léopard des An- 
ciens , & que le mâle & la femelle 
portent le même nom ; ce que les An- 
ciens avoient diftingué en ne don- 
nant le nom de Panthère qu'à la fe- 
melle. 

C'eft fous ce nom de Panthère que 
M. Perrault décrit le mâle , ou 
le Léopard des Anciens ,. affez fcmbla- 
ble au Tigre; le fien étoit cependant de 
iamoitiéplus petit, llavoicle col plus 
long, Se plus délié, la tête plus pe- 
tite , les oreilles plus grandes , Se la 
queue plus courte , le tout à propor- 
tion de fon corps , Se les taches étoient 
de figure moins régulière. Le poil étoit 
épais , long Se doux , avec une cou- 
leur fauve à la tête , au col , fur le 
dos , par les flancs , Se par le dehors 
des cuiffes Se des jambes : l'eftomac , 
le ventre , le dedans des jambes , Se le 
defTous de laqueue , étoient d'un blanc 
tirant fur le gris , le tout femé de ta- 
che 1 " noires , différentes en grandeur Se 
en figure , petite? à la tête Se vers les 
extrémités des jambes , & plus gran- 
des au refte du corps. Il avoît les yeux 
femblables à ceux des Chats , les pat- 
tes petites , les ongles Se les doigts 
beaucoup plus courts qu'ils ne le font 
à proportion aux Lions Se aux Chats : 
les barbes , les dents Se la langue étoient 
placées à-peu-près comme au Tigre 
& comme au Lion : la queue étoit plus 
groffe vers l'extrémité que vers le 
commencement, à caufe de la grandeur 
du poil , laquelle alloit encore plus en 
augmentant vers cette même extrémité 



PAN 323 

de la queue , qu'elle na fak au Lion 
Se au Tigre. 

Voilà , fuivant M. Perrault, 
la defcriptîon du Panthère mâle , fi 
nous pouvons l'appeller ainfi Pour la 
Panthère femelle , ou Panthère des An- 
ciens, qui eft la femelle du Léopard, 
elle n'en eft diftinguée que par la 
blancheur , fi nous en croyons les An- 
ciens , Se elle a un: bonne odeur , quï 
lui fert à attirer à elle prefque tous 
les autres animaux. 

La Panthère d'Afrique eft de l'ef- 
pece des Léopards; fa peau eft mar- 
quetée de fort belles taches. Cette Pan- 
thère eft vive Se légère. Elle a la taille 
d'un Lévrier, la tête ronde , le gofier 
large , Se les dents tranchantes : fou 
regard n'a rien de farouche ; cepen- 
dant elle eft vorace , & va fans ce fie 
autour des Villages pour furprendre 
les beftiaux Se la volaille. Il eft rare 
qu'elle attaque les hommes & les en- 
fans. 

J o b s o N raconte que les bords de 
la Gambra font remplis de Léopards 
8e de Panthrres , que les Nègres tuent 
pour en vendre la peau aux Euro- 
péens ; cette peau eft beaucoup plus 
belle que celle du Tigre , quoiqu'elle 
fait mouchetée de même. Hifi. Gén. des 
Voyages , Liv. Vil. 

PANTOUFLIER.nomqu'ou 
donne en Amérique au Marteau , ou 
Zygene. C'eft un des plus voraces poif- 
fons qui foient dans la mer, ainfi que 
des plus forts & des' plus dangereux.Le 
P. L A B A T , dans fes Voyages aux Ifies 
de l'Amérique , Tome VI. p. 147. dit 
en avoir vu un , qu'on diioit être un 
demi-Pantoiiflier, qui avoit douze pieds 
de long ; & étoit environ de la grof- 
feur d'un Cheval. Son corps , depuis 
le col jufqu'à la queue , approche affez 
du Requin ; mais fa tête eft bien plus 
groffe Se plus lr rge , ce forte qu'elle 
reffemble en quelque manière à un 
marteau : fes yeux font placés aux deux 
extrémités ; ils font ronds Se gros , 8c 
leur mouvement a quelque chofe de 
Sf ij 



fort effrayant. U a une gueule large , 
armée de pluiieurs rangs de dents , & 
difj-ofée de manière qu'elle n'eft point 
cmbarraffée par la longueur de fon 
mufeau , comme i'eft celle du Requin : 
il eft avec cela très - vif Se très-fort, 
Si par conféquent beaucoup à craindre. 
Ce poifton eft fort avide de chair hu- 
maine. Le P. La b at dit qu'un Sau- 
vage ayant attaqué un Pantuuflitr , 
fe battit contre lui , & enfin le tua : 
on envoya un canot avec des gens qui 
attachèrent une corde à la queue de 
ce Monftre , & le tirèrent à terre ; il 
avoit plus de vingt pieds de long , Se 
étoit de la grofteur d'un Cheval, On 
trouva dans fon ventre la cuiffe toute 
entière d'un enfant qu'il avoit dévoré 
avant ce combat. 

Il eft bon de fa voir que plus ces 
poilTons carnalliers font grands , & 
moins les Sauvages ont de peine à les 
tuer , pareequ'îls fe remuent alors bien 
plus difficilement , Se qu'en achevant 
la carrière que le mouvement qu'ils fe 
font imprimé les oblige de courir, ils 
donnent le temps à l'homme de reve- 
nir fur l'eau prendre haleine , & de fe 
difpofer de nouveau à les attaquer ^ 
car quoiqu'ils foient dans leur élément 
naturel, la-malfe confidérable de leur 
corps les empêche de fe remuer avec 
autant de vîtelfe Se de légèreté qu'un 
autre poifton plus petit , Se même qu'un 
homme. 

Les Anglois l'appellent Hammer- 
flsh , ou le Marteau , 8c V félon A R- 
te D i i the Balarice-jfch. On le nom- 
me à Rome Ciamb.ua.. Ce poiifon eft 
connu d. 's Naturaliftes anciens Se mo- 
dernes. C'eft le Zj,«(vt d'ARisTOTE ,. 
L, II. c. i y. Se le z «m d'É lien, 
L. IX. c. 49. Se d'OppiEN, LA. p. 14. 

* Cet otfeau eft nommé en Hébreu Tu- 
ehîhn ; en Chall'cn, Cavuz; en Syriaque, 
Tarizij;en Grec Tbm'ç ; en Latin, Tavo; en 
It.Hcn, Pitvortc ; en b ragnoi , Pavon ; en 
AH' mand , ou r /j ^ i p n Anglois Pca- 
ceck. ; < n Sué ois, l'OiifogtL I e mot Fran- 
çois PaoN-,_ qu'on pr <no ce fan , vienr de 
WAvmte ,. loir Latin, fait Italien ;, de même 



PAO 

Les Latins en ont fait le mot ZygMÔ-; 
Se celui de Zigtna. G A z a a traduit 
le nom Grec par Libella. Be l on, 
Rondelet, Gesner(^é Aquat. 
p. 1050. & 1255.), Aldrovan- 
d e ( L. III. c. 43. p. 408.) , Jons- 

TON ( L. L C. 3 ) > CHARLETbN, 
p. I2&. f ItlUGHBY,p. 55. Se 

R a y { Synop. Me th. Pifc. p. 20, ) , par- 
lent de ce poifTon, Aktedi ( lehih. 
Part. V. p. 96. ». 7. ) le met dans le 
rang de ceux qui ont les nageoires 
cartîlagineufes, Pifces chondropterygii , 
Se il le nomme Sqttalus capite latiffi- 
mo , tra-'ifverfo m.illei inflar. Ce poif- 
fon eft quelquefois de la grandeur des 
Cétacées. On en prend dans la Médi- 
terranée , Se il a affez de rapport avec 
les Chiens de mer, dit R a y. Selon 
Rondelet { Liv. XI II. ch.ip. \a, 
p. 304. ), on le nomme Balifla en-Ita- 
lie ; dans quelques endroits on l'ap- 
pelle PeJ'ce Martehlo , parcequ'il a la 
tête faite comme un marteau ; à Mar- 
feille , Pefce Jouz.io , qui lignifie Poif- 
fon Juif , à caufe de la relfemblance 
avec l'ornement de tête que les Juifs 
de Provence portoient anciennement, 
0;i lui donne en Efpagnol les noms 
de Ptïi Lima , Limada , Se Toilandala,. 
R o N D e L e t le met au rang des poif- 
fons cétacées. 

Ray ( Synvp. Met h. Pifc. p. zt. n. 8.} 
parle d'un poiiTon approchant du Mar- 
teau , ou Pantouflier , que les Hollan- 
dois appellent Ken Cruysh lye. Sa têîe 
eft faite en forme de rrianrle , Se il a 
trois rangs de petites dents dans la 
gueule. 

PAO 

PAON*, oifeau mis par M. LiNT- 
NiEus dans l'ordre des Aves Gallina , 

quel'on n appelle la femelle Vaine, ou Paon.fe v 
de l'italien Pavana , OU v avane za , Se 'on pt- 
titPaoneau, de l'Italien Pa 'otcrio, on Vavt>- 
nino. L^s Anci^rrs appelloi -t \ePjvt,OÏfeait 
de MMïe, ou Otfeau de Ptrfe , en Lann Auts 
Medua, ou P.rft a, parcequ'il fut, comme 
le Coq & la Poule , apporté d'aborl de la 
Midic, oudelaPerfe en Grèce, puis de-)p 



PAO 

Se par M. Klein dans le ftxîeme 
genre de la quatrième famille de Tes 
oifeaux. Le Faon eft un oifeau diftin- 
gué de tous les autres par la longueur 
de fa queue , & par les yeux brillans 
dont elle eft ornée. Le mâle a la tête, 
le col , le commencement de la poi- 
trine d'une couleur de bleu foncé , la 
tête petite à proportion du corps , or- 
née de deux taches blanches oblon- 
gues > dont l'une pafTe par-defius les 
yeux , & l'autre plus courte , mais plus 
confidérable , ou plus épaifle , eft fi tuée 
au-deftous des yeux , puis fui vie d'une 
trolfieme marque noire. Il porte au 
fommet de la tête une iiupe qui n'eft 
point entière , comme dans quelques 
oifeaux , mais composée en quelque 
forte de tiges nues , très-tendres Se 
très-verdâtres , qui portent à la fom- 
mité comme des rieurs de Lys de cou- 
leur bleue. C'eft ce qui a fait dire à 
Pline, en parlant de ce beau pa- 
nache , que la hupe du Vam eft formée 
d'arbuftes chevelus : en effet , félon 
l'expreffion de Wii.lughbï, on 
croît y voir non des plumes , mais des 
rejetions de plantes qui ne font que 
commencer à pouffer. lia le bec blan- 
châtre , confidérablement ouvert , tant 
foîtpeu courbé par le bout , te 1 qu'il 
eft ordinairement à tous les oifeaux 
qui vivent de grains : les narines font 
affez larges , le col eft un peu long , 
fort menu , à proportion de la gran- 
deur du corps ; le dos eft d'unblanc 
cendré, femé de beaucoup de taches 
noire 1 ; tranfverfales ; les ailes font 
pliées , noires en deffus du côté du 
dos , & rouff/es en deffousdu côté du 
ventre , ainfi q'i'en dedans ; la queue 
eft difpofée de façon qu'elle eft com- 
me divifée en deux; car quand il l'é- 
tend en forme de roue , il y a de cer- 
tain. s plumes pins petites de couleur 
brune, quîf.mbl ntcompofer la queue 
entière , non roides comme les plus 

Grèce en Italie. Us Font nu(Tî nommé 1*0*- 
Jeau de jw.on, en Latin Avis Junonis , parce- 
qti& % fuivant la Eable , la Déelie Jumo» 



PAO 3îy 

longues , mais étendues comme dans 
la plupart des autres oifeaux ; de forte? 
qu'il faut néceffairement que les plut 
longues s'infinuent dans un autre muf- 
cle , au moyen duquel elles puifJent 
fe redrefter Se s'étendre. Belon die 
que ces dernières naiffentdu croupion , 
Se que les premières font faites pouf 
les foutenir. Le croupion eft d'un verd 
foncé , Se l'oifeau le dreffe avec fa lon- 
gue queue. Les plumes du croupion 
font courtes , difpofées de manière 
qu'elles imitent les écailles d'un Dra- 
gon : elles dérobent la vue d'une partie 
des longues plumes de la queue , qut 
étant étendues font toutes de couleur de 
châtaigne , ornées de lignes dorées très- 
élégantes, qui vont de bas en haut. Se 
terminées par d'autres plumes four- 
chues d'un verd très- foncé , qui reffera- 
blent à des queues d'Hirondelles. Les 
ronds, ou commele dit Pli NF, les yeux 
des plumes ont un éclat de chryfolite , 
Se des couleurs d'or Se de fapphir. Ces 
mêmes yeux font compofés de quatre 
cercles , dont le premier eft d'or Se le 
fécond châtain , le troifieme eft verd 
Se celui du milieu eft bleu ou de fap- 
phir , à-peu -près de l'a figure Se de la 
grandeur d'une Féverolle. Les cuifïes , 
les jambes & les pieds , font d'un cen- 
dré parfemé de taches noires, Se ar- 
més d'éperons à la manière des Coqs» 
Le ventre, près de l'eftomac, eft d'un 
bleu verdàtre , noirâtre » ou du moins 
brunâtre vers l'anus. 

Le Tue» a la lubricité du Coq : il 
lui faut au moins cinq femelles ; il 
attaque celle qui couve , & cafte fes 
œufs , à moins qu'il n'en trouve une 
autre pour la cocher. La femelle qui 
le fait cache fon nid autant qu'elle le 
peut. 

La femelle a très-peu de variété dans 
fes couleurs , & n'eft pas de la beauté 
de fon mâle ; elle a les ailes y le dos» 
le ventre, les cuifTes-,. Si les pieds. de 

attacha fortement le* cent yeux d'ARêtiï 
à la queue du Paon v qui étoit fort okeaw 



3 itS PAO 

couleur brune , tirant fur le cendré; 
le fommet de la tête & la hupe font 
de la même couleur : il y a quelques 
petites taches répandues çà & là com- 
me des points verdâtres fur le fommet 
de la tête , & elle a auffi des taches 
blanches beaucoup plus grandes que 
celles du mâle : l'iris eft tout-à-fait 
plombé, (dans le mâle elle eft jaunâ- 
tre ) ; le menton eft tout blanc , les 
plumes du col font ondées , vertes , 
Se blanches aux extrémités près de 
la poitrine. Selon Aristote, elle 
pond douze œufs à chaque couvée , 
mais en Europe elle n'en fait que cinq 
ou fix , Se très- rarement davantage 
avant que de couver : tout au plus huit 
deux fois l'an , dit Zizanni, en 
commençant dès le mois de Mai. Ces 
œufs ont la coque ferme , d'une cou- 
leur grife-claire , joliment piquetée à 
la fuperftcie. Les petits font difficiles 
à élever. 

Les Paons fe nourriflent des mêmes 
alimens que les Poules ; mais ils ai- 
ment mieux l'Orge. S'ils mangent des 
Serpens , comme le dit Albert, 
il n'eft point étonnant que ces animaux 
foient effrayés de leur cri. II n'y a que 
le Faon Se le Coq d'Inde qui ayentla 
faculté d'étendre leur queue en rond. 
Le Faon fait beaucoup de dégât dans 
les jardins ; il renverfe les tuiles Se les 
autres couvertures des maifbns. Il eft 
vraifemblable que ces oifeaux font 
étrangers d'origine , Se qu'ancienne- 
ment ils ont été apportés des Indes 
en Europe , où ils font à préfent com- 
muns par-tout : ils pafTent pour aimer 
la propreté. On dit d'un Faon qu'il 
fait le plaifir des yeux , comme étant 
le plus beau des oifeaux , 8c en même 
temps le fupplice des oreilles par l'Iior- 
reur de fa voix infernale , d'où eft venu 
le Proverbe que le Paon a le plumage 
d'un Ange , la démarche d'un Larron , 
& la voix d'un Diable : 

JLngelu: efl pennis, pedelatro, voce gehennm. 
Paracelse veut que fi le Paon 



PAO 

crîe hors le temps accoutumé , il pfé- 
fage la mort de quelqu'un de la mai- 
fbn qu'il habite , pareequ'il fent de 
loin les cadavres , comme fait le Vau- 
tour : on lui donne une fort long'ue vie. 
Aristote dit qu'il vit commu- 
nément vingt -cinq ans, Se qu'il fe dé- 
pouille de fa belle queue avec les ar- 
bres , mais que fes plumes reviennent 
avec les feuilles, On dit que fa chair eft 
incorruptible pendant une année entiè- 
re , quand elle eft cuite. Ce dernier fait 
eft confirmé par Saint Augustin, 
qui , au Livre XII. de la Cité de Dieu , 
chapitre 2. dit que Dieu, Créateur 
de toutes chofes , a donné à la chair 
du Paon mort la propriété de ne le 
point putréfier ; qu'à Carthage on lui 
lërvit de cet oifeau cuit , qu'il fit gar- 
der de la chair de la poitrine allez 
long-temps pour que toute autre chair 
cuite eût pourri, 8e qu'on la lui re- 
fervit fans qu'elle offensât l'odorat. 
Ce morceau réfervé au bout de plus 
de trente jours , fe trouva aulfi fain 
qu'auparavant , même au bout de l'an , 
excepté qu'il étoit d'un volume un peu 
plus fec Se rapetiiTé. Cela n'eft pas fur- 
prenant , comme le remarque Wi L- 
L u G H b ï. La chair du Paon eft affez 
folide par elle-même pour durer plus 
long-temps fans Ce corrompre dans un 
pays chaud , lorfqu'elle a été defféchée 
par la cuiiïbn, fi l'on a foin fur-tout 
de la préferver de l'humidité. La mê- 
me chofe arrive à de la chair de Coq 
d'Inde cuite , Se même à celle de Poule 
Se de Chapon, Ceci eft confirmé par 
ce que Sebizius, qui écrivoitily a plus 
de cent ans , rapporte , à favoir qu'il 
étoit d'ufage de fon temps , de fer- 
vir aux noces des riches un Paon qui 
paroiffoit vivant, avec le bec Se les 
pieds dorés. Pour cela on led^pouilloit 
de fa peau , Se après avoir fait cuire le 
corps avec de la canelle , du girofle , 8e 
d'autres aromats , on le recouvrait de 
nouveau , Se on le fervoit fans qu'il pa. 
rût que fes plumes eùflent été gâtées 
le moins du monde. Ce mets étoit 



PAO 

pour le plaîfir des yeux , & on n'y 
touchok point. L'oifeau dans cet état 
fe confervoit plufieurs années fans fe 
corrompre , propriété qu'on a regardée 
comme particulière à la chair du Paon, 
Aldrovande marque auffi qu'en 
1 5 08. il lui fut donné un morceau d'un 
Faenqai avoït été cuit en 1 $02. lequel 
n'avoit contracté aucune mauvaife 
odeur. Mais le fecret rapporté parS'E- 
Bizius, dit le même Aldrovande , 
n'elt pas nouveau. Platine , ce 
fameux Cuifinier , qui fut un fécond 
Apiciis , en laifla la recette. Il 
ajoute que pour faire rire les convives , 
il y en a voit qui rempliflToient le bec du 
Paon ainfi ajufté, de laine & de cam- 
phre , pour y mettre enfuite le feu, 
quand on le fervoit fur la table. 

Le Paon , Se même tous les oifeaux 
poudreux , comme le Coq , le Cha- 
pon , le Coq d'Inde , la Perdrix mâle , 
le Faifan , le Coq de Bruyère , la Ge- 
linote , font aités à diltinguer de leurs 
femelles par les plumes de la tête , 
du col , & de la queue. Le Paon tient 
le premier rang parmi les oifeaux do- 
meftiques , comme l'Aigle entre les 
oifeaux de proie. Aulfi les Anciens 
ont-ils confacré l'Aigle à Jupiter , Se 
le Paon à Junon. Les Empereurs dans 
leur apothéofe , choififlbient l'Aigle , 
Se les Impératrices le Paon. Chez les 
Grecs il y avoir un prix fixe pour le 
faire voir à ceux qui étoient curieux de 
fa beauté : bien des gens s'alfembloient 
à Athènes, de Lacédémone & de la 
Thetlalie, &: l'on retiroit un grand profit 
de ces fortes de fpectacles ; ce qui fait 
préfumer combien le Paon étoit efti - 
mé chez les Anciens , & combien il fe 
vendoit chèrement. On lit dans l'Hif- 
toire qu' Alex an due le Grand fut 
fi épris de la beauté de cet oifeau , 
l'ayant vû pour la première fois aux 
Indes , q'î'il décerna une peine rrès- 
rigoureufe contre ceux qui le tue- 
roi en t. 

Marcus-Autidius Lurco, 
au rapport de Pline, commensale 



PAO 327 

premier à les engraïfler à Rome pour 
les vendre, & gagna beaucoup de'bien 
à ce trafic. L'Orateur Hortensils fut 
le premier qui les tua pour les manger 
dans un feftin; ce qui fait penfer que 
les Romains les nourrilToient aupara- 
vant feulement pour leur beauté. Ces 
oifeaux étoient autrefois fi rares qu'on 
n'en voyoit que dans les cours des 
Princes. Olaus Magnus dit que 
pour leur beauté & leur excellence, 
on en élevé avec un grand foin en 
Suéde. Jean Bruyer, François 
d'origine , rapporte qu'en Normandie, 
aux environs de Lilieux , on nour- 
rilToit de fon temps des troupeaux de 
Paons , dont les propriétaires tiroient 
un bon revenu , en les vendant à des 
Poulaillc rs , qui les portoient dans les 
grandes villes pour des feitins de r*ccs 
&pourles repas fomptueux des grands 
Seigneurs. 

11 y a des Paons blancs, comme le 
marque B e l o n , & l'on en voit beau- 
coup de cette couleur dans les pays 
Septentrionaux. Gybert Lon- 
G o l 1 u s , dans fon Dialogue des Oi- 
Jeaux, dit que les premiers Paons blancs 
furent apportés du Nord , Se vûs à 
Cologne , comme une chofe rare Se 
extraordinaire ; Se il prétend que les 
Paons deviennent blancs par l'imagi- 
tion des mères à force de contempler 
la neige en Norwege , Se dans les 
pays Septentrionaux , où il n'efl: pas 
rare de voir de* Corbeaux , des Chou- 
cas , des Pies, des. Merles, des Ra- 
miers , des Étourneaux Se des Moi- 
neaux tout blancs. Cette raifonne doit 
pas paroître folide , puifque nous 
voyons naître dans ce pays -ci, même 
affez fouvent, des oifeaux blancs , fans 
que les mères ayent jamais eu occa- 
fion de contempler les montagnes de 
neiges des régions Septentrionales. An- 
toine MiZAULD , d'apres un homme 
qui prenoit foin de l'Oiftlerie d'un 
Prince , enfeigne que fi l'on veut pro- 
duire une race de Paons blancs , il n'y 
a qu'à tenir les femelles qui pondent 



3*S PAO 

& couvent, enfermées dans des lieux 
mis en blanc de toutes parts, Mais 
cet Auteur avoue que , quoique le mê- 
me artifice ait été décrit par plufieurs, 
il ne fait pas encore s'il a été jamais 
éprouvé. 

Le Paon a des éperons comme le 
Coq. La Nature l'a pourvu de grandes 
ailes , afin de pouvoir s'élever en l'air , 
Se d'aller fe percher fur les toits Se 
Se dans les arbres. Quand il voit quel- 
qu'un qui prend plaifir à le confidérer, 
il étale les plumes de fa queue. Com- 
me l'Oie , il fort de garde aux mai- 
sons où il eft , Se il avertît par fon cri. 
On en voit un très-grand nombre en 
, France, 

M. Plu c he, dans fon élégant & 
smufant SpeSacle de la Nature, dit en 
parlant de cet oifeau ; ce qu'eft le 
Rofîïgnol pour l'oreille , le Paon 
l'eft pour les yeux, il eft vrai que le 
Coq , le Canard fauvage , le Martinet 
Pêcheur , le Chardonneret , les grands 
Perroquets ., lesFaifans, & beaucoup 
d'autres oïfeaux font très-proprement 
habillés , & qu'on fe plaît à confidérer 
les grâces & le goût de leurs diffé- 
rentes parures 3 mais qu'on voie pa- 
roître le Paon, tous les yeux fe réu- 
nifTent fur lui. L'air de fa tête , la lé- 
gèreté de fa taille , les couleurs de 
fon corps , les yeux Se les nuances de 
fa queue , l'or & l'azur dont il brille 
de toutcôté, cette roue qu'il pro- 
mené avec pompe , fa contenance plei- 
ne de dignité , l'attention même avec 
laquelle il étale fes avantages aux 
yeux d'une compagnie que la curîo- 
fi té lui amené , tout en eft fîngulier & 
raviiTaht. Tel eft le beau portrait que 
M. Pluçh e fait de cet oifeau. Mais, 
ajoutc-t-il , avec cette multitude d'a- 
grémens on peut ennuyer Se déplaire: 
c'eft ce qui arrive au Paon. Il entre- 
tient mal fon monde : il ne fait ni caufer, 
ni chanter; fon langage eft affreux : c'eft 
un cri à faire peur ; au-lieu qu'avec 
des manières plus modeftes & plus 
ïîmrks , le Serin , l a Liaote , la Fau- 



P A O 

vette , le Perroquet , vont vivre avec 
nous des quinze & vingt années , fans 
nous ennuyer un feul moment : ils 
font gens d'efpritSe de bon entretien: 
c'eft tout dire. Ce n'eft rien moins 
qu'un grand extérieur qui rend la fo- 
ciété douce Se de longue durée. 

Le Paon contient beaucoup d'huile 
& de fel volatil. Cet oifeau eft peu d'u- 
fage en aliment : fa chair qui eft dure , 
féche Se difficile à digérer, le fait re- 
jetter de toutes les bonnes tables , Se fi 
l'on y en fert quelquefois , c'eft plu- 
tôt par oftentation Se par magnificen- 
ce , qu'à raifon de fa bonté. Mais les 
Paomaux étant pris jeunes Se ten- 
dres , font , dit-on, un manger fort 
délicat. 

Quant aux ufages du Paon en Mé- 
decine, fa chair eft eftimée contre le 
vertige. Les bouillons qu'on en fait font 
recommandés dans la pleuréfie , pour 
exciter l'urine , Se pour faire couler 
les graviers des reins & de la veflie. 
Sa graiffe mêlée avec le miel Se le fuc 
de Rue , guérit la colique , Se fon fiel 
eft ophthalmique Se propre pour dé-- 
terger les ulcères des yeux , 8e pour 
fortifier la vue. Mais la partie du Pau» 
la plus ufitée en Médecine , c'eft la 
fiente qui paiîe pour être un fpécifique 
contre l'épilepfie , Se contre le verti- 
ge ; il eft difficile d'en avoir parce 
qu'il la mange. Ludovic dit beau- 
coup de bien de cette fiente du Paon 
contre l'épilepfie , en ayant reconnu 
plufieurs fois les bons effets. Cette 
fiente fe donne en poudre depuis un 
fcrupule jufqu'à un gros , fbit feule, 
foit mêlée avec un peu de fucre , foi: 
en potion , infufée dans un verre de vin 
rouge , dont on donne la colature ex- 
primée au malade. Voyez le Dïïïion- 
vaire de Médecine , Se la Suite de U 
Matière Médicale , Tome XI II. p. 425. 
& fuiv. 

PAON DU JAPON: Al- 

drovande a repr'éfenté & décrit 
le Paon du Japon mâle Se femelle. Cet 
oifeau eft d'une rare beauté , mais 

bien 



PAO 

tîcti différent de notre Paon ordinaire : 
fa queue a moins de plumes que celle 
des Paons de France ; la couleur en eft 
|>lus brune ; elle tire fur le châtain : 
les tuyaux font très-blancs , Se les yeux 
de la queue font beaucoup plus grands 
à ceux de cette efpece : fes premiers 
font dorés , les féconds font bleus , Se 
les derniers, font verds , comme le font 
ceux du P aon commun. Son bec eft cen- 
dré , long Se menu : il a le fommet de 
la tête plane & verdâtre , Se le haut 
du col femé de taches blanches, avec 
des lignes blanches dépendantes en 
bas ; la hupe eft en partie verte , Se en 
partie bleue; la prunelle de l'œil eft 
noire , & l'iris elt jaune, environnée 
d'un cercle rouge; le dos & la poi- 
trine font couverts de plumes divifics 
en plufieurs couleurs , faites en forme 
d'écaillcs : celles du dos font vertes Se 
bleues; celles de la poitrine font corn- 
pofées d'un jaune doré , de verd Se de 
bfeu Le commencement des ailes eft 
de la même couleur que le dos : les 
écailles vertes ne paroilTent pas tant, 
Se les bleues font plus éclatantes & 
plus grandes. Les premières plumes 
du. fécond ordre font de la couleur 
de celles d'en haut ; les autres font 
de couleur verte par le milieu , tra- 
verfées alternativement de lignes 
noires Se jaunes qui font noires à 
l'extrémité. 11 a le ventre , les cuîf- 
fes , les pieds d'un gris cendré & 
orné de taches noires , Se celles du 
ventre font ornées de lignes blan- 
ches. 

Il y a d'autres Paons au Japon , pref- 
que femblables aux nôtres. La femelle 
eft plus petite que le mâle:elle a la tête 
le col , le dos , la poitrine Se les ailes 
toutes femblables. Sa queue eft auffi 
remplie d'yeux , comme celle du mâle. 
Ces yeux font plus petits , mais ils 
ne laiffent pas d'être grands à propor- 
tion des plumes , & la queue eft verte 
Se environnée de plumes bleues ; les 
tuyaux font blancs, Se le ventre eft 
entièrement noir. 
Jvms III. 



PAO 329 

Aux environs de Baroche , ville du- 
Royaume de Cambaye , il y a , dit 
Tavernier , quantité de Paons; 
on les voit par troupes dans les champs, 
Il n'eft pas pofTible de les approcher : 
fi-tôt qu'ils apperçoivent le ChafTeur , 
ils fuient plus vite que la Perdrix , 
Se ils enfilent les broulfaiiles où l'on 
ne fauroit lesfuivre. Ils fe perchent la 
nuit fur les arbres. On en approche 
avec une efpece de bannière où des 
Paons font peints au naturel de cha- 
que côté : on met des chandelles al- 
lumées au haut du bâton ; la lumière 
furprenant le Paon, fait qu'il allonge 
le col jufques fur le bout du bâton , 
où eft une corde d nœiu J .s coulans que 
tire celui qui tient la bannière , lorfque 
l'oifeau y a mis fon col. 

Le Paon d'Afrique ou de Guinée . 
que d'autres appellent VOif'eau Impé- 
rial t ou la Demoijille de Numidie , eft 
de la taille du Coq d'Inde. Voyez 
DEMOISELLE DE NUMI- 
DIE. 

Sur les confins d'Angola , on trouve 
un bois- environné de murs , où on 
élevé des Paons pour 1l?s parafols , Se 
pour les enfeignes du Roi. 

Le Paon du Cap de Bonne- Efpérance 
eft tout-à-fait femblable à celui de 
l'Europe. 

Outre les Naturalises ci-defius cités qui ont 
écrit fur le Paon, on peut encore consulter 
A r 1 s t o t e , Pl 1 m e , C 0 l u m e 1 l t , Sec. 
parmi les Anciens, & entre les Modernes, 
voyez G e s n e r , de A-vib. p. 35/?. Ali ro- 
vakde , Ornîth. 1, p. 8.' Jojsmon , de Avib. 
p. 37. C h a r l e to n , Exeràt. p. 80. rUy , 
Syncp. Melh. Av. p. 51. B e l o n , dk la Nac. 
des Oif. p. 134. WilldghSI , Orniih. p. lia 
Schkodeh.cs , Offic. p. 311. D a l e , Fkarm. 

p. 415. L É M ER Y , />. 661. SCHWENCKEEID , 

Avier. Silef. p. 3 z$. M e B, R et, Fin.p, ift. 
Mi Limk/gus, Patina Suec. n. 163. 

PAON MARIN , en Latin 
Pavo marinas » oifeau étranger , ainfi 
nommé par C L u S 1 u s ( Exot. L. V. 
c. 11. ) , fort femblable à l'Oifeau 
Royal , dont parle M.Perrault, 
( Mcm.de P Acad. Royale des Sciences , 
Tome III. Part. III. ) , & qui pourroit 

T t 



îjo PAO P A P 

tien être Le même. Voyez OISEAU 
ROYAL. 

PAON, grand Papillon , fur les 
ailes duquel font peints des yeux fem- 
blables à la queue du Paon. Il vient, 
dit M. de Réaumur , de ces 
grofleS efpeces de Chenilles rafes , dont 
j'ai pari; au mot CHENILLE 
DE POIRIER, ou je renvoie le 
Lecteur. 

* PAON, ou SATYRE DE 
MER , en Latin Satyrus marinas , 
Monitre marin , dit G e s ner ( de 
Aqaat. p. 1 1 97 ) , dont quelques Na- 
turaliltes ont donné la figure fous le 
nom de Démon de mer, pareequ'ii a deux 
cornes à la tête , Se la queue faite en 
poilfon. Voyez au mot H O M M E 
MARI N.. 

PAON, poiffon à nageoires épi- 
neufes , mis dans le rang des Labres , 
Se nommé par Artedi ( Ichfh. Parc. 
V. p. J Ç'. H, '6, i , Labrus pulcbrè va- 
rias ; pinnis petioralibus in extremo ro- 
titndis. Ce 11 le Pavo de S a l v i e n 

fol. 233. d'A IDROVANDE, L. [. 

C 4. de J o N s t o n , L. 1. c. 1. Se 
de Chaki. etom, p. 132. Le Tur- 
dus fecundiu , ou Pavo colore exviriùi 
c&ritleo de G e s n e r , de Aquat. 
p. ici 5. de B e l o n , de Vijcib. de 

\V I I. L U G H 3 Y , p. 3 2 2. & de R A Y , 

p. 137. Ce poilfon eit nommé Pavo 
par quelques Naturalises à caufe de 
les belles couleurs. Rondelet 
lui donna, Se aux autres efpeces , le 
nom deTourd , dérivé du nom Latin 
Turdus. Vous pouvez confulter le 
mot TOU RD, On le nomme en 
Italien Papagallo , Se en Portugais 
Badia. 

PAONCHETTO, nom que 
les Italiens donnent , dit B e l o n ( de 
la Nat. des Gif. L. IV. c. 17. ) , à un 
oifeau que nous nommons en François 
Vanneau. Voyez ce mot. 

P A P 

PAPA- PEIXES , nom que 
les Portugais donnent au Jacuagati- 



V A P 

Gu.icu , oîfeau du Bréfil. Voyez ce 
mot. 

PAPE, en Latin Fringilla Trico~ 
lor , nom que C a T E b e y donne à un 
bel oifeau de la Caroline , qui efl: de 
trois couleurs. 11 eft de la groifeur 
du Serin, la tête Se le deflus du col 
font d'un bleu d'outremer; la gorge,, 
la poitrine S; le ventre font d'un rouge 
brillant; le dos eit verd ; le bas du 
dos , de même que la queue , iont d'un 
rouge foncé ; le dos , en approchant 
des ailes , eft tirant fur le jaune-ver- 
dàtre ; les plumes de l'aile , qui font 
pres du dos, font de couleur rouge , 
les ailes font violettes , les cuilles 
lont rouges , Se les pieds lont de cou- 
leur grifè. 

P A P E G A I, gros Perroquet 
Les Portugais le nomment Papagayos. 
On en voit dans l'ifle de Cuba , à la 
Nouvelle hlpagne , dit Oviedo , 
( L. XIV. c. 4. ) , Se à la Jamaïque. 
Selon S l o a n e , c'ell le Pjïttat us 
Leucocephalus d'A ldro v a n d e 
( Urnitb. L. II. p. 6jo. ). Ra y en 
parle ( Sytiop. Mcth. Av. app. p. 181, 
». 7.). Voyez au mot PERRO- 
QUET. 

Nieuhoff, dans fes Voyages 
donne aulli le nom de l'apegays-Vijch, 
à un poilfon des Indes. U'eil tout ce 
que nous en favons. 

PAPILLON, en Latin Fapilio, 
petit infecte volant , qui a des pied3 
Se des ailes. Les uns proviennent de 
Vers , d'autres de Chenilles , ou plu- 
tôt c'en: la Chenille qui fe change en 
Chrylàlide , Se la Chryfalide en Pa- 
pillon. Toutes les Chenilles , Se les 
Vers que nous appelions Teignes , celles 
qui ont tous les caratteres de la Che- 
nille deviennent des Papillons. La vi- 
vacité , le grand éclat , la furprenanre 
variété de ieurs couleurs , les font ad- 
mirer des Naturalises. Les uns aiment 
Se cherchent la clarté du Soleil ; les au- 
tres femblent la craindre Se la fuir. 
C'eft ce qui a fourni une divifion <iesr 
Papillons en deux clalfes , générale- 



P A P 

(nent adoptée. On met dans la pre- 
mière ceux qui ne volent que pen- 
dant le jour , Se on les appelle Pa- 
illons diurnes : on met dans la féconde 
ceux qui ne volent que pendant la 
nuit , Se on les nomme Papillons noc- 
turnes , ou des Phalènes. 

M o R i N le Fleurifte a curieufe- 
fnent obfervé pendant plufieurs années 
que chaque plante'avoit fa Chenille 
Se fon Papillon. Swammerdam 
a décrit cent quatorze efpcces de Pa- 
pillons de nuit , avec leurs Nymphes 
dorées : il y en a de tout unis , de 
velus , de colorés , Se de tranfparens. 
Aldrovande en a décrit cent 
dix-huit fortes. M o u F F F. T en re- 
préfente quatre - vingt - fix fortes ; 
Hofinagel , cinquante ; G o E- 
DARD , ioixante - dix - iept fortes 
de ceux qui volent le ]our , 5c huit de 
ceux qui volent la nuit. Je vais d'a- 
bord parler des parties extérieures des 
PapiLons : enfuite je donnerai l'Hif- 
toire abrégée des Papillons diurnes Se 
des Papillons noLlurms. 

Parties extérieures des Papillons t leurs 
ailes , & leur vol. 

Les parties extérieures des Papil- 
lons font les ailes, les yeux, les an- 
tennes , Se les trompes. C'eft ce qui 
fert à les caractérifer. Tous ont qua- 
tre ailes , Se ces ailes différent de celles 
des Mouches , Se de celles de tous les 
autres infectes ailés , en ce qu'elles font 
couvertes d'une efpece de poulliere , 
ou de farine , qui s'attache aux doigts 
qui les touche. Cette pouflîere les a 
fait nommer par les Naturalises des 
ailes farinetijes. Les ailes des Mou- 
ches , A celles de divers autres in- 
fectes font traniparentes , Se femblent 
être une efpece de gafe , au-lieuque 
les ailes des Papillons font opaques ; 
elles doivent leur opacité à la pouf- 
fiere qui les couvre , Se à cette même 
poulliere les belles couleurs dont elles 
ïont parées. . Les ailes des Punitions 



P A P 331 

de différentes efpeces , ont fur diffé- 
rons endroits de la même aile des 
grains de différentes formes. Plufieurs 
Auteurs ont publié des obfervations, 
faites au microfeope fur les principales 
variétés. Mais perfonne, comme le dit 
M. de Réaumuk, n'en a fait gra- 
ver un auffi grand nombre de figures, 
Se fi en grand , que le P. Bonanni : 
elles rempliffent quatre pages de fa 
Micrographie. Plufieurs groffes ner- 
vures font la charpente des ailes Ces 
ailes font par leurs conrtruftions fo- 
lides 8c légères. Avec de grandesailes , 
8c légères , il eft aifé aux Papillons de 
fe foutenir pendant long-temps en l'air ; 
cependant plufieurs volent de mau- 
vfiife grâce. Leur vol ne fe fait point 
félon une ligne droite. Quand ils ont 
à faire en l'air un chemin de quel- 
que longueur , ils montent Se defeen- 
dent alternativement , Se la ligne de 
leur route ett compofée d'une infinité 
de zig-zags de haut en bas, Se de droite 
à gauche. Quand ils fauroient mieux 
voler pour arriver à leur terme par 
un chemin plus court , ils devraient 
voler comme ils font , pour courir 
moins derifque. Lesoifeaux les cher- 
chent pour s'en nourrir : ils fondent 
volontiers fur ceux qu'ils voyent en 
l'air. L'irrégularité du vol du Papil- 
lon l'empêche fouvent d'être la proÎ9 
de l'oifeau. 

Le corps dans lequel les ailes 
font implantées , eft tranfparent , pref- 
que fans aucune couleur , ou partout 
de même couleur. Mais ces ailes l'ont 
couvertes de petits grains , qu'on a 
regardés comme autant de petites plu- 
mes , Se que M. de Réaumur 
nomme écailles. Certains endroits de 
ces ailes ne font remplis que d'écaillés 
du plus beau bleu ; d'autres places le 
font d'écaillés rouges , d'autres d'écail- 
les jaunes , d'autres d'écaillés noires , 
d'autres d'écaillés d'un blanc ordinaire, 
d'autres d'écaillés de ce blanc plus 
beau que celui de l'argent , Se qu'oit 
appelle nacré , pareequ'il a l'éclat de 



33i P A P 

la nacre de Perle , Sec. Le même Na- 
turalifte croie que la variété de ces 
couleurs fur les ailes des Papillons 
vient de ce que le fuc qui nourrit les 
écailles qui font fur certaines portions 
de l'aile, n'eft pas précifément le mê- 
me que celui qui nourrit celles qui 
font fur d'autres portions ; que la conf- 
titution intime du Papillon exige ces 
différentes qualités dans les liqueurs 
qui circulent err certains endroits : el- 
les y font, ajoute-t-il , différemment 
altérées , ou il s'y fait des fécrétions 
différentes. Ce que M. de Réaumur 
dit des écailles des ailes des Papil- 
lons , peut être dit également des 
plumes des oifeaux , & des poils des 
Quadrupèdes. 

Les autres parties du Papillon fe ré- 
duifent à trois principales , qui portent 
Se renferment toutes les autres. La tète 
eft la pr.mi?re. Ce que les Anato- 
mHtes appellent tronc dans les grands 
animaux, 5c qui en eft à proprement 
parler 'e orps , fournit dans les Pa- 
pillons , & :lans les autres infectes ai- 
lés» deux parties diftinetes, l'antérieure 
8c la postérieure. La première eit le 
corfelet , que l'analorie pourroit faire 
regarder comme la poitrine. M. D e 
Réaumur laiife le nom de coTps à 
la poft ; rieure , qui eft la plus longue, 
8c celle dans laquelle les inteftins,& 
les parties de la génération font con- 
tenues ou enfermeés. 

Yeux & corn'e des Papillon?. 

On remarque à la tête d^s Papil- 
lons , les yeux , les antennes Se la trom- 
pe. Ceu:; qui ont employé le plus de 
temps à étudier les infectes au microf- 
cope , ccmmeleP.BoKANNi , Hook, 
Léewe-- hoeck & Puget, n'ont pas 
manqué d'olfferver les yeux des Pa- 
pillons : :1s n'ont pas tous précifément 
tàtaênre forme extérieure; tous pour- 
tant font v-peu-près une portion de 
fphere, mais qui dans quelques-uns,, 
•dit M,. D e 11 e a u m u R ». n'en eft que 



P A P 

la moitié , ou même moins , & qu* dans 
d'autres en eft une partie plus confi- 
dérable : les uns les ont plus gros „ 
les autres plus petits par rapport à la, 
groffeur de leur tête. L'enveloppe ex- 
térieure des yeux , qui , par fa pofitioiî 
& par fa confiftance , peut être regar- 
dée comme la cornée , a une forte de 
luifant , qui fait voir fouvent des cou- 
leurs aulli variées que celles de l'arc- 
en-ciel ; mais la couleur qui leur fer! 
de bafe à toutes , eft noire dans quel- 
ques Papillons , brune dans d'autres» 
elle eft grife dans plufieurs , & dan3 
beaucoup d'autres ce font de diverfes 
couleurs d'or , ou de bronze très- 
éclatantes , & qui tirent tantôt fur le 
rouge , tantôt fur le jaune , Se tantôt 
fur le vert. M. de Réaumur 
compare la cornée entière de l'œil d'ua 
Papillon à un verre taillé à facettes 
convexes, Se à un prodigieux nombre 
de facettes, ou ell: peut être regardée, 
dit-il , comme un afïemblage d'un nom- 
bre étonnant de cryftaH'ns. Léewen- 
hoeck a calculé qu'il y en avoit en- 
viron trots mille cent quatre-vingt- 
un fur une cornée de Scarabée; qu'il 
y en a plus de huit mille fur celle 
d'un ; Mouche. M. Puget en a compté 
dix-f pt mille trois cents vingt-cinq 
fur chaq ie cornée d'un Papi/'on , Se 
Ma lpichi, qui a obfervc les dif- 
férons fegmens qui partagent la cornée, 
des infectes , a regardé chacun de ces 
petirs fegmens comme autant d'yeux 
de- forte qu'au lieu de deux yeux que 
quc-lqu s Savans ont eu peine à ac- 
corder aux Papillons , on doit peut- 
être , dit M. de Réaumur, leur 
en reconnoître trente-quatre mille Sic 
cent cinquante , félon le calcul de M, 
Puget, Ces cornées font remplies 
de petites émînences qui fontde vraies 
lenti.lcs, de vrais cryftallins; & cha- 
cun de ces cryftallins, fclon nos mo- 
dernes Obfervateurs' , eft accompagné 
de tout ce que demande un œil com- 
plet. Mais il y en a eu , comme M. 
DE LA H I a E , qui OJÏt douté » 8c 



P A P 

jnême nié qu'on les dût prendre pour 
de véritables yeux. 

Antennes des Papillons. 

Tous tes Papillons , & la plupart 
des autres infectes allés , portent fur 
leur tête deux efpeces de cornes , dif- 
férentes par leur ftructure de celles 
des grands animaux : on leur a aufft 
donné un nom particulier , qui eft ce- 
lui d'antennes. Il y a entr'elles des va- 
riétés de forme 8c de conftruction , 
qui fourniffent une partie des carac- 
tères les plus commodes Se les plus 
fûrs , pour dîftingne* les principales 
claffes des Papillons. En général les 
antennes différent des cornes , en ce 
qu'elles font mobiles fur leur bafe , 
& en ce qu'elles ont d'ailleurs un grand 
nombre d'articulations , qui leur per- 
mettent de fe courber , de fe contour- 
ner en différens fens , &c de s'incliner 
de différens côtés. Celles des Papil- 
lons font implantées furie deffus de la 
rête affez proche du bord extérieur de 
chaque œil. On les divife en fix genres 
notablement différens par leur forme. 

Celles du premier genre , depuis 
leur origines jufque proche de leur ex- 
trémité f ont un diamètre affez égal ; 
elles y font prefque cylindriques , 8c 
fe terminent par une groffetête, affez 
femblable à celle des maffes d'armes. 
Cette tête , quoiqu'elle n'ait pas autre- 
ment de reffemblance avec celle d'un 
clou , a été nommée en Latin par les 
Naturaliftcs , clavus , & ces fortes 
d'antennes , antenne clavatx. M- de 
R é a u mur dit qu'il les appelleroit 
plus volontiers des antennes à majjue , 
ou des antennes à houtens. Les formes 
des boutons font moins limitées que 
celles des têtes de clou. H y a des bou- 
tons de la figure d'une olive ; c'eft la 
plus commune des bouts des antennes 
de cette clnffe : d'autres ont la tête 
de là moitié de la longueur d'une oli- 
ve , c'eft-à-dîre d'une «live tronquée. 
Des antennes de ce genre , vues au 



P A P 3 3 j 

microfeope par cet Obfervateur , luf 
ont paru chargées de poils ; d'autres 
lui ont paru liffes. Un grand nombre 
de Papillons diurnes , qui fe pofent fur 
les fleurs , portent des antennes de ce 
premier genre, 

Les antennes du fécond genre fonr 
communément plus courtes par rap- 
port à la longueur du corps du Papil-* 
Ion , que celles du genre précédent. 
Ce qui fait leur vrai caractère, c'eft que 
depuis leur origine -, jufques tout au- 
près de leur extrémité, elles augmen- 
tent infenfiblement de diamètre. Là s 
elles diminuent tout-à-coup de grof- 
feur , pour fe terminer par une poin- 
te , qui fe trouve à leur partie infé- 
rieure , Se d'où fort une efpece de 
petite iiot'pe compofée de quelques 
filets. Le nom à* antennes à maffia pa- 
roît , dit M. de R É a u M u r , pro- 
pre à donner une idée de la forme de 
celles-ci , qui reffembltnt affez à celle 
fous laquelle on repréfente la maflue 
d'H e n c u I, e. On trouve des anten- 
nes du genre de celles-ci à des Papil- 
lons qui fe foutiennent en volant au- 
deffus des fleurs , qu'on ne voit point 
s'appuyer deffus', & dont les ailes , 
mues avec vîteffe , f$nt un bourdonne- 
ment continuel 

M. d e Réaumur met' dans le 
troifieme genre les antennes qui diffé- 
rent de celles du genre précédent, err 
ce qu'elles font plus larges qu'épaif- 
fes , au-lieu que les autres font plus 
épaiffesque larges : comme les autres , 
elles augmentent de diamètre, à rae- 
fure qu'elles s'éloignent de leur ori- 
gine. Ces antennes font plus contour- 
nées & reffemblent affez aux cornes de 
Bélier. 11 y a des Papillons communs 
dans les prairies qui portent de ces 
fortes d'antennes. 

Le même Obfervateur range dans le 
quatrième genre les antennes qui fe 
terminent par une pointe aiguë , affez. 
femblable .1 celle qui termine les anc- 
iennes du fécond genre :. mais elles co- 
difièrent , 5c de celles des autres geny- 



334 P A P 

res , en ce que peu au-delïus de leur 
origine elles prennent fubitement une 
augmentation de grofTeur qu'elles con- 
servent dans la plus grande partie de 
l'étendue, c'eft-à -dire, jufques aflez 
près de leur bout , où elles fe con- 
tournent un peu pour fe terminer par 
une pointe , qui quelquefois porte elle- 
même une autre pointe , corrpofée de 
plulîeurs filets ou poils extrêmement 
déliés. Le microfeope fait appercevoir 
fur ces antetmes deux rangs de poils. 
Plufteurs efpeces de très-gros Papil- 
lons ont de ces fortes d'antennes. Elles 
font elles-mêmes grofles , mais elles 
font courtes par rapport à la longueur 
du corps. M. de R É A u M u u les 
appelle des antennes p.ijmatiques , 
pareeque la plus grande partie de leur 
étendue eft une efpece de prijmc , qui 
a pour bafe un fecteur de courbe. Il 
en a cependant trouvé , qui , fur une 
de leurs faces , avoient une cane- 
iure. 

11 fait entrer dans le cinquième gen- 
re toutes les antennes , qui font aufli 
'groifes ou plus grolTes à leur origine 
qu'en aucun autre endroit , Se qui de- 
là , jufqu'à l?ur extrémité , vont en 
diminuant de diaqjetre , pour le termi- 
ner en pointe , sAiême généralement 
qui près de leur extrémité ne font pas 
plus grolfes qu'ailleurs. Il les app; lie 
des antennes à filets coniques & g ral ' 
nés. Les amènes de ce f enre font cel- 
les qu'on trouve à un plus grand nom- 
bre d'efpeces de Papillons. Il y en a 
de courtes ; il y en a au SI de très- 
longues , par rapport à la longueur du 
corps. 

Lnfin M. de R é a u m u r met 
dans le fixieme genre les antennes 
dont la ilructure paroît plus finguii ■ re. 
Il les nomme anter.nes en plumes. A la 
{impie vue , chacune de ces ànttknes 
eft corrpofée d'une tige , qui , depuis 
fon orifine jufqu'à fon extrémité, va 
en diminuant de grofTeur; Se des deux 
côtés oppoPs de cette tige partent 
des filets difpofés comme les barbes 



P A P 

des plumes , mais moins preffés les uns 
auprès des autres. Dans les difïérens 
genres de Papillons , qui portent ces 
f ortes d'antennes , elles fervent à faire 
dillinguer les fexes. Celles des mâles 
font bien plus belles que celles des fe- 
melles ; elles font plus fournies de 
barbes, Se de barbes plus longues Se 
qui fe foutiennent mieux. Le grand 8c 
beau Papillon Paon , qui vient d'une 
groffe Chenille à tubercules du Poi- 
rier , donne un exemple de cette diffé- 
rence. De chacune des parties de la 
tige de l'antenne de la femelle , ren- 
fermée entre deux articulations , il ne 
part qu'une barbe de chaque côté , & 
il en part deux du côté de chaque pa- 
reille partie du Papillon mâle. Voilà 
les principaux genres des antennes des 
Papillons. 

Les antennes de ces fix genres font 
mobiles fur leur bafe. Les Papillons les 
inclinent & les redreffent à leur gré. 
Les uns les tiennent fouvent couchées 
fur leur corps ; d'autres les portent 
élevées Se droites ; d'autres enfin les 
portent tantôt droites Se tantôt cou- 
chées. 11 y a des Papillons qui portent 
des antennes à plumes , comme les Liè- 
vres portent leurs oreilles. Outre que 
l'antenne efl mobile fur fa bafe , fa tige 
peut le courber plus ou moins , Se fe 
contourner en diiférens fens. Le grand 
nombre d'articulations qui s'y trou- 
vent lent deftinées àlervir à toutes ces 
flexions. 

IL eft encore inconnu à nos Obfer- 
vateurs de quel ufage font ces anun- 
nes , parties compofées avec art , & 
tres-organifées. Les ufages qu'on leur 
attribue ne répondent pas, dit M. de 
Réau^mur, au travail qui entre 
dans leur compofition, Quelques-uns 
ont dit qu'elles étoient faites pour m .t- 
tr; les yeux à couvert Des antennes , 
qui n'ont que la grofleur d'un filet 
auprès de l'ail , Se qui vont affez loin 
fe terminer p^r une .erolle tête , ne font 
pas faites pour défendre l'œil. D'au- 
tres les ont employées à nettoyer ou 



P A F 

â Balayer les yeux , qui eft un vJagÉ 
fort important, Se auquel la forme des 
antennes les rend peu propres. Ceux 
qui ont cru que les Papillons fe fer- 
voient de leurs antennes comme l'aveu- 
gle fe fert d& fon bâton , Se qu'elles 
leur annonçaient les corps contre lef- 
quels leur tête pourro't fe heurter , 
n'ont pas paru à M. de Hé a u m u r 
avoir mieux imaginé leur véritable 
ufage , quoiqu'ils en aient imaginé un 
plus utile que les précédons. 11 doute 
f] ces antennes ne font poin: l'organe 
de quelque feus , par exemple , com- 
me de l'odorat. Piufieurs infectes fem- 
blent l'avoir exquis , Se on ne fait pas 
où en eftl'organe chez eux ; mais c'eft 
fur quoi il n'ofe hafarder des conjectu- 
res. Les tiges des antennes de piu- 
fieurs efpeces lui ont paru des tuyaux 
creux : l'intérieur de quelques-unes 
femble être de la nature de la corne ; 
il eft même luifànt : relies font , dit-il , 
la plupart des tiges des antennes à plu- 
mes. Il y en a de celles-ci qui font bru- 
nes , d'autres qui font noires , d'au- 
îres qui font jaunâtres. 

Trompe des Papillons. 

Pour la trompe l'ufage en eft mieux 
connu que celui des antennes. Piu- 
fieurs efpeces de Papillons s'en fervent 
pour fucer le fuc dts fleurs. Nous di- 
ions piufieurs efpeces , pareeque tous 
les Papillons n'ont pas une trompe 
ienfible : elle manque , par exemple , 
à celui du Ver à foie. Cette trompe , 
dans ceux qui en font pourvus , eft 
préciïément entre les deux yeux. Tant 
que le Papillon ne cherche point à 
prendre de nourriture , fa trompe eft 
roulée en fpirale. Chaque tour, com- 
me dans les montres, enveloppe celui 
qui le précède. Il y en a de courtes , 
qui ne forment gueres qu'un tour & 
demi , ou deux tours. 11 y en a de 
grandeur moyenne , qui forment trois 
cours & demi , ou quatre tours , & il y 
en a de très -longues , qui font plus de 



PAP 335 

huit ou dix tours. Quand elle eft rou- 
lée , il n'y a qu'une partie de la circon- 
férence de ce rouleau , qui s'offre aux 
yeux. Un Papillon , pour fe fervir de 
fa trompe , vole autour de quelque 
fleur , fe pofe deffus ou tout auprès 
pour quelques inftans : alors il porte 
en avant fa trompe , entièrement ou 
prefque entièrement déroulée : bien- 
tôt après il la redreife, au point de lut 
laiifer à peine un peu de courbure. II 
la dirige en bas , il la fait entrer dans la. 
fleur, il en conduit le bout jufqu'au 
fond du calice, quelque profond que foie 
celui que la fleur forme. Quelquefois 
un initant après il l'en retire pour la 
courber , pour la contourner un peu r 
Se quelquefois même pour lui faire 
faire quelques tours de fpirale : fur le 
champ il laredreffè, pour la plonger 
une féconde fois dans la même fleur y 
d'où il la retire comme la première 
fois» pour la recourber. Après avoir 
répété iept ou huit fois le même manè- 
ge , il vole fur une autre fleur. Il y a 
des Papillons qui ne s'appuyent jamais 
fur une fleur : c'eft en volant qu'ils- 
en pompent le fuc : ils planent à la . 
manière des oifeaux de proie au-deffus 
de celles qui font de leur goût. Cette 
trompe paroît à la vue une efpece de 
lame plus large qu'épailfe , d'une ma- 
tière àfïez analogue à la corne. La trom- 
pe eft compofée de deux parties éga- 
les Se femblablcs. Le Pere B o N A N N r 
en a fait repréfenter dans fa Microgra- 
phie. M. Puget a auflS depuis donné 
la defeription de fa ftructure , Se on 
voit dans M. DE Réaumur. (Tome h 
Mém. V.) ce qu'il en dit. Il y a quel— 
ques variétés dans les couleurs des 
trompes. Quelques-unes font toutes 
noires; d'autres font rouffes', ou cou- 
leur de maron ; d'autres font couleur 
de feuille morte ; d'autres font d'un 
jaune plus clair. Il y en a qui font char- 
gées de poils à leur furface inférieure »• 
d'autres n'en ont point du tout, d'au-- 
tres en ont fur les côtés. Enfin il y a 
des variétés dans la figure des troua.-- 



g 3 d P A P 

pes & dans la ftruchire intérieure. Les 
trompes ea cordon font plus courtes Se 
plus grottes que les autres , Se n'ont 
dans leur Intérieur qu'un feul canal. 

Corfelet & jambes des Papillons, 

Le corfelet eft la partie antérieure 
du Papillon : elle eft fblidement cons- 
truite, Se effectivement elle a plus be- 
foin de folidité que toute autre partie , 
puifqu'elle porte les quatre ailes : elle 
a encore A Soutenir tous les mouve- 
mens ; aulïï fa charpente eft-elle forte : 
elle eft compofée de pièces écaillcufes , 
épaiiTes Se fi bien liées enfcmble , 
qu'elles n'ont aucun jeu. C'eft aulfi le 
corfelet qui eft chargé des jambes du 
Papillon. Ceux de toutes les efpeces 
n'en ont que fix. Il y en a même qui 
n'en employent jamais que quatre , 
foit pour marcher , foit pour fe fixer. 
Les deux premières jambes de ces Pa- 
pillons ne font pas faites pour fervir à 
ces ufages , au-lieu que les quatre au- 
tres ont un pied , qui fe termine par des 
crochets. Le pied de ces quatre jambes 
eft couvert de poils , qui le rendent 
affez femblable au bout d'un cordon 
d'une palatine de peau. Ils tiennent 
fouvent ces deux premières jambes 
fi appliquées contre leur corps , où de 
longs poils aident à les cacher , qu'on 
a bien de la peine à s'affurer qu'ils les 
ont , jufqu'à ce qu'on leur ait arra- 
ché les quatre autres. 

Corps des Papillons. 

J'ai dit que M. de Réaumur donne 
le nom de corps à la partie poftérieure 
des Papillons. Ce corps eft compofé 
d'anneaux, dont la partie fupérieure 
au moins eft vifiblement écailleufe , 
ou cartiiagineufe. La forme qui naît 
de l'affemblage de ces anneaux eft 
celle d'une efpece d'olive , plus ou 
moins allongée dans différons Papillons. 
Souvent les anneaux font cachés fous 
Jes grands poils & fous les plumes 



F A P 

qu'ils portent ; mais outre tant de 
poils Se tant de plumes, ils font re- 
couverts d'écaillés femblables à celles 
des ailes. Le contour fupérieur du 
bord de chaque anneau , c'eft-à-dire 
celui fous lequel s'emboëte le bord de 
l'anneau fuivant , eft de plus fraifé 
d'écaillés pointues. Voilà en abrégé 
ce que je puis dire de toutes les parties 
du Papillon. 

Papillons diurnes & Papillons nollurnes, 

Les Papillons diurnes Se les Phalè- 
nes , ou Papillons nocturnes ont des 
parties , par Iefquelles ils font aifés à 
reconnoître. On les diftkgue fur-tout 
par la torme de leurs antennes. Tous 
ceux qui ont les antennes du premier 
genre, que M. de Réaumur nomme 
antennes à boutons & à maffia, font des 
Papillons diurnes. On ne voit aucun 
des Papillons qui en portent , venir le 
foir fe brûler à la chandelle. Il y a 
encore d'autres formes d'antennes , 
propres aux Papillons diurnes: ce font 
celles du fécond genre. Celles du troi- 
fieme genre, que le même Obferva- 
teur compare aux cornes du Bélier , 
font regardées comme peu propres 
aux Papillons diurnes. 

Les Phalènes portent des antennes 
des trois autres genres , de celles des 
quatrième , cinquième Se fixieme gen- 
res, c'eft-à-dire de celles qu'il nomme 
antennes prifmatiqites , de celles qu'il 
nomme antennes à filets coniques , ou 
de celles qui font en plumes , ou à 
barbes. Les Papillons qui viennent vo- 
ler le foir dans les appartemens, qui 
vont fe brûler aux lumières , ont tou- 
jours des antennes d'un des trois gen- 
res. Il y a cependant des Papillons qui 
ont de ces fortes d'antennes , qu'on 
voit voler en plein jour & en grand 
nombre dans les bois : mais M. DE 
Réaumur a obfervé que c'étoient 
des mâles , qui cherchoient , pour s'ac- 
coupler.des femelles, iefquelles étoient 
tranquilles Se immobiles fur des feuil- 
les : 



P A F 

îes : ce qu'il y a de vrai , c'eft qu'on" 
ne voit jamais de Phalènes voltiger 
Je fleur en fleur en plein jour, pour 
fucer leur miel. 

Clajjes des Papillon/ diurnes, 

La clafTe des Papillons diurnes n'eft 
pas â beaucoup près fi nombreufe que 
celle des Papillons nocturnes ou Phalè- 
nes. M. de Réaumur diftribue cette 
clafle de Papillons diurnes en huit au- 
tres. 11 compofe la première, de ceux 
dont les antennes îbnt terminées par 
des maflTes ou boutons , qui tiennent 
le plan de leurs ailes perpendiculaire 
à celui fur lequel ils l'ont pofés , & 
dont le bord inférieur des ailes infé- 
rieures embraffe le deffbus du corps , 
& enfin qui font pofés fur fix jambes Se 
qui marchent auffi fur fix jambes. Le 
Papillon blanc , avec quelques taches 
noires, qui vient de la plus belle des 
Chenilles de Chou , dont M, de 
Réaumur donne l'hiftoire dans le 
Mémoire XI. Tome I. fournit un exem- 
ple des Papillons de cette claiTe. 

Cet Obfervateur comprend dans la 
féconde clafTe ceux dont les quatre 
eiles font perpendiculaires au plan de 
pofition, & dont les inférieures em- 
braient auffi le corps par dedous, mais 
qui ne fe pofent que fur quatre jam- 
bes. Il ne leur en paroît que quatre , 
foit qu'ils marchent , foit qu'ils foient 
en repos. Ordinairement ils tiennent 
leurs deux premières jambes repliées. 
Diverfes efpeces de Chenilles épineu- 
fes donnent des Papillom de cette claf- 
fe, comme la Chenille épineufe d'Or- 
tie , qui y vît folitaire. 

Dans la troïfieme clafTe font raflem- 
blés les Papillons qui ont le même port 
d'ailes & la même forme d'antennes 
que ceux des deux clalTes précédentes : 
Ils ont même de commun avec ceux 
de la féconde de ne fe pofer & de ne 
marcher que fur quatre jambes ; mais 
ils n'ont point comme eux leurs deux 
premières jambes terminées en cor- 
dons de palatines j elles font faites 
Tome Lit. 



PAP 337 

comme les autres jambes , mais fi con- 
fidérablement plus petites , que les 
yeux ont peine à les voir. Un Papillon 
très-commun dans les prairies 8c dans 
les champs vers la fin de Juin, pen- 
dant tout le mois de Juillet Se même 
plus tard , elt de cette clafle. 11 y a des 
Papillons beaucoup plus petits , qui 
d'ailleurs reffemblent aux précédens 
par la couleur des ailes , qui font auffi 
de la même clafTe. On range encore 
fous cette clalTe quelques efpeces de 
Papillons , fur les ailes defquels il y a 
une diùribution de taches noires Se de 
taches blanches, qui imite allez celle 
des quarrés d'un damier, & beaucoup 
d'autres efpeces appartiennent à cette 
même clafle. 

M. de Réaumur range dans la 
quatrième clafle les Papillons dont les 
antennes font encore terminées par des 
maffes , ou boutons , Se qui portent aulfi 
leurs quatre ailes perpendiculaires au 
plan de poiition , mais dont le bord des 
inférieures fe recourbe , pour venir 
embrafler & couvrir le deflus du corps. 
Les ailes de ceux-ci laifTent tout le 
relie du corps à nud. Outre ce caractè- 
re , chaque aile inférieure de ces Pa- 
pillons a vers le bout extérieur de fà 
bafe une longue appendice & une partie 
qui s'étend en pointe beaucoup par- 
delà le refte du corps. Cette partie fem- 
ble former une queue au Papillon ; 
auffi appelle-t-on ceux qui les ont des 
Papillons à queue , dit M. de Réaumur j 
cependant des Papillons aux ailes def- 
quels ces appendices manqueroient 
feroient de cette quatrième clafle , 
ajoute-t-il , fi le bord de leurs ailes 
inférieures fe replioit pour embraiïer 
le deflus du corps. Ils ont fix véritables 
jambes. On trouve vers la. fin de Juillet 
aflezfouventaux environs de Paris un 
grand & beau Papillon de cette clafTe. 
M c Mfrian l'a fait graver dans fa Plan- 
che XCI V. des Infebîes de l'Europe. 

Le même Obfervateur met dans la 
cinquième clafTe , des Papillons qui 
ont encore leurs antennes terminées 

Vu 



33 î *» A? 

par des mafles ou boutons, qui ontfix 
vraies jambes , maïs qui , quand ils 
font en repos , tiennent ordinairement 
leurs ailes parallèles au plan de pofi- 
tion , ou qui au moins ne les redreflent 
jamais aflez, pour que les deux fupé- 
rieurcs s'appliquent l'une contre l'au- 
tre au-defliis du corps. Il y a un Pa- 
pillon de cette ciatTe , qui vient d'une 
petite Chenille raie de la Guimauve. 

Les Papillons de la fixieme clalTe 
font cara&érifés par leurs antennes en 
maflue, c'eft-à-dire par ces antennes 
qui , depuis leur origine jufques près 
de leur extrémité, augmentent en grof- 
feur. Tous ceux que M. de Real mur 
connoît volent prefque continuelle- 
ment pendant le jour ; cependant 
Meri A N a donné le nom de Phalène à 
des Papillons de cette efpece ; mais M. 
de RéaumuR n'hérite pas à les 
placer parmi les Papillons diurnes , 
puisqu'il n'y en a point qui volent plus 
pendant le jour, té qui volent moins 
pendant la nuit. Ce font de ces Papil- 
lons qui planent fur les fleurs, pendant 
que leur trompe allongée en fuce la 
Éqoetir, Quelques Auteurs les nom- 
ment des Èperviers , nom qui leur con- 
vient affez , en ce qu'ils relftmbknt 
à ces oifeaux , ou à d'autres oifcaux 
de proie, par la facilité qu'ils ont de 
fe foutenir en l'air , fans prt fque chan- 
ger de p'ace. Le bruit qu'ils font en 
volant les fait appeller des Papillons 
Bourdons. M. DE Réaumur place 
dans la même claUe , des PapiiLns 
qu'il nomme Papillons Mouches , par- 
ceq^e leurs ailes ne font pas entière- 
ment couvertes des poufîkres qui ren- 
dent opaques celles des autres Papil- 
lons s elles font tranfparentes , au moins 
dans une partie de leur étendue. 

Les Papillon qui ont des antennes 
en cornes de BMîer , font de la fep- 
tieme rlafTe : tel eft tin Papillon tri s- 
Commun dans les prairies , qui vole 
peu pendant le jour , qu'on voit atta- 
ché contre des tiges de plantes Se fou- 
lent contre des tiges de G r amen. M e 



P A P 

Me Ri AN l'a mis parmi les Phalènes % 
& R a y le met parmi les Papillonr 
diurnes, ainfi que M. de Réaumur,. 
par la raifon que fes antennes reflem- 
blent plus à celles des Papillons diur- 
nes qu'à celles des noil urnes. 

Le même Académicien dît que fi 
tout a été exactement repréfenté dans 
le Papillon de la Planche XX. des In- 
jectes de Surinam, par M c 'Mïrian; 
il demande qu'on établilfe une huitième 
claife pour les Papillons diurnes. Celui 
qu'on y voit a des antennes à filet : 
coniques. 

Papillons notlurncs , ou Phalènes. 

J'ai dit qu'il y a beaucoup plus de 
genres & d'efpeces de Papillons milur- 
nés que de Papillons diurnes. Ils ne vo- 
lent la plupart qwe la nuit, ou quand 
la nuit approche. M. deReaumur 
fe contente de les civifer en iep t claifes; 
mais il donne les caractères d'un grand 
nombre de genres , qui viennent fe 
ranger fous chacune de ces claifes. En 
parlant de la trompe des Papidons , 
j'ai dit que les diurnes en étoient pour- 
vus ; mais il y a beaucoup de genres 
de nocturnes , quiiont privés de la trom- 
pe, M. de Réaumur a obfcrvé qu'il 
y a une quantité de ces Phalènes, 
qui ne mang. nt + m ne fongent à 
manger de leur vie : une trompe leur 
eft donc inutile , au moins pour pren- 
dre leur nourriture. Parmi ceux qui 
ont des trempes il y en a qui les ont 
extrêmement petites , réelles à la vé- 
rité , mais prefque inftnfibles pour 
nous, & il les range dans la clafle de 
ceux quî n'en ontpas, fans déiapprou- 
ver ks Obfervateurs qui , dans les c'a£ 
fes des P api Ions fans trompe, diftin- 
guenteeux qui en font pourvus, d'avec 
ceux qui en ont d'extrêmement peti- 
tes, Se d'une forme différente de celle 
des trompes ordinaires. Il les loue 
même de leur exactitude. 

Clajfes des Papillons mil urnes. 
Cet Obferyateur met dans la pre-» 



P A P 

mîere clafle des Papillons nofturnes 
ceux qui portent ces efpeces d'anten- 
nes ( qu'u nomme antennes prijmati- 
ffues. Ce font celles qui entre leurs deux 
bouts, dans la plus grande partie de 
leur étendue, ont un diamètre à-peu- 
près égal , Se dont la coupe ell un lec- 
teur de courbe , ou un triangle curvi- 
ligne. Tous les Papillons de cette cla£ 
fe ont des trompes. 11 y a des Bourdons 
Phalènes dans cette première clalte , 
comme il y a des Papillons diurnes 
dans la fixi me clafle des diurnes. Plu- 
feurs des plus grandes Se des plus 
belles efpeces de Phalènes appartien- 
nent à cette première claile. M. D E 
R e A u M u R en donne la description , 
çe qui lui donne occafion de parler des 
caractères qui en peuvent diltinguer ks 
genres. Le Papillon qui vient de la 
Chenille qui vit fur le Tithymale, ap- 
partient à cette claffe. Les longueurs 
& les figures des trompes fervent X 
diltinguer les genres de cette première 
clalfe de Phalènes. 

Le caractère des Papillons , dont 11 
compofe la féconde claffe , eft d'avoir 
des antennes à filets coniques, ou plus 
exactement Se plus généralement des 
antenn s qui depuis leur origine juf- 
cju'a leur extrémité diminuent infenil- 
blement de diamètre 8c fe terminent 
par une pointe alfez fine. Les mêmes 
Papillons , comme ceux de la première 
clalfe , doivent être auffi pourvus de 
trompes. 

Les Papillons de la troifieme claffe 
ont des antennesfemblables à celles des 
Papillons de la clalfe précédente , mais 
on ne leur trouve point de trompe. 

Le caractère de ceux de la quatrième 
eft d'avoir des antennes à barbes Se une 
trompe. 

Les Papillons réunis dans la cinquiè- 
me claffe ont les antennes à barbes, 
& n'ont point de trompe. 

Ces cinq claffés fontcara&érifées par 
les antennis Se les trompes , Se M. de 
R é a u m u R diftingue les genres des 
papillons appartenans à chaque clafle 



ÏAP 

par le port des ailes. Il en fait dix gen- 
res différens , qui font communs à ces 
cinq premières claffes. Voyez le Mé~ 
moire VU, Tome I. p. 197 . CT J iiv. 

La fixieme claffe comprend les Pa- 
pi/Wrdefquels les femelles n'ont point 
d'ailes fenlibles. 11 paroît par les Plan- 
ches de M e M e a 1 a n , & par celles 
d'É léazar. Albin, que plufieurs 
efpeces de Papillons à brujfes , qui ont 
de longues aigrettes proche de la tête 
en forme d'antennes , donnent des Pa- 
pillons femelles qui n'ont pas d'ailes 
lenfibles. Les Chenilles arpenteules à 
dix jambes fourniffent un bon nombre 
de Papillons femelles, qui appartien- 
nent à cette fixieme clalfe. 

M. de Rëaumur nous apprend 
que ceux de la fixieme clalfe lont mieux 
caractérifés que les précédens. Us ont 
des ailes qui imitent celles des oileaux. 
Ces ailes paroilTent compofées de vé- 
ritables plumes. Tous ceux qui appar- 
tiennent à cette clalfe font petits , 
mais la ftmfture particulière de leurs 
ailes a paru digne à M. D E R É A u- 
mur d'être examinée. 11 les a mis a 
la fuite des Phalènes. Us en ont, dit-il , 
un des caractères par leurs antennes à 
filets coniques. On ne laîlfe pas que 
de les voir voler pendant le jour : d'ail- 
leurs la transformation des chenilles» 
d'où ils viennent, fe fait de la même 
manière que celles des Chenilles des 
Papillons diurnes. Ils pourroient donc 
auffi appartenir à la claffe des P api, ions 
diurnes ; mais de tout cela , ajoute- 
t-il , il réfulte qu'on les peut regarder 
comme une claffe particulière , qu'il 
place à la fuite des Phalènes. Il en cori- 
noît trois genres , quife fontaifément 
distinguer les uns des autres. Ceux du 
premier font d'une grande blancheur. 
Ils fe poient ordinairement fur fix 
jambes, dont les deux poltérieures font 
plus longues que les antérieures. Le 
Papillon qui lui fert d'exemple , pour 
le fécond genre de ceux à plumes , 
ell d'un brun qui tire fur une couleur 
de bois clair : il ne s'appuie ordinaire- 



340 P A P 



P A F 



ment que fur les quatre jambes anté- 
rieures ; il tient les deux dernières , 
qui font confidérablement plus lon- 
gues , étendues , quelquefois le long 
des côtes , Se quelquefois deflbus le 
corps, auquel elles forment une efpece 
de queue , après s'être croifées l'une Se 
l'autre fur le derrière. Chacune des 
jambes de ce Papillon , Se chacune de 
celles du précédent , ont d'efpace en 
efpace d'aifez grands crochets ou er- 
gots. Les Papillons du troifieme genre 
à ailes en plumes , les tiennent tou- 
jours déployées : ils font petits. La 
couleur de ceux que M. de Réau- 
m u R a vus elt de couleur brune. Du 
brun clair & plus foncé , mêlé par 
petites taches , fait toutes les variétés 
We quelques-uns. Ce brun a pourtant 
un œil doré, Outre que ce Papillon 
eft petit , fes ailes font tendres ; cha- 
que aile fiipérieure elt formée de huit 
plumes, Se chaque aile inférieure de 
quatre plumes. 

Couleurs différentes des Papillons. 

C'eft par les couleurs différentes les 
unes des autres qu'on distingue les ef- 
peces de Papillons. Voici comme parle 
M. d e R é A u M u r . à la fin de fon 
Mémoire Vil. ci-deffus cité. Il y en a , 
dit-il , dont toutes les ailes font d'une 
même couleur ; d'autres , dont les ai- 
les inférieures font colorées autre- 
ment que les fupérieures. Les couleurs 
du deflbus de la même aile font fou- 
vent différentes de celles du deffus. 
Quelques ailes fontprefque d'une cou- 
leur fimp'e ; d'autres d'une couleur 
compofée. Quelques-unes n'ont qu'un 
bord d'une couleur différente de celle 
du relie ; d'autres n'ont que quelques 
taches d'une autre couleur de celle 
du fond. Entre les taches , il y en a de 
rondes compofées de différentes cou- 
leurs, nuancées Se distribuées par ban- 
des circulaires Se concentriques , qui 
imitent la figure des yeux , Se qui en 
forcent le nom : d'autres ailes font 



toutes remplies de taches de dîfferen»- 
tes couleurs ; les couleurs font éten<- 
dues par raies fur quelques-unes , fur 
d'autres par ondes. Il y en a qui ont 
des ailes , où l'or 8c l'argent femblent 
répandus , tantôt avec profufion , tan- 
tôt avec art. Il y en a qui les ont na- 
crées , ou qui ont des taches qui fem- 
blent de nacre : d'autres ont à leurs 
ailes des parties plus ou moins gran- 
des , qui ont une forte de tranfparen- 
te ; c'eft ce qui leur a fait donner le 
nom d'ailes vitrées ; enfin on y obferve 
toutes les variétés imaginables. Ce que 
M. deRéaumur en a parcouru , (oit 
de couleur , foit de forme différente , 
fuffit pour donner une idée de la gran- 
de quantité de Papillons que l'Auteur 
de la Nature s'eft plu à produire Se 
à cliverfifier fi fingulierernent. Ce n'efl 
que d'après lui que j'ai parle des par- 
ties extérieures du Papillon , ainfi que 
des claffes des Papillons diurnes Se dis 
Papillons melurnes. 

Pour achever de donner l'hilïoîre 
générale des Papillons, il me refte en- 
core à expofer aux yeux du Lecteur 
la différence des Papillons maies 8e des 
Papillons femelles y 8e à parler des fe- 
melles qui pafTent leur vie fans pren- 
dre de nourriture , de même que d« 
l'accouplement des Papillons , Se des 
parties de la génération de ces infectes. 
Enfuite je ferai mention de la fé- 
condité des Papillons femelles , de la 
figure de leurs ceufs , de leur couleur, 
de leur enveloppe , ainfi que des lieux 
où ces ceufs font dépof 4 s , de leurs nids, 
Se du temps de la ponte ; après quoi- 
je pafierai aux deferiptions de quel- 
ques Papillons les plus finguliers» 

Différence des Papillons mâles & dej 
Papillons femelles. 

Il y a des mâles Se des femelles 
parmi les Papillons de tous les genres 
Se de toutes les efpeces. Ceux de diffé- 
rent fexe dans chaque efpace font 
aifés à diiUnguer, Parmi eux, comeie 



PAP 

parmi tous les autres infeétes , les fe- 
melles font plus grandes & plus grof- 
fes que les mâles, Le corps des mâles 
eft petit Se effilé ; celui des femelles 
eft plus gros , plus renflé Se plus ar- 
rondi. Le derrière des premiers eft 
plus pointu que celui des autres : maïs 
ces différences ne font pas , dit M. de 
R i A u M u R , auflï grandes Se auffi 
frappantes dans les Papillons diurnes, 
qu'elles le font dans les Phalènes. 11 y 
a des femelles de Papillons nocturnes , 
dont le corps eft une fois plus long 
que celui des mâles, & plus gros dans 
la même proportion , ou dans une pro- 
portion plus grande.. 

Femelles qui pajfent leur vie fans prendre 
de nourriture. 

Les femelles de quantité de genres 
de Phalènes ne femblent être deve- 
nues Papillons , Se n'avoir pris cette 
dernière forme que pour être en état 
de faire féconder leurs œufs & pour 
les pondre. L'cll à quoi fe réduit tout 
ce qui fe paife dans le court refte de 
leur vie : elles font leursœufs , & elles 
périifent , fans avoir pris de nourriture 
Se fans avoir cherché à en prendre. 
Cttte indifférence pour routes fortes 
d'alimens, ou peut-être l'impui'.fance 
d'en prendre, et! montrée par les Pa- 
pilLns femelles des Chenilles à oreilles 
du C hêne. Les Papillons du Ver à foie 
font encore un exemple connu de ceux 
qui perpétuent leur efpece lans pren- 
dre aucun aliment. 

Accouplement des Papillons. 

Les Papillons maies fbrtent vifs 5c 
actifs de leurs Chryfalides: ils pren- 
nent l'effor , volent Je routes parts , 
Se ne femblent être mis en mouve- 
ment que par le difir de trouver des 
femelles. Tefe font ces Papillons qu'en 
■voit voler par petites nuées en plein 
jour dans les bois , quoiqu'ils aient 
d'ailleurs tous les caractères dus P ha- 



P A? 34>r 

Unes. Leurs femelles font suffi lour- 
des , pefantes Se pareffeufes qu'ils font 
légers >. vifs Se actifs. Ces Papillons fe- 
melles ne font aucun ufage de leurs 
ailes qui font grandes : toujours tran- 
quilles , elles attendent que le mâle 
vienne les trouver; elles ne femblent 
ni le chercher , ni le fuir: mais autant 
que la femelle eft indifférente autaat 
le mâle eft ardent. 11 vole de toutes 
parts & continuellement , Seilfemble 
que ce ne foit que pour en découvrir 
quelqu'une. Des qu'il s'en trouve pro- 
che , dès qu'il l'a touchée , il s'y ac- 
couple fur le champ , & dans l'inftanr 
il le calme Se arrête le mouvement de 
fes ailes. Le mâle ne fe pofe pas fur 
fa femelle ; il place fon corps fe long 
du fien » Se comme ii eft bien moins 
long , Se que leurs parties poftérieures 
doivent fe rencontrer, la tête du mâle 
fe rrouve environ vis-à-vis le milie-i 
du corps de la femelle. Du côté où ell 
le mâle , qui eft ordinairement le côté 
droit, le bout d'une de fes ailes re- 
couvre le bout ou la partie du bout 
de l'aile de la femelle , qui eft du mê- 
me côté. Au moyen de cette difpo- 
fition l'accouplement s'achève dans 
l'oblcurité. L'accouplement dure fou- 
vent plus d'une demi-heure , Se même 
quelquefois une heure. Les femelles de 
cette elpece n'ont befoin que de s'ac- 
coupler une fois dans leur vie ; elles 
ont le corps fi rempii d'œufs qu'elles 
commencent leur ponte , dès que l'ac- 
couplement eft fini: 

Les femelles de ces Papillons Se cel- 
les de pluiieurs autres efpeces, ne fe 
fervent point de leurs ailes pour vo- 
ler , puifqu'elks pnifentleur vie fans 
voler. Les Papillons mâles Se femelltj 
des Vers à foie pafTent auflï leur vie 
fans voler; mais leurs ailes font moins 
grandes que celles des précédens. Dès 
que le Papidon mâle du Ver à foie 
paroîtau jour, il ne femble fonder qu'à 
s'accoupler, comme font tes autres Pa- 
pillons. A peine eft-il fec , qu'il mar- 
che en agitant fes ailes de temps eai 



34* PAP 

temps, 8c tenant le bout de fon der- 
rière recourbé en haut , il cherche en 
cetre attitude une femelle; dis qu'il 
Va rencontrée , il fe retourne de façon 
qu'il puilTe appliquer le bour de Ton 
derrière contre le lien Alors l'accou- 
plement eft bientôt parfait: il fe fait 
tout diiîîremmenc que le précédent. 
Ce que le Papillon maie du Ver à foie 
a de remarquable , c'elt qu'il agite les 
ailes avec vîtelTe à différentes repri- 
fes, comme l'a remarqué MalpiGhi. 

Beaucoup de Papillons de différen- 
tes efpeces iont dilpofés comme ceux 
des Vers A foie p.ndant l'accouple- 
Tn.nt, ayant leurs tète? tournées vers 
des côtés diamétralement oppolés , Se 
leurs corps fur une même ligne; mais 
la plupart, dit M. de Réa u M u R, 
relient tranquilles pendant toute ia du- 
rée de l'accouplement , Se fi tranquil- 
les , qu'on ne leur voit faire aucun 
mouvement. Les ailes de l'un recou- 
vrent en partie les ailes de l'autre Se 
font quelquefois fi bien appliquées 
de Jus , que les deux infectes n'en pa- 
roiiîent qu'un à deux têtes. Cette dif- 
pofition eft aiïez ordinaire à plusieurs 
petites efpeces de Papillons, qui vien- 
nent de Chenilles qui plient ou roulent 
des feuilles. 

Pendant la durée de l'accouplement 
de quelques autres Papillons , le corps 
du mâle fait un angle avec celui de la 
femelle , tantôt aigu , tantôt obtus 5c 
tantôt droit. D'autres Papillons font 
placés pendant l'accouplement com- 
me le font la plupart des Quadrupèdes , 
& quantité d'autres infectes : le mâle 
eft pcfé fur le dos de la femelle. 

Les femelles de quantité d'cfpeces 
de Phalènes attendent paifiblement le 
tnàle , fans paroître le défircr ; mais 
celles de piufieurs autres efpeces de 
Phalènes , malgré leur tranquillité , 
femblent inviter les mâles qui les ap- 
perçoivent à venir fe joindre à elles. 
Leur corps n'eft pas étendu fur le plan 
où elles font appuyées; elles relèvent 
le bout de leur derrière au-deflus de 



P A P 

leurs ailes : quelques - unes même , 
pour le mettre plus en vue , courbent 
le corps en crochet, de manière qu'el- 
fes ramenen le bout de leur derrière 
prelque vis-à-vis le defTus du corfelet. 
Llles palTent des journées dans cette 
a-.titude, fi les mâles ne fe préfentent 
point. 

Les Papillons diurnes font ordinai- 
rement en l'air le prélude de leur ac- 
couplement. On y en voit fouvent vo- 
ler deux , qui tour à tour fe pourfiu- 
vent & fe luient Dans le mois d'Août 
& dans le commencement de Septem- 
bre les jardins font remplis de ces Pa~ 
pillotu , qui voltigent en l'air l'un 
auprès de l'autre. Ln d'eux, c'tftla 
femelle, ne paroît plus pouvoir tenir 
contre les pourluites de l'autre , s'é- 
chappe Se vient fe pofer fur quelque 
feuille , Se le mâle après avoir bien 
voltigé pour trouver le moment qu'el- 
le ouvre les ailes , en failli , s'il le peut 
l'inftant, Se il le trouve à la fin , apns 
bien des tentatives inutiles ; alors il 
fond fur le co-ps de la femelle , Se 
dans Imitant l'accouplement s'achève. 
Dans le temps ou il commence, le bout 
du derrière du mâle accroche le bout 
du derrière de la femelle. Le mâlere- 
drefle fes ailes , qui font prelque en- 
tièrement enfermées entre celles de la 
femelle , lcfquellcs enveloppent en 
même temps tout le corps du maie. On 
ne voit alors que le corlélet, & la tête 
de ce dernier, qui eft tournée du côté 
oppofé à celui vers lequel eft tournée 
celle de la femelle. I out s'achève en- 
fuite tranquillement ians que ni l'un ni 
l'autre de ces Papillons fe donnent des 
mouvemens fenfibles Mais fi on veut 
prendre ces Papillons pendant qu'ils 
font joints enfemble , la femelle s'en- 
vole, chargée du corps du mâle, qui 
fe laifle tranfportcr en l'air , fans fe 
donner aucun mouvement. Les mâles 
de ces Papillons qui s'accouplent ainfi 
ne font gueres plus petits que leurs 
feme'les : ils ont le corps plus effilé. 
On les diftingue les uns des autres par 



P A P 

deux taches noires lefquelles font deflus 
chaque aile de la femelle , Se une feule 
tache noire fur chaque aile du mâle. 

D'autres Papillons diurnes font au- 
trement placés que les précédens pen- 
dant l'accouplement. Ils ne font encore 
accrochés l'un à l'autre que par le 
bout du derrière , Se c'eft le feul en- 
droit par où ils fe touchent; mais le 
■ventre de l'un eft tourné vers le ventre 
de l'autre. Les deux têtes font pofées 
Tune vis-à-vis l'autre & à même hau- 
teur. Ils ont l'un Se l'autre leurs jambes 
cramponnées contre une même tige de 
Gr-imen , ou de quelque autre plante , 
ou fur les feuilles qui en fortent ; mais 
l'un eft d'un côté de la tige , & l'autre 
eft de l'autre côté. Leurs têtes font en 
haut Se leurs derrières en bas. Ces for- 
tes de Papillons font d'un des genres 
de la première claffe des Papillons 
diurnes. 

De tous les Papillons dinrnes\c$f lus 
tranquilles pendant l'accouplement » 
& peut-être même ceux qui relient plus 
long-temps accouplés , font ceux que 
M. deRéaumur range dans la 
feptieme claffe ; & ceux qu'il a choifis 
pourla caractérifer font ceux defquels 
le defïus des ailes eft d'une couleur 
changeante , d'un brun verdâtre , ou 
bleuâtre, qui tire fur la couleur qu'on 
appelle vert de Canard. Pendant l'ac- 
couplement les deux corps font ordi- 
nairement un angle , qui eft plus ou 
moins ouvert , félon que les points 
d'appui que les jambes ont faills , fe 
font trouvés placés. 

Parties de la génération des Papillons. 

M a L p i G h i a fait graver Se a 
donné les deferiptions de la forme Se 
de la ftrucîure des parties de la gé- 
nération du Papillon mâle du Ver à 
foie. M. de R é a u m u k a fait auffi 
graver des figures , qui fuffifent pour 
en donner une idée générale , foit par 
rapport aux Papillons diurnes , foit 
par rapport aux Papillons ijotturnes- 



P A P 

Pouf voir les parties de la génération 
de tout Papillon mâle , on lui preffe 
le corps entre deux doigts, affez près 
des derniers anneaux. Si on preffe le 
ventre des femelles , comme on preffe 
celui des mâles , il y en a dont le der- 
rière s'allonge alors beaucoup plus 
que ne s'allonge celui des mâles en 
pareil cas. Au derrière du Papillon fe- 
melle il y a deux ouvertures : l'une 
qui doit être regardée comme l'anus, 
quoiqu'elle foit principalement defti- 
née à biffer fortir les œufs Se qu'elle 
laiiTe fortir très-peu d'excrémens ; c'efl: 
la fupérieure : l'autre, qui eft l'infé- 
rieure , eft deftinée à recevoir la par- 
tie du mâle. Le ventre des femelles 
des Papillons & fur-tout des Papillons 
Phalènes y eft gros, ferme Se diftendu. 
Celles-ci font très-pefantes , furchar- 
gées du poids de leurs ceufs Se pa- 
refleufes à marcher. 

Fécondité des Papillons femelles. 

Les ceufs dans les femelles font dii* 
pofés comme des grains de chapelet. 
Les huit vaiffeaux qui les renferment 
font tantôt appellés par Malpighï 
les trompes , tantôt les rameaux , 
tantôt les branches de l'ovaire. C'eft 
dans ces vaiffeaux , dans ces trompes , 
félon les obfervations de ce Natura- 
lisée , que les ceufs font formés , ou 
qu'ils croiffent. Chaque trompe , dit-il , 
en foutient plus de foixante-quatre 5 
auffi tel Papillon de-Ver à foie en pond 
plus de cinq cent quatorze ou de cinej 
cent feize , lorfqu'il pond tous ceux 
qu'il a dans le corps. 

Figure de leurs œufs, leur couleur, leur 
enveloppe , & les lieux oh ils font dépofés. 

Les neufs d'un grand nombre d'efpe- 
ces de Papillons ont de vraies figures 
d'ecufs , c'eft-à-dire qu'ils font arron- 
dis , rependant les uns plus Se les autres 
moins. Les uns , félon M. deRéau- 
M u r , font exactement de petites fghe- 



544 P A P 

<res ; les autres font des fpheresun pett 
applaties ; les autres font des fphéroï- 
des plus ou moins allongés & plus ou 
moins applatis ; d'autres font des cy- 
lindres , des efpeces de petits barillets , 
dont les bouts {ont arrondis ; d'autres 
ont à-peu près la forme d'un fromage 
d'Hollande : mais , dit M. de R é a u- 
MUr, les figures de quantité d'autres 
efpeces font moins (impies , & il fem- 
ble que la Nature ait pris plus de foin 
aies façonner. Les figures de quelques- 
uns font des fegmens de fpheres; d'au- 
tres font de petits cônes très-écraiés : 
leur partie convexe eft remplie de 
canelures arrangées. Ces œufs font 
joliment fculptés & leurs formes ap- 
prochent affez de celles de certains 
■boutons. Les Papillons de plufieurs 
Chenilles qui vivent fur le Chêne , 
ceux de quelques Chenilles de Chou 
qui entrent enterre , celui d'une Che- 
nille velue du Tithymalei port de Cy- 
près, Sec. pondent de ces œufs à forme 
de Cyprès , &c. Se des œufs en forme 
de boutons. D'autres Papillons de 
quelques autres Chenilles de Chou , 
■font des œufs qui font autant de pyra- 
mides. Les œufs du Papillon de la Che- 
nille épineufe , félon le même Obfèr- 
vateur, ont l'air d'une efpece de tur- 
ban. 11 y en a qui font faits comme des 
efpeces de tymbales ou de marmites 
fans pieds. 

La couleur de ces œufs nouvelle- 
ment pondus eft blanchâtre , ou d'un 
blanc jaunâtre. Il y en a cependant 
qui font d'un blanc éclatant , tel que 
celui de la Nacre de Perle : mais il y 
en a de beaucoup d'autres couleurs. 
On en trouve de toutes les nuances , 
de bruns, d'entièrement verts & d'un 
beau vert , de bleus , de couleur de 
rofe. Il y en a d'une feule couleur , & 
d'autres qui font de couleurs combi- 
nées par taches , &c. Quelques-uns 
confervent affez fcnfiblement leur mê- 
me couleur Se prefque leurmême nuan- 
ce de couleur , jufqu'au temps où la 
Chenille en fort. Mais la première 



P A P 

couleur des œufs du Papillon du Ver 
à foie &: de quelques-autres n'eft pas 
durable. Il y en a d'un jaune couleur 
de foofrç , qui palfent affez vite à une 
couleur qui tire furie violet. Leschan- 
gemens de couleurs fe font plus tard 
dans d'autres œufs. 

L'enveloppe de ces œufs , quoique 
folide , eft mince & tranfparente ; car 
on aj perçoit les couleurs de la Che- 
nille qu'elle renferme. A mefure que 
la Chenille croît dans l'intérieur de 
l'œuf, elle fe colore, Se à. mefure mê- 
me qu'elle croît, fes couleurs changent 
Se fe diftribuent différemment. Les 
œufs dont l'enveloppe eft plus épaiffe 
8e fans tranfparence font ceux qui con- 
lervent lenliblement leur même cou- 
leur, Ils ne parti, ip.-nt point aux chan- 
gemens de couleurs qui fe font dans 
l'intérieur, Les enveloppes , ou coques 
d'œufs des Papillons , quoique fermes 
&folides, ne font pas cependant corn- 
pofées comme celles des oifeaux, d'une 
matière analogue à celle des coquilles. 
M a l P i g H i regarde les leurs comme 
analogues à la corne. Elles font fermes 
fans être friables. On les coupe avec 
des cifeaux. 

Chaque œuf ne contient qu'une 
Chenille , & les Papillons les dépofent 
furies plantes ou fur les arbres, dont 
les feuilles peuvent fournir une bonne 
nourriture aux Chenilles nouvellement 
nées. Les Papillons de toutes les efpe- 
ces de Chenilles vont pomper le fuc 
des fleurs de mille plantes différentes; 
mais ils fe rendent fur celles de l'cfpe- 
ce qui les a nourris pendant qu'ils 
étoient Chenilles , pour y laiffer leurs 
œufs. Cetre règle cependant n'eft pas 
fi confiante , dit M. D E Réaumur, 
qu'elle ne fouffre des exceptions. 
Quelques Papillons , entre les diurnes 
de différentes efpeces , difperfent leurs 
œufs fur les feuilles, ou fur les tiges 
des plantes bien touffues. D'autres 
Papillons diurnes Se des diurnes du 
Chou , comme celui de la plus belle 
des Chenilles de cette plante , ne dif- 
perfent 



P A P 

perfent pas ainfi leurs œufs: ils les ar- 
rangent lur la feuille , les uns aulîi 
prés des autres qu'il eit polhble. Ils y 
fotraent une plaque , compofée d'un 
grand nombre de nos petites pyrami- 
des. D'autres Papillons , foit diurnes , 
fait nocturnes , arrangent aufli leurs 
œufs par plaques , de quelque figure 
qu'ils foient. 

Nids des œufs des Papillons, & temps 
de la ponte. 

Tous les œufs des Papillons font 
Attachés par une couche de colle. De 
tous les nids de ces œufs, celui ou cette 
colle eiUeplus vîfibie , & qui d'ailleurs 
eft un des plus jolis pour l'arrangement 
des œufs , eft un nid connu des Jardi- 
niers , pareequ'ils le trouvent allez 
fouvent en taillant leurs arbres. Ils 
l'appellent le brajjelit ou la bague , 
pareeque ce nid entoure un jet de 
Poirier, dePommier, de Prunier, Sec 
comme les bagues ordinaires entourent 
les doigts , ou comme les bralfelets 
entourent les bras. Il entre depuis deux 
cents jufqu'à trois cent cinquante œufs 
dans chaque braiTelet. Il faut, dit M. 
De R É A u m u r , une grande provi- 
fion de colle ou de gomme à un Pa- 
pillon pour fournir à la composition de 
ce braiTelet. Le Papillon qui le fait eft 
Phalène. Il eft donné par la Chenille 
que cet Obfervateur appelle Livrée. 

Les Papillons oe font pas des infec- 
tes adroits. Le nid des ceufs de ceux 
dont on vient de parler eft cependant 
un ouvrage qui demande une force 
d'adreffe. Il y a des Papillons qui ne 
laiffent pas leurs œufs expofés aux 
injures de l'air. Chaque œuf en parti- 
culier eft entouré de toutes parts de 
poils. 11 eft dans une efpece de loge de 
duvet. Des poils couvrent encore la 
maffe entière , formée de l'aflemblage 
de tous les œufs , & fouvent fi bien, 
qu'on ne voit là la forme d'aucun de 
ciux qui font cachés. Cette adreffe 
eft commune à un grand nombre de 
Tome LU. 



P A P 34 j 

genres de Phalènes. Ces nids font faits 
entre autres par les Papillons femelles 
qui viennent de la Chenille nommée 
la Commune. Ces femelles laiflent leurs 
œufs fur des feuilles, quelquefois fur 
des branches , fur des troncs d'arbres , 
ou d'arbriflèaux en gros paquets ob- 
lon^s. Cette maffe eft toute recouverte 
de poils de même couleur. Ceux de 
la plupart des nids font roux , Se ceu.r 
de quelques autres font d'un brun qui 
tire fur la couleur de cafté. Si on rompt 
cette maffe , on voit que fon intérieur 
eft rempli d'œufs allez ronds., briilans 
comme de la Nacre & à-peu-près de 
même couleur. Ils font placés les urs 
à côté des autres , & les uns au-deffus 
des autres ; mais chaque œuf eft fi bien 
enveloppé de poils , qu'il ne faurcit 
être touché par fes voifir.s. Quand ce 
nid d'œufs elt complet , quand il a tous 
fes œufs, il a un volume plus confi- 
dérable que celui qu'avoit le corps 
du Papillon , avant même qu'il com- 
mençât la ponte. 

Les Papillons femelles des Chenilles 
à oreilles du Chêne &: de l'Orme font 
auffi de ceux qui recouvrent leurs œufs 
de poils ordinairement roux Se qui 
quelquefois approchent de la couleur 
de chamois. D'autres différentes elpe- 
ces de Papillons couvrent encore leurs 
œufs de poils , fous lefquels ils font 
entièrement cachés ; mais plufleurs 
autres efpeces ne mettent fur leurs 
œufs qu'une certaine- quantité de poils 
qui n'empêche pas de les voir. 

Toutes les femelles de Papillons 
nocturnes, obfervées par M. de Réau- 
MUR , font leurs œufs peu de temps 
après s'être tirées de la dépouille de 
leurs Chryfalidcs ; mais il foupçonne 
que plufieurs elpeccs de Papillons 
diurnes, quoique nées pendant l'été , 
ne font leurs œufs qu'après la fin de 
l'hiver. 11 y a des œufs de quantité 
d'efpeces de Papillon /,qui peuvent être 
pendant tout l'hiver expolés aux inju- 
res de l'air, fans en fouffrir. D'autres 
oeufs demandent à être conlervéspen- 



34* P A P 



PAP 



dant tout l'hiver dans le corps même 
du Papillon. Partons à préfent à la des- 
cription de quelques Papillons. 

PAPILLON quife trouve dans 
Un paquet de feuilles mortes : C'eft 
un afTez grand Papillon nocturne, qui 
n'eft pas remarquable parla beauté de 
f I s couleurs ; il eft tout brun : mais par 
la figure fous laquelle il paraît lorf- 
qu"il eft en repos . il femble alors un 
véritable paquet de feuilles féches. Ses 
ailes Supérieures qui forment: tout le 
corps , au-deffus duquel elles forment 
un toit, ont des nervures , qui par 
leur efpece de relief & par leur difpo- 
firion. imitent fort celles des feuilles. 
Leur contour fupérieur eft dentelé r 
comme l'eil celui de p lu.fi eurs feuilles. 
Les ailes inférieures débordent de beau- 
coup les fupérieures Se ont de même 
Se la couleur Se les nervures Se les den - 
telures des feuilles. Les antennes cou- 
chées fur chaque côté du corfelet Se qui 
vont jufqu'à l'origine des ailes paroif- 
fent être la continuation du pédicule 
d'une feuille. Enfin quand on voit ce 
Papillon ,. Se qu'on ne fait pas qu'il eft 
un Papillon , on le regarde làns fe dou- 
ter qu'il en foit un. 

Ce Papillon , fingulier par fa forme , 
n'eft pas rare dans ce pays : mais com- 
me de tous les Papillons nocturnes , il 
eft peut-être un des plus tranquilles 
pendant le jour , Se que quand il eft tran- 
quille , on le prend pour toute autre 
chofe que pour un Papillon , il n'eft 
point étonnant qu'on ne le trouve pas 
à la campagne. Ce Papillon appartient 
à la cinquième claffe des Phaletus. Il 
n'a point de trompe fenfible , & il a 
des antennes à barbes. Il vient d'une 
des plus grandes Chenilles du pays : 
elle a quelquefois jufqu'à quatre pou- 
ces de longueur, Se environ fept li- 
gnes de diamètre. On en trouve de plus 
petites, qui font celles apparemment 
qui donnent les Papillons mâles. C'eft 
dans nos jardins'qu'il faut chercher ces 
Chenilles : elles vivent de feuilles de 
ïoxner „ Se de celles de Pêcher. Elles 



font du nombre des Chenilles à f e * ze 
jambes , & peuvent être placées parmi 
les demi-velues. On trouve cette Che- 
nille Se fon Papillon reprélentés dans 
V Htjioirc des Injectes à? Angleterre par 
Albin. 

PAPILLON à tête de mon ; 
Lorfqu'on confidere ce Papillon, dit 
M. de Réju mu a , on lui voit 
une tête de mort très-bien deffincefur 
l'on corfelet. Le Peuple de Bretagne 
eftallarmé dans les années où il voit 
cle ces Papillons. Il les regarde com- 
me les avant-coureurs des maladies 
épidémiques Se peftilenticlles. On lit 
dans le Mercure de France du mois de 
Juillet 1730. une defcrîption de ce 
Papillon, faite par un Curé de Bre- 
tagne, revêtue de tout ce qu'une pom- 
pe funèbre offre de plus trille. Les 
ailes lui ont paru marquetées comme 
une efpece de drap mortuaire. 

Tous les Papillons r dit M. de 
R é a u m u R , au moins tous ceux 
qu'il connott , font les plus muets de 
tous les animaux. S'ils font du bruit ,, 
ce n'eft qu'avec leurs ailes, Se cela 
pendant qu'ils volent; mais celui-ci, 
dans le temps qu'il marche, a un cri 
qui a paru funèbre au Peuple de Bre- 
tagne. Ce cri lui eft particulier ; il eft 
allez fort Se aigu : il a quelque ref- 
fcmblance avec celui des Souris , mais 
il a quelque chofe de plus plaintif 
& de plus lamentable. C'eft lorf- 
que ce Papillon marche , ou qu'il fe 
trouve mal à fon aife , qu'il crie. M. 
De Rjéaumur a obfervé que c'eft 
de la trompe , Se des deux barbes en- 
tre lefquelles elle eft, que dépend le 
cri de ce Papillon. La trompe de ce 
Papillon à tête de mort n'eft pas faite 
comme les trompes longues Se plates 
par lefquelles pafftnt le fuc nourricier,. 
Se par lefquelles le Papillon refpire 
l'air. Il n'y a point de Papillons aux 
environs de Paris , dont le corps ait 
plus de volume Se de maffe que celui 
dont nous parlons ici , continue le 
même O Mer valeur.. Ses couleurs do- 



PAP 

«îînantes font un brun noir : fa tête 
eft noire ; fes antennes font de celles 
qu'on appelle pnfmu tiques. Toutes les 
parties du corps , Se fur-tout le ven- 
tre & le corfelet, font bien fournis de 
jpoils. Le delfus du corfelet eft d'un 
noir, ou plutôt d'un gris de Maure 
velouté. La tache , qui fournit le fond 
6c les contours de la figure de la tête 
de mort, eft d'une couleur de feuille 
morte, Se ce font des points , ou des 
petits traits noirs, qui achèvent de deili- 
ner la figure de cette efpece de tête 
fur le fond de cette couleur de feuille 
morte. Tout le long du corps r.gne 
une large raie d'un violet prefque 
noir. Les endroits de chaque anneau, 
fur lefqtiels cette raie ne palîe point, 
font de couleurde feuille morte, il y a 
encore du noir fur les côtés , Se auilî 
dans le creux du fillon formé par la 
jon :Hon de chaque anneau. Ce n'eftque 
11 qu'on voit du noir fur le ventre ; 
tout le relie eft feuille morte. Le def- 
fous du corfelet , Se les poils qui font 
fur la partie fupérieure des jambes , 
ou fur les cuiiles , font aufli de cette 
même couleur; niais le refte des jam- 
bes eft noir Se pointillé de jaune. Le 
fond de la couleur du dclf.is des ailes 
fupérieurcs elt encore un gris de Mau- 
renuancé : dans quelques endroits il y a 
des ondes & des taches d'un velouté 
noir, mais les taches & les ondes qui 
s'y font le plus remarquer font celles 
qui font jaunâtres. Le deifous de ces 
mêmes ailes eft de la couleurde feuille 
morte , mais vers la bafe cette même 
couleur eft rayée de noir. Une raie 
noire , pofée un peu plus près de la 
bafe que de l'origine de l'aile , part 
du côté extérieur, Se va prefque jus- 
qu'au côté intérieur. Le fond de la 
couleur des ailes inférieures efl: encore 
un jaune feuille morte , fur lequel fe 
trouvent deux raies noires à-peu-pr)s 
parallèles à la bafe de l'aile ; celle qui 
en elt la plus proche eft dentelée. 

C'elt vers la fin de Septembre , Se 
SU commencement .d'Octobre, que l'on 



PAP 347 

trouve de ces Papillons ; ils entrent 
aflez volontiers dans les appartemens; 
ils ne paroifTent pas feulement dans les 
différentes Provinces du Royaume ; 
des pays plus froids , Se des pays plus 
chauds peuvent leur convenir. Les 
Planches d'A le i K apprennent qu'on 
les voit en Angleterre. M. le Marquis 
D/E Caumont, connu par fongoût 
pour les Arts , les Sciences , Se les 
Belles-Lettres , a envoyé d'Avignon 
à M. de Réaumur, la Chenille 
de laquelle vient ce Papillon: il Pa- 
voît trouvée fur le Jafmin , des feuillej 
duquel elle fait fon aliment ordinaire. 
M. de Réaumur. en a auQi reçu d'E- 
gypte. La Bretagne eft peut-être le 
feulpays où on fe foit avifé de craindre 
ce Papillon ; il y jette la confternation 
dans l'eiprit du peuple , & on le re- 
garde , comme un avant - coureur de 
maladies funeftes. 

PAPILLONS^ l'Éclair : Ce 
font les plus petits Papillons que M. 
de Réaumur ait vus , Se ils ont 
mérité parleur extrême petkeife qu'il 
en donuât l'hiftoire. Ils font blancs. 
Se ne paioiifent à la vue fimple que 
de gros points blancs : à peine ont- ils 
la groileur de la tête d'une épingle. 
Combien de milliers , dit-il , Se peut- 
être combien de millions de ces Pa- 
pillons faudroit-il mettre danslebafTin 
d'une balance , pour faire équilibre 
contre un Papillon à tête de mort , mis 
dans l'autre bafiin. Tout petits que 
font ces Papillons , ils reifemblent aux 
grands. Regardés avec le microfeope, 
ils paroilfent tels que des Phalènes de 
médiocre grandeur , ou tels que de 
petits Phalènes paroilfent à la vue 
fimple : ils portent leurs ailes en toit 
ccrafé , Si quelquefois prefque hori- 
fontalem;nt. Les fupérieures & les in- 
férieures font blanches tant par def- 
fus quepardenbus.il y a cependant une 
tache , un endroit où le blanc eft fali , 
vers le milieu du delfus de chacune 
des ailes fupérieures. Tout près du 
milieu de la bafe de ces ailes il y a 



H S HP 

une autre tache plus petite. Les qua- 
tre ailes ont de l'amplitude ; les infé- 
rieures font prefque auffi grandes que 
les fupérieures. Ce Papillon eil pour- 
vu d'une trompe , qui , quoique pro- 
portionnée à la grandeur du corps, eft 
fouvent plus aifée à voir , que celle 
de quantité de Papillons beaucoup plus 
grands , au moins fi on la cherche 
\wcc une loupe. Regardé avec une 
ferte loupe , ii femble avoir des yeux 
de chaque côté. Malgré fa pctitelle , 
M n'en eû gueres de plus ailé à trouver : 
ils fe tiennent volontiers fur la plante 
même dont ils fe font nourris , fous la 
ferme de Chenille. M. de Réauml r 
dit qu'en regardant avec attention 
le deifous des feuilles de l'Eclair , 
Se cela dans tous les mois de l'année, 
fur-tout dans les mois de Juin , de 
Juillet Se d'Août , on y découvrira 
aifément de ces Papillons. Quelques- 
uns s'envolent lorfqu'on touche la 
feuille , mais d'autres reftent attachés 
^elTus , fi on a attention de ne la pas 
retourner trop brufquement. 

•Sur la même feuille de l'Eclair , 
du même côté , on trouve dans le 
même temps une autre efpece d'in - 
fectes qui y nailfent , parceqifils fe 
doivent nourrir des Chenilles Se des 
Chryfalides d'où fartent ces petits Pa- 
pillons. Ce font des Vers qui fe mé- 
tamorphofent en Scarabées. La ponte 
complette de ce Papillon eft au plus 
de treize à quatorze œufs. Ces oeufs 
font quelquefois légèrement poudrés 
de duvet blanc ; quand ils n'en ont 
point ils paroilfent tivs-tranfparens , Se 
iémblent ne contenir qu'une eau claire ; 
mais ils prennent eniuite une teinte 
jaunâtre, qui augmente de jour e^ jour : 
on en voit aullï de grifttres. Ces pe- 
tits Papillons , comme les plus grands , 
ne femblent naître que pour perpé- 
tuer leur efpece : ils s'accouplent peu 
de temps après leur naiTance , Se la 
femelle fait bientôt fes œirs. Il faut 
peu de temps pour l'accroillement de- 
ce. £etit. Papillon.. En été il ne. refte 



P A F 

qu'environ trois jours fous la forma 
de Chryfulide. Mais il y a des Pa- 
pillons dont la petirelTe approche de 
celle des Papillons de l'Éclair , qui ref- 
tent plufieurs mois fous la forme de 
Chryfalides. 

Ces Papillons viennent dans tous 
les moi;, de l'année fur le Chou , ou 
on les trouve fur les feuilles , com- 
me on en trouve des précédens fur 
celles de l'Éclair. Dans les Obfcrva- 
tions curieufes fur les infectes de M. 
Cestoni , qui le lifent parmi les 
Or uvres de V a 1. 1 s N i e r i , dernière 
Edition faite à Venife in-folio en 1733.. 
on voit VHifioiredn Papillon du Çkotti 
Ce Savant eft le premier qui l'a fait 
connoître. 11 nomme Brebis la Che- 
nille dont il vient , parcequ'elle eft 
couverte d'un duvet qui eft comme 
une efpece de laine blanche. Ma.'s 
M. djî Réaumur doue fi c'eft 
une toijirn qui revêt cette Chenille, 
& fi ce n'eft pas une matière étran- 
gère à la Chenille. Ces Chenilles de 
Chou font auffi mangées par des - 
fedes que M. Cestoni appelle Ls 
Loups des petites Brebis. Ce ne font 
pas ies infectes qui fe transforment c;t 
Scarabées , qui font les ennemis de 1ï 
Chenille du Papillon de l'Éclair : ce 
font des Vers qui fe transforment ta. 
de très-petits Moucherons. 

PAnLLON-ifc/a Chenille de 
la Roquette : Ce Papillon a l'extrémité 
des ailes pointue Se recourbée en*, 
haut comme une faulx ; les bords font 
frangés Se de différentes couleurs : il y 
a fur les ailes des taches rondes , de: 
couleur noire , rouge Se bleue, qui ref- 
femblentà des yeux , Se qui ne cèdent 
en rien à ceux que l'on voit fur le» 
plumes du Paon. C'eft un grand Se 
trts-beau Papillon qui ne vit pas de- 
feuilles de Roquette comme la Che- 
nille dont il provient, laquelle eft aulli 
une très-belle Chenille de couleur d'or 
bleuâtre , noire Se pourpre. 

PAPILLON de Vers de Prune : 
C'eft , dit R-E.UI-, un p_er.it Papillon, 



P A P 

gris , dont les quatre ailes ont fur la 
pointe une petite tache noire. 

PAPILLONS des feuilles de 
l'Yeufe : Us font de la même figure que 
ceux des Vers à foie , excepté que ceux 
des Vers à foie font blancs , & que 
ceux-ci font d'un châtain bleuâtre , 
marqueté de noir. Us ont fur la tête 
deux larges panaches noirs, Se une pe- 
tite houpe de foie noire à l'extrémité 
du ventre. 

PAPILLON" de la Chenille dit 
Solarium ; C'eft un grand Papillon , 
qui , lorfqu'on l'excite , fait avec fes 
ailes le même bruit qu'une Chauve- 
Souris : il eft de couleur d'or avec du 
noir dans les ailes , ainfî que fur le 
dos & fur le ventre. Sur la tête , qui 
eft toute noire , s'élèvent deux pana- 
ches' d'une teinte un peu plus claire. 
Les yeux paroilfent châtains ; la trom- 
pe eft noire , cartilagineufe , roulée 
devant la bouche , formant plufieurs 
tours de fpirale , comme l'ont ordi- 
nairement tous les Papillons. Ses fix 
jambes font velues Se d'un jaune obf- 
cur dans la première phalange qui tient 
à L'eftomac : les autres phalanges font 
violettes. Chaque jambe fe termine par 
une griffe ou crochet , & il y a auffi 
de ces fortes de crochets fur toutes les 
phalanges & fur toutes les jointures. 

PAPILLON Lhenille de Rue: 
C'eft un Papille» jaune , tout rayé Se 
émaillé de noir , tant fur le corps que 
fur les ailes. Les deux plus petites 
ailes ont A leur extrémité deux taches 
rondes Se rouges , Se quelques autres 
taches bleues , terminées par une li- 
gne violette veloutée : de l'extrémité 
du bord il fog deux petites appendices 
qui font comme dçax queues à ces 
ailes. Sur la tête s'élèvent , non pas 
deux petits panaches , mais deux an- 
ttnnes noirâtres , mobiles, très-Ion - 
gufes , Se plus groifts à leur extrémité 
qu'à leur ba(e 

PAPILLON de Chenille de 
feiiiius de Chou : C'eft un Papillon- d'un 
verd bleuâtre , avec deux taches noires 



P A P 34? 

8c rondes dans les ailes fupérîeures , 
8c deux petites cornes jaunes fur la 
tête , femblables à celles du Papillon 
i(Tu de la Chenille qu'on trouve fur lea 
feuilles de Ruë. 

Voicï quelques Papillons qui fbrtent 
des Teignes Se des fauffes Teignes , 
qui toutes font des efpeces différentes 
de Chenilles. ■ 

PAPILLON^/ Teignes de Ta- 
pijfcrie : Ce font de petits Papillon? 
qu'on voit .depuis le milieu du prin- 
temps jufques vers le milieu de l'été ,• 
voler furies tapiiferies , furies chaifes 
Se fur les lits ; ils font d'un blanc uns' 
peu gris , mais un peu argenté ; Se 
les gens attentifs à conferver leurs meu- 
bles leur font une juite guerre. On les 
appelle Papillons de Teignes de Ta- 
pijjlrie, pareeque ces Teignes fe mé- 
tamorphofent en ces petits Papillons 
dont les femelles vont y dépofer leurs 
œufs , pour perpétuer leur efpece. Ce 
Papillon eft un Phalène du genre de 
ceux qui portent leurs ailes comme 
les oifeaux portent les leurs, Petit *• 
comme il eft , on ne fauroit déter- 
miner fa claife fans le fecours d'une 
forte loupe. Il paroît au refte à la 
vue fimple qu'il a des antennes à 
filets coniques ; mais les meilleurs 
yeux ne fauroient s'affurer s'il a 
une trompe ou s'il n'en a pas. La - 
loupe fait voir qu'entre les deux tiges 
barbues , où devrait être fa trompe 
il n'y a que deux petits corps blancs 
affez écartés pour ne pas pouvoir s'ap- 
pliquer l'un contre l'autre , comme' 
s'appliquent les deux parties des trom- 
pes , & trop courts pour pouvoir iè 
rouler : ils fe courbent feulement vers 
le defTous de la tête. Ce Papillon ap- 
partient donc à la troifieme clafTe des 
nocturnes, à la clafTe de ceux qui, 
quoiqu'ils ayent des antennes à filets 
coniques , n'ont point de véritables 
trompes. La bafe de fes quatre ailes eft 
fVfingée ,.mais le côté intérieur de cha- 
cune des mêmes ailes ne l'eft point. 
Cette dernière circonftance peut aider 



35® 



Y A P 



à diftînguer ce i^pi/Zo» de plufieurs 
autres auffi petits , & qui d'ailleurs lui 
relTemblent beaucoup, La couleur des 
ailes, celle du corps , ainfi que celle 
des jambes eft la même : on apperçoit 
feulement quelques petites taches fur 
les ailes de quelques-uns. Tout le 
refte éft d'un gris qui a une légère 
teinte de jaunâtre , Se eft argenté. Ces 
Papillons , mâle Se femelle , pendant 
l'accouplement font poiés fur une mê- 
me ligne, foît horiiontale , £oit inci- 
tée à l'horifon , ayant les têtes tour- 
nées vers des côtés oppolés. L'accou- 
plement de quelques-uns dure une 
nuit entière. M. D e R É A u m u R e n 
a vu pendant le jour qui font relies 
accouplés fept à huit heures de fuite, 
Quoiqu'ils fufleiit inquiétés , quoi- 
qu'on les obligeât de voler dans le 
poudrier où ils étoient enfermes , ils 
ne fe f-paroi^nt pas. La différence de 
groileur , qui , dans bien des claffes de 
Papillons , fait reconnoître le maie de 
la femelle , n'a pas frappé l'Obferva- 
teur dans ceux-ci. Il du que ceux qu il 
a vus accouplés étoient quelquefois à- 
peu-près également gros ; que cepen- 
dant il y a des Papillons de Teignes de 
grandeurs fort différentes. Ces gran- 
deurs inégales annoncent des efpeces 
différentes , Se non des différences de 
fexc; car l'Auteur remarque qu'il y 
a des Pœpllws de Teignes qui font 
conftamment plus blancs que les au- 
tres 

P A PILLON^/^ Teigne à' Or- 
me : Ce Papillon a tout le deilùs du 
corps Se des ailes fupérieures d'une 
même couleur , d'un brun couleur do 
bois , qui , vu au Soleil , a quelque 
éclat : il porte fes ailes prefque hon- 
fomalement: elles s'arrondiGTent pour- 
tant un peu fur le corps ; il a deux an- 
tennes à filets grainés , Se très-longues. 
Quand il eft en repos , il les tient droites 
devant lui, Se appliquées l'une contre 
l'autre. Ces Papillons naitTent ordinai- 
rement dans le mois de Juillet , Se quel- 
quefois au commencement d'Août. 



P A P 

PAPILLONS des Teignes fat fai- 
tes de Chine : Us ont tout le deffus des 
ailes fupérieures d'un jaunâtre pâle ; 
ils les portent prefqu'horifontalemjnt. 
Leurs côtés intérieurs , le corklet 8c 
la tête forment un angle aigu , dont 
la tête eft le iommet. 

PAPILLON de Teigne de Gra- 
men : Ceft un petit Tapillon , dont 
les ailes lupéricurcs font d'un gris 
éclatant, Se dont la baie Se le côté in- 
térieur lont frangés. M. de Réaumur. 
croit que les femelles de cette efpece 
de Papillons font dépourvues d'ailes 
fenfibles, comme il arrive A des Pu- 
pillons provenus de plufieurs efpeces 
de Chenilles. 

PAPILLON de Teignes de mu- 
raille: Les femelles , comme celles de 
la précédente efpece , ne font point 
pourvues d'ailes. Ces Papillons ont lix 
jambes brunes , écaillcufes Se grancea 
par rapport à la grandeur du corps : 
elles tirent leur origine d'auprès de 
la tête, c'eft-à-dîre, ducorfelet , qui 
a peu d'étendue. La tête eft noire Se 
brune , & recourbée vers le ventre : 
elle n'a pas trop l'air de la tête d'un 
Papillon; elle porte pourtant deux an- 
tennes de médiocre longueur à filets 
grainés. Le corps eft ordinairement 
courbé en un arc dont le dos fait la 
convexité. Ce Papillon , dit M. d e 
Réaumur , plus différent à nos 
yeux des Papillons ordinaires , qu'une 
Mouche ne 1 eft d'un Papillon , mar- 
che peu. Cet Obfervateurdit en avoir 
vus , qui font reftis attachés centre le 
fourreau dans lequel ils àvoient vécu 
fous la "forme de Teignes, jufqu'à ce 
qu'ils ayent été prêts à expirer. Us ne 
na!4Tcnt( ce font les femSiles ) comme 
tant d'autres Papillons , que pour faire 
leur? œufs : ils attendent que les mâles 
ailés viennent féconder ceux dont leur 
corps eft plein. C'eft pour les en faire 
fortir , qu'on leur voit allonger leur 
derrière dans certains temps. 

PAPILLONS Teignes à four- 
reaux à cornes: C'eft un Papillon que 



P A P 

M. de Réaumur a vu naître chez 
lui au mois d'Août. La couleur de fes 
ailes eft d'un gris blanc. Sur chacune 
des fupérieures il a deux raies , qui , 
de l'origine de l'aile, vont en ligne 
droite à fa bafe ; elles font d'un jau- 
nâtre qui tire fur la couleur de bois. 
Lesbafes des quatre ailes , & leurs cô- 
tés intérieurs font frangés, comme le 
font les mêmes côtés des ailes de la 
plupart des Papillons des Teignes. 

PAPILLONS des fauffes Tei- 
gnes de cire : Ils ne font pas remar- 
quables par la variété de leurs cou- 
leurs ; celles des ailes Se du corps d'u- 
ne efpece font d'un gris de Souris ; le 
devant de la tête eft jaunâtre , Se leurs 
deux yeux font d'une couleur de bron- 
ze rouge éclatant. Ces deux petites 
malles, plus luifantes que le métal le 
plus poli , parent tout-à-fait ce Pu- 
pilon gris de Souris. M. de Réaumur 
dit que les autres Papillons qu'il a eus 
ce faufles Teignes de cire , de gran- 
deur médiocre , font gris, mais d'un 
gris qui tire fur la couleur de cendre. 
Leurs yeux font bruns ; mai., le de- 
vant de leur tête elf. couvert de poils 
de couleur de feuille morte : ils font 
couchés & dirigés en bas. Ces Pa- 
pillons , entre lefquels il y a quelques 
conîtantes variétés de couleurs , font 
parfaitement femblables dans tout le 
refte , Se fûrement du même genre. 
Cet Obfervateur ne connoît gueres de 
Papillons , qui marchent fi vite. Us 
courent plutôt qu'ils ne marchent ; 
auffi rrarchent-ils plus volontiers qu'ils 
ne volent , lors même qu'ils évitent 
la main qui veut les prendre. Pen- 
dant qu'ils marchent , leurs ailes font 
Un peu pendantes ; Se pendant qu'ils 
font en repos , elles font difpofées en 
toit très-écrafé. Ils appartiennent à la 
troifieme claffe des Phalènes. Leurs 
antennes font à filets grainés , & ils 
n'ont point de trompe qui fe roule , 
ou qui fe roule plus d'un tour. Deux 
petits filets d'un blanc jaunâtre occu- 
pent la place de la trompe : entre ceux 



d une même couleur , on en trouve 
d une fois plus grands que les autres. 
Les plus grands fembleroient être les 
femelles ; mais M. de Réaumur, 
en a quelquefois vû deux des petits 
accouplés enfemble. Il en a remarqué 
pendant cet accouplement qui étoient 
difpofés enéquerre : le bout des deux: 
ailes du plus petit , qui étoit le mâle , 
étoit pofé fur l'aile du grand , qui fa 
trouvoit dans l'intérieur de l'angle; 
mais cette pofitiort n'eft pas confiante. 
Il a trouvé ces mêmes Papillons , dont 
on parle , au bout d'une demi-heure , 
Se alors leurs corps étoient dans une- 
même ligne droite , leurs têtes étant 
tournées vers des côtés oppofés. Les 
ailes du grand , ou de la femelle , cou- 
vroient alors au moins un tiers de la- 
longueur de celles du mâle. 

Le Papillon des fan] fer 'Peigner de la 
cire, de la plus grande efpece, effc 
aufli de la troiileme claffe des Phalènes, 
Il n'a point de véritable trompe , Se 
il a des antennes à filets grainés. Ses 
ailes font d'un gris brun. Leur port 
peut fournir un caractère de genre : ont 
peut Pappeller, dit M. de Réaumur 
en toii coupé. Une portion de chaque 
aile s'applique le long d'un côté du 
Papillon, & eft prefque perpendicu- 
laire au plan fur lequel il eft pofé i 
une autre portion de chaque aile fait 
un angle prefque droit avec la précé- 
dente , pour venir s'appliquer fur 1er 
corps. Ce port d'ailes, félon le même 
Obfervateur , pourroit encore être ap-- 
pellé en bateau renverfé. Le Papillon 
en repos a quelque air d'un bateau mis 
fans defîus défions-. La partie fupérieure 
de chaque aile eft tachetée de gris Se 
d'un brun prefque noir , Se la partie 
appliquée contre les côtés eft d'un gris- 
brun plus uniforme. 

PAPILLON des fauffes Te ignés de 
la laine: Ce Papillon dans lequel cha- 
cune de ces fauffes Teignes fe tranf- 
forme eft plus grand que celui des Tei- 
gnes de laine : il a la partie antérieure 
de fes ailes fupérieures & de-fon cor- 



\ 



W « P A P 

felet d'un brun qui tire fur le noir 1 
La tête , & le relie des ailes fupé- 
rieures font d'un blanc fale , dans le- 
quel on démêle des traits bruns. Le 
port des ailes , quoique femblabie a 
celui des ailes des oifeaux , tient pour- 
tant un peu de celui en queue de Coq , 
parcequeles fupérieures n'ont pas feu- 
lement leur bafe frangée;mais la frange 
.de la bafe fe prolonge fur une aiTez 
grande partie du côté intérieur , Se cette 
partie frangée du coté intérieur fe re- 
1 jvc plus que le relie. Prefque tout le 
contour des ailes inférieures ell frangé ; 
les deux cotés de celles-ci Se le def- 
fous des ailes fupérieures font d'un gris 
brun Se éclatant: la couleur du corps 
pli plus claire ; elle approche de celle 
du corps des Papillons des véritables 
Teignes : elle a du brillant. M. d e 
Réaumus croit ces Papillons , com- 
me ceux des Teignes de laine, de la 
troifieme claife de Phalènes. 

PAPILLON des fautes Teignes 
des cuirs : C'efl un Phalène de la troi- 
fieme clafle. Ses antennes fcr.t à filets 
graines , Se fa trompe n'efl compofée 
que de deux courts filets blancs. Il 
porte fes ailes parallèlement au plan 
«Je pofitien. Lorfque le deffus des fu- 
périeures n'a pas été dépoudré , le fond 
de leur couleur ell d'un rougeâtre un 
peu bronzé, c'cll-â-dirc , d'un bronze 
oui a quelque éclat, Se fur ce fond font 
des taches brunes. Mais fi on ne prend 
pas ce Papillon avec alfez de précau- 
tion , on emporte toutes les taches, 
& les ailes paroiifcnt fimplemcnt d'un 
bronze un peu rougeâtre. Le deffous 
de fes ailes & de fou corps eil d'un 
jaunâtre pâle Se bronzé. Il a deux bar- 
bes qu'il porte en devant de la tête : 
elles font plus courtes que celles qui 
forment à d'autres Papillons une efi- 
pece de nez en bec de Bicaffe, mais 
.«Jifpofécs de la même manière. 

PAPILLON des faujjes Teignes 
dj: grains. M. deRéaumur a eu 
de ces Papillons dans des poudriers 
f£tp la fin de Mai. Le fond de la cou- 



leur des allés fupérieures eft d'un gpfg 
blanc, qui, au Soleil, paroît argenté, Se 
vû à l'ombre , n'a pas cet éclat. Sur ce 
fond il y a d'affez grandes taches d'un 
brun clair , de figure irréguliere , Se 
diltribuées irrégulièrement. Le corps , 
le deffous des quatre ailes , Scie def- 
fus des ailes inférieures font d'un gris 
blanchâtre. Il porte fes ailes en toit 
arrondi fur le dos ; leurs bouts s'élè- 
vent fur le derrière , S; y forment uno 
demi-queue de Coq ; le côté intérieur 
eil frangé. Le devant de la tête de ce 
Papillon ell couvert d'une touffe bien 
fournie de poils, qui lui fait une ef- 
pecc de coëfrure fîuguliere , en form^ 
de turban. Il a des antennes à filets 
graines ,8c M. de R é a u m u R le 
croit de la troifieme claife des Pha- 
lènes. En devant Se en deffous de la 
tête il porte deux barbes plus dillantes 
l'une de l'autre que n'ont coutume de 
l'être celles des Papillons. Entre ces 
deux barbes on en trouve deux autres 
plus courtes, ou deux filets dirigés vers 
le ventre. Si ces filets font la foncïion 
de trompe , au moins ne compofen:-ils 
pas une trompe roulée en fpirale. 

PAPILLON defaujje Te igne de 
Chocolat. Le favant Obfervateur dit 
qu'il a eu des faitjes Teignes de Cho- 
colat métamorphofées en Papillons dans 
le mois de Septembre ; il en a eu d'au- 
tres qui ont paffé l'hiver dans leurs 
tuyaux fous la forme de Chenilles. Le 
deffus des ailes de ces Papillons ell d'un 
gn's un peu jaunâtre , fur lequel il y a 
quelques points bruns, Se quelques pe- 
tites taches de cette dernière couleur. 
Ce Papillon porte fes ailes en toit 
écrafé Se arrondi. Il a deux barbes 
du même genre que celles du Papillon 
de la faujfe Teigne des cuirs , mais qui 
pourtant fe relèvent un peu plus , Se 
tendent à fe contourner en cornes. La 
pofition dans laquelle il ell, lorfqu'il 
fe tient tranquille , peut aider à le ca- 
raclérifer. Alors fa partie antérieure 
fait un angle avec le plan fur lequel 
il ell; elle s'élève au-deffus de ce plan, 

qui 



F A P 

au! eft touché par la partie poftérîeure 
du corps : cependant il feroit fort à 
propos de fa voir fi les fa ujfe s Teignes , 
qui le rnéramorphofent en ce Papillon, 
au défaut de Chocolat , dont elles fe 
nourri lfent , s'accommodent d'Aman- 
des ordinaires , & de bien d'autres 
fruits ; c'eft ce que M. de Réaumur 
dit n'avoir pas éprouvé. 

Il y a dans l'Ifle de Cayenne , & 
dans toute l'Amérique différentes ef- 
peces de Papillons. 

Voici ceux dont M. Barrere 
(Hift.Nat. de la France Êquin, p. ^o^.) 
donne la notice. 

Il nomme le premier Papilio albus , 
alarum oris ma cuits triangtdis & ni- 
gricamibus , variegatis. 

Le fécond , Papilio atratus , alis ma- 
cula coccinea , veluti laciniatâ conjpi- 
cuis. 

Le troifieme, eft le Papilio ingens t 
de Marc Grave. 

Le quatrième eft nommé Papilio ma- 
jor candidus. 

Le cinquième, Papilio major , ni%ri- 
cani , caudatus. C'eft le Papiliomajor t 
fufeus, caudatus, ait s fupmis, tribusfaf- 
ciis tranfverfis , albidis , & obiiquis , 
exterioribus tribus maculis albis adan- 
gulum extremum mtatis , pronis , faf- 
ciis crebris obiiquis, albis, fulvis &pur- 
furafeentibus , variegatis , de Si.oane. 

Le fïxîeme eft nommé Papilio ma- 
jor , nigricans , maculis herbaccis conf- 
perjits. 

Le feptieme , Papilio major , pronâ 
& Jitpinâ parte Caflaneits , alis extits 
htleo colore macnlatis. 

Le huitième , Papilio major , obf- 
curè Olivaceus , alis argenteis fimbria- 
tis , in pennulam longam definentibus. 

Le neuvième , Papilio minor , Cafla- 
neus , numerofis maculis candidis conf- 
perfus. 

Le dixième , Papilio minor , flavef- 
cens. 

L'onzième , Papilio minor, Murinus, 
t cuits & fajcio.'is variis notât us. 
Le douzième, Papilio mimr , nigri- 
Tome III. 



PAP 35, 

cans, maculis albicanûbus & Fhœni- 
ceis diftinfhtf. 

Le treizième , Papilio minor, tatut 
albus. 

Le quatorzième, Papilio omnium ma- 
ximus , Jubtus Olivaceus , exthsexni- 
groaz.urm. Ce peut bien être le Pana- 
panamucit fecunda de Marc Grave, 
que Jonston nomme Papilio Indicus. 

PAPILLON DE LA CHINE: 
On lit dans Y Hifloire Générale des 
Voyages , L. XL p. 490. Tome VI. 
Édit. m-i%. que la Chine fourniroit 
aux Cabinets des Curieux une extrê- 
me variété de Papillons, On fait tant 
de cas de ceux d'une montagne nom- 
mée Lo-Fen-Chan , dans le diftrict 
de Whay-Cheu-Fu , Province de 
Quang-Tong , que les plus gros Se les 
plus extraordinaires font envoyés à la 
Cour, où ils fervent à l'ornement du 
Palais. La diverfité de leurs couleurs 
eftfurprenante, Se leur vivacité nel'eft 
pas moins : ils font beaucoup plus gros 
qu'en Europe , Se leurs ailes font in- 
comparablement plus grandes. Pendant 
le jour ils demeurent fans mouvement 
fur les arbres , & fe laiffent prendre 
aifément. Le foir ils commencent à vol- 
tiger comme nos Chauves-Souris , Se 
quelques-uns ne paroiffent gueres 
moins gros que ces animaux lorfqu'ils 
ont les ailes étendues. On en trouve 
a 11 fii de fort beaux dans les monta- 
gnes de Si-Chan, Province de Pe-Che- 
Li ; mais quoiqu'ils foient recherchés 
comme les précédens , ils ne font pas 
de la même beauté , dit Na varette , 

V- 3 3- 

Au mot CHENILLE, on trou- 
ve les différentes efpeces qui naiffent 
Se fe nourriflent fur les arbres , fur les 
arbuftes , fur les arbriffeaux , Se fur les 
plantes , Se ce qu'elles deviennent après 
leur métamorphofe. J'y renvoie pour 
les Papillons qui en fortent. 

Les Papillons ne font pas fort com- 
muns à La Louifiane; ce qui prouve, 

dit M. LE P A G F. DU F R A T Z , 

qu'il n'y a pas tant de Chenilles qu'en 

Y y 



3 J4 P A P P A R 

Eiirope; mais ceux qu'on y volt font 
d'une grande beauté , foit que les iti- 
fecles dont ils proviennent en foient la 
caufe, {bit que la chaleur ou la beauté 
du climat y contribue. 

Redi, Maipic. hi, Vaiisnieri, 

Swammfroam , & tant d'autres Naturaliftes, 
font des Auteurs à confulter tant fur les Che- 
Ktllei que Sur ies Papillons. 

P A P I O , Quadrupède digité , dont 
parle Gesner, d'après Albert le 
Grand: il eft plus grand que le Re- 
nard , Se il a l'inftincl: du Loup. Quand 
ïl y en a plufieurs enfemble , ils pouf- 
fent des hurlcmens ; leur cri eft fi aigu , 
qu'on les entend de loin. Quand il y 
en a un d'entr'eux qui eft tué, ilspa- 
roiflent par leurs cris regretter fa mort. 
Selon Ru y s c H ( de Quad. p. i oo. ) , 
ils ont la tête laide , lesjambes courtes , 
la queue prefque comme celle du Re- 
nard , mais très-courte , Se le plus fou- 
vent dreffée : le corps eft hériffé de 
poils , & les pieds font femblables à 
ceux de l'homme , & ne répondent 
pas à la figure du corps. La femelle 
met bas deux petits , un mâle Se uns 
femelle. LePapio fe nourrit de Pom- 
mes , de Poires , d'autres fruits , Se 
quelquefois de pain & il boit du vin. 
S'il eft prefie par la faim , il déterre 
les cadavres & s'en nourrit , dit Ges- 
ner , qui croit que c'eftle même ani- 
mal que l'Hyène. Ambrosin parle 
de cet animal , Hïju Digit. L. IL c. S. 

PAR 

PARADIS. Voyez OISEAU 
DE PARADIS , Se MANUCO- 
DIATA pour les différentes eipeces. 
On lui donne le nom de Pêche-Mar- 
tin à la Louifiane , dit M. le Page 
Du P R a t z. 

PARADIS , ou POISSON 
DE PARADIS ,nom qu'on donne 
a unpoiiïbndes Indes Orientales, que 
les Hollandois appellent Paradyjvijtb. 
Ru Y s c h (de Pijc. p. z6. lab. 13. 
». 21, ) dit que fur le haut de la tête 
il a deux pointes courbes Se dures. 



PAR 

Sur le haut du corps il eft armé is 
quelques aiguillons d'où fortent fes 
nageoires qui vont le long de la queue, 
jufqu'au milieu du ventre : il n'a point 
proprement de queue ; mais fes na- 
geoires lui en tiennent lieu. 

L'Auteur , dans le même endroit. 
(». 22. & 23. ) , parle de deux au- 
tres poiffbns qui ont le même nom, 
& qu'il croit être le même que l'Hi- 
rondelle de mer des Indes : il ignore 
pourquoi on leur a donné le nom de 
Poijjons de Paradis , à moins que ce ne 
foit pareequ'ils font en quelque façon 
femblables au Martinet des Indes , que 
les Hollandois établis dans ce pays- là 
appellent Oifeaux de Paradis. 

Ru y se H dit qu'il en a confervé un 
dans de la liqueur ; il l'a fait graver 
avec beaucoup de foin. Ce poiifon eir, 
long , mais il eft de figure octogone : 
il eft comme armé de toutes pièces , 
c'eft-à-dire , cuiraflé depuis la tête juf- 
qu'.i la queue, non d'écaillés , mais d'ef- 
peces de petits boucliers durs , & of- 
feux qui font fortement attaches à fa 
peau. La couleur de ce poiiTon , du 
moins dans la liqueur où il étoit con- 
fervé , étoit grîfe partout le corps; 
il avoit les yeux de couleur de pourpre ; 
à la mâchoire lupérieure il avoit deux 
cornes dures Se oifeufes , mais unies. 
Ce que l'Auteur a trouvé de (ingulier 
dans ce poiifon, c'ell qu'étant comme 
cuiraffe il fût encore armi de nageoi- 
res Se d'aiguillons comme les autres 
poiilons. Il n'y a que les Maures qui 
en mangent quand il eft frais ; mais il 
ajoute que les Chrétiens en ufent auflS 
quand il eft falé , 5e ce n'eft que dans 
un certain temps de l'année, que ce 
poiifon eft plus gras. 

PARA GUA, Perroquet du Bré- 
fil , félon Marc Grave , dont la poi- 
trine , le dos , Se le devant du ventre 
font d'un beau rouge : il a l'iris de 
la même couleur , Se le bec 8e 1er pieds 
d'un cendré obfcur, dit Ray, Synop* 
Aîeth. Av. p. 3 3 M. 4. 

PARA NAC ARE, efpece de 



PAR 

Crabe du Bréfil , qui n'eft pas bon X 
manger , dit Marc Grave. Il eft 
long de trois doigts. Il a deux bras 
garnis de pinces , quatre jambes lon- 
gues de trois doigts, Se quatre autres 
qui font très-courtes , une queue lon- 
gue d'un doigt 5c demi , deux yeux 
longs Se élevés , Se deux filets. Sa 
croûte , ou fa coquille eft de couleur 
de châtain obfcur, ainfi que la queue 
qui eft ftriée dans toute fa longueur. Le 
deflous du corps & la naillance des 
cuiffes Se des bras en dedans , font de 
couleur bleue, comme font les yeux, 
Se les filets ou la barbe. Ce Cruftacée 
a le corps couvert de poils de cou- 
leur d'Ocre. Sa coquille a prefque qua- 
tre doigts de long ; elle eft turbinée 
Se de couleur d'un jaune pâle. On en 
trouve de différentes grandeurs ; les 
plus petits ne font pas plus gros qu'une 
prune : ils font turbinés , de couleur 
pile, ronfle , noire , Se couverts de 
différens tuberbules pointus. On les 
trouve fur le rivage proche du fleuve 
Paraiba. Voyez Kuïsch, Exjling. 

V ' P 7 À R ATI, poilTon du Bréfil, 
félon MarcGrave ,en tout fem- 
blable au Muge de l'Amérique , dit 
Raï( Synop. Metb. Pifc. p.%-j.n. 1 1 ) 
excepté la grandeur , & un cercle doré 
qu'il a autour des yeux. Sa chair eft 
plus feche. 

PARESSEUX, petit Quadru- 
pède, qui marche fort lentement.Voy ez 
au mot A I. 

PARESSEUX : Goed ard 
donne ce nom à un Ver qui fe trouve 
dans les lieux d'aifance,& fe nourrit de 
l'excrément de l'homme ; il marche 
fort lentement , c'eft ce qui lui a fait 
donner le nom de Parejfeitx. Il le mé- 
tamorphofe en une petite Mouche 
qui fe nourrit auffi de nos excrémens , 
& qui ne prend point d'autres ali- 
mens. 

PARESSEUSE. -Le même Au- 
teur ( Part. II. Exp. IIP) donne ce 
nom à une Chenille , qui s'arrête or- 



P A R «555 

dinairement furies feuilles de Rofier, 
où on la trouve le plus fouvent ; car 
elle ne prend pas fa nourriture ail- 
leurs : elle eft fort lente Se pareiïeufe. 
Quand on la touche , ou qu'on la prefle, 
elle ne fait pas fe défendre comme 
les autres Chenilles : elle fe contenta 
de faire de fon corps ùn petit mon- 
ceau; elle ne mange que la nuit, de peur 
de devenir le jour la proie des oifeaux. 
Cette Chenille fe fait une maifonnette 
tranfparente Se tiffue comme un filet , 
pour y attendre fa métamorphofe. 
G o e D A r d l'a vû s'y difpofer le 
18 Septembre, & le 14 Mai de l'an- 
née fuivante il en eft forti une Mou- 
che. 

PARNOCHIA, nom qu'on 
donne en Italie à la Squille , poifion 
teftacée. Voyez SQU ILLE. 

PAR KAKATOES , oifcati de 
l'Ifle de Tabago. Il y en a de deux 
efpeces; l'une de la grandeur d'une 
Grive , Se qui reffemble au Perroquet; 
l'autre qui n'eft pas plus grofTe qu'un 
Moineau. L'une Se l'autre efpece de 
ces oifeaux apprennent à parler. 

PARROKITOS, petits oi- 
feaux qui fe trouvent à la Côte d'or 
Se à celle de Guinée , nommés Aba- 
rots. Voyez ce mot. 

PARROT-BECK, nom que 
NieuhofF donne à un poilTon des 
Indes , qui a quinze doigts de long : 
fa tête , fon dos , & le haut de fes na- 
geoires font verts -; fes parties inté- 
rieures font roufles ; fa chair eft d'un 
très-bon goût , Se on le prend proche 
de Pille Sainte Hélène , dit R a ï , 
Symp. Meth. Pifc. p. 1 54- »■ 6. 

PARU, poiffon du Bréfil, félon 
Marc Grave , large & rond , 
peu épais , qui a environ douze doigts 
de long , Se fept de large. L'épine du 
dos , Se celle qui s'étend jufqu'à l'a- 
nus ont environ deux doigts de large : 
celle du dos a cinq doigts de long , 8c 
celle du ventre trois. Sa tête eft pe- 
tite ; fa bouche eft élevée Se étroite ; 
fes dents font petites Se blanches , & 



3Jff PAR PAS 

fes yeux ont l'iris de la même couleur. 
Tout le corps eft couvert de petites 
écailles , dont la moitié eft noire , Se 
l'autre moitié jaune , de forte qu'il 
paroît porter fur un corps noir la 
figure de petites Lunes jaunes. Proche 
des ouïes , il a de chaque côté une 
tache jaune : fa queue a deux doigts 
8c demi de long, & autant de large. 
Ray ( Synop. Metb. Pifc. p. 702. ». 7.) 
parle de ce poilïbn , 8c Artedi ( Ichth. 
fart. V. p. 79. ». I. )> qui le met dans 
le rang des poiffons à nageoires épi — 
neufes , le nomme Chœtoàon niger , ma- 
culis fiavis & htmilatis varias. 

PARUS: Rondelet donne 
ce nom à un poiflbn qu'il ne connoît 
point , & G E S N E il dit qu'il n'a 
trouvé ce nom nulle part pour fignâ- 
fîer un poiflbn , excepté une fois dans 
E p h 1 p p u s , où il trouve ïlàfo; s mais 
il croit qu'il faut lire 27rapo< , qui eft le 
nom d'un poiflbn dont parle Mnesi- 
machus. 

PAS 

P AS DE POULAIN, en Latin 
Pajjits Eqidmts : C'eft le nom que les 
Naturalises donnent à deux Coquilla- 
ges , du genre des Ourfins de mer. 
L'un eft connu fous le nom de Spata- 
gus ou Spataugus , 8c l'autre fous celui 
de Bij/lif. Le premier, dit M. d'Ar- 
cen ville, reflemble à un petit 
tonneau , garni de fpatules : l'ouver- 
ture de fon dos a la figure d'un cœur, 
au - lieu que le Bijjits qui n'a point 
cette ouverture eft toujours de figure 
ovale , avec des filions crénelés & 
pondues au fommet. On prétend qu'ils 
n'ont point de dents ni l'un ni l'autre. 
Ils ont une mâchoire pour prendre 
de l'eau & le fable , 8c en dedans un 
feul irteftin rempli d'eau , qui leur 
tient lieu de ch air 8c d'œufs. Le com- 
partiment du Biffus en étoile percée 
a jour . & tous fes points faillans font 
agréables à la vue. Sa couleur eft grife 
ou blanche avec une ouverture dans 
le, ha ut Si uns autre vers le milieu dans 



PAS 

la partie de deflbus : c'eft par ces trou 
que le poiflbn refpire 8c vuide fes ex- 
crémens. Cette partie de deflbus, qui 
eft le ventre , eft toute chagrinée. Les- 
autres Ourfins font ouverts dans le mi- 
lieu. Le Spatagus pour la couleur 8c 
les ouvertures reflemble au BiJJus , 
mais fon compartiment eft différent. Il 
eft garni de fpatules , & l'ouverture 
de fon dos repréfente la figure d'un; 
cœur. Voyez OURSIN DE MER. 

PASSARY-CAYE, nom que 
Petivert, dit Rat f Synop. Metb, 
Av> p. *9$. »• ÇO. > , donne à une ef- 
pece de Pie de la Jamaïque , que les 
Anglois nomment the Green Jay. Cet 
oifeau eft en partie verd. Le dos Se la 
queue font d'un verd plus clair. La 
queue eft à trois pointus , dont celle 
du milieu eft très-longue : les bout? 
de ces pointes font noirs. 

PASSE-MUSC , petit animal , 
dont il eft parlé dans les Tranfaclions 
Philosophiques , m 137. Ses tefticules , 
quoique long-temps gardés 8c même 
defiechés jufqu'à devenir noirs , exha- 
lent une odeur de mufe , qu'on préfère 
au mufe des boutiques. Voyez MUSC, 
PASSEREAU, du mot Latin 
P offer, nom donné aux différentes efpe- 
ces de Moineaux. Les Italiens les nom- 
ment PaJJera. Voyez MOINEAU. 
Le nom de PaJJer eft auffi donné par 
les Latins aux Plies , Soles , Liman- 
des 8c autres poiflbns de ce genre , 
par l'analogie que ces poiflbns ont a vec 
la couleur du plumage du Moineau ; 
comme celui à'Ajtilus a été donné aux 
différentes efpeces de Morues , parce- 
que la peau de ces poiflbns eft de la> 
même couleur que le poil de l'Âne. 

PASTENAQUE, poiflbn de 
mer , dont il y a trois efpeces , mifes 
dans le rang des poiflbns à nageoires 
cartilagineufcs , l'if ces ihondropterygii. 
Les Paflenaques font des efpeces de 
Raies. 

A R te d 1 {Ichth Part. V^. p. 100, 
». 1.) nomme la première, Raia cor- 
çore glabro ,< acuxto longo, animas fir-; 



PAS 

rato,i» caudâ apterygiâ. C'eft le Tpvyw 
(3'Aristote (1^,1. c, 5. L.V. c. 3. 
Cr <. L. VI. c. 10. & 11. L. F///. 

f 13.L./X C37O, d'ÉLIEN (L.L 

g\>7,<fr$6,L.lI.c. i6.&$o,L.VIII. 
c, 2 5. L. KM. c 8. ) . d'A T H É N É E 
(L.VH-P-33°) & d'O p p 1 e n ( L. /, 
«. 5.L.//. p. 4tf. 47. er48-}; laftf/^ 
7 jw^r <î de Rondelet ( L. XIL c. 1 . 
£dit. Franc.) , de Gesner (deAquat. 
p, 8000 » 'de J o N s t o N (de Fifcib. 

I.I.C.3.), d'ALDROVANDE (L. ///. 

f, 4<5. J , de W 1 l l u G h b y * p. 6j. 
Se de R a y , p. 24. On nomme ce 
poiffon the Fire Flaire en Angleterre , 
& 2?r«co ou Brucho à Rome ; Ferraz.a 
à Gênes; Bafionago en Sicile ; Vaflan- 
go ou Bafiango en Provence , 5c ÏW«- 
jrewde à Bordeaux. 

Ce poiffon, félon Rondelet, efb 
sommé en Latin Taflinaca , à caufe de 
la couleur & rondeur de fa queue 
femblable à la racine nommée Paftena- 
de.Les Grecs Font nommé Tptr; m , qui 
fignîfie Tourterelle , par la reffem- 
biance de fes nageoires , qui font éten- 
dues comme les ailes de l'oifeau dont 
31 porte le nom. C'eft un poiffon plat , 
cartilagineux comme on l'a dit , dont 
la peau eftlilTe. Il n'a qu'un aiguillon , 
long , pointu , découpé comme une 
feie de côté Se d'autre , Se placé à la 
queue. La queue eft longue , lilTe , 
flexible , fort femblable à la queue 
d'un Rat ; car elle eft grofle au com- 
mencement & va toujours en dimi- 
nuant jufqu'au bout. L'aiguillon de 
fa queue eft venimeux. 11 a le bec 
pointu , les yeux au-delfus de la bou- 
che , Se au-deffous des trous au lieu 
de narines , Se d'autres devant les ouies : 
les parties où les ouies font polées font 
molles Se baveufes. Il a la bouche pe- 
tite, le dedans aflez large , point de 
dents Ses mâchoires font dures Se ru- 
des. L'c ftomac eft aflez loin de la bou- 
che, p?tit Se étroit Le foie tire entre 
le blanc & le jaune. Ce poi'Ton nage fé- 
lon fa largeur , c'eft-.i-dire à plat, com- 
ïae tous les pouTons de ce genre. U 



PAS 357 

n'a qu'une petite nageoire à la queue, 
É L 1 e N veut qu'il vole quelquefois * 
c'eft-à-dire qu'il s'élance hors de l'eau * 
car il n'a point d'ailes. Il vit de poi(fon3 
dans les lieux fangeux Se peu éloignés 
des rivages. Selon Oppien, Elïen 8c 
Pline l'aiguillon que ce poîffon a à la 
queue eft encore venimeux , quand il 
eft mort. Quoiqu'il foit armé de ce dan- 
gereux aiguillon , il a pour ennemi le 
Chien de mer. 

Cet aiguillon mis en cendre , appli- 
qué fur la plaie avec du vinaigre , eft 
un remède à fon venin même , dit 
Rondelet, Le poiffon ouvert Se 
appliqué fur la plaie faitauffi le même 
effet. Selon P l i n e , la preflure de 
Lièvre , de Chevreau ou d'Agneau , 
du poids d'une livre, eft excellente 
contre la piquûre de la Paftenaque Se 
des autres poiffons de mer auffi dan- 
gereux. Cet aiguillon a quelques autres 
propriétés en Médecine Selon Dios- 
C o R 1 D e , il appaife le mal de dents , 
les rompt Se les tire. Selon P LINE » il 
eft bon pour les dents fearifiées , Se 
broyé avec de l'Ellébore blanc il fait 
tomber les dents fans douleur. Scion 
Celse, l'aiguillon de la Paftenœque 
mis en poudre , incorporé avec la ré- 
fine Se mis autour de la dent malade 
la fait tomber. L'aiguillon arraché de 
ce poiffon pendant qu'il eft vivant , &• 
attaché au nombril d'une femme en- 
ceinte , la fait accoucher heureufement, 
Son foie cuit dans l'huile appaife les 
démangeaifons de la galle Se de la. 
rogne, qui furviennent aux hommes 
comme aux bêtes. Quand les Pêcheurs 
dans le Languedoc ont pris ce poiffon 
ils commencent par ôter L'aiguillon Se 
mangent la chair qui eft autour de la 
queue , quoiqu'elle ne foit pas fort: 
excellente. 

La féconde efpece de Paflenaqite 
eft nommée par A R T e D 1 ( Ici/Sth. 
Fart. V. p. 100. ». 4.) Rata corpore 
gïairo , acideo longo , ferra to , in caudâ 
pirmatà i par Columelle (deAquat,. 
c. a. J>. 4- t. a.). Pajtmacti mari/ta: * 



35 § PAS 

altéra n1ipvir>.a.Têîa. , Altavela dicla. 
Willughbt , p. 6$. Se Ray , p. 24. 
parlent au fit de ce poiffon. On le nom- 
me à Naples Altavela. Cette efpece 
de Raie a la tête plus petite que la 
précédente : fa couleur eft la même. 
Sa queue n'excède pas de longueur 
la moitié de fon corps : elle eft armée 
d'un aiguillon Se quelquefois de deux 
garnis de dents crochues. Ce poilTbrt 
n'égale pas le précédent, ni pour la 
grandeur , ni pour le poids. La chair 
n'en eft pas défagréable , on la vend , 
&e on la mange. 

La troifieme efpece, dont j'ai déjà 
dit quelque chofe au mot AIGLE, 
poilTon , eft nommé par A B. T I t> J 
ihhth. Fart, V. p. 100. ». 5. ) Raia cor- 
pore glabro, acnleo longo, fërrato,in cau- 
dâpitmatâ. C'eft, dit le même Natura- 
liste , celui qu'A r 1 s t o t f. ( L. V. 
c. 5.), Athénée (L.VIL /à/. 143.), 
OfPiEN (L. I. fol. 117.) nomment 
>V«ç } V Aquila de P l 1 n e ( L. IX. 
c. 24. ) > de S A L V I F. N ( fol. 146. ) , 
de J o n s t 0 n (L. I. c, 3 . ) , de W 1 l- 
ï, u g h b y , p. 64. de R a y , p. 2 3 . n. 1 . 
deBELON (de Pifcib. ) , de Gesner 
( de Aquat. p. 880. ) , & d'A LDS o- 

V a n d E ( L. III. c. n-j. ) ; la Pafli- 
tiaca marina , lœvif , altéra c'Çu7r7êpw-r;i'c, 
Aqiiilone dicta , de Columelle 
(L. I. p. 3. t. 2.) , Se la fecunda Pafti- 
nacjt fpecies deRoNDELET(L. XII. 
c. 2. p. 268. Edit. Franc.) \ cependant 
Rondelet dit que cette efpece de Paf 
tenaqueà. laquelle tous les Naturaliftes 
donnent le nom d'Aigle , n'eft point 

V Aigle de mer des Anciens : il le prou- 
ve comme nous le dirons ci-après. On 
nomme ce poiffon Glorieufe en Langue- 
doc , parceqtie, dit-!l, 11 nage avec 
gravité; Aquila à Naples ; Rofpo à 
Gênes, c'eft-à-dire Crapaud, Se Pcfce 
Ratto; par quelques-uns Pxatcpenade s 
à Bourdeaux Tarefran^e. Il eft encore 
nommé Falco par quelques-uns, 6c 
par d'autres Erango Se Ferraz.a. Ce 
poifTon eft en tout femblable à la pre- 
mière eipece par fa manière de vivre , 



PAS 

par lôn aiguillon qui eft venimeux , paf 
fes parties antérieures & extérieures • 
mais il a la tête plus grande , le bec 
moins pointu , rond , court, femblable à 
la tête d'un Crapaud, ce qui fait que les 
Génois lui ont donné le nom de Rofpo. 
Ses côtés qui reffemblent à des ailes 
étendues , finiffent plus en angle que 
ceux de la première efpece. C'eft à 
raifon de cette figure d'ailes , que 
quelques - uns ont nommé ce poiflon 
Ratepenade , ce qui veut dire Cbauve~ 
Sourit. Sa queue Se fon aiguillon ne 
différent en rien de la première efpece : 
la longueur de fa queue l'a fait nom- 
mer en Italie Pefce. Ratio. 11 vit dans 
les lieux fangeux , comme les autres 
Faficnaqites. 11 pique de fon aiguillon 
les poiiTons qui nagent autour de lui. 
Sa chair eft molle Se de mauvais goût, 
& on s'eft fort trompé, dit Rondelet , 
de croire que ce foit l' Aquila des An- 
ciens ; cependant c'eft le fentiment 
d'A r t F, d 1 , Se celui de bien d'autres 
Naturaliftes ci-deiïus cités. On ne lit 
point , ajoute notre Ichthyologue Fran- 
çois , que l' Aquila des Anciens ait un 
aiguillon à la queue , comme la Pafii- 
naca. Si par rapport à fes grandes ailes 
les Napolitains Se les Romains nom- 
ment aujourd'hui cette efpece de Paf- 
tenaque , Aiçle , il ne s'enfuit pas pour 
cela que ce foit l'Aigle des Anciens , 
vu principalement qu'il y a un nombre 
infini de poiiTons qui ont parmi nous 
des noms que les Anciens ont donnés 
à des poiffons tout différens. Ronde- 
let, pour appuyer fon fentiment , a 
recours à G a lien (de Alim.L. III.) , 
qui met l'Aigle de mer au rang des 
poiffons qui ont la chair dure, comme 
la Lamïe Se le Congre ; or la chair de 
la Paflenaque , dont je parle ici eft mol- 
le Se humide , comme on en peut ju- 
ger en la goûtant. A l'article de RAIE 
BOUCLÉE, dans la defeription que 
l'Auteur en donne , il eft porté à croi- 
re que c'eft cette eipece de Raie, qui 
pourvoit bien être l'Aigle de mer des 
Anciens. Voyez RAIE BOU CLÉE. 



PAS PAT 

P A S T O R , nom que les Hol- 

landois donnent à une efpece de Mu- 
ge de l'Amérique , poiflbn nommé 
fiarder par Marc Grave. Voyez 
MUGE & HARDER. 

PAT 

PAT A, nom que les Portugais 

donnentà un oifeau du Bréfil , nommé 
Ipecati-Apoa. Voyez ce mot. 

P A T A G U , nom qu'on donne à 
une efpece de Came , repréfentée à 
la Planche V. lettre C. de la féconde 
Partie de la Conchyliologie de M. D'A R- 
cen ville. Ce Coquillage , dit il» 
ibid.-p. 51. diffère beaucoup d'une au- 
tre efpece, nommée Palourde dans nos 
ports. Le Tatagit cil une Came plus 
grande, moins ronde, plus liiTe; elle 
cil chargée de taches jaunes , blanches 
Se noires. Line feule trompe de diffé- 
rente couleur Se d'environ quatre pou- 
ces de long lui donne toute forte de 
mouvement : quoiqu'elle ne paroiffe 
former qu'un tuyau , elle eft cepen- 
dant partagée intérieurement en deux 
par une efpece de cloifon , 8e chaque 
tuyau a fon trou particulier , qui fe 
■voit à l'extrémité de la trompe. Le 
fupérieur qui rejette l'eau à trois pieds 
de diftance eft plus étroit que l'infé- 
rieur par où elle entre , 5c l'orifice des 
deux tuyaux eft garni de deux petits 
poils blancs. Ce long tuyau , fans le 
ïecours d'une autre jambe , lui fert à 
fe mouvoir , & fournit à tous fes be- 
foins , fans qu'elle piaffe avancer ni 
reculer, mais feulement s'enfoncer dans 
la vafe comme la précédente. Les bords 
de la coquille font tapiftés de deux 
membranes épaiffes qui l'environnent: 
elles font blanches Se très- unies , ce 
qui les diftingue en partie de celles 
de la Palourde , qui font frangées & 
déchiquetées. 

P A T A S , nom que les Nègres 
du Royaume de Galam , dans le pays 
de Bambouc , donnent.! une efpece de 
Singes d'un roux fi ardent, qu'il fem- 
ble qu'ils font peints de cette couleur, 



PAT 359 

Ils font gros Se un peu lourds. Il n'y 
en a point de plus réjouiffans. Ils des- 
cendent , dit le Pere Laeat, du 
fommet des arbres 8e viennent file à 
file jufqu'au bout des branches les plus 
voifines des bàtimens. Quand ils ont 
confidéré les hommes qui y font, ila 
fe mettent tous à crier, à faire des fauts» 
des gambades 8c les poftures les plus 
plaifantes. Ils s'en retournent après 
cet exercice, pour faire place à d'au- 
tres , qui viennent;! leur tour confidé- 
rer les barques 8c ce qui eft dedans. 
Le même Auteur rapporte qu'on en) 
a vu d'affez familiers pour jetter dans 
les bàtimens de petits morceaux da 
bois fec. On répondit à leur jeu par 
quelques coups de fufil , qui en tuèrent 
Se blefferent plufieurs, Se aulB-tôt la 
guerre fut déclarée. Ils fe mirent tous 
à crier d'une manière extraordinaire Se 
à jetter dans les barques des branches 
d'arbres feches , Se même des pierres , 
qu'ils prenoient la peine de venir ra- 
maffer à terre : d'autres fe contentoient 
de faire des grimaces : d'autres fai_ 
foient leurs ordures dans leurs pattes r 
Se les jettoient fur les gens qui étoient 
dans les bàtimens. A la fin ils fe reti- 
rèrent , pareeque les coups de fufil 
en abbatirent tant , qu'ils virent bien 
que la partie n'etoit pas égale. 

PATELLE, Coquillage de mer, 
delà première famille des Lnivalves, 
félon la nouvelle méthode de l'Auteur 
de V Hijloire de la Conchyliologie. G e s- 
NER (de Aqiiat. p- 808.) dit qu'on 
en trouve d'attachés aux rochers de la 
mer Rouge. Ils font hériffés d'épines 
pareilles à celles que l'on voit fur l'E- 
toile de mer. Ce Coquillage eft large 
d'un demi - doigt , long de trois , Se 
s'arrache avec peine des rochers où il 
eft attaché. Sa chair a la couleur Se le 
caractère de celle du Limaçon rouge > 
Se on la mange toute ,. comme celle 
de T(Eil de Bouc vulgaire. Il y a plu- 
fieurs efpeccs de Pa:eilci. J'en ai par- 
lé au mot LÉP AS. 

Tous les Yoyageurs , félon le raj« 



3 do PAT 

port de M. D'A RGENVILLE 

(Part. IL p. 21.), connoiflenr ce Co- 
quillage. Il y en a peu qui ne fe foient 
fait un plaîfir de le détacher des ro- 
chers, pour juger de Ton goût. PIu- 
fieurs Peuples qui font voifins de la mer 
en font leur nourriture ordinaire. On 
le trouve par-tout attaché aux rochers. 
L'animal occupe le fond de fa coquille , 
où il tient fortement par plulieurs liens. 
Si on le renverfe , on remarque qu'une 
partie de fon corps n'eft pas revêtue 
de coquille. Il fort de fa partie fupé- 
rieure un petit corps allongé , fait en 
Poire , avec une ouverture en forme 
de bouche , garnie de lèvres , de mâ- 
choires , Se de dents dont il eft armé 
vers la partie la plus pointue. Les deux 
cornes avec deux points noirs , qui 
font fes yeux placés fur leur côté in- 
térieur, lui fervent à tâter Se à recon- 
noitre le terrein. C'eft par ce canal 
qu'il fùce Se prend fes alimens ordinai- 
res, qui ne font que du limon , de pe- 
tits VermhTeaux & une forte de plante 
marine verdâtre 8c fort commune , 
nommée Algue marine. Les excrémens 
fortent au-deflus de la tête par l'anus , 
à côté des parties de la génération , Se 
à peu de diftance de ces deux cornes. 
Une groffe partie charnue , qui eft au 
milieu , lui fert à fe mouvoir. On lui 
connoît un mouvement lent & pro- 
greffif , néceifaire pour refpirer , & 
pour aller chercher fa nourriture fur 
les rochers qu'il a coutume de par- 
courir. On le voit en effet fe détacher 
en élevant fa coquille de deux ou trois 
lignes, Se remper fur une efpece de 
mammelon, ou de bafe charnue , plus 
foncée en couleur que le refte de l'a- 
nimal. Son mantelet eft garni de trois 
rangs de filets charnus Se appîatis , 
qui forment une frange dans tout le 
pourtour. 

Le corps du Lcpas tient à fa circon- 
férence par un cartilage trcs-fimple. 
On le détachs; du rocher avec un inf- 
miment tranchant Se pointu , qui cou- 
pe furement le nerf qui l'y attachoit : 



PAT 

& coutume eft d'être fi adhérant , qu'il 
faut le furprendre pour l'arracher. Ii 
fe détache cependant de lui-même 
pour aller chercher de la nourriture. Le 
Ltpas peut fortir de fa place , éle- 
ver fa coquille d'une ligne & demie , 
Se la rabailfer de même. La partie fur 
laquelle il marche eft plus folide que 
les autres parties ; cette bafe paroît 
remplie d'une infinité de petits grains , 
comme fi elle étoit chagrinée ; ce ne 
font cependant que de petites cellules 
remplies d'eau Se de glu , dont l'animai 
fe fert alternativement pour fe coller 
fur une pierre , & pour s'en détacher en 
délayant cette colle. Voyez la Plan- 
che I, Partie II. de h Conchyliologie de 
l'Auteur , où la première figure re- 
préfente le Lepas attaché au rocher. 
On en voit un naiifant en A. Ce Lepas 
montre fa tête , fes cornes , & fes 
yeux. La féconde figure eft le poifTon 
retourné , pour découvrir fes parties 
intérieures. Il a été péché fur les côtes 
du pays d'Aunis , Se l'on n'y a point 
trouvé d'yeux , quoiqu'il ait des cor- 
nes ; en quoi il eft différent des deux 
autres Lepas qui en ont. L'on voit 
dans la troifieme figure le Lepas mar- 
chant fur un terrein : fa tête & une 
partie de fon corps fortent de fa cou- 
verture. Cette coquille , dans fa plus 
grande étendue , n'excede gueres deux 
à trois pouces; elle eft ovale , Se cou- 
verte de ftries peu profondes , avec 
quelques zones tranfverfales , qui for- 
ment un cône , dont le centre n'eft pas 
directement dans le milieu , mais à- 
peu-près au tiers de fa longueur du 
côté de la tête. Le dedans eft uni* 
d'une Nacre cendrée. 11 y a des Lepas 
qui fe terminent en pyramides ; d'au- 
tres ont par defTous une demi-cou- 
verture appellée chambre. Il y en a 
de dentelés &de percés dans le haut; 
d'autres , garnis de plufieurs feuil- 
les par étages , Se d'autres , piquans : 
on en voit une efpece qui eft toute 
ronde , Se qui eft fort rare. Sa couleur 
ordinaire eft verdâtre , Se quelquefois 

jaune » 



PAV PAU PEC 

jaune , rouge & brune ; mais ces tein- 
tes paffageres ne fubfiftent que pen- 
dant la vie de l'animai , à moins qu'il 
n'ait été pris vivant. Ainfi parle M, 
rj'A R. G e n VILLE de l'animal, dont 
je n'avois rien dit au mot L E P A S. 
Voyez à ce mot la divifion de ce genre 
de Coquillage par M, A D A N S o h. 

PAV 

PAVER AC CI A, nom qu'on 
donne aujourd'hui à Rimini , à Ra- 
venne Se à Ancône, à la première ef- 
pece de Came , Coquillage bivalve , 
que M, Adanson nomme Clonijfe, 
d'après Belon & Rondelet, 
$c qui eft le Biverone , Piverone , ou 
Piperone des Vénitiens ; VArfelle des 
Génois ; Y Armilla des Efpagnols , & 
ie Boukch des Sénégaloïs. 

PAU, elpece de Léopard de Tar- 
tane , qui a la peau blanchâtre , 8c 
tachetée de rouge 8c de noir. Il a la 
tête Se les yeux femblables à ceux d'un 
Tigre. Il eft moins gros que cet ani- 
mal , & {on cri eft différent. 

PAUXI, oifeau de l'Amérique, 
qui , félon Nieremberg (L. L 
c. 75, ) , eft de la grandeur du Coq , 
ou un peu plus grand. Son plumage 
eft noir , marqué de quelques taches 
blanches Se noires. Il a le col élevé , 
& la tête large. Les uns ont une hupe 
fur la tête; d'autres au lieu de hupe 
ont une groffeur de la figure d'un 
œuf , ou un peu plus grande. H e r - 
n a n d e z marque que cet oifeau a 
à la racine du bec une certaine tu- 
meur. Ce bec eft en partie menu , fer- 
me comme celui du Pic , de la dureté 
de la pierre , Se de couleur bleue. Le 
Pauxi fe nourrit de grains, 8c on peut 
l'apprivoîfer , dit Ruïsch , de Avib. 
p. 123. 

PEC 

PÊCHE MARTIN, nom, 
dit M. le Page du Pratz , qu'on 
donne à la Louifiane à YOifeau de 
Paradis. Il eft de la grandeur & de la 
Terne lll. 



PEC 3<fi 

forme de celui de France. Son plu- 
mage a toutes les couleurs de l'aro 
en-ciel , Se comme îl vole contre le 
vent, la même inclination lui refte après 
la mort , c'eft-à-dire que fufpendu au 
plancher , il a toujours le bec tourné 
du côté d'où vient le vent; c'eft ce 
qui fait que les Naturels du pays dî- 
fent qu'il faut que fon efprit gouverne 
encore fon corps après fa mort. 

PÊCHE MUGER.nom qu'on 
donne dans les Indes à un poîlîon à 
figure humaine, nommé en Latin An- 
ihropomorphof. Voyez HOMME MA- 
RIN. 

PÊCHEUR. Voyez MARTIN 
PÊCHEUR. 

PÊCHEUR, forte d'oifeau des 
Antilles tout-à-fait femblable au Manf~ 
fent , qui eft un puilfant oifeau de 
proie ; il eft affez femblable à l'Ai- 
gle , tant en fon plumage qu'en fa 
forme , 8c îl en diffère feulement par 
fa petitefte. Le Pêcheur diffère aufli 
du Mansfeni , en ce qu'il a les plumes 
du ventre blanches , Se celles de def- 
fous la tête , noires ; fes griffes font 
un peu plus petites. Il n'en veut ni 
aux oifeaux qui volent en l'air, ni aux 
animaux qui font fur la terre ; mais 
feulement aux poiffons qu'il épie de 
deffus une branche , ou de deffus la 
pointe d'un roc. Lorfqu'il les voit à 
fleur d'eau , îl fond promptement def- 
fus , les enlevé avec fes griffes Se les 
va manger fur un rocher. Quoique le 
Pêcheur ne fa(Te point la guerre aux 
oifeaux , ceux-ci ne laiffent pas que de 
le pourfuivre , & de s'attrouper au- 
tour de lui , en le becquetant jufqu'i 
ce qu'ils l'aient contraint de fuir 8c 
de changer de quartier. Les enfans des 
Sauvages prennent plaifir à élever cet 
oifeau , quand il eft petit, pour s'en 
fervir à la pêche ; mais il ne rapporte 
rien , 8c va manger dans un lieu fou- 
vent inacceffible le poiflon qu'il a fur- 
pris. Ray croit que cet oifeau peut 
être le même que le Jacuaguati Guacti 
de Marc Grave. Voyez ce mot. 

Zz 



3<Î2 P E G 

Il fe trouve auffi aux environs delà 
Garnbra des oifeaux qu'on appelle 
Pêcheurs du Roi. H en eft parlé am- 
plement dans YHiftoire Générale des 
Voyages , Liv. VII. 

P E G 

* PÉGASE, en Latin Pegafus , 
Cheval fabuleux. Voici comme A L- 
eert le Grand en parle : C'eft 
un animal qui naît en Ethiopie. Il a 
par devant la figure d'un Cheval , & 
par derrière des ailes plus grandes que 
celles d'une Aigle : fa tête eft cornue , 
ce que dit auffi Pline. Cet animal 
eft fi monftrueux qu'il fait peur à tous 
les animaux quand il eft élevé en l'air 
en battant Amplement des ailes : il 
vole d'une fi grande vîtefTe que les 
hommes & les animaux en font fort 
effray as. D'autres Écrivains, auffi peu 
croyables qu'A lbeeitleGrand, 
difent que cet animal , quoique pe- 
fant , fuit merveilLufement vîte : ils 
ajoutent qu'avec le fecours de fes ailes 
il paroît plutôt courir que voler , Se 
que fendant l'air par lt ur force, il chaffe 
devant lui les vents qui forment un 
tourbUon,& qu'il eft porté en l'air fans 
fe donner aucun mouvem nt. 

P E G O N : C'eft la douzième ef- 
pece de Came de M. A D a n s o N , 
que cet Auteur a trouvée dsns les fa- 
bles de l'Anfe de ELn , fur la ente du 
Sénégal. L'animal reflemWe , dit-il , 
au Lumt , onzième efpece du mêire 
genre ; mais Ls tuyaux font quatre ou 
cinq fo's pins courts que la largeur 
de la coquille, q'ii eft médiocrement 
ép-:iiTc-, d'une grande dureté, un peu 
plus avplatL que celle du Jeunot , lon- 
gue de p i ls de deux pouces , fur une 
largeur de moitié moindre % & double 
de fa profondeur. Cette coquille eft 
marquée fur toute fa furface extérieu- 
re de quarante à cinquante ranelures 
tranfverfales applaties, d'un beau poli, 
& trC s -luifenres, Les bords des bat- 
tans font ^pa's & arrondis. Le liga- 
ment eft prcfque trois fois plus court 



P E G P E I 

que fa largeur , & le fommet eft placé 
un peu au-deffous de fon milieu. Sa 
charnière confifte en trois petites dents 
fort rapprochées dans le battant droit, 
& en deux feulement dans le battant 
gauche : fa couleur eft violette en de- 
dans , rougeâtre au dehors , & parfemée 
de quelques taches brunes , diftribuées 
fur quatre ou cinq lignes , qui s'éten- 
dent comme autant de rayons du fom- 
met vers les bords. Ce Coquillage eft 
figuré à la Planche XVII. n. 12. de 
V Hiftoire des Coquillages du Sénégal. 

PEGOUSE, nom que R o n- 
D E L E T ( L. XI. c. 11. p. 258. Edit. 
Franc. ) donne à une efpece de Sole , 
qui fe pêche à Marfeille , & dont les 
écailles tiennent fi fort , qu'il faut la 
tremper dans l'eau chaude pour les 
ôter. Elle eft femblable à la Soi : : elle 
a deffus le corps de grandes taches , 
faites en forme d'yeux , d'où lui eft 
venu par les Latins le nom de Solea 
oculata. 

P E I 

PEIGNE, genre de Coquillage 
bîvajye , rcpréfetitant des Coquilles 
de Saint JaLquts ou de Saint Michel, 
nommé en Latin Peclen. Pierre 
Gillius dît : P d. Uns à rugis , fat 
ïtnbricibus quibus Jignatijuni,ità dicun- 
tur : Peclen q:to capilli pedunlur & tx- 
Unduntur. Un l'appelle Sourdon en 
Poitou , & prefque par-tout la grande 
Se petite Pèlerine. Le mot de P ligne Se 
celui de Pétoncle, ainfi que leurs noms 
Latins Peilen Se l'euitnadus > ne diffé- 
rent que par la grandeur, rétonde eft 
un diminutif de Peigne * dit M. d'Au- 
ge NV ILLT , l'art. I. p. 302. Edit. 1757» 
Ce qu'on appelle à préfent Pétoncle oit 
Soiirdon étoit connu par Rondelet 
fo:is le nom de Coquille ftïiée u7 é t itieit- 
fe, Se cet Auteur embarraffé par les 
dîffércns noms de Peigne Se de Péton- 
cle , dont fe font fervi les Traducteurs 
d'A ristote, donnoïr ce dernier i 
une efpece de Feigne ; mais Listes. 
& les autres Modernes , pour évites 



P E ï 

la difficulté ont fuivi Belon, con- 
temporain de Rondelet, & ont 
donné le nom de Pétoncle à un Coquil- 
lage fort différent du Peigne, tant par 
l'animal , que par la charnière 8c la 
ferme renflée de fa coquille, dit M. 
A D a N s o n , p. 240. qui donne dix 
efpeces de ce Coquillage , obfervées 
fur les côtes du Sénégal. Ce Coquil- 
lage, dit M. de R é a u M u r ( Mém. 
de PAcad. des Scienc es , 17 1 1. p. 1 27. 
effuiv.) eft fort commun & fort re- 
cherché On le mange cuit & crud. Sa 
coquille eft compofée de deux pièces. 
Le ligament à reflbrt qui les affètnble 
& qui fert à les ouvrir , eft du côté du 
fommet. Depuis ce fommet, fa coquil- 
le va en s'éiargiffant infenfiblement Se 
prend une figure arrondie : précifément 
au fommet'elle eft comme eoupéeen 
ligne droite. Chaque pièce de la co- 
quille forme une ou deux appendices , 
qui fontappell ies les oreilles de la coquil- 
le. La coquille ferme exactement de 
tous côtés : elle eft rayée en forme d'un 
peigne, dont on fe fert pour peigner 
les^cheveux. Elle eft plate, élevée , 
garnie de deux oreilles , quelquefois 
d'une feule , quelquefois auûj elle eft 
fans oreUles. 

Il y a une grande variété dans la 
couleur de ces fortes de Coquilles : les 
unes font entièrement blanches : d'au- 
tres font rouges : d'autres tirent fur 
le violet , Se dans d'autres toutes ces 
couleurs font diverfement combinées. 
Ceftcequ't a fait dire à M. d'ArCEN- 
Ville (Part.!, p. 19.) que c'eft peut- 
être pour la variété Se la beauté des 
couleurs une des plus agréables fa- 
milles que nous polTedions , fur-tout 
celle que l'on nomme le M.inteuu Du- 
cal. Il y a des Coquilles de ce genre , 
qui font canelées : d'autres qui font 
chargées de pointes, comme la Ra- 
ti foire & la Rape. Leur ca ratière gé- 
nérique, ffon le même Auteur, eft 
d'être d'une figure applatie , d'avoir 
des oreilles , avec une des coquilles 
plate, Se l'autre plus creufe. Lesftries 



P E I 36-3 

Ou canclures ne fervent qu'à leur don- 
ner différentes dénominitions. Le ca- 
ractère fpécifique des Peignes eft d'a- 
voir les uns des oreilles , les autres 
une , Se quelquefois de n'en avoir au- 
cune. Il y en a encore qui ont les deux 
écailles élevées Se convexes. Ils s'at- 
tachent aux pierres. Leurs fils ne 
font d'aucun ufage. Ils font plus gros 
Se plus courts que ceux des Moules. 
Ce Coquillage s'attache quand il lui 
plaît. Souvent après une tempête on 
en trouve dans des endroits , où on 
n'en trou veroitpas les jours préeédens , 
& ceux qu'on trouve font pour la plu- 
part attachés i des pierres immobiles. 
Ce Coquillage eft commun fur les 
côtes d'Aun's. 

On voit à la Planche VI. de la 
C.nchy'.iAogie , Lu. A. un de ces Co- 
quillages à deux grandes membranes 
brunes, qui s'attachent chacune à une 
des pièces de la coquille. De leur con- 
tour brun Se chargé de taches fymétri- 
fées, fortentdans l'eau de la mer une 
multitude prodigîeufe de poils blancs » 
affez lon£s pour déborder les valves : 
l'intervalle eft garni de petits points 
noirs , ronds , brillans Se qui imitent 
des Perles qui fur viennent enchaf- 
fées dans cet endroit. L'intérieur de 
ces deux membranes enveloppe 8c 
renferme quatre feuillets fort minces , 
chargés tranfverfalemetit de ftries très- 
fines , qui imitent alTez bien la partie 
des poumons. Il fe voit au-delTus de 
ces quatre feuillets une petite maffe 
molle Se charnue , qu'on peut croire 
être le ventre 8c les entrailles : elle 
cache fous une pellicule affez niince 
un : efpece de pied de cinq à fix lignes , 
Se dont la pointe , qui n'a aucun mou- 
vement particulier , regarde le centre 
de l'animnl Cette partie eft ordinai- 
rement de la même nuance que celle 
qui l'enveloppe ; mais dans le temps 
du frai , elle le gonfle , change de cou- 
leur Se devient d'un beau jaune foncé : 
quelque temps après elle diminue . 
maigrit Se reprend Ion ancienne teinte. 

Z z ij 



3*4 V El 

Voici fon mouvement progreflif, 
fo't dans l'eau , foît fur la terre , tel 
qu'il eft décrit par M, d'Argenvixle. 
Lorfque le Peigne eft à fec & qu'il veut 
regagner la mer , il s'ouvre autant que 
l'étendue de fes deux valves peut le 
lui permettre , & étant parvenu à un 
poiic: oa environ d'ouverture, il les 
terme avec tant de vitelfe , qu'il 
communique aifément à fa valve infé- 
rieure un mouvement de contraction , 
par lequel elle acquiert affez d'élafti- 
c'té pour s'élever & perdre terre de 
cinq à fix pouces de haut. 11 importe 
peu fur quel coté de la coquille il puiffe 
tomber ; il fuffit de favoïr que par cette 
manœuvre réitérée il avance toujours 
vers le but qu'il s'eftpropofé. 

La progreflïon du Peigne dans l'eau 
eft bi n différente ; car il commence 
par en g:gner la fur face , fur laquelle 
il fe fou ient à demi-plongé. 11 ouvre 
alors tant foit peu fes deux coquilles , 
auxquelles il communique un batte- 
ment fi prompt & fi accéléré , qu'il 
acquiert un fécond mouvement : on le 
voit du moins en réunifiant ce double 
jeu tourner fur lui-même de droite à 
gauche avec une célérité étonnante. 
Par ce moyen il agite l'eau avec une fi 
grande violence , qu'au rapport de 
Rondelet , elle eft capable de 
l'emporter Se de le faire courir fur la 
furface des mers. 

Les Peignes qui font attachés ordi- 
nairement à plufieurs corps étrangers 
ne joui lient pas par cette raifon de ces 
diflër ns mouvemens. 

A la mc-me Planche de l'Ouvrage 
cî-deffus cité , lut. B, on voit le corps 
d'un SowAun ou Pétoncle , canelé de 
même que fa coquille , dont il fort en 
parti '. Par une filière , dent les fils 
fort plus courts que ceux de la Moule , 
il s'attache aux corps étrangers & aux 
piures. Sa cou'eur blanchâtre eft va- 
riée de roupe, de violet, de brun Se 
de jaune. D'tm de fes côtés fortent 
deux p tits nivaux très- courts , garnis 
de p oLls , qui portent l'eau à plus de 



P E I 

deux pieds de diftance. Al'oppofiteJ 
qui eft la partie inférieure , on voit une 
plaque en forme de croiffant par la 
bout , tel que le montre la figure ; 
ce qui lui facilite fa marche. Sa coquil- 
le eft ronde , peu épaifle Se dentelée 
dans fes bords , comme les dents d'une 
feie. Deux mufcles qui fortent de fort 
corps vers la charnière , l'attachent 
fortement à fes deux valves. 

M. d'Argen ville (Parti, 
p. 300.) divife les Peignes en trois ef- 
peces. La première efpece renferme 
ceux dont la coquille eft à deux oreil- 
les , favoir le Manteau Ducal rouge, 
le jaune , couleur de corail , avec des 
boutons ; la Coquille de Sxint Jacques 
bariolée ; celle de Saint Michel jaune ; 
le Peigne de couleur orangée de la mer 
Cafpienne ; le bariolé tirant fur le bleu, 
le rouge 8c le canelé ; le brun par deiTus 
& blanc par deffous, appelle ¥ Éventail 
ou la Sole 3 le tacheté dans l'écaillé fû- 
périeure Se le blanc dans l'inférieure ; 
celui à côtes jaunâtres ; la lèvre rebor- 
dée ; celui à coquilles également creu- 
fes ; celui en forme de Poire ; le très- 
beau , dont parle Rumphius ; celui 
fait en table polie , félon le même Au- 
teur; celui à coquilles inégales bariolé 
de taches fauves. 

De la féconde efpece font tes Fei- 
gnes qui n'ont qu'une oreille , tels que 
le Peigne couvert de pointes Se noir 5 
celui couvert de pointes Se rouge; le 
gris cendré , le bariolé , l'orangé , 8c 
le blanc uni. 

Dans la troïiïeme efpece , qui con- 
tient les Teignes qui n'ont point d'o- 
reille , on compte la Ratijjoire , ou la 
Rape } le P.i^ne oblong , qui eft de 
couleur blanche , 8c raboteux ; le Pei- 
gne à ectes , qui eft de couleur jaune , 
8c découpé dans fon contour ; le ba- 
riolé , avec un pourtour déchiré ; l'é- 
pais , chargé de cordelettes bariolées 
de brun , de jaune Si de bl :u ; l'uni Se 
bariolé , Se enfin le rond Se blanc nom- 
mé Soitrdon. 

La Planche XXIV. Pan. L de la 



P E I PEL 

Conchyliologie du même Auteur, r ep ré- 
fente trois Peignes fans oreilles, dunom- 
bre delquels eft la Rape , ou hRatiJJbi- 
re; quatre Peignes à deux oreilles, du 
nombre defquels eft celui qu'on nom- 
me la Coralim , parcequ'il imite par 
fon rouge la couleur du Corail ; ie 
beau Manteau Ducal , 8c un nommé 
Senti- Auritns , parcequ'il n'a qu'une 
oreille bien formée. 

Pour les efpeces de Pétoncles que 
M, Adanson a obfervés fur les cô- 
tes du Sénégal , comme il leur a don- 
né des noms particuliers, c'eft fous ces 
mêmes noms que je les fais connoître 
au Lecteur. 

PEINTADE, ou PINTA- 
D E , oifeau des Indes , qui eft une 
efpece de Poule. Voyez PINTADE. 

PEIXE-GALLO, nom que 
les Portugais donnent à un poi(Ton des 
Indes nommé Abucatuaïa par les Na- 
turaliftes. Voyez ce mot, 

PEL 

PELA, Serpent de l'Amérique , 
qu'on pourroit nommer le Pouilleux, 
dit S e s A. Sa couleur eft alezan clair, 
& d'un brun rougeâtre fur le dos. Il a 
les écailles du ventre jaunes , la tête 
petite , & les yeux étincelans. Ces for- 
tes de Serpens font couverts de Poux 
femblables à de petits Efcarbots , qui , 
munis fur le defîus du corps de petits 
boucliers , fe cramponnent avec leurs 
pieds nombreux entre les écailles de 
ces Serpens , pénètrent la peau qu'ils 
fucent pour fe nourrir , & défolent ainfi 
aon-feulemertt cette efpece de Serpent, 
mais encore dîverfes autres. TbtJ. //. 

lab. 84. n. 3. 

PELAMIDE, nom qu'on don- 
ne en Languedoc, dit Rondfi et, à 
la féconde efpece de Glanais , poif- 
fondemer, qu'il nomme Liche. Voyez 

LI C H E. 
+ PELECANTES, oifeau m- 

* Cet oifeau eft nomme en Hébreu Haat h, 
parcequ'il dégorge ce qu'il a pris ; en Chat- 
déen Kak, ou Kik ; en Syriaque, Kaka; en 



PEL 16% 

connu aux Modernes , & dont parle 
Aristophane. 

PÈLERINE, nom que l'on don- 
ne à la grande & petite Coquille de 
Saint Jacques. Ce Coquillage eft nom- 
mé Souràon en Poitou. Les Natura- 
liftes le nomment Peigne Se Pétoncle, 
Voyez PEIGNE. 

PÉLICAN*: Voici comme 
Catesbï décrit en peu de mots le 
Pélican. Il eft de la grofîeur d'une 
Oie ; fon bec a neuf à dix pouces de 
longueur; il eft courbé au bout, très- 
gros vers la tête , où il a neuf pouce3 
de tour. Toute la face eft un peu de 
bleu obfcur : ce bleu obfcur s'étend 
circulairement jufqu'à un pouce par 
de - là l'œil. Il a l'occiput & le col 
entièrement bruns; les plumes nom- 
mées rémiges , Se les plumes qui les 
couvrent , à prendre depuis l'épaule , 
font d'un noir verdâtre , ou bleuâtre : 
l'autre partie qui approche le plus du 
dos , &: tout le corps , font blancs ; la 
queue eft noire, très-courte, quarrée 
par le bout ; les jambes font noires Se 
fort longues ; les pieds font demi- 
membraneux ; l'ergot du derrière eft 
très-long, Se il y a une petite poche 
fous le bec. Mais entrons dans un plus 
long détail. Cet oifeau a deux noms 
parmi les Anciens, Aristote (Hifi. 
Anim, h. IX. c, 10.) l'appelle Péli- 
can } Se P t 1 n e { Hifl. Nat. L. X, 
C, 47. ) lui donne le nom à'Onocrota- 
lus. Ces deux mots font Grecs ; le 
premier veut dire ce qui coupe , ou 
perce ; le fécond lignifie le bruir que 
fait la voix d'un Ane. 

Les Modernes , dit M. Perrault , 
qui fe font plutôt arrêtés à ce que ces 
noms fignifïent, & au rapport qu'ils 
ont à des propriétés communes à plu- 
fieurs & dirrerens oïfeaux , qu'aux 
delcrîptions que les Anciens en ont 
faites, trouvent de la difficulté à dé- 
terminer quel eft l' oifeau qu'on dok 

Italien , Peltcarto ; en Allemand feltcatt , oo 
hxjfeigcms i en Efpagnol & en Anglois , Pe- 
lican* 



3 55 P E L 

appeler Pélican, Se ce que c'eft que 
VOnocrotale. B E i. o N (de la Nat. des 
Oif- L. M. c. 2. ) dît que qus!q!ies-i!ns 
croyent que le Butor , qui cft la vraie 
Ardea fieilaris des Anciens, cilVO- 
rocrut.'Ir , à caufeque cet oifeau iimte 
Je mûgfflfefflaent d'un Taureau , qu'ils 
confondent avec le braire de l'Ane. 
D'autres au contraire , parcequ'il perce 
la terre & enfonce Ton bec dedans pour 
faire ce bruit, prétendent qu'il elt le 
Télicân des Anciens. D'autres, com- 
me le Scholiafte d' Aristophane, veu- 
lent par cett" même raifon que le Péli- 
can de? Anciens loit la Palette, à caufe 
de la figure de fon bec , qui rdT: mble à 
une coignée. D'autres croyent que c'eft 
le Pic verd , qui perce l'écorce des ar- 
bres avec fon bec , pour y prendre les 
Vers Se les autres infectes dont il fe 
nourrit , Se dans lefquels il fiche un 
aiguilion qu'il a au bout de la langue , 
quoiqu'ARiSTOTE ( L. IX. C . o ), qui 
l':ppelle Dryocolaptes , lui donne un 
nom par lequel cette action eft plus 
particulièrement marquée que par 
celui de Pélican. D'autres encore at- 
îribuentle nom de Pélican au Vautour, 
qu'on dît fe percer avec le bec , pour 
nourrir fes petits de fon fang. 

Mais comme les parti .ularîtés que 
Pline attribue à Vunocrotale dans la 
description qu'il en faitfont moins équi- 
voques que fes noms , qui fignifient 
des chofes qui lui font communes 
avec d'autres oifeaux ; comme ces par- 
ticularités fe trouvent dans le fttjet que 
M. P E R R a V L T a diiïéqué , cet Aca- 
démicien ne doute point que l'oifeau 
qu'il décrit ne foit VOnocrotale de 
P l i N e , & qu'on ne le puiiTe appelée* 
Pélican, fuivant ce que l'ufage en a 
établi parmi nous , fondé peut-être fur 
l'autorité de Belon & de Scaliger , 
qui croient que le Pélican Se VOnocro- 
tale font un même oifeau. Sur tout 
il eft certain , ajoute M. Perrault , 
que les caractères communs à VOnocro- 
tale de Pline , Se à fon fujet leur font 
fi particuliers, qu'ils ne peuvent con- 



P E L 

venir ni au Butor , ni à la Palette , nj 
au Pic verd , ni au Vautour, qui font 
des animaux , dont aucun ne vit de 
poiiïon Se de' Moules , Se n'a la poche 
ou fac que VOnocrotale ou le P eue an 
a fous la gorge. 

Entre tous les oifeaux dont les An- 
ciens ont parlé , il n'y en a point qui 
ayentde fi grandes ailes, ni qui volent 
fi haut que le Pélican, ou Onvcrualt. 
Culmannus , dans une lettre écrite 
à Gesner , parle d'un OnccrotaU pri- 
vé, qui a vécu quatre- vingt ans en Alle- 
magne , Se qui après avoir iuivi long- 
temps l'Empereur M aximilien , vo- 
lant au-def!us de 1 Armée quand on 
marchoit, fut enluite nourri par ordre 
de l'Empereur a quatre écus par jour. 
Cet Auteur {Qrnkk. L. ill .) dit qu'il 
voloit fi haut , qu'il ne paroi'doit pas 
plus gros qu'une Hirondelle, Se qu'il 
avoit le vol de quinze pieds ; ce qui 
eft le double des plus grands Ai- 
gles. Sanctius, dans Aldrovande 
( Ornith. L. XI X- c. 2. ) , rapporte 
qu'un Onocrotale laîffa tomber un en- 
fant Éthiopien , qu'il avoit enlevé 
bien haut en l'air, de même que des 
Aigles emportent quelquefois des La- 
pins Se des Agneaux , pour les donner 
à leurs petits; or VOnocrotale , qui vit 
de poiifcms qu'il pêche Se qui fait fon 
nid fur terre , a néanmoins un vol aulfi 
grand à proportion de fon corps, que 
les Aigles Se les autres oifeaux de 
proie , qui chafient dans l'air Se qui 
nourrifilnt leurs petits au haut des 
arbres Se fur le fommet des rochers , 
par la raifon qu'il eft un oifeau de paf- 
fage , qui vole tous les ans des par- 
ties Septentrionales de la Gaule , ainfi 
que P l 1 n e ( Hi&. Nat. L. X. c. 47. ) 
parle, jufqu'en Égypte , où Belon 
dit avoir vu de grands troupeaux d'O- 
nocrot des. Ces hiftoires fur la gran- 
deur incroyable , la force Se la longue 
vie de cet oifeau , ont rapport aux deux 
Pélicans que M Perraults diffé- 
qués Se à ceux qui étoient de fon temps 
à Verfailles. 



P E L 

Bf lok met à fon Onocrotale un 
panache au derrière de la tête , pareil 
à celui de la Palette , oifeau que quel- 
ques-uns confondent avec le Pélican. 
Gesner ScAldrovawde en ont 
auffi fait mettre à leurs figures. M. 
Perrault n'en a point trouvé à fes 
fujets , & celui qu'on faifoit voir à 
la Foire Saint Germain à Paris en 
1750, n'en avoi't point. Pline dit 
que V Onocrotale eft tout à fait fem- 
blable au Cygne , à la réferve de la 
poche qu'il a fous le bec. Belon dit 
la même chofe ; mais cet oifeau a beau- 
co 'p de particularités vifibles Se re- 
marquables , qui le distinguent du 
Cygne , telles que font les plumes 
noires qu'il a en plulîeurs endroits , la 
forme Se la couleur du bec Se des 
pieds. 

UUnocrocale dont Olaus Magnus 
& Belon ont donné des figures , a un 
doigt en arrière , comme la plupart 
des autres oifeaux. Dans la figure 
d'A 1. u r o v a n d e , la femelle feu- 
lement a les pieds de cette façon. La 
fi, ure de G E S N F. R a cinq doigts , 
qu;itre en devant Se tin cinquième en 
arrijre. Cardan fait les pieds de 
YutiocrotaU femblables à ceux du Cy- 
gne. Les fujets de M. Perrault 
n'avoient que quatre doigts joints en- 
semble par des membranes , comme 
dans le Cormoran. 

La parti. fip ! rieure du bec du Te- 
lle .m eft plate 5. conferve prefque une 
mém? largeur, depuis le commence- 
ment jufqu'au bout. Les côtés du bec 
ne font point dentelés comme au Cy- 
gne 3c tels que Belon les décrit, mais 
tranchans, le deflbus étant creufé de 
quatre caiulurcs, dont les bords font 
cinq cÔfes> favoir les deux, qui font 
les côtés du bec, un: au milieu , Se 
deux autres entre celles des côtés 8c 
celles dm milieu. La côte dn milieu , 
Se les deux q û font les côtés du bec , 
font tranchantes : celle^ d'entre-deux 
font moufles & doubles , faifant une 
petite rainure. Les côtés du bec infé- 



P E L %6y 
rieur font doubles auffi , & ont Ulle 
rainure dans laquelle les côtés tran- 
chans du bec fupérieur entrent. Mais 
A L , DROVANDE com pare les cinq 
côtés du bec fupérieur à ceux de. la 
feuille de Plantain. Le fond de la cou- 
leur de tout le defTîis du bec e(t d'un 
gris pâle , marqueté de gris-brun vers 
le milieu , Se de rouge , marbré de 
jaune . vers les bords ; fa racine eft 
blanchâtre. Tels étoient du moins les 
becs des deux Télicam dilîequés par 
M. Perrault; mais le bec de celui 
que j'ai vû à la Foire Saint Germain 
étoit d'un beau rouge par le bout , 8c 
tout le refte m'a paru être d'un blanc 
fale. 

Le bec inférieur eft compofé à l'or- 
dinaire de deux parties ou branches, 
jointes au bout du bec , lailfant entre 
elles une ouverture d'environ trois li- 
gnes. Elles font flexibles , comme de 
la Baleine , & fe dilatent aifément , 
quand on les fépare avec les mains : 
cette dilatation , qui paroît ne fe pou- 
voir faire que difficilement par desr 
mufcles , a befoin de quelque autre 
moyen qui la rende auffi large qu'il 
elt neceflaire pour recevoir les grands 
poiilons que le L'éïican avale. 

P 1 e r' r e M a r t v r ( Decad. de 
novo orbe , L. VI. ) dit que la manière 
de prendre le poilfon eft toute par- 
ticulière aux TeLlcans. Ils ne l'attra- 
pent point parla vîtelTe avec laquelle 
ils le pourfuivent , comme font les 
Plongeurs Se les Cormorans ; mais vo- 
lant fort haut , lorfqu'ils apperçoivent 
du poilfon proche des bords de la 
mer Se des rivières , ils fondent tout- 
à-coup dans l'eau , qu'ils agitent par 
la p ; . fanteur de leur corps , Se le mou- 
vement de leurs ailes , d'une telle ma- 
nière que le poiffon étourdi fe laide 
prendre ; Se alors il faut-fi'ppofer , dit 
M. Perrault, que le poilfon étant 
ferré par le bec fupérieur , fait lui- 
même élargir les deux branch .s du bec 
inférieur , auquel la poche ell atta- 
chée fuppofé que le pofiTon fait plus 



3 6S PEL 

grand que n'eft ordinairement l'ouver- 
ture des deux branches. 

Pline ( Hifl. Nat. L. X. c. 47- ) 
fait mention que VOnocrotale garde 
quelque temps fa nourriture dans fa 
poche , avant que de la recevoir dans 
fon ventricule. Cela eft commun à la 
plupart des oifeaux qui ont un jabot » 
dans lequel ils réfervent la nourriture 
dont ils prennent une grande quantité , 
quand l'occafion s'en préfente, pour 
l'avaler enfuite à loifir , ou pour la 
porter à leurs petits. C'eft ce que le 
Pélican a de particulier & ce qui le 
diftingue des autres oifeaux de proie , 
qui ne portent la nourriture à leurs 
petits que dans leur bec Se dans leurs 
ferres. 

Quelques Auteurs rapportés par 
R u ï s c H , dans fon Théâtre des 
Animaux , au titre des Oifeaux , p. o i . 
font le Pélican fi grand Se lui donnent 
un fac fi prodigieux , qu'un d'entre 
eux affaire en avoir vu un , dans le go- 
fier duquel un homme d'une très- 
grande taille enfonçoit fa jambe toute 
bottée jufqu'au genou , fans faire 
la moindre violence â l'oifeau : c'eft 
ce qui a fait dire plaîfamment au Pere 
L a s a T qu'il ne favoit pas même s'il 
lui avoit fait grâce de fon éperon, 
in autre dit qu'on avoit trouvé dans 
le jabot d'un de ces oifeaux un jeune 
enfant Nègre tout entier. 

Le Yélican , ou grand Gofter de l'A- 
mérique, félon le même Auteur, ref- 
femble à nos Oies d'Europe pour la 
taille, lagroffeur, les pattes, la dé- 
marche & la pefànteur. Il a la tête 
applatie des deux cotés Se fort greffe , 
& telle qu'il convient pour porter un 
bec de deux à trois pouces de large , 
fur un pied 8e demi ou environ de 
longueur. La partie fupérieure eft 
olfeufe Se toute d'une pièce : l'infé- 
rieure eft compofée de deux pièces , 
qui s'unifient par une de leurs extré- 
mités au bout du bec , dans un fort car- 
tilage , Se qui , à la manière des mandi- 
bules ou mâchoires , s'^mboitent dans 



PEL 

la partie lupérieure , où eft le centra 
de leur mouvement. La partie infé- 
rieure & la partie fupérieure font gar- 
nies de petites dents en forme defeies, 
fort menues Se tranchantes. Le vu'tde 
que les deux parties de la mâchoire 
inférieure laifTent entre elles , fert à 
foutenir l'orifice d'un fac qui y eft 
attaché tout autour , Se qui tombe fur 
l'eftomac de l'oifeau , où il eft encore 
attaché , ainfi que le long du col , par 
de petits ligamens , afin qu'il n'aille 
point de côté Se d'autre, Ce fac eft 
compofé d'une membrane épaiife & 
graffe , affaz charnue , fouple , 8c qui 
s'étend comme un cuir. Il n'eft point 
couvert de plumes , mais d'un petit 
poil extrêmement court , fin , Se doux 
comme du iatin , d'un beau gris de 
perle , avec des pointes , des lignes , 8e 
des ondes de différentes teintes , qui 
font un très-bel effet. Lorfque ce fac 
eft vuide H ne paraît pas beaucoup ; 
mais quand l'oifeau trouve une pêche 
abondante , il eft furprenant de voir la 
quantité & la grandeur des poiffons 
qu'il y fait entrer ; car la première 
chofe qu'il fait en péchant eft de rem- 
plir fon fac , après quoi il avale ce 
qu'il juge à propos, 5c quand la faim 
commence à le preffer, il retourne le 
remplir. 

Cet oifeau a les ailes fortes , gar- 
nies de greffes plumes , qui font de 
couleur de cendre , auffi-bien que tou- 
tes les autres plumes qui lui couvrent 
le corps : il a les yeux beaucoup trop 
petits par rapport à fa tête ; fon air 
eft trille Se mélancolique. Il eft auffi 
lent Se pareffeux à fe remuer , que le 
Flamand eft vif Se alerte. Les femelles 
des Pélicans pondent fans façon à pla- 
te terre, Se couvent auffi leurs œufs. 
Le Pere La bat dit en avoir trouvé 
jufqu'à cinq fous une femelle, qui ne 
fè donnoit pas la peine de fe lever 
pour le laiffSr paffer : elle fe conten- 
toit feulement de lui donner quelques 
coups de bec , Se de crier quand il la 
frappoit pour l'obliger de quitter fes 

ceufs. 



e?ufs. Ces oifeaux , comme l'on voit , 
font pefans au vol , Se ils ont de la 
peine à quitter la terre Se à s'élever 
Sans l'air ; ils le font pourtant , car 
autrement ils mourroient de faim , & 
comme ils font grands mangeurs , il 
faut malgré eux qu'ils travaillent. Lors- 
qu'ils fe font élevés à quatre ou cinq 
toifes au-deffus de la mer, ils pen- 
chent la tête de côté , & des qu'ils 
apperçoivent un poiffon , ils fondent 
deffus comme un trait, le prennent & 
l'engloutiffent ; après quoi ils fe relè- 
vent en l'air, quoique avec peine , & 
recommencent à guetter tout de nou- 
veau. Les grands Gofiers vont afTez 
ordinairement fe repofer fur la terre > 
quand leur fàc eft rempli , Se ils ava- 
lent à loifir ce qu'ils y ont mis , Se lorf- 
que la nuit s'approche , ou que la faim 
les preffe , ils retournent à la pêche. 
Ils nourrilTerit leurs petits , en dégor- 
geant dans leur bec le poiffon qu'ils 
ont dans leur fac. La chaîr de ces oi- 
feaux eft dure , fent l'huile , ainfi que 
lepoilfon pourri : cela vient apparem- 
ment de ce qu'ils ne font pas alfez 
ti'cxercicc pour confommer les crudi- 
:és_ qui leur reftent dans l'eftomac & 
qui s'y putréfient. Les Flamands qui 
vivent de poiffon , comme eux , font 
bien meilleurs. Qui croîroit , dit le P. 
L a b A T , que ces groffes bêtes , avec 
leurs larges pattes d'Oies , s'avifaffent 
d'aller prendre leur repos , perchés 
fur des branches d'arbres , comme les 
oifeaux les plus légers Se les plus pro- 
pres à cela ? Elles partent tout le jour , 
hors le temps de leur pêche , dans un 
profond repos, enfevelies, félon toutes 
les apparences , dans le fommeil , ayant 
la tête appuyée fur leur long Se large 
bec qui porte à terre , Se elles ne chan- 
gent de fituation que quand la nuit 
s'approche , ou que la faim les aver- 
tit qu'il faut aller remplir leur maga- 
îln. Après que cela eft fait , elles fe 
plantent fur une bonne branche d'ar- 
bre &ypa(fent tranquillement la nuit: 
cependant , malgré leur groffiereté & 
Tome III, 



PEL 3er<> 
leur pefanteur , on eft affuré par plu- 
fîeufs expériences que les grands Go- 
fiers font capables d'inftructions. 

Le P. Raymond Breton , Domi- 
nicain , Confrère duP. Labat , rap- 
porte, dans fon Diilhnn.iire Caraïbe, 
qu'il en a vu un fi privé & fi bien înf- 
truit chez les Sauvages, qu'après qu'il 
avoit été rocoué , c'eft-à-dire peint de 
rouge , le matin il s'en alloit à la pê- 
che , d'où il revenoit le foir fa beface 
bien garnie. Ses Maîtres lui faifoient 
rendre ce qu'il avoit de trop , Se s'en 
fervoient pour leur nourriture. Le P. 
Labat dit avoir pris deux petits de 
ces oifeaux , qu'il attacha avec une 
corde par un pied à un piquet, où il 
eut le plaifir de voir pendant quel- 
ques jours leur mere qui les nonrri£- 
foit , & qui demeuroit tout le jour 
avec eux , Se qui psffoit la nuit fur une 
branche au-deffus de leur tête ; car ils 
ne pouvoient pas encore voler affez 
pour fe percher. Ils étoîent devenus 
tous trois fi familiers qu'ils fouftroient 
qu'on les touchât , Se les jeunes pre- 
noient fort gracieufement les petits 
poiffons qu'on leur prefenroit Se qu'ils 
mettoient d'abord dans leur havrefàc. 
Ces oifeaux font plus fales que les 
Oies Se les Canards. Leur vie eft par- 
tagée en trois temps ; à favoir à 
chercher leur nourriture, à dormir, Se à 
faire à tous momens des tas d'ordures 
larges comme la main. 

Les Américains en tuent beaucoup , 
non pas pour les manger, mais pour 
avoir leur blague , car c'eft ainfi qu'on 
appelle leur fac, dans lequel ils met- 
tent leur poiffon. Tous les Fumeurs fe 
fervent de ce fac pour mettre leur tabac 
haché : on s'en fert encore pour met- 
tre de l'argent. On étend les blaguer 
dès qu'on les a tirées du col de l'oi- 
feau , & on les faupoudre de fel battu 
avec de la cendre , ou avec de l'alun 
quand on en a , afin de conferver la 
graiffe dont la membrane eft revêtue* 
après quoi on les frotte entre les 
mains , avec un peu d'huile , pour les 



37© P E L 

rendre maniables. Quand on a la com- 
modité , on les pafTe en huile comme 
les peaux d'agneaux , & elles font bien 
plus belles & plus douces ; elles de- 
viennent de l'épaifleur d'un bon par- 
chemin , mais extrêmement Toupies , 
douces & maniables. Les femmes Es- 
pagnoles les brodent d'or & de foie 
d'une manière très-fine Se très-déli- 
cate ; il y a de ces ouvrages qui font 
d'une grande beauté. 

Au Royaume de Loango en Afri- 
que on voit un oifeau plus gros qu'un 
Cygne d'une forme aflez femblable 
à celle du Héron avec de longues jam- 
bes & le col fort long ; fon plumage 
eft noir Se blanc. Il a toujours au milieu 
de l'eftomac une tache , ou plutôt une 
place fans plumes , & l'on fuppofe 
qu'il les arrache avec fon bec , fuivant 
Pigafetta. Oeil le véritable Pé- 
lican , Scies Portugais fe trompent » 
lorfqu'ils donnent ce nom à certains 
oifeaux blancs , de la groffeur d'une 
Oie , qui font ici fort communs. Hifi, 
Qénér. des Voyages , L. XIII. 

A Sierra-Leona on trouve des Pé- 
licans , de la grolîeur de nos Cygnes,, 
avec un bec fort , gros & très-long. 
Il id. L, VIL 

Les grands Pélicans blancs font fort 
communs aux Royaumes de Congo Se 
d'AiVgola. Ils plongent dans l'eau & dé- 
vorent les poilTons entiers Leur efto- 
mac eftfi chaud , qu'ils les digèrent faci- 
lement. Leurpeau n'a pas moins de cha- 
leur: elle fert aux Nègres à fe couvrir 
la poitnne. Merolla dit au contraire 
que ces oifeaux , dont on voit un grand 
nombre fur la route de Singa, font 
tout-à-fait noirs , à l'exception de la 
poitrine , qui eft de couleur de chair, 
à-peu-près, dit-il , comme le col d'un 
Coq d'Inde ; mais il ajoute qu'il n'a 
pas pu s'alTurer fi c'eft le vrai Pélican, 
qui , fuivant les Naturalises , nourrit fes 
petits de fon propre (kne,.Iiid. L. XIII. 

K o l b e , dans ia Dejcription du 
Cap de Bonne - Kjpérance , Tome III. 
s, IQ, £. 1^8, dit qu'on y voit \xa-Péli- 



P E L 

can , qu'oïl nomme Mknge - Serpent 
dans les Colonies. Ces oifeaux font iul 
peu plus gros qu'un Oifon. Ils fe nour- 
riffent ordinairement de Vers, de Gre- 
nouilles , de Moules , comme auifi de 
Crapauds , de Serpens Se autres bêtes 
venïmeufes , dont ils détruifent une 
grande quantité : auffi tue-t-on fort 
rarement au Cap ces oilèaux fi utiles 
pendant leur vie, & tout-à-fait inu- 
tiles après leur mort , puifqu'on n'en 
mange jamais la chair. Cet oifeau a le 
col comme l'Oie. Son bec eft large, 
long , fort 5c fe termine par une efpece 
de cuillier. Il a les yeux gris. La queue 
a plus de fix pouces de long. Les an- 
ciens ont dit que fi le Pélican ne trouve 
rien à manger pour fes petits , il s'ou- 
vre la gorge à coups de bec , afin de 
leur donner de la nourriture. Le Pé- 
lican du Cap ne fait point cela. 

Cet oifeau eft fort commun dans la 
pays de la Baye d'Hudfon. 11 eft plus 
fort qu'une groffe Oie domefticjue. La 
mâchoire d'en haut eft plus étroite au 
milieu qu'à chaque extrémité , & elle 
entre dans celle d'en bas, excepté vers 
la pointe qui s'élarpit , & dans laquelle 
entre la pointe d'en bas. La pointe du 
bec eft rouge , mais le deflus aulfi-bitn 
que le défions du bec, du côté de la 
tête , eft jaune. La poche étant feche 
refiemble à une veffie de Bcerf enflée , 
5c eft d'une longueur prodigieufe pen- 
dant que l'oifeau eft en vie. La tête & 
le derrière du col font couverts déplu- 
mes blanches. Le corps eft d'un cendré 
fale: les plumes des ailes font noires* 
Se tout le defibus du corps eft d'un 
cendré noirâtre. Les pattes font courtes 
& ont quatre doigts joints enfem'de 
par une membrane : le doigt du milieu 
eft plus long que la patte même, Scies 
pattes auffi-bien que les pieds font d'un 
jaune fale , mêlé de verd : les ongles 
fonr noirs. Ces oifeaux vivent princi- 
pal ment de poiffons , 5c l'on croit qu'ils 
habitent prefque toutes les parties du 
globe ; au moins il eft certain qu'ils 
font très - communs en ce pays-ci & 



P E L 

dans les parties Septentrionales de la 
Ruffie. Il y en a pareillement en gran- 
de quantité en Egypte. On en a fait 
voir un publiquement à Londres , qu'on 
avoit apporté d'Afrique , qui était deux 
fois plus fort qu'un gros Cygne. La po- 
che du bec étoit extrêmement large » 
Se l'homme qui montroit l'oîfeau y 
mettoit fa tête , qui étoit fort à l'aife. 
C'eft le même qu'on a vu à Paris en 
1750. 

Le Pelecanus eft un genre d'oifeaux 
chez M. LinNjT.us ( Syft. Nat. Edit. 6. 
gen. 50.), qui comprend le Pélican , 
Te Cormoran 8c le petit Corbeau aquati- 
que , Se ce genre eft placé dans l'ordre 
des Aves Ànferes. M. Klein ( Ord, 
Av. p. 142.) en compofe la fixieme 
famille d'oifeaux tétradactyles , qui 
ont tous les doigts joints par une mem- 
brane , Tetradadyli , omnibus digitis 
coujuntiis , palmipèdes. Il donne à cette 
famille d'oifeaux le nom de Planeur. 
Elle eft compofée du Pélican* de l'Oit 
d'Êcoj/'e, du grand Fou de Catesby , 
du petit Fou du même , du Cormoran, 
du petit Cormoran , ou petit Corbeau 
aquatique , de VOijeau du Tropique , 
de l 3 Aachinya du Bréfil , ou Tupinam- 
lu de M a r c Grave. 

Outre les_ Auteurs ci-demis cités, on peut 
encore conlulter furie Pélican, nommé aufïî 
grand Gofîer , Schwenckfeld,Belon, 

AlDKOV. 1 . NU Ej W 1 L L U G H B Y , B O- 

ciAfii, Tare. IL L. IL c. zo. le Comte dë 
Marsilly, Tab. Oviedo, L.XW. c. 6. 
B.OCHIFOR.T , le l J ere tu Tertre & le Pere 
Ladat, Sloane, p. }2Z. le Pere Feuillée, 
h. III. f. 157- Edward, L. IL p. 91. & 91. 
A l 11 1 n , & les autres. 

^PÉLICAN D'ALLEMA- 
GNE, en Latin Anas Gypeata. Al- 
3iN ( Tome L n. 97. &()%.) dit que 
Cet oifeau a vingt Se un pouces Se 
demi de longueur depuis la pointe du 
bec jufqu'à l'extrémité de la queue , 
& trente-deux pouces de largeur. Son 
bec a trois pouces de longueur , 8c 
eft noir comme du Charbon , 8c beau- 
coup plus large vers la pointe qu'à 
la racine. Il eft convexe comme un 
bouclier , Se a un croc courbé à la pointe. 



P E L 371 

Chaque mâchoire eft piquetée ou four- 
nie de dents comme un peigne, avec 
des raies ou platines minces , qui font 
emboîtées mutuellement les unes dans 
les autres lorfque la bouche eft fer- 
mée. La langue eft charnue , épaiife , 
Se large , fur tout vers la pointe ; mais 
le bout même eft plus mince , Se for- 
mé en demi-cercle. Les iris font d'un 
jaune foncé ; les jambes Se les pieds font 
d'une couleur rouge Se vermeille , Se 
les grifFes font noires. Le doigt en ar- 
rière eft petit. La membrane , qui lie 
les doigts eft raboteufe autour de leurs 
bords , Se les pieds font moindres qu'on 
ne les trouve dans d'autres oifeaux de 
la claffe des Canards. La tête Se le 
col font d'un verd fombre luifant; le 
deilus du col Se la région du jabot font 
blancs ; le deffus , de même que lea 
épaules , font bigarrés de blanc Se de 
brun : le refte de la poitrine Se le ven- 
tre entier jufqu'au défaut du carflage 
de l'os de la poitrine font rouges, Se 
derrière cet efpace les plumes qui font 
fous la queue font noires. Le dos eft 
brun avec un trait légèrement nuancé 
d'un verd luifant , de bleu , ou de 
pourpre. Les plumes qui couvrent le 
dehors des cuiffes , font embellies de 
lignes fombres qui traverfent, comme 
elles le font dans plufieurs autres oi- 
feaux. Le nombre des longues plumes 
dans chaque aile eft de vingt-quatre , 
Se les dix ou douze qui font les plus 
avancées en dehors font entièrement 
brunes. Les neuf plumes imm?diate- 
ment après ont leurs bords extérieurs 
d'un verd foncé Se luifant. Les quatre 
plumes qui font tout près du corps, 
font diverfinées au milieu de lignes 
blanches. A l'entour de leurs bords , 
les plumes du fécond rang , qui font 
les plus grandes plumes vertes , ont 
des pointes blanches , lefquelles étant 
prifes enfemble font dans l'aile une 
ligne de blanc quitraverfe. Les moin- 
dres plumes couvertes de l'aile, à la 
réferve de celles qui couvrent l'os qui 
eft le plus avancé en dehors , font d'u« 



37* P E L P E N 

. bleu agréable tirant fur la couleur de 
frêne. La queue a environ trois pouces 
& demi de longueur, & elle coniîfte 
en quatorze plumes bigarrées de blanc 
& de noir ; celles qui font les plus 
avancées en dehors étant entièrement 
blanches , & celles du milieu entière- 
ment noires , excepté leurs bords ex- 
térieurs. Les autres ont leurs parties 
du milieu noires , Se elles font blanches 
autour de leurs bords. La femelle ref- 
femble beaucoup au Canard Sauvage 
quant aux couleurs , tant de la tête & 
du col, que du corps entier , endef- 
fus Se en deflbus , à l'exception de 
la couleur des ailes qui eftla même 
que celle des ailes du mâle , mais 
moins brillante. 

PÉLICAN: Goedard C Part. 
I. Exper. 62. ) donne ce nom à une 
Chenille qu'il a trou vée prête à fe 
métamorphofer , Se qu'il nomme Che- 
nille de Pélican. 

PELURE D'OIGNON, 
nom donné à une efpece d'Huître. Sa 
légère Se belle nacre en dedans tirant 
fur le verd , ne peut alTez fe re- 
marquer , a in fi que fes replis Se fa lar- 
ge fenêtre d'en haut, dit M. d'Ar- 
Voyez HUITRE. 

P E N 

^PENELOPE, oïfeau incon- 
nu , dit B E L o N qui rapporte qu'A- 
it 1 S t o t e s'eft contenté de dire qu'il 
vole autour des lacs Se des rivières. 
Le Gloiïaire d'A ristophane 
veut qu'il foit femblable à une Cane. 
Les uns difent qu'il eft plus grand , 
les autres qu'il eft plus petit , d'autres 
qu'il eft de la groifeur d'un Pigeon. 
D'autres prétendent qu'il faut lire dans 
Pline ( Hifi. Nat. L. X. c. 22.), 
Anferini generis junt Penelopes , au lieu 
de Chenalopeces. Mais ailleurs ( ibid. 
L. XXXVII. c. 1. ) , il dit que les 
oifeaux nommés Meleagrides Se Pene- 
lopes vivent dans unjac nommé Gratis. 
Quoi qu'il en foit.il y a unoifeau aqua- 
tique du genre des Canards que les 



P E N 

Modernes nomment Cane Pénélope; 
Voyez ce mot. 

P E N G U I N , ou PINGOUIN , 
oîfeau marin du genre des Oies , qui 
fe trouve vers le Détroit de Magellan 5 
il eft de la groifeur d'une grande Oie, 
en forte qu'il yen a qui pefent jufqu'à 
feize livres. Les plumes qu'il a fur le 
dos font noires, Se il en a de blanches 
fous le ventre : il a le col oval Se gros , 
8c ceint comme d'un collier de plumes 
blanches : fa peau eft aufli épaitfe que 
celle d'un Pourceau. Il n'a point d'ai- 
les, mais deux petits ailerons comme 
de cuir qui lui pendent des deux cô- 
tés , en façon de petits bras ; ils font 
couverts en haut de plumes blanches , 
courtes Se étroites Se entremêlées de 
noires. Ces ailerons lui fervent à nager 
Se non à voler. Les Penguins fautent 
la plupart du temps dans l'eau Se ne 
viennent à terre que quand ils veu- 
lent faire éclorre leurs petits : ils ont 
le bec plus grand que le Corbeau , 
mais non pas fi élevé ; la queue eft 
courte , les pieds font noirs Se plats , Se 
de la forme de ceux des Oies quoi- 
qu'un peu moins larges : ils marchent 
la tête élevée Se droite , lailTent pen- 
dre leurs ailerons le long de leurs cô- 
tésjcomme fi c'étoient des bras, en forte 
qu'à les voir de loin on les prendroit 
pour de petits hommes. On tient qu'ils 
ne vivent que de poilfons : ils ne le 
fentent pourtant pas , Se ils ont le goût 
aflez bon. Ces oifeaux creufent" des 
trous affez profonds fur le rivage , 8c 
le plus fouvent ils s'y couchent trois 
ou quatre. 

11 fe trouve de ces oifeaux demeî 
chez les Patagons : ils ont la figure 
d'une Oie ; mais au lieu d'ailes ils ont 
deux moignons , qui ne peuvent leur 
fervir qu'à nager , Se ils ont le bec 
étroit comme eft celui d'une AlbatrolT. 
Quand ils font debout Se qu'ils mar- 
chent , ils tiennent leurs corps droits 
Se non en fituation à-peu-près hori- 
fontale comme font les autres oifeaux-. 
Cette particularité» joint à ce qu'ils 



P E N 

Éitit le ventre blanc , a fourni au Che- 
valier Narbourough l'idée bi- 
carré de les comparer à des enfans qui 
fe tiennent debout Se qui portent des 
tabliers blancs. Voyage ^George 
A N s o n , Tome I. p. 182. 

On a peut-être donné à cette efpece 
d'oifeaux le nom de Penguin, parce- 
qu'ils font extrêmement gras. C'eft 
auftï unoïfeau de mer du Cap de Bon- 
ne-Elpérance , à-peu-pres de la grof- 
feur d'un Canard , mais fes ailes font 
de couleur de cendre , Se fi courtes 
qu'il a peine à voler : il a le bec noir , 
les jambes d'un verd pâle. Ses œufs 
font fort eftimés j mais on fait peu de 
cas de fa chair. 

Cet oifeau connu des Voyageurs , 
l'en: aufli des Naturalises. M. Lin- 
N M US ( Faitna Sitec. p. 43. ». 1 1 0. ) , 
qui le met dans le rang des Aves An- 
cres , le nomme Alca rofirofulcis o 'do , 
'macula alba antè oculunt. M. Klein 
(Ord. Av. p. 147.) le place dans lafep- 
tieme famille, qui renferme les oifeaux 
palmipèdes à trois doigts , Se qui n'en 
ont point derrière : Tridailyli , pal- 
mipède s , digito mtllo poflico. Ces oi- 
feaux font la Colombe de Groenland , 
ou la Tourterelle de mer ; le Lom- 
wia de C l u s 1 u s , nommé Guillemot 
par Albin; le Canard Arctique , 
ou la Pie de mer ; \'Alk.a de Clusius ; 
le Sénateur , le Préconjhl ,. le Lomben 
de Martens; le Pinçon de mer ou 
de Tempête de F e u i l L é e ; les deux 
Jlbatrojf d'E DVAKD » Se le Pen- 
guin. Pour celui-ci il en ell: parlé dans 
Bar tholinC Ail. I. p. 91.) fous le 
nom 6.' Avis Garfahl. Willlghbï 
{Ornitb.p. 242. t. 65.) dit que le Pen- 
guin ell le Goifugel d'H ojerus, 
C l u s 1 u s ( Exot. p. lot.) l'appelle 
Oie de Magellan , en Latin Anjer Ma- 
gelUmicus. Le MujdLumWormenj'e (p. 
300. t. 301. ) en parle de même. Il 
faut cependant remarquer que le Pen- 
guin, dont parle Ulal-s "Wormius, 
a été apporté de l'iHe de Fermé , Se 
celui de Clusius vient du Détroit 



P E N 373 

de Magellan. La diftance éloignée de 
ces deux endroits , Se les variétés qui 
fe trouvent dans le Penguin de l'Ifle 
Ferroé.Se dans celui du Détroit de Ma- 
gellan , ont fait dire à R a y ( Synop. 
Metb. Avium,p. \\%.n. i. ) , qu'il 
n'eft pas croyable qu'ils foient de la 
même efpece. Celui de Clusius 
ell décrit tel qu'on l'a vû plus haut 
d'après George A n s o n. Celui 
qu'O l a u S a eu quelques mois vi- 
vant chez lui , outre une marque blan- 
che qu'il avoit au-delTus, n'avoit pas 
la même forme des ailes que celui de 
Clusius: elles étoient plus larges 
Se bordées de blanc. Enfin , on voit 
dans le Cabinet de la Société Royale 
de Londres un Penguin defieché , qui 
paraît plutôt reffembler à celui de* 
Clusius, qu'à celui d'O l a u s. 
Telles font les remarques de R a y fur 
les Penguins de ces deux Auteurs. II 
nous relie encore à dire qu'on lit dans 
V Hiftoiïe Générale des Voyages ,Tome 
VllL in-4. 0 . p. 16. qu'il y a une pe- 
tite Ifle , ou plutôt un grand rocher 
à quarante - cinq lieues du Cap rie 
Bonne -Elpérance , couvert de Pen- 
guins s ils n'ont point d'ailes , ou du 
moins elles font fi courtes y qu'elles 
reffembient plutôt à une fourrure , ou 
à du poil de bête, mais au lieu d'ailes 
ils ont une nageoire de plumes qui leur 
fert à fendre l'eau : ils ont la peau 
fort dure , Se à peine d'un coup de labre 
peut-on leur trancher la tête.Cet oifeau 
tient de l'homme , de l'oifeau Se du 
poilTon , étant droit furfes pieds , ayant 
des ailerons fans plumes qui lui pen- 
dent, ainfi que des manches barrées Se 
rayées de blanc. 11 ne vole point. 

Voyez, outre les Auteurs ci-delîus cités, 
Laet, Frezier, &Eward; celui-ci a fait 
figurer des becs de Ptrigithis de grandeur na- 
turelle , dit M. Klein. 

PENNACHE DE MER; 
Rondelet (p. 89. ç. 22. Ëdit^ 
Franc. ) donne ce nom à un Zocphy te 
marin , pareequ'il ell femblable aux 
pennaches qu'on portoit autrefois aux 



374 P E R 

chapeaux ; cependant nos Pêcheurs , 
dit-il , à caufe de la reflbmblance qu'il 
a avec le bout de la partie naturelle 
de l'homme découverte de fon pré- 
puce , lui en fait donner le nom. L'au- 
tre bout reflemble a un panache , 
dont les efpeces de plumes reluifent 
la nuk comme une étoile. Gesner (de 
Aqitat. p. 8 1 8. ), d'après Aristote, en 
parle fous le nom de Ferma marina , 
c'eft-à-dïre Aile, au Ferme marine. 

PER 

PERCEBOIS: L'infefte que les 
Grecs ont nommé Suhéy&pou Se les La- 
tins Ligniperda , comme qui diroit In- 
fecte qui corrompt le bois , a été rangé 
par Pline dans la claffe des Tei- 
gnes. Il fe fait un fourreau de foie , 
qu'il recouvre enfuite par dehors de 
petits brins de bois pour lui donner 
plus de confiftaOce. Ce nid admirable 
Se qui eft fait de petits brins de bois ha- 
chés ou coupés avec les dents , affem- 
blés les uns avec les autres , comme 
les poutres des maîfons en Mofcovie , 
c'eit la Chenille Percebois , Ligniperda , 
qui le conftruit. Elle loge toujours 
dedans , & le porte par-tout fur fon 
dos comme une pyramide. Ces Che- 
nilles fe changent en Papillons , dont 
les mâles feuls ont des ailes , les fe- 
melles n'en ayant posnt du tout ; d'où 
l'on peut conclure , difent les Auteurs 
des Collerions Académiques , Tome V. 
de la Partie étrangère , p. 3 8 y . d'après 
Stammerdam, que fouvent les 
animaux d'une même efpece peuvent 
différer entr'eux : peut-être obferve- 
roit-on quelque chofe de femblable 
dans certaines efpeces de Quadrupè- 
des , d'oifeaux , ou de poîfTons , fi on 
y regardoit de plus près , principale- 
ment dans ces efpeces dans lefquelles 
on n'a pas encore pu diftinguer les mâ- 
les d'avec les femelles:îl y a de ces Che- 
nilles Percebois qui ont lapeau jaunâtre 
Se poïntîllée de brun. Swammerdam 
a donné la figure du nid de cette Che- 
nille dans fon Hijloïrs de l'Éphémère, 



PER 

publié fepariment en 1 675. Il y a auflï 
des Teignes aquatiques qui ont reçu 
le même nom de Ligniperdes , ouPer- 
cebois; mais celles-ci le changent en 
Mouches à quatre ailes, qui ont l'air 
de Papillons. Aldrovande a 
décrit lous le nom de Percebois quel- 
ques-unes de ces Chenilles , qui fa 
changent en Nymphes dans de petits 
fourreaux qu'ils portent toujours avec 
eux , dont les unes vivent fur terre Se 
les autres dans l'eau , & qui fortent 
enfin de leurs Nymphes fous la forme 
de Mouches. On voit de ces Chenilles 
Percebois auBréfil.qui portent auffi leur 
fourreau avec elles : elles fe changent 
en Papillons , & la femelle eft dépour- 
vue d'ailes. Il y a auffi les Abeilles 
Percebois de M. de Réaumur. Voyez 
ABEILLES PERCEBOIS. 

PERCE- OREILLE, en La- 
tin Yor'oicina , Forfîqtla , Auricularia , 
Mordclla , Vetlkula , infecle que M. 
L 1 N n je u s ( Fauna Suec. p. 1 9 1 . n. 
599. & 600. ) met dans le rang de 
ceux qu'il nomme Infecta coleoptera , 
infectes qui ont les ailes enfermées 
dans des étuis ; ce font les Scarabées. 
Le Forbicin , ou Perce-Oreille eft un 
petit infecte longuet , fort agile & 
courant vîte. Il eft pourvu de fix pieds 
Se de deux cornes à la tête ; la queue 
eft fourchue , on en trouve fur des 
feuilles de Chou , dans des creux 
d'arbres , dans les trous des murailles , 
Se dans la terre. Il y en a de plufieurs 
efpeces , qui différent en grofTeur Se 
en couleur. Les plus gros font jau- 
nâtres , les médiocres ou les plus com- 
muns , font de couleur de châtaigne , 
Se les plus petits font noirs & blancs. 
Ces infectes fe transforment en Nym- 
phes , & enfuite paroiiTent avec des 
ailes. M. LiNNiîius en compte de 
deux efpeces. Il nomme la première» 
Forficula alarumapice macula ulbâ ; Se 
la féconde , Forficula alis elytro concolo- 
ribus : celle-ci fe trouve dans les lieux 
fales , Se l'autre dans la terre. On a 
donné à cet infecte le nom à'Aurktt- 



P E R 

fartas en François Perce-Oreille , par- 
cequ'îl cherche les oreilles où il fe 
glifle avec viteflè. Il mord , il pince 
les endroits où il s'attache , ce qui 
caufe beaucoup de douleur , Se atta- 
que quelquefois le cerveau ; il fe fourre 
aiuTi dans les replis des autres parties 
du corps où il agit de même ; mais 
comme ces endroits ne font pas fi fen- 
fibles , ni fi dangereux que les oreilles, 
il n'y fait pas tant de mal. 

Voici un fait qu'on lit dans le Tome 
II. des Colletlions Académiques ti- 
ré des Èphémérides des Curieux de la 
Nûture , \6ji. Obf. 166. Une femme 
qui demeuroità cinq milles de Nu- 
remberg, portant un fagot d'herbes, 
Se fe fentant fatiguée, après avoir mis 
fous fa tête le linge qui enveloppoit 
fa charge , fans s'appercevoir qu'il 
étoit rempli d'infectes , s'étoit endor- 
mie. Pendant fon fommeil des efpeces 
de Fourmis , qu'on nomme Perce- 
Orcillcs entrèrent dans fon oreille 
droite. Un Chirurgien lui tira fur le 
champ un de ces infectes , mais les au- 
tres y refterent , fnns que les plus ha- 
biles Médecins euflentpu trouver quel- 
que moyen pour les en faire fortir. 
Ces infectes multipliés à l'infini, Se dont 
le nombre augmentoit chaque jour , 
s'étant logés entre le crâne Se le cer- 
veau , rendirent la vie infupportable à 
cette pauvre femme, qui relîèntoitdes 
douleurs jufqu'à l'extrémité des pieds 
& des mains dès que ces infectes chan- 
geoient de pince , Se qui ne pouvoit 
faire aucun mouvement de la tête fans 
qu'il fe fille à l'intérieur un certain 
bruit, ou craquement ,qui étoit même 
entendu diiKncrement par ceux qui fe 
trouvoient alors auprès d'elle. Au bout 
de vingt ans , cette femme alors âgée 
de foixrnte - huit ans , vint trouver 

JtAN - Gr.OKGE Voi.CKAMER. , Phy- 

firien célèbre de Nuremberg. Il fit 
tout te qu'il putpour luiprocurerqucl- 
que foulas, binent , mais fes efForts fu- 
rent Inutiles, Il lui fit diftiller dans 
l'oreille le baume de foufre avec la 



thérébentine , fans avoir pu faire fortir 
qu'un feul de ces infectes , encore étoit- 
il mort , & il y a lieu de croire qu'a- 
vec le temps ils ont obftrué le conduit 
auditif. La malade ufok fréquemment 
& avec grande confiance d'une fumi- 
gation d'une gomme armoniaque T 
parcequ'elle s'appercevoir qu'à chaque- 
fois les Perce-Oreilles accouraient à 
l'ouverture de l'oreille , Se paroîfioient 
prêts à fortir. Mais voyant enfin que 
rien ne pouvoit la délivrer , elle prît 
le parti de fupporter cette incommo- 
dité jufqu'àla mort, priant feulemenr 
qu'alors on lui ouvrît la tête , pour 
que tout le monde pût connoître com- 
bien elle a dû fouffrir par le grand nom- 
bre d'infectes qu'elle étoit perfuadée 
qu'on y de voit trouver. Un pareil 
exemple , & bien d'autres rapportés' 
parlesPhyficiens, par les Médecins Se 
par les Naturalises, doivent faire con- 
noître combien il eft imprudent de 
dormir fur l'herbe Se fous les arbres 
pendant les beaux jours du printemps,, 
de l'été Se de l'automne , temps où la 
terre & les arbres fourmillent d'un 
nombre confidérable de Reptiles Se 
d'infectes, plus dangereux les uns que 
les autres , quand ils s'introduifent dans- 
les oreilles. 

Jonston parle àhmPerce-OreilU- 
aquatique , en Latin Forficula aqua— 
tica, nommé PdftiHdfweparMouF-- 
fet. Le Perce-Oreille dans la faifotlï 
des fleurs caufe un grand dommage- 
aux Jardiniers Fleuriftes. Pour les dé- 
truire on fiche des bouteilles aux pieds" 
des fleurs au haut des baguettes orjs 
met des ongles de pieds de Mouton,, 
les Perce-Oreilles ne manquent pas 
de s'y retirer dans les temps humides 
Se pendant la nuit, Se le matin en les 
vifitant on les trouve, Se on- les noie- 
dans l'eau , ou on les écrafe. Les Poules-' 
& les Poulets s'en nourrident , Se 
R u y s c h dit en avoir trouvé beau-- 
conp dans le ventricule de fes oifeaux,. 
Ces infectes fe changent en Nymphes 
& deviennent coléoptères, c'eft-à-dir.» 



37^ PER 
une efpece de Scarabées, Les Perce- 
Oreilles naiflent dans les tiges des plan- 
tes , comme celles des Panées fauvages, 
de l'Angélique , des Choux , de la 
Férule, Sec. Ils ont la peau dure &la 
queue fourchue. 

M. LiMERT, dans Ion Traité des 
Drogues , dit que les Perce-Oreilles 
lont bons pour la furdité , étant féchés, 
pulvérifés , mêlés avec de l'urine de 
Lièvre Se introduits dans l'oreille. Ils 
contiennent beaucoup de fel volatil & 
d'huile. M. Linn^us nomme le 
Perce-Oreille , qui eft îe plus connu , 
Forficula. alarum apice macula albà , Se 
Mouffet, p, 171. l'appelle Auri- 
cula vitlgaiior. Le caractère de ce gen- 
re d'infectes eft d'avoir les antennes 
fétacées , la queue fourchue , des moi 
tiés de fourreaux , & les ailes couver- 
tes : Antenne fetacea , cauda forcipata, 
colca dimidiata, aU teclœ, dit le favant 
Naturalise Suédois, Syjl. Nat. Edit. 6. 
p. 59. n. 10-5. 

On peut er.core fur le Perce-Oreîlle con- 
fulter J o n s t o n , Infe£l. p. 16. Madame 
Meri an, dans fes InfeÙes de l'Europe , p. 
30. L 1 s t e & , j>. 31. les Atles d'Upfd , 1756. 

p. 15. RoïSCH, StftB. AlDROViJIDE, 

Infetl. L. V. & les autres. 

PERCE-PIERRE, poiflon à 
qui l'on a donné ce nom en Langue- 
doc , pareeque , dit RoNDELET.il 
fe cache entre les pierres. C'eft l'A- 
lauda non criftata des Latins , parce 
qu'il eft fort femblable à la Coquil- 
lade , nommée en Latin Alauda Ga- 
lerita. Rondelet ajoute qu'on 
pourrait encore donner à la Perce- 
Pierre le nom de Singe de mer , car elle 
a la tête faite comme celle d'un Singé , 
petite Se ronde. Ce poifton eft petit de 
corps , de bouche Se d'yeux. Les dents 
de devant fe ferrent les unes contre les 
autres ; les dernières font longues, 
aiguës , Si fortent dehors. Il a les na- 
geoires petites , Se qui font près des 

* Ce poiiïbn eft nommé en Latin Perça, 
.qui vient àu Grec nsfKH , ou ntpn/î , dérive 
<3u mot ïï«f*oç ,nîzer, pareeque h Perche eft 
piarquce de taches noirâtres. Elle eft appel- 



P E R 

Ouïes, deux au -deiTo us, une autre qui 
commence près de la tête Se va jufqu'à 
la queue , Se une autre fous le ventre, 
qui commence à l'anus Se va pareil- 
lement finir proche de la queue. Il eft 
moucheté par tout le corps ; fa peau 
eft lifte Se gliftante. Il vit d'eau, de 
mouile Se de petits poiffbns. Il mord 
les Pêcheurs , Se l'on ne fait aucun 
cas de fa chair. Ce poifton eft dans 
le rang de ceux qui ont les nageoires 
épineufes , Pifcis acanthopterygins. Ar- 
tedi ( ichth. Pan. V. p. 45. il. 4.) le 
nomme Blennius maxillâ fuperiore lon- 
giore , capite fummo acumiriato. Ges- 
ner , de Aquat.p. 20. Aldrovande , 
L. I. c. 25. p. 114, Jonston , L. I. 
ç. 2. Ch a rl e to n ,p. 1 37. Wil- 

L U G H B Y , p. I 3 3. Se R A Y , p. 73. 

parlent de ce poifton. On le nomme 
à Livourne Galeetto; en Anglois, dans 
la Province de Cornouaille, Mulgranve 
and Bulcard. En Allemand , félon 
G E S NE R , il eft appel lé Secperbcn. 

PERCEUSE DE BOIS. Voyez 
PERCEBOIS. 

PERCH E * , poifton de mer Se 
de rivière à nageoires épineufes. Sous 
le nom de Perça, A r t e n i ( Ichth. 
Part. V. p. 68. n. 6. ) comprend , i°. 
la Perche de rivière s 2 0 . le Naçmeul 
des Bavarois ; 3 0 . VApron de Ronde- 
let ; 4". VOrphus , ou VOrphe , du 
même ; Ç AeSchraitfer de Ratifbonne; 
6°. la Perche de mer; y°. le Lubin. Je 
ne vais parler que de la Perche de mer 
Se de rivière. 

Celle de mer eft nommée par Ar- 
tedi Perça lineis tttrinque Jeptem > tranf- 
verfis , r.igris , dnilibus miniaceis , cœ- 
ruleijque in capite & antico ventris. 
Aristote , L. II. c. 13, 1 7. & 
L. VIII. c. 15. Athénée, L. VIL 
fol. 159. Oppien , L. I. p. 6.8c 
G a l 1 e n , Clajf II. fol. 29. en par- 
lent fous le nom de rispxii j Ovide, 

lce en Italien Perfega, Perfego, ou Perfico ; 
en Allemand Parfît h > Becrfîng , Bcerjïfch , & 
Perske , ou Pars ; en Flamand, Pearili ; en 
Danois Aboro , ou Aùerre. 

Hat, 



PER 

fiai. V. m- Pline, L. IX. c. 1 6. 
Paul Jove, c. 24. Rondelet, L. VI. 

C. 8. & S AL V I E N , fol. 224. foilS 

celui de Terca pelagia s Gesner, 
de Aquat. p. 819. Aldrovande, 
L. 1- c. 9. p. 50. Jonston , L. I, 
c. 2. Charleton, p. 134. Wl L- 
lUGHii, p. 327. & Ray, Synop. 
Pîfc. p. 140. fous celui de Percama- 
rina. On le nomme à Rome Percia , 8c 
en Angleterre Sea-Peanh. 

La Perche de mer eft un poiffon fa- 
xatile , couvert d'écaillés , de cou- 
leur rouffe. Il a la bouche petite , des 
dents pointues , plufieurs traits au dos 
qui defcendent jufqu'au ventre , les 
uns font rouges , les autres font'noirs. 
11 eft long d'un pied. Par fes ouies, 
par fes nageoires , & par fa queue , 
il eft femblable aux autres poilfbns fa- 
xatiles. H eft plus large du ventre. L'a- 
nus eft placé au milieu du corps , Se il 
a enfuite une longue nageoire : fon 
ventre tire entre le blanc & le rouge ; 
la chair en eft tendre 8c friable , & 
beaucoup meilleure que de celle de ri- 
vière , dit Rondelet, qui l'eftime 
mieux farinée 8c frite ou grillée , que 
bouillie. Aldrovande ( L. I. c 9. p. 
47. 48. C?" 49. ) donne trois efpeces 
de Perches de ?ner, qui ne différent tou- 
tes que parla couleur. La Perche de mer 
n'entre jamais dans les rivières , Se celle 
tJe rivière n'entre point dans la mer. 

Celle-ci eft nommée par Artedi 
( Ichth. Part. V. p. 66. ) , Perça lineis 
utrwque [ex tranfverfis nigris , pïnnir 
venir alibus rubr 'ts ; & par M. LiNN/Eus 
( Fauna Sitec. n. 284 ) , Perça pinnis dor- 
falibus dtftinclis , Jecunda radiis fexde- 
cim. Ce poiffon a été connu par les An- 
ciens, entr'autres par Aiustote, L.VI. 
c. 14. parEiiEN, L.XIV.c. 23. &16. 
& par Athénée, L. VU. p. 319. 
fous le nom de n-p^ ; par Pline, 
L. XXXll.c. 9. & 10. par Ausone , 
Mof. V. 115. par Hildegarde, 
L. IV. Pari. I. c. 1 8. p. 41. par Cuba , 
L. III. c. 66. par F 1 G u L a , fui. 3. 
par Rondelet, Parc. II. p. 142. 
Terne III. 



t» E R m 

e. 19, Ëdk. Franc, par Jonston, 
de Pifcib. par f otton, L. VIII, 
fol. 157. par S a l v 1 en, fol. 2 24! 
par Gesner, de Aquat. p. 823, 
par WiLLuGHBï.p, 291. par Ray, 
p. 97. par Aldrovande, L. V. 
£•.33. par S c h o nne vel d , p. 55. 
8c par Charleton, p. 161. fous 
celui de Perça fiuviatilis. \ 

La Perche de rivière , dit Ronde- 
let , n'a de celle de mer que le nom ; 
elle en diffère par la figure ,8c par la 
fubftance de fa chair ; celle de mer 
eft molle , tendre , friable , de facile 
digeftion , & de bon fuc. Ces perfec- 
tions ne fe trouvent point dans celle 
de rivière , dont la chair eft dure , 
gluante , & de difficile digeftion ; 8c 
ceux-là fe trompent , qui lui attribuent 
les bonnes qualités que G a lien 
n'attribue qu'à la Perche de mer. Llle 
a des traits qui defcendent du dos vers 
le ventre ; ces traits font rouges ainfi 
que fes nageoires Se fa queue. C'eft 
un poiffon de lac Se de rivière : on en 
met dans les viviers avec les Tanches , 
les Brochets 8c les Carpes , excepté 
la Brème. Il n'y a point de poiffon 
de rivière plus plat. Elle eft couverte 
de petites écailles ; elle a deux na- 
geoires au dos , dont la première eft 
la plus grande : elle en a en outre deux 
près des ouies , deux autres au ven- 
tre , Se une près de l'anus , laquelle eft 
garnie d'un aiguillon. Sa bouche eft 
petite , & fans dents ; ce poiffon a peu 
d'arêtes. 

La Perche de rivière fe divife en deux 
efpeces ; favoir , en grande Se en pe- 
tite , qui font toutes les deux excel- 
lentes à manger , difent prefque tous 
les Auteurs oppofés aux ientimens de 
Rondelet. Selon Artedi , la 
Perche ordinaire de rivière , Perça 
fiuviatilis vulgatior , a en tout cinq 
pouces fept lignes de longueur ; le 
dos eft élevé au-deffus de la tête Se un 
peu aigu ; tout le ventre eft large 8c 
plat depuis la tête jufqu'à l'anus ; la 
tête eft applatie fur les côtés ; les mâ- 
B b b 



37 S FER 

choires font à-peu -près de la même 
longueur ,, fmon que quand la bouche 
eft fermée fa mâchoire fupérieure pa- 
roit tantfoit peu plus allongée , mais 
fans confcquence. L'ouverture de la 
bouche eft fort ample ; elle a plufieurs 
petites dents attachées aux os maxil- 
laires de l'une Se de l'autre mâchoire, Se 
trois rangées de dents rudes & petites 
au palais , dont celle qui en occupe 
le milieu , eft la plus petite Se eft trian- 
gulaire , au-lieu que les deux latérales 
font oblongues : quatre off.lets héri l s 
de petites dents font dans le gofier , 
favoir deux fupérieurement plus grands 
8c deux inférieurement plus petits , Se 
font comme joints enfemble ; la langue 
eft liffe , Se un peu dégagée inférieu- 
rement ; les narines font grandes , lar- 
ges , plus proches des yeux que du 
bec , percées de chaque côté de deux 
ouvertures , qui laiffent une grande 
diftance entr'elles , de manière que le 
trou antérieur eft recouvert d'une peti- 
te valvule ; elle a quatre petits conduits 
de chaque côté de la tête entre les yeux 
Se le mufeau , lefquels féparent peut- 
être une mucofité. L'iris eft d'un jaune 
foncé , ou mêlé de couleur jaune , d'obf 
cure Se de noirâtre ; la prunelle eft 
ovale Se verdâtre ; les couvercles des 
ouies font compofés de part & d'autre 
de deux ou de quatre lames olfeufes, Se 
de fept épines un peulargesSc courbées, 
dont la fupérieure eft la plus grande, 
Se qui font jointes enfemble par une 
membrane , la lame fupérieure étant 
dentelée tout autour , Se l'inférieure 
finiffant en apophyfe piquante. 11 eft 
à remarquer que ces lames font gar- 
nies de petites écailles. Les clavicules 
des deux côtés font compofées de qua- 
tre os fitués au-defTus des nageoires de 
la poitrine , de façon que le premier 
Se le troifieme de ces os font un peu 
dentelés fur leurs bords. Elle a quatre 
ouies de chaque côté, toutes garni', s 
d'un double rang de tubercules, qui 
dans les trois ouies inférieures font à- 
peu-près égaux, finon que les exté- 



PER 

rienres {ont un peu plus grandes ; mais 
à l'ouie ftipérieure , qui eft la pl us 
grande , les nœuds extérieurs font plus 
longs du triple ou d quadruple que 
les extérieurs , aigus 8c ofleux .placés 
en haut ; & quant aux nœuds inté- 
rieurs de la plus petite des ouies.à peine 
fe vovent-ils. La poitrine eft couverte 
de petites écailles , non pointues , com- 
me le difent la plupart des Natura- 
listes ; la ligne latérale du corps eft 
courbée proche du dos , Se fléchie de 
fon côté , fituée bien au-defTus des 
interftices desmufcles'; elle eft droite, 
placée au milieu entre le dos Se le 
ventre ; les lignes tranf-erlales & noi- 
râtres des côtés font au nombre de fix , 
dont celle qui eft la plus proche de U 
quiue eft la plus petite. Les écailles 
de moyenne grandeur, trcs-adhérar.tes. 
Se extrêmement dures , font ordinai- 
rement blanches au ventre , jaunâtres 
aux côt's , ailleurs grifitres & blan- 
châtres , droites & crénelées antérieu- 
rement, toutefois liffes ; mais pofté- 
rieurement & fur les côtés elles décri- 
vent une efpcce de demi cercle , étant 
armées au bord de petites épines cro- 
chues Se tournées en arrière; c'eftee 
qui fait qu'on lent les écailles rudes 
en paffant la main de derrière en de- 
vant. Elleadeux nageoires au dos, donc 
la première eft de quatorze rayons , 
rarement de quinze , tous piquans , & 
le dernier defqutls eft le plus petit; 
l'on remarque une grande tache noire 
à la membrane de cette nageoire vers 
la fin: du refte la membrane eft gri- 
fâtre, tirant fur le bleu , ou elle eft 
obfcure. La nageoire poftéricure dit 
dos eftcompofée defeize rayons , dont 
Je premier eft petit Se piquant , tous 
les autres font plus longs & un peu 
branches au bout. Les nngeoircs de la 
poitrine qui font fituées , non au bas 
du ventre, mais aux côtés, fontgri- 
fâtres , formées de quatorze rayons » 
dont les deux premiers Se les trois der- 
niers font petits & fmples , tous les 
autres font plus longs Se branchus aiî 



VER 

tout , & font joints enfemble par une 
membrane fort foible. Les nageoires 
du ventre font d'une couleur très- 
rouge , compofées de fix rayons , dont 
ie premier eil piquant Se fimple , tous 
les autres font fort branchus au bout , 
étant divifés en fix ou en huit bran- 
ches , & tous robuftes à leur naiffance : 
ces rayons ne fauroient s'élever per- 
pendiculairement ; mais la dernière 
arête éft jointe au ventre par une mem- 
brane. La nageoire de l'anus eft d'un 
rouge foncé , laquelle eft compofée 
de douze rayons , quelquefois de onze, 
dont les deux premiers font piquaas , 
Se tous les autres font branchus au bout: 
les derniers lotit fort petits , le troilîe- 
mcSe le quatrième font les plus longs, 
La queue eft un peu fourchue , rou- 
ge âtre aux extrémités , compofée de 
di.c-fept rayons , longs , dont l'un , 
qui eft le dernier , de chaque côté, eft 
fimple par le bout, au-lieu que ceux 
du milieu font fort branchus à leur ex- 
trémité. L'ovaire dans les femelles eft 
long , cylindrique , Se fimple , rern- 
pliflant prefque toute la cavité du bas 
ventre ; mais la véficule féminale eft 
double , ou compofée de deux parties 
qui fe joignent intérieurement ; le foie 
eft rouge -pâle , divifé en deux lobes, 
dont le gauche eft le plus grand ; la 
véficule du fiel eft placée inférieure- 
ment dans le milieu ; le péritoine eft 
de couleurargentée ; l'eftomac eft aflez 
ample , bien diftingué des inteftins , 
ayant au-delfousdu pylore trois gran- 
des appendices fsmblables à des Vers; 
l'intérim eft réfléchi une fois, Se enve- 
loppé de graille ; la rate y tient , laquel- 
le eft oblongue Se rouge ; la véficule 
'aérienne eft fimple , Se attachée au dos 
fui vant toute la longueur de l'abdomen. 
Elle a dîx-neuf côtes de chaque côté , 
qui s'écartent naturellement des ver- 
tèbres , Se quarante Se une vertèbres. 
Telle eft la defeription de la Perche 
de rivière , tirée d'A rtedi, Se telle 
qu'on la lit dans les Auteurs de la Suite 
«ie la Matière Médicale. 



V E R 379 

Ce pohTon , ditWiLLUGHBY.a 
depuis neuf pouces jufqu'àun pied , Se 
quelquefois même il va jufqu'à quinze 
doigts de longueur. On en a vu de la 
longueur d'une coudée , au rapport 
de G e s n E R. La ligne latérale du 
corps eft plus proche du dos dans ce 
poilfcn , que dans prefque tous les 
autres. Ses écailles fe fechentplus vite 
que celles des autres poiffons de ri- 
vière. Il eft 'vorace Se très -avide de 
Vers de terre. On le prend auffi avec, 
des Goujons , des Vairons , ou de pe- 
tites Grenouilles attachées à l'hame - 
con , mais feulement dans la faifon de 
l'année modérément chaude ; car il 
ne mord point à l'amorce avant que le 
Mûrier commence à bourgeonner , 
c'eft-à-dire avant que le printemps foît 
afTez avancé pour qu'il n'y ait plus de 
gelée blanche à craindre. 

Selon f iLLUGHSY, la Perche de 
rivière ne le cède point en bonté à la 
Perche de mer , quoi qu'en difent Ron- 
delet Se Gesner. Ausone l'appelle 
les délices des Tables. Lonicerus 
avance qu'il n'y a que le mâle qui ait 
les nageoires rouges : mais W i L - 
luchbi dît avoir obfervé que les 
nageoires font rouges dans les deux 
fexes ; peut-être font-elles d'un rou- 
ge plus foncé dans les mâles. Sf am- 
M e r D a M dit que dans la Perche 
l'ovaire tient la place de la matrice, 
ainfi que de fes cornes , Se que fi l'on 
examine l'ufage Se la ftructure des 
laitances de ce pôilTon , on jugera 
qu'elles reflemblent exactement à des 
véficules, au défaut de tefticules Se de 
proftates. 

Les Perches font communes en An- 
gleterre dans les lacs Se dans les riviè- 
res ; elles vivent auflï volontiers en- 
fermées dans des viviers Se des réfer- 
voirs. M. L i N N m u s die pareillement 
que la Perche eft un poilTon trèf- 
commim en Suéde dans les lacs Se dans 
les rivières : il ajoute que dans les lacs 
Se dans les étangs de Fahlun , il s'en 
trouve fréquemment une variété fin- 
B b bij 



;So PEU 

guliere , qui a F épine voûtée » & Te dos 
tout boffu. Le lac de Genève fournit 
un grand nombre de petites Perches, 
qu'on appelle Mille-Cantons i Se qui font 
fort eftimées. 

La Perche nage avec beaucoup de 
facilité & de vîteffe , auflî-bien que le 
Brochet. Elle eft armée de certaines 
arêtes pointues Se perçantes , dont la 
pîquûre eft très-dangereufe Se difficile 
à guérir : c'eftavec ces pointes qu'el- 
le fe défend contre les pohTons plus 
grands Se plus forts qu'elle. Quand 
elle voit venir le Brochet, ellefe lié— 
rifle , Se de cette manière elle l'em- 
pêche d'approcher ; néanmoins le Bro- 
chet ne craint point d'avaler les peti- 
res Perches » pareequ'elies ont les na- 
geoires encore trop molles pour pou- 
voir lui nuire , Se les Pêcheurs obfer- 
vent que c'eft une des meilleures 
amorces pour le prendre. La Perche eft 
ichthyoph-*ge Se carnaflïere : elle dé- 
vore non-feulement les autres poif- 
fons , mais même ceux de fon efpece. 
Quelques-uns prétendent que jettée 
dans un vivierqui n'a pas allez d'éten- 
due , elle devient fi funefte aux autres 
poilibns, par les aiguillons de ion dos 
qu'elle hériffe quand elle eft en colè- 
re , qu'elle les fait prefque tous périr. 
Elle jette fes œufs en Mars Se en Avril. 
Elle aime les eaux rapides Se un peu 
profondes, 

La Perche- du Rhin eft la plus faine 
de toutes. Gesnir s'eft trompé en 
difant qu'il n'y en avoît point dans ce 
fleuve. Le même Auteurnous apprend 
qu'elles font dévorées par les Trui- 
tes 8e par les Anguilles, Se qu'en Suifle 
îl eft défendu de prendre des Anguil- 
les autrement qu'avec des Perches , ou 
des Vers de terre, attachés à l'hame- 
çon pour les amorcer. Quoique.la Per- 
che ait la bouche petite , comme nous 
l'apprend Schwenckfe Ljo.elle ne 
laine pas que d'attaquer les Ecre villes 
de rivière , Se l'on en a quelquefois 
trouvé d'entières dans le ventre de ce 
jpoiiïbn. La Perche met bas au prin- 



PER 

temps Se en automne dans les gouffres 
profonds. Elle jette fes œufs liés Sz 
enfilés enfemble , comme fait la Gre- 
nouille , Se quelquefois les Pêcheurs 
les ramaffe parmi les rofeaux. 

Les Perthes doivent être choifies 
graffes, bien nourries, d'un âge moyen, 
d'une chair tendre Se ferme , Se avoir 
été prifes dans une eau pure 3e lim- 
pide. Ce poifibn nourrit beaucoup, 
produit un bon fuc , Se fe digère ailé* 
ment. On en fait rôtir les œufs fur le 
gril » ce qui fait un aflez bon. manger, 

La Perche , félon M. Andrï , con- 
tient peu d'humeurs groffieres, Ella 
produit beaucoup de bons effets Se peu 
de mauvais, parcequ'elle habite ordi- 
nairement, Se même plus volontiers, 
dans les eaux pures , limpides , Se qui 
coulent avec plus de rapidité, que dans 
celles qui font bourbeufes Se qui cou- 
lent lentement : de plus elle fe nour- 
rit de bons alimens ; elle s'agite for- 
tement , ce qui contribue à rendre fà 
ehair plus délicate Se plus falutaire, 
Elle nourrit beaucoup , comme on l'a 
déjà dit , Se fournit un bon aliment » 
parcequ'elle contient beaucoup de fvls 
balfamiques Se de fucs épurés. Elle fe 
digère encore facilement , quand elle 
eft dans un âge moyen , parcequ'alors 
fa chair eft dans une confiftance mé- 
diocre : au contraire , quand elle eft 
trop jeune ou trop vieille , fa chair eft 
molle ou vifqueufe , ou bien dure oit 
coriace. Elle eft bonne en tout temps, 
mais moins cependant dans les mois 
de Mars Se d'Avril , où l'on allure- 
qu'elle fait fes œufs , 8e où par con- 
féquent elle n'eftpas à beaucoup pris, 
fi bonne. On trouve dans la têce de 
la Perche , dit M. L É m e a y , un très- 
grand nombre de petites pierres quî 
font apéritives , Se propres à abforber 
les aigres de l'eftomac. On s'en fèrt 
au.Tipour la pierre Se pour la gravclle ► 
Se extérieurement pour les ulceresde» 
gencives. 

1 1 u Y s c H dit qu'il y a une Perche 
d'Amboine , qui n'eft pas beaucoup 



différente de la nôtre pour la forme : 
elle ne lui reffemble pas pour la cou- 
leur. Les écailles , fur la partie fupé- 
rieure du corps , font d'un verd obfcur, 
Se rouges fous le ventre. La queue de 
ce poiffon eft fourchue , marquée de 
deux taches tirant fur le noir. 

Le même Auteur parle de plufieurs 
efpeces de Perches des Indes t dont 
voici la notice. 

Il appelle ( Col le El. Pifc. Amb. p. 19. 
». 10.) la première, Perche deJ ermite. 
Il dit que celle-ci & quelques-unes 
des fuivantes , quoiqu'elles portent 
toutes le nom de Perche , ne reilem- 
blent pas pour la plupart à nos Percher 
d'Europe. Mais , ajoute-t-il , il y a des 
poillons , qui tirent leur dénomination 
de leur reflcmblance avec d'autres 
poiffons , Se d'autres qui la tirent du 
goût de leur chair, qui ettfemblable au 
goût de celle d'un autre. Celui-ci eft un 
poiffon qu'on peut mettre au rang des 
Perches, pareeque fa chair en a le goût. 
Cette Perche a une ligne ou bande fort 
îarge tout autour du corps. Elle eft ar- 
mée far le dos de quelques aiguillons , 
& d'un au ventre. Des deux côtés pro- 
che de la queue elle a de fort longues 
nageoires. 

La féconde tire fon nom de fa cou- 
leur Se de fa grandeur. Elle eft plus 
grande que les autres : fa couleur tire 
fur le rouge , & eft mêlée de lignes 
jaunes, plus larges depuis le der- 
rière jufqu'au ventre. Elle a les na- 
geoires jaunes Se féparées des aiguil- 
lons. RlJîSCH ( Tab. iO. ». II. & 24. ) 
dit qu'il a dans fon Cabinet un poiffon 
pareil à celui-ci , que les Hollandois 
nomment en leur langue Icati Sojor. 

La troifieme , qu'il appelle de Rode 
Biiars , a pris fon nom de fa couleur 
qui eft rouge Elle n'a que la tête & 
les nageoires qui tirent un peu fur 
le jaune. Elle a un; ligne de la même 
couleur, qui dîvîfe fon corps par \ts 
deux côtés , Se qui va depuis les ouies 
jufqu'à la queue. On n'en prend que 
proche Amboine 6c aux enviions d'un 



PER 381 

Château nommé NaJJdavïa , qui e ft 
fitué fur les confins de cette Me, 

La quatrième , par rapport au corps 
Se à la couleur , n'eft pas beaucoup- 
différente des autres, dont on vient de 
parler. Toute la différence confifte dans 
la bouche Se dans les ouies , qui font 
marquées de lignes bleues, ainfi que le 
ventre. Ce poilfon a une autre ligne 
blanche , qui par le côté va depuis le» 
ouies jufqu'à la queue. 

La cinquième reffemble affez bien 
aux autres par la figure ; mais elle 
en eft différente par la couleur Se par 
des lignes qu'elle a fur les côtés. Elle 
eft armée fur le dos de huit aiguillons, 
qui fe tiennent, Se qui iont auffi atta- 
chés avec les nageoires par une mem- 
brane. Elle a ious le ventre autant d'ai- 
guillons , quatre vers la queue, autant 
au milieu du ventre , mais f'-parés les 
uns des autres. Les lignes qu'elle a fur 
les côtés font bleues , mais fon corps 
eft de couleur jaune. Voilà les Percher 
de wer dont R u Y S C H a parlé. 

La fixieme eft de rivière. Elle a le 
corps verd Se Es nageoires rouges. Sa 
tête tire fur le jaune Se n'eft pas fans 
rouge. Les airu'llons , dont elle eft ar- 
mée, fe joignent d'abord errfemble Se 
tiennent enfuitc avec les nageoires. 

La f pticme eft un diminutif de la 
Fenhe , que notre Auteur nomme 
en Hollandois de Kliybaars , Se qui eft 
du genre de ces poiffons qui nagent 
entre les rochers Se les écueils. Ce 
petit poiffon eft d'un rouge pâle Se a 
des taches brunes que n'ont point les 
autres. Il eft armé de fix aiguillons 
fous le ventre , mais il en a auffi le dosr 
tout couvert, depuis la tête jufqu'à la 
queue. 

La huitième , qu'il appelle de Stckel- 
baars , eft un peu plus large que nos 
Perches ordinaires Se que les étrangères 
dont je viens de parler. Les habitans 
d'Amboine ont , dit notre Auteur » 
peut - être donné ce nom à ce petit 
poilfon , à caufe des aiguillons cj^u'ii 
a fur le dos & au ventre, 



382 PEU 

Les Auteurs qui ont écrit fur la Perche 
font Rondelet, de Pifc. p. 196. B e l o n, 
de Aqitat. p. 19?. Gesner , de Aquat. p. 69%- 
Salvikn , de Aquat. p. 196. Aldrovamiï) 
de Pifc. p. 6iz. Ch a r l e to n , de Pifc. 
p. 41.J0NSTON, de Pifc. p. ror-S c h on- 

HtïEll), Ichth.p. ^.SCHIVENCKFFII), 

de Pifc. Silef. p 440. W iliuchbï, Icklk. 
p. 19 1 . R a y , Synop. Pifc. p. 97. A r t e t) 1 , 
59. Synon. 66. fpec. 74. M.Li nn«us, 
Faun'aSuec. n. 184. Schroderus, p. 331. 
Due, Ph.inn. p. 408. 

PERCNOPTEROS, nom 
d'une efpece d'Aigle , nommée auffi 
Gypaëtos , Se Cripcl argus par A l- 
dkovjnde. Voyez AIGLE. 

PERDRIX, oifeau nommé en 
Hébreu à'ojv , Se en Chaldéen Korau , 
ou Korija. Il eft mis par tous les Na- 
turalises méthodîftes , comme Ray, 
A4effieurs Linn-eus , Klein , M<e- 
rhing , Se le c autres , clans le genre 
ou l'ordre des Aves Gallinm. Toutes 
les différentes efpeces de Perdrix font 
bonnes à manger : elles ne fe perchent 
point fur les arbres , fur-tout les Per- 
drix grijes. Elles font du bruit en vo- 
lant : leur vol eft bas , 5c n'a pas 
beaucoup d'étendue. 

B e l o n parle de la Perdrix de 
Grèce , a in fi que delà Perdrix franche , 
qui eft la Perdrix rouge , dont deux 
différentes efpeces. 11 fait auffi mention 
de la grojje Perdrix rouge du Dauphiné 
Se de la Provence , qu'on nomme Bar- 
tavelle, ou Bcrtavclle s de la Perdrix 
rouge commune , qui varie pour la 
grandeur & pour la couleur ; de la 
Perdrix grije , qu'il nomme Gouache, 
.dont auffi deux efpeces , favoir la Per- 
drix grije ordinaire ou commune , & 
la -petite Perdrix grije , que les Chaf- 
leurs appellent Roquette ; de la Per- 
drix de Damas , ou d.e Syrie ; Se enfin 
de la Perdrix blanche , qui eft le La- 
gopus des Naturaliftes , nommé en 
François Pied de Lièvre s mais cette 
efpece de Perdrix Blanche des Alpes , 
ou de Savoye , eft plutôt une efpece de 
Géiincte , ou de Francolin , qu'une 
Perdrix proprement dite. Ray ajoute 
à ces Perdrix celle du Bréfil, qui eft 



P E R 

le Jambti , Se la Perdrix de 'iïtontàgnt 
du Mexique , qui eft VOcocolin d'Hea- 
nandez. M. Klein met VJUckata 
d'Arabie , qu'on nomme Ange à Mont- 
pellier, où il eft fort commun , dans le 
rang des Perdrix , & Charleton 
en fait une efpece de Pigeon fauvage, 
11 y a encore la Perdrix d'Amérique, 
diftînguée de celles de la Nouvelle- 
Efpagne Se de la Virginie. 

Les Perdrix généralement parlant 
ont paffé , dit Willughby, pour 
des oiieaux très-lubriques , infâmes 
par leur commerce contre nature. Les 
Anciens ont débité fur leur compte 
bien des fables j comme , par exemple, 
que les mâles caffent les œufs , pour 
empêcher les femelles de couver, & 
pour pouvoir toujours jouir d'elles à 
leur gré , ce qui fait que les femelles 
pondent en cachette autant qu'elles 
peuvent; que les mâles, quand les 
femelles leur manquent, ou qu'elles 
fe font dérobées pour couver , fe bat- 
tent entre eux , Se abufent l'un de 
l'autre , le vaincu étant forcé par le 
vainqueur ; qu'elles font deux nids , 
dans l\m de/quels la femelle couve , Se 
dans l'autre le mâle , en forte que cha- 
cun élevé fa nichée à part; que les fe- 
melles, lans le commerce du mâle , 
conçoivent des œufs féconds , en fe te- 
nant feulement du coté que le vent 
fouille vis-à-vis des mâles ; que les fe- 
melles font fi paffionnées , qu'elles ne 
fauroient fe paffer du mâle , lors même 
qu'elles couvent, contre la coutume 
des autres oifeaux ; que le mâle , qui 
a été vaincu dans le combat , n'ofe plus 
jamais paroître devant fa femelle ; que 
la Perdrix , dont les œufs font gâtés ou 
perdus, dérobe ceux d'une autre, les 
couve , & élevé les petits qui en éclo- 
fent, lefquels, étant devenus grands , 
reconnoilfent la voix de leur véritable 
mere , Se volent à elle en abandonnant 
l'étrangère ; qu'elles fe couchent fou- 
vent à la renverfe , Se fe couvrent de 
mottes de terre , ou de paille , pour 
échapper à l'Oifeleur , Se bien d'autres 



P E R 

rêveries débitées parles Anciens & fou- 
tenues par quelques Modernes. Mais 
partons à la description des différentes 
efpeces de Perdrix, Se commençons par 
la Perdrix grife. 

PERDRIX GRISE*, nom- 
mée auffi Perdrix cendrée , ou Perdrix 
ordinaire. Le mâle, félon Willughby 
& Albin, pefe quatre onces & un 
quart ; la femelle treize onces & de- 
mie. Cet oifeau a quatorze pouces un 
quart de long , depuis le bout du bec 
jufqu'au bout des ongles, douze pou- 
ces trois quarts jufqu'au bout de la 
queue, trois quarts de pouce jufqu'aux 
coins de la bouche , Se vingt pouces de 
large, quand les plus longues plumes 
des ailes font étendues en fens contrai- 
re. Le bec eft brun dans la jeune rte , Se 
blanchâtre dans un âge plus avancé. 
Les yeux ont "l'iris jaunâtre. La poi- 
trine eft marquée d'une tache roulfe , 
femi-circulaire Se en forme de fer à 
Cheval , que la femelle n'a point. On 
voit certaines excroiffances rouges au- 
delfous des yeux. Le menton Se les 
côtés de la tête font faffranés d'abord , 
puis d'un bleu cendré, parfemés de li- 
gnes noires tranfverfales , jufques vers 
la ligne femi-circulaire dont on vient de 
parler, Se au-deffous delà ligne de la 
même couleur, qui dégénère apris en 
un gris fale ou jaunâtre. Les plus lon- 
gues plumes latérales à tuyaux blancs 
font ornées d'une tache rouffe trnnf- 
verfale : le deffus du corps eft varié 
de roux , de cendré Se de noir. Il y a 
vingt-trois grandes plumes à chaque 
aile , dont les premières font brunes , 
avec drs taches d'un roux ou d'un 
jaune blanc : les plumes intérieures en 
recouvrement , •'<: les plus longues plu- 
mes des épaules qui font à tuyaux , 
font d'un blanc jaunâtre. La queue , 

*La Perdrix grife y amrempnt dite Pirdrîx 
Crrcfhe , Cr/fjc te- ou Gringette ( et} aufli 
appellée T.r'rixGoache Gauafik- , ou Gauef- 
che , Si RaJ.le v^rs Montpellier, dit Cot- 
«ravf. Op 'a nomrtie en Italien Sr.trna , 
Perdit e, ou Terni, minore, ou Ctnericcia f 
îa Elpa^nol , Perâix i en Allemand , Fe/rf- 



P E R 38? 

longue de trois pouces Se demi , eft 
compofée de douze plumes , dont les 
quatre du milieu font de la couleur du 
corps , & les autres de chaque côté 
font d'une couleur jaunâtre fale, à pein- 
tes cendrées. Les jambes , nues au-def- 
fous des jointures , n'ont nul vertige 
d'éperon: les pieds (ont verdâtres, Se 
blanchâtres dans un âge plus avancé 5 
les doigts font liés enfemble par une 
membrane, comme dans les Coqs de 
Bruyère. Cet oifeau a le jabot grand , 
1 eftomac mufculeux , une véfieule du 
fiel , Se une chair fi favoureufe Se fi 
faine, qu'elle eft préférable à celle de 
tous les autres oifeaux. 

La Perdrix grife mange différentes 
chofes , comme bayes , fomences 
grains de froment Se autres Vermif- 
feaux, Limaçons, Limaces, chattons 
de Coudriers Se de Bouleau , Bleds 
verds & en herbe, œufs ou Nymphes 
de Fourmis Sa chair eft moins eftimée 
pour le goût en hiver Se au printemps 
qu'en été Se en automne , qu'elle vit 
de grains. Cet oifeau produit beau- 
coup , car il pond feize «à dix -huit 
oeufs , avant que de commencer à cou- 
ver. 11 ne fait point de nid à propre- 
ment parler : ilfc contente de pondre 
dans une fofTette prefque à fleur de 
terre , fur quelques brins de paille , 
ou d'herbe feche mis au hafard. Selon 
Zikanni, les œufs de la Perdrix 
grife ont la coque allez ferme , de cou- 
leur grife, tirant furie jaunâtre. Cette 
efpece de Perdrix ne fe perche jamais 
fur les arbres , au-lieu que la Perdrix 
roitjre s'y perche dans certains cas , ce 
qui met en défaut les Chiens , ainfî 
queks Cbaffeurs. Le vol de cet oifeau 
eft vite Se bas , mais il fait peu de che- 
min , à caulé de la pefanteur de fort 
corps Se de la petirxffe de les ailes, 

Hun, ou Wilà-Hun ; en Artois, Common- 
Tartridge ; en Suédois , Rafphenà. Les Grecs 
& le* Larins l'ont appei.éf' Pirdix , comme 
lfsa"!rf s e'peces; d'où nou: avons fait d'abord 
Ptrdis , puis Perdrts , ou Perdrix- I.e petiî 
de la Perdrix : appelle Perdreau , & par cor- 
ruption Ptrdrim s'eft dit pat C o t g r a y 



3S4 PEU 

Elle court mieux qu'elle ne voie ; ce- 
pendant la petite Perdrix grife, nommée 
Roquette , très-commune en bafle Nor- 
mandie , vole très-bien Se fe laiffe diffi- 
cilement approcher des ChafTeurs. La 
Perdrix grife n'eft pas fi commune en 
Italie qu J en France & en Angleterre : 
elle y coûte plus cher que la Perdrix 
rouge. En hiver les vieilles Scies jeunes 
Perdrix fe trouvent toujours enfemble : 
c'eft ce qu'on appelle couvée ou com- 
pagnie de Perdrix , en Anglois Covy. 
Quand elles s'accouplent au printemps , 
les jeunes font obligées de quitter les 
vieilles , qui les chaffent. Les Perdrix 
au printemps volent deux à deux , 
mâle & femelle. Lorfque quelqu'un 
s'approche de leur nid , elles le quit- 
tent Se s'en éloignent en boitant , pour 
engager adroitement à les fuivre , Se 
après l'avoir écarté affez loin de leur 
nid , elles fe {auvent : quand tout efr. 
tranquille , elles appellent leurs petits, 
qui s'a'femblent auffi-tôt à leur cri. Le 
chant de la Perdrix , dit B e L o n , efl: 
un figne très-certain du jour qui appro- 
che, On les entend au crépufeuie, après 
Je coucher du foleiL 

Les Perdrix font d'un tempéra- 
ment fort chaud. Au commencement 
du printemps , temps de leurs amours , 
les mâles fe battent quelquefois vigou- 
reufemenr pour une femelle ; auflS fai- 
foit-on autrefois des combats de Per- 
drix. Elles aiment à fe rouler dans la 
pou(ïlere Se ont l'odorat fin. Elles fe 
trouvent dans la plupart des contrées 
de l'Europe. On les prend avec des 
filets Se des Chiens. On les tue à coups 
de fufil. On pourroît les apprivoifer 
Se les faire habiter pèle - mêle avec 
la volaille de baffe-cour. Gesner 
dir avoir nourri une Perdrix , qui ofoit 
becqueter leïÇhats , fans en rien crain- 
dre. Elles recherchent la compagnie 
de prefque tous les grands Quadrupè- 
des , comme Chevaux , Bœufs , Cerfs , 
Ch evreuils. Cette compagnie leur elt 
fouvent fatale. Les gens de la cam- 
pagne dans les pays ou il ell défendu 



PEU 

de chafTer , fa vent s'en dédommager ac! 
moyen d'une femelle nommée Chante- 
relle > qui par fon chant attire les mâles 
le foir à la brune, fur-tout dans le temps 
que ces oifeaux s'apparient. Pline 
leur donne feîze ans de vie. Aristote 
va plus loin : il les fait vivre jufqu'à 
vingt-cinq ans , notamment les femel- 
les , attendu qu'on prétend en général 
que les femelles des oifeaux vivent 
plus long-temps que les mâles. 

Ces oifeaux ont beaucoup de fumet, 
& les Chiens , pour peu qu'ils ayent 
de nez , les fentent de loin. Dès que 
les petits font éclos , ils courent après 
la mere, qui leur apprend à chercher 
leur vie Se les affemble fous fes ailes , 
pour fe repofer , comme une Poule 
fait à fes PouiTins. Tout foibles qu'ils 
font alors , Se quoique incapables de vo- 
ler, ils font fi rufés , qu'il efl: comme 
impoffible de les trouver. Ils fe laiffe- 
roîent plutôt écrafer fous les pieds de 
l'Oifeleur, que de remuer de la place, 
Au printemps Se en été , fi l'on ouvre 
une Perdrix mâle , on lui trouvera deux 
tefticules confidérablement grands à 
proportion du corps ; mais en hiver ils 
font peu apparens , comme dans la 
plupart des oifeaux. 

La Perdrix grife contient beaucoup 
d'huile Se de fel volatil. Cet oifeau efl: 
très-ellimé pour fon goût , Se il n'y a 
gueres de repas fomptueux où l'on ne 
le ferve , fur-tout lorfqu'il eft encore 
jeune ou Perdreau. On préfère commu- 
nément les Perdreaux rouges aux gris , 
mais fans fondement* car les çris font 
auffi excellens , Se même les bons 
connoiiTeurs leur trouvent plus de 
fumet qu'aux rouges. On doit les choi- 
fir tendres , bien nourris , d'un bort 
goût , Se les laifler faifander quelques 
jours à l'air, afin que leur chair de- 
vienne plus tendre Se plus friande par 
une petite fermentation qui s'y excite. 
Quand la Perdrix efl: vieille , fa chair 
efl. dure, feche, difficile à digérer Se 
peu agréable au goût, ce qui fait qu'el- 
le a befoin d'aflaifonnement pour être 

mangée , 



P E R 

tnangée , Se qu'on ne la fert plus qu'en 
ragoût & en pâté , Se alors elle eft 
moins faine Se d'une digeftion plus 
difficile. Les bouillons de Perdrix fe 
digèrent bien , fourniffent un bon lue 
& font très-reftaurans. Ces bouillons 
conviennent aux convalefcens Se aux 
perfonnes d'un tempérament pituiteux 
Se mélancolique. 

On fait ufage de la Perdrix en Mé- 
decine. Le Perdreau, rôti & affaifonné 
d'un fuc d'Orange aigre eft très-bon 
dans les diarrhées qui viennent de la 
dépravation du fuc ftomacal Se du re- 
lâchement des inteftins. Cet aliment 
fortifie l'eftomac, fait couler les vif- 
cofités putrides qui s'y engendrent & 
redonne le ton aux fibres inteitinales. 
On fe fert en Médecine du fang 8c du 
fiel de la Perdrix , pour les plaies Se 
les ulcères des yeux , Se pour les cata~ 
racles. On y inftille ces liqueurs toutes 
chaudes Se fortant de l'animal qu'on 
vient de tuer. La moelle Se le cer- 
veau de la Perdrix , font recomman - 
dés par Schroderus & par d'au- 
tres Auteurs pour guérir la jaunifie, Les 
plumes de Perdrix brûlées fervent 
contre i'épiiepfie Se pour dilTiper les 
vapeurs des femmes : on en faitfentir 
la fumée dans l'accès. Quelques-uns 
font bouillir ces plumes avec de la 
Menthe Se de l'Auronne, & en remplif- 
fent un fachet , qu'ils mettent fur le 
ventre des enfans , pour appaiièr les 
tranchées. 

Les Naturalises qui ont écrit fur la Perdrix 
(ont Schroderus, Offic. p. zzj. Dale , 
Tharm. p. 416. LÉME&Y, j>. 667. BeiojIj 
de la Nat. det Oif. p. 15.8. Schw>nckfeld . 
Av. Silef. ji. J27. AiDROVANUE, Ornith. 
L. H. p. 140. Jo n s toH) de Avib. p. 46. 
tnnuros, Exerc.p. S}. Willughbv , 
Ornith. p. 118. Ray, Synop. Me:h. Av. p. 57. 
M. LinnjEus, ï'attna Suec. 11. 171. & les 
autres. 

PERDRIX ROUGE, en 
LatSk Perdix rufa ; en Anglois the 
Redt Lc^g de Partridge ; en Suédois 
Aoker-hoena. Selon A i. b i n (Tonte I. 
n. 29. ) , c'eft un oifeau fort connu dans 
ies parties Méridionales de la France, 
Tom e UL 



P E R 385 

en Italie Se ailleurs , & il ne l'eftgue- 
res en Angleterre ; mais on en trouve 
dans les Mes de Jerfey Se de Guerne- 
fey. Il eft d'une nature plus douce que 
la Perdrix ordinaire, Se on l'apprivoife 
aifément , au-lïeu qu'on ne peut gue- 
res difpoferl'autre à quitter fon naturel 
farouche. Il fe nourrit de Limaçons , 
de Chenilles, de Bled Se autres grains. 
La longueur de cet oifeau , depuis la 
pointe de fon bec jufqu'à l'extrémité 
de fa queue, eft de dix-huit pouces , Se 
fa largeur , lorfque fes ailes font éten- 
dues , de vingt-deux. Il a l'iris rouge , 
le bec , les jambes Se les pieds de la 
même couleur Se les ferres brunes : les 
doigts font liés jufqu'à, la première 
jointure par une membrane qui eft 
entre deux. Cette Perdrix a de petits 
ergots. Les plantes des pieds font d'un 
jaune fale. La tête , le col , la poitrine 
Se le croupion font de couleur de Frêne, 
ainfî que la partie extérieure des cuiifes. 
Le bas du col Se du dos eft teint d'un 
brun rougeâtre. Les joues fousles oreil- 
les Se le menton , jufqu'au milieu de 
la gorge font blancs ; mais dans le coin 
même de la mâchoire inférieure il fe 
trouve une petite tache noire ; cet 
elpace blanc eft entouré d'un bord noir, 
lequel commence par les narines Se 
s'étend de-là jufqu'au-defTus des yeux. 
Le col eft de couleur de cendre au- 
deflbus de la ligne noire. La poitrine 
eft d'un rouge tendre tirant fur le jau- 
ne. Les plumes des .côtés font peintes 
de belles couleurs : les pointes de 
quelques-unes font noires , & immé- 
diatement après ce noir il s'y trouve 
des lignes d'un jaune pâle , qui tra- 
verfent : après le jaune il s'y trouve un 
brun rougeâtre; les bouts ou les ex- 
trémités de toutes les plumes font de 
couleur de cendre. Il y a quinze grof- 
fes plumes à chaque aile , dont les 
plus en dehors font brunes , les autres 
étant de couleur de cendre obfcure. La 
queue a quatre pouces de longueur : 
les deux plumes du milieu font couleur 
de cendre , Se les cinq qui font en de- 
Ccc 



335- P E R 

hors ont des deux côtés la moitié de 
deilus rouge, & la moitié de deflbus 
couleur de cendre. 

Le chant des Perdrix rouges eft diffé- 
rent de celui des autres. Elles fréquen- 
tent & elles fe plaifent le plus ordinai- 
rement dans les pays montagneux , 
remplis de pierrailles , de buiffons Se 
de bruyères. Elles ne partent pas tout 
à coup comme les Perdrix grijes ,. mais 
les unes après les autres, & quoiqu'el- 
les foient dans le même canton, elles 
fo ni tou jou rs féparéés. La Perdrix rang e 
a les mêmes vertus que la grijè. On 
en fait un très-grand cas , peut-être 
à caille de la rareté. On lui trouve 
beaucoup plus de fumet qu'A la grife. 
Cette Perdrix, quand elle eft pourfui- 
vie de l'oifeau , fe retire dans les trous 
de Lapins 8c fe perche fur les arbres , 
ce que ne fait pas la grife. 

Quand les Perdrix ronges ont leurs 
Perdreaux nouvellement éclos & qu'el- 
les voyent que les Chaffeurs s'appro- 
chent d'elles avec les Chiens, comme 
les Perdrix grifes elles font de petits 
vols , comme 11 elles étoient eftro- 
piéesjou avaient une aile rompue: 
c'eil ce que les Chalfeurs appellent 
trawer. Elles font cela afin d'attirer 
les ChafTeurs & les Chiens auprès 
d'elles, & pour les détourner par cet- 
te rufe de l'endroit où font leurs petits. 
Quand elles s'en voyent éloignées , 
elles volent à leur ordinaire , Se on en 
a vu qui avoient la hardieiTe de fe dé- 
fendre contre les Chiens qui man- 
geoient leurs Perdreaux. M. LïNNJEUS 
(Fauna Snec. p. 63. n. 171.) appelle 
cette efpece de Perdrix , Tetrao rectri- 
cibus cinereis fupemre medietate , bine 
tndè ritfîs. 

Ceux (jui parlent de cet oifeau, parmi le? 
Anciens, font àristote, Ht/}. Anim. L. V. 
c. î. & Pline, Hîfi. Nat. L. X. c. $0. Se 
parmi les Modernes , B F l o n , di la Nat. des 
Oif. L. V. c. 14./». 155. GîSk tR , Av. p 668. 
Ali. roy/> i>th , Ornith. L. XIII. c. 18. Jons- 
ton, Ornith. 68. Willughey, Ornith. 
118. Ray, Synop. Meth.Av, p. 57. M. Klein, 
Ord. Av. p. 115. & l es autres. 

PERDRIX BLANCHE; 



P E R 

Cet oîfeau eft connu en Savoye fovrg 
le nom à'Arbenne. Les Naturalises 
l'appellent Lagopus ; les Suédois Snoe~ 
rip.i ; les Laponois Cbcruna ; les Gri- 
fons Rabolane. On voit beaucoup de 
ces oifeaux dans les forêts de Northlan- 
de Se de la Laponie. M. LlNNffus. 
(Fauna Suec.p. 62. n. 1 69. ) nomme cet 
oifeau , Tetrao retlricibus albis , inter- 
mediis aigris , apice albis. G r s n e r. 
C Av. p. 77. & 78. ) en donne de deux 
efpcces : il n'y a que quelques varir'cés 
qui en font la différence! Les Romains 
failoient beaucoup de cds de la Perdrix 
blanche ■ c'eft ce qui a fait dire i 
Pline ( Hifi. N.n. L. X. c. 48. ) , Pré- 
cipita Japon Lagopus efi , pedes Lepv- 
rino villo ei nomsn deàêre , Se peu après,, 
à Cotumicibus m.ignïtutûne i.mtnm Jif- 
fert Lagopus , croceo tinllu, cibitr gra- 
tiffimus. Il faut remarquer que cette 
Perdrix blanche des Alpes , ou de Sa- 
voye eft plutôt une elpece de Gélinote 
ou de Francolin , qu'une Perdrix pro- 
prement dite. En voici la defeription , 
telle qu'on la lit dans Y Encyclopédie » 
fous le nom d' Arbemie- 

Cet oifeau eft de la grandeur & de 
la figure du Pigeon dormftique, on 
peut-être un peu plus grand. 11 pefe 
quatorze onces. 11 a environ un pied 
trois pouces de longueur , depuis la 
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de 
la queue ou des pattes. L'envergure 
eft d'un pied dix pouces. Le bec eit 
court, noir , femblable à celui d'une 
Poule , mais un peu plus petit ; la par- 
tie fiipérieure eft plus longue Si. dé- 
borde un peu la partie inférieure; les 
narines font couvertes par de petites 
plumes. Il y a au-delTus des yeux en 
place de fourcils une petite caroncule 
dégarnie de plumes , faite en forme 
de croiffant & de couleur de vermillon. 
On' diftingue le mâle de la femelle 
par un trait noir, qui commcncPà la 
partie fiipérieure du bec des mâles ,. 
qui palTe au-delà des yeux , & qui finit 
vers les oreilles: tout le refte du corps 
eft d'une couleur tn.s- blanche à l'ex-v 



P E R 

èeptîon de la queue. II y a vingt- 
quatre grandes plumes dans chaque 
aile , dont la première ou l'extérieure 
eft plus courte que la féconde ; la fé- 
conde eft auffi plus courte que la troî- 
fieme; les fix plumes extérieures ont 
le tuyau noir. La queue a plus d'une 
palme de longueur; elle eft compofée 
de feîze plumes , dont les deux du 
milieu font blanches , de même que 
les barbes extérieures de la dernière 
plume de chaque côté : toutes les au- 
tres plumes font de couleur cendrée 
noirâtre , à l'exception de la pointe , 
qui eft blanche : les plumes qui font 
fur la queue font auffi grandes que la 
queue même. Les pattes font couver- 
tes en entier jufqu'au bout des doigts 
de petites plumes molles , pofées fort 
près les unes des autres , ce qui a fait 
donner à cet oifeau le nom de Lagopus. 
Les ongles font très-longs Se reffem- 
blent à ceux de quelques Quadrupè- 
des , telsque le Lièvre : ces ongles iont 
de couleur de corne obfcure , ou de 
couleur de plomb. Le doigt de derriè- 
re eft petit , mais fon ongle eft grand 
& recourbé ; le doigt extérieur & le 
doigt intérieur de devant tiennent au 
doigt du milieu par une membrane : 
l'ongle du doigt du milieu eft très-long 
Se un peu creux ; fes bords font tran- 
chans. Il y a des poils longs Se touffus 
fous les doigts. 

On trouve ces oifeaux fur les Alpes 
qui font couvertes de neige pendant la 
plus grande partie de l'année , Se fur 
d'autres montagnes très-élevées. 

Selon quelques Auteurs il y a deux 
çfpeces de Perdrix blanches , favoir 
une de la grandeur d'un Pigeon , cou- 
verte de plumes blanches commu de la 
neige , excepté celles du col , qui font 
marquées de quelques taches noires: 
fon bec Sefes pieds font noirâtres. L'au- 
tre eft faite comme une Caille , mais 
plus grofTe , couverte de plumes , les 
unes blanches , les autres d'un jaune 
de fafran. Il y a un grand nombre de 
ces Perdrix en Savoyc : on les appelle 



PEU 387 

Perdrix blanches , parceqUê tout le 
champ de leur plumage eft blanc : du 
refte elles ont toutes les mêmes façon» 
de la Perdrix grife ; mais elles font 
plus petites , ne s'appnvoifent jamais , 
non plus que celles de Damas , dont 
nous parlerons ci-après Se ne peuvent 
être rendues domeftiques. Elles font 
toutes blanches , excepté les plume* 
de la queue , qui font noires pour la 
plupart. Elles ont les pieds Se les doigts 
revêtus déplumes. Leur bec eft noirâ- 
tre. Les fourcils du mâle font plus rou- 
ges que ceux de la femelle. Elles ont 
l'ouverture de l'ouïe affez grande. On 
voit au mâle quelques taches noirâtres 
le long du col , qui ne paroiffent pas à 
la femelle; enfin les racines de l'une Se 
de l'autre font noires. L'une $z l'autre 
efpece de Perdrix Hanches habitent 
fur les Alpes , Se les Pyrénées. Elles 
fc plaifent dans la neige. Elles con- 
tiennent , ditLÉMERY , beaucoup 
de fel volatil Se d'huile. Elles font 
excellentes à manger. Elles font ref- 
raurantes ie fortifiantes. 

Les Auteurs qui ont écrit fur !a Perdrix 
blanche font Aldr.ovanpe , Ornrik. L. XÏ\I. 
c. 10. Wl Lit) G H B Y, Orn'uh p. 1 17. R aï , 
Synop. Meth. Av. p» JJ. n. %. S'CHB Vfth p g 
L.Tp. p. 3 ç 1 . & Belon, de la Nat. des Oif. 
L. V. c. 17. p. ijo. 

PERDRIX DE LA NOU- 
VELLE ANGLETERRE: 
Selon Albin (Tome T.n. 2%.), c'eft 
un oifeau qui n'eft pas auffi grand que 
notre Perdrix ordinaire. Son bec eft 
court , noir Se courbé comme celui 
de la Perdrix. Il a les yeux grands , 
l'iris jaune , la tête , le dos Se les ailes 
colorés à-peu-pres comme ceux des 
Perdrix ronges; mais le dos eft bigarré 
de noir Se le derrière du col eft blanc. 
La poitrine Se le ventre font d'une 
couleur tirant fur le jaune avec des 
lignes noires en travers. Les cuiffes Se 
le bas du ventre près de la queue font 
jaunâtres Se tachetés d'un brun tirant 
fur le rouge. La queue en eft courte 
Se brune fembhble à celle de la Per- 
drix ordinaire. Les jambes Si les pattes 



3 S8 FER 

font d'un brun clair : les ferres en font 
noires. Un voit de ces oifeaux en An- 
gleterre , qu'on apporte de ce pays , 
& on les nourrit de Bled Se de Chene- 
vi. M. K L e i N ( Ord. Av. p. 115.) 
doute fi cette Perdrix de la Nouvelle 
Angleterre n'eftpas le même oifeau que 
la Perdrix du Bréfil, qui ek\e. Jambu 
deP iSO M. 

PERDRIX DE GRECE: Les 
Italiens l'appellent Coturno , dit B e- 
I. o N , de la Nat. des Gif L.V. c. 13. 
p. 255. Cet oifeau eft deux fois plus 
gros que la Perdrix rouge. C'eft la feu- 
le qui la furpaffe en groffeur. Son bec 
& fes pieds font rouges. Elle a l'efto- 
mac taché comme la franche Perdrix.. 
Elle efl de la groffeur d'une moyenne 
Poule. On voit beaucoup de cette ef- 
pecede Perdrix dans l'Ifle de Candie» 
ïs long de la mer en Grèce & dans les 
Mes Cyclades. Elle fait beaucoup de 
bruit en criant , principalement en 
pondant. Lorfqu'elle eft en amour elle 
articule en chantant par plufieurs fois 
chacabis , ce qu'elle répète fou vent. 
Elle pond fes ceufs contre ou defTous 
quelque groife pierre. Elle en fait jus- 
qu'à feize qui font blancs , & marqués 
de quantité de petits points rouges : 
ces œufs font de la groffeur des petits 
œufs de Poules communes. Elle fait fa 
ponte dans des lieux commodes , Se où 
elle puilfe trouver de la nourriture 
pour fes petits. Dans ce temps-là elle 
abandonne la montagne pour chercher 
les plaines , où elle rencontre quantité 
de grains , Se les bons pays couverts 
font très-propres à élever plus faci- 
lement & fans danger fes Perdreaux,. 
qu'elle conduit par lescampagnespour 
y chercher du grain , afin de leur mon- 
trer de bonne heure à trouver leur 
vie. B E L o N en parle comme d J une 
Perdrix tout-à-fait différente de la nô- 
tre. Du Lo ik, p. 19. après B u s- 
B E Q_u 1 u s , dans fon Voyage du Le- 
vant , en parlant de cette Perdrix , 
ajoute que les Perdrix de Scio font plus 
privées que les. Poules de. France,. Se 



P E R 

^e font point en moindre nombre dans 
les maifons : mais ce qui eft rare Se 
merveilleux, c'eft qu'un Pâtre public 
^ef appellant de grand matin avec un 
<:oup de fifflet , elles fe rangent aufïi- 
tôt tout autour de lui pour le fuivre 
aux champs, d'où elles reviennent le 
loir quand il les rappelle avec le même 
fifflet. 

PERDRIX DE DAM AS,oiî 
DE S VR I E : Elle eft. plus petite 
que la Perdrix grije Se la ronge , dit 
B e L o n , Z. V. c. 16. La couleur des 
plumes de cet oifeau , qui règne deffus 
fon col Se fur fon dos , approche de 
celle du champ du plumage de la Bé- 
caffe : fes ailes font d'une autre cou- 
leur. Les plumes de la partie voifine 
du corps font blanches , brunes 8c fau- 
ves : les dix groffes plumes font cen» 
drét s , & le deffus des ailes 8c du ven- 
tre eft blanc. Elle a un collier vers le 
haut de la poitrine , comme celui du 
Merle à collier , qui eft compofé de 
couleur fauve , jaune Se rouge. Le def- 
fus du col . celui de la tête Se du bec 
font comme ceux desPerdrix ordinaires. 
Celle-ci a la queue courte; les jam- 
bes font couvertes de plumes , comme 
celles des Perdrix blanches de Savoye 
dont on a déjà fait mention. Ceux qui 
ont parlé de cette Perdrix liifent qu'elle 
ne s'apprivoife jamais , Se qu'elle con- 
ferve toujours fa fierté & fon naturel 
fauvage. Quant à fa chair , elle fur- 
paffc celle de la Perdrix grije , 8c elle 
eft plus courte. On affure qu'elle eft 
beaucoup plus délicate que celle de la- 
Perdrix rouge. 

Les Auteurs , dit le même Belon,, 
font mention d'une autre Perdrix , 
qu'ils appellent Syroperdix, c'eft-à-dire 
Perdrix de Syrie. Son plumage eft noir, 
8c fon bec rouge. On ne peut l'appri- 
voifer, & on en voit proche d'An- 
tioche. 

PERDRIX DE LA GUA- 
DELOUPE : On y trouve trois 
fortes de Perdrix , fayoir des rouges , 
des grifes , 8c des noires j mais , ip.ro.»- 

1 



PER 

prement parler , ce ne font que des 
Tourterelles : ce qui donne fujet de le 
croire , c'eft qu'elles n'ont pas la chair 
comme la Perdrix de France , Se qu'el- 
les fe perchent fur les arbres. Elles ont 
d'ailleurs le bec droit, Se ne pondent 
que deux œufs , ne couvant Se ne me- 
nant point leurs petits quand ils font 
éclos , mais les appeliant dans le nid 
comme font les Tourterelles, 

Dans le pays de la Bave d'Hudfon , 
îl fe trouve un oifeau d'une groffeur 
moyenne entre notre Perdrix commune 
Se le Faifan. Sa figure eft prefque fem- 
blable à celle de notre Perdrix » ex- 
cepté qu'elle a la queue un peu plus 
longue. Ces oifeaux font ordinaire- 
ment bruns en été ; mais ils devien- 
nent tout-à-fait blancs en hiver ,. ex- 
cepté les dernières plumes de la queua 
qui font noires Se tachetées de blanc- 
Pendant la rigueur de l'hiver ils cou- 
chent toutes -les nuits dans la neige, 
qu'ils fecouent les matins en s'élevant 
droits en l'air. Ils paffent le grand jour 
àfe chauffer au foleil , & ce n'eft que 
les matins Se les foirs qu'ils courent 
après leur nourriture. Ils fe multiplient 
& abondent en ce pays pendant toute 
l'année , ce qui e't d'une grande ref- 
fource aux habitans: mais, après tout, 
£ nous en croyons Edward, qui 
eft grand ConnoifTeur ,. Se très - e>:acr. 
en ces fortes de recherches, cet oifeau 
n'eft pas proprement une Perdrix ,. 
mais de l'efpece qu'on appelle Heath- 
Game , ou Oifeau de Bruyère , alfez 
commun en Amérique Se en Europe , 
principalement fur les montagnes d'Ita- 
lie , de Suiffe , d'Efpagne , Sec, mais 
qui ne fe trouve nulle part en fi gran- 
de abondance que dans les pays qui 
environnent la Baye d'Hudfon. 

M. K l E i N ( p. 1 1 5. ) , d'après 
Catesby (App. p. 12.) , parle d'une 
Perdrix delà Virginie , qui a trois ban- 
des noires fur la tête , dont deux d'un 
blanc fale aux côtés , Se une ligne rou- 
ge, fort large , aflez remarquable ,. 
qui commence au bec, & gaffant enfuite 



par deffus la tête, va finir derrière le 
col. 

Les Perdrix de la Côte d'or ne ref- 
femblent point à celles de l'Europe. 
Le nombre en eft fort grand fur toute 
la côte de ce pays , ce qui ne les rend 
pas plus communes fur la table des 
Hollandois, pareequ'ils manquent de 
Chaffeurs pour les prendre , ou pour 
les tuer: mais dans le Royaume de 
Juida elles font à bon marché , Se d'un 
excellent goût dans la faifon. 

Sur la Gainbra , les Perdrix font' 
d'une couleur obfcure , qui les rend 
beaucoup moins belles que celles d'An- 
gleterre ; elles aiment à fe ralfembler 
autour des Villages. Mo O RE leur 
donne des éperons comme aux Coqs. 
S T 1 8 B s rapporte qu'au - deffus de 
Barrekorda, on trouve quantité de Per- 
drix de roc , qui portent ce nom , parce-- 
qu'elles choififfent les rochers Se les 
précipices pour leurs retraites ordi- 
naires. Elles font mêlées d'un brun 
obfcur , avec une tache couleur de ta- 
bac, de la grandeur d'un écu , au mi- 
lieu de la poi:rîne : elles ont les jam- 
bes Se le bec rouges , avec un cercle 
autour des yeux, comme certains Pi- 
geons d'Europe. Ces oifeaux ont la 
forme de nos Perdrix, mais moins de 
groffeur, Se beaucoup plus de vîtelfe 
dans leur courfe; en courant elles re- 
trouifent la queue comme le font les. 
Poules. 

M e R o L l a prétend que les Per- 
drix du Roy aume de Congo , qui ref-- 
femblent beaucoup à celles de l'Eu- 
rope , font plus belles Se de meilleur 
goût que les Perdrix dome/Iiqites. 10 
ajoute que les Nègres les eftiment fort 
peu. 

Les Perdrix font très-communes i 
la Chine. 

Dans rifle de Madagafcar, les Per- 
drix rouges Se grij'es font plus petites 
de moitié que celles de France , Se 
moins fucculentes, Hifi. Gên. des Voya- 
ges , Liv. VIL IX. & Xlll 

Les Perdrix de la Louifiane reffem-- 



39* PEU 

blent, dît M. le Page du Pkatz , 
à la Perdrix grifc ; mais elles font pe- 
tites , courtes , Se de la groheur d'une 
Tourterelle. Elles fe perchent Se don- 
nent deux grands coups de fiiHet cha- 
que fois qu'elles chantent ; ce qui les 
fait cppeller par les Nackhez , Ho- 
Houy, comme fi leur chant articuloit 
ces deux mots : au relie leur chair eft 
blanche , délicate Se bonne , mais fans 
fumet. 

Les Perdrix de Groenland , félon 
M. Anderson ( Hïft- Nat. de Grocnl. 
f - 49- ) i qu'on y nomme Ryper , ou 
Rypen , comme en Iflande , font blan- 
ches & tachetées de noir fur les ailes : 
les pattes font revêtues d'un duvet 
fort épais. Elles font leur nid au haut 
des rochers : elles vivent de la même 
herbe dont fe nourrilTent les Cerfs & 
les Chevreuils. Un Commandeur des 
Pécheurs de Groenland, après avoir 
■obfervé plufieurs fois ces oifeaux dans 
leurs nids, a remarqué., dit l'Auteur , 
qu'ils y amaflent leur nourriture pour 
l'hiver en la rangeant par petits tas , 
pour ne pas en manquer dans le temps 
que tout eft couvert de neige , atten- 
du que contre la coutume des autres 
oifeaux , ils patient l'hiver dans le 
pays. Ces Perdrix , qui fe trouvent 
auflî en Glande, font les mêmes que 
celles qu'on nomme Sme- Riper, dans 
les Alpes de la Laponie : elles fe tien- 
nent toujours à terre- , Se font plus 
accoutumées à courir qu'à voler ; ce 
qui fait qu'on les prend aifément. Cel- 
les d'iflande font les mêmes que cel- 
les de Groenland : elles ont de même 
leurs pattes veloutées , & tout-à-fait 
garnies de petites plumes, pour les ga- 
rantir contre le froid exceffif du pays. 
Ç'eft de-là que ces oifeaux , Se d'au- 
tres femblables , portent le nom de 
Lagopodes parmi les Auteurs. En Alle- 
magne & en Suîfle, on les appelle Pou- 
les de neige. Ces Perdrix de Groen- 
land 3e d'ifiande nous paroifTenr être 
(de la même efpece que la l 'erdrix blan- 
che .de Savoy.e. 



P E R 

A l'égard de la Perdrix du Mexi- 
que & de celle du Bréfil , je renvoie 
le Lecteur aux mots OCOCOLIN 
& JAMBU. 

PERDRIX, nom que M. 
d'A ugenville donne à une 
efpece de Coquillage , du genre des 
Conques fphériques ou Tonnes , de 
la clafTè des U nival ves. Il eft appelle 
Perdrix , parecqu'il en imite le pluma- 
ge. M. Adanson met ce Coquillage 
parmi les Operculés, du genre des 
Pourpres à canal court , échancré Se 
fimple. Il donne le nom de 'lejan à 
l'efpece qu'il a obfcrvée fur les côtes 
du Sénégal. Voyez TES AN. 

PERE DE FAMILLE, nom 
que Stammerdaji donne à un 
Papillon nocturne , à caufe de l'affi- 
duité qu'il marque à fa femelle Se du 
foin qu'il a: de la venir retrouver pour 
féconder fes œufs. Ce Papillon , qui eft 
le Papillon de la Chenille à brolfe du 
Prunier, eft nommé par M. LinNjEUS 
(Fakna Suce. n. 827. ) Thal&na petlini- 
cornii , eîinguis , alis planiufcidis , fupe- 
rioribus macula aïba,fœmuia aptera. La 
femelle n'a point d'ailes, ou paroît n'en 
point avoir : ces ailes ne font vifibles 
qu'à la loupe. En revanche fes fïx jam- 
bes font très - vifibles , au- lieu que 
dans le mâle elles font tellement ca- 
chées fous les ailes , qu'on ne peut 
appercevoir que les deux de devant , 
entre les antennes Se les ailes fùpérieu- 
res. Oeft fans doute pareeque cette 
femelle n'a point ou prefquc point 
d'ailes, dit le Naturaiifte Hollandois, 
qu'elle garde toujours la maifon , com- 
me une bonne mere de famille , & 
qu'elle colle même fes œufs à la fur- 
face de la coque où elle eft née , fans 
jamais les quitter. C'eft une particula - 
rité que Svammerdam afflire n'avoir 
encore obfervée dans aucune autre ef- 
pece d'infectes. Cette femelle eft ex- 
trêmement féconde : tout fon ventre 
eft plein d'œufs , que l'on diftingue 
très-bien à travers la peau , qui eft ex- 
trêmement mince en cet endroit , Se qui 



PER 

s'applique exactement fur les convexi- 
tés de tous fes œufs , en s 'infinuant 
dans les petits interfaces qui les Sépa- 
rent les uns des autres , de manière 
que le ventre de. cet infecte reflemble 
en quelque forte à une grappe de raifin. 
Ces œufs font de forme ronde ; le 
deffùs eft marqué d'une banne annu- 
laire de couleur de pourpre ; le défions 
eft d'un blanc luifant, comme fi c'étoit 
de petites perles. Ils ont une coque fi 
dure , que jamais ils ne s'affaiffent en 
fe defTéchant à l'air ; mais ils confer- 
vent toujours exactement leur figure , 
comme tous les œufs qui ont une co- 
que dure, au-lieu que ceux qui n'ont 
qu'une enveloppe mince Se membra- 
neufe , tels que ceux des Abeilles & 
de plufieurs autres infectes , s'affaiffent 
tellement en fe defTéchant , qu'ils 
viennent prefque à rien. Ce Papillon 
provient d'une Chenille , qui mérite 
d'être remarquée pour fa beauté. Elle 
a derrière la têts quatre petits paquets 
de poils d'un blanc jaunâtre , qui ref- 
letnblent parfaitement aux vergettes 
dont on fe fert pour vergetter les habits. 
Elle a encore plus antérieurement deux 
autres touffes de poils , placées en ma- 
nière de petites cornes ou d'aigrettes , 
une de chaque côté de la tête. Ces 
poils font noirs & de différentes lon- 
gueurs : leurs extrémités font bran- 
chues & reffemblent à des barbes de 
plumes. On voit aufli furies cotés deux 
Semblables aigrettes de plumes , dif- 
pofées en manière de rames , Se plus 
antérieurement deux autres plus peti- 
tes, placées tout auprès de celles-ci & 
difpofées de la même manière ; mais 
il s'en faut beaucoup que ces dernières 
aigrettes ayentla beauté Se l'élégance 
des autres. Leurcouleureft à-peu-prts 
la même que celle des broffes qui font 
fur le dos : au refte la peau de cette 
Chenille eft marquée en dîfférens en- 
droits de jolies couleurs , qui Survien- 
nent de quantité de petites plumes, ou 
plutôt de petites écailles , formées de 
poils courts , & entremêlées de toutes 



PER 3pt 
parts de poils plus longs 8c plus lâches : 
le fond de la peau eft d'un rouge brun. 
On voit fur le derrière une aigrette de 
même ftructure Se de même couleur- 
que celles de la tête. Cette efpece de 
Chenilles fe trouve communément en 
Hollande , fur les feuilles de Prunier 
Se de Cerifier Se fur quelques autres. 
Elles ont feize jambes , favoir fis anté- 
rieures tout auprès de la tête, huit 
intermédiaires dans le milieu du corps r 
& deux poftérîeures à l'extrémité , fous 
l'endroit où eft placé l'aigrette de la 
queue. 

Dans le Tome V. de la Partie étran- 
gère des Culleclions Académiques , qui 
eft le fécond Volume de ¥ Hiflovs 
Naturelle jéparée , Se qui contient le* 
•Obfervations de Swa m m e r d a M 
fur les Infectes , avec des notes Se 
trente-fix Planches en taille douce , 
on trouve la defeription de cette Che- 
nille Se du Papillon nocturne mâle 8a 
femslle qui en provient Vovez p. 3 70-, 
& fuiv. Se la Planche X-XI. fîgûrfe i 5-.. 
où on apperçoit groffi au microfeope 
l'œuf de la Chenille de ce Papillon 
nocturne, dont le mâle feula des ailes-. 
La figure io". repréfente la coque de 
ce même œuf caffée en deux Se telle 
qu'elle eft après que la petite Chenil! > 
en eft forcie. A la figure 17. on voit la 
Chenille dans le temps qu'elle a pris 
ion accroiflement. La figure 18. fait 
voir la coque que s J eft filée cette Che- 
nille Se au-dedans de laquelle elle fa 
tient tranquille. La figure 19. fait voir 
cette même Chenille , qui vient de 
quitter tout-à-fait fa dépouille Se qui 
paroiifant fous la forme de Chryfalide , 
laifte appercevoirles membres de l'in- 
fecte qui en doit naître. La figure 2cr.. 
montre le Papillon mâle avec fes jolies 
antennes , fon corps menu Se fes ailes 
étendues. Dans la figure 21. on voit 
la manière dont les œufs du Papillon 
femelle font collés à la coque mêma 
dans laquelle il a fubi fa dernière trans- 
formation. 
PEU LE : C'eft , comme je l'ai 



39 z FER 

dit au mot NACRE DE PERLES , 
une fubftance pierreufe , ronde , angu- 
Ieufe , grainée , tranfparente , d'une 
faveur terreufe comme les écailles mê- 
mes de la Nacre de Perles , où j'ai rap- 
porté les dirférens fentimens fur l'ori- 
gine des Perles j mais venant de lire 
dans le Tome II. des Collections Acadé- 
miques , p. 393- l'extrait de deux let- 
tres écrites d'Hambourg par le favant 
Christophle Sandius fur l'origine 
des Perles Se tirées des Tranjactions 
Pbilofbphiqitet , année i6j$. ». loi. 
je crois devoir en faire mention ici. La 
première eft datée du 1 5 Octobre de 
l'année 167 3. Se eft conçue en ces ter- 
mes. 

» Voici l'hiftoire de l'origine des 
« Perles , dont je vous ai déjà parlé. 
» Les Mères des Perles font leur ponte 
55 en eau douce en Norwege. Leurs 
s> coquilles ibnt femblabics à celles des 
a> Moules , mais plus grandes. Le poif- 
» fon qui eft dedans reflemble à une 
s) Huître , & produit unegrofle grappe 
s> d'eeufs, femblables à ceux des Ecre- 
31 vifles. Il y en a de tout blancs Se de 
31 tout noirs ; ces derniers deviennent 
» blancs à la fin , lorfque leur mem- 
3 j brane extérieure en eft enlevée. Elles 
« pondent leurs œufs lorfqu'ils font 
» miirs: ils grolTiflent & produifent un 
33 poiflon femblable à leur mere. Mais 
s) quelquefois il arrive qu'un ou deux 
a> de ces œufs font adhérens aux côtés 
s> de la matrice Se ne fortent pas avec 
33 les autres. L'Huître les nourrit mal- 
o> gré elle, Se ils croiflent avec le temps 
s> formant des Perles de différentes grof 
» feurs , qui laiifent l'empreinte de 
9> leur figure dans le poiiîon Se dans 
» la coquille. « 

La matière étant neuve Se deftituée 
de preuves , l'Éditeur des Tranfatlione 
Philosophiques prit la liberté de prier 
S A N d 1 u s d : lui faire part des 
raifons qu'il avoit pour aflurer ce fait ; 
à quoi celui-ci répondit par la lettre 
fuivante , du 27 Février 1 674.. 

» Quant à l'autorité fur laquelle 



PER 

*> j'ofe aflurer l'origine que j'ai atïjgn 'e 
» aux Perles dans ma première lettre , 
3) je dois déclarer ici qu'un Danois 
01 appellé Henri Arnoldi , 
» homme d'efprit & digne de foi , me 
m l'a ainfi rapporté , en m'alfurant qu'il 
» s'en étoit convaincu parfon expéritrt- 
nce à Chriftiana enI\or\cege: d'ail- 
s> leurs la choie paroît tre s-probable , 
33 Se je ne vois pas qu'on pume rien ob- 
33 jecter à cet égard. Si je vais dans ces 
3« quartiers , ou dans les pays du Duc 
33 de Brunfvick , où l'on trouve autft 
33 des Perles > qui ne le cèdent pas à 
s» celles de l'Orient , je ne manquerai 
31 pas de m'inftruire de la chofe par 
33 moi-même. « S A N D 1 u s , comme 
on le voit, a pris les Perles pour des 
œufs de poiifons, mais fon fenriment 
n'eft pas fuivi. 

S t e n o n a mieux raifonné dans une 
diiTertation fur les corps folides , qui fe 
trouvent naturellement contenus dans 
d'autres corps folides ; car en parlant de 
la formation des Coquilles , il dit que 
cette variété de couleurs, cette mul- 
titude de piquans Se d'inégalités que 
l'on remarque dans les Coquilles, tout 
cela doit fon origine au limbe de l'ani- 
mal renfermé dans la coquille. A me- 
fure que l'animal croît , s'étend Se 
change déplace , le limbe de l'animal 
s'étend auifi , s'avance fucceflivement 
Se laifie fon empreinte furie limbe de 
chaque petite coquille , foit que ce 
dernier limbe foit formé de la matière 
qui tranfïude de celui de l'animal , foit 
qu'il ne foit autre chofe que le limbe 
même de l'animal , qui fe détache tous 
Jcs ans du refte du corps Se qui eft 
remplacé tous les ans par de nouveaux 
limbes , qui fe développent fucceflîve- 
ment, de même que les dents tombent 
Se fe renouvellent tous les ans aux 
Chiens de mer, les cornes aux Cerfs , 
Sec. 

C'eft par les mêmes principes , 
ajoute -t-il , qu'en explique auifi la 
formation des Ferles , iolt de etiies 
qui étant adhérentes a la coquille , ne 

fe 



F E R 

fs trouvent pas exa&ement rondes , 
foit de celles qui étant reftées dans l'in- 
térieur de l'animal , y ont acquis 8c 
confervé une rondeur parfaite ; car la 
feule différence qui fe trouve entre les 
lames dont font compofées les Per- 
les , 8c celles dont font compofées les 
petites coquilles de la Nacre , c'efi que 
les premières font prefquc planes , 8c 
les autres courbes & concentriques. 
Stenon dit avoir trouvé la preuve 
de ce qu'il avance ici dans une Perle 
du Grand Duc de Tofcane qu'il ou- 
vrit par fon ordre. Cette Perle , qui 
étoir blanche à l'extérieur , contenoit 
intérieurement un petit corps noir de 
même couleur 8c de même volume 
qu'un grain de poivre : on y recon- 
noûToit évidemment la fituation des 
petits filets compofans leurs circonvo- 
lutions Iphériques , les différentes cou- 
ches concentriques formées par ces 
circonvolutions , Se la direction de l'une 
de leurs extrémités vers le centre. 
« Dans le cours de mes Obferva- 
tions fur cette matière , dit Stenon , 
»je découvris, i°. que certaines Pcr~ 
y tes inégales , qu'on appelle Baroques, 
y> ne le font que pareeque c'eft un 
33 groupe de plufieurs petites Perles 
» renfermées fous une enveloppe com- 
mime : 2°. qu'un grand nombre de 
" Perles jaunes le font non-feulement 
s» à la furface , mais encore dans tous 
" les points de leur fubftance ; que 
» par conféquent ce vice de couleur 
v doit être attribué à l'altération des 
« humeurs de l'animal ; 5c qu'il eft im- 
sipoQible de l'enlever, à moins qu'il 
» ne foit fuperficiel , ce qui peut arri- 
33 ver dans deux cas : favoir , lorfque 
3> les Perles ne font jaunes que pour 
» avoir été long-temps portées , ou 
» lorfque les couches intérieures ont 
3> été formées , avant que les humeurs 
» de l'animal s'altéraiïent , & puffent 

* Cet oifeau eft nommé en Grec ¥/t1«jci,S ; 
les Grecs modernes l'appellent Papagaz ; les 
Italiens, Vagallo; les Lfpagnols_, Papagayo ; 
les Flamands & les AilemanJs lui donnent les 
Tome UL 



P E R 393 

» altérer la couleur des Perles. « Ce 
fentiment de S t e n o n , fur l'origine 
des Perles , eft conforme à celui des 
Modernes , qui penfent que la matière 
des Perles n'eft âutre chofe que celle 
qui forme la Nacre de la coquille. 

Des Auteurs ont prétendu que les 
Perles reprennent dans l'eftomac des 
Pigeons l'éclat qu'elles ont perdu 8c 
qu'elles y augmentent de poids. Ce 
fait eft contraire à l'expérience ; car 
quatre Perles Baroques , dit R E D i , 
lefquelles pefoient douze grains en 
tout perdirent quatre grains en vingt 
heures de temps dans l'eftomac d'un 
gros Pigeon ; èc huit autres Perles qui 
pefoient trente grains diminuèrent en 
deux jours de vingt grains dans le 
corps d'un Pigeon femblable. En jet— 
tant les fondations de Saint Pierre de 
Rome, on trouva le caveau où avoient 
été dépofés onze cent dix-huit ans 
auparavant les corps des deux jeunes 
Filles de StiliCON , qui avoient été 
promifes l'une après l'autre à l'Em- 
pereur HoNORius;on trouva tou- 
tes les richeffes qui y étaient renfer- 
mées en très-bon état , à l'exception 
des Perles , qui étoient fi tendres , 
qu'elles s'écrafoient facilement entre 
les doigts. Voyez au mot NACRE 
DE PKRLES l'ufage qu'on en fait 
en Médecine. 

P E R ROQUET*, genre d'oî- 
feaux Indiens, mis par M. LlNNJEUS 
( Syfi. Nat. Edit. ô\_p. i3. ) dans l'or- 
dre des Aves Accipitres , ou Oifeaux 
de proie. Le caractère de ce genre 
d'oifeaux eft d'avoir quatre doigts aux 
pieds, dont deux devant & deux der- 
rière, pedum digiti antici duo, poftici 
duo. C'eft ce qui fait que M. Klein 
les met aulïi dans la troifieme famille 
qui compofe les genres d'oifeaux qui 
ibnt TétradacTyles , c'eft-à-dire , qui 
ont les pieds armés de quatre doigts , 

noms iePapcgay, ouSîttik. On l'appelle en 
Anglois, a Pcphigay, ou Poppimay ; enPoto- 
nois , Papaga ; en Efclavon , Pçpanftk ; en 
langue Turque , Dndi ; en Indien , Carondt. 

D d d 



394 VER 
dont deux devant & deux derrière » 
comme il vient d'être dit. Dans cette 
famille M. Klein a placé i°. le gen- 
re des Perroquets j 2°. celui des Fies; 
3°, celui des Coucous > 4°- celui des 
Ipfida, on Alcyons; 5°. le Roi de Gui- 
née ; 6°. la Fie du Bréfit , le Toucan , 
& le Topau de W o R M i u S. M. M œ- 
u iiinC) comme les autres Natura- 
lises , met les Perroquets dans la fa- 
mille des oifeaux de proie , pareeque 
comme eux ils ont le bec crochu , mais 
Hs ne font pas carnivores. 

Les Perroquets en général ont le bec 
crochu Si épais ; la partie inférieure 
de leur bec eft beaucoup plus courte 
que la fupérieure : ils ont les pieds Se 
les doigts charnus , la tête grotte , le 
bec Se le crâne durs , de très-belles 
couleurs , Se les doigts crochus. Le bec 
de ces oifeaux leur fert à fe pendre 
aux branches des arbres & à y mon- 
ter. Ils ont la langue plate , 8c de la 
figure d'une graine de Citrouille , ou 
de CalebaiTe ; ce qui donne à plufieurs 
Perroquets la facilité d'imiter le lan- 
gage humain. Dans toutes les efpeces 
de Perroquets que Ray dit avoir ob- 
fervées , il leur a trouvé les narines 
rondes. 

M. L i N n & u s donne la notice du 
Macao , de V Ararauna du Bréfil , du 
Perroquet rouge t nommé Papegay par 
les Allemands , du Perroquet verd à tête 
blanche , & du Perroquet verd à tête 
jaune tachetée. 

Les Anciens ne connoîflbient qu'une 
efpece de Perroquet , dont le plumage 
étoit entièrement verd , Se qui avoit 
un collier de couleur de vermillon ; 
mais depuis la découverte de l'Amé- 
rique , on s'eft apperçu qu'il y en a 
une grande quantité. Beion{^ la 
Nat. des Oif. L. VI. c. 22. & 23.) , 
qui ne parle que du Papegay, Se du 
petit Perroquet verd , met ct - s oifeaux 
avant les Pics vends, Se dans le rang 
de ceux qui demeurent en tous lieux 
Si qui vivent indifféremment de toutes 
fortes de chofes, 



P E II 

On peut divifer les Perroquets en 
trois genres , qui font les grands , les 
médiocres 8c les petits , maximi , mé- 
diocres & minimi- Les premiers font 
de la grandeur d'un Corbeau ou d'un 
Chapon engraiffé : tels font les Ma- 
caos , Si les Cocleatoons des Anglois „ 
qui ont la queue très-longue. Les fé- 
conds font ou un peu plus grands ou 
un peu plus petits que nos Pigeons do- 
meltiques , Se ils ont la queue courte : 
tels font les Parrots Se les Poppiniays 
des Anglois. Les trentièmes, qui font 
les plus petits , ne font pas plus grands 
que des Merles 8c des Alouettes ; ils 
ont la queue très-longue. Les Anglois 
les nomment Perokfitts , Se les Italiens 
Peroqueti. On les appelle en François 
Perroquets. 

Entre les grands Perroquets nommés 
Macaos Se Cockatoons , il y en a un 
qu'A 1. b 1 n ( Tome L n. 11.) nomme 
le grand Perroquet de Macao. Cet oi- 
feau eft plus grand que le Corbeau 
ordinaire. Sa tête eft grande, large, 
Se plate en deiïus. Ses yeux ont l'iris 
de couleur blanche , Se auteur d'eux 
eft un grand efpace blanc dégarni de 
plumes ; il a la prunelle de l'œil 
noire. Le bec de ce Perroquet eft grand 
Se crochu ; la mâchoire fupérieure eft 
de couleur de chair; celle de deiïbu* 
eft d'un brun fombre. Sa langue ref- 
femble à celle des autres Perroquets „ 
Si fa nourriture eft la même que la leur. 
La mâchoire fupérieure du bec a près 
de trois pouces de longueur , & au- 
tant de largeur Se de profondeur. Les 
jambes Se les pieds font de la même 
couleur que le bec. La tête entière , le 
col , la poitrine , le ventre , les cuîffes 
Se le deifous de la queue » de même 
que le m'iieu du defTus desaîies, font 
couverts de plumes rouges , les plus 
belles 8e les plus charmantes que l'on 
puilfe voir. Le deflous de l'aile eft 
embelli d'un beau jaune ; au milieu de 
l'aile en deflTous du rouge, on voit un 
rang de plumes vertes , femblables a 
la couleur de i'berbe des prés. Toutes 



PEU 

îes plus grandes plumes , qui font plus 
bas , font d'un outre-mer luifaïu. 11 en 
eft de même du defïus de la queue 8c 
du croupion. La queue a dix pouces de 
longueur, & s'étend beaucoup au-delà 
des ailes. On apporte ces oifeaux des 
Indes Orientales & Occidentales. 

La femelle , félon le rapport du 
même Auteur ( Tome III. ». 10. ), a 
trente pouces de longueur , depuis la 
pointe du bec jufqu'A l'extrémité de 
la queue. Le corps eft égal en gran- 
deur à celui d'un Chapon engraiiïe. 
Le bec eft crochu , failant exactement 
un demi-cercle. Le fommet de la tête, 
le defïïis du col , ainil que le plumage 
du dos , des ailes & du deifus de la 
queue, eft d'un bleu d'azur fort agréa- 
ble. Les plumes de la gorge , de la 
poitrine , du ventre , des cuiiTes , du 
croupion Se du deflous de la queue , 
font d'un jaune charmant. La queue a 
environ dix-huit pouces de longueur, 
Les jambes font très-courtes Se épaif- 
fes ; elles font de couleur de frêne , 
comme les pattes , qui font armées de 
grandes ferres noires & courbées. Ces 
fortes de Perroquets font les plus grands 
de leur efpece , 8e d'un grand prix, 
On les vend à Londres dix guinées 
chacun , dit Ai. b i n. C'eft le même 
oifeau qu'ALDiiovANDE nomme le 
grand Macao bleu Se jaune , en Latin 
P fut aç us maximus , cyano-croceits , Se 
que celui qu'on nomme au Bréfilv^ra- 
rauna. Se dont j'ai parlé à ce mot, 
d'après Marc Grave. Voyez ARA- 
RAUNA. 

Il y a un autre grand Perroquet , 
dont parle encore Aldrovande, 
en Latin Pfittaçus maximus alter. Cet 
uifeau eft de la même longueur que 
le précédent. Son bec eft plus court , 
dit Ray , Synop, Meth. Av. p. z$, ». z. 
Il a la mâchoire fupérieure blanche Se 
l'inférieure noire ; le tour des yeux 
eft blanc ; les temples , tout le corps , 
le commencement des ailes & fa queue, 
font d'un beau rouge ; le dedans des 
ailes, le deflua des ailes , 8c le bas du 



PER 39î 

croupîotl , font d'un beau bleu. Les 
plumes qui couvrent les ailes font rouf- 
fos , Se les bords rouges ; les pointes 
font ornées d'un œil bleu. Il a les jam- 
bes courtes, Se les pieds bruns. Ray 
dit avoir vû à Londres un Perroquet 
de ce genre , dont les ailes & la queue 
étoient de couleur de vermillon , ta- 
chetées de bleu Se de jaune. Cet oifeau 
avoit deux plumes du milieu de la 
queue , qui furpaflbient les autres en 
longueur, 8c finùToient en pointe ; elles 
étoient de couleur bleue. 

L' ' Araracanga , le Alaracana Se le 
Maracana Arar& de Marc Grave, 
font encore de très -grands Perroquets. 
Voyez ces mots. Il y en a d'autres de 
la grande efoece , dont parle C L u- 
S i u s. Il ne faut pas oublier l'Arraj 
Se le Papegay , oifeaux fi connus parmi 
nous. 

PERROQUET ARRAS : 
C'eft le plus gros 8c le plus grand, 
de tous les Perroquets , foit des Ifles , 
foit de Terre-Ferme. Il eft pour l'or- 
dinaire , dit le Pere Labat, de la 
groffeur d'une Poule à fleur. Les plu- 
mes de la tête, du col , du dos Se du 
ventre , font de couleur de feu. Les 
ailes font mêlées de bleu , de rouge 
Se de jaune. Sa queue eft longue de 
quinze à vingt pouces , Se ordinaire- 
ment toute rouge. Il a la tête Se le bec 
fort gros ; l'œil afluré. Il marche gra- 
vement : il parle très-bien , quand il 
eft inftruit étant jeune. 11 eft familier , 
8c aime à être careffé. Il eft fort atta- 
ché à fon Maître , Se en eft même ja- 
loux. 

PERROQUET P A P E- 
G A Y : C'eft un gros Perroquet , qui 
eft un des plus beaux Se des plus remar- 
quables par la variété de fes couleurs. 
11 eft rare Se parfait. Le mâle eft plus 
gros que la femelle. Il a du jaune 8c 
du rouge au-deftus du bec. Le vérita- 
ble pays de ces Perroquets eft l'Inde. 
Ils viennent la plupart du Bréfd. Ceux- 
là fe trouvent meilleurs que les autres 
Se apprennent mieux à parler ; on a 
D d d îj 



FER 

plus de peine à enfeigner les rouges. 
On en voit en quantité dans le pays 
où croiiïent le Poivre, la Canelie , le 
Girofle , le Riz , Se autres femblables 
femences. Ces oifeaux en vivent , Se 
en font un grand dégât. Le Papegay 
eft facile à nourrir. Il s'accommode de 
Chenevi , de pain trempé dans l'eau 
& dans du vin. Il vit de toutes fortes 
de fruits , & jufqu'à vingt ans ou en- 
viron , quand on en a bien foîn. Ja- 
mais on ne lui doit donner de viande , 
ni rien de fàlé. 11 a les mêmes mala- 
dies Se infirmités que les autres oi- 
feaux. On lui doit accommoder le bec 
line fois i'an • cela le foulage , Se fait 
qu'il ne gâte point fa cage. Quand il 
eft enfeigné par quelques Perroquets 
qui parlent bien , il prononce suffi dif- 
tïnitement les paroles que l'homme 
même. Il chante des chanfbns , Se. on 
lui apprend à contrefaire toutes fortes 
d'animaux. Il appelle les perfonnes qui 
palTent dans les rues, Se il les trompe 
en contrefaifant le fi filet naturel. On 
apporte ces oifeaux des Indes , où il y 
en a de plufieurs efpeces. Il fait fon 
nid dans les lieux de difficile accès. 
Il ne pond que deux oeufs. Les Pape- 
gay s niais font meilleurs , pour être inf- 
truits , que les autres qui n'apprennent 
que difficilement à parler. 

Le Papegay , félon B e L o N (de la 
Niit. des Ci/.' L. VI. c. ii ) a les jam- 
bes courtes , les pieds garnis de quatre 
doigts, deux devant Se deux derrière. 
Il tient fa mangeaille av ec un pied éle- 
vé en l'aîr , qu'il perte à fon bec , com- 
me les oifeaux de proie. Pline (Hijl. 
Nat. L X. c. 42, ) a prefqtte fuivi 
Aristote Anim. L.1X. c.iz ) 

fur cet oifeau. L'un & l'autre rappor- 
tent qu'il y a aux Indes un Perroquet 
auquel on attribue l'ufage de la parole. 
A r 1 s t o t e ajoute qu'il eft 
grand parleur , quand on lui a fait boire 
du vin , loquatior cum biberit vïmim 
redditur , Se Pline dit , in vino 
pracipue lajcivus. Les Sauvages du Bré- 
£1 qui ont une grande adrefle à tirer 



P E R 

de l'arc , fe fervent de flèches très- 
longues , au bout defquelles ils met- 
tent un bourrelet de coton , afin qu'en 
tirant aux Papegays , ils les abattent 
fans les bleflfèr. La Nature a donné à 
cet oifeau un fort bec, pour cafler les 
écorces des fruits durs. Les Papegays 
gris font les plus grands , félon Belont. 
Ceux qui font entremêlés de rouge 
font de moyenne grandeur. Les verds 
font les plus petits. Ils ont la. queue 
très-longue Se n'excèdent pas la grof- 
feur d'un Étourneau ; mais on diftingue 
ces petits des Papegays. On les appelle 
petits Perroquets verds , ou Perruches, 
comme je dirai plus bas. 

Entre les Perroquets de moyenne 
grandeur , nommés Parroti Se Poppi- 
niays par les Anglois, font : 

i°. Le Perroquet blanc crête d'A L- 
DROVANDE, en Latin Pfntacus albus 
crifiatus. Cet oifeau eft facile à distin- 
guer des autres Perroquets, dit Ray, 
Synop. Mcth. Av. p. 30. ». 1 . H eft delà 
grandeur d'un Pigeon domtftique. Ses 
pieds , fes jambes Si fes cuifies font 
jaunâtres; fes ongles font petits , noirs 
& à peine crochus. Il porte la queue 
retrouflée comme un Coq. Tout le 
champ de fon plumage eft blanc. Il a 
le bec cendré , tirant fur le noir , près 
de la tête de grandes narines , tout 
autour une rondeur un peu plus élevée 
que le refte ; une langue longue Se 
vermeille ; le cercle des yeux jaune 
Se la prunelle noire ; fur le fommet 
de la tête , des plumes grandes Se poin- 
tues , qui penchent d'abord en arrière, 
puis fe courbent en avant Se unifient 
en tombant en arc. Cet oifeau eft d'une 
très-belle figure. 

2 0 . Le Perroquet verd d'A L DE o- 
VANDE, dont les plumes des ailes 
ont les côtés d'en haut rougeâtres , en 
Latin Pfïttacus viridis , alarma cafta 
rubente. Cet oifeau, dit Ray (ibid.n. 2>> 
eft de la grandeur du précédent Le 
deflùs de fon bec eft noir à l'extrémité , 
un peu bleuâtre enfuite Se le refte rou- 
geàtre j le deffous eit blanc. 11 a l'iris 



TER 

jaune ou plutôt rougeâtre , Se la pru- 
nelle noire; lefommet de la tête jau- 
ne , ainfi que le delTous des yeux ; tout 
le refte du corps verd; le devant d'un 
verd plus jaunâtre & plus lavé , 8c fur 
le dos & les ailes , un verd plus cou- 
vert. Les grandes plumes font d'un 
verd tirant fur le bleu; les côtés des 
plumes d'en haut font rouges , auili- 
bien que celles de la queue qui eft 
très-courte. Aux côtés de cette queue , 
il a en bas deux taches longues Se rou- 
ges, qui font jaunâtres par le haut. 11 
a les jambes & les pieds cendrés ; les 
ongles noirs Se peu courbés. Cette ef- 
pece de Perroquet, eft très-commune 
en Angleterre. Ceux qu'il a examinés 
à Londres avoient un cercle blanc au- 
tour des yeux Se une appendice de cha- 
que côté à la mâchoire fuperieure du 
bec. 

3°, Le Perroquet à lec de diverfes 
couleurs. AtDROVANDEtn parle Se 
le nomme Poikjltrhypthàs. Le haut de 
fon bec à la parcie fupérieure eft d'un 
verd bleu ; aux côtés, de couleur d'o- 
cre : il eft traverfé à l'extrémité d'une 
tache blanche ; le tour de la partie fupé- 
rieure du bec eft de couleur p.ombée; 
le milieu eft de couleur jaune. Il a le 
haut de la tête de couleur d'or , le refte 
du corps verd , couleur d'améthyfte , 
noir , d'un vermillon obfcur Se de cou- 
leur jaune , ou couleur de fàfran : ces 
couleurs font agréablement mélangées 
aux ailes Se à la queue , comme on le 
peut voir dans A ldrovande. Il a 
les jambes courtes, les pieds de cou- 
leur de plomb Se les ongles noirs. Ray 
{Synop. Meth. Av. p. 4. ) parle de cet 
oifau. 

4°. Le Perroquet verd , qui eft le 
Pfiuacus viridis rnelutwrhyncor d'A L- 
drovan de. Cet oifeau , dit R a y , 
eft au commencement du bec , fur la 
tête Se fous le bec d'une couleur bleue, 
qui rire fur le verd. lia le dos d'un rerd 
clair, Se le côté de l'aile qui tient au 
corps , ainfi que les extrémités des 
plumes des ailes, d^un rouge écarlate. 



PER 307 

Le defïbus du ventre eft jaune 8e d'un 
jaune verd , 8e le bas du croupion eft 
d'un rouge écarlate. 

5°. Le Perroquet gris - blanc , en 
Latin Pfatacus leucocephalus , félon 
Aldrovande, Se Perroquet gris mêlé 
ou diverfifié , félon le Dïdionn.iire de 
Trévoux , en Latin Ffïttacus varius. 
Cet oifeau a le bec blanc , gros de deux 
doigts, Se la partie de la tête qui tou- 
che au bec eft aulli blanche. La prunel- 
le de l'œil eft noire: le cercle qui l'en- 
vironne eft de couleur de rouille. Le 
fommet Se le front qui font blanchâ- 
tres, font diverfifiés de taches noires. 
Le derrière de la tête , le col , les ailes 
Se le haut du croupion font colorés d'un 
brun trcs-obfcur. Son gofier Se le côté 
d'en liant , de même que fes ailes font 
de couleur de cinnabre. 11 a la poitrine 
Se les cuiftes verdàtres ; la partie du 
ventre entre les cuiffes Se la poitrine, 
de couleur que les Peintres nomment 
terre et 'ombre ; les dernières plumes du 
côté des ailes, qui couvrent les pen- 
nes , bleues , mêlées toutefois d'un 
peu de blanc ; l'extrémité du ventre , 
pi oche du croupion, jaunâtre; la queue 
rouge par le milieu Se parles côtés rou- 
ge Se jaune , Se enfuite diverfiriée de 
bleu. Prcfque toutes fes plumes ont 
quelque chofe de noirâtre à l'extrémi- 
té : le refte eft verd. Il a les jambes Se 
les pieds d'une couleur grife- cendrée. 
Toutes ces différentes couleurs peu- 
vent lui donner le nom de Perroquet di- 
verfifié , w«'x#X'o< , ou verficolor , dit Ra ï 
(ibid. p, 3 z. n. 5. ) ; car tout le champ 
de fon pennage eft compofé de fept 
couleurs, defquelles cependant la ver- 
te eft la dominante. 

6°. II y a un autre Perroquet , nom- 
mé par Al. DROVANDE, Pf.tttlCUS 

verficolor , Jeu erythrocydbeus. Il a , 
dit R A y { ibid. n. 6. ) le bec moins 
grand que les préeédens : il eft noir. 
Sa tête , Ibn col Se fa poitrine font 
bleus. Il a le haut de la tête de couleur 
roufle , la région des yeux blanche * 
le ventre verd 5 le croupion roux; le 



/ 



i9 % PER 

haut du dos d'un bleu clair. Les plu- 
mes qui couvrent les ailes font verres , 
& tachetées d'un roux tirant fur la cou- 
leur de rofe. 

7°. Le Perroquet cendré , en Latin 
P/htacus cinereus , jeu fuhc&ruleus- , 
dont parle Aldrovande. Ileftde 
la grandeur d'un Pigeon de volière, 
dit Ray, ibid. ». 7. Le bec de cet oi~ 
fe eft de couleur noire : celle de tout 
fon corps eft d'un cendré obfcur. 11 a 
la queue rouge , ou d'une belle cou- 
leur de cinnabre , ou de vermillon ; 
elle eft très-courte & ne pane pas l'ex- 
trémité des ailes. La membrane qui 
fait le tour de fes yeux eft blanche. Ces 
efpeces de Perroquets viennent de Mi- 
na, ville de Saint George aux Indes. 
Ray dit en avoir vu plusieurs à Lon- 
dres. 

8°. Le Perroquet gris-blanc, nommé 
en Latin par Aldkovande , Pfittacus 
erythroleucos , Se dans le Dictionnaire 
de Trévoux , leucopbœus. R a y ( ibid. 
». 8) dit qu'il égale Se qu'il furpaue 
même en grandeur les Perroquets du 
premier genre, nommés Macaos, dont 
j'ai parlé. 11 a la queue courte ; tout 
fon corps eft d'un blanc fi fale , qu'il 
en paraît cendré. Son bec eft noir. 
Il a le derrière du dos , le croupion , 
toute la queue & les plumes des ailes 
de couleur de vermillon. 

c/°. Le Perroquet d'un rouge écarlate » 
■des Indes Orientales , dont les ailes 
font variées de verd Se de noir , en 
Latin P fittacus coccineus , Orientalis , 
alis ex viridi & nigro variis. Cet oif.au , 
dit R a y C ibid. ». 9. ) eft plus grand 
qu'un Merle. Il a le corps tout rouge , 
les plumes qui couvrent les ailes , ver- 
tes; les côtés jaunes ; le deffous de 
la queue fauve au milieu , Se le deflus 
d'un roux verd. Il a au-deflus des ge- 
noux un cercle de plumes vertes. Son 
bec eft jaune , ainfi que l'iris. Ses jam- 
bes for.t noires Se très-courtes. On voit 
un grand nombre de ces Perroquets à 
Londres , Se on les apporte des Indes 
Orientales. 



PER 

lo°, Le petit Perroqutt verd d'E- 
thiopie , félon C L u s 1 u s , en Latin 

Pfiaacuspufillut , viridis , JEthiupuus, 
Je fuis furpris que Ray {ibid. n. 10.), 
qui nous dit qu'il n'eft pas plus gros 
que la FringUla des Latins , que Below 
nomme Pinçon > je fuis furpris, d;s-je , 
qu'il mette un fi petit Perroquet dans le 
rang de ceux de moyenne grandeur. 
Quoi qu'il en foit , cet oifeau eft tout 
verd : ce verd eft plus clair fous le ven- 
tre 3c plus foncé fur le dos. Les plumes 
des ailes d'un côté font d'un verd fon- 
cé ; de l'autre Se du côté du dos elles 
font brunes. Les plumes de la queue 
proche du croupion font d'un jaune 
verd , enfuite d'un beau rouge , enfuite 
noires , Se au bout vertes. Le deifus du 
bec Se les plumes qui couvrent le go- 
fier font d'un beau rouge. Son bec eft 
gros Se dur. U a les jambes à peine 
de la longueur d'un pouce Se demi, Ses 
ongles font blancs Se allez longs. R A ï 
qui a vu un de ces oifeaux , rapporte 
que quand il mangeoit il ne tenoit pas 
d'un pied fa nourriture, à la manière des 
autres Perroquets : il la prenoit avec ion 
bec. Quand les femelles de ces efpeces 
deviennent vieilles , elles ne prennent 
point de nourriture , à moins qu'elle 
ne leur foit préfentée par un mile , qui 
l'avale Se la broie , comme font les 
Pigeons pour leurs petits , Se la dégor- 
ge enfuite dans leur bec. C'eft ce que 
R A y dit avoir remarqué. 

1 1°. Le beau Perroquet de Clusius, 
en Latin P/îttactts elegans Clusu. Cet 
oifeau, dit Ray ( ibid. p. 32.». 1 1 . )>eft 
de la grandeur d'un Pigeon. Sa poitrine 
Se fon col font de diverfes couleurs , Se 
les bords d'un beau bleu. Quand il eft 
en colère , fes plumes fe redreffent Se 
forment une efpece de hupe. Les plu- 
mes du ventre font de la même cou- 
leur , mêlées cependant d'un peu de 
brun. Il a le dos verd , les plumes des 
ailes bleues Se la queue verte. 

12°. Le Perroquet à collier des Indes 
Orientales , en Latin V fittacus torqi/a- 
tus, Orientait/. Cet oifeau, dit Albin 



FER 

{Tome IL n. 18.), efl deux fois plus 
grand que le Perroquet verd , dont j'ai 
parlé. Selon cet Auteur , il a le 
îommet de la tête d'un verd bleuâtre , 
les joues d'une couleur plus adoucie 
que celle du Perroquet verd ; le bec 
épais & crochu j la mâchoire fupérieure 
orangée; celle de défions noire. L'iris 
eft d'un jaune charmant Se entourée 
d'un brun fombre. lia une bande large 
& noire , qui prend depuis la mâchoire 
inférieure du bec & parte fous le col : 
cette bande aboutit au même point 
qu'une autre, qui eft pourprée Se en- 
toure le derrière de la tête. Lesplumes 
de la poitrine font de couleur de rofe 
pâle: celles qui couvrent le dos, les 
ailes , le bas du ventre Se les cuiflès 
font d'un verd jaunâtre. Sa queue a 
environ vingt pouces de longueur Se 
eft de la même couleur que le dos Se 
les aîles : les plumes du milieu en font 
plus longues & fe terminent en une 
pointe. Il a les jambes Se les pieds de 
couleur de frêne, Scies griffes noires. 
Albin , qui dit avoir vu de ces oifeaux 
àLondn.s, nous apprend qu'ils arti- 
culoient fort bien plufieurs mots Por- 
tugais Se Anglois. 

13 0 . Le petit Perroquet d'Angola, 
en Latin Angolenfts Pfittaciu minor. 
C'eft , dit A L h 1 n , un oifeau un peu 
plus grand qu'une Tourterelle : fon 
bec eft de couleur de frêne verdâtre. 
Le plumage de la tête , du dos , & de 
la poitrine, ainfi que les plumes fea- 
pulaircs des ailes, font d'une belle cou- 
leur d'or ombrée d'une belle écarlate 
bri'lante. Les plumes couvertes des 
ailes font vertes , excepté les deux 
plus avancées en dehors du fécond 
nng qui font bleues: les longues plu- 
m.5 font de cette mênv? couleur. La 
queue eft longue , fourchue , Se d'un 
verd jaunâtre ; les jambes Se les pieds 
font d'un rouge mêlé de gris de fer. 

I4°- Le petit Perroquet de Bengale , 
en Latin Btngalenfu Pfittacits minor. 
Cet oifeau , dit A L b i n , eft aufli gros 
«lue les Perroquets de moyenne gran- 



PER î99 

deur : M z h mâchoire fupérieure de 
couleur de bufle , celle de deflous 
d une couleur noirâtre ; le derrière de 
la tête eft d'un rouge-pâle , nuancé 
de pourpre, la gorge eft noire , le coi 
eft entouré d'un petit cercle de la mê- 
me couleur. Le plumage de la poi- 
trine , du ventre Se des cuifl'cs eft d'un 
verd pâle & jaunâtre; les plumes du dos 
Se celles des ailes font d'un beau verd 
comme l'herbe. La queue confifte en 
quatre plumes , dont les deux du mi- 
lieu font les plus longues ; le deflus 
en eft verd comme le dos Scies ailes , 
Se le deflous eft d'un jaune pâle ; les 
jambes font de couleur de frêne clair 
Se cendré. Les originaires du pays l'ap- 
pellent Fridatutali. 

1 5 0 . Le Perroquet couleur de frêne , 
eft , dit le même Auteur ( Tome I. 
n. 12.), un oifeau de la grandeur d'un 
Pigeon apprivoifé. Le bec eft noir , les 
narines font ferrées l'une près de l'au- 
tre dans la partie du bec la plus élevée 
proche de fa racine : cette partie eft 
chauve. Cette figure ou ftrudure des 
narines eft la même dans tous les oi- 
feaux de la clafle du Perroquet. Tout 
le corps eft d'une couleur égale , ou 
uniforme , c'eft-à-dire de couleur de 
cendre obfcure; mais la partie la plus 
bafle du dos , du ventre Se du crou- 
pion eft plus pâle que le refte du corps 
& prefque blanche. La queue eft d'une 
couleur rouge Se vermeille, très-courte 
Se ne s'étend gueres plus loin qu'aux 
extrémités des ailes. La région des- 
yeux , de même que les côtés r'e la 
tête à l'entour des yeux , eft blanche Se 
dégarnie de plumes- Lesplumes de la 
tête Se celles du colfontplus courtes 
que les autres. Cette efpece d'oifeau 
vient des Indes Orientales,. 

1 6°. Le Perroquet duBréjîl , nommé 
par les Anglois Laurey. Le même Au- 
teur f ». 1 3. ; dit que c'Hl un oifeau un 
peu plus grand qu'un Pigeon : le bec 
en eft grand Se d'une couleur de bu- 
fle pâle , l'iris eft jaune , Se la pau- 
, piere noire. Il a fur le fgmmet de la 



4<>o P Ê R 

tête une touffe de plumes d'un blew 
luifant. Toutes les autres parties de 
la tête font de couleur d'écariate , & 
au-deflbus d'elles on voit un beau cer- 
cle jaune. La poitrine , auffi-bien que 
le deflus du dos , eft de couleur d'é- 
cariate ; les plumes couvertes des 
ailes font d'un verd entremêlé de jaune. 
Les plus longues plumes font d'un bel 
outre-mer ; le deflus du dos , du ven- 
tre, & des cuifies, eft blanc, entremêlé 
de couleur de rofe , fe terminant près 
de la queue en un mélange d'écar- 
late : la queue eft d'un pourpre en- 
tremêlé d'un brun rougeâtre. Les cuif- 
fcs Se les pattes font de couleur de 
frêne. Cet oifcau eft le plus beau de 
tous les Perroquets qu'on ait jamais 
vus , dît l'Auteur Anglois. Il y en a 
eu à Londres qui ont été vendus vingt 
puînées. 

17 0 . Le Perroquet des Barbades. Cet 
oifeau , dit Albin, eft de la gran- 
deur d'un grand Pigeon apprivoifé : 
fon bec eft de couleur de corne. L'iris 
eft d'une belle couleur de fafran • la 
prunelle noire , Sel'oifeau peut la fron- 
cer, ou élargir à fa volonté • J'ceîleft 
entouré d'une peau de couleur de 
cendre. Le plumage du devant de la 
tête eft de couleur de frêne pâle, & 
entouré d'un beau jaune qui s'étend 
auteur des côtés de la tête 8c fous la 
gorge. Le plumage du fommet de 
la tête, du dos, de la poitrine & du 
ventre eft d'un beau verd , & celui 
des cuifles eft jaune. 11 en eft de même 
des plumes feapuiaires du deflus des 
ailes ; les trois premières plumes cou- 
vertes les plus avancées en dehors de 
ces aibs font d'un beau bleu ;le rang 
immédiatement après les plumes cou- 
vertes eft rouge. Les premières plu- 
mes fortes des ailes ibnt d'un bleu 
fombre Se pourpré. La queue confifte 
«n douze plumes d'un beau verd. Les 
jambes font garnies de plumes juf- 
qu'aux pieds qui font de couleur de 
frêne cendré , 8c les ferres font noires. 
Ce Perroquet eft aufli doux Se gai qu'il 



P E R 

eft beau ; car il permet à fa Maîtrefle 
de badiner avec lui comme elle peut 
faire avec fon Chien. 11 articule tres- 
aifément. C'eft ainfi que le Naturalise 
ci-dellus cité parle de cet oifeau ap- 
porté à Londres par un Commandant 
de Vailfeau qui raifoit commerce aux 
Indes Occidentales. 

11 y a encore d'autres Perroquets de 
moyenne grandeur , dont parle Marc 
Grave : tels font VAjunuurau , \'A~ 
juriscuruca , le Paragua , le 1 arabe* 
i'Ajurucatiuga- ôel'Ajurupara. Voyez 
ces mots. 

Entre les Perroquets du troifieme 
genre , qui l'ont les plus petits , 011 
comprend : 

1". Le Perroquet à collier des An~ 
tiens, félon Aldrovande , Pfittacus 
torquatus macrouros Antiquorum. Cet 
oiieau a la queue lougue , l'iris jaune , 
tout le plumage verd , le deflus plus 
foncé , le ventre d'un verd plus clair. 
Son collier eft de couleur de vermil- 
lon. Ray ( Synop. Met h. Av. p. 33. 
n. ï. ) lui donne un bec couleur de 
vermillon & aflez gros. Au-deflus du 
bec il y a une ligne noire qui s'étend 
julqu'à la poitrine , qui va de part Se 
d'autre du col , jufqu'à ce qu'elle ar- 
rive a fon collier de vermillon qui en- 
vironne le derrière de la tête Se du 
col , lequel eft de la longueur du pe- 
tit doigt fur le derrière Se vient en di- 
minuant fur les côtés. Il a le ventre 
d'un verd fi clair Se fi lavé , qu'il fem- 
ble être tout jaunâtre. Les dernières 
plumes des ailes proche du ventrs 
iont d'un verd brun Se obfcur fur le 
milieu ; à la partie d'en haut elles ont 
une tache rouge aflez remarquable. 
Sa queue eft d'un jaune verdître , Se 
lespieds & les jambes font cendrés. Lc3 
Anciens ont connu cette efpece de 
Perroquet , & c'eft la première qui ait 
été apportée des Indes en Europe. On 
lit dans le Dictionnaire deTrévoux, que 
depuis le temps d'A lexandre le 
Gk.anl> jufqu'à l'Empire de NeroN, 
l'on en trouva encore de femblables 

dans 



P E R 

dans une Ifle d'Ethiopie nommée Ga.- 

gande. 

z°. Le petit Perroquet toutverd, nom- 
mé par Aldrovande, Pfittacus 
winor macroitros , tôt us viridis. Cet oi- 
feau , dit Ray ( tbid, n. 2. ) , n'eft pas 
plus gros qu'un Étourneau. Il aie bec 
rouge , les pieds Se les jambes rou- 
geâtres , ou de couleur de chair , au 
contraire des autres Perroquets : l'iris 
eft de couleur de fafran ; la prunelle 
eft noire , tout le reite du corps eft 
d'un beau verd de pré ; le ventre eft 
plus clair 8c lavé , Se les grandes plu- 
mes font plus couvertes. Sa queue eit 
étroite , longue de huit pouces ou en- 
viron , & finit en pointe. Ce Perroquet 
elt celui que nous appelions petit Per- 
roquet. On l'apporte de l'Efpagnole, 
Ifle de l'Amérique : il en vient aufli 
d'Egypte. 11 fait fon nid dans les écueils. 
On lui accommode le bec au- moins 
deux fois l'an comme au Papegai, 
On en voit quantité en France. Il parle 
bien , Se il a un cri peu agréable Se qui 
ne plaît pas à tout le monde. On le 
nourrit de païn trempé dans de l'eau 
& du vin , de fruits , de Chenevi pilé , 
& autres fortes de graines. 

3 0 . Le Perroquet rouge & verd , nom- 
mé par Aldrovande, Pfittacus 
erytbrochiorus macroures Japonicus. Cet 
oifeau , qui eft environ de la même 
longueur que le précédent, a les cou- 
leurs bien différentes. Le fommet de 
la tête eft uni , le bec eft extrême- 
ment court , 8c le deflbus eft crochu : 
il a le champ de fon plumage cornpo- 
fé de quatre couleurs. Celles qui pa- 
roilTent le plus font le rouge Se le verd. 
Le dos, le fommet, 8c le derrière de 
la tête , de même que les grandes plu- 
mes des ailes , font d'un verd très- 
éclatant : au haut des plumes vers 
les épaules les plumes font bleues ; 
deux des grandes plumes de dehors 
font vertes , Se les autres font d'un 
bleu très-couvert. Les plumes des ai- 
les ont des tuyaux blancs. Il a la pru- 
nelle noire , l'iris rouge , le bec rouge 
Ivrne LU, 



P E R 401 

Se médiocrement courbé , le deflbus 
ou le menton d'une couleur de rouille 
rougeâtre ; devant Se derrière les yeux 
il a des taches bleues. La poitrine & 
le ventre de ce Perroquet font de cou- 
leur de vermillon , Se font ornés de 
petites lignes tirées en long. La queue 
eft très-longue , Se plus que tout le 
corps: elle eft verdâtre , Scies tuyaux 
des plumes en font blancs. Les plu- 
mes de deflbus font extrêmement rou- 
ges , Se les tuyaux font noirs. Il a les 
jambes Se les pieds très-noirs. 

4°> Le Perroquet rouge & crêté , nom- 
mé par Aldrovande Pfittacus 
r uber & viridis, crifiatus. Cet oifeau , 
dit R a ï ( ibid. p, 34. ». 4. ) , a les 
ailes , la queue Se la crête de couleur 
rouge : le refte de fon plumage eft 
verd. Sa crête refTemble à celle du 
Perroquet blanc & crêté. Cette crête 
eftcompofée de fix plumes , trois gran- 
des Se trois petites. L'iris eft rouge , 
8c la prunelle eft noire, 

5°. Le petit Perroquet de BoNTiUS. 
Cet oifeau , dit R a y ( Synop. Met h. 
Av. p. 34. n. 5.), eft de la grandeur 
d'une Alouette. Il a le bec 8c le go- 
fier de couleur grife 8c l'iris de cou- 
leur d'argent, 11 porte fur la tête de 
belles plumes , qui s'élèvent en forme 
de crête. Le bas du ventre , la tête , la 
col , Se le deflus de la queue font d'un 
beau rouge ; la poitrine , Se les plumes 
inférieures de la queue , font d'un rofe 
clair, Ces plumes finiiTent par un beau 
mélange de verd Se de blanc. Les ai- 
les font vertes , Se il y a parmi quel- 
ques plumes rouges; le milieu efljaur.» 
mêlé çà Se là de couleur de rofe. 

6°. La petit Perroquet verd des Indes 
Orientales , nommé en Latin , félon 
Albin, Pfittacus viridis minor, Indus 
Orientalis. Cet oifeau , dit l'Auteur , 
eft tant foit peu plus grand que l'A- 
louette ordinaire. Son bec eft d'un 
jaune fombre 8c crochu , comme aux 
Perroquets en général, La prunelle de 
l'œil eft noire; le plumage du devant 
de la tête Se de la gorge eft d'une 
E e e 



4oa P E R 

belle couleur écarlate; celui de der- 
rière la tête, du dos, de la poitrine 
Se des ailes, eft d'un beau verd. Le 
plumage du croupion eft d'un verd 
luifànt Se bleuâtre. La queue eft courte ; 
les trois plumes avancées en dehors , 
à droite Se à gauche , font de couleur 
d'écarlate, bordées de noir , Se leurs 
pointes l'ont vertes. Les jambes Se les 
pieds font d'une couleur grifàtre Se 
cendrée. C'eftun bel oifeau , qui eft 
fort doux , dit l'Auteur ( n. 15.). On 
enferme ordinairement le mâle Se la 
femelle dans une cage. Le plumage 
de la tête de cette dernière n'eft pas 
d'un rouge fi beau que celui de la 
tête du mâle. On les vend deux gui- 
nées la paire à Londres. 

Les Fe.roquets de la petite efpece 
font appellés Tin au Bréfîl , Se Par- 
rakjeets par les Anglois. Ceux dont 
parle Marc Grave , font le Tui , le 
Tui Apate Juba , le Tuitirica , le Jen- 
daya, le Tuiete , leTuipara , l'Ana- 
ca , le QuijubatHi Se VAni. Voyez ces 
mors. 

On appelle Perruches ces petits Per- 
roquets : ils font très-petits Se leurpe- 
titefle fait toute leur beauté. Ceux de la 
Guadeloupe , dit L a b a t {Voyage de 
V Amérique ) , font à-peu-près de la 
grofleur d'un Merle : ils font tous verds 
à la referve de quelques petites plumes 
rouges qu'ils ont fur la tête. Leur bec 
eft blanc. Ils font fort doux , carefïàns , 
Se ils apprennent facilement à parler. 
Ceux du Bréfil font entièrement verds : 
leurs plumes femblent couvertes d'uu 
petit duvet blanc Se très-fin , qui les 
faitparoître comme d'un verd argenté: 
ils ont la queue fort longue , la tête 
bien faite , l'œil vif , le bec noir Se 
fort recourbé. Ces Perroquets font -ort 
privés , Se ils femblent aimer à s'en- 
tretenir avec les perfonnes , Se il eft 
rare de leur voir garder le filence ; car 
quand ils entendent parler , foit de jour 
ou de nuit , ils fe mettent de la par- 
tie , Se veulent toujours avoir le def 
fus. Ils vont toujours en troupe , Se fui- 



P E R 

vent les graines 8c les fruits à mefora 
qu'ils mûriifent. C'eft un vrai plaifir 
de les entendre quand ils font fur les- 
arbres. Leur plumage verd empêche 
qu'on ne les puiffe dïftinguer des feuil- 
les , quoique leur babil fade connoître 
qu'ils y font en grand nombre. Un 
ChafTeur, qui n'eft point fait à cebâ- 
dinage ,fe défefpere d'entendre fa proie 
fi près de lui fans la pouvoir voir ni 
tirer , pareeque ces babillards ne peu- 
vent pas demeurer long-temps en la 
même place. Quand ils ont becqueté 
une baie ou un fruit , ils volent àun 
autre. On les voit alors Se on les tire ; 
ils regardent tomber ceux qu'on a ti- 
rés : ils crient de toutes leurs forces 
comme s'ils vouloient dire des injures 
au Chaffeur. Ils font pour l'ordinaire 
très-gras , Se ils ont un goût merveil- 
leux „ fur-tout dans la faifon des grai- 
nes de Bois d'Inde. Après qu'ils font 
plumés Se vuidés , on les enveloppe, 
dit l'Auteur , dans les feuilles de vi- 
gne, Se c'eft un manger délicat. 

On voit des Perroquets $rzC({ue par- 
tout aux Antilles , Se en fi grande abon- 
dance qu'ils vont par troupes comme 
les Etourneaux. Les Chaffeurs les 
mettent au rang du gibier. Le goût 
de leur chair eft différent félon la qua- 
lité de la nourriture qu'ils y prennent. 
S'ils mangent de la graine d'Acajou, 
leur chair à un goût d'ail affez agréa- 
ble ; s'ils fe nourriffent de la graine 
de bois d'Inde,elle fentle cloud de Ge- 
rofle Se la Canelle , Se a un goût amer 
comme fiel , lorfqu'ils mangent des 
graines ameres. La nourriture des 
Prunes de Momius,de Cachimas Se de 
Gouyaves , les fait devenir fi gras * 
qu'ils femblent n'être qu'un morceau 
de grailfe. La graine de coton les en- 
nyvre Se fait en eux tout ce que l'excès 
du vin fait dans l'homme : on les prend 
alors avec beaucoup de facilité. 

Il y a des Voyageurs qui en comp- 
tent plus de cent efpeces différentes 
pour la groffeur Se pour les couleurs. 
Au-deiTus du Cap de Borme-E&>; 



- 



PER 

raflce îl y en a tant , dit VespuCe , 
qu'ils donnent le nom à cette région , 
& quelques-uns ont près de trois quarts 
de longueur. Scaliger dit en avoir 
vu un chez un Marchand de fa con- 
noîflance , qui étoit fi grand qu'il oc- 
cupoit une fenêtre de grandeur ordi- 
naire. Selon îe même Auteur, on en 
voit de tout blancs dans les régions les 
plus brûlées de l'Ethiopie. Dans les 
dernières contrées des Indes , dans 
le Manaflapan , Se dans le Cun-an qui 
font dans la Nouvelle Efpagne , au 
pays de Grachana , fitué dans les In- 
des Orientales , les communs font plus 
grands que les Faifans. Il y en a de 
rouges dans le Bréfil , Se dans l'ifle 
de Ternete , l'une des Moluques. On 
en voit à TarnafFare , ville des Indes, 
qui font de fept couleurs : bn en trou- 
ve pareillement dans le Calecur d e cou- 
leur de pourpre , Se d'autres de di- 
yerfes couleurs. Dans la région de 
Grachana il y en a de très-grands , 
Se dont les ailes font de plufieurs cou- 
leurs , Se le refte eft. rouge ; d'autres 
les ont bleues , & quelques-uns les ont 
entièrement cendrées. L'ifle de Baden 
qui eft près de celle de Java, en four- 
nit de trois fortes , les premiers font 
rouges Se ont le bec jaune ; les féconds 
appellés Nor en langage du pays , c'eft- 
à-dire luifant , font de différentes cou- 
leurs ; les troifiemes appellés Cachi , 
c'eft-à-dîre , précieux , font blancs. 
Dans les bois Se les forêts d'Ethiopie , 
on en voit un grand nombre de verds , 
d'autres de plufieurs couleurs , quel- 
ques-uns. noirs , d'autres d'un gris- 
cendré. Les plus grands , félon B E- 
IOK, font blanchâtres ; les médio- 
cres font diverfifiés de rouge , & les 
plus petits font verds. Il y en a par- 
mi ces oifeaux qui ont deux coudées 
de long , & qui font appellés Muets , 
pareequ'ils n'apprennent jamais à par- 
ler. Enfin Joseph d'Acosta dit 
qu'il y a de certains oifeaux aux Indes 
nommés Gnacemaias plus grands que 
les Terjoqutts , qui cependant doivent 



PER 403 

être regardés comme étant de leur ef- 
pece , pareequ'ils font ornés des mê- 
mes couleurs. 

Les Lettres Édifiantes { Tome X. 
p. d"8.)nous apprennent qu'on eftime 
beaucoup dans l'Inde les Perroquets de 
l'ifle de Nîcobar , parcequ'il n'y en a 
pojnt qui parlent fi diftinftement. Dans 
l'Ethiopie, ainfi que dans le pays des 
Nègres , ils gâtent tous les grains : 
dans l'Amérique ils font aufli un fi 
grand dégât de Maïs ou Bled de Tur- 
quie , qu'on eft obligé de le foire gar- 
der par des enfans , qui les c ha (Te rit 
en faifant des cris extraordinaires , fans 
cela on n'en ferolt pas de récolte. 
Ils caftent facilement toutes fortes 
de noyaux ainfi que des noix : ils ai- 
ment le fucre , 8c ils fe plaifent beau- 
coup fur l'arbre qui porte la Noix 
Mufcade , tant à caufe de fa bonne 
odeur , que par la beauté & par la dî- 
verfité de la couleur de fes fruits. 
Comme la Caille aime l'Ellébore , Se 
les Étourneaux la Ciguë , fans que cela 
leur foit nuîfible , les Perroquets tirent 
pareillement leur nourriture de la 
graine de Carthame , qui fert de pur- 
gatif à l'homme , fans que cela leur 
donne aucun dévoiement , ni aucune 
incommodité. Ce qu'il y a de remar- 
quable dans les Perroquets , c'eft qu'ils 
ont le deffus du bec mobile 8c le def- 
fous immobile. C'eft le contraire de 
tous les autres oifeaux. Le goût de 
leur chair eft excellent , mais chan- 
geant félon la qualité de la nourriture 
qu'ils prennent , difent le P. du Ter- 
tre ( Tome V. c. 1. §. 2. J, & Lon- 

VILLIERS DE PoiNCY , Hifl. Nétt- des 

Antilles, c. 1 5. art. 11. x - 

II y a dans l'ifle de Madagafçar de 
gros Perroquets qui font noirs ; il s'en 
trouve aufii de rouges-bruns , qui font 
fort petits : on en voit de verds qui ne 
font pas plus gros que des Pafiereaux. 
Dans la même lue il y en a de gris 
dont les jeunes font d'un goût plus 
exquis que les Ramiers Se les Tour- 
terelles. Ils y font fort communs. 

E e e ij 



4 04 PER 

- Les Voyageurs , qui font mention 
des Perroquets des Moliiqu.es , parlent 
avec admiration de la facilité qu'ils 
ont à répéter ce qu'ils entendent. Leurs 
couleurs font variées Se forment un 
mélange agréable : ils crient beaucoup 
& fort haut» & ils font un peu plus 
petits que ceux des Indes Occiden- 
tales. 

11 y a dans le pays d'Anamabo , fur 
la Côte d'or en Afrique , des Perro- 
quets qui font de la groiTeur des Moi- 
neaux : ils ont le corps d'un fort beau 
verd , la tête 8c la queue d'un rouge 
admirable , Se toute la figure fi fine , 
que Barbot en apporta quelques- 
uns à Paris , comme un préfent digne 
du Roi. Ces oifeaux ne Ce vendent 
qu'un écu la douzaine , mais il eft fi 
difficile de les conferver vivans qu'à 
peine en fauve-t-on un fur vingt dans 
le voyage. 

L'ufage des Nègres eft de les pren- 
dre jeunes dans leurs nids , de les ap- 
priyoifer , Se de leur apprendre plu- 
fieurs mots de lélir langue ; mais les 
Perroquets de cette Côte ne parlerstpas 
fi bien que les verds du Bréfii : quoi- 
qu'on en trouve fur toute la Côte , ils 
n'y font pas en fi grand nombre que 
dans l'intérieur des terres , d'où ils 
viennent prefque tous. Ceux du Bé- 
nin , de Kallabar , Se du Cap Lopez , 
font les plus eftimés , pareequ'on les 
apporte de fort loin ; mais outre qu'ils 
font ordinairementtrop vieux , ils n'ont 
pas la même docilité que ceux qui 
naiflent fur la Côte d'or. Tous les 
Perroquets de la Côte , ceux du Pro- 
montoire de Guinée , Se des lieux qu'on 
vient de nommer , font bleus, Se ce 
qui doit paroître fort étrange , ils y 
font plus chers qu'en Hollande : on 
ne fait pas de difficulté de donner trois , 
quatre., ou cinq livres fterling pour 
un Ptrroquel qui fait parler. 

11 y a dans le Royaume d'Iiuni des 
grands Perroquets à queue rouge , qui 
fe trouvent en tous lieux ; Se entre 
Sierra-Leona ScRiofeftos, il y a des 



PER 

Perroquets bleus à queue rouge , que 
les habitans nomment Vofacy-I. Il y 
a dans les terres de ce pays un grand 
nombre de Perroquets gris. 

Les Perroquets de Congo Se d'An- 
gola font gris ou verds. Les premiers 
font fort gros & grands parleurs. Les 
autres font petits & moins babillards. 

Il y a au Sénégal quantité de Per- 
roquets, que les Nègres haiïTent beau- 
coup , pareequ'ils détruifent leur Mil- 
let & leurs légumes. On prétend qu'il, 
y en a de plufieurs efpeces. C a d a 
M o s t o n'en diftingue que de deux 
fortes ; les uns font femblables aux 
Perroquets qu'on apporte d'Alexandrie, 
mais ils font un peu plus petits ; les 
autres font beaucoup plus gros , Se 
ceux-ci on la tête brune , le col , le 
bec , les jambes Se le corps mêlés de 
jaune Se de verd, Il en apporta un grand 
nombre en Europe , fur-tout de la pe- 
tite efpece , dont plufieurs moururent 
dans le voyage. Cependant il lui en 
refta plus de cent-cinquante qu'il ven- 
dit en Efpagne un demi-ducat pièce. 
Ces oifeaux ont beaucoup d'adrelfe à 
conftruire leur nid : ils ramafient quan- 
tité de joncs Se de petits rameaux d'ar- 
bres dont ils forment un tiffu qu'ils 
ont l'art d'attacher à l'extrémité des 
plus foibles branches , de forte qtf y 
étant fufpendu , il eft agréablement 
balancé par le vent. La forme de ce 
nid eft celle d'un balon , Se il eft de 
la longueur d'un pied : ils n'y laîfient 
qu'un feul trou pour leur fervir de 
partage. On eft porté à croire que la 
Nature leur fait choifir ces* branches 
foibles pour fe garantir des Serpensà 
qui leur pefanteur ne permet pas de les 
attaquer dans cette retraite. 

Il y a à la Chine de grands Per- 
• r ° 
roquets, qui le trouvent aux environs 

de Nan-Ning-Fu , ville de la Pro- 
vince de Queng-Si. 

Il y en a de toutes e/peces qui ne 
différent en rien de ceux qui nous vien- 
nent de l'Amérique. Leur plumage eft 
le même que celui des autres Ptrm.i 



FER 

tptets . & ils n'ont pas moins de doci- 
lité pour apprendre à parler. 

Les Perroquets des IndesOccidentales 
fe trouvent principalement dans les en- 
droits qui font dans l'intérieur du pays. 
Us fe juchent & font leurs nids fin- 
ies arbres les plus élevés : ils volent 
en bande en faifant un grand bruit, 
comme font tous les Perroquets en gé- 
néral. 

On diftmgue les Perroquets des Mes 
de Terre - Ferme de Guinée par Leur 
plumage qui eit tout difforme. Ceux 
de la Guadeloupe font un peu moins 
gros que les Arras : ils ont la tête , le 
col 8c le ventre de couleur d'ardoife 
avec quelques plumes vertes 8c noires. 
Le dos eft tout verd , & les ailes font 
vertes , jaunes Se rouges. 

Ceux de la Dominique ont quel- 
ques plumes rouges aux ailes , à la 
queue & fous la gorge ; tout le relie 
eft verd. 

Ceux de la Martinique ont le mê- 
me plumage que ces derniers , excepté 
que le demis de la tête eft de cou- 
leur d'ardoife avec quelque peu de 
rouge. 

Les Perroquets de ces trois Mes font 
fort gros 8c apprennent facilement à 
parler fur-tout quand ils font jeunes. 

Ceux de ia Guadeloupe crient beau- 
coup , 8c ont la voix extrêmement 
forte. On les appelle Cancaner en lan- 
gage des Mes : ils peuvent produire 
en toutes fortes d'endroits , puifqu'ils 
l'ont fait dans un climat atiffi froid que 
celui de Paris. 

Les Perroquets cte la rivière des Ama- 
z,oîics font i lus petits que ceux des 
Ifles : ils font tout verds , excepté la 
tête dont le deflus eft jaune. 

Ceux de Guinée font d'un gris cou- 
leur de cendre; ils ont la queue Scies 
ailes prefque toutes rouges. 

S E B A parle d'un petit Perroquet de 
l'Amérique peint de diverfes couleurs , 
qui répétoit distinctement tout ce qu'on 
lui difoit. 11 demandoit à manger de 
la manière la plus engageante , en éten- 



dant fês ailes Se faifant un éventail de 
fa queue , comme s'il eut voulu mar- 
quer fa reconnoiifance à fon bienfai- 
teur, à qui il difoit une petite chan- 
fon , quand il en avoit obtenu quel- 
que friandife. Le même Auteur a 
fait graver un autre Perroquet, aimable 
par la douceur de fa voix , 8c plus en- 
core par fon fuperbe plumage. Une 
moitié de la tête 8c du col jettoît uni 
éclat d'un très-beau rouge ; fon bec 
étoit jaune 8c roux , fes yeux étoient 
blancs, argentés & pleins de feu; le 
derrière de la tête , la poitrine & le 
ventre , tirant fur un jaune verdâtre. 
Il portoit autour du col un collier d'un 
bleu célefte. Son dos 8c fes ailes étoient 
d'un verd fombre , entremêlés de plu- 
mes azurées , qui en faifoient l'agré- 
ment. Le bout de fa queue étoit ma- 
gnifiquement nuancé d'un mélange de 
cinq couleurs , bleu, jaune , rouge , 
brun & verd foncé. Ses jambes fort 
courtes s'appuyoient fur des pieds allez 
longs. 

Sur la rivière des Amazones les eC- 
peces de Perroquets 8c d' Arras différent 
en grandeur, en couleur & en figure , 
8c font fans nombre. Les plus rares 
font ceux qui font entièrement jaunes, 
avec un peu de verd à l'extrémité 
des ailes. On ne connoît pas au Para 
l'efpece grife , qui a le bout des ailes 
de couleur de feu, 5c qui e il: fi com- 
mune en Guinée. 

Dans l'Me deTabago , on voit un 
gros Perroquet, dont la tête & l'efro- 
rnac font jaunes. Ce bel oifeau parle 
mieux , 8c apprend plus aifément que 
les autres. On dit que fa chair cft très- 
bonne à manger. 

Il y a pluiïeurs efpeces de Perro- 
quets dans l'Me de Cayenne. M. Bah- 
rere ( Hifi. Nut. de ia France Eauta. 
p, 144.) donne la notice de treize ef- 
peces. 

Il nomme la première Pfrttacur 
major albicaris , capite luteo , qui eii 
le Perroquet d'O R e N o c k , & le PJtp~ 
Uiçus Uucoceçhalos de Jonston. 



4 o5 P E R 

La féconde , Pfittacus major , dorfo 
flavefcente , porte le nom de Crik. à 
Cayenne. 

La troifieme , Pfittacus major luteus, 
caudâ vircfccnte. 

La quatrième , Pfittacus major , vul- 
garis , prafinus. C'eft le Pfittacus vi- 
ridis , de Jonston; la feptima fpe- 
cies Pfittaci de Marc Grave-, 
nommée à Cayenne Tauha. On y man- 
ge prefque tous les jours de cette ef- 
pece de Perroquet , préférablement aux 
autres. 

La cinquième , Pfittacus major , ver- 
tice & atis amethyftinis. 

La fixieme , Pfittacus major viola- 
cens- , nommée à Cayenne Kiankia. 

La feptieme , Pfittacus major , vi- 
ridis , alaritm coflà fupernè rubente , 
nommée en François Perroquet des 
Amazones. Il a un beau plumage d'un 
verd éblouiflant : les Indiens en font 
de belles ceintures , ou des tours de 
plumes , dont ils ceignent leurs têtes 
aux jours de réjouiffance. 

La huitième , Pfittaeus maximus : 
c'eft Y Arras rouge Se le Connoro de 
Marc Grave. 

La neuvième , le F/îttacus maximus, 
.qui eft VArarunas du Bréhl , le Ka- 
raraoua de Cayenne , nommé en Fran- 
çois Arras bleu. 

La dixième , Pfittacus minor tba- 
lajjinus ; c'eft une Perrichc bleue. 

L'onzième , Pfittacus minor , pro- 
lixâ caudâ , maculis flammeis confper- 
fus ; c'eft le Maracana du Bréfil , 
forte de Perroquet pajfager , qui a les 
plumes vertes, mais d'un très-joli verd, 
mêlées de petites taches rouges cou- 
leur de feu : la queue eft longue. 
M. Barrere nomme cette efpece , 
Péniche- Arras. 

La douzième , Pfittacus minor ,ver- 
tice maculato , en François Péniche 
des Amax,ones. 

La treizième , Pfittacus minor vul- 
sraris ; c'eft l' Anacha du Bréfil, en 
François Péniche commune. 

Enfin chaque Ifle , Se chaque Cou- 



P E R 

trée de la Terre -Ferme produit fes 
Perroquets , que l'on diftîngue par le 
plumage. Tous ces oïfeaux vivent très- 
long-temps , quoiqu'ils foîenr fujets à 
un mal qui leur fait fouffrir les mêmes 
accidens que le mal caduc fait reflTentir 
aux hommes. Ils fe nourriffent tous de 
fruits Se de graines , Se leur chair con- 
tracte l'odeur du fruit ou des graines 
dont ils fe nourriffent; ils deviennent 
extrêmement gras dans les faifons que 
les Gayaves font mûres. Ces oifeaux ne 
pondent jamais que deux œufs , quf le 
mâle Se la femelle couvent alternati- 
vement. Ces œufs font à-peu- près de 
la groiTeur de ceux des Pigeons : lis 
font picotés Se marquetés de différais 
points comme font les œufs des Per- 
drix. Les Perroquets choififîent des 
trous dans les arbres pour faire leurs 
nids ; pour peu qu'un trou de bran- 
che rompue foit commencé , ils l'ont 
bientôt agrandi avec leur bec. C'eft- 
là que fans autre matière , que quel- 
ques-unes de leurs plumes, ils pon- 
dent leurs œufs , les couvent , Se élè- 
vent leurs petits , dit le P. Labat. 

Selon d'autres Voyageurs , les Per- 
roquets font leurs nids dans de certains 
trous d'arbres , où l'oifeau nommé 
Charpentier a fait fon nid l'année pré- 
cédente. Les petits ne font jamais mouil- 
lés dans ces trous. Ils les font en nom- 
bre impair , trois , cinq ou fept. Quand 
on les veut élever , il faut les dénicher 
pendant qu'ils font jeunes. On ne fau- 
roit les avoir qu'en coupant l'arbre par 
le pied , cet arbre j tant fort droit & fi 
haut qu'on n'y peut pas monter ; aïnfi 
l'arbre les tue quelquefois en tombant , 
Se de deux ou trois nichées on en fauve 
peu. 

Les Perroquets de la Louifîanc fe ref- 
fentent de la beauté du climat , fui- 
vant le rapport qu'en fait M. le Page 
du Pratz : ils ne font pas tout-à- 
fait fi gros que ceux qu'on apporte 
communément en France , Se qui ont 
le tour de la tête blanc. Cet Auteur 
ajoute que le plumage de ces oifoaux 



P E R 

en général eft d'un très-beau verd cé- 
ladon. Leur tête eft coëffée d'un plu- 
mage du plus bel aurore ; il tire fur 
le rouge vers le bec , Se l'aurore du 
corps fe perd par nuances impercep- 
tibles dans le verd céladon. Outre leur 
beauté , ils ne font pas incommodes 
parleurs cris dans une chambre ; on ne 
leur apprend que très-difficilement à 
parler, 8c quand ils le favent , ils par- 
lentpeu. 

Il y a un oifeau dans le Groenland , 
que les Marins , dit M. Anderson 
( Hifl. Nat. de Groenl. p. 55. ) , nom- 
ment Perroquet , Se qui n'a aucune ref- 
femblance avec le Perroquet des bides , 
fi non par le bec. 11 conftruit fon nid 
avec la même précaution que les Mal- 
lemnck.es , efpeces de Lares , ou de 
Mouettes. 

Enfin pour finir nos recherches fur 
les différentes e/peces de Perroquets 
d'Afie , d'Afrique Se d'Amérique , il 
nous refte à dire que l'Allemagne, ou 
plutôt la Bohême, fournit un oifeau 
qu'on nomme en Allemagne Perroquet- 
de Bohême. Il eft , dit le DiEliormaire 
de Trévoux , coloré de verd , de jaune , 
Se de couleur de rofe , fur un champ 
cendré. 

Il eft parlé dans le même Ouvrage 
d'un autre oifeau qui approche de l'ef- 
pece des Perroquets. Au rapport de 
quelques Auteurs , il fut pris en Ef- 
pagne , dans un certain lieu nommé 
Viada^ola : il étoit de la grandeur 
d'un Pinçon ; il avoit le bec noir Se 
aigu ; la tête Se le col de couleur ver- 
te ; le fommet de la tête comme le 
Geai de Bohême , Se une crête. Ses 
ailes étoient bleues 8e noirâtres à leurs 
extrémités. Le croupion étoit de cou- 
leur de rouille , principalement à l'ex- 
trémité , ainfi qucle bas du ventre. Ses 
cuilfes étoient blanches , fes pieds noirs, 
munis de quatre doigts , divifés com- 
me ceux des Perroquets. Son bec cro- 
chu , la diverfiré de fes couleurs , la 
manière 8c la figure de fes pieds 8c fes 
autres qualités ne font pas douter que 



P E R 407 

ce ne foit un Perroquet Se de la petite 
efpece. 

PERROQUET DE MER: 
C'eft ainfi , dit le Pere Labat, qu'on 
appelle de certains poiflons , aiïez fem- 
blables à nos Carpes , qui dans nos 
Ides de l'Amérique n'ont pour l'ordi- 
naire que douze à quinze pouces de 
longueur , mais qui en ont bien davan- 
tage aux Ifles Daves. La peau Se les: 
écailles de ce poiflbn font d'un verd 
foncé fur le dos , qui s'éclaircit à me- 
fure qu'il approche du ventre. Il a deux 
empanures fur le dos , Se quatre à fes 
côtés qui , auflî-bien que fa queue » 
font colorés de bleu, de jaune 8e de 
rouge , d'une manière fi délicate , 
que le meilleur Peintre auroit de la 
peine à les imiter. Cette belle peau 
couvre une chair qui eft encore meil- 
leure. Elle eft blanche , grafie , ferme , 
pleine d'un fuc nourrilfant Se de facile 
dîgeftion, 

R u ï s c h ( Coîlecl. Pifc. Amb. 
p. 11.) donne auffi le nom de Perroquet 
à beaucoup de poiflons des Indes. Le 
Pere du Tertre (T. IV. c. 1. $.17.) 

Se LONVILLIERS DE PoiNCï ( Hifl. 

des Ant. c. 16. art. 2. ) difent aufG 
qu'il y a des Perroquets de mer aux An- 
tilles. Ce font les mêmes dont j'ai parlé 
d'après le Pere Labat. 

U y a un poiflbn dans l'Ille de Taba- 
go r auquel on a donné le nom de Per- 
roquet. Ses écailles rendent un beau 
brillant verd-jaune.il reflemble beau- 
coup au Perroquet par la tête. Il eft d 'un 
goût admirable , qui eft a-peu-pres 
comme celui de la Dorade , dont les 
écailles reluifent comme de l'or. Il eft 
de la taille du Maquereau. 

PERROQUET D'EAU, ou 
MONOCULE, en Latin Moriocu- 
Ims , félon M. Linnius ( Fauua 
Suec. p- 344. n. 1181. 1182. 1183, 
1184. 1185.) infecte aquatique, qui 
n'a point d'ailes, dont ce Naturalilte 
donne cinq efpeces différentes. 11 nom- 
me la premïcreAlonoculus caudâ bij'eiliu 
C'eft ÏApus de F a 1 s c h , Germ. 10. 



'4oS 



P E R 



p. i . t. i . La féconde efpece fe trouve 
dans les étangs. Ce font de petits Vers 
rouges , qui donnent une couleur de 
fang à l'eau , ce qui fait croire au 
peuple que l'eau eft changée en fang. 
Cet înièéte eft nommé Monoculus ctu- 
ttnnis dichotomis -, caudâ inflexâ. Swam- 
merdam (Quart, p. 66. t. i.) en parle 
fous le nom de Pulex aquatictis arbo- 
rais. La troiueme efpece eft nommée 
Monoculus antennis dichotomis , cauda 
reflexâ. La quatrième eft nommée Mo- 
noculus antennis quaternis , caudâ relia 
bifidâ i Se la cinquième Monoculus an- 
tennis cnpillaceis multiplicibus , tefta 
bivalvi. Cette dernière efpece qui fe 
■ trouve dans les viviers Se dans les ma- 
rais , a , dit M. L i k n m u s , une co- 
quille bivalve , un peu plus groffe 
qu'une femence de Chou , ovale , 
oblongue , égale de chaque côté , bof- 
fue par devant , un peu émoufTée , 
femblable en touf à une coquille. Mais 
•dans les Coquilles l'ouverture eft par 
les côtés , Se à celle-ci , quand elle eft 
bors de l'eau , on la prendroit pour la 
femence de quelque plante; mais elle 
s'ouvre dans l'eau & paroît une Co- 
quille. Cette efpece de Perroquet d'eau 
nage avec vîtelfe , comme les autres 
efpeces. Sa coquille eft cendrée. Quand 
elle s'ouvre , l'infecte fait fortir par 
une des extrémités beaucoup de petits 
filets , égaux en longueur Se blancs. 
En remuant ces filets il eft porté fur 
l'eau , Se il ne s'arrête point que fa co- 
quille n'ait trouvé quelque chofe de 
terreftre. Il s'y arrête avec les autres 
de fon efpece , Se il y refte. Quand il 
■fe repofe , fa coquille eft entièrement 
fermée. Telle eft l'hiftoire de cette cin- 
quième efpece de Perroquet d'eau , ainiî 
que la donne M. Linn/eus. 

P ERS EGA & PERSE GO, 
nom que les Italiens donnent à la Per- 
che de mer Se de rivière. Voyez PER- 
CHE. 

P E R S E U S , poiffon particulier 
à la mer Rouge , félon Rondelet , 
lÂv. XIV. chap. io. Edh-. Franc, Se 



P E R 

Gesner , de Aquat. p. 826. Ë r, 1 en 
en parle , L. IlL c. 28. 11 eft de la 
grandeur d'une Anthîe , & femblable 
au Loup marin. Ce poilfon a le mu- 
feau un peu courbe ; des traits doréâ 
depuis la tête juiqu'au ventre font le 
tour de fon corps ; fa bouche eft ar- 
mée de grandes dents. 11 iurpafle tous 
les autres poiffons par fa force & fà 
hardieffe. C'eitce que nous en apprend 
Rondelet», d'après Eli en. 

PERTURBATEUR DES 
POULES, en Anglois Uenharrier. 
C'eft le nom , dit Albin ( Tome II. )» 
que les Anglois donnnent au mâle de 
l'Aigle à queue blanche. Ce mâle , dit 
le même Auteur ( Tome III. ». 3 J , a 
vingt-deux pouces de longueur , de- 
puis la pointe du bec jufqu'à l'ex- 
trémité de la queue , & quarante-trois 
pouces de largeur les ailes étendues. 
Les jambes ont chacune cinq pouces 
de longueur , ( qui eft plus que n'en 
ont d'autres Éperviers. La mâchoire 
fupérieure eft couverte d'une peau 
jaune j qui s'étend depuis la racine du 
bec jufqu'au-delà des narines : le refte 
du bec eft noir , crochu Se élevé. La 
mâchoire inférieure eft droite. L'œil a 
la prunelle noire , Se l'iris jaune : au- 
tour des yeux , il y a plufieurs plu- 
mes blanches. Le fommet de la tête & 
le dos font d'un gris de fer fombre : 
autour du col il y a un cercle de plu- 
mes jaunes. Les plumes des ailes font 
d'un brun fombre Se rougeâtre ; tous 
les bords extérieurs des plumes font 
blancs. Les plumes de la poitrine Se 
du ventre font d'un jaune rougeâtre : 
le deifous du ventre Se des cuiffes eft 
d'un jaune plus adouci. Le plumage 
du croupion eft blanc , Se marqueté de 
deux taches fingulieres de jaune , en 
forme de rhombe Se de lofange. La 
queue a dix pouces de longueur, Se 
elle confifte en douze plumes de la 
même couleur que celles de la poi- 
trine , excepté les deux du milieu , qui 
font d'un gris de fer fombre , Se tra- 
yerfées de quinze raies brunes arran- 
gées 



PET 

gées à dîftances égales. Les jambes 5c 
les pieds font jaunes, Se les ferres noi- 
res. Cet oifèau eft une efpece d'Eper- 
vïer , à qui ïl a plu aux Anglois de 
donner le nom de Perturbateur des 
Poules , pareequ'il en fait fa proie. Je 
ne fais pas pourquoi Albin donne 
à fa femelle le nom d'aigle à queue 
blanche. Ils différent l'un de l'autre , 
tant en grandeur qu'en couleur. Les 
œufs de cet oîfeau font par-tout bi- 
garrés de rouge , Se de blanc difperfé 
ç.t Se là au-deffous de ce rouge. Ils fe 
nourriffent l'un & l'autre de toute forte 
de volaille. 

PET 

PETEUSE, en Latin Bubulca , 
poifTon dont parle B e l o n , fort 
approchant de V Alburmts d'AusONE , 
qui eft V Ablette , fi l'on en veut croire 
Gesner. Ce poilfon , comme le dit 
Ray (Synop.Meth.Pifc.p. nyn. 38.), 
fe trouve dans la Seine , mais on n'y 
en trouve pas beaucoup , du moins on 
n'en prend que rarement. Il reffemble- 
roit a (fez à la Brème & à la Cafta- 
gnole de mer, mais il eft plus petit. • 
Sa figure eft plate & large, iuifant 
comme de l'argent. Sa forme eft 
plus ronde que longue. Il a trois 
doigts de long , Se un doigt & demi de 
large. Il eft couvert de grandes Se lar- 
ges écailles. Il a , comme la Carpe , 
dans le palaîs une partie charnue. Ce 
poifTon eft mis dans le rang de ceux 
qui ont les nageoires molles , Pïfces 
malacopterygïi. Artedi (Ichth. Part. 
V. p. 14. ». 33.) le nomme Cyprimts 
triuncialis, corpore lato orbiculari,Jqua- 
mis magnis. W illugh Bif en parle , 

PETIMBUABA, poifTon du 
rBréfîl, dont parlent Ruïsch , de Pifi. 
p. 139. Se R a y , Synop. Meth. Fifc. 
p. 110. n. 8. Ce dernier dit que c'eft 
l'Aiguille au bec gros , ofTeux , & fait 
en angle .deWiLLUGHBY. Les An- 
glois le nomment Tobaccopipe-Fisk. Il 
Sa long de trois ou quatre pieds. Sa 
Tome III. 



PET 409 

bouche eft pointue. Ce poîuon a la 
mâchoire fupérieure plus courte que 
1 inférieure ; toutes les deux font un 
peu pointues , Se garnies de petites 
dents. La mâchoire inférieure a à pei- 
ne deux doigts de long ; l'ouverture 
de la bouche eft très-petite. La mâ- 
choire fupérieure eft offeufe , ftriée & 
faite en angle, La tête de ce poifTon a 
un pied de long , c'eft-à-dire la troi- 
fieme partie de toute fa longueur ; 
elle a cinq doigts de grofleur après les 
yeux , enfui te elle diminue peu-à-peu, 
& proche de la bouche elle n'en a 
que trois. Ses yeux font de la groffeur 
& prefque de la figure d'une Moi- 
fette ; l'iris eft argentée , Se marquée 
de vermillon à la partie antérieure Se 
poftérieure. Proche de l'anus il a deux 
nageoires , Se deux autres fur le dos 
qui y répondent , ce qui eft particulier 
à ce poilfon. Il a la peau comme celle 
de l'Anguille. Il eft furie dos Seaux 
côtés de couleur de foie : fur la tête 
il a deux taches bleues , au dos trois , 
aux côtés une , Se fon ventre eft tout 
blanc. 

PETLACOALT: C'eft un 
très-beau Serpent du Mexique , dont 
le front eft couvert de grandes Se lar- 
ges écailles , jaunes , rouffes , entre- 
coupées autour des fourcils d'autres 
écailles, Le deffus de fon corps ne 
reffemble pas mal à ces toiles pein- 
tes à carreaux , qu'on emploie d'ordi- 
naire pour des couvertures de lit. 11 
étale , dit S e b a , un magnifique par- 
quet d'écaillés jauniffantes , relevées 
par une broderie de couleur d'or : fes 
écailles du ventre font cendrées , jau- 
nes , teintes d'un peu de rouge clair. 
The/'. IL Tab. 63 . n i. 

PETOLA: Seba ( Thef.L p. 89. 
Tab. 54- fig- 4. ) donne ce nom à un 
Serpent de l'Amérique. M. Linn^us 
{Amœnit. Amph. Gyllcnb.p. 119.». 8. ) 
lui donne le nom de Couleuvre , en 
Latin Côluber. Cet animal a environ 
deux pieds de long ; il eft gros , par 
le milieu , comme le canon d'un fufil, 

Ff f 



4 io PET 

& proche de la tête il eft de la grof- 
feur du doigt. Sa queue eft ronde , Se 
couverte d'écaillés non carinées , au 
nombre de quatre-vingt-cinq , qui font 
toutes égales. 

L'Afrique , la Guinée Se les deux 
Indes, fourniflent de ces efpeces de 
Couleuvres , qui font différentes tant 
par la forme que par la couleur. 

Seba ( Thef I. Taè, 54- » 4 ) P ar " 
le d'une Couleuvre d'Afrique , dont il 
donne la figure, nommée Petola. Elle eft 
couverte d'écaillés rhomboïdes d'un 
brun foncé. Des anneaux qui font d'un 
cendré jaune entourent le col & la 
queue , Se le refte du corps eft tacheté 
de taches larges : elle a la tête petite 
Se la queue pointue. 

PETONCLE : J'ai parlé au 
mot PEIGNE de ce Coquillage 
bivalve , nommé auûî Sourdon. Des 
Auteurs, comme Bex.on entr'autres, 
donnent le nom de Pétoncle à un Co- 
quillage fort différent du Peigne , tant 
par l'animal que par la charnière , Se 
par la forme renflée de fa coquille. 

M. Adanson qui , dans fon Hif- 
toïre des Coquillages du Sénégal , fait du 
Pétoncle un genre de Coquillage bi- 
valve , en a obfervé dix efpeces diffé- 
rentes , auxquelles il a donné les noms 
de Mofat , Kaman , Jagon , Movin , 
Fa'gan , Robet , Anadara , Jabet , M af- 
fole Se Vovan. Voyez ces mots. 

PETREL DES AN GL OI S: 
A l b 1 N ( Tome IIP ». 92. ) , qui parle 
de cet oifeau, dit qu'il a le bec noir, 
& qu'il eft de la longueur d'un pouce. 
Il ajoute que fes narines font placées 
dans une enflure au milieu de la mâ- 
choire fupérieure , ce qu'il n'a jamais 
remarqué dans aucun autre oifeau. Ses 
ailes étendues occupent un efpace de 
douze pouces , Se la longueur du corps 
n'eft que de fix pouces. Le fommet de 
la tète & le dos font d'une couleur 
très-fombre , & prefque noire. Il a fur 
îe croupion une grande tache de blanc. 
Le ventre & te s ailes font d'une cou- 
leur plus claire. Les ailes font plus 



PET 

longues que la queue de plus d'un 
pouce. Cette dernière ( c'eft la quetie) 
confifte en douze plumes brunes, cha- 
cune de la longueur d'un pouce 8c 
demi. Les jambes ont chacune plus 
d'un pouce &c demi de longueur. 11 a 
les pieds plats , 'Se ils font , auffi-bien 
que les jambes , d'un brun foncé. Lorf- 
que ces oifeaux approchent d'un Na- 
vire en mer, ils préd.v'cnt , dit -on, 
la tempête , & ils fe tiennent derrière 
le gouvernail du vaiffeau, où ils retient 
à l'abri jufquM ce que la tempête foit 
paflée. Quelquefois ils volent & quel- 
quefois ils courent fur les flots avec 
une vîteffe incroyable , d'où on leur a 
donné le nom de Pétrel, parcequ'ils 
rcifemblenten cela à Saint Pierre qui 
marchoit fur les eaux. 

Wl LIVGHB1 donne le nom de 
Storm-Fink à un oifeau , qu'il dépeint 
à-peu-près de la même manière , mris 
dont les couleurs font très-différentes. 
Voyez le Supplément de l'Ouvrage de 
cet Auteur, p. 3 y 5. 

Dampierre, dans fes Voyages 
( Tome IIP p. 97O , parle auffi de cet oi- 
feau fous le même nom de Pétrel, Il eft 
nommé Procellaria dans les Actes de 
Stockplm. 

M. Kle 1 N(Ord.Av.p. 148.} met 
le Pétrel dans la feptieme famille des 
oifeaux qui font palmipèdes, Se n'ont 
que trois doigts aux pieds, Tridallyli, 
palmipèdes , digito nullo pof.ico. Il le 
nomme Plautas minimus procellarius i 
c'eft le Pinçon de mer , ou de tempête 
du Pere Feuili.ée , en Latin Parus 
minimus naribur tubulatis , Se VOifcati 
de tempête de quelques Naturaliftes. 

P E T R O M I S O N , nom géné- 
rique qu'A R T e D 1 donne aux diffé- 
rentes efpeces de Lamproies. Ce mot 
vient de 1 ii tp<k > lapis , Se de vvÇit» , ou 
fj.uÇâw , /kg» t qui veut dire fucer > 
pareeque les Lamproies en fuçant s'at- 
tachent aux pierres , qt'i font dans les 
fkuves Se dans la mer. Voyez LAM- 
PROIE. 

P E T R O N I A : On donne , dîi 



PET P E V 

Ray (Synop. Mctb. Av. p. 92. n. 10.) , 
à Boulogne en Italie le nom de Pe- 
tronia marina à un petit oifeau à gros 
bec , qui eft du même genre que 
{'(Enanthe , dont parle Aldrovande 
(Onrith. L. XV II. c. 38. ) , qui ejr. le 
Cul blanc , ou le Vitrée de B e L o n. 
Il eft distingué de tous les autres pe- 
tits oilèaux de ce genre : i°. en ce 
qu'il a au milieu du gofier une très- 
belle tache jaune : 2 0 . la pointe des 
bords intérieurs de chaque plume de 
la queue cil marquée d'une tache blan- 
che & ronde; ces plumes font noi- 
res , & les extrémités des bords font 
vertes : 3 0 . fbn bec eft plus grand , Se 
plus verd que celui de l'Ortolan & 
égal à celui du Verdier ; c'eft ainfi 
que Ray parle de cet oifeau. 

PETZCOALT, Serpent du 
Mexique , qui a le défais du corps 1 
jaune , mêlé d'un peu de rouge, cou- 
vert de grandes écailles taillées en 
lofanges , glabres , liflês , gaffantes au 
toucher. Les écailles tranfverfales du 
ventre font mélangées de roux Se de 
jaune. Sa tête eft défendue par d'am- 
ples Se fortes écailles relevées en boffe. 
Ses yeux font beaux Se très-grands. Il 
a plus de quatre pieds & demi de lon- 
gueur , Se une groffeur proportion- 
née. Ces fortes de Serpens fe tiennent 
cachés dans des creux d'arbres, d'où 
ils épient leur proie & fondent deffus , 
quand elle fe préfente. Ce n'eft point 
même une chofe rare qu'il y ait deux 
ou trois de ces Serpens, qui vifent au 
même butin, chacun n'étant occupé que 
du foin inquiet de pourvoir à fa. fub- 
fiftance , dit Seba , Tbef. IL lab. 84. 
s, 2. 

P E V 

PE VA, animal étranger, qui eft 
de la grandeur d'un petit Chien , dit 

NlEREMBERG, Hifl. E.XOt. L. IX. 

'•76". Quand il apperçoit un Tigre, 
îl fuit fes traces, Se abboye continuel- 
lement , afin que les hommes Se les 
bêtes l'entendant s'en donnent de gar- 



de ; ce qui fait , ajoute Nurem- 
berg, qu'on a vu fouvent des Ti- 
gres , faute de butin , expirer dans les 
champs. Ru ï S C H (de Quad. p. 1 50. ) 
rapporte la même chofe ; mais on ne 
peut gueres compter fur le récit de ces 
deux Auteurs. 

P H A 

P H A G R E , poiffon de mer & 
de rivière. C'eft le même cjue le Pa- 
gre. Voyez ce mot. 

PHAIS AN, oifeau. Voyez FAI- 
SAN. 

P HA LACROCÉPHALE, 

en Latin Pkalacrocephaltu s en Anglois 
Kael-Kop. C'eft un poiiTbn des Indes, 
dit N 1 e u H o F F , ainfi nommé parce- 
qu'il a la tête 8c le col unis Se fans 
écailles. Sa couleur eft blanche. 11 a 
l'ouverture du mufeau grande , mar- 
quée de taches rouges , Se les yeux 
grands fortant de la tête. Sa longueur 
va jufqu'à deux pieds. Il pafleTpour 
un des meilleurs poiffons des Indes. Sa 
chair eft excellente Se d'un bon goût. 
On en prend dans les eaux falées , com- 
me dans les eaux douces , dit R a y ., 
Synop. Met h. Pifc. p. 149. ». 1. 

PHALANGE, forte d'Arai- 
gnée , dont A e T 1 us rapporte 
fix différentes efpeces. Il appelle la 
première P avion , qui veut dire pzpin 
de raifin , parcequ'elle en a la figure ; 
elle eft noire Se ronde : elle a la bou- 
che au milieu du ventre , Se de petits 
pieds autour. La féconde eft appellée 
Loup, parcequ'elle chafle aux Mou- 
ches Se s'en nourrit ; elle a le corps 
large Se facile à le remuer : elle a de 
certaines incifions vers le col, Se la bou- 
che relevée en trois endroits. La troi- 
fieme eft appellée Fourmiliiere , parce- 
qu'elle reflemble beaucoup à une gran- 
de Fourmi ; elle eft de couleur fuli- 
gineufe , Se a le corps marqueté de 
petites étoiles , fur-tout vers le dos. 
La quatrième, appellée Cronocolaple , 
a fon aiguillon auprès du col ; elle eft 
verte Se longuette , Se ne cherche qu'à 
Ff f ij 



4î4 P H A 

piquer vers la tête quand elle attaque 
quelque animal. La cinquième eft nom- 
mée Sclerocéphale , parcequ'elle a fa 
tête dure comme une pierre : celle-là 
eft rayée de même que les Papillons 
qui volent la nuit autour de la lumiè- 
re. La fixieme , qu'on appelle Vermi- 
culaire , eft longuette , Se un peu ta- 
chée vers la tête. Voyez TAREN- 
TULE. 

ïly a, dît Lonvilliers DE 
Poincï ( Hifi. Nat. des Antilles , 
c. 14. art. 3.), dans les Antilles une- 
forte de groftes Araignées , que quel- 
ques-uns , à caufe de leur figure monf- 
trueufe , mettent au rang des Phalan- 
ges. Leurs pattes étant étendues , elles 
ont plus de tour que la paume de la 
main n'a de largeur. Elles ont toutes 
un trou fur le dos , qui eft comme leur 
nombril , Se tout le corps eft compofé 
Je deux parties, l'une plate & l'autre 
ronde , qui aboutit en pointe, comme 
un œuf de Pigeon. Leur gueule eft 
prefque toute cachée fous un poil d'un 
gris blanc , entremêlé quelquefois de 
rouge ; ce qui fait qu'on a de la peine 
à la difeerner. Elle eft armée de part 
Se d'autre de deux crochets fort poin- 
tus , qui font d'une matière folide Se 
tPun noir extrêmement poli Se luifant. 
Ils ont la vertu de préferver de douleur 
& de corruption les parties qui en font 
frottées , Se c'eftpour cela que les cu- 
rieux les font enchâfler en or & s'en 
fervent au lieu de cure- dent. Quand 
ces Phalanges font devenues vieilles, 
elles font couvertes par-tout d'un du- 
vet noirâtre , auflî doux & auifi preiïe 
que du velours. Leur corps eft fuppor- 
té par dix pieds velus par les côtés Se 
hérifies. en deftous de petites pointes ,. 
dont elles fe fervent, pour s'accrocher 
plus facilement par-tout où elles veu- 
lent grimper. Tous ces pieds fortent 
de la partie de devant, ayant quatre 
jointures chacun. Ils font munis par le 
bout d'une corne noire Se dure , qui' 
eft divifée en deux , comme une petite 
fourche. Leurs yeux font fi petits Se 



P H A 

fi enfoncés , qu'ils ne paroifTent que 
comme deux petits points. Elles fa 
nourri Ifent de Mouches : il y en a qui 
filent des toiles fi fortes , que les petits 
oifeaux qui s'y embarraflent ne s'en 
peuvent développer qu'avec peine. 

On appelle auÛTi Phalanges dans les 
mêmes Ifles une efpece de grolTes Mou- 
ches , dont quelques-unes ont deux 
trompes , pareilles à celles de l'Élé- 
phant , l'une recourbée en haut Se l'au- 
tre en bas. Quelques autres ont trois 
cornes , dont l'une naît du dos Se les 
autres de la tête, Le refte du corps , 
ainfi que ces cornes , eft noir Se luifant 
comme du Jayet. Il y en a qui ont une 
corne longue de quatre pouces , de la 
façon d'un bec de BécalTe , lilfée par 
delfus Se couverte d'un poil follet par 
deffous : cette corne leur fort du dos 
& s'avance fur la tête , au haut de la- 
quelle eftencore une autre corne, fem- 
blable à celle du Cerf volant, qui eft 
noire comme de l'Ebene Se claire com- 
me du verre, Tout le corps eft de cou- 
leur de feuilles mortes , poli Se damafTé, 
Ces grolfes Mouches Phalanges ont 
la tête Se le mufeau comme un Singe, 
deux gros yeux jaunes Sefolides, une 
gueule fendue Se des dents comme une 
petite feie. 

PHALARIS, nom que les 
Anciens ont donné à un oifeau ,. que 
Belon f de la Nat. des Gif. L. III. 
c. 16. p. 171.) foupçonne être celui 
qu'il nomme Fiette. Voyez au mot 
PIETTE. 

PHALENE: Les Naturelles » 
comme je l'ai dit au mot PAPILLON, 
ont donné ce nom à tous ceux qui ne. 
volent que fur le foîr Se pendant la 
nuit à la clarté d'une lumière. On les 
nomme aufiî Papillons nvttitrties , pour 
les distinguer des Papillons diurnes } 
c'eft-à-dire de ceux qui volent pen- 
dant le jour. Le nombre des Phalènes 
eft erand. M. Linn^us ( Fauna S'uec, 
p. 248. n. 809. &J'iiv. ) donne la no- 
tice de plufieurs e.'peces de ces Papil- 
lons nocturnes. H glace dans la premieî9 



P H A 

les Phalènes qui ont des antennes prlf- 
matiques, antennis prifmatkis, De ce 
nombre fonde Sphinx de M. de Réau- 
jiur ; le Porcelet de Mouefet, de 
Goedard Se des autres ; un que 
Pline nomme Cojfus , qui Te nourrit 
de bois de Saule Se non de feuilles ; le 
Phalène qu'on trouve dans les bois Se 
dans les jardins , qui eft de la figure 
d'une Abeille , Se qui a l'abdomen de 
couleur d'or ; le Léo-pard des bois > 
Leopardus fylveflris ; le Peureux , ou le 
Craintif , Me-liculofa , qui fe trouve 
dans les plantes , comme l'Ortie , la 
Mercuriale , ou autre. Vovez au mot 
CRAINTIF. Ces Phalènes à 
antennes prifmatiqitts font au nombre 
de fix. 

Dans la féconde ce font les Phalènes 
à antennes dentelées , Se qui n'ont point 
de langue , amenais petiinatis , linguâ 
wtllâ. Il en donne vingt à vingt -une 
efpeces : tels font le Phalène que 
M o u F F e T nomme V'mula t couleur 
de vin; Y Ours, le Neufirien , le Ver 
à foie , en Latin Bombyx , que les Sué- 
dois nomment Silke/makc » Sec. 

Dans la troifieme font les Pluilenes 
à antennes dentelées , Se qui ont la lan- 
gue faite enfpirale , antennis petiinatis, 
linguâ fpirali. L'Auteur en donne de 
quatre efpeces. 

Dans la quatrième font les Phalènes 
à ailes plates , Se dont les antennes 
font dentelées en forme de corne , an- 
tennis petlinicornibus, atis plants fedtntes. 
Us font au nombre de quatre Se ii y en 
a à qui M. LiNNtfUS donne le nom 
de la lettre double 

Dans la cinquième font les Phalènes 
a antennes très-amples , qui ont la lan- 
gue faite en fpirale , les ailes plates 
& étendues , antennis JîmpliciJJimis , 
linguâ j\ir ait , alis plants jedentes pa- 
tenttbus. L'Auteur en donne vingt- 
deux efpeces , du nombre defquels eft 
¥ Omicron- Y p filon. 

Dans la fixieme efpece font les Pha- 
lènes à ailes très /impies , qui ont la 
la langue faite enfpirale Se n'ont point 



P H A 415 

d'aîles plates , ni d'élévation fur le 
front, alis fimplicijjïmis , linguâ fpira- 
li T nec alis planis fedentes , nec fonte 
prominulâ. Il y en a dîx-fept , du nom- 
bre defquels font le Gamma doré , nom- 
mé Lambda par d'autres , Se le Pfi. 

Dans la feptieme efpecefont les Pha- 
lènes à antennes très-j'irnples , qui ont 
la langue faite en fpirale Se une éléva- 
tion fur le front, antennis fimplicijfimis a 
linguâ fpirali , fronte prominulâ. M. 
LïNNJEUS en donne vingt-fix ou 
vingt-fept efpeces. 

Il y en a encore qui font à antennes 
très-fimples Se qui n'ont point de lan- 
gue, antennis fimplicijfimis , Se d'autres 
dont le favant Naturalise Suédois n'a 
pas encore examiné la langue, linruâ 
nondum examinatâ. 

Swammerdam a obiervé cent' 
quatre-vingt-treize efpeces de Pha- 
lènes , favoir treize des plus grandes , 
vingt-huit d'une moyenne grandeur, 
quatre-vingt-fix plus petites, Se foi - 
xante - fix de la plus petite efpece. 
Dans ce grand nombre de Phalènes il 
s J en trouve , dit -il, trente-cinq efpeces 
que Goedard a décrites chacune avec 
fa Chenille , Se dont il a donné la fi- 
gure au naturel. Parmi quinze ou feize 
Chryfalides , que confervoit Swam- 
merdam, il y en avoit de rafes , de 
hériftées de poils ; d'autres dépouillées 
de leur ancienne peau ; d'autres mar- 
quées de bandes colorées ; quelques- 
unes fans couleur Se ànud; quelques 
autres enfermées dans des coques, au 
travers.dcfquclles on voyoit paraître 
leur couleur , Se parmi les œufs que 
ce Naturaliste confervoit , il nous ap- 
prend qu'il y en avoit de couverts de 
poils ; d'autres entourés d'une efpece 
d'écume: enfin les uns étoient enve- 
loppés d'une manière , les autres d'une 
autre. Il marque encore qu'il gar- 
doit quelques coques Singulières Se 
très-jolies, les unes faites en manière 
de réfèaux , les autres en forme de 
membranes , dans lefquelles ces infec- 
tes favent s'enfermer avec une adreflsf 



fingulicre , lorfqu'ils font près de fe 
changer en Chryfalides , de forte 
qu'on a peine à comprendre comment 
ils peuvent fe tenir dans des priions an f 
fi étroites Se travailler un tiflù auffi fo- 
îide , étant gênés comme ils le font. . 

Parmi les différentes efpeccs de Pha- 
lènes , la plus grande de toutes cel- 
les qui fe trouvent dans la Hollande 
vient d'une Chenille très-pemicieufe , 
dont les poils font clair-femés & qui 
fe nourrit principalement de l'écorce 
&: du bois des Saules. M o u F r e t ap- 
pelle cecte Chenille , Spondyla nigra : 
c'eft le Cojjks de Pline & des Anciens. 
Son Fh.ilcne eft nommé par M. L i N- 
N B tf s ( Fauna Suec.p. 812.) Phalana 
fubulicornis , eliaguis , alis dcprejfis, nc- 
bulofis , abdomïae annulis albis. Mouf- 
FET dit que les grands Fhalenes tuent 
ceux de la petite cfpcce avec leurs 
ailîs, pour les manger. Swammerdam 
croit que ce fait eft avancé un peu lé- 
gèrement , puifqu'il eft certain que les 
Phalènes ont une trompe tubulée : 
d'ailleurs la plupart de ces infectes, 
dès qu'une fois ils font propres à l'acte 
de la génération , ne cherchent plus 
de nourriture , & oubliant entièrement 
leur ancienne rufe , ils ne s'occupent 
plus que du foin de perpétuer leur ef- 
pece. Il eft vrai que les uns y travail- 
lent plutôt , les autres plus tard , fuî- 
vant que leurs œufs acquièrent plus ou 
moins promptement leur maturité dans 
le temps qu'ils font encore dans l'état 
de Nymphe , Se même dans l'état de 
Chenille ou de Ver. 11 faut en excepter 
cependant les infectes qui ont l'inftinct 
de nourrir leurs petits & qui vivent 
plus long-temps, au-lieu que ceux 
qui n'ont pas cet înftinéT: , meurent 
aufh-tnt après avoir fatïsfait à l'cruvre 
de la propagation ; ainfi dans tout ce 
qui arrive à ces petits animaux , la 
Nature fembîe n'avoir eu en vue que 

* Cet oifeau eft nommé en Hébreu tikoî ; 
mais M. Jf.niT, que la mort nous a enlevé 
su mois ce Mai 1757. dit que ce mot & ce- 
lui dç Hhalc, ainli que le Hhtlo des Syria- 



P H A P H E 

la confervation des efpeces. Il y a une 
efpece de Phalène, que Jean Bauhin 
a décrite dans fon Traité des Animaux 
ailés nui fibles , imprimé en François en 
1593. Swammerdam a repréfenté 
ce Papillon avec fa Chenille Se la Chry- 
falide , & lui a donné le nom de Papil- 
lon au vol rapide , Pcrnix. Voyez U 
Planche XIII. fig. 6. 7. & 8. des Col- 
lections Académiques , Tome V. de la 
Partie étrangère , qui eft le Tome II. de 
PHifloire Naturelle jéparée. Les Tei- 
gnes font aulfi des elpeccs de Chenil- 
les , d'où proviennent des Papillons 
notlurnes. Voyez T E I G N ES. 

Les Phalènes ne font pas les feuls 
infectes qui volent pendant la nuit ; 
l'air eft encore rempli d'une infinité 
de Scarabées Se d'infectes aquatiques, 
des que le foleil eft couché. Si l'on 
porte une chandelle allumée dans la 
campagne pendant la nuit , on en pour- 
ra prendre quantité , qui feront attirés 
par la lumière. 

Au mot P A P I L L O N, j'ai donné, 
d'après M. deRéaumur, l'hiltoire 
des Papillons diurnes & des Papillons 
nocturnes , & au mot CHENILLE, 
une notice des Papillons qui provien- 
nent de chaque efpece de Chenilles. 
Pour les Chenilles Se les Papi Ions 
diurnes & nocturnes auxquels les Na- 
turalistes ont donné des noms particu- 
liers , ils fe trouvent à leur article, 
fuivant l'ordre alphabétique. 

P H A T T A G E, animal des Indes, 
dont parle Elien, Se qui pourroitêtre 
le Cordylc. Cet Ancien marque qu'il 
fe trouve dans les Indes , Se qu'il a la 
figure du Crocodile terreftre. Ruysch , 
de Qiiad, p. 140. 

P H E 

¥ PHENEDRIOPS, oifeau 
inconnu , dontparle Aristophane. 
*PHÉNIX,ouPHŒNIX*. 

ques, fîgnific du fable, & il n'eft nullement 
certain qwt dans Job, cap. tp. le mot h'hol 
veuille cirr Phjnix , quoique quelques-uns 
l'aient explique de la forte. 



PHI 

cîfeau réel , félon Hérodote, 
Aristo te & Pline. Postel, 
homme favant en Hébreu , en Arabe 
8c en Grec, dit que c'eft VApits que 
quelques HiLr.oriv.ns de l'Antiquité 
ont nommé lihyntaces. Claudien» 
Ovide Se Solin ont parlé de cet 
oifeau. Quoique Pline ( L. X. c. 10.) 
donne la description du Phénix d'Ara- 
bie, les Modernes le regardent com- 
me fabuleux. B E L o n (de la Nat. des 
Oifeaux , Liv. V. chu p. 35. p. 330. ) le 
fait plus grand qu'une Aigle. Selon 
cet Auteur , il a les plumes dorées au- 
tour du col , les autres font de couleur 
de pourpre ; la tête eft couverte de 
belles plumes qui forment une efpece 
de crête ; la queue eft blanche , mêlée 
de plumes incarnates ; les yeux font 
étincelans comme des étoiles. Les An- 
ciens ont dit qu'il vivoit cinq cents 
ans , & qu'au bout de ce temps , com- 
pofnnt un bâcher de rameaux odori- 
férans , il y mettait le feu parle bat- 
tement de fes ailes , Se qu'il ne s'y 
lailfoit coniumer que pour renaître de 
fts propres cendres , c'eft-à-dire que 
de les cendres fortoit un Ver qui deve- 
nait un nouveau Phénix. Voilà le mer- 
veilleux , ou plutôt «le fabuleux, que 
les Anciens ont ajouté à l'hiftoire de 
cet oifeau imaginaire qu'aucun Auteur 
n'a dit avoir vu. Les Chinois , qui ont 
leurs fables , comme les autres Peu- 
ples , en parlent comme d'un oifeau 
remarquable par la diverfité de fes cou- 
leurs. Ils diient qu'on le voit toujours 
feul Se rarement; Se quand on le voit, 
c'eft pour l'Empire un heureux pré- 
fage. Peut-être que les Chinois ont un 
oifeau , auquel ils donnent le nom de 
Phénix , Se qui n'eft pas le Phénix des 
Anciens. 

P H I 

PHILIN , nom que M.Adan- 
S 0 n ( Hift. des Coquillages du Séné- 
gal , p. 48. ) donne à une efpece de 
Coquillage univalve , qui fe voit au 
Sénégal , vers l'embouchure du N iger. 



H en donne la figure à la Planche III, 

71. Z. 

_ La coquille du Philin eft mince , 
dit-il , beaucoup moins épaiffe Se plus 
longue que celle de l'Yet, première 
efpece du même genre. Il en a vu dont 
la longueur étoit d'un pied Se davanta- 
ge Se furpalToitune fois la largeur. Son 
ouverture eft plus étroite Se moins 
évafée. Elle a deux fois plus de lon- 
gueur que de largeur. Son échancrure 
Supérieure Se l'inférieure font plus pro- 
fondes. Les variétés que l'âge produit 
dans fes coquilles , fui vent tout le 
contraire de ce que l'Auteur a dir avoir 
obiervé dans la première efpece. Les 
petites font à proportion plus courtes 
que les grandes , car leur longueur 
n'eft pas double de leur largeur. Elles 
n'ont que deux dents à la lèvre gau- 
che. Leur fom met eft arrondi Se élevé , 
quoique peu Saillant au-delà de l'ex- 
trémité de la coquille , Se l'intervalle 
qui Sépare les fpircs eft applati Se peu 
creufé. Dans les vieilles on voit trois 
ou quatre dents extrêmement grandes 
fur la lèvre gauche. L'intervalle des 
Spires eft creufé tort obliquement. La 
couleur des jeunes eft brune au dedans , 
Se c'eft couleur agathe claire au dehors. 
Les grandes font par-tout de couleur 
de chair. L'animal eft moins grand que 
celui de la première efpece. Son pied 
n'eft gueres plus long ni plus large que 
la coquille. Sa couleur eft blanchâtre. 
La chair de cette efpece de Philin 
n'eft d'aucun uSage. Les Maures Se fer- 
vent de fa coquille pour puifèr de 
l'eau. 

M. Adanso n range fous le nom de 
Philin deux efpeces de Concha natati- 
lis , dont parlent Colum n a t de 
Aqùat. p. 28. & 30. Se M. Klein, 
Tint. p. 8o._/p. 1 , », 1. Ce dernier nom- 
me la grande efpece de Concha nkta- 
tilis, ou du Nautiloides de Fabius Co- 
i.umna, (Jymbium itmbilicatum. 

La Cocblea Indiœ Orient a lis, ex In- 
fodis P hilippinis , trecenis libris ponde 
rms , de Bonanni, Rccr. p. 112, 



4i$ PHI 

claff. 3 , h. 2. & du Muf&um de KmKER , 
y, 449. ». 2. 

Le Buccinum Ferftcum , fubfufcum , 
maximum , ângufium , claviculâ ex- 
cavatâ , cwuf que marge admodkmacuta 
efi , ex FnfulisFhilippinis , de L 1 s t e r, 
Hift. Conchyl. Tab. 800. fig. 7. 

La Cocblealonga , pyrijormis > major , 
ï/itorta , cylindroïdea , umbonata , lavis , 
de L a n g h 1 u s , Me th. p. 2 1 . 

La Cochlea longa , pyriformis , intort a, 
cylindroïdea , flriata firiis aliquantUlkm 
un datif , umbonata , in bafi margine 
acuto donata , fubalbida , lineis & ma- 
culis rufis , rarïs undatim depitla , de 
Gualtieri, Ind. Tab. & pag. zp. 
lut. B. 

Et le Cymbium mammillare , pro tur- 
bine mammillam exerens , Pkïlippinum > 
feu ab Infidis Philippirdf, de M. Klein, 
Tenu p- 8o.Jp. z.'n. 1. 

PHILOMELE, oifeau admi- 
rable par fon chant, en Latin Fhilo- 
mela , Lufcinia & Lufciola. Voyez au 
mot ROSSIGNOL. 

PHILANDRE , ou PHI- 
LA N D E R , petit animal de l'A- 
mérique , dont plufîeurs efpeces. Il a 
■différens noms. II elï nommé Dpdelphe 
par les uns; Opajjum par les autres; 
Carigueia par d'autres ; Ferivoii Se 
Ctrigons par les Américains, ditSEa a; 
Maritacacii par P 1 s o n ; Tldqttatzin , 
Leriojarigoy , ou demi - Renard par 
Hernandez; Thcpdjfum par Ges- 
liEH. S e s a donne les dcfcriptîons 
d'un Fhilander mâle & femelle de 
l'Amérique , ainiî que les figures , 
Thef.I. Tab. 36. n. 1. & 2. de deux 
autres grands Fhilanders femelles des 
Indes Orientales, ibid. Tab. 38. n. 1. 
& Tab. 30. n. 1. On donne dans Pille 
de Tabago le nom à'OpaJfum à un 
animal , qui reflemble beaucoup pour 

* Cet arn'mr.1 eft nommé en Grec QÙk* , 
<3'où on ? fait le mot Latin Fhocas ; en Elpa- 
^noi, Lobo marîno ; en Italien , Vecchio ma- 
rina ; en Genevois Buo marîno, ou iiovema- 
rsno ; en Allemand Uttr-Wolff , ou Meer- 
ffttnd ; «1 Polonais , Mcrskùcicle ; en Sltét 
dois , Siaelt ; en Norwégeois , Kambe ; en 



P H O 

la forme à nos Blaireaux , Ilnort qu'il 
a les pattes droites, Cet animal a unj 
penchant naturel pour l'homme , l e 
fuit par- tout & paroît fe plaire à le 
regarder : auffi il n'eu: pas difficile de 
l'apprivoîfer. La femelle a un faux 
ventre pendant, & fes petits y entrent 
pour tetter. C'eft une efpece de Fhi~ 
lander. Voyez DIDELPHE, ov» 
j'ai parlé de ces différentes efpeces. 

P H O 

PHOCAS*; M. LinnjeuscJTj;/?. 
Nau Edit. 6. g. p. jp. 1. ) donne ce 
nom au Veau marin tic À la Vache ma- 
rine. Il place ces deux amphibies dans 
l'ordre des Fera, Il nomme le premier, 
F hoc a dentibus caninis teclis , Se l'au- 
tre Fhoca dentibus caninis exertis. M. 
Klein ( Dijp. Quad. p. 90. ) compo- 
fe la cinquième famille de fes Quadru- 
pèdes , de ceux qui font analopedcs , 
c'eit-à-dire qui ont les pieds irrégu- 
liers, favoir de la Loutre, du Cajior , 
du Rojmarus , qui eftla Vache marine, 
ou la Bête à la grande dent > du Fhocas , 
ou Veau marin , Se du Manati des Es- 
pagnols , qui ell le Latnentin des Mes 
de l'Amérique. Tous ces animaux font 
amphibies, M. B r i s s o n , p. 2 29. ne 
place dans le cinquième ordre de fes 
Quadrupèdes, que le Fhocas ou Veau 
marin , dont le caraclere eit, dit-il , 
d'avoir fix dents incîfives ù la mâchoire 
fupérieure , & quatre à l'inférieure ; à 
chaque pied cinq doigts onguiculés , 
joints enfemble par des membranes ; 
les pieds poftérieurs tournés en arrière. 
Cet animal habite plus la mer que la 
terre. 11 a quatre dents canines, fem- 
blables à celles des Chiens, favoir une 
de chaque côté à chaque mâchoire. Le 
nombre de fes dents molaires varie. 

Le Fhocas a depuis le bout du 

Groenlandois, Vufa ; en Dnnois , See-Hun:l ; 
en Hollandois , Zée - Hundt ; en Flamand , 
Scchond ; en Anglois Sta-Calf, ou Soih. On 
lui donne le nom de Chien marin au Cap de 
îîonne- Lfpérance , & chez les Américains 
Septentrionaux Je Fhocas cil appelle U>"Z 
tnâHttt 

mufeau 



PHO 

ïîinfeau jufqu'i l'origine de la queue , 
environ quatre pieds de long, ion 
mufeau eft oblong ; fes yeux font 
grands , & enfoncés profondément dans 
leur orbite. Cet animal n'a point d'o- 
reilles extérieurement, mais à leur pla- 
ce , il y a des trous par lefquels il en- 
tend. Son col eft eblong , la poitrine 
large : fes jambes font tout-à-fait ca- 
chées fous la peau ; il n'y a que les 
pieds qui paroillent. Ceux de devant 
ont quatre pouces de long , & ceux de 
derrière neuf pouces : tous leurs doiges 
font joints enfemble par de fortes mem- 
branes , & armés d'ongles forts. Sa 
queue a environ trois pouces de long , 
Se eft plate horizontalement. Tout fon 
corps eft couvert de poils courts , roi- 
des , d'un gris brillant , Se marqué de 
quelques taches noirâtres en défais , 
Se d'un blanc fale Se jaunâtre en def- 
fous : il y en a aulfi de tout-à-fait 
noirs. On le trouve dans ia mer,-& 
quelquefois à terre. Gesner dit que 
•cet amphibie fréquente plus le rivage 
que la haute mer , qu'il vient paître 
& ravager les campagnes plantées d'ar- 
bres. Ses jambes de derrière , ajoute- 
T-il , font -fi éloignées de celles de de- 
vant , qu'elles reffemblent ou à la 
queue d'un poiflbn , ou aux ailes d'un 
Hibou , ou aux pieds d'une Oie , ou 
d'un Canard. Il a la peau dure. R o N- 
D E L E T ( L. XVI. p. 3 4 1 .) parle de 
deux efpeces de P hoc as , ou Veauv 
marins , différens par la figure , l'un 
de la Méditerranée Se l'autre de l'O- 
céan , dont je parlerai ci-après. 

M. Anderson, dans ion Hifloire 
àt Groenland , p. 163. nomme le Pho- 
cas des Anciens Chien ou Veau de mer. 
Martens ( Voyages de Sphe.berg , 
Fart. IV. c. 4. n. 5. ) en a donné la 
defeription; & voici comme M. A N- 
u e r s o N parle de cet amphibie , fur 
l'examen qu'il a fait de la peau rem- 
bourrée d'un petit de ces animaux , 
quiavoit été pris dans le Détroit de 
Davis. Sa tête étoit petite , & reffem- 
bloit parfaitement à celle d'un Chien , 
Tome ILl. 



â qui l'on a coupé les oreilles près de la 
tête. Il avoit une mouftache , dont le 
poil étoit long , roide , Se frifé d'une 
façon lmguliere. La lèvre fupérieurc. 
avançoit un peu fur l'inférieure. Les 
dents étoient comme celles d'un Chien, 
mais plus pointues, & plus courtes en 
haut qu'en bas. Le col étoit mince Se 
allongé , le corps court Se gros furie 
devant , avec un eitomac fort large , 
mais fe retrécifTant bientôt, Scfe termi- 
nant en pointe. Les quatre pattes étaient 
fort courtes , Se reifembloient prefque 
à celles d'une Oie: elles n'avoientpoint 
d'os, ce n'étoitqu'un morecaude chair 
couvert d'une peau velue. Celles de 
devant étoient garnies de cinq ongles 
longs Se noirs , qui avançaient un peu 
parles pointes fur les bords de la peau. 
Cet animal n'a point de jambes , Se les 
pattes font fi courtes , que lorfqu'il 
eft couché , la rondeur du ventre les 
empêche de toucher à terre. Il s'en 
fert cependant pour s'accrocher , & fe 
traîner plus vite qu'on ne croiroit. Ces 
pattes ne font faites que pour lui fer- 
vir de rames quand ii nage. Celles de 
derrière , dans l'animal décrit par M. 
Anderson , étoient reculées Se la lar- 
geur de leurs extrémités étoit perpendi- 
culaire , comme aux queues de poiflbn. 
Son poil étoit court Se roide. il avoit 
fur le dos des raies Se des taches noi- 
res. H étoit d'un blanc fale, Se jau- 
nâtre fous le ventre. La queue n'étoit 
pas plus longue que celle d'un Che- 
vreuil. Cet Auteur , qui a mefuré bien 
exactement les proportions de cet ani- 
mal , afin de pouvoir le comparer avec 
les P hoc as des autres mers , ajoute 
que toute fa longueur , comprife entre 
la pointe du mufeau , Se l'extrémité de 
la patte de derrière , étoit de deux 
pieds quatre pouces , mefure de Paris. 
La tête feule avoit trois pouces un 
tiers de long , Se en haut deux pouces 
un tiers de large. Le col étoit long de 
deux pouces Se demi. Sa grolleur ou 
hauteur , prife du côté de la patte de 
devant, étoit de huit pouces un fixie- 
&g g 



4 t8 P H O 

me , 8c la largeur du dos de neuf pou- 
ces. A l'endroit d'où forcent les pattes 
de derrière , le corps avoit trois pou- 
ces un fixieme de diamètre. La queue 
étoït longue de trois pouces trois 
quarts. La patte de devant avoit trois 
pouces un quart de long , Se un pou- 
ce 8c demi de diamètre : fa largeur 
étoit en haut d'un pouce cinq douziè- 
mes , Se en bas de deux pouces & un 
tiers. Celle de derrière avoit quatre 
pouces un quart de long ; elle étoit 
large d'un peu plus d'un pouce par en 
haut , Se de fix pouces un quart par en 
Las. On trouve au (G dans les Mémoi- 
res de l'Académie Royale des Sciences 
une defeription anatomique du fho* 
cas , ou Veau marin. 

Ces animaux, continue l'Auteur , 
parviennent , dans le détroit de Davis , 
à la longueur de près de deux hommes. 
Ils ont entre la peau Scia chair environ 
quatre doigts d'épais d'une graifle qui 
donne de fort bonne huile. La pêche 
des Baleines n'étant plus à beaucoup 
pr L s fi avantageufe qu'elle l'étoit au- 
trefois , on tache de fe dédommager 
Je mieux qu'on peut dans ces voyages. 
Comme la peau du Phocas , nommé 
Chien de mer par l'Auteur eft fort re- 
cherchée , l'on équipe tous les ans quel- 
ques petits bàtimens pour leur faire 
la chalTe. Cesefpeccs de ChaiTeurs ma- 
rins port ent le nom de Robben-Schlagers 
qui veut dire Batteurs de Chiens de mer , 
pareequ'ils les furprennentfur la glace 
quand ils dorment. Ils les tuent avec 
de gros bâ tons , en frappant fur le nez , 
où cesanimaux font fort fenfibles , ou 
ils les percent à coups de lance. 

Ces animaux font d'une utilité in- 
croyable aux habitans fauvages du dé- 
troit de Davis. La chair leur fert de 
nourriture, le fang de Médecine, la 
peau d'habillement & de cordage? pour 
les bateaux ; les tendons Se les iisteftlns 
de vitrage , de voiles , de fil à coudre 
& de ficelle à lier ; les os de toutes 
fortes d'ulbeftfiles de ménape & de 
ehaife. M. Anderson rapporte qu'un 



P H O 

Auteur ÎUuftre Se très - croyable dîî 
qu'on trouve une quantité prodigieufc 
de ces animaux dans le beau lac de 
Baikal , de la grande Tartane : c'eft 
un grand amas d'eau douce , provenant 
de plufieurs rivières. Voyez les Révo- 
lutions de la R'jjfie , p. 80. N'ayant 
trouvé cette Relation nulle part , qui 
lui paroilToit extraordinaire , il a pris 
le parti , pour s'affurer de la vérité du 
fait , des'adreiTerd M. Heidenreich ,, 
qui avoit été envoyé par le Grand 
Confeil des Mines de Péterlbourg, par 
toute la Sibérie & la Tartarie , jus- 
qu'aux frontières de la Chine , pour 
reconnoître les nouvelles mines & pour 
rétablir les anciennes de tout le pays. 
Ce Savant lui confirma la vérité de la 
narration , en ajoutant qu'il avoit vu 
ces animaux fur le lieu même. Ils ref- 
fembloient en tout à ceux de la mer 
Baltique; mais ils étoient un peu plus 
peiits. Le lac étant gelé, ils favoient 
adroitement pratiquer ça Se là des ou- 
vertures dans la glace , pour en fortir 
& pour y rentrer félon leurs befoins , 
ne pouvant pas toujours vivre fous 
l'eau. Les Tartares voifins de ce lac 8e 
les Rumens les tiroient avec des har- 
pons à trois crochets, Se ils ne fe fer- 
voîent dans leur lampe que de l'huile 
tirée de cette graiffe. M. Anderson 
a fouvent réfléchi comment il a été 
pofJjble que ces animaux & les gros 
Efturgeons qu'on y trouve atuTi foienc 
entrés dans ce lac , 8c il croit ne pas 
trop s'éloigner de la vérité , en fuppo- 
fant que les ancêtres des uns Se des 
autres venant de la mer glaciale, ont 
pu remonter le fleuve Denifei , 8c s'é- 
tant égarés dans la rivière de Tunguf- 
ke , qui fe décharge dans ce fleuve , 
ils fe font à la fin perdus dans ce lac, 
fans favoirpar oùs'cn retourner ; mais 
ce qui paroît furprenant à notre favanl 
Naturalise , c'eft que leur poftérité 
ait pu provigner Se même s'engraiiTer 
dans l'eau douce, tant il cil vrai, dit- 
il , que la force de l'habitude eft éton- 
nante dans les animaux de toute eiper 



PHD 

es , Se il eft perfuadé qu'en faîfimt 
fouvent des expériences en ce genre , 
on verroit des effets extraordinaires , 
$c peut-être profitables au genre hu- 
main. 

Denis, qui a donné la defcn'ption 
des côtes de l'Amérique Septentrio- 
nale, dit (Tome I. p. 64. ) , que les 
jeunes Fhocas , Chiens ou Veaux de 
itur font beaucoup plus gras que les 
vieux , & que l'huile des premiers eft 
aùffi bonne à manger & à brûler dans 
les lampes que l'huile d'olive , n'ayant 
aucune mauvaife odeur. Ce même 
Auteur (Tome II. c. 17.) fait mention 
d'une petite efpece de ce mêmepoiflon, 
dont la chair fait les délices des Sauva- 
ges, de même que l'huile avec la- 
quelle ils s'embaument aulli les che- 
veux. Comme M. Andeiison n'a 
donné la defeription du Veau marin 
que fur la peau rembourrée d'un jeune 
de ces animaux, voici celles que fait 
Rondelet du Veau maria de la Mé- 
diterranée & de celui de l'Océan. On 
le nomme Vedel de mar en Langue- 
doc ; Zeehoont en Flandres , mot qui 
lignifie Chien de mer i Vecchio marino 
en Italie; Meerhitnt en Allemagne, & 
Bœuf de mer à Marfeille. Cet animal , 
dit Rondelet , eft amphibie Se 
vivipare. Il vient faire fes petits à ter- 
re; mais il ne peut vivre long-temps 
dans retourner à la mer & y prendre 
fa nourriture. Son cuir eft dur Se velu : 
les poils du dos font noirs Se cendrés. 
Il a des taches femées çà Se là , Se les 
poils du ventre blanchâtres. Il reflem- 
ble fort au Veau de terre , les oreilles 
exceptées. L'ouverture de fa gueule 
eft moyenne : fes dents fe ferrent les 
unes entre les autres : elles font poin- 
tues, dures Se blanches , femblables 
aux dents du Loup , ainft que la mâ- 
choire de denbus : celle de deflus eft 
plus large Se allez femblable à celle 
du Veau de terre, dont il a auflî les 
narines. A la lèvre de deffus il a des 
poils blancs , noirs Se longs. Sa langue 
eft large Se fendue ; fes yeux font hû- 



PHO 4TC, 

fans Se de diverfes couleurs. Au lieu 
d'oreilles il a des trous fort petits. La 
tête eft petite Se courbe , à proportion 
de la grandeur du corps. Il a le col 
long ; il l'allonge Se le retire quand 
il veut. Sa poitrine eft large ; fes épau- 
les font jointes par quatre mufcles : 
elles font plus haures que celles des 
Chiens Se autres bêtes , qui les ont 
plus aux cotés , pareequ'ils ont la poi- 
trine plus étroite ; mais le Veau marin 
l'a plus large , pour mieux nager. Ses 
bras font imparfaits Se courts , fes mains 
faites de plufieurs os , couvertes de 
peau, divifées au bout feulement , où 
paroiffent quatre divifions Se cinq on- 
gles. Son corps eft long Se finit par une 
petite queue , femblable à celle du 
Cerf. Ses pieds de derrière reffemblent 
aux queues des autres poiffons , fans 
aucune divifion Se fans ongles. Les 
poumons , le cœur , l'eftomac , le foie , 
la rate , les boyaux , font comme ceux 
des Quadrupèdes terreflres. Il n'a pas 
de fiel au foie , dit A r i s t o t e ; mais 
Pline ( Hifl. Nat. L. II. ) dît qu'il 
y en a. Ses roignons font comme ceux 
du Veau de terre , du Dauphin Se de 
la Loutre. Les conduits qui fortent de 
la grande veine cave Se de la grande 
artère ne femblent point entrer dans 
le petit creux qui eft au milieu des roi- 
gnons; mais ils font épars par tous les 
roignons. Les Veaux marins s'accou- 
plent avec leurs femelles Se demeurent 
long -temps enfemble , comme les 
Chiens. Le mâle a le membre génital 
long , Se les femelles ont une fente 
comme les Raies. Elles alaitent leurs 
petits Se en font un , deux ou trois 
au plus. Elles viennent les mettre bas 
à terre. Ils y reftent environ douze 
jours. La mere les mené enfuite à la 
nier, pour les accoutumer peu-à-p:u 
à nager. Le Veau marin vient dormir 
fur terre. Il ronfle fi haut , qu'il fait 
un bruit pareil à celui du Veau ter- 
reftre quand il beugle. Il dort quelque- 
fois hors de l'eau au foieil fur la grève , 
ou fur quelque roc , pour refpirer plus 



4^0 



f H O 



librement. Il dort le jour comme la nuit. 
Ce poitTon a beaucoup de chair Se de 
graille, des os cartilagineux, une peau 
dure Se épailTe. 11 fe bat avec les autres 
poiflons Sa chair eft molle Se grade , 
& elle fe fond entre les mains quand 
on l ? y tient long-temps. 

Le Verni marin de l'Océan eft plus 
gTOS de corps Se plus ramaffé que le 
précédent 11 beugle comme ie Veau 
terreftre. Il a la langue fendue.les dents 
ferrées les unes entre les autres ; les 
pieds de derrière femblables aux que ues 
des poiflTons; la queue petite; la peau, le 
po : i , les pieds de devant comme le pré- 
cédent, mais ceux-ci plus fendus Scies 
yeux plus ronds. Les parties intérieu- 
res Se la manière de vivre de ce poifïbn 
font les mêmes que celles du pre- 
mier. 

La mer de Ferrol , dit Lucas- 
Jacob Debes, fournit des Phocas 
gros d-peu-près comme des Bœufs. 
Ils ont leurs retraites dans les creux 3c 
les cavernes des rochers : c'eft-là qu'ils 
font leurs petits. On peut avec de pe- 
tites barques entrer dans ces antres 
étroits , pour furprendre Se tuer ces 
animaux. Les vieux efquîvent le coup 
de tnafltte 8c échappent fouvent aux 
Pêcheurs ; mais pour peu qu'on les 
frappe fur la tête , ils tombent Se pré- 
fentent la gorge au couteau. On en 
égorge quelquefois de cette manière 
jufqu'à cinquante dans un jour. Le cuir 
fèrt a faire des louliers. La chair , dit 
l'Auteur, eft bonne à manger. Il faut, 
pour donner la chafte à ces animaux y 
être armé de perches , de gros bâtons 
Se de torches allumées de la grolTeur 
du bras , qu'on a foin d'élever au-delTits 
de la tête , pour qu'elles ne s'éteignent 
point dans ces antres humides Se obf 
curs. Les jeunes ne fe défiant de rien , 
ne font pas difficiles à tuer. R e d i rap- 
porte que le Grand Duc de Tofcane 
hii envoya un Phocas , qui vécut quatre 

* On donne i es Coquillage différentes 
fortesde noms On l'appelle PitMit en Nor- 
joiandie ; Doit en Poitou , air.fi que dans le 



P H O 

femaînes hors de l'eau fans manger , & 
qui fans doute auroit pu vivre plus 
long- temps ; mais on le tua pour le 
diiléquer. 

Les Naturalises qui ont écrit furie Phocas 9 
ou Veau marin, font R.\Y, Synop. Çkmd.p. 

Al DUO VA N D t , Ptfc. f. lll.) O N S T O N, 

Pifc. p. t$6. Ges» er. , Pifc. p. 830. Chak- 
1 etok , Extrait, Pifc. p. 48. w. 6. Btio», 
de Aquat. p. 19. le Voyage de la Baye d'Hud- 
fon , Tome B. fig. & p. 14. Kolbi, , Tome 1IJ. 
p. 1 iS.Hifl. d' IJlande & de Groenland , Tome 17» 
p. iéf. M. KlElHi iyïfp. Çtiad. p. 93. & les 
Mémoires de l'Académie des Sciences, lomelll. 
Part. I. p. 1 89. | 

PHOCENE, du Grec 
en Latin Phoc&na , nom d'un poiffon 
cétacée , dont les Anciens ont parlé ; 
c'eft ce que nous nommons MdTÛuin. 
Vovez MARSOUIN. 

PHŒNICOPTERE, oifeau 
célèbre parmi les Anciens , connu par- 
mi nous fous les noms de Bêchant , de 
Flamand , ou de Flambant. Voyez ces 
mots. On lit dans le Dictionnaire de 
Trévoux, qu'un habile Fauconnier, 
Auteur Allemand , fait mention d'un 
autre Phœnkoptcre dans un Traité qu'il 
a fait des oifeaux. Il dit que fur la mer 
Méditerranée il fe rencontre un oileau 
appelle Flamand , ou Flambant , par 
ceux qui habitent les côtes de cette 
mer. Ces oifeaux volent en troupes le 
long des côtes de la mer ; ils font de 
la taille d'une Cigogne , ou un peu 
plus grands Leur bec eft un peu plus 
long que celui d'une Cigogne , Se il 
eft rouge comme du fing , gros par 
delTus , Se raboteux à caufe de fes iné- 
galités. Leurs jambes font rouges, Se 
atlffi hautes pour le moins que celles 
des Cigognes. Ils font de couleur rou- 
geàtre par le devant, favoir par le col 5 
la poitrine , le ventre Se les ailes. Ils fe 
nourri (Te nr depoi!lbn,& leur chair n'clï 
pas mauvaife, 

* P H (1?, N I X , oifeau fabuleux. 
Vovez PHÉNIX. 

PHOLADE*, Coquillage mut- 

pays d'Aunis ; Dattes à Toulon , &' Piddochs,- 
On lui donne le nom de Phobie en Angle- 
terre & à P.urs». 



P H O 

iïvaïve , dont j'ai déjà parlé ail mot 
D A I L C Tome II. p. z, de ce Diction- 
naire ) ; mais fur lequel je n'aî pas en- 
îré dans un afTez grand détail, Le mot 
Pholas vient du Grec , Se veut dire une 
chofe cachée Se renfermée , tes occulta , 
tes .dbfcondïta , pareeque le poiffon 
nommé Mcntula Monachi , qui loge 
dans cette coquille ,fe forme dans les 
trous des pierres fpongieufes de la na- 
ture de celles de Ponce , de Banche , 
de Marne , ou bien dans la glaife , & 
s'y cache entièrement. Rond eiet 
( de Teflaceis , L. I, p. 49. ) dit : In Sa- 
xorum cavernis , vi wi naturâ faclis , 
aqtta marins: appulj'n procreantur , ai- 
q.te in concham vertuntur, qug cavitatis » 
Jeu foraminis figuram J'ervat. Etl-il 
croyable , dit l'Auteur de la Conchy- 
liologie ( Part. I. p. 31 9. É dit. 1757.), 
que ce poilTon entre fi petit dans lus 
pores de ces pierres , ou qu'il renferme 
une liqueur capable de les corroder , 
Se qu'enfin il emprunte l'humeur ni- 
treufe de la mer pour groffir Sc-devenir 
Capable de grolfir fa figure ? C'elï ce 
qui fe remarque facilement en rom- 
pant ces pierres en deux » & en dé- 
tachant le Coquillage de la pierre. Il 
fe trouve ordinairement plufieurs Pho- 
lades dans un même trou , quelque- 
fois jufqu'à vingt. 11 y a beaucoup de 
Fbolades en Angleterre Se en plufieurs 
Ports de France. On prétend que la 
Pho'ade étant parvenue à un certain 
point fe transforme en Chenille , & 
enfuite en humeur pour fortir de fon 
trou. Ce ne pourroit être qu'à la lon- 
gue , car l'ufage eftde tirer ces pierres 
cie la mer , de les caffer en morceaux 
Se d'en tirer le poifibu , qui eft excel- 
lent à manger. Il fert encore d'hame- 
çon pour en prendre d'autres. 

Ecoutons ce que l'Auteur de la. 
Conchyliologie dit de ce Coquillage , 
qu'il a examiné , tant fur le Port de 
Toulon, que fur celui d'Ancône. 

» Après avoir catfé moi-même les 
-«pierres dures ,qui les renfermoient , 
«pour pouvoir les manger , je n'y ai 



» trouvé que deux valves que j'ai rap- 
» portées depuis à Paris. J'ai confuïtê 
» les divers Auteurs qui en ont parlé , 
3> fur ce que quelques Phyfickns vou- 
sïloient foutenïr que les pierres de- 
« Toulon & d'Ancône ne renfermoient 
»que des Moules ou des Huîtres , Se 
» nullement des Pholades. Aidro- 
H 1 O L e fur Dl OS- 

«coride, Gassendi , Blondel , 
« Bouche , Piganiol* Se un de nos 
«Modernes ( M. Astkuc), qui en 
■ ont parlé , ne difent point que le 
» poilTon que l'on mange à Toulon & 
» à Ancône foit une Moule ou une 
« Huître , mais qu'il a le même goût, 
efl: même plus excellent que 1& 
» Coutelier & l'Huître ; c'eft le fenti- 
« ment commun des habitans du pays~ 
» C'eft ce qui a pu faire confondre ces 
n animaux. « 

=> Les Moules , les Peignes , les 
m Glands de mer, 5c les Huîtres ne 
» font point renfermés dans des pierres ; 
*> rien n'eft fi certain : ils font feule- 
* ment adhérens à des rochers Se à 
« d'autres corps. 11 eft vrai que les 
» Tellines , Se les Couteliers fetrou- 
» vent couchés dans la vafe , Se que 
« la Pholade ordinaire à fix pièces efl: 
» renfermée dansla pierre de Banche ; 
« mais les Pholades ou Dattes de Tou- 
» Ion &: d'Ancône , font véritablement 
» encadrées dans des pierres dures 
« Se en habitent l'intérieur , n'ayant , 
» par le moyen d'un petit canal, que 
» très-peu de communication avecl'eau- 

de la mer. Il arrive quelquefois que- 
» les Huîtres fe trouvent fourrées dans 
» des trous de rochers fous l'eau ; mais 
» ces trous font naturels Se n'ontpoinc 
» été formés par les Huîtres. « 

Au furplus aucun de ces Auteurs 

n'a détaillé la Pholade , ni décrit le 
m nombre de fes valves : mais les fi- 
ai gures des poiffons , les Banches qui 
» les enferment , 5c que je polfede , 
» dénotent les caractères des Daîlrou 
» Pholades de la Rochelle ,. du Poi— 
o» tou , d'Angleterre , Se. de l'Améri- 



42 a 



F H O 



« que , qui ont fix pièces. Les Dattes 
t> de Toulon Se d'Ancône au contraire 
» n'en ont que deux » Se ne reflemblent 
•> nullement aux Huîtres , aux Pei- 
.> gnes , ni aux autres animaux ci- 
» tés ci-deflus. Il y a donc furement 
« deux genres de Pholadcs , l'une à 
» fix valves , & l'autre à deux , fans 
D> vouloir les confondre avecl'Huître 
»8e le Manche de Couteau, dont le 
» goût peut en approcher ; mais dont 
=> la différence eft très-confidérable pour 
» la figure Se pour les coutumes ( mo- 
« tes /'telles qu'ont les Pholades de fe 

creufer elles-mêmes un trou dans 
« la pierre, 8c de ne prendre de l'eau 
s> que par un très-petit canal. « 

» On apporte de l'Amérique des 
» Pholades toutes blanches qui ontfept 
» à huit pouces de long , grofles à 
=> proportion , Se qui ont toutes fix 
j> valves. Le caractère générique des 
» Pholades de Toulon Se d'Anccne fe 
ai tire de leurs coquilles en forme d'un 
» cylindre , fermant exactement dans 
; > les deux extrémités , Se rond dans 
« toute fon étendue ; aulieuquel'Huî- 
s> tre& la Moule ont leurs corps dans 
sj leurs coquilles de forme plate. « 

La Planche XXVI. terne H. de' la 
Conchyliologie, repréfente une Pholade , 
que l'on trouve fur nos côtes fous le 
nom de Puaui ou Daii , vuide de fon 
jpohTon , tournée fur le dos , afin de 
faire mieux voir fes valves : elle en a 
fix rayées comme des limes , Se de cou- 
leur grisâtre , Se fa forme eft longue. 
Les quatre petites valves font deffi- 
nées feparément à la lettre /. Quand 
elles font jointes aux deux longues 
pièces qui renferment l'animal , elles 
compofent les fix valves du Coquil- 
lage. La confiftance de ces quatre 
dernières pièces eft fi fragile & fi mince 
qu'il eft rare de les trouver avec ce 
teftacée , lorfqu'on le tire de fa pierre : 
elles fe détachent aiiément , Se relient 
■au fond du trou. On voit à la lettre 
JC, delà même Planche , l'autre genre 
,de Fkoladei à deux valves , qui ap- 



V H O 

proche delà figure d'une Moule , mais 
qui eft une vraie Pholade venant du 
Port d'Ancône en Italie , Si l'on en 
trouve de pareilles en Provence. 

La Pholade d'ÉcoJje , au rapport de 
Lister, eft allez grande , & n'a 
que cinq pièces , pareeque la fixieme 
lui a échappé , dit l'Auteur de la Con^ 
cbyliolcgie , qui , à la Flanche VU. 
de la féconde Partie de cet Ouvrage , 
lett. Q. a fait figurer une Pholade de 
la Rochelle , qui eft de l'efpece de 
celles qui ont fix valves. Il fort du 
milieu de fes écailles une grande trom- 
pe , ou long tuyau , épais & partagé 
en deux cloiibns inégales , dont un trou 
fert à la Pholade à vuider fes excré- 
mens , l'autre 1 refpirer Se à prendre 
de la nourriture. Son ovaire Se les par- 
ties de la génération font logés fous 
ce tuyau. Quand la Pholade a pris 
trop d'eau , elle la rejette avec vio- 
lence. A mefure que cet animal croît , 
il creufe fon trou avec une partie 
ronde Se charnue , telle qu'une langue ; 
& ce n'eft nullement avec fes deux 
valves , ni avec fes dents qu'il fait cette 
opération. Le Coquillage R. de la 
même Planche VII. de l'Ouvrage ci- 
defïïis cité , eft l'animal logé dans fa 
coquille , compofée de fix pièces , at- 
tachées ms-fortement par différens li- 
gamens, dont quatre font appliquées au 
dos de la coquille , Se les deux plus 
grandes cachent la Pholade Se la ren- 
ferment. Ces pièces font échancrées au 
pourtour , font irrégulicrcs dans leur 
forme, Se font couvertes d'afpérités: 
toutes fe perpétuent par leur humeur 
glaireufe ; Se le Dail enveloppé des 
eaux de la mer , fe nourrit Se forme 
fa demeure fans la creufer lui-même, 
félon l'opinion commune : fa coquille 
eft armée dans fon extrémité de deux 
pointes fortes Se tranchantes en forme 
de tarrîere , dont les contours dente- 
lés lu! donnent le moyen , en tournant 
fur elle-même , de percer la pierre dans 
la profondeur. Les ftries Se les dents 
font le refte. La Pholade n'a point 



PHO 

â'opêrtule. Enfin le fécond getife de 
Fhola.de , qui eft celle de Toulon 
Se d'Ancône marquée S. de la même 
Flanche, a la coquille toute différente, 
n'étant qu'un canal , ou un cylindre , 
compofé de deux valves égales dans 
fes extrémités , Se fermant exactement 
avec une charnière , au-lieu que la 
première Pholade eft inégale dans fa 
longueur , entr'ouverte dans les deux 
extrémités de fes écailles , & elle eft , 
comme on l'a dit , compofée de fix 
pièces , dont les écailles font faites en 
limes douces. Celles que l'Auteur a 
fait figurer font d'un rouge noirâtre , 
& d'un aflez beau poli. 

PHOLIDOTE : C'eft le fé- 
cond genre de Quadrupèdes de M. 
B R ISS o-N, dont le caractère eft de 
n'avoir point de dents , Se d'avoir le 
corps couvert d'écaillés : il en donne 
deux efpeces. La première qu'il nom- 
me FhoLidotus pedibus anticis & pof- 
ticis pent adadylis ,fquamisj ubrotundis, 
eft le Munis mambus pentadadylis , 
pahnis pentadadylis , de M. LiNN/ïUS 
( Syft. Nat. Kdit. 6. g. 1 6. (pec. i. ) ; 
le Diabolus Tajoracinus , de S e b a 
( Thcf. L p. 88. ). La féconde efpece 
qu'il nomme Fhoiidotus pedibus anti- 
cis , & poflïcis tetradadylis , fquamis 
mucromitis , caitdâ longifllmâ , eft le 
Léza?d des Indes Orientales. Voyez 
LÉZARD ECAILLÈUX. 

PHOLIS: Aristote { Hifl. 
Anim. L. IX. c. 37.) donne ce nom 
à un poiifon de mer , qu'on nomme 
Baveitfe à Amibe, dit Gesnek {de 
Aqiiat. p. 840. }; il eft fans écailles. 
Voyez BAVEUSE. 

PHORCUS : Pline ( Hifl. 
Nat. L. XXXll. ch. dernier ) donne 
ce nom à un poiflbn. Il fe peut faire 
qu'il ait compté le Phorcus , qui eft un 
Dieu marin, parmi les poiflbns , & qu'il 
ait cru que c'eft un poiflbn comme 
ies Tritons Se les Néréides , dont on 
a fait des Dieux marins. ï horcus vient 
du Grec ^ép^ç , qui étoit le fils de 
ptune Se de laDéefle Thorsa , dît 



PHO P H R 4Î? 

être auffi que pour Phorcus , il faut 
lire Urcus. Porci font des poiflbns de 
mer. Voyez au mot PORC MA 
RI N. A " 

PHOXlNUS.CemoteftGrec,. 
Se les Latins l'ont retenu. C'eft , fé- 
lon Aristote, un poiflbn de ri- 
vière , lequel , dit Rondelet 
(Pan. II. c. 25. p. 140. Êdit. Franc-.), 
3. des œufs des qu'il eft né , ce qui lui 
fair croire qu'ils font rous femelles. 
Il n'y a d'autres marques pour le con- 
noître que celle que rapporte Aris- 
tote ( Hifl. Anim. L. VI. c. 3 . & 14. ), 
qui eft que le Phoxinus , comme plu- 
fieurs autres petits poiflbns eft toujours 
plein d'eeufs. Rondelet a trou- 
vé la même chofe dans un petit poiflbn 
qu'on nomme Roflere en Picardie. Il 
y a une autre efpece de Phoxinus que 
le même Auteur nomme Veron. Ces 
poiflbns font mis par Arted i dans 
l'ordre des poiflbns à nageoires molles , 
inter Fifces malacopterygios , Se du genre 
des Carpes , ex gencre Cyprinorum. 
Voyez aux mots ROSIERE & 
VERON. 

P H R 

P H R Y G A N E A , nom généri- 
que que M. L 1 n n m u s ( Fauna Suec. 
p. 223.) donne à plufieurs efpeces 
de Moirches aquatiques. 

Il nomme la première ( ibid. n. 73 7. ) 
Phryganea nigra , alis albidis ,flriatis, 
albo maculatis. 11 en eft parlé dans 
les Ades d'Upfal , 1736. p. 27. n. 4. 
fous le nom A' Hemerobhis alis albis 
corpore atro , amenais brevijjimis. Cette 
Mouche eft à quatre ailes , & de la 
grandeur de la Mouche Scorpion,, 
nommée Panorpa par M. Linn^us, 
On en trouve du côté d'Upfal dans 
les chemins bourbeux ; fes ailes font 
plus longues que fbn corps , pointues , . 
blanches , & ftriées de veines brunes. 

La féconde , qui fe trouve dans les 
mêmes endroits que la précédente , eft 
nommée dans les Ades d'Upfal (1730',. 



4 ;4 P H R 

p . 27. «. 2. ) , Hcmerobiiis alis tcfla- 
ceis, veuofo-Jrnaiis,antenms longititUine 
alarum. M. L 1 n n * u s ( p. 2 24. ». 
73a. ) qui croie que c'eit peutètre une 
des eipeces de DesapjieJUes d'Ai.DRO- 
Vande (JnJ.p. 76^.) , Peïlarumjvrtè 
/petits,, l'appelle Phryganea alis tejla- 
ais , nervejo-jiriatis, antermis aniroxjum 
porreelis. 

La troifieme , qui eft d'une moyenne 
grandeur , 6c qui habite fur les eaux , 
eft nommée par M.LiNNiUb {Fauna 
Suecn. 7 39O > Phryganea grijea ,aiis 
jupmonbus nebulojts , macmci margi- 
nal! nigr a. 

La quatrième fe trouve en Scanie , 
Province de Suéde , & eft nommée 
( ibid. n. 740. ) , Ihrjganea aiis ci- 
ncuu-tefiaccis , iineolis duabus lo/.gi- 
titdirutwus aigris, albo pun-. io. 

La cinquième eft pareillement une 
Mouche aquatique , Se nommée ( ». 
741. ) I hryganea alis defiexo-compref- 
Jîs , fiavefcentibuSf macula rbornbea ta- 
rerait aibâ. 

La fixieme ( n. 742. ) , Phryganea. 
alis fitjas 3 macula dupiici laurali 
fiavà. 

La feptitme , qui te tient tranquille 
fur les eaux (». 743. ) , Phryganea alis 
jiticulaiis, camlà intrmi, tboracis mai— 
ginibus flav/s. 

La huitième , eft nommée dans les 

Actes d'Uval ( *73^-;P* 2 7> f 
J-îtmerobiiis caudabipili , alis cinereis , 
-vuîojo-relicuiaiis. C'cft une grande 
Mouche aquatique qui paroît pendant 
l'été ; Mujca aquatiiis djtiva major , 
dit W A G N E L { Heiv. p. 2 2 7. 228. 
Cr 229. ). M. L 1 n n a u s ( Fauna 
$Mèe. p. 2 2.5. n. 744. ) la nomme Phry- 
ganja alu veno{o-ruiculatis caudâ bi- 
Jttlâ, Cette Mouche aquatique fc trou- 
ve fur-tcut dans la Laponie. 

La neuvième , eft une petite Mou- 
che à quatre ailes , dont les antennes, 
dit R aï( bij. p. 275.)» font les plus 
longues qu'il ait vues , eu égard à la 
longueur de fon corps. Mujca parva 
msaâripenny > animais omnium %uas un- 



P H R P H Y 

qitam vidi , pro corporis magnîtuàine, 
tongijjïmis. Elle eft nommée dans les 
Anes d'Upfal ( 1736. p. 27. ) » Hem e - 
robius alu c.trulco-nigris , anunnis cor- 
pore longioribus i Se par M. LiNN/Eus 
( n. 745. ) , phryganea alis caruleo- 
atris , anicunis corpore duplo longiori- 
bus. Cette Mouche voltige parmi les 
rofeaux, & dans les temps nébuleux 
on en voie fur le foir des eilaims fau- 
ter en l'air. 

Le Naturalifte Suédois nomme la 
dixième ( ». 746.) > Phryganea alis 
fuperioribus mvuiojis , animais corpore 
tripla longioribus. Cette Mouche fe 
trouve proche Daegorea , dit l'Auteur, 
furie rivage de Lomare en Roflagie , 
Province de Suéde. 

L'onzième fe trouve dans un can- 
ton nommé Fulleroen : elle eft très- 
petite. Ce Naturaliste la nomme ( n. 
747. ) l hryga/ieajaltatrix , antennis 
lon< 6 itudine corporis , macula viriai al- 
biîqtte alarum. 

La douzième eft une Mouche qui 
fe trouve par-tout au commencement 
du printemps. M. Linn/f.us (», 748.) 
la nomme Vhrygama nigra , alis in- 
cumbentibus fubcinereo-nebulojîs, caudâ 
feiis trunçatis. 

Il nomme la dernière ( n. 749. ) , 
Phryganea fuj'ca immaculata. On en 
trouve dans un lieu de la Suéde qu'il 
nomme Fahlun, proche Stcemshxga. 

P H R Y G A M O N , efpece d'a- 
nimal qui guérit de la fièvre quarte , 
Lion Pline, Hift. Nat. L. XXX. 

^PHRYGIENNES: Charle- 
ton ( Rxerch. ) donne ce nom d des 
Mouches qui doivent leur naiflance à 
un Ver qu'on voit en Phrygie. 

P H Y 

P H YC I S , du Grec tiwfc , que 
Gaza a rendu par Phuca , paillon 
faxatile. C'eft la Mole de Ronde- 
lft. Voyez MOLE. 

11 y a un autre poiiTon , dit Ges- 
n e r , qu'on nomme Roqutau à Mar- 
seille ; 



P H Y P I A 

Jëîlle ; Lambcna , à Venife ; Lagiono , à 
Gênes ; Merlino , à Rome. Voyez IlO- 
QUEAU 

PHYSALUS.du Grec «fW«fe 
c'eft le Fh)fmr des Latins , poiflbn 
cétacée , efpece de Baleine , que nous 
nommons Souffleur en François. Voyez 
SOUFFLEUR. 

Mais fur le rapport d'É lien, 
GeSN E R (de Aquat. p. 850. ) dit 
qu'il y a un rhyfalus de la mer Rouge , 
poiflbn, qui n'a ni bouche , ni ouies. 
Kondeiet( L. XV. c. 0. p. 329. 
Ëdit. Franc. ) en parle aufll. Quand 
on manie ce poiflbn , il s'enfle ; fi on 
le jette dans la mer il nage fur l'eau 
comme une veille pleine d'air, 11 eft 
venimeux. Ce dernier Auteur en don- 
ne la figure , & il n'ofe pas aflurer que 
ce foit celui dont parle Élîe n. Si 
ce n'eft pas le même, ajoûte-t-il , il 
lui eft fort femblable. Il eft fans yeux 
& fans tête • il eft large par le milieu , 
menu Se courbé par les deux bouts ; 
il eft ride deflus le corps , Se fendu 
comme la partie naturelle de lafemme. 
Il a fur le dos des efpeces de verrues, 
où il y a. du poil. C'eft la grofTe Sco- 
lopendre de mer de Swammerdam. 
Voyez SCOLOPENDREDE 
M È R. 

On appelle ce poiflbn en Norman- 
die Taupe de mer. 

P H Y S ET E R E , du Latin Phy- 
feter j c'eft le même que le (J-'ur^û? d'E- 
I-ien , poiflbn cétacée , qui , com- 
me on vient de le dire , eft le Souf- 
fleur. 

P I A 

P I A B A , poiflbn du Bréfil , dont 
parle M A R c Grave, de la gran- 
deur du Veron , long de deux ou trois 
doigts Se un peu plus : il eft couvert 
d'écaillés. lia l'iris de couleur d'or, 
le âos Se le ventre tachetés des cou- 
leurs dorée.argentée, verte Se Indienne. 
A chaque côté des ouies , il a une ta- 
che ronde de couleur d'Indienne, & 
après cette tache ce poiflbn en a une 
Tome 111. 



PI A PIC r 42 j 

autre faite en croifTant. On le pêche 
dans les rivières , djfent R a y , Synop, 
Meth.Av. p. ixtf. w . 41. & Ruysch , 
de Pifi. p. 1 34. 

P1ABUCU, autre petit poiflbn 
du Bréfil , félon Marc Grave , qui 
a fix doigts de long & un doigt & de- 
mi de large: il eft un peu gros parle 
ventre. L'iris eft de couleur d'argent, 
&: au-deflus il y a un peu de rouge - 
la queue eft fourchue ; les écailles font 
de couleur d'argent. Il a une ligne 
large d'un blanc obfcur , partagée de 
chaque côté par le milieu, au-deflus 
de laquelle il a le dos couleur d'olive 
Se d'un verd hyacinte luifant. Ses na- 
geoires font blanches. C'eft aînfi qu'en 
parlent Ray, Synop. Me th. Pijb. p. Si. 
n. 6. Se Ruy s c h , de Pifciè/p. 134. 

P I C 

PIC, genre d'oifeauyt que M. LiN- 
njeus ( Fauna Suec. p. i2>.) range par- 
mi les Aves Pica. M. Klein ( Ord. 
Av. p. 26.) en fait le fécond genre de 
la troifieme famille de fes oifeaux , qui 
font Tttradactyks , c'eft-à-dire , qui 
ont les pieds garnis de deux doigts 
devant Se de deux derrière : Tetradac- 
tyli , digïtis diwbus anticis , totidtm 
pofticïs. M. L 1 n t n /e v S parle du 
grand Pic , qu'on ne voit point en 
France , du Pic verdi du Pic Mars, 
du petit Pic Mars , Se du plus petit 
Pic Mars. Pour M.Klein, il donne 
jufqu'à dix-fept efpeces de Pics , dont 
à la vérité le plus grand nombre eft 
étranger. Le caractère de ce genre 
d'oîfeaux, eft d'avoir de forts mufeies 
aux cuifles , des pieds folides , fournis , 
comme on l'a dit , de deux doigts de- 
vant Se de deux derrière , qui font 
armés d'ongles crochus Se pointus , qui 
leur fervent à monter le long des "ar- 
bres. Ces oileaux ne font leur nour- 
riture que d'infectes , fur-tout d'une 
efpece de Chenille nommée CoJJiis : ils 
font des trous dans les arbres avec 
leur bec , qui eft fort , droit , Se un 
peu fait en angle. C'eft dans ces trous 
Hhh 



AlS PIC 

d'arbres qu'ils ont faits, ou qu'ils trou- 
vent tout faits.* que ces oifeauxfe re- 
tirent. La Nature leur a donné une lan- 
gue très-longue , munie au bout d'un 
aiguillon offeux & dentelé , qui leur 
fert à fe faï/ïr de cette belle Se grande 
Chenille de Saule , nommée Cojjus , 
ainiî que de divers autres infett.es. 

Grand PIC NOIR, commun eu 
Pologne , nommé en Latin Ficus ni- 
ger maximus noflras , dit M. Klein 
( p. 2 5.). C'eft le Fyrrhocorax de Ges- 

NER & d'ALDRO VANDE ; \c FicusCor- 

nicinus d'AGRicoLA ; la Cornix Jylva- 
tic\i de SchwenCkfeld , Se le Grim- 
pertau noir d'Ara in : fuivant l'âge 
qu'il a » il a plus ou moins de rouge à 
l'occiput. La femelle eft toute noire. 
On ne voit point en France cet ol- 
feau : il eft nommé par M. LtNNjEOS 
( ibhL n. 79. ) , Ficus niger , verticc coc- 
Cima. Son plumage eft tout noir. De- 
puis Sa bafe du bec jufques derrière la 
tête il a une longue tache de la cou- 
leur de pourpre. Son bec Se fes pieds 
font d'un bleu tirant fur le cendré. 
Les Anglois le nomment the Great- 
Black Woodpecker, Se les Suédois Spillkr 
paoka. G e S N E R ( Av . p. 708.) , Al- 
drovande (Ornith. L. XII. c. 31.), 
WillughbïC Or/iich. p. 9 2 . r . 21.), 
R a y C Synop. Meth. Av. p. 42. n. 1 . ) , 
parlent de cet oifeau fous le nom de 
Ficus maximus niger. Il eft facile à 
diftinguer des autres olfeaux de ce 
genre. Voyez GRIMPEREAU 
N O 1 R. 

PIC VER D * : Il eft nommé 
par M. Lin n m us (n. 80. ) , Se par 
Albin ( Tome L n. 18.), Ficus vi- 
ridis , vertice ccccineo. C'eft le Ficus 
viridis de G e s n e r C Av. p. 7 10. ) , 

* Cet oifeau eff nommé en Grec Ks^.nî , 
ou AfuxÔÀarTKS 3 - en Italien, Vice verde ; en 
Allemand , Gruenfpecalu ; en Anglois, IVood- 
/>; Aer; en Suédois W edkmars, ou Groenfpik. 
Importe en Françôis les noms de Pic- Mare , 
Pimard , ou Pieitmart , c'eft-à-dire , Pic de 
Mar.s, pareequ'ii étoit confacré à ce Dieu. 
On l'appeile en Poitou Ficofenu ; en Péri- 
gord j Picotât ; en Picardie , lsec$uebo ; en 



P I C 

d'A ldrovandeC Ornhh. L. XTî. 
c. 34. ) , de? illuGhbï( Ornith, 
p. 03. t. 2 1. ). Il eft encore nommé en 
Latin Ficus Marùus major , Ficus ar- 
borarius & arborum cavator , Se en 
François on l'appelle Fie Mars , ou 
Pic verd tirant fur le jaune. Cet oi, 
feau eft facile à diftinguer des autres 
de fon eipece , tant par û. grandeur 
que par fa couleur verte. 

Voici la defeription de cet o'feau 
comme on la lit dans la Nouvelle Hilloi- 
re des Oifeaux , gravée par Albin. 

Cet oifeau a quatorze pouces Se 
demi de longueur , depuis la pointe du 
bec juiqu'à l'extrémité de la queue; 
les ailes déployées ont vingt pouces 
Se demi de largeur : fon bec eft long, 
noir , dur , fort , Se triangulaire , Se fe 
termine en un point émouflé, ou ob- 
tus. Un cercle rougeâtre environne la 
prunelle de l'œil fans aucune fépara- 
tion : le refte de l'iris efl; blanc. Sa 
langue étendue a fix pouces de lon- 
gueur Se fe termine en une fubftance 
ou matière dure , pointue Se o!Tcufe; 
le delfous en eft inégale , ce nui lui 
fert à prendre les infectes de3 troncs 
des arbres. Il fait fa principale nour- 
riture de Fourmis. Il a le haut de la 
tête cramoifi Se tacheté de noir , & 
les yeux entourés de la même cou- 
leur. Il fe trouve fous ce noir de cha- 
que côté une autre tache rouge qui 
eft particulière au mâle. La gorge , 
la poitrine Se le ventre , font d'un 
verd pâle ; le dos , le col , Se le moin- 
dre rang des plumes couvertes des 
ailes font verds : le croupion eft d'un 
jaune pâle , ou de couleur de paille. 
Les plumes au-deflbus de la queue 
font traverfées de lignes fombres ta- 

Nortnandie Efpec , ou Vlett-Phu. Ray dit que 
c'etoit le Plttvût Avis des Anciens, on Yoi- 
featt de finie , & que les Anglois le nomment 
atiffi Ratn-foiél dans le même fens , parce- 
qu'on croit qu'il annonce de la pluie , lorf- 
qu'il crie plus fort & plus fre uemment que 
de coutu-ne ; cYft pour cette raifon qu'en 
Sologne & dans l'Oiléanois les gens de la 
campagne l'appellent l'Avocat des Meuniers*' 



P I c 

chéries de blanc. Les textures intérieu- 
res font de la même couleur que celles 
Jes plumes précédentes. Le plumage 
qui couvre les longues plumes de def- 
fous , à leur racine , elt d'un verd pâle 
avec des lignes fombres qui traver- 
sent. Les plumes de la queue font 
au nombre de dix : elles font roides 
Se elles fe courbent en dedans. Ces 
plumes femblent être fourchues , par- 
ceque les dards ne s'étendent pas à 
l'extrémité de la texture : les deux plu- 
mes du milieu font les plus longues: 
leurs pointes font noires , autrement 
elles font marquées de barres qui les 
traversent en deffus , Se qui font d'un 
-verd fombre & alternativement ran- 
gées. Les moindres plumes , ou celles 
qui font les plus avancées en dehors 
ont leurs pointes vertes , Se leurs ex- 
trémités noires. Les pattes Se les doigts 
font de couleur de plomb , tirant fur 
le verd ; les ferres font brunes ; les 
doigts font rangés , comme ils le font 
dans les autres oifeaux de cette efpece , 
c'eft-à-dire deux en ayant, Se deux 
en arrière. Les os les plus bas des 
doigts de devant font liés enfemble. 
Cet oifeau fe met quelquefois à terre 
près des fourmillieres , où il cherche 
fa nourriture. Aux plumes de la queue 
de cet oifeau , de même qu'à celles des 
autres Grimpereaux , les pointes des 
dards paroiflent être brifées , ou ufées > 
pareequ'ils s'appuyent en grimpant. 
Les oifeaux de cette efpece pondent 
cinq ou fix œufs à la fois , Se on a 
trouvé fix petits enfemble. 

La chair du Pic verd n'ef:pas bonne ; 
cependant , dit B e L o N , les payfans , 
en lui coupant la tête , ne laiifent pas 
d'en manger : ils en font de même à 
l'égard de tous les autres oifeaux qui 
montent furies arbres. 

Mais entrons dans un plus long dé- 
tail fur cet oifeau. Le Pic verd mâle 
a le tefticule droit rond , le gauche 
oblong Se prefque contourné en cercle , 
Se afin qu'on ne penfè pas que ceci 
foit arrivé par hafard , Willughby 



PIC 417 

dît 1» avoir obfervé dans trois différens 
oifeaux: il n'a nulle apparence d'ap- 
pendices cœcalcs ; mais à leur place 
l'inteftin fe dilate dans cet endroit-là. 
Cet oifeau mange des Fourmis , des 
œufs de Fourmis, des Chenilles, 8c 
des Artifons , ou Vers de bois : il fe 
pofe plus fouvent à terre que les au- 
tres Pics , pour y chercher fa nourri- 
ture Sa langue, qui eft ronde , finit 
en épine ofTeufe, roide , dentelée des 
deux côtés, avec laquelle , comme avec 
un dard, il perce en tirant la langue 
les Fourmis Se les autres infectes dont 
il fe nourrit : or il tire la langue à 
l'aide de deux cartilages ronds , qui , 
étant attachés à l'épine que nous ve- 
nons de décrire, fe portent par le mi- 
lieu de la langue , puis font le tour 
des oreilles , enfuite fe réfléchiifent en 
arrière vers le femmet de la tète où 
ils courent parallèlement enfemble le 
long de la future fagittale ; de-là ils 
fe détournent un peu à droite , 8c 
panent enfuite par deffus l'orbite 
de L'œil droit ; Se enfin s'étant glilTés 
au côté droit du bec par un trou creu- 
fé pour cet effet, s'y terminent, Se l'on 
ne fauroit les en tirer qu'en leur fai- 
fant violence. Ils font attachés par un 
certain ligament au fommet de la tête. 
L3 chair , ou la fubftance mufculeufe 
de la langue entoure de toutes parts 
ces mêmes cartilages ; elle les con- 
tient comme un fourreau , 8c "elle eft 
faite de manière qu'elle peut s'étendre 
Se fe contracter comme un Ver de 
terre ; déplus ,1a partie des cartilages, 
qui s'étend depuis le derrière de la 
tête jufqu'à la pointe du bec é-ft cou- 
verte d'une chair femblable , qui peut 
de même fe contracter 8; s'étendre : 
or cetîe chair ne s'unit point en un 
corps comme à la langue , mais cha- 
que cartilage a fon étui mufculeux à 
. part. An côté intérieur des cartilages 
où ils font un coude , c'eft-à-dire à 
la racine de la langue vers le derrière 
de la tête , s'étend un mufcle large Se 
délié, qui fert à, contracter, à relà- 
H h h y 



428 PIC 

cher , ou à tirer ces cartilages en de- 
hors. 

On trouve dans les Mémoires de 
l'Académie Royale des Sciences , année 
1709. p. 85. des Obfervations fur les 
mouvemens de la langue des Fies verds , 
par M. M r. r y. Pour donner, dit ce 
ïàvant Obfervatcur , une application 
des mouvemens de la langue du Pic 
verd , plus jufte que celle qui paroit 
dans les Ouvrages de Meffieurs Ba- 
relli Se Perrault , je vais décrire 
plus exaftement qu'ils n'ont fait toutes 
les parties d'où dépendent ces mou- 
vemens. De quelque étendue que pa- 
roifîe la langue de cet oifeau , il cil 
néanmoins confiant que fa longueur 
propre n'eft que de trois à quatre li- 
gnes ; car celle du corps Se des bran- 
ches de l'os hyoïde, que ces Autours 
lui ont attribuée , ne lui appartient pas 
en bonne anatomie. 

La langue du Pic verd eft faite d'un 
petit os fort court, revêtu d'un cornet 
de fubftance d'écaillés ; fa figure eft 
pyramidale : il eft articulé par là bafe 
avec l'extrémité antérieure de l'os hyoï- 
de. L'os hyoïde eft figuré comme un 
ftilet. 11 a environ deux pouces de 
longueur Se une demi-ligne de grof- 
feur ; il eft articulé par fon extrémité 
poftérieure avec deux branches offeufes 
plus menues que fon corps. Chaque 
branche eft compofée de deux filets 
d'os d'inégale longueur , joints en- 
femble , Se aboutis l'un à l'autre. Le 
filet de devant n'a qu'un pouce Se 
demi de long ; celui de derrière , in- 
connu à. M. B o R E L L 1 , en a cinq ou 
environ, étant uni à un petit cartilage 
qui le termine , de forte que chaque 
branche eft trois fois plus longue que 
le corps de l'os hyoïde , Se celui de 
la langue joints enfemble. Ces bran- 
ches, qui appartiennent à l'os hyoïde, 
font courbées en forme d'arc, dont le 
milieu occupe les côtés du col ; leurs 
extrémités antérieures pafTent fous le 
bec & fe terminent au corps de l'os 
hyoïde j leurs extrémités pofténeures 



P I C 

pafTent par defTus la tête , Se entrent 
dans le nez du côté droit. Mais il elt 
à remarquer qu'elles n'y font point 
articulées ; ce qui contribue beaucoup 
à la fortie de la langue , comme je 
le ferai voir dans la fuite. L'os hyoïde 
&le filet antérieur de fes branches font 
renfermés dans une gatne formée de 
la membrane qui tapilfe le dedans dit 
bec inférieur. L'extrémité de cette 
gaine s'unit à l'embouchure du cornet 
écailleux de la langue. Cette gaîne 
s'allonge quand la langue fart hors 
du bec , Se s'accourcit quand elle y 
rentre. Le cornet écailleux qui revêt 
le petit 03 de la langue eft convexe 
en dellus , plat en défions , cave en 
dedans : il eft armé de chaque côté 
de iïx petites pointes très-fines , tranf- 
parentes , Se inflexibles ; leur extré- 
mité eft un peu tournée vers le go- 
fier. Il y a bien de l'apparence que le 
cornet armé de ces petites pointes , 
elt l'inftrument dont le Pic verd fe 
fert pour enlever fa proie , ce qu'il' 
fait avec d'autant plus de facilité , que 
cetinftrument eft toujours empâté d'u- 
ne matière gluante , qui eft verfée 
dans l'extrémité du bec inférieur par 
deux petits canaux excrétoires , qui 
partent de deux glandes pyramidales, 
fituêes aux côtés externes de cette par- 
tie. Pourfe fervir de cet inftrument, la 
Nature a donné au Pic verd plufieurs 
mufcles , dont les uns appartiennent 
aux branches de l'os hyoïde , avec les 
filets antérieurs de fes branches ; ceux- 
là rerirent la langue dans le bec. En- 
fin la la ngue a fes mufcles propres 
qui la tirent en haut, en bas, & de 
l'un Se de l'autre côté. Chaque bran- 
che de l'os hyoïde n'a qu'un mufcle, 
qui feul eft auffilong que la langue * 
l'os hyoïde Se une de fes branches 
joints enfemble ; ces deux mufcles ti- 
rent leur origine de la partie anté- 
rieure latérale interne du bec inférieur, 
s'avançant de devant en arrière ; ils 
enveloppent les filets poftérieurs des 
branches de l'os hyoïde Si pafferit au 



P I c 

dcffus de la tête , ils viennent enfin 
s'inférer à leurs extrémités d'où par- 
tent deux ligamens à reflort , qui s'u- 
nifTant eniemble en forment une troi- 
sième , qui les attache à la membrane 
du nez. Ces ligamens font fort courrs ; 
mais ils s'allongent fans peine , pour 
peu qu'ils foient tirés. Or comme la 
rédftance de ces ligamens peut être 
fûrmontée facilement par la contrac- 
tion de ces mufcles , il eftaifé de con- 
cevoir que quand ils fe raccourcirent 
ils tirent les extrémités poftérieures 
des branches de l'os hyoïde hors du 
nez , 8c les entraînant du côté de leur 
origine , ils chaffent le corps de l'os 
hyoïde, les filets antérieurs de fes bran- 
ches , & la langue, hors du bec ; ce 
qu'ils n'auroient pu faire , bien que les 
branches de l'os hyoïde foient fort 
flexibles , 11 ces branches avoient été 
fixement attachées ou articulées avec 
les os du nez; car quoique les arcs 
qu'elles décrivent puiflent s'étendre , 
elles n'auroient pû s'allonger alfez 
pour pouffer de quatre pouces la lan- 
gue hors du bec ; ce qu'elles font, 
avec d'autant plus de facilité , qu'elles 
ont leur mouvement libre dans ces 
mufcles, où elles font renfermées com- 
me dans un canal , 8c ne font point d'ail- 
leurs articulées avec les os du nez. 

Pour retirer la langue dans le bec , 
la Nature a donné à la gaîne , qui ren- 
ferme l'os hyoïde 8c les filets anté- 
rieurs de fes branches , deux mufcles 
pour l'y ramener, & pareequ'il faut 
que leur allongement & leur raccour- 
ciifement foient égaux à ceux de leurs 
antagoniftes , puifque la langue par- 
court le même chemin en rentrant 
dans le bec qu'elle fait pour en fortir , 
la Nature a pris foin , pour placer ces 
mufcles dantle petit efpace qui eft 
entre le de 00 h s du larynx & le bout 
du bec , de Faire faire à l'un Se à l'au- 
tre deux circonvolutions en fens con- 
traire autour de la partie fupérieure 
de la trachée-artere , d'où ces deux 
mufcles tirent leur origine ; après quoi 



ils fe croifent derrière le larynx, gç vien- 
nent enfin tapifler le dedans de la gaî- 
ne à laquelle ils s'uniiTent. Or comme 
fon extrémité eft jointe à l'embouchu- 
re du cornet écaiileux de la langue r 
il arrive que quand ces deux mufcles 
fe contractent , ils tirent & font ren- 
trer cette gaîneen elle-même, Se ra- 
menant ainfi la langue dans le bec , ils 
rcpouiTcnt les extrémités poftérieures 
des branches de l'os hyoïde dans le 
nez. Les trois ligamens à reffort, dont 
j'ai ci-devant parlé , fervent auffi à les' 
y ramener ; car après avoir été allon- 
gés par les mufcles qui tirent la lan- 
gue hors du bec, ils fe raccourcilfent 
fi-tôtqne ces mufcles fe relâchent , Se 
qu'ils entraînent dans le nez les bran- 
ches de l'os hyoïde , auxquelles ils 
font attachés. Il y a au-deiTus du crâne 
une rainure qui forme avec ta peau 
un cana! , qui renferme la partie porté- 
rieuredes branches de l'os hyoïde avec 
leurs mufcles', Se dans lequel ces par- 
ties ont leur mouvement libre. Ce canal 
empêche les branches de l'os hyoïde de 
s'écarter de côté ni d'autre , quand' 
elles font tirées en avant , Se fait qu'el- 
les reprennent facilement leur place ? 
quand elles font retirées en arrière. 

Pour peu qu'on faffe de réflexion 
fur la longueur qu'ont la langue , l'os 
hyoïde Se fes branches joinrs enfem- 
ble , & fur l'origine Se l'infertion dé- 
terminée des mufcles qui font fortir Se 
rentrer dans le bec la langue du Pie 
verd , il fera aifé de juger que M. 
Bn relli s'efl: mépris ; car fi l'on 
confidere que la langue de cet oifeau, 
l'os hyoïde 8c fes branches joints en- 
femble , ont huit pouces de longueur r 
Se que de cette longueur, il en fort 
envirpn quatre pouces hors du bec ,. 
quand elle eft tirée , on concevra aifé- 
ment que la langue parcourant le mê- 
me chemin en rentrant qu'elle fait en. 
fartant , les mufcles qui la tirent & 
retirent doivent avoir des allongement 
&dcs raccourciftemens de chacun qua- 
tre pouces > Se que par conféquent ils 



m 



430 PIC 

doivent avoir en longueur plus de 
quatre pouces , ne pouvant pas s'ac- 
courcir de leur longueur entière. Ainfi 
des quatre premiers mufcles que M. 
Bokelli donne à la langue pour 
fes înouveinens , deux prennent leur 
origine de l'extrémité du bec inférieur 
Se les deux autres du devant du crâne , 
Se tous les quatre allant s'inférer au 
milieu de cette longueur de huit pou- 
ces , il eft vifible que ces mufcles ne 
pourraient jamais avoir un tel effet , 
puifqu'ils ne feraient au plus que de 
quatre pouces. M. Borelli ne ferait 
pas entré dans ce fentiment , fi on lui 
avoit fait remarquer que les deux 
mufcles , qui naiffsnt du bec , parcou- 
rent toute l'étendue du corps Se des 
branches de l'os hyoïde. Sa méprife 
vient donc d'avoir partagé chacun de 
ces mufcles en deux , Se de n'avoir 
connu que les filets antérieurs des 
branches de l'os hyoïde, au bout def- 
quels il place l'infertion des quatre 
premiers mufcles de la langue qu'il a 
décrits : à l'égard de ceux qui tournent 
autour de la trachée-artere , il en a re- 
connu le véritable uiàge. 

Pour ce qui regarde M. Perrault, 
il s'eft mépris beaucoup plus que M. 
Borelli : car, premièrement, il ne 
fait nulle mention des mufcles qui en- 
vironnent la trachée-artere; c'eft néan- 
moins par leur action feule que la lan- 
gue eft ramenée dans le bec : feconde- 
jnent , il fait naître du larynx les qua- 
tre premiers mufcles de M. Borelli , 
Se en envoie deux aux extrémités 
poftérieures des branches de l'os hyoï- 
de , Se les deux autres à leurs extré- 
mités antérieures, pour tirer & retirer 
la langue , Se par-là il tombe dans !e 
même inconvénient que M. Bokelli ; 
mais fa méprife eft plus grande", en 
ce qu'il ne part aucun mufcle du la- 
rynx , qui aille s'attacher aux bran- 
ches de l'os hyo"de. 

Enfin toute la recherche que ces 
Meilleurs ont faite pour expliquer les 
fnouvemeaii de la langue à\xl'ic verd , 



P I C 

fe termine aux mufcles , qui la font 
fortir hors du bec , Se à ceux qui l'y 
font rentrer. Il ne paraît point que 
leurs Anatomift.es fe loient mis en pei- 
ne de pénétrer plus avant dans fa 
ftru:hire ; de-là vient que ces Meilleurs 
ne nous ont rien dit des quatre muf- 
cles propres à la langue de cet oi- 
feau , au moyen defquels elle eft por- 
tée en haut , en bas , Se d'un côté & 
d'autre , foit qu'elle foit plus placée 
au-dedans , ou au-dehors du bec. Ces 
mufcles tirent leur origine de la par- 
tie antérieure des branches de l'os 
hyoïde , deux de l'une & deux de 
l'autre , Se fe terminent chacun en un 
long 5c grêle tendon : ces quatre ten- 
dons embraffent le corps de l'os hyoï- 
de , Se viennent s'inférer à la ba(e du 
petit os de la langue. Quand tous ces 
mufcles agiifent enfemble , ils tien- 
nent la langue droite : quand les muf- 
cles de deifus fe raccourciflenr en mê- 
me temps , ils tirent la langue en haut: 
quand ceux de deflbus l'ont enaélion, 
ils la tirent en bas ; mais lorfque deux 
mufcles, placés "du même côté, agif- 
fent enfemble , ils la tiennent de ce 
côté-là. Or comme de tous les muf- 
cles , qui fervent aux differeus mou- 
vemens de la langue du Pic verd , il 
n'y a que ces quatre derniers qui y 
aient leur infertion, il eft vifible que 
les mufcles qui la tirent Se retirent, 
ne lui appartiennent pas proprement, 
mais à la gaîne Se aux branches de l'os 
hyoïde, où ces mufcles vont s'inférer , 
comme je l'ai déjà fait voir plus haut ; 
d'où ii s'enfuit que les mouvemens 
que fait la langue en fortant du bec , 
Se en y rentrant , appartiennent auffi à 
ces parties , Se non pas à la langue , 
puifque dans ces deux mouvemens , 
elle peut demeurer immob'le. 

Telles font les Obfe jfcjons de M, 
M e B v > fur les mouvemens de la 
langue du Pic verd.- Suivant les re- 
marques de M. d'H e 11 ram, le Pis 
verd 8c tous les Grimpereaux ont Le 
bue artiftement fait pour creufer le 



V I c 

bois ; ils l'ont dur , aigu Se fort : il y 
a une efpece de rebord au bout du 
bec du Pic verd , comme fi un Arrifte 
en le façonnant eût eu deCTein de le 
rendre en même temps fort Se pro- 
prement fait. La langue du Pic verd 
eft très - finguliere , Se mérite d'être 
remarquée , foit qu'on en confidere la 
longueur , les os Se lès mufcles , foit 
qu'on y obferve la partie renfermée 
dans le col Se dans la tête , par où elle 
peut d'autant mieux s'élancer hors de 
fa cellule , ou s'y retirer , foit enfin 
qu'on examine fa pointe aiguë en gui- 
fe de corne barbue , Se la matière 
gluante , dont elle eft enduite à fon 
extrémité. Tout cela lui fert à piquer, 
à tuer Se à tirer hors du bois les pe- 
tits VermiiTeaux. Une telle langue , 
dit C o i T F. R , étoit néceflaire au Pic 
verd pour attraper des Vermiifeaux , 
ou des Fourmis , ou autres infectes. 
Lorfque le Pic verd , par fa faracité 
naturelle , découvre quelque arbre ca- 
rié ou creufé , Se où il y a des Vers & 
autres, infectes , il y vole auffi-tôt , Se 
s'appuyant fur fes pattes &: fes forts 
ongles de derrière , de même que fur 
les groffes plumes de fa queue , il per- 
ce l'arbre avec fon bec aigu Se fort ; 
après quoi avançant fon bec dans le 
trou , il pouffe une grande voix dans 
le creux de l'arbre, afin d'exciter par 
ce fifflement les petits infectes , qui , 
étant alors réveillés , rempent çà 9t là. 
Alors le Pic verd élance fa langue , 
dont il fiche les crochets Scies aiguil- 
lons dans les corps de ces petits ani- 
maux , Se de cette manière les attire 
à lui pour les dévorer enfuite. 

Frisch Se M. Klein difent qu'il 
n'y a que le mâle qui ait du rouge fur 
la tête : ils fe trompent; car les petits 
ont tous le défais de la tête écarlate , 
même dans le nid. F it i s c h ajoute 
que le Pic verd fait ravage en hiver 
dans les- ruches des Abeilles , fur-tout 
dans celles qui font faites de paille ; 
que cet oifeau vole par bonds, s'éle- 
vaat un peu au-deffus de la ligne 



PIC 431 

droite qu'il veut fuîvre , puis en fe 
plongeant un peu au-deffous de cette 
même ligne ; que par-là fon vol fait 
un arc confldérable , ce qui n'empêche 
pas qu'il puiffe franchir de grandes 
plaines en volant. Si la langue du Pic 
verd eft fort longue , ce n'eft pas , 
cominue-t-il , comme le penfent quel- 
ques-uns , afin qu'elle puiffe entrer 
bien avant dans les trous des arbres 
pour en tirer les Vers de bois ; car les 
Scarabées de bois pofent un œuf fur 
le bois pourri , ou fur l'écorce d'un 
arbre vermoulu ou vieux , 5c cet œuf 
devient un Ver fans pieds , qui ronge 
le bois , jufqu'à ce qu'il foit grand. 
Quand le temps de fa transformation 
de Vers en Scarabée eft venu , il fe 
fait, en rongeant vers l'écorce , une 
place affez grande pour lui , d'où il 
fort far le trou qui fe voit endehors, 
& dans lequel il n'y a par conféquenc 
plus rien pour le rie verd ; mais la fin 
pour laquelle il a une langue fi lon- 
gue eft pour qu'il puifTe prendre fa 
nourriture dans de"s fourmiiiieres : il 
va becqueter un peu dans le tas , Se 
met par- là les Fourmis en mouve- 
ment ; enfuite il tire fa langue aiilll 
loin qu'il peut , Se lor/qu'elle eft toute 
couverte de Fourmis, il la retire, ce 
qu'il répète jufqu'à ce qu'il foit raf- 
fafié. 

M. Deslandes, dans fon EJfai 
fur la Marine des Anciens , dit que 
peu d'arbres font capâbl s de fournir 
des bois de quarante pieds de long, 
fans nœuds , ou fans trous de Pic vt rd , 
tels qu'il les faut pour des rames; Se 
à cette occafion il ajoute en note mar- 
ginale , que le Pic verd fe fert de fa 
langue, comme d'une tanière , pour 
percer les plus gros arbres ; qu'il la 
porte fort loin hors de fon bec , Se 
qu'elle tient à l'os hyoïde ; que cette 
même langue eft une efpece de lame 
offeufe, roulée en quelque forte com- 
me un reffort de montre , qui , en fe 
repl'ant, permet à l'oifeau de l'éten- 
dre extrêmement loin , & y pour aiafi. 



432 PIC 

dire , de la pointillcr. Mais M, D e S- 
landes , difent les Auteurs de la 
Suite de la Matière Médicale , qui jouit 
à jufte titre de la réputation de fa- 
vant Phyficien , nous permettra de 
douter que la langue du Pic vcrd puif- 
fe jamais percer les plus gros arbres : 
s'il le fait , c'eft plutôt à grands coups 
de bec , comme il eft aile de s'en con- 
vaincre ; car on l'entend allez fouvent 
dans les forêts frapper contre les vieux 
Chênes , Se autres arbres moins durs , 
tels que les Hêtres, les Charmes , 8c 
les Peupliers. C'eft-là qu'avec le temps 
il fait des trous fi bien arrondis , que 
le plus habile Géomètre ne pourrait 
jamais en faire de plus ronds avec le 
compas. Le Torchepot Se les Etour- 
■neaux profitent de ces trous pour y 
faire leurs petits , quelquefois même 
les Chauves-Souris ; car nous nous 
fouvenons d'y avoir été trompés , Se 
nous avons connu de jeunes gens qui 
croyant dénicher des Pics verds , ont 
été bien étonnés de trouver à leur pla- 
ce une nichée de Chauves -Souris. Les 
gens de la campagne, continuent les 
jnêmes Auteurs , difent ordinairement 
que le Pic verd ayant donné quelques 
coups de bec à un arbre, vaauffi-tôt 
de l'autre coté pour voir s'il eft percé 
d'outre en outre : mais c'eft une er- 
reur; car fi l'oifeau tourne autour do 
l'arbre , c'eft plutôt pour y prendre les 
infectes , qu'il a réveillés 5c mis en 
mouvement. 

Pline n'a pas ajouté foi à l'opi- 
nion vulgaire , qui eft que cet oifeau , 
par Le moyen d'une herbe , fait fauter 
avec bruit ce qu'on a enfoncé dans fon 
trou. Si cette herbe que les uns difent 
être la grande Lunaire , d'autres une 
efpece de Sclarée, nommée JEthiopis , 
étoit connue pour avoir cette vertu , 
elle rendrait un grand fervice aux vo- 
leurs , comme l'obferve Aldrovan- 
De. Il n'eft pas vrai qu'il y ait une 
antipathie entre la Tourterelle 8c le 
Fie vcrd , Se que le dernier étant le 
plus fort tue fon adverfaîre. C'eft en- 



P I C 

core une faufleté que ce qu'avance 
Pline ; fàvoir, que le Pic verd Se l e 
Corbeau fe battent enfemble de nuit 
cherchant i détruire l'un les œufs de 
l'autre. Le Pic verd vole lentement , 
mais quand il eft pourfuivi par i'Éper- 
vier ou par l'Émerillon , il précipita 
fon vol en criant de toutes fes forces. 
Se a l i g e h & Albert le Grand di- 
fent que cet oifeau apprend à parler. 
Il y a toute apparence qu'ils ont con- 
fondu le Pic verd avec la Pie. 

Le Pic vcrd eft de peu d'ufage en 
aliment: fa chair fibreufe , dure & co- 
riace ne le fait pas rechercher. Selon 
A L D r o v a n d e , on le vend à Bou- 
logne pendant tout l'hiver au mar- 
ché , mais fur-tout en automne dans le 
temps qu'il eft le plus gras. Quant i 
fon ufage en Médecine , les os de cet 
oiieau defféchés & réduits en poudre 
font diurétiques, & recommandés con- 
tre le calcul & les graviers. On l'efti- 
me auffi propre pour les maladies des 
yeux : il aiguife la vue , étant mangé 
en fubftance ou pris en bouillon ; au - 
trament on l'applique fur les yeux , 
ou bien l'on y fait entrer de fon fang 
tout chaud. 

J'ai déjà parlé de plufieurs efpeces 
de Picj au mot G R I M P E R E A U , 
voici les autres. 

.PIC VERD très- grand , en La- 
tin Picus viridis major , feu. rnaxirnus : 
Selon B e i, o h ( de la Nat. des Gif 
L. Vf. c. 15.), cet oifeau eft beaucoup 
plus grand que le précédent. 11 a le 
bec courbé, ce qu'on ne voit pas aux au- 
tres Pics. Il a cependant les pieds fem- 
blables , dit R A y ( Synop. Mcth. Av. 
p. 43. n. 3. ) j & des taches fur les ai- 
les , mais différentes de celles des au- 
tres Pics. Cet oifeau, félon Belon , 
n'eft point connu en France. A R 1 s- 
to T e dit qu'il n'eft gueres moins gros 
qu'une Poule. Il a le bec crochu; c'eft 
ce que rapporte auflï E l i e n. Ses 
pieds font faits comme ceux des au- 
tres Pics. Il a deux doigts derrière Se 
deux devant. 

Grand 



1 



P I c 

Grand PIC VERD bigarré, en 
Latin rieur varias major , félon Ges- 
her , Av. p. 708. Aldrovande, 
Omit h. L. XII. c. 3 2 . W 1 L 1, u G h b y , 
Ornitb. 94. f. 21. Ray, .5r)'»°P- 
Av. p. 43 . ». 4. & A l b 1 n , Towe /. 
p. 19. il eft nommé par M. LinnjKus 
{IW'.na Suec. p. 20- ». Si.) > Ficus 
albo , nigroque variegatus . vvrtice nigru, 
reRricibus tribus lateralibus U trinque 
alhefcentibus. Les Suédois lui ont don- 
ne le nom de Gyllennnna , Se les An- 
glois celui de the Greater Spotted ÎVood- 
peck.tr , ou WtiwalL 

L'Auteur de la Nouvelle Hifloire 
des Ci/ eaux en donne la defeription 
en ces termes. Cet oifeau , dit-il , à 
l'endroit cité , u onze pouces de lon- 
gueur depuis la pointe du bec jufqu'à 
l'extrémité de la queue , &: quatorze 
pouces de largeur, lorfque fes ailes 
font étendues. Son bec a un pouce Se 
un quart de longueur ; il cit droit 8c 
noir, gros à la racine Se va en dimi- 
nuant jufqu'à la pointe , où il fe ter- 
mine en un point aigu; fa figure eft 
pyramidale , canelée d'une raie ou 
deux: les narines fonr rondes Se couver- 
tes de foies noires. Il a l'iris rouge & 
la langue de la même forme de celle 
du Pic verd. Sur le derrière de la tête 
51 fe trouve une bande de cramoifi Se 
de vermillon , qui joint la partie blan- 
che de chaque joue , c'eft-à-dire dans 
le mâle , mais non pas dans la femelle. 
Dans cette dernière la gorge Se la poi- 
trine font d'un blanc fale Se jaunâtre. 
Le bas du ventre fous la queue eft d'un 
rouge charmant ou cramoih. Les plu- 
mes qui entourent la bafe de la mâ- 
choire fupérieure , de même que celles 
qui font autour des yeux Se des oreil- 
les font blanches : celles de la tête font 
noires, avec un trait d'un verd luifant. 
Le dos eft noir. Dans cette partie du 
corps où les ailes font entées , on trou- 
ve des deux côtés une grande tache 
blanche. Une bande large Se noire s'é- 
tend depuis les coins de la bouche juf- 
S[u"au dos : une autre ligge noire tra- 
Tome III. 



PIC 4|3 

verfe prêcifémentau-deflbus delà tête. 
Les longues plumes des ailes font au 
nombre de vingt, dont la plus avancée 
en dehors eft la plus courte; elle eft 
noire 5c marquetée de taches blanches 
en forme de demi-cercle. Les plumes 
couvertes du deiTous des ailes font 
blanches & font partie de ces taches 
blanches fur les épaules , dont on a 
fait mention. Les plumes du milieu font 
entièrement noires : celles qui font le 
plus en dehors ont deux ou trois taches 
blanches: le flllon ou la bafe de l'aile 
eft blanc. La queue de cet oifeau eft 
longue de trois pouces Se demi , com- 
pose de dix plumes roides , aiguës Se 
courbées en dedans: les dards ne s'é- 
tendent point comme ceux des autres 
plumes jufqu'à l'extrémité des pointes, 
ayant été peu-à-peu ufés ou brifés en 
grimpant : c'eft pour cette raifon que 
les plumes paroiiTent fourchues. Les 
ctiiffes 5c les pattes font de couleur d» 
plomb. Les doigts font rangés comme 
ceux des autres oifeaux de ce même 
genre , favoir deux en avant Se deux 
en arrière : les deux doigts de devant 
font attachés à la première jointure 
depuis la membrane qui lie les pattes. 

Petit PIC VERD bigarré , en La- 
tin Picus varias minor > en Anglois the 
Lcjfer Spotted li^oodfpite , ou Hickwal. 
Cet oifeau eft nommé par M.Linn^ius 
( Pauna Suec. p. 29. n. 82.) , Picus 
albo , nigroque varias , relhicibus tribur 
lateralibus apïce albo variegatis. C'eft 
le Picus variits minor de Willughby 
( Ornitb. 94. t. ai. ) > de Ray (Synop. 
Mcth. Av. p. 43. n. 5.) , de Gesner 

(Av. p. 708. ) & d'AL DROVANDE, 

Ornith. L. XII. c. 3 3 . Ce volatil , pour 
la figure Se la couleur eft femblable 
au précédent , mais il eft beaucoup 
plus petit. En donnant de fon bec dans 
la fente du bois , ou en frappant contre 
l'arbre avec vivacité çà Se là , fes coups 
redoublés forment un fon , qu'on en- 
tend de fort loin. Cet oifeau a une 
grande tache rouge fur la tête , qui 
vient finir entre les, yeux , dit M, 



434 P I C 

L i n N s. v s. Le derrière de fa tête 
eft couvert d'une tache noire , triangu- 
laire , qui ne s'étend pas jufqu'au bec. 
Songofier, fon col & fa poitrine font 
blancs. Il a les temples d'un blanc 
cendré. Sa queue eft noire Se fourchue ; 
elle eft compofée de dix plumé* , def- 
quelles cinq Ion: noires ; les première , 
féconde Se troisième font obtuies» va- 
riées de blanc & dé noir, Se le cLtlbus 
eft brun. Ii eft ronge fous !a qu.ue. Les 
ailes ion noires : les troiiem: Se uniè- 
me de celles qui les cou .-renr font pein- 
tes de tarh s blanches, .le penle que 
cet oif.au eft le tli'arû* d'A ristote 
{.Hifl. A -l'un. L./X. c.i.&ç.) , que 
Beion {de la Nat. des Oif L. VI. 
c. 14.^.300.) nomme en Latin Pico , 
Si Picus Martiur minor , en François 
Epeiche, Cul ronge ou Pic rouge. Voyez 
la defeription que j'en ai donnée d'après 
Bilon au mot É P E I C H E. 

Il y a un autre petit Pic verd bigarré , 
qui eft le Picus varius tertius de i{ a y , 
Synop. Meth. Av. p. 43 . n. 6. M. L 1 n- 
N JEVS {Fauna Suce. p. iQ.n. 83.) le 
nomme , Picus albo , nigroque varius > 
reclricibus tribus lateralibusjemi-nigris. 
Cjt oifeau , dît ce Naturalise fe trou- 
ve en Scanie , Province de Suéde. 

Il a , félon Albin, cinq pouces Se 
demi de longueur , depuis la pointe 
du bec jufqu'à la queue, Se dix pou- 
ces un quart de largeur , lorfque les 
ailes font étendues. S'a queue ne confifte 
qu'en dix plumes , chacune focceffive- 
ment plus longue que l'autre , depuis 
la plus en dehors de chaque coté juf- 
qu'à celles du milieu , qui font les plus 
longues Se au nombre de deux. De ces 
dix plumes , celles du milieu font tout- 
à-fait noires , fortes, pointues 5c cour- 
bées en dedans, comme on les trouve 
dans les autres oifeaux de cette efpece : 
elles font aînfi formées , pour foutenir 
le corps , lorfque le Pic verd monte 
aux arbres. La gorge , la poitrine Se 
le ventre de cet oifeau font d'un blanc 
fale: la couleur au-defïus des narines 
eft brune , Se il fe trouve fur le fommet 



P I C 

de la tête une large bande de rouge ; 
le derrière en eft noir. Autour des 
yeux il a un efpace allez large, garni 
de plumes blanches , qui s'étendent 
de chaque coté jusqu'au milieu du col : 
ces plumes fe terminent en noir, ex- 
cepté que les plumes qui couvrent les 
oreilles font de la même couleur que 
la poitrine. Le deffus du dos & les plu- 
mes couvertes dudefTousdes ailes font 
noirs : les unes Se les autres font jo- 
liment marquetées de taches blanches , 
en forme de demi - cercles. Le milieu 
du dos eft blanc , avec des lignes noires 
entravers. Il a le bec, l'iri? , les pieds 
Se les doigts fembhbles à ceux du 
grand Pic verd bigarré : les ferres en 
l'ont noires Se courbées. Le nombre des 
plus fortes plumes de fes ailes eft égal 
à celui des plumes principales de la 
queue. Ai. drovande marque que 
cette efpece d'oifeau n'a point de ces 
taches rouges fur la tête ni fur le crou- 
pion , ce qui eft vrai à l'égard de la 
femelle , mais non pas à l'égard du mâ- 
le , puisqu'il a la tête marquetée d'une 
tache rouge. Cet oifeau , difentRAT 
Se M. L 1 n n m v s , eft de la grandeur 
du Moineau domeftique. Il a les pieds 
petits, mais les ongles longs. 

M.Linnjeus ( Fauna Suec. p. 3 0. 
n. 84. ) parle encore d'une autre efpece 
de Pic verd , qu'il appelle Picus pedi- 
bus irïebatlylis , Pic à trois doigts. Il en 
a donné la defeription dans les Ailes de 
Stcckolm* année 1740. p. 222. fous, le 
même nom. Cet oifeau , dit-il , ap- 
proche de la grandeur du précédent, 
Se eft de la même figure. Son corps eft 
noir, marqué depuis la naifTance du 
bec d'une ligne blanche , qui s'étend 
de chaque côté vers la marque où elle 
fe joint, Se defeend enfuite parle col » 
le long du dos , jufqu'à la queue. La 
poitrine Se le bas ventre font blancs 3c 
noirs. Les plumes de fes ailes font 
noires par-deffiis , marquées de trois 
ou cinq rangs de petites taches blan- 
ches : en deflbus elles font cendrées „. 
& elles ont ftpt ou huit rangs de taches 



P I c 

blanches , quî font plus grandes. Les 
plumes de la queue par deffus font 
noires : la queue eft courte Se forte ; 
les grandes plumes cri font noires , Se 
les bouts marqués de blanc de chaque 
côté. Il a le haut de la tête couleur de 
fafran. Son bec eft angulaire Se la poin- 
te en eft ronde. Il n'a que trois doigts 
aux pieds , deux devant Se un derrière , 
en quoi il diffère des autres Pics , qui 
en ont deux devant Se deux derrière: 
lin de ceux de devant eft un peu plus 
petit que l'autre. C'eft ainfi que M. 
L i n N m v s parle de cet oifeau , qui fe 
trouve en Suéde dans les montagnes 
de Dalécarlie. 

Le Turcot de B E L o N , nommé par 
les Naturaliftes Jynx , en Latin lor- 
éidlla , eft mis par M.Klf.in dans le 
rang des Fies. Voyez au mot T U R- 
COT. 

P I C DE MURAILLE, en 
Latin Ficus muralis. Cet oifeau , dit 
B E l o N ( de la Nat, des Gif- L. VI. 
c. 16. p. 303.), eft particulier au pays 
d'Auvergne , Se connu de peu de per- 
fonnes. On le voit voler vers les mon- 
tagnes Se les villes d'Auvergne. Com- 
me les Pics verds aiment à monter le 
long des arbres , de même celui-ci 
monte le long des murailles : c'eft 
ce qui lui a fait donner le nom de Pic 
de muraille. Les habitans des environs 
de Clermont le nomment Ternier , Se 
d'autres Ecbelette. Ses ailes font ma- 
drées de rouge. C'eft un oifeau gai , 
volage , de lagrofleur d'un Étourneau. 
Il lè fait entendre de loin. Sa voix eft 
forte Se méiodieufe. Il ne peut refter 
en place, ni perché , mais pendu, à 
la manière des Pics verds. Sa queue eft 
courte Se noire , ainfi qu'une partie 
de fes ailes. Il a le bec Se la tête com- 
me l'Étourneau; le dos, le col Se la 
tête de couleur cendrée ; les ailes mou- 
chetées de rouge , comme celles d'un 
beau Papillon. Il vole à la manière des 
Hupes , c'eft-à-dire en battant des 
ailes ; car fes ailes font figurées à-peu- 
pris comme celles de la Hupe. Il a les 



PIC 

ïambes courtes & les doigts des pieds 
longs , qui font au nombre de quatre , 
deux devant Se deux derrière. Il fait 
fa nourriture de Mouches Se d'Arai- 
gnées , qu'il prend le long des murail- 
les Se le long des montagnes. Il fait 
fes petits dans des trous de muraille. 
Cette efpece d'oifeau ne vole point 
par troupe, mais tout au plus deux à 
deux. C'eft ainfi que Bel on parle 
du Pic de muraille. Aldrovande 
( Ornitb. L.XII. c.^j.) Se Ra t ( Synop. 
Mcth. Av. p. 46". n. t.) en font men- 
tion. Ce dernier marque qu'il a les 
doigts longs , dont trois devant Se 
un derrière , contre le fentiment de 
B E L o n , qui dit qu'il en a deux de- 
vant Se deux derrière. Ray dit encore 
qu'il fait fon nid dans les trous des ar- 
bres , Se Belon dans les trous des mu- 
railles. Mais paffons aux Pics étrangers. 
Catesby en donne de phtfieurs ef- 
peces. 

PIC de la première grandeur à bec 
blanc, en Latin Picus maximus , roflro 
albo. Selon Catesby , p. 16. il a 
le bec d'un blanc d'ivoire; une crête 
rouge ; une raie blanche en crochet , 
qui va de l'œil jufqu'à l'aile ; le bas 
du dos blanc; les ailes blanches, ex- 
cepté les grandes plumes des ailes , 
nommées rémiges: tout le refte du corps 
eft noir. 

Grand PIC noir, en Latin Ficus 
maximus niger. Cet oifeau, dit le mê- 
me Auteur , p 17. a le bec noir, la 
tête couleur écarlate aigrettée ; au- 
deffous une raie de couleur noire Se 
déforme circulaire; enfuite une raie 
blanche Si jaune , qui forme le haut 
du col, laquelle eft traverfée à l'angle 
des deux côtés du bec d'une tache en 
long Se écarlate : tout le refte du corps 
eft auflî noir. 

PIC DORE.en Latin Picus 
maximus , alis aurcis. Cet oifeau a le 
haut de la tête Se le col plombés ; la 
nuque écarlate ; le derrière du col Se 
le gofier d'un rouge brun ; le dos Se 
les petites plumes des ailes, nomméet 



4î tf P I C 

vejHffieçf , tachetés de no'r en croîf- 
fant; le côté des plumes de l'aile de 
couleur d'or vif ; le haut du col noir ; 
le bas du dos , la poitrine Se le ventre 
d'un blanc fale; le croupion blanc ; la 
queue & les pieds noirs. 

PIC varie à ventre ro;ge, en Latin 
Ficus ventre rubro. Cetoifeau eft notre 
Épeiche. 11 a feulement le deilus de 
la tête Se du col de couleur écarlate ; 
le deflbus du col Se du corps cendré; 
le defTousde la queue de couleur écar- 
late ; deux plumes blanches à la queue , 
Se le demis du corps varié. 

PIC VELU , en Latin Ficus 
médius vi! lofas. Cet oifeau a la tête 
noire ; l'occiput de couleur écarlate ; 
tout le délions du bec blanc ; la queue 
noire, les ailes de la même couleur, 
fernies de points blancs ; une raii blan- 
che, Se le long de l'épine du dos des 
plumes velues. 

VIC à tête rouge , en Latin Ficus 
rubro-cephalus. Cet oifeau a le bec 
plombé, la tête Scie col d'un rouge 
foncé ; le ventre , la poitrine , le crou- 
pion Se les petites plumes des ailes 
blancs , Se tout le relie noir. 

PIC ver à à ventre jaune , en Latin 
Ficus varias-, ventre litteo. Cet oifeau a 
le bec plombé ; le fynciput , le vertex Se 
le guttur rouges ; fous le rouge de la 
tête une raie blanche; fous la blanche 
une raie noire ; fous la noire une raie 
jaune, qui prend au coin du bec Se va 
îe porter à l'occiput Se defeendre fur 
le col ; le col & le dos couverts de 
plumes noires Se blanches, mêlées d'un 
jaune verdâtre; la poitrine Scie ventre 
d'un jaune clair avec quelques plu- 
mes noires çà Se là; les ailes noires ,. 
dont quelques plumes font blanches 
vers le haut; de groffes plumes ta- 
chetées de blanc ; la queue noire Se 
blanche. La femelle n'a point du tout 
de rouge. 

Petit PIC ver A tacheté , ou grivele,. 
en Latin ficus minimus guttatus. Cet 
oîfeau refTembie au Pic velu. Il eft plus 
g eût.. Il a la poitrine Sc.k ventre d'un. 



P I C 

gr's clair ; les plumes de la queue lea 
plus élevées , noires : les autres dimi- 
nuent de longueur , à mefure qu'elles 
s'éloignent du milieu : elles font tra- 
verfées de noir Se de blanc. Les jam- 
bes & les pieds font noirs. 

PIC ver à à tête noire , en Latin 
Sitta capite nigro. Cet oifeau a le bec , 
le haut de la tête Se le col noirs ; îe 
dos gris Se les ailes brunes , bordées 
de gris clair; les deux plumes du mi- 
lieu de la queue grifes ; la gorge , la 
poitrine, le deilus du bec Se le ventre 
blancs; vers l'anus une tache rougeâ- 
tre; les jambes Se les pieds bruns; le 
talon plus gros &c plus long que les 
autres ergots. 

PIC ver à à tête brune , en Latia 
Sitta capite fujeu. Cet oifeau a le bec 
noir , la tête brune ; une tache d'un 
blanc fale à la nuque ; tout le deflous 
du corps blanc depuis le bec jufqu'â 
l'anus ; le dos de couleur grife , ainfi 
que les deux plumes du milieu de la 
queue , qui eft courte ; les autres noi- 
res ; les ailes brunes Se le talon com- 
me le précédent. 

PIC verd varié de Bengale , en 
Latin Ficus varias Bengalenfîs. CeC 
oifeau , dit A L B I N ( Tome III. n. 2 2.)., 
a le bec & les pieds cendrés ; la moitié 
de la tête très-noire , variée de blanc ; 
fur la tête des plumes rouges ; par 
derrière une noirceur , qui décrit un 
triangle; les côtés du col Se la poitrine 
blancs , tachetés de noir; le dos cou- 
leur de paille ; les plumes des ailes 
d'un jaune foncé, mêlé de blanc Se de 
noir; les plumes nommées rectrices va- 
riées d'un beau noir Se blanc , Se la 
queue noire.. 

PIC bigarré du Bréfil ,. en Latin 
Ficus varius Bmfdicnfis. C'eft l'Ipecii 
de Marc Grave. W-ez IPECU. 

P IC DU BRÉSIL de couleur 
verte , mêlée de couleur d'or Se de feu. 
C'eft le Jacamaciri du même Auteur, 
Voyez JACAMACIRI. 

Il y a d'autres oifeaux qui appro- 
chent des Fies tels font le Jtwc o > 



P I c 

le Cinclus d'A ldrovakde; fe 
Moineau de Jonc , en Latin Fajjer antn- 
diriaceits minor ; Y Atototol du Mexi- 
que ; la Su ta , ou le Ficus c 'mer eus 

d'A LDROVANDE, qui eft le 

Orimpereau , ouïe Torebepot de Belon ; 
la Certbia des Latins, qui eft le Creeper 
des Anglois. Voyez ces mots. 11 y au 
Mexique , félon He&nandez , plu- 
fieurs efpeces de Fies verds , comme 
le Qitiitotomomï , le Thàubque-Cbulto- 
toit, le Q_uaubtotopotli , YOcocoiiti , le 
Quaucboebvpitii Se encore le Tz.i»u- 
z.ian. 

Sloane, dans le Catalogue de 
fes oifeaux de la Jamaïque , parle d'un 
Fie bigarré ce moyenne grandeur , Fi- 
cus varius médius j dm aïe en fis. 11 a dix 
doigts de long Se quatorze de large , 
les ailes étendues. Sa tête Se fà langue 
iont faites comme celles du Fie bigarré 
d'Angleterre. Sa queue n'en diffère pas 
beaucoup. Sa tête eft brune : il a cepen- 
dant le haut de la tête & du col couleur 
de fafran. Le dos , la queue 5c les ailes 
font noirs Se traverfés de lignes blan- 
ches. Le gofier , la poitrine Se le ven- 
tre tirent entre le doré Scie brun. Ses 
pieds font d'un verd tirantfur le jaune. 
Cet oifeau fe trouve dans les bois, dit 
Ray, Synop. Append. p. 1 8 1 . n. i ï . 

11 y a un autre oifeau , que le même 
Auteur ,. n. 12. nomme Ficus major 
laicophœus , -feu eanefeens. Il a dix-huit 
doigts de longueur , depuis la poin- 
te du bec jufqu'au bout de la queue , 
&: autant de largeur , les ailes étendues. 
Son bec eft long d'un pouce : il eft un 
peu courbé, pointu parle bout, noir 
deffus Se blanc deffous. Sa tête eft cou- 
verte d'un plumage brun Se mol. Le 
dos Se les ailes font d'un brun plus clair. 
La queue eft noire Se le bout eft blanc. 

ai a ic iricniOii 1*. le ^viiLi u-iauta ut, 
couverts d'un duvet mol Se foyeux 
le refte de la partie inférieure du corps 
eft de couleur de feuilles de Vigne 
morte , & les pieds d'un bleu tirant 
fur le noir. On volt de ces c'ftaux pen- 
dant toute l'année dans les bois &. les 



P I C 



437 



haies. On les appelle Qfàaux d e v h,ie 
pareeque par leur cri fort Se élevé oâ 
croit qu'ils l'annoncent. 

On voit encore dans le même pays , 
dit Ray (ibid.n. 13.), U n autre Pic t 
nommé auffi Oifeau de pluie , pareequ'il 
la préfage. 11 ne diffère du précédent 
que par fon bec qui eft beaucoup plus 
long &plus droit , plus menu & plus 
blanc. 

Le Fie verd eft commun à la Loui- 
fiane. 11 y en a de deux efpeces. Ceux 
qui font gris , mouchetés de blanc , font 
plus gros que ceux que nous avons en 
France : ils ont cependant le même 
cri, dit M. le Page du Pratz 
Leur langue eft longue, faite en dard" 
Us ont le bec fait comme le taillant 
d'une petite hache , dont ils fe fervent 
pour percer le bois où eft le Verdor.t 
ils veulent fe nourrir : c'eft ce qui lait 
qu'on les appelle Pics de bois. L'autre 
elpece a le col Se la tête d'un rouçe 
extrêmement vif; ce qui , joint avec le 
plumage du corps , qui eft d'un cris 
moucheté , fait un trcs-bel oifeau. 

Le Fi; verd, félon Kolbe , eft un 
très-bel oifeau au Cap de Bonne-Efpé- 
rance.ll eft tout gris, excepté une raie 
rouge qu'il a fur la tête , Se une autre 
de même couleur fous la gorge 11 f e 
nourrit d'infectes , qu'il pique' fous 
1 ecorce des arbres. On voit quelque- 
fois fon nid fur le fommet des rochers 
hauts Se efearpés , plus fou vent cepen- 
dant fur les buiffons qui font autour 
des vallées. 

Les Grimpereaux font affez com- 
muns au Cap , Se le feraient bien da- 
vantage , auili-bien que les autres ef- 
peces de Fies , fi les oifeaux de proie 
ne les détruifoient. 

Les Nijturaiiucs qui ont écrit fur les difle- 
rentes efpeces de font \i e l o n , de la~ 
Nat. des 0':f. p. 199. G E s n E r , de Avib,- 
p. 710. Jai. ston , de Avib. p. 79. Schwhvck- 
F£ld , Aviar. Silcf. 338. Wi 1mj<?hby ■ 
Onu th. p. 9}. K a v , Synop. Metk. Av. p. 4 ,\i 
Aldrcvande , Orr.uh. 1. p. 34. LÉ m e r y- 
p. ÉS4. A 1 b 1 n , M. L 1 n n & v s , & les au- 
tres. 

PIC A CUREE A, efpLece 



43 8 PI C 

Pigeon fauvage du BréfU , dont le 
plumage eft cendré , mêlé de roux. Il 
a les pieds Se les jambes rouges , dit 
RuïSCH, de Avib. p. I4°- 

PIC AREL, nom que Ronde- 
let ( Liv. V. chap. 14- P- I20 "' ^dit. 
Fraaf. ) donne à un poiflbn à nageoi- 
res épineufes , Pifcis acanthopterygiuf , 
mis par A R T E 0 1 ( khth. Part. V. 
p. 6z. n. io.) dans le rang des Spa- 
res , Se nommé Sparus macula nigra 
in utroque latere medio , pinnis pedora- 
libus , caudâque rubris, C'eft le ïy.ctp"is 
d'A a i s t o T e ( Hijl. Anim. L. VI II. 
c. 30. ) Se d'Opp 1 e n ( L. I, p. 5. ) ; 
le Smaris d'O V i D E C Hal. V. 1 20. ) , 
de Belon {de Pijcib.) , de GESNER 
{deAqitac), d'A LDROVi NDE(^e 
Fiji. L. IL c. 40. p. 228. ) , de Jons- 
TON ( de Fiji. L. I. c. t.), de Wil- 
i u G h B y , p. 3 1 9. & de R a ï , Synop. 
Alcth. Pijc. p. 1 3 d. Pi.ine ( Hifi. Mat. 
L. XXXI L c. 11 ) le nomme Cerné} 
les Vénitiens Giroli , ou Gerruli ; Se les 
Marfeillois Gerres , dit Rondelet. 

C'eft , félon cet Ichthyologue Fran- 
çois t une efpece de' Mendole blan- 
che. On l'appelle en Languedoc Se en 
Efpagne Ficarel , pareeque ce poiflon 
féché ou defféché pique fortement la 
langue. Ceux-là fe iont trompes, qui 
ont cru que les Mendoies blanches , 
foient des Harengs : car les Harengs 
font du genre des Alofes , Se on n'en 
pêche point dans la mer Méditerranée, 
oùfe trouvent tes Mendoles blanches , 
& par coniéquent le Ficarel. Ce poif- 
fon de mer eft femblable à la Men- 
dole , mais un peu plus petit. Il eft de 
la longueur du doigt , étroit , & il a 
le mufeau pointu. Il eft marqué au mi- 
lieu du corps , à chaque côté , d'une 
tache no're. Ses traits font argentés & 
dorés , mais obfcurs depuis la tête 
jufqu'à la queue ; du refte il reflem- 
ble à la Mendole par les nageoires, 
par les aiguillons Se par la queue , ainfi 
que par l;s parties intérieures. Cette 
jreflêmblance fait croire à Rondelet 
<crue ce poiflon eft celui que les anciens 



P I C 

Latins ont nommé Garum , Se qu'an 
lieu de Garni , on l'a nommé depuis 
Gcrriir , au pbrier Gerres. On le nom- 
me à Antibes Garon. La faumure du 
Ficarel eft très-bonne, ainfi que l'étoit 
celle des Anciens , nommée Garus , 
comme le marque Pline. Le Ficarel 
a le même goût Se le même fuc que 
la Mendole. Les Pêcheurs le falent , 
Se le mettent à l'air pour delTécher. 
Les autres , comme faifoient les An- 
ciens , le font tremper Se fondre dans 
le fel , pour faire la faufte que l'on 
appelle Garum. 

FICHAROUKI , nom qu'on 
trouve dans le Dictionnaire Egyptien de 
K 1 R k e R , pour fignifïer Crocodile. 
Voyez ce mot. 

P I C H O U , efpece de Chat Pu- 
tois qu'on voit à la Louifiane , dit M. 
le Page du Pratz , autfi haut que la 
Tigre , mais moins gros. Sa peau eft 
très-belle. Heureufement qu'on y en 
voit peu ; car c'eft un grand deftrac- 
teur de volaille. Il vit de chafle dam 
les bois. 

PICICITLI, petit oifeau d u 
Mexique , dont parlent Raï( Synop. 
Meth. Av. p. 1 50. ) Se R u y S C h (de 
Avib. p. 123.), d'après Hernandlz 
Se Nie remuer G. Son plumage eft 
cendré , excepté la tête Se le col , qui 
font de couleur noire ; une tache blan- 
che fait le tour de fes yeux noirs. Ofl 
ignore l'origine de cet oifeau , Se on 
ne fait pas où il fait fes petits. Il ne 
chante point. Il vit fort peu de temps. 
Voilà tout ce que nous en apprennent 
les Auteurs ci-deflùs cités. 

S E b a ( Thff. I. Tab. 99. n. 4. ) don- 
ne la figure d'un petit oifeau du Mexi- 
que , hupé , auquel il donne le nom 
de Picicitli. Il a le corps Se les ailes 
marqués çà Se là de couleur de pour- 
pre. La crête eft d'un jaune fort beau # 
formant comme un petit faifeeau de 
plumes. Le bec, qui eft pointu, Se la 
queue , font rouges. Ce petit oifeau eft 
tout-à-fait jofi de quelque côté qu'on 
le regarde. 



PIC P I D PIE 

PICUI PINIMA, oifeau du 
Bréfil , efpece de Pigeon fauvage , un 
peu plus grand que l'Alouette. Son 
b:c eft fait comme celui des Pigeons; 
il eft de couleur brune. Ses yeux font 
noirs , & le cercle doré. Il a tête , le 
haut du col, les côtés , le dos Se les 
plumes des ailes d'un cendré obfcur: 
celles-ci font trèf-longues ; on en ap- 
perçoit la longueur quand il voie. Cts 
plumes fontrouftes, dit RuïSCH (Je 
Au'ib- p- elles paroiffent noi- 

res d'un côté , & à leur extrémité. La 
queue eft longuette , Se compofée de 
plumes d'un cendré brun , dont quel- 
ques-unes font noires & blanches par 
le milieu extérieur ; celles du ventre 
font blanches & les bords bruns. Il a 
les jambes & les pieds de la même 
couleur. Sa chair eft excellente 8c fort 
grafTe. 

P I D 

P IDDOCHS, nom que les Arf- 
glo's donnent à laPholade, efpece de 
Coquillage. Voyez PHOLADE. 

P I E 

PIE*, en Latin Fica , comme qui 
diroit Piiia , à caufe de la variété des 
couleurs. Ce genre d'oifeaux appro- 
che de celui des Corbeaux par le bec, 
les pieds Se les ongles. On les diftin- 

* Cet oifeau eft nommé en Hébreu Ai/ah ; 
en Chnldcen ihava , ou Tarpitha. M. Jault 
çit qu'on ne convient pas généralement que 
le mot Hébreu Aijah fignifie une Pie ; car 
pluiîeurs Ar.teurs l'expliquent par Oefalon , 
a'aurres par Emerillon, La Pie eft appekée en 
Grec K/tria , où Ki'ttœ ; en Italien Gazza , 
ou Putta ; en Espagnol , Pigaza ; en Allemand 
Ageiofi,r, ou Aglafla ; en Anglois , Magpie- 
Piunvt ; en Suédois , Skata. Elle porte ditfé- 
rens noms en François , fuivant les Provin- 
ces ; par exemple, en Picardie, comme en 
Gafcogne & en Bourgogne , on ta nomme 
Agafe , ou Agace; en Poitou, en Périgord 
& en Angotimois , Ajace; en Bretagne, Aga- 
ce. Selon Pierre Borel, Agacier , ou 
Agacer, veut dire quereller , ou harceler, Se 
<!e-là vient Je mot Agache , ou Agace, à cau- 
fe. que la Pie eft un oifeau carnaftier & qui 
criaille beaucoup. Ménage dérive ce mot 
C Acaciare , qui lignifie agafer , ou agacer > 



PIE w 

gue auffi par leur courte queue ; car 
Us Ion: brachypttres , au-lieu que tes 
Corbeaux & les Corneilles font ma- 
cropeercs. M. Klein en excepte la 
Corneille pourprée , qu'il place dans le 
genre ou dans l'ordre des Aves Fica. 
Le genre des Fies fait , chez cet Au- 
teur ÇOrM. Au. p. 60. & fuiv. ) , 
le troifieme de la quatrième famille 
de les oiieaux tétradaclyles , à doigts 
(impies , Se qui n'en ont qu'un der- 
itéré : TetradaJyli digitis jimplicibits , 
nmco pofîico. Voici les différentes! 
efpeces de Pies dont il donne la no- 
tice : fa voir, la Pic a ruflicorum , ou 
vulgaris , qui eft la Fie vulgaire; la 
Pica gl.mdana , qui eft le Geai ; la 
Pic.t glandaria , cr'tflata , purpureo- 
cxriûc.i, qui eft le Geai bleu de Ca- 
t e s b y ; la rica Nncifraga , ou Ca- 
ryocataltes ileWinuGHBï, qui eft 
le Cafte -Noix; la Pica Mexicana , 
nommée Merle par S e b a ; la Pica: 
Mexicana alla , qui eft une autre Pie 
du Mexique ; la Pica Argentorattnfis * 
qui eft le Geai de Strafhourg; la Pi- 
caTernata , c'eft-à-dire la Pie de Ter- 
nate, qui eft un Oifeau de Paradis ; la 
F ica ex albo & nigro varia , qui eft 
un Oifeau de Paradis des Indes Orien- 
tales ; neuf autres efpeces d'Oifeaux 
de Paradis, auxquels M. Klein don- 
ne le nom de Pica ; & enfin la Pica. 

pareeque les Vies font colères. S a m 0 Et 
Bec H art le tire de l'Arabe Azaggo , qui 
veut dire une Pie .- mais li l'on en croit M. 
H d e t , on difoit autrefois Agafe pour Aga- 
the, comme Macieu, pour Matthieu, & Ma- 
cé , pour Mathias. On aura donc nommé la 
Pie , Agathe , ou Margot , comme le Geai , 
Ri.hard; l'Lrourneau, Sanfminet, & l'Afne , 
Henri, Martin , ou Baudet. Les Auteurs de 
la Suite de la Matière Médicale difent que fans 
aller chercher fi loin l'étymologie d'Agafe , 
il (croit bien plus naturel de dériver ce mot 
du bruit ou des cris que font les Pies, lorf- 
qu'elles apperçoivent quelque.animal qu'elles 
n'ont point coutume de voir. Les habhans 
de la Sologne appellent la Pie commune une 
Ouaffe , & la Ptc-Criêche une Cottlouafe , ou 
Mahuafc. Selon le rapport de Cotgrave, 
la Pie lè nomme encore autrement Dame^ 
Jaquette, ou iagnette , en dinerens lieux de 
la France. 



44° PIE 

Migra Jamaïcenfis , qui eft la i 7 ^ ko/Vî 
de Sloane & de Catesbt. 

M. L i n n je us( Syfl. Nat. Edit. 6. 
p. 19. ) compofe un ordre d'oifeaux 
fous le nom d'Yves Pica, & place les 
Pies dans le genre du Corbeau , avec 
le Freux ou Grofle , la Corneille em- 
mantelée , le Geai de Strafbourg , le 
Choucas, le Cane-Noix, le Geai, le 
QjJ'a nigra , cirrata , cauda luteâ , & le 
Qjj'a nigra , alir caitdaque luteis. 

il y a d'autres oifeaux auxquels on 
a donné le nom de Pies , mais qui ne 
font pas de ce genre d'oifeaux ; tels 
que la Fie-Griêche de Belon , qui eft 
lin oifeau de proie 5 la Pie-Griêche de 
Bengale ; la Fie, ou Eécajfe de mer , 
oifeau aquatique , qui eft ¥ H&manta- 
fus des Naturalises ; une Pie de mer 
à gros bec , qui eft le Plongeon d'A L- 
piN ; une Fie du Bréfil , qui , félon 
H a y Se le même A l b i k , eft ie JV«* 
can ; la Fie de Perfe , dont parle A L» 
DRovANDEjia Pie des Antilles du 
Pere duTertre, 3c la Pie de la 
Louifiane , qui font encore des oifeaux 
à mectre au rang des Fies. Je ne vais 
parler ici que des oifeaux qui ont le 
nom de Pie s mais pour les différentes 
eipeces de Geais , CaJJi-Noix, Sec. 
voyez à leurs articles. 

PIE VULGAIRE : Cet oi- 
feau , comme je l'ai dit , mis par M. 
Linn.ïus dans le genre des Corbeaux, 
eft nommé par ce Savant ( Yaima Suce, 
p. 2 6. n. j6.) , Cor vus cauda etineij or- 
rai. C'eft la Pieu de Gesner ( Av. p. 
695 .) Se de Jonston ( Ormtb.p. 44.) ; 
la Fica varia caudata de Willughby 
( Or/iiih. p. 87. ) , de R A y ( Synop. 
Aletb. Av. p. 41. n. i.), &c cI'Albjn 
( Tome l. )■ Si la Pie , dit Belon, 
n'a voit pas le deiïous du ventre blanc , 
& le coin des ailes , il ne feroit pas 
facile de la diftinguer de la Corneille. 
Elle en a ie bec , les jambes , les pieds , 
Jes yeux , Se la façon de vivre ; la tête , 
le dos , le col , la poitrine , les cuiifts , 
la qut-ue , 8c les ailes font d'un beau 
p.oh: Sa queue eft longuette ; la plu- 



P I E 

me du milieu furpafle les autres en 
longueur. Plin e( L. iX. c. 15.), 
parle de cet oifeau , d'après Aiiit,TOTE. 
11 y a certains genres de Fies , dit-ii , 
qui favent mieux exprimer leur lan- 
gage que le Papegai. Il veut que les 
Pies ayent cinq doigts aux pieds , ce 
que S o L 1 N dit du Papegai ; mais , 
comme le remarque Belon (de lu 
Nat. des Oif. p. 29 1. ) , il n'y a point 
d'oifeau qui ait plus de quatre doigts 
aux pieds. La Pie fait environ neuf 
ou dix œufs. Son nid eft ft bien bâtî, 
qu'il cil: tout couvert par de (lu s , 5c 
il n'y a qu'un petit trou pour l'entrée 
Se la fortie. Les hommes , félon Pline , 
ont de tout temps appris à parler aux 
Pies. Elles parlent mieux que le Pa- 
pegai , quand elles font bien inftruites. 
Le même Auteur (ibid. L. X. c. ç.) , 
dit qu'il y a deux eipeces de Pies : 
Nuper & adhnc tamen rara ab Aptn- 
ninis ad urbem versus cepere Pic arum 
gengra , qit<e longà infignes cauda va- 
rié appellantur. Cette autre efpece de 
Pie , connue des Anciens , eft la Pic- 
Griêcbe , dont je parlerai. 

Voici la defeription qu'ALEiN fait 
de la Pie, à laquelle il donne le nom 
de Pie-Griêche, 

Cet oifeau qu'il nomme au {fi Agace, 
a de longueur depuis la pointe du bec 
jufqu'à l'extrémité de la queue , dix 
pouces , & de largeur , Ionique les ai- 
les font étendues, vingt-trois pouces 
Se demi. Le bec eft long d'un pouc« 
& trois quarts ; il eft noir , épais , Se 
fort. La mâchoire fupérieure eft un 
peu crochue Se pointue» la langue eft 
fendue à l'extrémité , Se elle eft noire: 
il a les côtés de la fente du palais gar- 
nis de poils , ce qui la rend raboteule, 
& comme fi elle avoit des excroi (Tances. 
Les narines font rondes Se environnées 
de poils luifans femblables aux foies 
de Cochon. L'iris eft de la couleur de 
noifttier pâle : on voit dans les mem- 
branes qui les lient une tache jaune. 
La tête, le dos , le col, le croupion, 
Si le bas du ventre , font d'une cou- 



P I E 

fetir noire. La partie la plus baffe du 
dos proche du croupion eft d'une cou- 
leur de cendre : la poitrine & les cô- 
tés font blancs , de même que la pre- 
mière jointure des ailes. Les dernières 
paroilîent trop petites en comparaison 
du corps. La queue 8c les grandes 
plumes des ailes reluifent d'un très- 
beau verd , 8c d'un mélange de pour- 
pre & de bleu ; mais toutes ces cou- 
leurs font obfcures & reiïembient à 
celles de l'arc-en-ciel , excepté les 
girouettes de dehors. Les ailes ont 
vingt tuyaux ou grofies plumes , dont 
la plus en dehors eft plus courte 
de la moitié que la féconde ; la fe- 
«ondeque latroifieme, Se la troifîeme 
que la quatrième. La queue eft com- 
poféede douze plumes , dont les deux 
qui font au milieu font les plus lon- 
gues. Les pieds Se les ferres de la Pie 
lont noirs. L'os le plus bas du doigt 
de devant , qui eft le plus avancé en 
dehors, eft lié à celui du milieu. 

On apprend facilement à cet oifeau a 
gafouiller , & encore plus diftinclement 
loriqu'on lui coupe le filet : il imite 
fort exactement la voix humaine. Ces 
oifeaux font très-méchans quand on 
les laine ibrtir de leurs cages , car 
ils volent 3c cachent en même temps 
tout ce qu'ils peuvent emporter. Ils 
font leurs nids dans des arbres avec 
Une grande adrelfe , en les fortifiant 
partout au- dehors d'épines piquantes 
tant en haut qu'en bas , n'y laiflant 
qu'un trou , qui leur fert de paflage 
pour entrer & pour fortir, La 7 J î>pond 
fept ou huit œufs à la fois , & rarement 
davantage. Ils font plus grands Se 
plus pâles que ceux de la Corneille , 
& marquetés par-tout de taches fort 
noires. Elle fe nourrit d'infectes , qui 
tirent fur le Ver coquin Se le Cerf- 
Volant , & quelquefois elle donne la 
chaiïè aux petits oifeaux, qu'elle dé- 
vore après les avoir tués. On lit dans 
Albin ( Tome I. ». 15.), à l'article 
•de cet oileau, en Note , que le Doc- 
teur d'Hekram, Anglois, avoltune 
Teste LU. 



PIE 441 

Pie qui avoît plus de vingt ans , aveu- 
gle de vieillelfe , qui parloit fans qu'on 
lui^ eut coupé le filet , tout aufïi bien 
qu'aucune de celles à qui on a fait l'o- 
pération. 

La Pie a beaucoup d'inftincT 8c de 
babil- elle fe plaît à contrefaire le 
cri de divers animaux, à répeter tout 
ce qu'elle entend : mais pour qu'elle 
jafe mieux , il faut la tenir en cage. 
Quand elle eft faoule , elle va adroi- 
tement cacher ce qui lui refte de pro- 
viiions pour les befoîns à venir. Elle 
aime à voler la vaiifelle d'argent, & 
l'on doit s'en méfier ; elle eft carnaf- 
fierc; elle détruit force gibier , même 
desLapreaux Se des Levreaux, gobbe 
les œufs des autres oifeaux , notam- 
ment ceux du Merle , dont le nid 
eft ordinairement mal caché; c'eftee 
qui rend le Merle plus rare qu'il ne 
devroit être. La /'«eft commune par- 
tout , même en Suéde ; mais elle ne 
fe trouve point en Laponie , dit M. 
L 1 N n m u S. Elle eft d'un tempéra- 
ment très-chaud 8c lafeif: elle fait l'a- 
mour cjès-le mois de Février & elle 
pond de très -bonne heure. Son nid 
eft alors expofé à la vue de tout la 
monde , & comme il eft très-gros , on 
le peut voir de loin; quelquefois elle 
le fait fur des baliveaux au défaut des 
grands arbres ; mais ordinairement elle 
choifit pour le faire le fommet des 
arbres les plus élevés &les plus inac- 
ceffibles. Quand les Corneilles appro- 
chent de fon nid , elle les attaque & 
les pourfuit en criant de toutes fes 
forces , jlifqu'i ce qu'elles foientbien 
éloignées. Llle fe défend même contre 
tous les autres oifeaux de proie. S'il 
arrive qu'on lui déniche d'afllz bonne 
heure fa première couvée ,elle en fera 
une féconde ; fin on , elle fe contente 
d'une feule nichée. On a prétendu , 
mais fans fondement , comme le difent 
les Auteurs de la Suite de la Matière 
Médicale , que la Pie faifoit deux nids 
à la fois pour mettre l'ennemi en dé- 
faut , & que fi elle s'appercevoit que 
Kkk 



442 PIE 

l'un des deux fût découvert , elle 
tranfporteroitfes œufs dans l'autre- On 
a dit, avec auffi peu de railon, que 
les jeunes Fier prenoient foin de leurs 
pères Se de leurs mères dans leur vieil- 
lelfe. Dans les Fies , comme dans les 
Geais , le maie fe diftingue difficile- 
ment de la femelle , & il n'y a dans 
l'un Se dans l'autre que quelques nuan - 
ces de plus ou de moins. Une Fie 
toute blanche a toujours été regardée 
comme un oifeau auffi rare qu'un Cor- 
beau blanc , ou qu'un Merle blanc. 
Cependant W o R M i u s marque en 
avoir eu une blanche , & les Auteurs 
ci-deflus cités difent en avoir vu une 
autre qui étoit de cette même couleur , 
à l'exception d'une aile où il y avoit 
une petite plume noire vers le milieu. 
La Fie marche en fautant , & elle re- 
mue perpétuellement la queue :. elle 
mange de tout. Quelquefois en hi- 
ver elle va prendre fa nourriture dans 
les auges des Pourceaux , qui foufîrent 
très-volontiers qu'elle monte fur leur 
dos. 

La Pie contient beaucoup d'huile & 
de fei volatil. La chair de cet oifeau 
eft fi dure & fi coriace , qu'elle n'eft 
gueres d'ufage en aliment. On en fait 
feulement des bouillons qui fourniJent 
un bonfuc , Se qui font affez nourriiïàns. 
Cependant les gens de la campagne 
font grand cas des petits , qu'ils ap- 
pellent vulgairement Fi ns , ou Fiots , 
& ils les dénichent. Quant à fes ufages 
en Médecine , on rer/arde la Fie comme 
propre contre l'épilepfie , contre la 
ma lie , & contre la mélancolie hypo- 
condriaque. La ceadre de Pie calci- 
née , mêlée avec de l'eau de Fenouil , 
& inftillée dans l'ail , eft un bon col- 
lyre contre la fbiblefledela vue. Quel- 
ques Auteurs vantent beaucoup la Pie 
manrée en fubftance , foït rôtie , foit 
bcuîllie , pour remédiera l'impuiflance 
par caufe de maléfice , 8e au nou ment 
de l*âicuîllette ; mais cette propriété 
parcît fufpe&e aux Auteurs delà Suite 
di la. Mature Médicale , qui croyent 



P I E 

qu'il ne faut pas beaucoup compte? 
li-deffus. Cependant comme l'épreuve 
eft facile à faire , & fans courir aucun 
rifque , on peut la hafarder , difent- 
ils, La Fie fait la bafe de l'eau de 
Fie compofée , qui fe trouve dans 
les Pharmacopées de Lémeei, de 
Bâtes, &c. 

Outre les Auteurs ci-defïus cites , on peut 
encore confulterfurLF/V vulgaire, Gssner., 
de Avili, p. 6z'i. Charjleton, Exercit, 
p. 75. Aid 10 V* N [) £, Ornith. t. p. 7K4. 
JoNSTON,de Avib. p. 17. Williighey, 
Ornith. f . 87. Ray, Synop. Me th. Av. p. 4I , 
Schuouircs , Ojjîc. p. JiJ. D»ie, Pkarm. 
p. 414. LÉ me ry, p. 6Sj.. B e 10 m, de la 
Nature des Oif. p. wlScbivenco tLD, 
Aviar. Silef. p. 333.M.ERRET, Pin. p. 1 71, 
M. LinnjEus , FiiunaSuef. ». 76. M. Klein j 
Ord. Av. p. 60. Albin, & les autres. 

PIE DE BENGALE, nom- 
mée en Latin Pieu Bengalenjis. Al- 
bin (Tome 1U. m 17. & 18. ) dit 
que le mâle eft environ de la grandeur 
d'un Mauvis, 11 a le bec noir , les 
bords , vers les coins de la bouche* 
jaunes , l'iris de même couleur , le plu- 
mage de la tête , du dos , & de la 
poitrine , eft d'un noir mélangé de 
traits bleus ; celui du ventre Se des 
Cttifles eft blanc ; il en eft de même 
du deiïbus de la queue. Les plumes 
fcapulaires , ainfi que les fix premières 
longues plumes des' ailes , font noires. 
Le premier rang des plumes couvertes 
tk les longues plumes qui font au- 
defTus , font blanches. Les jambes Se les 
pieds de cet oifeau font de couleur 
brune. 

Le bec de la femelle eft d'un brun 
qui tire fur le noir. Le plumage de 
la tête , celui du col , du dos , & de la 
poitrine , font d'un brun fombre ; celui 
du ventre & des cuiffes tft blanc. Les 
fix premières plumes couvertes , & les 
longues p ! umes font noires : le refte 
eft blanc. La queue eft compofée de 
douze plumes , toutes d'une couleur 
égale; le deffuseft d'une couleur l'om- 
bre , 8e le deflous eft blanc. Les jam- 
bes & les pieds font bruns. Les ori- 
ginaires du pays appellent cet oifeau- 



P I E 

f)ials-Birds , qui fignîfie Oifeau du 
cadran Polaire. 

PIE DU MÉXI QUE : Cet 
oifeau a le bec long , large , blan- 
châtre , & relevé en une boffe inégale. 
La tête Se le deffus du corps font d'un 
beau noir, varié de plumes blanches 
aux deux côtés de la tête : la poitrine 
Se le bas ventre font d'un gris de lin. 
JLe haut des ailes eft blanc ; mais les 
groiTes plumes font noires Se blanches, 
de même que la queue. Seba , Thef.ï, 
lab. 64. ». 5. 

Hernandez dît qu'on le nom- 
me dans le pays Tzanahoci. Il A y 
( Synop. Me th. Av. p. 162.) marque 
que cet oifeau a un cri plaintif, Se 
femblable à celui des Étourneaux. 

PIE DU BRÉSIL; Cet oifeau 
eft peint de divers couleurs très-jolies 
Se fingulierement diverfifiées. Sa tête , 
fa poitrine , fon ventre , Se fes cuifles 
font couvertes d'un duvet fort doux , 
cotonneux , & qui jette un éclat de 
rubis. Ses pieds Se fes doigts font jau- 
nes , de même que le bec qui eft long, 
crochu Se pointu. Les ailes font va- 
riées extrêmement de châtain Se de 
noir : elles font intérieurement d'un 
jaune pâle, Se elles ont leurs petites 
plumes d'un rouge foncé par delTus ; 
mais leurs groffes plumes , de même 
que la queue,font d'un bleu clair. Seba , 
Jhef. I. Tab. 66. n. l. 

Belon ( de la. Nat. des Oif. L. 
VI. c. 9,) dit ,que notre Pie vulgaire 
eft toute noire par deffus le corps , 
blanche deflus les ailes , ainfi que par le 
deffous du ventre,Se que la Pie du Bréfil 
eft un peu plus petite que notre Pie , 
qui eft totalement de couleur noire , 
à l'exception d'une ligne jaune qu'elle 
a par deffus les ailes. Elle a suffi du 
jaune depuis le milieu du dos jufqu'au 
deffus du croupion , Se fur une partie 
de la queue. Cet oifeau eft fort noir 
par les cuiffes , fous le ventre & à la 
tête. Son bec eft aigu , longuet , pointu, 
blanc Se cendré. Ses jambes Se fespîeds 
font noirs, les ongles font forts & cro- 



P I E 443 

chus , ce qui feroit croire que ce fe- 
roit un oifeau de proie , s'il avoit le 
bec crochu. C'eft un fort bel oifeau , dit 
Belon , qui eft plus grand que le Mer- 
le , Se reifemblant beaucoup à la Pie. 
Les Anciens ne l'ont pas. connu. 

AldrovandeC Orn.th. L. XII. 
c. o.) , Ra ï ( Synop. M, th. Av. p. 
59- ». 1. ) , Se A L b 1 N ( Tome II. 
n. 25, ) ,. donnent le nom de Pie du 
Bréjd à un oileau différent du précé- 
dent , qui eft le Tucana ou Toucan de 
Marc Grave; le Xochitenacalt 
du Mexique , nommé aufli Piperhora , 
mangeur de Poivre : ils ont eu égard à 
l'arrangement de fes doigts, dont deux 
(but placés devant & deux derrière, 
Se à ce qu'il fait avec fort bec un 
trou dans les arbres pour y faire fon 
nid. On doit mettre cet oifeau , dit 
Ai. DROVANDE.au rang des Pics , 
Se non à celui des Pus. Il tient le 
milieu entre la Pie Se le Merle. 

PIE DES ANTILLES: Cet 
oifeau , dit le P. du Tertre, a 
le bec Se les pieds rouges , le col bleu , 
ceint d'un collier blanc : fur la tête , 
eft une hupe blanche , ftriée de lignes 
noires. Cette touffe de plumes com- 
mence au bec , Se elle finit proche 
du dos. Il eft jufqu'au croupion cou- 
vert de plumes tannées. Le croupion 
eft jaune , la queue eft grande , com- 
pofée de huit plumes bleues, lefquelles 
font ftriées de blanc , dont il y en a 
deux qui font plus longues de huit ou 
dix pouces. Les plumes qui couvrent 
les grandes plumes des ailes font tan- 
nées Se rayées de lignes noires ; les 
grandes font mêlées de bleu Se de 
verd. Cet oifeau a le cri femblable i 
celui des pies d'Europe , dit R A ï , 
Synop. Meth. Av. p. 152. 

PIEDELA JAMAÏQUE, 
nommée en Latin Pica Lutco-mgra , 
varia , Se en Anglois , the Ye'tOLV and 
Black Pic. Cet oifeau, félon Sloane, 
a le bec droit , pointu Se noir , les pieds 
Se les ongles font de la même couleur, 
ainfi que la tête , le dos , le gofier , Se 
K k k ij 



la queue. Les ailes font variées de 
blanc Se de noir. Tout le refte du 
corps eft d'un doré pâle. Cet animal 
marche en fautant , comme fait la Fie 
d'Europe , dit R a y , Synop. Meth. Av. 
p. 1 81. ». i o. _ 

PIE DE LA LOUISIANE: 
Cet oïfeau , félon M. le Page du 
Pratz, eft un peu moins gros que 
la Fie de France. Tout fon plumage efl 
d'un très-beau noir. On n'en voit point 
dans les terres, mais feulement au bord 
de la mer. 

PIE-GRIECHE : Cet oïfeau 
efl: le KoXAup/oy d'A ristote( Hift. 
Anim. L. X. c. 13.), & le Collurio 
des Latins. Be l o n {h. II. c. 23. 
p. iz6.) , dit qu'il y a deux efpeces 
de petits oifeaux de proie , qui n'ont 
pas plus de chair qu'un Merle • l'un 
eft grand , & l'autre efl périt ; mais 
au refte ils font fi femblables , qu'ils 
ne différent que par la grandeur. La fît- 
Griêche eft connue par -tout. Elle a des 
taches blanches aux côtes, comm; la 
Fie , c'eft ce qui lui a fait donner fon 
nom, dit Belon. Les Italiens , ajou- 
te-t-il, la nomm.:nr Falconeilo , comme 
qui diroit Faucomtetu ; auffieft-elle du 
nombre des oifeaux de proie. Celui 
qui prendroît la peine de la leurrer 
lui trouveroit autant de courage qu'à 
un bon Faucon. R A y { Synop. Meth. 
Av. p. 18. «. 3. ) dit que le Collurio 
cinereus major, eft le Lanius. Le La- 
mas , ou Lanier en François , n'eft 
pas plus gros qu'un Merle , ce qui 
convient auffi à la Fie-Griêi he. Seroït- 
ce le même oifeau ? La grande Fie- 
Griêche efl fi hardie , Se a tant de cou- 
rage , qu'elle attaque les Merles Se 
les mange. Elle a la tête groTe Se 
large , le bec dur , noir Se gros , un 
peu crochu par le bout, Se l'ouver- 
ture grande. Les plumes de defTus la 
tête , du dos , du col jufqu'àla queue 
font grifes 8e fi fines , qu'il femble 
que ce foit du poil, Cet oïfeau eft 
blanc fous la gorge ; mais entre le blanc 
de la gorge , & le gris de defTus la 



P I E 

tête , il y a une ligne de plumes noires 
qui commence dès le bec , Se va finir 
où commence le col. Il eft blanc fous 
le ventre Se fous la queue. Ses ailes 
font marquées par defTous d'une li- 
gne blanche. Sa queue eft très-longue 
Se furpafTe la longueur des ailes.^ Les 
deux plumes du milieu font noires ; 
les quatre autres font blanches par les 
bouts. Ses jambes Se fes pieds font 
noirs, munis d'ongles crochus. La Pie- 
Griêche fait fon nid de moufTe , de 
laine, d'herbe à coton, Scie fond efl: 
de la bruyère :il eft garni en dedans de 
quelques brins de foin Se de chiendent. 
On trouve dans ce nid fix petits , qui 
ne refiemblent au pere 8e à la mere que 
par le bec , par les jambes , Se parles 
pieds : ils ont les racines des plumes , 
qui font encore en tuyaux, tirant fur 
le verd. On ne voit gueres brancher 
la Pic-Griêche , à moins que ce ne foit 
fur la fomrniré des arbre3 , ou d'un 
buiffon, excepté en automne : on l'en- 
tend chanter fur dirférens tons pen- 
dant cette faifon. En hiver elle n'a 
qu'un ton de voix , qu'on entend de 
fort loin , comme la Chevêche , qui en 
appelle une autre : elle crie affezagréa- 
bkment homn, ho'tiin , Se elle le ré- 
pète fort fouvent. Aristote, qui 
parle de cet oifeau , dit : Collurio Avi- 
ada fimilis eft Menti <t , mfiquod ma- 
gnitudineftt P ardait , Mollicipitis , at- 
que aliarum ejitjmodi. Mais en difant 
que le Cj//«r/o" eftfemblable au Merle, 
il ne faut pas entendre que fon plu- 
mage eft noir ; car il ajoute > ut ïaMe- 
rularum génère alia tiigra rota efl , 
alia vero candida , ità&fuwn habet 
colorent cœrttlcum Chlorion, MollicepsO' 
Fardalus. É L 1 E N , qui a mis la Fie- 
Griêche au rang des oifeaux de proie, 
dit auffi : Merulis affine gemts qttod- 
dam efl venaticum , colore n'tgrum » 
fpltnàîàè canorum , relié ex eo venati- 
cum appetlatum , quod ex Avibus mili- 
tas fui camus permulfione ad [e allicil 
& capit,quod fi quando captam illant 
concluferis in caveam , muta permane 



F I E 

éttpteelmguiT. Ainfi , félon cet Ancien . 
la Pie-Griêcbe qui chante , devient 
muette quand elle eft en cage, 

La petite Pit-Grihbe , nommée en 
Latin Cvlluriominor > comme je l'ai dit , 
ne diffère de la précédente que par la 
grandeur. Toutes les deux , ditBELON 
(Je la Nat. des Gif. L. H. c. 2j. p. 
128.), font leur nid de la même fa- 
çon. Les pères Se les petits ont le mê- 
me ton de voix. La différence des 
petits de l'une & de l'autre , eft que 
ceux de la grande efpece ont la tête 
beaucoup plus groffe , Se l'ouverture 
du bec grande: leur couleur n'eft pas 
fi fauve , ni fi madrée que celle de la 
petite. Celle-ci élevé un plus grand 
nombre de petits r elle en a quelque- 
fois jufqu'à huit , Se quelquefois fix, 
La grande n'en a jamais plus de cinq 
ou fix. La petite Pie-Griêcbe rient fa 
proie dans une de fes pattes , Se la 
mange appuyée fur une jambe , à la 
manière des oifeaux de proie. Quand 1 
cet oifeau a peur , il pouffe un cri ef- 
frayant, remue la queue de côté Se 
d'autre , & la tient élevée. Il délivre 
les terres labourables de Mulots Se de 
Souris : il fe tient fufpendu en l'air à 
la manière des Cercerelles , mais il ne 
s'élève pas fi haut. Il vient fouvent 
fe percher fur les Chardons , Se indif- 
féremment fur toutes fortes de tiges , 
quand il a manqué fa proie, C'eft ainfi 
que B e L o n parle de la grande & 
de la petite Pie-Griêcbe. 

PIE DE MER, ou BÉCASSE 
DE MER , nommée en Latin 
mantopus , pareeque cet oifeau a les 
jambes & les pieds rouges. Nous l'ap- 
pelions Pie de mer, dit Belon 
( de la Nat. des Oif. L. IV. c. 11. 
p. 203. ) , parecque comme la Pie, 
fes ailes ont une ligne en travers , Se 
Bécajfe de mer , parcequ'il a le bec auffi 
long qu'une Bécaffe. M. Ll NNJRUS 
(Fauna Suec.p. 59». iô~i.) met la 
Pie de mer dans le rang des Aves feo- 
lopaces. G E s n e R ( Av. p. 546". ) , la 
nomme H&mantopits. Aldk.ovande 



PIE 44J 

( Omitk L.XX. c. 31., "Wii.lughbt 
( Ornitb. p. 220. ) , 8c R a y ( Synop. 
Metb. Av. p. 105 ». 7.) l'appellent 
H&mantûpus Belonii, Barthol(^cî. 
i. p. 90. ) , lui donne le nom de Pica. 
marina, ou de Kitlder. Dans le Voyage 
d'CElandep, 8. elle eftappelléeifMwdj; 
kyitra; en Gothiande , Murjpitt , Se en 
Anglois ,the fea-Pie. 

Le bec de cet oifeau , 3it Belon, 
tire entre le rouge 8c le jaune à l'en- 
droit qui touche la tête. 11 eft brun 
par le bout.long de quatre doigts, quel- 
que peu plat à l'extrémité , Se très-tran- 
chant par les bords.L' oifeau a autant de 
chair que l'Aigrette , mais il n'a pas 
tant d'apparence , parcequ'il eft plus 
bas en jambe. Il a la tête , le col, le 
defibus de la poitrine , Se le bout de 
la queue , qui eft longue comme celle 
d'un Canard , de couleur noire. Le 
deflus du corps 8c des ailes eft auflî 
noirâtre , Se tire fur la couleur enfu- 
mée. Mais les côtés , le milieu des 
ailes , le ventre , Se la grande partie 
de la queue , font blancs, Il a les jam- 
bes Se les pieds- gros , moux Se délicats , 
ce que n'ont pas les autres oifèaux de 
rivière; fes pieds ne font munis que 
de trois doigts. Voici comme en parle 
P L 1 N E ( L. X. c. 47. ). Htmantopuï 
milita minor eft qitàrn Porphyrio , qitan- 
eptàtn eàdem crurum altïtudine ; rojlrum 
qiioque & entra rukent. Nafcitur in 
JEiypto. lnj:Jiit ternis digitis. Prxcipnum 
ei pabulum Muj'c tt. Vita in Italiâ pan- 
cis diebus. Ceci convient à la Pis de 
mer. On en voit dans les marais de 
Saintonge : ce n'eft pas un oifeau bon 
à manger; fa chair fent trop le fau~ 
vagin. C'eft ainfi que B E L o N parle 
de la Pie de mer. Albin ( Tome I, 
n. 78.) en parle dans les termes ftuV 
vans. 

Cet oifeau eft fort commun fur le& 
côtes de Galles , & ailleurs fur les cô- 
tes Occidentales d'Angleterre. Il au 
feize pouces de longueur depuis îsc 
pointe du beC jufqu'à l'extrémité de 1» 
•queue ; trente pouces 8c demi de large.- 



44^ 



P I E 



lorque fes ailes font étendues. Le bec 
eft droit Se a deux pouces 5c demi de 
longueur : il eft rétréci de biais , fe ter- 
minant en un point rouge & aigu. IIP*" 
roît par fa figure être formé parla Na- 
ture pour fe fourrer fous les coquilles 
de Limaçons de mer, & les enlever des 
rochers , pour en manger le dedans. 
La mâchoire fupérieure eft un peu 
plus longue que l'inférieure : l'iris , 
de même que les bords des paupières, 
eft d'un beau rouge. Les jambes Se 
les pieds font d'un rouge jaunâtre; 
quelques-uns les ont de couleur d'o- 
range. Le doigt le plus avancé en 
dehors 8c celui du milieu font unis 
par une membrane ; de forte que cet 
oifeau paroît être d'une nature , ou 
efpece mitoyenne entre la Pie ordinaire 
& celle qui a les pattes fendues. Les 
griffes , la tête , le col , le dos Se la 
gorge , jufqu'au milieu de la poitrine , 
font noirs ; le refte de la poitrine 8c 
du ventre eft blanc ; il en eft de mê- 
me du croupion. De cette conformité 
de couleur il a pris le nom de Pie de 
mer. Quelques-uns de ces oifeaux ont 
une tache blanche fous le menton, Se 
une moindre de même couleur fous 
chaque œil. La queue eft compofée 
de douze plumes égales , chacune de 
la longueur de quatre pouces; la moi- 
tié de deffous en eft blanche, Se celle de 
deflus eft noire. Les principales ou 
grandes plumes de chaque aile font 
au nombre d'environ vingt- huit, dont 
la première eft noire, n'ayant que le 
corps intérieur blanc : aux autres ran- 
gées le blanc s'étend jufqu'à couvrir 
toute la plume dans la vingtième , 
Se dans les trois qui y font fucceffi- 
vement attenantes: les autres qui les 
fuivent , en comptant de la vîngt-troi- 
fieme , deviennent encore graduelle- 
ment noires. Les plumes couvertes par 
celles du milieu l'ont blanches 8c font 
enfemble une couche de blanc , qui 
traverfe dans l'aile. Le mâle diffère de 
•fa femelle quant à la couleur , 8c la 
chair de ce premier eft très-noire, dure, 



I PIE 

d'une odeur forte , Se faîfant un très- 
mauvais manger , ce dont on doit être 
d'autant plus furpris , qu'il fe nourrit 
principalement de poiflons à coquilles, 
comme le nourri (lent les plus délicieux 
oifeaux aquatiques. 

PiEDL MLR àgros bec, en La- 
tin Pic a marina. Albin {Tome IL n, 78. 
& 79. ) lui donne aulfi le nom de 
Plongeon. C'eil un oifeau de palTage 
qui n'eft pas , dit-il , de la grandeur 
d'un Canard domeftique : il a douze 
pouces de longueur depuis la pointe 
du bec jufqu'à l'extrémit: des pieds, 
Se fes ailes déployées occupent un ef- 
pace de vingt-hx pouces. Le bec eft 
court, large Si applati de côté, d'une 
manière oppofée à celui des Canards : 
il eft triangulaire , & le termine en 
une pointe. La mâchoire fupérieure 
eft formée en arche , Se courbée à la 
pointe, il y a une matière calleufe où 
la tête eft jointe , Se elle entoure la 
bafe , comme dans les Perroquets : en- 
tre cette matière calleufe , Se la pre- 
mière rigole ou canelure , il y a de 
longs trous. Le bec eft de deux dif- 
férentes couleurs , livide ou cendrée 
près de la racine , Se rouge vers la 
pointe. 11 s'y trouve trois rigoles creu- 
fées , une dans la partie livide , deux 
dans la partie rouge. Le dedans de la 
bouche eft jaune , Se les yeux font 
gris , ou de couleur de frêne. Lee 
paupières font appuyées d'un cartilage 
noir : dans celle de deffous il y a une 
enflure charnue Se livide , Se dans 1* 
paupière de deflus , on voit une pe - 
tite excroiffance triangulaire de la mê- 
me couleur. Le fommet de la tête , 
le col Se le dos ont leur plumage noir; 
celui de la poitrine Se du ventre eft 
blanc ; la gorge eft entourée par-tout 
d'un cercle ou bande noire , qui fort 
du col. La tête des deux côtés , depuis 
le fommet jufqu'à cette bande , a le 
plumage d'un blanc mélangé de jaune 
Se de couleur de frêne ; de forte que 
les yeux Se les oreilles font renfermé* 
dans ces efpaces blancs. Les ailes fon* 



P I E 

petites , Se compofées de plumes cour- 
tes. Néanmoins l'oifeau vole fort vite 
près de la furface de l'eau; fon efTor 
eft aidé par l'humidité que contractent 
fes ailes en fendant l'air. La queue a 
deux pouces de longueur, Se elle con- 
firme en douze plumes toutes noires. Le 
dedans de l'cftomac eft jaune. La cou- 
leur des plumes du mâle eft un peu 
plus fombre que celle des plumes de 
1» femelle. Les jambes & les pieds font 
d'un rouge jaunâtre , ou de couleur 
d'orange , Se placés en arrière , com- 
me dans les Plongeons ordinaires , fi 
bien que l'oiieaufe tient ou marche en 
s'appuyant perpendiculairement fur la 
queue : il lui manque le doigt de der- 
rière. Le doigt le plus avancé en-de- 
dans de ceux de devant eft le plus 
court de tous. Les griffes font d'un 
bleu fombre tirant fur le noir. 

Ces oifeaux ne font point de nids , 
mais ils pofent leurs œufs à rafe terre. 
Ils engendrent dans des trous fouter- 
rains , qu'ils creufent pour leur pro- 
pre ufage , ou dans ceux des Lapins , 
qulls chafTent exprès, pour s'en em- 
parer. Leur ponte n'eft que d'un œuf, 
qui eft suffi digne d'être remarqué. 
Mais fil'on veut ôter cet œuf, l'oifeau 
en pond un autre , & toujours de mê- 
me jufqu'au cinquième. Ces œufs font 
tres-grands , eu égard à lagroffèurde 
l'oifeau : ils excédent même en gran- 
deur ceux des Poules Se des Canes. Ils 
font d'une couleur rougeàtre ou routfe ,. 
beaucoup plus pointus à une des ex- 
trémités que les œufs d'une Poule , 8c 
plus émouiiés à l'autre. Ces oifeaux en- 
gendrent annuellement en grand nom- 
bre, dit Albin , dans les 111 es de Man , 
de Barfèy , de Caldey , de Farn , de 
Gadreve , des Sillies , Se dans d'autres 
petites 111 es déferres près des côtes de 
la mer aux environs des Provinces de ' 
Scarboroug , de '1 enby , &c En été 
ils fe tiennent dans les endroits que 
l'on vitnt de nommer, & s'occupent 
alors à engendrer Se à appâter leurs 
jetit* Ils s'envolent au commence- 



ment de l'automne , Se lis s'eh revien- 
nent au printemps. Il n'eft pas décidé 
ou ils s'en vont , ni où ils patient l'hi- 
ver. 

Il fe trouve parmi ces oifeaux des 
avant-coureurs , qui viennent , dit Al- 
bin , avant les autres en Angleterre 
vers la fin de Mars, ou vers le com- 
mencement d'Avril , Se ils y reftenc 
trois ou quatre jours pour reconnoître 
les endroits qu'ils ont coutume de 
choifir pour couver , Se pour voir fi 
tout y va bien. Cela étant fait, ils 
prennent l'eflor , Se vers le commen- 
cement de Mai ils s'en retournent join- 
dre leurs camarades. S'il arrive que la 
faifon foit orageufe , ou fujette aux 
tempêtes , Se que la mer foit agitée „• 
on en trouve un grand nombre jetté 
fur les côtes , qui font maigres 8e affa- 
mes jufqu'à en mourir; car à moins que 
la mer ne foit calme , ils ne peuvent 
pourfuivre leur route , ni ie pourvoir 
de nourriture , qui eft du poiiîcn. Ils 
s'en vont tous en Août , après lequel 
temps on n'en voit point fur les côtes 
d'Angleterre. 

PIE, nom qu'on donne à un Coquil- 
lage , efpece de Sabot ombiliqué , dont 
la robe eft à fond blanc & tacheté de 
noir , ce qui fait appeller fa coquille 
la Pie , dit M. d'À rgenville» 
M. A D A N s o n donne le nom de 
LivoN à celui qu'il a trouvé aux Ifles 
de la Magdelene au Sénégal. Le fond 
de fa couleur, dit-il, eft noir, mar- 
bré Se comme larmoyé d'un grand nom- 
bre de taches blanches obliques , qui 
lui ont fait quelquefois donner le nom 
de Vt'.Lve , ou celui de Pie. 

PIED D'AN E , efpece d'Huître, 
ainfi nommée à caufe de la relTem- 
blance de fa coquille avec la corne du 
pied de cet animal. Le fond de l'Huî- 
tre eft blanc , avec de longues pointes 
couleur de rofe. Cette efpece d'Huî- 
tre , félon M. d AiiGEN ville , n'a 
d'autre différence des autres Huîtres- 
que dans fa charnière confiftanre en 
deux boutons arrondis qui renfermciî. 



/ 



44 S PIE 

le ligament, difpofés de façon que les 
boutons de la valve fupérieure font 
reçus dans les cicatrices de l'inférieure, 
& que pareillement les boutons de 
cette dernière fe logent dans les trous 
de la fupérieure. Le ligament , de na- 
ture coriace , fe trouve entre les bou- 
tons , Se fert à la charnière des deux 
valves. 

PIED ROUGE» ou BEC 
DE HACHE, oifeau de la Loui- 
■fiane , qui habite prefque toujours les 
bords de la mer , Se les lacs falés , où 
.il trouve des Coquillages , dont il fe 
.nourrit. Son bec eft fait en taillant de 
bâche du haut en bas , Se il eit affez 
fort. Ce bec Se les pieds font d'un 
très-beau rouge. Son plumage eit affez 
beau, On dit qu'il ne paroît dans les 
terres que pour annoncer quelque 
grand orage , qui ne manque pas à fe 
faire fentir fur la mer , dit M. le 
Page duPkatz. 

PIETE RMAN , nom qu'on 
donne au Niqui , efpece de poilTon 
de mer , dont parle Marc Grave. 
Voyez NIQUI. 

P I E T I N , en Latin Fedipes : M. 
A D A N SON( Hïfi. Nat. des Coquilla- 
ges du Sénégal, p. 2 1 .) donne ce nom i 
un nouveau genre de Coquillage ma- 
rin univalve , qu'il a trouvé en grande 
quantité dans l'Iile de Gorée. L'Au- 
teur le nomme ainfi à caufe de la ma- 
nière finguliere dont il marche avec 
Jes deux talons , dont fon pied fem- 
ble être formé. Pour découvrir ce pe- 
tit Coquillage , il faut le chercher dans 
les cavités des rochers, que l'onnom- 
me Mâchefer dans le pays. C'eft-là , 
êe fur-tout dans ceux qui font expolés 
aux grands coups de mer , qu'il fe tient 
caché. Sa coquille n'eft figurée nulle 
part, ajoute-t-il , à moins qu'on ne 
pût y rapporter la Cochiea comprej]a,jnf- 
ça,fafciata , brevior , finit longo ad rof~ 
trum notabiii , dont parle Lister 
.( Hifl. Conchyl. Tab. 577. fig. 32.); 
jelle fe rencontre dans peu de cabi- 
nets , Se il ne l'a vue que dans ceux 



P I E 

où il l'a envoyée. II parle en ces termes 

de cette coquille. 

Sa forme repréfente un ovoïde ar- 
rondi dans fon contour , obtus à fa 
baie , Se pointu au fommet : elle n'a 
que trois lignes de longueur , Se deux 
lignes 6c un quart de largeur, c'ell- 
à-dire que fa longueur excède fa lar- 
geur à peine de moitié. On y compte 
fix tours defpirale , qui defeendent de 
droite à gauche. Ces fpires lontpeu 
renflées , Se par conféquent peu dil- 
tincf.es , ou fort étroitement liées les 
unes avec les autres. La première , celle 
où et} l'ouverture , a une telle difpro- 
portion avec les autres qu'elle les 
eiFace toutes : celles-ci font à fon égard 
ce qu'eft un mammelon pointu , lur 
un tetton bien rond. Vingt-cinq filions 
allez légers , font diftribués allez éga- 
lement fur toute la furface extérieure 
de la première fpire : ils la fuivent 
dans fa longueur , Se par-là coupent 
la coquille tranfverfalement , mais dans 
une direction oblique. Ces vingt-cinq 
filions fe réduifent à huit dans la fé- 
conde fpire à droite , à trois dans la 
troifieme , Se diminuent ainfi infenfi- 
blement jufqu'.i la pointe du fommet 
où ils difparoiffent. L'ouverture ell 
■des plus lingulieres : on peut la re- 
garder comme une ellipfe , dont le 
contour ell très-irrégulier : fon dia- 
mètre ell: double du, petit : il eit pa- 
rallèle au grand diamètre de la co- 
quille , 8c un peu plus long que le 
fommet. L'irrégularité qu'on obferve 
dans fon contour vient des dents , qui 
en bouchent une bonne partie : on en 
diftingue deux médiocres à fa droite 
Se autant à fa gauche vers le milieu 
de fa longueur, Se une cinquième de 
beaucoup plus grolle que les autres : 
celle-ci eft placée à l'extrémité infé- 
rieure de l'ouverture, Se s'élève jus- 
qu'au tiers de fa longueur comme une 
languette qui la divife obliquement en 
deux parties inégales. Toutes ces dents 
font dans l'intérieur de l'ouverture. 
La lèvre droite de l'ouverture etfc fim- 

pie 



? I E 

pie Bc fort tranchante , la gauche au 
contraire eft arrondis & recouverte 
d'une large bande , luifante & d'un 
beau poli. Quelques-unes de ces co- 
quilles iont d'un fauve clair , & d'au- 
tres iout d'un bianc /aie. La lèvre gau- 
che de l'ouverture eft communément 
allez blanche. Telle eft la deferip- 
tion de cette coquille. Voici celle de 
l'animal qui y loge. 

11 eft tort petit en comparaifon de 
fa coquille La tête forme un croifTant 
qui a une fois plus de largeur que 
de longueur : elle eft arrondie à fon 
extrémité, qui cil échancrée. Au mi- 
lieu de fâ longueur , & en delT'ous , 
eft placée la bouche, dont l'ouverture 
eft formée par deux lignes horifon- 
tales , jointes par une ligne verticale. 
Sa iltuation lui donne la ligure d'une 
H. couchée fur le côté Le jeu des lè- 
vres , qui forment cette bouche , ne 
confifte que dans un mouvement la- 
téral , qui les éloigne & ies rapproche 
alternativement de la ligne verticale. 
Les dents fout femblables à celles du 
Coret , autre Coquillage du même 
pays. Les cornes font allez épaîlTes 
Se cylindriques , c'eft- à-dire égales en 
groffeur depuis leur racine jufqu'à leur 
extrémité. Elles ont moitié plus de 
longueur que la tête , du milieu 
de laquelle elles fortent. Dans leur 
fituation naturelle , elles fe portent 
verticalement en haut , au contraire 
de ce que l'on voit dans la plupart 
des Coquillages qui les portent , ou 
en devant, ou fur les côtés. Ses yeux 
font petits , ovales , une fois plus 
longs que larges , & placés entre les 
cornes Scia tête;- de manière que leur 
grand diamètre eft parallèle à la lon- 
gueur. 

Le pied de cet animal eft ce qu'il 
y a de plus fingulier : fa forme eft 
elliptique , Se arrondie aux extrémités. 
H a deux fois plus de longueur que 
de largeur , & il eft prefque une fois 
plus court que la coquille. Mais ce qui 
le rend remarquable , c'eft. qu'il paraît 
Tome Uh 



PIE 449 

COmpoië de deux talons femblables , 
pofés à chacune de fes extrémités. Ces 
talons lailTent'entr'eux un elpace vui- 
de , 8c creuléprofondément , qui donne 
à ce pied la forme d'un pied bot , au- 
quel on peut tres-bien le comparer. 
Quant â la manière dont il fait agir 
ce pied , voici ce que l'Auteur a ob- 
fervé plu (îeurs fois. Lorfqu'il veut 
marcher il s'affermit furie talon pofté- 
rieur , & porte en avant fur le talon 
antérieur , & auiïi loin que le peut 
permettre la partie creule » qui eft 
fufceptible d'un relâchement considé- 
rable. 11 rapproche enfutte le talon 
pollérieur, de-manière qu'il touche l'an- 
térieur , & fait avancer tout fon corps 
d'un elpace égal à celui qui tenoît les 
talons féparés. Ce premier pas fait, il en 
recommence un fécond en prenant pour 
point d'appui le talon poftérieur pen- 
dant que l'antérieur avance , Se faifant 
réciproquement fervir celui-ci de point 
d J appui au talon poftérieur pour le 
ramener à lui. On peut croire que ce 
mouvement exécuté avec une certaine 
vîteiTe , doit accélérer confidérable- 
ment fa marche ; anflî n'y a-t-il point de 
grands Coquillages , que celui-ci , tout 
petit qu'il eft, ne devance de beaucoup • 
quand il fe veut donner la peine de 
marcher. C'eft de la fingularité de cette 
démarche que l'Auteur dit avoir em- 
prunté le nom de Pietin , qu'il donne 
à ce Coquillage. 

On ne voit pas, continue M. Ad an- 
Son , quel peut être l'uftige de la 
grande dent , qui eft en bas de l'ou- 
verture de la coquille , & l'on ne s'î- 
magineroït gueres qu'elle fort à tenir 
écartés les deux talons , dont on vient 
de parler. Cependant c'eft un fait qui 
devient hors de doute, lorfqu'on obfer- 
ve l'animal entrer & fortir pSufieurs fois 
de fa coquille : alors on voit fes deux 
talons fe retourner de côté & pafter 
l'un à droite & l'autre à gauche de la 
dent, qui étant prolongée jufques dans 
l'intérieur de la coquille , comme l'Au- 
teur marque s'en être afliiré en lacou- 
Ll 1 



450 PIE P I G 

pant en deux , les tient toujours éloi- 
gnés l'un de l'autre , à quelque pro- 
fondeur qu'ils la pénètrent. Le manteau 
eft une membrane épaïfTe qui Te ré- 
pand dans l'intérieur de la coquille , 
jufqu'au bord de fon ouverture , Se 
laiffe à droite un petit trou rond , 
auquel répond l'anus. Le corps du 
Pis tin eft d' un blanc fale ; mais fes yeux 
Se fes cornes tirent fur le noir, Ce Co- 
quillage eft figuré Planche 1. dudit 
Ouvrage. 

P I ET T E, oifeau de rivière , dont 
parle Bel on ( de la Nat. des Oif. 
L. III. c. 16. p. i j i . ) , fort connu , 
dit-il, dans le Soiifonnois , Se dans le 
Beauvoifis. Le nom de Piette eft un di- 
minutif de Pie. Cet oifeau eft mi- 
partie noir, Se mi-partie blanc: il fe 
tient dans l'eau , il eft plus grand que 
la Sarcelle , plus petit que le Mo- 
rillon. Sa couleur n'eft pas conftante :- 
il y en a de tout blancs par le col Se 
par le corps : d'autres qui ont le plu- 
mage mêlé de couleur noire. La cou- 
leur la plus commune Se la plus conf- 
tante de cet oifeau , eft d'avoir le 
deffous de la gorge Se du ventre blanc , 
& le deffus du corps noir. Ses aiks 
font comme celles de la Pie ; fes pattes 
& fa queue font comme celles du Mo- 
rillon. La Piette diffère des autres oi- 
feaux de rivière , en ce qu'elle n'a 
pas le bec large comme les autres oi- 
feaux aquatiques. Ce bec eft rond fans 
être velouté par-delïus , mais il eft 
dentelé par les bords. Cet oifeau a une 
petite hupe fur le derrière de la nu- 
que: cette hupe eft placée à l'endroit 
oh commence le col. Bilon foup- 
çonne que cet animal eftlemêmeque 
les Anciens nommoient Phalaris. 

P I G 

PIGE ON : Les marques caraété- 
nlhques des oifeaux que les Natura- 
lises nomment Columbinum gemts , font 
d avoir les jambes courtes , les ailes 
îres-longues , un vol' très-fort , le bec 



P I G 

droit , étroit , Se un peu long; mais cô 
bec diffère fuivant les efpeces : les unes 
l'ont plus délié , d'autres plus gros , 
d'autres plus courts , d'autres plus 
longs : Etiamfirofira inter fe différant, 
tenuiora , crajjiora , breviora , longiora 
dit M. Klein; un cri gémiffant; de. 
ne pondre que deux œufs à la fois „ 
Se défaire pluiieurs couvées dans un© 
année ; de dégorger dans le bec de 
leurs petits pour les nourrir , Se d'avoir 
les pieds rouges. 11 y en a cependant 
au Bréfil qui ont les pieds blancs ; 8c 
enfin , mâle Se femelle , de couver tour 
à tour. M. L i n N s u s ( Vanna Suec. 
p. ô~4. ) met les Pigeons dans le rang 
des Aves Pajferes mais le Pigeon de 
Groenlande eft du nombre des Aves 
yî/ijeres. 

M. K l e i n ( Ord. Av. p. 1 18.) 
compole le dix-feptieme genre de la 
quatrième famille de fes oifeaux des 
différentes efpeces de Pigeons. J'ai dit 
en plufieurs endroits de cet Ouvrage, 
que cette quatrième famille renfermé 
les oifeaux tetradaitylcs , c'eft-à-dire , 
oifeaux qui ontles pieds garnis de qua- 
tre doigts fimples , dont un par der- 
rière : Tetradadyli , digitis fimplicibus , 
unico pofiico. 

R a y ( Synop. Metb. Av. p. 50. ) di-- 
vife les efpeces de Pigeons en Pigeons 
domcfliqites ou Pigeons privés , Se en 
Pigeons fauvages. il y a beaucoup 
de fortes des uns Se des autres , 5c en 
outre il y a encore les différentes ef- 
peces de Pigeons étrangers. 

Il n'y a point de pays , dit Belon 
C de la Nat. des Oif. L. VI. c . 2 3 , 
p. 313-)) 011 cet oifeau ne foit connu. 
Ce Naturalifte rapporte qu'il en a vu 
en Paphlagonie s'élever fi haut en l'air 
qu'on les perdoit de vue , & ils re- 
venoient tout droit à leur Pigeonnier , 
fans s'écarter. Les pays du Levant ne 
fourniffent pas tant de Pigeons que la 
France , Se toute l'Europe. On efti- 
moit autrefois les Pigeons Romains , Se 
on les eftime encore. La race enétoit 
fi recherchée qu'une paire fe vendoi}- 



P I G 

quatre cents deniers , qui* font environ 
trente écus Se demi de notre monnoie. 
On les tenoit fur les tours des mai- 
sons , Se les Romains étoient curieux 
d'en avoir d'une certaine race. Les Ma- 
riniers en Egypte en nourriffent fur 
leur navire , ainfi qu'en Candie 8c 
en Chypre ; c'eft , dit B e l o n , pour 
les lâcher quand ils approchent de ter- 
re , afin de faire annoncer chez eux 
leur arrivée. L'Hiftoire ancienne & 
doderae fait mention de Figeons, aux- 
quels on attachoit des lettres aux pieds 
ou Tous les ailes , Se qui les portoient 
À leur adrefle. Il y a encore de ces 
Figeons mejfigers en Orient , Se ail- 
leurs. Les Figeons les plus eftimés en 
France , font , dit-on , ceux de Per- 
pignan. 

Les Pigeons de Fuie Se de Colom- 
bier font des Pigeons privés , mais ils 
font moins privés que ceux que l'on 
nourrit dans les maifons , dont les uns 
font pattus , les autres ne le font pas. 
Les Pigeons de diverfes races font 
aflèz communs en Italie , Se rares en 
France. Il y a en Italie une efpece 
qu'on nomme Tronfi Se Afiurnellatï ; 
les Anglois l'appellent liants. Cette 
efpece eft de la grandeur des Pou- 
les ; elle étoit connue des Anciens. 
Pline dit : Quin & Patriam nobili- 
tavère in campanïà grandijjim.t prove- 
nire exifiimats. Ces Pigeons de Cam- 
pante ne font pas moins variés en 
couleur , que le Pigeon domeftiqtte. Son 
vol eflÊ pluspefant. 

En général les Pigeons connoilTent 
leurs ennemis. Ils fe cachent quand ils 
apperçoi vent les oïfeaux de proie , qui 
leur font la chaffe , Se qui les pren- 
nent en volant. 

Un Pigeon mâle ne quitte point fa 
femelle ; il fait la roue autour d'elle , 
& il épanouit fa queue quand ils font 
en amour. Les mâles fe battent pour 
leurs femelles , fe donnent des coups 
d'ailes par la tête , Se s'arrachent les 
plumes. Les femelles , Se Aiustote 
Le rapporte , au défaut du mâle s'en- 



freflailliflent & elles font des œufs,qui, 
comme on le doit penfer , n'ont pas 
de germe. 

B E L o N parle de cinq efpeces de 
Pigeons ; favoir , les Ramiers , les Bi- 
Jets , les Fuyards , les Tourterelles , Se 
les Pigeons privés. Quelquefois les 
Poètes Grecs ont pris le mot FltivWe 
pour fignifier les Pigeons. Varron, 
Se les Auteurs , ne parlent que de deux 
efpeces principales de Pigeons , qui font 
la privée , Se la Jattvage. Celle-ci eft 
nommée faxatilis , Se pareequ' elle fait 
fon nid dans les tours , Turricola. G a- 
lien la nomme Firgitis , Se autrement 
Perïfieronomas. Cette efpece eft auflî 
timide que les Fuyards. Il y en a qui 
fe tiennent dans les creux des arbres, 
ce font ceux qu'on appelle Vinagines. 
De ces deux efpeces en provient une 
troifieme, qui eft d'un grand revenu. 
On les nourrit dans les Colombiers : 
ils y paffent la nuit , Se ils y élèvent 
leurs petits. 

Le Pigeon privé vît en France , en 
Angleterre , Se ailleurs ; Se il y en a 
plufieurs efpeces. 

La première font ces grands Pigeons 
que les Italiens appellent Tronfi Se 
Afiurncllati , Se qui font de la gran- 
deur d'une Poule. J'en ai parlé. 

La féconde eft celui que les An- 
glois Se les Hollandois nomment Crop- 
pers. On l'appelle en Suédois Kropp- 
dufwa , Se en Latin Cohtmba gitttu- 
roj'a. Parceque , quand ce Pigeon en 
refpirant l'air enfle fon jabot , il paroit 
plus gros que tout fon corps. 

La troifieme efpece eft le Tremblent 
à queue large, nommé en Latin, Co- 
lumba tremula, laticauda ; en Anglois 
Broad-Tail'd Shdkers. Il eft nommé 
Tremula , pareequ'il remue prefque 
toujours la tête Se le col ; Se laii- 
cauda , parceque les plumes de la 
queue font au moins au nombre de 
vingt-fix. En marchant il la tient pref- 
que toujours élevée , comme font les 
Poules. 

La quatrième eft un autre Pipeau » 
Ll lij 



4ça P I 6 

comme le précédent , maïs dont la 
queue eft étroite , ou pointue. Càlumba 
tremuia atigufticauda ,ou acuticauda, 
nommé en Anglois Narraw - Tail'd 
Shakers. 

La cinquième eft le Pigeon dont on 
fe fèrt pour envoyer des Lettres : il 
ell nommé en Latin Coïumba tabella- 
ria , & en Anglois Carriers. 11 eft égal 
au Pigeon vulgaire,ouurt peu plus petit 
que lui. Sa couleur eft d'un bleu obfcur 
ou noir ; fes yeux font comme ceux 
des oifeaux de proie ; le cercle en eft 
large ; la peau nue , tubereufe Se blan- 
che. La mâchoire fupérieure du bec 
eft une peau poreufe qui s'étend de- 
puis la tête jufqu'au milieu du bec. 

La fixieme eft le Pigeon à chape- 
ron , ou le Jacobin , nommé en Latin 
Coïumba cuculiata t ou Jacobxa , en 
Anglois Jacobines, en Hollandois Cap- 
fers. Le mâle de cette efpece de Pi- 
geon , dit Albin, eft le plus petit. 
Plus il eft menu , dit- on , plus on en 
feit de cas. Il a un rang de plumes qui 
entoure ie derrière de fa tête Se s'é- 
tend par en bas des deux côtés- du col 
jufqu'à la naiifance des ailes , en for- 
mant une efpece de chaperon de Re- 
ligieux. C'eft' de-là qu'il tire le nom 
de Jacobin. La partie fupérieure de ce 
rang de plumes eft nommée le cha- 
peron. Plus ces plumes font rarnafTées' 
& près de la tête , plus l'oifeau eft 
eftimé. La partie inférieure eftappeilée 
par les Anglois la Chaîne , Se par les 
Hollandois la Cravatte. Les- plumes 
qui la compofent doivent être longues; 
Se ferrées. Ce Pigeon doit avoir le bec 
très-court. Il doit au ffi avoir l'œil net 
Be clair, comme une Perle, Quant à la 
couleur, il s'en trouve de rouges.de 
jaunes, de noirs, Si de bigarres. De 
quelque couleur que ces oifeau* foienr, 
ils doivent avoir la tête propre & 
blanche, avec les pattes & la queue 
de la même couleur. Il s'en trouve 
qui ont le3 jambes- Se les pieds garnis? 
de plumes , 8e d'autres qui les ont fans 
jlumes. Les uns 3c les autres femt éga- 



P I G 

lement eftîm^s , félon les différentes 
idées des Curieux. 

La fepti'eme efpece eft nommée en 
Latin Coïumba turbita. Ray dit qu'il 
ne fait point la raifon du nom Turbits, 
Cette efpece de Pigeon a le bec très- 
court, & gros comme celui de la Gorge- 
rouge. Sa tête eft plate , Se les plumes 
de la poitrine de chaque côté font fri- 
fées. 

La huitième efpece eft le Pigeon de 
Barbarie , ou de Numidie s il elt nom- 
mé en Latin Coïumba Barbarica , feu 
Numidica , Se en Anglois Barbary Pi- 
geon. Cet oifeau a le bec comme le 
précédent. Un cercle large , comme au 
Pigeon mejjdger » fait le. tour de fes; 
yeux. 

La neuvième efpece eft nommée 
en Latin Coïumba percujfor, en Anglois 
Smiters , pareeque cet oifeau en vo- 
lant frappe fi fortement des ailes ,. 
qu'elles rendent un fon pareil à celui 
de deux planches frappées l'une contre, 
l'autre. 

La dixième eft nommée en Latin- 
Coïumba Giratrix , ou Ver.iagus , en' 
Anglois Tumblers. Ce Pigeon eft petit 
Se de diyerfes couleurs r en volant il 
forme des cercles en l'air , qui repré- 
fentent la figure d'un globe oud'une 
boule. 

L'onzième efpece eft le Pigeon hu- 
px , nommé en Latin Coïumba galeata,, 
en Anglois Helmets. C'eft un Pigeon 
qui a la tête , les ailes Se la queue 
d'une couleur différente que le refte 
du corps. 

La douzième efpece eft le Pigeorz 
Cavalier , nommée en Latin Coïumba 
Eques, Se en Anglois Light Morfmttn. 
Cet oifeau eft un Pigeon bâtard , fortî 
du Gonfleur Se du Mtjfkger : il tient 
de l'un S; de l'autre , comme il parole 
par fon bec Se par le gonflement de 
fon jabot Voici comme en parle A E- 
3 1 N ( Tome IL n. 45 ). Cet oifeau a 
des excroiffances charnues à la raciner 
du bec r Se autour des yètts , Se le 
jabot un peu enilé. L'iris eft d'une heiie 



P I G 

Couleur d'orange , tirant fur le rouge. 
Cet oifeau eft d'une couleur de frêne 
fombre & bleuâtre. Le defTus du corps 
repréfenre plufieurs couleurs luifantes t 
fêmblables à celles de l'arc -en-ciel y 
félon qu'on les voit en différens jours. 
Le jabot eft blanc , Se cette couleur 
eft entremêlée d'un verd pâle. Les 
Jongues plumes des ailes les plus avan- 
cées en dehors , ont chacune une moitié 
blanche , & l'autre noire ; 8c celles du 
fécond rang font traverfées de raies 
de même couleur , qui rmiffent en un 
point, vers le bord extérieur de l'aile. 
La queue eft compofée de douze plu- 
mes noires , chacune environ de qua- 
tre pouces Se demi de longueur : les 
jambes Se les pieds font rouges. Albin 
dit que ces Jortes de Pigeons font d'un 
meilleur rapport que toutes les autres 
efpeces ; il en a fait l'expérience pen- 
dant plufieurs années , Se il nous ap- 
prend que les Marchands de Pigeons 
à Londres lè fervent de Pigeons Ca- 
valiers pour en attrapper d'autres. 

La treizième efpece eft un Pigeon 
que les Anglois nomment Bjftard- 
Bils. C'eft un Pigeon bat.ifà plus grand 
que le Numidique. Son bec eft court 
Si les yeux font rouges; 

La quatorzième efpece , que les An- 
glois nomment Turners , eft un Pigeon 
qui a par derrière la tête des plumes 
partagées à- peu- près comme eft la 
crinière d'un Cheval. 

La quinzième efpece eft un autre 
Figcowqae les Anglois nomment F/'w- 
mkens , lequel eft tout femblable au 
précédent, à l'exception qu'il eft plus 
petit. 

La feizieme efpece eft un Pigeon- 
nommé en Anglois Mawmets , com- 
me qui diroit Pigeon de Mahomet. On 
le nomme en Latin Columba Maho- 
metana. Il a les yeux grand, noirs , & 
d'ailleurs il eft femblable au Pigeon de 
Numidie.. 

* Cet oifeau eft nomme en Grec ntpiç-« f a 
<?n Italien , Colombo domefiico; en Allemand , 
klaujfi-Tmbe ; en Anglois Common- Pigeon, 



P I G 453 

Voilà , félon Ray, les différentes 
efpeces de Pigeons privés. Parmi les 
Figeons fauvages , il compte les Tour- 
terelles. Voyez TOURTERELLE. 
Les autres font le Pigeon faitvage or- 
dinaire , le Pigeon Ramier ou Bifet , 
les Fuyards , Se le Pigeon à collier : 
ceux du Bréfil , de l'Ifle de Saint 
Thomas , de la Jamaïque , de la Loui- 
fiane , du Mexique , du Cap de Bon- 
ne-Efpérance , de l'Afrique, de Nin- 
combar , &c. 

PIGEON ORDINAIRE*, 

en Latin Columha vulgaris. Cet oifeau t 
dit Albin ( Tome IIP n. 42. ) , eft 
long de treize pouces depuis la pointe 
du bec jufju'à l'extrémité de la queue ; 
il eft large de feize pouces. Son bec 
eft délié , pointu , paffablement long r 
doux au toucher, blanchâtre vers le3 
narines , & couvert d'une certaine ma- 
tière farineulè, fans laquelle il feroit 
brun. La langue n'eftni dure , ni fen- 
due ; mais elle eft aiguë Se douce au 
toucher. L'iris eft rouge , il en eft de- 
même des jambes Sz des pieds- ; ks 
grifies font noires , la tête eft d'un bleu* 
pâle. Le col. , à mefure- qu'il eft ex- 
pofé à différens jours , paroît de di- 
verfes couleurs luifantes. Le jabot eff 
rougeâtre j le refte de la poitrine Se 
le ventre Ibnt de couleur de frêne ; 
le dos , au-deffous 5c un peu au-demis 
du croupion , eft blanc . marque carac- 
tériftique de la plupart des Pigeons 
fauvages , dit Alei n. L'efpace quf 
eft autour des épaules eft cendré , Se. 
quelquefois noir , mais- toujours mé- 
langé de cette première couleur. Le - 
nombre c'ts longues plumes de chaque: 
aile eft d'environ vingt-quatre, dont 
les plus avancées en dehors font d'une, 
couienr fombre : tout ce qui eft vift- 
ble dans les autres eft noir ; celles qui 
font" couvertes de duvet font cendrées,. 
Les plumes couvertes par les dix pre- 
mières girouettes font de cette cou- 

ou Dove ; en Suédois , Dufiva. Le mot Figeait 
ou Pigeonneau vient du Latin Fipio , qui figiiM- 
fie ia même choie,. 



454 P I G 

leur , mais fombre : le refte des plumes 
couvertes , prefque jufqu'au corps , eft 
bran; les plumes .Scies textures exté- 
rieures font cendrées; les textures in- 
térieures font noires. Les plumes cou-, 
vertes du delTous des ailes font en- 
tièrement blanches. La queue eft com- 
pose de douze -plumes , chacune de 
la longueur de quatre pouces Sç demi; 
celles du milieu font un peu plus lon- 
gues que les plumes extérieures. Elles 
ont toutes leurs pointes noires. Le 
refte eft par-tout cendré. Cette ef- 
pece diffère beaucoup par la couleur. 
On en trouve de tout blancs. 

Le genre des Figeons ne pond que 
deux œufs à chaque couvée. Selon Al- 
DRovande, les jeunes Pigeons ne s'ac- 
couplent jamais avec leur femelles fans 
la baifer auparavant; mais les vieux 
ne baifeut ia leur que la première lois. 
Le fexe fe connoît tres-ailément par la 
voix , fur- tout dans les Pigeons comp- 
liques ; car les femelles ont ia voix lort 
grêle , & les miles l'ont beaucoup plus 
grave. Aristote , Se apres lui 
Pline &■ A t h é n e e , dît que le 
propre des Pigeons eft de ne point ren- 
verler le col quand ils boivent, mais 
de boire largement , comme font les 
bêtes de charge. Albert le Grand 
fixe à vingt ans le terme de la vie des 
Pigeons. Pour ce qui concerne les Pi- 
geons domsftiqics , un homme digne de 
foi , dit Aldrovahde, m'a rap- 
porté, après l'avoir oui dire à fon pere ,, 
qui étoit fort curieux en Pigeons , Se 
autres oifeaux , qu'il a voit gardé pen- 
dant vingt-deux ans un Pigeon , qui 
avoit toujours fait des petits .excepté 
les fix derniers mois , qu'il avoit choifi 
la vie célibataire en quittant fa femelle. 
Aristote leur donna quarante ans 
de vie. 

La fiente de Pigeon eft très-bonne 
peur les Plantes Se pour les femences. 
On peut la répandrefurla terre,|toutes 
les fois qu'on feme le grain , conjoin- 
tement avec la femence , Se même 
pprès en toute faifon, Se chaque hot- 



P I G 

tée de cette fiente équivaut à une char- 
retée de fumier de Mouton. Les La- 
boureurs répandent auifi de cette façon 
par les champs du fumier de Pigeon , 
foit avec la iemence même , foit fé- 
parément. 

On lit dans V Hiftoire de F Acadcmit 
Royale des Sciences , Tome I. p. 140. 
qu'en ditféquant deux Pigeons , on re- 
marqua que leur œfophage eft capable 
d'une dilatation plus grande que celui 
des autres oifeaux, & qu'en fouillant 
dans leur âpre-arterc , on fait enfler 
leur jabot , fans que l'on fâche par 
quels conduits l'air y peut entrer. L'u- 
fage de cette méchanique parait avoir 
rapport à la nourriture que les Pigeons 
avalent pour la porter à leurs petits. 
Si elle étoit ferrée Se comprimée dans 
leur œfophage , elle s'y digérerait 8c 
s'y altérerait du moins confidérable- 
ment , avant qu'ils fa fient arrivés à 
leurs nids; carie mouvement de com- 
preiïion eft une des principales caufes 
de la digeftion; mais ia dilatation de 
l'cefophage , Se l'air dont le jabot s'en- 
fle, mettent en fureté ce qui y eft de 
réferve. 

Les Pigeons , comme on l'a dit , ne 
font pour l'ordinaire que deux œufs 
tout blancs à chaque ponte , dont l'un 
produit un mâle Se l'autre une femelle. 
Quelquefois aulîl il en naît deux mâ- 
les ou deux femelles. Pour pondre 
chaque œuf il faut un nouvel accou- 
plement. La femelle pond le plus fou- 
vent l'après-midi : dès qu'elle a pondu 
fes deux œufs , elle femet à les cou- 
ver de façon ,que pendant l'eipace de 
quinze jours complets , non compris les 
trois jours employés pour la ponte , 
elle couve depuis trois ou quatre heu- 
res après-midi jufqu'au lendemain ma- 
lin,, furies neuf a dix heures que le 
mile prend fa place jufqu'à quatre heu- 
M$ d ( u loir , tandis que la femelle va 
chercher à manger Se fe repofer ; puis 
elle revient à l'heure dite relever 1011 
mâle, qui lui: cède la place jufqu'au 
lendemain , Se ainii de iuits juiqu'à 



P I G 

ée que les petits foient éclos. Si durant 
la couvaifon la femelle tarde trop à 
revenir , le mâle va la chercher Se ïa 
pouffe à fon nid. La femelle en fait 
tutantau mâle quand ilefttrop paref- 
feux. 

Les deux Pigeonnaux éclos n'ont 
pas befbin de rien manger pendant trois 
en quatre jours , mais feulement d'ê- 
tre ternis bien chaudement. C'eft la fe- 
melle qui m charge feule de les cou- 
ver pendant ce temps-Li , fans fortir 
de fon nid, fi ce n'eft pour quelques 
momens , qu'elle va prendre un peu 
de nourriture. Après quoi ils les nour- 
rilfent pendant une huitaine de jours 
d'alimens à demi-digérés , comme de 
la bouillie , qu'ils leur fouillent ou dé- 
gorgent , une , deux , Se trois fois par 
jour , fuivant le befoin ; en forte que 
le mâle fo utile communément la petite 
femelle , & la femelle le petit mâle. 
Peu-â-peuils leur donnent une nourri - 
ture plus folide à proportion de leurs 
forces. 

Les bons figeons de volière font 
douze couvées par an , & quelquefois 
treize ; ils ont toujours à la fois des 
œufs Se des petits pour ne point per- 
dre de temps , & qu a d les petits font 
en état de voler , le pere les chaflè 
du nid , Se les oblige d'aller chercher 
eux-mêmes leur vie. Quand la fe- 
melle s'ert laitTé cocher par un mâle 
étranger , le fien fe dépite , Se n'en 
faifant aucun cas il ne la veut plus 
voir, ou s'il en approche c'eft pour 
la châtier. On a vu deux mâles mé- 
contensrefpecfivement de leurs femel- 
les faire entr'eux un échange , Se vivre 
enfuite en bonne intelligence dans leur 
nouveau ménage. 

Les Pigeons aiment à fe baigner , & 
a fe rouler dans la pouffiere , pourfe 
dél ivrer des Puces Se des Poux qui 
les incommodent. Ils fe nourriffent de 
Froment , de Sarrazin , d'Orge , de 
Vefce , de Pois , de Chenevi , de Pa- 
rus , d'Yvraie Se d'autres grains. Ceux 
& Colombier cherchent: leur vie dans 



P I G 



455' 



les champs , Se le Maître ne les nourrît 
a les dépens que pendant quelques 
mois d hiver, où la terre refte long- 
temps couverte de neige : auffi font-ils 
bien moins féconds que les Figeons de 
volière , qu'on nourrit abondamment. 
Ils volent très - rapidement fur- tout 
iorfqu'ils fe fentent pourfuivispar i'É- 
pervier, par le Milan, ou parquel- 
qu'autre oifeau de proie. Outre le 
vol , ils ont la vue & l'ouie excel- 
lentes : ce font les feules armes que 
la Nature leur a données pourfe dé- 
fendre. Ils fympathifent avec l'homme 
& avec la volaille , maistnon pas avec 
la Crellerelle : ils tremblent à fafpect 
de cet oifeau de rapine , fâchant qu'ils 
ne les épargnent point quand il les 
peut attraper. Il n'eftpas vrai, fuivant 
le proverbe , que les Pigeons n'ayent 
point de fiel : ils font colères , Se ils 
fe battent fouvent jufqu'à la mort. 

Le Pigeon contient beaucoup d'huile 
& defel volatil , Se médiocrement des 
parties terfeftres; Cet oifeau eft d'un 
grand ufage parmi les alimens , fur- - 
tout quand il eft jeune. Sa chair e£t' 
alors tendre, fucculente, facile à di- 
gérer , & elle nourrit beaucoup ; mais 
à mefure qu'il avance en âge , elle de- 
vient plus feche , plus maffive , Se de' 
plus difficile digeftien : elle eft même 
pour lors propre à produire des hu- 
meurs grotlieres Se mélancoliques. Ils 
conviennent en tout temps , à toutes, 
fortes d'âges , Se à tous les tempéra- 
mens : cependant , comme leur chair 
refierre un peu le ventre , les per— 
fonnes mélancoliques & bilieufes doi- 
vent en ufer plus fobrement que les> 
autres. 

Quant aux ufages de cet oifeau en- 
Médecine , on emploie non-feulement' 
le Pigeon entier, mais encore fon fang 
Se fa fiente. On ouvre par le dos dan3 
fa longueur un Pigeon vivant , Se en 
l'applique tout chaud fur la tête dans 
l'apopléxie, dans la léthargie, dans la 
phrénéfie , & dans les fièvres mali- 
gnes, On l'applique auffi à la gfcam 



45^ p 1 G 

des pieds , quand la fièvre maligne 
eft jointe à la phrénéfie , pour faire 
une révolution de l'humeur qui atta- 
que le cerveau. On l'applique àliffifur 
le côté douloureux dans la pleuréfte. 
Le fâng de pigeon récemment tiré Se 
encore riede eft employé pour adou- 
cir les acretés des yeux , Se pour guérir 
les plaies nouvellement faites. On pré- 
fère celui du Pigeon mâle , qui a été 
tiré de defïbus l'aile , comme étant le 
plus fpiritueux. Quelques Auteurs re- 
commandent la tunique interne du gé- 
fier deflechée Se pulvérilée contre la 
dyfenterie. 

La fiente de Pigeon contient beau- 
coup de nitre ou de fel armoniac ; ce 
qui la rend chaude , difeuffive , Se ré- 
solutive : elle pouffe par les urines . 
& convientauxhydropiques , Se à ceux 
qui font attaqués de la gravelle. La 
façon de s'en fervir contre ces mala- 
dies , félon les Auteurs de la fuite de 
la Matière Médicale , eft de la calciner 
& d'en faire enfuite une leffi re avec 
de l'eau fimple pour s'en fervir de 
bâillon ordinaire. Quelques-uns y ajou- 
tent les cendres de farment Se de ge- 
nêt pour la rendre plus efficace. On 
la donne auffi en iubftance dans les 
mêmes maladies , Se la dofe en eft 
d'un à deux fcrupules , dont on fait un 
bol avec quelque fyrop ; ou bien on 
fait infufer cette poudre pendant la 
nuit dans un petit verre de bon vin : 
en paiTe le tout ie lendemain par un 
linge fans expreflîon, Se Fpn donne la 
colature au malade. 

Outre ces ufages internes la fiente 
de Pigeon en .a d'autres à l'extérieur: 
comme elle eft très-chaude , à caufe du 
fel armoniac nïtreux dont elle abon- 
de , elle brûle & rougit la peau , fi 
on la laillè deJÛTus pendant un certain 
temps. 

On lit dans les Êphémérides d'Aï* 
Ittmag ne C De curie 11. année ^.Append. 
f, "6. ) , que de la fiente de Pi- 
geon étant tombic dans les yeux d'un 
f-niant, il en étoit devenu aveugle, 



P ï G 

& que le feu avoir pris de lui-même 
à un monc.au de fumier de Pigems 
échauffé par li_s rayons du loleil. Tout 
cela prouve i'acèivité de cette fiente; 
Se c'eft pour cetre raiion qu'on l'tm- 
ploie dans les emplâtres , Se dans lej 
cataplaimes cauitiquts Si rubéfions. On 
la pile , on la ramiïe , & on la mêle 
enfuite avec la fetnenoe de Greffon , 
ou de Moutarde , pour appliquer dans 
les ma adies chroniques, texles que la 
goutte froide , la migraine , le verti- 
ge , Se les douleurs habituelles de 
côté , du col Se des lombes ; enfin dans 
tous les cas où les véiicatoirts con- 
viennent , Se où l'on veut les adoucir 
pour m 4 nager, autant qu'il eft pollible , 
la fenfibiiité du malade. 

Ettmullek allure que la fiente 
de Pigeon guérit les écrouelles , étant 
appliquée deflus , avec un mélange d e 
farine d'orge Se de vinaigre ; Se qu e 
mêlée avec l'huile Se le vinaigre , ell e 
dïfîïpe promptement les tumeurs ié. 
reufes Se adémateufes qei fe former^; 
très - fouvent dans les articulations; 
Voyez la Suite de laAIature Médicale, 
Tome III. p. 146". & j'tdvantes , Se le 
Dictionnaire de Médecine. 

Il eft fait mention dans les Éphé- 
mérides des Curieux de la Nature , 
Décad. 2.. année 16&J. d'un Pigeon 
monftrueux éclos à Venîfe, en 1685. 
chez Joseph Sandalus de Ferrare , 
qui avoir deux têtes Se trois ai! es. On 
lit auffi dans les Ailes de Coppenbague, 
années 1671. & 1672. Objerv. XLVI. 
Se dans le Tome IV. Partie étrangère, 
p. 218. des Collections Académiques , la 
difiection d'un jeune Pigeon faire par 
Olaus Bokichius. L'Obfer- 
vateur s'exprime en ces termes. 

La trachée-artere , au-lieu d'êtra 
couchée fur l'œfophage , étoit fituée .1 
fa gauche , Se même en étoit un tant 
foit peu féparée ; elle fe partageoit au- 
près du cœur en deux branches , qui 
fe portaient au parenchyme des pou- 
mons , fans fe divifer en d'autres rami- 
fications plus petites ; mais elles abou- 
ti fToient 



T I G 

tfifloîefltati poumon par leurs ouvertu- 
res, fans qu'on y put remarquer d'an- 
neaux cartilagineux. 

Les poumons étoîent par-tout fort 
adhérens aux côtes ; leur couleur étoit 
d'un rouge vif & leur bord infé- 
rieur defeendoit tellement aoi-denous 
dit cœur, que fans l'interpofition de la 
pleure , ils auroient pu toucher les 
reins. 

Le cceut étoit a (fez gros par confé- 
dération du volume total de l'oifeau. 
Je n'y ai rien trouvé d'extraordinaire , 
•je n'y ai rien vu qui reflemblât à cette 
valvule cornée , que Marc-Aurei.e 
Scverin dît avoir apperçue au ven- 
tricule gauche ; peut-être le Pigeon 
qu'il diiTéquok étoit-il vieux. On 
voyoit au ventricule droit un petit 
trou du côté de la bafe du cœur ; 
une foie de Porc , que j'y faifois en- 
trer , pénétroit aifément la cloifon , Se 
alloit fbrtir dans le ventricule gauche , 
prtdque au milieu de fa cavité. 

La pointe du cœur n'étoitpas tour- 
née à gauche , comme dans la plupart 
des animaux; mais placée préeifément 
dans le milieu de la poitrine , où elle 
fe portoit un tant foit peu vexs la 
dr-oite, 

■Le foie avdît deux grands lobes , 
Si tm troifieme très-petit Se à-peu-près 
cylindrique. 

La véfictile du fiel manquoît ; on 
voyoit cependant dans un petit en- 
foncement du foie le conduit hépati- 
que formé par le contour de plufieurs 
petites ramifications , 3c qui alloit s'ou- 
vrir dans le duodemtm. Mais ce csnal 
avoit un mouvement fingulier , pen- 
dant que l'animal étoit encore vivant* 
c'étoic un mouvement d'ofcillation , au 
Jnoyen duquel on voyoit une bile 
verdâtre paraître Se difparoître alter- 
nativement. L'intervalle de ces ofcilla- 
tions étoit plus long que le fyirole & 
lediaftole du cœur; après que le cœur 
eut ceîfé de fe mouvoir , le flux Se 
le reflux de l'humeur bilîeufe dura en- 
core pendant quelque temps dans ce 

Jme m, 



P I G 457 

conduit hépatique ; il reftoît cependant 
plus long-temps vuide que plein : ou 
voyoit encore auprès de ce canal un 
autre conduit hépatique , plus petit t 
mais plus ferme , dans lequel il ne 
paroiifoit pas qu'il y eût aucune hu- 
meur bilieufe , quoiqu'on y remarquât 
le même mouvement que dans le pre- 
mier : il étoit plus long du double , & 
aboutifïbït dans le jéjunum fix travers 
de doigt au-de(Tus de l'orifice du pre- 
mier , en forte qu'il répondoit pref- 
que à l'endroit où le fuc pancréatique 
fe décharge ordinairement dans les in- 
reftins. J'avois déjà obfervé cela dans 
le Cormoran & d'autres oifeaux. 

j'ai trouvé une grande quantité de 
bile verte j tant dans l'eftomae mem- 
braneux ou jabot , que dans l'efiomac 
charnu , qui étoit plein de petites pier- 
res & de fable : mais pourquoi tant de 
bile dans les deux ciiomacs d'un oi- 
feau iî peu colère ? 11 ert probable 
qu'au moment de la mort elle avoit 
refluédans le duodénum du ventricule, 
par le pylore qui ne laiffoit pas que 
d'être aflfez ouvert. 

Chacun des reins étoit compofe de 
trois glandes arrondies, jointes enfem- 
ble dans le feus de leur longueur. De 
leur furface extérieure on voyoit par- 
tir un conduit qui ù termïnoït à l'ex- 
trémité du rethtm , Se qui y verfoit un 
excrément blanc & un peu liquide. 
Cette humeur blanchâtre fe mêle avec 
les autres excrémens plus groffiers , 
qui viennent des inteftins ; le tout en- 
femble efi évacué par l'anus. La même 
chofe fe paiTe dans tous les oifeaux. 
Comme ils n'ont pas de veffie , l'hu- 
meur excrémentitielle , féparée parles 
couloirs des reins & qui tient lieu de 
l'urine , eft portée directement dans le 
reilum , où elle fe mêle avec les gro» 
excrémens , & leur donne cette cou- 
leur blanchâtre 8c cette efpece de li- 
quidité. 

Severin a cru que îe Piçreom 
n'avoit point de caecum , tandis qu'au 
contraire il en a deux , mais d'une fia- 
M m m 



455 P I G 

gtilîere ftruclure. On voit à quatre 
doigts de diftance de l'anus une petite 
appendice aveugle de chaque côté de 
l'inteftin. Cette appendice aveugle eft 
figurée à la page 21 9. dit Tome IV. des 
Collections Académiques déjà ci-deflus 
cité.. 

I es Auteurs qui ont écrit fur le Pigeon vul- 
gaire , font Belon, de la Nat. des Gif. 
p. 1 14. G es k £ , de Avîb. p. 145. Aldr c— 

V A N D E , Oïnilh, 1. p. 461, JONSTOSjiff 

Avih, p. 62. Wi llughby, Ornhh. />. 13 1. 
R»y, Sytiup.AUth. Av. p. <,<). Schwenckfeld, 
Av. Silef. p. 1 >7- L É m t RY , p. z6} . ScBRQ- 
riK.us , p. ; r£. Dale , Pharm. p. 426. ÇHâR- 
létonj Exerciii p..%%. Merr.et,P/«. j>. 174- 
M. Linnjeos , Vanna Stiec. n. 174. Albin, 
& les autres. Prefque tous les Naturalises ci- 
defiiis cités parlent des efr>eces de Pistons 
fuivantes. 

PIGEON RAMIER, nom- 
mé en Grec ^ItIa , félon Aristote 
( Hifl. Autan, L. VI. c. 4. ) ; en Latin 
Palitmbes , ou P alumbus , Se Palumbus 
turquaiirs , félon 11 A y ( Synop. Mcth, 
Av. p. 62,. n. 0. ) ; en Ànglois the 
Rhïr.g-Dove , ou Qjtseft > en Suédois ,. 
RbLig-Dufwa ; en (Êlandois , Sitttur. 
Cet oifeau eft connu dans tous les 
pays. On le nomme R.irnier , dit B E- 
L on (de la Nat. des Gif. L. VI. c. 1 ■). 
p. 307.), pareequ'il fe perche furies 
branches d'arbres. Le Faucon eft nom- 
mé Accipitcr Palumbarius , pareequ'il 
en fait ia proie. Le Ramier vole en 
troupe pendant l'hiver. Il ne chante 
que quand il eft en amour , Se fa fe- 
melle lui répond : il eft plus grand que 
le Bifet , la Tourterelle , Se le Pigeon 
ordinaire. Il eft prefque auflî charnu 
qu'une Poule. On en prend beaucoup 
autour de Rome dans les forêts qui 
font plantées de Chênes verds. Cet 
oifeau fe nourrit de glands de Chê- 
ne Se de ceux de Frêne , 8c il les rend 
tout germés. Il cherche auiïi dans les 
bo : s la graine de Lierre. Quelques-uns 
ont dit que le Ramier ne fait des pe- 
tits que deux fois Pan , comme la 
Tourterelle, ce que ne croit pas Belon,. 
pareeque tous les Pigeons en font tous 
ksjnois : mais le Ramier t , dit-il , bâtit 



P I G 

fort RÎ3 aiTez mal-proprement & pert 
haut; cependant il n'en eft pas pour 
cela plus aifé à trouver. Selon Arts- 
T o T e C L- VI. c. 4. ) , cet oifeau vit 
quelquefois jufqu'à quarante ans. Le 
mâle Se la femelle s'accouplent au bout 
de fix mois : celle-ci porte fes œufs 
quatorze jours ; il lui faut autant à les 
couver , Se autant à élever fes petits 
pour les faire voler. On dit que le 
Coucou va quelquefois pondre dans 
le nid du Ramier. Quand il fait bien 
nuit , par le moyen d'un charivari , 8c 
en portant des torches de paille allu- 
mée , on leur fait peur, Se on en tue 
beaucoup. Les Ramiers ne font point 
des oifeaux paHagers. Ils font leur de- 
meure , fuivantles faifbns, tantôt dans 
la plaine , tantôt dans les montagnes. 
On en voit en Italie , en Grèce , en 
France , en Angleterre ,.Se dans d'au- 
tres pays. 

Le Ramier eft plus grand que le 
Pigeon ordinaire, A L b i n ( Tome II. 
n. 40. ; lui donne quatorze pouces de 
longueur , depuis la pointe du bec juf- 
qu'à l'extrémité de la queue , Se vingt- 
fix de largeur, les ailes déployées. Sa 
figure, de même que fa couleur , ref- 
femble à celle du Pigeon ordinaire. 
Il en eft de même du bec, qui eft de 
pareille longueur, Se d'un rouge pâle. 
Ses narines font grandes Se élevées. Le 
fommet de la tête eft cendré. Le col 
eft couvert d'un plumage changeant, 
qui , félon les différens jours , paroît 
être d'un verd pourpré ou luifant , Se 
furpafle l'éclat de la foie. La couleur 
du devant de la poitrine , ainfi que 
celle des épaules Se des ailes , eft om- 
brée d'un pourpre , ou couleur de vin 
rou.^e , d'où il a tiré fon nom d'(Eu.ts, 
dit A L e 1 N. Les plumes des ailes , 
ainfi que celles- des épaules , Se du 
milieu du dos , font de couleur de frê- 
ne fombre. Celles du refte du dos jus- 
qu'à la queue font plus pâles. Toutes 
les longues plumes , excepté les qua- 
tre ou cinq plus avancées en dehors 
qui font noires par-tout , même juf- 



P I G 

qu'aux extrémités qui deviennent en> 
liiite blanches , ont leurs parties infé- 
rieures cendrées Se leurs parties fupé- 
rieures noires. Le detfous du corps , à 
la réferve du deffiis de la poitrine , eft 
par-tout cendré. Les elles pliées ne s'é- 
tendent pas à- l'extrémité de la queue. 
Dans les ailes il y a deux taches noi- 
res , l'une fur les deux ou trois plumes 
longues qui font tout près eu corps , 
£c l'autre fur les deux ou trois plu- 
mes couvertes qui font placées fur ces 
premières : ces taches font fur le dehors 
des dards , Se fort pus de l'extrémité 
des plumes. Les deux plumes exté- 
rieures de la queue ont la moitié du 
deffous de leurs barbes extérieures de 
couleur blanche : les pattes font rou- 
ges , Se les griffes noires : les jambes 
font garnies de plumes un peu plus 
bas que les genoux. M. LinNjîus 
( Fauna Suec. p. cTj. n. 175. ) nomme 
cet oifeau Columba collo utrinque albo , 
fgtt* macula fuf c â . C-efl l e Palumbus 



major torquatus d' A ldrovande 
( Ornith. L. XV. c. 5. ) , & le Palum- 
bus torquatus de Willughby {Ornith. 
p. 135.) Se de Ray , Synop. Metb. Av. 
p. 6z. ». 9. Les Médecins , félon le 
rapport de Belon, font très-grand 
cas du fang du Pigeon Ramier pour le 
mal des yeux. La chair en eft plus dure 
que celle des Bifets, ou des Tourte- 
relles , ou des Pigeons communs. On la 
recommande à ceux qui ont les nerfs 
retirés, Se à ceux qui ont la dyfen- 
terie, 

PIGEON BISET , en Grec 
flt^e/etf, en Latin Livia. Cet oifeau, 
dit B e i. o N ( de la Nat. des Oif. L. VI. 
c. 2 1 . p. 3 1 1 . ) , eft un cifeau de pafla- 
gc. Il eft nommé Bijet, à caufe de fa 
couleur bife. Il y en a qui croyent que 
les Pigeons Fuyards tirent leur origine 
ncs Pigeons Biflts. Ce n'eft pas le fen- 
timent de Belon. Les pieds , le bec Se 
la couleur rendent les Bifets tout-à-fait 
ditrérens des Pigeons Fuyards- A R 1 s- 
T o t ï: ( Hi(l. Ànim. L.V.c.l^.) parle 
des Bifets : Colnmbacei verogene- 



P I G 4yp 

ris phtres fpecies fum ; eft enim Livia 
dic'ia à livore , diverfum certè à Columba 
genus , quippe qiu minor quàm Columba 
fit , & minus patiens manfuefeere. Livet 
plumis & penè nigricat , & pedibus 
rubidis , fcaôrofifque eft , quas ob res 
nullus bu jus generis callereait ; c'eft-à- 
dire entre les efpeces de Pigeons , l'une 
eft nommée Livia , du motLatin livor , 
qui fignifie couleur bife ; d'autres di- 
fent couleur de plomb : auffi le Bifet 
eft-il différent du Pigeon. Il eft plus 
petit Se on ne peut l'apprivoifer. Ses 
plumes font c^une couleur fi livide , 
qu'elles en paroiffent noires. Il a les 
pieds rouges , aînfi que le bec , qui eft 
raboteux. Il ne peut vivre enfermé. 
Voilà le Bifet bien défigné par Aris- 
t o t e fous le nom de ftsAt/a c , en Latin 
Livia. Quelques-uns ont pris le Vina- 
go , en Grec étftlt > pour le Bifet : ils fc 
font trompés , & Belon affure que 
c'eft le Pigeon Fuyard. En effet Ar is- 
T o t e ( ib id. L. V lil. c . I2^j^dit qu& 



les Ramiers Se les Bifets s'en vont , Se 
que les Fuyards reftent. Voici le pafla- 
ge : Palumbss etiam difeedunt & Li- 
vî<& , nec hybernare apud nos patiuntur , 
atque etiam Turtures & Hirundines ; 
Jed Columbx manent. Par ce mot Colum- 
ba il faut entendre non-feulement les 
Pigeons Fuyards , mais encore les au- 
tres , qui ne font point défignés dans 
ce paffage d'A R 1 s t o t e comme des 
oifeaux paffagers : donc, on peut con- 
clured'après cet Auteur & avec Belon 
que le Vinago des Latins Se l'oVac 
des Grecs eft le Pigeon Fuyard, dont 
je vais parler. Ray (Synop. Metb. Av. 
». 8. p. 62. ) ne fait ïï le Bifet n'eft 
pas le même que le Pigeon de rocher, 
en Latin Columba rupicola , qu'on voit 
en Angleterre. 

PIGEON FUYARD , en Grec 
d/y*< , félon Aristote( Hift. 
Anim. L. VIII. c. a. ) ; en Latin Vi- 
nago. Cet oifeau, îeion le même Au- 
teur , eft de plus grande corpulence 
que le Pigeon : Vinago paulà majtr 
quàm Cditmbus eft , miner quàmP alum- 
MmiDij 



4<îo P I G 

£,ïj.Ray (Synop. Mtth. Av.p.^i.n. 10.) 
dit qu'il eft d'égale grandeur, ou un 
peu plus grand , mais femblable pour 
la figure , mais très-différent pour la 
couleur. Cet oifeau a le col orné de 
plumes de diverfes couleurs , qui jet- 
tent différens éclats , fuivant les jours 
& les expofitions. Le devant de fa poi- 
trine &fes ailes font couleur de pour- 
pre ,. ou couleur de vin,, d'où il tire 
fen nom Grec & Latin. Il a fur chaque 
aile deux taches noires. Il fait , félon 
B Et ON ( L. VI. c. 22. p. 3 1 2. ) , fon 
nid le long des rochers ekarpés. 

PIGEON DE ROCHER ,. 
en Latin Co.'nmba rupicola , en Anglois 
Rock- Pigeon. C'eft, dît Ray {ibid. 
p. 63..». 11. ), une efpece de Pigeon de 
petite corpulence , de couleur cendrée. 
Il fréquente les rochers qui font près 
de la mer. 

PIGEON DE NINCOM- 
B A R , en Latin Cohtmba. Nincomha- 
renfis. C'eft un oifeau , dit Al b i n 
(Tome III. n. 47. & 48. ) , plus grand 
qu'un Pigeon apprivoifé. Il a le bec long, 
couleur de frêne, l'iris rouge , la tête 
noire & nuancée de bleu. Le col eft 
embelli de plume? longues de diverfes 
couleurs , comme bleues , rouges- 
pourpres, d'un jaune éclatant, mélan- 
gé d'un beau verd. Le dos eft couvert: 
de plumes larges 8c des mêmes cou- 
leurs mélangées. Les plumes feapu- 
làires des ailes font vertes. Les trois 
premières longues plumes des ailes 
font bleues, ainfî que les trois plumée 
du dernier rang dé celles qui font cou- 
vertes." le reftè des longues plumes 
& des autres eft d'une couleur fom— 
bre , mélangée de brun & de rouge. 
La poitrine , le ventre 8c les cuiffes 
font d'un brun obfcur; les jambes 8c 
les pieds font jaunes : les jambes fonr 
couvertes d'écaillés fombres Se brunes 
fur le devant. La queue confifte en 
douze plumes , toutes d'égale lon- 
gueur. Les couleurs de la femelle font' 
prefque les mêmes ; mais elles font" 
œoins: brillantes que celles du. mâle 



P'I G 

d'ailleurs les plumes du col ne fonfpas 
auffi longues. Leur roucoulement ref- 
femble à celui d'un Pigeon. Ils fe nour- 
rirent de Riz non mondé. 

On en a apporté , dit A l b i n , en- 
Angleterre une grande quantité des 
Mes de Nïncombar proche Pegu dana 
les Indes , où ils font fauvages , com- 
me nos Pigeons Ramiers. Cette forte de. 
Pigeons eit fujette à la pierre , laquelle 
devient auffi grofTc que celle qu'on' 
trouve dans la veffie à fiel d'un Boeuf 
Elle croît par couches , qui fe cou- 
vrent les unes les autres , jufqu'à bou- 
cher à la fin l'ouverture du géfier, ce: 
qui fait périr l'oifeau, 

PIGEON SAUVAGE dit 
Bréfil, en Latin Cùlumhafylveftris mi~ 
nima Brafdienfis. Cet oifeau eft le: 
même que celui dont parle Marc: 
Grave fous le nom de Puuip'wima,- 
VoyezPICU IPIN I MA. 

P I G E ON SAUVAGE de 
l'Ifle de Saint Thomas , oifeau dont 
parle Marc Grave, Ray ( Synop.. 
Meth. Av. p. 62. ». 7, ) dit qu'il eft de 
la grandeur Se de la figure de nos 
Pigeons. La partie fupérieure du bec 
eft crochue ; la moitié eft bleue avec 
un peu de blanc 8c de jaune : le refte 
eftfanguin. 11 a l'iris de couleur bleue, 
Son plumage eft verd comme celui de. 
certaines efpcces de Perroquets. Les 
plumes des ailes font d'un verd brun, 
ainfî que l'extrémité de la queue. Au: 
croupion & fous la queue il a des plu- 
mes jaunes. Les jambes & les pieds: 
font, d'une belle couleur de fafran. 

PIGEON DE LA JAMAÏ- 
QUE : Selon S l o a n e , on y en 
élevé dans les colombiers. Outre ces 
Pigeons communs , il y err a trois autres 
elpeces. 

La première eft un Pigeon , dit Rat J. 
p. 183. ». 2i. dont la queue eft marquée 
d'une bande brune. Il a quinze pouces 
dé longueur, depuis la pointe du bec 
jufqu'aux extrémités de la queue , 8c 
vingt de largeur, les ailes étendues. Sort: 
bec a trois quarts de. doigt de long, & 



P I G 

jt a une double élévation proche des 
narines. L'iris eft de couleur écarlate. Sa 
queue a quatre ou cinq doigts de long, 
Son corps eft gros, Cet oifeau a la tête , 
le col & la poitrine couverts de plumes 
couleur de pourpre; le ventre couvert 
de plumes blanches. Le haut du col' 
eft d'un verd pourpre : les plumes , fui 1 ' 
vantlesexpofitions , paradent de diffé- 
rentes couleurs & reflemblent à de la 
foie luifante. Le dos Se la queue font 
d'un bleu pâle, à la réferve de cette 
bande brune ou noire , dont j'ai déjà 
parlé. 

La féconde efpece eft nommée Co-~ 
lumba muior , ventre candido. Ce Pi- 
geon a neuf doigts-de long Se feize de 
large; le bec long de trois quarts de 
pouce Se pareil à celui du précédent. 
L'iris eft blanche , ainfi que le derrière 
de la tête & tout le bas du corps. Le 
deftus du col eft bleu Se pourpre. Le 
dos Se les ailes font d'un brun tirant' 
fur le pourpre , avec quelque feinte 
de rouge. Sa queue eft bleue, mar- 
quée d'une ligne blanche à l'extrémi- 
té. Ces- Pigeons fréquentent dans le 
mois de Janvier les favannes. Leur 
chair eft excellente;- 

La troifieme efpece eft nommée Cc- 
hanba minor leticocoryphos. Cet oifeau 
a onze doigts de long Se dix-huit de 
large. Son bec a un demi -pouce de 
long: à fa bafe il eft rouge , Se l'éléva-- 
tion qu'il a au - deflous des narines 
eft blanche. Il a le derrière de la tête 
blanc, Se le deflus du col eft varié de 
bleu Se de verd: tout le reftedu corps 
eft d'un bleu obfcur. OviEDO dit 
qu'il y a beaucoup de ces fortes de 
Pigeons dans la Nouvelle Efpagne , 
mais ils y font plus grand j. 

Rat ( Synop, Meth. Av. p. 19 cf. 
n. 14. 15. 10". & 17.), d'après P e t i- 
Vert, donne encore la defeription" 
de plufieurs efpeces de Pigeons du Fort 
Saint George aux Indes , nommé au- 
trement Maderafpatan. 

La première efpece eft un Pigeon,- 
qyi a. la queue compofée d* trois pju- 



P I G 40-1 

mes larges. Les Anglois le nomment 
the Broad-Tml'd Maderas Dove. Cet 
oifeau a la plus grande partie de fon 
corps de couleur blanche; mais la bafe 
de les ailes eft de couleur de foufre 
Se bordée de taches rouffes. Les extré- 
mités des grandes plumes font noires. 
11 a au croupion trois plumes pointues ,< 
de couleur de vermillon. Son bec Se 
fes jamb:s font de couleur rouiTe : c'eft 
ce qui les diftingue des autres. Sa 
queue n'eft compolée que de trois plu- 
mes longues , larges , blanches , on- 
dées de noir Se de taches rouges : les 
dernières font plus petites , Se entre 
chaque plume il y a un long filet noir , 
femblable à de la foie. 

La féconde efpece eft un très -beau- 
Pigeon pour fes différentes couleurs ^ 
nommé en Latin Culttmba Maderafpa- 
tana, variis cvloribus eleganter depk/a 
en Anglois the Parrot Dove. Cet oifeair 
a la poitrine fanguine Se jaune; la tête 
Se le ventre d'un verd obfcur Se pâle ; 
les ailes teintes de brun Se de verd ; les 
bords ondés de verd Se de roux ; les 
grandes plumes Se la partie fupérieure' 
de laqueue noires, Se ie bas de cou- 
leur ronfle; les jambes très-courtes v 
groflls Se ronfles ; les pieds longs Se 
de la même couleur; le bec très-gros,,, 
plein de nœuds vers le bout. 

La troiueme efpece nommée Co-- 
lumba MnderafpatiTaa , èrttbro, alboque- 
mixta , en Anglois the Red Jay Dove-,' 
a les temples, la poitrine Se le ventru' 
blancs; le bec Se le derrière de la tête^ 
rouges , avec deux lignes de la même' 
couleur , dont l'une fait le tbUf du col,. 
Se l'autre celui de la poitrine Se partage' 
le ventre. Ses ailes font bariolées coin»- 
me celles du Geai , mais feulement de 
rouge. Les autres plumes des ailes font' 
blanches Se les bords noirs ; mais cel- 
les qui les couvrent font teintes de' 
rouge : la queue eft de la même cou-- 
leur : au bout il y a des lignes larges Se' 
rouges qui la traverfent. 

La quatrième efpece eft nommée' 
Celumba Madarafpatana minor, ex air* 



4^2 P I G 

ho rufefccm , en Anglois the S7n.aH Red 
Pied Dove. Il a l'ouverture du bec , le 
ventre Se les cuifies de couleur blan- 
che ; les ailes , le derrière de la tète , 
la queue rouges ; au-defïus des yeux 
line ligne large Se noire ; les pieds de 
la même couleur ; les jambes longues , 
nues & menues. 

Il y a auffi différentes efpeces de 
Pigeons au Mexique , favoir un grand 
Pigeen de montagne, pareil au Pigeon 
tlomeftique. Sa couleur tire fur le pour- 
pre. Il a les épaules blanches , le bec 
3c les pieds couleur de pourpre. H e r- 
NANDEZ lui donne le nom de Hotloit, 
ainfi qu'à une autre efpece. Le Cohoilotl 
Se le Tlacahnlotl font encore des Pi- 
geons du Mexique. 

Les Pigeons de la Louifiane ont la 
chair très -fine Se très-délicate. On en 
a plus de foin que de la Volaille, dit 
M. le Page du Pratz, pareeque le 
pays eft trcs-boiié Se qu'il y a beau- 
coup c'.'oifeaux de proie qui leur font 
la chafie ; c'eft ce qui fait qu'ils n'ofent 
s'éloigner. Le Voyageur ci-deiTus cité 
nous a dit qu'il étoitimpoiT.ble de man- 
ger par-tout ailleurs de meilleurs Pi- 
geons. 

On voit dans l'ilfle de Tabago des 
Pigeons de bois, qui vivent de toutes 
fortes de graines & de bayes , & font 
le manger le plus délicieux de l'Amé- 
rique. Ces oifeaux font plus gros que 
les Pigeons d'Europe. Ils font quel- 
quefois fi gras , qu'ils crèvent en tom- 
bant à terre lorfqu'on les tire d'un 
arbre. 

C a te SB y parle de deux e/peecs 
de Pigeons de la Caroline. Le premier 
eft un Pigeon de pajfage , en Latin Pa- 
lumbus migraturiits. Cet oileau a le 
bec blanc , l'iris rouge , la tête Se la 
partie fupén'eure du col d'un bleu obf- 
cur ; la poitrine , le ventre Se la gorge 
d'un rouge pâle; au col , au-defîus 
de l'épaule une tache ronde , qui brille 
.comme de l'or. Les ailes font d'un 
bleu obfcur , tachetées de noir ; les 
plumes nommées rémiges, brunes :, la 



P I G 

queue fort longue Se blanche , couver- 
te d'une plume noire ; du rouge au 
ventre , qui s'éteint vers la queue; le S 
jambes & les pieds rouges. 

La féconde efpece eit un Pigeon à 
couronne blanche, capitc albo. Cetoi- 
feau a le bout du bec plombé , la bafe 
couleur de pourpre; Icjynciput Se le ver- 
tex couronnés de blanc; Y occiput pour- 
pré ; l'iris jaune ; le col d'un verd 
changeant, bandé de noir; le refte du 
corps d'un bleu foncé; les jambes Se 
les pieds rouges. Le bout des ailes , 
qui eft d'environ trois bons pouces , 
eft d'un brun foncé. 

On compte à Sierra-Leona en Afri- 
que trois eipeces de Pigions Jauvagcs , 
que les N egres nomment Papitj. Ceux 
qu'on nomme BoLlandos ont la tête 
couronnée : les Kambgis l'ont chauve , 
Se les Duedus ont le corps noir , tache- 
té de blanc, Se le col d'une blancheur 
admirable. 

Les Pigeons de Bambuk font tout-à- 
fait verds, ce qui les fait prendre lou- 
vent pour des Perroquets. 

Les habitans de la Côte d'or , fuivant 
le témoignage -l'A mis, font rede- 
vables de leurs Pigeons aux Portugais. 
Les ;\ egres les ont nommés par pette 
raiien Abronoma , c'eil-à -oire dans 
leur langue , oifeaux apportés par les 
Blancs. Ils refiemblent aûx nôtres , 
mais ils ont la tête plus petite , Se ne 
font pas devenus fort communs; ce- 
pendant les Hollandois en nourriifent 
en allez grand nombre. 

A 1?. Gambra on voit jufqu'i la porte 
des cabanes quantité de Pigeons j'au- 
va^es , qui viennent fe nourrir des 
relies des grains qu'ils y trouvent • 
mais les Nègres n'ont point encore 
penfé à les apprivoifer, en leur for- 
mant des colombiers ou d'autres re- 
traites, liifl. Gén. des Voyages, L.VII. 
& L. IX. 

K o L B E ( Defcript. du Cap de Bonne' 
Ejpcrance, Tome Ml, c. 16. p. 166.) 
rapporte que les Pigeons , foit fauva- 
ges, foit privés du Cap de Bonn"- 



P I G 

Elpéranee , reffemblent a tous égards 
à ceux d'Europe ; mais entre les fau- 
vages, on en voit de deux & même 
de trois fortes , qui différent beaucoup 
des Pigeons d'Allemagne. On appelle 
dans ces Colonies la première efpece 
Pigeons de montagnes. Leurs plumes 
font verdâtres ; leur bec Se leurs pieds 
font rougeâtres. La féconde efpece 
fe nomme Pigeons de baijfons. Les plu- 
mes qui couvrent leur corps tirent fur 
le verd : les autres font blanches , avec 
une grande quantité de petites taches 
grifes. On a donné à la troifieme efpece 
le nom de Pigeons de mer. Ils ont les 
plumes noires , le bec Se les pieds 
rouges. Voyez au mot TOU R TE- 
RE L LE pour ce qui regarde cet 
oifeau. 

PIGEON DE GROENLAND , 

oifeau que M. Linn«us ( Fauna 
Stuc. p. 45. n. 124.) , comme on l'a 
dit, met dans le rang dès Aves Anfcres. 
11 le nomme Colymbuî pedibus tridatiy- 
lis palrnatis. M A R T E N s ( Spit t. 56'.), 
Willughby (Ornith. 245.) , Ray (Sy- 
nop. Meth. Av. p.ui.«, fi.). & Albin 
('l'orne I.) parlent de cet oifeau fous 
le nom de Columba GrocnLmdica. On le 
nomme en Suédois Sioe-Orre StGrifla ; 
en Gothlande Grylle Se Greutle; en Hol- 
landois Aile ; en Anglois the Groenland 
Dove y ou fea-Turtle. Cet oifeau, dit 
M. LiNNius , eft de la grandeur 
d'une petite Poule. Son plumage eft 
noir, excepté les plumes qui couvrent 
les ailes , qui font marquées d'une ta - 
che blanche. Il a prefque le bec d'une 
Poule: il eft noir: la partie fupérieure 
eft un peu courbe. Il a la queue cour- 
te ,. les pieds rouges , palmés , garnis 
de trois doigts. 

M. A N d e 11 s o N ( H Ht. Nat. de 
Groenl. p. 54. ) , dit que les Pigeons 
de Groenland , qui refTemblent tout-à- 
fait aux Pigeons fam>ages , bandent 
leurs nids dans les crevaffes des ro- 
chers. Ils choififfcnt toujours pour cet 
effet un rocher entouré d'eau , ou qui 
ait quelque morceau failiant du côté 



P I G P I L 4^ 

de la mer , afin que fi-tôt que leurs 
petits font eu état de partir , Us puiffent 
s y précipiter immédiatement avec eux* 
fans s'expofer à être pris en chemin par 
quelque oifeau de proie ou autrement. 
Raï , p. fur cet oifeau dit qu'il 
ne fait pas pourquoi on lui a donné la 
nom de Pigeon de Groenland ,. à moins 
peut-être que ce ne foit parcequ'il eft 
à-peu-près de la grandeur du Pigeon.- 
A caufe de la convenance du nom , il : 
penfe que c'eft le même que la Tour-- 
terelle de l'Ifle de Beffa. Ces oifeaux: 
ne volent point en troupe , mais tou- 
jours deux à deux, Se rarement feuls. 
Ils ont un vol femblable à celui de la' 
Perdrix , car ils remuent leurs ailes : 
avec précipitation , & ne s'élèvent pas 
haut , mais un peu au-deffus des eaux 
comme tous les oifeaux de ce çenre, 

PIGO , PIGTJS Se PICLO ,> 
efpece de Carpe , commune dans le 
lac de Corne Se le lac Majeur , nom-- 
mêe Cyprinus aculeatusyar Rondelet,- 
Part IL v. 5. p. 108. Edit. F> ■anc. Ce 
poiffon n'a point été connu des Grecs. 
Pline en fait mention (L. IX ), 8c 
ne lui donne aucun nom propre. Ce 
poiffon eft encore connu de S a l V 1 e kt 
(fol. Sz.) , Se , félon Artedi ( [cbtb.- 
Part.V. p. 13. «.25.), il a la queue 
fourchue , de grandes écailles, diiv 
milieu defquelles fortent des aiguill- 
ions blancs. Pendant Fefpace de qua~; 
rante jours , au commencement de 
l'été , on en voit beaucoup , Si après-' 
ils difparoiffent Ce poiffon a le ventre 
d'un blanc tirant fur le rouge pâle. Son'' 
dos eft d'un bleu tirant fur le noir. Les 
plus grands de ces poiifons pefent cinq 
à fix livres. Ils frayent au mois de 
Mai fur les bords des rivières , Se leur 
chair eft d'un très -bon goût & meil-- 
leure que celle de la Carpe , dit R o N-- 

DELET, 

P I L 

PILCHA R D , nom que les 

Anglois donnent au Harengnr mi>:or. 
C'eft la Sardine. Voyez ce mot. Il y s 



*tf4 VIL 

lin poiiTon , qui fe trouve en abondance 
dans la rivière d'ifiiny en Afrique ,, 
nommé Pilchard , ou Félamide. 

PILORIS , Rat des Antilles.; 
C'eft un Rat mufqué. Vpici comme eu 
parle le Pere du Te ut r i: , Hifi. des 
Anu Tr. VI. c, t. $. 7- 11 eft de la 
même forme que les Rats d'Europe , 
inais d'une fi prodigieufè grandeur , 
que quatr.e de nos Rats ne pefent pas 
un Piloris. Cet animal a le poil du ven- 
tre blanc , le dos noir, Se fent fi fort 
k mufc , qu'il embaume tout l'air 
voifin des lieux où il repaire. Il niche 
jufques dans les caves ou mai/ans, mais 
il ne peuple pas tant que les autres 
Rats communs, Leshabitans de la Mar- 
tinique les mangent; mais ils font con- 
traints , après les avoir écorchés, de 
les laitfer expofés à l'air une nuit en- 
tière Se mirai d'en jecter le premier 
bouillon , pour en ôter la trop grande 
odeur de mufc. Ces Filonr font natu- 
rels aux Antilles Se non les autres Racs 
communs. Voyez MUSC. 

PILOTE: C'eft un poiiTon 
qu'on voit au Cap de Bonne-Efpérance. 
On lui donne le nom de Pilote , parce- 
qu'on a cru qu'il iervoit de guide au 
Goulu de mer. Les Koliandois le 
nomment Loots-Nls.n. 11 a cinq a fix 
pouces de longueur. S'a couleur eft un 
brun obfcur avec des taches bleues 
depuis fa tête jufqu'à fa queue. Surle 
milieu du dos ou voit régner une raie 
noire, de laquelle ilpartdiverfes raies 
de la même couleur à droite Si à gau- 
che , qui fe rencontrent prefque fous 
le ventre, li a le dos tacheté 8e pour 
ainfi dire canclé. Autour des yeux il 
eft .de couleur d'or. Sa mâchoire infé- 
rieure refïemble prefque à une feie, 
& l'on die ^u'il s'en fert fi fortement 
pour s'attacher au Goulu de mer, que 
ce poiffon, tout redoutable qu'il eft , ne 
fauro'.t s'en arracher. Des que le Goulu 
de mer eit pris , le Pilote le Iaiiïè & 
. s'enfuit. îl eft très-difficile à prendre. 
On prétend qu'il fent lorfqu'ii eit près 
.de^tielque .terre, Se qu'alors il fe re- 



P I L PIM 

tourne Se s'enfuit en pleine mer. C'eft 
ainfi qu'en parle Koi.be, Defcript. 
du Cap de Bonnc-Eppér*nce 4 Tome [[[. 
P- 138. On trouve auffi à la côte d'Or 
ce poilfon. Il nage ordinairement de- 
vant le Requin , fans en recevoir le 
moindre mal. PluSeurs Ecrivains re- 
marquent qu'on trouve fou vent au dos 
du Requin quelques-uns de ces petits 
animaux. Hift. Générale des Voyages» 
Liv. IX. 

PILUMDUWA, nom qu'on 
donne dans les Indes au grand Ipfida , 
oifeau qui prend les poilTons., d'où lui 
eft venu le nom de Filumduwa. Voyez 
IPS1DA. 

P I M 

PIMART JAUNE, oifeau, 
félon Bel on , ennemi de la Tour- 
terelle, quieftleX^p/ar d'AiiiSTOTE, 
que Gaza a traduit par Luteus , Se qui 
peut être le Lorm, Voyez au mot LO- 
RIOT. 

PI MB ER AH, Serpent de i'Ifle 
de Ceykn , de la groffeur d'un hom- 
me, Se d'une longueur proportionnée. 
Sa proie ordinaire font le bétail & les 
bêtes fa uv âges. Il ufe d'adreffe pour 
les prendre. Il fe tient caché dans les 
fentiers , par où paife le Daim , Se le 
tue du coup d'une efpece de cheville, 
dont fa queue eft armée. Il avale quel- 
quefois un Chevreuil entier, dont les 
cornes lui percent le ventre &le tuent 
lui-même. Ce Serpent, ditSEBA, 
a l'afpecl terrible, à caufe defesdeux 
gros yeux de Bœuf, placés à fleur de 
tête, Ses deux mâchoires font garnies 
de de«ts taillées en feie. Sa gueule a 
une bordure en forme de coquille. Son 
front eft revêtu de fortes écailles cen- 
drées, grifes, décorées de grandes 8c 
belles taches & (illonnées en travers 
de trois raies, qui ont la figure d'au- 
tant de croix. Ses écailles fur le de(fus 
du corps font roulïàtres , ombrées de 
vaftes & magnifiques taches d'un brun 
obfcur, dont 1 es unes font rondes , Se 
les autres oblongues > rangées toutes 

avea 



V I N 

avec fymétrie , depuis la tête jufqu'au 
bout delà queue, qui eft déliée. Cette 
bigarrure eft accompagnée fur toute 
l'étendue des côtés d'autres taches noi- 
res, amples Se triangulaires. Au-de(ïbus, 
vers le bas du ventre, règne une troifie- 
rne rangée de taches pitre petites , qui 
s'étendent près des écailles tranfver- 
fales. Ces écailles font très-grandes, 
d'un cendré clair , difpofées avec un 
bel ordre Se joliment colorées. S E 3 À, 
Jhsf.ll. Tab. ç)i. ». i . 

P I N 

PINCEAU MARIN, en 
Latin Penicillus marinas. On donne ce 
nom à un Zoophyte , à caufe de fa 
leiTemblance avec le pinceau des Pein- 
tres. C'eft un tuyau dur, attaché aux 
rochers par une matière molle , de 
forte que les vents Se les ondes l'agi- 
tent çà Se là, dit Rondelet, Part. II. 
p.'/ 6. c. 6. Edit. Franç. Au-dedans de 
ce tuyau il y a une fubPbmce charnue , 
quelquefois jaune, quelquefois d'une 
autre couleur. Quand elle fort , elle fe 
répand comme de la peinture , de forte 
que rien ne reffemble mieux à un pin- 
ceau. On en trouve aux environs des 
rochers de Saint Honorât de Lérins. 
Gesner (de Aquat- p. 818.) parle 
de ce Pinceau marin , 5c il en fait un 
teftaece, à caufe de la dureté de fon 
tuyau. 

PINÇON, ouPINSON, petit 
©ifeau que M. Linnz-us ( Fauna Suec. 
p, 199. ) met dans le rang des Aves 
Parères. Il y a le Pinçon [impie , qui eft 
le d'A r 1 s t o T e ( Hifl. Anim. 

L.VIII. c. 3. ); la Fringilla des Latins 
Se des Modernes , comme de G e s N e R 

(Av. p. 387.)» d'A LDROVANDE 

(Ornith. LfXlïL c. 6.) , do Wil- 
iughbï (Grnith. p. 1 86". t.^-^.f. 4. ) , 
de Ray ( Synop. Meth. Av. p. 88. ) , 
d'A l b 1 N ( Hifl. Nouv. des Gif. ) , 
de Belon ( delà Nat. des Oif. L. Vil. 
e. 28. p. 37 1 .) , Se des autres. Les An- 
glois le nomment Cafflngch ; les Sué- 
dois Fincke , Se Bojînck,. M. LiNN/EUS 
Tome lll. 



P I N 40-5 

l'appelle Fringilla urubus nigris , r:~ 
migibus utrinque albis , tribus primis 
immaculatis , rcBricibus duabus obliqué 
albis. 

Le Pinçon montait! ^ qui eft Ypponti^t 
d'A ristote C Hifl. Anim. L. VI H. 
c. 3.); Is Montifringilla ces Latins , 
de Jonston (Grnith. p. 09. t. 38.) , de 
Wii.lughbï (Grnith. p. 1 S y. £.45. £5.), 
de R/. y (Sywp. Meth. Av. p. 88.),, 
d'A L n 1 n ( Tome III. n. 63. & 64, ) 
Se de Belon, de la Nat. des Oif. 
L. Vil. c. 29. p. 37a. Il eft nommé 
par M. L 1 n n je u s ( Fauna Suec. 
p.j^.n. 193. ) , Fringilla alarum bajl 
fubiiis faviffimâ , Se par d'autres, 
Carditciis Angermanica s en Anglois 
Montait! Finck , ou Br amble , ou Bram- 
bling i en Suédois Norrquint- Il y en a 
deux efpeccs , la grande Se ta pe- 
tite. 

Le Pinçon R_oyal , ou Gros Bec , 
nommé n^cJ^oV par Akistote( Hijl. 
Anim. L. IX. c. 3. ) ; Pardalits par 
les Latins , dit B e L o n , de la Nat. 
des Gif. L. VIL c. 3 . p. 3 74. 

Le Pinçon Pie, dont deux efpeces, 
la grande Se la petite , félon Albin, 
Tome II. n. 54. & Tome III. m. 71. M. 
LlNNJEUS {Fauna Suec. p. y 6. «. 201 ) 
parte d'un Pinçon a hupe couleur de 
feu , qu'on voit en Northlande , en La- 
tin Fri.îgilla fufca , criflâ fimmeâ. 

Le Pinçon , ou Pinfm , eft un genre 
d'oifeaux qui ont le bec plutôt coni- 
que que fait en forme de fabot ; ce 
bec , dès fa racine , va en diminuant 
jufqu'au bout , qui eft un cône pointu. 
M. LiNN/EUS ( Fauna Suec. n. 195.) 
comprend fous le nom générique de 
Fringilla différentes efpeces de petits 
oifeaux , qui font dans l'ordre des 
Aves Pajferes : tels font les différentes 
fortes de Chardonnerets , les Pinçons» 
le Verdier , le Tarin , le Bruant , le 
Proyer , le Serin , les Linotes , le Moi- 
neau de Jonc , Se le Moineau franc. Le$ 
Pinçons , chez M. K L E 1 n ( Ord. Av. 
p. 90". ), compofent la cinquième tribu 
du dixième genre de la quatrième 
N n a 



P I N 

amïlle de fes oifeaux , qui ont quatre 
doigts fimples , dont trois devant & un 
derrière. 

Il y a le Pinçon fimple , le Pinçon 
•fiiomain , le Pinçon Royal ou Gros Bec, 
le Pinçon Pie , Se le Pinçon à hupe de 
couleur de feu de M, Linn/eus, 
desquels on a parlé plus haut. Outre 
ceux-ci il y a encore le Pinçon de Ba- 
hnma , le l'inçon de trois couleurs , le 
Pinçon violet , &c. De cette notice 
paifons à la defeription de ces différen- 
tes efpeces de Pinçons-. 

PINÇON" SIMPLE * : 
C'eft un oifeau dont les Naturalises 
anciens Se modernes ont fait men- 
tion , entr'autres M. L i N N m u s 
( Fauna Suec. n, 199, ) , G es- 
ne r C Av. p. 387.), Al dr ci- 
van cî e C Ornitk. L. XIII. c. 6. ) , 
Wili. UGHBY( Ornitb. p. 1 86". Tab. 
45. fig. 4. ) , R a y ( Synop. Met h. Av.- 
p. 88.), & Albin ( Tome I. p. 60. 
Tab. 63.) , qui en parlent tous fous 
le nom de Fringilla. 

Le Pinçon fimple , dit M. Linn/eus , 
diffère du Pinçon de montagne par fes 
taches pourprées. Le mâle diffère aulfi 
de fa femelle par fa poitrine rouge. 
Cet oifeau a le bec d'une couleur de 
plomb , la tête grife , la partie porté'- 
Heure du dos d'un cendré verd , l'an- 
térieure grife ; la région des yeux , le 
goder , ainfi que la poitrine Se les cô- 
tés , font de couleur ferrugineufe ; le 
col eft de la même couleur; les ailes 
font noires , chargées d'une triple tache 
blanche ; l'une de ces taches eft pla- 
cée au pli des ailes , la féconde au mi- 
lieu des plumes nommées tectrices* 8c 
la troifteme , qui eft la plus petite, eft 
aux plumes nommées remiges. Les plu- 
mes des ailes , nommées teclricts , font 
noires , blanches à la pointe Se à leur 
bafe : celles , nommées remiges , font 
toutes noires, blanches par le côté in- 
térieur , principalement vers la bafe ; 

* Cet oifeau eft nommé en Grec , 
félon Aiistote; en Latin Fringilla ; en 
Anglois , Cajfingçh-ï en Suédois Etncke , ou 



P I N" 

toutes Ces plumes , excepté les troîg 
premières , font marquées d'une tache 
blanche , vers la bafe , au côté exté- 
rieur ; les plumes , nommées fecitnda~ 
ris, remiges , font creufes au milieu, 8c 
marquées au bord extérieur d'une li- 
gne blanche ou fauve ; les plumes ,. 
nommées reclrices , font noires Se pref- 
que égales ; les deux extérieures font 
marquées d'une tache blanche oblique ; 
à la dernière plume la tache eft plus 
grande ; les deux plumes du milieu 
font cendrées. 

La femelle , que M. Linn/eus 
croit être l'oifeau qu'il nomme ( ibid. 
n. 200. } Fr'wgilla artubus , remigi- 
bus , reclricibiijque nigris, daabus uirin- 
que extimïs à medio extrorshm albis , 3 
auffi le bec couleur de plomb. Tout le 
deffus du corps eft d'un cendré verdâ- 
tre : le deffous eft blanc. Les plumes 
des ailes , nommées remiges , font tou- 
tes noirâtres , excepté les trois pre- 
mières plumes de chaque côté , qui 
font blanches à leur bafe , & blanchâ- 
tres au bord intérieur. Elle a la queue 
fourchue ; les plumes reclrices , ou de 
la queue noirâtres , dont deux du mi- 
lieu vertes : les deux dernières vers la 
pointe font marquées d'une tache blan- 
che , qui va obliquement. Ce Pinçon, 
dit l'Auteur , eft très-commun en Sué- 
de. Il fait fon nid dans les arbres. La 
femelle s'en va l'hiver , mais le mâle 
refte. 

Selon Albin, le Pinçon eft ufl 
oifeau qui fait fon nid contre un arbre- 
Se le conftruit avec de la mouflé verte , 
des menues brouffailles Se du crin de 
Cheval. Il pond fix ou fept œufs Se 
engendre deux ou trois fois l'année, 
C'eft un oifeau hardi , qui fe nourrit 
de toutes fortes de grains. 11 pronoftr- 
que la pluie. Il eft, depuis la pointe 
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue,, 
long de fix pouces. Son bec eft aigu Se 
fort , blanc au-defibus , fombre au- 

Bofînck. Le Pinçon {impie eft appelle Frfngel— 
/o, par Ou*<a; vineliaAvït, par AlehrI" l& 

G&AND, 



P I N 

iîefTus Se vers la pointe. La grandeur de 
la mâchoire inférieure eft égale à celle 
delà fupérieure. Il a la langue fendue 
Se raboteufe, l'iris de couleur de noife- 
tier Se les oreilles grandes. La tête du 
mâle eft bleue , mais les plumes qui 
touchent les narines font noires. Son 
dos eft rougeâtre , avec un mélange 
de couleur de frêne ou de verd. La 
poitrine eft rouge , Se le ventre fous la 
queue eft blanc. Les couleurs de la 
femelle ne font pas fi éclatantes ni fi 
vives. Elle a le croupion verd ; fon dos 
n'eft pas auffi rouge , & le ventre , 
qui eft rouge dans le mâle , tire fur une 
efpece de verd fale : la poitrine eft auffi 
d'une couleur plus chargée. Cet oifeau 
a dix- huit principales plumes dans 
chaque aile , Se elles ont toutes, ex- 
cepté celles qui font les plus avancées 
en dehors , leurs bouts Se leurs textu- 
res intérieures blancs , ayant leurs 
bords extérieurs jaunâtres , ou plutôt 
verds. Dans le mâle , les petites plu- 
mes qui entourent le fommet , ou la 
bafe de l'aile , font bleues. Au-deflus 
<le chaque aile il y a une tache blanche 
Se remarquable ; enfuite un intervalle 
de blanc , auquel fuccede un filet blanc 
& long , qui commence après la pre- 
mière plume Se continue après la di- 
xième , à travers- les pointes des plu- 
mes couvertes. Cettcpartie de ce filet, 
qui traverfe les pointes des plumes 
couvertes , eft teinte de jaune. La 
queue a deux pouces de longueur. Elle 
eft compofée de douze plumes , dont 
celles qui font les plus avancées en 
dehors des deux côtés ont leurs bouts, 
de même que leurs extrémités fur le 
dehors des dards, noirs , la partie du 
milieu en étant blanche, & celles qui 
leur fuccedent moins blanches , c'eft- 
à-dire qu'elles ne le font que près de 
la pointe Se fur le dehors du dard : les 
trois fuivantes des deux côtés font 
noires, -Se les deux qui font au milieu 

* Cet oifenu eft nomme- en G-"ec Op#»*ïÇ» 
Par Akistote; Monthim tringïlla par 1 "s 
Latins ; Fringilla Hybirna, ou Montana , par 



P I N 457 

cendrées , avec des bords tirant fur le 
verd. Cette defcrjption eft différente 
de celle de M, Linnsus. 

Cet oifeau change de couleur. G e s- 
ne R. aflure avoir vu un Pinçon tout- 
à-fait blanc. Alduovande donne la 
defeription d'un autre , dont le corps 
avoit changé du blanc au jaune , Se en- 
core d'un autre , qui a été en partie 
jaunâtre Se en partie noir. Les Latins 
lui ont donné le nom de Fringilla , 
dit B e l o n , pareequ'ii chante beau- 
coup plus en hiver qu'en tout autre 
temps. Le Pinçon quitte les bois l'hi- 
ver , pour venir fe nourrir dans les 
campagnes. On le prend à la r afTée 
depuis la Saint Michel jufquM la Touf. 
faint. On a nommé cet oifeau Pinçon 
en François , pareeque, quand il eft 
pris , il cherche à pincer avec fon bec , 
Se il pince fi fortement, qu'il fait fortir 
du lang. 

Grand PINÇON de montagne * , 
en Latin Montifringilla major : Cet 
oifeau , dit A l b 1 N , eft un peu plus 
grand que l'Alouette. Sa longueur, 
en prenant de la pointe du bec jufqu'i 
l'extrémité de la queue , eft de fix 
pouces , & fa largeur, les ailes éten- 
dues, de treize. Le bec eft de la lon- 
gueur d'un demi-pouce Se couleur de 
corne. Le bout de la langue eft partagé 
en filets, Le fommet de la tête eft d'un 
brun entremêlé de taches jaunâtres Se 
blanches. Le dos eft d'un jaune obfcur , 
mélangé de taches Se de nuances fom- 
bres. La gorge, la poitrine & la naif- 
fance des ailes font d'un beau châtain 
clair. Le ventre Se les cuifTes font de cou- 
leur blanche. Les longues plumes des 
ailes font noires: leurs bords extérieurs 
font d'un jaune pâle Se verdâtre. Les 
pointes du premier rang des plumes 
couvertes font blanches: cette couleur 
fait une bande qui traverfe l'aile. La 
queue eft fourchue Se de la longueur 
de deux pouces Se demi : elle confifte 

M. Ki f in ; TrmgueUo Montpno , par Olina ; 
en Ang'.ois, the Br amble ar Brambling , félon 
WiLLUGHBYi en Suédois, Harryuint. 

N n n ij 



4 dS F I N 

en douze plumes brunes , ilont les 
bords extérieurs font jaunâtres. Les 
jambes , les pîeds 8c les griffes font 
noirs. La griffe de derrière eft la plus 
longue , comme elle l'eft dans l'A- 
louette, fuivant les obfervations des 
Naturaliftes. 

Petit PINÇON de montagne , en 
Latin MontifrïngiUa minnr : Cet oi- 
feau , félon le même Auteur , eft un peu 
plus grand que le FinÇm ordinaire. Son 
bec eft épais, fort & droit : il a une 1 
baie large , quife termine en une poin- 
te aiguë , en forme de cône ou d'enton- 
noir. Quelques - uns de cette efpece 
l'ont entièrement noir : dans quelques 
autres il eft noir à la pointe & jaune à 
la racine. Sa langue reffemble A celle 
du Pinçon ordinaire. La mâchoire fupé- 
rie ure eft aulïï longue que l'inférieure 
tes côtés en font forts 8c deviennent 
fi minces , qu'ils forment un taillant. 
Il n'y a point de jaune au bec de la 
femelle. Les jambes -Se les pieds font 
couleur de chair pâle 8c fombre. Le 
doigt de dehors eft attaché à celui du 
milieu par en bas, comme il l'eft dans 
d'autres petits oifeaux. La couleur dit 
mâle, depuis la tête jufqu'au milieu 
du dos , reffemble à celle de l'Étour- 
neau , qui eft d'un noir luifant; Les 
bords des plumes font de couleur de 
frêne rougeâtre. Le deffous du dos 8c 
du croupion eft blanchâtre. La gorge 
eft d'un rouge tirant furie jaune , ou 
plutôt orangé , & le ventre blanc. 
Les plumes , qui font derrière le dé- 
faut du cartilage de l'os de la poitrine , 
font rougeâtres. Les longues plumes 
de l'intérieur des ailes font rouges : 
celles qui font les plus avancées en 
dedans font .noires , 3c ont des bords 
rouges ; cette couleur commence par 
là quatrième , & par la feptieme ou 
huitième des plumes qui les fui vent: 
elles ont des taches blanches- fur le 
dehors de leurs dards, près des poin- 
tes du fécond rang, L'efpace qui. eft. 
au- deffous de leurs bords extérieurs 
eft au.HL blanchâtre y autrement- toutes 



P I N 

les longues plumes des ailes font noi- 
res. Le plumage , près de la bafe da 
l'aile, eit d'un jaune charmant , &au- 
deffus de cette couleur il eft orangé. 
La queue confifte en douze plumes ; 
chacune a environ la longueur de cinq 
pouces : elles font toutes noires ; mais 
la texture extérieure des plumes les 
plus avancées en dehors à droite Sc\a 
gauche , eft blanche ; l'intérieure l'eft 
auffi dans certains oifeaux de cette ef- 
pece. Les pointes Se les bords des deur 
plumes du milieu font de couleur de 
frêne rougeâtre. 

On nomme Mcntain Se Pinçon des 
Ardtnms , le Pixfoti de montagne. Cet 
oiïcau eft encore décrit différemment 
chez M. L i N N /F u s , qui n'en donne 
qu'une efpece. 11 n'eft pas étonnant 
qu'un même oifeau décrit à Londres 
8c à Stockolm puiffe varier par le plu- 
mage Se par fes différentes couleurs 
comme cela arrive prefque à tous les 
oifeaux de différens pays , quoique de 
la même efpece. 

Le favant Naturalîfte Suédois , dans' 
fa Fauna Sutcica , ni 198. nomme le 
Pinçon montain , Fririgilla ni arum bafî 
fiibtks jîxvijfimâ , 8c le décrit ainli. 
Le mâle , dit-il , eft n©ir par deffus ; 
il a le bord des plumes irrégul 
ferrugineux , l'abdomen eft blanc , la 
poitrine eft d'un fauve ferrugineux ou 
doré , ainiî que la bafe des ailes en 
dehors , Se la bafe des ailes en dedans 
eft d'une couleur fauve ou d'un jaune 
foncé ; le croupion eft auffi de cou- 
leur ferrugineufe. Les plumes des ai- 
les , nommées rémiges , font noires Se 
blanches au bord extérieur » quatre 
de ces plumes & les fuivantes, vers la 
bafe , au côté extérieur, font d moitié 
blanches. Les plumes de la queue,, 
nommées retlricer , font noires , mais 
onze d'entre celles-ci , au bord exté- 
rieur & vers la bafe , font blanches. Le 
dernier doigt eft à peine plus court" 
que le doigt du milieu. La femelle eft 
brune où le mâle eft blanc , Se cen- 
drée, où il eft roux. Sçus la bafe. d& 



P I N 

ï'aîic , elle eft auflî d'un beau jaune , Si 
au bas de l'anus , fa couleur eft irré- 
gulièrement jaune. Elle a les plumes 
des ailes & de la queue , appellées 
refîmes & rémiges, de la même cou- 
leur que celles de fort mâle. 

Il y a auffi un oifeau de ce genre qui 
habite la Northlande , & que le même 
Auteur {ïbiâ. n. 201 .) nomme Frin- 
gitlaftifca , criflâ jlammcâ. C'en tout 
ce qu'il nous dit de cet' oifeaii à hupe 
de couleur de feu , qui eft peut-être un 
Pififan, ou un Chardonneret , ou au- 
tre forte d'oïfeau; 

PINÇON ROYAL: Belon 
le nomme auffi Gros Bec , pareequ'il a 
le bec tris-gros. Son plumage varie 
fuîvant l'âge. H eft un peu plus petit 
que l'Étourneau, Sa tête eft orangée 
par deftus. 11 a une tache noire fous la 
gorge : le deffus du col efteendré , & le 
dos fauve :' l'es extrémités des ailes font 
changeantes & bigarrées de blanc ; cel- 
les de la queue font blanches ,& le def- 
fus eft fauve :■' la gorge ,-1'eftomac & le 
ventre font delà même couleur. Belon 
rapporte que ce qu'AtuSTOTE dit du 
TicLfik* U convient à cet oifeau. Il 
vole en troupe. Sa voix n'eft point 
forte. 

PI NÇON VIOLET, en La- 
tin Fïingiiia pitrpurea, félon CateSby. 
II a le ventre blanc, le refte du' corps 
violet foncé , la quauc brune à un 
pouce du bout , l'es ailes plus foncées 
<|ue le corps , Se les pieds pris. 

PINÇON DE BAH A M A, 
en Latin Fringilla Eahamenfts , félon 
le même Auteur. Cet oifeau a la tête 
la gorge & le dos noirs ; une raie blan- 
che au-de!Tus Se au-delfous de l'œil;, 
une tache jaune fous le bec : la poi- 
trine 5c le ventre font d'une couleur 
d'orange ; le demis du col & du crou- 
pion eft d'un rouge obfcur ; les ailes 
Se la queue font brunes , mêlées de 
Manc , Se les pieds plombés. 

PINÇON DE TROIS COU- 
LEURS, eu Latin Fririgilla trïcolor ,■ 
klon M. K-i e i n p Ord. Av. £. 37.. 



PIN* 4 d> 

«. 7. Cet oîfeau a le bec gris , la tête 
Se le col d'un bleu d'azur , la poitrine' 
& le ventre de couleur de feu , le dos 
Se le deftus des ailes d'un verd tirant 
fur le fauve; les grandes plumes de9 
ailes , nommées rémiges , & la queue * 
font d'un rouge pourpré. 

P I N Ç O N-P I E : Cet oifeau y 
qu'A l b i n dit avoir vu en Angleterre 
dans la Province d'Effex , a le bec,, 
depuis la pointe jufqu'au milieu & au- 
delà , d'une couleur rougeâtre. Il a 
une raie de couleur de plomb bleuâ- 
tre , qui eft autour des mâchoires fupé-' 
rieure Se inférieure. Le bec eft rou- 
ge à fa racine. Les yeux font noirs y 
l'iris eft blanche , Se les paupières font 
de cette première couleur. Le plu- 
mage de la tête & celui du col font 
entierement blancs. Il y a trois cercle* 
qui entourent la partie inférieure : fcs 
premier cercle eft couleur de plomb- 
bleuâtre , le fécond eft' blanc , Se le: 
troifieme bleu. Les plumes du dos font 
d'un brun rougeâtre tacheté d'un jau- 
ne verdâtre. Les plumes de la poitri- 
ne , ainf que celles du ventre , font de- 
la même couleur. Il y a une marque 
dentelée & bleuâtre au milieu de la : 
poitrine en'defcendant. Les plumes des> 
ailes font blanches, légèrement nuan- 
cées d'un jaune verdâtre Se entre- 
mêlées d'un petit nombre de plumes'* 
noires. La queue eft compofée de 
douze plumes , dont les deux les plu* 
avancées en dehors,, à droite Se à gau- 
che , font blanches ; les deux plumes 1 
immédiatement après font noires: cel- 
les du milieu font de cette première 
couleur; Les jambes Se les pieds font" 
de couleur de chair rougeâtre, 

F eut P I N Ç O N-P I E des- mon- 
tagnes : A l b i n dit que cet oifeau' 
eft de la même figure Se de la même 
grandeur que le Verdier. 11 a le bec 
fort, court, Se d'un jaune foncé. Le 
devant de la tête eft d'un brun foncé,, 
prefque noir :. il devient plus clair ou: 
pâle par derrière. L'efpace qui eft au- 
tour Se fo.us l'œil eitd'un; châtain clair;. 



Le dos eft de couleur de frêne brunâ- 
tre Se tacheté de noir. Sous la gorge 
il y a un blanc jaunâtre , avec un cer- 
cle autour du col, couleur de châtain. 
La poitrine Se le ventre font d'un blanc 
mélangé de jaune & tirant fur une cou- 
leur cle feu. Les plumes fcapulaires 
font blanches : il en eft de même du 
premier Se du fécond rang des plumes 
couvertes. Toutes les autres plumes 
longues des ailes font noires & ont 
leurs bords extérieurs blancs. La queue 
confifte en douze plumes , dont trois , 
qui font les plus avancées en dehors , 
à droite Se à gauche font blanches, Se 
un peu ombrées d'un brun foncé : le 
refte des plumes du milieu eft brun. 
Les jambes & les pieds font noirs. 
Albin dit qu'on trouve de ces oi- 
feaux dans les parties les plus éloignées 
au Nord de la Province d'Yorck en 
Angleterre. 

Kolbe ( Dsfcript. du Cap de Bonne- 
Efpérance , Tome 111. c. 19. p. 191O 
dit qu'on trouve en abondance au Cap 
des Vin fins., Se il y en a autant d'ef- 
peces qu'en Europe. Il y en a même 
une forte qu'on ne trouve pas dans 
notre continent. 11 eft un peu plus 
gro? qua le Pinçon ordinaire. En hiver 
foutes fes plumes font cendrées : elles 
lui tombent en été & il prend un nou- 
veau plumage; alors il a la tête, le 
ventre , les ailes Se la queue noirs , Se 
le col Se le dos d'un beau ponceau. Le 
bec de cette efpecede Pinçon eft court, 
large , pointu Se jaune. La manière 
dont il façonne fon nid eft remarqua- 
ble. Il fe fort de petits rejettons d'ar- 
bres ou de builfons , qu'il entrelace 
fort artiftement de coton. On y voit 
deux appartemens l'un fur l'autre, Se 
il n'y a qu'une feule entrée. Le mâle 
loge dans la chambre d'en haut Se la 
femelle dans la chambre d'en bas. Le 
même Auteur dit qu'il a vu fouvent 
de ces oifeaux , mais il ajoute qu'il 
n'y a point d'endroit près du Cap où 
H y en ait plus qu'aux environs de la 
rivière du banc des Moules. 



V I N 

PINGOUIN, forte d'oifeau, 
qui fe trouve en Orient. Voyez au mot 
PENGU1N, oit je rapporte ce que 
les Naturaliftes en ont écrit. 

PiNIKOLO, nom que les 
Italiens donnent à un oifeau qui volti- 
ge autour des eaux. C'eft le Tringa. 
tertia d'A ldrovande. Il a le bsc 
beaucoup plus noir Se beaucoup plus 
court qu'un autre Tringa , qui eft le 
Cinclus de Belon, cfpece de Bccaifi- 
ne : il a la même figure. Il y a qiulque 
variété dans le plumage. Ses couleurs 
dominantes font le brun Se le châtain , 
dit R a y , Synop. AL th. Av. p. 109, 
n.j. 

PINNE DE MER, en Latin 
Tinna marina. Aristote&Plike 
parlent de cette efpece de Coquillage , 
qui , comme les Moules , eft retenu 
dans une fituation fixe par un grand 
nombre de fils , collés fur les corps 
qui l'environnent. La coquille de cet 
animal eft compofée de deux pièces , 
comme celle des Moules , mais de 
deux pièces beaucoup plus gran- 
des; car les Pinnes mariner que l'on 
trouve près des côtes de Provence ont 
environ un pied de long, Se prùs des 
côtes d'Italie , on en rencontre qui 
ont jufqu'à deux pieds. 

Les V innés marines font encore plus 
différentes des Moules par la finefié Se 
le nombre de leurs fils , que par la 
grandeur de leur coquille. Ces fils , 
dit Rondelet {Part. H. p. 35. Kdit. 
Franc. ) , font , par rapport à ceux des 
Moules , ce qu'eft le plus fin lin par 
rapporta l'étoupe. Ce n'eft peut-être 
pas encore affez dire , félon M. D s 
R É A u M u r , puifque les fils des 
Pinnes marines ne ibnt guercs moins fins 
Se moins beaux que les brins de foie 
filés par les Vers : aulfi les fils des 
Moules ne font-ils employés à aucun 
ufage , Se , félon Le même Rondelet . 
une belle efpece de biffe des Anciens 
étoit faite de ceux des Pinnes marines. 
Ce qui eft de plus certain , c'eft qu'on 
fait encore à Palerme des étoffes Se 



P I N 

divers autres beaux ouvrages des fils 
que ce Coquillage fournit. 

Ces fils étant fi fins , il n'eft pas 
poffible qu'ils ayent chacun beaucoup 
de force; mais ce qui leur manque de 
ce côté- là , pour attacher fortement 
la î 'inné manne , eftcompenfé parleur 
nombre , qui eft prodigieux. M. de 
Réaumur dit qu'on doit regarder 
les Firmes marines comme les Vers à 
foie de mer, puifqu'elles donnent une 
foie , dont on fait de fort beaux ou- 
vrages , au -lieu que les Moules ne 
font dans la mer que comme des efpe- 
ces de Chenilles. 

Les Pêcheurs affurentque les Fumes 
marines font toujours attachées aux 
rochers ou aux pierres des environs par 
une houpe de filets ; car , pour les 
tirer du fond de l'eau , il faut toujours 
brifer cette houpe. On les pêche à 
Toulon à quinze , vingt Se trente pieds 
d'eau Se plus quelquefois , avec un 
inftrument appellé crampe. C'eft une 
cfpece de fourche de fer , dont les 
fourchons ne font pas difpofès à l'or- 
dinaire : ils font perpendiculaires au 
manche Se ont chacun environ huit pou- 
ces de longueur , & laiflent entre eux 
une ouverture de fix pouces , dans l'en- 
droit où ils font le plus écartés. On 
proportionne la longueur du manche 
de la fourche ou crampe à la profon- 
deur où l'on veut chercher les firmes. 
Onlesfaifit, on les détache & on les 
enlevé avec cet infiniment. 

La houpe de foie part immédiate- 
ment du corps de cet animal : elle 
fort de la coquille par le côté où elle 
s'entr'ouvre environ à quatre ou cinq 
pouces du fommet ou de la pointe dans 
les grandes Firmes. 

Ce Coquillage, nommé parles Au- 
teurs Firme marine , eft appellé fur les 
côtes de Provence Se fur celles d'Ita.- 
b'e Nacre de Ferles. H eft le plus grand 
des Coquillages à deux battans , ou 
bivalves que nous ayons dans nos mers. 
« a paru i M. deRéa um u r {Mêm. 
del'Acad, des Sciences , 1 7 1 1 , ji, 2 1 ej, 



&fmv. Se 1717. p . I?7< & r uh) } Je 
plus propre de tous fes Coquillages 
pour éclaircir la formation des Per- 
les. Il en produit beaucoup de diffé- 
rentes couleurs. Les foies qui fortent 
environ vers le milieu de fa coquille , 
fervent à attirer le limon à elle Se à la 
tenir ferme contre les tempêtes Se le 
mouvement des flots. 

M. D'A rgekville ( Conchyl. 
p. 329.) ditqu'on diftingue trois fortes 
de Firmes ; celles de la grande efpece , 
qui font rouges en dedans , Se qui ont de3 
Perles nacrées & rougeâtres , de la 
même matière de la coquille : il y en a 
qui pefent jufqu'à quinze livres ; celles 
de la petite efpece; & celles qu'on ap- 
pelle Ferna , garnies de pointes dans 
leurs canelures , & que l'on connoît ici 
fous le nom de Jambon, qui ont la fingu- 
larité d'avoir les bords de leurs coqîiil- 
lesplus épais du côté qu'ellcss'ouvrenr^ 
que vers la charnière. La Fume marine 
fe nomme en François Aigrette, Nacre 
Se Fhtme. Rondelet & Gesner 
ne donnent que deux efpeces de Firmes 
marines, la grande & la petite. L'ani- 
mal qui habite la firme marine ne fe 
montre que très-peu , pareeque fes 
deux battans ou valves ne s'ouvrent 
prcfque pas. Son fommet eft en bas:: 
fon extrémité la plus large y eft oppo- 
iée. Quatre mufcles placés aux deux 
extrémités oppofées de ces valves , le 
retiennent dans fa coquille , qui n'a 
point de charnière, mais un ligament 
applati Se noirâtre , qui règne jufqu'à 
la moitié des battans de la coquille. 
Nicolas Stenon, dans fa Differ- 
tation des corps jblides , parle d'une 
portion de grande firme marine pétri- 
fiée , remplie d'une matière terreufe > 
qui avoir confervé ia couleur du byjfas 
quoique le byjfus fût abfolument dé- 
truit. 

PINSON , petit oîfeau , dont 
il y a plufTeurs efpeces. Voyez au mor 
PINÇON. 

PINTADE, ou PEINTA- 
D E , oifeau des Indes , ainfi nommé à- 



caufe de Ton plumage marqueté d'une 
telle manière qu'il femble être peint. 
Les Efpagnols lui donnent le nom de 
Pintado. C'eft ce qui a fait appelle* 
ces pifeaux VarU par Va r r o n (de 
Re m(t. L. lit ) , & par Pline, 
.Hifi. Nat. L. X. c. 26. Martial 
f L. Ul. Epig. 58.) les nomment Gut- 
tata, à caufe que leurs plumes font 
tachetées de marques blanches en for- 
me de gouttes. Ces taches leur font fi 
naturelles , que leurs œufs mêmes en 
font marquetés , comme AniSTQTE 
.( lli ■:. Anim. L. VI. c.%.) l'a obfervé. 
Cette particularité les diftiugue des 
Poules communes, qui., dans le gen- 
re des oifeaux, font prefque lesfeuls 
qui n'ont point toujours le plumage 
avec les mêmes couleurs dans leur ef- 
pece , les Poules étant indifféremment 
blanches , noires , grifes , ou fauves , 
Se mêlées de toutes ces couleurs. 

Les autres Auteurs ont donné aux 
Pintades des noms pris du pays où 
plies naiXent ordinairement, & qui eft 
.l'Afrique , en les apuellant l'ouïes 
d'Afrique â ou de Barba, ie , ou de Tu- 
yiis , ou de Numidic , ou de Guinée y 
pu de Mauritanie , ou de Pharaon , 
c'eft-à-dire d'Egypte. Marc Grave 
(L. V. c. 2. Bereb. Nat.Brafd.) dit 
qu'elles font nommées Queteles au 
Royaume de Congo.Pi.iNE Se Varron 
Jes appellent Meleagrjdes. Il y. en a 
qui croyent que le Mdeagrïs eft le 
Coq d'Inde : mais ils fe trompent , 
fomrae je le ferai voir plus bas d'après 
M. Perrault. 

Les Pintades font à-peu -prés de la 
forme Se de la grandeur d'une Poule 
ordinaire : elles ont la queue baiffée, 
comme )a Perdrix , Se comme Jes Pou- 
les deux appendices membraneufes de 
couleur de chair , qui leur pendent 
aux deux côtés des joues. Ces appen- 
dices dans les Pintades , comme dans 
l'Oifeau Royal , ont quelque chofe de 
différent de celles qui font aux Pou- 
Jes. Tout le plumage n'eft que de deux 
couleurs , c'eft-à-dire blanc Se noir. 



PIN 

Le blanc eft parfaitement blanc par- 
tout : le noir eft aufli en quelques en- 
droits parfaitement noir. Les tacbes du 
plumage font prefque par-tout de 
forme ronde oc régulière - } mais aux 
ailes, elles font longues, &idifpofées 
comme par bandes. 

Clitus, Miléiîen, qui étoit dif- 
ciple d'A ristote(L. XIV. de 
Dip/iof. ) , décrit la Pintade , dans 
AthenéEj avec une grande exacti- 
tude. Il s'eft principalement étendu fur 
les particularités de la figure & de la 
couleur des marques de fes plumes, 
jufqu'à avoir obfervé , dit M. Per, 
r a V lt , que le noir, qui borde les 
marques, fe mêle réciproquement avec 
le blanc e'n forme de feie , ce qu'il eft 
affez difficile de comprendre , fi l'ois 
ne voit ces p) urnes ou leur figure. On 
les a fort exactement repréfentées dans 
la figure qui fe trouve dans le Recueil 
des Mémoires de l' Académie Royale des 
Sc iences , Tome III. Part. IL 

La queue , comme on l'a dit , eft un 
peu recourbée en défions comme aux 
Perdrix. Les jambes font couvertes da 
petites plumes couchées , Se comme 
collées fur la peau : ces plumes font 
d'un gris brun , Se marquetées de blanc 
comme toutes les autres. La tête etî 
fans plumes. La paupière fupérieure a de 
longs poils noirs , qui fe relèvent par 
en haut : au-deffus de la tête il y a une 
crête , ou manière de cafque. M a R C 
Grave dit, dans Aldroyande 
( Ormtb. L. XIV. c. 13.), Se dans 
Gesner {de Avib. L. III. ) , que 
cette crête tient de la nature de la 
peau. M. Perrault a trouvé qu'elle 
eft feulement revêtue par deflus d'une 
peau feche Se ridée de la couleur d'un 
fauve brun , qui s'étend depuis le bec 
jufqu'au derrière de {a tête, qu'elle 
couvre, étant échancrée au droit des 
yeux; mais le dedans eft d'une fub- 
itance fpon.eieufe , moins dure que 
l'os , Se refiemblant , comme le dit 
Clitus, a une chair defféchée , Se 
endurcie comme du bois. Dalecha»mi' 

dit 



P I N 

dit que cette crête eft particulière aux 
mâles , M. Perrault l'a trouvée 
<jans les mâles , comme dans les fe- 
melles, 

Le bec de la Pintade eft femblable 
à celui d'une Poule domeftique. De 
chaque côté du bec eft une peau bleuâ- 
tre , qui s'étend vers l'œil qu'elle en- 
toure, & devient noire en cet endroit. 
B E L o n dit abfolument qu'elle eft 
blanche autour de l'œil. Cette peau 
forme les paupières , Se en s'a 1 longeant 
Se fe redoublant fait les deux appen- 
dices des joues. Selon Marc Grave , 
elles font rouges. M. Perrault 
a remarqué qu'elles étoient rouges aux 
femelles & bleues aux mâles , quoi- 
que les Auteurs difent que cet oiféau 
n'a aucune marque extérieure qui fafTe 
la diftinction du fexe. Coi, umelle 
(de Re ïufl. L. VIII. c. z.) , fur cette 
différence des couleurs , fonde une 
diftin&ion entre la Poule Africaine ou 
Numidique , Se le Meleagris. Il dit que 
la Poule Africaine a fes appendices 
rouges , Se que le Meleagris les a 
bleues. Une telle différence , dit M. 
Perrault, ne peut conftituer des 
efpeces différentes , puifque ces cou- 
leurs peuvent aifément changer dans 
lin même individu par de légères oc- 
cafions ; ainfi qu'il fe voit au Coq 
d'Inde , à qui la crête devient rouge , 
quand il eft en colère , Se qui l'a ordi- 
nairement bleue. 

Les pieds de la Pintade font d'un 
gris brun , fort hauts , Se de grandes 
écailles les couvrent : ils n'ont par der- 
rière qu'une peau raboteufe , par une 
infinité de petites éminences pareilles 
à celles du chagrin. Les trois doigts de 
devant ont , jufqu'au tiers de leur lon- 
gueur , des peaux qui les joignent en- 
femble , comme à l'Oie. Le doigt de 
derrière eft court , & les mâles n'ont 
point d'ergot au derrière du pied , qui 
dans les oifeaux, de même que dans la 
plupart des brutes , comprend non- 
feulement les doigts qui pofent à terre, 
filais encore toute la partie qui va juf- 
Tome IIL 



F I N m 

qu'à la première jointure qui eft îe 
véritable talon. Voilà ce qui regarde 
les parties extérieures de la Pintade : 
pour les parties intérieures confultez 
les Mémoires de P Académie des Scien- 
ces à l'endroit cité. 

J'ai dit qu'il y a des Auteurs qui 
veulent que le Meleagris foit le Coq 
d'Inde , Se non pas la Poule Africaine , 
ou Pintade ; ce font Turnerus 
( Hifl. Av. ) , B E L O N ( de la Nat. 
des Oif. L. V. c. l o. ) , G E s N e r C de 
Avib. L, IIL ) , Aldrovande 
C Ornitb. L. XIII. c. 4.) , Se d'autres 
Naturaliftes qui ont écrit fur les oi- 
feaux. 

M. Perrault fait voir que tout 
ce que les Anciens ont dit de l'oifeau 
nommé Meleagris fe trouve dans la 
Pintade , Se que rien de tout cela ne 
fe voit dans le Coq d'Inde , qui , au 
contraire , a des chofes particulières , 
qui ne font point dans le Meleagris 
des Anciens ; car les particularités , 
dit-il, que Clitus , dans Athénée, 
attribue à l'oifeau Meleagris , favo'r , 
le bonnet de couleur & de fubftance 
ligneufe , les barbes ou appendices des 
joues, les marques blanches en grand 
nombre femées çà Se là régulièrement 
Se avec fymétrie fur les plumes , qui 
font de la figure Se de la grofleur 
d'une lentille , les jambes fans ergots 
aux mâles , & la refiTemblance parfai- 
te du mâle Se de la femelle , font des 
caractères très-particuliers qui fe trou- 
vent dans la Pintade , Se qu'on ne voit 
point dans le Coq d'Inde. Ce que 
P L 1 n e ( Hifl. Nat. L. X. c. 26. & 
L. XXXVII. c. z.) Se V arko N (de 
Rerufi. L. III.) difent de l'oifeau qui 
porte le nom de Meleagris convient 
encore fort bien à la Pintade Se nul- 
lement au Coq d'Inde ; car ils difent 
que le Meleagris eft un oifeau qui vit 
dans les lacs Se dans les rivières. Or , 
comme le remarque M. Perrault , 
les peaux que la Pintade a entre les 
doigts des pieds ne fe trouvent qu'aux 
animaux qui aiment les lieux aquati- 
O o 0 



474 



PIN P I P 



ques , où l'on fait que le Coq d'Inde 
ne fe plaît point. Enfin dans l'exacte 
defcrîption que les Anciens ont faite 
du Meleaçrir , il eft împoffible ,, s'il 
étoit le Coq d'Inde , qu'ils eufTent omis 
les chofes remarquables & particuliè- 
res qui fe voyent dans le Coq d'Inde, 
& qui ne fe trouvent point dans la 
Pif/rade , telles que font la manière 
d'étaler fa queue , celle de traîner fes 
ailes contre terre , d'allonger Se ^de 
laiffer pendre la crête qu'il a à la racine 
du bec, d'avoir le col raboteux & tôut- 
à-fait dénué de plumes , Se d'avoir un 
bouquet de crin noir à l'eftomac. 
Voilà les remarques de M. Per- 
rault, fur le Meleagris des An- 
ciens , que tous les Naturalises , com- 
me Gesner, Aldrovande, 
Belon Se Jonston, de même 
que Willughby, Ray, Albin, 
Se de nos jours M. L i N n je u s , 
prennent pour le Coq d'Inde ; ce qui 
fait voir que M. Perrault eft le 
feul de fon fentiment en prenant le 
Meleagris pour la Pintade. 

M. Linnjîus ( Syfl. Nat. Edit. 6. 
g. 68. ) met la Pintade dans l'ordre 
àesAvesGallim. Elle eft auffi dans le 
genre des Poules chez M. Klein, 
& il "la nomme ( Ord. Av. p. m.) 
Alei.hr Guineenfis , Gallina Guinea , 
Afrkana. Gesner, Willughby, 
Raï, Caïus, Roche fort, 
Albin 8c les autres , parlent de cet 
oîfeau fous le nom de Meleagris que 
les Anciens lui ont donné , nom qu'a 
suffi le Coq d'Inde, mais auquel on a 
ajouté celui âePavo , ce qui le diftin- 
gue de la Pintade. 

PINTADE, nom donné à" une 
forte d'Huître , à caufe de fa couleur 
canelée de gris & de blanc qui imite 
l'oifeau ci-deffus. Elle eft un peu ccail- 
leufe par deffus : en dedans c'eft une 
Nacre parfaite, avec des nuances tirant 
furie violet. Voyez HUÎTRE. 

P I P 

PIPA , nom qu'on donne à un 



P I P 

Crapaud de Surinam , beaucoup pl U8 
gros Se plus venimeux que ceux d'Eu- 
rope. Les habitans du Bréfil le nom- 
ment Cucuru , & les Portugais l'ap- 
pellent Capo. Voyez CRAPAUD. 

PIPER ONE, PIVERCNE . 
ou BIVERONE, nom que les 
Vénitiens donnent à un Coquillage 
bivalve , nommé Cloniffe par Ronde- 
let. Voyez CLONISSE. 

PIPI, oifeau de PAbyffime , que 
lès habitans de Tegré nomment ainfi 
pareequ'il répète continuellement ces 
deux fyllabes. Ce volatil a un inftincl 
qui lui fait conduire les ChafTeurs au 
lieu où il a vu quelques bêtes. Il ne 
les abandonne point , Se il chante fans 
cette autour de ces ChafTeurs jufqu'à 
ce qu'ils le fuivent. Cet oifeau a dif- 
férens noms , fuivant les différens 
Voyageurs , Se j'en ai déjà parlé. 

P I P I T , eft le nom d'un oîfeau, 
duquel il y a plufieurs efpeces. Celui 
de la première eft le plus grand. Il a 
la tête d'une couleur de gris- cendré , 
une tache deffous le bec faite en ma- 
nière de barbe , la poitrine rougeâtre 
le ventre diverfifié de blanc Se de rou- 
ge , la queue rouge par defiùs S: blan- 
châtre par deffous , & le dos gris-cen- 
dré. Les ailes font compofées de noir , 
de blanc , Se de roux ; les jarabes Se 
les pieds font jaunes; les ongles font 
noirs , & le bec eft longuet , grêle Se 
brun. 

Celui de la féconde efpece tire plus 
fur le cendré que le précédent: il n'a 
pas la poitrine rouge , mais il a des- 
taches brunes qui defeendent en bas, 
Son gris par devant eft plus cendré 
que par le deffus du dos ; fon ventre 
eft prefque tout blanchâtre : il a une 
tache affez grande tirant fur la cou- 
leur de rouille. Les grandes plumes 
des ailes, ainfi que toutes celles dont 
elles font revêtues, font noires & cen- 
drées par les côtés , Se à leurs extre^ 
mités ; les jambes Se les pieds font 
bruns. Sa queue eft cendrée. Le nom 
Latin de ces deux efpeces efi Sg.h 



P I P P I Q 

poîa. Voyons à préfent la defcnptîon 
Se le nom Latin de la troificme efpece 
de ces oifeaux. 

Celui de la troificme efpece eft ap- 
pellé par les Latins Boarimts , parce- 
qu'il fuit volontiers les Bœufs : il eft 
aulfi grand que les premiers. Il a le 
plumage prefquc tout-à-fait d'un blanc 
jaunâtre , les ailes de pareille couleur; 
mais elles font plus couvertes. Le bec 
Se les pieds font bruns. C'eft ainfi que 
le Ditiionnaire de Trévoux parle de ces 
trois efpeces d'oifeaux d'après Aldro- 
vande, Omit h. P. 73 a- Voyez BOU- 
VIER. 

P IPITZON , petit oîfeau du 
Mexique, dit S E B a , qui a le corps 
d'un rouge vermeil , la tête Se les gran- 
des plumes des ailes d'un pourpre ri- 
che , mêlé de nuances d'un jaune au- 
rore éclatant, le bec & les pieds d'un 
rouge obfcur , la partie fupérieure du 
bec recourbée & pointue au bout. Cet 
Auteur ajoute que ce beau petit oi- 
feau relTemble fi fort au Coltol qu'il 
eft difficile de l'en -diftinguer , étant 
de plus tous les deux de la même ef- 
pece. Hernandez en parle dans 
fon Hiftoire des Oifeaux de la Nou- 
velle EJ'pagne , Se S E b a en donne la 
figure Tlocf. I. Tab. 37. ». 4. 

P I Q 

PIQUITINGA, poifTon du 
Bréftl , dont parle Ma ne Grave, 
Il a deux doigts de long ou un peu 
plus : il eft prefque de la figure du 
Parahuctt , dont il ne diffère pas 
beaucoup. Il a la bouche petite , les 
yeux aflfez grands, Se l'iris de couleur 
d'argent. Par le nombre des nageoi- 
res , fa figure convient aflez avec le 
Varabucu. Sa queue eft fourchue , 
fa tête eft de couleur d'argent , Se le 
de (Tus eft de couleur d'olive. Il a les 
écailles blanches. Cependant il paroît 
avoir le dos de couleur d'olive : au 
milieu eft placée une ligne droite Se 
large de couleur d'argent , qui s'étend 
de chaque côté jufqu'à la queue. C'eft 



aïnfi qu'en parle Ray Synop. Metb. 
Pifc. p. 126. », 39. 

P I R 

P I R A A C A , poifTon du Bréfil , 
que R a ï ( ibid. p. 47. ) dit être le* 
Monoceros , dont parle Ci, u s 1 u s 
f Exot.L. VI, c. 28.). Voyez LICOR- 
NE DE MER. 

PIRA-ACANGATARA, 
autre poifTon du Bréfil de la grandeur 
d'une moyenne Perche , long de fept 
ou huit doigts. Il a la bouche petite , 
l'iris de couleur noire , mêlée avec du 
roux Se du doré , la queue fourchue , 
des écailles de couleur d'argent , jet- 
tant un éclat de couleur d'or , Se de 
couleur de feu. Son ventre eft blanc 
Se verd de mer ; la nageoire du dos 
eft d'un blanc luifant marqué de ta- 
ches rouffi-s ; celles des côtés font blan- 
ches ; celles du ventre font bleues , 
ainfi que celles de la queue à fon ex- 
trémité. Rat, ibid. p. 147. 

P I R A B E B E , félon Ray, & 
PIRABELE , félon Artedi, 
nom que Marc Grave donne à 
Y Hirondelle de mer , poifTon volant. 
Voyez MILAN DE MER, ibid. 
p. 89. & HIRONDELLE DE 
MER. 

PIRACOABA, autre poifTon 
du Bréfil , long d'un pied , dont la bou- 
che eft pointue , grande Se fans dents. 
La mâchoire fupérieure eft plus lon- 
gue que l'inférieure , 8e la partie fu- 
périeure de la bouche s'élève en ma- 
nière de cône rond. Ses yeux font 
grands, & l'iris eft de couleur d'or. Sous 
chaque nageoire , près des ouies , il a 
une barbe compofée de fix poils , gros , 
Se longs environ de trois doigts : fes 
écailles font petites Se argentées. A la 
tête Se au dos elles font un peu blan- 
ches ; & toutes les nageoires font ou 
blanches , ou cendrées , à l'exception 
de celles qui font près des ouies où il 
y a du noir. Ray , ibid. p. 81, 

P I R A E M B U , poifTon du Bré- 
fil, appelle ainfi en langue du pays, 
O 0 0 ij 



•4? 6 V I R 



P I R 



comme qui dlroit Ronfleur , à cauie de 
fon ronflement : il a huit ou neufpai- 
mes de long, Sa chair eft d'un fort 
bon goût , Se elle eft très-eftimée. Au- 
dedans de fa gueule lont deux pierres 
larges d'une palme , qui lui fervent 
à briiêr le Coquillage dont il fait fa 
nourriture. Les Sauvages prifent fort 
ces pierres , Se les portent autour du 
col. 

PIRAGUERS, poifTon, félon 
Frézier (p. 25. ) , qui fe trouve 
dans les mers de l'Ifle de Sainte Ca- 
therine. Nous y avons pris , dit-il, 
des poïfTons de quatre ou cinq pieds 
de long fort délicats , faits à-peu-près 
comme des Carpes , dont les écailles 
étoient plus grandes qu'un écu : les 
uns les ont rondes , les Portugais les 
nomment Meros j les autres les ont 
quarrées , Se ils les appellent Sole- 
mera, 

PIRA-IPOUCHI, mauvais 
poifTon de l'Amérique , & extrême- 
ment difforme , dit X H E v E T : il prend 
naiffance fur le Chien de mer , ajou- 
te-t-il » & il le fuit étant jeune. Sin- 
gulier, de la France Antarctique , p. 105. 
in verjo. 

PIRA-JURUMENBECA, 

poifTon du Bréfil , nommé vulgaire- 
ment Bocca Molle. Ceft un poifTon de 
mer, quelquefois long de neuf à dix 
pieds ,. Se large de deux pieds & de- 
mi : il fe plaît dans la fange. Il a la 
bouche élevée • il peut l'agrandir 8e 
l'arrondir : fes yeux font grands , le 
cercle en eft argenté & brun. La na- 
geoire du dos eft molle ; fa queue a 
la figure d'un pentagone ; fes écailles 
font petites Se luifàntes : fur le dos il 
eft verd Se de couleur dorée. Ses na- 
geoires font argentées , Se au milieu 
extérieur elles font de couleur d'or. 

WlLLUGHDÏ (L. IV. C.qo.p. 333.) 

Se Ra ï ( Synop. Meth. Pifc. p. 143. 
». 6. ) parlent de ce poifTorr. 

P1RANEMA, poifTon du Bré- 
fil de la grandeur d'une Perche , ou 
d'une médiocre Carpe ; il a. dix ou 



ouïe pîeds de long , Se trois tout aîî 
plus de large. Sa bouche eft grande , 
ronde &fans dents , fes mâchoires font 
rudes ; fes yeux font grands , l'iris eft 
de couleur blanche ; la partie fupé- 
rieure eft couleur de vermillon. 11 a 
les ouies très-grandes 5 une nageoire, 
qui commence proche de la tête & finit 
à la queue , eft compofée de vingt- 
deux arêtes. Tout ce poifTon eft de 
couleur d'argent mêlée de couleur de 
lait. Au ventre la couleur de lait eft 
plus claire , Se prefque blanche. Rat,. 
Synop. Meth. Pifc. p. 148. ». 7. 

PIRA-P1XANGA, poifTon 
du Brefil , que les Hollandois nomment 
Gatvijcb. Il a onze doigts de long, une 
bouche large d'un demi-doigt , des 
yeux grands, élevés, entourés d'un cer- 
noir , mêlé d'une couleur dorée Se fan- 
guine. Ses ouïes font grandes , garnies 
d'une petite épine ; les nageoires du 
ventre n'ont qu'une feule épine , & 
fa queue eft ronde par le bout. Ce 
poifîbn eft couvert de petites écailles ; 
au toucher fa peau paroît unie : il eft 
d'un blanc jaune , avec des taches de 
couleur de fang clair. Ces taches font 
Fondes , & font de la grandeur d'un 
grain de Chenevi : elles font plus 
grandes fous le ventre. R a y ( ilnd. 
p. 139. ». 10. ) dit que ce poifTon a 
prefque la figure de la Dorade. 

PIRAQU IBA, poifTon du Bré~ 
fil , qui eft le même que P Iperitquiba, 
Se le Rémora des Naturaliftes , dit Rat 
(ibid. p. 71. n. 12.). Voyez au mot 
REMORA. 

PI II ASSOUPI , animal de la 
grandeur d'un Mulet , Se qui lui ref- 
femble prefqu'entierement par la tête. 
Son corps eft aufli velu que celui d'un 
Ours , un peu phis coloré , tirant fur 
le fauve. Il a les pieds fendus comme 
un Cerf. On trouve cet animal en Ara- 
bie près de lamerRouge, Les Arabes 
fe fervent de fa corne lorfqu'ils font 
blefTés , ou qu'ils ont été mordus par 
quelques bêtes venimeufes. Us font 
pour cela tremper cette corne fix os 



F I R 

{ept jours dans de l'eau , qu'ils boivent 
enfuite. 

PIR ATI API A, poiflon duBré- 
fil , dont le corps eft long & allez 
épais : il devient quelque fois fi grand 
qu'il pefe jufqu'à cinquante livres. 
La mâchoire inférîewe eft plus longue 
que la fupérieure. Il a le dedans de la 
bouche rouge : fes yeux font élevés ; 
l'iris eft rouge : devant chaque œil , il 
a un trou. Sa queue eft prefque quar- 
rée ; fes écailles font petites ; le dos , 
le bas du ventre , & les nageoires font 
de couleur de cinnabre , ou de ver- 
millon. Les côtés font d'un gris tirant 
fur le brun, Il eft par tout le corps 
marqué de taches de la même cou- 
leur; dans des endroits elles font plus 
grandes , Se dans d'autres plus petites-, 
dit Ray, ibid. p. 14 r. 

PIRATIA-PUA, poiflon du 
Bréfil , qui devient d'une grandeur ex- 
traordinaire. La mâchoire inférieure de 
Ce poiflon eft beaucoup plus longue 
que la fupérieure 5 les dents de la mâ- 
choire inférieure font pointues , Se feu- 
lement celles delà mâchoire fupérieure 
qui fout au milieu ; elles font aufli plus 
longues , comme celles du milieu de 
la mâchoire inférieure. Sa bouche eft 
grande Se faite en rond quand il l'ou- 
vre ; fes yeux ne font pas grands , vu 
la grandeur de fon corps : il eft long, 
Un peu courbé fur le dos vers la tête , 
i< médiocrement large vers le ventre. 
Le derrière du corps a une figure quar- 
rée : fes écailles font très-petites , au 
toucher il paroît n'en avoir pas. Sa 
couleur par tout le corps eft d'or obf- 
eur , approchante de celle du foie , Se 
obfcure fur le dos Se fur le fommet de 
la tête. Il a de plus des lignes en forme 
de rets qui font de couleur cendrée. 
Celles des côtés ont les bords de cou- 
leur d'or, Se les autres font de cou- 
leurdefoie. La chair de ce poilTon eft 
aiïez bonne, fur-tout quand il eft jeune; 
& quand il eft vieux , on n'en fait plus 
aucun cas , dit R a Y , ibid, p. 127. 
V. z. 



P I R 477 

PIRAVENE, poïfibn volant da 
l'Amérique , gros comme une Lam- 
proie. 11 ne s'en trouve gueres , die 
T H e v E t , qu'à quinze degrés en- 
deçà Se en-delà de la ligne. Son vol 
eft prefque comme celui d'une Per- 
drix. Il y en a de deux efpeces , le 
grand Se le petit. Le petit vole mieux 
& plus haut que le grand. Quand ils 
font pourfuivis , ils volent en fi grande 
abondance t fur-tout la nuit , qu'ils 
viennent heurter les voiles des vaif- 
feaux. Singul. de la France AntarB. 
p. 1 3 5. in verfo, 

P I R A L M B U , autre poiflon 
du Bréfil , que les Portugais nomment 
Chaqquarona, qui eft de la grandeur 
Se de la figure d'une Carpe. Depuis 
la bouche jufqu'au commencement de 
la queue il a dix doigts de long , 8c 
prefque quatre de large : fa bouche 
eft faite comme celle de la Carpe ; fes 
yeux font grands > Se entourés d'un 
cercle doré Se blanc. Marc Grave 
lui donne deux nageoires fur le dos. 
Mais pareeque la dernière eft conrigue 
à la première , Raï C ibid. p. 14K 
», 1 6. ) ne les regarde que comme une 
feule nageoire. Les nageoires du ventre 
Se celLe qui eft proche de Fanus font 
munies chacune d'une forte arête. Les 
écailles fontgrandes , de couleur d'ar- 
gent luifant , mêlé d'un peu d'or ». 
comme dans les Carpes. Toutes ks 
nageoires de ce poiflon. font d'un clair 
cendré. 

PI RAYA, ou PIRANTHA„ 

poilfon du Bréfil , dont il y a trois ef- 
peces , dit Raï, Symp. Mcth. Pijç.. 
p. 111. n. 0 . 10, tir 11. 

La première efpece a un pied de 
long Se fix doigts de large. Ce poif- 
fon a le dos courbé Se la tête obtiifê 
comme la Dorade, L'ouverture de lai 
bouche eft parabolique : il peut la fer- 
mer exactement. Ses dents font blan- 
ches , triangulaires , & très-pointues , 
elles font au nombre de quatorze à 
chaque mâchoire , qui ne compofent 
qu'un rang, A quelque partie du corj» 



47 8 P I 11 

de l'homme que ce poitTon puifle porter 
la dent , il en emporte la pièce , la- 
quelle eft coupée comme avec un ra- 
foir. Ses yeux font petits & cryftal- 
lins. Il a une nageoire qui commence 
à l'anus : elle eft munie par devant 
d'une forte épine ; le relie eft mol Se 
couvert de petites écailles. Cette na- 
geoire s'étend jufqu'à la nailTance de 
la queue , qui ett faite en forme de 
corne. La couleur du des, jufqu'aux 
lignes qu'il a aux côtés , ëft d'un 
cendré clair, mêlé d'un peu de bleu ; 
chaque écaille a fes bords de couleur 
de feu, Se d'un bleu luifant. 11 a le 
ventre & les nageoires d'un jaune obf- 
cur. Ce poiTon fe plaît beaucoup au 
fond de l'eau bourbeufe dans les ri- 
vières. 

La féconde efpece eft de la gran- 
deur & de la figure du précédent: 
il en diifere par une petite nageoire 
écailleufe , qu'il a entre Le dos 8c la 
queue , Se par la couleur. Aux endroits 
où le premier eft d'un blanc cendré, 
celui-ci eft d'une couleur rouge, do- 
rée Se cendrée ; aux endroits où l'au- 
tre eft jaune , celui-ci eft d'un jaune 
doré. Les nageoires du dos & la queue 
font d'un cendré clair, mêlé d'un peu 
de bleu. 

La troificme efpece eft de couleur 
blanche. Sa tête n'eft pas fi obtufeque 
celle des autres ; mais il a la bouche 
«n peu plus élevée & en forme de 
cône. La couleur du ventre & des 
côtés eft argentée ; la tête Se le dos 
font de la même couleur, mais mêlée 
d'un bleu luifant. Ce poitTon a les 
nageoires argentées avec du gris mêlé 
parmi. 11 eft plus petit que les deux 
premiers , Se il ne mord pas fi forte- 
ment. 

PIREL, nom que M. Adanson 
( Hifl. Nat. des Coquillages du Sénégal , 
jp. 22.7. ) donne à un Coquillage bi- 
valve de la côte du Sénégal , du genre 
de la Came , qu'il a trouvé dans les 
fables de l'Ifle de Gorée. Il eft figuré 
planche XVII. ». 10. Sa coquille, dit 



PIR PIS P I T 

ce Conchylioîogue , eft fort mince 8c 
fragile ; mais fans tranfparence , large 
d'un pouce au plus , fur une longueur 
un peu moindre, & double de fa pro- 
fondeur. Elle eft ornée extérieure- 
ment de près de cent canelures lon- 
gitudinales , extrêmement fines , qui 
font traverféesparquelques rides, avec 
lefquelles elles femblent faire un réfeau 
très-délicat. Le fommet eft fort obtus 
Se placé beaucoup au-delfous du mi- 
lieu de fa largeur. Sa couleur eft d'un 
blanc fale. 

P I II E N , du Grec rutp}% Nu- 
menius dit que c'eft un poitTon ; mais 
G E s n E R ( de Aq:ut. p. 8 5 6. ) penfe 
que ce peut être quelque infecte , ou 
Zoophyte aquatique. Le Grammairien 
V a r 1 n u S rend le mot n#ffcwg£ par 
TeJHculum pudendum , ce qui peut faire 
croire que le l'irena de Numikmus 
peut être le Pudendum majtulum de 
quelques poiflons de mer. Onnomme 
en Italie Vriapus un petit poitTon verd 
que G E s N e R croit être la dixième 
des efpeces de lourds de RoVDELET. 
Voyez TOLRD. 

P I R O T , nom qu'on donne . dît 
Rondelet , à un Coquillage , 
que nous nommons Coutelier- Voyez ce 
mot. 

P I S 

PISQUET , nom qu'on donne 
à la Guadeloupe , dit le P. L a bat, 
à un petit poitTon que les Sauvages 
de l'Amérique nomment Titri. Voyez 
ce mot. 

P I S S E U R , nom qu'on donne en 
Amérique au Murex , pareequ'il jette 
promptement fa liqueur qui eft la Pour- 
pre. Voyez MUREX. 

P I T 

PI TANGUA- GUACU, 
oife-au du Bréfil, félon Marc Grave , 
que les Portugais nomment Bemtere. 
Il eft de la grandeur d'un Etourncau , 
dit Ru y s c H C de Av. p. 148.). H a 
le bec gros , large, pyramidal , long 



P I T 

d'un peu plus d'un doigt , Se extérieu- 
rement pointu -, le col eft court , le 
corps eft de la longueur cîe prefque 
deux doigts Se demi. Les jambes Se 
les pieds font bruns 5 ceux-ci font gar- 
nis de quatre doigts. La tête , le deffus 
du col , tout le dos , les ailes Se la queue 
font d'un brun noir avec un peu de 
verd. Le bas du col, la poitrine, Se 
le ventre , font de couleur jaune. Il a 
proche de la tête une eipece de pe- 
tite couronne de couleur blanche. Sous 
le gofier , à la naiiïance du bec , il eft 
blanc. Cet oifeau crie à haute voix. 

Il y a quelques oifeaux au Bréfil , 
dont les uns ont fur le haut de la tête 
une tache blanche , les autres une ta- 
che roufFe. Les habitans les appellent 
Cuiriri : ils font en tout femblables au 
Pitangua-Guacit , dit Ruysch. 

PITAR: Coquillage bivalve du 
genre de la Came , qui fe trouve au 
Sénégal autour du Cap Manuel. M. 
A D A n s o n en donne la figure Plan- 
che XVI. n. 7. Cette efpece , dit cet 
Auteur ( p. izâ.) , eit la plus com- 
mune Se la plus recherchée par les gens 
du pays , qui en eftiment beaucoup la 
chair. Elle eft également répandue fur 
toutes les côtes fablonneufes , depuis 
îe Cap Verdjufqu'au fleuve Cambie. 
Sa coquille eft fort épaiffe Se extrê- 
mement renflée,fup- tout dans les vieux 
Coquillages qui ne portent gueres que 
deux pouces & quelques lignes de lar- 
geur , Se un pouce neuf lignes de lon- 
gueur y fur une profondeur d'un quart 
moindre. Les jeunes au contraire font 
plus applatis Se fort minces. Leur fur- 
face externe eft affez liffe , Se unie vers 
le fommet , mais relevée de plufieurs 
grottes rides vers les bords , qui font 
aigus. Ils ne portent, non plus que ceux 
de toutes les autres efpeces qui fui vent, 
aucune imprefTion en forme de cœur 
au deflous des fommets , lefquels font 
obtus , arrondis , contigus l'un à l'autre 
& placés vers le bas de la coquille , 
au tiers de fa largeur. La charnière 
jporte quatre dénis à chaque battant. 



P I T 



479 



Cette coquille eft recouverte extérieu- 
rement d'un périofte livide ou blanc 
fale Se très-fin qui s'enlève facilement 
Se laiffe voir au-deflbus fa couleur 
blanche. 

L'animal diffère peu , dit l'Auteur , 
des fix premières efpeces , dont il eft 
parlé. Ses tuyaux reifcmblent à ceux 
de la quatrième , qu'il nomme Cotan ; 
mais fon manteau, qui fort un peu au 
dehors de la coquille ,. porte fur les 
bords de chaque lobe une membrane 
circulaire fort courte , découpée de 
cinquante crenelures quarrées , termi- 
nées chacune par cinq petits filets char- 
nus Se mobiles. Les Nègres appellent 
ce Coquillage Bonkch , ou Bouikch , 
comme la première efpece , qui eft 1» 
CioniJJè de Rondkle t. 

Le Pnar de M. A D a N s o n eft le 
même Coquillage que la Chama in&- 
quilatera , Uvis , crajfa ,fubalbida , de 
Guutieri , bld. p. & Tab. 8 ï, 
litt. B. y 

PITAUT, nom qu'on donne err 
Normandie à un Coquillage de la 
claife des Multivalves , connu fous les 
noms de Dail Se de Pholaâe, Voyez 
ces deux mots. 

PI T TENTE, nom qu'on donne 
en Suifïe , dit G E s n e r , à la troi- 
fieme efpece de Cane Mouche. Voyez 
ce mot. 

P I T O , oifeau des Indes Occi- 
dentales que L a e T dit être de la 
grofîeur d'un Étourneaai, Il a fes plu- 
mes femblables à celles d'une Alouettes, 
mais vertes fous le ventre. Le bec Se 
la queue font longs. Cet oifeau a 
coutume de creufer les rochers avec 
fon bec pour nicher dedans. Quelques- 
uns difent que par une induftrie na- 
turelle il fe fert pour cela d'une cer- 
taine herbe, à laquelle les Efpagnok 
attribuent de merveilleufes vertus pour 
percer le fer , ainfi que tout ce qui 
eft dur , & qu'ils nomment commu- 
nément à caufe de cet oifeau Yerva de 
Pïtos. F r É z 1 e r (p. 214. ) appelle 
cet oifeau- P ko- Real. 



43o P I V 

P I V E R , oifeau dont îl y a plu- 
fieurs efpeces. Voyez au mot P I G 
VERD. 

PIVOINE, oifeau que M. Lin- 
Njïus ( Fauna Suec. p. 85. ». 2.29. ) 
met dans le ranç des Aves Parères. 
Au mot GROS BEC, j'ai donné 
la defcription de cet oifeau d'après 
Albin, & la notice des autres ef- 
peces deGrosBecs, d'après M. Klein. 
Le Pivoine ou Bouvreuil eft le 2.uza?*)ç 
d'A r 1 s T o t E ( L. IX. c, 49. ) , le 
Me^rt^Kep ^ es Grecs. Les Naturalif- 
tes , comme Aldrovande ( Ornitb. 
L. XVII. ),]oxston t de Avïb. Wil- 

LUGHBY,Or»///j.p. KÎ2.&RAY , SyKOp. 

Meth. Av. p. 79. ». 8. le nomment 
Atricapilla , & Ficedula. Albin 
< ^e/^ jV<«. ^f/ L. VIL ch. 9. ) , 
l'appelle RitbieiLla en Latin. Mais la 
BctibicUià , félon Belok, eft la Gor- 
ge Rouge, ou Rubeline. Le Pivoine dont 
parle ce dernier Auteur ( ibid.c. 17, 

358.), n'eft pas la Fauvette à tête 
noire, Atricapilla , que les Anglois 
nomment The Black.-Cap. 

Le Pivoine de notre Ornithologue 
François , qu'on nomme dans l'Ifle de 
Candie Afprocolos , eft, dit-il, le Be- 
tafi^hi des Italiens. Nous n'en faifons 
pas tant de casque les Etrangers, ajou- 
-te-t-il. Il eft aufli appel-lé Siffleur , Se 
dans quelques endroits de France , on 
■lui donne le nom de Groiclard , qui 
eft dû au Traqutt, C'eft un oifeau tres- 
privé Se d'aftez belle couleur : il vole 
le plus fouvent feu! , Se il -n'eft pas fi 
grand que le Bruant. Il y en a beau- 
coup en Italie , on en fait grand cas, 
Il fe fait entendre de fort loin dans les 
forêts Se dans les taillis. Belon dit 
en avoir entendu en Auvergne : il y en 
•a en Bavière , en Bohême , en Saxe , 
& en d'autres endroits de l'Allema- 
gne, Les Pivoines en hiver , lorfqti'ils 
font bien gras , font un fort bon manger. 
Ceux que l'on prend en Italie, où ils 
font fort communs , paroiffrnt fur la 
«able des riches. Le mâle & la femelle 
$a,t le bec noir , court 5c crochu par 



P I V 

le bout , prefque comme les oîfeaiutj 
de proie. Cet oifeau , fi friand de Fi- 
gues , eft nommé Sicalis Se Ficedula en 
Latin , c'eft ce qui lui a fait donner par 
les Provençaux Se les Italiens le nom 
de BecafighL Martial a dit de 
cet oifeau : 

Cum me Jîcusalat, mm pafcar dulcibtts ttvîty 
Cur potihs nomtn non dédit uva m'ihi ? 

En effet , il mange aufli bien des Raî- 
fins que des Figues. Il a quelque ref- 
femblance avec la Méfange ; quelques- 
uns l'ont mis entre les Méfanges qua 
les Grecs nomment (Mgitali , Se au- 
trement Éloi. Ils ont auffi voulu la 
nommer Pyrrhias , parcequ'il eft tout 
rouge par défions la poitrine : il a la 
queue Se les ailes toutes noires , excep- 
té une ligne par le travers qui eii 
plombée. En Candie, félon Bel on, 
on le nomme faufTement Afprocolos , 
c'eft-à-dirc , Cul -blanc. 11 a la tête 
noire tant deiïus que defTous , comme 
une Méfange ; la queue eft longue , 
le dos eft cendré, le defTous du ven- 
tre , de même que celui de la gorge Se 
de l'eftomac , font d'un beau rouge; 
les jambes Se les pieds font petirs Se 
de couleur rouflatre , Se les yeux font 
noirs & ronds. Ce petit oifeau fe nour- 
rit de toute forte de chofes , comme 
auffi de Vermine ; maïs étant privé il 
mange volontiers de la Navette Se 
du Chenevi. Après l'Autruche , il n'y 
a point d' oifeau , félon A r 1 s t o t e 
( L. IX. c. 15.), qui fa (Te plus de 
petits que le Pivoine. On lui trouve 
jufqu'à dix-huit œufs dans fon nid. 
Ses œufs font toujours en nombre pair. 
Le propre de cet oifeau , aînfî que dit 
Roflîgnol , eft de ne point avoir la lan- 
gue pointue , comme l'ont les autres 
oifeaux , qui femblent avoir une ron- 
deur fphérique fur la tête. Le Pivoine 
l'a comme cochée. 

Par ce que nous venons de rappor- 
ter d'après B e L o N , on voit que ce 
qu'il appelle Pivoine , nommé en Greo 
Xvtut\it Se MiActî-KÛpoiM , eft le Becfiguç 

des 



P I V 

des Italiens. Cependant , félon Ray 
( Synop. Meth. Av. p. 79. n. 7. ) , le 
Becfigue eft la Ftcedula J'eptima d'Ah- 
DROVANDE , oifeau qu'il diitingue du 
Pivoine de Belon, qui eft le Xvktû k 
des Grecs. Voyez BECAFIGUE , 
où je rapporte ce que les Naturalises 
en ont écrit. 

Le Pivoine eft fort connu en Nor- 
mandie & autres Provinces du Royau- 
me fous le nom de Bouvreuil. Il eft 
ainfi nommé dans le Ditlionnaire de 
l' Encyclopédie. 

Le Pivoine ou Bouvreuil , nommé 
en Latin Rubicilla , a le bec noir, 
court, Se reffemblant à celui de l'oi- 
feau qu' m appelle Gros Bec , quoique 
plus petit; la bafe de' la pièce infé- 
rieure du bec eft contournée en forme 
de croiflant , au milieu duquel il y a 
une petite protubérance qui le partage 
en deux fegmens de cercle. La pièce 
du delTus déborde fur celle de deflous 
d'environ une demi-ligne , Se la pointe 
devient un peu crochue lorfque l'oi- 
feau eft avancé en âge ; la langue eft 
comme fendue Se comme cSupée par 
le bout. L'iris eft de couleur de noi- 
fette. Les ongles font noirs , les pattes 
font de couleur brune , mêlée de noir. 
Le doigt extérieur tient au doigt du 
milieu par la première phalange. La 
tête eft grofle à proportion du corps. 
11 y a dans le mâle une belle couleur 
rouge de mine d"e plomb qui tient toute 
la poitrine , le deflous du bec , & le 
long des mâchoires jufqu'aux yeux ; le 
deflus de la tète eft noir. Il y a auûi 
une bande noire qui entoure le bec. 
Le ventre Se le croupion font blancs ; 
le deflus du col, ainfi que le dos, eft 
de couleur cendrée, tres-légerement 
teinte de roux. 

Il y a dix-huit grandes plumes clans 
chaque aile ; les dernières de ces plu- 
mes font d'un noir luifant , Se leiir par- 
tie fupérieure , Se fur-tout du côté ex- 
térieur ; la dernière a de ce même côté 
line tache de la même couleur qui eft 
fur la poitrine ; les barbes extérieures 
Tome III. 



P I V 481 

■ des premières plumes font feulement 
brunes , Se le bord extérieur de la pre- 
mière plume eft blanc dans la partie 
inférieure ; dans les trois ou quatre 
plumes fuivantes, ce même bord n'eft 
blanc qu'à la partie fupérieure de la 
plume ; l'extrémité des petites plumes 
des ailes qui font les plus proches du 
corps Se qui recouvrent les grandes , 
font de couleur cendrée : fur les plu- 
mes intérieures cette couleur cendrée 
eft plus étendue que furies extérieures; 
celles qui font fur la côte de l'aile 
font de la même couleur que le dos. 
La queue a deux pouces de longueur, 
Se elle eft compolée de douze plumes 
qui font d'une couleur noire luifante. 

Le mâle eft gros comme la femelle ; 
il en diffère par fes couleurs qui font 
plus brillantes. 

Cet oifeau aime beaucoup les pre- 
miers boutons qui précèdent les feuilles 
Se les fleurs des Pommiers, des Poiriers, 
des Pêchers , Se de tous les autres arbres 
des jardins , où il caufe un grand dom- 
mage. Le chant de cet oifeau eft agréa- 
ble : cependant on aime mieux celui 
de la Linote. Aldiiovande pré- 
tend que la femelle chante auflî-bien 
que le mâle , au contraire des autres 
oileaux. On leur apprend , fans beau- 
coup de peine , à imiter le fon de la 
flûte , Se on prétejad qu'ils approchent 
de la voix humaine. 

Les Pivoines font des oifeaux qu'on 
voit en quantité au Cap de Bonne 
Efpérance. Les Holiandois les appel- 
lent des Mangô - Moucherons , Se des 
Mange-miel. Quelques Auteurs pré- 
tendent que c'eft une eipece de Mé- 
fange. Cependant ces oifeaux font tout 
différens , dit K o l b e. Le ramage 
du Pivoine n'approche point de celui 
de la Méninge. Cet oifeau fe nourrit 
de Moucherons , de miel Se d'Abeilles , 
au-lieu que les Mélanges ne mangent 
rien de tout cela. Le bec du Pivoi- 
ne eft long, large, extrêmement fore 
Se rouge ; fous la tête , par devant , les 
plumes font d'un bleu foncé , Se plus 
Pp P 



4 8î PU 

bas elle, font d'un bleu pâle. Il a les 
ailes & la queue noires ; fes jambes , 
qui font de la même couleur , font 
fort longues. Les Hottentots fe fer- 
vent de ces oi féaux comme de guides 
pour trouver du mîel fauvage queles 
Abeilles dépofent dans des creux , & 
des fentes de rochers. K o L B e , 
dans fa Defcription du Cap de Bonnc- 
Efpérance, Tome III. c. 19. p. 185). 

P L A 

* PL AGI) SIA , forte de Co- 
quillage , dont parle P t a u te en ces 
termes : Oftreas » Balanos captamus* 
conchas , marinam Urticam , mitfculos , 
Plagufîas. Quelques-uns , dit Gesner 
( de Aqiiat. p. 86 6.) , le prennent pour 
un genre de poîflon, Plagufia vient 
du Grec nAcQ/ov. Mais doit-on croire , 
ajoute ce même Auteur , des Lit- 
térateurs qui n'allèguent aucune au- 
torité ? 

PLAN-ORBIS, Coquillage 
univalve d'eau douce , du genre des 
Limaçons , qui fe voit très- rarement 
dans la mer , mais il eft commun dans 
les rivières , principalement dans ce le 
des Gobelins proche Paris. Il eft tout 
noir 8c brun, avec trois contours re- 
levés qui fe terminent à l'œil de fa 
volute. Sa tète fort d'une ouverture 
ronde , 8c eft garnie de deux cornes 
fort pointues 8c fort longues , tenant 
à une couche baveufe qui lui fert à 
traîner fa coquille. Quand il s'eft avan- 
cé autant que fes forces le lui per- 
mettent , il tire à lui fa coquille , qui 
eft fort mince , Se il recommence cette 
manœuvre pour continuer fa marche. 
Il n'y a nulle cloifon , comme à la 
Corne d'Ammon Se au N'autille , com- 
me j'ai remarqué , dit l'Auteur de 
Y Ht flaire de la Conchyliologie , lorfque 
j'ai- fait pécher le Tian-Orbis dans la 
Marne & dans la rivière des Gobelins. 
J'y ai trouv* un poiffon vivrnt que 
j'ai fait forcir avec de l'eau chaude , 
Se qui eft un peu différent des deux 
jgrécédens. L'animal eft fait comme 



P L A 

un gros Ver nageant dans une eau 
roufte : fa couche peut lui fervir d'o- 
percule ; mais aufii-tôt qu'on le tou- 
che , il fe retire tout entier au milieu 
de fon premier contour, On le voit 
quelquefois fortir prefque tout forj 
corps , Se fes yeux font placés à l'or- 
dinaire , & marqués par deux points 
noirs. 

Le Plan-Orbis eft le Coquillage le 
plus aifé à découvrir dans les eaux; 
c'eft une efpece de Limaçon dont 011 
connoît huit efpeces ; favoir , le grand 
à quatre fpîrales rondes ; le fécond 
eft le petit à cinq fpîrales rondes ; le 
troifieme à fix fpîrales auffi rondes -le 
quatrième eft le Plan-Orbis à quatre 
fpîrales , ou arêtes verticales ; le cin- 
quième eft le Plan-Orbis à fix fpirales 
à arêtes; lefixieme eft le Plan-Orbis 
à trois fpirales à arêtes ; le feptieme eft 
le Plan-Orbis à arêtes ; le huitième 
eft le Plan-Orbis proprement dit. Orr 
peut y ajouter deux autres efpeces 
quis'y rapportent, en s'attachant feu- 
lement au caraôtere de l'animal , fans 
faire attention aux coquilles; favoir, 
la Vis ftuvîarile , Se la Coquille que 
Lister a figurée (Tab. z. fig. 25.), 
dont les contours vont de droite à 
gauche. Ainfi parle M. d'A r g e n- 
ville, dans fon Hifioire de la Con- 
chyliologie , Part. II p. 7 y, La Plan- 
che VIII. n. 7. de la même Partie 
donne la ficure du Plan-Orbis. 

*PLATANISTAS : Pline 
8c S t r a b o n donnent ce nom à un 
poiiton du Gange dans l'Inde. Il eft 
du genre des Cétacées , Se Pline. 
croit qu'il eft femblable au Dauphin 
du moins par la tête Se par la queue. 
C'eft ce que rapporte Gesner, de 
Aquat. p. &6j. 

PLATELLA, nom que les Ita- 
liens donnent à la Mitte qui fe nour- 
rit de chair , Se qui eft appelléc en 
Lat'n BLnta carnivora. Voyez au mot 
MITTE. 

P L A T E N E S : Les Grecs 
modernes nomment aiafî de certains' 



P L A P L E 

çoHïbns, qu'on pêche en Macédoine. 
Quelques-uns les nomment Pleytin , 
ou Platagonu ; de même , dit Gesner , 
qu'on nomme Platton en Savoye un 
poiflbn que Rondelet nomme 
Ballerus. Ce même poiflbn eft appelle 
Ein Bretele dans la campagne de Ber- 
ne en Suifla Se aux environs de Dun , 
à caufe de fa largeur. Le Pajfer cF Au- 
SOne eft nommé Platefta. 

PLATYURI: Oppien ( Hal. 
h. L ) nomme ainfi des poiflbns de 
rivage qui ont la queue large. R o N- 
D e l e T dit que le Saumon a la queue 
large , 8c que ce pourroit bien être le 
Platyurus d'OppiEN : mais on répond 
àRoNDELET que le Saumon elT: 
lin poiflbn de l'Océan ; ScOppien, 
comme le dit Gesner(^ Aquat. ), 
n'a point eu connoiflance de ces poif- 

P L E 

PLECOSTOMUS, nom 

générique , que M. Guonovius 
(Muf. Ic htb. p, 2.4.) donne à plufieurs 
poiflbns à nageoires molles , nomm:s 
au Bréfil Guacari, Comme à ce mot 
je n'en ai parlé que d'après Marc 
Grave & R a y , & que le Mujkitm 
Icbtbyolfigtcum de M. Gronovius 
ne m'eft tombé çntre les mains que 
depuis l'impreflïon du fécond Volume 
de cet Ouvrage , voici les trois efpeces 
de Guacari , telles que l'Auteur les 
a décrites. 

Les marques caracïérifb'ques de ce 
genre de poiflbns font d'avoir, 1°. le 
corps oblong, écailleux , uni, Se dont 
la hauteur tranfverfale furpalTe la hau- 
teurperpendiculaire, corpus plagiopla- 
teum , oblongum , fquamofum , Jca~ 
bntm. 

2 0 . L'a tête plus haute tranfverfalê- 
tnent que perpendiculairement , en 
pente , de la largeur de la moitié du 
corps , caput plagioplateum , déclive , 
Tnedii corporis latitudincm aquans. 

3 0 , La bouche cachée fous la mâ- 
choire inférieure , ceinte de deux le- 



HE 483 

vres membraneufes , larges , roulées 
vers le menton 5c qui finhTent par des 
filets, os fié rojlro recomUtum , labih 
membranaccis , lotis , versus mentum 
révoltais , & in cirros abeunûbus cinc- 
tum. 

4 0 . Les dents dans quelques efpeces 
placées à la bafe des lèvres & au go- 
fier; dans d'autres efpeces il n'y en a 
point : dentés quarumdam fpecientm in 
Idbiorum bafibus , atque in faueikus j 
in quibufdam tamenfpeciebus défunt. 

5 0 . La membrane des ouies compo- 
fée de trois oflelets de chaque côté, 
cachés fous des opercules fermés en 
deflbus Se en dedans , mais feulement 
ouverts aux côtés , wembrana bran- 
chiofiega tria ojficula utrinque continet, 
ftb operculis fubths & intùs claufis , 
fed in lattribus tanthm apertis recon- 
dita. 

6°, Sept ou huit nageoires , dont 
une ou deux au dos , pinnœ feptem vel 
ocio , in dorfo urtica vel diiA. 

M. Gronovius donne trois 
e/peces de ces poiflbns , Se la figure 
des deux premières , Tab 111. n.\.& 
2. & Tab. II. n. ï.& z. 

Il nomme la première , Tlecofiomus 
dorfo dypterygio , cirris duabus , caudet 
bifurcâ, poiflbn quia deux nageoires 
fur le dos , deux barbillons Se la queue 
fourchue. C'eft le Guacari du Bréfil , 
dont parle Marc Grave, Hift. 
du Bréfil, L. IV. c. 1 3 . p. 1 66. 

Ce poiflbn a le corps oblong, épais 
prefque en forme de triangle ; la tête 
grande & large; le bout de la bouche 
pointu , obtus , cartilagineux ; les na- 
rines fituées fur le haut de la tête , per- 
cées de deux trous de chaque côté ; les 
yeux fitués au haut des côtés de la 
tête; la bouche étroite, coupée tranf* 
verfalement ; les lèvres épaifles Se 
membraneufes , l'inférieure plus gran- 
de du double que la fupérieure , Se à 
l'endroit où la fjpérieure fe joint avec 
l'inférieure ; on apperçoit un court 
barbillon. Il a deux dents à chaque 
lèvre , tendres , étroites , flexibles Se 
Pp p ij 



4 8 4 HE 

qui font de longs pîquans. L'ouvertu- 
re de la bouche eft étroite Se le palais 
uni. Ce poiffon a l'ouverture des ouies 
fituée au bas des côtés ; le dos con- 
vexe , étroit; les côtés convexes & 
larges; le ventre & la poitrine plats; 
une ligne latérale à peine vifible , qui 
commence à la région des yeux Se va 
finir à la queue; les écailles du dos & 
des côtés rhomboïdes Se hériffées de 
pointes ; la poitrine & le ventre fans 
écailles ; mais le ventre après l'anus 
couvert de larges écailles. Les nageoi- 
res font au nombre de huit , dont deux 
au milieu du dos , deux à l'extrémité , 
autant a la poitrine , une à l'anus Se la 
queue. Le dos, la tête, les nageoires 
Se les côtés de ce poiflon font cendrés, 
marqués de taches rondes &: noires. 11 
a de longueur , depuis la pointe des 
mâchoires jufqu'au bout de la queue, 
fept pouces trois lignes. 

La féconde efpece eft nommée F!e- 
coftomus dorjo monopterygio , orc cirrato , 
câihtulo , ojjiculo juperiorï caud& l-ifur- 
c<& ftiformi, brtvï, en François Viecoj- 
iomus qui a une nageoire fur le dos , 
d_s barbillons à la bouche, point de 
dents , Se dont l'offelet fupérieur de 
fa queue fourchue eft court Se menu 
comme un fil. C'eft le Plecofiovms 
cor pore acide a to , ore cirrato , dorjo 
monopterygio , dont Artedi parle 
dans le ma.".ufcrit qu'il laifTa à S E b a. 

Ce poilTon a le corps oblong, rond, 
couvert d'écaillés unies , tétragone 
proche la nageoire du dos, digone près 
de la queue; la tête aifez grande , le 
deifus olTeux , convexe , de la largeur 
de la moitié du corps II a les narines 
fituées à la partie fupérieure de la tête. 
Les yeux qui font petits , ronds , un 
peu convexes , ornés d'une paupière 
noire & d'un;; iris dorée, font aiiffi fi- 
tués aux côtés fupérieurs de la tête. 
Le bout des mâchoires * eft très-large , 
obtus, un peu rond , offbux , uni Se 
nullement différent du refte de la tête. 

* Ce bout des mâchoires eft ce que les 
Naturalises appellent en Latin ruftmm i Si 



P L E 

La bouche eft cachée en deffous, cent, 
te de lèvres membraneufes, dont la 
fupérieure eft très - épaiffe , courte , 
lifte & mobile : l'inférieure eft large , 
grande , finiffant en une membrane 
très-déliée, laquelle membrane fe di- 
vine en petits barbillons. On ne voit 
point de dents dans la bouche de ce 
poiflon , dont l'ouverture eft étroite, 
L'ouverture des ouies a un petit trou 
de chaque côté ; la membrane de ces 
ouies eft compofée de trois offelets. 
Ce poilTon a le dos large, convexe, 
plat & légèrement fillonné, plus large 
à l'endroit où eft placée la nageoire 
Se allant enfuite toujours en diminuant 
vers la queue; les côtés étroits, très- 
larges à la région de la nageoire du 
dos , & dentelés & pointus au concours 
des écailles du dos avec celles du ven- 
tre; la poitrine Se le ventre larges Se 
plats julqu'à l'anus, enfuite le bas du 
ventre convexe. Lne ligne latérale , 
qui commence derrière la tête, prend 
le mUieu du côté Se eft jufqu'à la queue 
parallèle au des. L'anus eft prefque 
placé entre les nageoires du ventre , 
un peu éloigné de la nageoire qui y eft 
fituée, Se plus proche de la bouche 
que de la queue. On compte fept na- 
geoires à ce poiflon , favoir une au dos, 
deux à la poitrine , autant au ventre , 
une àl'anus & la queue ; celle du dos eft 
grande , prefque triangulaire , plttsprès 
de la tête que de la queue , compofée 
de huit offelets foibles , rameux , à la 
réferve du premier , qui eft fimple , 
Se très -grand. Les nageoires de la 
poitrine , placées au bas des côtés des 
ouies , une de chaque côté , font com- 
pofées de fept offelets rameux , ex- 
cepté le premier , qui tft fimple , gros, 
courbé Se uni. Les nageoires du ven- 
tr*e , affez diftantes l'une de l'autre, 
Se prefque placées entre celles de l'anus 
Se celles de la poitrine , font compo- 
ses de fix offelets rameux , à la ré- 
ferve du premier , qui eft fimple, gros, 

l'on ne dit point le bec d'un poiflon , ni le 
mufem. 



IPLE 

Se unies , dont trois , qui font fituées 
courbé Se uni. Celle de l'anus qui eft 
petite Se qui provient de la région du 
dernier oflelet de la nageoire du dos , 
eft compofée de fix oflelets fins , dé- 
liés, longs, rameux , à la réferve du 
premier & du dernier , qui font (impies. 
La queue eft petite, fourchue, com- 
pofée de douze offélets rameux , à la 
réferve des premier Se dernier de cha- 
que côté , qui font fimples; celui d'en 
haut qui eft le plus long de tous , a 
deux pouces Se quatre lignes : celui 
d'en bas a un pouce deux lignes Les 
écailles de ce poiflbn font ofleufes , 
unies , cachées les unes fur les autres , 
pointues dans les cotés : devant la 
nageoire du dos il y en a trois , qui 
font en quelque façon ovales : celles 
du dos , du bas-ventre Se de la poi - 
trine font larges , étroites & au bord 
de derrière pointues. Le deflus du 
corps de ce poiiïbn eft d'un cendré 
obicur , ainfi que fes nageoires , qui 
font marquées de. taches noires, Le 
deflbus eft blanc. On pêche ce poiflbn 
dans les rivières deSurinam , Se il a de 
longueur , depuis le bout des mâchoi- 
res ju' qu'à celui de Poffelet fupérieur 
de la queue , dix pouces cinq lignes. 

La troifieme efpece eft nommée 
Tlccofiomus dorjb monopterygio , ore cir- 
rato , dentato , olficulo juperiori caudœ 
biïurcœ longititdine corporis , en Fran- 
çois Plecojtumiis qui a une nageoire fur 
le dos, dont la bouche garnie de bar- 
billons eft dentée , Se qui a l'olfelet 
fupérieur de fà queue fourchue de la 
longueur du corps. 

Ce poilfon a le corps, la tête , les 
narines, les yeux Se la bouche comme 
le précédent ; les lèvres divifées en 
barbillons ; des dents aux deux lèvres , 
comme la première efpece; les ouies 
fermées en deffus Se en deflbus, ou- 
vertes feulement au bas des côt''s; la 
membrane des ouies garnie de trois 
ofT.lets. Il a le dos , le ventre , la poi- 
trine , la ligne latérale , comme dans 
la féconde efpece ^ les écailles ofleufes 



PLE PLI 4 & s 

entre la tête & la nageoire du dos , font 
ovales." La poitrine eft entièrement dé- 
pourvue d'écaillés : le ventre eft eamï 
de petites écailles oblongues Se quar- 
rées : le bas du ventre eft couvert de 
vingt-cinq écailles étroites Se larges. 
Ce poiflbn a autant de nageoires que 
le précédent. Sa queue , qui eft four- 
chue, eft garnie de douze ofTelets ra- 
meux , à la réfervede ceux des côtés, 
qui font fimples. Celui d'en haut eft 
comme un fil & a fept pouces Se trois 
lignes de long , & celui d'en bas treize 
lignes de long. La couleur de ce poiflbn 
eft d'un noir brun en deflbus. Sa lon- 
gueur , depuis le bout des mâchoires 
jufqu'au bout de la queue, eft d'un pied 
huit pouces & cinq lignes. 

P LE URONECTES, du Grec 
m- : t,pa, ou ~ >r-pa , latus , Se InjdctjÎç ; 
natator, nom générique donné parles 
Jchthyologues , comme Artidi & 
M.Linnius, à un genre de poif- 
fons plats , tels que le Turbot , la 
Sole , la Limande , la Plie , dont je 
vais parler , Sec. parcequ 3 ils ne na- 
gent qu'à plat. 

P L I 

PLIE , poiflbn plat à nageoires 
molles , du genre des l'ajferes, nommé 
par A r T e D i ( lehtk Part. V. n.6.) , 
Pieuronetlet oculïs à finïflra , lineâ. 
laterali utrinque acuhatà. C'eft le 

tÏTTil d'A R I S T O T E {L. IV. C. II. 

L. V. c. 9, h. IX. c . 3 7. ) , d'É L I E N 
{L. IV. c. 3.; & d'OppiEN, L.I. p. 5. 
Ce poifion, félon Rondelet ( L. XI. 
c.6. p. i 5 1 . Kdit. Franc-. & Part. II. 
L. VU. p. 99.), eft de figure fcmblable 
au Turbot, mais plus étroit, & plus 
large que la Sole. Il a les yeux fur la 
partie de deffus , qui eft brune. Ses 
nageoires font le tour de fbn corps. Sa 
queue en forme une autre , qui eft lar- 
ge. De la tête jufqu'â la queue il a un 
trait par le milieu du corps un peu tor- 
tu. Sa bouche eft petite comme celle 
de la Sole : elle eft fins dents , fembla- 
.ble à celle du Turbot pour les parues 



4 8ô* PLO 

de dedans. La Plie entre dans les étangs 
de mer Se les rivières. On en prend en 
quantité dans l'étang de Montpellier 
Se dans la Loire. Celles de la Loire 
font moins noires fur le dos Se plus 
molles que celles de mer. Celles de 
rivière n'en différent en rien , quoique 
leur nourriture foit différente. Il y a 
parmi ces poitfons des mâles Se des fe- 
melles , car les uns ont des œufs, les 
autres du lait , qui eft la femence. Ce- 
pendant Arïstote , L. IV. marque que 
ces efpeces de poîiTons font tous femel- 
les. L'expérience a fait voir le contrai- 
re. La Plie Se tous les autres poîifons 
plats viennent dans les lieux limoneux: 
c'eft ce qui fait qu'ils fortent delà mer , 
pour fe retirer dans les é tangs. On en 
pêche beaucoup dans l'Océan. Ils fe 
cachent dans le fable Se le limon , Se 
quand la mer fe retire on en prend ai- 
fément. Les Plies qui ne fortent point 
de la mer ont la chair moins molle Se 
moins humide que celles qui viennent 
dans les étangs. Celles-ci , outre qu'el- 
les ont la chair molle , fentent auffi la 
fange , Se celles qu'on pêche dans les 
rivières font prefque fans aucun goût. 
On voit en Flandres, fur-tout à An- 
vers Se dans toute la Hollande des 
efpeces de magafins de cespoiifons def- 
féchés. Il y a deux fortes de Plies, la 
grande Se la petite. La grande eft celle 
dont je viens de parler. L'autre eft le 
Carrelet- Voyez ce mot, 

Les Plies., dit M. Liîmery, con- 
tiennent beaucoup d'huile & de phleg- 
mc , & médiocrement de fels volatils. 
Leur chair nourrit beaucoup Se adou- 
cit les acretés de la poitrine , parce- 
qu'elle contient un fuc huileux, vif- 
queux Ze balfamique , propre à s'atta- 
cher aux parties folides. 

PLO 

PLONGEANTE, nom que 

Goedard donne à une Chenille , 

* Cet oifeau eft nommé en Hébreu Sahtch; 
en Cli:Vidécn & en Syriaque, Salemina ; en 
Ladn Mergtu. On lui donne en Italien le 



PLO 

quî fe nourrît de feuilles de violette 
Voyez CHENILLE de feuilles de 
violette. 

PLONGEON* , genre d'oi- 
feaux aquatiques, placés par M.Lijj_ 
n m u s iFauna Sutc. p. 40. ) dans l'or- 
dre des Aves Anjeres. M.Klein {Ord. 
Av'.'p. 141. ) met les Plongeons dans 
la cinquième famille de fès oifeaux. 
C'eft un genre d'oifeaux tétradactyles, 
c'eft-à-dire à quatre doigts , dont les 
trois de devant font palmés, ou joints 
parune membrane , Se celui de derrière 
fimple , tetradaclyU Aves , tribus digt- 
tis anticis palmatis , Jeu mtmbrana con- 
jundis , pvftico Jïmpiici. Ces oifeaux 
font diftingués des Colymbes par M, 

K_ L—E-J—M Cru y - ri , mn-imt* jp 1 J a j 

déjà fait remarquerai! mot COLOM- 
BE , plongent Se nagent entre deux 
eaux. Les autres ne font point des 
Plongeurs , ni des nageurs entre deux 
eaux , non Urinatorcs , Jub aqttâ natali- 
tés : le nom Latin qu'on leur donne, 
Mergtts , rendu en François par Plon- 
geon , ne leur conviendroit donc pas; 
mais il faut entendre qu'ils ne reftent 
pas fous l'eau auflî long-temps que les 
Colymbes: c'eft ce que dit auffi M. 
Klein , tàm dihfub aquanon morantur , 
quant Colymbi. Les Plongeons font des 
demi-Canards ; mais ils différent en- 
tièrement du Canard par la tête , le col , 
le bec & la pofition des pieds. Les 
Plongeons ont les pieds placés proche 
de l'anus , ce qui fait qu'ils ont de la 
peine à marcher , &: que leur corps , 
comme celui des Canards , vacille en 
marchant. Ils ont le bec long, fait en 
forme de cône. 

Belon {de la Nat. des Oif. L. III. 

C. 20. p. 175. C. 22. p. I77. C. 2J. 

p. 178. c 24. p. 179.) parle d'un petit 
Plongeon , nommé Cafta^ncux ; d'un 
Plongeon de rivière Se d'un Plongeon de 
mer. R a y ( Synop. Meth. Av. p. 134 ) 
met parmi les Plongeons , i°. la Herle 

nom de Stnergo ; en Al!em?.nci, il porte_ in- 
différemment le nom de Teucher ou celui de 
l'euchen. 



P L O 

de B e t o N, mâle & femelle; i°. le 

Plongeon , nommé par Gesner , 
Mergus major cirrams , Se par A L- 
PROVANDE, Albellus alter ; 3 0 . 
le Plongeon à plumage brun , nommé 
par Gesner , Mergus cïrratus fuj'eus , 
4 0 . le Plongeon du Rhin , dont font 
mention Gesner ScAldrovande. 
M. Klein place fous le nom de Plotus 
anornalopcs Mergus ,. 1°. le grand Plon- 
geon de l'Ifle de Farra, Mergus maxi- 
mus Fan en fis , qui eft le grand Plon- 
geon tacheté d J A lbin; 2 0 , le Mergus 
ArElicus , qui eft le grand Plongeon de 
mer de Terre-Neuve; 3 0 . le Mergus 
roftro nïgro , Groenlandïcm , dont parle 
E d v a r d , p. 97, Il y a encore d'au- 
très oifeaux, auxquels Albin donne 
ie nom de FLongeons , dont plufieurs 
font des efpece3 de Colymbes , fuivant 
la diftinction que M. Klein en donne , 
mais auxquels je conferve le nom de 
Plongeon. Voici la defeription des uns 
& des autres. 

Grand PLONGEON tacheté * , 
appelle en Latin Mergus maximus , 
Colymbus maximus , félon Albin, 
Tome 1. ». 82,. Se Mergus maximus Far- 
renfis , feu Artlïcus , félon Clusius. 
La longueur de cetoifeau , dît Albin » 
depuis la pointe du bec jufqu'à l'ex- 
trémité des griffes , eft de trente pou- 
ces , & de vmgt-huit jufqu'à celle de 
la queue : la longueur du bec eft de 
trois pouces. Cet oifeau femble tenir 
de la nature des oifeaux à quatre grif- 
fes & de ceux à trois. Il eft à-peu-près 
auiïi grand qu'une Oie. Il a le corps 
long , avec une queue ronde , de la 
longueur de deux pouces. Le deffus 
du col , tout près de la tête , eft cou- 
vert de plumes fi ferrées les unes auprès 
des autres , qu'il femble être plus grand 
que la tête mêrrTe. La couleur de la 
partie fupérieure , c'eft-à-dire du col , 
des épaules , des plumes couvertes , 
des ailes & du dos entier , eft d'un gris 

* Cet oifrru eft nommé en Anglois the 
Greater Diveror Loom , félon Willughsy, 
paiccque Le mot Je Loom , ou bien celui de 



P L O 4 g 7 

obfcur ou brun , piqué & bariolé de 
taches blanches , lefquelles font plus 
grandes furies longues plumes feapu- 
laires & fur les plumes couvertes des 
ailes , & plus petites au milieu du dos , 
quafi flellulis in dorfo & alis , dit W 1 l- 
l u g H b y. La partie inférieure du col , 
de la poitrine Se du ventre eft blanche. 
Le nombre des grandes plumes dans 
chaque aile eft d'environ trente , qui 
font courtes & noires. Ce Plongeon a 
la queue très - courte , comme celle 
d'un Canard Se compofée de vingt plu- 
mes pour le moins. Le bec en eft droit 
8c pointu, comme celui de la Poule 
d'eau : les deux mâchoires en font 
noires ou livides , Se couvertes de plu- 
mes jufqu'aux narines en defeendant. 



11 a les pattes entières 8c les doigts de 
devant longs , fur-tout celui qui eft 
le plus avancé en dehors : le doigt ert 
arrière eft très- court Se petit. Les jam- 
bes font d'une longueur médiocre ^ 
mais plates Se larges , comme les 
bouts, aux extrémités des rames : la. 
furface extérieure en eft brune Se l'in- 
térieur livide , ou d'un bleu pâle. Les 
griffes en font larges , comme les on- 
gles d'un homme. Les jambes font pla- 
cées fort en arrière , de forte qu'ii fenv- 
ble être hors d'état de marcher , à moins 
qu'il ne foit levé perpendiculairement 
fur fa queue. Ces oifeaux différent les 
uns des autres en couleur ; car il y en 
a quelques - uns qui ont des colliers 
autour du col ,. dont le col , le dos Se la. 
tête font noirs Se peints de petites li- 
gnes blanches. Ce font peut-être ces 
taches, dit Albin, qui diftinguentle3? 
femelles des mâles. Sous le nom de 
Lumma , W o R M 1 u s comprend tous 
les Plongeons ou demi - Canards , & 
même tous les oifeaux podicipedes 
c'ell-à-dire qui fe tiennent fur leurs 
pieds, droits comme l'homme. M. A N- 
DERiON a donné l'hiftoire aaturelle 
de cet oifeau, Hijt.u'lfl. p. 93. Editi- 

Lmnme , dit Scheffeï, cap. 30. fignifie 
en François boiter m tnarchane, ou inhabile À- 
mtnher.. 



4 3S P L O 

Franc. Voyez le Tome II. de ce DiUion- 
naire , p. 725.au mot L U M M E , où 
je rapporte ce que ce Naturalise en a 
écrit. 

PLONGEON HUPÉ, en 
Latin Charadrius , en Anglois the Jea- 
Lark- Albin (Tome I. ». 81.) dit que 
ce Plongeon a vingt-quatre pouces de 
longueur depuis la pointe du bec juf- 
qu'à l'extrémité des griffes , Se trente - 
trois pouces de largeur. Son bec a 
deux pouces Se un quart de long ; les 
deux mâchoires où il s'unit à la tête 
teintes d'une couleur rougeâtre. La 
hupe en eft noire ; le deffous eft d'un 
brun rougeâtre , qui fe termine en un 
blanc cendré Se languiffant vers les 
yeux. Le deffous du col eft orné d'un 
collier de plumes , qui paroît être plus 
grand qu'il n'eft en effet Se fe termine 
en noir. Le derrière du col, le dos Se 
les ailes font d'un brun foncé tirant fur 
le noir, à la réferve de quelques-uns 
des bords extérieurs des grandes plu- 
mes , qui font blancs. La poitrine Se 
le ventre font de la couleur de frêne 
blanchâtre, Se le deffous en cft brun. 
Ce Plongeon n'a point de queue. Les 
jambes en font larges Se plates. Il en 
eft de même des doigts , qui font bor- 
dés des deux côtés de membranes at- 
tachées , fans être liées enfemble : ils 
font d'un verd pâle , obfcurcis dans 
certains endroits par un brun rougeâ- 
tre. Le doigt en arrière cft très-petit , 
Se les griffes en font larges Se plates , 
reffemblantes parfaitement aux ongles 
d'un homme. 

PLONGEON DE MER, en 
Latin Albellus , fpecies Mergi , en An- 
glois the Smait. Albin (To?neI. ». 89.) 
dit que cet oifeau eft rare en Angleter- 
re : il n'y vient que dans les rigoureux 
hivers : alors ils ne s'attroupent pas 
en grand nombre : on n'y en voit que 
troîscuquatre enfemble. Voici la def- 
cription qu'il donne de cette efpece 
de Plongeon. 

Cet oifeau , dit-il , a dix-huit pou- 
Ces de longueur , depuis la pointe du 



P L O 

bec jufquM l'extrémité de la queue , 
Se vingt-fept pouces de largeur , les 
ailes étendues. La tête Se le col font 
blancs , à la rélerve de la crête , qui eft 
marquée d'une tache .noire , laquelle 
pend derrière la tête par en bas , à 
l'entour de la crête, Se aboutit en un 
angle aigu , avec une autre tache noire 
des deux côtés , qui s'étend depuis les 
coins de la bouche jufqu 'aux yeux. La 
poitrine , le ventre Se tout le deifous 
font blancs. Le dos Se les ailes l'ont 
noirs Se blancs , agréablement mélan- 
gés des deux côtés de plufieurs lignes 
noires , en forme d'arcs , qui entourent 
la moitié du col Se reffemblent à un 
demi - collier. La qu ue eft brune , 
d'une couleur entre frêne Se noir , Se 
compofée de feize plumes , chacune 
delà longueur de trois pouc.s Se demi; 
les plumes du milieu en font plus lon- 
gues , les autres étant graduellement 
plus courtes des deux côtés , jufqu'à 
celle qui eft la plus avancée en dehors. 
Le bec eft cendré, ou de couleur de 
plomb; mais il y a une tache de blnnc 
laie à la pointe de chaque mâchoire ; 
il. eft plus gros du côté de la tête , d'où 
il devient plus délié par degrés vers la 
pointe, Se il eft plus étroit Se plus pe- 
tit que celui des oifeaux qui tirent iur 
le Canard. La mâchoire fupérieure eft 
crochue à la pointe Se a des dents fur 
les deux côtés. Les narines font oblon- 
gues, ouvertes Se féparées des plumes 
par une diftanec raifonnable Les yeux 
font d'une couleur obfcurc : les jambe-8 
font de couleur de plomb foncée, Se 
les doigts font liés par une membrane 
brune. Le doigt le plus en avant Se celui 
de derrière ont des membranes atta- 
chées, qui s'étendent dans toute leur 
longueur. Cet oifeau fe nourrit de 
poi'Tons. La tête entière Se les jambes 
de la femelle font rouges , ou d'un 
jaune luiiant Se la gorge eft blanche. 
Au-dcffus du jabot , en commençant 
par la poitrine, on voit , pour ainfi dire, 
un collier, d'une couleur plus fombre, 
ou brune » 8c l' oifeau n'a point de crête, 

Toute 



P L O 

Toute la partie fupérieure » excepté 
les ailes , eft d'une couleur de frêne 
{ombre ou brune. Il y a environ au 
milieu de chaque aile deux lignes qui 
traverfent; & dans tout autre point, 
la 'femelle reffemble affesz au mâle. 

Grand PLONGEONS mer , 
nommé en Latin Colymbus maximus , 
en Anglois tbe Great Jèa - Loon. 
Al. s i N ( Tome IL ». 75. ) lui donne 
vingt-fept pouces de longueur, depuis 
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité 
des griffes, 8c un efpace de trois pieds 
huit pouces , les ailes étendues. Son 
bec a près de trois pouces de long, en 
prenant depuis la pointe jufqu'aux cô- 
tés de la bouche. Les plumes qui en- 
tourent le corps de tout côté font co- 
toneufes , molettes Se fort près les unes 
des autres. Le plumage de la tête Se 
du col eft brun , Se celui du bas du 
ventre , près de la queue eft d'une 
couleur fombre. Le plumage de la poi- 
trine & du ventre eft argenté. Ce 
Plongeon n'a point de queue. Chaque 
sile a environ trente longues plumes , 
dont les douze qui font les plus avan- 
cées en dehors font noirâtres : la trei- 
zième a fa pointe blanche , Se celles 
qui la fuivent les ont graduellement 
plus blanches jufqu'à la vingtième , 
après quoi les quatre fuivantes font 
entièrement de cette couleur ; la vingt- 
cinquième eft brune vers la pointe , 
& le blanc finit dans la vingt-fixieme. 
Les plumes des ailes dans les moin- 
dres rangs font blanches en deffous. 
Le bec eft rougeâtre , étroit , plat 
fur le côté & blanchâtre vers la pointe. 
La langue eft longue. Les yeux font 
oblcurs , Se mélangés de rouge. Les 
ferres font larges comme les ongles 
d'un homme , noires d'un côté , Se d'un 
bleu pâle , ou de couleur de frêne. 
Le doigt le plus avancé en dehors eft 
le plus long de tous. Les jambes font 
larges , plates Se raboteufes par der- 
rière; chacune a deux rangs de lignes , 
ou parties raboteufes. Les doigts font 
larges Se bordés des deux côtés de 
Tome III. 



P L O 4$$ 

membranes , qui defeendent du haut 
en bas , mais qui ne font pas entre- 
lacées. 

Petit PLONGEON de mer , 
en Latin Colymbus mimmus, en An- 
glois the Dob - Chich, Albin ( ïbid. 
n. y 6. ) dit que cet oifeau reffemble 
de figure à la Cercerelle , avec cette 
différence qu'il eft d'un tiers plus petit. 
Il a dix pouces de longueur , depuis 
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité 
des griffes. Les ailes étendues occu- 
pent un efpace de feize pouces Se 
demi. Le bec a un pouce de longueur, 
depuis la pointe jufqu'aux coins de la 
bouche ; il eft droit Se aigu à-peu- 
près comme celui d'une Grive , mais 
plus épais à la racine , Se devenant de 
plus en plus mince jufqu'à la pointe. 
La mâchoire fupéricure eft noire , à 
l'exception de ia pointe Se de fes deux 
côtés , qui font d'un jaune blanc , ou 
pâle , comme toute la mâchoire de def- 
fous. La langue eft longue , pointue 
comme le bec , & fendue. Les narines 
font un peu éloignées des plumes. Les 
yeux font grands Se ont l'iris de cou- 
leur de noifetier. Le corps eft entou- 
ré par-tout d'un plumage ou duvet 
épais Se cotonneux , particulièrement 
en deffous. Les plumes du dos font 
d'un brun fombre ou obfcur: celles du 
ventre font blanches ou plutôt de cou- 
leur argentée. Le menton eft blanc : 
le plumage de la tête Se du col eft 
plus fombre que celui -du ventre , 5c 
plus clair que celui du dos. La gorge 
& les côtés du col font un peu rou- 
ges : le bas du ventre eft d'un brun 
fale. Les plumes des cuiffes font un 
peu mélangées de rouge. Le col eft 
mince , Se n'a gueres plus d'une pal- 
me de longueur. Ses ailes font petites 
Se creufes : chacune a vingt -fix lon- 
gues plumes , dont les douze les plus 
avancées en dehors font de couleur de 
fouris , ou d'un brun noirâtre. Les 
plumes intérieures , jufqu'à la vingt- 
troifieme , font bigarrées : les textures 
extérieures en font fombres , 8c les in- 
Qqq 



térienres font en partie blanches; cette 
couleur s'élargit dans les plumes les 
plus proches du corps , Se fe rétrécit 
dans celles qui font les plus éloignées. 
Pour ce qui eft du moindre rang des 
plumes des ailes , celles dedefïusfont 
noires 8c les autres font blanches. Ce 
FÙmgem n'a point de queue , mais il a 
tes glandes du croupion plus menues 
qu'à l'ordinaire , Se de ces glandes il 
fort une touffe de plumes , comme il 
arrive à d'autres oifeaux. Les jambes 
font fituées fort en arrière à l'extré- 
mité du corps , Se font plutôt faites 
pour nager que pour marcher ; de 
forte que l'oifeau ne peut marcher 
qu'en tenant le corps droit Sfe prefque 
perpendiculaire. Ces jambes lont pla- 
tes Se d'un verd fale ; chacune a deux 
rangs d'une fubftance rude Se rabo- 
teufe. Les plantes des pieds font noi- 
res. Ces pieds font partagés chacun en 
trois grands doigts , garnis de chaque 
côté de membranes latérales , reffem- 
blantes à des ouies de poifïbn, Les grif- 
fes font minces , larges Se émouflées , Se 
reflemblent aux ongles d'un homme. 
Nonobftant ces membranes , les doigts 
font attachés les uns aux autres , de- 
puis l'endroit de la liaifon jufqu'à la 
première jointure, par des membra- 
nes intermédiaires, Cet oifeau a un 
petit doigt par derrière , garni de mê- 
me que les autres. Sa figure Se l'arran- 
gement de fes parties font qu'il remue 
fous l'eau plus aifément Se plus vite 
que fur la furface de la terre. Dis 
qu'il s'élève au-deffus de l'eau , il 
haufle la tête ; puis il regarde à l'en- 
tour de foi, & fe plonge enfuïte avec 
une vîteffe étonnante. Il n'eft gueres. 
en étatde fe lever hors de l'eau ; mais 
dès qu'il prend l'effor , il peut le con- 
tinuer long-temps. Belon rapporte 
qu'il fe nourrit ordinairement de poif- 
fons. L'odorat en eft fort , fi on le met 
à la broche , & le goût en eft défa- 
gréable. 

Grand PLONGEON de mer de 
Terre-Neuve , nommé en Latin Terr* 



P L O 

nova Mergits marinas major ; en An- 
glois tbe Rew Foudlant. Albin 
C Tome III. ». 93.) dit que cet oifeau a 
trente-cinq pouces de longueur , de- 
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré- 
mité de la queue , Se quarante-quatre 
pouces depuis cette pointe jufqu'à 
l'extrémité des griffes. Les ailes éten- 
dues font larges de cinquante-trois, 
Le bec a cinq pouces de longueur; il 
eft noir , Se fe termine en une pointe 
blanche Se aiguë. La tête & le deffus 
du col font d'un brunfombre. Il a fous 
le bec une tache blanche , Se le col 
eft entouré d'un cercle blanc. Le def- 
fous de cette partie de l'oifeau eft 
verd. Le dos Se les plumes couvertes 
des ailes font d'un noir bigarré de 
taches blanches , confufément jettées 
de part & d'autre. Les principales plu- 
mes des ailes font noires , 5c leurs bords 
extérieurs font blancs. La poitrine Se 
le ventre font de cette dernière cou- 
leur. Les jambes font brunes; chacune 
a neuf pouces de longueur. Ce Plon- 
geon a les pieds plats comme une Oie , 
Sei'c nourrit toujours de poiflon. 

M. Klein nomme cet oifeau Mer- 
gus- Arciicui. f orhius Se W 1 1- 
lu G H b y difent que c'eft le Colymbc 
Arctique , nommé Lumme. Beslerus 
ajoute que c'eft une efpece finguliere 
d ; Hironc!el!e aquatique étrangère. M. 
LiNNffUS le nomme Colymbus pedi- 
bits palniaûs , indivifïs. Cet oifeau eft 
commun en Norwege , en Ifiande & 
en Laponie. On en voit fouvent en 
PrulTe , dit M. Klein. La peau de 
cet oifeau eft fort dure. Les Lapons en 
font une forte de coëffure , & des 
cordons de chapeau , dit M. Lin- 
H je u s , Vanna Su^c. n. 121. 

Petit PLONGEON, en Latin 
Clangul.i s en Anrlois tht Golden-Lye. 
Cet oifeau eft commun en Italie. On 
en prend quelque ois for les côtes 
d'Angleterre lV de France. La chair 
de ce Plongeon eft d'un goîit maréca- 
geux Se défagréable , comme celle du 
petit Plongeon de mer. Albin ( Tome L. 



PLO 

ft. o(T. ) dit que cet oifeau a dix-neuf 
pouces de longueur, depuis la pointe 
du bec jufqu'à l'extrémité des griffes , 
Se trente-un pouces de largeur , les 
ailes étendues. Il a le corps épais Se 
court ; la tête eft grande , f< le col 
court , comme il eft d'ordinaire dans 
la plupart des oifeaux de cette efpece. 
Le bec eft large , court , & un peu 
plus élevé qu'on ne le trouve ordi- 
nairement dans les oifeaux de la claffè 
des Canards , étant plus épais vers la 
tête , & plus petit ou mince vers la 
pointe. Ce bec eft entièrement noir , 
& il a un pouce Se trois quarts de lon- 
gueur, depuis fa pointe jusqu'aux coins 
de la bouche. La tête eft d'une cou- 
leur changeante , compofée de noir , 
de pourpre & de verd, à mefure qu'elle 
eft diverfement expofée à la lumière, 
Se lu'ifante comme de la foie : à cha- 
que coin de la bouche il y a une ta- 
che blanche Se ronde, auflï large qu'une 
picce de deux fols. Les yeux ont l'iris 
d'un beau jaune, ou de couleur d'or. 
Le col en entier, tant au-deiïus qu'au- 
deffous des épaules , ainfi que la poi- 
trine 8c tout le ventre , font blancs: 
Pefpace qui fe trouve entre les épau- 
les , de même que la partie inférieure 
du dos, eft noir. Les ailes font bigar- 
rées de noir Se de blanc, c'eft-à-dire 
que les longues plumes du milieu , 
auftî-bienque celles qu'elles couvrent, 
font blanches , & celles de dehors , 
ainfi que les plumes intérieures , font 
noires. Les longues plumes fcapulai- 
res font aufiï bigarrées de noir Se de 
blanc. La queue a trois pouces & demi 
de longueur ; elle eft compofée de 
feize plumes , qui deviennent graduel- 
lement plus longues , en comptant par 
celle qui eft la plus avancée en de- 
hors : cependant la queue n'en eft 
pointaijTue , mais plutôt ronde , le tout 
étant d'un noir uniforme. Les jambes 
de ce Plongeon font très-courtes ; elles 
font d'un rouge jaunâtre , auffi-bien 
que les pieds. Les doigts font longs 
& d'une couleur fombre a* tour des 



Jointures , & celui qui eft le plus avan- 
cé en dehors eft le plus long. Le doigt 
intérieur a une large membrane qui y 
eft attachée. Les membranes qui lient 
les doigts & les griffes font noires , Se 
le doigt en arrière eftpetit, ayantaulïï 
une large membrane ou nageoire qui y 
eft attachée. 

S e h a parle d'un Plongeon d'Amé- 
rique , qu'il a fait figurer Tbef. II. 
'lab. 12. ». 8. Cet oifeau eft un'jeime 
qui n'eft couvert que d'un duvet co- 
tonneux gris-obfcur. Son dos eft fil— 
lonné de raies jaunâtres. Sa tête eft de 
figure prefque ronde. Son bec eftpe- 
tit, jauniffànt, iemblable à celui d'un 
Oifon. Ses pieds font affez larges Se 
paffablement grands: ils fe fendent en 
trois doigts oblongs , joints cnfemble 
par une membrane forte Se tenace. 

Le ) longcon au bec noir d'EowA rd 
a la tête & les côtés du col de cou- 
leur de plomb; le derrière de la téta 
8c les côtés de la poitrine font variés 
de petites lignes noires ; le gofier & le 
bas du col font rouges. 

M. le Page du Pratz die 
qu'on nomme le Plongeon à la Louî- 
fïane Mangeur de plozib , parcequ'il fe 
plonge à l'inftant qu'il apperçoit la lu- 
mière du fufil. Les Plongeons de ce pays 
ne différent prefque pas de ceux que 
l'on voit en France. 

PLU 

PLUME, efpece de Coquillage 
du genre des Moulas de la claffe des 
Bivalves. Vovez au mot PIN NE 
M A II 1 N E". 

PLUVIER, genre d'oifeanx , 
mis par M. Linnsus ( Fanna Suce, 
p. dans Tordre des Aves fcolopa- 
ces, Se fous le nom générique de Cha- 
radrius , il parle , n. 156. du petit 
Pluvier noir- jaune ; w. 157. du Vluvier 
verd; n. 158- du Marine, (lus , en Fran- 
çois Morillon; n. 159. de l'OiJeati de 
roche , Scn. 160. d'une autre efpece de 
Charadrins , fort commune dans la La- 
poniç. . 

Q iq 'j 



4P* 



PLU 



M. Klein met les Pluviers dans 
la féconde famille de fes oifeaux , qui 
ccntient ceux qui ont trois doigcs aux 
pieds, Se qui n'en ont point derrière. 
Sous le nom de Gavia , il ne fait qu'un 
même genre du Vanneau, du Pluvier 
i>erd , du Pluvier cendré, de {'(Edinemus 
de Belon , du Dotterel d' A lbin ( 
qui eft le Morillon deCtusius; de 
l'Alouette de mer, autre efpece de Mo- 
rillon , en Latin Morinellus iutoralis * 
qui peut être auflî l'oifeau que Tur- 
nerus nomme Cinclus, qui , quoique 
petit oifeau , & n'ayant qu'un bec 
long d'un pouce , roule des pierres 
du poids de trois livres : on l'a vu , dit 
M. Klein, à plus de quarante 
milles de la Floride , venir fe repofer 
fur un vaiffeau ; le Morillon cendré , ou 
autre efpece de Dotterel d' A lbin; le 
Pluvier criard de C a t e s b y , Vantllus 
vociferus, Se un autre Pluvier der Indes , 
d-'E D w A R D , nommé Gavia , Jeu 
Vanellus Indiens. Tous ces oifeaux font 
compris dans le même genre par M. 
Klein, fous les noms de Gavia , de 
Fardalis Se de Morinellus, pareequ'il 
y a une grande affinité entre eux , 
cependant les uns n'ont que trois doigts 
aux pieds , & d'autres ont de plus un 
faux doigt par derrière : par exemple 
le Pardalis viridis ne porte aucune 
marque de doigt derrière, Si le Parda- 
lis fufeus en a une apparence : c'eft 
une excroitTance onguiculée dans la 
peau , qui paroît à peine de la lon- 
gueur d'une ligne. Le Vanneau vul- 
gaire a la même excroiffance , mais 
environ longue de deux lignes. Cet 
appendice ne peut être qu'un faux 
doigt , placé loin de la plante du pied , 
dont ces oifeaux ne peuvent fe fervir 
que très - peu , maïs non pour mar- 
cher , comme les oifeaux tétradaéïyles , 
auxquels la Nature a accordé un doigt 

* Cet oifeau efl nommé en Grec Tio.si-a.Ak , 
félon Amstote ; en Latin Gavta virî- 
dis » chez M. K l e r n ; Fardait s , feu Pluvta- 
its vtridu , chez les autres- Na-turaliftes , 3c 
Fardâtes , par S c h w e h c k ï e l d. Ou l'ae- 



PLU 

de derrière, dont ils fe fervent, non- 
feulement pour prendre leur proie , 
maïs encore pour fe percher for les 
arbres. Au refte M. K l e i n a cru 
que les obfervations des Auteurs , qui 
différent entre eux , tant fur les des- 
criptions des oifeaux , que fur leurs 
figures , n'ont pas dû l'obliger à faire 
ce changement dans ce genre d'oi- 
feaux , qui tous font des oifeaux ftu- 
pides, faciles à apprivoifer Se macrop- 
teres. Je ne vais parler ici que des Plu- 
viers. Pour les autres , voyez aux mots 
VANNEAU, OISEAU DE 
ROCHE, MORILLON & 
ALOUETTE DE MER. 

PLUVIER VERD*, oifean 
qui excède de quelque chofe le Van- 
neau pour la grandeur. Sa longueur „ 
dit Albin ( Tome L n.j$.), depuis 
la pointe du bec jufqu'À l'extrémité 
de la queue , eft de onze pouces , & fa 
largeur, les ailes étendues , de vingt- 
quatre. La couleur du fommet de la 
tête, du col, des épaules Se du dos ,. 
Se généralement de tout le defTus eft 
d'un brun foncé r entremêlé de taches 
vertes tirant fur le jaune , placées fort 
près les unes des autres. Si on obferve 
chaque pknne à part, on trouve que 
le milieu en eft d'un brun fembre, ti- 
rant fur le noir , Se que les bords i 
l'entour font tachetés d'un verd jau- 
nâtre. Le bec en eft droit 5c noir, de 
la longueur d'un pouce, 8c canelé au- 
tour des narines. Le col en eft court , 
égal à celui du Vanneau. La poitrine 
eft d'un brun pâle, tachetée de nuan- 
ces de la même couleur, mais un peu 
plus foncées. Le ventre eft blanc; mais 
il y a quelques plumes fur les côtés, 
qui font négligemment tachetées de 
brun. L'onzième des grandes plumes, 
en chaque aile le termine en un point 
émouffé : celles qui la précédent s'é- 

pelle en Angîois tik Green Plti'.ver ; en Alle- 
mand Pardtl , ou Puh itr , félon !.. Ongo- 
Etes, ou Vidrcs , félon Pb o c E a ; & chez 
les Lapons on lui donne le nom à'Hittti, dit 
M. L i n » & v s„. 



PLU 

tendent en longueur , jufqu*à former 
des pointes aiguës fur les dehors du 
dard: les plumes qui font derrière cette 
onzième fur le dedans font tout -à-fait 
brunes, à la réferve des cinq plumes 
eontigues au corps, Les dards des huit 
eu neuf plumes les plus avancées en 
dehors font blancs dans la moitié de 
leur longueur. Les bords extérieurs de 
la cinquième , aînfi que de celles qui 
lafuivent fucceffivement, font un. peu 
blancs vers leurs extrémités : les cinq 
plumes intérieures , qui font tout près 
du corps font de la même couleur que 
le dos. Le fécond rang des plumes des 
ailes eft brun ou fombre » avec des 
pointes blanches : le refte des plumes 
couvertes du deflus de l'aile eft de la 
même couleur que le ventre. La queue 
eft courte &c compofée de douze plu- 
mes de la même couleur que le dos , 
& lorfqu'elle eft étendue , elle fe ter- 
mine en un contour circulaire. Les 
pattes & les griffes de cet oifeau font 
noires. 11 lui manque le doigt de der- 
rière , 8c par fon cri il fe diftingue 
tout-i-fatt des autres oifeaux de même 
efpece. Ses jambes font longues , com- 
me les ont tous les autres oifeaux qui 
fréquentent les eaux , & dégarnies de 
plumes un peu au-deffus des genoux. 
La chair en eft douce Se tendre , c'eft 
pourquoi on en fait grand cas. Les 
François 8c les Anglois la regardent 
comme un excellent manger. On don- 
ne à cet oifeau le nom de Fardaiis , à 
caufe de fes taches , qui reflemblent un 
feu à celles d'un Léopard. Tous les 
Auteurs conviennent que cet oifeau 
n'a point de quatrième doigt ou d'épe- 
ron;cepend ntleComte deMarsilly 
l'a fait figurer , TomeV. p. 54. Tab. 2J. 
avec quatre doigts. Cet oifeau , dit 
M.Klein, p. 20. a le col court, Se à 
proportion du tronc , la tête grande 
& les yeux grands. Il eft folitaire 8c 
fréquente les lieux bas 8c les prairies. 

* Cet oifeau eft no'nmé en Latin Gavh :> 
fin Pluviaiis cinerea. C'eft le Taràahts fecun- 
dwjr de Schwejsckfeid, aînfi que le 



PLU 403 

Tout fon corps eft tigré de belles ta- 
ches vertes 8c jaunes. Les grandes plu- 
mes font noires. Le bas du corps du 
mâle eft très - noir. La figure qu'en 
donne Albin n'eft pas exaéte , ni celle 
du Comte de M a r s il l y. Celui-ci 
donne , Tab. 27. er 3 1 . les figures de 
plufieurs autres Pluviers s mais on ne 
peut rien décider fur les defcrîptions 
qu'il en donne , & M. Klein penfe 
que ce font des oifeaux plutôt à mettre 
dans le genre des Glarcola , que dans 
celui des Gavia, 

Les Auteurs qui ont écrit fin- cet oifeau > 
lont M. L 1 n n a. u s, Fauna Sttec. n. 1^7. 
W 1 l lc g h c y , Ornhh. p. iip. Tab. 57, 
K a y , Synop. Mah. Av. p . 1 1 r. n. 7. Sioake, 
hiJI. Tome IL p. 313. Tab. 169. f. 1. Albin, 
Oesker t Joi,stoh, Aldr.ovande, 
& les autres. 

PLUVIER CRI S*, oifeau 
dont la chair eft auûi tendre 8c auflï 
délicieufe que celle du Pluvier verd. 
Albin (Tome I. n. 7 6. > lui donne 
douze pouces de longueur, depuis la 
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de 
la queue y quatorze pouces jufqu'aux: 
griffes , Se vingt-quatre de largeur r 
les ailes étendues, La tête , le dos 8c 
les moindres plumes couvertes des ai- 
les font noires , avec des pointes d'un 
gris verdâtre. Le menton en eft blanc, 
ainfi que la gorge , la poitrine ,<> le 
ventre 8c les cuifiès. Les grandes- plu- 
mes de chaque aile font au nombre de 
vingt- fix , dont les premières ou les 
plus avancées en dehors font noires. 
Dans la quatrième plume k milieu 
des bords extérieurs eft blanc :- cette 
couleur s'étend graduellement dans 
les cinq immédiatement après. Les plu- 
mes les plus avancées en dehors dn 
fécond rang de celles des ailes font auffi 
noires : les pointes de celles qui font 
immédiatement après la quatrième font 
blanches : il en eft de même de leurs 
bords , en comptant parla dixième. Les 
dix plumes les plus en avant du troi- 

Sqttatarelaàts Vénitiens T auquel les Anglois 
ont donné le nom de the Craj ?loiv(v ,, félon* 
Albin» 



494 PLU 

fierae rang font noires , avec des poin- 
tes blanches. La queue a trois pouces 
delongueur: elle n'eft point fourchue > 
mais diverfinée de raies , ou couches 
de noir Se de blanc qui traverfent. .Le 
bec eft noir: il a plus d'un pouce.de lon- 
gueur , femblabie à celui des autres oi- 
feaux du même genre. La langue n'en 
eft pas fendue. Le doigt de derrière 
eft très-petit , Se ceux de devant font 
unis par une membrane placée au com- 
mencement de l'endroit où ils fe joi- 
gnent. Le doigt qui eft entre celui du 
milieu & entre l'intérieur eft le plus 
périt. Les pattes font d'un vilain verd , 
les griffes font petites & noires. M. 
Klein dit que le bec de cet oifeau 
de noir devient rouge ; que le deiius 
du corps eft d'un noir jaunâtre , Se tout 
autour cendré ; qu'il a au-deflous du 
col des taches noires & oblongues. 
W i L l u G h b y lui donne un petit doigt 
par derrière. L'onfultez les mêmes Na- 
ruraliftes que ceux qui ont écrit lur le 
Pluvier verd. 

PLUVIER CRIARD de 
C A T E S B ï * , p. 21. Cet oifeau eft 
de la groffeur d'une Béca finie. U aies 
yeux grands , entourés d'un cercle qui 
eft de couleur rouge , le fyncipui blanc, 
le verl'. x noir , Se V occiput brun : il a une 
bande noire , qui de la bafe du bec \a 
gagner le derrière de la tête , en paftant 
fous l'ail Se fous le bec. On lui voit 
«ne grande mentonnière blanche , au- 
deffous de laquelle eft un grand collier 
noir. La poitrine & le ventre font 
blancs ; mais cette poitrine eft traver- 
fée d'une raie noire qui va d'une aile 
a l'autre. Le dos Si les ailes font bruns ; 
le fommet eft plus foncé : il a les 
plumes du croupion , qui recouvrent la 
queue , rouges-jaunâtres ; le refte ce 
la queue noire ; les jambes de pareille 
couleur ; point de talon , & la cuiife 
nue. 

* On nomme en Latin cet ojfeau G.ivia 
hrcc'rptcra -vociféra , on Vanclliis vociftrr.s ; 
en A ng lois, tke Uiattering Ple;ver ; en Vir- 
ginie Xildar, à cauie de fa voix. 



PLU 

PLUVIER DES INDES**: 
Cet oifeau , dit M. Klein ( Ord. Av. 
p. 22. n. io. ) , a les cuilTcs plus lon- 
gues que les jambes & les e-ùiffes en- 
femble du Pluvier verd. Son bec diffère 
de celui de ce Pluvier en ce qu'il eft 
plus menu, 5c fe termine en pointe, il n'a 
aucune -marque de doigt de derrière: 
il porte fur la tête une hupe noire, ti- 
rant fur le verd. 'Il a la partie fupé- 
rieure du corps , & les petires plumes 
des ailes , nommées titWiçéJ , de cou- 
leur brune. Le go fier Se la poitrine juf- 
qu'aux cuii'fes -font noirâtres , & en 
partie variées de violet. L« -plumas 
de la queue, nommées rcclrices , font 
noires , variées de blanc par deinis , Se 
les pieds noirs. Edward en parle j 
Tome 1. p. 47. 

PLUVIER DE SABLE, en 
Latin Gavia q:iœ pluvi.itilis , Arenaria 
'tioftra , félon R a y. Cet oifeau eft 
l' Alouette de mer de Catesdy , p. 72. 
à laquelle il nonne un quatrième doi^t, 
dans la defeription qu'il en fait d'après 
Willughby, quoiqu'il ne paroiife 
qu'avec trois dans la figure qu'il a feft 
graver. Voyez ALOUETTE DE 
MER. 

Le Pluvier en général eft de la grof- 
feur d'un Pigeon. Il habite ordinaire- 
ment les rivières & les lacs. Il fe nourrit 
de Vers 8c de Mouches. Il vole rapide- 
ment Se fait en volant un a-flez grand 
bruit. On 1-e trouve affez fréquemment 
en France. ïl eft d'un goût exquis Se 
délicat. Il y a des Auteurs qui ont con- 
fondu le Vanneau avec le Pluvier , 
pareeque ces deux oi féaux habitent les 
mêmes lieux , vivent des mêmes ali- 
mens Se ont une chair affez femblable, 
par le goût Se par les effets qu'elle 
produit. Le Pluvier, difenr les Méde- 
cins, excite l'appétit. Il fe digère faci- 
lement ; mais comme il produit un 
aliment peu folide , les perfonnes ac- 

* * On donne à cet oifeau le nom Latin Ha 
Gavia-, fer. Vantliits Indiens ; en Anglois il 
parte celui de the Black - Breafled Indian 
Violer, 



p o c p ca 

c outumêes à un. grand exercice du corps 
ne s'accommodent point de fon ufage. 
II contient dans toutes fes parties beau- 
coup d'huile Se de fel volatil. Cet oi- 
feau eft prefque toujours en- mouve- 
ment, & jouit par conféquent d^une 
tranfpiration libre Se ailée. Il amafTe 
peu d'humeurs groflûeres , Se les prin- 
cipales de ces humeurs s'exhalent & 
fe volatilifent continuellement ; c'eft 
pour cela que fa chair eft fort légère:, 
facile à digérer & d'un bon goût. 

P O C 

POCHE, forte d'oîfeau. Vovez 
PALETTE. 

p m 

* P Œ C I L I -JE , poiHons , dit 
G E s N e R , du. fleuve Aroanius en 
Arcadie , que les Anciens nommoient 
FiJ'ccs vocales , parcequ'ils croyoient 
qu'ils chantoient ; mais P a u s a n i a s 
marque avoir refté fur le bord de ce 
fleuve depuis le foleil. levant jufqu'au 
fuleil couchant , Se n'en avoir pas en- 
tendu chanter : cependant Gesner 
(de Aqnat.p. &6j.) ajoute qu'on trouve 
en Saxe de ces Toisons , Se que les Alle- 
mands leur donnent le nom de Beifc- 
ros. Un de fes amis lui en envoya une 
vingtaine de Francfort fur l'Oder. Il 
les iït mettre dans de l'eau de fontaine , 
où ils moururent auffi-tôt, ce qui ne 
ferait pas arrivé , dit-il , s'il les eût 
fait mettre dans de l'eau de rivière. 
Il y a dans nos mers comme ailleurs 
de? poilTons volans ; mais fur le té- 
moignage de G es N e R , croirons-nous 
qu'il y ait des poiifons qui ayent de la 
voix , Se fur un témoignage qui n'inf- 
truit pas du fait ? Ces l'oijjons chanteurs 
de Francfort furi'Odernous paroiiTent 
auffi fabuleux que ceux du fleuve 
Aoranius l'ont paru à Pausanias. 

P (E P FI A G U S : C'eft un animal 
qu'on trouve au Cap de Bonne-Efpe- 
rance. É l i e n ( Hifl. Amm. L. II. 
r. 1 1 . ) , C ï p R i a N u s ( Conttn, Hifi. 
■daim. Franc, p. 379. )&Florerus 



P (E 405 

( Ouvrage en Allemand ) , en ont donné 
la defeription. Selon eux , il a une lon- 
gue queue , Se fa peau eft entièrement 
couverte d'un poil fin Se ferme. La 
beauté de fa queue le rend fur-tout 
recommandabie. Koi.be ( Dcfcript. du 
Cap de Bonne- EJpérance , Tome III. c. 3. 
p- 24. ) dit qu'il a vu chez le Capitaine 
lofberg le portrait d'un animal', 
qui répondoit parfaitement à la def- 
eription que les favans Naîuralifbs 
ont donné du Tœphagus. Ce Capitaine 
lui dit que voyageant un jour dans le 
pays des Hottentots , à une grande 
diftance du Cap , il avoit rencontré un 
animal fcmbiable à celui qui étoitre- 
prtfenté par ce portrait. Comme il 
n'a voit jamais vu d'animal pareil- Se 
qu'il n'en avoit point oiii parler , il en 
cohfidcra avec une finguliere attention 
la taille , la formé , Sec. Se des qu'il fut 
de retour chez lui , il en fit tracer la 
figure le mieux qu'il lui fut poflîble : 
au refte la figure dont il parle fait 
l'animal un peu plus petit que n'éftie 
Pcsphagns dans la defeription qu'en.ont 
donnée les Auteurs ci- défais cités. Le 
même Voyageur lui donne une crinière 
femblable à celle d'un Cheval , dont 
ces mêmes Auteurs ne parlent point , Se 
lui fait un corps , qui pour la forme 
approche beaucoup de celui du Bœuf. 
Kolee n'a pu tirer aucun éclairciffe- 
ment fur cet animal d'aucune autre 
perfonne que de ce Capitaine , Se il 
ajoute n'en avoir point connu d'autres 
qui ayent vu de pareils animaux dans 
le pays. Florerus dit que le Fœpha- 
gus eft particulier aux Indes. 

PCE LA , poiiton des Indçs Orien- 
tales, dit Ruïscm , qui fe prend dans 
l'Ifle de L arice. Les habitans de cette 
IOe Se leurs voifins en font un grand 
cas. Il eft du genre des poi'fons qui 
vivent de rapines , tel qu'eft parmi 
nous le Brochet , dont il a le goût. Sa 
tête eft roufle. Le corps , depuis les. 
ouies jufqu'au milieu vers la queue efl: 
jaune avec des raies: le refte eft d'un 
bleu clair. Ses nageoires proche du 



49 cî P (H P O I 

corps font rouges, Se vertes dans le 
refte. 

PŒRA, petit oifeau de l'Amé- 
rique , qui , depuis la pointe du bec 
jufqu'à l'extrémité de la queue , n'a 
pas plus de neuf pouces de longueur , 
dît Ray, Synop. Av. Append, p. 15 t. 
71. 3. Son bec eft long. Il a la queue 
comme le Guira, Il ell couvert de 
plumes bleues , marquées de jaune. 
Ses pieds font petits , Se il fe nourrit 
de Fourmis. 

P O I 

POISSON : Il y a des Auteurs 
qui comprennent fous le nom de Poij'- 
fon les animaux aquatiques qui n'ont 
point de fang , Exfanguia. aquatica , 
les Cruftacées , Cniftaced , les Tefta- 
cées , Tefijcea , Se les Pcifom moux , 
tnollia. D'autres à ceux-ci ajoutent les 
Cétacées , Cetacea : d'autres veulent 
qu'on ne nomme Poisons que les ani- 
maux aquatiques qui refpirent par 
les ouïes Se qui n'ont qu'un ventricule. 
Ray C Syrwp. Meth. Pifc. p. 2.) dit 
qu'à parler proprement Se philofophî- 
quement , le nom de Poijjon fe doit 
reftreindre à ces derniers animaux. En 
effet la diir.inct.ion des animaux fe de- 
vant prendre fur- tout des marques 
enentielles Se des parties Se actions 
principales , qui font communes à tuti- 
tes les efpeces de chaque genre Se pro- 
pres à chacune, il n'y a aucune de ces 
marques propres à tous les Poijjbtis , 
qui conviennent aux Cétacées ; car , 
excepté la mer que ces Cétacées habi- 
tent, la figure extérieure de leur corps , 
ieur peau qui eft fans poil Se leur mou- 
vement pro.^riffif en nageant , ils n'ont 
rien de commun avec les autres Poif- 
fons , mais beaucoup de rapport avec 
les Quadrupèdes terreftres vi/îpares. 
Mais pour ne point s'éloigner du fen- 
timent fuivi , ni avancer de nouveaux 
paradoxes , Ray en général définit 
le Poijjon un animal aquatique , fanguin , 
qui n'a point de pîeds , mais des na- 
geoires, couvert d'écaillés, ou d'une 



P O I 

peau unie Se fans poils , qui vît con- 
tinuellement dans l'eau , Se qui n'en 
fort jamais volontairement. 

Entre les Auteurs qui ont écrit fur 
les Poiffons , les uns l'ont fait fyfté- 
matiquement ; tels font Aristote, 
Pline, Isidore, Albert l e 
Grand, Gaza, Mars Chalcus, 
Wotton, Bel o n , Rondelet , 
Salvien , Gesner, Aldrovande, 
Jonston.Willughby, Ray, 

A R T E D I , M. LlNH/ÎUS & M. 

Klein. 

D'autres ne fe font feulement atta- 
chés qu'à décrire les Poiffons de cer- 
tains endroits , comme Ovide, ceux 
du Pont-Euxin ; O P ? t e N , ceux de 
la mer Adriatique ; A v S o n e Se 
Figulus , ceux de ta Mofelle ; M a n- 
g o l t u s , ceux du lac Podamicus ; 
Paul Jove & Salvien, ceux de 
la mer de Tofcane ; Gillius , ceux du 
lac Larius ; Schwenckfeld , ceux de 
Siléfie ; Schonneveld, ceux d'Ham- 
bourg 5 Marc Grave, ceux de 
l'Amérique ; Henri Ru ïsc h Je 
François Valentin , Prêtre , ceux 
d'Amboine ■ le Comte de Marsilly , 
ceux du Danube; Catesby, ceux de 
la Caroline ; S l o a n e , ceux de la 
Jamaïque ; Henri Gronovius, 
ceux d'Hollande , Se M. Linnjeus, 
ceux de Suéde. Ovide.Oppien, 
A u s o n e Se Benoît Jove ont 
écrit en vers , Se les autres en profe. 

Pluficurs entre les Ichthyologues , 
iront fait que copier , compiler , ou 
extraire. Artedi ne craint point de 
mettre Pline de ce nombre , puii- 
qu'il n'a travaillé que d'pprès Aris- 
tote. Les autres font Élien , Athé- 
née, Is idore , l'Auteur du Livre de 
la Nature des chofes , Albert le 
Grand, Cuba, Marschal, 
Gesner , Aldrovande, Jonston , 
Se quelques autres. 

Ovide, Ér. ien, Athénée, 

HlLDEGARDE, les deux ( P A U L 

& Benoît) Jove, Figulus, 
de même que Salvien, dans fon 

Hifto'f e 



F O I 

Hîftoîre des Poijfons de Rome , 3e 
Henri Ru y se h , dans fes deferiptions 
des Poijfons d'Amboîne , n'ont pris au- 
cune méthode. Cuba , Marschal , 
Salvien, dans les Planches de Tes 
Poijfons , Gesnee, dans l'Edition 
Latine, Schonneveld , 8c Jonston 
dans fa Thaumatographie , ont fuivî 
l'ordre alphabétique. 

Oppi'EN, Ronbelet, Aldro- 
V A n d e , J o N s T o n » dans Ton Hif- 
toire Naturelle des Poijfons , Se Char- 
LETon , ont tiré leur méthode du lieu 
même des Poijfons. Mais Aristote 
eu: l'Auteur de la divifion des Poif- 
fons en Cétacées , & en cartilagineux 
8c épineux. ¥o tto n , Willughbt 
& Ray ont embraffé cette méthode, 
A R T E D i l'a perfectionnée , & Mef- 
fieurs L i n N je u s 8c G R o N o V i U S 
l'ont fui vie. 

De tous ces Ichthyologues , dont 
en doit faire le plus de cas , au fenti- 
ir.ent d'ARTEDi , font Aristo te, 
Belok,Rondelet,Salvien, 
Gesner,WillughbyScRay ( 
j'y ajoute A rte d i lui-même, ainfi 
que Catesby, Sloahe, le Com- 
te de M ARSiLLY, Se Meffieurs 
Lin n je us, Klein ScGrono- 
v i u s. Mais PaulJove, G i l- 
lius, Schonneveld&Sib- 
iald, qui n'ont rien écrit de nou- 
veau fur les Poijfons, ne méritent pas , 
dit A r t E D i , les. louanges qu'on 
leur a prodiguées. De tous les autres , 
excepté Pline , Athénée , 
Aldrovande & Jonston, 
H ne fait prefqu'aucun cas. 

Je vais faire connoître la méthode 
dufavantlchthyologueARTEDi, parler 
du Catalogue des Poijfons d'Hollande 
par Jean-François Gronovius, 
&c du Mufitum hhtbyoiogicum de fon 
fds , expliquer quelques termes Latins 
confacrés à l'Ichthyologie , donner en- 
fuite d'après les Médecins célèbres les 
qualités ou propriétés des Poijfons , 
rapporter quelques obfervations fur 
l'ouïe Se le fon de ces Poijfons , fur la 
Tome lli. 



P O 1 497 

manière de dépofer leur frai , fur la 
veflîe de l'air qu'ils ont dans le corps , 
fur un Poijfon fingulier qui eft le Fif- 
cis Ecbino-flellans , fur d'autres Poif- 
fons de la Nouvelle Providence , une 
des Mes de Bahama , qui empoifon- 
nent ceux qui en mangent , 8c je fini- 
rai cet important article par un petit 
Poijfon de la Chine décrit par M. Lin- 
NjEus , & par ce que les Voyageurs 
ont dit en général des Poijfons d'Ane , 
d'Afrique 8c d'Amérique. 

A r t e D i ( Ichtb, Part. V. p. i. ) 
pour diftinguer les Poijfons de certains 
animaux aquatiques qui ont des pîeds , 
8c d'antres qui manquent de pieds & 
de nageoires , tels que les infectes 
aquatiques , Se les Couleuvres aquati- 
ques , que des Naturalises mettent 
dans le rang des Poijfons ; Artedi, 
dis -je , définit le Poijfon pour être un 
animal fans pieds , toujours fourni de 
nageoires , qui refpire par les ouies, 
ou par les poumons , qui demeure le 
plus fouvent dans l'eau, qui y nage 
ou par le fecours de fes nageoires f 
ou par les mouvemens tortueux de 
fon corps , qui fort quelquefois de 
l'eau pour venir à terre , & qui quel- 
quefois avec le fecours de fès nageoi- 
res placées à fa poitrine s'élève au- 
deflus de l'eau , Se vole pour refpirer. 
Sous cette définition le favant Natu- 
ralifte Suédois comprend les Poijfont 
écailleux , ceux qui n'ont point d'écail- 
les , les Cétacées , 8c les Poijfons vo- 
lans. Il n'appelle qu'animaux aquati- 
ques les Cruftacées, les Teftacées, les 
Poijjons moux , Se tous les infectes aqua- 
tiques. 

Le même Auteur ( c'efl: Arte di) 
compofe cinq ordres de Poijfons. Le 
premier comprend ceux qui ont les na- 
geoires molles , Pifces malucopterygii , 
qui font , fous le nom générique de 
Syngnatus , toutes les différentes efpe- 
ces d'Aiguilles ; fous celui de Cobitis, 
la Loche , 8c autres Poijfons de riviè- 
re à-peu-près femblab'es; fous celui 
de Cypnnus , tous les Poijfons blancs 
R r r 



4p8 P O I 

du genre des Carpes ; fous celui de 
Clupea , ceux du genre des Alofes , 
comme le Hareng , l'Anchois Se la 
Sardine ; fous celui d' Arg&PWM , le 
Hautin de Belon ; fous celui d'Exo- 
cttits , l'Hirondelle de mer de Pline ; 
fous celui de Corregonus , les différen- 
tes e/peces d ! Albuia de Gesner, 
comme le Lavaivt Se les autres *, fous 
cAuïd'Ojhicrus, l'Eperlan Se le Lézard 
de Rondelet; fous celui de Sai- 
nts , le Saumon, la Truite faumonée , 
Se les autres ; fous celui d'EJox , le 
Brochet, &c. fous celui d'Echeneis , le 
Rémora ; fous celui de Corypkana , la 
Dorade , le Rafoir Se le Fompile ; 
fous celui d'Amnwdytes » le Sandilz 
des Angloîs , ou l'Anguille de fable ; 
fous celui de Pleurorieiies , tous les 
Poijjons plats , comme la Sole , la Plie , 
la Limande , le Turbot, &c. fous ce- 
lui de Stromateus , laFatiole des Ira- 
liens ; fous celui de Gadus , les diffé- 
rentes efpeces de Morues ; fous celui 
6.' Anarchie as , le Loup marin ; fous 
celui de Mur ma , l'Anguille , le Con- 
gre , le Myre Scia Murène ; fous ce- 
lui d'Ophidion , plufieurs Poijjons de 
ce nom ; enfin \ Anableps de S e b a , 
& fous celui de Gymnotus, le Carapo 
du Bréfil. 

Dans le fécond ordre des Poijjons , 
A R T e D i range ceux qui ont les na- 
geoires épineufes , Pifces acanthopte- 
rygii } fous le nom de Blennius > le 
Mefora des Italiens , Si les différentes 
fort&s d'Alouettes de mer; fous celui 
de Gob'uis t les différentes e/peces de 
Goujons ; fous celui de Xipbiai , FÉ- 
pée , ou l'Empereur ; fous celui de 
Scomber , les différentes fortes de Ma- 
quereaux ; fous celui de Mugil , les 
Muges; fous celui deLabrus, tous les 
Poijjons qui ont de grandes lèvres éle- 
vées ; fous celui de Sparus, le Spare , 
le Sargo, le Cantheno de Rondelet r 
& les autres ; fous celui de ScUna ,. 
POmbre ; fous celui de Perça. ,. les 
différentes efpece3 de Perche ; fous 
fieluî de Trachimu , la Vive & le Ta- 



P O I 

pecon ; fous celui de Trigla , le Sur- 
mulet le Corbeau Se le Milan ma- 
rin , la Morrude , le Rouget , & l e 
Malarmat; fous celui de Scorpxna , le 
Scorpion ; fous celui de Cottus , le Cha- 
lot , le Horn-Simpa des Suédois , le 
Ror-Sïmpa des mêmes habitans ; le 
Draconcule de Rondelet, & le 
Cataphracte de Schonneveld; 
fous celui de Zens , la Dorée, l'Aba- 
catuaia du Bréfil, l'Apron de Ron- 
delet; fous celui de Chcetodon , pki- 
fieurs Poijjons du Bréfil; fous celui de 
Gafterofleus , quelques Poijfons armés 
d'aiguillons , nommés Pongitii en lan- 
gue Latine. 

Le troifieme ordre des Poijfons com- 
prend ceux qui ont les nageoires ca- 
chées , Pifces brancbioflegi , Se qui font 
fous le nom de Balifies , plufîeurs Poij- 
fons du Bréfil Se la BécafTe de mer de 
Rondelet; fous celui d'Oftracion» 
tous les Poijjons ronds qui ont le nom 
d'Orbis en Latin ; fous celui de Cy- 
cloptems , le Lumpus des Anglois ; 
fous celui de Lophius y la Grenouille 
de mer, &le Guacacuja du Bréfil. 

Le quatrième ordre des Poijfons com- 
prend ceux qui ont les nageoires car- 
tilagineufes , Pifces chondropterygii , & 
ce font fous le nom de Petroniz,on , la 
Lamproie de plufîeurs efpeces ; fous 
celui d'Acipenfer + l'Eflurgeon , le 
Hufo des Allemands , & l'Antacée du 
Borifthene ; fous celui de Squahts , la 
Scie , & les différentes efpeces de 
Chiens de mer; fous celui de Rai a » 
les différentes efpeces de Raies. 

Dans le cinquième ordre des Poijfons 
font les Plagiures , ou les Cétacées , 
qui font de grandes bêtes marines j. 
par exemple , on connoît fous le nom 
de Phyfeter, le Souffleur; fous celui 
de Delphinus , le Dauphin ; fous celui 
de BaUna , les différentes efpece3 de 
Baleines ; fous celui de Monodon > la 
Licorne de mer ; fous celui de Cato- 
don, on connoît deux efpeces de Ba- 
leines T qui jettent l'eau par un con- 
duit qu'elles ont fur la têie; fous ce- 



P O I 

luî de Trichecbus , la Manate des In- 
diens , ou le Lamantin. Voilà la divi- 
fion des Potjpms , félon Aktedi, qui 
eft , fans contredit , la plus claire Se la 
plus méthodique. 

Dans F Hijhïre du Règne Animal de 
M. B R i S s o M , divïfée en neuf claf- 
fès » les Poijfons en occupent trois ; 
favoir , les Cétacées la féconde , les 
Poijfons cartilagineux la cinquième , Se 
îes Puijfons proprement dits compofent 
la fixieme, 

M. Jean-François Gronovius , 
Docteur en Médecine à Leyde , a 
donné dans les Ailes d'Upfal de l'an- 
née 1741. p. 6y. un Catalogue des 
Poijfons qui fe trouvent dans la mer 
d'Hollande , & qu'il a obfervés. 

Entre les Plagiures > ou Cétacées , 
il y a les deux efpeces de Dauphins 
qu'il a examinés en Zélande. Le pre- 
mier eft nommé par A r t e d i Del- 
pbinus cor pore ferè coniformi , ciorjb lato , 
Se le fécond Delphlnus cor -pore oblongo , 
fubtereti , roftro longo etcuto. 

Entre les Poijfons qui ont les nageoi- 
res cartilagineufes , Pifces ebondropte- 
rygii , font l'efpece de Raie , nommée 
par A r T e D 1 Rata aculeata , dentl- 
bits tubaculofis , cartilagine tranfverfâ 
in ventre. 

Une efpece de Squale , nommée par 
le même Squalus pinnâ ani nullà » am- 
bitu corporis fubrotundo. 

Une autre efpece de Squale , nom- 
mée Sqtialus pinnâ ani carens , ore in 
ttpice capitis. On nomme ce poiifon à 
Catwic Pak!^ay , Se M. Gronovius 
penfe que ce nom eft corrompu , & 
qu'il faut dire Padde-Hay, comme 
qui diroit Squale qui a la figure d'un 
Crapaud. 

Une efpece d'Efturgcon , nommée 
par A r T E D 1 Acipenjer corpore tuber- 
culis jpïnofïs a/pero. 

Entre les Poijfns dont les nageoires 
font cachées , Pifces brancb'ufiegi , on 
comprend le Cyclopterus dÀRTEDi , 
nommé en Hollandois Snouolt. 

Un Ofiraciun , nommé par le même 



P O I 499 

Ofîracion cathetopUteus , fubrotundus , 
tmrmis , afper , plnnis pectoralibus bori- 
fontdibus , for aminibus quatuor in ca~ 
plte. 

Entre les Poijfons i nageoires épî- 
neufes , Pifces acantboptcrygii , font un 
poiifon nommé Gafterofieus aculeis , in 
dorfo tribus , d'A R T e D I. 

Un autre nommé Gafterofieus acu~ 
leis indi/rjo decem, LesHollandoîs nom- 
ment Stekel-Baars ces deux efpeces 
de Potjfom. 

Un Poijfon nommé Zeus ventre acu- 
leato , candâ in extremo circinnatâ , 
par A rtedi. Les Hollandois le nom- 
ment Zonnevifcb , c'eft-à-dire Poijfon 
du Soleil. 

Le Cottus pinn& dorfalis ojjlculo pri- 
mo longitudine corporis. C'eft -la Lyra 
Harvicenfîs , pinnâ dorfali longijfmâ 
maculis carulejeentibus , de Pettvert, 
Gazopb. t. 22./. 2. Se le Cuculus Uvir 
c&ruleo~flzvejcens cui in J'uperiori capite 
bram hiarum opercula , des Actes d An- 
gleterre , n. 239. 

Le Cottus alepïdotus , capite polya- 
cantho maxillâ Ji/periore paulô longiore. 
Il eft nommé à Catwic Donder Padda. 
Ce poiifon eft la nourriture des pau- 
vres gens en Hollande. 

Le Trigla rofiro hnqo , diacantho , 
naribiis ttmulofîs , d'A rtedi , que 
les Hollandois nomment Knorhaan, Ce 
poiffon eft fi abondant qu'on en prend 
fouvent des milliers que les Pêcheurs 
Hollandois apportent au marché, Se 
dont fe nourrilfent les pauvres gens 
dans le pays. 

Un autre nommé Trigla rofiro parlim 
bifido , lineâ late'raliad caudam bifur- 
câ i Se un autre nommé par le mems 
A r t E D 1 Trigla capite glabro , cir- 
ris geminis in maxillâ inftriure. M. 
Gronovius a vu que celui-ci étoit 
tout rouge. 

Le Tracbinus maxillâ inferiore loii- 
gio r e , cirris defiitutâ , d'A R T E D i, 
qu'en nomme Pieterman à Catwic. 

La Perça Un is utrinque fex tranf- 
verfis nigris , pirmis venir akbus rubris. 

R r r ij 



yoo P O r 

Les Hollandoîs donnent à ce poîflbn le 
nom de Bears. 

La Perça dorfo monopterygio capite 
cavernofo , que les Holiandois nom- 
ment Pofl, 

Le Mugil , ou le Scomber pinnulis 
ffîùnque in extremo dorfo , Jpinâ brevi ad 
ânum. C'eft le Maquereau , que les 
Holiandois nomment Makrel. 

Le Bhnnius capite , dorfoque fufco- 
fiavefcentibus ,Jitttris nigris > pinnâani 
fiava. . 

M. Gronovius obferve que les 
Pêcheurs de Catwic prirent en 1741. 
un poilTon de mer , qu'ils nommèrent 
le PoiJ/on à Pii.ate , Pîfciî PUatus , & 
en 1742.. un autre proche de l'iile de 
Marken , dont le nom leur étoit in- 
connu. . 

Il y a un petit Poijfon, qui venant 
par le lac de Harlem , entre dans le 
Khi'n. Les Pêcheurs l'ont en horreur , 
parcequ'il fait difparoître les autres 
Poijjtiu. M. Gronovius dit que ce 
PoiJJon eft vivipare; que dans un qu'il 
a difTéqué , il a trouvé vingt -deux- 
fœtus bien formés , dont la plus-grande 
partie ont joui de l'air pendant quatre 
heures. 

Entre les-PoiJfons à nageoires molles , 
que M. Gronovius a obfervés , 
font: 

La- Mîir&na unicolor ,.maxillâ infe- 
riore longiore , à' A rtedi, que les 
Holiandois nomment Poling. 

La Mur&na fupremo margine pinn& 
dorfalis nigro. 

h'Anarchieas du même Artedi, 
que. les Pêcheurs de Catwic nomment 
Zèeivoljf: c'eft le Loup marin , . en La- 
tin Lupus marinas. 

Le Gadus dorfo tripterygio , ore im- 
berbi , corpore albo , maxilla Juperiore 
longiore : c'eft le Schelvis des Holian- 
dois - 

Le Gadus dorfo tripterygio, ore cir- 
rato , , colore varia , maxilla Juperiore 
longiore , caudâ aquali;. c'eft l&Bolk. 
desHollandois. 

Ij&^Gadiu.. dorfo. tripterygio ,.<ne cir— 



POt 

rato , corpore albicante , maxilla f tia 
periore longiore , caudâ parum bifidâ. 

Le Gadus dorfo tripterygio , ore cir* 
rato , longitudine ad latitudinem tripla a 
pinna ani primâ officulorum triginta. On 
le nomme à Catwic Zeebaars , Se c'eft 
mal-à-propos qu'on l'appelle Perche 
de mer , dit M. Gronovius. Il eft 
cependant connu fous ce nom dans les 
marchés. 

Le Gadus dorfo tripterygio , ore cir- 
rato caudâ ferè aquali , cum radio 
primo fpir/ojo ;. c'eft le Cabéliau des 
Holiandois. 

Le Gadus dorfo dypttrygio , ore cir- 
rato , maxilla juperiore longiore : c'eft 
le Leng des Hollandoîs. 

Le Gadus dorfo dypterygio , ore cir- 
rato , maxillis aqualibus , en Holian- 
dois Puytaal. 

Le Gadus dorfo tripterygio, ore acit- 
tiffimis dentibus in maxilla ut raque 
munito. Les Holiandois le nomment 
Molenaar. On voit beaucoup de ces 
Peijfons en été. 

Le PleuroneUes oculis & tuberculij. 
fex à dextrâ capitis , lateribut glabris , 
fpina ad anum. 

Le Plemonecles oculis à dextrâ , totus 
glaber , que les Holiandois nomment 
Heibot , Se quelquefois improprement 
Turbot. 

Le Pleuronetles oculis à dextris , li~ 
neâ laterali afpcrâ > fpinulis fupinè ad 
radiées pinnarum , dentibus obtufis. 

Le Pleuronetles oculis à dextrâ, ano- 
ad latut ftnifirum , dentibus acutis , . 
en Holiandois Scbare, 

Le Pleuronetles oblongus f ■ maxillâ 
fuperiore longiore , fquamis utrinqut af- 
peris. 

L' Ammodytes , ou Anguille de fablt r ' 
M. Gronovius dit n'en avoir point 
vu en Hollande; mais il en a reçu de 
Dufburg en Zélande , ou les payfans» 
en labourant le rivage de la mer, er* 
trouvent en quantité. Ils en fonfleur 
nourriture. 

h' F.jhx roflro plagioplateo , que ks 
Hollandoîs nomment Snoek,»- 



P o t 

JJEfix roftro cufpidato » gracili , 
Jubtcretï & fpitbamali. 

UOfinerus radiis pinnœ ani feptem- 
dccim , que les Hollandois nomment 
Spîering. 

La Clupe a maxillâinferiore longiore, 
maculis nigris carens ; c'eil le Poiffon 
connu fous le nom de Hareng. 

La Clupe a apice maxilU juperioris 
bifido, maculis nigris utrinque, 

La Clupea qyiadriuncialïs ,-maxilla 
inferiore longiore , ventre acutijfimo , en 
Hollandois Sprot. 

La Clupea maxillâ fupcriore longiore : 
c'cft ï'Aneh»h. 

Le Cyprinus iride , pinnis ventralibus 
ac ont plerîitnqiie rubmtïbus : c'eft le 
Voom. 

Le Cyprinus , nommé par les Pê- 
cheurs , Rex Cyprinorum , • & en Hol- 
landois Koning Van Voorn. 

Le Cyprinus iride » pinnis omnibus , 
eaudaqiie rubris. Les Hollandois le 
nomment Ruyfvoorn Se Rietvoorn , par- 
cequ'ilfe cache dans les rofeaux. 

Le Cyprinus Rex , nommé en Hol- 
landois VanRuy , qui ne peut être qu'u- 
ne variété de l'autre. 

Le Cyprinus mucofus , totus nigref- 
cens , exttemitate cauds, &qiiali , en 
Hollandois Seelt. 

Le Cyprinus cirris quatuor , ojficulo 
tertio pinnarurn dorfi ac ani uncinulis 
armato , ■ en Hollandois Farper. M. 
Gr o n o v i u s a obfervé plufieurs 
Foijfons de cette efpece. • 

Le Cyprinus , nommé Hamburger , 
dont les écailles font grandes & do- 
rées; ■ 

Le Cyprinus pinnis omnibus nigrefeen-- 
ùbus , pinnà ani ojficulorttm viginti- 
feptem » que les Hollandois nomment 
Bley-, mais dont le véritable nom cft 
Bronjfem , dit M. Grono VIUS, Il y 
a des variétés dans cette efpece. L'Au- 
teur en a obfervé un , qui diffère de 
celui-ci par fes nageoires Se fa queue , 
qui font plus petites , Se parles écailles 
du ventre , qui font plus noires, 

Le Cyprinus qiàncundalis , pfnnâ- ani - 



P O I 



503' 



oficulorum vigimi, en Hollandois Af- 
terling Se EJfeling. 

Le Cyprinus , nommé Koning Van 
Aflirling. On en pêche beaucoup au 
mois d'Août dans le Rhin , proche 
Alphen , où il eft nommé Alpbenaar. ! 

Le Cobitis tota glabra , macule/a,- 
corporefubtereti. 

Et le Cobitis avuleo bifurco- infrà 
utrumque oculum. 

Voilà tous les Foijfons , que dans l'ef-* 
pace de dix-huit mois M. Grono vius 
a difléqués, examinés, dont il a collé la 
peau fardes cartes, ainfi que les nageoi- 
res Se les arêtes , pour lés faire voir aux 
Curieux. Excepté le Squalus , la Raie 
le Fetromyzon , il n'y a point de Poif-* 
fons que l'on pêche dans la mer , les 
étangs Se les ri vieres de Hollande , que 
cet Obfervateur n'ait vus. Ceux qui 
lui reftoient à examiner alors étaient 
le M&derVan Haring, l'Orf, YElf , 
le Harder , le Winden 8e le Meerwal 
des Hollandois. Il a vu un FUuroritUts } 
ou Foifjon plut , qui au côté droit , pro- 
che de la tête avoit une ligne latérale 
courbe, Se au côté gauche une ligne 
droite, depuis la tête jufqu'à la queue, 
Il a eu deifein d'examiner dans la fuite 
avec plus' de loin cette efpece de' 
Foifons. Il y a beaucoup de ces Foifons 3 - 
dont les deferiptions fe trouvent infé-- 
rées dans les Actes d'Upj al dont j'ai pro- ■ 
fité, M.Laurent-Théodore Gro^ 
novius, fils du précédent , a donné 
il y a quelques années un Mujkum' 
IcUbyologuum , petit in-folic , imprimé 
à Leyde. La partie des Foifons , dir-il J,. 
dans fa Préface , eit celle de l'Hiftoire 
Naturelle du Règne Animal qui l' a lè 
plus affeclé. Après avoir étudié les 
anciens ' Auteurs Grecs & Latins v il 
a confulté Rondelet, Gesner 3 

W I L L U G H B I , R A ï , ArTEDI , M, 

LiNNfus & les autres , Se augmer.-* 
tant le Catalogue de ion père des 
Foijfons qui fe trouvent dans le Mu*r 
Jkum de Seb a , réimprimé avec ali- 
mentation à Amfterdam en 1752, il y 
a joint «juelciu es Foifons étrangers, J£J 



50i P O I 

a fuivi la méthode d' A RTEDI, & ïl fe 
flatte avoir mis les genres des Paijfons 
dans un meilleur ordre. L'Ouvrage 
eft partagé en quatre claffes; les claf- 
fes font divifées en genres , & les gen- 
res en efpeces. Il s'eft fervi des noms 
génériques adoptés par A rte di Se 
M. L i n N JE v s , 5c a ajouté quelques 
nouveaux genres. 

Il a, par exemple ajouté à l'ordre 
des Poijjons à nageoires molles les gen- 
res Argentina , Silurus , Solenojlomus , 
Charax Se Afprcdo, noms dont A r- 
t e d t n'a point fait des termes généri- 
ques. M. L i n N M V s met dans l'ordre 
des Poijjons à nageoires épineitjes les 
genres nommés Calycbtbys Se Ajprcdo. 
M. GronoVius les place dans ceux à 
nageoires molles; dans ceux à nageoi- 
res épineufes, les genres Polynemus, 
Myflns Se Hvlocentnts , Se enfin dans 
ceux à nageoires cartilagineufes , le 
genre Calloryncbus. Il y a des efpeces 
de Poijjons, dontARTEDi ne parle pas, 
& que l'on trouve dans le Recueil des 
Poijjons d'Amboine par François 
Val en tin, Auteur peu eftimé 
d'A rtedi , mais dont fait cas M, 
Gronovius. Ces efpeces font 
inférées dans ce nouveau Aiu.Jis.um 
hh'.bjoliigicum. 

Les Naturalises entendent par Pif- 
cis aUpidotus , un PoiJJon qui n'a point 
d'écaiiLs ; 

Par Fijlis catbetoplateiis , imPoiJfon , 
dont h hauteurpcipendiculaireeftplus 
grande que la trau/Verfale ; 

Par Piliis plagv./.ateus , un PoiJJon , 
dont la hauteur ti'aafverlale furpaife 
la 1- au t e u r p s rp end k ulaire ; 

Par Pifcis macrolepidotits , un Poijjbn 
couvert de grandes écailles; 

Par Pijcis murolepidcC:ii , un Pvijjhn 
co'i/ert de petites écailles ; 

Far Pifcis monopterygius , un PoiJJon 
à. une nageoire ; 

• Par Pifcis di Aerygius , un Poijjm à 
deux nageoires ; 

Par Pifcis triçurygius , un Po'.Jfon à 
trois nageoires; 



P O I 

Par pinna, une partie du corps du 
Poijjon, relevée ou pendante , com- 
pofée d'une membrane garnie d'olTelets 
fort durs , foit cartilagineux , foit en 
forme de rayons; 

Par pinna adipofa , une nageoire 
gratte , qui n'a point de rayons carti- 
lagineux ni offeux ; 

Par pinna dorfalis , la nageoire qui 
eft placée fur le dos ; 

Par pinna pettoralis , celle que l'on 
voit de chaque côté , après les ouver- 
tures des ouies , nommée par quelques 
Auteurs nageoire latérale ; 

Par pinna ventrales , les nageoires 
placées an bas du ventre; 

Par pinna. ani , celle que l'on voit 
placée entrel'anus & la queue; 

Par Pinna cauda , celle qui termine 
le corps ; 

Par linea lateralis , une ligne laté- 
rale, que l'on voit fur les côtés de la 
plupart des Poisons, chargée de points 
ou trous , qui va tout le long de cer- 
taines écailles ; 

Par membrana brancbiojlcga , une 
membrane attachée aux opercules des 
ouies, fournie de rayons qui lbnt vi- 
fibles quand ces opercules font élevés. 

On peut voir dans Artedi (Tranf. 
PhiloJ'. §. 180. ) de quel ufage ces 
rayons font pour diftinguer les genres 
de Poijjons. Léevenhoeck a dit des 
Poijjons qu'ils font immortels , ou du 
moins qu'ils ne peuvent mourir de 
vieillcfïe. 11 eft vrai que les Poijjons 
vivent dans un élément uniforme , â 
l'abri des grandes viciftitudes & de 
toutes les injures de l'air , & qu'ils doi- 
vent fe conferver plus long - temps 
dans le même état que les autres ani- 
maux. Si les vicîlfitudes de l'air, com- 
me le prétend le Chancelier Bacon, 
font la principale caufe de la deftruc- 
tion des Etres vivons , il eft certain 
que les Poijjons étant de tous les ani- 
maux c.'iix qui lontles moins expofîs, 
ils doivent durer beaucoup plus que 
les autres; mais ce qui contribue en- 
core à la longueur de leur vie , c'eft 



FOI 

jjue leurs os font d'une fub (lance plus 
molle que ceux des autres animaux. Ils 
ne fe durciffent pas : ils ne changent 
prefque point du tout avec l'âge. Leurs 
arêtes s'allongent, groflllîent 3c pren- 
nent de l'accroiflement , fans prendre 
plus de fblîdité , du moins fenfible- 
ment. 

Les Médecins qui ont écrit fur la 
nature Se la qualité des Poijfons , fur- 
tout de ceux qui font connus fur nos 
tables , difent que le Poiffon en général 
nourrit plus abondamment Se plus fai- 
nement que les herbages , les racines 
Se les fruits; mais il s'en faut beaucoup 
qu'ils puiffent être comparés Li-defius 
à la viande. La chair des Poi/fons eil 
aqueufe ; perfonne n'en doute , dit M. 
A N D R y : elle eft aufli très-huileufe , 
puifqu'on u're de l'huile généralement 
de tous les Poiffbns , Se même en affez 
grande quantité : auffi , félon la re- 
marque d'HiP?0CRATE,le Poiffon , 
de quelque manière qu'on l'apprête , 
eft une nourriture peu fubftancielle. 
Celui de rivière eft fort fain , pourvu 
qu'il foit de quelque rivière rapide , 
comme du Rhône, de la Garonne Se 
de la Loire , Sec. Le Poijfon de Seine 
Se de Saône vaut moins , pareeque ces 
rivières coulent très-lentement ; ce- 
pendant on vante beaucoup les Carpes 
de Saône & de Seine. Les Coiffons qu'on 
prend dans les rivières quî arrofent les 
grandes villes , fout toujours moins 
bons au-deflbus de ces villes, à caufe 
des immondices qui les y attirent Si 
dont ils fe nourrilfent. Le Poiffon de 
mer eft le meilleur de tous, pareeque 
la falure de la mer en corrige l'humi- 
dité. Parmi les Poiffons de mer , les plus 
fains font les fa vailles, c'eft-à-dîre ceux 
qui fe noun-iflent dans les lieux pleins 
de rochers. On eftïme enfuiteceux qui 
habitent le fond delà mer Se on donne 
le dernier rang à ceux qui vivent fur 
les bords , pareeque l'eau où ils font 
eft moins pure. Il y a des PoiJJons de 
Tner quî entrent dans les fleuves Se on 
remarque que lorfqu'ils ont habité 



dans l'eau douce quelque temps, ils 
en font beaucoup plus agréables au 
goût , mais il n'eft pas bien décidé 
qu'ils en foient plus fains. Plufieurs. 
fa vans Médecins prétendent que le 
Poiffon de mer perd beaucoup de fa bon- 
ne qualité dans l'eau douce. On de- 
mande lequel eft le meilleur du Poiffon 
mâle ou du Poiffon femelle. Le mâle 
eft ordinairement préféré à cauib de fea 
laitances , fur-tout parmi les Carpes ; 
mais pour ce qui eft de la délicatedé de 
la chair , les femelles valent mieux 
fur-tout parmiles AnguiiLs. 

Le Poiffon fe mange frit , rôti , ou 
bouilli. Le Poiffon fe frit , foit ay beurre , 
foit à l'huile; au beurre il eft un peu 
difficile à digérer à caufe de la mauvaife 
qualité que le beurre Se l'huile ne man- 
quent pas de contracter par l'action 
du feu , qui les rend toujours acres 
Se brûlans. Le poiiTon rôti , foit fur 
le gril , foit à la broche , n'eft pas fu- 
jet à cet inconvénient Se convient mieux 
à l'eftomac; celui qui eft bouilli ,foir 
à l'étuvée , foit au court bouillon , eft; 
plus propre pour les fantés délicates , 
pourvu que l'afîaifonnement n'y do- 
mine point trop. On fale de certains 
Poi/fons pour les conferver , ou bien 
on ies fait fécher à la fumée ; mais 
cette préparation les rend très-diffi- 
ciles à digérer , 8e ne font bons que 
pour lesperfonnes robuftes , comme le 
iont les gens de campagne , accou- 
tumés aux travaux Se aux exercices 
les plus forts & les plus pénibles. Se- 
lon tous les Médecins , Se fuivant ce 
que difent les Auteurs de la Suite de 
la Matière Médicale , les Poijjons en 
général nourriflent peu Se lê corrom- 
pent très-promptement. Comme ils 
abondent en huile groffiere Se en eau , 
Se qu'ils ont peu de volatil , cela les 
rend moins propres à les convertir 
en notre fubilance. En effet l'aliment 
le plus convenable au co--ps humain , 
eft celui qui renferme des principes 
actifs & volatils , mais tempérés Se 
adoucis par un mélange modéré des 



Jo 4 P O I 

parties. huileufes Se des parties aqueu- 
fes ; en forte que ces principes puiffent 
entretenir en nous la fermentation dou- 
ce & tranquille , qu'excitent les levains 
de l'eftomac , Se qui tend à une parfaite 
Se entière dïgeftïon. Or telle efl: la chair 
de la plupart des Quadrupèdes & des 
Oifeaux qui ferventà notre nourriture , 
mais non pas celle des Poijfons , qui 
étant trop aqueufe & trop huileufe , 
enveloppe Se affaiblit tellement les 
fermens de l'eftomac , qu'ils ne peu- 
vent fournir à une bonne digeftion , 
Se qu'il en réfulte toujours une nour- 
riture peu fubftantîelle Se incapable de 
fournir au corps beaucoup de fuc ni 
beaucoup de force. En un mot le Poijfon 
naturellement froid Se humide ne peut 
produire en nous que des fucs de la 
même nature , c'eft-à-dire des fucs 
aqueux , Se par conféquent peu propres 
à nourrir & à fortifier le corps. Il y 
a cependant desperlbnnes à qui le Poij- 
fon convient mieux , comme celles 
"qui abondent trop en fucs nourriciers , 
Se qui font trop de chy-le Se de fàng. 
il fe trouve même des maladies où 
le Poijfon peut convenir , Se où les Mé- 
decins non-feulement le permettent , 
mais le confeiîlent. Ce font celles où 
les nourritures fucculentes peuvent 
donner lieu à des inflammations. 

On lit dans les Êphémerides des Cu- 
rieux de la Nature , Se dans le Tome 
III. des ColleElions Académiques , page 
ai 8. une Obferv&tion ( c'eft la cent 
quarante-cinquième } par le Docteur 
George S e g e r u s , far le feus 
de l'ouie des Poijfons. Aristote (Hifl. 
Anvm. L.IV.)<(\- paroît point douter 
que les Poijjôns n'entendent, Se Jule- 
jCesab ScAi.iGER.fonfavant Interprète 
dans l'es Notes fur ce paffage , a dé- 
taillé ( art. 7. ) les raifons qu'An is- 
tote en rapporte. Nieremeerg 
( Hifl- Nat. L. III. ) eft de même avis , 
Se il donne pour preuve , que dans 
certains lieux on accoutume les Poif- 
fons de? étangs à accourir au fon d'une 
cloche pour v^nir prendre lçur nour- 



F O ï 

rîture. C'eft ce que j'ai obfcrvé moi- 
même en 1 cîy 9. dit S ec e a u s , en me 
promenant avec quelques perfonnes 
de mes amis dans les beaux jardins 
de l'Archevêque de Saltzbourg, finies 
hors de la Ville de ce nom. Le Jar- 
dinier nous ayant conduit à une pièce 
d'eau parfaitement claire , dont le 
baflin étoit pavé de pierres de diffé- 
rentes couleurs , Se dans lequel nous 
n'apperçumes d'abord aucuns Poijjôns t 
il n'eut pas plutôt fait entendre le fou 
d'une petite cloche , qu'une multitude 
de Truites accourut bientôt de tous 
les coins du réfervoir pour prendre 
ce que le Jardinier leur apportoit, 8c 
aufïi-tôt qu'elles eurent mangé elles 
dilparurent. Le Jardinier nous afïïira 
qu'il en ufoit de même toutes les fois 
qu'il vouloit leur donner à manger. 
Nous étant en effet encore promené 
l'elpace d'une heure , Se nous étant 
retrouvés auprès du réfervoir , nous 
nous donnâmes une féconde fois le 
plaîfir de raffembler toutes ces Truites 
au bruit de la lônnette. 

Mais quoiqu'il y ait lieu de croire 
que les Poiffons entendent , il n'eftpas 
cependant facile de découvrir quel efl 
l'organe dans ces animaux où réfide 
le fens de l'ouïe. Ecoutons fur cela: 
le Pere Kirker. Perfonnc jufqu'i 
préfent , dit-il , n'a apperçu d'organes 
pour l'ouie dans les Poijjôns qui n'ont 
point de poumon ; on ne fait pas en- 
core fi les petits trous que quelques- 
uns ontau-deffus des yeux leur fervent 
à entendre ou à fêntir; mais ce qu'il 
y a de certain , c'eft que plufieurs 
n'ont point abfolument d'oreilles , 
8e il eft confiant que ceux qui font 
privés des yeux lefontauffi des oreilles, 
telles font les Huîtres , les Moules , 
Se les Teftacées à coquilles dures. Car 
quoique dans certaines circonftances ils 
fe refferrent Se fc renferment dans leurs 
coquilles , cela paroît s'opérer moins 
par l'ouïe que parle fentiment du tact 
excité par l'agitation de l'eau. Dans 
les Poijjôns qui relpirent, tels que la. 

Baleine , 



P O I 

Baleine , le Dauphin , Se le Veau ma- 
rin , les oreilles font au contraire ap- 
parentes , quoiqu'il ne foit pas diffi- 
cile de fuivre la route du conduit au- 
ditif extérieur de ces animaux. Les 
foijforts qui vivent dans l'eau fe trou- 
vant dans un milieu trop denfe , & 
peu propre à tranfmettre les fons , ne 
peuvent donc qu'entendre d'une ma- 
nière confufe 8c fort imparfaite , d'au- 
tant plus que la Nature ne leur a pas 
donné un organe auffi délicat que celui 
dont elle a pourvu les animaux qui 
vivent en l'air. M. Klein a donné 
des Obfervations qui ont pour titre : 
De fana & auditu Piftium, 

Parmi les Poijjons de mer , il y en a, 
dit R E D i , qui , comme les Tortues , 
ne jettent point leurs œufs dans l'eau , 
mais qui les dépofentfur le rivage , Se 
les cachent dans le fable ; Se parmi les 
Foïjjhu de mer , qui dépofent leurs œufs 
dans l'eau , il s'en trouve qui ne les 
jettent point dans l'eau faiée , maïs 
qui remontent vers l'eau douce , Se les 
y dépofent. D'autres Poijfofis , qui vi- 
vent ordinairement dans l'eau douce, 
vont dépofer leurs œufs dans la mer. 
C'eft ce que Redi affirme des An- 
guilles , après s'en être afflué par de 
longues Obfervations. Tous les ans 
par les premières pluies , & les pre- 
miers temps fombres du mois d'Août, 
dans les nuits les plus obfcures Se les 
plus nébuleufes , Se félon les Pêcheurs, 
dans un certain temps de la Lune , ces 
Poijfom defeendent en grandes troupes 
Se vont à l'entrée de la mer dépolèr 
ieurs femences , Se peu de temps après 
que les petites Anguilles font éclofes , 
elles remontent dans l'eau douce par 
l'embouchure des fleuves , plutôt ou 
plus tard , félon que la faifon eft plus 
ou moins rude. Leur paffage commence 
ordinairement fur la fin de Janvier , ou 
dans le commencement de Février , 
8c dure jufques vers la fin de Mai , 
non pas tout de fuite , mais à diverfes 
reprifes. Elles montent en fi grande 
troupe qu'en 1 66 y. Redi dit que 
Tome III. 



P O I joj 

des Pêcheurs à qui il enavoit demandé 
en prirent à Pife plus de trois mille 
livres dans l'efpace de cinq heures de 
temps , & fans d'autres inftrumens que 
des filets. Un autre Pêcheur, continue- 
t-il , en prit auffi dans l'Arno à un 
demi-mille de diftance de la mer , à la 
pointe du jour , plus de deux cents li- 
vres , Se elles étoient fi petites , qu'il 
en falloir environ mille pour faire la 
livre de Tofcane , qui eft de douze on- 
ces. Mais toutes ces Anguilles ne font 
pas de la même petitefle lorsqu'elles 
remontent dans l'eau douce : il y en 
a de diverfes longueurs depuis dix li- 
gnes jufqu'à quarante. Les plus petites 
font les plus communes. 

Cardan eft tombé dans l'erreur 
en avançant que la veflie d'air man- 
quoit à l'Anguille , Se il ne s'eft pas 
moins trompé en infirmant que cette 
veflie fe trouvoit dans tous les autres 
Poijjbni. Selon les Obfervations de 
Redi, beaucoup d'efpeces l'ont en 
effet , mais il y a plufieurs efpeces qui 
en font dépourvues. 

On trouve cette veflie dans le Con- 
gre, où elle eft figurée comme dans 
l'Anguille , dans la Murène , dans la 
Vipère , dans le Brochet de mer , dans 
l'Epée de mer, dans l'Ombre , dans 
la Dorade, dans la Lyre de mer ou 
Rondelle , dans la Gavotte. On trouve 
aufli cette même veflie dans toutes les 
efpeces d'Hirondelles Se de Grives de 
mer, dans le Merlan , dans la Don- 
zelle , dans la Sardine , dans la pre- 
mière Aiguille de Rondelet, 
dans l'Aiguille d'A ristote, ou 
féconde Aiguille de Rondelet, 
dans le Merlu , dans le Marmot , 
dans le Barbeau , dans la Rofle ou 
Célerin, dans les Tanches de lac, d& 
rivière 8c de mer : on voit la même 
chofe dans la Carpe , dans la Borde- 
liere , dans le Carpione des Italiens , 
dans la Truite , dans l'Alofe , dans le 
Brochet d'eau douce Se d'eau faiée , 
dans les Poijfons Fers , dans le grand 
Lézard marin , ainfi que dans beaucoup 



jotf P O I 

d'autres , dont l'énumératîonferoit trop 

longue. 

Parmi ceux qui n'ont point cette 
veflie , on y comprend la Lamproie » 
le Surmulet , l'Anchois , le Dragon de 
mer , la Pélamide , la Lunede mer, 
le Pefee-petre des Italiens , qui eft PU- 
ranoîfèope , ou Uranofcopus des Au- 
teurs , le Dauphin , le Mûnier , le 
Cochon de mer , l'Aigle de mer ou 
Chauve-Souris , toutes les efpeces de 
Raies , la Torpille , la Tarerande ou 
Bougnete , la Grenouille Pêcheule , 
le Chien de mer épineux , nommé par 
les Naturalises Galeus fpinax, la Rou- 
fette , le Chien Carcharias , en un mot 
tous les Chiens de mer , le grand Scor- 
pion , le Goujon d'eau douce , & au- 
tres. 

Mais fi certains Poijfons fe trouvent 
munis de cette veflie d'air , tandis que 
d'autres en font totalement dépourvus , 
il y a aufli de grandes différences entre 
ces velues dans différens Poijfons : car 
les unes font compofées d'une feule ca- 
vité ju ventre , comme celles des An- 
guilles , des Congres , des Murènes , 
des Épées de mer , des Truites , des 
Pucelles , des Aiguilles , des Brochets , 
des Grives de mer, des Merlans , des 
Brochets de mer ou Poijjons d'argent , 
des Marmots , des Merlus , des Brèmes 
de mer , Se des Poijjons Fers. 

Dans d'autres Poijfons la vefiie d'air 
a deux cavités ou ventres , comme 
dans le Barbeau , dans le Célerin , dans 
la Tanche d'eau douce ,dans la Carpe , 
dans le Ballerus , & dans l'Hirondelle 
de mer. 

Enfin il y a des veffies d'air qui ont 
trois cavités , comme celles de la Tan- 
che de mer , de la Gavotte , & de la 
Rondelle. 

R e D i rapporte qu'en 1 66j , il trou- 
va dans un Poijfon feulement cette vef- 
fie d'air divifée en quatre cavités : trois 
de ces cavités produifoîent chacune 
un canal, Se ces trois canaux fe réu- 
nilToient en un feul , qui alloit s'infé- 
rer à l'entrée de l'eilomac. Les Pê- 



P O I 

cheurs Italiens nomment ce poiflbn 
Poijfon doré. Voyez plus bas POISSON 
DORÉ. 

Gauthier Néedam , dans 
fbn Traité de formato fœtu , avance 
que dans les Poijfons qui ont les mâ- 
choires armées de dents , la veflie d'air 
n'a qu'une feule cavité, qu'au contraire 
dans les Poijfons qui n'ont point de dents 
aux mâchoires , cette vefiie eft divifée 
en deux cavités ou ventres. IleftbieB 
vrai que la Tanche , la Carpe , la Bor- 
deiiere , le Célerin , le Barbeau , Se 
d'autres Poijfons femblables , dont les 
dents ne font point enracinées dans les 
mâchoires , maïs fituées dans la voûte 
charnue du Palais, ou dans de petits os 
placés à l'entrée de l'œfophage , ont 
la veflie d'air à double cavité. 

Mais parmi les Poijfons , dont les 
mâchoires font armées de dents , il s'en 
trouve aufli qui ont la veflîe à double 
cavité , comme on le peut voir dans 
l'Hirondelle de mer , qui a les mâ- 
choires munies de deux rangs de dents. 
Au contraire dans l'Alofe la veflîe d'air 
n'a qu'une feule cavité , quoique ce 
Poijjon n'ait point de dents aux mâ- 
choires , ni dans toute l'étendue du 
palais , & des parties voîfines de l'en- 
trée de l'ociophage , ni enfin point du 
tout , à moins qu'on ne veuille donner 
le nom de dents à certaines petites 
inégalités en forme de feie, que l'œil 
apperçoit à peine , mais que l'on fent 
au tact à l'extrémité des lèvres fupé- 
rieures de ce Poijfon. Dans le Poijfon 
Fers , nommé Perjo en Italien, la veflie 
d'air eft auflî compofée d'une feule ca- 
vité ; cependant ce PoiJJon a les mâchoi- 
res liiTes & fans dents; mais il a l'ex- 
trémité des lèvres fupérieures toute 
parfemée de dents très-petites & très- 
fines : il a aufli trois rangs de dents 
femblables dans le milieu du palais, 
&: d'autres encore vers le fond du 
palais : de plus , toute la partie des 
ouics laquelle fe trouve tournée du côté 
du palais eft rude au toucher , parce- 
cju'elle eft auffi parfemée de dents très- 



P O 1 

petites , S; près de l'entrée de l'œfo- 
phage il fe trouve deux petits os 
rudes Se dentelés de figure rhomboï- 
dale , & allez femblables à ceux qu'on 
voit dans les Tanches. 

L'épaiflTeur des tuniques des veffies 
d'air varie dans les différentes efpeces 
de Poifons. Il y a de ces veffies qui 
{ont fi fort attachées au dos qu'on ne 
peut les en féparer entièrement fans 
les déchirer en morceaux ; d'autres 
n'ontprefque aucuneadhérence, Quel- 
ques-unes font prefque entierementea- 
chées fous les vifeeres ; de forte qu'on 
ne les appercoit pas aufïi-tôt que le 
Poijfon eft ouvert , comme cela fe trou- 
ve dans les Anguilles , dans les Con- 
gres , dans les Merlus , dans les Sphî- 
renes ou Poijfons d'argent. Ces derniers 
ont la veffie d'air placée dans une ca- 
vité particulière formée par les côtes, 
laquelle renferme uniquement cette 
veffie & les reins , Se les fépare des 
autres parties internes ; de forte qu'en 
ouvrant un Poijfon d'argent on jugeroit 
qu'il n'a point de veflïe d'air , fi l'on 
s'en tenoit au premier coup d'œil , & 
qu'on ne cherchât point à pénétrer plus 
avant à l'aide du fcalpel. Cependant 
cette veffie-- ..1: fort grande ; car dans 
un Poiffon d'argent du poids d'une li- 
vre Se demie , Se long de deux brafTes Se 
trois quarts depuis l'extrémité pointue 
du grouin jufqu'à celle de la queue , la 
veffie d'air avoit deux tiers debraffe 
de longueur , Se il fe trouvoît au-de- 
dans un long amas de corps rouges 
Se charnus , parfaitement femblables à 
deux corps rouges , qui font dans la 
veffie d'air des Anguilles , à l'entrée 
du canal qui part de cette veffie , 5c 
qui va s'inférer dans l'ccfophage tout 
près de l'eftomac. 

Jean-Alphonse Borelli, 
dans fon Ouvrage où il eft traité du 
mouvement des Animaux ( Part- I. 
Prop. 2ii. ) , affure que dans tous 
les Poijfons, le canal par où la veffie 
reçoit Se rend l'air , va conftamment 
en fortant de cette veffie s'inférer au 



POT <fo7 

fond de l'eftomac. R e d r dit n'avoir 
trouvé qu'une feule efpece de Poïjjbns , 
qui eft celle des Alofes , dans laquelle 
Ce canal s'infere au fond de l'efto- 
mac. Il aboutit dans les autres efpeces 
de Poijfons , ou à l'cefophage , ou à 
l'entrée de l'eftomac , ou dans le mi- 
lieu de fa longueur. Ce canal n'eft pas 
également apparent dans toutes les 
efpeces ; car fi on l'apperçoit aifément 
au premier coup d'œil dans les Poif- 
Jons d'eau douce , il y a beaucoup 5e 
Poijfons de mer, où ii eft très-difficile 
à trouver, Se où il le faut chercher 
avec beaucoup d'attention Se de pa- 
tience : cela eft môme au point que 
l'Obfervateur ci-deffus cité , avoue 
l'avoir cherché bien des fois inutile- 
ment , quoiqu'il foit très-probable , 
ou plutôt très-certain qu'il y étoit , 
Se qu'il n'a échappé à fes recherches 
que parcequ'elles n'ont pas été affez 
exactes Se affez confiantes. Telles font 
les remarques de Re d i fur la veffie 
d'air qui fe trouve dans les Poijfons , 
tirées du Tome IV. des Colleilions Aca- 
démiques ,p, 530. & fitiv. où l'on trou- 
ve la defeription de la veffie d'air qui 
fe trouve dans l'Anguille , contre le 
fentiment de Cardan. 

Perfonne n'ignore , & c'eft un fait 
confiant , qu'il y a des animaux qui 
fécondent leurs femelles fans un véri- 
table accouplement, comme on le re- 
marque dans les Poijfons , dans les Mou- 
ches Ephémères , Sec. Dans toutes les 
efpeces de Poijfons ,( les vivipares ex- 
ceptés), dès que la femelle a pondu 
des œufs dans i'eau , le mâle ne fait 
que les arrofer de fa laite pour les 
féconder, Se l'eau fert aux Poijfons de 
milieu par où la vertu vivifiante de la 
liqueur féminale fe communique au* 
œufs. La même chofe s'obferye dans 
la Mouche Éphémère \ la femelle vo- 
lant fur la furface de l'eau , y laifTe 
tomber fes œufs , Se le mâle les va 
chercher pour les arrofer de fa liqueur 
laîteufe Se pour les féconder. 

Les Poijjms , félon Scheffer, 
S f f ij 



jo8 P O i 

meurent fous la glace , fi on ne la 
rompt pas , mais plutôt dans les étangs 
& dans les petits lacs, enfuite dans 
les lacs , dont la glace eft épaiffe ; car 
lorfqu'elle eft mince les Poijfons y ré- 
fiftent , & lorfque le fond eft une terre 
grade Se argilleufe , ils n'y meurent 
pas fi-tôt que dans les autres. Mais, 
cet Auteur ajoute , que dans les grands 
lacs , la glace fe cafte ordinairement 
dans les plus grands froids , foit par 
la force des vagues, foit par l'effort 
des vapeurs renfermées, que leur agi- 
tation tait élever , & qui éclatent alors 
avec impétuofité , ce qui fait qu'il ar- 
rive rarement qu'on trouve du Poif- 
jbn mort dans ces lacs. 

R eu 1 parle d'un Poijfon qu'on peut 
rapporter , dit-il , à l'efpece des Sphi- 
reats. C'eft un Poijjon de mer , auquel 
les Pêcheurs de Livourne ont donné 
le nom de Poijjon d'argent, pareequ'il 
a la peau lîffe fans aucune écaille , & 
de couleur d'argent tirant fur le bUu, 
Ce Naturalifte nous apprend en avoir 
obfervé un qui pefoit huit livres , Se 
qui étoit long d'environ deux brafl-S 
Se trois quarts, & un autre plus grand 
encore qui pefoit dix livres , Se qui 
avoit de longueur trois brafTes Se un 
huitième. C'eft dans un Poijjon de cette 
efpece, du poids de huit livres Se de- 
mie , Se long de deux braffes Se trois 
quarts depuis l'extrémité pointue du 
grouin jufqu'à celle de la queue , que 
Red 1 , comme je l'ai rapporté plus 
haut , a trouvé une veffie d'air de deux 
tiers de bra'fe de longueur. Stenon, 
en parlant de ce Paijfàn ( Alt. de Cop- 
penb. an. 10*73. G//. 89.), rapporte 
qu'un feul des yeux de ce Poijjon , 
qu'il a obf rvé , furpafToit le cerveau 
en groffeurdans la raifbn de dix-neuf 
à vingt. L'abdomen fe divifoit en deux 
câviteS 5 celle qui étoit près de l'épine 
du dos contenoît les reins & une lon- 
gue vefTie pleine d'air , qui ren r ermoit 
PJu-fieurs corps femblables à ceux que 
l'on voit dans la véficule de l'air des 
Anguilles. On trouvo.it dans l'autre 



P O I 

Cavité i l'eftomac , la rate , Se deux 
corps oblongs de couleur blanchâtre , 
qui avoient intérieurement une cavité 
fort apparente. Cette cavité aboutif- 
foit par une ouverture dans le rectum. 
Stehon a obfervé dans l'abdomen 
de ce Poijfon près de l'extrémité du 
rectum > piufieurs petits animaux a(Tez. 
femblables aux Coquillages décrits par 
Fabius Columna, fous le nom 
de Comhylia Hyantina , fi ce n'eil 
qu'ils n'avoient point de coquilles, 
lt e d 1 nous apprend que c'eft en 1666. 
que S tenon a fait cette obfervation 
chez lui à Livourne.tandis que la Cour 
du Grand Duc étoit en cette Ville. 
Quoique R E D 1 dife que ce Poijjon fe 
rapporte à l'efpece des Sphirenes , 
qui font des Poijjonsà nageoires molles, 
ce n'eft pas certainement le PiJ'eiculut 
Ramœ dictas Argentins , dont fait men- 
tion Rondelet, ainfi que Ray 
Se B e L o n , Sa dont j'ai parlé au mot 
H AU TIN, d'après ces Naturalises, 
puifque les Auteurs des CoUeilions 
Académiques , marquent que ce peut 
être le Maquereau bâtard ou Saur et 
de G e s N e R , poiffon mis par A r- 
T E d 1 dans l'ordre des Poijjons a na- 
geoires épineufes , inter £ifeej acan- 
tbopterygios. 

il eft parlé dans les Tranj "alitons 
Philofopbiûuej , Se dans le Tome II. des 
Collections Académiques , p. 239. d'un 
Poijjon extraordinaire , appellé Pifcis 
Echino-fteiiaris , Urfiformis » dont le 
corps , comme l'a remarqué M. Hook, 
refiemble à un Ourfin , fes principales 
branches à une étoile , Se leurs divi- 
fions à la plante qu'on nomme Gui. 
C'eft le Stella àrborefeem de Ron- 
DELET,p. 121. Ua été décrit après 
lui par piufieurs autres Naturalift.es. 
L'Gbfervateur Anglois dit que ce- 
Poijjon étend de lui-même d'une racine 
qui entoure fa bouche placée au mi- 
lieu, cinq bras ou branches principales, 
chacune defquelles fe divife précifé- 
ment à la fortie du corps en deux au- 
tres. Chacune de ces dix branches, fe 



P O I 

fubdîvife en deux parties , qui For- 
nient vingt branches plus petites. Ces 
vingt branches fe divifenten quarante 
autres , & fuïvant cette progeffion en 
quatre-vingts , en cent foixante , jus- 
qu'à quatre-vingt-un mille neuf cents 
vingt, après Iefquelles on ne peut pas 
tracer l'expanfion du Poijjon , quoi- 
qu'il y ait apparence que chacun de 
ces quatre-vingt-un mille neuf cents 
vingt fils , qui paroiffent terminer ces 
branches , fe lêroient trouvés encore 
divilés , fi on eût pu les examiner pen- 
dant que l'animal étoit encore en vie. 
Les branches qui font entre les join- 
tures ne font pas de la même lon- 
gueur , quoiqu'il y ait peu de diffé- 
rence dans la plupart ; mais celles qui 
font du côté où eft placée la jointure 
précédente , font toujours d'un quart 
ou d'un cinquième plus longues que 
celles de l'autre côté. Chacune de ces 
branches paroît avoir depuis la bou- 
che jufqu'au plus petit filet qui les 
termine un double rang de pores. Le 
corps du Poijjon eft de l'autre côté , 
Se il reiïemble à un Ourfin divifé en 
trois côtes , qui paroiffent être foute- 
nues chacune par deux côtes offeufes. 
Voyez la fig. i. Flanche VI, du Tome 
IL des Collections Académiques. 

Dans le même Ouvrage (p. 41 2. ) , 
on lit l'extrait d'une Lettre écrite à 
l'Auteur des l'ranfaciions Fhilojbpbi- 
ques , fur des Foijjons de la Nouvelle 
Providence, l'une des Illcs de Bahama, 
qui empoifonnent ceux qui en man- 
gent. La plus grande partie des Poif- 
fons de ces pays-ci , dit l'Auteur de 
cette Lettre , font autant de poifons ; 
car ils occafiennent de très -grandes 
douleurs aux jointures de ceux qui en 
mangent ; douleurs qui durent quel- 
que temps , Se qui fe terminent enfin 
par une démangeaifon de deux ou trois 
jou r .s. Parmi les Foijjons de la même 
efpece , de la même figure , Se de la 
même groffeur , il y en a qui empoi- 
fonnent , 8c d'autres qui ne font pas le 
moindre mal , & les Foijjons qui en 



P O I 50? 

font , ne font pas le même effet fut 
tous ceux qui en font ufage. Je n'ai 
pas oi.ii dire , continue le même Au- 
teur , qu'ils eufTent caufé la mort à 
perfonne. Les Chiens Se les Chats 
mangent ordinairement ce qui refte. 
Les perfonnes qui ont été une fois 
incommodées pour en avoir mangé , 
tentent renouvelier leurs douleurs cha- 
que fois qu'ils en mangent , quand 
même ce feroit de ceux qui font les 
moins malfaifans. 

M. L 1 n n m v s parle d'un petit 
Poijjon Chinois , nommé Foijfon d'or 
ou d'argent , en Latin Cyprinus pinnâ 
ani dupiieï. En voici la defeription ti- 
rée du Journal Étranger du mois d'Août 
1754. p. 1J2. 

■ L'Académie de Stocko'm , dit le 
favant Académicien Se Naturalsfte 
étranger , n'eût pas plutôt reçu un 
Foijfon de cette efpece , qu'elle me 
chargea de l'examiner avec attention , 
Se de le décrire avec autant d'exac- 
titude qu'il feroit poffible. Je com- 
mençai donc par le difféquer Se par en 
faire deffiner les parties auxquelles on 
doit principalement faire attention dans 
l'hiftoire d'un Poijjon, 

Son corps reffemble à une Able , ou 
à une petite Brème : il pefe environ 
trois gros. Sa longueur , fans y com- 
prendre la queue , eft de !a largeur 
de quatre doigts ; fa largeur eft de 
celle d'un doigt 5c demi. 

Sa groffe tête eft affez plate par 
en haut. Se toute unie Se fans piquans 
aux ouies. 

Sa bouche eft obtufe Se fans dent?. 
Les parties fupérieure Se inférieure 
font de la même longueur; cependant 
le Poijjon ayant la bouche ouverte , 
l'inférieure paroît un peu plus lon- 
gue. 

Les narines font remarquables , car 
elles font doubles ou deux à deux 
Se font divifées par une petite lame , 
de façon que les narines extérieures 
font rondes Se ouvertes des deux cô- 
tés de la tête , Se que les intérieures 



5io P O I 

font à moitié fermées ; l'os nafal , quï 
d'ailleurs eft droit , fe repliant fur ce 
trou. 

Ses yeux , qui renferment des cryf- 
tallins exactement fphériques , font 
grands , ronds , élevés des deux côtés 
de la tête , Se plus bas que les na- 
rines. 

Les ouies font de chaque côté qua- 
druples Scàfilamens doubles: la mem- 
brane qui couvre les ouies renferme 
trois os courbés , finueux & minces. 

Le dos s'élève tant foit peu der- 
rière la tête , Se eft un peu comprimé. 

Le ventre eft plus large , plus gros , 
plus rond , & plus long même que le 
dos : il eft plat entre les nageoires de 
la poitrine, Se les antérieures du ventre; 
rond entre celles-ci & les poftérieures , 
Se échancré entre les poftérieures du 
ventre Se la queue. 

La ligne latérale , dirigée plus vers 
le dos que vers le ventre , defeend 
un peu en bas , Se remonte enfuïte. 
Les écailles font grandes , obtufes , 
rangées les unes fur les autres fans 
être difpofées par bandes ou par lignes 
droites. 

Ce PoiJJon a huit nageoires , une au. 
dos , deux à la poitrine j autant à la 
partie antérieure du ventre , autant à 
la poftérieure, Se la dernière enfin à la 
queue. 

La première de ces nageoires s'étend 
depuis le milieu du dos prefque juf- 
.qu'à la queue , & eft , pour ainfi dire , 
coupée à fon extrémité. Elle eft com- 
pofée de dix-huit rayons , dont le pre- 
mier eft le plus petit , féparé des au- 
tres Se pointu ; le fécond eft trois fois 
plus roide , plus pomtu , Se plus pî- 
.quant ; les autres encore un peu plus 
longs que celuï-ci , font égaux , pïians 
Se divîfés aux extrémités. 

Chaque nageoire de la poitrine con- 
fifte en feize rayons plians, dont le fé- 
cond, le troifieme Se le quatrième font 
les plus longs : le premier eft plus 
coure , Se ceux qui fui vent le quatriè- 
me vont en diminuant de longueur. 



P O I 

Les nageoires antérieures du ventre 
font compofées chacune de neuf rayons 
plians Se divîfés vers leurs extrémités , 
dont le premier eft le plus court, le fé- 
cond Se le troifieme font les plus longs , 
Se les autres vont en s'accourciiTant. 

Les nageoires poftérieures du ventre 
font comme les antérieures , Se celles 
de la poitrine, rangées l'une à côté de 
l'autre , mais elles font un peu plus 
courtes que celles-là. Chacune eft com- 
pofée de huit rayons , dont le premier 
eft pointu , Se en même temps le plus 
petit ; le fécond eft pointu , roide , 
piquant , Se trois fois plus long ; le troi- 
fieme , le quatrième , Se le cinquième» 
font d'égale longueur , plus longs que 
les autres , Se font divilës en plians. 

La nageoire de la queue eft la plus 
grande de toutes, longue de la largeu^ 
d'un doigt , deux fois plus large Se e» 
forme dg trident, ou avec deux filman- 
tes : cette nageoire eft repliée des deux 
côtés, comme la queue d'une Poule, 
Se le Poijfon peut la lever de la ma- 
nière que le Coq d J Ifide levé fa queue 
lorfqu'il eft irrité. Quand elle eft levée 
on voit que l'extrémité du corps où la 
queue eft attachée eft concave , ce- 
pendant fans ouverture Se large , 
Se que par en haut il fe trouve dans 
le milieu une efpece de quille. Cette 
nageoire eft compofée de trente-fept 
rayons , qui tous font plians Se divîfés 
vers leurs extrémités, excepté le dix- 
neuvieme , ou celui du milieu , qui 
n'eft point divifé. Des deux côtés de 
la queue , il y a dans la nageoire deux 
rayons minces Se courts qui fervent à 
l'étayer. Chaque c«in de la queue eft 
obtus ; mais celui du milieu eft tant 
foie peu échancré , car le dix-neuvie- 
me rayon , qui fait qu'il fe forme une 
efpece de quille au haut de la queue » 
eft un peu plus court que les rayons 
latéraux. 

Les arêtes coftales font au nombre 
de douze paires. 

La veflie eft double comme dans les 
Ables , dans les Brèmes , Se dans les 



P O I 

autres Poijfons de ce genre , quî ont 
la partie antérieure Je la veffie plus 
petite que la poftérieure » Se un peu ' 
écrafée à l'extrémité. 

Le boyau eft de la longueur du 
Poijfon , plié en trois , lequel eft cou- 
vert de graifTe. 

Ce Poijjon a trois dents , qui font 
grandes , fortes , & placées précifé- 
jnent à l'endroit delà tête où le boyau 
commence ; favoir, deux aux côtés , 
& une troifieme , plus pointue que 
îes autres , contre le dos. Au refte on 
ne lui trouve point de dents ailleurs, 
ni aux nageoires, ni à la langue ni au 
palais. 

Une quantité de frai entouroît le 
boyau du Poijjun que j'ai dillequé ; par 
conféquent il étoit femelle. 

Lorfque je reçus ce Poijfon, fa cou- 
leur étoit d'un blanc terne ; car on 
l'a voit mis dans de l'elprit de vin. 

On voit que ce Poijfon eft , comme 
je l'ai défini , une vraie efpece de Cy- 
prinm , c'eft-à-dire du genre des Car- 
pes. 

i°. Par les trois arêtes renfermées 
dans la membrane qui couvre les 
ouïes. 

2°, Par les dents qui fe trouvent 
dans le gofier, 8c non dans la bouche. 

3°, Par la veflie divifée en deux par- 
ties inégales. 

4°. Par l'os nafal , quî dans tout ce 
genre de Cyprinus refïcmble à un pied 
de Vache. 

j°. Par la figure extérieure , en La- 
tin Faciès externa. Comparez ce ca- 
ractère avec les genres d'A riedi, 
à la page 2. 

Ce genre de Poijfon eft le plus éten- 
du de tous , & notre Ariedi, qui 
n'a pas encore eu fon fëmblable en 
Ichthyologie, en compte jufqu'd trente- 
trois efpeces. La quantité des efpeces 
du même genre fait qu'on ne peut pas 
aifément les diftinguer par des noms. 
L'Auteur , que je viens de citer , a 
trouvé que dans celui dont nous par- 
ions , la Nature a mis les caractères 



qui peuvent fervir à diftinguer plus 
facilement les efpeces de ce Poijfon 
dans les nageoires poftérieures du ven- 
tre. Aucun Poijfon ne confirme cette 
idée plus que celui que je décris , 
qui a une paire de nageoires pofté- 
rieures, tandis que tous les autres n'en 
ont qu'une; de forte que les principaux 
caractères qui peuvent le faire recon** 
noître font : 

i*. Une double nageoire poftérieure 
à côté du ventre. 

2°. Une nageoire i la queue , fen- 
due en trois , ou en forme de tri- 
dent. 

3°. Une queue qui n'eft ni horî- 
&ntale , comme dans les Plagiures 
ou Cétacées , ni perpendiculaire , com- 
me dans les autres Poijfons , mais- re-r 
pliée des deux côtés. 

C'eft de-là que je tire le nom fpé- 
cifique du premier caractère , pinna uni 
duplex , qui eft le principal , le plus 
fingulier, le plus effentiel à ce genre» 
& en même temps le plus infaillible j- 
en fuite celui de pinna cauâ& trifurcs, , 
qui eft le plus facile à reconnoître, Se 
qui ne peut échapper à perfonne , mê- 
me dans les defleins Se peintures. Je 
conviens qu'il femble qu'un feul de 
ces caractères pourrait fuffire pour 
diftinguer ce Poijfon de tous les autres 
du monde ; mais je crains pourtant que 
tous les Poijfons des Indes Orientales 
décrits par Va le NT i n , venant à 
être oubliés , il n'y en eût quelqu'un à 
qui ce caractère ne convînt, j'ai cru 
devoir réunir les deux caractères , Se 
définir ce Poijjon d'or , Cyprinus pin* 
nk uni dupiici , caudâ trifurcà. 

M. Linnjîus dit que les princi- 
paux Auteurs qui ont parlé de ce Poif 
fon, font entr'autres Louis le Com- 
te , dans fes Mémoires fur Pétat pré- 
fent de la Chine , à la page 107.' le P. 
DU H a l d e , dans la Defcripiion de 
l'Empire de la Chine , Tome I. p, 3 6. & 
Tome II. p. 1400. Se Valent ir, 
dans fa Defcriptio Amboin» , Terne IIL 
p, 510, 



L'Ûbfervateur ajoute qu'il lui a don- 
né des noms Suédois femblables à ceux 
que lui donnent les autres Nations. 
11 eft appellé en François Foijfon d'or , 
ou Poijfon d'argent s en Hollandois 
Hond-Vifch , ou Ziluervicb ; en Sué- 
dois Gull - lisk , ou SUf werfiskj, s en 
Chinois , Kin-Ya. 

On prétend que le lieu natal de ce 
Foijfon eft un petit lac fitué dans la 
Province de Lhe-Kiang , fous le tren- 
tième degré vingt-trois minutes de 
hauteur , aux environs d'une monta- 
gne appellée Tfien-Kïng , Se peu éloi- 
gnée de la Ville de Tchanghou : mais 
il fe peut fort bien qu'il fe trouve en- 
core en d'autres lieux , Se Valen- 
T i N dit même qu'il en vient du Ja- 
pon. 

La couleur eft ce qui rend ce Foif- 
Ton principalement remarquable , Se 
Va lent in j qui eft l'Auteur qui a 
vu le plus de Poijfons > dit lui-même 
que c'eft le plus beau de tous. 

Dans le mâle la moitié du corps eft 
d'un rouge éclatant du côté de la 
tête , Se celle du côté de la queue eft 
dorée , ou comme femée d'un fable 
d'or, & cette couleur d'or eft fi brû- 
lante , qu'il n'y a point de dorure q ul 
foit comparable à la beauté de notre 
Poijjbn. 

Le corps de la femelle eft pour la 
plus grande partie blanc , mais la moi- 
tié du côté de la queue eft argentée „ 
de la même manière que le mâle eft 
doré, 

Cependant il y a auffi des Poijfoni 
qui font blancs Se noirs, avec des points 
d'or Se d'argent, Se les Chinois , qui 
les emportent dans les autres pays des 
Indes Orientales , diftînguent l'un de 
F autre , en ce que les femelles ont 
quelques taches noires A côté des yeux 
8c du nez , au-lieu que les mâles ont 
des taches fort claires aux mêmes en- 
droits. 

La grande beauté de ces Feiffom eft 
caufe que preique dans la plus gran- 
de partie des Indes Orientales , on en 



P O I 

nourrît chez les Princes Se les grands 
Seigneurs , ou dans des petits étangs 
faits exprès , ou dans de grands vaif- 
feaux de porcelaine plus profonds que 
larges. 

Ces Poijfons étant fort petits deman- 
dent beaucoup de foin : il faut les 
changer d'eau deux ou trois fois par 
femaine , & laitier cette eau pendant 
quelques heures dans le réfervoir ou 
le vaifleau , avant que de les y mettre. 
Comme on prétend qu'en les tou- 
chant avec les mains ils ne profitent 
pas bien , il faut , pour les tranfrnettre 
d'un vailfeau à l'autre , fe fervir d'une 
truble faite exprès : on doit avoir foin 
que l'eau où ils fe trouvent ne fegele 
pas en hiver, mais il n'eft point nécef- 
faire que la chambre où on les tient 
foit fort chaude. 

Ces Posons ne peuvent pas fup- 
porter un grand bruit ; une agitation 
forte des vaiiTeaux où ils fe trouvent , 
des coups d'armes à feu & de ton- 
nerre , ainfi que des orages , Se de la 
fumée de poix ou de godron , font 
toutes choies qui leur font mortelles, 
comme il a été dit ailleurs. Ils aiment 
beaucoup à être à l'ombre , Se on met 
des herbes dans leur eau , afin qu'ils 
puifTent fe cacher deffous. 

Ordinairement on les nourrit avec 
des oublies trempées un peu dans l'eau, 
des jaunes d'œufs, de la pâte, & du 
Porc maigre féché au foleil Se pulvé- 
rifé après • on l eU r jette encore des 
petits Limaçons dans l'eau , parce- 
qu'on croit que la mucofité qu'ils ren- 
dent ^ eft l eur meilleure nourriture; 
mais il faut bien fe garder de leur don- 
ner plus qu'ils ne peuvent manger : 
autTi-tôt qu'ils ont faim, ils montent à 
la furf aC e de l'eau. On dit qu'en hi- 
ver , il s ne prennent point de nourri- 
ture pendant que le froid dure , & 
qu'à Péking on fait l'expérience de ne 
leur point donner à manger , du moins 
pendant trois ou quatre mois de la rude 
faifon. 

Comme ils apprennent à connoître 

les 



FOI 

les performes qui les nourrîfïefif , Se 
qu'ils montent i la furface de l'eau-,, 
auffi-tôt qu'ils les entendent venir; les 
grands Seigneurs fe font ordinaire- 
ment un plaifir de leur donner eux- 
mêmes à manger. Afin de les accoutu- 
mer plus facilement à monter à la 
furface de l'eau aufii fouvent qu'on le 
fouhaite , on attache , au vaifleau un 
petit fifflet , avec lequel on leur donne 
le lignai, quand on leur veut donner 
leur nourriture-, afin que par la fuite 
on puifTe les appeller , quand on le 
juge à. propos pour les voir jouer ; ce 
qu'ils font avec beaucoup de gayeté,, 
de vîteife , Se d'une manière très* 
amufante. 

Au mois de Mai , ces Foijj'ons com- 
mencent à frayer ; on met alors dans 
leur eau des herbes fraîches , où le 
fray s'attache. Lorfqu'ils ont frayé., on 
les change de vaiffeau,, Se l'on expofe 
celui qui contient le fray , pendant 
trois ou quatre jours au foleil , après 
quoi on continue de laîflër le fray 
dans la même eau , pendant quarante 
,ou cinquante jours , au bout defquels 
paroiïïentles petits Poijfons,i{vù d'abord 
font tout noirs , jufqu'à ce qu'enfin les 
couleurs brillantes commencent à fe 
montrer à la queue. 

Dans ces vaiffeaux de porcelaine ., 
dont j'ai parlé , ils ne laiffent pas que 
de fe multiplier confidérablement.: ils 
réunifient encore beaucoup mieux dans 
les étangs. 

Quand ces Poijfons meurent , Se qu'ils 
font mis dans de i'efprit de vin, leurs 
couleurs d'or Se d'argent dr'fparoif- 
fent , mais quand ils font féchés , ils 
la confervent jufqu'à un certain point; 
au refte on peut les voir repréfentés 
avec leurs couleurs naturelles fur la 
plupart des vaifTeaux de porcelaine de 
la Chine. Or quand on fait que la 
Nature produit en Afie , dans cette 
efpece de Çypriuuj » des Poijfons dorés 
& argentés, Se en Afrique des arbres 
dorés Se argentés , on conçoit aifé- 
Rient à quoi fe doivent réduire les ré- 
Terne 11L 



TOI sa| 

cîts que les Mariniers font des Poijfons 
d'or & d'argent , ainfi que des oifeaux 
de ces couleurs dont.parlent les Voya- 
geurs. On trouve la figure de ces Poif- 
j'ons dans le Journal Étranger du mois 
d'Aoât ly^, tirée de la Fauna Sue- 
cica de M. Linns us. 

R e d i fait auifi mention de Poif- 
Joni de couleur d'or , marquetés de 
petites taches rouges. Ce Naturalifte 
rapporte qu'en i66j. il trouva dans 
cette efpece de Poijfon feulement, la 
veflîe d'air divifée en quatre cavités; 
trois de ces cavités produifoient cha- 
cune un canal , Se ces trois canaux fe 
réunifibient en un feul , qui alloit s'in- 
férer à l'entrée de l'eftomac. Aucun 
Pêcheur ne put lui dire ce que c'étoit 
que ce Poijfon , Se même tous ceux de 
Livourne Se de la rivière de Provence 
avouoient qu'ils n'en avoient jamais 
vu de femblable. Comme ces Poijfons 
étoient de couleur d'or Se marquetés 
de petites taches rouges , ainfi qu'on 
vient de le dire , les Pêcheurs de ces 
endroits les appelloient FoiJJons dorés , 
Se croyoïent qu'on pouvoit les rap- 
porter à l'efpece des Grives de mer: 
mais en les obfervant avec attention » 
on reconnoifibît qu'ils en différaient 
beaucoup ; d'ailleurs ils n'ont pas dans 
la bouche une feule dent, au-lieu que 
la Grive de mer a non-feulement qua- 
rante dents très-aigues dans les mâ- 
choires , mais encore plus de foixante 
autres dents autour de l'œfophage ; 
on ne voit pas non plus d'inteitina 
caecums, ou de conduits pancréatiques, 
fortir de l'inteitin duodénum de la Gri- 
ve de mer , au-lieu que dans ces Foif- 
fons dorés , on trouve quatre cœcums 
de grandeurs inégales , Se difpofés par 
ordre , fuivant leurs différentes gran- 
deurs. C'eft ainfi que Jlx d i parle de- 
ce Poijfon. 

Selon YHiftoire Générale des Voya- 
ges, T&meVl, L, IL p. 495. la Chine 
offre une .prodigieufe abondance de 
PoiJl'ons, Les rivières , les lacs , les 
étangs Se les canaux mêmes en font 
T 1 1 



5î4 FOI 

remplis. Ils fourmillent jufques dans 
les folles qu'on creufe au milieu des 
champs, pour conferver l'eau qui fert 
à la production du Riz, Ces fofles font 
remplis de fray ou d'oeufs de Poijjons, 
dont les Propriétaires des champs ti- 
rent un profit confidérable. On voit 
tous les ans fur la grande rivière de 
\ a:ig-Tfe-Kyang , à peu de diftance 
de Kyen-King-Fu » dans la Province 
de Kyang-Si , un nombre furprenant 
de barques , qui fe raffemblent pour 
acheter le fray. Vers le mois de Mai , 
les habîtans du pays bouchent la riviè- 
re en phifieurs endroits, dansl'efpace 
de neuf ou dix lieues , avec des nattes 
ou des claies , qui ne laiflênt d'ouver- 
ture que pour le pafTage d'une barque , 
afin d'arrêter le fray , qu'ils favent 
ciftinguer au premier coup d'oeil , 
quoique l'eau n'en foit prefque point 
altérée. Ils rempliffent des tonneaux 
d'un mélange d'eau Se de fray , pour 
les vendre aux Marchands , qui les 
tranfportent en divers Provinces , avec 
l'attention de remuer cette eau de 
temps en temps. Cette eau fe vend par 
mefure à ceux quipoflëdent des étangs. 
Dans l'efpace de peu de jours le jeune 
fray commence à paraître en petits 
bancs, Si dans cette petitefle, qui le 
rend prefque imperceptible , on le 
nourrit de lentilles de marais ou de 
jaunes d'oeufs , à-peu-près comme on 
élevé en Europe les animaux domefti- 
ques. Le gros Poijfon fè conferve avec 
de la glace. Gn en remplît de grandes 
barques, dans lefquelles on le tranf- 
porte jufqu'à Péking. Le profit monte 
quelquefois au centuple de la dépenfe, 
pareeque le Peuple fe nourrit prefque 
uniquement de Poifjons, On en tire 
des rivières & des lacs , pour peupler 
les canaux. Il en vient auiTi de la mer, 
qui remonte aflezloïn dans les rivières. 
On en prend quelquefois de très-gros , 
a plus de cent cinquante lieues de la 
côte , dit du Halde , p. 3 54, 

L'Europe a peu de Poijjons qui ne 
i£ trouvent à la Chine. Les: Marlouîns 



FOI 

lesLamproies, les Carpes, les Soles, 
les Saumons , les Truites , lesEftur- 
geons y font fort communs. Elle en a 
quantité d'autres, qui n-^usfont incon- 
nus , Se dont le goût eft excellent. 

Les Chinois donnent le nom de 
Poijjnn-farine à un Poijfon fort délicat , 
qui fe pêche dans leur mer pendant 
les temps calmes. Il eft ainfi nommé à 
caufe de fa blancheur extraordinaire. 
Ses deux yeux qui font noirs fe trou- 
vent renfermés dans deux cercles , 
qu'on prendrait pour de l'argent fort 
luilant. On en voit des bancs fi prodi- 
gieux près des côtes maritimes de la 
Province de Hyang-Kan , que d'un 
coup de filet on en prend quelquefois 
quatre quintaux. 

Le Hyanv-Nan eft un fort gros Poif- 
fon de la Chine , qu'on trouve dans la- 
Province de Hyang-Nan, Se qui venant 
de la mer ou de la rivière jaune , fe 
jette dans de vaftes plaines, qu'on a 
pris foin de couvrir d'eau ; mais , par 
la difpofition du terrein , on peut la 
faire écouler auffi-tôt que le Poijfon y 
eft entré , de forte que demeurant à 
fec il eft pris facilement. On le fale 
pour le vendre aux Marchands. 

Il y a fur les côtes de Chili un Poijfon- 
Coq , ainfi appellé pareequ'il a une 
efpece de crête furie devant de la tête- 
Les Efpagnols l'appellent Peje Galle, 
La même mer fournit auffi un Poijfon, 
nommé Poijjon des Rois- , à caufe de fa 
délicatefte. 

Les Nègres fur la Gambra ont une 
manière de pêcher qui leur eft propre. 
Lorfque la rivière eft bafle , les fem- 
mes s'y rendent en grand nombre , 
pour prendre une forte de petits Poif- 
jons , qui reflemblent à la Melette* 
Au lieu de filets, elles ont un affez 
long panier , au fond duquel elles 
ont mis pour amorce un morceau de" 
pâte. Elles le tiennent quelque moment 
dans l'eau Se l'en retirent fi douce- 
ment,, qu'il ne s'en échappe rien. Les 
petits Poijjons qu'elles y trouvent font 
jettes auffi- tôt fur un endroit fec de la 



P O î 

rive , où d'autres femmes les pilent 
dans un mortier de bois , pour en faire 
une pâte , qu'elles divifent en boules 
du poids d'environ trois livres , qui 
leur fervent pendant toute l'année. 
Cette provifion porte le nom qui lui 
convient le mieux; car les Nègres l'ap- 
pellent dans leur langue Poijfon Quant. 
C'ell un de leurs mets les plus déli- 
cieux : ils le mêlent avec du Riz Se 
d'autres grains. Moohe rend té- 
moignage qu'il en a quelquefois man- 
gé de fort bon appétit. 

On trouve aux environs du Cap 
Monte Se dans les rivières de Magui- 
baSe de Mava une très-grande quan- 
tité- de Poijjons. 

La mer aux environs du Cap Mefu- 
rado produit quelques .PoiJJons extraor- 
dinaires. Des marchais en décrit 
deux. Le premier a feize ou dix-fept 
pouces de longueur , depuis le mu- 
j'eau jufqu'à l'extrémité de la queue ; 
feptou huit d'épaiffeur , depuis le dos 
jufqu'au ventre , Se quatre ou cinq d'un 
côté à l'autre. Son mufeau eft court. 
Sa gueule eft d'une médiocre gran- 
deur , mais armée de dents très-fortes 
Se très-pointues. Il fâifit fort avidement 
l'hameçon. Au-dcffus de la gueule il 
a deux narines , Se des deux côtés une 
élévation , qui a la forme d'un nez. 
Ses yeux qui font fa partie la plus !m- 
guliere , le trouvent placés fort loin 
de fa gueule , près de l'endroit où com- 
mence fon dos: ils font ronds , gros, 
rouges , vifs Se couverts d'une paupiè- 
re , qui paroît fans ceffe en mouve- 
ment : ces yeux font au centre d'une 
étoile à fix rayons , de trois ou quatre 
pouces de longueur, auffi gros à leur 
infertion qu'une plume d'Oie Se ter- 
minés en une pointe obtufe : chaque 
rayon eft compofé d'un cartilage fort 
dur, aulïï flexible que ceux de la Ba- 
leine. Le môme Poijfon n'a qu'une feule 
vertèbre , qui s'étend de la tête à la 
queue. Ses côtes qui defeendent de 
chaque côté , ne vont pas plus loin 
qu'au milieu du dos. 11 a cinq petites 



P O I 5 1 5 

ouvertures , comme autant de petites 
ouïes au-deflous de deux plus grandes , 
qui ont la forme des oreilles humaines , 
mais fans être bordées, A l'orifice de 
chaque ouie eft une nageoire , dont 
les bords fe terminent en pointe , com- 
me les ailes des Chauves -Souris : fur 
le dos il en règne une autre , qui eft 
divifée en deux parties, dont la pre- 
mière eft haute de fix à fept pouces , 
Se la féconde plus haute; mais toutes 
les pointes de la première divifîon, qui 
eft la plus courte , font alternative- 
ment plus baffes l'une que l'autre : 
celles de la féconde diminuent gra- 
duellement jufqu'à la queue. Cette 
queue eft fort grande Se divifée aulïi 
en deux parties , dont celle qui tou- 
che au corps eft charnue , Se l'autre 
n'eft qu'une nageoire , femblable à 
celle du dos, Sous le ventre il a deux 
autres nageoires de la même nature. 
Tout fon corps eft fans écailles , mais 
il eft couvert d'une peau jaune, tache- 
tée de noir, aufli unie, audi douce, 
aulïï épahTe & auffi forte queduvelin. 
La chair eft blanche , graflg , ferme , 
Se d'un très-bon goût. Le plus gros 
de ces Poiffom ne pefe pas plus de fix 
ou fept livres. 

L'autre efpece , qui fe trouve en 
abondance autour du Cap Se dans L s s 
rivières voifincs , eft bsaucoup plus 
grande que la première. Il s'en trouve 
de deux pieds de long qui pefent juf- 
qu'à quinze ou dix - huit livres. Les 
plus gros ont la tête haute d'un pied 
dans fa plus épaiffe partie ; car elle eft 
de forme ovale : elle relfemble beau- 
coup à celle d'une vieille femme. Ce 
Poijfon a le nez gros , les narines ron- 
des , la lèvre d'en haut fort large , la 
gueule affez grande & les dents mal 
rangées. Le menton s'avance & raille 
un enfoncement affez profond entre 
lui Se la bouche. La peau qui tombe 
de chaque côté au-deffous forme un 
double menton Se fe joint à la poitrine. 
Les yeux font ronds , grands Se rouges. 
Les ouïes font fort larees Se défendues 
T t t i j 



5i PO I 

par une nageoire, quireffemble à l'aîlè 
d'une Chauve -Souris. Le corps eft 
rond, mais il diminue jufqu'àla queue, 
où il commence à-s'applatir &fe ter- 
mine par une nageoire femblable à 
celle des ouïes. Près de la qxieue il a 
deux autres nageoires , l'une deiïus 
& l'autre deflbus , longues chacune 
d'environ huit pouces. Sa peau eft bru- 
ne , rude Se fans taches , armée de 
toutes parts de pointes , longues de 
trois ou quatre pouces , auiïï dures que 
de la corne & partant de là peau fans 
aucun tubercule. L'animal remue ces 
pointes à fon gré : on prétend même 
que leur piquûre eft dangereufe pen- 
dant qu'il eft en vie. Il nage fort ra- 
pidement. On l'écorche pour le man- 
ger, Se fa- chaïr eft excellente. Il ic 
nourrit d'herbes de mer , de Crabes 
& de petits- Foijfons. 

Aux mois de Janvier , Février Se 
Mars , il fe trouve à la côte d'Or de 
petits PoiJJbns à grands yeux , qui fau- 
tent- Se s'agitent avec beaucoup de 
bruit jufqu'à. ce qu'ils foient tués. Ils 
reffemblent à la Perche par la -forme 
& la couleur : ils en ont même le goût , 
& B a rb.o t., à en juger par la gran<- 
deur de leurs yeux , dit que c'eft VO- 
culus ou le Pifc'ts oadatus de P l i n e. 
Ce Foijfon fe prend à la. ligne avec 
deux ou trois hameçons Se de la chair 
puante pour amorce. Les lignes des 
Nègres font d'un- tifiu d'écorces d'ar- 
bres , & longues de trois ou quatre 
brafTes: 

Dans les rivières ■& fur les côtes de 
l'Ifle de Madagafcar , les' PoiJJbns y 
font en abondance. 

Il y a dans la Tartarie un Foijfon, au- 
quel les Voyageurs n'ont point donné 
de nom. Il eft inconnu aux Européens-, 
mais le plus délicieux de toute la Na- 
ture. Sa longueur Se fa taille font à-peu- 
près celles d'un petit Thon; mais fa 
couleur eft beaucoup plus belle. Sa 
chair eft tout-à-fait rouge : c'eft ce 
qui le difltingue.de Cous les autres 
Pmjfons*. 



P O ï 

L'Ifle de Tabago fournît un Foijfon 
ambré , qui eft un manger exquis „ 
Y Ange , Se un autre nommé Queue 
verte d' Hirondelle. Ces deux derniers 
ne font pas plus gros qu'un Hareng , 
& ils font tous trois aifés à prendre à 
la ligne. On y voit auflî un Poijjbnvo- 
lant, qui n'eft pas fi gros qu'un Ha- 
reng. Il n'a pas à beaucoup pressant 
d'arêtes : c'eft un fort bon manger: 
Plulieurs PoiJJbns de proie lui donnnent 
la chaffe. Lorfqu'il fait du vent il étend 
fes nageoires ,- que- la Nature lui a 
données au lieu d'ailes , Se il eft tranf- 
porté à des diftances aflez confidéra- 
blcs : il fe replonge enfuite dans la 
mer &fe prépare à un autre vol. Étant 
pourfuivi par les PoiJJbns de proie , .il fe 
réfugie dans les vaifleaux. 

K ol b E- ( Dejcript. du Cap de Bonne- 
Efpérance, Tome Ht. p. 140".) dit qu'il 
n'y a aucun animal ni ftrr terre ni fur 
mer qui ait plus d'ennemis que le 
Foijfon volant. Il fe voit à chaque mo- 
ment expofé à être dévoré par les Dau- 
phins , les Goulus dè mer & plufieurs 
autres PoiJJbns. Si voulant échapper ,i 
fes ennemis marins il s'élève fur fes 
ailes , il eft auffi-tôt afiailii par les op- 
féaux de proie. Il vole fort vite. Son 
vol ne dure pas long-temps , pareequ'iî 
eft obligé de fe replonger dans l'eau , 
dès que fês ailes ne font plus humec- 
tées , , Se les rnouvemens -violens qu'el- 
les font les fechent bien-tôt: orfou^- 
vent en rentrant dans la mer , le Poîf- ■ 
fon tombe dans la gueule d« quelque 
ennemi. Lorfqu'ilpleut, il peut voler 
plus long-temps, Pour éviter les oi<- 
feaux de proie , il faute fur les vaiiTeaux, 
ou il fe met fur le côté , 8c dans cette 
attitude il refte long-temps fautenu par 
fes ailes. Ces Poijfons vont toujours par 
bande , & il en vole fouvent hors de 
l'eau une centaine à lafois. On trouve 
divers efpeces de FoiJJons vol ans ; mai? • 
ils font tous de la même taille Se de la 
groffeur d'un Hareng ordinaire. Ils 
reflemblc-nt à ce FoiJJon dans la forme 
de leur corps. La différence qu'il fj 



PO I 

9 -entre eux ne confifte que dans les 
ailes. La chair du Poiffon volant eft ex- 
cellente & furpaffe de beaucoup en 
délicatefTe celle du Hareng frais, Les 
diverfes efpeces de Poijfons volans ne 
différent entre elles que parleurs ailes 
8c leurs couleurs. Quelques-uns n'ont 
que deux grandes ailes: d'autres outre 
ces deux en ont encore deux petites , 
couvertes d'une peau brune & entre- 
lacées d'une efpece de petites arêtes. 11 
y en a qui ont quatre ailes longues-, 
étroites, unies & fans arêtes, Kolbe 
dit que leurs ailes reflemblent à celles 
de la Chauve-Souris. Ces- Poijfons vo- 
lam fe tiennent toujours entre les 
Tropiques. On n'en trouve ni en-deçà 
du Tropique du Cancer, ni au-delà 
du Tropique du Capricorne. 

Selon ce même Auteur , ce Poiffon 
fe fait toujours voir fur les grandes 
baffes. La différence des efpeces n'eft 
que dans leur couleur & dans le nom- 
bre Se la forme de leurs ailes, Kolee 
ayant examiné foigneufement toutes 
ces fortes d'ailes , nous apprend qu'il 
les trouva femblables à celles des 
Chauves-Souris. 

Le Poiffon d'or du Cap a tiré fon 
nom d'un cercle de cette couleur qu'il 
a autour de l'œil, &11 a une raie d'o-r 
qui s'étend de fa tête à fa queue. Sa 
longueur ordinaire eft d'un pied Se de- 
mi , fa pefanteur d'une livre. La couleur 
de fa chair eft un mélange de blanc 
& de ronge., Se il eft d'un goût délicat, 
On ne voit jamais le Poiffon d'or au Cap 
de Bonne - Efpérance que depuis le 
mois de Mai jufqu'au mois d'Août , 
qu'il paroît fur les baffes. 

On y voit auffi un Poiffon d'argent, 
qui a ia grandeur Se la forme d'une 
Carpe , Se qui lui reffemble auffi 
pour le goût. C'eft un Poiffon fort 
blanc , qui a la queue argentée 8e des 
raies de la même couleur au bas des 
côtés. Il ne quitte prelque jamais la 
-haute mer. 

Il y a le long de toutes les côtes des 
ilàdes Occidentales plufieurs fortes de 



? O T 517 

Poijfons , que les habîtans appellent 
Poijfons armés. Il y en a un qui eft gros 
comme un balon , prefque tout rond 
Se n'ayant qu'un moignon de queue s 
qui empêche qu'il ne paroîffe une bou- 
le. Il n'a point de tête , 5c a les yeux 
Se la queue attachés au ventre. Au 
lieu de dents il a deux petites pierres 
blanches fort dures & larges d'un pou- 
ce, qui font comme deux petites meu- 
les , dont il fe fert pour brïfer Se cafer 
les Cancres de mer Se les petits Co- 
quillages , dont il fait fa nourriture. Il 
eft tout armé de petites pointes groife? 
Se longues , comme des fers d'aiguil- 
lettes , auffi aiguës qu'une aiguille. Il 
les' dreffe , baiffe Se biaife comme il le 
veut , & il les hériife de telle forte » 
lorfqu'ii fe fent pris à l'hameçon, Se 
qu'on le tire au rivage , qu'on eft con- 
traint de le tirer un peu plus loin avec 
le bout de la ligne , fans pouvoir le 
prendre par aucune partie de fan corps , 
jufqu'à ce qu'il expire faute d'eau. 
Quoique ce Poiffon foît quelquefois 
de la groifeur d'un boiffeau , il n'y a 
pas plus à manger que dans un Maque- 
reau médiocre. On lui trouve dans le ' 
ventre certaines bourfes remplies de 
vent, dont on fait la colle la plus té- 
nace Se la plus forte qui fe puiffe faire. 
Il y a quelques autres Poijjons armés » ■ 
qui ne différent de celui-ci que par la 
ittuation, ou par la longueur de leurs 
pointes. Les uns les ont en forme de 
grandes étoiles: les autres les ont plus 
courtes , Se les autres plus menues. 

Les Ifles de l'Amérique fournïffent 
beaucoup de Poijjons , qui fe prennent 
à la ligne , entre autres deux , dit le ' 
Pere Labat , dans le Tome VIII. de fes 
Voyages aux IJles de l'Amérique, p. 382.. 

Le premier eft le Poiffon rouge. On 
l'appelle ainfi , pareeque fa peau & 
fes écailles font d'une couleur de feu 
affez vive, H a beaucoup de la figure 
de la Tanche. Sa chair eft très-blanche 
& très-délicate. Ses œufs font excel- - 
lens. Il eft gras Se ferme, également" 
bon à quelque faufle qu'on le mette./' 



5 i8 P O K 

L'Auteur dît en avoir vu qui pefoîent 
plus de quarante livres ; mais ceux-là 
ne font pas communs. Ceux qu'on prend 
ordinairement font depuis quatre juf- 
qu'àfept ou huit livres, 

Le fécond eft un Poiffon prefque en- 
tièrement femblable à la Morue pour 
la forme du corps, la peau, la chair 
Se l'avidité qu'il a de mordre à l'hame- 
çon. La différence qu'il y a , c'elt que 
l'Auteur ne croit pas qu'on trouve des 
Morues de deux cents livres & plus, 
comme on trouve de ces Poisons. On 
les appelle des Vieilles, 

P O K 

P O K K O , oifeau de la côte 
d'Or, qui, malgré fa laideur, efteftî- 
mé par fa rareté. Arkiks affure qu'il 
n'y a rien au monde qu'on puiffe lui 
comparer. Il ajoute qu'avec quelque 
foin que l'on ait copié fa figure , il pa- 
roîtplus beau qu'il ne l'eft réellement. 
Il eft exactement de la taille d'une 
Oie ; fes ailes font d'une grandeur Se 
d'une largeur démefurées , couvertes 
de plumes brunes: tout le deffous du 
corps eft couleur de cendre. L'Auteur 
n'ofe donner le nom de plumes a l'en- 
veloppe de cette partie : il l'appelle 
volontiers du poil. Sous le col pend 
une forte de bourfe rouge , longue de 
quatre ou cinq pouces , & de la grofieur 
du bras d'un homme : c'eft dans ce 
réfervoir que l'animal dépofe fa nour- 
riture. Son col qui eft affez long Se cette 
efpecedc fac font couverts de quelques 
poils de la même nature que ceux du 
ventre. Sa tête eft beaucoup trop greffe 
à proportion du corps & n'en: couverte 
que d''un petit nombre de mêmes poils ^ 
fes yeux font grands Se noirs : fon bec 
eft fort gros & fort long. Il fe nourrit 
de poiffons , & dans un feul repas il 
dévore ce qui fufhroit pour la nourri- 
ture de quatre hommes. Il fe jette avec 
beaucoup d'avidité fur le poiffon qu'on 
lui prefente Se le cache auffi-tôt dans 
{on fac. Il n'aime pas moins les Rats 
6c les avale entiers. On prend quelque- 



. P O L 

fols plaïfir à lui faire rendre gorge. 
Les Hollandots avoient un de ces ani- 
maux , qu'ils laiffoient courir dans les 
ouvrages extérieurs de leur Fort. lis 
l'avoient accoutumé à vuider quel- 
quefois devant eux fon réfervoir , d'où 
ils voyoient fortir un Rat à demi di- 
géré. Un autre de leur amufement 
étoît de lâcher far lui un Chien ou mê- 
me un enfant, pour le mettre dans la 
néceflité de fe défendre. Ses feules ar- 
mes étoïent fon bec, dont il fe fervoit 
affez adroitement pour pincer, mais 
fans être capable de nuire beaucoup. 
Hifi, Génér. des Voyages, L. IX. 

P O L 

P O L A N D A , nom qu'on donne 
en Hongrie à la première elpece de 
Chien de mer. Voyez ce mot. 

POLE: C'eft, dit Rondelet 
(Part.I. p. 258.), une efpece de Sole, 
plus épaiffe Se plus courte que la Sole 
ordinaire. Elle a de petites écailles dé- 
coupées tout autour. Elle en diffère 
auffi par le goût. Sa chair n'en cil: pas 
auffi excellente. La manière de vivre y 
peut contribuer. Rondelet penfe 

que c'eft le Kuys^eVwoy d'Él'ICHARME, 

dans Athénée : il n'y a du moins point 
de poiffon , dit-il , qui lui reffemble 
mieux. Sa chair eft dure , gluante , de 
difficile digeftion , fent le fauvagin , à 
caufe de l'Algue & autres herbes ma- 
rines dont il vit. On n'en voit point 
dans la Méditerranée, à moins que ce 
ne foït , comme quelques-uns l'ont 
cru, le poiffon qu'on nomme à Mar- 
feille Scrvandn , mais Rondelet 
diftingue l'un de l'autre. On pêche la 
Pôle dans l'Océan. C'eft un Pleuronec- 
tes , ou poiffon plat à nageoires mol- 
les , nommé par Artedi ( Synop. p. 3 1. 
n. 4. ) , Plcurondles ocuïis à dextrâ, ano 
aà latus fîniftnmi , denûbus acutis. On 
le nomme Lingitatula à Rome , difent 

W I L L U G H U Y , p. I O I . &C R- A ï 1 
p. 33.ALDROVANDE&GESNE& 

parlent de cepoiflbn. 
P O L E C A T, nom que les 



P O L 

JingWis donnent au Putois. Voyez ce 
mot. 

POLONGA, Serpent de rifle 
de Ceylan, félon Se e a, bon, doux, 
décoré de vaftes taches. Sa tête eft pour 
rout ornement couverte de petites écail- 
les minces , cendrées, jauniflantes , 
rayées de quelques bandes roufiltres. 
Ses yeux font petits , pleins de douceur. 
Le tour de fit gueule eft bordé d'une 
{impie lèvre fans écailles. Ses deux 
mâchoires font armées de dents aiguës. 
Les écailles cutanées du deflus du corps 
font de couleur de feuilles mortes. Son 
dos jufqu'au bout de fa queue obtufe 
eft orné de vaftes & magnifiques ta- 
ches , les unes d'un pourpre brun , les 
autres cendrées - jaunes , qu'accom- 
pagne tout autour une bordure noirâ- 
tâtre ; celles des côtés font quadran- 
gulalres , brunes , avec une mouche- 
ture cendrée-jaune au milieu. Outre 
ces grandes taches , le defTus du corfs 
& les côtés font encore jafpés d'autres 
petites taches noires , irrégulieres , en- 
tremêlées avec les grandes. Les écail- 
les cendrées-jaunâtres qui traverfent 
fous le ventre font toutes marquetées 
de ces dernières taches. La queue qui 
fait au-delà de la troîfieme partie de la 
longueur de cet animal , acquiert in- 
fenfiblemcnt en s'arninciflànt un roux 
jaune , plus foncé Se plus beau. Les 
taches cendrées-jaunâtres qui font au 
centre deviennent alors prefque entiè- 
rement blanches , & leurs bords en s'é- 
largiuant deviennent d'un côté très- 
noirs , Se de l'autre roufiltres. 

Abraham Bogaart avoue 
qu'il ne connoît point le naturel de ce 
Serpent , Se cependant il le met au 
rang des plus venimeux , en quoi cet 
Auteur eft contredit par le témoigna- 
ge de la plupart des Cingaîiens & des 
habitans de l'Ifle de Ceylan , qui ne 
recherchent Se n'entretiennent pas feu- 
lement ce Serpenta caufe de fa beauté , 
mais pareequ'il eft doux , apprivoïfé, 
ne nuifant dperfonne Se vivant prefque 
iniquement d'oifeaux : ainfi donc il 



P O L 5 i$ 

s'en faut de beaucoup qu'ils le chaftent 
deleurmaifon, puifqu'au contraire ils 
font charmés quand il y vient , & pour 
lors ils le nourrifient d'œufs Se de lait, 
fuivant le récit des Matelots qui ont 
long-temps féjourné à Ceylan. Voiii 
ce que dit S e b a de ce Serpent. Il en 
donne la figure, Tbef II Jab. loi. 
». i. Kenok , dans fa Relation dePIJle 
de Ceylan , dit en avoir vu de deux 
fortes, l'une verte & l'autre d'un gris 
rougeâtre , tacheté de blanc. Il ajoute 
que ce Serpent a cinq ou fix pieds de 
longueur , Se que fon venin eft fort 
dangereux , fur-tout aux beftiaux , ce 
qui ne s'accorde pas avec ce que dit" 
Seba , qui en fait un Serpent doux Se 
pacifique. 

F O L P O C H , Serpent de W 
Province de Jucatan. C'eft une efpece 
de Monftre en Serpent. Il a vingt* 
fept pouces de longueur Se eft gros 
comme le bras , marqué d'une couleur 
brune Se foncée. Sa tête eft de cinq 
pouces de long, ferrée , noire & mar- 
quée de taches blanches. Ses yeux font 
grands Se brillans. Sa queue , qui ne le 
cède point à la gro'Jeur du corps eft 
fembbble à celle du Scorpion. C'eft. 
un animal, malfaifànt de la tête & de 
la queue, On voit beaucoup de ces : 
Serpens attachés à des arbres , pour 
pouvoir mieux fe lancer , mordre 8c 
verfer leur venin. S'ils font à terre r 
ils pourfuivent un homme qu'ils ont 
vu deloin. Ils roulent leur queue , l'en- 
tortillent autour de leur tête , & en- 
peu de temps enfautanrilsl'atteîgnent. 
Lorfqu'ils font attachés à des arbres 
leur queue eft fi bien jointe avec leur 
tête, qu'ils ont la figure d'un arc } . Se 
comme une flèche qui part , Se avec le 
même bruit , ils s'élancent Se mordent; 
Leur bleflure eft mortelle. Dansl'ef - 
pace de trois jours, la chair pourrît Se 
tombe. Les os fe trouvent dépouillés r 
deviennent jaunes Se fi puans , que 
toutes fortes d'oifeaux carnafliers font' 
attirés à la mauvaife odeur qu'ils exha-- 
lent. Les Naturels du pays dïfenr qu'o.î 



5 2o P O L 

ne refle-nt pas une grande douleur de 
ià morfure : ce n'eft qu'un engourdiffe- 
ment par tout le corps. Lesfens s'aflbu- 
piflent , Se un homme en mourant eft 
tomme S'il étoït ivre. Les fiiflemens 
de ce Serpent fe font entendre de loin , 
& il prononce le mot Polpocb : c'eft ce 
qui lui en a fait donner le nom , & quand 
on l'entend , ce n'eft pas fans frayeur. 
On fuit pour en éviter les approches. 
C'eft une efpece d'Acontias. Ruvsch , 
X de Serpent. ) parle de cet animal dan- 
gereux d'après Nieremberg, 

POLSTEPHAS, nom que le 
Schoiiafte Nicsnder donne à un 
-Serpent aquatique , que nous nommons 
■Charbonnier. Voyez ce mot. 

POLYGLOTTE, en Latia 
'Foiyglotta , oifeau que les Indiens nom- 
ment Concontîatolli , c'eft- à-dire qui 
a quarante langues. Il -ne furpalfe pas 
Ain Étourncau pour la grandeur. Il a le 
■ventre blanc , le dos brun , -mêlé de 
-plumes blanches , principalement à 
la queue Se à la tête , ce qui forme une 
efpece de couronne couleur d'argent. 
On nourrit cet oifeau en cage. Il n'y 
en a point qui l'égale pour la douceur 
-& la beauté du chant. Il aime les pays 
chauds , &'il fupporte les régions tem- 
pérées. Il fe contente de ce qu'on lui 
'donne pour nourriture. R u y s c h .( de 
Av. p. is^. J dit que Te Tz.anpan lui 
eft femblable, Se quelques-uns croyent 
que c'eftla femelle du Polyglotte. 11 eft 
de la même grandeur , Se de Ta même 
figure ; il chante de même. Il a les 
plumes du ventre blanches , noires 
-& cendrées, Se celles du haut de cou- 
leur de minime, noires Se blanches. 

PO LYN EMUS: C'eft un genre 
de poiifons à nageoires épineufes, qui , 
félon M. GronoVius ( MuJ'. Ic-bth. 
p. 31.) , a > 1°. le corps plus haut 
perpendiculairement que tranfverfale- 
«nent , oblong , épais Se écailleux ; 2 0 . la 
tête , dont aum la hauteur perpendi- 
culaire furpafle la tranfverlale; 3 0 . des 
dents aux mâchoires , au palais & au 
^nd.de la bouche; 4 0 . la membrane 



P O L 

des ouïes compofée de cinq offelets ds 
chaque côté j 5 0 . huit nageoires , dont 
deux au dos; 6°. des appendices me- 
nues comme un fil , placées aux nageoi- 
res de la poitrine 5 j°. la queue four- 
chue. 

A r t E D 1 , dans le Mamifcrit qu'il 
laifla à S E E A , le nomme Pentanemus. 
Cette dénomination déplaît beaucoup 
à M, G R o n c V 1 u s , pareeque fous 
le même genre fe -trouve le poiflbn de 
Paradis d'É D w a r.-d , qui a fept ap- 
pendices aux nageoires de la poitrine, 
Se qu'il faut nommer Heptammus. C'eft 
pour éviter cette confufion, que l'Au- 
teur donne à ce genre de poilïon un 
nom plus général , qui eft celui de 
Polynemus , du Grec itoAÙç » pluris , Se 
n/j.a.., filum , pareeque ces poiflbns ont 
à la partie inférieure des nageoires 
de la poitrine , des offelets de chaque 
côté , menus comme un fil , les uni 
plus Se les autres moins. 

11 nomme celui dont il donne la def~ 
cription Polynemus , ojjtcuiis fdijvrmi- 
bus , uirinque quinque ad pinnas peilo- 
raies ; c'eft un poiiïon à plufieurs fi- 
lets , c J eft-à-dire qui a aux nageoires 
de la poitrine , de chaque côté , cinq 
oflelets menus comme des fils. 11 a 
huit nageoires > dont deux au dos , au- 
tant à la poitrine & au ventre , une à 
l'anus , Se la queue , qui eft grande , 
large Se fourchue , compofée de dix- 
fept oflelets très-longs, à la réferve 
de quelques-uns des côtés qui font 
plus courts. Sa longueur eft de neuf 
pouces fix lignes , depuis le bout des 
mâchoires jufqu'à celui de la queue. 

L'efpece dont parle Edward, 
fous le titre de Poijfon de Paradis- , eft 
appeilée Mungo en Amérique, Cette 
forte de poiflbn a fept filets aux na- 
geoires de la poitrine , & fa couleur 
eft dorée. Voyez pour une plus ample 
defeription M. G r o N o V 1 u s , p. 3 2. 
de fon Mufcum Icbthyoloqicitm , n. 74. 

P O L Y P S : Les Médecins don- 
nent ce nom à une excroiflance de 
chair qui viexit dans les narines , qui 

nuit 



roL 

fciiït à la refpiratîon & à la parole; 8c 
les Naturalises donnent auffi le même 
nom à des animaux aquatiques qui 
n'ont point de fang. On les divife en 
Polypes marins Se en Polypes d' tau. 
douce. Les Anciens ont connu les pre- 
miers , mais ils les ont connus imparfai- 
tement , & leur hiftoire même n'eft en- 
core aujourd'hui qu'ébauchée. Nous 
devons aux Modernes la découverte 
des Polypes d'eau douce. Les favans 
Mémoires de M. Tremblay, fur 
les efpeces qu'il a connues , me fer- 
viront à en donner l'hiitoire abrégée : 
je vais commencer par les Polypes 
marins , beaucoup plus grands que les 
Polypes d'eau douce , qui ont le nom 
de Polype s, à'eaufe du rapport qu'a leur 
forme avec celle des Polypes de mer , 
Se c'eft M, de Réaumur qui le 
premier leur a donné ce nom. 

Les Polypes marins font de grands 
animaux , en comparaifon des Polypes 
d'eau douce ; par exemple , la Sèche , 
k Calmar , le Lièvre marin , Se bien 
d'autres font des efpeces de Polypes 
marins. Ces animaux ont les pieds ou 
les bras placés à leur tête. Ils s'en fer- 
vent pour arrêter leur proie &la por- 
ter à leur bouche. Voici comme parle 
Ovide ( Métam, L. ZK ) de leur 
voracité : 

Utqae fuh cè$uoribus deprenfum Polypes hoflem 
Continet , ex ornni dîtnijjls parte pagellis. 

Les Polypes ont communément entre 
nn Se trois pieds de longueur. Pli^e 
( Hifl. Nat. L. IX. c. 3 o. ) parle d'un 
monftrueux Polype , dont les bras , dit 
cet Ancien , avoient trente pieds de 
long , Se qui étoient fi épais qu'un 
homme pouvoit à peine les embrafler. 
11 eft permis de douter d'un pareil 
fait, comme le remarque M. Trem- 
blay , Mém.lV. p. 297. Edit.in-12. 
Selon cet Obfervateur , nous n'avons 
rien de fi détaillé , ni de fi exact fur 
l'anatomie de ces animaux que ce qui 
fi; trouve dans les Œuvres de Swam- 
merdam ( Biblia. Nat. p. 276. ) ; cet 
Tome 111, 



FOL 5*î 

habile Naturalîfte a anatomifé la Sèche 
mife au rang des Polypes. Voyez au 
mot SECHE. 

Les Polypes de mer font mâles Se fe- 
melles : ils s'accouplent & font ovi- 
pares , au rapport d'ARiSToTE ( Hifl. 
Anim. L. V. c. 28.) , de Pline (//î/?. 
Nat. L. IX. p. 182. ) , Se des Moder- 
nes. Mais ont-ils pour fe multiplier, 
comme les Polypes d'eau douce, d'au- 
tres manières naturelles? C'eft ce qu'on 
ignore. 

Ce qui întérefîe le plus , dit encore 
M. Tremblay , c'eft de favoîr fi l'on 
ne peut point les multiplier en les 
coupant. Aldrovande C Proleg. 
in Lib. de Inf. p. 17. ) dit que le Poly- 
pe coupé r.ar morceaux vit , Se il n'y a 
rien de plus dans d'autres Auteurs. Il 
eft bien apparent que cela fignifie feu- 
lement que les morceaux d'un Polype 
donnent encore des marques de vie , 
mais non que ce qui manque à chacun 
d'eux , pour être un animal complet, 
fe reproduit au bout de quelque temps, 
comme font les Polypes d'eau douce. 
On ne pourra favoir s'ils ont cette 
propriété que lorfqu'on aura coupé ces 
Polypes, Se fait fur eux les mêmes ob- 
servations que celles qui ont été faites 
fur les Polypes d'eau douce. 

Il eft cependant parlé de la répro- 
du£Hon de quelques parties des Poly- 
pes de mer , c'eft celle des bras qu'ils 
ont perdus en tout ou en partie. 
É L 1 E n ( L. I. c. 17. ) dit que les Po- 
lypes de mer mangent leurs propres 
bras, îorfqu'ils manquent d'alimens : 
cependant d'autres Auteurs , comme 
Aristote (Hifl. Anim. L. VHP c. 2. ) 
& Pline ( Hifl. Nat. L. IX. c. 29. ) , 
le nient , Se affurent que ce font les 
Congres qui les rongent , mais tous 
conviennent que ces bras recroiflent. 
Cette expérience a été faite par M. de 
Réaumur fur les Ecrevifïes. 

La mer Adriatique & l'Ifle de Cor- 
fou, fournifTent , difent les Natura- 
liftes , de grands Se de fort bons Poly- 
pes de mer. Le Pont-Euxin en donne 
Vuu 



5** POL 

de petits. Il ne s'en trouve point aux 
environs de i'Hellefpont. Ils vivent 
J'ÊcrevhTes de mer , de Cancres , Se 
d'autres Cruftacées &Poiflbns, dont 
Us fucent les chairs avec tant d'avi- 
dité, que s'il en faut croire Eli EN, 
ils n'épargnent pas même leurefpece. 
Les Polypes fe jettent fur les hommes 
qui font naufrage. Dans l'été ils for- 
tent de la mer , Se viennent fe repaître 
des fruits des arbres , 8c du fuc des 
plantes. On difb'ngue le mâle d'avec la 
femelle , en ce que le premier a la 
tête plus longue. Ils font cachés pen- 
dant deux mois. Ils s'accouplent l'hi- 
ver , & la femelle jette une grande 
quantité d'ceufs par la bouche , des- 
quels il ne fort qu'au bout de cin- 
quante jours une infinité de petits Po- 
lypes. Tantôt la femelle couve fes œufs, 
tantôt elle |les couvre de Coquillages 
8c autres matières. Les Polypes de mer 
font la chaffe aux petits poiilbns 5 ils 
courent aux amorces qu'on leur tend, 
ne les mordent pas d'abord , mais les 
embraffent avec leurs pieds , ou leurs 
bras , Se ne quittent que quand ils les 
ont rongées. 

Les Anciens faifoient ufage desiV 
lypes fur les tables. Les Grecs en en- 
voyaient par préfentà leurs amis. Ce- 
pendant la chair en eft dure Se difficile 
à cuire ; on la mortifioit en la battant 
avec un bâton , ou avec une pierre, 
La têtepaffoit chez eux pour un ex- 
cellent mets. On les aimoit mieux bouil- 
lis que rôtis. Quand le Cancre voit un 
Polype de mer , il en meurt de peur , dit 
E l 1 e N. Le Congre fe nourrit de 
Polypes de mer , Se la Murène avec fes 
dents lui coupe les bras ou les pieds. 
Il y en a qui ont dit que le Polype de 
mer avoit une odeur de mufe , même 
étant mort; & d'autres ont écrit qu'il 
lbrtoit de fa tête une odeur puante. 
Voilà en abrégé ce que les Anciens 
ont débité fur les Polypes de mer. 

On ne connoît pas toutes les ef- 
peces de Polypes de mer , ni les variétés 
que peuvent offrir leurs formes tou- 



P O L 

jours bîfarres. Les Obfefvatîons dg 
Meffieurs de Rëaumur , Bernard 
de Jussieu Se Guettard , nous ap- 
prennent que les Orties de mer , les 
Étoiles de mer , les Litbophytons , 8c 
d'autres productions plus molles nom- 
mées Alcyonium , qui palToient pour 
des fleurs , font ôtés de la clafle des 
Plantes , Se rangées parmi les Polypiers. 
La mer, comme les eaux douces , four- 
nit des Polypes à panache. En étudiant 
les Polypes , on a appris , dit M. de 
Réaumur ( Préf. du'Tome VI. p. (58.) , 
que des productions qu'on avoit prifes 
pour de belles Plantes , Se qu'on n'a- 
voit pu foupçonner être antre chofe , 
n'en étoient cependant pas. Elles ne 
font que des aflemblages de cellules 
de ces petits animaux , Se de cellules 
bâties par eux.Ces corps qui fembloient 
avoir végété dans la mer, font pour 
les Polypes ce que les guêpiers font 
pour les Guêpes. On ne doit plus leur 
impofer le nom de plantes , Se pour 
leur en impofer un qui exprime exac- 
tement ce qu'ils font, on doit les ap- 
peiler des Polypiers. M. de Réaumur 
décrit en ces termes un Polypier , ibii. 
p. 69. 

Chaque Polype à panache eft logé 
en partie,& fouvent fe retire tout entier 
dans une efpece de cellule ou tuyau de 
quelques lignes de longueur , tantôt 
brun , tantôt d'une couleur prefque 
blanchâtre , Se qui a de la tranfparence 
au moins vers fon ouverture , ou à fa 
partie antérieure , Se qui quelquefois 
eft tranfparentpar-tout. Il eft fait d'u- 
ne matière flexible , qui par fa confif- 
tance , Se fouvent par fa couleur peut 
être comparée à une forte de parche- 
min. Ces tuyaux fe trouvent en cer- 
tains endroits entafles les uns fur les 
autres, de telle façon qu'ils ne pré- 
fentent . aucune figure diftindte ; mais 
dans les endroits moins peuplés de Po- 
lypes , leurs tuyaux font arrangés avec 
plus d'ordre , ou avec un ordre plus 
aifé à reconnoître. Le premier au moins 
eft collé contre quelque appui fixe » 



POL 

èontre un morceau de boîs , contre 
w ne feuille , ou contre une pierre. Ce 
premier fert d'appui au fécond : ce- 
lui- ci part d'aflez près de l'ouverture 
Je l'autre ; le troifieme eft pofé d'une 
manière femblable fur le fécond, II 
en eft de même des fuivans. Une file 
de courts tuyaux difpofés de la forte , 
paroît une tige , qui à l'origine de 
chaque nouveau tuyau femble avoir 
yn nœud , ou une articulation. De 
cette tige partent fouvent des deux 
côtés oppofés d'autres files de tuyaux , 
qui font comme autant de branches , 
qui eft ce que nous nommons un Poly- 
pier, reflemble très bien à une Plante 
dépouillée de fes feuilles. Quand un 
de ces Polypiers eft appliqué fur une 
grande feuille , comme M. de Réau- 
MUR dit en avoir vu fur celles duPo- 
tamogéton, ou qu'il rempe fur quel- 
que morceau de bois , il fera toujours 
pris , ajoute-t-îl ,pour une Plante pa- 
rafyte , par quelqu'un qui ne l'aura vu 
que hors de l'eau , c'eft-à-dire dans 
un temps où chaque Polype eft rentré 
dans fa cellule. 

Comme la quantité des différentes 
efpeces d'animaux qui font couverts 
par les eaux de la mer, eft bien au- 
trement grande que celle des efpeces 
qui fe tiennent dans les eaux douces., 
ce favant Auteur préfume que non- 
feulement on doit trouver des Polypes 
dans la mer , mais qu'on y en doit 
trouver beaucoup plus d'efpeces qu'on 
en a vu dans les eaux qui croupiflent 
& dans celles des rivières Se des ruif- 
feaux. 

Pline Se plufieurs Anciens ont 
écrit que le Corail n'étoit pas plus mol 
dans la mer , que les pierres ne le 
font dans les carrières. M. le Comte 
de Marsilly a paru conftater 
l'état du Corail , Se lui avoir afïuré 
pour toujours , Se aux productions ana- 
logues , un rang parmi les végétaux , 
croyant avoir trouvé fur le Corail des 
caractères de fleurs. Cette découverte 
fit grand bruit. MPeïssonel com- 



POL 523 

munïqua en 1727. un Mémoire à l'A- 
cadémie , où il fit voir que les pré- 
tendues fleurs de Corail étoient de 
petits animaux 5 iln'eft donc pas éton- 
nant que des productions bien plus or- 
ganifées à la manière des Plantes , que 
ne le paroiftent les Coraux , 8e qui ont 
tout autrement l'air de Plantes , foient 
véritablement l'ouvrage des Polypes 
Se de purs Polypiers. 

M. deRéaumur parle encore 
d'une Main de mer , nommée au- 
trement Main de Larron , apportée par 
M. Bernard deJussieu dans 
de l'efprit de vin affoibli: elle étoit 
très-chargée de corps organifés. M, 
le Comte de Marsilly l'avoit 
prife pour des fleurs, Se c'étaient în- 
conteftablement , dit le favant Aca- 
démicien , de petits animaux aux yeux 
de tous ceux qui connoiffoient les Po- 
lypes. La liqueur fpîritueufe dans la- 
quelle ils avoient perdu la vie, en les 
faifant fouffrir , les avoir forcés à fe 
tirer en grande partie hors de leurs 
cellules , Se à fe montrer prefqu'eiî 
entier. 

Tant de belles productions de la 
mer , dont les figures enrichiffent les 
Ouvrages où elles font gravées , qui , 
elles mêmes étalées dans les Cabinets 
des Curieux, en font une grande pa- 
rure , Se dont quelques-unes , comme 
les Coraux , font un objet de com- 
merce , Se fourniflent une matière qui 
occupe tant d'Ouvriers ; tant -de belles 
productions , ditM. dï Réaum ur 
( ibid. p. 79.) , paroiffent donc uni- 
quement dues à des infectes. Plus on 
étudie ces petits animaux , & plus on 
fe trouve leur être redevable. Les 
Phyficiens doivent leur favoir gré de 
ce qu'ils les débarraffent d'avoir à ex- 
pliquer la végétation des Plantes pier- 
reufes , Se celle des Lithophytons , 
qui ne préfentent pas moins de diffi- 
cultés. 

Tout ce que M. d e Réaumu r 
nous apprend des Polypes demer , n'eft 
qu'une efpece d'annonce , dit-îl , qui 
V u u î j 



524 POL 

ne fauroîtgueres manquer de produire 
l'effet qu'il s'en eft promis ; c'eft d'ex- 
citer la curiofité des Naturaliftes , qui 
fe trouveront fur les bords de la mer, 
pour désinfectes fi dignes d'être mieux 
connus; d'en chercher les différentes 
efpeces ; d'en décrire les variétés, que 
peuvent offrir leurs formes toujours 
bifarres ; d'étudier les figures Se les 
difpofitions des cellules de ceux des 
différentes efpeces ; & enfin la manière 
dont ces infectes fe nourriffent , croif- 
fent & fe multiplient. Les nouvelles 
Obfervations , continue-t-il , mettront 
dans un plus grand jour tout ce qui 
a rapport aux différens Polypiers , Se 
à leur formation. Mais nous devons 
déjà beaucoup aux découvertes de 
Meffieurs de Réaumur, Ber- 
nard deJussieu & Guet- 
tard, fur cette partie de i'Hiftoire 
Naturelle, fi intéreifante Se fi nouvelle. 
Ronde i.et(L. Xvll. p. 3 7 ï . Edk. 
Franç. ) donne le nom de Poulpe aux 
Polypes de mer , Se il met aufii la Nau- 
tille dans le rang des Polypes. 

Nous devons à' M, Tremblay 
la découverte des Polypes d'eau douce. 
Ceux qu'il a découverts font les Po- 
lypes verds $ les Polypes d'un brun rou- 
geâtre , lorfqu'on les tire des fofféa, 
C c'eft la féconde efpece ) , & les Poly- 
pes , qui approchent quelquefois d'un 
rouge couleur de chair; c'eft la troi- 
fieme efpece. Ces deux dernières ef- 
peces , félon l'Obfervateur , varient 
affez pour la couleur: elle change fui- 
vantla nourriture que ces Polypes pren- 
nent ; & la couleur même de ces trois 
efpeces dépend dufuc nourricier qu'el- 
les tirent des animaux qui deviennent 
leur nourriture. Il y a aufii des Po- 
lypes à panache d'eau douce, Faîfbns 
connaître ces quatre efpeces de Polypes 
d'eau douce , d'après le favant Na- 
turalîfte , qui les a fcrupuleufement 
obfervées. 

Defcripiion des Polypes d'eau douce. 

Les. Polypes d'ean dmci ont- le corps 



POL 

affez délié; d'une de leurs extrémités 
fortent des cornes, qui fervent de pieds 
& de bras , Se qui font encore pl us 
déliées que le corps. Les bras des Po- 
lypes fe courbent , fe contournent len- 
tement en différens fens , fe contrac- 
tent & s'étendent de nouveau dans 
les individus de chaque efpece. Le 
nombre des bras ou des pieds n'eû 
pas égal dans les Polypes verds , ( pre- 
mière efpece découverte par M. Trem- 
blay) , Se dans les autres qu'il a ob- 
fervés depuis : le petit nombre de 
bras elt communément de fix , 8e le 
plus grand nombre elt de douze ou 
de treize. Il en a vu quelques-uns 
de la féconde efpece qui en avoient 
dix-huit,& même des individus de cha- 
que efpece de Polype chez qui le nom- 
bre des bras n'étoit pas égal , pareeque 
les bras ou pieds ne pouffent que fuc- 
ceffivement , Se qu'il en vient même de- 
nouveaux affez longtemps après leur 
naiffànce.. 

Le corps des Polypes à 3 eau douce , 
comme celui deplufieurs animaux con- 
nus, eft fufceptiblc de différens degrés 
d'exter.fion & de contraction , Se on 
ne peut qu';i-peu-près en défigner la 
longu eur. La plupart des- Polypes verds 
que l'Obfervateur a examinés avoient 
entre cinq ou fix lignes de longueur. 
Celle de ceux de la féconde Se de la 
troifieme efpece étoir ordinairement 
de huit Se douze lignes, & il en a vu 
de ces deux efpeces dont le corps avoit 
un pouce & demi. Le corps des Po- 
lypes eft plus mince à mefure qu'il s'é- 
tend , Se l'eft moins à mefure qu'il fe 
contracte :• il eft fans anneaux & leur- 
manière de s'étendre & de fe contrac- 
ter a plus de rapport à celle des Li- 
maçons Se des Limaces , qu'à celle 
des Vers Se des autres infecr.es , qui 
ont des anneaux fanfibles. On oblige 
les Polypes k fe contracter plus ou moins 
à proportion qu'on les touche , ou 
qu'on agite l'eau , dans laquelle ils 
font plus ou moins rudement. Le chaud 
les aniiue » Se le froid les engourdit j 



POL 

mais il faut un degré de froid qui 
approche de la congélation pour les 
réduire à une parfaite inaction. 

Les Polypu verds font ceux qui ont 
les bras plus courts. M. Tremblay 
n'en a pas vu qui furpaflat en longueur 
la moitié de leur corps , c'eft-à-dire , 
dont la longueur fût de plus de trois 
lignes. Les bras d'un pouce de lon- 
gueur font très-communs dans les Po- 
lypes de la féconde efpece , Se il en a 
vu plufieurs les étendre jufquM deux 
8c même trois pouces. On dilKngue 
les Polypes de la troifieme efpece par 
leur queue ; mais la longueur de leurs 
bras fournit encore un caractère très- 
remarquable, 8c très-propre à les dis- 
tinguer des autres efpeces, C'eft ce qui 
fait que l'Auteur les nomme fouvent 
Polypes à longs bras. Il a découvert la 
première efpece , ou celle des Polypes 
verds , au mois de Juin 1740. la fé- 
conde au mois d'Avril 1741. Se la 
troifieme au mois de Juillet de la mê- 
me année. Ceux de la féconde efpece , 
lorfqu'ils font contractés , & ceux de 
la troifieme ont une & deux lignes de 
longueur, Les bras d'un même Polype 
peuvent s'étendre 8c fe contracter en 
tout ou en partie , indépendamment 
les uns des autres & les uns font 
fouvent fort longs pendant que les au- 
tres font très-courts. Les Polypes de 
ces trois efpeces exécutent le mouve- 
ment de la contraction avec aflez de 
lenteur lorfqu'ils le font d'eux-mêmes; 
mais les Polypes verds fe contractent 
avec promptitude , lorfqu'ils y font 
forcés par quelque caufe étrangère. 
Ceux des deux autres efpeces fe con- 
tractent moins vite ; & les uns Se les 
autres exécutent ce mouvement avec 
aflez de lenteur, lorfqu'ils le font d'eux- 
mêmes. 

Les Polypes ont un mouvementpro- 
greffif ; il s'opère au moyen de la fa- 
culté qu'ils ont de s'étendre ^ de fe 
contracter , Se de fe courber en tout 
fens. Leur manière de marcher a un 
grand rapport avec celle de divers ani r 



FOL 525 

maux terreftres 8c aquatiques , comme 
avec les Chenilles nommées Arpen- 
teufes , Se quelques efpeces de Vers 
aquatiques aflez communs. Ils parcou- 
rent en marchant le fond de l'eau ; ils 
montent le long de fes bords , ou des 
Plantes aquatiques. Souvent ils par- 
viennent jufqu'à la fuperficie de l'eau t 
Se s'y tiennent fufpendus parleur bout 
poftérieur. Comme ils font leurs pas 
très-lentement , ils employeur beau- 
coup de temps à parcourir un petit 
efpace : ils s'attachent fortement con- 
tre les corps fur lefquels ils s'arrêtent. 
Cette adhéfion eft volontaire: ellefo 
fait par le moyen d'une matière vif- 
queufe , & a peut-être les mêmes 
caufes de l'adhéfion de l'CEil de Eouc 
que M. de R É a u m u r ( Mérn. 
de l'Acad. Royale des Sciences , année 
1 7 1 3 . p. 1 1 3 . ) a expliquée.. 

Ce qui eft au milieu des bras des 
Polypes, peut s'ouvrir & fe fermer, 
Se cette ouverture fert de bouche X ces- 
animaux : elle s'ouvre dans l'eftomac,. 
M. Tremblay donne k nom d'ef- 
tomac à cette ouverture qui règne d'urï 
bout à l'autre du corps des ^Polypes* 
pareeque c'eft-là que font portés les 
alimens , & qu'ils y font digérés. La- 
peau ,.qui enferme L'eftomac, quiforme 
le fac ouvert par les deux bouts , eft 
la peau même des Polypes „& l'animal 
ne confifte que dans une feule peau 
difpofée en forme de tuyau , ou de 
boyau ouvert par fes deux extrémités.. 
En l'ouvrant on ne trouve qu'un vaif- 
feau auliï long que le Polype, ou plu- 
tôt tout cet animal ne paroît former 
qu'un vaifleau , dont la fuperficie ex- 
térieure eft la fuperficie même de l'a- 
nimal ; du moins s'il y en a d'autres,, 
ils font fi petits qu'ils ne peuvent êtee 
apperçus. 

Les Polypes font glaireux , & leur- 
couleur dépend fouvent des grains doit 
leur peau eft garnie; mais ils ne per- 
dent pas leurs grains à proportion de 
leur couleur. Ce font les grains eux- 
mêmes qui perdent leurs couleurs! ? 



l 



S i6 V O L 

lorfque les Polypes commencent à de- 
venir blancs. 

La ftructure des bras des Polypes a 
beaucoup de rapport avec celle de leur 
corps. Obfervés à la loupe ou au ml- 
crofcope , contractés & étendus , ils 
parolffent chagrinés à la fuperficie ex- 
térieure , de même que celle du corps 
des Polypes. Un bras contracté paroît 
chagriné , & beaucoup plus que le corps 
du Polype , Se moins,à mefure qu'il s'é- 
tend : ils font percés en dedans , Se ce 
vuide communique avec l'eftomac. Les 
Polypes aiment beaucoup la lumière. 
On fait que la lumière d'une chan- 
delle Se d'un flambeau eft un piège 
dont on fe fert pour attirer & _ pour 
prendre divers animaux aquatiques. 
Çeft auffi de cette manière qu'on pè- 
che les Polypes marins fur les côtes de 
la mer Adriatique. Ils viennent à la 
lumière que les Pêcheurs font luire le 
;foir fur la fuperficie de l'eau. 

Nourriture des Polypes. 

Les Polypes Te nourrilTent d'infectes , 
nommés par M, de Ré auMUH 
Millepieds à dard. On en trouve en 
.quantité fur les Plantes aquatiques. 
Leurs bras font pour ces animaux ce 
qu'un gluau eft pour un oifeau. En 
quelque endroit qu'un Millepieds les 
touche, il eft arrêté , Se plus cet en- 
droit eft près de l'origine des bras , 
moins le Polype a de peine à rappro- 
cher le Millepieds de fa bouche. Lorf- 
qu'un Polype n'a pas de proie à man- 
ger on voit fouvenc fa bouche ouverte ; 
mais cette ouverture eft ordinairement 
fi petite, qu'il eft-néceffaire defefervir 
.d'une loupe pour la découvrir. Mais 
quand les bras ont ramené une proie 
fur cette bouche , elle s'ouvre d'abord 
davantage , Se toujours à proportion 
.de la grofleur de l'anîmal que le Po- 
lype doit faire paffer dans fon corps, 
Ses levres fe dilatent peu-à-peu Sein- 
■fenfiblement,& s'ajuftentprécifément à 
$a figure de la proie, Les Polypes iè 



P O L 

Holirrîiïent non-feulement de Mille- 
pieds , mais encore de Vers , Se de U 
plupart des petits infectes qui nagent 
dans'les eaux , Se ils arrêtent lès pre- 
miers qui fe préfentent. Au défaut de 
Millepieds , M. Tremblay leur 
adonné des Pucerons branchus. Quand 
les Pucerons lui ont manqué , ( c'étoit 
vers la fin du mois de Septembre), 
il a eu recours à des Vers qui font 
au fond des eaux , dont un bout eft 
en terre , & dont le refte du corps fort 
dehors , Se cela a été fa reflource pen- 
dant tout l'hiver. Il y a un Ver rouge 
affez épais , Se long de cinq à fix li- 
gnes , qu'on retire de defTous terre , 
du même genre que celui qui eft dé- 
crit dans le premier Mémoire du Tome 
V, p, 20. des Mémoires de M. de 
Réaumur fur les lnfecl.es , dont les 
Polypes peuvent auffi lènourrir; mais 
il eft plus difficile à avaler , & à di- 
gérer que les précédens : il faut que 
les Polypes ayent bien faim pour en 
manger. M. Tremblai leur a vu 
manger le Ver de Tipule , dont parle 
M. de Réaumur, Se du Gardon; 
ce poiiTon logé tout entier dans le 
corps d'un Polype , y a été digéré , 
fucé , Se enfuite rendu par la bouche, 
reconnoiiTable à la vérité , mais affez 
défiguré, dit l'Obfervateur. 

.Les Polypes mangent la plupart des 
petits infectes, qu'on trouve dans les 
eaux douces. Ils fe nourrilTent très- 
bien de Vers Se de Nymphes de Cou- 
fins Se d'autres petites Mouches. On 
peut leur donner de plus grands ani- 
maux , en les coupant par petits mor- 
ceaux. M. T r e M b L A y leur a fait 
manger de cette manière des Limaces 
Se d'autres infectes aquatiques encore 
plus grands. Il leur a donné des Vers 
de terre , des entrailles de poiftons 
d'eau douce , Se même de la viande 
de Boucherie , du Bœuf, du Mouton , 
& du Veau ; mais ils ne tirent pas de 
cette viande un fuc nourricier aulfi 
abondant que des Infectes aquatiques 
qui leur conviennent le plus. Lorfqu'on 



POL 

a donné à un Polype affamé deschofes 
qui ne peuvent lui fervîr d'aliment , 
quelquefois il les retient d'abord avec 
les bras , Se puis il les laîffe tomber ; 
d'autrefois il ne les arrête point du 
tout. 

Les Polypes ont un penchant mar- 
qué pour la lumière , Se fi étoit tout 
naturel à M. Tremblay de leur 
chercher des yeux. Il n'a rien négligé 
pour s'affurer s'ils en avoient. Il n'y 
a aucun endroit de leur corps qu'il 
n'ait obfervé avec foin à la loupe & 
au microfeope , & il n'a jamais pu 
parvenir à découvrir aucune partie , 
qui , par fa fituation , ou par fa ibuc- 
ture , lui donnât lieu de foupçonner 
qu'elle étoit un œil. Mais quoiqu'il 
n'ait point apperçu d'yeux dans les 
Polypes , Se quand même les plus ha- 
biles Obfervateurs , aidés des meil- 
leurs microfeopes n'en découvriroient 
point, il feroit téméraire , dit-il , de 
décider qu'ils n'en ont point , Se fur- 
tout de décider en général qu'ils n'ont 
pas une manière d'appercevoir la lu- 
mière , Se les objets qu'elle éclaire. 

Quand les Polypes rencontrent un' 
même Ver, ils fe le difputent. On en 
voit fouvent deux qui tirent chacun à 
eux le même Ver avec beaucoup de 
force , Se il arrive affez fréquemment 
que l'un commence à l'avaler par un 
bout , Se l'autre par l'autre bout , & 
qu'ils continuent à avaîer chacun de 
leur côté jufqu'à ce que leurs bouches 
fe touchent. Elles relient quelquefois 
appliquées allez longtemps l'une contre 
l'autre , après quoi le Ver fe rompt, 
Se chaque Polype en a la moitié. Mais 
d'autrefois, continue M. Tremblay, 
le combat n'en relie pas là ; les Po- 
lypes continuent à fe diiputer leur proie 
lorfque leurs têtes fe touchent. L'un 
des Polypes ouvre d'avantage fa bou- 
che , Se fe met en devoir d'avaler 
l'autre avec la portion de Ver qu'il a 
dans le corps. 11 l'avale en effet plus 
ou moins, Se fouvent même prefque 
tout entier. Ce combat finit cependant 



POL j 47 

plus heureufement qu'on ne feroit d'a- 
bord porté à le croire pour le Polype 
qui a été englouti par fon adverfaire. 
11 ne lui en coûte ( que fa proie que 
1 autre lui arrache fouvent de l'efto- 
mac ; il fort tout entier fain Se fauf 
du corps de fon ennemi , après même 
y avoir été pendant plus d'une heure ; 
c'eft ce qui a fait connoître au favant 
Obfervateur que ces animaux n'étoient 
pas pour leur propre elpece un ali- 
ment convenable. 

Les Polypes mangent pendant toute 
1 année , excepté dans ce temps de 
l'hiver où l'eau a un degré de froideur 
fort peu éloigné de celui de la con- 
gélation. Le froid , qui les engourdit 
Se qui leur ôtè l'aclivîté néceffaire pour 
chercher à manger , & pour faifir les 
proies qui fe préfentent , leur rend tout 
aliment inutile , en leur faifant entiè- 
rement perdre l'appétit. Lorfque dans 
ce temps-là on fait tomber un Ver 
fur leurs bras, ils ne paroiffent avoir 
aucun goût pour lui , ils ne l'arrêtent 
point. Leur appétit renaît à mefure que 
le froid ceffe , & il augmente avec la 
chaleur. 

Les Polypes rendent leurs excrémens - 
par la bouche • & M. Tremblât 
dit n'avoir jamais rien vû fortir par 
l'ouverture qu'ils ont à leur extrémité 
poflrérieure. 11 en eft des Polypes , com- 
me des animaux voraces. S'ils peuvent 
manger beaucoup à la fois , ils peuvent 
aufÏÏ relier fort longtems fans manger. 
Les Abeilles , les Fourmis , diverfes ef- 
peces de Chenilles , de Vers , de Pa- ■ 
pillons , Se de Mouches , paffent des ' 
mois entiers fans manger" quoi que ce 
foit : mais ce temps de jeûne ell aufïï 
pour ces infeéles un temps d'inaéèion 
Se d'engourdiffement que lafaifon froi- 
de occafionne. Ils ne pourraient pas 
refter fi longtemps fans manger en 
été , quoiqu'ils foutiennent, même dans 
ce temps-là de beaucoup plus lon<rs 
jeûnes que tant de Quadrupèdes & 
d'autres animaux qui nous font connus". 
M, Tr.em.bl-a y dit en avoir con— 



5*3 POL 

fervé dans des verres , qiû ont été 
privés de tout aliment pendant quatre 
mois. 

L'accroiflemcnt des Polypes eft fort 
prompt , lorfqu'ils mangent beaucoup 
& fouvent, c'eft-à-dire,en été. IL eft 
proportionné à la quantité d'alimens 
qu'ils prennent ; mais ils diminuent à 
mefure qu'on les fait jeûner , Se plus 
vite en été qu'en hiver. Ces animaux 
peuvent vivre pendant plus de deux 
ans : ils font fujets à être incommodés 
par une efpece de petits Poux très- 
communs dans les eaux , lefquels font 
fouvent périr les Polypes , qui devien- 
nent enfuite la proie de cette Ver- 
mine. Il y a des Vers dans les eaux , 
qui furpaflent de beaucoup les Polypes 
en grandeur , Se auxquels ceux-ci font 
redoutables : Us les dévorent tout vi-- 
vans.. 

Lieux oh fe trouvent les Polypes d'eau 
douce. 

Les Polypes d'eau douce Ce trouvent 
dans les recoins que forment les fofles , 
les marres , Se les étangs. 11 y en a 
beaucoup moins dans les eaux pen- 
dant l'hiver que dans les autres faifons 
de l'année , & ils font plus difficiles à 
trouver. Les Plantes aquatiques fur lef 
quelles ils fe tiennent communément, 
ne flottent plus dans cette faifon fur la 
fuperficie de l'eau , ou ne s'élèvent 
du fond qu'en petite quantité. La plu- 
part font des Plantes annuelles qui 
pourriflent à l'approche de l'hiver, & 
dont les relies vont au fond de l'eau. 
Ceft-là auffi quefont les Polypes , mais 
dans une forte d'inaction. Dès que la 
belle faifon approche, la Lentille monte 
à la fuperficie de l'eau , elle y multi- 
plie ; les jeunes Plantes de Prèle pouf- 
fent Se s'élèvent dans l'eau ; tant d'au- 
tres Plantes qui flottent fur l'eau, com- 
mencent à croitre , Se les Polypes, que la 
chaleur ranime , montent fur ces plan- 
tes, qu'ils parcourent en cherchant leur 
fivic j Se à mefure que la chaleur aug- 



P O L 

metltejôfl trouve une plus grande quan- 
tité de Polypes. 

Multiplication des Polypes d'eau douce. 

Les favans Obfervateurs de nos 
jours, font parvenus à découvrir qy e 
la Nature a voulu que les Polypes d'eau 
douce pufTent fe multiplier de toutes 
les façons dont les Plantes fe multi- 
plient. Les ocu^sdes animaux , dit M. 
deRéaumur, font analogues aux 
graines des Plantes. 11 y a des efpeces 
de Polypes qui font des œufs ; d'autres 
qui ont la furprenante propriété de 
pouvoir , comrneJes Plantes , être mul- 
tipliés par bouture , Se d'autres qui 
pouffent hors de leur corps un jeune 
Polype , comme une tige d'arbre poufle 
une branche , Se comme une branche 
poufle un rameau. M, Trembla y a fait 
les expériences de ces trois efpeces de 
multiplications; enfuite M. de Réau- 
mur. les a faites à Paris, Se M. Folke, 
Préfident de la Société Royale , les a 
faites à Londres. Celle qui fe fait par 
rejettons eft la plus curieufe , Se eft 
très- féconde. Voyez le Mémoire III. 
de M. Tremblay. Cet Obferva- 
teur a nourri des milliers de Polypes, 
qui tous lui ont fait voir qu'ils étoient 
mères. Il n'a trouvé dans aucun rien 
d'analogue à ce qui fertà féconder la 
plupart des animaux. En cela ils ref- 
fcmblent aux Pucerons, qui font tous 
mères , Se multiplient fans accouple- 
ment. 

^ Un jeune Polype a en lui le prin- 
cipe de la fécondité, avant même qu'il 
l'ait pu recevoir extérieurement de 
fa mere , ni d'aucun autre Polype. Un 
jeune Polype , qui commençoit feule- 
ment à pouffer, c'eft -à-dire, qui n'é- 
toit encore qu'un très-petit bouton, 
coupé Se mis à part dans un verre, 
s'eft allongé peu-à-peu ; il lui eft venu 
des bras, Se il a enfuite multiplié. C'eft 
l'expérience qui a été faite par M. 
Tremblay ( Mém. III. p.çi. Édir. 
in-iz.). Cette prétendue règle qu'il 



P O L 

n'y a point de fécondité fans accou- 
plement eft démentie par ces Obfer- 

•fervations , Se par les découvertes faites 
fur les Pucerons par M. de Réa.u- 
jiur. La multiplication des Polypes 
par feétion ne leur eft point particu- 
lière. PlufLurs Curieux après avoir 
•été informés qu'on pouvoir multiplier 
les Polypes en les coupant, ont décou- 
vert la même propriété dans différentes 
e/peces de Vers, Se cette expérience 
a encore réufli fur un plus grand nom- 
bre d'animaux. 

J'ai dit qu'en coupant les Polypes 
en deux , trois ou quatre parties , ces 
parties devenoient autant de Polypes , 
èc l'on croira que cette iorte de mul- 
tiplication n'a lieu que quand on les 
coupe ; mais M. Tremblay nous 
apprend qu'il a vû des Polypes Ce par- 
tager d'eux mêmes , Se le multiplier 
après cette feefion volontaire , quis'eft 
faite chez les uns par le milieu du corps, 
"chez d'autres plus ou moins près du 
bout antérieur , ou du bout poftérieur 
& il en a eu de ceux-là qu'il a nourris 
pendant long-temps, & qui fefont par- 
tagés deux ou trois fois. Cette efpece 
de multiplication doit palTcr pour ex- 
traordinaire , parceq.ie les Polypes ne 
fe multiplient que très -peu par ce 
moyen , Se elle n'eft nullement com- 
parable à la multiplication des Polypes 
par rejettons. 

j'ai rapporté plus haut d'après M. 
de Réaumur, qu'il y a des efpeces 
particulières de Polypes qui font des 
trufs, Se il n'y a rien de fmgulicr en cela, 
dit ce Savant ( Préface du Tome VI. 
p. 75. ). M. Bernard de Jussieu , 
dans un de fes Voyages pendant les 
vacances , iur les côtes de Normandie , 
a trouvé à quantité de Polypes à bras 
en forme de cornes une petite vêtue 
adhérente à leur corps. Il a paru à 
ce grand Naturalise qu'elle étoit plei- 
ne d'oeufs; mais étant obligé de fui vrc 
fa route , il n'a pu s'afÏÏirer a!Têz de 
ce que donnent ces œufs. Si en effet 
c'étaient des œufs des Polypes à bras 
Tome UL 



F O L S z 9 

en forme de corne , ces animaux , dit 
M. Tremblay (Mém. III. p. 101. ) 
feroient ovipares Se vivipares. Ce n'en: 
encore qu'une conjeéture , ajcute-t-il , 
■mais qui ayant été formée par un Na- 
turalise tel que M. de Jussieu, 
eft digne de la plus grande atten- 
tion. 

Les variétés de figures que M. Trem- 
blay a trouvées dans les Polypes qu'il 
a nourris pendant longtemps , Si les 
■végétations irrégulieres , auxquelles 
ces animaux font fujets, fuffifentpour 
faire comprendre qu'à cet égard les 
Polypes d'eau douce ont encore plus 
de rapport avec les Plantes, qu'avec 
les animaux qui nous font connus. 

POLYPE à panache. Toutes les 
■dirTérentesfortes de Polypes d'eau douce 
n'ont pas encore été connues des Na- 
turalises. Outre les trois efpeces dont 
on vient de parler, il y en a une qua- 
trième. Ce font les Polypes à panache 
■d'eau douce. Leur corps a environ une 
ligne de longueur fans compter le pa- 
nache , qui eS prefque aulli long que 
le corps. Celui-ci eft fort mince , à 
peu-près cylindrique , Se la peau eft 
parfaitement tranfparente. Le panache 
n'eft qu'une continuation de cette peau 
tranfparente. Il eft fort large à pro- 
portion du corps , Se: d'une figure très- 
remarquable, Sa bafe eft faite en forme 
de fer à Cheval ; des bords de cette 
bafe fortentles bras du P4ype ; ils ibnt 
tous recourbés en dehors. Le panache 
qu'ils forment par leur affemblage , a 
l'air d'une fleur monopetale épanouie. 
Ces bras font fort près les uns des 
autres. M. Tremblay dit en avoir 
compté au-delà de foixar.te à un feu! 
panache. On pourroit les comparer 
par rapport à leur épailfeur Se à leur 
transparence , à des fils de verre très- 
fins. La bafe du panache eft creufée 
en gouttière ; elle tient au Polype par 
le milieu du fera Cheval qu'elle forme, 
Se c'eft-là qu'eft une ouverture qui 
fert de bouche à cet animal. Ses intef- 
tins le diuinguent facilement à travers 
X x x 



53<> FOL 

la peau tranfparente de Ton corps. Ils 
font d'un brun aflez foncé dans les 
Polypes qui ont bien mangé. C'eft ainfi 
que M Tremblay parle des Po- 
lypes à panache: 11 ajoute que ces ani- 
maux ont encore plus l'air de Plantes, 
que les Polypes à brjs en forme de cornes. 
Ils font très-voraces , au moins ceux 
de Pefpece qu'il a obfervée. Mais ils 
ne peuvent manger que des animaux 
fort petits , & en un jour ils en dé- 
vorent un grand nombre. Le panache 
de ces Polypes eft pour ces petits ani- 
maux un gouffre dans lequel font pré- 
cipités la plupart de ceux qui en ap- 
prochent. 

Rarement on trouve un Polype à pa- 
nache feul. Il y en a ordinairement 
plufieurs enfcmble , & ceux de l'ef- 
pece dont M. Tremblay parle font 
rangés les uns à côté des autres. Le 
mouvement pregreffif de ces Polypes 
eft fi lent , qu'il eft abfolument im- 
perceptible : ils multiplient par rejet- 
tons , comme les Polypes à bras en forme 
de cornes ; mais ils font auffi des œufs. 
Meffieurs deRéaumur, & B e r- 
Nard de Jussieu, ont obfervé 
que les Polypes d'eau douce à panache 
ont pondu des œufs bruns , & un peu 
applatis , & ces Savans ont vû naître 
des petits de ces œufs. 

Il y a plufîeurs efpeces d'autres ani- 
maux beaucoup plus petits que les Po- 
lypes à panache , & qui paroiiTent de- 
voir être auffi rangés dans la clalfe des 
Polypes i M. DE Réaumur en a 
trouvé en grande quantité aux envi- 
rons de Paris & en Poitou. Il y en a 
auffi abondamment , & de p lutteurs 
efpeces dans les fotfés qui font autour 
des haies , dit M. Tremblay, Tous 
ces animaux ont la bouche à une de 
leurs extrémités , & c'eft à la même 
extrémité que font auffi leurs bras , 
ou ce qui leur tient lieu de bras. Il y 
en a quelques efpeces qui font vora- 
ces. Léewenhoeck en a décrit 
une efpece. Il en eft parlé dans les 
franjaltient Phil ofophiauçs , an. 1703. 



P O M 

«.283. art. 4. p. 1305. Enfin les diffé- 
rentes efpeces de Polypes peuvent four- 
nir une abondante matière à décou- 
verte. M. H o g h e s , Eccléfiaftique 
Anglois, a vû dans l'eau d'une grotte 
de l'Ifle des Barbades des corps orga- 
nîfés , qu'il a d'abord pris pour des 
fleurs , mais qu'il a cru enfuite devoir 
placer dans la clafTe des animaux. M, 
Tremblay fait remarquer que M, 
H o G h e s n'avoit aucune connoiffan- 
ce de ce qui a été découvert en Eu- 
rope depuis quelques années fur les 
Polypes , lorfqu'il a fait fes obferva- 
tions , Se que même les fiennes ont été 
faites les premières. 

Il y a une efpece de Polype qu'on 
trouve , dit M. Link/eusC Vauna 
Suée. ), à Upfal , dans les foffés , & 
qui vient par bouture , c'eft -à- dire, 
que coupé en plufieurs parties , ces 
parties deviennent de nouveaux Po- 
lypes. Il le nomme Hydra viridis f cor- 
pore diquali , tentaculis corpore brevio- 
ri bus. 

P O M 

PO M ATI A, Limaçon des vi- 
gnes Se des jaTdins : C'eft le plus com- 
mun de tous. Il a la bouche ronde. Sa 
couleur tire fur le jaune , avec deux ou 
trois bandes plus grifes , & fa robe eft 
toute ftriée , avec cinq tours defpirale 
atfez ferrés. Il n'y en a point dont la 
plaque foit plus étendue , ainfi que le 
col terminé par fa tête , laquelle a qua- 
tre cornes , dont deux plus longues , 
& deux petites au-deiïous. Les yeux 
font marqués par deux points noirs ? 
aux extrémités des plus grandes cor- 
nes. L'opercule eft à un des bouts de 
la plaque. On voit la figure de la co- 
quille & de l'animal àlaPlnnche IX. 
». 4. de la féconde Partie de la Conchy- 
liologie de M, d'Augenville. Voyez 
LIMAÇON 

POMATRIS, ou POMA- 
CRIS: C'eft une forte d'Ffcargots ? 
que DioscoRiDE dit qu'on rrouve 
en Italie dans les montagnes de Gênes 



P O M 

8c de Trente. Selon Matkiole, 
ils font fort bons , & on les tire en 
hiver de terre avec une pioche auprès 
des haies & au pied des arbres. Leur 
coquille eft blanche & dure , ce qui 
les garantit du froid. Dans cette faifon 
ils pa fient pour être meilleurs que ceux 
qu'on trouve le printemps & l'été , 
parceque dans ce temps -là ils font 
agités par les pluies & les orages, 5c 
au contraire en hiver ils fe tiennnent 
cachés en terre. 

P O M M E D'A M O U R , 
Zoophyte , dont parlent Rondelet , 
Il u y S C ri , & l'js autres. Voyez au 
-mot ALBERGAME, 

P O M P I L E, poiifon de mer, 
qu'A R t e d i ( Icbtb. Pan. V. p. 20. 
n. 3. ) met dans le rang de ceux qui 
ont les nageoires molles , tifcesmala- 
copterygii. Il le nomme, Cary ph&na eau- 
d'à &q_ttali r lineâ iateraii citrva. C'eit le 

nî/MTMc'î d'F.LIEM ( L. II. C. I 5. L. XV. 
C, î^. ), d'ATHÉNÉE (L. Vlf. p. 282. 

283.284.) & d'O ? p 1 e N ( H.d. L. I. 
p. 8.); le Pompilur d'O vide (v. ioi,), 
de P l 1 n e (L. XXXlï. en.), de 
Gesner ( de Aquat. p. 887. ) , d'Aï,- 

1) Il O V A î{ D E (L. ///. C. 19. p. 3 2 J. ) , 

de Jo n st o n ( L.I. c 2.) , de Chau- 

LETON , p. I 24. deWlLLUGHBY, 

p. 2 1 5 . d e R a y ( Synop. Pifc. p. roi.) 
& de Rondelet, L. Vlif. c. 13. 
p. 199. Edit. Franc. 

Ce Naturalise dît que quelques- 
uns , comme Pline, ont mis le 
Pompile au rang des Thons & des 
Pélamîdes , mais il penfe qu'il en eft 
bien différent. Ce poiffôn fréquente la 
liante mer. Son corps eft finis écailles. 
Des ouïes à la queue il a un gnmd trait 
courbe, & plufieurs en travers du ven- 
tre, marqués de petits points. Son dos 
eft de diverfes couleurs & moucheté- 
fa bouche eft de moyenne grandeur ; 
fes dents font petites ; la partie de def- 
fus les yeux Se entre les yeux eft jaune 
& de couleur d'or. Il a deux nageoires 
proche des ouïes , deux au - deffous , 
une proche de l'anus , une au dos , 3c 



la queue , qui n'eft point divïfée com- 
me celle des Thons 8c des Pélamides , 
lui fert encore de nageoire. Cepoiffon 
fuit les vaiffeaux en pleine mer. Il a les 
fourcils dorés , ce qui fait qu'on le nom- 
me Xpuîo'ppK en Grec , comme la Dora- 
de , & ces marques , dit R o N d e le t» 
font celles qu'A thénée&Élien 
donnent au Pompile. U eft rare fur nos 
côtes , ce qui fait qu'on ne lui a pas 
donné de nom François , Se qu'on le 
prend pour la Pélamîde. 

P O N 

P O N G I : On donne ce nom dans 
le Royaume de Congo à une efpece 
de Singe , qui a la figure d'un Lion. 
On le nomme Cagvi au Bréfd. Voyez 
ce mot. 

P O N G O S : Le Naturalisa 
B A t t e l raconte que dans les forêts 
de Muyoniba.au Royaume deLoango , 
on voit deux fortes de Monftres , dont 
les plus grands fe nomment Pongos , Se 
les autres Enjo'zps. Les premiers ont 
une reffemblance exacte avec l'homme, 
mais ils font beaucoup plus gros Se de 
fort haute taille , avec un vifage hu- 
main. Ils ont les yeux fort enfoncés. 
Leurs mains , leurs joues Scieurs oreil- 
les font fans poils , à l'exception des 
fourcils qu'ils ont fort longs. Quoiqu'ils 
ayent le relie du corps affez velu, le 
poil n'en eft pas fort épais , Se fa cou- 
leur eft brune. Enfin la feule partie qui 
les distingue des hommes , eft la jam- 
be , qu'ils ont fans moler. Ils marchent 
droits,, en fe tenant de la main le poil 
du col. Leur retraite eft dans les bois. 
Ils dorment fur les arbres Se s'y font 
une efpece de toit, qui les meta cou- 
vert de la pluie. Leurs alimens font 
des fruits ou des noix {àuvages : jamais 
ils ne mangent de chair. L'ufage des 
Nègres qui traverfent les forêts eft d'y 
allumer des .feux pendant la nuit, Ils 
remarquent que le matin A Leur dé- 
part les Pongot prennent leur ; pl.aca 
autour du feu Scnefe retirent pas qu'il 
ne foit éteint, car ils n'ont pas aifcz ds 
X x x ij 



5?2 PO N 

fens pour l'entretenir, en y apportant 
du bois. 

Ils marchent quelquefois en trou- 
pes Se tuent les Nègres qui traverftnt 
les forêts : ils tombent même fur les 
Eléphans qui viennent paître dans les 
lieux qu'ils habitent , 5c les incommo- 
dent fi fort à coups de poings ou de bâ- 
ton , qu'ils les forcent de prendre la 
fuite en pouflant des cris. On ne prend 
'jamais de Pongos en vie, parcequ'ils 
font fi robuftes , que dix hommes ne 
fuffiroient pas pour en arrêter un ; mais 
les Nègres en prennent quantité de 
jeunes , après avoir tué leur mère , au 
corps de laquelle ils s'attachent forte- 
ment. Lorfqu'un de cesanimaux meurt, 
les autres couvrent foncorps d'un amas 
débranches & de feuillages. Purchas 
ajoute en-forme de note , que dans les 
Gonverfations qu'il avoit eues avecBAT- 
tf.l , il avoit appris de lui-même qu'un 
Fongoshx\ enleva un petit Nègre, qui 
paua un mois entier dans la fociété de 
ces animaux , car ils ne font aucun mal 
aux hommes qu'ils furprennent , du 
moins lorfque ceux-ci ne les regardent 
point , comme le petit Nègre l'avoit 
obfèrvé. A fon retour, dont l'Auteur 
ne détaille point les cîrconftances , il 
rapporta que les Pongos font de la 
hauteur d'un homme ; mais que dans 
leur mafle ils ont le double de fa gran- 
deur. Batte l n'a point décrit la 
féconde efpece de Monftre , & l'Édi- 
teur, entre les mains duquel fes pa- 
piers ne tombèrent qu'après fa mort, 
ne put fe procurer liUdeifus les éclair- 
ciïïemens qu'il défiroit ; mais il s'ima- 
gina que ce peut être le Pongos-Pigmée, 
dont on parle dans un autre endroit. 
D a p p e r confirme que le Royaume 
de Congo elï plein de ces animaux , 
qui portent aux Indes le nom à'Orang- 
Outang y c'eft-à-dire Habitant des bois , 
Se que les Africains nomment Quojas- 
"Moïyos. 'Cette bête , dit-il, eft fi fem- 
Blable i l'homme , qu'il efi tombé dans 
i'efprit de quelques Voyageurs qu'elle 
gouvoit être ferrie, d'une, femny; &. 



P O N 

d'un Singe, chimère que les Nègres 
mêmes rejettent. Un de ces animaux 
fut tranfporté de Congo en Hollande 
Se préfenté au Prince d'Orange Fré- 
déric Henri. 11 éroit de la hauteur 
d'un enfant de trois ans 8e d'un embon- 
point médiocre , mais quarré Se bien 
proportionné , fort agile Se fort vif. 
Il avoit les jambes charnues Se robuftes j 
tout le devant du corps nud, mais le 
derrière couvert de poils noirs. A la 
première vue fon vifage reflembloit à 
celui d'un homme , mais il avoit le 
nez plat & recourbé. Ses oreilles étoient 
aufïï celles de l'eipece humaine. Son 
fein , car c'étoit une femelle , était 
potelé, Il avoit le nombril enfoncé , les 
épaules fort bien jointes , les mains 
divifées en doigts Se en pouces , les 
molets Scies talons gras & charnus. Il 
marchoit fouvent droit fur fes jambes. 
Il étoit capable de lever Se de porter 
des fardeaux aflez lourds. Lorfqu'il 
vouloit boire , il levoit d'une main le 
couvercle du pot Se tenoit le fond de 
l'autre ; enfuite il s'efluyoir fortgra- 
cieufement les lèvres. 11 fe couchait 
pour dormir la tête fur un couffin , Se 
fe couvroit avec tant d'adrefTe , qu'on 
l'auroit pris pour un homme- au lit. 
Les Nègres font d'étranges récits de 
cet animal. Us aflurent non-feulement 
qu'il force les femmes Se les filles . 
mais qu'il ofê attaquer des hommes 
armés : en un mot il y a beaucoup d'ap- 
parence que c'efl: le Satyre des Anciens. 
Merolla parle peut-être de ces 
animaux , lorfqu'il raconte que les Nè- 
gres prennent quelquefois dans leurs 
chafles des hommes Se des femmes fau- 
vages. Le Frère L É o n A r d lui dit un 
jour qu'il en avoit fait préfent d'un aux 
Miffionnaires , qui l'avoient envoyé 
aux Portugais de Loanda, C'eitl'Hom- 
me des bois. Voyez SINGE. 

P O N N ANDUTY, nom qu'oui 
donne du côté du Fort Saint George 
"aux Indes , à une efpece de Pie du pays t 
qui refiemble au Geai. Cet oifeau a 
une ligne faite en arc de couleur blan^ 



F O P 

the au - défais des yeux. Les petites 
plumes qui couvrent les ailes font ver- 
tes; les plumes fcapulaires font jaunes. 
Jj a proche de la bafe des ailes une ta- 
che bleue. Les grandes plumes des ai- 
les Si la queue font noires. Son crou- 
pion eft tacheté de bleu. Entre lescuif- 
fès jufqu'à la queue il eft rouge. Telle 
cftla defcriptîon que l'on trouve dans 
R A y ( Synop. Mcth. Av. p. 1 o 5 . n. 1 2. ) 
de cet oifeau, nommé en Latin , Pica 
Indica vulgarir , Se en Anglois MadrajJ- 
Jay. On le nomme aufll dans le pays 
Touricmky-Fitta. 

POP 

p O F E L ; C'eft' un Coquillage 
operculé , efpece du genre du Cérire 
de M. Adanson, figuré Planche X, 
fi. 1. qui vit dans la vaie. Ce Coquil- 
lage , dit-il C Hifi. des Coquillages du 
Sénégal, p. 1 54- ) > eft des plus com- 
muns dans toutes les rivières bourbeu- 
fes , où l'eau falée de la mer remonte , 
fur-tout à l'extrémité Septentrionale 
de l'Iile du Sénégal. Il fe traîne dans 
la vafe entre le Gramen 3c les Man- 
£>iiers, où ilfe nourrit de Scolopendres 
& de Vermiifeaux marins. L'Auteur 
décrit aiirfi la coquille Se l'animal. 

La coquille du Pope l a la forme d'une 
pyramide ou d'un cône renverfé & 
fort allongé , dont la partie fupérieure 
eft obtufe , arrondie Se va toujours en 
diminuant jufqu'à fa partie inférieure , 
qui fe termine en une pointe très-fine. 
Sa longueur eft d'environ trois pou- 
ces 8c prefque triple de fa largeur. Elle 
eft fort épaiife 8c compofée de feize 
fpircs applaties Se fi ferrées , qu'on a 
beaucoup de peine à les diftinguer les 
unes des autres. Chacune d'elles eft en- 
tourée d'environ cinq cordons inégaux ; 
celui du milieu eft garni de boilettes 
coniques Se pointues. Les autres font 
formés de petits tubercules arrondis , 
qui les font paroître comme chagrinés , 
ou même comme des tourillons de 
cordes bien torfes. 

Le fommet eft une fois Se demi plus 



POP 535 

long que large , & près de trois fois 
plus long que la première fpîre. L'ou- 
verture eft petite , eu égard à l'ouver- 
ture de la coquille , une fois plus étroi- 
te qu'elle Se prefque quarrée , ou ir- 
régulièrement arrondie. Elle a deux 
canaux, dont un en bas eft très -petit , 
étroit Se formé par un enfoncement de 
la levre droite. L'autre eft haut fur la 
gauche, fort court, évafé & légère- 
ment recourbé en dehors , fans échan- 
crure. La levre gauche eft arrondie , 
luifante , unie , creufée en arc & com- 
me repliée au dehors. Le période eft 
d'un brun fale dansles jeunes , noirâtre 
dans les vieilles , médiocrement épais 
& fi adhérent à la coquille , qu'on ne 
voit gueres d'autre couleur fur fa fur- 
face extérieure. Au-dedans elle eft d'un 
blanc fale dans les jeunes Se d'un brun 
de cafte clair dans les vieilles. Lors- 
qu'on veut la dépouiller entièrement 
de fon périofte , opération qui ne réuf 
fit que trcs-difficiïement, on ne trouve: 
au - deiïbus qu'un blanc fade Se peu 
agréable. 

On remarque que les petites Co-- 
quilles font à proportion moins longues - 
que les grandes ; qu'elles ont moins 
de fpircs Se les épines moins apparen- 
tes ou même infenfibles dans la plu- 
part, La levre droite de l'ouverture eft 
auiTi moins ondée Se plus mince. Il eft 
ordinaire aux vieilles de calfer les neuf 
fpires , comme je l'ai fait voir , conti- 
nue l'Auteur, dans leBuccin-Barnet , 
de manière qu'il n'en refte que les fept 
premières. Les dernières fpires blan- 
chiffent avant que de fe cafter , parce-- 
qu'elles fe dépouillent d'abord du pé- 
riofte brun & des canelures ou cordons 
qui les recouvroient. Quelquefois ces 
mêmes coquilles font relevées d'un , 
de deux Se même de trois bourrelets 
longitudinaux, qui font diftribués fans 
ordre fur chacune des trois premières 
fpircs. 

L'Auteur décrit l'animal dans les~ 
termes fuivans. La tête eft cylindrique 
allongée , tronquée en deflous à font 



534 POP 

extrémité & ornée fur les côtés d'un 
bourrelet, qui porte une petite fran- 
ge femblable à une crête. De ion ori- 
gine partent deux longues cornes ter- 
minées en pointe Se renflées considéra- 
blement , un peu au-deflbus de leur 
milieu jusqu'à leur racine. Aufommet 
du renflement des cornes & fur leur 
côté extérieur font placés les yeux , 
femblables à deux petits points noirs, 
qui ne faillcnt point au dehors. La 
bouche forme un petit ffllon , placé de 
longueur au-deflbus de la tête à fou 
extrémité. La membrane du manteau 
cil épaiiîe Se tapiife les parois intérieures 
de la coquille. Son extrémité fupérieu- 
re fe replie en un tuyau cylindrique , 
aflez court 5c couronné de dix petites 
languettes triangulaires. Ce tuyau fort 
rarement de la coquille. Le pied eft 
petit , prefque rend j ou de figure or- 
biculaire , de moitié plus étroit que 
la coquille, bordé à fon extrémité an- 
térieure ou du côté de la tête par un 
fillon tranfverfal , Se marqué en deflbus 
de plufieurs petits filions parallèles à 
fa longueur. Il fe prolonge par defliis 
en un mufcle cylindrique , qui porte 
à fon extrémité un opercule exactement 
orbiculaire, cartilagineux , fort mince, 
br u n , trarifparerrt Se marqué de cinq 
filions, circulaires concentriques. Com- 
me cet opercule eft beaucoup plus pe- 
tit que l'ouverture de la coquille , il 
rentre ccnudérablement en dedans , 
lorfque l'animal s'y renferme, La tête, 
les cornes Se le deifus du pied de cet 
animal font d'un cendré noirâtre , mêlé 
d'un peu de blanc, & fon manteau eft 
blanchâtre , tacheté de plufieurs petits 
points noirâtres. 

M. d'A rgenville met ce 
Coquillage dans la famille des Vis. Il 
dit, p. 232. Edït. 17$?. que cette ef- 
pece de Vis préfente un vrai clocher 
Chinois , formant plufieurs étages. 
Sa couleur d'un brun fale Se fa bouche 
recourbée font à remarquer. 11 en a don- 
né la figure , Planche II. httre F. Voyez 
VIS. 



P OR 

M, Adanson range fous le nom 
de Popel plufieurs Coquillages , favoir ; 

Le Buccinnum fitjcum , firiatum & 
muricatum , Afrïcanum , de L 1 s t e r , 
Htfl. Conchyl Taé. ni.fig.17.^ 

Le Buccinum fuj'eum , twdofîs finis 
dijlmUum , du même , Tab. 1 2 2 .fig. 1 8, 
& 10. 

Le Buccinum fufeum » primis orbiluj. 
muricatum , c&terùm ftriis nodofis exaf 
peratum, du même , ibid.fig. 20. 

Le Turbo apertus , canaliculatus , 
oblique incurvatus , fîriatus , mumtijfi- 
mis papillis ttndequaqtiè cxafpsrutus , 
aïbidus , deGuALTiERii Inà, T^b. 

t*& $7;fS' C - . . ... _ 

Le Tpnpanotonos ftuvtatilts , nodoje 

ftriatus , oris labioeffujo , de M.Klein, 

Tint. p. 30 fp. ï. n. 4. Tab 2. fig-^o. 

Le Tyrnpanotonos Jïuviatiiis , fmilis, 
mhwr, du même, n. 5. 

Le Tyrnpanotonos fluviatilis , in primij 
orlibus muricatus , cMeriim nodofus in 
Jîïiis, du même, n. 6, 

FOR 

PORC: J'ai dit au mot C O- 
CHON que cet animal domeftique 
à piecs fourchus , non ruminant &iaAS 
cornes , cft mis par M. L 1 N N Œ. u s , 
ainfi que le Sanglier, qui eft le Cochon 
ou le Porc Jauvage , dans l'ordre îles 
Jumtmx i par M. Klein dans la 
famille des Dichelons , Seque ce gen- 
re de Quadrupèdes eft le quinzième 
dans leRcgne animal de M. Buisson. 

Le Porc eft un animal blanc ou noir, 
ou noir & blanc , dont les yeux font 
petits Se enfoncés dans la tête. Il aie 
poil rude , le ventre grand & un peu 
pendant ; le grouin Se le devant de 
la tête plats ; la queue longue Se re- 
tortillée , avec de grandes foies fur le 
dos II vît de glands, d'orge , de fon , 
8e aime à fe vautrer dans la fange 11 
hait l'Éléphant , la Salamandre , la Be* 
iette , le Loup Se les Scorpions. 

Strabon dit que de fon temps il 
y en avoit une fi grande quantité dans 
les Gaules , que la feule Province 



P O R 

tyôiinoîfe en clevoît des troupeaux , 
qui fuffifoient pour nourrir Rome j 
jnaîs on difoit en Proverbe , Fromage 
de Sicile Se Cochon de Syracufe? parce - 
que les Cochons de Syracnj'e palïbient 
pour les meilleurs de l'Europe. Solin 
a dit qu'il n'y en a point dans l'Arabie. 
Selon Eli EN) on n'en voit point dans 
l'Inde. Il y a des endroits où on les 
mens paître. On a trouvé des gens 
tués dans les bois par des Voleurs & 
dévorés par des Cochons.Ws n'épargnent 
point leurs petits , dît Golumelle, 
ni les Poules , ni les Oies , comme on 
le voit a fiez fouvent à la campagne. 
On les engraifie ordinairement pendant 
faisante jours & on les laiffe jeûner 
pendant trois , pour enfuïte les égor- 
ger. Les Anglois les engraiïïent pen- 
dant un an , pour que le lard en foit 
plus ferme & plus folide. Il eft vrai 
qu'on les engraifie jufqu'à ce qu'ils 
nepuifient plusfe tenir fur leurs pieds , 
ni marcher. 

C'eft un animal lafcif. Sa femelle 
commence à porter à quatre mois & 
porte jufqu'à fept ans. Il y a des Truies 
qui font jufqu'à dîx-fept petits , mais 
cela eft rare. Le nombre ordinaire eft 
huit Se dix. Quelque* Auteurs difent 
qu'elles donnent autant de petits qu'el- 
les ont de mammelles. Mais les fe- 
melles blanches pafTent pour les plus 
fécondes. Les Cochons qui naifient en 
hiver font petits & difficiles à élever. 
Les Suifies font cas de ceux qui vien- 
nent au mois de Mars. Dans les pays 
chauds ceux qui naifient l'hiver font 
beaucoup meilleurs que ceux qui vien- 
nent l'été. 

Les Cochons fontfujets à des mala- 
dies. La principale eft d'être ladres : 
alors ils ne font pas de vente , Se on les 
diftïngue aifément des autres. Quand 
ils paffent du grand chaud au grand 
froid , ils demeurent engourdis de tous 
leurs membres , à moins qu'on ne les 
réveille. Ils ont une efpece de Poux 
qui les incommode. Pendant l'été ils 
tombent dans une forte de léthargie & 



POR m 

teftent endormis , à moins qu'on ne 
les agite. Enfin ils fontfujets aux hu- 
meurs froides , à la fquinancle , à la 
toux , au flux de ventre , &c Cet 
animal eft goulu, vorace & malpropre. 
Quoique les Cochons fokm fujets à des 
maladies , onles mange; mais onn'ex- 
pofe en vente que ceux qui font fains. 
Leur chair eft d'une grande utilité en 
Cuifine , fur- tout le 'lard Se les jam- 
bons. En général toutes les parties du 
Cochon font la nourriture des gens de 
mer Se de la campagne. Pour qu'un 
Cochon fok bon , il doit être ni trop 
jeune , ni trop vieux , gras , tendre , 
Se nourri de bons alimens , comme de 
Glands de Chêne , de Fèves, de Ra- 
ves , Sec. 

G a l i e n prétend que la chair de 
Cochon n J e ft pas feulement d'un meil- 
leur goût que celle des autres ani- 
maux , mais encore qu'elle eft plus 
faLutaire. Il ajoute à cette occafion que 
les Athlètes, & les jeunes gens qui 
s'exercoient à la lutte , n'étoient jamais 
plus forts & plus vigoureux que 
quand ils vivoient de chair de Cochon. 
Leurs forces diminuaient à mefure 
qu'ils preu oient d'autre nourriture , Se 
s'ils perfiftoient à s'en paflër, ils de- 
venoîent maigres Se incapables de con- 
tinuer le même exercice. 

Les Modernes , avec Gu-ien, 
conviennent que la chair de Cochon 
peut être fort nourriuante Se fort falu- 
taire aux perfonnes faites à la fati- 
gue & au travail , pareequ'il leur faut 
un aliment folide, Se qui ne fe diffipe 
pas aifément : mais ils font bien éloi- 
gnés de croire qu'il foit en général 
falutaire. Us font même perfuadés 
qu'on doit en ufer très-fobrement. Paf- 
fbns aux Porcs étrangers. 

PORCS DU CAP DE BONNE- 
ESPÉRANCE: Il y a dans les Co- 
lonies du Cap quatre fortes de Tores. 
Les deux premières font apprivoises 
Se domeftiques, Se y ont été amenées 
de dehors: les unes viennent d'Euro- 
pe Se les autres de Java. Je ne parlerai 



53 ^ P O R 

point des premières. 11 iùffit de décrire 
ceux de Java Se les deux autres efpeces 
■qui font fàuvages. 

Les Porcs apportés de Java ont les 
jambes fort courtes. Ils font noirs Se 
Sans foies. Leur ventre eft fort gros , 
& pend jufqu'à terre. Il s'en faut beau- 
-coup que leur graiffe n'ait la contiftan.- 
ce qu'a celle des Porcs d'Europe. Lorf- 
t^u'on fufpend une pièce de cet animal, 
4a graitTe en tombe en fort peu de temps : 
ciullî n'a-t-on garde d'en mettre pour 
iecher. La chair en eft très-bonne à 
manger. 

On donne le nom de Porc faiwage 
à l'une des deux autres efpeces dont 
■on a d'abord parlé. On n'en voit que 
rarement dans les contrées qu'occupent 
les Hottentots. Comme il y a peu de 
■bois, qui font leurs retraites ordinai- 
res , ils ne font pas tentés d'y venir : 
d'ailleurs les Lions , les Tigres Se au- 
tres animaux de proie les détruifent fi 
bien, qu'ils ne fauroient beaucoup mul- 
tiplier. 

La quatrième efpece fe nomme Porc 
■de terre. Il reiïemble allez aux Porcs 
rouges , qui fe voyent communément 
■en quelques endroits de l'Europe : 
îl a feulement la tête plus longue & le 
•grouin plus pointu. Il n'a absolument 
point de dents , Se fes foies ne font pas 
li fortes. La terre lui fert de demeure. 
11 s'y creufe une grotte, ouvrage qu'il 
fait avec beaucoup de vivacité Se de 
promptitude , & s'il a feulement la 
tête Se les pieds de devant dans la ter- 
re, il s'y cn-mponne fi bien, que l'hom- 
me le plus robufte ne fauroitl'en arra- 
cher. Lorfqu'il a fa'm , il va chercher 
une foLirmilliere. Dès qu'il a fait cette 
-découverte, il regarde autour de lui , 
pour voir fi tout eft tranquille Se s'il 
n'y a point de danger. Il ne mange ja- 
mais lans avoir pris cette précaution : 
alors il fe couche , 8e plaçant fon 
grouin tout pris de la fourmiiiiere , il 
tire la langue tant qu'il peut. Les 
Fourmis montent deffus en foule , & 
-uis qu'elle -en eft bien couverte , il Ja 



P O îl 

retire Se les gobe toutes. Ce jeu fa 
recommence plufieurs fois , jufqu'à ce 
qu'il foit raftafié , & afin de lui pro- 
curer plus aifément cette nourriture, la 
Nature, Toujours fage Se prévoyante, 
a fait en forte que la partie fupérieure 
de cette langue , qui doit recevoir les 
Fourmis , foit toujours couverte , Se 
comme enduite d'une matière vlfqueu- 
fe Se gluante , qui empêche ces foi- 
bies animaux de s'en retourner , lorf- 
qu'une fois leurs jambes y font em- 
pêtrées : c'eft-là leur manière de man- 
der. Ces Porcs ont ia chair de fort 
bon goût , & très -faine. Les Euro- 
péens Se les Hottentots vont fouvetn à 
la chaffe de ces animaux. Rien n'eft 
plus facile que de les tuer : il ne faut 
que leur donner un petit coup de bâ- 
ton fur la tête. Voilà ce que rapporta 
KoiBEi Dcfcrïpt. du Cap de Bormc- 
Efpérance , Tome I IL c. 5. p. 48. 

Le pays de la côte d'Or ne manque 
point de Porcs ou de Cochons. Ceux 
qui font nourris par les Nègres ont la 
chair fade Se défagréable , au-lieu que 
la nourriture qu'ils reçoivent des Hol- 
landois leur donne une qualité fort 
différente. Cependant les meilleurs 
if approchent point de ceux du Royau- 
me de Jui Ja , qui furpaifent même lès 
Porcs de l'Europe pour la déiicateile 
& la fermeté. A r. t h u s dit que ces 
animaux fe nomment Ebbio dans le 
pays. Ils font d'une moyenne gran- 
deur , & d'une fort bonne nourri- 
ture. 

Dans Plfle de Madagafcar les Porcs 
[auvages Se les privés font fort com- 
muns. 

Le Pere Labat dit que l'on trouve 
en Amérique deux différentes fortes de 
Porcs f.iuvages, ou Cochons marons, 
dont les premiers qui viennent de race 
Efpagnole , c'eft-à-dire ceux que les 
Efpagnols y mirent dans les commen- 
cemens de leurs découvertes , font 
courts Se rare a lies. Ils en: la tête grofls 
Se le grouin court • leurs défenfes font 
-longues : ils ont les jambes de devant 



POR 

plus courtes , prefque d'un tiers » que 
celles de derrière. Leur poil eft long, 
noir Se rude. Ils courent bien mieux 
dans les plaines , qu'en montant ou en 
defeendant. Ils fe défendent vigoureu- 
fement Se avec fureur contre les 
ChafTeurs Se les Chiens , & ils font 
extrêmement dangereux, quandiis font 
blefTés, 

La féconde efpece vient de Porcs 
domeftiques , qui fe font échappés des 
parcs où on les nourriffoit. Ils ne diffé- 
rent en rien de ceux de France , d'où 
leurs ancêtres ont été apportés , Se il 
ne paroît pas que ces deux efpeces fe 
foient mêlées. Quoi qu'il en ibir , on 
leur donne à tous , dit le Pere La bat , 
le nom de Porcs , ou de Cochons ma- 
tons , c'eft-à-dire Sauvages , comme 
on le donne aux Nègres qui fe fau- 
vent de la maifon de leurs Maîtres 
pour vivre en liberté dans les bois. 

Les Vaiffeaux François qui ont tou- 
ché aux Ifles en revenant de Siam Se 
de la Chine y ont apporté une autre 
efpece de Porcs qui ont les jambes fort 
courtes , très-peu de poil , Se le ven- 
tre très-gros , de manière que celui 
des Truies traîne à terre, quand elles 
font pleines. La taille de ces animaux 
a tant de reiTemblance avec celle des 
Porcs de la Chine , que le Pere L E 
Comte nous a donnée dans fa Def- 
cription ds la Chine, qu'il mefemble, 
dit le Pere Labat, qu'on les de- 
vroit plutôt appeller Porcs de la Chine 
que Porcs de Siam , comme on fait aux 
lÛes : au refte , ils ont la tête Se le 
grouin fort courts. Leur queue toute 
droite tombe vers la terre perpendi- 
culairement , & a un mouvement per- 
pétuel comme la lentille d'une hor- 
loge. Comme ils ont plus de graiffe 
que de chair , ils ne font meilleurs 
que lorfqu'ils font plus vieux. Leur 
chair eft délicate Se fort blanche. Ces 
animaux multiplient confidérablement. 
L'on n'a jamais vû manger d'ordures 
aux Porcs des Ifles , comme font ceux 
des autres pays du monde. Ceft un 
Tome IU, 



POR 537 

proverbe en Amérique , & l'expérien- 
ce le confirme tous les jours , que le 
Cochon de lait , la Volaille d'Inde , & 
le Pigeonneau font meilleurs aux Ifles 
qu'en aucune autre contrée ; mais je 
ne fuis pas aflez habile Connoifleur , 
dit le Pere Labat , pour décider là- 
deifus, 

PORC DE GUINÉE. Voyez 
COCHON DE GUINÉE. 

PORC DE RI VI ERE: Ceft 
le Capybara , nommé Câblai à Cayen- 
ne. Voyez CAB1AI. 

PORCS DE LTSLE DE 
TABAGO, or* autres ljles voiftnes. 
Ces animaux ont une chofe fort re- 
marquable , c'eft un évent ou un cer- 
tain trou fur les reins , où l'on pour- 
roit aifement fourrer le petit doigta 
Ces fortes de Porcs refpirent par cet 
endroit , ce qui fait qu'ils ont l'halei- 
ne plus forte , Se qu'ils réfiftent à la 
courfe plus long-temps. Ils donnent 
bien dq la peine à ceux qui les chaiTent. 
Les habitans de ces Ifles fe nourriffent 
par ménage de ces animaux , 8e il n'y 
a gueres d'habitation bien réglée , oh 
l'on n'en élevé fouvent. Il n'en coûte 
que la peine d'un Nègre , qui leur 
donne tous les jours une braifée ou 
deux de Patates dans leurs parcs , qui 
font des clos quarrés faits d'arbres cou- 
chés les uns fur les autres. 

Les Pores , ou Cochons de l'Ifle de 
Cayenne , font de différentes efpeces : 
les uns font des animaux terreftres , 
les autres font des amphibies. 

Le premier eft un grand Cochon noir, 
nommé en Latin Sus major nig^er , Ca~ 
tervarius par M. B À hkjeke, Hifl. 
Nat. de la France Équ'tn. p. 1 60. 

Le fécond , nommé Tapir 8e May- 
poury dans le pays , en Latin Sus aqua- 
ticus multifulcHS , eft le Tapiicretc du 
Bréfil, félon Marc Gkave , Se peut- 
être le Viutlus marinus de Jonston. 
C'eft un animal amphibie , qui refte 
plus fouvent dans l'eau que fur la 
terre, où il va de temps en temps brou- 
ter l'herbe la plus tendre. Il a le poil 
Yyy 



Sî 8 POR 

fort court , mêlé de blanc Se de fion" 
en manière de bandes , qui s'étendent 
en long depuis la tête jufqu'àla queue. 
Il fiffle comme un Y fard : il femble 
tenir un peu du Mulet & du Cochon. 
On voit des Manypouris , comme le 
prononcent quelques-uns , dans la ri- 
vière d'Ouyapok, La viande de ces 
animaux eft grolfiere Se d'un goût-défa- 
^réable. 

Le troifieme , nommé Sus maximus 
falufiris , eft le Porcus fiuviatilis du 
Bréftl , félon Jonston , nommé Ca- 
pybara par Marc Grave , & Cabiai 
à Cayenne. Le Cabiai , nommé aufli 
Cabionara , eft un animal amphibie qui 
habite ordinairement dans les maréca- 
ges. Il vit de poiiïbns , de fruits , de can- 
nes à fucre, &c'eftpourluiun manger 
délicieux. Voyez aux mots CAP Y- 
BARA & CABIAI. 

Le quatrième , nommé Sus mini- 
mus , Jylvaticus , dorfo lineâ aïba no- 
tato , eft le Patyra de Cayenne. 11 a 
line raie blanche , depuis la tête juf- 
qu'à la queue , ce qui le dîftingue des 
autres efpeces de Cochons , dit l'Au- 
teur. 

Le cinquième , nommé Cochon à col 
blanc , en Latin Sus minor , Jylvaticus , 
fubfulvus, collo aïbo , eft très-féroce Se 
très-dangereux. 

Le fixieme , nommé Cochon noir , 
en Latin Sus minor, umbilico in dorfo , 
eft le Tajacu de Marc Grave, 
Il a fur le dos, près de la région lom- 
baire , une petite poche ou efpece de 
foupirail , d'environ un pouce & demi 
de profondeur , entre le cuir & les 
mufcles , qui fert d'égoût à une hu- 
meur ou matière onctueufe , qui eft 
d'une odeur défagréable, qu'on appelle 
improprement dans le pays Muj'c .Cette 
efpece de Cochon s'attroupe ordinaire- 
ment , 8c va par bandes quelquefois 
au nombre de mille. Je le crois le même 
animal que celui de l'Ifle de Tabago» 
dont j'ai parlé plus haut. 

* Ce poiiïbn eft nommé en Grec X»7p«< , 
félon Siaaïoh, 5c eu Latin il poite le 



POR 

PORC DE MER*: A rte Dr 
( Ichth. Part. V. p. 114, ) nomme ce 
poiffondemerGïpï-îycwj'. C'eftleKawpsç 

d'A RISTOTE & d' A T H É N É E ; lg 

Su? d'E lien & d'O P r 1 F. N ; le Sus 
d'O vide; YAper de G a z a ■ i e 
Capcr de P l 1 n e & de S al v ie n* ! e 
Caper Caprifcus d'A ldrovande, 
de Jonston, de Charleton 

de G e s N e r , de W 1 l l u g h b y , de* 
R a y , & le Pefce Baleftra des Italiens. 
C'eft un poilTon , dit Rondelet 
CL. V. c. 26. ) , rond & applati. Ses 
écailles tiennent fi fort fur la peau , 
que les Ebéniftes & les Menuifiers s'en 
fervent pour polir leur bois. Ses dents 
font fortes Se aiguës : fes yeux font 
ronds. Près des ouies il a une petite 
fente Se une petite nageoire de chaque 
côté. Il porte fur le dos trois aiguillons 
droits , rudes Se forts , qui tiennent à 
fa peau. Ses parties intérieures font 
femblables à celles de la Dorade. Son 
foie eft plus blanc. Il n'y a point de 
poilTons qui ait les écailles plus dures, 
Sa peau eft impénétrable. Il n'y en a 
point auffi qui foit armé de dents plus 
fortes. Sa chair a une mauvaife odeur, 
eft dure Se de difficile digeftion. Ron- 
delet croit que ce poiffon eft celui 
que S t r a b o N met entre les poidons 
du Nil , quand il dit que les Croco- 
diles ne font point de mal aux Porcs 
du Nil, pareequ'ils font ronds & ar- 
més de pointes près de la tête. Il y a 
le Sanglier marin , mais nous en ferons 
mention en fon lieu. 

Ceux qui ont écrit fur le Cochon de mer 
font Aristote, L. IL c. 13. & L. IV. c. 9, 
Athénée, L. VIII, />. 331. &L. VIL f. ifi. 
40. & f. 163. & L. XII. c. 16. fous ie 
nom de ; Diphile en parle , dans 
Athénée, L. III. f. 177- îî.Str a bo», 
Georg. L.XVII.f. 181, fuivant le fentirneni 
de Rondelet ; O F F 1 en, Hat. L. I. f. 109, 
37. Epicharme dans Athénée , L. VII. f , 3 16. 
Ovide , Hal. Gesker, de Aquat. p. S85 1 . 

AlDROViNDE, L. IV. C. l£j. JûJISTON) 

L. IL th. 1. c, 6, t. Z3. n. 7. C h a a 1. 1 t o n, 
Onom. p. 151. WiLiiicHBy,;. 1 jï, & 
Ray., p. 47. 

nom de Porcus , ou Sus marinas ; en Sicile » 
celui de Perce. 



POR 

Il y a plufieurs autres poûTons, qui 

ont le nom de Perçus- marinier , ou de 
Sus marinus chez les Naturalift.es; les 
uns à caufe de leur graiffe , les autres 
pareequ'ils grognent comme des Co- 
chons de terre s d'autres à caufe des na- 
geoires qu'ils ont fur le dos , & qui 
dreflees , reifemblent à des foies de 
Cochon. Rondelet(L. ///. c . S.), 
entr'autres Auteurs qui ont écrit fur 
lespoiflbns , parle d'un Cochon marin , 
nommé par quelques-uns Bernadet ; 
par d'autres Renard s par d'autres en- 
core Humantin ; en Provence & en 
Languedoc Porc , Se qu'An tedi met 
dans le genre des Squales. Ce dernier 
lui donne le nom de Squalus pinna 
ani carens , anibitu çorporis triangidato. 
C'eft la Kêvfl/j/v» d'ÉLiEN, d' Athénée 
&d'OppiEN ; la Centrina de Salvien, 
de G E S N E R & d'ALDROVANDE ; la 

Centime de Jonston, deWiLLUGHBY 
Se de R a Y ; la Vulpecula de B E L o N , 
Se le PefcePorco des Italiens. Aristote 
Se P l i n E n'en font point mention. 
Athénée le met au rang des Chiens 
de mer. Selon Rondelet, il eft gros, 
court , épais , fait en triangle , couvert 
d'une peau fort dure,Sc hérifté de beau- 
coup d'aiguillons courts 8c forts, fur- 
tout ceux de la tête & du dos. Sa cou- 
leur eft cendrée , tirant fur le noir. Sa 
tête eft petite Se ferrée; fes yeux font 
grands, Se la prunelle en eft verte & 
brillante comme du verre. Il a deux 
trous à côté des yeux , qui lui fervent 
pour entendre ; deux autres au-devant 
au-lieu de narines , Se les ouïes à côté , 
comme les Chiens de mer. Sa gueule 
eft grande ; la mâchoire fupérîeure eft 
armée de trois rangs de dents ; l'infé- 
rieure eft armée d'un rang feulement: 
les dents font longues 8c pointues. Il 
a l'eftomac long, les boyaux larges; 
le foie gras, divifé en deux lobes; le 
fiel blanc ; la rate divifée en deux , 
de couleur de chair. Il fait vingt œufs, 
auffi gros que les moyens œufs d'une 
Poule. 11 nage en fendant l'eau 8c vit 
dans la bourbe. Il a la chair fi dure , 



qu'on a de la peine à la couper & à la 
féparer de la peau. Elle fent très- 
mauvais. 

Ce poilfon eft la Centrina des An- 
ciens , ainfi nommé du mot Kmpo" > 
qui veut dire aiguillon , dit O p p i e n. 
Ceci eft confirmé par Athénée, qui 
dit que la chair de ce poilfon eft une 
très - mauvaife nourriture : elle fent 
mauvais , ajoute-t-il , Se l'on connoîc 
cet animal à un aiguillon qu'il a à la 
nageoire près de la tête. Le Chien de 
mer nommé Aiguillât a la même mar- 
que ; mais il en a une autre qui le 
diftingue , c'eft celle d'engendrer fes 
petits vivans , au-lieu que le Cochon de 
mer , nommé Centrine , fait des œufa 
feulement. 

Quelques-uns ont pris ce poiflfort 
pour le Vulpes marina , ou le Renard 
marin , & ils fe font trompés ,. dit 
R o N D e L E T. Le Renard marin , 
comme le Chien de mer , eft de dîverfes 
couleurs , félon Athénée. Il fait 
trois petits pour le plus , qu'il reçoit 
dans fa gorge , ce que ne peut pas 
faire ce Porc de mer, qui blelferoit les 
petits qui entreroient & fortiroient de 
fa gueule. Sa chair eft plutôt nerveufè 
que charnue. On dit que le foie de ce 
poiifon fe fond en huile. On prétend 
que cette huile peut fervir en Méde- 
cine pour amollir la dureté du foie de 
l'homme , Se qu'elle peut auifi fervir 
à brûler. Son fiel , avec du miel , eft 
bon contre les cataractes. Les Ouvriers 
fe fervent de fa peau pour polir. La 
cendre de cette peau , félon Ron- 
delet, guérit de la teigne ; mais 
R u y s C h ajoute que la cendre du 
foie de cet animal excite violemment 
les urines. Ce dernier Auteur parle 
de la Mola de Salvien fous le nom 
de Porc marin. Voyez au mot MOLE , 
p. ioo. de ce Volume. 

R u y s c h parle encore d'un autre 
poiffon, qui a la figure d'un Pot, de 
forme ronde , qui a une peau de Co~ 
chon , des yeux petits , des pieds tor- 
tus , des ouïes auITi longues que le 



54<> POR 

bras , Se une queue fort longue Se aflez 
large. 

On pêche des Porcs de mer dans les 
Antilles : ils donnent aux Pêcheurs 
beaucoup d'exercice. Ils ont l'adreffe 
de ronger toutes les amorces , & Ton 
tire cent fois la ligne , à laquelle l'on 
trouve l'hameçon dépouillé autant de 
fois. Il eft très-particulier dans la for- 
me. Il femble que ce foient trois car- 
tons pointus , appliqués les uns contre 
les autres , en manière de triangle , 
dont le haut n'aboutit pas tout-à-fait 
jufqu'à la gueule : au-defTus il y a un 
petit creux , où font les yeux, Leur 
prunelle eft bleue , Se environnée d'un 
cercle jaune. DefTous les yeux fort 
un petit bec qui fait la gueule , dans 
laquelle il y a deux rangs de petites 
dents. Tout fon corps eft couvert d'une 
peau grife , jaune , Se toute parfemée 
de petites étoiles dorées ; ce qui le fait 
paroître dans l'eau, auflî beau qu'une 
Dorade. Il n'y a prefque rien à man- 
ger dans ce pohTon , qu'un petit moi- 
gnon de queue , qui eft à la fin de ce 
triangle , Se auifi dur que s'il étoit de 
carton. 

Il y a aux Indes Orientales plufieurs 
poifTons , auxquels Ruysch donne le 
nom de Porc marin. Voyez la Colletiion 
des Poiffons d'Amboine. 

PORC-ÉPI C, animal que les 
Anciens ont confondu avec l'Hériiïbn , 
c'eft- à-dire qu'ils ont mis du même 
genre , à caufe des piquans ou aiguil- 
lons dont l'un Se l'autre font couverts. 
Le nom du genre eft Echinas , ou Echi- 
nus. Le Porc -Epie eft appelle Hyfirix 
par les Grecs Se par les Latins. Le 
caraftere de ce genre d'animaux , félon 
M, Brisson , p. 1 2 5. eft d'avoir deux 
dents incifi ves , point de dents canines , 
les doigts onguiculés Se des piquans fur 
le corps. Les dents incifives de toutes 
les efpeces de ce genre font continues 
& tranchantes. M.Linnj.us ( Syfi. 
Nat. Edu. 6. g. 17.) place le Porc- 
Epic dans l'ordre des Glires. M.Klein 
( Difp. Quad. p. C5 . ) ne fait qu'un mê- 



P O R 

me genre du Hériflbn & du Porc-Epic t 
qu'il place dans la famille des Penta- 
dacryles. Il y a plufieurs efpeces de 
Porcs - Epies , favoir le Porc - Epie 
d'Afrique , qui eft le même que celui 
de Sumatra Se de Java ; le Porc-Epia 
de la Nouvelle Efpagne ; le Porc- 
Epic de la Baye de Hudlbn ; le Porc- 
Epic d'Amérique ; le grand Porc-Epiç 
d'Amérique , & le Porc-Epic des In- 
des Orientales. 

PORC-ÉPIC D'AFRIQUE, 
en Latin Hyftrix capite crifiato , nom- 
mé par M.Linn* us {g. 17.jp. 1. ), 
Hyfirix manibus letradatiylis , plantis 
pentadatiylis , capite crifiato. Cet ani- 
mal eft V Hyfirix des Natura liftes , 
comme de G e s n e R (Qttad. p. C3 1.), 
d'Ar.DRovANDE (Qitad. Digit.Vivip. 
p. 471.), de Jonston ( Qiiad. 
p. 1 19. ) , de R A y ( Synop. {[uad, 
p. 206. ) j de Charleton ( Exercit. 
p. 1 0. Muf. Worm. p. 3 3 5 l'Acambion 
criftatus de M. Klein ( Qitad. p. 66. ) • 
le Porc-Epic de Kolbe ( Tome 111. 
p. 44. ) , Se des Mémoires de P Académie 
des Sciences , Tome III. Partie IL p. 3 3 . 
& enfin le Porc-Epic panaché des Indes 
Orientales , de S e b a , Thef. I. p. 79. 
Tab. si.fig. 1. 

Cet animal , dit M. Brisson, a 
deux pieds Se demi de long , depuis 
le mufeau jufqu'à l'anus. Les jambes 
font fort courtes : celles de devant n'ont 
que quatre pouces depuis le ventre 
jufqu'à terre , & celles de derrière fix. 
Sa tête a cinq pouces de long. Sa lèvre 
fupérieure eft fendue , comme celle 
d'un Lièvre. Ses yeux font petits. Ses 
oreilles reftemblent à celles de l'hom- 
me. Cet animal n'a point de queue, 
Plufieurs Auteurs ne lui donnent que 
quatre doigts aux pieds de devant ; 
mais il y a au cabinet du Roi deux 
fquelettes de cet animal , dont un a 
cinq doigts aux pieds de devant, & 
l'autre n'en a que quatre. Un des doigts 
de devant eft fort petit : il n'y a que 
l'ongle qui paroît en dehors. Le dos 
& les côtés forte couverts de piquans 



POR 

un peu courbes , comme des alênes 
pointus de différentes longueurs & de 
différentes grofleurs , variés de blanc 
Si de brun noirâtre. Il y en a de tout-à- 
fait blancs : les plus gros font les moins 
longs : ils ont depuis ilx jufqu'à douze 
pouces : les autres ont quinze pouces 
&font flexibles. Il a fur le derrière de 
la tête Se du col une efpece de pana- 
che , formé de quantité de piquans 
fort déliés Se flexibles , aiïez fembla- 
bles aux foies de Sanglier & de lon- 
gueur inégale , quelques - uns ayant 
un pied de long , dont la moitié vers 
la racine eft blanche dans certains , 
Se le refte gris , Se dans d'autres tout 
au contraire. La poitrine Se le ventre 
font couverts de foies à-peu-près pa- 
reilles. 

On volt dans les Mémoires' de l'A- 
cadémie , Tome III. Partie II. p. 33. 
donnés en 1 ô'ô'ô'. une defeription anato- 
mique de fix Porcs-Epics venus d'Afri- 
que. Leur mufeau reflembloit à celui 
d'un Lîevre , Se leur lèvre fupérieure 
étoît fendue. Le plus grand de ces 
Porcs-Epics avoit deux pieds & demi de 
long, depuis le mufeau jufqu'au coc- 
cyx. La plupart des autres n'avoient 
qu'un pied & demi. Ils avoient tous 
les pieds fort courts. Ceux de devant 
dans le plus grand n'avoient que qua- 
tre pouces , depuis le ventre jufqu'à. 
terre , Se ceux de derrière que fix. Le 
col avoit cinq pouces de longueur, Se 
la tête autant. Les piquans dont eft 
couvert cet animal lui ont donné le 
nom qu'il porte. Les Italiens , les Es- 
pagnols , & les Anglois lui ont donné 
un nom , qui fignifie en notre langue 
Porte-Epines , & nous l'appelions Porc- 
Epic , peut-être à caufe de la reflem- 
blance que les piquans de cet animal 
ont avec les barbes de l'épi de bled. 

Le Porc-Epic que je viens de décrire , 
d'après M. B a 1 s s o n , eft le même 
animal que celui auquel Seba donne 
le nom de Porc-Epic Oriental panaché , 
dont diverfes efpeces , dit -il. Celui 
dont il fait mention naît à Sumatra ou 



P O R 54 i 

à Java. Il en parle en ces termes. Soit 
corps eft revêtu d'aiguillons pointus , 
longs , recourbés comme des alênes , 
diftingués en partie par des taches 
blanches , ou d'un brun qui tire fur le 
noir , en partie par quantité de lignes 
tranfverfales de couleur blanchâtre , 
ou brunes Se noires à l'extrémité. Ces 
aiguillons font enracinés dans une peau 
épaiffe , où ils paroiffent rangés à la 
façon des plumes des oifeaux. Cette 
efpece de Porc-Epic a fur la tête un 
beau panache , compofé de foies gran- 
des Se petites , dont les plus grandes , 
dans la figure que Seba en donn - , 
repréfentées à la lettre A. font recour- 
bées au-defTus & comme fendues par 
derrière en plufieurs pointes. Ces foies 
au milieu font larges & applaties , roi- 
des Se dures , profondément fichées 
dans la tête, Se toutes accompagnées 
d'autres foies plus petites, ce qui eft 
fort joli à la vue. La poitrine Se le ven- 
tre de ce Porc-Epic font garnis de Sem- 
blables foies. Les pieds font couverts 
de foies plus petites , qui pendent en 
bas & relfernblent affez à des poils. Il 
a les jambes petites Se les pieds courts : 
ceux de devant font armés de quatre 
ongles recourbés, & ceux de derrière 
Seulement de trois. Sa tête quoique 
grofle paroît petite , & Son muSeau eft 
obtus comme celui de quelques Chiens, 
Se couvert de poils longs Se piquans. 
La partie antérieure de Sa tête eft ra- 
maflée , prefque ronde : fes yeux font 
grands, pleins de feu, Il n'a point de 
dents à la mâchoire fupérieure , mais 
il en a de grandes Se de larges à la mâ- 
choire inférieure. Il ne lui paroît point 
de queue. 

Quand ces animaux font irrités , ils 
enflent tout leur corps de rage , dref- 
Sent leurs aiguillons , Se peuvent quel- 
quefois en décocher quelques-uns par 
la forte expanfion qu'ils font de leur 
peau. Quoiqu'ils foient faciles à mettre 
en colère , ils ne font pourtant pas mé- 
dians Se ne mordent ni ne bleiTent 
perfonne , à moins qu'ils n'en ayen; 



y 4 s POR 

été auparavant harcelés : alors ft l*on 
touche leur corps , ce qu'ils peuvent 
encore moins fouffrir , on les voit étin- 
celans de fureur. Cela ne viendroit-il 
pas , dit Seba, de ce qu'ils ont la 
véficule du fiel très-grofTe, Se de ce 
qu'ils refTentent une fenfatïon doulou- 
reuiè au moindre attouchement de 
leurs aiguillons , d'où fe répand bien- 
tôt la bile par tout le corps , comme il 
eft aifé de le concevoir? Certainement 
l'on voitfouvent que la bile étant ref- 
ferrée quelque part , elle y produit des 
concrétions pierreufes , de la même 
manière quefe forment des pierres dans 
la vefiie Se dans la véficule du fiel de 
ce Porc - Epie. M. Il A u , Profeffeur 
en Anatomie à Leyde , montra un 
jour à Seba un follicule membraneux , 
qu'il a voit tiré lui-même de la véfi- 
cule d'une femme , & qui contenoit 
quinze pierres , de la grandeur d'un 
Pois : elles étoîent très - compactes > 
entrecoupées de quantité d'angles , & 
me reffemblant pas mal à des grains de 
Grenade, Tant que ces pierres étoient 
renfermées dans leur membrane Se en- 
vironnées d'un liquide qui ne circuloit 
pas , elles demeuroîent étroitement 
unies enfemble , mais étant feches , 
elles fe diflolvoient d'elles-mêmes. 
Le ProfefTeur lui fit préfent de fix de 
ces pierres. Il les examina après les 
avoir fait fécher , Se il les trouva exté- 
rieurement, ( la première croûte étant 
ôtée par le frottement ) , d'un bai 
rouge foncé , Se intérieurement d'un 
roux jaune. Les pierres du Porc-Epic , 
qui fe trouvent dans la véficule du fiel , 
font le plus fouvent rondes Se quel- 
quefois d'une figure ovale plate. Cel- 
les qui font d'un roux clair panent 
pour les meilleures de toutes. Ceux 
oui ont apporté en Hollande cette 
efpece de Porcs - Epies , difent qu'ils 
ont quelquefois , quoique rarement , 
des pierres toutes de fiel , qui font 
d'un brun couvert , allez ameres , 
très-molles Se très-friables , faciles à 
diffoudre , d'ailleurs n'ayant point une 



POR 

auflî grande vertu que celle du Porc*. 
Epie de Malacca, qui eft, dit S e b a , 
le véritable Porc-Epic de Java , dé 
Sumatra & principalement de Malac- 
ca , qui forme de fon fiel cette précieux 
fe pierre dont on fe fert en Médecine. 
Il ne la produit pas constamment , mais, 
par une caufe morbifique , ainfi qu'il 
arrive dans les autres animaux 8c dans 
l'homme. Tout le deflùs de fon corps 
eft hérifTé d'aiguillons droits & piquans 
comme des alênes de différentes lon- 
gueurs, ayant depuis un pouce jufqu'à 
un demi-pied. Ces aiguillons pouffent 
hors de la peau & font le plus fouvent 
difpofés en ordre Se par rangs. Ils font 
colorés en partie de blanc & de noir, 
en partie de blanc Se de rouffàtrc, Se 
femblent former comme des efpeces 
de nœuds. Les efpaces vuides entre 
ces aiguillons font remplis de poils dé- 
liés, longs Scfoyeux. Sa tête eitoblon- 
gue , couverte d'un poil court. Ses 
oreilles font pendantes & prefque pe- 
lées , comme celles des Pourceaux 
d'Hollande. Il a un mufeau de Co- 
chon, garni de dents en haut & en bas. 
Ses yeux font grands Se brillans. Le 
poil de fes jambes Se de fes pieds en: 
court , piquant & épais. Ses pieds font 
fendus en quatre doigts , armés d'on- 
gles courts. 

Plufieurs Ecrivains , par exemple 
Jonston , Valentin, &c. affurent 
mal-à-propos que cet animal a les 
pieds de devant faits comme ceux du 
Taiffon, Se les pieds de derrière com- 
me ceux de l'Ours. L'hîftoire qu'en, 
donne Valent in n'eft pas jufte , 
dit S e b A. Au refte l'Afrique produit 
la même efpece de Porcs-Epics dont 
il s'agit ici * mais ils font beau coup plus 
petits Se ont rarement ces pierres for- 
mées de fiel. Seba a aufil fait figurer 
deux petits Porcs-Epics de Malacca , 
l'un couché fur le ventre , & l'autre 
fur le dos. Tous les deux ont encore le 
ventre , les jambes & les pieds defti- 
tués de poils; mais il paraît déjà fur 
le dos des piquans courts , pointus 



FOR 

eorrttwe dans nos Hériffons , d'une cou- 
leur ou tout-à-fait blanchâtre , ou tirant 
for le roux. Leur queue eft mince , 
courte Se ians pointes. Le mâle a par 
derrière , au-deflTus de l'os facrum une 
élévation, dont les piquans qui l'en- 
vironnent cachent la vue. C'eft une 
chofe remarquable que la femelle fe 
couche fur le dos quand elle veut s'ac- 
coupler avec fon mâle , pareeque les 
piquans qui pendent d'en haut & fort 
bas l'empêchent de fe joindre à la 
manière des autres Quadrupèdes, ainfi 
que le témoignent les Voyageurs , Se 
que la raifon même le dicïe. Thef. I. 
lab. Kl. n. i. 

PORC-ÉPIC DE LA NOU- 
VELLE-ESPAGNE , en Latin Hyf- 
trix Novœ Hi(pani& aculeis apparenti- 
bus , caudâ Irevi & crajjâ : G' eft le 
Hoitz.lacuatT.in, ou Tlacuatzàn fpino- 
fum d'H ernandez, Hifi. Mex. 

p. & de N I E R E M B E R G., p. I 34. 

Les figures que ces deux Écrivains 
donnent de cette efpece de Porc-Epic 
eft paftable. On le trouve très-fouvent 
fur les montagnes dans la Nouvelle- 
Elpagne. Il eft de la grandeur d'un 
Chien d'une moyenne taille. Tout fon 
corps , excepté le ventre Se les jambes , 
eft couvert de piquans très - aigus , 
longs de trois pouces , menus , variés 
de blanc Se de jaune , avec la pointe 
noire. Parmi ces piquans , excepté à 
la tête , font quelques poils noirs, ter- 
minés par un peu de blanc , Se doux 
au toucher. La queue eft courte Se 
grofïe : elle n'a point de piquans de- 
puis la moitié de fa longueur jufqu'à 
fon extrémité. Cette partie eft feule- 
ment couverte de poils noirs, ainlî que 
le ventre Se les jambes. 

PORC-ÉPIC DE LA BAYE 
D'HUDSON , nommé en Latin Hyf- 



trix Hndjonir, aculeis fub pilis occultis , 
taitââ brevi & craffâ : C'eft le Cavia 
Hudfonis de M. Klein , Qitad. p. 51. 
de VHifloire de la Baye d'Hitdfon , 
Tome I. p. 56. d'E dtard, Tome I. 
?■ 52. & le Porc-Epic de l'Amérique 



POU 543 

Septèntrionale de Catesby, Avptnd. 
p. 30. Cet animal refTemble beaucoup 
au Caftor, par fa taille Se par fa grof- 
feur. Sa t.te eft allongée , comme 
celle d'un Lxévre, Il a le nez plat , & 
tout-a-fait couvert de poils courts 1 
les oreilles très-courtes Se qui paroif- 
fent àpeine au-defTus de la fourrure ; 
les jambes courtes; des ongles longs 
Se pointus , dont quatre font aux pieds 
de devant , Se cinq à ceux de der- 
rière; la queue d'une longueur mé- 
diocre , Se afTez groffe , pl us épaiffe 
vers le corps qu'à fon extrémité , qui 
eft blanche en deftous. Tout fon corps 
eft couvert de poils d'un brun obfcur , 
aftez doux au toucher, longs de qua- 
tre pouces , plus courts cependant au- 
tour de la tête Se proche des pattes , 
Se un peu plus longs fur le derrière de 
la tête. Sous ces poils , fur la partie; 
fupérieure de la tête , du corps Se de 
la queue , font cachés des piquans 
blancs , dont les pointes font noires 8c 
très-aigues, Se dont les plus longs le 
font de trois pouces. Outre ces poils 
doux , comme on vient de le dire plus 
haut, il y en a quelques-uns de beau- 
coup plus longs , roides Se clair-femés, 
dont le bout eft d'un blanc faie , ce 
qui fait paraître la fourrure un peu 
grifàtre en quelques endroits. Ce Porc- 
Epic fait ordinairement fon nid fous 
les racines des grands arbres , Se il 
dort beaucoup. Il f e nourrit principa- 
lement d'écorces d'arbres. 11 mange 
de la neige en hiver , Se boit de l'eau 
en été ; mais il a grand foin de ne 
pas y entrer. Les Sauvages le man- 
gent k Se. trouvent fa chair bienfaifànte 
Se délïcieufe, 

PORC-ÉPIC D'AMÉRIQUE , 
en Latin //yy?m- Americanus , caudâ 
longiffimâ , tenui , medietate extremâ 
aculeorum experte , nommé par M. Lik- 
njeus ( Syfl. Nat. Edit. 6. g. ij.fp. 2.) 
Hyflrix pedibus tetrddattylis , caudâ 
exertâ, prehenfili , feminudâ. Rat en 
parle, Synop. Quad.p. 208. CcikVHyf- 
txix miner UucQpbms de M. Bar- 



r e r e ( Hifi. Nat. de la France Équin. 
p. !$■}■)> Se le Cuandu de Marc 
Grave (Hifi. BrafiL p. 233. )> de 
Pi s o n ( Hifi. Nat. p. 99- ) > & de 

JoNSTON, QW. ï^£. 60. 

11 eft appellé (/awn Cacbeiro par les 
Portugais ; Efpinho , par P 1 s o N ; 
Cuandu, par les Indiens; Gouandou, 
par les Guianois. La longueur du corps 
de ce Porc-Epic , depuis l'occiput juf- 
qu'à la queue , eft d'environ un pied ; 
celle de fa queue , d'un pied cinq pou- 
ces ; celle des jambes de devant , d'en- 
viron quatre pouces, Se celle des jam- 
bes de derrière, d'un peu plus. Sa tête 
eft petite ; fon mufeau eft allongé ; fes 
yeux font ronds , élevés , Se brillans 
comme des charbons ardens ; fes oreil- 
les font petites & prefque cachées fous 
les piquans , Se fes narines ouvertes. 
Ses pieds approchent de ceux du Sin- 
ge ; il n'a cependant que quatre doigts 
à chaque pied , Se point de pouce. 
Tout fon corps , excepté fes pieds, eft 
couvert de piquans de trois ou quatre 
pouces de longueur , Se ces piquans 
font jaunes , depuis leur origine juf- 
qu'à la moitié de leur longueur ; l'au- 
tre moitié eft noire ou d'un brun roux , 
terminée par une pointe blanche Se 
très-aigue. Les piquans qui couvrent 
la tête Se les jambes font moins longs. 
Il a autour des narines des poils longs 
de trois ou quatre pouces , qui luï font 
une barbe femblable à celle des Chats. 
Sa queue n'a des piquans que depuis 
fon origine jufqu'à la moitié de fa 
longueur : l'autre moitié n'eft cou- 
verte que de quelques poils , fembla- 
bles aux foies de Cochon , Se très- 
clair-femés. 

Il y a encore un plus grand Porc- 
'Epie d'Amérique , nommé aufli par M. 
B R 1 s s o N , Hyfirix Americanus , 
caudâ longijjimà , temii , medietate ex- 
tremâ aculcorum experte. Il ne dif- 
fère du précédent, que pareequ'il eft 
plus grand. C'eft V Hyfirix longius eau- 
datas, breviorilmf aculeis, de M. Bar- 
B e r e C Hifi. Nat. de la France Êquin. 



P O R 

p. 153.) ? ^Hyfirix de Bontius 
(Ind. Orient, p. 54.), Se le Cuandit 
major de Pison , Hifi. Nat. p. 324. 

Le Porc-Epic à la Louifiane eft gros 
Se beau , dit M. le Page du Pratz. 
On en volt beaucoup vers les Illinois , 
à cinq lieues de la mer , fuivant le 
fleuve de Saint Louis , pareeque dans 
cette partie de la Colonie , il y fait- 
plus froid qu'au bas du fleuve, Se il y 
a plus de fruit pour les nourrir. Les 
Indiens , ou les Naturels du pays , que 
la néceifité a rendus induftrieux , font 
des ouvrages affez jolis , avec la peau 
du Porc-Epic , qui eft en partie blan- 
che , Se en partie brune. Ils teignent 
une partie du blanc en jaune , l'autre 
partie en rouge , Se le brun en noir ■ 
avec ce blanc , ce noir , ce jaune Se ce 
rouge , qu'ils coupent, ils en bordent 
quelques peaux de Chevreuil, ou bien 
quelques boé'tes faites avec une écor- 
ce de bois très-fine Se unie. Ils en or- 
nent aufll des cabinets ou autres ou- 
vrages. 

Il y a auûî des Porcs-Epics dans Is 
Canada. Ce font probablement , dît 
M. de Réaumur, deux efpeces 
différentes, Se peut-être auftî diffé- 
rentes entre elles , qu'elles le font 
l'une Se l'autre de notre Hériflon. On 
trouve dans les Mémoires de l'Acadé- 
mie des Sciences , ïjij. p. 383. des 
Obfervations de cet Académicien fur 
le Porc- Epie du Canada, extraites de 
Mémoires Se de Lettres de M. S a r- 
r a z 1 n , Médecin du Roi à Québec , 
Se Corrcfpondant de l'Académie. 

Les Porcs-Epics de l'Amérique font 
comparés pour la forme ou la figure ;i 
une efpece de Rat , nommé le Siffieur , 
décrit par M. S a r r a z i n fous le nom 
de Rat des Alpes. Il a trouvé à ceux 
qu'il a difféqués dix T pouces , depuis 
le mufeau jufqu'A la racine de la queue. 
Ils étoient aufll grands que ceux d'A- 
frique , mais ils n'avoient pas les pi- 
quans fi longs. Outre ces différences 
extérieures , ils en avoient d'intérieu- 
res : c'eft ce quifuffir pour une diffé- 
rence 



P O R 

Tence d'efpeces entre ces animaux . 
qui paroifiènt fur-tout remarquables 
par les mêmes piquans. 

Le Porc-Epic du Canada eft de la 
clafie des animaux qui rongent. Il fe 
nourrit de l'écorce de toutes fortes 
d'arbres vivans : il ne touche pointa 
•celle du bois mort. Il aime celle des 
Pins & des Cèdres du Canada , appel- 
les Arbres de vie. Il paît aufli l'herbe. 
Cet animal pefe communément depuis 
quinze jufqu'i dix-huit livres, & les 
Chaffeursqui en ont fourni à M. Sau- 
ra z i N , ont affu ré qu'on en trouvok 
encore de plus pefans. 

Il y a fept différentes efpeces de poils 
fur la peau de cet animal. Le premier 
noir, Se excède tous les autres en 
longueur. Le fécond eft blanc : ce font 
ics piquans. Le troifieme compofe fes 
piquans nailfans. Le quatrième eft roux, 
i'riïé& épais fur la tête, Le cinquième 
eft un peu plus roux , rude Se arrangé 
le long des parties latérales de la queue. 
Le fixiemeeftnoir , rude, placé autour 
des parties naturelles Se feus la queue. 
Le feptieme eft de couleur fauve , 
mollet, tirant fur le blanc , couvrant 
la gorge, le ventre , & l'entre -deux 
des cuîlTes. 

Le Porc-Epic de l'Amérique , du 
moins du Canada, eft un animal lourd. 
11 paroît cm barraffé de fa peau , à cau- 
fe qu'elle eft chargée d'un très-grand 
nombre de piquans. Il n'y a point de 
ChaiTeur, qui ne le joigne en peu de 
temps à la courfe , Se qui ne l'affomme 
d'un feul coup de hîton donné fur le 
mufeau. Selon M.Sarrazin, ils 
commencent à être rares en Canada, 
où ils fe tiennent cachés dans les fo- 
rêts les plus épaiifes Se les moins pra- 
tiquables. Ils préfèrent les pays des ro- 
chers Se des montagnes aux pays plats. 
Les Pécands , les Ours Se les Carca- 
joux leur font la guerre. S'ils ont le 
temps de fe faifir de quelque arbre, 
ils y grimpent, gagnent les plus pe- 
tites branches , Se y laffent la patience 
de leurs ennemis. Ils fe fauvent ea- 
J'oms UL 



Core dans les creux des arbres, dans 
les cavernes , Se dans les trous des ro- 
chers. 

On prétend que le Porc-Epic ne 
décoche point fes piquans ; mais ils 
tiennent fi peu , qu'il eft impoflible , 
qu'en fe donnant des mouvemens vifs, 
il ne s'en détache quelques-uns. Les 
mêmes mouvemens qui les détachent 
peuvent les porter à quelque diftance 
de l'animal , dit M. de Réaumur. 
La bieffùre des piquans du Porc-Epic 
eft mortelle : ces piquans percent les 
chairs , Se font périr. Les ChaiTeurs ne 
manquent point d'ôter ceux qui pa- 
roiiïent attachés à leurs Chiens , 3o:f- 
qu'ils ont approché d'un Porc-Epic. 

Ces ChaiTeurs , foit François , foit 
Sauvages, prétendent que le Porc- 
Epic vit douze à quinze ans. Selon eux , 
les mâles font furieux dans le temps 
de leur amour , qui eft dans le mois de 
Septembre. Ils le déchirent à belles 
dents les uns les autres. La femelle 
met ordinairement bas dans le courant 
du mois d'Avril. Elle porte environ 
fept mois ; elle ne fait qu'un petit à 
chaque portée : elle ne l'alaite qu'en- 
viron un mois ; il vit d'herbes , Se s'ac- 
coutume peu-à-peu à fe nourrir d'é- 
corces d'arbres. 

Les Sauvages du Canada teignent 
en rouge, en noir Se en jaune les pi- 
quans du Porc-Epic. Ils en brodent 
différentes fortes d'ouvrages d'écorces 
d'arbr;s , comme des corbeilles de 
diverfès grandeurs Se figures. Ils en 
brodent auffi des braffelets Se des cein- 
tures de cuirs , dont leurs femmes fe 
parent. Ces broderies de piquans de 
Porcs-Epics font fouvent très-bien fai- 
tes , dit M. D £ Rëaumub , & ont 
l'avantage d'être plus durables que 
nos broderies de foie , Se même que 
nos broderies d'or & d'argent. Ceci fe 
rapporte avec ce que dit M. le Page 
du Praiz du Porc-Epic de la Loui- 
fiane ci-deffus rapporté. 

Le Porc-Epic n'eft point un animal 
rare au Cap de Bonne-Efpérance, Il a 
Z z z 



54"" P O R 



P O R 



environ deux pieds de hauteur & trois 
de longueur. Tout fon corps eft armé 
de pointes Se de piquans , qui ibnt en 
partie noirs Se en partie blancs. Ils font 
très-pointus , Se reffemblent beaucoup 
aux plumes d'Oie que Fon a dépouil- 
lées de leur duvet. Cet animal a auffi 
far la tête quelques pointes, mais el- 
les font plus petites. Celles qui s'élè- 
vent fur fon dos ont environ fix pou- 
ces de long , mais celles qui garnif- 
fent les côtés font un peu plus cour- 
tes : les plus longues font celles qu'il 
a fur les parties de derrière. Ce font 
auffi celles dont il fe fert pour les lan- 
cer contre tout animal , foit homme , 
foit bête, qui le pourfuît: mais avant 
que de fe fervir de fes armes , il attend 
que fon ennemi foit fort près de lui. 
Lorsqu'un de fes dards porte coup , il 
entre dans les chairs , où il caufe une 
grande douleur accompagnée d'inflam- 
mation ; à moins qu'il ne foit en colère , 
fes piquans font couchés fur fon dos ; 
mais eft-ii irrité, ils fe dreffent. Il a les 
oreilles comme celles de l'homme. Sa 
chair eft faine Se de bon goût ; mais 
elle n'eft jamais fi bonne qu'après avoir 
été iaiffée une couple de jours pendue 
à la cheminée. Son corps dépouillé de 
la peau , Se nettoyé des entrailles , pefe 
une vingtaine de livres , dit K o l b e, 
Dcj'cript. du Cap de Bonne-Efpcrance , 
Tome III. p. 5 2. 

PORC-ÉPIC DES INDES 
ORIENTALES, en Latin H,f 
trix Orientait? , cauâa longlffma, acu- 
leis undique obfitâ , in extremo panni- 
çUlàia , nommé par M. L i n h & u s 
(g- 1 7-JP-3 y> Hyftrix pedibuspen- 
t-idaclyiis c.vtda exertâ ; & par M. 
Klein (Dijp. Qttad. p. 6j.), Acan- 
thion caudd prxloa^â , acutis pilis hor- 
ridâ , in exitu qiiafï panniculaih. Ce 
Porc-Epic , dit M. B r i s s o N , a le 
corps gros Se court , là tête groffe , la 
lèvre ftipérieure fendue comme celle 
d'un Lièvre. Les yeux grands & bril- 
lans , les oreilles petites , rondes , Se 
nues intérieurement. Cet animai a une 



fliouftache eompofée de poils longs Se 
très- pointus. 11 a à chaque pied les 
doigts armés d'ongles , gros Se aigus. 
Ses pieds de derrière font plus longs 
que ceux de devant , & reffemblent 
affez à ceux de l'Ours. Tout fon corps 
eft hériffé , jufqu'au bout des pieds , 
de piquans très-déliés Se très-aigus ; 
ceux du défions du corps paroiOent être 
de couleur diiférente , félon qu'ils re- 
çoivent les rayons de la lumière. Sa 
queue eft très - longue , Se couverte 
d'un bout à l'autre de piquans ,' dont 
ceux de l'extrémité font finguliers • 
car ils femblent qu'ils font compofës 
de nœuds attachés les uns au bout des 
autres. Ces piquans ne font pas tous 
de la même longueur , ni de la même 
groffeur • mais joints enfcmble ils for- 
ment comme une efpece d'épi. 

Cet animal eft le Porc-Epic fauva- 
e, ou Porc-Epic Oriental fingulier de 
e b A , nommé en Latin Parais acu- 
leatus fylvefiris , fwe Hyflrix Oriema- 
lis fingularis. U en parle en ces termes: 
C'eft une bêtefauvage & rare, Se juf- 
qu'àpréfent peu connue. Son poil qui 
diffère de celui du Porc-Epic ordinaire, 
eft long , aiguifé & piquant comme une 
aiguille. Tout fon corps jufqu'au bout 
des pieds eft hériffé de poils durs , 
rudes, pointus, dont ceux du deffous 
du corps jettent des couleurs différen- 
tes, ftlon qu'ils reçoivent les rayons 
de la lumière , ainfi qu'on vient de le 
lire dans la defeription donnée par M, 
B r i s s o n t . Cet animal a la tête du 
Cochon, mais plus groffe, fans avoir 
auffi un mufeau propre à fouir la terre. 
La lèvre du deiïus eft fendue , comme 
celle du Lièvre : les narines n'avancent 
néanmoins pas autant. Ses mâchoires 
font garnies de dents molaires , Se dans 
la partie antérieure, de quatre dents 
canines. 11 a une mouftache faite de- 
longs poils très -pointus ; fes yeux 
grands Se brillanç; les oreilles petites, 
rondes Se nues intérieurcm;nt. Son 
corps qui eft court Se ramaffé , com- 
penfe par fa groffeur la longueur qai 



POR 

fui manque. Ses pieds font fendus en 
quatre doigts, dont le plus petit, qui 
fui tient lieu de pouce , fe jette en ar- 
rière. Chaque doigt eCt armé d'ongles 
gros & aigus. Les pieds de derrière 
font plus longs que ceux de devant , 
formés comme dans les Ourfons & fou- 
tenus de gros talons , qui lui fervent 
à l'aider à la courfe ; mais la queue eft 
la partie la plus admirable de cet ani- 
mal: elle eft d'une largeur confidérable, 
diminuant infènfiblement , hériffée de 
poils piquans Se fmilfans en épi d'une 
façon toute particulière ; car fes poils 
paroiftent compofés de nœuds d'une 
manière très - artificieufe. D'abord on 
voit un poil délié, qui reçoit un autre 
poil plus long & plus gros, à-peu-près 
comme font arrangés les grains de Riz 
enfermés dans leurs capfules. Chacun 
d'eux n'eft pas de la même longueur , 
ni de la mêmegroffeur , mais ils font 
joints enfemble. Ils forment un faifeeau 
tranfparent 8c qui jette un éclat qu'on 
peut nommer argentin. La fiperficie 
de fa peau eft tachetée de noir. 

S e b a dit qu'il a eu lieu de voir 
cet animal tout entier à Harlem , dans 
le Cabinet de M. Levin Vincent, 
homme très- verfé dans l'Hiftoire Na- 
turelle , & qui a eu la complaifance 
de lui en lailfer graver la Planche 
d'après nature ; car il n'a dans fon Re- 
cueil des Raretés que la belle queue 
de cet animal figurée au». 2. Jacob 
Bontius , envoyé pour premier 
Médecin aux Indes Orientales , dans 
un petit Livre intitulé la Médecine des 
Indiens , écrit en Latin , traduit enfuite 
en Hollandois Se imprimé à Rotterdam 
en 1547. Y P ar l e de cette efpece de 
Fore - Epie. Des Voyageurs afTurent 
avoir vû cette bête dans le Golfe de 
Cajeli , proche des Ifles Célebes. Ils 
difent qu'elle porte quelquefois dans 
la véficule du fiel une pierre compo- 
fée de la liqueur de cette partie. Les 
Portugais nomment cette pierre , Pie- 
àra de Querco : elle n'eft ni moins e Mi- 
mée que la véritable pic ne de Maïacca-, 



ni ne lui cède en vertu , ayant au refte 
la même couleur. Thef. I. lab. <i. 
». 1, J 

Selon Jo b s o n , il f e trouve des 
Forcs-Epics & des Civettes fur la Gam- 
bra , Se ces deux efpeces d'animaux 
font une guerre cruelle à la volaille 
de ce pays. 

On trouve auflî à la Côte d'or des 
Forcs-Epics , mais en petit nombre , ou 
du moins les Nègres en apportent ra- 
rement aux Comptoirs des Hollandois. 
Ces animaux ont environ deux pieds 
& demi de hauteur. Leurs dents font 
fi tranchantes , qu'il n'y a point d'ou- 
vrages de bois qui leur réfifte. Bosman 
en ayant enfermé un dans un tonneau, 
où il le croyoit fort en fûreté , fut fur- 
pris de trouver le lendemain que dans 
l'efpace d'une nuit ïl s'étoit prefque 
ouvert un paffage au travers des plan- 
ches , dans l'endroit même où elles 
ont le plus d'épaiffeûr. Le Porc-Epic 
eft fi féroce & fi hardi qu'il attaque 
les plus^ dangereux Serpens : dans fa 
colère , il lance fes pointes qui ont en- 
viron deux palmes de longueur, avec 
tant de violence , que s'il fe trouve 
une planche à leur rencontre , elles y 
pénètrent.. Les Nègres , & quelques 
Blancs même , trouvent fa chair fort 
délicate. Barbot aifure, contre le té- 
moignage de Bosman , que les Porcs- 
Epies font fort communs fur la Côte 
d'or. 11 n'y a point de créatures , dit-il , 
qu'ils ne puilfent bleiïer à une dif- 
tance raifonnable. Smith donne fept à 
huit pouces de longueur à chacune de 
leurs épines : elles font d'une fu bilan- 
ce qui tire fur celle de la corne , Se 
qui relfemble affez à l'écaiile de la 
Tortue. Le principal ufage qu'ils en 
font efl contre les Serpens, dont ils 
font les mortels ennemis BosMANparle 
d'un autre animal, qui relfemble beau- 
coup au Hérifton , mais qui n'a pas , 
comme lui , la propriété de fe rou- 
ler. 

Les Infulaires de l'Me de Madagas- 
car nomment Tendrac le Parc-Epis, 
Z z z i j 



S4 3 POR 

Ces animaux y font, dit-on , fort com- 
muns. Leur chair, quoique infîpide, a 
de longs filets Se mollafles. Les Porcs- 
Epies dorment fix mois fous terre fans 
manger : pendant ce temps leurs pl- 
q u ans tombent , Se il leur en revient 
d'autres à la place y lefquels font aigus 
comme ceux des Hérflfons. Le Porc- 
Jîpic vit de fruits Se de raifins , Scnatt 
en Afrique , aux environs de Nen- 
Ning-Su , Ville de la Province de 
Quang-Si à la Chine. Les Porcs-Epics 
y font fort gros-,. Se leurs pointes font 
longues Se aiguës. 

PORCELAINE: Les Côn- 
chyliologues ont nommé ce Coquil- 
lage Porcellana , feu Venerea : nomen 
accepit à fimUitudine pudendi mulie- 
bris: Grœcis XÏipo; , Latinis Porculus , 
feu Porcellus , cujus aliquam fimiiitu- 
ciinem refert hujits Coucha rima s hinc 
enim Coucha Venerea dicitur. Il ne faut 
pas confondre la Porcelaine avec la 
Conque de Venus, ConchaVeneris , qui 
eft un Bivalve. Rondelet appelle 
la Porcelaine , Rémora Mutiani, ou Mu- 
tex Mudani.Qn a donné anciennement, 
dit M. Adanson (Hift. des Coquilla- 
ges du Sénégal, p. 55. ) , le nom de 
Porcelaine à plulîeurs efpeces de Co- 
quillages ,. dont la forme approchojt 
beaucoup de celle des Pucelages. Une 
reffemblance même trop grande qu'on 
a cru trouver entre les uns Se les au- 
tres , les a fait confondre par quel- 
ques Modernes fous le nom commun 
de Porcelaine. Cependant , continue 
l'Auteur , comme la comparaison féale 
des coquines ne fuffit pas pour déter- 
miner les rapports, Se que l'examen 
des animaux qu'elles renferment , nous 
font voir des différences , qui les dif- 
tinguent affez Ls uns des autres, il a 
cru devoir conferver & ces deux gen- 
res, & le privilège qu'ils avoient au- 
trefois de porter chacun leur nom, Il 
laiffe au premier le nom de Pucelage , 
qui r.e con-'ient qu'à lui , Se il rend à 
celui-ci le nom de Porcelaine qu'il s'eft 
acquis ..foitpar la beauté, du goli de fa 



POR 

coquille , fuîvant B e l o n (de Aqitatl 
p. 20. > , foit par fa forme finguliere , 
fui vaut le rapport de C o l v m n a 
Ç Aquat. p. 67.) : il a obfervé fept 
efpeces de Porcelaine fur les côtes du 
Sénégal , & il donne à la première le 
nom de Porcelaine. 

La Porcelaine Se le Pucelage chez 
M. D-'A K G E N V I L L E (p. 266. pre- 
mière Partie , Édition de 175.7. ne 
font qu'un genre. C'eft une coquille 
univalve , aihfi nommée à caufe de fa 
longue fente , avec une bouche garnie 
de dents des deux côtés , de forme 
ronde ..oblongue , quelquefois boflue, 
quelquefois terminée par des mam- 
melons. U ajoute que la bouche eft 
la partie effentielle qui détermine le 
genre des Porcelaines. Elle doit être 
oblongue en forme de fente , Se ordi- 
nairement bordée de dents au moins 
d'un côté. Pline dit que la Porce- 
laine eft nommée Venerea , eàqitod apud 
Gniàionim Venerem colebatur. Gesneii 
veut que le nom de Porcelaine ait été 
donné à cette coquille , pareeque c'eft 
avec elle qu'on fait à la Chine , dans 
la Province de Kiam-Si* cette belle 
Porcelaine nommée Porcelaine de la 
Chine. 

L'animal qui habite la Porcelaine,. 

dit M. D'A RGENVILLE C Part. II. 
p. 40. ) , rempe fur une couche à la 
manière des Limaçons. Cette couche 
ou pied fe termine d'un coté en pointe 
dont le contour eft frangé , ainfi que 
tout fen pourtour ou cordon, L'autre 
bout préfente un col affez long , fort 
détaché du pied , avec une tête d'où 
partent deux cornes très-pointues „ 
qui forment un arc ; c'eft dans le mi- 
lieu que font placés les deux yeux, 
exprimés à l'ordinaire par deux points 
noirs affez gros. La bouche placée au- 
deffus de la tête n'eft pas grande, & 
forme un petit trou rond : elle eft'par- 
nie de dents des deux côtés , favoir 
vingt-cinq à droite , Se vingt & une 
feulement du côté gauche. Ces dénttf 
lui fervent de défenfé ,. n'ayant pas 



FOR 

d'opercule. On n'y voit point auffi 
de raufeau r comme dans les autres 
Tertacécs de cette efpece. La Porce- 
laine a une langue fort pointue , qui 
couvre entièrement Ton ouverture , ré- 
gnant d'un bout à l'autre. Cette pla- 
que fur laquelle elle marche ,eft den- 
telée dans Ton pourtour , Se fe termine 
en pointe à l'extrémité oppofée à la 
tête, La robe de cette Porcelaine a un 
fond aurore , coupé dans toute fon 
étendue de lignes tranfverfales , Se de 
fix taches brunes efpacées régulière- 
ment. La Porcelaine J. figurée à la 
Planche III. de la féconde Partie de 
la Conchyliologie , a été deûinée àPon- 
dichery T Se n'avoit alors que fept li- 
gnes de longueur , Se quinze quand 
l'animal s'eft déployé entièrement dans 
l'eau delà mer. Il eft repréfenté grofli 
au microfeope. K. de la même Plan- 
che eft fâ vraie grandeur : on y compte 
feulement trois fpirnles. Quelquefois 
on n'y voit qu'un fimple bouton. La 
Planche XVIII. de la première Par- 
tie du même Ouvrage , repréfenté les 
figures de vingt- cinq coquilles de Por- 
celaines des plus remarquables. L'Au- 
teur réduit la Porcelaine à quatre efpe- 
ces différentes, 

Dans la première font les Porcelaines 
arrondies & épaijjès ; dans la féconde 
font les Porcelaines minces & arrondies ; 
dans la troifieme , les Porcelaines de 
forme longue & e'paijje ; dans la qua- 
trième , les Porcelaines bojfues en quel- 
ques endroits ; dans la cinquième , la 
Pyramide. Les Porcelaines figurées B. 
N. F. L. S. O. favoir la carte géo- 
graphique , celle qui imite les carac- 
tères Arabes , la peau d'un Tigre , la 
peau d'un Serpent, le Pou de mer, la 
Cloporte , Se celie dont le milieu eft fé- 
paré en quatre zones de couleur rouge , 
font des variétés de la première. Celles 
qui font figurées A Se I. Se qui font 
l'CSuf de R u M p h i u s avec des mam- 
melons, & la Navette deTitTerand, 
font des variétés de la féconde. Celles 
SgurécsD. X. i. z. V. R. T. CH. 



FOR 549 

E. P. Y. Z. nommées en François grand 
ArgiisSc petit Argus ^Porcelaine bleuâ- 
tre à trois fafeies brunes ; Porcelaine 
à trois fafeies blanches , les lèvres, 
pointillées de rouge ; la blanche avecr- 
des points faillans ; celles à trois faf- 
eies figurées en P. le petit Âne , la 
Souris, la Taupe, la cc-uleur d'agather 
traverfée par une raie fauve * celle 
qui eft vergetée de lignes brunes - 
celle qui eft bleuâtre repréfentant urr 
animal , & la Porcelaine de la Chine , 
bien marbrée , font des variétés de la 
troifieme efpece. Les Porcelaines figu- 
rées M. Q. K. qui font celles de cou- 
leur de lait , boflue , avec des mam- 
melons rouges Se des dents; la blan-- 
che , boffae , fans mammelons & fans 
dents , & la- Porcelaine qui a fix boifes 
en deflus , la bouche garnie de dents , 
appellée Monnoie de Guinée , ou la. 
Colique , font des variétés de la qua- 
trième efpece. Enfin la Porcelaine dont 
la tête forme une petite pyramide » 
figurée G. eft une cinquième efpece. 
Il faut remarquer qu'il y a parmi les 
quatre premières efpeces-.Se les variétés 
dont l'Auteur fait mention, le Puce- 
lage nommé Cauris aux Maldives , qui 
fert de monnoie dans la Guinée , Se au- 
quel on attribue la vertu de guérir de- 
là colique , Se dont M. Ad ans on 
fait un genre particulier , par les rai- 
fons rapportées au commencement de 
cet article. r , 

J'ai dit que cet Ecrivain avoît ob-- 
fervé fept efpeces de Porcelaines fur' 
les côtes du Sénégal , Se qu'il avoir 
confervé le nom de Porcelaine à la pre- 
mière efpece. Il nous apprend qu'on- 
la trouve aifez abondamment dans l'Ifle 
de Gorée , mais particulièrement dans 
le mois d'Avril, Se dans les lieux où 
la mer bat avec une grande violence. 
Voici comme il décrit Se la coquille 
Se l'animal, 

La coquille , dit-il , eft médiocre- 
ment épaiffe , du plus beau poli , Se 
d'un luifant que rien ne peut furpalfèr. 
C'eft une efpece d'oyoïde arrondi donç: 



5p POR 

l'extrémité fupérîeure eft obtufe , Se 
le fommet forme une poinre affez mouf- 
fe. Sa longueur eft d'environ feize 
lignes Se fa largeur de neuf ; en forte 
que fon grand diamètre eft prefque 
double du petit. Elle eft compofée 
de fix tours de fpirale qui vont en 
defeendant peu obliquement de droite 
à gauche. La première fpire , c'eft-à- 
dire celle qui fait l'ouverture de la 
coquille , eft arrondie Se très-grande ; 
fa longueur eft triple de celle des 
cinq autres tours pris enfemble , qui 
font le fommet • ceux-ci font peu ren- 
flés Se peu diftingués les uns des au- 
tres ; ils fe terminent en une pointe 
alfez large Se arrondie. 

L'ouverture a la figure d'une ellipfe 
irréguliere , aiguë dans fes deux ex- 
trémités , 8e dont la longueur eft qua- 
druple de fa largeur : elle fe termine 
dans fa partie fupérieure en un canal 
niiez large formé par l'enfoncement 
de la lèvre droite , qui n'eft nulle- 
ment échancrée ; fon grand diamètre 
eft incliné obliquement fur celui de 
la coquille , & trois fois prefque auiïï 
long que le fommet. 

La lèvre droite de l'ouverture eft 
fort épailTe , & elle eft bordée d'un 
cordon qui s'élève au-dehors comme 
un ourlet. Ce cordon , ou ce bourre- 
let, fait tout le tour du canal fupérieur 
de l'ouverture , &. il vient en fe re- 
pliant fur la lèvre gauche , y former 
une longue dent qui rentre dans l'in- 
térieur de la coquille. C'eft par ce 
bourrelet de la lèvre droite qu'on dif- 
tingue les coquilles des Porcelaines 
d'avec celle des Pucelages qui n'en 
ont pas la moindre apparence. Au refte 
le bord intérieur de cette même lèvre 
a de plus une douzaine de petites dents 
diftribuées dans toute fa longueur. Ces 
dents font fi petites dans quelques-unes 
qu'on a de la peine à les diftinguer. 

La lèvre eft renflée, arrondie & gar- 
nie de quatre dents depuis fa partie fu- 
périeure jufqu'à fon milieu. 

Cette coquille n'eft fujette à varier 



POR 

que dans la couleur , qui eft roufTàtre 
dans les unes , châtain dans d'autres, ou 
d'une Agathe claire , tigrée de petites 
taches blanches répandues çi & là fans 
ordre , & traverfée par trois larges ban- 
des fauves , ou d'un brun rougeâtre. 
Elle eft toujours d'un beau poli , par- 
cequ'ellc n'a point de périofte , ni inté- 
rieurement ni extérieurement. 

La tête de l'animal de la Porcelaine 
eft cylindrique, légèrement applatie, 
de longueur Se de largeur à-peu-près 
égales. Son extrémité forme une échan- 
crure aifez étroite ; des deux côtés de 
laquelle partent deux cornes coniques 
fort minces , 8e d'une longueur qui 
furpalTe peu la fienne. Ces cornes font 
peu éloignées l'une de l'autre , parce- 
que la te te a peu de largeur. Un peu 
au-defTus de leur origine , vers la qua- 
trième partie de leur longueur , on voit 
un renflement femblable à une petite 
colonne cylindrique qui feroit adoffée 
fur leur côté extérieur. C'eft fur l'ex- 
trémité fupérieure de ces renftemens, 
ou de ces deux colonnes que font por- 
tés les yeux. Ils font afTez gros , ar- 
rondis , Se s'élèvent comme deux petits 
points noirs. 

La bouche eft placée au-deffous de 
la tête , vers le milieu de fa longueur : 
elle y fait une légère éminence , percée 
d'un trou rond , d'où il fort une lan- 
gue ou trompe une fois plus longue 
que la tête. Cette trompe eft blanche , 
dentée , & percée à fon extrémité , de 
même que celle de l'Yet , ( nom que 
l'Auteur donne à la Conque Perfique , 
autre Coquillage ur.ivalve ), & elle lui 
fert aux mêmes ufages. 

Le manteau eft une membrane fort 
mince, luifante , extrêmement unie, 
Se entière fans découpures. Dans les 
Coquillages que nous avons examinés 
jufqu'ici , cette membrane ne tapiffe 
que les parois intérieures de la coquille 
fans fortir au dehors ; mais dans la 
Porcelaine elle s'étend à droite Se à 
gauche fur le dos de la coquille ; de 
manière qu'elle y forme deux pans 



P O R 

qui recouvrent près de la moitié de fa 
furface extérieure : ces deux pans ne 
font pas égaux; celui de la gauche eft 
plus ample Se s'étend davantage que 
celui de la droite. 

La membrane du manteau fe replie 
encore à fon extrémité intérieure Se 
furie col de l'animal , pour y former 
un tuyau cylindrique un peu plus long 
que la tête , Se qui fort par le canal 
de la coquille ; il fè place quelquefois 
entre les cornes , & quelquefois il fe 
rejette fur le côté gauche , comme on 
le voit dans la figure Planche IV. n. i , 
de l'Ouvrage de l'Auteur. 

Le pied forme une ellipfè arrondie 
à fes extrémités , Se une fois plus lon- 
gue que large : il eft grand Se furpaffe 
de près d'une troifieme partie la lon- 
gueur & la largeur de la coquille. Ses 
bords font entiers , quoique légère- 
ment ondes : en deîlous il eft coupé par 
deux profonds filions , dont l'un eft 
plus grand Se le traverfe à fon extré- 
mité antérieure ; l'autre fillon eft plus 
petit , mais plus profond , creufé un peu 
devant fon milieu , Se parallèlement à 
fa longueur. Le fond de la couleur de 
l'animal tire fur la couleur de chair , bi- 
garré de petits points blancs. 

Ce Coquillage , félon l'Auteur , eft 
le même que la Porcelaine dont parle 
leP, du Tertre, Hifi. des An- 
tilles , p. 240. 

C'eft le Turbo Brajîlienfis tcftâ val- 
dè Uvi , cafianti coloris , de Bonanni > 
Tuer. p. 160. ». 326". 8c de M. Klein , 
lent. p. 70. Jp. 1. ». 39. 

Le Buccinum muficum fubrufum , 
maculis albis diftinilum , Barbadenfe , 
de Lister, Hifi. Concbyl. lab. 818. 

h- 2 9- ; 

Le Buccinum muficum fublividum , 
dense radiutum , ftve ex fujeo unda- 
tum, du même, ibid. fig. 3. p. 30. 

Le Buccinum muficum undatum , & 
macitlatum , du même , fig. 3 1 . & 3 2. 

La Cvchlea longa , pyrif'ormis , intor- 
ta , G" f'.dcata , utroque labio dentata , 
aut rugojb - fimbriata , lavis , cano co- 



P O R 5J1 

lorefplendens jde Gua ltier 1 , l n d. 
p. & lab. 28. lit t. L. 

PORCELET DES INDES: 
C'eft le nom qu'on donne à un petit 
animal qui grogne comme un Cochon , 
apporté en France par des Mariniers , 
Se qui prend les Souris dans les mai- 
fons , où il eft devenu l'amufe ment des 
enfans. On l'appelle auflî Cochm d'In- 
de. J'ai parlé amplement & fuffifam- 
ment du Porcelet des Indes aux mots 
CAVIA Se LAPIN DES INDES , 
où je renvoie le Lecteur. 

P O R G O , poifTon de l'IOe de 
Tabago , dont il y a deux efpeces , 
le gris Se le rouge : il eft plus petit 
que leGrooper, autre poifTon du mê- 
me endroit ; mais il eft auffi agréable 
à manger. Le Porgo rouge eft fort efti- 
mé des habitans , Se il eft aifé de le 
prendre à la ligne. 

PORON , nom donné par M. 
A d a xs o N à un Coquillage bivalve» 
du genre de la Came ; c'eft la neu- 
vième efpece de celles qu'il a obfer- 
vées fur les côtes du Sénégal. On la 
trouve, dit-il , abondamment dans les 
finuoiïtés des rochers remplis c!e fable. 
Elle ne diffère de la huitième efpece 
qu'en ce qu'elle n'a que deux lignes 
au plus de diamètre : elle eft blan- 
châtre , & quelquefois violette , au 
moins vers la charnière. 

PORPHYRION , ou l'OI- 
SEAU POURPRÉ , en Latin 
Porphyrio. Cet oifeau , dit A l b i n 
( Tome III. n. 84, J , eft une efpece 
de Poule d'eau. Le corps entier eft 
d'un beau pourpre, & la queue eft de 
couleur de frêne blanchâtre. Le bec, 
les jambes , Se les pieds , font d'un 
rouge qui tire fur l'écarlate , Se les 
griffes font noires. Pline rapporte 
que lorfqu'il boit il femble mordre 
l'eau. Il a aufTÎ une qualité qui n'eft 
propre qu'à lui feul , c'eft de tremper 
fà nourriture de temps en temps dans 
l'eau , Se de la porter à fon bec avec 
fa patte. Le même Auteur dit encore 
que les meilleurs oifeaux de cette eP 



552 P O R 

pece fe trouvent à Comagene. Celui , 
dont A i. b i N donne la dcicription , 
avoit trois doigts ; favoir , un derrière , 
qui eft court, deux en devant, Se un 
autre en arrière qui eft long. Le pe- 
tit doigt de defius ne paroiilbit être 
d'aucune utilité dans l'eftampe fur la- 
quelle il l'a tiré. Willughbï dit 
dans fou Ornithologie , que ni G e s- 
N r. r , ni A L D r o V a N D E , ni lui- 
même , n'en ont vu qu'en peinture. 
Comme les portraits qu'on en a faits , 
■varient beaucoup , Se que pas un de 
ceux qui ont donné une Hifioire des 
Animaux , ne déclare avoir vû le For- 
phyrion , Albin a auffi douté s'il y 
en avoît dans la Nature , fur- tout par- 
ceque les Anciens lui ont donné des 
qualités propres Se naturelles , qui font 
Jfabuleufos , comme d'avoir cinq doigts 
à chaque pied. Mais comme les por- 
traits fe reflTembJeot tous par la figure 
du bec , par la ftruclure des jambes 
Se des pieds , Se par les autres parties 
du corps , l'Auteur Anglois a changé 
de fer.timsnt , & croit qu'un pareil oi- 
.feau exiite. Gesner , Aldrovande, 
Se Willughby , paroïffent s'être co- 
piés , ou n'avoir écrit que fur des fi- 
gures. Albin lui-même n'en parle 
qu'après celle que le Chevalier Lov- 
T h E il lui a communiquée. C'eit ce 
qui a fait dire à Willughby, 
que ceux qui auront le bonheur de 
voir cet oifeau , le dépeignent avec 
plus d'exactitude, Se ôtent tout doute 
aux Savans Se aux Curieux fur fon 
exiftence. 

Maïs en confultant les Mémoires 
de l'Académie des Sciences ( Tome III. 
Fart. III.) , nous trouverons que la 
Foule Sultane eft le Forphyrion des 
Anciens, dont ils eftimoient fi fort la 
beauté , qu'ils en faifoient un des or- 
nemens de leurs Palais Se de leurs 
Temples ; ainfi qu'E lien le rap- 
porte ( de la Nat. des Anim. L, III. 
c. 41.). Il a été nommé Forphyrion à 
caufe de fon bec & de fes pieds routes. 
A - H - 1 s x o x e , dans Athénée /fait 



P O R 

fon plumage bleu ; Martial le 
fait verd ; les Anciens lui donnent une 
petite queue blanche par deffous, des 
jambes hautes , des pieds grands : il 
porte avec le pied, comme le Perro- 
quet , là nourriture à fon bec. Cet oi- 
feau d'un naturel farouche eft difficile 
à apprivoifer. Ces marques fe font 
trouvées dans la Poule Sultane, dont 
M. Perrault a donné une def- 
cription anatomique. Son plumage eft 
de cinq couleurs , bleu , violet , verd , 
gn's-brun , Se blanc. Autour des yeux, 
au devant de la tête , & autour du 
col , il y a du bleu ; ce bleu fe change 
infenfiblement en violet. Vers le ven - 
tre , & vers le derrière du col , ainfi 
qu'au dcfTous Se au derrière de la tête 
de cet oifeau , le plumage devient d'un 
violet fale tirant fur le gris-brun. Le 
ventre & les cuiffes font de ce même 
gris. Le dos eft verd mêlé d'un peu 
de bleu dans les extrémités des petites 
plumes dont il eft couvert. Les ailes 
font violettes par-deifiis , Se de gris- 
brun par deffous ; les grandes plumes 
font noires feulement à la moitié qui 
eft recouverte par la plume voifine; 
en forte que ce noir ne fe voit que 
lorfque les ailes fontétendues. Sa queue 
eft blanche par delfous , & par deflus 
de gris-brun , mêlé de noir. Le bec 
eft gros , long , pointu , Se un peu 
crochu , tout rouge par l'extrémité. 
Les jambes Se les pieds font rouges , 
couverts d'écaillés fort grandes , Se 
toutes en table. Les doigts font au 
nombre de quatre , trois devant Se un 
derrière. Athénée lui en donne 
cinq ; Se dans la figure de Gesner 
il y en a deux devant Se deux der- 
rière. C'eft fans doute une faute du 
Peintre. Les ongles font longs , poin- 
tus, médiocrement crochus , Scaigui- 
fés par le bout comme une plume à 
écrire. Pline ( Hifi. Nat. L. IL 
c. 1 7. ) dit que le Forphyrion n'a point 
de jabot. M. P e 11 r a u L t <:n a trouvé 
un dans celui qu'il a difféqué, 
B e l o n Çdeia Nat. des Oif. p. 2 2 0.) 

parle 



P O R 

parte auiïi du Porphyrion , Se dît, d'a- 
près Pline : Baléares InfuU Porphyrio- 
nem mittunt : laudatijjimi in Comagene 
r eperitttitrJl ne marque pas que ce foit 
la Poule Sultàîie. Tous ces Auteurs 
ci-deffus cités, ne nous donnent qu'une 
efpece de forphyrio» j cependant on 
lit dans le Dklivrtnaire de Trévoux qu'il 
y en a de deux efpeces. Voici comme 
elles font décrites. 

L'oifeaude la première eïpt'ce a le 
bec gros , aigu , 8e de couleur de pour- 
pre , le tour de la prunelle eft jaune , 
une tache de même couleur va depuis 
le front jufqu'au fommet de la tête ; 
la partie de la tête , au-deiTous de cette 
tache , Se le devant du col font ver- 
dâtres. Quelques-unes des grandes 
plumes des ailes font blanchâtres à leurs 
extrémités : les autres font brimes, ainfi 
que les cuitfes. Tout le relire du corps 
eit d'un bleu très-vif Se très-éclatant. 
Il a peu de queue , la partie descuilTes 
dénuée de plumes , les jambes longues , 
& les pieds , qui n'ont que quatre 
doigts , font de couleur de pourpre 
blanchâtre. 

Celui de la féconde efpece reflem- 
ble à l'autre par le bec, par les jam- 
bes , par les pieds , 8e par les yeux; 
mais il a les ongles bruns , la marque 
ou tubercule du front couleur de pour- 
pre ; la tête Se le col font bleus , 
ainfi que les ailes 8c le refte de la 
tête. Le dos , la poitrine Se les cuifles , 
font noirâtres ; l'iris eft de la même 
couleur , Se la queue , qui eft fort 
court'- 1 , eft blanchâtre parde!ïbus. Cette 
forte d'oifeau fréquente ordinairement 
les rivières. 

P O RTE- C ORNE, nom que 
M. Klein donne au Rhinocéros, 
Voyez ce mot. 

PORTE -ÉCU JAUNE, 
nom que Goedasd donne à un Pa- 
pillon , provenu d'une efpece de Che- 
nille qui fc nourrit de feuilles de Saule, 
Voyez CHENILLE DE FEUIL- 
LES DE SAULE. 

PORTE- ÉTÉ NDARD, 
Tome III. 



P O R Çï5 

en Latin Sigmfer , poiffoiî des Indes , 
dit R u y s c h ( ColUcL Fiji: Amb. 
Tab. o. n. 3. ) , ainfi nommé parce- 
qu'il eft le guide de poi lions plus pe- 
tits que lui qui le fuivent en grand 
nombre comme leur chef. U reiïemble 
affez au Tafilvifch , 8c à un autre poif- 
fon auquel les Hollandois ont donné le 
nom d'Idole des Maures ; ii eft beau- 
coup plus petit , Se il a tout le corps 
couvert d'écaillés : fa chair n'eft pas, 
bonne à manger. On n'en prend qu'à 
caufe de fes belles couleurs; c'.ftce 
qui le fait rechercher des Curieux , 
qui en confervent dans'de la liqueur. 
Il eft fi doux qu'il vient aux hommes 
qui lui préfentent de la nourriture , 
Se il fe laille prendre aifément. 

Il y a , dit le même Auteur , plu- 
fieurs autres poiffons de ce nom qui 
ne lui reffemblent pas ; mais la diffé- 
rence en eft petite. Tel eft celui qu'il 
appelle en Hollando;s Befaanvifch , 
nom qu'il lui donne à caufe d'une lon- 
gue pointe recourbée par le bout qu'il 
a fur le haut du dos. On prend ra- 
rement de cepoiffon , Se ileftprefque 
inconnu, R u y s c h ( ihid. p. 3 9 n. 4. ) 
dit que c'eft une efpece de Porte- 
Étendard, ou Porte-Pique. Après cette 
longue pointe qu'il a fur le dos , il eft 
armé de quelques aiguillons qui tien- 
nent à fes nageoires. Sous les ouies il 
a deux autres nageoires tr^s-longues , 
dont il fe fert fort adroitement ; au 
milieu du corps eft une large bande 
violette qui en fait tout le tour ; quel- 
quefois elle eftjaune. 

PORTE - LANTERNE , 
Mouche de l'Amérique d'une efpece 
très-finguliere. M. deRéaumur 
( Mém. IV. Tome V. p. 102.), à caufe 
de la ftruifture de fa trompe , la met 
au rang des Pro-Cignles. Elle eft re- 
marquable par fa grandeur & parles 
couleurs dont elleeftparée: elle l'eft 
bien davantage par la lumière qu'elle 
répand pendant la nuit , parla figure 8c 
la pofition de fa partie lumineuie. La 
lumière de nos Vers luifàns, Se desSca- 
A a a a 



554 P O R 

rabées luifans , appelles vulgairement 

Mouches hdfantes , vient de deffous 
le ventre , d'auprès du derrière , Se 
c'eft précifémentla partie antérieure de 
la tête de la grande Mouche , dont 
nous parlons ici qui éclaire , Se qui 
éclaire à un tel point , que M e M E- 
r i A N , qui Fa exactement obfervée , 
afïure qu'elle met en état de lire la 
Gazette d'Hollande pendant la nuit. 
C'eft à Surinam qu'elle a obfervé ces 
Mouches , & qu'elle en a peint les 
figures , qui font gravées dans la qua- 
rante-neuvième Planche des Infectes 
de ce pays-là. M. DE Réaumur 
en a reçu de Cayenne. On les appelle 
des Porte-Lanternes pareequ'on a re- 
gardé la partie antérieure de .la tête , 
de laquelle la lumière fort, comme une 
efpece de lanterne. Notre Académi- 
cien , qui n'a pas été à portée d'étu- 
dier cet infecte , n'a pu favoir pour- 
quoi cette Lanterne lui a été donnée 5 
il ne femble pas au moins , dit-il, que 
ce folt pour l'éclairer pendant qu'il 
vole. Les yeux font à réfeau, Se près- 
de leur origine de couleur rougeârr'e. 
Les ailes lupérieures n'ont pas une 
parfaite tranfparence ; le fond de leur 
couleur eft celle d'une olive pochetée : 
elles font pointillées d'un peu de blan- 
châtre , Scprès de leurs bafes elles ont 
plufieurs pentes taches prefque noires. 
Les ailes de deffous , un peu plus trans- 
parentes que les fupérieures , fo nt plus 
courtes , & ont cependant plus d'am- 
pleur. Elles ont chacune un grand 
œil, qui a quelque reflemblance avec 
ceux des ailes des Papillons-Paons. 
Les teintes les plus claires de ces yeux 
font olives , S; les teintes brunes font 
CE.fFé. Les Indiens ont voulu perfua- 
der à M e M e r 1 a n , que des Mou- 
ches vielleurs provenoient les Portes- 
Lanternes, appelas dans le pays Lata- 
ïenâragers par les fîo'landois. S'il eft 
vrai , que comme la Mouche vielleur 
provient d'un Efcarbot , d'elle forte 
au.Ti le Porte Lanterne , 'ce feroient des 
jnétamorphofes qui mérkeroient d'être 



P O R POT 

fuivîes par des Naturaîiftes du pays 
Mais M e M E R 1 a n fe plaint dans 
un autre endroit que dans ces pays 
chacun n'y eft occupé que defes plan- 
tations. 

PORTE - MIROIR, nom, 
que les Curieux donnent à un beau- 
Papillon de Surinam , fort grand , cou- 
leur d'or Se rouge , avec des raies 
blanches, tant furies ailes de de(Tus p 
que fur celles de delfous , fur chacune 
defqueiles il y a une tache claire Se 
tranfparente comme le verre , envi- 
ronnée de deux cercles , l'un blanc , 
qui eft en dedans , 8c l'autre noir qui 
eft en dehors ; de forte que cette ta- 
che refiêmble beaucoup à un miroir 
avec fon cadre. On voit à la Planche 
LXV. des Infectes de Surinam , par 
M e M E R 1 a n , la figure de ce Pa- 
pillon , & celle de la belle Chenille 
dont il fort , Se qui vit fur des feuilles 
de Citronniers. Voyez CHENILLES 
DE L'AMÉRIQUE. 

POT 

P O T A N M. A d a N s o n 
iHïfi. Nat. des Coquillages du Sénégal,, 
p. 75.) donne le nom de Mantelet à un 
genre de Coquillage bivalve du Sé- 
négal , à caufe de la figure de fon man- 
teau. Ce genre renferme quatre ef- 
peces. Il nomme la première Potan x 
Se elle eft figurée Planche V. n. 1. 
Ce Coquillage , dit -il , n'eft pas bien 
commun fur la côte du Sénégal. Il 
vît fur les rochers de la partie méri- 
dionale del'Iile de Corée ; mais il eft' 
rare , ajoute-t-il , qu'on trouve fa co- 
quille parfaitement entière , même fur 
l'animal vivant. Il parle en ces termes 
de la coquille & de l'animal. 

La coquille du Potan eft fans con- 
tredît la plus mince & la plus fragile 
de toutes cellesquife trouvent dans les 
mers Elle a la forme d'un cylindre 
obtus à fes deux extrémités , dont l'in- 
férieure porte un petit fommet qui y 
fait une pointe très-courte. Les plus 
grandes ont communément, un pouce 



POT 

$c demi de longueur , & moitié moins 

de largeur. 

Elles font formées de fept tours de 
fpirale qui tournent prefque horifonta- 
lement de droite à gauche. Le premier 
de ces tours efface prefque tous les 
autres , qui font très-diftinéts , quoique 
peu renflés , Se qui forment enfemble 
un fommet quatorze ou quinze fois plus 
court que lui. 

Son ouverture repréfente une ellîpfe 
irréguliere , aiguë par le bas , obtufe 
Se fort large par le haut , où , fans être 
iènfiblement échancrée , elle forme un 
canal creufé en portion de cylindre. 
Son grand diamètre eft triple du petit 
Se prefqu'égal à la longueur de toute 
la coquille à laquelle il eft exactement 
parallèle. 

La lèvre droite de cette ouverture 
eft extrêmement mince , aiguë , Se fans 
bordure , Se aufïï firnple qu'on ptùfTe 
l'imaginer. La lèvre gauche eft ren- 
flée , arrondie , Se relevée un peu 
au deffus de fon milieu d'une eipece 
de veine allez grofTe , ridée , Se qui va 
fe terminer en montant obliquement 
à l'extrémité du canal de l'ouverture. 
Cette coquille dans fon état naturel 
n'eft jamais couverte d'aucun épiderme 
•ou périofte ; elle eft toujours du poli 
le plus beau & le plus luifant , mais 
fans tranfparence. Elle varie peu pour 
la forme. J'en ai cependant une , dit 
l'Auteur , dont l'ouverture s'étend jus- 
qu'au bout inférieur de la coquille , 
où les fept tours de fpirale fe réduifent 
à cinq Se forment un fommet applatî Se 
même tant foit peu enfoncé. Les jeunes 
font un peu plus courtes que les vieilles 
proportionnellement à leur largeur. 

Sa couleur eft moins confiante que 
fa forme. Dans les plus petites c'eft 
un violet Semblable à la fleur des Prunes 
noires , qui s'étend au-dedans comme 
au-dehors. Cette couleur devient dans 
les moyennes , un gris-de-lin fort fale , 
8c coupé tranfverfalement par deux 
bandes de couleur agathe. Enfin les 
plus grandes font à fond blanc , avec 



POT 555 

quatre ou cinq rangs trayerfés de 
petits points fauves , ou bien elles font 
d'un brun clair , marbré de quelques 
taches blanches , fouvent diftribuées 
fur trois ou quatre bandes qui les tra- 
verfent dans leur longueur. 

La tête de l'animal, qui habite cette 
coquille , eft cylindrique Se un peu ap- 
piacie; fa longueur eft à-peu-près égale 
à Sa largeur. Elle porte à fon extré- 
mité , qui eft un peu échancrée , Se 
fur fes côtés , deux cornas fort lon- 
gues Se très-déliées qui la furpaflent 
une fois en longueur : elles font peu 
éloignées l'une de l'autre à leur ori- 
gine , Se deux fois plus courtes que la 
coquille. 

Les yeux font placés un peu au 
defïus de la racine des cornes Se fur 
leur côté extérieur , mais moins haut 
que dans le Pucelage Se que dans la 
Porcelaine. Ce font deux petits points 
noirs qui ont peu de faillie en dehors. 
Au-defTus de la tête , vers le milieu 
de fa longueur , la bouche paroît com- 
me une petite ouverture ovale. L'Au- 
teur n'y a point apperçu de mâchoires » 
Se il y a apparence qu'elle renferme 
une trompe , comme la Porcelaine. 

Le manteau de cet animal , quoi- 
que plus petit que celui de la Por- 
celaine , Se celui du Pucelage , puis- 
qu'il recouvre à peine la quatrième 
partie de la Surface extérieure de fa 
coquille , n'eft pas moins admirable ; 
il eft tout parfemé au dehors d'un grand, 
nombre de petits filets charnus , cy- 
lindriques , obtus à leur extrémité , 8c 
qui ont deux fois plus de longueur 
que de largeur. Ces filets font mobiles 
8c s'élèvent pendant que l'animal eft 
fous l'eau ; m?is quand l'eau vient à 
les quitter , ils s'aifaiflent 8e reflem- 
blent à autant de petites verrues ar- 
rondies. C'eftàcaufe de cet ornement 
que M. A D a k s o n a donné à ce 
genre de Coquillage le nom de Man- 
telct. 

L'extrémité antérieure du manteau 
forme de plus un tuyau cylindrique » 
A a a a ij 



55* p ° T 

a uffi orné de filets; mais il eftfi court 
qu'il déborde à peine le canal de la 
coquille. Le pied eft extrêmement 
gr?nd : il repréfente une langue trian- 
gulaire , obtufe à fon extrémité anté- 
rieure où elle eft rra verfée par un pro- 
fond fillon : l'extrémité oppofée fe 
termine en pointe plus ou moins aiguë , 
fuivant la volonté de l'animal. Sa lon- 
gueur eil triple de fa largeur , Se elle 
furpaffe de moitié celle de la coquille 
dont il égale la largeur. Son corps eft 
d'un violet obfcur Se foncé , qui fe 
rapproche beaucoup du noir. 

M. A D A N s o N a rangé fous le 
nom de Totan , le Rhombus tennis ex 
fafco fafeiatus , ore intemo ex viola 
parpurafcente , de Lister, Mifi. 
Conchyl. Tab. 741. fig. 37. 

Le Rhô??;bus proxhue fupiïioïifïm'dif, 
at ptiztereX veïnàcidatim depiilus , du 
même Auteur , ibid. p.j^z.fig. 38. 

Le Rhombus tennis ex rujo macula- 
tus , du même, Tab. 748. fig. 42. 

Le Rhombus tenuis ex fiujco ncbula- 
tus fafciat'ufque , du même, ^.43. 

Le Rhombus parvus , tennis , Jubpur- 
pureus , maculis fiufcis fafeiatim de- 
p'rfhts , du même , ibid. Tab. 749. 
fig- 44- 

Le Rhombus parvus , tenuis , fubfuf 
eus, bifafeiatus, du même , ibid. fig. 4 J. 
& de M. Klein, Tent. p. 7g. 

f POT IGUI QUIYA, efpece 
de Langoufte de mer, ou Cancre du 
Br-éfil , que les HolLndois nomment 
Zee-Kreeft. La longueur de fon corps , 
depuis le front jufqu'à la naifiance de 
la queue , eft de fepr doigts. La 
queue en a fix. La largeur de fon Co- 
quillage fur le dos en a lept. Le ven- 
tre en a deux & demi. Tout fon corps 
a neuf doigts Se demi de tour. Sa queue 
a cinq doigts de tour; elle eft com- 
pofée de cinq tablettes : cette queue a 
de chaque côté en deftous , quatre na- 
geoires longues d'un doigt & demi , 
& elles font larges d'un doigt. Les 
extrémités latérales de chaque tablette 



P OT 

finîflèat en corne pointue. Ce Cancre 
a cinq jambes de chaque côté. Les 
deux premières ont fix doigts de long ; 
les deux fécondes , neuf; les deuxtroi- 
fiemes , un pied; les quatrièmes, fept 
doigts , & les cinquièmes, cinq. Cha- 
que jambe eft fournie d'un ongle 
courbé & pointu, couvert de beaucoup 
de poils roux , & qui reflemblent au 
pinceau des Peintres. Ses deux jam- 
bes de devant font de la groîfeur du 
doigt , Se les autres font plus menues. 
Son écaille eft couverte de tubercules 
fur le devant , qui paroiifcnt être au- 
tant de petites cornes pointues. Ses 
yeux font élevés , Se faits en forme de 
cylindre. Derrière il porte deux cor- 
nes élevées , penchées en devant , Se 
d'un doigt de long. Devant les yeux , 
au-denus delà bouche , fortent quatre 
filets. Les deux premiers à leur naif- 
fance font de la grolfeur du pouce de 
l'homme , compof^s de quatre jointu- 
res , longs d'un pied Se demi , & épi- 
neux de tous côtés. Les deux autres 
filées font plus petits, compofés pa- 
reillement de quatre jointures : ils iont 
ronds , fans épines , Se longs en tout 
de dix doigts. Ruts c h ( de É'xjfcng. 
p. 27 ), après cette defcripr'on qu'il 
nous donne d'aprts Marc Grave * 
ne nous dit point fi cette efpece de 
Cancre du Bréfil eft bon ou mauvais à 
maneer. 

POTTO, ouSTUGGARD, 

animal qui fe trouve à la Côte d'or, 
Si que les habitans nomment Potto 3c 
les Hohandois Stuggard , qui lignifie 
en François Parcjfèux , pareequ'il a 
befoin d'un jour entier pour avancer 
l'efpace de dix pas. Artu s dit que 
quelques Ecrivains a (Turent que cet ani- 
mal ne laiffe pas de grimper fur les 
arbres , & qu'il s'y arrête jufqu'à ce 
qu'il ait dévoré non-feuLment le fruit,, 
mais même toutes les feuilles. Il def- 
cend alors pour fe rendre fur un au- 
tre arbre ; mais avant qu'il ait fait le 
chemin il devient d'une maigreur ex- 
trême , tk s'il ne trouve rien dans fon 



POU 

voyage qui puîffe lui fervîr de nour- 
riture , il meurt infailliblement de faim 
en allant d'arbre en arbre. L'Auteur 
ne garantît point la vérité de ce récit, 
quoiqu'il ait trouvé des Nègres affez 
perfuadés de ce fait. 

On lit dans YHifloire Générale des 
Voyages, L. lit. que le Potto , ou 
StUggard, eft d'une forme fi affreufe , 
que lî osman ne peut s'imaginer 
qu'il y ait rien d'approchant fur la 
terre. Ses pieds de devant font deux 
véritables mains. Sa tête eft d'une grof- 
feur qui n'a pas de proportion avec le 
corps. Quand cet animal eft jeune , il 
eft d'un gris de perle , Se fa peau eft 
alfez douce; en vieilliffant , il devient 
rouge , Se fe couvre d'une efpece de 
poil , aufll épais que des floccons de 
laine. L'Auteur ajoute que la feule 
propriété qu'il connoiffe à cet animal 
eft de ne pouvoir être regardé fans 
horreur. Si ces Voyageurs nous avoient 
iiiftruit de la grandeur Se ce la grof- 
feur de cet animal , on pourroit juger 
li ce Potto n'eft point le même que 
l'Ai j ou le Farejfèux des N aturaliftes. 
Voyez AI. 

POU 

P O U * : C'eft une forte de Ver- 
mine qui s'engendre chez l'homme , 
Se fur le corps de bien des animaux, 
comme Quadrupèdes , Oifeayx , Poif- 
fcr.s , Sec. & même fur les Végé- 
taux , ce qui compofe beaucoup d'ef- 
peces , Se que M . L i n n ff. u s ( Fauna 
iitec-. n. ii 53.) met dans l'ordre des 
Aplera , iniectes fans ailes. Voici la 
notice de ceiks dont ce Savant Se d'au- 
tres Naturaliftes font mention. Je 
donnerai enfuîte l'hiftoire abrégée Se 
naturelle du Pou, d'après Swammer- 
dam .LêewenhoeCkSc d'autres , 
favoir celle de fes œufs , nommés 

"Cet in r ec~te efc nommé en Hébreu Kht- 
BWB , ou Khiane ; en Samaritain , Calant ; en 
ChaWéen, Kln-.n ; en Syriaque, Kaltna. Le 
mot Voit , Pouil, ou Voul, pent du Latin Ve- 
ikuhts j Ptduncttius , Veiis oviPedes, Ph, 



POU 557 

Lendes s après quoi je parlerai de fes 
parties externes Se internes, de la 
trompe ou de l'aiguillon qui lui fert 
à fucer le fang de l'homme , Se de la 
ftrufture de fa peau ; voilà les plus 
effentielles Se les plus curieufes. Je 
rapporterai auffi l'hiftoire d'un homme 
fauvage qui ne vivoic que de Punie 
vivans. On verra en outre qu'il y a 
des Poux qui quittent les Efpagnols 
qui vont aux Indes , à un certain degré 
de Latitude , & qui les reprennent à 
leur retour , félon Oïiedo; & je 
ferai^remarquer qu'il y a un Peuple , 
du côté de la mer Rouge , qui meurt 
de la maladie pédiculaire. Enfin les 
remèdes pour fe garantir de cette Ver- 
mine , Se fa propriété en Médecine , 
finiront l'hiftoire intéreffante du Pou ds 
L'homme. 

POU de l'Homme, îl eft nommé par 
M. L 1 n N JR v s ( Fauna Suec. p. 337. 
n. 1153. ) Pedieulus huraamts , par 
R E D 1 ( Exp. XVIU. ) Pediculits crdi- 
narius, Se par Mouffet (Edit. Lat. 
p. 250.), S W AMMERDAM ( Quart, 
p. 1 69. ) , 13 o n a n n 1 ( Aftcograp'b. 
p. 55.} & les autres , Amplement Pe- 
dicttlus. 

POU de Bœuf: M. Linnius 
( Fauna Sueeica , p. 3 3 8 . 1155. dr 
1 1 56, ) en donne de deux fortes , l'un 
petit Se l'autre grand. Il nomme le 
premier , Pedieulus Bovis , ahdomine 
lineis tranjverfîs oilo ferrugineis. C'eft 
le Roed-Luus des Suédois. Il nomme 
le fécond , Pedieulus Bovis , abdomhie 
plumbeo. C'eft le Blao-J^uus des Sué- 
dois. Celui-ci fe trouve furies Bœufs, 
Se l'autre fur les Vaches. 

POU de la Cercerelle , en Latin 
Pedieulus Falconis Finnunculi. R e p-i 
{[/■f. 13.) parle de cet infecte , Se M. 
Linnius ( Fauna Suec. n. 11 57.) 
allure que c'eft le plus grand de toutes 

Sexapes, Vcrmîs ou Serpens fexiipes, com- 
me qui diroir Animal, Vtr , ou Serpent à ftx 
ou ptufieurs pieds. On appelle le Von en Ita- 
lien Voioechio ; en Allemand , Lavos ; en Lfi?3- 
gnol, Fiojo; en Anglois, Loufc, 



55 8 POU 

les différentes efpeces de Poux qu'il a 
vus. 

FOU de Corbeau , en Latin Fedi- 
culus Corvi, & nommé Fulex Corvipar 
Redi , Exp. 1 6. Cet infefte, félon M. 
Linn/eus, ». 1158. a le col & les 
pieds très-courts , & la tête petite & 
noire. 

POU de la Fie de Lapante , autre- 
ment dite Merle de Rocher , nommé dans 
les A'cles d'Upfal , 173 6. p. 37. ». 3. 
Fediculus Fies, Laponica, ou Fediculus 
Turdï Mentit montant ditli. Cet in- 
fecte , félon M.Linnjeus, 8. 1158. 
a les yeux noirs , les antennes de la 
longueur du corps , très -fines 8c blan- 
ches ; les pieds très - déliés & aflez 
longs. Il eft de la grandeur d'un petit 
Fou de tête. 

POUè Coq d'Inde , nommé Pé- 
dicules Accipuris par Redi ( Exp. 
i.-l.f. %.) > & Fediculus Meleagridis 
par M. L 1 n n je u s , n. n 60. Cet 
infecte a les antennes courtes , la tête 
plate Se approche beaucoup du F ou 
qu'on trouve fur le corps des Pou- 
les. 

POU d'une efpece d'Hirondelle de 
mer , nommée par M. L 1 N N m. u S , 
». ïi6i. Siettia fecunda. Ce Pou a les 
pieds très-courts & gros. Il a la tête 
faite en triangle , large Se obtufe; 
elle eft de couleur pâle. 

11 y a un Pou , qui fe trouve fur 
VAvofetta des Italiens, oifeau nommé 
en Latin R.ecurviroftra ; un autre fur 
VHcemantopus de B E L o n , qui eft la 
Fie ou Bécaffe de mer; deux fortes fur 
la Poule domeftique & le Coq , dont 
la première n'eft pas plus grolTe que 
l'œuf du Pou qui s'engendre dans les 
cheveux ; l'autre eft plus petite que 
ce Pou vulgaire. M. Linnjeus , 
n. 1 1 55. G" 1 1 66, nomme le premier , 
Fediculus Gallinœ > abdommis margine 
nigro , & le fécond , Fediculus Gallinœ , 
thorace , capiteque utrinque mucronatis. 
Le L-.Tgopus ou la Perdrix blanche nour- 
rit aufti une efpece de Pou. H en eft 
/parlé dans les Ailes d'Upfal, 1735. 



POU 

p. 37. n.%\ où il eft nommé Fediculus 
La^opi. 

Élans (Belg. 169. f.14.), Ray (l n f_ 
p. 8.), Bradeley ÇNat. 27.) , i e 
Doéîeur d'H e r r a m ( Ail. Ang, 
». 271. p. 231. ». 291. p. 1585.) & 
plufieurs autres parlent d'une efpece 
de Pou , qui fe trouve dans le vieux 
bois Se dans les livres qui n'ontpas été 
ouverts depuis long-temps. 

Les arbres , les plantes ontauffi leurs 
Poux particuliers. 11 y en a un que M. 
LinNjïuS, h. 11 69. nomme , Fedi- 
culus Adonidum , & dont il eft parlé 
dans les Ailes d'Upfal, 1J16. p. 37. 
». 8. fous le nom de Fediculus Hybtr- 
naculorum , arboreus , villofus. Cet 
înfede eft tout blanc, de figure ovale 
Se oblongue. 

La terre , félon le même Natura- 
lifte, n. 1 170. fournit audi une efpece 
de Fou , blanc comme de la neige , 
& nommé en Latin Fediculus terrè/lris 
niveus. 

Il y a encore le Pou de Brebis, en 
Latin Fediculus Ovinus , mis par M. 
Linn/eus , ». 1192, dans le rang des 
Tiques, nommé Reduvius par Char- 
leton ( Onom. 49. ) , Fediculus Ovi- 
nus par Ray, In). 9. Se par M. Lin- 
KfJEÛS, Acaras Ovinus j dans le Voya- 
ge d'CElande ( ». Si. p. iz6. ) Fefîbig. 
Cet infecte gâte la laine des Brebis. 

Le Pou de Chien , en Latin Fediculus 
Caninus , en Suédois Flott , eft aufïî mis 
dans le rang des Tiques par M, Lin- 
UÈVSt n. 1193. qui le nomme Aca- 
rus abdomine livido , antice ovato,fufco, 
antennis clavatis. Ray ( Inf. 10. ) le 
nomme Ricinus Caninus. 

Il y a encore une efpece de Pou, 
qui eft fort incommode aux Scarabées, 
nommé par M.Linn^us, n. 1198- 
Accrus Infeilorum rufus , ano albican- 
te i par Lister ( Loq. 3 8 1 . ) Fedi- 
culus fubflzviis Scarab&is infejhts , Se 
dans les Actes d'Upfal, 1736. p. 37> 
». i.Acarus Infeilorum coleopteratorum. 
Cet infecte fe trouve ordinairement 
fous la poitrine & entre les ettîfféS 



POU 

Jes infectes volans qui ont les ailes co- 
léoptères. 

Le favant Naturalise Suédois parle 
tl'un autre infecte , ». 724. qu'il nom- 
me Coccus InfeElorum coleopteratorum , 
qui fe trouve auffi fur différentes for- 
tes de Scarabées , & que M. F R 1 s c h 
( Germ. 4. p. 10. t. 9. ) nomme Pedicu- 
lus Scarab&orum canali adfixus s Se il 
parle d'un autre infecte qu'il appelle 
(Germ. 5. p. 20. /. 2.) Coccus Hejperi- 
dum , Se qui eft le Pediculus clypeatus 
des A'cles d'Upfal , 1 73 6. p. 37, ». 9. 

Enfin il y a un autre infecte que 
M. LiNN/îus , ». 704. appelle Apkis 
Rièis , en François Puceron de Grofeil- 
kr. H eft nommé par d'autres Nam- 
Valides , entr'autres par Blank ( Belg. 
p. 1 d4 ) , Se M. F r 1 s c h ( Germ. 1 1 . 
p. 9. t. 14. ) , Pediculus Ri bis viridis , 
Se Pediculus arboreus , fufeo-viridis in 
Ribe. Voilà les différentes efpeces de 
Poux , dont il eft fait mention dans la 
pauna Suecica de M. L 1 n n if. u s. 

On voit , dit Svammerdam', 
courir fur le corps des Bourdons une 
grande quantité de petits Poux de diffé- 
rentes grandeurs , qu'il n'eft pas aifé 
de faire mourir. Il a aulîi oWërvé des 
Poux fur les Fourmis , Se prefque fur 
tous les autres infectes. Goeda r d 
appelle Excitateurs les Poux de Bour- 
dons ; mais il en raconte des chofes fi 
plaifântes , qu'il femble avoir voulu 
plutôt donner un Roman qu'une Hif- 
toire véritable. 

On feroit bien fondé à croire, dit 
R e d 1 , que tous les animaux feroïent 
fujets à cette Vermine : quoique P L 1- 
n e , fur la foi d' A ristote, en 
exempte les Ânes Se les Brebis, Mouf- 
Fet (Theat. Inf. L. IL c. 23.) adopte 
cette dernière opinion, Se s'appuie de 
raifons allez frivoles, Se qui font dé- 
truites par le fait ; "car les Anes ont 
réellement des Poux , ainfi que la plu- 
part des autres Quadrupèdes. Quant 
aux Brebis , il n'eft point de Berger 
qui ne fâche qu'elles y font fujettes ; 
& c'eft un fait dont plufieurs Auteurs 



POU 55? 

avec MLiNNtus font mention , 
comme on l'a vu plus haut. J'ai dit „ 
ainfi que Moutiei l'afïUre , que 
les Scarabées en font confiderablement 
tourmentés. Les Fourmis auffi n'en font 
pas exemptes y Se chaque efpece de 
Fourmis en a de particuliers. Ils font 
prefque imperceptibles : il faut un ex- 
cellent microfeope , & beaucoup d'at- 
tention pour les difeerner. Ceux des 
ï ourmis ailées font de la même figure 
que l'infecte de la Poule , & ceux de la- 
Fourmi qui n'a point d'ailes reffem- 
blent beaucoup à l'infecte de la Tour- 
terelle. 

Les Naturaliftes rapportent ,. Se tous 
les Pêcheurs affurent, que les poiffons 
mêmes font tourmentés par différens 
infectes : les noms- de Poux , de Puces* 
Se. de Punaifes de mer leur font fami- 
liers. On trouvera ci-deffous, après la 
defeription du Pou de L'Homme, celle 
d'un^o» qui fe trouve dans les bran- 
chies de la Perche Se du Brochet , ti- 
rée des Ades d'Upfal, année 1750. Se 
celle du Pou de Baleine. Aristote 
donne des Poux aux Dauphins Se aux 
Thons ; d'autres aux Saumons Se à 
l'Epée de mer. Pline dit en général 
qu'il fe trouve dans la mer jufqu'à des 
Puces Se des Poux, qui troublent le 
fommeil des poiffons pendant la nuit. 
Se qu'il y en a qui s'engendrent dans 
les poiffons mêmes, comme dans le 
Pilchard, ou Célerin. 

Rondelet nous apprend aufiî 
que les étangs Se la mer fourniffent des 
Poux, qui s'attachent fi fortement fur 
le dos des poiffons faxatiles & au- 
tres , qu'ils les rendent fècs à force de 
les fucer. Il y a des Poux aquatiques 3 
dont la couleur tire lur le rouge. Il y 
en a quelquefois en fi grande quantité 
dans certains foffés , remplis de fange 
Se de bourbe ,. qu'on croiroit que l'eau 
auroit été changée en fang. Enfin quel- 
ques Philofophes ont dit qu'il y avoit 
le Fou du Pou ,. en Latin Pediculus 
Pedïculi. C'eft ce que Swammer- 
cam allure de tous les infectes qu'il 



pSo POU 

«dit avoir chacun leur Vermine parti- 
culière. 

Re Di rapporte avoir trouvé parmi 
les pointes des Ourfins de petits, ani- 
maux de même couleur que les Écre- 
viffes , Se femblables aux Cloportes 
par la grandeur Se la figure , excepté 
qu'ils n'avoient point de cornes, rmls 
feulement deux yeux noirs qui font 
très-petits , & foixante jambes extrê- 
mement déliées , placées fur les bords 
de leur enveloppe extérieure. Les 
Plongeons Sctous les oifeaux amphi- 
bies ont beaucoup de Poux j on en 
trouve en toute iàifon dans leur plu- 
mage. Tous les oifeaux , fuivant les 
cbfe'rvations de plufieurs Naturalises, 
y font fujets. Chaque forte d'oifeau 
en a une ou plufieurs efpeces , qui lui 
font particulières. Re d i dit en avoir 
trouvé de trois fortes dans le Vau- 
tour , Se dans la Poule de Guinée , 
nommée vulgairement Poule de Pha- 
raon. 11 en a vu de quatre fortes dans 
une efpece de Canard fauvage , appcl- 
lé Marigiana en Italie. Il en a auffi 
obfervé dans le Cygne , dans l'Oie 
fauvage Royale , dans la Creflerelle 
ou Quercerelle , Se dans le Pluvier. 
Différens oifeaux de proie ont auffi 
les mêmes infectes; entr'autres l'Ai- 
gle , Se un oifeau de proie que les Ita- 
liens nomment Vaccajo, en ont de fem- 
blables à ceux de la Crefferelle. Le 
Vaccajo en a auffi de femblables pour 
la figure, mais non pour la couleur, 
à ceux du Corbeau, On en trouve à 
l'Aigle de parfaitement femblables à 
ceux du Vautfjyr. L'Outarde , & la 
Poule appellée Ga'dina pratenfis , en 
Italien Pratajuvola , en ont auffi qui 
reflemblent beaucoup à ceux du Vau- 
tour. Le Pic & le Pinçon en ont de 
pareils à ceux de l'Etourneau. La Cer- 
cerelle Royale a â-peu-près les mêmes 
Poux que ceux de l'Oie Royale. Ceux 
de la Grue font tout blancs , 3c ils ont 
des marques noires , qui femblent être 
des caractères Se des chiffres. On en 
trouve de parfaitement femblables., dit 



POU 

R e D r , à ces derniers, à certains oi- 
feaux d'Afrique , que les Nègres nom- 
ment en leur langue BaUottaja , que 
le même R e d 1 croit être la Grue des 
Ifles Baléares. Il dit encore qu'après 
avoir examiné tous les oifeaux étran- 
gers , qu'on nourriffoit de fon temps 
dans les jardins de Boboii , il n'y 
avoit que les Autruches -qui fe font 
trouvées en toutes faifons exemptes 
de Poux. 

Description du Pou de l'Homme. 

Cette Vermine , quoique fort dé- 
goûtante aux yeux d'un chacun , a 
cependant mérité les attentions des plus 
grands Naturalistes anciens Se moder-v 
nés. S w a m M e R D a M , dans le pre- 
mier ordre des transformations ou dé- 
veloppemens des infectes , prend pour 
exemple le Pou de l'Homme. Jean 
Mur A LTO a donné Panatomie du 
Pou. Le célèbre Hook, Anglois , 
dans fa Micrographie , a auffi fait la 
description de cette forte de Vermine. 
L É e w e n h o e c k rapporte dans les 
Tr an f antiions Philofophiqncs , an. 1 6*9 3 . 
». 94. art. m. qu'il a obfervé dans 
le Pou un nez court Se conique , percé 
d'un trou , par lequel cet infecte pouffe 
fon aiguillon , lorfqu'il veut manger , 
Se que cet aiguillon lui a paru vingt 
fois plus petit qu'un cheveu ; que fa 
tête étoit fans future; qu'il avoit cinq 
articulations à fes antennes , Se deux 
griffes à chaque pied ; l'une eft fem- 
blable à celle d'une Aigle, l'autre eft 
droite Se très-petite , Se entre ces deux 
griffes il aune petite broffe.pour mieux 
faifir les cheveux Se s'y attacher. 

Aristote a prétendu que les 
œufs ou lendes du Pou ne produifent 
jamais rien. Il s'eft évidemment trom- 
pé , car ils multiplient prodigieufe- 
ment. On voit journellement les che- 
veux des enfans peu foignés, & ceux 
des hommes pauvres ou malpropres , 
ainfi que les poils des Quadrupèdes & 
les plumes des Oifeaux , remplis de 

ces 



POU 

tesLendes, à la vérité quelquefois pref- 
que imperceptibles à l'œil, mais vues 
très-diflinclement au microfcope. On 
difcerne aifément ces œufs qui font 
encore pleins, aufîi-bien que ceux d'où 
l'animal eft forti , Se l'on peut même 
obferver à l'œil fimple ceux qui fe 
trouvent dans les plumes de l'Aigle, 
& dans celles de la Creflerelle , Sec. 
Ces Lendes , dit R e d i , font beau- 
coup plus grofles que des grains de 
Pafiis , & l'on diftingue au-dedans l'in- 
fecte tout formé , comme il s'en eft 
aflùré plus d'une fois par fes propres 
yeux. 

Le Poit , dit SWAMMERDAM, 

dans fon Biblia Nature , Se Tome V. 
des Collections Académiques, ou Tome IL 
de la Partie de l'Hiftoire Naturelle fé- 
parée, p. 37. & pavantes , acquiert fa 
forme parfaite dans fon œuf, qu'on 
nomme Lende. Cet œuf , repréfenté 
grofii au microfcope , Planche £. fîg. 1. 
de l'Ouvrage ci-defTus cité , eii ter- 
miné du côté de la tête par un limbe 
ovale , fur lequel on apperçoit com- 
me de petits fleurons , qui font décou- 
pés fur les bords , Se qui ont dans un 
centre un renflement blanchâtre. On 
voit aulfi fur \a Lende deux éminences 
molles , où font renfermés les yeux 
du Pou , tandis que toutes fes parties 
font encore molles Se humides ; les 
yeux prenant peu-à-peu une couleur 
plus foncée , paroiflent au travers de 
la peau , Se deviennent à la fin pref- 
que tout-à-fait noirs : enfin on diftin- 
gue fur le milieu de la Lende , à tra- 
vers fa coque , quelque chofe de blan- 
châtre , qui a un battement régulier, 
comme celui du cœur. Cette partie , 
que je regarde , dit Swa.mmeh.dam , 
comme le pancréas , eft indiquée par la 
lettre M. de la figure 6. de la Plan- 
che ci-deflus citée du Tome V. des 
Collections Académiques, qvi repréfenté 
l'eftomac du Pou , Se on la voit ifolée 
dans la figure 8. 

Lorfque le Pou a acquis a fiez de 
conhftance & de force pour fortir de 
Tome III. 



POU 551 

fa coque , le limbe ovale qui la ter- 
mine du côté de la tête , fe fépare du 
relie de la coque dans la plus grande 
partie de fa circonférence , & fe levé 
comme le couvercle d'une botte à char- 
nière ; alors le Pou fort par cette ou- 
verture , Se en fortant il renverfe le 
lîmbe en arrière. Dès ce temps le Pou 
a en petit la forme qu'il doit confer- 
ver , & il l'avoit même dans l'œuf; 
c'eft pourquoi l'Auteur donne à cet 
infecte, & à tous ceux de ce premier 
ordre , tant qu'ils font dans l'œuf, le 
nom de Nymphe- Anima.-Ovij orme, au- 
lieu qu'il nomme Nymphe-Ver-Ovif orme 
les infeéles des trois autres ordres , 
lorfqu'ils font renfermés dans l'œuf fous 
la forme de Ver. 

Le Pou change plufieurs fois de 
peau , à mefure qu'il prend fon accroif- 
fement. On peut le regarder comme 
Nymphe , lorfqu'il eft parvenu au der- 
nier degré de cet accroiiTement , Se 
qu'il n'a plus qu'une peau à quitter; 
car alors fon état eft parfaitement ana- 
logue à celui des Nymphes des trois au- 
tres ordres , puifque cet état eft, fans 
contredit , celui qui eft le plus voi^rt 
de la puberté , Se que l'infecle n'a 
plus qu'une dépouille à quitter pour 
être adulte Se propre à la génération: 
Swammerdam alors le nomme 
Nymphe- Animal. 

Mais quoiqu'il foit vrai, en général, 
félon le même Obfervateur , que les 
infeftes de ce premier ordre ne chan- 
gent point de forme depuis qu'ils '.ont 
fortis de l'œuf, il y en a cependant 
quelques-uns qui fubîfrenf quelques 
légers changemens à la dernière mue,' 
comme, par exemple , l'Araignée à 
longs pieds ; car lorfque cette forte 
d'Araignée quitte fa dernière dépouil- 
le , fes pieds s'allongent Se croiTent 
confidérablement. Au refte , c;s diP.e- 
rens changemens font peu confidéra- 
bles , Se ne peuvent être pris pour des 
transformations , Se la der.iie.re mue 
étant entièrement finie, aucun de ces 
ïnfe&es ne prend plus d'accroiflement, 
Bb bb 



5 «fc F O U 

ni ne fubit le moindre changement Je 
forme ou de figure. 

Parties- externes du Pou. 

La tête eft un peu oblongue en 
avant , arrondie en arrière : elle eft 

recouverte d'une peau dure , comme 
le parchemin le plus ferme : cette peau 
eft tendue , tranfparente de toutes parts 

6 hériflee de poils durs. L'aiguillon 
eft à l'extrémité antérieure , mais il 
ne paroît que tivs - rarement , étant 
prelque toujours couché en dedans. 
Sur chaque côté de la tête fe vcyent 
les antennes , revêtues auffi d'une peau 
femblable à du parchemin. Elles ont 
chacune cinq articulations , qui toutes 
font hérilTées de poils durs , régulière- 
ment difpofés : fous la peau qui les 
couvre on apperçoit quelques vailfeaux 
blancs. Les yeux font fitués derrière 
les antennes : ils ne paroiftent point 
divifés en petits réfeaux à maiiles he- 
xagones , comme les yeux de plufieurs 
autres Infectes. Svammerdam dit 
y avoir remarqué quelques pGÎls fur 
leurs bords antérieur , extérieur Se 
poltérieur. 

Le col eft fort court : il fe joint au 
corfèlet, qui fe divife en trois parties , 
fur le milieu defquelles paroît du côté 
du dos une efpece de petit bouclier. 
Sur les deux côtés on voit les fît pieds, 
qui s'articulent à la partie inférieure 
dii corfèlet: ils ont chacun fix articu- 
lations ou phalanges de différentes 
grandeurs : ils font parfe*iés de points 
faillans , analogues aux petits tubercu- 
les du chagrin; ces points vont en di- 
minuant peu-à-peu, Se ils difparoiffent 
vers l'extrémité du pied : enfin ces 
pieds font bordés de poils durs Se par- 
femés. de vailfeaux blanchâtres , qui 
paroiftent à travers la peau : l'extré- 
mité de chaque pied eft armée de deux 
ongles ou crochets d'inégale grandeur , 
rougeàtres & tranfparens. Ilsfemblent 
férvir à cet infecte comme d'un doigt 
Se d'un pouce , au moyen defquels il 



POU 

faifit Si embraffe le corps d'un volume 
proportionné Se marche affez vîte l e 
long d'un cheveu. 11 y a beaucoup de 
poils entre les ongles des pieds de cet 
infecte. 

Sur la poitrine , au centre à-peu-près- 
de la partie où s'articulent les pieds 
paroît à travers la peau un petit corps 
ftrié blanchâtre , qui va fe terminer fur 
cette partie , qui eft de couleur obfcu- 
re, Se qu'on voit à travers les anneaux 
de l'abdomen : ce corps a un mouve- 
ment très-marqué. Aux deux côtés de 
ce même corps , qui eft la moelle épi- 
niere, on voit deux appendices de cette 
autre partie , plus grandes Se de cou- 
leur obfcure. Ces appendices fe pro- 
longent fort avant dans la poitrine Se y 
paroilfent auffi à travers la peau. 

L'abdomen eft divifé en fix parties 
diftincïes , ou en fix anneaux , & fou 
extrémité inférieure fe termine par une 
efpece de queue fourchue. Au milieu 
du bas-ventre on apperçoît une parti- 
cule , ou un point blanchâtre , qui a 
un battement vertical , ou de bas en 
haut bien marqué. Aux deux côtés les 
bords velus du ventre font parfemés 
de petits corps rougeàtres. Sur toute 
l'étendue du ventre font répandus beau- 
coup de vailfeaux blancs , aïnfi que 
fur le dos Se fur la poitrine. La peau 
de l'abdomen eft fillcnnée de petites 
ftries , comme celle de l'extrémité de 
nos doigts. Cette texture n'a pourtant 
pas lieu fur tout l'abdomen , princi- 
palement fur fes bords ; car la peau 
en eft comme celle du refte du corps? 
tranfparente , afTeZ ferme Si d'une con- 
fiftance femblable à celle du parche- 
min. Cette peau eft peu chagrinée fur 
les bords de l'abdomen. 

Voilà ce que dit Swammerdam 
des parties externes du Pou. J e a M 
M u r a l t o , dans les Êphêmérides 
des Curieux rff la Nature , année 
Obferv. 53. dit que les yeux du Pou, 
placés fur la tête , font gros , fort 
faillans , noirs Se fitués à côté de la 
future fagittaie j quç le tour des y eus 



POU 

eft hérifle de poîls ; que fa bouche eft 
noire & finit en pointe. 

Parties internes du Peu. 

Si l'on fend adroitement la peau de 
la partie fupérieure de l'abdomen , on 
en voit , ditSwAMMERDAM , diftiller le 
fang auffi-tôt. Ce fang recueilli dans 
un petit tube de verre & obfervé au 
microfcope paroît compofé de globu- 
les tranfparens comme le lait de Va- 
che & comme ie fang humain , lequel, 
félon la découverte qu'on en a faite , 
n'eft qu'un compofé de globules rou- 
ges, qui nagent dans une liqueur limpi- 
de. On pourroit néanmoins douter avec 
raifon , fi le fang étant encore contenu 
dans fes propres vaifTeaux , eft auffi 
globuleux , vu que lorfqu'il en eft 
■tiré , il peut aifément prendre cette fi- 
gure , fur-tout la partie rouge du fang: 
c'eft pourquoi j'avois réfolu plufieurs 
fois, dit Swammerdam , d'introduire 
unpetit tube de verre dans l'artère d'un 
Chien , & d'examiner par ce moyen 
avec le mîcrofcope le fang qui y paiTe- 
roit ; car il femble qu'on pourroit alors 
décider par analogie avec quelque cer- 
titude fi le fang humain eft vérita- 
blement compofé de globules , tandis 
qu'il eft dans fes vaifTeaux : c'eft de 
quoi j'ai douté jufqu'à préfent, d'autant 
plus qu'on ne découvre dans le corps 
des vahTeaux , qui me paroiffent beau- 
coup plus déliés , que les globules mê- 
mes du fang. Par le même moyen on 
pourroit remarquer pareillement la 
vraie différence qu'il y a entre le fang 
artériel Se le fang veineux :car jufqu'ici 
je n'ai obfervé ces globules que dans 
le fang veineux , n'ayant point encore 
examiné le fang artériel. Je n'affûterai 
pas non plus qu'il fe trouve des globu- 
les dans le fang du Pou , vu qu'il peut 
fe faire aifément que la graiffe s'y. foit 
mêlée , de même que certaines parti- 
cules de vîfceres bleffés , lefquelles 
font compofées d'un amas de parties 
globuleufes. 



POU 5*? 

Immédiatement fous la peau font 
les fibres mufculeufes , qui font mou- 
voir les anneaux de l'abdomen. S\c r AM- 
merdam a obfervé que ces mufcles 
font de trois efpeces bien diftinftes : 
les uns font plus larges , les autres 
font plus étroits , & les troifiemes font 
digaftriques , c'eft - à - dire qu'ils ont 
deux ventres : ces mufcles s'étendent 
quelquefois d'un anneau à l'autre : ils 
font de grandeurs fort inégales. Les 
bords de l'abdomen font la partie la 
plus mufculeufe du Pou s auffi cette: 
partie fe meut avec beaucoup de force , 
& c'eft-là que font placés les ftigmates 
Se orifices des trachées , au moyen des- 
quels le iWattïre 5c rejette l'air parune 
infpiration Se une expiration bien ap- 
parentes. Les mufcles récemment tirés 
du corps femblent conftfter en une (Im- 
pie fibre ; mais quand on les fait defté- 
cher iur un verre mince Scbien net, 
après les avoir lavés avec de l'efprit 
de vin , pour en détacher toute la graiP 
fe, on diftingue leurs fibres Si les mo- 
lécules globuleufes , dont ces fibres font 
compofées. 

Sous ces mufcles on trouve la graiffe 
&les trachées. Swammerdam marque 
n'avoir jamais pu découvrir le moînùre 
veftige du cœur dans cette partie fu- 
périeure de l'abdomen , au-lieu que 
dans les autres infectes le coeur eft 
toujours fitué dans la partie fupérLure 
de l'abdomen Se du dos. L'Obfervatcur 
Hollandois dit l'avoir cherché avec 
d'autant plus d'attention dans le Pou , 
qu'en le diffequant , il trouvoit une 
analogie parfaite entre fes autres par- 
ties Se celles des autres infectes. Il eft 
poflîble que le cœur du F ou foit d'une 
extrême petitefie , Se que par cette 
raifon il lui ait échappé ; car il y a d'au- 
tres infectes plus grands , comme le 
Taon , dont le cœur eft très-difficile 
à trouver. Jean Muralto dit 
qu'il eft caché dans la poitrine. Un 
autre obftacle à cette découverte dans 
le Pou eft le battement continuel Se fort 
del'eftomac, qui rend la recherche du 
B b b b ij 



5<?4 POU 

cœur fort difficile. Les particules que 
Supammerdam regarde comme de la 
graine , font fort petites pour la plu- 
part, mais fort nombreufes : il y en a 
cependant de plus grandes : celles-ci 
font de figure irréguliere , & les pe- 
tites font gtobuleufes : elles ont la trans- 
parence d'une gelée, ce qui pourtant 
n'a pas lieu dans toutes les parties de 
l'animal. 

Les ramifications de la trachée ar- 
tère font une partie confidérable du 
corps de cet infecte ; car leur multi- 
tude eft prodigienfe SeCe distribue dans 
la tête , la poitrine , le ventre , les 
pieds Se jufqu'aux antennes. Elles font 
attachées Se foutenues par la grailfe. 
Ces trachées font ces vaitfeaux blancs, 
qui le voyent à travers la peau , en 
différens endroits du corps du Pou. Ce 
qui les rend fi vifibles , c'eft leur cou- 
leur argentée Se luifante , femblable 
à celle de la Nacre de Perle , ce qui 
fait un fort beau ipeîlacle , tant que 
l'animal vit. Elles ne perdent point 
cette couleur Se ne s'afFaiflent point 
lorfqu 'elles font tirées du corps de l'a- 
nimal ; car elles font construites de 
manière qu'elles confervent toujours 
la forme de tubes ouverts. 

Cette ftruéture confifte en deux 
fortes de matière* car une partie eft 
compofée d'anneaux , qui refiemblent 
aux cartilages de la trachée artère dans 
l'homme , & le microfeope nous fait 
voir diftinclement que ces anneaux fe 
réfléchiffcnt plufieurs fois fur eux- 
mêmes , pour former un canal ouvert, 
quoiqu'ils faifent moins de circonvo- 
lutions que dans les autres infecles , 
étant plus courts : ils font auffi plus 
froncés Se entortillés. Il eft encore à 
remarquer qu'aux endroits où la tra- 
chée artère fe divife en rameaux , les 
anneaux font les plus grands, Se qu'en- 
fuite ils fe partagent infenilblement en 
de plus petits anneaux. L'autre partie 
eft membraneufe Se fituée dans les 
înterftices des anneaux , qui par fon 
moven fe peuvent courber Se fléchir 



POU 

Commodément » ce qui arrive princï-; 
paiement dans les mouvemens mer- 
veilleux du ventricule environné d'un 
nombre infini de trachées. Sïammer- 
D a m aflure n'avoir point connu aucun 
Infecte où l'on diftingue plus aifément 
les trachées , fans qu'il foit néceflàire 
de rien couper. 

On eft ravi d'admiration , en con- 
templant dans le Pou la fituation Se le 
cours des vailïèaux pulmonaires : auifi 
le célèbre M. H o o K les a-t-il élé- 
gamment dépeints dans fon incompara- 
ble Micrographie , quoiqu'il ne les ait 
connus qu'en les voyant reluire à tra- 
vers le corps de l'animal. Mais l'ana- 
tomie apprend que ces fortes de vaif- 
feaux ne fe trouvent pas feulement à 
la tête , à la poitrine Éfc au ventre ; mais 
qu'ils s'étendent encore jufqu'aux in- 
teftins mêmes , à l'ovaire * à la moelle 
de l'épine , au cerveau Se à toutes les 
partiesinternes.de l'infecte. C'eft ce 
que S v a m m e r d a m dit avoir vu de 
fes yeux , aidés de la loupe ou du mi- 
crofeope. 

Ce Naturalifte marque que le Peu 
n'a ni bec, ni dents , ni aucune forte de 
bouche. L'cclbphage paroît abfolument 
fermé, Se n'a d'autre ouverture que 
celle de la trompe , dont l'infeéte fe 
fert pour percer la peau humaine , fu- 
cer le fang & l'attirer dans fon corps. 

L'œfophare eft un canal très-délié D 
qui n'eft vifible que quand le fang 
pompé par l'aiguillon paffe dans le 
ventricule , près duquel il paroît com- 
me un petit filet limpide Se diaphane. 
Le ventricule eft fitué en partie dans 
la poitrine Se dans le dos , mais pour 
la plus grande partie dans le ventre. 
Gontié de fang il paroît d'un brun fon- 
cé à travers la peau. La partie du ven- 
tricule , qui eft dans la poitrine, ref- 
fcmble à une fourche garnie de deux 
dents , qui en font les appendices cce- 
cales : mais la partie qui eft dans le 
ventre mérite fur-tout attention; car 
elle eft figurée dans un fachet oblong, 
qui fc contracte & fè dilate continuel* 



POU 

lement çà Se là. Lorfque le ventricule 
eft vuide , il eft fans couleur Se diapha- 
ne , de même que fes appendices. On 
le trouve manifestement compofé de 
deux tuniques , dont l'extérieure eft 
plus épaiffe , Se l'intérieure très-déliée , 
comme dans tous les infectes. 11 eft 
même croyable qu'il a pareillement 
trois tuniques , dont la troifieme eft 
mufculeufe. Sa tunique extérieure eft 
fournie d'un nombre infini de trachées, 
dont les gros rameaux font fort appa- 
reils : l'intérieure eft très-mince , Se 
la troifieme que je fuppofe être fituée 
entre les deux précédentes , comprend 
fans doute les fibres mufculeufes du 
ventricule , à l'aide defquelles il exé- 
cute fes mouvemens admirables. 

Au fond du ventricule on découvre 
le pylore , fuivï d'un inteftin grêle , 
de même ftructure que le ventricule , 
Se dilaté par intervalles. Cet inteftin 
grêle eft ordinairement contourné en 
S. Romaine , Se vers fa fin on apper- 
çoit quatre petits vaifleaux , qui font 
plus droits dans le Pou que dans le Ver 
à foie , aflez longs , Se de la même ftruc- 
ture que les inteftins. Or ces quatre 
vaifleaux font proprement quatre in- 
teftins cœcitms , queSWAMMERDAM 
trouve dans tous les infeétes , Se qui 
s'anaftomofent avec l'inteftin grêle. 
Vient enfui te le colon , auquel fuçce- 
de une dilatation confidérable , qui eft 
le cloaque , c'eft-à-dire le lieu où 
les excrémens prennent leur figure ; 
car ces excrémens font fort irréguliers , 
& nullement difpofés comme dans les 
autres infecles , dont les excrémens 
font fouvent figurés d'une façon fort 
finguliere. Au-delfous de cette dila- 
tation eft l'inteftin rciiwrn , qui préfente 
fon anus fur le ventre entre la divifion 
de la queue , Se fous l'anus une peau 
hérifTée de poils foytux Quant au 
mouvement du ventricule , il eft ad- 
mirable , & l'on pourrait avec raîfon 
appeller ce vifc~re animal aan.r un 
animal , ,\ caufe des fortes agitations » 
contractions , francemens , déyeloppe- 



P O U 56*5 

mens quï lui font propres , Se qu'on 
ne fauroit voir fans étonnement à tra- 
vers le corps , fur-tout quand l'efto- 
mac eft plein de nourriture , 8c que par 
la fuction il y entre un nouveau fang. 
De-là on peut aifément fe figurer com- 
bien les trachées fituées fur l'eftomac 
fou firent alors de changemens étran- 
ges Se de combien de manières diffé- 
rentes l'air qui y patte eftprefté, agité 7 
pouiié, dépuré, changé, atténué. Ces 
mouvemens merveilleux s'obfervent 
particulièrement dans le vifeere que 
Sf ammerdam nomme pancréas , 
pareequ'il eft contraint d'obéir à tous 
les mouvemens du ventricule , auquel 
il eft uni : or ces mouvemens fe répè- 
tent fans cette alternativement , 5c va- 
rient à l'infini. 

La trompe du Pou eft fort aiguë: fon 
extrême finette la rend très- difficile à 
trouver : on ne peut gueres l'apper- 
cevolr que par un heureux hafard. Si 
l'on preffe adroitement la pointe du 
mufeau du Pou , on voit paroître un 
protubercule obtus , creux à l'inté- 
rieur , quife replie au-dedans de lui- 
même Se y rentre en fe retournant t 
comme les cornes d'un Limaçon , mais 
dont la cavité ne communique point 
dans l'intérieur du corps. On voit quel- 
quefois la trompe fortir de cette par- 
tie, qui eft comme une gaîne en cul 
de fac , dans laquelle fe cache la trom- 
pe. Pour en expliquer la ft.ruet.ure - 
Stammerd a'm la compare à une 
corne de Limaçon , laquelle fe retour- 
ne de même de dehors en dedans , Se 
de dedans en dehors r & qui cepen- 
dant n'eft point percée , de forte que 
fi cette corne étoit furmontée d'une 
trompe au lîeu d'un œil , elle pour- 
rait , dit-il , donner une idée de la 
trompe du Pou. En forçant cette gaîne 
de fortïr en entier, on voit qu'elle eft 
un peu plus proffe à fon fommet que 
dans la partie inférieure ; de forte 
qu'elle a à-peu-près la forme d'un 
Moufteron , & lorfqu'en la preffant 
on en fait fortir la trompe , le fommei 



S 66 POU 

cîe cette gaine paroît obtus Se repré- 
fente une tête de Saule dépouillée de 
fes branches. On y voit auili quelques 
crochets , lelquels font d'un châtain 
rranfparent , ainfi que la gaîne Se la 
trompe. C'eft au milieu de ces crochets 
qu'eft placée la trompe recourbée. 
Lorfqu'on met un Pou fur la main pour 
l'obferver , Se qu'on examine fon mu- 
feau , tandis qu'il cherche quelque 
pore de la peau où il puiffe enfoncer 
fa trompe , on voit à travers la tête , 
qui eft tranfparente , une petite ligne 
d'un châtain pâle & rougeâtre , Se dont 
la partie antérieure eft d'une couleur 
plus chargée : cette ligne n'eft autre 
chofe quela gaîne de la trompe , avec 
la trompe qu'elle renferme. 

Voici la manière dont il s'en fert 
pour fucer le fang Se le faire couler 
dans fon eftomac. Lorfqu'un Peu a 
paile un jour ou deux fans nourriture, 
Se qu'il eft fort affamé , ce qu'on re- 
connoîtaifément , parcequ'alors l'efto- 
Kiac eft vulde, & que tout le corps eft 
tranfparent, on n'a , pour l'obferver 
qu'à le prendre Se le pofer fur la main. 
Il y trouve bien-tôt à vivre, fur-tout 
fi on s'eft frotté la main auparavant , 
affez pour la faire rougir. On voit t'a- 
nimai pencher la tête entre fes deux 
pieds de devant,, pour chercher quel- 
que pore de la peau. Dès qu'il en a 
trouvé un , il plonge fa trompe, Se 
prefque au même inftant on voit un 
ruiiTeau de fang paffer dans fa tête avec 
une rapidité capable d'effrayer f Ob- 
fervateur qui l'examine au microfeo- 
pe. Lorfque le Pou eft affamé , toute 
fituation lui eft bonne , pourvu qu'il 
fuce ; car s'il trouve fur la main quel- 
ques poils qu'il ne veuille pas franchir , 
il tire le fang , ayant la tête penchée 
Si la queue haute. Swammerdam 
marque l'avoir auffi vu quelquefois 
fucer le fang étant renverfé fur fon 
dos , & c'eft lorfque le poil qu'il te- 
jpoit feiû avoit manqué fous lui. Cette 
fituation eft très-favorable pour ob- 
server à la loupe , ou au microfeope , 



POU 

le mouvement de l'eftomac & du pan- 
créas. 

Pendant la fuftîon , les ongles ou 
crochets dont la gaîne de la trompe eft 
armée à fon fommet , s'enfoncent 8c 
fe cramponnent dans les parois inter- 
nes du pore de la peau, où la trompe 
s'eft infinuée, de forte que le fommet 
de la gaîne eft fixe , & que la trompe 
agit 8e fe meut librement. En faifant 
cette épreuve , l'Obfervateur dit qu'il 
a quelquefois tiré obliquement Se avec 
force la peau de fa main , tandis que 
le Pou en fuçoit le fang , de forte que 
la trompe Se les crochets de fa gaîne 
fe trou voient engagés dans la peau. 
Se que l'infeite ne pouvoit les retirer. 
Il efpéroit avoir occafion de mieux 
voir fa trompe , au cas qu'il vînt à 
bout de fe débarraffer; mais il n'a ja~ 
mais pu réuffir. Pendant que le Pou 
fuce , on voit un petit filet de fang à 
travers fa trompe , derrière la tête. Ce 
filet de fang fe dilate considérablement 
fur le milieu de la tête au-devant des 
yeux , ou plutôt le gofier fe dilate en 
cet endroit par l'effort du fang, qui 
ne celte d'y aborder : enfuite ce filet 
fe contracte de nouveau fubitement Se 
à un tel point, qu'à peine apperçoit- 
on la trace du fang. Ce mouvement 
de dilatation Se de contraction fe fait 
avec tant de rapidité, qu'il eft difficile 
de diftinguer l'une de l'autre. On peut 
le comparer aux ofcillations fréquen- 
tes du balancier d'une montre. On 
voit de même dans la tête Se derrière 
les yeux un petit filet de fang , qu'on 
fuppofe couler dans l'œfophage : il fuit 
le gofier Se fe dilate de nouveau dans 
le col de l'infecte, Ainfi s'exprime 
Swammerdam. 

Lée WENHOECKa auffi mis 
plufieurs fois un Pou affamé fur fa main , 
pour obferver la manière dont il en 
tire le fang , Se les mouvemens qu'il 
donne à fon corps pour cela. Le/W, 
dit-il auffi , ayant enfoncé fon aiguil- 
lon dans la peau , en fuce le fang , qui 
jaiTe par un très -petit filet dans la 



POU 

partie antérieure de fa tête , d'où il fe 
dégorge dans un grand réfervoir qu'il 
croit plein d'air. Ce réfervoîr étant à 
demi rempli de fang dans fa partie an- 
rérïeure , le pouffe en arrière & l'air 
derechef en devant , ce qui fe conti- 
nue avec beaucoup de promptitude » 
tant que le Pou fuce , excepté dans les 
jnomens où il fe repofe , comme s'il 
étoit fatigué, & qu'il reprend fes for- 
ces , mouvement qui reflemble à celui 
d'un enfant qui tette. De-là le fang 
paife encore par un petit filet dans le 
milieu de la tête , où il rencontre un 
nouveau réfervoîr dans lequel on 
apperçoitle même mouvement Enfui- 
îeil va encore par un très-petit filet à 
la poitrine & dans un inteftin qui s'a- 
vance à la partie poitérieure de fon 
corps , Se s'y courbe un peu en haut. 
Le fang fè meut fans interruption & 
rapidement dans la poitrine Se dans cet 
inteftin , fur-tout dans ce dernier, Se 
cela avec des battemens fi forts & une 
telle contraction de l'intellin , qu'on 
ne peut qu'admirer ce mouvement. 11 
fort de temps en temps un peu de fang 
de la partie fupérieure de la courbure 
de l'inteflin , qui eft étroite , Se comme 
ce fang ne rétrograde pas , cela fait 
préfumer à Léewenhoeck qu'il y 
a en cet endroit une valvule. Le fang 
refte immobile Se y prend une couleur 
aqueufe. On apperçoit après ce chan- 
gement quelques parties noires , qui 
reifemblent à du fable : elles ont un 
mouvement confus Se augmentent de 
volume. Ayant enfin acquis la grofTeur 
d'un grain de fable , ces parties fe 
joignent enfemble Se forment une maf- 
fe , qui fort par l'anus Se entraîne 
quelquefois avec elle un peu de fang 
aqueux. Cette excrétion reffemble aux 
excrémens du Vers à foie. 

N ous ne parlerons point ici des muf- 
cles qui fervent à mouvoir les jam- 
bes Se la tête , ni de la moelle de l'é- 
pine, qui eft. compofée de trois gan- 
glions remarquables , ni des nerfs qui 
en partent Se qui fe dïftrîbuant aux 



POU $ t 7 

mufcles des pieds Se à tous les vifee- 
res , y communiquent la vie , le fen- 
timent Se le mouvement , ni du cer- 
veau enveloppé dans la dure-mere , 
ni d«s nerfs optiques , tous objets plus 
ou moins difficiles à démontrer. 

FoufoKpçonrié Hermaphrodite , texture 
de fa yeatty & fes œufs on kndes. 

S w a m m e r d a m marque qu'il n'a : 
jamais pu reconnoître fi les Poux font 
diftingués en mâles Se femelles , com- 
me les autres infectes. Il a cependant 
vu ces infectes quelquefois monter les 
uns fur les autres ; mais la diffectior» 
qu'il en a faite ne l'a point éclairé fur 
la diiïinètion des fexes ; car dans les 
quarante-deux Poux qu'il a difféqués , 
il a toujours trouvé un ovaire , ce qui 
le fait foupçonner que cet infecte eft 
hermaphrodite, Se qu'il a peut être tout 
à la fois une verge Se un ovaire, comme- 
un Limas ; mais il ne fait pas avec cer- 
titude ce qui en eft ; car quoiqu'il ait 
vu très-diftinctement l'ovaire , il n'a 
jamais pu apperçevoir de verge , 8c 
cependant il efpéroit la trouver avec 
d'autant plus de fondement , que tous 
les infectes ont la partie de la généra- 
tion fort grande , relativement au' 
volume de leur corps, L'ovaire s'étend 
par toute la capacité du ventre , mais 
il a une iifue diltinéte de celle des in- 
teftins. Les appendices de l'ovidutlus 
font comme deux tuyaux , qui vont 
naturellement fe réunir en un point. 
On apperçoit dans Yoviduclus les œufs 
tant parfaits qu'imparfaits , de forte 
que Swammerdam a compté dans 
un feul ovaire dix gros œufs Se qua- 
rante-quatre petits. Il a vu même dans 
Vuterus un œuf parfait Se prêt à être 
pondu. Dans tous les Poux il y a un 
double ovaire , Se chaque partie fe di- 
vife en cinq ovidaUus , qui viennent 
tous aboutir en un canal commun F 
après lequel fuit V utérus , où i'ccuf 
acquiert fa dernière perfection. Après 
ViUtiïits fe trouve un fachet plein de: 



S 6S POU 

glu , qui s'ouvre dans ce vifeere , $c 
dont la glu fort à coller les œufs, à 
mefure qu'ils font pondus. Les ovi- 
duttus embrafient fi étroitement les 
œufs , qu'on obferve prelque aucune 
différence des uns aux autres , Se quand 
on veut les féparer, cela ne fe peut 
faire fans beaucoup de peine , la vue 
étant troublée par de nombreux fachets 
de graille qui s'en féparent : c'eft ce 
qui a fait connoître à l'Obfervateur 
que les oviduïlus étoient de même 
ftruéhire que le ventricule Se les în- 
teftins, quoique' beaucoup plus ten- 
dres. 

A l'égard de la ftrufture de la peau , 
il s'y trouve des chofes dignes d'at- 
tention. L'Obfervateur ne connoît rien 
qui y foit plus analogue qu'un parche- 
min fort Se tranfparent. En beaucoup 
d'endroits elle eft fillonnée par des 
ftries déliées , femblahles à celles des 
extrémités de nos doigts. Ces ftries 
vues au microfeope paroifTent autant 
de ramifications de trachées. Dans d'au- 
tres endroits , comme aux bords du ven- 
tre, la peau eft d'une autre ftruchire. 

S W a M M E R D a M , après nous avoir 
donné la curîeufe anatomie du Pou , 
nous apprend encore que les œufs de 
.cet infecte font ce qu'on appelle or- 
dinairement des Unâes. Mais pour ob- 
ferver la lende au microlcope , il faut 
"beaucoup de précaution : car félon 
qu'on la tourne en différensfens, on y 
voit des chofes toutes différentes , Se 
pour peu qu'on l'approche ou qu'on 
l'éloigné , elle prélente un nouvel af- 
pect : quelquefois au-lieu de ftries ou 
trachées on apperçoit des particules 
globuleufes , quoique l'œil foit tou- 
jours fixé fur le même point : d'autres 
fois on voit auffi de ces globules entre 
les ftries, c'eft-à-dire dans les endroits 
où la peau n'eft qu'une fimple mem- 
brane. DansquLlquesendroits, comme 
£>.ar exemple fur les bords de l'abdo- 
men , ia peau eft un peu différente ; 
car elle eft compofée de pièces régu- 
ïferes , dont les unes ont des ftries cir- 



P o u 

culaîres; d'autres ont des globules; 
quelques-unes ont tout à la fois des 
globules Se des ftries , Se d'autres en- 
fin ne font qu'une peau liffe, tranfpa- 
rente Se ponctuée ; mais toutes ces 
apparences viennent ou des parties in- 
ternes qui ont été récemment féparées 
de la peau , ou de la diftance plus ou 
moins grande qui eft entre le mïcrof- 
cope Se l'objet. Ainfi l'œuf ou la lende, 
qui eft véritablement le Pou même , 
venant à lortir de fa membrane , fi-tôt 
que l'humidité iuperfiue s'en eft éva- 
porée , devient incontinent propre à 
la génération , Se c'eft cette prompti- 
tude avec laquelle il engendre , im- 
médiatement après être forti de fon 
œuf , qui a fait dire par plaifanterie 
qu'un Pou devient bifayeul dans l'ef- 
pace de viiagt- quatre heures. Il eft 
vrai que cette Vermine multiplie pro- 
digieufement en peu de temps ; mais 
pour cela il faut que fes œufs lbient te- 
nus en un lieu chaud Se humide ; car 
autrement les lendes meurent , Se c'eft 
aufli ce qu'on voit arriver à celles qui 
étant engendrées la nuit dans les che- 
veux pendant qu'ils font chauds , meu- 
rent cnfiute le jour , lorfqu'elles vien- 
nent à être expofées à la chaleur de 
l'air , Se qui après être reliées durant 
quelques mois collées aux cheveux, 
perdent enfin tout-à-fait la forme ex- 
térieure qu'elles avoient. 

Les Poux s'attachent à toutes les 
parties du corps de l'homme , mais 
particulièrement à la tête des enfans. 
Il s'en trouve beaucoup dans les habits 
des Pauvres , des Mendians , des Ma- 
telots ," des Soldats, Se dans ceux de 
toutes les perfonnes mal-propres , qui 
n'ont pas foin de changer de linge. 
Comme cette Vermine fuce le fang en 
perçant la peau , elle y fait fouvent naî- 
tre des puftulcs qui dégénèrent en gal- 
le Se quelquefois en teigne. M. LiK- 
Njeds dit qu'il n'a point trouvé de 
Poux plus gros que dans les cavernes 
chaudes de la mine de Fahlun , ville de 
Suéde , dans la Province de Dalécarlîe. 

Il 



POU 

Il ajoute que le Pou qui vît dans les 
habits ne diffère de celui qui vit fur 
Ja tête que comme variété , Se non 
pas comme efpece. 

On a vu naître fur plufieurs per- 
fonnes une maladie mortelle, prove- 
nante d'une très - grande quantité de 
Poux, qui s'engendrent fur la chair, 
Bc qui font par tout le corps des plaies 
pénétrantes jufqu'aux os.L'Hiftoïre fait 
mention d'un bon nombre d'homme? 
frappés de la maladie pédiculaire , Se 
qui ont été dévorés tous vivans par 
des milliers de Poux , la plupart en 
punition de leurs crimes. Tels font 
Hékode , Antiochus Epifhane , le 
Poëte Alcman, PhérécïDe, 
Cassandre, Callistheke, Sylla, 
Sec. Ce fut aufïï la troifieme plaie dont 
Dieu frappa toute l'Egypte. On fait 
que les Magiciens de Pharaon 
n'ayant pu contrefaire un pareil pro- 
dige, confefferent que c'étoit-là véri- 
tablement le doigt de D i e u. 

Oviedo a obfervé qu'à un certain 
degré de Latitude , les Poux quittent 
les Efpagnols qui vont aux Indes , Se 
qu'ils les reprennent à leur retour dans 
la même Latitude ; car quoique les 
Domeftiques & les Matelots qui font 
en grand nombre dans leurs vaiffeaux 
ioient fort malpropres , il n'y en a 
cependant aucun qui ait des Poux , 
lorfqu'ils arrivent aux Tropiques. Mais 
avant que d'y parvenir , on ne peut 
aller parmi eux fans en attraper quel- 
ques-uns. Dans les Indes, perfenne , 
quelque falc qu'on foit , n'en a qu'à 
la têre , Se on n'entend point dire que 
qui que ce foit en ait dans fa chemife , 
ou dans fes habits. Cette Vermine fe 
multiplie de nouveau lorfqu'on ell 
venu à la hauteur des Ifles de Madère , 
dans la traverfée d'Amérique en Eu- 
rope. 

Christophe Mtngo dit que lorf- 
qu'on approche des Tropiques, oncom- 
inenceàfuer excefllvement : cette fucur 
couvrant tout le corps , chaffe ou fait 
mourir les Poux , à-peu-près comme 
Tome UL 



POU 5<fp 

le beurre ou l'huile / dont on frotte or- 
dinairement la tête de ceux qui ont des 
Poux , qu'il allure détruire entière- 
ment cette Vermine. Quant à la nou- 
velle génération , cette fueur ne s'ar- 
rêtant pas affez long-temps dans le» 
pores , n'eft pas difpofée à en pro- 
duire : car la fueur n'eft pas auffi gran- 
de aux Indes qu'en Europe. Dans le 
retour la lueur reftantplus long-temps 
dans les pores , Se fur toute l'habitude 
du corps , Se les fermens particuliers 
étant exaltés Se mis en aclion produi- 
fent ces animalcules. Si l'on demande 
pourquoi il s'en engendre dans la tête 
aux Indes , l'Auteur répond que quoi- 
qu'on fue beaucoup du vifage , on ne 
lue pas tant de la tête. Outre cela, 
cette fueur fe loge dans les cheveux Se y 
engendre des Poux ; car ces gens-là ne 
prennent gueres plus de foin de leurs 
cheveux dans ce pays-là que dans celui- 
ci. Cependant les Nègres Efpagnols fe 
lavent la tête avec du favon , pour fe 
délivrer de cette Vermine, au - lieu 
que les autres Nègres employent beau- 
coup de temps à fe peigner » leurs 
cheveux frifés étant beaucoup plus 
propres à en engendrer que ceux des 
Européens. Il allure avoir vu à la tête 
de quelques-uns des plus malpropres 
de grands trous que les Poux y avoient 
formés. 

On lit dans les Éphémérides des 
Curieux de la Nature , Dec. 2. année 
1687. @kf' l 7&- l'hiftoire d'un hom- 
me qui mangeoit des Poux vivans , Se 
qui devint pour ainfi dire fâuvage par 
la grande habitude de vivre dans les 
bois. Elle eft rapportée en ces termes 
dans le Tome IV. des Collections Aca- 
démiqnès , p. 16$, Cet homme, dit 
Gabriel Clauder, a voit en vï- 
ronibixante ans. Il étoit né de partns 
très-pauvres. Il vint au monde pendant 
les dernières guerres d'Allemagne. Il 
fut nourri dans un village où les Sol- 
dats venoient fouvent faire desincur- 
{ïons. Le pere Se la mere de cet enfant 
ennuyés de fe voir enlever tous le* 



57^ POU 

jours ce qu'ils avoîent pour vivre , 
quittèrent le village & s'en allèrent 
pour quelque temps avec leur enfant 
chercher dans les bois un afyle tran- 
quille, Ce genre de vie plut Ci fort à 
ce jeune homme , qu'il en conferva 
l'habitude après la mort de fès pere 
Se tnere. Quoiqu'il fe trouvoit quel- 
quefois en fociété avec les autres ha- 
bitons du village, avec qui il viVoît 
pendant quelque temps , il préféroit 
la folitude des campagnes défertes & 
des bois , où. il s'abrutit au point qu'il 
mangeoit avec grande avidité les Poux 
qu'il prenoit fur fon corps , & il les 
avaloit tout vivans. Le Gouverneur 
de ce canton en fut inftruit, Se il l'en- 
voya chercher auffi-tôt par commifé- 
ration. Il le garda chez lui , lui fit faire 
bonne chère & le traita avec beaucoup 
de douceur & d'affabilité , pour tâcher 
de le guérir de fa manie. Toutes ces 
précautions furent inutiles , car cet 
homme fauvage s'efquiva furtivement 
quelques jours après , &s'en alla dans 
les bois reprendre fon premier genre 
de vie. 

Mouffet rapporte auffi un fait 
afTez mémorable. Il dit qu'il- y a un 
Peuple du côté de la mer Rouge , de 
petite ftrucuire Se noir , qui ne fe 
nourrit que de Sauterelles , que le 
vent d'Afrique fouffle dans l'Équi- 
noxe du printemps. Ilfàle ces Saute- 
relles, & c'eft-là toute la préparation 
qu'il y fait. Cette nourriture eft extrê- 
mement feche. Ces hommes ne vivent 
pas plus de quarante ans, Se ils meu- 
rent tous de la maladie pédiculaire. 
Les Poux les mangent 3c les déchirent, 
Leur corps tombe en pourriture , Se Ils 
meurent dans de grandes douleurs. 

Les Auteurs difent que pour fe pré- 
ferver des Poux , il faut manger des 
viandes de bon fuc , ufer de boiffons 
falittaires, &fe tenir le corps propre, 
fur-tout fi l'on eit vêtu de laine ; en 
un mot , garder un bon régime de vi- 
vre. Pour remédier à la maladie même, 
Jérôme Mercurial allure qu'il 



POU 

n'y a rien de plus efficace que la pur- 
gatïon fouvent répétée. Il n'eft pour- 
tant que trop vrai de dire que c'eft 
un mal opiniâtre , qui réfifte à prefque 
tous les remèdes , tant internes qu'ex- 
ternes. Entre les premiers , difent les 
Auteurs de la Suite de la Madère 
Médicale , on vante l'Ail , la Mou- 
tarde , la Thériaque , la Corne de 
Cerf, aînfi que les nourritures falées». 
acides , aufteres , ou acerbes , & en- 
tre les derniers, les fomentations, les- 
bains de rivière , & principalement 
ceux de mer , comme étant plus 
déterfifs; une décoéfr'on deLupîns , le 
fuc de Bette , les poudres de Pyretre 
& de Noix de Galles, mêlées enfem- 
ble ; le vinaigre , mêlé avec de l'eau 
de la mer • une leflive faite avec de 
la cendre de Stechas , dont on frotte 
la tête ; le Sandarac , avec de k chaux 
Se de Phuile ; enfin des onctions ou 
linimens, des cataplafmes & des on- 
guens. Mais les remèdes qu'on em- 
ploie avec le plus de fucecs pour fai- 
re mourir les Poux , font, difent les 
mêmes Auteurs de l'Ouvrage ci-dettiis 
cité, la femence de Staphifaigre , les 
Coques du Levant, le foufre, les ra- 
cines de Patience fauvage & à'Emtla 
Campana , le Tabac , le Mercure , le. 
Cînnabre , le Verdet , & le vinaigre 
Sciilitique. M a p p u s , dans fon Hif 
toire des Plantes d' 'j4lja.ee , nous affu- 
re que la graine d'Ache , ou de Céleri 
pulvérifée, & répandue dans les che- 
veux le foir en fe couchant , chatte 
tous les Poux , fi l'on a l'attention de 
bien ferrer le bonnet autour de la tête 5 
car durant la nuit ils fe tourmente- 
ront confîdérablement pour s'échapper, . 
& ne pouvant y parvenir , on les trou- 
vera tous morts le lendemain matin. 

Les Poux contiennent beaucoup de • 
fél volatil & d'huile. Le peu d'ufage 
que la Médecine fair de ces infeclcs , 
ne nous arrêtera pas long-temps fur 
un objet autti dégoûtant. Ce n'eft pas- 
que les Médecins ayent négligé de lèst 
examiner pour en découvrir les pro.— 



POU 

jmétés : leur zele pour la fauté des 
hommes les met au-deiïus des défa- 
grémens de quelque travail que ce 
foit ; mais apparemment qu'ils n'ont 
pas trouvé aflez de docilité dans leurs 
malades pour fe prêter à ufer de diffé- 
rentes préparations , qu'on en auroit 
pû faire pour les maladies auxquelles 
on les atfoit cru convenir. Pour bien 
faire la Médecine Pédiculaire , conti- 
nuent encore les Auteurs de la Suite 
de la Matière Médicale, il faudroit être 
en Afrique, où ces înfeétes font re- 
cherchés foigneufement , & mangés 
comme quelque chofe de délicieux. 
On fait qu'un des grands plaifirs des 
Nègres de la côte Occidentale de cette 
partie du Monde eft de fe faire cher- 
cher leurs Poux par leurs femmes , 
qui ont grand foin de les croquer , à 
mefure qu'elles en trouvent. LesTar- 
tares 5c les Hottentots font auffi des 
mangeurs de Poux, Se les Singes parmi 
les animaux. Il n'y a pas de doute que 
les Tartares Se les Hottentots , aînfi 
que ces femmes Négreffes , dont on 
vient de parler , ne fe prêtaient à des 
expériences qu'on voudroit faire là- 
detlus : mais comme leur goût ne s'é- 
tend point hors de leur pays , Se qu'il 
n'y a pas à efpérer qu'il palfe dans nos 
contrées , il faut s'en tenir à ce qu'on 
fait ici des propriétés de ces infectes. 

Les Poux font regardés comme apé- 
ritifs & fébrifuges. On s'en fert encore 
po'.irguérir lespâles couleursron en fait 
avaler cinq ou fix plusoumoins.fulvant 
leur groiïeur , à l'entrée de l'action de 
la fièvre. La répugnance, comme le dit 
M. L É M e u y , avec laquelle le ma- 
lade avale ces vilaines bêtes, contii- 
bue peut-être plus à chafferla fièvre, 
que le remède même. Pour la jaunifle 
l'ufage eft d'en donner le même nom- 
bre le matin à jeun dans un ceuf mol- 
let , ce qui fe répète jufqu'A trois fois , 
en mettant quelques jours d'intervalle 
entre chaque prife. Quant à l'ufage 

* Cet infecte eft nomme en Latin PecS- 
cuhis Pijeium ; en Allemand , Eine fitôfife* 



POU 571 

extérieur des Poux, on s'efl fert dans 
la fuppreffion d'urine , qui arrive quel- 
quefois aux enfans nouveaux nés : on 
en introduit un vivant dans l'uretère, 
qui par le chatouillement qu'il excite 
fur ce canal, qui eft doué d'un fentiment 
exquis , oblige le iphm£ter à fe relâ- 
cher 8c à laiffer couler l'urine. 

Les Auteurs qui ont écrit fur les différen- 
tes efpeces de Poux , font Sw»mmekd*m, 
p. i6ç~ ou Tome V. des Colle£lions Académie 
guer & Tome I. de la Suite de la Matière 
Médicale , p. <Î7- Schroderus, p. 584. 
Aldrova nue, p. i>4i. J o n s to n , 8p. 
M ODïrETif. 2,551, Charletok, p. ;z. 

M E R R E T, p. 101. BONAUKI , p. ff . ReDI, 

p. 18. M. L 1 n n /eus , Patina Suee. ». 1153. 
& les autres. 

POU DES POISSONS*: M. 

Pierre Lœfling nomme cet infecte, 
Monoctdus caitâà foliacé a -plana. Voici 
la defeription qu'il en donne dans les 
Ailes d'Upfal , 1750. p. 42. Cet in- 
fecte aquatique fe trouve dans les 
branchies de la Perche Se du Brochet , 
& au - de (lu s des clavicules. Il a le 
corps membranacé , diaphane , d'un 
rond oblong, plat, un peu convexe 
par delfus , & un peu concave par 
deffous. La tête , qui eft très-menue 
& diaphane , tient de chaque côté aux 
ailes par derrière. Les antennes très- 
déliées font placées fur le devant du 
bord de la tête , & font à peine vifi- 
bles. lia deux yeux noirs , diftans l'un 
de l'autre , (impies Se auffi vîfibles en 
deflus qu'en delfous. Les autres par- 
ties de la tête , comme la bouche , 
Sec. s'il en a , dit l'Obfervateur , ne 
font pas vifibles , à caufe de leur 
finelfe &petitefle. Le tronc étroit , un 
peu épais , principalement à la partie 
de derrière , eft d'une couleur obfcure 
Se non diaphane. 11 a des appendices 
ou des ailes , une de chaque côté , qui 
font membranacées , attachées au 
commencement du tronc , tenant en- 
tièrement à la tête ; ce qui fait que le 
corps de cet animal a la figure d'un 
rond oblong. Le côté intérieur des ailes 

Laus , félon M. Frisch \ en Suédois, Abber- 
Lus Si Gaeââa-hut, 

C c c c i j 



57* POU 

eft par-tout très-entier Se très-mînee. 
Sur le milieu de la fuperfkie il y a 
des veines de pourpre luïfantes 8c bien 
peintes. Cet animal a la queue plate , 
horifontale , prefque attachée au tronc , 
& non aux ailes , membranacée , en 
forme de cœur par le bout , ou four- 
chue , marquée à fa bafe de deux points 
Hoirs , fubronds ou eblongs , Se recour- 
bée en haut. Entre les yeux & le com- 
mencement du tronc font deux petits 
fuçoirs perpendiculaires , très-courts , 
creux , fixes à leur bafe , joints au corps. 
Tout proche font deux pieds pointus 
comme une alêne , de couleur pâle , 
8c très -difficiles à appercevôir. Proche 
de ces deux pieds il y a vers la queue , 
aux côtés du tronc quatre pieds de 
chaque côté, placés horifontalemenr, 
parallèles , un peu noueux, gros vers 
la bafe , & leurs bouts font très-minces , 
pointus & fourchus. La dernière paire 
proche de la queue eft moins fourchue 
au bout, cependant affez parallèle & 
affez femblable aux autres. Ainfi cet 
infecte eft fourni de dix pieds , dont 
la première paire eft placée au com- 
mencement du tronc , les trois fuivan- 
tes aux côtés du tronc , & la dernière 
au bout, proche de la queue. 

Ces animalcules habitent principa- 
lement dans les branchies des poifTons , 
ou hors des branchies au-deiTus des 
clavicules , où ils ont un mouvement 
lent. M. LinNjîus ( Fanna Sitec. 
n. 284. & 304.) en a trouvé dans la 
Perche que les Suédois nomment Ab- 
bor y 8c dans le Brochet que les mê- 
mes nomment Gaedda , ou Giaedda. 
M. Lœfling dit auffi en avoir trouvé 
fur ces mêmes poiiTons , péchés dans 
le lac Stroemarn en Uplande. M. Ber- 
nard de Jussieu nous a appris qu'on 
en voit beaucoup dans la rivière des 
Gobelins , & qu'ils s'attachent à toutes 
fortes de poifTons. 

Ils fe fervent pour marcher de ces 
deux^ fuçoirs , & non de leurs pieds T 
dont ils ne font aucun ufage que pour 
S'attacher aux poifTons, Ces membres 



POU 

font conftruits de façon que quand ils 
touchent quelque chofe de folide , ces 
infectes y font attachés , 8c pour chan- 
ger de place , ils les avancent l'un après 
l'autre , 8c de cette manière leur mou- 
vement eft très-lent. Mais ils nagent 
très -vite & d'une manière dégagée; 
alors les huit pieds de derrière leur 
fervent, 3c les deux autres, ainfi que 
les fuçoirs font tranquilles. Ils nagent 
fur l'eau 8c dans l'eau r leur queus 
étant recourbée en haut. Quand en 
nageant ils touchent le fond de la vafe, 
ou quelque autre corps folide, ils y 
reftent attachés , Se tantqu'ils font dans 
cet état , les huit pieds de derrière font 
toujours en mouvement. 

Quelquefois en nageant ces infectes 
fe couchent fur le dos , 8c ils allongent 
fur la fuperficie de l'eau ces deux fu- 
çoirs , qui cependant ne paroiffent pas 
hors de l'eau: il n'y a leulement que 
le trou du tube vuide d'eau 8c fec qui 
paroïffe , 8c en remuant alternative- 
ment ces deux petits membres , ils 
avancent couchés fur le dos comme s'ili 
marchoient fur quelque chofe de fo- 
lide. 11 paroît auffi que c'eft par ces 
efpeees de fuçoirs qu'ils tirent leur 
nourriture des branchies des poifTons 
où ils habitent ; car M.Lœfling ne 
leur a point trouvé de marque vïfîble 
de bouche ; peut-être que ces deux 
orifices peuvent leur en tenir lieu. 

Le genre de cet infecte eft difficile 
a trouver, fuivant le IVaturaliiVe a'a- 
près qui j'écris. Il approche en quelque 
forte du Monocle ou Perroquet d'eau 
à queue fourchue de M. Linnius 
( Fauna Suec. n. 1 1 8 1 . ) , nommé en 
Latin Monoculus cauâà bifeiik , félon 
la figure qu'en donne M. Frisck 
( Germ, 1 o. p. 1 . f. 1 ■ ) , mais il en dif- 
fère beaucoup. Celui-ci n'a que deux 
fimples yeux , diftinits , 8c cinq pai- 
res de pieds fimples , au-lieu que le 
Monocle de M. Li nnsus a trois 
yeux , des pieds en grand nombre , 8c 
des antennes , qu'on nomme les pre- 
miers pieds > & qui font raine ufèa 



POU 

Se prefque monftrueufes. De plus cet 
infecte n'a point le corps couvert d'une 
croûte , ni d'antennes rameufes , ce qui 
fait croire à M. Lœfling qu'on en 
peut faire un nouveau genre d'in- 
fecles. 

M. Li NNius penfe que cet in- 
fecte eft plat , Se que c'eft ce qui le fait 
différer des autres Monocles , qui font 
convexes ou hémi/phériques ; car , 
comme on le vient de le dire , toutes 
fes parties font plates , Se c'eft ce qui 
fait que l'Auteur le nomme Monocit- 
lûr caudâ foliaceâ , plana. Comme la 
figure qu'en donne M. Frisch, ne 
répond point à la defeription , M. L <œ- 
fling y a fubftitué la fienne. Cet 
înfèâe ne paroît pas faire grand ufage 
de fes ailes ; Se étant du genre des 
Monocles , il doit aulfi , comme eux , 
être mis dans la famille des infectes 
qui n'ont point d'ailes , ïnter Infetta 
apterœ. Cet infecte eft figuré au bas de 
la féconde Planche des Actes d'Upfal , 
armée ï7<o. 

P OU DE PHARAON: 
C'eft ûn infecte du Bréfil , qui entre 
dans les pieds entre la chair Se la peau. 
11 y fait une plaie qui les pourrit , Se 
il devient dans l'efpace d'un jour de la 
grandeur d'une Féve , Se fi on ne l'ar- 
rache pas tout de fuite . il caufe un 
ulcère infupportable qui corrompt tout 
le pied. Voyez CHIQUES. 

POU DEPOL^PES :M. 
Tremblay dit qu'il lui a paru plat 
fous le corps Se arrondi par du (Tu s : 
fa figure eft à-peu-près ovale. 11 eft 
ordinairement blanc. L'Auteur a re- 
marqué avec la loupe du brun furie 
corps de plufieurs. 11 marche aveevî- 
tefie fur le corps des Polypes , Se peut 
les quitter Se fe mettre à la nage. Ces 
Toux fe raflemblent fur-tout près de la 
tête des Polypes. On en voit cepen- 
dant un grand nombre qui courent fur 
tout le corps Se fur les bras : on les 
voit diftinctement avec la loupe. 

POU DE MER DU CAP DE 
BONNE - ESPÉRANCE : C'eft , 



POU 5 7 £ 

dit K o L B e ( Tome III. p. 9 ï . ) , un 
infecte » qui reffemble fort au Taon. 
Il n'y a prefque d'autre différence ert- 
tr'eux , fmon que le premier eft un peu 
plus gros. Il eft couvert d'une écailla 
dure , & a un grand nombre de pieds , 
qui ont chacun un efpece de crochet à 
l'extrémité. 11 vit fous l'eau , & il tour- 
mente étrangement les poilTons. Pour 
cela il le cramponne fur le dos , Se 
plantant dans leur chair fes dents affi- 
lées , il les fucc , jufqu'à ce qu'il les ait 
tués. 

Rondelet ( L. XVIII. c. 2 6. 
p. 412. Edit. Franc-, ) dit que \sTou 
de mer , eft de la grofïeur d'une profle 
Féve , & de la largeur eu touille- 
Merde. Son corps eft couvert de ta- 
blettes , comme la queue de la Lan- 
goufte Se de la Squille. Devant les 
yeux il a deux cornes courtes , de côté 
Se d'autre plufieurs pieds courbes, poin- 
tus au bout, Il tient fi fort fur les 
poiffons , qu'on ne l'en peut arracher. 
Il fuce comme laSangfuë , Se ne quitte 
point qu'il n'ait rendu le poiifon mai- 
gre Se fec. Aristote dit qu'il y 
a dans la mer des Poux de poïffgns , 
qui , à les voir , reffemblent à des Clo- 
portes , excepté qu'ils ont la queue 
lartre. 

POU DE BALEINE, en La- 
tin Tedïculits Ceti. Cet infecte marin, 
duquel parlent Martin Lister 
( Htfl. Concbyl. ) , Se Jean Boccone 
( Recherches & Olferv. natur. ) , eft 
armé d'une coquille à fix pans , dent 
les deux extrémités font ouvertes , 8c 
par où il paffe fes bras avec de longs 
poils , qui lui fervent à piquer la Ba- 
leine , 5c à fe nourrir de la graiffe Se 
du lard , dont elle eft comme enve- 
loppée, On juge bien que quelque ef- 
fort qu'elle falTe , 8c quelques mou- 
vemens qu'elle fe donne , elle ne peut 
chaffer un inf été fi incommode, qui 
fe loge d'ordinaire fous les nageoires? 
Se vers le membre génital. Le Che- ' 
valier Robert Sibbald, qui a 
obfervé fur les côtes d'Écofie , où. ia 



574 POU 

mer jette quelquefois des Baleines vi- 
vantes , a trouvé que cet infecte étoit 
affez ferme au toucher, & qu'en le pref- 
fant entre les doigts , il répartdoit une 
liqueur noirâtre , qui nuit apparem- 
ment à la Baleine. Sa longueur eft de 
fept pouces ou environ ; mais il paroît 
beaucoup plus grand lorfqu'il étend 
fes bras hors de fa coquille. En cet état 
ÎL a tout l'air d'un Polype. Sa tête ne 
fe montre jamais à découvert : elle eft 
toujours cachée fous la croûte pier- 
reufe qui l'enveloppe. Stammer- 
V a M a confervé un Pou de Baleine , 
qui étoit long d'un pouce Se large d'un 
demi-pouce. Cet animal étoit crutlacée, 
Se d'une figure fort fmguîiere. 

Seba^C Thef. I. Tab. 90. ». 5. ) 
donne la figure d'un Pou de Baleine , 
qui fe place dans les oreilles Se les' 
perce. Il a, dit- il, la figure d'une 
Araignée, deux pieds de devant allez 
gros , quatre pieds au milieu , longs 
8c menus , Se fix pieds de derrière plus 
gros que les autres , tous armés d'on- 
gles aigus & crochus. Sa tête eft pe- 
tite , Se pouffe en avant comme une 
.mouftache de chaque côté, La lettre 
E. de la Planche de S e b a , cl-deffus 
indiquée , repréfènte un Pou de Ba- 
leine couché fur le dos : la lettre F. 
en repréfènte un autre fur le ventre ; 
la lettre G. eu fait voir une autre 
efpece dont le corps eft rond , Se la let- 
tre H. fait auffi voir une efpece pa- 
reille à celle de la lettre E. mais plus 
petite. 

Le même Auteurparle de Poux ma- 
rins de Groenlande , qui font la nour- 
riture des Baleines. Ils portent fur le 
dos, à la manière des Cancres , des écail- 
les , ou des boucliers joints enfemble 
par articulation, pourpouvoir s'éten- 
dre Se fe ramaffer en rond. Les arti- 
culations de ces boucliers font ferrées 
les unes contre les autres , mais plus 
étroitement dans la partie antérieure 
près de la tête que dans la partie pof- 
térieure. Ces animaux ont feize pieds , 
lefquels font munis d'ongles pointus 



POU 

Se recourbés : leur tête eft large Se 
couverte d'un bouclier ; leurs bou- 
cliers font minces comme ceux des 
Squilles , Se pleins d'une graiffé hui- 
leufe. Ceft une chofe furprenante , dit 
S e b a , que les Baleines de Groen- 
lande, animaux d'une prodigieufe ^rof- 
feur, ne vivent que d'une fi mince 
nourriture. Ce Fou marin eft figuré 
Thif. I. Tab. 90. n. 6. 

POU V O L A N T : On lit dans 
le Tome IV. des Collections Académie 
qttes , p. 174. une Obfervation de 
Chrétien-François Paulin , ou 
Paulini , fur des infeci.es fembla- 
bles à des Poux volans , tirée des Éphé- 
méïides des Curieux de la Nature , 
Dec. 2. année i6$y. Obftrv. XVllï. 
L'Auteur s'exprime en ces termes : 
Allant un jour du Duché de Weft- 
phalie à Waerfberghen , je rencontrai 
prés d'un village un jeune enfant qui 
gardoit des Cochons , Se quipleuroit 
amèrement: il s'étoit deshabillé Se il fe 
grattoit de toutes fes forces la tête Se 
tout le refte du corps. Je m'approchai 
Se je vis voltiger autour de fa tête une 
multitude d'infectes ailés , qu'il appel- 
loit des Poux volans, Se dont quel- 
ques-uns me mordirent jufqu'au fang. 
Je les oblervai a vec attention: ils étoient 
noirs , avoient fix pattes , Se ne diffé- 
roient en effet des Poux que par leurs 
ailes. Ils me parurent de la grofleur 
des Poux de Cochons , Se ils faifoient 
un petit bruit en voltigeant en l'air. 
Je fis quelques queftions à cet enfant, 
&: ilm'apprit que c'étoientles Cochons 
qu'il gardoit qui lui avoir donné cette 
Vermine , Se que quand ils alloient fe 
vautrer dans un endroit marécageux, 
qu'il me montra , ils en revenoient 
couverts de ces Poux volans. J'allai 
voir cet endroit marécageux ; j'y ap- 
perçus en effet un million de ces pe- 
tits infecles ailés ; mais je ne pus fa- 
voir des payfans G ces petits animaux: 
paroiffbient tous les ans danï la mê- 
me faifon. C'étoit fur la fin du mois 
de Juillet, 



POU 

MiRCELLUS D O N A S ( Lib, I. 
jiift. Med. c. 5. p. 59. ) dit que les 
.Acridophages , ou mangeurs de Sau- 
terelles , peuples de l'Ethiopie , font 
Sujets à avoir dans leur vieilleiïe des 
faux ailés > qui les dévorent en entier 
gz en très-peu de temps. Cette Ver- 
mine naît dans l'intérieur du corps f . 
& elle commence à manger le ventre , 
enfuite les pieds , puis tout le refte du 
cadavre. Ces Acridophages font les 
rnêmes que ces peuples des côtes de 
la mer Rouge , dont j'ai fait mention 
plus haut , d'après Mo u F F e t. 

POU DE BOIS, ou FOUR- 
MI BLANCHE : C'eft un infecte qui 
ne fe trouve que trop dans toute l'A- 
mérique j c'eft le même qu'on appelle 
Fourmi blanche dans toute la 1 erre- 
ferme , Se dans les Indes Orientales. 
On lui a donné le nom de Pou de 
bois aux lues , pareequ'il s'attache au 
bois , le mange , le gâte , Se le pour- 
rit. Cet infecte engraïlTe les volailles 5 
elles en font fort friandes , c'eft le 
feul avantage qu'on en puifTe retirer , 
car du refte il eft très-pernicieux. Il 
a la figure des Fourmis ordinaires , 
excepté qu'étant plus gras Se plus rem- 
pli , fes membres ne font pas fi bien 
diftingués : il efl: d'un blanc fale ; il pa- 
roît huileux à la vue Se au toucher, 
lia une odeur fade 5c dégoûtante; il 
multiplie d'une manière étonnante : en 
quelque lieu que ces infectes s'atta- 
chent ils font une motte d'une matière 
comme de la terre noire , dont le deffus 
quoiqu'aflez peu uni Se raboteux , eft 
fi ferme que l'eau ne le peut pas pé- 
nétrer. On ne remarque au-deffus au- 
cune ouverture > pareequeces infectes 
ne vont jamais à découvert. Ils font 
une infinité de petites galeries , grottes 
& creufes comme un tuyau de plume 
à écrire, de la même matière que la 
motte , Se qui y aboutirent Se condui- 
fent en tous les endroits où ils veulent 
aller. Le dedans de la motte eft un 
labyrinthe de ces galeries , tellement 
entrelacées les unes dans" les autres, 



POU 575 

Se fi peuplées ; qu'il eft împofîible de 
concevoir combien cet infecte multi- 
plie , Se combien il eft adroit à faire fon 
logement. Si on fait une brèche à la 
motte ou qu'on détruife une galerie , 
on voit d'abord des milliers d'ouvriers 
qui travaillent à la réparer. Le Pere 
L a b a t ( Voyage aux Ijlesde l'Améri- 
que , Tome II. p. 390.) > dit qu'il s'eft 
quelquefois arrêté à les voir réparer une 
brèche qu'il avoit faite exprès à leur 
motte ; il les voyoit tous accourir & 
fe préfenter furie bord de la brèche, 
& s'en retourner auflî-tôt avec pré- 
cipitation ; d'autres leur fuccédoient 
avec emprefTement , Se quoiqu'il parût" 
qu'ils n'apportalfent rien , le travail ne 
laiflbït pas de s'avancer , Se imper- 
ceptiblement la brèche diminuoit à vue 
d'ccil , Se à la fin elle fe trouvoit ré- 
parée. Cet Auteur croit que ce font 
leurs excrémens qui leur fervent de 
matière pour bâtir. 

On a une peine infinie à les chafier 
d'un endroit quand ils y font une fois 
établis. Qu'on en tue tant que l'on 
pourra , pour peu qu'il en refte, ils 
travaillent avec unfuccès étonnant à la 
multiplication de leur eipece Se de 
leur logement , ce qu'ils ne peuvent 
faire fans ronger le bois , le cuir, lest 
toiles , les étoffes , Se généralement 
toutes les chofes où ils peuvent mettre 
le pied ; car ils font par-tout des ga- 
leries , Se pourrifient tous les lieux 01V 
ils paffent. Ils s'attachent fur-tout au' 
bois de Sapin , & autres bois qui vien-- 
nent d'Europe, qui font pour l'ordi- 
naire plus tendres Se plus doux que 
ceux de l'Amérique: ils les rongent' 
Se ils les pourriifent en fort peu de- 
temps. 

Le Pere L a b A T dit avoir vu des 
maifons prêtés à tomber en ruine , par- 
ceque les propriétaires avoient négli- 
gés d'en chafier ces infectes. 

On trouve dans les bois , de même 
que dans d'autres lieux , de ces mottes' 
lefquelles font fi groffes Se fi pefantes- 
qu'un homme ne les peut porter. Quoi-* - 



57 d POU 

qu'on les coupe en pièces , ou qu'ofl 
les arrache du lieu où elles étoienr bâ- 
ties , leurs habîtans ne s'enfuient point 
pour cela ; au contraire ils travaillent 
à réparer les brèches. Lorfqu'on a pris 
une motte , Se qu'on la veut confer- 
ver pour la donner peu-à-peu aux 
Poules , Se empêcher en même temps 
que les Poux de bois ne fe retirent , ou 
qu'ils n'étendent leurs logemens 8c 
leurs galeries , & ne fe répandent dans 
des lieux où on ne les fouhaite pas , 
on enfonce un piquet au milieu de 
quelque marre d'eau , Se on fiche la 
motte fur le piquet , Se à mefure qu'on 
en a befoin pour les Poulets , on en 
coupe ou rompt une partie qu'on leur 
jette. C'eft un plaint de voir comme 
ils fe jettent fur ces infeétes , Se comme 
la Poule brife la motte avec fonbecSe 
avec fes pieds pour les obliger de fe 
montrer. 

POU SAUTEUR, félon M. 
Bernard d e J u s s i e u , eft un 
infecte nommé en Latin Fodura viri- 
dis fitbglcbofa ; par M, Linn^us, 
( Faima Suée. p. 342, n. 1172,), Se 
dans les Actes d'Ugfal ( 173 6. p. 37.)) 
Pulex viridis Fiant arum. Cet infecte 
fe trouve fur les plantes. Il a les yeux 
r.oirs places fur la tête, une ligne noire 
de chaque côté , les pieds d'un verd 
tirant fur le blanc , d'une égale lon- 
gueur, Scies antennes font recourbées. 

M. L 1 n n je u s donne le nom de 
Fodura à huit autres infectes de ce 
genre. 11 nomme ( ibid. n. 1173.J la 
première Fodura atra , abdominej'ub- 
glol ojb , àntennis longuudine corporis , 
apice albis. 11 fe trouve furies Cham- 
pignons fauvages. 

La féconde efpece , qui fe trouve 
fur les bois pourris , eft nommée ( ibid. 
v. 1 17 40 Fodura globofa , fujea , niti- 
da, àntennis longis , articulis plunmis . II 
en eft parlé dans les Actes de Stçckfilm , 

I /43- V- *9 6 - 

La troifieme , nommée (n. 1175.) 
Fodura teres , plumbea , habite ks ar- 
jbres 5c les prairies , & afiez fouvent 



POU 

3 y en a clans les Champignons. Cet 
infecte eft de la grandeur du Fou vul- 
gaire : il a les pieds blancs , il court 
& il faute quelquefois. 

La quatrième efpece eft nommée 
(». 1 176".), Fodura nivalrs, cinerea, fig- 
nattait nigris , Se dans les Actes d'Up- 
fat ( 1 740. p. 54. ) , Fodura campeftris , 
cinerea, figna.tu.ru nigru , àntennis lon- 
gis. Les Suédois nomment cet infecte 
Snœloppa. On le trouve l'hiver en gran- 
de quantité dans la neige. 11 y court 
ave cagilité. Quand la neige fe fond , 
il y périt. On en trouve en été fur 
le fruit du Grofeiller rouge. Cet in- 
fecte a le corps oblong , cendré , Se 
marqué de taches noires. 

La cinquième , qui fe trouve dans des 
monceaux de bois pourri , eft nommée 
dans les Actes d'ifpfal 1740. p. 49. Se 
les Actes de Stockholm , 1740. p. 272. 
Fodura campejtris, nigra ,fplendens, pe- 
dibus , caudâqite albis, Se par M. Lin- 
N/EUS, ». 1 lyy . Podura arborea, nigra, 
pedibus , fureâque albis. Cet infecte fe 
trouve en (Elande, dans les monceaux 
de bois pourri : il eft petit Se noir; fa 
queue eft fourchue ; elle eft blanche , 
ainfi que fes pieds Se fes antennes. 

La fixieme efpece eft un infecte 
aquatique de couleur noire , nommé 
dans le Voyage de Gothlande (p, ï8i.) 
Fodura aquatica nigra , dans les Actes 
de Stockfilm ( 1 740. p. 279, ) , Se à'Up- 
J'ai ( 1740. p. 57. ) ,, Fodura aquatica, 
tota nigra. Cet infecte habite les eaux 
paifibles , & il s'a'femble en troupe le 
matin fur le bord des étangs , des vi- 
viers , & des réfervoirs. 

La feptieme efpece nommée Fodura 
viatica {n. 1179.), fe trouve dans 
les chemins en Smolande , Se en allez 
grande abondance. M. L 1 n n je u s 
ne fait fi , comme le précédent , c'eft 
un infecte aquatique. Les Suédois le 
nomment Jordkprut. 

La huitième efpece, nommée Fodura 
terre/fris alba {n. 1 1 80.), fe trouve dans 
les terres labourées , fur- tout dans les 
jardins , où l'on cultive des Melons , 

Se 



FOU 

8c d'autres Plantes printanieret. On 
les voit en quantité fauter à la ma- 
nière d'une foule d'atomes qui vol- 
tigent, fur-tout après que la terre eft 
humectée. Cet infecte eft de couleur 
blanche , Scleplus petit de tous ceux 
du genre dont je viens de parler. 

POU DE MER, nom qu'on 
donne , dit M. d'A rgenville , 
à la Porcelaine, Coquillage univalve, 
dont la coquille eft rayée Se. tachetée. 
Voyez PORCELAINE. 

POUCHET: M. A-danson 
( H'tft. Nat. des Coquillages du Sénégal , 
p. 18.) donne.ee nom à une efpece 
de Limaçon terrellre , qu'il a trouvée 
abondamment fur le fommetdes mon- 
tagnes de Tlfle de Ténérif, l'une des 
Canaries, a plus de cinq cents toifes 
de hauteur. 

Sa coquille eft médiocrement épaifle 
& fi applatie que fa largeur , qui eft 
communément de neuf lignes , eft dou- 
ble de fa longueur; elle n'a que cinq 
fpires peu renflées , maïs bien diftin- 
guées , & coupées tranfvcrfalement 
par un grand nombre de cr.nclures 
fort ferrées Se courbées en arc. Son 
fommet eft convexe & fort obtus. 

L'ouverture eftprefque ronde , une 
fois moindre que la largeur de la co- 
quille , applatie comme elle , Se tour- 
née entièrement fur la face oppofée 
au fommet; la lèvre droite qui envi- 
ronne les trois quarts , eft fort large , 
tranchante , repliée horifontalement au 
dehors. Lorfque le pli de cette lèvre 
eft enlevé par accident de deflus le 
milieu de la coquille vers l'angle de 
la lèvre gauche", on découvre en cet 
endroit un ombilic très-profond qu'elle 
cachoit entièrement à la vue. 

Sa couleur eft olivâtre ou cendrée 
pendant que l'animal vit, mais lorf- 
qu'elle a refté quelque temps à l'air 
après la mort de l'animal , elle rougit 
Se blanchit peu après. Ce Coquillage 

* La Poule domeftifue efl nommée en Hé- 
breu, en Chaldcen & en Syriaque, Tharne- 
foihi ; en Italien , GaUîna en Allemand , 
Terne lîl. 



eft figuré Planche I. ». z. de l'Ou- 
vrage de l'Auteur. 

C'eft le Turbo variegatus de Lister» 
( Hifl, Concbyl. Tab. 74. fig, 74. j t q ue 
M, K l e 1 n C Tent, p. 9. Jp. n. 6. Tab. 
I. fig. 1 8.) nomme Serpent ni us orela- 
biata.acutangulo, edentuh : Serpentuhts 
varius. 

POULAIN: C'eft le petit du 
Cheval 3c- de la Jument. Voyez CHE- 
VAL. 

POULARDE, genre de Poule 
qu'on engraifle comme un Chapon : 
elle a les mêmes propriétés que la 
Poule & le Poulet. La chair en eft plus 
délicate , plus fucculente Se plus nour- 
ri liante. Il faut pour cela choifir des 
Poules bien nourries , tendres , jeunes , 
&■ qui n'ayent point encore pondu. 
Leur chair , difent les Médecins, eft 
pectorale , fê digère facilement , pro- 
duit un bon fuc , nourrit beaucoup , 
augmente les efprits , humecte , ra- 
fraîchit , Se enfin eft très-falutaire , 
très-convenable aux perfonnes atté- 
nuées & convalefcentes. 

POULE*, en Latin Gallina do- 
mejlica , oifeau domeftique , Se la fe- 
melle du Coq , nommé en Latin Gai- 
lus Gallinaceus. Ce genre d'oiieau a 
des marques particulières qui le diftin- 
guent , comme d'avoir le bec court, 
fort , un peu courbé , & propre à ra- 
malfer les graines dont il fe nourrit ; 
2 0 . d'avoir le ventricule des mufcles 
épais; 3 0 . d'être beaucoup en chair, 
& d'avoir le corps gros Se épais ; 4 0 . 
de ne pas voler haut ni long-temps , 
à caufe de fes ailes courtes & creuiès ; 
5 0 . d'avoir le caecum très-long ; 6 U . 
d'avoir la chair blanche , fur-tout à 
la poitrine Se aux ailes , ce que Ton 
voit quand elle eft cuite. En général, 
les oifeaux compris dans le genre des 
Poules , ex génère Gallinaceo , font 
beaucoup de petits , conftruifent leurs 
nids à terre ; leurs petits , dès qu'ils 

elle porte le nom de Henri. Elle eft appel lée 
en Efpagnol Gallina , & on la nomme en An- 
gloisi tienne, 

D ddd 



578 POU 

font éclos , ne font point nourris par 
les mères : couverts d'un épais duvet 
ils courent çà & là , & avec leur pe- 
tit bec ils commencent à chercher leur 
nourriture. Ce font des oifeaux pou- 
dreux. Les oifeaux domeftiques du 
genre des Poules , Gallinaceum genus 
domefticitm & manfuctum , font la Poule 
Se le Coq domeftiques , le Paon, le Coq 
d'Inde , un autre Coq d'Inde de la Nou- 
velle Angleterre , le Mita du Bréfil , 
le Pauxi de Nieremberg,. oula 
Poule des Indes d'A ldrovande, 
le Mituporanga de M a r c Grave, 
le Coq Se la Poule de Guinée , Se le 
Macugagua du Bréfil. 

Quant à la Poule domeftique > il n'eft 
pas poiïible d'en donner la defeription; 
elles différent toutes entr' elles par les 
variétés de leur plumage. Il y a des 
efpeces qui portent fur la tête une hupe 
très-épaiffe ; d'autres qui font petites, 
ont les jambes très-courtes : les An- 
glois , dit R A ï ( Synop. Meih. Av. p. 
5 i. m. i .) , les nomment Creepers; d'au- 
tres n'ont point de queue : ce font les 
Foules de Perfe d'A ldrovande 
que les Anglois nomment Ritmkjns s 
d'autres ont le plumage frifé : on les 
nomme Poules de Friflande. M. Lix- 
njeus ( Fauna Suec. p. 61. n. 155.) 
comprend ces différentes efpeces de 
Poules , fous le nom de Gallus caudâ 
comprejfâ afeendente. Les Suédois nom- 
ment Hœna la Poule domeftique ; Trofs- 
hoens la Poule hupée j Gkmphoens la 
Foule de Perfe , Se Kroll-Hœna la Poule 
de Friflande. 

Les Anciens n'avoîent pas moins de 
foîn que nous , dit Belon ( de la 
Nat. des Oif. L. V. c. 8. p. 245. ) , 
de garnir leur baffe-cour de volaille. 
Ils eftimoient les Poules d'un plumage 
rougeâtre , & faïfoient peu de cas de 
celles qui font blanches ; ils regardoient 
celles-ci comme fort fnjettes à deve- 
nir la proie des oifeaux de rapine. 
Aristo te C Hifl. Anim. L. VI. 
ci.) parle de deux efpeces de Poules 
domeftiques ; il appelle les unesgeW- 



P o u 

reitfes ou fécondes , Se les autres , îgno-* 
bles ou jïériles. Ils avoient comme nous 
de grandes 8c de petites Poules. Selon. 
A'r i s t o t EÇiùid.), Se P l 1 n e (Hifi. 
Nat, L. X.c. 53.), les petites Foules 
étoîent nommées Adriennes. Varron 
les nomme villatiques , c'eft-à-dire „. 
nourries au village , dit B E L o N ; & 
C o L u M e l l E les appelle cohortales 
c'eil-à-dire , vivant en troupe. C'tft 
notre Poule de la petite efpece. Celle 
de la grande efpece eft nommée Poule- 
Gïijche par Belon, comme qui di- 
roit Poule de graïffe. 

Les Anciens faifoient venir des Pou- 
les de Rhodes ; elles étoîent de grande 
corpulence , Se ils les nommoient tiho- 
diennes. Les mâles étoient tardifs à co- 
cher les femelles , Se celles-ci fort mal- 
adroites à élever leurs petits , étoient 
le plus fouvent itériles. ils a voient une 
autre efpece de volaille , qu'ils nom- 
moient Tanagricum , prefque aulïi 
groffe que le Coq d'Inde, Sequiavoit 
les mœurs Se la façon de vivre de nos 
Poules communes ; une autre nommée 
Poule Chalcidique , Se qui approchoit 
des mœurs de la Poule Tanagrique. Ils 
avoient encore une efpece de volaille, 
que du temps de Varron on nom- 
moit Poule Alelique , au lieu de dire 
Poule Msdique , pareeque les premières 
venoïent de Médie, Elles étoient gran- 
des & belles. Voyez COQ. 

M. deRéaumur a donné l'art 
de faire éclorre Se d'élever en toute 
faifon des oifeaux domeftiques de tou- 
tes efpeces , foit par le moyen de la 
chaleur du fumier , foit par le moyen 
du feu ordinaire. Je renvoie aux cu- 
rieux Mémoires que ce Savant Aca- 
démicien a donnés fur cette matière, 
On trouve auffi dans le Tome IL des 
Colleélions Académiques , p. 477. la 
manière défaire éclorre les Poulets au 
Caire. La découverte de M. de Réau- 
mur a donné à un Particulier l'idée 
d'avoir mis des œufs dans un panier , 
Se de l'avoir fait placer au-deffus d'un 
poêle. Il en a vu fortir des Poulets. 



POU 

Voîcîla manière dont on fait éclofre 
les Poulets au Caire. On commence à 
chauffer les fours à la rai-Janvier , Se 
on emploie chaque matin cent kintars 
ou cent livres de fiente de Chameau 
ou de Bufle , & la même quantité 
chaque nuit, ce qu'on continue jufqu'au 
milieu de Février , que les fours font 
fi chauds , qu'il n'efl: pas pofflble de 
tenir la main fur les murailles. 

Enfuite on met les œufs dans le 
four pour faire éclorre les Poulets , ce 
que l'on continue fucceffivement juf- 
qu'à la fin de Mai. On les met d'abord 
fur une couche de foin dans le four 
d'en bas , qui eft fur la terre. Il y en 
entre ordinairement fept à huit mille : 
on n'en met que deux couches l'une 
fur l'autre. 

On fait les feux pour les fours fu- 
périeurs dans les longs foyers , ou pe- 
tits canaux un peu profonds pour re- 
cevoir le feu , qui communique fa 
chaleur au four inférieur ; on range 
les œufs qui font immédiatement fous 
ces foyers fur trois couches qui font 
l'une fur l'autre. 

La nuit , lorfqu'on veut faire feu, 
on rerire la couche inférieure aux en- 
droits où il y en a trois , Se on n'en 
lailfe que deux fur les côtés. Après 
qu'on a retiré ceux-là , on en met trois 
couches fous les foyers où la chaleur 
eft plus grande qu'aux côtés , ou on 
n'en met que deux. 

On laifle ces œufs pendant quatorze 
jours Se pendant quatorze nuits dans 
le four d'en bas, enfuite on les tranf- 
porte dans celui d'en haut , qui eft im- 
médiatement deffus. On n'y fait plus 
de feu , maïs on retourne tous les œufs 
quatre fois par jour, c'eft-à-dïre en 
vingt-quatre heures. 

Le vingt Se un 8c le vingt-deuxième 
jour les Poulets font éclos : ils ne man- 
gent pas le premier jour; le fécond les 
femmes les nourriffent de bled , Sec. 
Le Maître du four a un tiers des 
ceufs pour fa dépenfe Se pour fes pei- 
nes : il doit remettre les deux autres 



POU 57? 

tiers en Poulets à ceux à qui les œufs 
appartiennent , répondant de ceux qui 
peuvent être volés ou caues. 

Voici l'ordre qu'on fuit pour faire 
le feu dans le four d'en haut , pen- 
dant qu'il y a des œufs dans celui d'en 
bas. C'eft le premier jour qu'on fait le 
plus grand feu : le fécond on en fait 
moins que le premier , le troifieme en- 
core moins ; le quatrième plus que le 
troifieme, le cinquième moins ; le fi- 
xieme plus que le cinquième ; le fep- 
tieme moins , Se le huitième plus. On 
n'en fait point du tout le neuvième jour, 
le dixième on en fait un peu le matin. 
L'onzième , on bouche tous les trous 
avec de l'étoupe , Sic. 8c on ceffe de 
faire du feu , qui alors pourrait rompre 
les œufs. 

On a foin que les œufs ne foîent 
jamais plus chauds qu'il ne faut pour 
qu'on puifte les fouifrir fur les yeux. 
Lorfque les Poulets font éclos , on les 
met dans le four d'en bas qui eft cou- 
vert de foin. Il y a fous ce foin du fon 
pour fécher les Poulets , Se deiTus de 
la paille fur laquelle ils font. 

Les Poules dorneftiques ne coûtent 
pas beaucoup à nourrir à la Louifiane, 
On leur donne feulement à manger en 
fortant du poulailler, Se le refte du 
jour elles trouvent aflez de vermine 
Se d'infectes dans les champs. 

On peut, fur les différentes efpeces de Pou- 
les domefliques , conf iilter Aldrovibbe, 
Ornilh. L. IV. et. Gesner, Av. W i l- 
l o g h b y, Orniih. 109. & 1 10. Rav, Synop. 
Meth. Av. p. 51. ». 1. M. Limbjeos, Se 
les autres. 

POULE VIERGE DE L'AMÉ-, 
R1QUE : C'eft une efpece de Poule 
d'eau , qui a un très-beau plumage : 
elle eft de la groflêur d'un Pigeon. Son 
bec eft beaucoup plus long Se de cou- 
leur jaune; ellealescuiftesplus hautes, 
d'un rouge fort vif, ainfi que les pieds. 
Les plumes du dos, des ailes, & de 
la queue font d'un incarnat luifant , 
mêlé de verd , Se de noir qui fert com- 
me de fond pour relever les autres 
couleurs. Le deffous du ventre Se des 
D d d d ij 



5 3o POU 

ailes foflt d'un jaune doré. On admire 
à fon col & à fa poitrine un agréable 
mélange des vives couleurs que cet 
oifeau a dans tout le relie du corps. 
Sa tête eft menue avec de petits yeux 
brillans: elle eft couronnée d'une pe- 
tite hupe tiffue de plufieurs petites 
plumes de différentes couleurs. Ces 
Poules d'eau font greffes l'hiver , & 
leur chair eft d'un allez bon goût , mais 
de difficile digeftiott, 

PO U L E S DE JAVA: Il y 
en a de deux fortes. Quelques-unes 
ont naturellement toutes les plumes 
renverfées ou repliées. On en voit 
qui ne font pas plus groffes que des 
Figeons: il y en a d'autres qui ont les 
os , la chair & la peau noires avec des 
plumes quelquefois très- blanches. Cel- 
les-là font regardées par les Indiens 
comme ayant une très-grande vertu 
médicinale. 

POULES SAUVAGES DE 
CONGO: Merolla dit qu'elles 
font plus baffes Se de meilleur goût 
que les Poules domefiiques. On trouve 
au Sénégal de gros oifeaux qu'on ap- 
pelle Poules de Pharaon. Il y a dans 
î'ifie de Madagafcar des Poules dont 
les œufs ne font pas plus gros que le 
lent ceux des Pigeons. Les Chinois 
ont des Poules dorées , qu'ils appellent 

POULES D'EAU DU CAP 
DE BONNE ESPÉRANCE: Elles 
n'y fréquentent pas la mer , dit Ko lue 
{ Tome III. c. 17. p- I 73-)> mais les 
eaux douces : elles font noires Se de 
la grandeur de nos Poules ordinaires ; 
elles bâtiffent leur nid fur l'eau. Com- 
me leur chair n'eft pas délicate , on ne 
s'amufe gueresà les tuer, à moins qu'on 
n'ait rien de mieux à faire. 

Grande POULE D' EAU, ou 
POULE DE MARAIS , nommée 
en Latin Gallimda Cloropus major', oi- 
feau qui engraiffe beaucoup , dont la 
chair eft fa voureufe , & peut même fe 
comparer à celle de laCercerelle.il 
cherche fa nourriture fur les bords des. 



P O U 

rîvîeres remplis d'herbes , Se dans les 
rivières mêmes , fur-tout s'il s'y trou- 
ve des herbes fauvages. Albin croit 
qu'il mange les infeétes qui fe trou- 
vent parmi ces herbes.. Il fait fon nid' 
fur de petits arbres ou fur des arbrif- 
feaux qui font fur le bord des eaux, 
Se il engendre deux ou trois fois l'été. 
Lorfque les petits font en état de pour- 
voir à leur fubfiftance , il les chaffe. 
Ses œufs font pointus à une extrémité , 
d'un blanc verdâtre, Se marquetés de 
taches rouges. Il béquette comme une? 
Poule , &ii fe perche fur des branches - 
d'arbres , Se fur des joncs de rivières 
les plus épais : il fe tient près des foliés- 
Se près des grands étangs. Il vole les 
pieds pendans. Le corps en eft rétréci 
Se fort plat fur les côtés , ce qui ar- 
rive ordinairement à tous les oifeaux 
de cette efpece. Il n'en eft pas de 
même de ceux: qui tirent fur le Ca- 
nard , car leurs corps font larges Se 
applatis. Albin ( Tome II. n. 72. ) ', 
donne à cette Poule d'eau dix - fept 
pouces & un quart de longueur de- 
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré-- 
mité des pieds, & treize pouces Sidé- 
ré de cette pointe jufqu'à celle de là 
queue, Se vingt-deu^ pouces & demi 
de largeur les ailes déployées. Le bec 
eft noir Se eft environ d'un pouce de 
longueur ; la mâchoire inférieure eft 
d'un jaune pâle jufqu'au coin de la 
bouche , Se enfuite elle eft rouge. Celle 
de deffus eft moins jaune à l'extré- 
mité : elle eftrouge autour desnarines, 
Se chauve jufqu'à l'extrémité. Cette 
partie eft de figure ronde , finit au 
fbmmet de la tête , Se refiëmble à celle 
du Foulque , avec cette différence qire 
cette dernière eft blanche , au-lieuqire 
la partie chauve de la grande Poids 
de marais eft rouge. La rougeur qui 
paroît fur le bec eft pour ainfî dire 
enduite , Se on peut la ratifier. La par- 
tie de ce bec , qui eft rouge , eft fé- 
parée de celle qui eft jaune par une 
rondeur un peu élevée , fi bien qu'elle 
s'etend pjus loin fur le milieu du bee^ 



PO V 

que fur les côtés, La langue eft mé- 
diocrement large , raboteufe à la pointe 
8c non fendue. L'iris eft rouge , Se la 
paupière dedeffous eft chauve. Dans 
les jeunes on ne trouve ni le bec , ni 
la tache rouge & chauve du front. Les 
jambes font vertes , Se les griffes d'un 
brun fombre , tirant de près fur le noir , 
& paffàblement longues. Les doigts 
font longs comme ceux du Foulque : 
celui du milieu eft le plus long - y en- 
finie le plus avancé en dehors l'emporte 
en longueur fur les autres. Tous en 
général font plus larges & plus unis 
par le bas que ceux des autres oifeaux 
aux pieds fourchus , pour les aider à 
rager. Le doigt de derrière eft large , 
& iert peut-être à l'oifeau de gouver- 
nail pour diriger fon cours. Les cuiffes 
font garnies de plumes p.refque juf- 
qu'aux genoux , & depuis l'endroit 
où elles finiffent jufqu'aux genoux 
elles font rouges. Il y a une raie blan- 
che qui s'étend depuis la naiffànce de 
l'aile , tout le long de fon fommet, 
jufqu'aux extrémités des plumes. Les 
plumes les plus longues ibus les ailes 
font joliment embellies de taches ou 
raies blanches qui vonc par en bas. Le 
plumage de la poitrine eft de couleur 
de plomb. Il y a ries plumes blanches 
fous la queue. Cette foule l'agite par 
en bas lorfqu'elle nage : alors le blanc 
fe fait voir, Se encore plus lorfqu'elle 
baiffe fa tête pour ramafier quelque 
cliofe. Les plumes du dos, de même 
que celles du moindre rang de l'aile, 
tirent de près fur un gris de fer; au- 
trement tout l'oifeau eft noirâtre. Dans 
le mâle les plumes fous la queue font 
plus blanches, le ventre plus cendré , 
Se le dos tire plus fur le gris de fer. 

La femelle de cet oifeau , dit le 
même Auteur (Tome 1 IL n. pi. ),a dix- 
fept pouces Se demi de longueur , de- 
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré- 
mité des pattes , & treize pouces Se 
demi jufqu'à celle de la queue , Se 
vingt-deux pouces 8c demi de lar- 
geur les ailes déployées ; le bec , de- 



P O U 

puis la pointe jufqu'aux coins de la 
bouche , a plus d'un pouce de longueur. 
Cet oifeau eft d'un verd fombre Se jau- 
nâtre ; le fommet de la tête , le der- 
rière du col , le dos & les ailes , font 
d'un brun foncé , tirant fur le noir. Il 
a une bande de blanc qui entoure ls 
naiffànce Se le bord des ailes jufqu'aux 
plumes couvertes inférieures. La gor- 
ge , la poitrine , le ventre & les cuiffès" 
foin noirs. L'efpace qui eft au deffug. 
du cartilage de la poitrine, de même 
que le deffous de la queue , eft blanc.. 
11 a quatre plumes longues Se déliée* 
fur le derrière de la partie fupérieure- 
d:sciiiffis. Les jambes Se les pieds font 
d'un verd fale. Les doigts font longs 
Se les griSès font noires. Cet oifeauf 
dont la chair eft fort favoureufe , & 
eft égale à celle de la Cercerelle ,. 
comme il a été dit, cherche fa nourri- 
ture aux bords des rivières remplis 
d'herbes, où il fe contente des infectes 
qu'il y trouve. 

Petite POULE D'EAU , en 
Latin Polïopus Gallinula minor , felott 
Albin, qui au même endroit ( n. 73 ) - 
dit que cet oifeau a douze pouces Se 
demi de longueur, depuis la pointé 
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue ? 
Se quatorze pouces de largeur entre 
les ailes étendues. Cet oifeau reffemblè 
par la figure au Râle d'eau , avec cette 
différence qu'il eft plus petit. Son bec 
eft plus court que celui du Râle , ou 
de la Poule d'eau. Il eft applati , étroit 
Se pointu; la mâchoire fupérieure Se 
la partie vers la racine de celle de 
delîus eft rougeâtre , ou orangée ; fe 
refte du bec eft brun. Les narines font 
menues Se oblongues; l'iris eft blan- 
che, Il y a une raie de la même couleur 
de côté Se d'autre au-deffùs de les 
yeux ; le plumage de la tête eft d'un 
brun foncé , nuancé de rouge j " le 
deffiis du col , du dos, Se des ailes, eft 
de la même couleur que le plumage de 
la tête, avec des entre-deux de raies 
blanches déchiquetées en travers. Le 
plumage de la poitrine Se du des eft>' 



5 Zz POU 

d'un blond pâle & jaunâtre. Il y a à 
chaque côté au-deflous des ailes un 
rang de raies noires qui traverfent. 
Le bas du ventre , près du défaut de 
l'os de la poitrine eft d'une couleur 
rougeâtre Se fale, La queue eft courte 
&: confifte en douze plumes qui font 
de la même couleur que les longues 
plumes des ailes ; Se ce qui eft de plus 
remarquable dans la queue , c'eft qu'é- 
tant étendue elle n'eft pas fi unie que 
dans la plupart des oifeaux ; elle forme 
un creux fingulier : les plumes du mi- 
lieu font plus longues que les autres. 
Leurs bords , le long des côtés , ont 
un peu de blanc ; les jambes Se les 
pieds font de la même couleur , Se de 
la même figure que ceux des Poules 
d'eau ordinaires , c'eft-A-dire , d'un 
verd fale. Les doigts font très-longs 8c 
partagés jufqu'au bout. Celui de der- 
rière eft très-court. 

B e l o N ( p. i8r. & 182.) parle 
de deux efpeces de Poules d'eau. La 
première eft le Ksttçoc d' A RiSTOTE 
& la Fulica des Latins. L'autre eft la 
Macreufe , en Latin Fulica altéra paulo 
major- Voyez au mot MACREUSE, 
Il y en a une troifieme qu'il dif- 
tingue des deux précédentes , 8c il 
- j'appelle (p. 211. ) petite Poule d'eau, 
ou Poulette , ou le plus grand des 
Râles , en Latin Fulica aliqita fpecies. 
Voyez RÂLE. 

On connoit dans l'Ifte de Tabago 
deux fortes de Poules d'eau , qui font 
toutes deux très-bonnes à manger , Se 
qui ne différent l'une de l'autre que 
par la grofieur. 

POULE DE GUINEE, 
■oifeau , dit A l b 1 N { Tome ÎI. n. 3 J, ) , 
qui a depuis la pointe du bec jufqu'à 
l'extrémité de la queue deux pieds de 
longueur. Ses ailes étendues occupent 
un efpace de trente-deux pouces. Il 
égale la grandeur d'une Poule domef- 
tiqite , avec cette différence que le col 
■en eft plus long Se plus délié. Ces 
Toults font ordinairement de couleur 
de frêne fombre , tirant fur le noir } Se 



POU 

bigarrée par-tout de taches blanches. 
Les plumes de la poitrine font blan- 
ches , & bigarrées de grandes taches 
noires, entremêlées de blanc. Le bec 
eft rouge & de couleur de corne vers 
la pointe. Le fommet de la tête eft 
d'une couleur fombre , Se il s'y trouve 
une fubftance ou excroifïance, qui tient 
de la nature de la corne & de la même 
couleur. La prunelle de l'œil eft noire , 
& l'iris eft blanche. L'eipace qui eft 
à l'entour de l'œil des deux côtés de 
la tête , eft de couleur de chair entre- 
mêlée d'un bleu pâle. Le plumage du 
derrière de la tête eft d'un brun ten- 
dre Se rougeâtre. Il s'y trouve des 
poils hérifles Se noirs. Le fond de la 
tête à droite 8e à gauche eft couvert 
d'une efpece de chair dure couleur de 
fang , Se afin qu'elle ne pende pas par 
en bas , comme les ouies des poiffons, 
la Nature a pris garde de la tourner 
par derrière en plis ; de forte qu'elle 
fe termine en deux points aigus. Il 
y a de certaines caroncules qui s'é- 
ievent de cette chair des deux côtés 
8e qui entourent les narines : elles fé- 
parent auffi le devant de la tête du 
bec de l'oifeau. Les bords de deflous 
de ces caroncules font un peu tournés 
par derrière fous les narines. Tout ce 
qui fe trouve entre le fommet de la 
tête Se cette chair à droite &: à gauche , 
eft marqué de deux incifions écaillées ; 
mais le derrière de la tête n'en eft 
point marqué du tout. Le plumage 
fous les mâchoires , ou fous la gorge, 
eft d'un pourpre fombre 5 la couleur 
delà gorge eft plus tendre, & elle eft 
mouchetée de petites taches blanches. 
Les longues plumes des ailes font au 
nombre de vingt-trois, dont les qua- 
tre premières font blanches , aum-bien 
que quatre autres du premier rang des 
plumes couvertes , à l'exception de la 
poitrine. L'oifeau eft par-tout d'un 
noir fombre Se bigarré de taches blan- 
ches : les jambes font de couleur de 
chair rougeâtre. Il y a aufii quelques 
oifeaux qui les ont d'une couleur brune* 



POU 

La griffe du milieu eft plus longue 
que celle de la Poule domeftiqiie $ car 
cette première a deux pouces & demi 
de longueur. Le meilleur moyen pour 
les élever , eft de faire couver leurs 
œufs par une Poule domefiique, La 
Poule de Guinée s'appelle auiïï Poule 
d'Afrique. Bel on ( L. V. c. o. p. 
240'. ) en parle. C'eft la Pintade. 
Voyez encore ce mot. 

POU LE ROU GE DU PÉROU , 
en Latin Gallina rubra Peruviana. Cet 
oifeau , dit A l b i n ( Tome III. n. 40.), 
eft de la même grandeur & de la même 
figure que la Poule de Carajoxv. Le 
bec , les côtés de la tête , Se le def- 
fus du col font de couleur de frene 
fumbre. Les yeux ont la prunelle noire 
Se l'iris rouge, Le fommet de la tête 
eft entouré d'une hupe de plumes 
blanches , qui ont des pointes noires, 
On lui donne ce nom , dit l'Auteur , 
faute d'en connaître le véritable. Il 
l'a tiré vivant , mais perfonne n'a pu 
lui en faire le détail. 11 ajoute que cet 
oifeau refîemble de bien près à la Poule 
de Carafow , & il paroît être de la 
même efpece. La différence des cou- 
leurs de l'un Se de l'autre paroît, à 
ce qu'il croit , provenir des climats 
d'où on les amené , ou plutôt de cette 
différence qui fe trouve ordinairement 
parmi les oifeaux apprivoifés. 

POULE DE MER, oifeau que 
les Anglois nomment Tbe-Sea- Henné , 
ou Guillemot. Albin dit ( Tome I. 
n. 84. ) que cet oifeau eft prefque de 
la même grandeur qu'un Canard pri- 
vé. Il a dix-huit pouces Se demi de 
longueur, depuis la pointe du bec juf- 
qu'à l'extrémité de la queue , Se deux 
pieds fix pouces de largeur lorfque les 
ailes font étendues. La tête , le côté 
fupérieur du col , le dos, les ailes Se 
la queue, proche du croupion, jufqu'au 
milieu de la gorge , font d'une couleur 
brune foncée ou d'une couleur noi- 
râtre. Le ventre , la poitrine , & le 
refte de la gorge font blancs; lespoin- 
îes des onze plumes en avant des ailes 



POU jgj 

ou les plus avancées en dehors du 
premier rang font blanches. La queue 
a deux pouces de longueur , Se elle 
eft compofée de douze plumes , dont 
celle qui eft au milieu eft la plus longue 
& les autres graduellement plus cour- 
tes , jufqu'à la plus avancée en de- 
hors. 

Cet oifeau fe tient Se s'attroupe 
avec d'autres oifeaux qui tiennent de 
cette efpece ,. appelles en Anglois 
Auks Se Coulternbs. Il engendre de la 
même manière 8c dans les mêmes lieux - 
mais c'eft un oifeau beaucoup plus 
niais & plus facile à prendre : il en- 
gendre annuellement fur les rochers 
efearpés & inacceffibles de t'Ifle de 
Man , de même que fur Fille ou ro- 
cher communément nommé Godréa- 
ve , qui n'eft pas loin de Saint Yves 
dans la Province de Cornouaiiles en 
Angleterre. Il engendre encore dans 
Pille d'Angiefey , qui eft inhabitée 
faute d'eau douce. On y trouve feu- 
lement une ancienne Chapelle toute 
en ruine , dédiée à Saint Sirician. II. 
fréquente encore Se fait fon nid dans ' 
l'Ifle de Farn , près de la côte de 
Northumberiand , Se fur les rochers 
efearpés aux environs de Scarborough 
drrris la Province d'Yorck , pendant 
l'été. Cet animal pond les plus grands 
œufs de cette efpece d'oifeaux , ayant 
chacun plus de trois pouces de lon- 
gueur , pointus à une extrémité , Se 
émouffés à l'autre. Ces œufs font d'un 
verd bleuâtre; quelques-uns fonrdi- 
verfifiés de taches ou raies noires , Se 
quelques autres font lans ces taches. 
Il y a de ces oifeaux qui différent de 
couleur : quelques - uns ont le dos très- 
noir , d'autres l'ont brun , ou d'un- 
rouge brun. 

POULET: C'eft le petit d^une 
Poule. Voyez ce mot. 

POULPE , nom qiïe Ronde- 
let donne aux Polypes de mer. Voyez 
POLYPE DE MER. 

POUMON DE MER, forte 
d'infecte oiarin , qui eft couvert d'ua 



5 3 4 POU 

cuir dur , Se que l'on appelle aînfi par- 
cequ'il eft femblable au poumon des 
animaux. Dioscoride dit qu'é- 
tant frais , broyé Se appliqué , il foulage 
les gouttes , & les mules aux talons. 
Pline lui donne la même propriété 
qu'à l'Éponge , qu'à l'Ortie marine , 
Se qu'à l'Étoile de mer. Quand on voit 
les Poumons marins nager à fleur d'eau , 
c'eft tin ilgne de tempête. Leur vertu 
eft telle , dit-on , que fi on en frotte 
un bâton il luira de nuit comme une 
■torche allumée. Mathiole a éprouvé 
que fi on met un Poumon marin fur 
quelque perfonne , il excite de la dé- 
miangeaifon Se même de la rougeur 
■fur la partie. Le Poumon marin , com- 
me dit R o n d e l e t C Part. II. p. o 2. 
"fldit. Franç. ) , eft mis au rang des 
■Zoophytes. 

POUPART, poiiTbn du genre 
■des Cruftacées. On en voit fur les côtes 
tle Groenlande , dit M. A N D E R s o N 
{ Htft. Nat. de Groenl. p. 6y. ) , d'une 
groflètrT extraordinaire. Les femelles 
ont la queue plus large que les mâles , 
pour mieux couvrir les parties géni- 
tales; celles-ci font doubles , Se il y 
en a une de chaque côté , qu'on voit 
-très-diftinctemenr , de même -que les 
vagins en dedans. Les mâles en ont 
jftuffi deux ; Se lorfqu'ils s'accouplent 
ils fe joignent en étendant les queues , 
Se tiennent fi bien enfemble , qu'en 
prenant l'un , on emporte en même 
temps l'autre. Le Dictionnaire de Tré- 
voux fait du Poupari un Teftacée , ce 
<jui n'eft pas vrai • Se il dit que c'eft an 
poiffon qui eft le meilleur & le plus dé- 
licat de tous les Coquillages. C'eft une 
efpece de Crabe, mais qui eft beaucoup 
plus grande 8c meilleure que les autres. 
On trouve dans le corps duf oupart une 
matière graife & jaunâtre de là con- 
fiftance d'un fuîf mol. On appelle 
quelquefois cette matière du fromage, 
înais fon véritable nom eft taumaîin. 
On tire ce taumaîin, Se on l'écrafe Se 
délaye avec eu fel , du poivre Se du 
f ir.aig-re , Se c'eft dans cette-fa ufle qu'on 



POU 

mange la chair du Poupart , que l'on 
a fait cuire auparavant dans de l'eau 
fort falée. Voyez GRACE , ÉCRE- 
VISSE DE MER Se HOMARD. 

POU RCEAU , PO RC , ou 
COCU O N: Ces différens noms font 
donnés au même animal , connu parmi 
nous fous le nom de Cochon domefli- 
que. Il y a deux fortes de Pourceaux 
au Royaume de Quoia , pays des 
Noirs. Les uns font rouges , gros com- 
me les nôtres : les habitans les nom- 
ment Cavia s les astres appelles Sonja 
Quint a , font noirs , bien plus gros , Se 
fort dangereux. Ils ont des dents fi 
aiguës qu'ils brifent tout ce qu'ils 
mordent , comme fi c'étoient autant de 
haches. 

Il y a aux Indes Occidentales , dans 
la Terre de Darien , des Pourceaux , 
dit H e R R E R A , qui ont le nombril 
fur le dos , Se urinent par -là. Il y en 
a aux Indes qu'on nomme Pourceaux 
Cerfs , dont on voit la figure dans le 
premier Tome du Recueil de The- 
V e n o t , Se qui eft un très-bon man- 
ger. Voyez aux mots COCHON Se 
PORC. 

POURCEAUX VOLANS: 
S t A M m e r d a m donne ce nom à 
des Scarabées A long col , pareequ'ils 
ont une efpece de grouin allez fembla- 
ble à celui des Cochons. 

POURCELET, périt animal 
qui a plufieurs pieds , Se qui fe met 
en rond , cul Se tête enfemble , pour 
peu qu'on le touche avec la main. 
C'eft ce qu'on appelle autrement Clo- 
porte , en Latin Millepeda. Voyez au 
mot CLOPORTE. 

G a l i e N dit que les Anons , qu'on 
appelle Millepieds , qui viennent Se 
naiffent fous les vaîileaux où l'on tient 
de l'eau , ont une grande propriété 
étant cuits dans de l'huile , pour les 
douleurs invétérées delà tête. Suivant 
Dioscoride, pris avec du vin, 
ils ferventàla jaimifie Se à la rétention 
d'urine. Pline dit que.le Millepieds 
eft un Ver de terre velu, qui a plufieurs 



POU 

«1rs Se qui marche de biais. Voyez 
JVILLLEP1EDS. 

P O V R P R E , en Latin Purpura , 
Coquillage très -connu, mis par M. 
D'A rgen ville dans l'ordre des 
Univalves , Se par M. Adanson 
dans celui des Operculés , qui four- 
nit une liqueur de couleur de pourpre. 
On le trouve fur les côtes de Pro- 
vence, Se il a des fingularités pareilles 
i, celles du Buccinam du Poitou , Se 
de certains grains découverts par M. 
DE Réaumur. , qui donnent auffi 
une belle couleur de pourpre. M. 
du Hamei. a fait plufieurs ex- 
périences fur ce Coquillage. Le fuc 
qui s'y trouve eft blanc quand il eft 
bien faîn & bien conditionné. A peine 
ert il expoféau Soleil qu'il devient fuc- 
eeffivement , en moins de cinq minutes , 
verd, pâle , Se jaunâtre , verd d'éme- 
raude , verd plus foncé , bleuâtre , 
rouge, pourpre vif& très- foncé. Quand 
le fuc eft verd dans l'animal , ce que 
M. DU Hamel attribue à une ma- 
ladie , il devient auffi -tôt d'un beau 
rouge au Soleil. Sa coquille même, 
qui en ce cas-là eft quelquefois verte , 
rougit auffi. Un linge frotté de ce fuc , 
& dont une partie feulement ert ex- 
pofée au Soleil , ne rougit que dans 
cette partie, Se ce qui ne devientpas 
pourpre ou rouge , relie verd. M, du 
Hamel ( Mêm. de l'Acad. Royale des 
Sciences , 1736. p. 6.) dit que cette 
Pourpre auroit par fa grande vifeofité 
un trop grand avantage dans la tein- 
ture. Elle a réfifté aux grands débouil- 
lis , par lefquels il l'a fait paifer. 

Pline dit que la Yourpre engraiiïè 
dans la pleine Lune , & qu'elle eft 
moins gralTe dans le décours. Elle aime 
les petits poiffons , ainfi que la chair 
corrompue 5 elle a un mouvement pro- 
greffif de même que les Buccins , les 
Vis , les Murex , les Cornets , les 
Rouleaux , les Tonnes , les Porce- 
laines , Se rien ne répugne àcela , dit 
M. d'Ar gen v i i. l e. 

Les Anciens diftinguoient troisfortes 
Tome 1IL 



POU 585 

de Pourpres ; celles qui a volent une 
longue queue recourbée Se faite en 
tuyau ; celles qui n'avoient point de 
queue, ou du moins qu'une très-courte, 
& celles qui éroient privées de fpirales 
ou de têtes élevées , ce qu'on appelle 
clavicule. Ce Coquillage , ainfi que le 
Murex , fervoit à teindre les robes 
des Romains. Cicéron(L. /. Tufc. 
qiufi. ) dit ; Veftis pur pure a , Purpureo 
Julgore , undè Purpuraù ditli funt qui 
apttd Principes , cœteris âignitate amte- 
emtes , Purpureâ vefie utebantur. Ceux 
qui teiguoient de ce poilfon , ou qui 
en faifoient commerce , étoient nom- 
més , comme le dit Aldrovande, 
Ptnttores Purpurarii , Fifcatores Pur- 
purarii. La Pourpre ert appellée Pcla- 
gia par Pline, mais Felagii chez les 
Latins, font des poiifons qui ne quittent 
point le fond de la mer: on la nomme 
en Grec n'^çupa- Martial appelle 
la Pourpre , Lana Tyria , Lacerna Ty- 
ria. Elle eft nommée par Virgile 
Sarramm ofireum , Se par J u vénal, 
Sarrana Purpura. 

La Pourpre Se le Murex fe pèchent 
en Italie dans le Golfe de Tarente. 
Cette belle teinture fe tire du fuc , ou 
de la fleur qui fort du poilfon. La pe- 
tite quantité qu'on en tiroit , Se la né- 
ceffité de l'employer avant la mort 
de l'animal , rendoient cette couleur 
extrêmement chère. Elle n'étoit pro- 
pre qu'aux étoffes de coton Se de laine , 
au-lieu que la Cochenille , dont j'ai 
parlé , petit infecïe inconnu aux An- 
ciens , peut teindre également les lai- 
nes , les poils des animaux , &la foie. 
La Pourpre aime la chair Se les petits 
poiffons ; elle fe cache dans le fable , 
même dans l'eau douce; elle fait fortir 
une langue très -longue qui darde 8c 
qui perce tout. On veut qu'elle vive 
fept ans ■ d'autres difent quatorze & 
même plus. Elle a des yeux , dit C o- 
L u M N a , de Purp. c. 2 . p. 1 o. 

La Pourpre , aifez femblable au Mu- 
rex , fe diftingue en ce qu'elle n'a pas 
la bouche fi allongée , ni fi garnie de 
E e e e 



5 85 POU 

dents & d'allés ; fon corps & fa tête 
<ne font point fi élevés : ils ne font 
peint couverts de pointes, ni débou- 
tons. C'eft de-là, dit M. d'Argen- 
Ville , qu'on peut tirer fon caractère 
générique , qui eft d'avoir la bouche 
petite, ronde, unie, Se le corps tout 
chargé de feuilles , comme la Chi- 
corée , Sc quelquefois de longues poin- 
tes , avec une queue longue , ou cour- 
te , creufée en tuyau , Se fouvent re- 
courbée. 

Cet Auteur fait de la Pourprelà trei- 
zième famille de fes Univalves , & dit 
que fa coquille eft découpée depuis 
le fommet jufqu'à la bafe , de tuber- 
cules y de ftries , de boutons , Se de 
pointes , avec une bouche mince & 
prefque ronde , & une queue courte ; 
quelques-unes ont leur bafe terminée 
en une longue queue. Il fait connoître 
fix efpeces différentes de Pourpres. 

Ce Conchyliologue met dans la pre- 
mière efpece , favoir , la Pourpre qui a 
des branches , & la queue courte ; la 
Brûlée, à bouche rouge à trois rangs 
de feuilles 5 la Jaune à trois rangs de 
branches faillantes ; la Blanchâtre à 
trois rangs de rameaux , moins décou- 
pés, appellée Chaujfe -Trape , ou Che- 
val de Frife ; liCanelée de lignes Touf- 
fes , Se les branches moins découpées ; 
celle à cinq pattes ou doigts , ou bien 
ayant cinq rangs de rameaux décou- 
pés en pattes de Crapaud , avec une 
clavicule très-bien détachée du corps ; 
la Rôtie à fix rangs de feuillages - y la 
Découpée de feuilles, formant fix tours , 
iqui tiennent depuis le fommet jufqu'en 
bas , Se elle eft appellée la Chicorée , 
ou la Laitue, 

De la féconde efpece font la Pour- 
pre couverte de pointes , & qui a la 
queue longue ; la grande Épineufe , à 
grandes pointes ; la petite Épineufe , à 
trois rangs de pointes , & VÉpineufe 
moins raboteufe. 

De la troifieme font la Pourpre * 
garnie de tubercules, à long bec, & à la 
queue longue - 3 la B étoffe , avec une 



POU 

Iortgite queue , creufée en fuyau fi n$ 
aucune pointe ; la moins tachetée ; la 
plus petite Se brune. 

De la quatrième efpece font la Pour- 
pre épaifle & à côtes , dont le bec eft 
crochu ; la Marbrée à côtes , garnie de 
boutons , Se entourée de fafeics vio- 
lettes ; la garnie de pointes. 

De la cinquième efpece font la Pour- 
pre à filets, imitant les poils , avec un 
fommet élevé ; la Grije J'aie , remar- 
quable par trois rangs de poils , avec 
une clavicule élevée , & le bec tout 
droit ^ celle dont le bec eft crochu » 
garnie de franges de foie. 

De la fixieme efpece font la Pour- 
pre mince , garnie de pointes , le fom- 
met applati, Se le bec très -court ; 
l'armée de pointes , appellée le Porc- 
Fpic de mer ; celle dont la couleur 
imite le Porphyre, 

La Pourpre nommée grande Bc- 
cajje épineufe, ou Bécafe Chaitffè-Trape, 
Se fix autres efpeces anffi fingulieres , 
font repréfentées à la Planche XVI, 
Edition 1757. de la Conchyliologie de 
M. D'A rgenville, Se méritent 
les attentions des Curieux. 

Cet Auteur dans la féconde Partie 
du même Ouvrage ,p. 48. Planche IV. 
a fait figurer Lctt. C. l'animal d'une ef- 
pece de Pourpre a queue , qui a le corps 
dîvifé en deux parties. La fupérieure , 
où eft la tête, eft d'une chair fort ten- 
dre de couleur rouge : elle eft petite 
cylindrique , terminée en arc , d'où 
fortent deux cornes renflées dans le 
milieu , où font placés extérieurement 
deux points noirs , qui font fes yeux. 
Sa bouche eft au milieu de fa tête f 
& forme un trou ovalé. Les parois 
de la coquille font tapiflees d'un man- 
telet qui , fans s'étendre en dehors , 
fe replie dans le haut comme un tuyau „. 
Se fe rejette d'ordinaire fur la bouche. 
Sa plaque , ou fon pied , eft garnie 
d'un opercule oblong qui ne ferme 
qu'une partie de la coquille. La queue 
de la Pourpre eft remplie en dedans 
de deux travers de doigts de la matière 



POU 

pîerreufé , qui forme la coquille , à la- 
quelle l'animal eft attaché , fans pé- 
nétrer julqu'à la pointe de la clavicule. 
La partie inférieure , compofée d'une 
fubfiance mollaue , eft enveloppée 
d'une peau fi mince , qu'elle fe dé- 
chire au moindre mouvement. Cet 
animal a dans fa partie fupérieure un 
fac qui lui fert d'eftomac , rempli d'une 
liqueur épaiife de couleur de pour- 
pre très-vif A côté de ce fac eft un 
long boyau, qui defcend jufqu'à l'ex- 
trémité de fa queue : il fe replie Se 
•vient aboutir à la jonction des deux 
parties , par où il rend les excrémens, 
qui ne font autre chofe qu'une hu- 
meur glaireufe d'un gris brun. La 
bouche de la coquille, ajoute l'Au- 
teur eitprefque ronde , Se garnie dans 
fes lèvres couleur de rofe de petites 
cannelures , qui fe terminent en dents. 
Son corps eft quelquefois armé de pi- 
quans , ainfi que fon fommet , Se fit* 
lonné de ftries , qui dénotent la naif- 
fance des piquans. La Bécaife épineufe 
& la iVlaffe d'Hercule font des exem- 
ples de Pourpres à piquans. La plu- 
part de ces piquans font vuides en de- 
dans ; les uns font pointus , les autres 
déchirés, comme font les feuilles de 
Chicorée , ou des pattes d'Ecreviifes 
dont elles ont pris le nom. Quand 
elles n'ontpointde piquans, elles ont 
fur leur corps de petits tubercules , 
qui en tiennent lieu. 

Le même Auteur a fait figurer à la 
même Flanche de la féconde Partie , 
lett. D. une petite Pourpre toute blanche 
qui n'a point de queue , mais feule- 
ment un bec recourbé. On ne voit au- 
cun piquant fur fa couverture : c'eft 
un alfemblaee de ftries aidez profondes , 
pofées irrégulièrement, dont quelques- 
unes faillent plus que les autres. La 
bouche de forme ronde eft garnie 
d'un bourrelet , qui s'élève confidé- 
rablement , Se dont toute la lurface 
çft couverte de ftries longitudinales-, 
qui le partagent : il parott donner 
aailTartce au col Si à deux cornes pla- 



POU 5S7 

tes , aiguës , 8c chargées de petits poils ' 
extrêmement fins. Le mouvement de 
ces cornes eft contre l'ordinaire horî- 
fontale. Il fort de leur milieu une trom- 
pe qui fert à pomper l'air 8c à rece- 
voir là nourriture. Son mantelet en 
forme de feuille recourbée , fort de 
l'extrémité de fon corps oppofée au 
fommet ; Se fa couche qui contient un 
opercule rond à l'une de fes extrémi- 
tés eft oblongue , Se piquetée de ta- 
ches jaunes Se brunes. 

Dans tous les genres de Limaçons 
que M. Adanson( Hifl. des Co- 
quillages du Sénégal, p. 99. )a obfer- 
vés au Sénégal , la Pourpre , dit-il , 
eft celui qui préfente le plus grand 
nombre d'efpeces. La forme de leurs 
coquilles eft aulfi extrêmement variée. 
On en voit de rondes , ou prefque 
rondes , d'ovales 8c de longues. Les 
premières ou les rondes ont rarement 
des pointes fur leur furface : on leur 
a donné le nom de Tonnes. Les fé- 
condes , ou les ovales , font , ou fans 
pointes , ou hériiTées de pointes. Dans 
le premier cas , on les appelle Buc- 
cins , Se Rochers ou Murex dans le fé- 
cond. Les troifiemes, ou les longues, 
font auffi garnies de pointes ou lans 
pointes : on les connaît fous le nom 
de Pourpres. Cette divifion qui eft celle 
qu'ont iuivi les Auteurs qui ont rap- 
proché avec plus de (accès lesefpeces 
nomhreufes de ce genre , eft encore 
fujette à des défauts eflentiels , parce- 
que n'ayant égard qu'à la forme de ces 
coquilles, du feul genre des Powpres , 
ils en ont fait quatre , auxquels ils ont 
rapporté beaucoup d'efpeces de Co- 
quillages fort différens , Se même plu- 
fieurs de ceux qui n'ont point d'oper- 
cule. 

Connoiftant , ajoute-t-il , les coquil- 
les de ce genre, par les animaux qui 
les habitent , il ne nous fera pas dî'fî- 
cile de les ranger ; Se pour en rendre 
les rapports plus faciles à finit* , je les 
diviferai en fept fections , tirées de la 
forme du canal fupérîeur de leur ou- 
E e e e ij 



588 POU 



POU 



verture. Ceft pareeque la feule par- 
tie de la coquille qui foit confiante , 
quoique fujette elle-même à quelques 
légères variétés dans fes différens âges. 
Ces ferions renferment: 

i°. Les Pourpres à canal court , 
' êchancré Se fimple. Tels font les gen- 
res dont il donne fix efpeces, & aux- 
quelles il a donné les noms de Sakem, 
de_ Labarin , de Pakfil , de Sadot , de 
lé fan & de Miniae. 
^ 2°. Les Pourpres à canal court , 
ëchancré , Se replié en dehors , com- 
me dans les autres efpeces , au nombre 
de cinq > font nommées Fafin , Saburon, 
Covet , Miga Se Totambo. 

3°.^ Les Pourpres à canal médiocre , 
non échancré. Telles font les efpeces 
qui* font appellées Vojet , Jabik , Sa- 
mier , Solat , Bivet,. Gitan Se Lipm. 

4°. Les Pourpres à canal très -long. 
Telles font les efpeces qu'on nomme 
Sitôt Se Bolin. 

5°. Les Pourpres à canal long Se fer- 
mé comme un tuyau. Telle eft i' efpece 
nommée Jatou. 

6°. Les Pourpres à canal médiocre , 
fort refTerré, & prefque fermé. Telles 
font les efpeces nommées Cofar , Lofet 
Se Suga. 

7°. Enfin les Pourpres à canal évafé. 
Telles font les efpeces nommées Ta- 
fon , Goufol , Bigni , Siger > Staron , 
Kalan , Nivar , B la tin ~, Silus , Pa- 
rois Se Genot. Voyea ces différentes 
efpeces de Pourpres , aux noms que 
l'Auteur leur a donnés. 

Ce Conchyliologue dit que cette 
divifion n'eft , pour ainfi dire,, qu'ac- 
ceffoire à celle qu'il a faite des efpeces 
de ce genre, confidérées Se rapprochées 
par la figure de leurs animaux , Se fi je 
lui ai donné la préférence , ajoute-t-il, 
c'en: parcequ'elle fera d'un ufage plus 
fréquent Se plus utile à ceux qui veulent 
connoître les coquilles dont ils n'ont 
pas encore vu les animaux. Elles font 
d'ailleurs toutes deux parfaitement 
femblables , en ce qu'elles réunifTent 
les mêmes efpeces ; l'une ftit voir 



d'abord les animaux , dont les y eus 
font placés au milieu de la longueur 
des cornes ; elle préfente enfuite ceux 
qui les ont placés au-d jfTous , Se ceux 
qui les portent au-defTus du milieu des 
mêmes cornes. L'autre divifion qui re- 
garde les coquilles , commence par 
celles dont l'ouverture eft ovale , ow 
demi-ronde ; les rondes viennent en- 
fuite & elle finit par celles qui font 
fort allongées, 

POURPRE DES ANCIENS : 
On trouve dans le Journal Étranger r 
Jum 1754. p. 24. & fuiv. la traduc- 
tion d'une Differtation fur la Pourpre 
des Anciens , tirée du Magafîn de Dé- 
cembre 1753. par M. Templemann.. 
Voici comme l'Obfervateur Anglois 
s'exprime , fuivant la traduction que 
nous en donne l'Auteur du Journal 
ci-defTus cité. 

P l 1 n e ( L. IX. c. 30".) range tous 
les poiffons à écailles , qui donnent la 
teinture du Pourpre , fous deux efpe- 
ces. La première comprend les petites 
efpeces de Buccbiitm , nom donné par 
lesAnciens à ces poiifons.dontla figure 
de l'écaillé reffembloît à un cor de 
chaffe. La féconde comprend les poif- 
fons à écailles , qui portent le nom 
de Pourpre , aufïï-bien que la teinture 
qu'ils fourniffent. 

C o l u M n a penfe , par des raifons 
afTez probables , qu'on donnait à cette 
même efpece de poifTons le nom de 
Murex", ces deux appellations lui étant 
également applicables pour diverfes 
raifons. Mais le nom de Murex don- 
ne l'idée des pointes canelées , ou 
échancrées, dont leurs écailles fonthé- 
rilfées , de même que le nom de Pour- 
pre donne celle de la couleur que l'on 
tire d'eux. 

Nos côtes fur l'Océan ne fournif- 
fent pas de cette dernière efpece de 
poiffons à écailles ; mais on y trouve 
très-fréquemment une petite efpece de 
Buccinurn ( voyez au mot BUCCIN), 
qui donne une teinture de Pourpre ; 
du moins on l'affure poûtivement , Si 



POU 

ïl en eft parlé dans les TranfaElions 
fhilojopbiques {V. II. p. 82?,), Pour 
moi je n'en aï pas vu, Se j'y ai même 
rarement trouvé l'efpece que C o- 
Idmna a fait graver dans fou Traité 
du Pourpre , comme le vrai Buccinum 
des Anciens. Peut-être que la différence 
des mers , ou des faifons dans lefquel- 
ks je fis mes Obfervations en eft la 
caufe. 

La plus grande des efpeces de Buc- 
cinum , que l'on trouve fur nos côtes 
eft de douze à treize lignes en lon- 
gueur , Se de fept à huit de diamètre 
à l'endroit le plus gros , ayant pref- 
que la figure de nos Limaçons de 
jardins. Cette grofTeur s'accorde par- 
faitement avec ce que Pline nous 
a dit du Buccinum , qu'il appelle le 
minor Concha. Il y en a de couleurs 
différentes : les uns font blancs , les 
autres font bruns , & d'autres qui ont 
des raies de couleur de fable le long 
des écailles , fur un fond brun & blanc, 
La furface de ces écailles eft ordinai- 
rement inégale, 8c ces inégalités s'é- 
tendentquelquefois en longueur , quel- 
quefois entravers en croifant les lignes 
spirales de l'écaillé. 

Leur mouvement progreflîf s'exé- 
cute de la même manière que celui des 
Limaçons , par le moyen d'une partie 
mufculeufe , à laquelle nous pouvons 
donner le nom de pied. Toutes les au- 
tres efpece3 de poillons à écailles ref- 
femblent beaucoup à celui-ci , & ont 
le même mouvement. Cette partie 
mufculeufe ne fe voit jamais , quand 
ils veulent fe mouvoir. En d'autres 
temps elle eft retirée dans l'écaillé ; 
elle ferr même à les y renfermer par 
le moyen d'un petit couvercle , qui 
eft attaché au bout. Le petit couver- 
cle eft d'une fubftance un peu moins 
dure que l'écaillé , Se les renferme de 
tous côtés , de même que le poiffon à 
écailles nommé le Bivalvittar. On peut 
aifément s'imaginer comment ces ani- 
maux bouchent l'ouverture de leurs 
écailles avec ce couvercle , comme 



POU 589 

avec une efpece de porte. Il faut ob- 
ferver que ce couvercle eft attaché à 
la furface fupérieure du bout de leur 
pied. Or quand ces poiflbns ont re- 
tiré leur pied dedans l'écaillé , en le 
pliant de manière que la partie infé- 
rieure, ou celle qui étoit la plus près 
de la tête , foit retirée vers la tête , il 
eft aifé de concevoir que ce couver- 
cle bouche l'ouverture de l'écaillé , 
puifque le bout du pied , auquel il eft 
attaché , fe trouve d'ireétement à l'ou- 
verture , Se la figure du couvercle eft 
la même que celle de l'ouverture de 
l'écaillé. 

En rompant l'écaillé à quelque dif- 
tance de fon ouverture , ou de la tête 
du Buccinum , Se en tirant dehors les 
morceaux rompus , on découvre une 
petite veine , pour me fervir de l'ex- 
preffion des Anciens , ou, pour mieux 
dire , un petit réfervoir rempli d'une 
liqueur propre à donner la teinture 
de pourpre. La couleur de la liqueur 
contenue dans ce petit réfervoir, diffère 
de celle de la chair de l'animal. Aris- 
tote Se Pli>îe difent qu'elle eft blan- 
che ; & ils ont certainement raifon * 
car elle eft d'une blancheur jaunâtre. 
On ne peut la mieux comparer qu'au 
pus qui fort des ulcères. Le petit ré- 
fervoir où elle eft contenue , n'eft pas' 
toujours de la même capacité ; il eft 
ordinairement d'une ligne de largeuc 
& de deux ou de trois de longueur. 
On peut aifément confidérer fa pofi- 
tion. Si l'on confidere le Buccinum 
comme un Limaçon de jardin , il eft 
effectivement de la elaffe des Lima- 
çons de mer, Ainfi que l'on fuppofe 
le Limaçon de jardin dépouillé d'une 
partie de fon écaille , Se laiffant à dé- 
couvert fon collier ou cette maile de 
chair qui environne fon col , c'efl: fur 
ce collier que le petit réfervoir eft 
placé. Son origine eft à ladiftancede 
quelques lignes du bord de ce col- 
lier , 8c fur la partie la plus élevée » 
c'eft-à-dire , fur cette partie qui eft' 
fapérieure ». lorftrue l'ouverture de 



59 o POU 

l'écaillé efl: près de terre. Le ré- 
servoir s'étend en une direction con- 
forme au corps de l'animal , c'eft-à- 
dire depuis la tête jufqu'à la queue , 
non pas en ligne droite , mais en fer- 
p entant. 

Les Anciens ôtoîent ce réfervoir du 
Bnccinum , pour avoir la liqueur qu'il 
contenoit , 5c ils répétoient féparément 
fur chaque poilfon la même opération; 
ce qui étoit un travail bien ennuyeux , 
fi l'on confidere le peu qu'on en tire , 
car on ne trouve pas une ample goutte 
dans chaque réfervoir. 11 n'eft donc 
pas étonnant que le Foitrpre fût fi cher , 
fi rare , Se fi précieux chez eux. A R i s- 
to te & Pline difent que les Ar- 
tîftes s'exemptoient d'ôter ces réier- 
voirs aux ponfons de cette eipece qui 
étoient trop petits. On les écraibit 
dans des mortiers , Se on faifoit ainfi 
beaucoup d'ouvrage en peu de temps. 
Vitruve (Archïtecl.Lib.VIL c. 13.) 
fcmble infmuer que c'étoit la pratique 
ordinaire. On ne conçoit pourtant pas 
aifément comment on pouvoit avoir 
une belle couleur de pourpre par ce 
moyen. Les excrémens de ranimai dé- 
voient changer beaucoup la couleur, 
par la chaleur du broyement , après 
qu'elle étoit mêlée avec de l'eau ; car 
la matière excrémentale eft d'un verd 
brunâtre, couleur qui devoit beaucoup 
altérer celle du pourpre , puifque la 
quantité de cette matière étoit fupé- 
rieure à celle d* la liqueur. 

Ce qui me perfuade encore plus 
de cette altération de couleur, c'eft 
que j'ai obfervé que plus on méloit 
de la chair de l'animal avec la liqueur, 
moins la couleur étoit belle. 

La peine de tirer le petit réfervoir 
de chaque Bh< vïnum étoit fuïvie d'une 
autre : ils jettoient tous ces petits ri~ 
fervoirs en une grande quantité d'eau 
qu'ils tenoient pendant dix jours fur 
un feu modéré. Il n'étoit pas nécelTaire 
de tenir l'eau fi long-temps furie feu, 
pour lui donner la couleur de pourpre. 
Je fuis convaincu par un grand nom- 



P o u 

bre d'expériences que l'eau s'en char-» 
geoit beaucoup plutôt ; mais ils obfer- 
voient cette manœuvre , afin de la 
dépouiller de la chair Se de la peau 
qui contenoit la liqueur , qui , étant 
dilToute dans de l'eau chaude , s'éle- 
voit en écume à la furface , d'où l'on 
avoit foin de l'enlever. 

Le chaudron dont on fe fervoit étoit 
d'étain ; nous les prenons auffi de ce 
métal pour teindre l'écarlate ; ceux de 
cuivre altèrent trop la couleur. 

Les Anciens difïblvoient beaucoup 
de fel marin dans l'eau mélangée avec 

o 

la liqueur du Bnccinum , ou des Pour- 
pres. Je ne crois pas qu'ils fuppofaf- 
ient que ce fel pût rendre la couleur 
plus belle ; mais peut-être qu'ils l'em- 
ployoient feulement pour préferver la 
chair de la corruption , tant qu'elle 
feroit dans le chaudron ; car en fe 
pourriuant elle auroit gâté la couleur, 
comme je l'ai éprouvé. Plufieurs expé- 
riences m'ont aufli convaincu que le 
fel ne rend point cette couleur plus 
belle. 

On a décrit dans le Journal des Sa- 
vans, dès l'an 1 6^6. les différons chan- 
gemens de couleur, qui arrivent à la 
liqueur du Bnccinum. Si au lieu d'ôter 
le réfervoir , qui contient la liqueur , 
comme faifoient les Anciens , on l'ou- 
vre feulement pour avoir la liqueur en 
le. grattant , le linge , ou autre étoffe , 
foit de foie ou de laine, qui aura été 
imbibé de la liqueur , fera teint d'une 
couleur jaunâtre , femblable à celle du 
pus qui fort des ulcères ; maïs le mê- 
me linge , expofé à la chaleur modé- 
rée du foleil du matin , prend des cou- 
leurs bien différentes : le jaune com- 
mence à paraître un peu plus verdà- 
tre , Se prend la couleur de citron ; à 
cette couleur de citron fuccede une 
couleur verte plus vive ; ce verd de- 
vient enfuite très-foncé , puis fe chan- 
ge en violet , après quoi vient la belle 
couleur de pourpre. 

Ces changemens fe font plus ou 
moins vite, félon les degrés de la cha- 



POU 

leur du foleil. A peine a-t-on le temps 
de les diftinguer clairement , lorfque 
le linge eft expofé aux rayons du io- 
leil du midi en été. 

La chaleur du feu produit les mêmes 
effets : il eft cependant à remarquer 
que les mêmes degrés de chaleur du 
feu Se du foleil ne produifent pas les 
mêmes couleurs ; il faut que la cha- 
leur du feu foit plus grande que celle 
du foleil pour produire le même chan- 
gement de couleur dans la liqueur , 
félon que je l'ai éprouvé par l'expé- 
rience. 

L'air , fans les rayons du foleil , ou 
la chaleur du feu, produira les cou- 
leurs , mais plus lentement. Si la li- 
queur eft épailfe, comme die l'eft fou- 
vent , lorfqu'on la tire de Ion réfer- 
voir , il faut l'expofer au grand vent; 
& alors elle prend auiïi promptement 
les mêmes couleurs , que fi elle étoit 
expofée aux rayons modérés du fo- 
leil. 

On peut être furpris de ce qu'Atus- 
tote & Pline n'ont pas fait men- 
tion de ces changemens de couleurs, 
fi dignes de remarque t ayant beau- 
coup parlé de la teinture de pourpre , 
& du poiffon à écailles qui la fournit. 
Mais pourquoi ne l'ont-ils pas fait ? 
Seroit-ce que de leur temps cette par- 
ticularité étoit affez connue l Je crois 
tout fimplernent que c'eft qu'ils ne 
connoiffoient pas ces changemens , par- 
cequ'ils n'avoient gueres examiné ces 
poiiibns eux-mêmes , & qu'ils ne nous 
ont donné à ce fujet , comme fur bien 
d'autres , que les relations qui leur 
avoient été communiquées par les Ou- 
vriers employés à cette manufacture , 
ou par des perfonnes qui les avoient 
vu travailler , & qui ne pouvaient rien 
dire fur un changement qui n'arrivoit 
pas dans la préparation ordinaire de 
la couleur de pourpre ; car il faut ob- 
ferver que la liqueur paffe tout d'un 
coup à la couleur rouge , lorfqu'elle 
eft délayée dans une grande quantité 
d'eau ; Se comme nous l'avons déjà 



POU S9t 

dît , leur méthode étoit de la mêler 
ainfi, 

Le refte de la DtfTertation de M 
Tempeemann eft une longue tïrada 
d'un Mémoire de M. de Réaumur 
Voyez COCHENILLE. 

POURS1LLE, nom qu'on don- 
ne en Amérique à la féconde efpece 

SO^lYn'* ^° yeZ au mot M AR- 
POUSSEPIEDS, Coquil- 
lages, nommés en Latin Pollkipsdes , 
que M, D'A rgenville met dans 
la clafle des Multivalves , Se que Ron- 
delet confond avec les Glands de mer. 
Ils en différent par leur figure Se 
par leurs pédicules : ils font compofés 
d'un grand nombre de battans , & de 
pièces pointues. La racine des plus 
grands eft contournée , & attachée au 
pédicule. On remarque que la furface 
extérieure , & peu longue de ce pédi- 
cule , eft d'une couleur de gris de fou- 
ris , & reffemble à la peau de cha- 
grin ; une chair blanche en remplit 
l'intérieur , laquelle , étant cuite , de- 
vient rouge, très-bonne à manger, 
plus délicate , & du même goût que la 
chair des Écreviffes. 

Les Poujjepieds différent auffi des 
Conques Anatiferes > qui ne font com- 
posées que de cinq pièces , & dont le 
pédicule plus long & moins épais fe 
réunit rarement à quelqu'autre, Il n'eft 
rempli que d'une eau glaireufe 8c d'une 
houpe chevelue. Le Pèkjfipied , au con- 
traire , n'eft jamais feul ; il eft accom- 
pagné de plufieurs autres, qui forment 
des groupes en maffe , & ne s'attachent 
par paquets qu'aux feuls rochers fous 
l'eau : ils ne fe découvrent qu'en baffe 
marée. Cette réunion de Poujjepieds 
forme un arbre dont les différens pédi- 
cules font les branches. Le fommet eft 
chargé d'une multitude de petits bat- 
tans triangulaires , qui ont chacun leur 
houpe. Ce pédicule eft plus court, 
plus épais , d'une forme & d'une cou- 
leur différentes de celui des Conques 
Anatiferes. On ne mange ordinairement 



$ 9 z POU 

que la chair du pédicule des Pouffe- 
pieds. 

Le poilTon , qui eft contenu dans fa 
coquille , eft prefque le même que ce- 
lui des vraies Conques Anatif ères , ex- 
cepté la longueur, Se la grandeur de 
fes bras ou panaches. Ce panache eft 
femblable à celui de la Conque Axati- 
fére. La variété de la figure du Potijfe- 
pied , Se du fommet de fon pédicule , 
eftfuffifante, dit M. d'Argenville, 
pour ne pas confondre ces deux famil- 
les enfemble. Cet Auteur, qui définit 
le Potijfepied , poilïbn dont les coquil- 
les font Multivalves , plates , trian- 
gulaires, ayant plufieurs pièces termi- 
nées en pointes , attachées à un pédi- 
cule , Se remarquables par plufieurs 
filamens; cet Auteur, dis-je , necom- 
pofe cette famille de Multivalves que 
d'une efpece de Pouffepuds , qu'il ap- 
pelle Groupe de Poujjepieds > en Latin 
Pollicipedum concertes. On voit à la 
lettre D. de la Planche XXVI. Edition 
17 57. de fa Conchyliologie , un Groupe 
de Poitjfcpieds attachés les uns aux au- 
tres par leurs pédicules : c'eft un des 
plus finguiiers Coquillages , que nous 
poffédions , dit l'Auteur. Tous les poif- 
Jbrts font dans leurs coquilles , dont il 
fort quelques filamens en forme de 
barbes. 

La Planche VII. Lettre G. de la fé- 
conde Partie du même Ouvrage , offre 
auffi la figure d'un Fouffepizd , qui 
eft peut-être le Coquillage le plus 
extraordinaire que l'on puiffe voir. Le 
nombre de battans Se de pièces ponw 
tues , dont il eft compofé , en forme 
.un vrai bouquet. Il eft attaché à un 
pédicule qui eft fort long pendant la 
vie de l'animal ■ mais ce même pédi- 
cule raccourcit de plus de moitié après 
fa mort. Sa couleur eft d'un gris de 
fouris , Se reffemble par fes rides à une 
peau de chagrin. Lorfque la chair qui 
remplit fon intérieur eft cuite , elle 
devient rouge , comme celle du Pouffe- 
pied précédent , très-bonne à manger, 
plus délicate , £< du même goût que la 



POX PO Y PRE 

chair des Écreviffes. Ses bras Se ies 
panaches font plus courts que ceux 
de la Conque Anatij 'ère. Ils font fi fem- 
blables , qu'ils s'y peuvent très-bien 
rapporter , ainfi que l'animal qui lui eft 
parfaitement femblable. On en voit for- 
tir quelques filamens qui font auffi faits 
en forme de barbes , comme ceux- de 
l'autre efpece de Poujjepieds. 

P O U T A O L , nom qu'on donne 
à Surinam auCarapo duBréfil, qui eft 
une efpece de poifïbn nommé Gymtio- 
tus par Arteui Se par M. Linnjeus. 
Voyez aux mots CARAPO Se GYM- 
NOTUS. 

POUTING , ou POUT Se 
WHITING-POUT , nom que 
les Anglois donnent à la douzième 
efpece de Morue dont parle Artedi. 
C'eft la neuvième efpece de Morue 
de Ray. Voyez MORUE. 

POX 

POXAQUA, nom qu'on don- 
ne au Mexique , dit Ray ( Synop. 
Av. p. 160. ) , d'après Hernandez , 
à un oifeau nocturne , qui n'eft pas 
différent de notre moyen Duc. 

P O Y 

P O Y , ou P W E Y , animal de 
la Chine, qui a les jambes de derrière 
fort longues, Se celles de devant fort 
courtes. C'eft le contraire du Lang, 
Navarett e rapporte que com- 
me ces deux animaux ne peuvent mar- 
cher feuls , ils fe joignent enfemble Se 
ne compofent en quelque façon qu'une 
feule bête , qui fe remue par le moyen 
de quatre longues jambes. 

POY: C'eftauffi,felonDAPPER 
{Dejcript. du Pays des Nègres , p. 258.), 
un oifeau de proie du pays des N egres. 
ïl a les griffes crochues 5c fe tient fur 
le bord de la mer pour prendre des 
Ecreviffes. 

PRE 

PRENEUR DE MOUCHES : 
C a t e s » y donne ce nom à diverïes 

petites 



PRE 

petites efpeces d'oifeaux de la Caro- 
line. 

La première efpece eft un Preneur 
Je Mouches hupé , en Latin Mufcicapa 
£ xiflata. Il a le bec noir & large , la 
tête hupée , le dos d'un verd foncé , 
le col & la poitrine plombés , l'iris 
rouge, le ventre jaune , les ailes bru- 
nes; la plupart des grandes plumes de 
l'aïle bordées de rouge , ainfi que les 
plumes de la queue , dont les deux du 
milieu font brunes , les autres vertes. 
Les cuifles font jaunes Se les jueds noirs, 

La féconde eft un Preneur de Mou- 
cher noirâtre t enLatin Mufcicapa nigro- 
fufea. Cet oifeau a la tête d'un noïr 
foncé , la queue , les ailes Se le dos 
brun , la poitrine Se le ventre bleus. 

La troifieme eft un Preneur de Mou- 
ches aux yeux rouges , en Latin Mufci- 
capa oculis rubris. Cet oifeau a le bec 
plombé, l'iris rouge , une ligne blan- 
che , furmontée d'une noire , qui va 
de la narine fur l'œil Se au-delà. Il a 
le baut de la tête gris , tout le refte du 
dos , les ailes & la queue verds ; la 
gorge , la poitrine Se le ventre blancs , 
Se les pieds rouges. 

La quatrième efpece , nommée Muf- 
cicapa coronâ rubra , ou Tyrannies , a 
le bec large & plat , qui va en dimi- 
nuant. Cet oifeau a fur la tête une ta- 
che d'un rouge vif, entouré de plu- 
mes noires Se violettes ; ces dernières 
forment une hupe. Il a le dos , les ailes 
8c la queue bruns ; le col, la poitrine, le 
ventre & les cuiffes blancs , Si les pieds 
noirs. 11 eft de la grofTeur du Verdier. 

La cinquième efpece eft un Preneur 
de Mouchesrouge , en Latin Mufcicapa 
rubra. Cet oifeau eft de la grolleur du 
Moineau. 11 a les yeux grands & noirs , 
le bec épais, le gofier jaunâtre. 11 eft 
entièrement d'un rouge vif , Se fes pieds 
font d'un rouge pâle. 

PRÊTEUR NOCTURNE, 
en Hollandois Defrhout Bynacht , poif- 
fon des Indes Orientales , qu'on a 
coutume de prendre la nuit aux lan- 
ternes, au-devant defquelles il vient 
Tome 111. 



PRI 5PÎ 

fe préfenter , quand même îl ne les 
verroit que de loin. Ce poiflon n'eft 
pas plus grand qu'une médiocre Per- 
che. Sa couleur eft grife. Il eft marqué 
çà Se là de taches rouges Se bleues. Il 
a les yeux verds , Se au milieu une 
prunelle très - blanche, RuïSch, 
ColLetl, Pifc. Amb. Tab. ij. ». 1 1. 

P R I 

PRI APES DE MER, en Latïn 

Pinci. Ce font , dit Redi, des infectes 
qui errent au fond de la mer , Se qui 
n'ont fouvent dans leurs longs boyaux 
qu'un fable très-fin , dont ils fe nour- 
rirent. Cet Auteur leur donne un cœur 
Se ajoute qu'ils font toujours attachés 
aux rochers, 

PRIGUIZA, nom que les Por- 
tugais donnent , dit R u Y s c h ( de 
Qiiad. p. loi. ) , au Parejfeux , nom- 
mé autrement Ai. Voyez ce mot. 

PRINCE, nom que les Natura- 
liftes donnent à un Papillon que M. 
L i n n JE u s ( Fauna Suec. p. 237. 
n. 782.) nomme, Papilio tetrapus, alis 
rotundatis ■ dentatis , fidvis , nigro 
maculatis , fubtiis maculis novem ar- 
gent à s. Ce Naturalifte marque que 
c'eft le plus petit des Papillons qui 
portent des points d'argent fur les ailes. 
P et 1 vert ( Muf. p. 35. n. 322.) 
Se R A y ( Infett, 120. n. 7. } parlent 
de ce Papillon. Le premier l'appelle, 
P apilïo fritill arius , maculalus , pr&cox , 
& le fécond , P apiliofritillarius major , 
(M. Linnjeus dit qu'il vaudroit 
mieux dire minor) , alisfulvis , fupernè 
maculis nigris tejjellatis. 

PRINCESSE, en Latin Princi- 
pijfa. C'eft un autre Papillon , connu 

d'H OFFNAGEL (î. 12./. II.), de 

M e M E R 1 a N ( hf de l'Eur.) , de 
P e t 1 V e r T ( Muf. p. ; 1 . n. 520.) Se 
deR A y ( infett. p. 1 20. ». 6. ) , nommé 
parM.LiNNJEUS, Papilio tt trapus , 
alis rotundatis , dentatis , fulvis, nigro 
maculatis , fubtùs maculis triginta. 
fiptem argenteis. 
PRINCESSE, ouPOISSON 
Ffff 



594 P R I PR O 

PRINCESSE; Il y a plufieurs 
poiffons des Indes Orientales , à qui 
les Hollandois ont donné ce nom. Le 
premier, dont parle Ruysch (Colletl. 
File Amb. p. 8. lab. 4- «■ *4)> & 
qu'il met dans la clafle des poiflbns 
faxatiies, a la tête longue , le corps 
cancié. Une ligne s'étend tout le long 
de ion corps , depuis la tête jufqu'à la 
queue. Trois autres traverfent Se font 
autant de lignes qui environnent ce 
petit poilfon. Il eil armé fur le dos de 
quelques aiguillons , depuis les na- 
geoires jufqu'à la queue. 

11 dit du fécond ( p. 2.3. lab. 14. 
». 16. ) qu'il a la tête grande & rubi- 
conde , Se qu'il a autour des yeux des 
lignes de différentes couleurs , qui 
dans cette efpece de poilfon ne font 
pas toujours les mêmes , ni en nombre 
ni en couleur. La couleur du ventre 
eft la même que celle de la tête , mais 
le ventre eft quelquefois tacheté. Le 
refte du corps eft bleu , armé des deux 
côtés d'aiguillons Se de nageoires , dont 
il Ce fert pour nager. On le prend pro- 
che d'Hilas , ville peu diftante d'Am- 
boine. 

Le troifieme dont il parle au même 
endroit , ». 17. ne diffère pas beau- 
coup du précédent. Il a la tête petite 
8c le bec d'un oifeau , c'eft-à-dire fort 
aigu. Le corps eft de couleur violette , 
mais tirant un peu fur le bleu. Il a des 
lignes de la même couleur Se un peu 
plus claires. Sur la queue eft une tache 
jaune , qui eft la couleur de fon ven- 
tre. Sa téteefteomme partagée en deux 
par une bande large Se de différentes 
couleurs. Ces deux poiffons , comme 
le premier , font du genre des fàxa- 
tiles, 

P R O 

PROCESSIONNAIRES, 

nom que M. de Réaumur donne à des 
Chenilles , qui paffant d'un lieu dans 
un autre ont un chef à leur tête. Voyez 
au mot CHENILLE. 
FROS CARAIiÉES , infeftes 



P R O 

coléoptères, dont un nommé Méloê 
par M. Linnius ( Vanna. Suec. 
p. 190, n. 596".), en François Scara- 
bée des Maréchaux , félon M. Ber- 
nard de Jussieu. Cet animal 
eft mol & noir. Ses pieds Se fes anten- 
nes, atnft que l'abdomen , tirent un peu 
fur le violet. Il habite les champs , 
Se au mois de Mai les collines expofées 
au fclcil. Pour peu qu'en le touche il 
fort de fes pieds une efpece d'huile très- 
claire. Lister , p. 292. fur Goedard 
le nomme ,• Scarabxus mollir , nigro- 
violaceus ; ScMouffet , p. 1 6 2. 
Jonston (Infect, p. 74.) , Charleton 
( Exercit. p. 40'. ), Hoffnagel 
C hijetl. 2. ) , D a l e ( Pbarm. p. 3 9 1 . ) 
&r les autres , le nomment ProJ'cara- 
bxus. Le Ver de Mai eft auffi un Pro~ 
fearabée. Il y en a quelques-uns qui 
ont des cornes ou antennes comme les 
Capricornes volans , Se d'autres les 
ont noueules. 

PROYER, PRUYER, ou 
PRIER, oifeau que M. Linn-ïus 
(p. 78. n. iq6. ) met dans le rang des 
Aves Pajferes , Se qu'il nomme , Friri- 
gillagrifea , nigro maculata. Le Proyer 
deBELoN, comme le dit R a y (Syrwp. 
Av. p. 93. ». t. ) , eft le même que 
YËmbjirisui alba de Gesner (de Av. ) > 
de Wi L l u g h b y ( Ornith 195.) Se 
des autres. Les Grecs , comme A r i s- 
t o t e ( Hifi. Anim. L. VI II. c. 13.) 
ont nommé cet oifeau Kt) xpxfjtùCj & les 
Latins Miliaris , dit BeioNj de la 
Nat. des Gif. L.V. c. 20. p. 266. Voici 
comme ce Naturalifte en parle. Le 
Proyer a le plumage de l'Alouette , ou 
de la Linote , ce qui fait peut-être 
qu'A ldrovande( Ornith. ) le 
nomme , Alaud& congtmr. Belon 
le met dans le rang des oifeaux de paf- 
fage. Il eft plus grand que le Cochevis. 
11 a le bec court Se gros, élevé par 
deffus: la partie inférieure eft échan- 
crée de chaque côté. Il n'y a aucun 
oifeau qui ait le bec fendu comme le 
Proyer. Cet oifeau eft paie dciTous le 
ventre , quelque peu moucheté de- 



PRO 

brun. Ses jambes Se fes pieds , coirmî 
ceux de l'Alouette , tirent entre le 
rouge Se le tanné. L'ergot eft long , 
ce qui fait voir que c'eft un oifeau ter- 
reftre. Il ne fe perche gueres fur les 
branches. Quelques - uns ont le plu- 
mage approchant de celui de la Linote, 
Cet oifeau n'en diffère que pour la 
grandeur. Il vit dans Ils prés , d'où lui 
eft venu le nom François de Proyer ou 
Preyer > dit Belon. Il cherche les 
eaux comme la Bécafle , cependant ce 
n'eft pas un oifeau aquatique. 11 aime 
l'Orge Se le Millet. On le trouve quel- 
quefois perehé fur les haies ; mais le 
plus fouvent il fe tient contre terre. 
11 fait fon nid dans les champs femés 
d'Avoine , d'Orge 8c de Miilet , Se 
quelquefois dans les prés. Ses petits 
font au nombre de cinq ou fix. ' 

Le même Naturalise dit qu'en quel- 
ques lieux l'on lui donne le nom de 
Teriz.; car le jour il fe met fur le haut 
d'un Palis Se chante tirtertirteriiz. , ce 
qu'il répète fouvent. Quand il vole il 
ne retire pas fes jambes à lui , comme 
les autres oifeaux , 8c il remue fré - 
quemment les ailes , Se le mouvement 
en eft irrégulier. Aristote( Hifl. 
Anim. L. VIII. c. 22. ) en parlant du 
Cenchramus , dit : Cvtarmces ducibus 
Oto & Lingidata & Ortygomctrà pro- 
ficifctintitr t aiqut etiam Ccnchramo , à 
quo ttiara revocatur notlu , cnjus voeem 
cura j'enjerint Aucunes , intelligunt para- 
ri dijitjfum. Belon traduitle K«] ^p" b>-^ 
d'A il i s t o t e par Miliaris , Se dit que 
c'eft le même oifeau do'nt parle V a r- 
r o N. On l'engraitïoit à Rome avec 
les Cailles. Leur nourriture étoit du 
Millet. On le fervoit dans les feftins 
comme un mets délicieux , ce qui prou- 
ve que c'étoit un oifeau plus gros que 
la Linote , que quelques-uns ont cru 
fauffement être le Miliaris ; mais ce 
nom Latin convient au Proyer ou Teriz. , 
oifeau fort connu des payfans , qui en 
prennent beaucoup au printemps , dans 
les plaines voifines des montagnes Se 
des forêts. Les Anglois ont donné le 



F R Y PSI P S L 

nom de Bufing au Proyer , Se les Sué- 
dois celui de Komlaorc^a. 

P R Y 

PRYGANION , ou PHRYGA- 
NION , félon quelques-uns , en Latin 
Pryganius , infecte de mer & de ri- 
vière, Ver aquatique , que nous nom- 
mons Charrée , pareequ'il a la couleur 
de la cendre qui afervi à la leffive. Les 
Pêcheurs fe fervent de ce Ver pour 
amorce , dit Gesner, de Jquat. 
P- 545- VoyezCHARRÉE. 

PRYK, ouBRIK, nom que les 
Hollandois donnent à une efpece de 
Lamproie , commune en Allemagne, 
qui ell V Emieophtalmur majorée Kent- 
mann. J o n s t o k la nomme Pryck , 
ou Prycka. Voyez LAMPROIE. 

P S I 

PSI, nom que M. Linkjeus 
(Fauna Suer. p. 272. ». 879. ) donne 
à un Phalène ou Papillon nocturne , 
qu'il nomme, PhaUna feticornis , jpi- 
tiltngùij , alis deflexis canif , maculis 
^■formibusnigris. Ce Phalène provient 
d'une Chenille que Goedard nomme 
admirable , ainiï que Lister. Le 
mâle eft diflingué de la femelle, en ce 
qu'il a fur les ailes fupérieures qui font 
blanches la lettre des Grecs fort 
bien marquée. La femelle au lieu du 
a la lettre O marquée fur les mêmes 
ailes. On trouve ce Phalène Se la Che- 
nille de laquelle il fort fur l'Abricot, 
le Pommier Se le Chêne. 

P S L 

PSLOCKF1SCH, efpece de 
Baleine , que fur les côtes de la Nou- 
velle Angleterre on nomme tht Bunch , 
ou Hurnp-Back-Whale. M. Andersgn 
( Hifl. Nat. de Grocrd. p. 1 o 1 . ) dit 
qu'on peut appeiler ce Cétacée , Baig- 
na major edentula , pro pinnâ paxillum 
in dorjb gerens. Il porte à la place de la 
nageoire du dos une boffe en forme 
d'un pal, qui penche en arrière Se qui 
a un pied de haut & l'épaiffeur de la 
Ffffij 



5 o<? P T E PUA PUC 

tête d'un homme. Les nageoires des 
côtés ont dix-huit pieds de long : elles 
font fort blanches Se tiennent prefque 
au milieu du corps. La graille de ce 
poillbn reflemble beaucoup à celle du 
Finffch , & fes barbes ne font pas bien 
cftimées, quoique meilleures que cel- 
les du Poijfon- Jupiter. Il eft parlé de 
cette Baleine dans les Tranfacïions 
Fhihfopbiques, «.387. art.z. p. 258. 
Voyez BALEINE. 

P T E 

PTERO PHÉNICIEN DES 
INDES , en Latin Pterophœnicus 
Indiarum, oifeau que Nie&emberg 
( Hifl. Exot. L. X. ç. 59. ) nomme 
Acolchi Se Acolchïchi. Voyez au mot 
ACOLCHICHL 

PUA 

PUANT,, nom que les François 
de la Guyane donnent à la première 
efpece de Philandre , qui eft. le Cari- 
gmya du Bréfil ; VOpaJfum ou Opo/Jlim 
de Laet Se de Catesby ,. Se le Carigoy 
ou Sarigoy de L E R 1 u s. 11 y a plufieurs 
efpeces de Philandre, Voyez, au mot 
D1DELPHE. 

P U G 

PUCE, infecte mis par M. L 1 n- 
H£us ( Fauna Suce, n . 1 1 7 1 . & Syfl. 
Nat. Edit. 6. p. 200. J dans l'ordre des 
Aptera. Le caractère de ce genre d'in- 
fecte eft d'avoir deux yexix , fix pieds 
qui lui fervent à fauter , la bouche re- 
courbée Se l'abdomen ferré Se rond : 
Oculiduo, pedes jex faltatvrii, os in- 
flexion , abdomen comprejfum, fubro- 
tandum. Il y a la-Pucevulgaire , la Puce 
des fleurs de Scabieufe, la Puce.de neige t 
la Puce aquatique arborefeente 8c la Pues 
marine de M o u F F e t. 

PUCE VULGAIRE*: C'eft 
un petit animal de couleur brune , qui 
a la tête prefque ronde , fix pieds , la 

* Cet infefie tfi nommé en Hébreu Taihcs ; 
en Chalcloen & en Syriaque, Parrhana; en 
£Lnbe Borgiuhjl ï en Italien-, Taliçe ,v en 



PUC 

bouche pomtué , la poitrine coiiverte 
d'un bouclier Se un gros ventre. Sa têta- 
eft en quelque manière femblable à 
celle de la Sauterelle commune. L'oc- 
ciput eft rond. Elle a des deux côtéï 
de la tête des yeux très-noirs , ronds 
Se brîllans comme du Jayet. Elle a fur 
le front deux petites cornes , qui ont 
fix nœuds velus , fous lefquelles on 
voit fortir' de la bouche «ta aiguillon 
long Se rond , canelé & couvert de 
poils , dont la pointe eft très-fine Si 
très-propre à piquer. A côté de la 
bouche Se de l'aiguillon fortent les 
pieds de devant , qui fe replient fur 
trois articulations. Ils font hérifies d'é- 
pines Se armés de deux crochets , qui 
leur fervent de mains. De la poitrine 
naiifent d'autres pieds , hérilïés d'é- 
pines longues Se courtes , Se enfin les 
pied3 de derrière qui font très-longs , 
avec lefquels la Puce faute , Se qui pou? 
cela font fort mufculeux. Ils font ta- 
chetés à la partie fupérieure. Les cro- 
chets des pieds font tous élevés erj 
haut. Il y a fur le dos fix fourreaux > 
qui le rendent écailleux. Il y a aulfi des 
épines ou des poils. Le ventre eft fil- 
Loîraé ou un peu velu. En le perçant on 
voit fortir le ventricule avec les intef- 
tins. Les œufs de la Puce font blancs,. 
Le cœur eft fous la tête daiio la poi- 
trine. 

La- Puce comme le Pou , dît S A m- 
merdam, vient d'une lende, dans 
laquelle ellefubittousfes changemens, 
tant pour la forme que pour la couleur , 
comme on le peut voir aîfément à l'ai- 
de du microfeope. Il marque cepen- 
dant qu'on lui a afluré que L É E W E N~ 
hoeck avoit obfervé aDelft que la 
Puce fortoit de fon œuf fur la fin da 
l'été à la manière des Vers , Se qu'elle 
fe renfermoit dans une coque , où elle 
reftoit cachée jufqu'au mois de Mari 
fuivant. Swammerdam n'a pu décides 
ce qui. en eft , ni fi la Puce prend dans- 

Efpsgnol, Tulga ; en Latin, Vukx ; en Aile» 
inand , Flock ; en Anglois 5 Flea en Suédois 
Lcp£a- 



PUC 

cette coque la forme de Chryfalîde ou 
de Nymphe. 

Cet infecte s'attache aux hommes , 
Se fur-tout aux femmes. Les Chiens 
Se les Chats domeftiques en font fort 
tourmentés. L'été Se l'automne pro- 
duifent beaucoup de Puces. On en trou- 
ve en quantité dans les nids d'Hiron- 
delles de rivage. La Puce mord les 
perfonnes Se rend rouge l'endroit de 
la chair qu'elle a mordu. Mais elle ne 
s'attache jamais aux perfonnes mortes, 
non plus qu'à celles qui tombent du 
haut mal , non pas même aux mori- 
bonds , parce.queleur fang elt corrom- 
pu, Quand une Puce veut fauter, elle 
étend fes fis jambes en. même temps , 
Se fes diiférens articles venant à fe dé- 
bander enfemble , font comme autant 
de reflbrts > qui par leur vertu diadi- 
que lui font faire un faut fi prompt , 
qu'on la perd de vue, M. Linna-us 
dit n'avoir jamais vu de Puces en La- 
ponie , pareeque c'eft au fort de l'été 
qu'elles naiifent* & il n'y a prefque 
point d'été en ce pays- là. On voit la 
figure d'un? Puce dans la Micrographie 
de M. Hook. On y découvre un petit 
reflbrt très-délié Se Ci merveilleux , 
qu'il lui fait fauter deux cents fois la 
hauteur de fon corps par fa vertu élalH- 
qire. 

PUCE DE NEIGE: Le 

Dofteur J £ A N-C HRÉTIEN FllO- 

M A N N u S ayant été appellé en 1685. 
pour une Demoifelle qui avoit une 
fièvre tierce continue , il apperçut en 
chemin que la neige qui couvroit la 
terre étoit alors parfemée en plufieurs 
endroits de petits points noirs , comme 
fi on y eût répandu de la fuie en pou- 
dre très-fine; du moins cela lui pa- 
roiifoit tel de deffus fon Cheval II ob- 
fervala même chofe dans le bois com- 
me dans les terres labourables. Le 
Meffager qui l'accompagnoit Se qui 
étoit à pied lui dit que les points noirs 
qu'il voyoit étoïent des Puces, Se ayant 
ramafTé une poignée de cette neige , 
qjtrïi lui fit voir de plus grès, E k o- 



P U C 507 

M A k n u s reconnut à n'en pouvoir 
douter qu'elle en étoit effectivement 
toute remplie. Etant alors defeendu 
de Cheval , il en vît une grande quan- 
tité en différera endroits , qui lui échap- 
poient en fautant dès qu'il en appro- 
choit le doigt. PluGeurs étoient enfon- 
cées profondément dans cette neige , 
mais vivantes , Se d'autres y étoient 
mortes , parcequ'elle commençoît à 
fe fondre. Il renferma un aifez grand 
nombre de ces Puces avec la neige qui 
les contenoit dans un petit bocal , dans 
la vue de les examiner à fon retour 
avec le microfeope ; mais la neige 
dans laquelle il avoit mis ces Puces 
étant fondue par le dégel , F r o m a n- 
n-us trouva ces Puces mortes à fon 
retour , Se il ne put faire aucune ob- 
fervation intéreffante. 

C'eit avec une grande raifon , dit- 
cet Obfèrvateur, que les Naturalises 
font faifis d'admiration , en confidé- 
rant Porganifation des plus vïis infec- 
tes. Mais comment peut -il arrivée 
que des animalcules tels que des Puces 
puiffent s'engendrer pendant la ri- 
gueur de l'hiver. Aristote( Hift, 
Anïm. L. V. c io.) a obfervé qu'on 
avoit quelquefois vu des Vers dans- 
d'anciens tas de neige. Pline ( L IL 
c. 5 30 Se Olaus Magnus ont fait des 
obfervations à - peu - près femblables- 
fur des Moucherons blancs trouvés 
dans la neige , Se on peut voir fur cette 
matière ce qu'en dit B A R T h o l in, 
dans l'Ouvrage qui a pour titre, tic 
nivis uj'u meàïco , c. q. 11 cite différens- 
Auteurs , qui ont prétendu qu'il y 
avoit dans la neige un principe de cha- 
leur , & que lorfque cette chaleur étoit 
augmentée parcelle de l'air extérieur , 
elle y produifoit une forte de fermen- 
tation ou de putréfaction : il en cite en- 
core d'autres qui ont été du fentirnenC 
contraire ; mais Gaspard Scottus 
ÇPbj/tc Curiof. Lib.Vll.) paroît . per- 
fuadé qu'il y a véritablement dans îa 
neige une grande quantité d'air & d'e£ 
grits propres à favorifer la géhérationr 



59 8 PUC 

des animalcules Se à les y conferver. 
Fromannus ne porte aucun juge- 
ment fur les diverfes opinions de ces 
Auteurs ; mais il raconte feulement 
un fait qui lu; paraît plus extraordi- 
naire , fait encore rapporté par le Doc- 
teur Charles Raygerus, quiaflure 
qu'en i6fi. il tomba dans un pré en 
Hongrie plus de dix efpeces de Vers, 
avec'de la neige , iefquels y vécurent , 
Se qu'on y vit remper par troupes 
pendant plus de quatre jours; obfer- 
vation que l'Auteur communiqua l'an- 
née fuivante à l'Académie des Curieux 
rie la Nature , d'Allemagne. Voyez 
Dec. ann. 4. & 5. Obfcrv. 89. 

Mais pour revenir aux Puces , qui 
font le fujet de robfervation de F R o- 
mannus , il dit que de quelque 
nature on fuppofe les germes de ces 
înfeâés , il fe perfuade que la chaleur 
les avoit fait éclorre fur la fuperficie 
de la terre , que la neige dont elle 
étoit alors couverte Favoit garantie de 
la rigueur du froid , 8c il y a lieu de 
croire que le jour, dit-il , que je fis 
cette obfervation étant très - beau Se 
très-ferein , le foleil avoit attiré ces 
Puces , qui avoient pénétré à travers 
la neige Se s'étoient élevées à fa fuper- 
ficie pour jouir de la chaleur. Il eft 
très-probable d'un autre côté qu'au 
coucher du foleil elles s'étoient enfon- 
cées de nouveau fous la neige , pour 
fe mettre à couvert du froid, Se que 
le dégel étant furvenu , l'eau qu'avoit 
produit la fonte de ces neiges les avoit 
fait toutes périr. Voilà ce que Fro- 
mannus penfe de la génération de 
ces Puces ; mais il eft perfuadé que 
la moyenne région de l'air eft trop 
froide , pour qu'il puiffe s'y en former, 
Se il ne croit pas non plus que la neige 
puiflTe jamais produire par elle même 
dé femblables inf.'ftes , pareequ'il faut 
pour la génération un certain degré 
de chaleur , 8e que quand même on 
fuppoferoit que la neige n'en feroit 
pas abfolument privée , les petits in- 
terftîces étant tous perméables à l'air, 



PUC 

fà fraîcheur feroit un obflacle .1 toute 
efpece de génération. Voilà ce que 
dit Fromannus fur les Puces de neige , 
Se loin d'être entêté de fon fentimmt, il 
déclare qu'il eft tout difpof> à embrafer 
une autre opinion , lorfqu'on lui pro- 
pofera quelque hypothefè plus vrai- 
femblable. 

PUCE MARINE: Mouffet 
donne ce nom au Perce-Orciile aqua- 
tique de Jon'Ston , en Latin Fofpcula 
aqu.itica. Voyez au mot PERCE- 
OREILLE. 

PUCE D'EAU: C'eft le nom 
que Swammerdam donne à un 
petit Scarabée aquatique, qui, lorf- 
qu'il fe plonge dans l'eau , fait intro- 
duire Se renfermer adroitement dans 
fa queue une petite bulle d'air. 

PUCE AQUATIQUE AR- 
BORE S C E N T E , en Latin Pulex 
arborefeens aquaticus. Cet infecle fe 
trouve dans les citernes oh fe conferve 
Feau de pluie. Goedard( Tome III. 
lettre X. ) Fa décrit fous le nom de Pou 
aquatique: cependant dit Swammer- 
dam , il diffère beaucoup du Pou , tant 
par fa nature que par fa conformation , 
qui font l'une Se l'autre fort fingulieres. 
Ce Naturalifte en a donné Se la def- 
cription Se la figure. Nous devons aux 
Auteurs des Colleiliom Académiques la 
traduction de fon Bïblia Nattant , ce qui 
fait le cinquième Volume , où Fon 
trouve , p. 50. la Puce aquatique arbo- 
refeente décrite en ces termes. 

La forme du corps de cet infecte 
paroît rhomboïdale. Il a fes deux yeux 
fur les deux côtés de la tête , laquelle 
eft fi mince, qu'en regardant cet ani- 
mal àl'ceil fimple , on croiroit qu'il n'a 
qu'un o?il ; car les deux femblent fe 
toucher Se n'en faire qu'un feul. En 
les obfervant au microfeope, on voit 
qu'ils font faits en réfeau , comme 
ceux des autres infecles. Au-deiTous 
des yeux eft un bec recourbé , mince, 
aigu Se tranfparent. Il eft vrai-fembla- 
ble que l'infecte s'en fert pour prendre 
fa nourriture par le moyen de lafuc- 



PUC 

tîofl » fomme les autres infectes aqua- 
tiques, lefquels ont un bec ou aiguil- 
lon creux en dedans , à l'aide duquel 
ils fè nourriffent. Sur les deux côtés de 
la poitrine on voit deux bras , qui fe 
ramifient comme des branches d'ar- 
bre. L'abdomen eft tranfparent , Se 
laifle voir le corps , les jambes Se la 
queue qu'il renferme. Les œufs font 
placés fur la partie poftérieure du corps, 
c'clt-à-dire vers le milieu du dos. 

Ce qu'il y a de plus remarquable 
dans cet infecte , ce font fes bras Se les 
mouvemens qu'il exécute dans l'eau 
par leur moyen. Ces bras ne (ont à 
leur naîlfance que deux troncs fimpies, 
comme l'os de V humérus au fortir de 
l'omoplate : ils fe divifent enfuite en 
deux branches , Se chaque branche a 
trois articulations , dont la première 
Se la féconde , en commençant à les 
compter depuis le tronc , produifent 
une ramification ou fibrille latérale ; 
mais à la troifieme & dernière articul?- 
tions il y a trois ramifications ou fibril- 
les, qui font elles-mêmes articulées. 

Les trois différens mouvemens que 
cet infecte exécute dans l'eau à l'aide 
de fes bras , ne font pas moins remar- 
quables que les bras mêmes. Le pre- 
mier effc un mouvement progrelfif , 
direct Se continu , par lequel l'infecte 
agitant continuellement fes bras , com- 
me un oileau agite fes ailes , tantôt 
monte , tantôt defeend , Se tantôt na- 
ge horifontalement , mais toujours en 
avant Se en ligne droite. 

Le fécond mouvement eft fembla- 
ble au vol des Moineaux , qui s'élèvent 
Se s'abaiOent alternat! veine nt dans l'air, 
pareeque leurs ailes fe meuvent , Se 
fe repofent alternativement. La Puce 
aquatique nage dans l'eau, comme le 
Moineau vole dans l'air, parcequ'elle 
agite alternativement les deux bras , 
comme le Moineau agite fes ailes , en 
forte qu'elle s'enfonce Se s'élève tour 
à tour dans l'eau 5 Se ce mouvement 
inégal fait qu'elle parolt fauter conti- 
nuellement. Au rclte > dans ce fécond 



mouvement, la tête de l'infecte refte 
toujours élevée en haut , Se fa queue 
tournée en bas. 

Je ne puis mieux expliquer , conti- 
nue Swajîmerdam, le troifieme 
mouvement de la Puce aquatique, qu'en 
le comparant au vol circulaire de cette 
elpece de Pigeons , qu'on a nommés à 
caufe de leur tournoiement , Columba 
gyratrices ; car ces oifeaux en tour- 
noyant dans l'air, comme un volant , 
femblent quelquefois perdre leur mou- 
vement , Se conféquemment tomber 
vers la terre ; de même la Puce aqua- 
tique penchant fa tête dans l'eau , élevé 
la partie poftérieure de fon corps , qui 
s'abaiife enfuite , tandis que la tête fe 
relevé , Se continuant ainfi , cet infecte 
prend'iin mouvement de rotation fur 
fon axe , en ramant fans interruption 
avec fes bras ; de forte que les diffé- 
rentes parties de fon corps , toujours 
en mouvement Se toujours plongées 
dans l'eau , paroiflent tantôt à la fur- 
face de l'eau, Se tantôt plus bas , à 
d'inégales profondeurs. 

S w a m m e R D A M donne le nom de 
Puce à cet infecte , à caufe de fes mou- 
vemens , par lefquels il tient bien plus 
de la nature de la Puce que de celle 
du Pou , Se il l'appelle Puce arboref- 
cente , à caufe de la reffemblance de fes 
bras avec des branches d'arbres. 

Le ventre de cet infecte n'eit pas 
moins digne d'attention que fa poitrine 
Se fes bras : à l'extérieur il paroit être 
de forme rhomboïdale ; ainfi ce qu'on 
prend pour le corps , n'eft autre choie 
qu'une peau dure , ou une écaille tranf 
parente , qui continue fur le dos , ou 
fur la partie poftérieure du corps , mais 
fendue en avant fur toute la lon- 
gueur du ventre , Se dont les deux 
bords fe féparent Se forment un paf- 
fage ouvert par où l'animal peut faire 
fortir fes pieds , fa queue Se fon ven- 
tre : ainfi , comme l'on voit , cet in- 
fecte reffemble par fon enveloppe aux 
animaux teftacées , mais il en diffère 
par le mouvement qu'il a dans la 



6oo PUC 

queue Se dans l'abdomen ; carie même 
Swammërdam dit l'avoir fou- 
vent vu pouffer fa queue au-dehors 
par l'ouverture de fou enveloppe , & 
la retirer auffi-tôt en dedans. Le corps 
avec la queue repréfente une figure 
contournée à-peu-près comme une S. 
Romaine : fa tranfparence lailTe voir 
l'inteftin qui en occupe le milieu , Se 
les pieds fitués dans la partie anté- 
rieure , qui font conformés à -peu-près 
comme les foies noueufes des Squilles 
boffues : ils ont de même un mouve- 
ment de trépidation , ou de vibration , 
mais qui ne fuffit pas , comme dans la 
Squille boifue , pour faire changer de 
place à l'infecte ; car dans celui-ci les 
bras font les principaux organes du 
mouvement progreffif , Se les pieds 
femblent feulement y contribuer un 
peu. La queue fe termine par deux 
poils durs Se pointus, un peu au-deifns 
defquels naiffent deux autres poils 
femblables. Les œufs font placés fur le 
dos , &c ce qui porte S w A M M e r d a m 
à l'affurer , c'eft que lorfque l'infecte 
les a jettes , on voit nager dans l'eau 
de très-petits animalcules blancs, qui 
lui font femblables , & qui n'ont point 
de vrais changemens à fubir, mais feu- 
lement de l'accroilTement à prendre en 
la manière qui a été expliquée dans 
l'hiftoixe du Pou. 

La couleur de cet infecte , lorfqu'il 
eft adulte , tire fur le rouge de la chair 
du Bœuf, macérée pendant quelque 
temps dans l'eau. L'enveloppe exté- 
rieure reffemble un peu à la peau ré- 
ïiculaire ou maillée des poiffons écail- 
leux : cependant l'Obfei valeur mar- 
que n'y avoir jamais pu découvrir 
d'écaillés , ne l'ayant pas examinée 
avec de forts microfeopes, Il dit que 
cette enveloppe eft tranfparente , air.fi 
qu'on l'a vu plus haut , comme celle 
des Squilles boffues , des Moules les 
plus petites , 8c des Limas qui vien- 
nent de naître. La peau extérieure des 
bras eft fembiable pour la texture Se 
la coulfcur.à celle des pieds des Pou- 



P u c 

les , mais les divifions ou lames en font 
moins diftinctes. 

On trouve fouvent de ces infectes 
dans les citernes d'eau de pluie, lorf- 
qu'il n'y a pas long -temps qu'il n'a 
plu ; car quand l'eau y eft abondante, 
il eft très-difficile de les trouver, parce- 
qu'ils font trop difperfés. Swammer- 
dam dit en avoir auffi vu dans les 
foffés d'eau douce 8c ftagnante , lorf- 
que la bourbe étoit recouverte d'un 
peu d'eau plus claire ; quelquefois ils 
paflent plufieurs jours à la furface de 
l'eau; d'autrefois on ne les peut trou- 
ver qu'au fond , maie on les voit tou- 
jours ou prefque toujours en mouve- 
ment. Ils changent de peau , comme 
le Pou , 8c les dépouilles qu'ils quit- 
tent , confervent fi exactement la for- 
me de l'infecte, qu'en les voyant, on 
croiroït voir l'infecte même. S w am- 
m e r D a m a confervé quelques-unes 
de ces dépouilles. 

Cet Obfervateur dit qu'étant en 
France, il vit au bois de Vincennes , 
dans l'abreuvoir des Chevaux , une 
telle quantité de ces infectes , fur la 
fuperficie de l'eau , qu'elle paroiffoit 
rouge comme du fang ; ce fpectacle , 
lorfqu'il en eut reconnu la caufe , lui 
donna lieu d'examiner attentivement 
la nature de ces infectes , 8c lui fit faire 
des réflexions propres à fe prémunir 
contre les jugemens précipités , four- 
ces d'erreurs fans nombre : mais de 
lemblables apparences peuvent avoir 
trompé les Hiiloricns qui parlent de 
pluies de fang ; car il y a des infectes 
qui jettent une liqueur rouge , lors- 
qu'ils viennent de quitter la forme de 
Nymphe, Se les prétendues pluies de 
fang auront été marquées dans les an- 
nées où ces fortes d'infectes s'étoient 
multipliés de beaucoup plus qu'à l'or- 
dinaire. 

S VAM M e r D a M marque que 
Florent Schuïl, Profeffeur 
en Médecine de PL niverfité de Leyde, 
lui communiqua une obfervation qui 
fortifie cette conjecture. Le Peuple 

ètok 



PUC 

écoît alors fort allarmé de ce que les 
eaux de Leyde s'étoient , difok-il , 
changées en fang. A cette rumeur , 
S C h u Y L monta fur une petite bar- 
que , & alla puifer de cette eau fan- 
glanreavecun vaiifeau de verre , dans 
l'endroit qu'on lui avoir indiqué ; en 
la confïdéram attentivement, il trouva 
qu'elle fourmilloit d'animalcules rou- 
ges , & la terreur fubite du Peuple fe 
convertit en admiration. 

PUCE DES FLEURS DE 
SCABIEUSE: Ce petit animal , 
dit Jean Muralto, dans les 
Ephérnérides des Curieux de la Nature, 
Obfcrv. LV. eft verd par tout le corps ; 
mais il a quatre ailes velues , d un 
bleu céiefte clair, qui s'étendent par 
le moyen de quelques fibres noires* 
Cet infecte reffèmble par fa figure ex- 
térieure à une Sauterelle. La tête eft 
oblongue : il en fort une pointe en 
forme de poil, très-aigue, Se un peu 
recourbée. Ces infectes s'en fervent 
pour tirer leur nourriture des fleurs; 
Aux deux côtés de la tête il y a deux 
yeux noirs Se luifans. Sur le devant de 
la tête , Se vers le haut , on voit des 
cornes , qui ont quatre articulations 
mobiles , & garnies de poil. De la poi- 
trine fortent fix pieds de couleur d'ar- 
gent , Se qui fe replient par le moyen 
de trois articulations : ils font armés 
de deux crochets à l'extrémité , Se 
marqués çà Se là de points noirs. De 
l'extrémité du ventre partent deux 
queues oblongues , vertes Se rondes. 
Vers les articulations des pieds Se près 
des cornes , il y a un grand nombre 
de petits œufs blancs , comme on en 
remarque dans les Scarabées pillulaires. 
Leslnteftins font tranfparens, remplis 
d'une liqueur verte , Se ils font fi tués 
comme dans les Sauterelles. Cet in- 
fecte auquel Muralto donne le 
nom de Puce eft une elpece de Saute- 
relle. 

PUCE DE TERRE, infecte 
qu'on trouve au Cap deBonne-Eipé- 
rance. 11 reffembie à une Puce ; mais 
Tome III, 



PUC <f»i 

au lieu d'attaquer les hommes , il ha- 
bite les jardins Se les champs, où il 
broute 8e gâte les femences Se les jeu- 
nes jets , lorfqu'ils font encore ten- 
dres. Les Européens du Cap l'ont 
appelle Puce de terre. Lorfqu'ils en 
découvrent dans quelqu'un de ces en- 
droits , ils y répandent je ne fai quoi 
qui les fait mourir , & on les oblige à 
abandonner la place , dit Kolbe, 
Tome HI. p. 104. Les Puces Se les Len- 
des y font en général fort incommo- 
des en été 3 mais le vent les en délivre 
fouv.ent. 

PUCE DE MER, petit animal 
qui fe trouve encore au Cap de Bonne- 
Efpérance ; mais il ne fe voit que fur 
la mer. On lui a donné ce nom , parce- 
que raffemblant fes jambes , comme en 
un peloton , il faute à-peu -près de 
même que les Puces ordinaires. Il eft 
de la groffeur d'une Chevrette , Se 
couvert d'écaillés qui reffemblentaflez 
à celles d'un petit poitfon : aulfi lors- 
qu'il eft au fond de l'eau , oh il des- 
cend quelquefois, on s'y tromperoït 
aifément, Cet animal eft revêtu d'un 
aiguillon , dont il fe fert pour atta- 
quer les poiffbns , lorfqu'il en trouve 
l'occafion , Se il le plante fi forte- 
ment dans leur chair, qu'ils ne fàu- 
roient s'en débarraffer. Alors ces poif- 
fons fe battent ; Se dès qu'ils fe font 
fatigués , il les tire promptement du 
côté du bord , ou contre quelque ro- 
cher , afin que le poiffbn recommen- 
çant à fe donner du mouvement , fe 
tue en fe frappant contre la pierre. 
Les Latins nomment cet infecte Pfd- 
lus marinus „ à ce que dît K o l b e , 
ibid. p. 90. 

Je penfe que c'efl: le même animal 
que celui auquel Rondelet donne 
le nom de Puce de mer. Cet Auteur 
(L. XV Ul. c. 2 $ . p. 4 1 a • EiJ f- Franc. ) 
dit en avoir fouvent trouvé dans les 
ordures que la mer jette. Cette petite 
bête , couverte d'une coque fort min- 
ce , Se reffemblant par la face à un 
Singe , ou à une Marmotte , eft pour 
G gg g 



6ot PUC 

Je refte du corps comme la Langoufte. 
Elle a au bout de la queue de petites 
nageoires comme la Langoufte Se les 
Squilles. Elle eft fi petite , qu'on ne 
peut bien difeerner les parties de fon 
corps , fans y regarder de près. Ron- 
delet penfà que cet infecte eft la 
Puce de mer , dont Aristo te fait 
mention , quand il dit qu'on prendroit 
les poiflbns à la main, lorfqu'ils dor- 
ment , s'ils n'étoient pas tourmentés 
de Poux & de Puces, Ces Puces de mer 
naiifent au fond de la mer & en fi 
grand nombre , que fi un appas de 
chaîr de poitTon demeure quelque 
temps au fond de la mer > elles l'au- 
ront incontinent rongé j ce qui fait 
que quelquefois les Pêcheurs retirent 
leurs appas tout chargés de ces petites 
bêtes. 

PUCELAGE: Ce Coquillage , 
dit M. A D a n s o n ( Hifi. Nat. des 
Coquillages du Sénégal , p. 65. > , a été 
appellé par les Anciens des noms de 
Coucha Venerea Se d' Erythnea , que les 
Conchyliologues François ont rendus 
par ceux de Conque de Venus Se de 
Pucelage. Ce dernier a prévalu autant 
à caufe de fa brièveté, que pareequ'il 
exprime affez bien la figure de fa co- 
quille , ob aliquam cmn pudendo mu- 
licbrï (ïmilitudinem , dit Aldrovande, 
Exfang. p, 552. C'eft pour les mêmes 
raifons que M. Ad ans on lui con- 
ferve ce nom , fans le confondre avec 
celui de la Porcelaine , dont il fait un 
genre féparé. Il a connu trois efpeces 
de Pucelages fur les côtes du Sénégal. 
Il donne à la première eipece le nom 
de Majet : cette efpece contient plu- 
fieurs variétés , entr'autres fix remar- 
quables que l'Auteur a fait figurer dans 
leur grandeur naturelle. Il nomme la 
féconde eipece Lapon , Se la troificme 
Pitou. Voyez aux mots MAJET, 
LUPON & BITOU. 

PU CELLE , poiifon du genre 
de l'Alofe , nommé par A a T E D 1 
( Syn. p. 15.), Clupea apice maxilU fu~ 
fmprit bijîdo , macidis nïgris uirinque. 



PUC 

Ce poîfloh à nageoires molles eft I e 

&pls<rct d'A RISTOTE(L. IX. C. 3 î, ) 

d'É lien ( L. VI. c. 32. p. 357,)° 
d' Athénée (L.IV.p. 13 t. &L.VII 
P- 328.), Se d'OppiE-NC/^/. L.I 
p. ioo.f otton (L.VIII. C. l8î 
fol. 162.), Ronde let(L, VII, c '. 

14. p. 220. ) & A L D R O V A N D E 

(L. IV. c. 4. p. 500, ) en parlent fous, 
le nom de Trij/à , Se Belon fous ce- 
lui de Pulcheila ou â'Alofa minor. On 
vend à Paris au printemps ce pohTon 
fous le nom de Pucelle. Il y eft peu 
eftimé.On le prend affez généralement 
pour une petite Alofe. C'eft le fen li- 
ment de Belon, qui en parle en ces 
termes. L'abondance des arêtes, dit-il, 
qui font en la Pucelle , fait penfer que 
les Anciens la nommoient Trkbisy ou 
Trichias. On l'a nommée Pucelle , 
parcequ'elle paroît au commencement 
du printemps , lorfqu'elle n'eft pas 
encore pleine d'œufs : on prend ce 
poiifon auffi-tôt après les Maquereaux. 
On pêche la Pucelle en plufieurs riviè- 
res en allant contre le cours de l'eau, & 
principalement dans la Loire. Les An- 
glois l'appellent Schade , Se fi elle de- 
vient plus grande , elle eft alors nom- 
mée Alofe. Il y en a qui prétendent 
que l'Alofe Se la Pucelle font de diffé- 
rente efpece , Sz il eft difficile de 
le8 réfuter. 11 y a certains endroits de 
la France , où les Pucelles font nom- 
mées Feintes s les Angevins les appel- 
lent des Convers ; à Saumur Convertit > 
Se les Bayonnois leur donnent le nom 
de Guattes. Il y a une très - grande 
affinité entre la Pucelle Se le Hareng. 

PUCERONS* Quelques Na- 
turali'ftes leur donnent en Latin le nom 
de Culex , qui eft auffi celui du Cou- 
fin. Pour diftinguer les uns des autres, 
les Modernes , comme M. Linn^eus 
( Fauna Suec. p. 2 1 6. ) , leur donnent 
le nom Latin à'Aphis. Ce Naturalifte 
en donne de feize efpeces différentes , 
& les met parmi les infectes qui n'ont 
que des moitiés d'ailes , Infecla ke- 
miptera,. 



p u c 

Ces Pucerons font i°. le Puceron du 
Grofeiller , nommé en Latin Aphis 
Ribis s Léeïenhoeck ( Arcan. 
Epift- 9°- P- 5450. Frisch (Germ. 

II, p. 0.) , M. DE R EAU MUR 

( Mém. de i'Acad. Royale des Sciences , 
Terne III. ), Se d'autres parlent de cette 
efpece de Puceron , nommée Pediculus 
Ribis viridis , Se Pediculus arbore us , 
fufco -viridis in Ribe : 2 0 , le Puceron 
d'Ormeau, AphisUlmi : 3 0 . le Puce- 
ronde la Carotte franche , Aphis Pafli- 
nac&z 4". le Puceron de Sureau , Aphis 
Sambuci: 5 0 . le Puceron d'OfeiUe, 
Aphis Rumicis : 6°. le Puceron de l'Éra- 
ble , Aphis Aceris : 7 0 . le Puceron de 
ia Rofe , Aphis Rofœ ; 8°, le Puce- 
ron des Plantes aquatiques , comme du 
Potamogéton,^^'/ Plantarum aqua- 
tkarum : o°. le Puceron du Tilleul , 
Aphis TU liai ; io°. le Puceron de la 
Bétoine , Aphis SerratuU : 1 1°. lePu- 
çiïon de Chardon , Aphis Car dut : 1 2°. 
le Puceron de l'Armoife , Aphis Arte- 
ptifîœ: 1 3 0 . ié Puceron de la Centau- 
rée, Aphis Centaures: 14 0 . le Puce- 
ron d\x Bouleau , Aphis Betula : 
le Puceron du Pin , Aphis Fini : 16 0 . 
h Puceron d'une efpece de Morgelîne, 
Aphis Cucubali. Voilà les différentes ef- 
peces de Pucerons connues de M. Lin- 
NJEUS, 

M. de Réaumur a obfervé ces 
infectes. Je vais d'après cet Acadé- 
micien en donner l'hiftoire abrégée , 
faire connoître les ennemis des Puce- 
tons , & parler enfuite des Faux- 
Pucerons. 

Les Pucerons font au rang des plus 
petits animaux ; mais leur claffe eft 
extrêmement nombreufe en efpeces 
différentes. Il eft peu d'arbres & peu 
de Plantes , & peut-être n'en eft-il 
point , dit M. D E Réaumur( Mém. 
IX. Tome III. ) , qui n'ait fon efpece 
particulière de Pucerons, ou du moins 
ou quelque efpece de Pucerons ne 
s'attache. 

On voit dans Y Hi flaire de P Acadé- 
mie de P année 1 703. des Obfer varions 



P U C fe, 

de M. de la Hire fur les Puce- 
w.Lee^ehhoeck enadonnâ 
de plus curieufes & de plus exactes 
lur ces mêmes infectes , & Har- 
s o ë k E r , dans l'Extrait critique qu'il 
a fah des Lettres de cet Auteur , a 
ajouté auffi quelques Remarques fur 
les Pucerons â celles qu'il y a trou- 
vées. Mais , dît M. de Réaumur, 
il a regardé comme vrais quelques- 
uns des faits , où LéeWENHoeCK 
s'eft le plus mépris. 

Defcription des Pucerons. 

Les Pucerons , félon le rapport 
M. de Réaumur, font des vivi- 
pares d'une façon finguliere.' Ce font 
des infectes très-tranquilles : & l e nom 
qu'on leur a donné ne fembleroit con- 
venir qu'à des infectes vifs , fautans 
avec agilité comme les Puces. Ils 
marchent que rarement , & leur dé- 
marche pour l'ordinaire eft lente & 
pefante. Ils ont fix jambes , d'une lon- 
gueur aflTez confidérable & très-déliées, 
qui , dans ceux de plufieurs efpeces , 
paroiffent furchargées de poils, lorfque 
l'infecte eft parvenu à fon. dernier ter- 
me de grandeur. En général, les Pu- 
cerons font petits ; mais ils ne le font 
pas à un tel point , que de bons yeux 
ne puiffent diftinguer , fans le fecours 
du microfeope , les principales parties 
extérieures de ceux de La plupart des 
efpeces. Il y en a de eonfidérablement 
plus gros que les autres. Une gran- 
de partie des Pucerons te transforment 
en différentes efpeces de Moucherons , 
que M. de Réaumur appelle des 
Pucerons ailés. Le corps des Pucerons 
fans ailes a une forme qui approche de 
celle du corps d'une petite Mouche, 
à laquelle on les auroit ôtées. L'Ob- 
fervateur veut dire feulement que leur 
corps n'eft point allongé comme celui 
des Chenilles. Tous les Puceron? ont 
fur la tête deux antennes ; celles de 
quelques efpeces font très-longu.s : 
certains Pucerons les portent devant 
C Z S g îj 



tfo 4 'PUC 

eux ; d'autres les tiennent couchées fur 
leur dos, & on en voit de celles-ci , 
qui furpaffent le corps en longueur. 
La plupart des efpeces de Pucerons f 
continue M. de Réaumur, ont 
deux cornes plus fingulieres que les 
antennes : elles font pofées affez près 
du derrière en defius du corps. Ces 
cornes font fur une même ligne , aiTez 
écartées l'une de l'autre à leur origi- 
ne, mais elles s'écartent encore davan- 
tage en s'élevant ; elles font beaucoup 
plus courtes que les antennes & plus 
greffes. Ces mêmes cornes ne fe plient 
aucunement ; elles retient ordinaire- 
ment droites , Se confervent toujours 
à-peu-près la même inclinaifon entre 
elles , quoiqu'elles piaffent un peu la 
varier, par rapport au corps de l'in- 
fecte. Il y a cependant un très-grand 
nombre d'efpeces de Pucerons auxquels 
ces cornes manquent , Si beaucoup plus 
qui paroifTent en manquer. On ne 
connoît point encore l'ufage des cor- 
nes , ou antennes , que tant d'infectes 
portent fur la tête ; mais M. de Réau- 
mur nous apprend que les cornes des 
Pucerons font deux tuyaux creux , ou- 
verts par le bout , Se qui fervent à 
donner fortie à une liqueur. Si la li- 
queur qui fort par ces cornes , n'eft 
qu'un excrément, dit cet Obfervateur, 
comme il y a grande apparence, ces 
infectes en ont apparemment de deux 
efpeces différentes qu'ils rejettent par 
deux fortes de conduits, c'eft-à-dire, 
par l'ouverture de l'anus Se par celle 
des cornes ; Se à en juger par la con- 
fiftance de ces excrémens , ce feroit, 
ajoute-t-il, l'anus qui donneroît iffue 
à ceux qui font analogues aux urines 
8e les deux cornes laiiTeroient fortir 
ceux qui font analogues aux matières 
plus groflieres rejettées par l'anus des 
autres animaux. 

Différentes couleurs des Pucerons , fui- 
vant les différentes ejpeces. 

Les dîverfes efpeces de Pucerons 



PUC 

différent entre elles par la couleur. 
Il y en a un très - grand nombre de 
vertes , qui ne différent que par diffé- 
rentes nuances de verd. Il y en a de 
verd brun , de verd clair Se de citron * 
il y en a auffi de noires , de blanches , 
de couleur de bronze , & d'un brun 
canelle.Dans le mois d'Août, on trou- 
ve fur les Rofiers des Pucerons de 
différentes nuances de couleur rouge 
pâle ; quelques-uns tirent fur la cou- 
leur de Rofe : dans le printemps Se au 
commencement de l'été , les Pucerons 
des Rofiers font verds. Sur le Syco- 
more , Se fur quelques autres arbres , 
où ils font ordinairement verds. M. de 
Réaumur en a obfervé de rougeâ- 
tres dans le. mois de Novembre. Ils 
ne tirent plus alors des feuilles qui fe 
fechent, un fuc de la couleur de celui 
des feuilles fraîches; & ce fuc, diffé- 
remment coloré , colore aulH différem- 
ment les infeétes qui s'en nourriffentv 
Les Pucerons différent encore en ce 
que la couleur des uns eft matte , 
& que celle des autres eft une cou- 
leur luifante , telle que celle des ver- 
nis. Les Pucerons du Sureau , par 
exemple, ceux du Pavot, ceux des 
grofles Fèves de marais font noirs ou 
bruns, comme le font du drap & du 
velours. Ceux des Lychnis , & ceux 
des Abricotiers font fouvent noirs ou 
bruns , comme Peft un vernis noir de 
la Chine. D'autres paroiflent du plus 
beau vernis de couleur de bronze , ou 
tels que du bronze extrêmement poli, 
comme ceux de la Tanefle , ceux du 
Laiteron , ceux d'une groffe efpece 
qui fe trouve quelquefois fur le Chê- 
ne , Se plufieurs autres différentes for- 
tes. On en voit fur les Grofeillers t 
qui font de couleur de Nacre de Per- 
le. La peau de ceux qui ont cet éclat 
eft plus dure que celle des autres : 
elle approche plus de la confiftance 
des enveloppes écailleufes ou crufta- 
cées , Se ceux-là font en mauvais état. 
Les Pucerons pour la plupart ne font 
que d'une feule couleur ; il y en a 



p u c 

eependant de tachetés : tels font ceux 
de l'Abfynthe » fur lefquels le blanc 
$c le brun font bien mélangés. Sur 
l'OfeïlIe des prés , on en trouve dont 
la partie antérieure & la partie pofté- 
rieure du corps font noires , Se dont 
ie milieu du corps eft verd : ceux du 
Bouleau , Se d'autres du Saule , font 
très-joliment marquetés de verd Se de 
couleur noire. 

Société des Pucerons , & ufage de leur 
trompe. 

Les Pucerons vivent en fociété. On 
ne les trouve prefque jamais qu'en 
nombreufe , Se fouvent très-nombreufe 
compagnie. Ils s'attachent aux tiges Se 
aux feuilles des Plantes , ainfi qu'aux 
jeunes rejettons des arbres , & à leurs 
feuilles. On voit des tiges Se des feuil- 
les de Plantes & d'arbres , qui en pa- 
roitlent hicieuies. Il y a au lu un grand 
nombre de Pucerons fur les fleurs de 
Chèvrefeuille : mais on voit quelque- 
fois des arbres Se des Plantes qui en 
ont beaucoup , Se où cependant on ne 
les apperçoit point , fi on ne cherche 
à les voir. Ils s'y cachent de différen- 
tes manières ■ Se où on les remarque 
le plus aifément , c'eft fur les jeunes 
pouffes du Sureau : fouvent elles en 
font couvertes tout autour de leur cir- 
conférence , fur une longueur de plu- 
fieurs pouces , Se même d'un pied ou 
d'un pied Se demi. Ils font fi proches 
les uns des autres qu'ils s'emretou- 
chent : il y a même quelquefois deux 
couches de ces infectes l'une fur l'au- 
tre. La féconde couche n'eft pas auifi 
continue que la première , elle laiffe 
fou vent des vuides ; quelquefois même 
elle n'eft 'compofée que de quelques 
Pucerons affez écartés les uns des au- 
tres. Ceux de la première couche font 
plus gros que ceux de la féconde ; 
ce font ceux-là qui travaillent à con- 
ferver Se à multiplier leur efpece. 

Les Pucerons, qui font fur une Plan- 
te , travaillent à leur confervation Se 



P U C e-05 

à leur accroiffement. Ces înfe&es ti- 
rent de la Plante la nourriture qui leur 
eft convenable. Ils f ont tous armés 
d'une trompe fine , qu'on ne découvre 
qu'avec la loupe ou le mïcrofcope : 
ils percent avec leur pointe la pre- 
mière peau , foit des feuilles , foit des 
tiges , auxquelles ils fe font attachés , 
Se ils en fucent une liqueur , qui eft 
l'aliment ou la nourriture qui leur eft 
propre. Quand les Pucerons marchent, 
cette forte de trompe eft ordinaire- 
ment couchée fur le ventre. Dans l a 
plupart des efpeces , elle a une lon- 
gueur qui eft prefque égale à celle du 
tiers , ou de la moitié de leur corps, 
Léevenhoeck&Harsoèker 
difenr. que les Pucerons en général font 
la pefis des arbres Se des Plantes. Il 
eft vrai qu'il y a des Plantes & des 
arbres , dont les feuilles font bien mal- 
traitées par les Pucerons, qui les per- 
cent avec leur trompe bien par de-Li 
l'épiderme : mais il y a auffi de cer- 
. taines Plantes, qui n'en font nullement 
incommodées , comme les feuilles des 
Abricotiers , du Sycomore , & de di- 
vers autres arbres Se Plantes ; c'eft ce 
que M. de R i A u M u r a obfervé. 
Les feuilles d'arbres Se de Plantes r 
qui font fenfiblement altérées par lesr 
Pucerons , font celles des Pêchers , des 
Pruniers & des Chèvrefeuilles , ainfi 
que les jeunes pouffes du Tilleul , Se 
celles des Grofeillers , du Saule , &c. 
Ces infeefes avec leur trompe font 
prendre des courbures aux feuilles , Se 
les obligent affez fouvent A fe rouler 
félon leur longueur; c'eft ce que font 
les Pucerons d'un brun caffé , qui s'éta- 
biiffent en deffous les feuilles des Poi- 
riers. En général, ces infectes fe placent 
fous le deffous de la feuille , parce - 
qu'ils y font plus à l'abri , Se peut- 
être pareeque U membrane qu'ils ont 
à percer eft plus tendre que' celle du- 
deffus ; elle eft moins expofée à être 
defféchée. L'état du deffus des feuîlles- 
de quantité d'arbres & d'arbriffeaux 
apprend que des Pucerons s'y font éti- 



606 V U C 

blis par denous. La furface fupérieure 
de ces feuilles , au lieu d'être plane 
& unie , montre fouvent des parties 
élevées en boite, des callofités Se des 
tubérofités. Ces mêmes parties n'ont 
pas la couleur naturelle à la feuille : 
fi elles font vertes , elles font d'un 
verd plus pâle que le refte , Se fou- 
vent d'un verd citron ; ce verd eft 
quelquefois lavé de rouge : fouvent 
ces endroits font entièrement rouges , 
.& d'un très-beau rouge ; Se en regar- 
dant le denous de la feuille , on y 
trouve en creux ce que le deffus a en 
ïelief, Se ces creux font autant de 
cavernes peuplées de Pucerons. On voit 
ordinairement de ces tubérofités aux 
feuilles de Pommiers , de Grofeillers , 
& d'autres arbres ou arbriffeaux. Si 
ces infectes ne s'ètamilTent que près 
des bords d'une feuille , la feuille fe 
gonfle, Se fe recourbe vers le denous. 
Ils s'établiffent vers le milieu de la 
même feuille , & ils y occafionnent les 
tubérofités dont on vient de parler. 
On voit aufli fur les feuilles de l'Or- 
me , ainfi que fur celles de difFérens 
arbres , des galles creufes que M. D E 
Réaumur nomme vejfies , Se dont 
la forme varie beaucoup. Il y en a qui 
ont la rondeur Se même la couleur 
d'une Pomme d'Api. Ces veflles font 
habitées par une quantité confidérable 
de Pucerons. M. Geoffroi dans 
un Mémoire inféré parmi ceux de 
l'Académie Françoîfe de l'année 1714. 
a décrit les infec~t.es , Se dîverfes matiè- 
res qui font renfermées avec eux dans 
ces veines. On peut encore fur ce fujet 
confulter le Mémoire IX. du 'l'orne lit. 
de M. de Réaumur. Malpi- 
G h 1 a donné un curieux Traité de 
ces efpeces de galles , qu'on voit fur 
les feuilles de tant d'arbres: mais ila 
attribué leur formation à une quantité 
d'œufs , dont elles avoîent été rem- 
plies ; Se c'eft aux animaux mêmes , 
dit M. de Réaumur, c'eft-à-dire 
aux Pucerons qui font vivipares j à qui 
.«lie eft dite. 



PUC 

Les Pucerons ne font pas en tout 

pays des infectes purement nuifibles ; 
par leur galle, ils procurent en Syrie 
& à. la Chine une drogue utile aux 
teintures ; & M. de Réaumur dit 
que quand nous faurons tirer parti des 
productions dues aux Pucerons, ils tra- 
vailleront utilement pour nous , com- 
me ils travaillent pour d'autres Peu- 
ples. Les Pucerons font auffi naître des 
galles ou velues en forme de Pommes 
fur les feuilles de Thérébinthe ; d'au- 
tres fur celles du Peuplier , & ces 
galles font de différentes figures, Ces 
Pucerons , qui vont fe multiplier dans 
les veilles ou galles d'Ormes & de Peu- 
pliers , Se dans les veflies de divers 
autres arbres , font des efpeces diffé- 
rentes de ces Pucwons qui vivent plus 
à découvert , & ceux-ci par conféquent 
font plus aifés à obferver. 

Dé fouille des Pucerons , & différence 
entre Us Pucerons ailés & non ailés. 

Prelque tous les infectes changent 
de peau, Se même plufieurs fois , avant 
que d'être parvenus à leur parfait 
accroiffement. Les Pucerons , comme 
les autres infectes , fjivent cette loi. 
Les dépouilles ont affez la forme de 
l'animal qu'elles ont couvert. Les jam- 
bes y paroiffent dans leur place. On 
voit quantité de ces dépouilles furies 
mêmes feuilles , ou tiges , où font les 
Pucerons; elles font blanches. Dans ces 
endroits , Se fur les infectes eux-mêmes» 
on apperçoit une matière cotonneufe. 
Il y a peu d'efpeces de Pucerons , dit 
M. de Réaumur , auxquelles on ne 
trouve des veftiges d'un duvet coton- 
neux : cette matière cotonneufe parolt 
bien fur les Pucerons des feuilles de 
Hêtre. Ces fils cotonneux partent du 
corps du Puceron, Se viennent de diffé- 
rentes parties de cet infecte. Ils le ca- 
chent fi bien , qu'ils le dérobent entiè- 
rement aux yeux des Obfervateurs- 
Mais quelle eft l'origine de cette ma- 
tière cotonneufe X Après un bon nom- 



P u c 

tre d'obfervatîons , opîniâtrément réi- 
térées , M. de Réaumur nous 
apprend que ce font les organes où 
font les conduits excréîoires, qui laif- 
fent échapper cette matière cotonneu- 
fe : mais entre les organes , dit cet 
Académicien , ceux qui* paroiflent en 
fournir beaucoup plus abondamment , 
font les organes les plus proches du 
derrière. 

Les différentes dépouilles que quit- 
tent les Pucerons ne leur font pas 
beaucoup changer de forme , jufqu'à 
ce qu'i's viennent à fe défaire de celle 
qui laide leurs ailes à découvert. Tous 
cependant ne viennent pas à prendre 
des ailes : ces mères fi fécondes , du 
corps defquelies on voit fortir tant de 
petits , n'ont point d'ailes , Se n'en 
prennent jamais. Léewenhoeck» 
dit M. d e Réaumur, les fait ce- 
pendant devenir des infectes ailés ; il 
les a confondus avec ceux auxquels 
elles ont donné naiffance. Les Pucerons 
qui doivent prendre des ailes ibnt ai- 
fés à diftinguer des autres , en les ob- 
fervant avec la loupe. L'infecfe eft 
tout verd , quand il fort de fa dépouil- 
le ; mais fa tête , & la partie qui y eft 
jointe , lè rembrunifîent peu-à-peu » 
Se deviennent noires en moins d'une 
heure de temps. Ces Fuserons , ainfi 
transformés en Moucherons , retient 
encore quelque temps fur la Plante, 
ïls s'y tiennent en repos ; ils y mar- 
chent enfuite, & enfin ils viennent à* 
faire ufage de leurs ailes. Ces Mou- 
cherons n'aiment pas le fang; ils con- 
tinuent à fucer les Plantes » après leur 
transformation ,. Se ils font très-différens- 
des Coufins qui cherchent à nous pi- 
quer, 

J'ai dit» d'après M. de Réau- 
mur, que ces mères de Puceron* fi 
fécondes n'ont point d'ailes , Se M. 
F r i s C h , dans les Mémoires Aca- 
démiques de Berlin , prétend que les 
Pucerons ailés font les mâles : mais 
Lé F. wenhoeck a obfervé que 
ces Pucerons ailés font eux-mêmes des 



P U C 



6*07 



mères; & Meffieurs Geoffroi & 
D E K E a u m u a ont auffi vu que les 
Pucerons ailes qu'on trouve dans les 
veilles ou galles d'Ormes , doivent 
leur naifTance a des mères non ailées , 
& que ces mêmes Pucerons devenus 
ailes donnent à leur tour nahTance à 
d'autres Pucerons. Ainfi dans la même 
famille d'infeétes , félon ces Obferva- 
teurs , îl y a des mères fans ailes & 
des mères avec des ailes. Ces Pucerons 
ailes Se non ailés font vivipares ; Se 
jufqu'ici il n'y a que des mères par- 
mi les Pucerons. M. de Réaumur 
n'en a point trouvé qu'il pût regarder 
comme des mâles. Les deux fexes- 
font-ils réunis chez les Pucerons , com- 
me ils le font dans les Limaçons ? 
Léïvenhoick&Cistoni les 
ont regardés comme des hermaphro- 
dites , & de l'efpece la plus particu- 
lière ; comme des hermaphrodites qui 
fe fuffîfenr pour fe perpétuer. 

M, de Réaumur, dans le 
Mémoire IX. de fon Tome III. où il eft 
parlé des Pucerons , ne dît rien de po- 
li tif fur la manière dont leur féconda- 
tion eft opérée ; mais mieux infirme 
par la fuite de cette grande fingularité 
de l'Hiftoire Naturelle , il a donné un 
nouveau Mémoire fur la multiplication 
de ces înfecles , qui fait le treizième 
de fon Tome VI. où il nous apprend, 
d'après fes obfervations & celles de 
plufieurs autres Savans , tant François 
qu'Etrangers , que Léewenhoeck 
& C e s t o n 1 ife font trompés , en 
avançant que chaque Puceron fe fuffi- 
foit à lui-même , &: que fans être joint à 
un autre Puceron, il mettoit au jour des 
petits , qui lui devenoient fembiables. 
Après avoir obfervé des Pucerons à 
différentes heures du jour , Se peut-être 
pendant la nuit , ces dirïérens Natu- 
raliftes n'avoient jamais pu parvenir à 
en voir d'accouplés; & de-là , dit M. 
de Réaumur, ils ont cru être er* 
droit de conclure qu'ils ne s'accon- 
ploient pas. Il y a de certains temps „ 
de certaines heures , fie peut-être de 



ôoS P u c 

certains momens de la nuît favorables 
à une opération fi importante. Les 
Pucerons font appliqués les uns con- 
tre les autres : ils s'entretouchentpar 
des parties différentes ; ils marchent 
en certains temps , & partent les uns 
fur les autres : ce £bnt-là les occafions 
où les Pucerons peuvent fe rendre réci- 
proquement féconds. 

Accouplement des Pucerons. 

Des expériences répétées plufieurs 
fois ont fait voir à nos Obfervateurs 
que les Pucerons, pour devenir féconds, 
n'ont pas befoin de s'accoupler avec 
d'autres Pucerons , après leur dernière 
métamorphofe , Se que s'il y a entr'eux 
des accouplement nécertaires , ils la 
précèdent. Meffieurs Bonnet , Trem- 
blay , Lyonnet , & Bazin, grands 
Obfervateurs des infectes , ont réitéré 
leurs expériences pour s'aiïùrer que 
les Pucerons, qui ont vécu dans une 
parfaite folitude , depuis le moment 
de leur nairtance , font en état de met- 
tre des petits au jour, dès qu'ils font 
arrivés à leur dernier aecroïflëment. M. 
CE Réaumur a fait les mêmes 
obfervations fur ces fortes d'infectes , 
Se en joignant fon témoignage au leur, 
il dit que quelqu'étrange qu'il puiffe 
paroître qu'il y ait dans la Nature des 
animaux, dontehacun foit par lui-même 
en état de multiplier les individus de 
fon efpece , fans avoir eu commerce 
avec aucun autre depuis l'inftam de 
fa nairtance , il n'eft pas poffible de ne 
pas regarder ce fait comme certain , 
.quancfon fait qu'il eft attefté par tant 
.d'excellens Naturaliftes , qui par des 
obfervations fouvent réitérées s'en font 
aiïùrés. 

Si l'accouplement réel des Pucerons 
«ftune grande merveille , & qui pour 
.être crue , demandoit à être prouvée 
par d'auiïi longues fuitesd' expériences 
exactes , que celles que M. de Réau- 
mur a rapportées ; 11 c'eftune grande 
jnerveilk qu'il>y ait des animaux qui 



P u c 

foîent féconds fans s'être joints entra 
eux depuis l'inftant de leur naiffance, 
c'en eft une auiïi grande , dit le mêms 
Obfervateur , qu'il y ait de ces mêmes 
animaux, obligés de s'accoupler les uns 
avec les autres : car dès qu'il y a des 
accouplemens plrmi eux,ilsne font pas 
inutiles , ils font même nécertaires ; 
mais à quoi doiyent-ils lervir ? Eft-ce 
à reparer la fécondité épuifée dans des 
infectes qui de mere en mère ont été 
vierges pendant plufieurs générations, 
Nous devons avoir regret , continue 
M. de Réaumur, de ce que M. 
Lyonnet n'a pu pouffer les cu- 
rieufes Obfervations auiïi loin qu'il 
l'auroitfouhaité. Elles nous euffent ins- 
truits de deux faits important à l'égard 
defquelsileftdéfagréabie de relier dans 
l'incertitude, Se de ne pas favoir, i°. iï la 
fécondité étoit épuifée dans les Pucerons 
de la dernière génération qui l'avoit 
eue ; fi des Pucerons de cette géné- 
tion qui en avoit donné , qui s'étoient 
accouplés, s'étoient trouvés en fociété ; 
fi des Pucerons de la même génération 
féqueftrés de tout commerce , euffent 
été inféconds, ou s'ils euffent mis des 
petits au jour : z°, fi les Pucerons , qui 
nattroient de Pucerons qui fe feroient 
accouplés , feroient en tout femblables 
à ceux à la nairtance defquels l'accou- 
plement n'avoit eu aucune part. Les 
feuilles de Saule , où étoient établis 
des Pucerons , defféchées dans une fai- 
fon , où M. Lyonnet ne pouvoir 
pas en fubftituer de fraîches , ne lui 
ont pas permis de rien afliirer fur cette 
matière intéreffante. 

Quoi qu'il en foit , il eft certain , 
nous dit M. de Réaumur, qu'il 
y a des accouplemens entre les Pu- 
cerons qui ont fini leur croiffance,& 
•entre les Pucerons venus des mères 
qui ne s'étoient pas accouplées. 11 n'en 
avoit pas encore découvert la fin , Se 
c'étoient des recherches dignes des at- 
tentions de ce grand Naturalifte. M, 
Lyonnet a vu des Pucerons noirs 
non ailés » qui fe tiennent fur le 

Gramen * 



P u c 

Gfameti , s'accoupler entr'eux ; & M. 
Bonnet de très -petits Pucerons ai- 
lés avec des non ailés. Ce font des 
mâles , Se des mâles très-ardens. Celui 
qui fe trouve près d'une femelle, monte 
fur elle avant que de fe donner le temps 
de fe tourner comme il devrait , quoi- 
que fa tête fe trouve vers le derrière 
de celle-ci : ce n'eft que quand il eft 
fur fon corps qu'il fe retourne bout 
pour bout, M. Bonnet a vu le 
même fè joindre plus de douze fois 
avec des femelles différentes dans une 
feule matinée. Non feulement , dît M. 
DE Réaumur, tout ce qui marque 
des accotiplemens complets entre des 
jnfec~r.es » s'eft paffé fous fes yeux , 
mais foit dans le mâle vivant) foit 
dans le mâle mort , il a vu la partie 
qu'il doit introduire dans l'intérieur 
de la femelle , qui eft un petit corps 
longuet , blanc , & recourbé en fau- 
cille vers le dos. Il découvrit même 
au derrière du petit Puceron ailé deux 
appendices bruns , analogues aux cro- 
chets , qui font donnés aux mâles d'in- 
fectes de divers genres, pour faifir leurs 
femelles. Enfin, il n'a jamais fait fortir 
d'embrions du corps de ceux auxquels 
on ne peut refufer le nom de mâles , 
& en a toujours fait fortir du corps 
des femelles non ailées , Se des grottes 
femelles ailées. L'autorité d'un pa- 
reil Obfèryateur, que rapporte M. DE 
Réaumur , Se qu'il appuie de fon fen- 
timent , détruit celui de Léewen- 
hoeck , Se de Cestoni , qui veulent 
que les Pucerons foient hermaphro- 
dites , Se qu'ils fe fuffifentàeux- mêmes 
pour perpétuer leur efpece & fe repro- 
duire. Pourquoi y a-t-il des Pucerons 
ailés Se des Pucerons noi\ailés ? les uns 
& les autres font des petits vivsns. 
Ce font des particularités dont M. 
de Réaumur n'étoit pas encore 
ïnftruit , quand il a écrit le Mémoire 
XIII, de jm Tome VI. 

Différentes efpeces de Pucerons. 

Parlons à préfent de quelques cf- 
Toms HL 



V\JC ô-o> 

petes de Pucerons. Le Laîteron en a 
fourni à M. de Réaumur d'un 
verd mat , Se des Pucerons bronzés de 
tout âge ; des mères vertes & des mères 
bronzées , qui n'avoient point d'ailes. 
Les unes Se les autres accouchoient 
de petits qui n'avoient point d'ailes , 
Se qui étoient de la même couleur que 
celle de leur mère. Il croit que ce font 
deux efpeces qui aiment la même Plan- 
te. Ces Pucerons portent une petite 
queue membraneufe recourbée en haut, 
plus longue que ne l'eft celle de la 
plupart des Pucerons du Rofier , qui 
ont aulfi cette efpece de queue. Le 
même Obfervateur parle encore de 
quelques efpeces de Pucerons , remar- 
quables par les endroits où elles fe tien- 
nent, 11 a trouvé ceux de la première 
de ces efpeces à la fin du printemps 
dans un tronc d'Orme pourri , abattu 
l'hiver. Ils étoient amoncelés dans le 
trou où ils étoient logés. Il n'y en a voit 
que de non ailés : leur couleur étoit 
d'un brun grifâtre. Des Pucerons d'une 
autre efpece plus finguliere fe tiennent 
fur les tiges de Chênes très-fains. Us 
fe retirent dans les endroits , où l'é- 
corce fendue fe fépare tant foit peu du 
bois. M. de Réaumur y en a ob- 
fervé d'une groffeur monftrueufe pour 
ce genre d'infeètes : il y en a trouvé 
d'ailés prefque auffi gros que des Mou- 
ches ordinaires , &: ils portent auffi leurs 
ailes comme ces Mouches les portent, 
c'eft-à-dire que leur plan eft parallèle 
à celui fur lequel l'infecle marche, 
au-lieu que le plan des ailes des autres 
Pucerons eft perpendiculaire à celui fur 
lequel ils font pofés : ils font tout noirs, 
Se M. deRéaumur dit avoir dou- 
té s'ils étoient de véritables Pucerons 
jufqu'au moment où après avoir preffé 
leur corps , il en fit fortir des petits 
bien formés. Le corps de chaque Mou- 
che en renfermoit un bon nombre. La 
quantité de ces Pucerons ailés étoit 
petite en comparaïfon de celle des 
autres Pucerons fans ailes qui y étoient 
auffi. Ceux-ci ont paru à l'Obferva- 
H b. h h 



tfio P U C 

teur bien moins gros , quoique plus 
gros que les Pucerons des autres es- 
pèces. Leur couleur étoit aufiï diffé- 
rente : ils étoîent d'un brun caffé. Ce 
qu'il y a vu de plus fingulier , c'eft 
qu'ils ont peut-être la plus longue trom- 
pe , qu'ait infecle portant trompe : 
elle a au moins dans certains temps trois 
fois la longueur de leur corps. L'en- 
droit d'où elle fort, différent de celui 
«les autres de la plupart des infecles 
portant trompe , eft plus proche de 
celui où font attachées les deux pre- 
mières jambes , que de la tête. Les Pu- 
cerons de cette efpece n'ont pas tous 
une aufïi longue trompe: on en trouve 
beaucoup , à-peu-prtsautantque d'au- 
tres , qui ne l'ont pas plus longue que 
leur corps. Outre cette trompe , cette 
efpece de Pucerons a le bout de la 
tête qui fe termine par un gros filet , 
qui par fa pofition reffemble aflez aux 
trompes ordinaires: on pourroit croire 
que la grande trompe de ces Pucerons 
n'eu; deftînée qu'à aller chercher au 
loin le fuc nourricier, & que la partie 
qui fort de la tête , qui fe couche fur 
la bafe de la grande trompe , eft elle- 
même une féconde trompe qui fuce le 
fuc que la grande met à fa portée. 

M. D e R è a u m u R a encore trou- 
vé fous des mottes de gazon , au mi- 
lieu d'un bon nombre de très-petites 
Fourmis rouges, divers Pucerons gris 
non ailés d'une groffeur médiocre , Se 
cela dans les premiers jours de Mars. 
Peut-être eft-ce une efpece qui vit 
fous terre , ou qui s'y retire pour fe 
défendre contre la rigueur du froid. 
Le Pêcher eft un des arbres fur lef- 
quels les Pucerons paroiffent de meil- 
leure heure. M. de Réaumur 
en a vu dès le commencement de 
Janvier d'appliqués fortement contre 
de jeunes pouffes de Pêchers. Quand 
les fleurs de ces arbres ne commen- 
cent qu'à fe développer , on trouve 
fouvent fur certains Pêchers un très- 
grand nombre de différens tas de Pu- 
cerons. M.BosNEia beaucoup ob- 



P U C 

fervé une efpece de Pucerons de Chêne, 
Se une des plus groffes , parmi laquelle 
il y en a d'ailés Se de non ailés à l'or- 
dinaire. Le deffus du corps des non 
ailés eft brun Se mat ; le deflbus eft 
de la même couleur , mais plus lui- 
fant. Leurs antennes , leurs trompes , 
& leurs jambes , font d'une couleur 
rougeâtre tirant fur le maron. Dana 
cette efpece , il y a des ailés de diffé- 
rentes grandeurs. Les plus petits font 
très-petits par rapport aux autres. Ce 
font ces très-petits Pucerons que M.. 
Bonnet avu s'accoupler avec des 
Pucerons non ailés. 

Les efpeces de Pucerons , que je 
viens d'indiquer , fuffifent pour faire 
voir que le nombre en eft prodigieux, 
Si chaque efpece qu'on trouve fur cha- 
que efpece de Plantes, étoit une efpece 
particulière , le nombre des elpeces de 
Pucerons égaleroit au moins celui des 
efpeces de Plantes ; car M. de Réau- 
mur ne fait point s'il y a quelque 
Plante qui en foit exempte , & telle 
Plante en nourrit plufieurs efpeces 
différentes , ce qui porte à croire que 
les mêmes Pucerons peuvent vivre fur 
des Plantes très-différentes. Il y en a, 
comme je l'ai dit, qui vivent furies 
tiges & fur les feuilles des Plantes ; 
d'autres qui fe tiennent dans l'intérieur 
des troncs de bois pourri ; d'autres 
qui fe tiennent fous les écorces des 
arbres , Se d'autres fous terre. M. 
Bernard de Jussieu en a 
trouvé une efpece qui s'attache aux 
racines d'une forte de Lychnis , ce 
qui a pîqué la curiofité de M. DE 
Réaumur, & redoublé fes recher- 
ches. Il en a trouvé qui fè nourriffent 
furies racines de Millefeuille , fur cel- 
les de la Camomille, de la Cynogloffe 
ou Langue de Chien , de l'Avoine , 
d'une Ofeille à feuilles étroites , Se 
de l'Arum ou Pied de Veau. C'en eft 
afïèz pour faire croire qu'il n'eft peut- 
être pas de Plantes dont les racines 
ne fourniffent la nourriture à quel- 
ques efpeces de Pucerons- 



PUC 



PUC €tt 



PUCERONS BRANCHUS: 

Ce font des infectes aquatiques par- 
faitement bien décrits par Swammer- 
PAM > p. 8(5. Êdit. de Leyde. Ils font re- 
marquables par deux bras ramifiés qui 
s'élèvent au-deflùs de leur tête , Se 
qui leur fervent de nageoires : ils leur 
font faire divers mouvemens. Ils fau- 
tillent continuellement dans l'eau , & 
font ordinairement rougeâtres. Ils fer- 
vent de nourriture aux Polypes , dit 
M. Tremblay, Mêm. II. p. 192,. 
Edit. in-11. 

Les ennemis deftrticteurs des Puce- 
rons terreflres , font les Vers fans jam- 
bes , les Vers à fix jambes , dont les 
uns font nommés Lions -Pucerons par 
M. DE R É a u M u R , les autres Hé- 
ritons blancs , ou Barbets blancs , qui 
deviennent de petits Scarabées hémis- 
phériques. Voyez ces mots. 

Faux-Pucerons. 

Ces infectes refiemblent parfaite- 
ment aux Pucerons par leur petit elfe , 
ou par la tranquillité avec laquelle 
ils fe tiennent constamment dans la 
même place , par la manière dont ils 
fe nourriffent du fuc de la Plante , par 
la nature des excrémens qu'ils rejet- 
tent , Se louvent par les poils coton- 
neux , dont ils font couverts. Ce font 
Ces reflemblances , qui ont déterminé 
M. de Réaumur à les nommer 
Faux -Pucerons. Il y a deux fortes de 
Faux-Pucerons :les Faux-Pucerons de 
Figuier , Se les Faux-Pucerons de Buis. 
Tous les Faux-Pucerons deviennent 
des infectes ailés : ils changent plufieurs 
fois de peau. Les fourreaux fous lef- 
quels leurs ailes font cachées ont beau- 
coup d'ampleur : ils débordent consi- 
dérablement le corfelet. Ces fourreaux 
font blanchâtres , ou prefque blancs ; 
vus au mïcrofcope ils paroiflfent poin- 
tillés , Se chargés de poils courts. Leur 
confiftance reifemble à celle d'une èf- 
pece de parchemin ; le corps Se le cor- 
felet font d'un verd tendre , Se bien 
éloigné d'avoir le dur des feuilles de 



Figuier fur lefquelles on les trouve. 
Il y a^des temps où le Faux-Puceron 
fait voir deux cornes coniques , pofées 
en devant, près de l'endroit où fe ter- 
minent les fourreaux des ailes ; mais 
plus fouvent il tient ces deux cornes 
fous le bord de ces mêmes fourreaux » 
Se alors 0:1 ne les peut voir que lors- 
qu'on confidere l'infecte par-defibus. 
Quand il eu: dans cette pofition on voit 
qu'il eft pourvu de fix jambes médio- 
crement longues, qui font attachées au 
corfelet. La tête eft recourbée vers le 
ventre. Ses yeux , comme les cornes p 
fe trouvent alors en defibus. Le bout 
de la tête fe termine par une pointe fine , 
qui paroît être l'origine delà trompe. 
Cette pointe fe dirige vers la première 
paire de jambes , jufqu'à laquelle elle 
s'étend & un peu plus loin : jufques- 
là elle eft verte ; mais là on voit un 
gros point brun-noir d'où part un filet 
que l'infecte dirige de quel coté il veut. 
Ce filet a à peine la gro fleur d'un 
cheveu; il eft l'inftrument qui tire le 
fuc de la Plante , apparemment après 
l'avoir percée. Telle eft , félon M. 
DE Réaumur , la defeription des 
Faux- Pucerons. 

Leurs dépouilles , Se fur-tout leurs 
premières , font chargées de longs fi- 
lets cotonneux , attachés principale- 
ment à leur partie poftérieure. Ces 
infectes fe tiennent ordinairement fous 
le defibus des feuilles de Figuier , Se 
on en trouve aufii d'attachés contre 
les Figues mêmes vertes Se dures. M. 
de Réaumur croît qu'ils ne font 
ni bien ni mal aux Figues. Ils fe mé- 
tamorphofent en Moucherons à quatr» 
ailes , Se il les met dans la clafle des 
Moucherons fautaurs. 

Le même Obfervateur parle d'une 
autre eipece de Faux-Pucerons dont 
le Buis eft peuplé en quelques mois 
de l'année. Ils prennent plus de foin 
de fe cacher que les autres ; ils n'en 
font que plus aifés à trouver , quand 
on connoît une fois les caches où ils 
fe tiennent. Plufieurs Pucerons, Scies 
H h h h ij 



<? ï2 PUD PUL 



PU M 



Faux-Pucerons de Figuier jettent par 
l'anus une eau fucrée ; mais les Faux- 
Pucerons de Buis rendent pour excré- 
ment une efpece de manne. Quand 
elle fort de leur corps , elle_ n'a pas 
toute la folidité qu'elle acquiert dans 
la fuite , Se c'eft quand elle en a trop , 
ou trop de difpofition à fe fécherque 
ces infectes fe trouvent avoir de lon- 
gues queues tortueufes. Ces Faux- 
Pucerons ne fe trouvent que dans les 
boules de buis , faites des feuilles de 
l'année. Ils ont une trompe comme 
les premiers, avec laquelle ils aiment à 
percer les jeunes feuilles Se en tirer 
le fuc. Ils fe métamorphofent aufTi en 
Moucherons fauteurs. Voyez MOU- 
CHERON SAUTEUR. 

PUD 

PUDIANO VERDE, nom 
que les Portugais donnent à un poif- 
fon du Bréfil , qui fe pêche dans la 
mer. Il eft bon à manger , Se il eft 
remarquable par fa couleur : il a dix 
doigts de long depuis l'extrémité de 
fa bouche jufqu'à celle de la queue, 
Se trois de large par tout le corps. 
Sa queue en a trois Se demi. 

PUDIANO VERMELHO, 
ou BODIAN A , poiffon du Bré- 
fil , nommé dans ce pays Aipimixira 
Se Tetimixira , dont parle Marc 
Ga a v e ( Hifl. Braf. L. IV. e. 3. > , 
R u y s c h ( de Pifc. p. 124.)» Ray 
( Synop. Meth. Pifc. p. 148. n. 8. ) , 
qui eft de la grandeur d'une médio- 
cre Perche , Se bon à manger, 

PUL 

P U L P O, poiffon de la mer du 
Sud. Cet animal eft fi fingulier qu'à 
le voir fans mouvement on le prend 
pour une branche d'arbre , couvert 
d'une écorce femblable à celle du Châ- 
taignier. Il eft de la groffeur du petit 
doigt , long de fix à fept pouces , Se 
divifé en quatre ou cinq nœuds ou 
articulations qui vont en diminuant du 
côté de la queue , qui ne parolt » non 



plus que la tête, autrement que comme 
un bout de branche caffée. Lorfqu'iï 
déploie fes fix jambes , & qu'il les 
tient rafTembiées vers la tête' , on les 
prendront pour autant de racines , & 
la tête pour un pivot rompu. Les Chi- 
nois l'appellent Pulpo , Se difent qu'en 
le maniant avec la main nue , il l'en- 
gourdit pour un moment fans faire 
d'autre mal. Ce qui fait croire que 
c'eft une Sauterelle de la même ef 
pecoquele P. du Tertre a défignée , 
Se décrite fous le nom de Cocjîgruè' 
dans fon Hifloire des Antilies , avec 
cette différence qu'on ne lui a point 
remarqué une queue à deux branches , 
ni les petites excroiflances en pointes 
d'épingles que cet Auteur met à fa 
Cocfigruë. D'ailleurs il ne parle point 
d'une petite veflie qu'on trouve dans 
le Pulpo , pleine d'une liqueur noire 
qui fait une très-bonne encre à écrire. 
C'eft YAnimago Brafilia de M A r c 
Grave. Il en eft auffi parlé par 
Frézier, 

P U M 

PUMA, nom qu'on donne , dit 

NlEREMBERGf Hifl. Exot, L. IX. 

f. 21. ), à une efpece de Lion du Pé- 
rou , plus petite que celle d'Afrique. 
Il ne fait point de mal , à moins qu'on 
ne l'attaque. Il dégénère entièrement, 
des Lions des autres contrées , pour 
le courage, pour la grandeur, & pour 
la couleur de fa crinière , qui eft plu- 
tôt brune que roufTe. Les Indiens s'af- 
femblent pour lui faire la chafTe. Ils 
le tuent à coups de pierre Se de bâton , 
ou de fouet. Ces animaux montent 
quelquefois fur les arbres ,. & les In- 
diens les y viennent attaquer à coups 
de piques Se de flèches. La chair en 
eft blanche, Se ils la mangent. Ruysch 
( de Quad. p. 81. ) , rapporte qu'un 
Efpagnol tua dans un arbre à coups 
de piques & de flèches la femelle d'un 
de ces animaux , qui s'étoit accou- 
plée avec un Tigre. Il lui trouva dans 
le ventre deux petits , dont la peau 



PUN 

{toit marquée comme l'eft celle du 
Tigre. 

PUN 

PUNAISE , genre d'infecte , 
mispar M. Linn/eus ( Fauna Suec. 
p. 203.) dans l'ordre des Hemiptera. 
Il y en a un grand nombre d'efpeces, 
différentes pour la grandeur & pour 
la couleur. On les trouve dans les 
champs , dans les jardins potagers , 
dans les vergers , fur les légumes , 8c 
fur les arbres. Swammf. rdam les 
nomme Punaïfes de terre volantes , 8c 
il en compte feize efpeces que la Na- 
ture a peintes de toutes fortes de cou- 
leurs; ce qui les rend auffi agréables à 
la vue , que l'odeur en eft incommode. 
Il y a auffi des Punaifes aquatiques , 
qui volent pareillement , Se qui ont 
dans la bouche un aiguillon avec le- 
quel elles piquent fortement. 

PUNAISE de lit, ou domefli- 
que , ou commune * , infecte que M. 
Linn/eus met du nombre de ceux 
qui ont le corps rond. Il dit qu'il n'en 
a pas vu d'ailées , quoique quelques- 
uns affurent qu'on en voit en certain 
temps de l'année , ce qui ne répugne 
pas à la ftruclure de fon corps , qui 
eft de la figure & de la grofleur d'une 
petite Lentille , court , fort plat , 
prefque rond , ou de forme rhomboïde , 
mol & facile à écrafer , pour peu 
qu'on le touche , rougeâtre , ou d'une 
couleur de canelle un peu foncée , & 
d'une odeur puante & défagréable. Son 
corps eft compofé extérieurement de 
trois parties principales , qui font la 
tête , la poitrine ou le corfelet , & le 
ventre , ou le corps proprement dit. 
La tête eft munie furies côtés de deux 
petits yeux bruns un peu faillans ; en 
devant , il y a deux petites cornes ou 
antennes , compelées chacune de trois 
articulations qui font de plus en plus 
déliées , 8c en deffous , eft une trompe 

* Cet infecte eft nommé en Grec Kiftt ; 
en Latin Cimes, d'où eft venu le mot Ita- 
lien Ctmke . MÉKA6E croit que le mot 



PUN 0-13 

recourbée dans fon état de repos , plas 

enflée dans fon milieu qu'à fa naiiïance 
& à fon extrémité , dont la pointe va 
fe loger entre les deux jambes de de- 
vant ; le corfelet n'eft formé que d'un 
anneau un peu large qui tient à la tête 
par un étranglement 8c auquel eft at- 
tachée înférieurement la première paire 
de jambes ; le corps qui va en s'élar- 
giflant eft compofé de neuf anneaux, 
dont le premier eft comme féparé en 
deux par une petite échancrure formée 
d'une pièce triangulaire qui fait la 
jon&ion du corps avec le corfelet ; 
fous le ventre il donne attache aux 
deux dernières paires de jambes ; car 
il n'y a en tout que trois paires de 
jambss. Chaque jambe a trois jointures 
qui forment d'abord la cuifle , enfuite 
la jambe proprement dite , puis le pied 
qui eft armé d'un crochet aigu , ref- 
femblant à un hameçon. Les jambes 
de la féconde paire font tant foit. peu 
plus grandes que celles de la pre- 
mière ; 8c les jambes de la troifieme 
paire font un peu plus grandes que 
celles de la féconde. Tout' le corps 
de la Punnife eft liffe , à la réferve 
de quelques petits poils fort courts que 
le microlcope fait découvrir autour 
de l'anus 8c furies bords des derniers 
anneaux. Quand l'animal eft vivant Se 
plein de fàng , il a le dos un peu 
bombé & rebondi , mais le ventre eft 
toujours applatî. 

Dans l'intérieur , on apperçoit au 
milieu la groffe artère qui fait l'office 
du cœur , & des trachées à droite 8c 
à gauche qui fervent à la refpiration. 
L'œfophage , le ventricule , & les in- 
teftins , vont droit de la bouche à l'a- 
nus, Après une longue diète , on y 
trouve au lieu de fang & d'excrémens 
rougeâtres une humeur mufqueufe , 
qui reffemble à du blanc d'œuf. La 
femelle a un ovaire plein de petits œufs 
ramaffés en grappe , obiongs , pref- 

François Punatfe vient du Latin putere, qui 
fïgiiifie puer , & que ce nom ]ui a été donne 
à caufe qu'elle fent fort mauvais, 



Ci 4 



P U NT 



que cylindriques , blanchâtres & tranf" 
parens. Le mâle & la femelle s'ac- 
couplent ensemble queue à queue. La 
femelle dépofe fes œufs fécondés dans 
un lieu propre à les faire éclorre, Se 
ïl en fort par le bout de petites Fu- 
natfes, qui quoique nées tout récem- 
ment , Se à peine vifibies ne laifient 
pas de courir très-vîte. 

La plupart des P un ni fer meurent 
l'hiver dans les climats froids ; mais 
les femelles ont foin de dépofer dans 
les endroits les plus chauds une infi- 
nité d'œufs qui fe confervent pendant 
la mauvaife faifon , & qui aux ap- 
proches de l'été s'ouvrent en foule pour 
laiiler fortir les petits animaux qu'ils 
renferment ; car ces iâfe&es ne font 
que trop féconds & multiplient pro- 
diçieufement , à la faveur des matières 
putrides qui s'exhalent des corps ani- 
més. Audi nai(Tent-ils abondamment 
dans les vieux bâtirnens, dans les ap- 
partenons voifins des Poulaillers , des 
Colombiers , des cages de Cailles & 
des fours , dans les vieilles folives 
des maifons , dans les lits , fur-tout 
dans ceux dont le bois eft de fapin , où 
il y a de vieilles paillafles , ou dont 
la paille & les draps ne font pas allez 
fouvent renouvellés , ainfi que les ma- 
telas ; dans ceux qui font proches des 
vieilles cloifons ou de vieilles murailles 
enduites de plâtre , ou près de vieux 
livres. On en voit une plus grande 
quantité aux chambres d'en haut , aux 
lieux fecs & expofés au Midi , prin- 
cipalement dans les grandes villes bien 
peuplées , & où les maifons font à 
plufieurs étages. Les Tunaifes font car- 
naffiercs jufqu'à fe manger quelque- 
fois les unei les autres , comme font 
les Araignées , les EcrevifTes , Se quel- 
ques autres infectes. La maxime fi fou- 
vent citée contre nous , dit M. D e 
Réaumur, qu'il n'y a que l'hom- 
me qui fade la guerre à l'homme, Se 
que les animaux de même efpece s'é- 
pargnent , a affurément été avancée 8c 
adoptée par des gens qui n'avoient pas 



P U N" 

étudié les infectes. Leur bîftoire nous 
fera voir en plus d'un endroit que ceux 
qui font carnaffiers en mangent fort 
bien d'autres de leur efpece quand ils 
le peuvent; mais ce qui eft pis & par- 
ticulier à quelques Chenilles , c'eft que 
quoique faîtes , ce femble , pour vivre 
de feuilles , quoiquelles les aiment Se 
qu'elles en fa lient leur nourriture or- 
dinaire , elles trouvent dans la chair 
de leurs compagnes un mets préféra- 
ble ; elles s'entremangent quand elles 
peuvent , mais ce ne font que les par- 
ties intérieures qu'elles mangent ; elles 
lahTent non-lèulement la tête Se les 
jambes , mais même toute la peau. Le 
cadavre alors eft réduit à peu de chofe. 
Il en eft de même de nos Pitnaij'es , 
dont l'intérieur a été percé & fucé 
par l'aiguillon ou la trompe de leurs 
compagnes. Leur fquelette reflemble 
à cette dépouille complette dont elles 
fe défont tous les ans. 

Parmi les fléaux que la divine Pro- 
vidence a répandus fur la terre pour 
punir la vanité & la molleffe de l'hom- 
me , nous croyons que les Pitnaifcs ne 
font pas un des moindres , Se c'eft 
avecraifon que Mathiole avance 
que ces infectes font les ennemis les 
plus fâcheux Se les plus importuns 
qu'on puiffe avoir au lit pendant la 
nuit ; car outre qu'ils nous piquent 
pour fucer notre fang, ils font encore fi 
puants que nos fens & nos efprîts en font 
plus offenfés par leur mauvaife odeur , 
que les parties de notre corps ne peu- 
vent l'être par leurs morfures. 

Il y a fort long-temps qu'on eft 
dans Popinion de croire que les Char- 
treux n'ont point de Pnnaifes ; & 
Cardan cherchant à en apporter une 
raifon jufte Se naturelle , prétend que 
c'eft pareeque ces Religieux ne man- 
gent point de viande. Mais Scaliger 
le réfute en ces termes : Comment , 
lui dit-il , avez -vous ofé inférer un 
pareil conte parmi vos fubtilités , Se 
ajouter au menfonge une caufe fi vaine ? 
C'eft dommage que Pïthagorb 



PUN 

ïi'en ait pas eu de connoiflàflce ; maïs 
n'auriez-vous pas dû vous reflbuve- 
iiîr que les Chiens n'ont pas de Pu- 
naifes , ni les Chevaux de Puces , au 
lieu que les Rats en ont tant , qu'au 
premier coup d'ceil ils paroiffent quel- 
quefois couverts d'une peau de Puce. 
Je veux qu'aucun Chartreux ne foit 
incommodé des Punaifes , il reliera 
toujours à favoir fi elles ne naifTent 
point "dans leurs lits ; car les lits de 
Toulouie ne mangent point de viande , 
8c cependant ils font infeftés de cette 
vermine. Au refte , fi l'abflinence des 
Chartreux l'extermine , le beau mira- 
cle que voilà I Ne fait-on pas que chez 
les Marfes il y a des Vipères , qui ne 
leur font aucun mal quoiqu'ils foi'ent 
les ennemis déclarés des Serpens ? Le 
favant Aldrovande appuie la 
réfutation de Scalicer, Se s'înf- 
crit en faux contre la tradition de la 
prétendue prérogative des Chartreux. 
Il ajoute fort fenfément qu'on doit 
bien s'informer fi une chofe eft avant 
que de chercher la raifon pour laquelle 
elle eft. C'eft trancher tout d'un coup 
le nœud de la difficulté que de nier 
ce fait ; mais comme la fingularité d'un 
fait n'eft pas une raifon fuffifante pour 
la nier , nous avons cru devoir faire 
l.î-de!Tus les perquifitions néce flaires. 
Il en réfulte qu'il eft extrêmement 
rare de voir les Chartreux incommo- 
dés des Punaifes , Se qu'il n'y a que 
ceux qui fortent dehors à qui il arrive 
quelquefois d'en gagner. Si donc les 
Chartreux font , généralement parlant, 
exempts de Punaifes , nous ne penfons 
pas que ce foit un privilège qui ait 
été fpécialement accordé à tout l'Or- 
dre en vertu des mérites de Saint 
Bruno leur Fondateur , comme on 
le croit communément. Mousfommes 
encore plus éloignés de penfer que 
c'eft pareequ'ils font toujours maigre ; 
autrement les Bénédictins , les Ber- 
nardins Réformés de la Trappe , les 
Camaldules , & les Carmélites , joui- 
roïent du même privilège. La vraie 



P Û N -6*15 
raifort en eft que les Chartreux ne 
fortent point , & qu'ils tiennent leurs 
cellules , ainfi que leurs habillemens 
dans une très-grande propreté. Cela eft 
fi vrai . qu'il y a des Chartreufes où les 
domeftiques font mangés de Punaifes , 
tandis que les Religieux n'en ont 
point. Nous tenons ces éclairciffemc-ns 
d'un Vifiteur de l'Ordre , homme inca- 
pable d'en impofer,difentles Auteurs 
de la Suite de La Matière Médicale. 

Les Punaifes fuient la lumière , Se 
fe tiennent cachées pendant le jour; 
mais dès que la lumière eft éteinte & 
qu'elles ont fenti -qu'on eft couché „ 
elles fe laiflent .tomber des rideaux 
Se du ciel du lit; elles fortent enfouie 
de leurs différentes retraites; elles af- 
fiegent le pauvre homme qui veut 
dormir , Se le tourmentent comme un 
forçat , fe jettant principalement au 
vifage & aux parties du corps où la 
peau eft plus tendre ; elles fe montrent 
d'autant plus terribles, qu'elles ont jeû- 
né plus long-temps. Malheur à celui 
qui eft obligé de voyager en été dans 
les pays chauds , il faut qu'il prenne 
le parti ou de ne fe point coucher , 
ou de fe coucher tout habillé , ou en- 
fin de fe mettre fur le carreau , à 
moins qu'il ne foit invulnérable ou in- 
fenfible; car il en eft à-peu-pres des 
Punaifes comme des Coufins , les uns 
& les autres font avides de notre fang. 
Il y a des chairs que les Coufins pré- 
fèrent à d'autres : il y en a même qui 
ne font jamais piquées , ou fi elles le 
font , qui ne s'en trouvent nullement 
incommodées , au-lieu que la moindre 
piquûre faite à une peau plus délicate r 
ou plus fufceptible , excite une dé- 
mangeaifon importune Se une tumeur 
qui devient quelquefois affez consi- 
dérable , fur-tout quand onfe gratte à 
l'endroit piqué. De même on voit des 
gens que les Punaifes ne piquent point , 
foit que leur peau foit trop dure , foit 
que l'odeur ou le goût de leur fueur 
ou de leur tranfpiration les éloigne 
ouïes rebute : on en voit qui dorment 



616 PUN 

tranquillement au milieu d'une légion 
de Punaifes , fans fe foucier ni de leur 
puanteur, ni de leurs morfures; tan- 
dis que d'autres en font dévorés & en 
perdent le repos. Il en eft pour qui 
une feule Punaife eft un fupplice 

On s'eft mis beaucoup en P eme ° e 
chercher des fecours pour nous dé- 
fendre contre ces vilains infectes , il 
ennemis de notre repos , & il eft éton- 
nant de voir la quantité de recettes 
que les Anciens & les Modernes nous 
donnent pour cet effet en forme d'hui- 
les , de graifïes , d'onguens , de lo- 
tions , & de fumigations. On fait que 
l'huile tue tous les infecles qui y ont 
été plongés , ou qui en ont été Am- 
plement frottés. 

MouFFET, dans fon Théâtre des 
Infeiles , dit que le marc de beurre , 
qu'on aura fait bouillir , jette fur 
les endroits ou viennent les Punaifes t 
les détruit d'une manière furprenante 
en les fatfant crever de réplétion ; 
c'eft peut-être cette graitTe dont Car- 
dan parle en ces termes : J'ai connu 
autrefois , mais je ne m'en fouviens 
plus, une forte de graiffe , qui , quand 
on en frottoït une affiette de bois at- 
tiroit toutes les Punaifes , de façon 
qu'on ne voyoit plus le bois. Les o li- 
guons dont on a coutume de fe fervir , 
font en très- grand nombre ; mais il 
faut pour qu'ils produifent l'effet dé- 
liré , en imbiber le mur , le bois du 
lit , toutes les jointures , Se toutes les 
crevaffes , ainfi que le chevet , Se en 
un mot tous les trous 8c tous les en- 
droits où les Punaifes fe nichent 8c 
dépofent leurs œufs, Le mal eft que 
l'effet qui en réfulte n'eft niconfidé- 
rable , ni durable. Il faudroit que tout 
le tour du lit Se les rideaux en fuffent 
hitn pénétrés , fans quoi les Punaifes 
ne manquent pas de reparaître peu 
de temps après. Outre que ces ap- 
plications devant être fouvent renou- 
■vellées , elles gâtent néceffairement le 
tour du Ut. 

Selon Fline , le parfum des Sang- 



P U N 

fuës ttte les Punaifes , comme celui 
des Punaifes tue les Sangfucs. Al- 

DROVANDE Se JONSTON nous 

apprennent d'après Hippocrate, 
que la fumigation faite de fiente de 
Taureau , chaife les Punaifes. A v i- 
C e n n e dit la même chofe de la fiente 
humaine ; d'autres vantent la fumée 
de vitriol ou du verdet , de même que 
celle du Cyprès , de la Nielle , de 
la Conyze , de la Ciguë , du Tabac , 
du cinnabre Se du foufre , dont on a 
foin d'empêcher l'évaporation le plus 
qu'il eft poffible. Si l'on en croit Di- 
MOCK.ITE , les pieds d'un Lièvre ou 
d'un Cerf arrachés au pied du lit font 
fuir les Punaifes , Se un bois de Cerf 
ou du crin de Cheval fufpendu à l'en- 
trée de la chambre les empêche d'y 
entrer, Les feuilles d'Abfynthe ou 
d'Auronne, celles de Kuë , de Chan- 
vre , d'Hieble ou de Sureau; les fruits 
d'Alkekenge , les Fougères mâle & 
femelle , le Lierre , les gouffes de 
Geneft commun , le Fenouil , le Bo- 
trys ou Piment , fur-tout le Botrys, 
qu'on appelle î hé ou Ambroifie du Me- 
xique , mis fous le chevet ou étendus 
fous le lit , paffent pour être propres à 
châtier cette engeance maudite. Il y 
en a qui recommandent de mettre 
fous le lit un fceau d'eau froide , ou 
du cuir de iiuftie , dit vulgairement 
Cuir de Roujfî, Le fiel de Bœuf, mêlé 
avec le vinaigre , le fuc de Concombre 
fauvage , la teinture de foufre , la 
poix liquide , l'eau de chaux, à la- 
quelle on ajoute le Staphifaigre , le 
vif - argent , le foufre , Se l'huile de 
Laurier , le tout bouillant Se frotté fur 
les lits , font encore des fecrets ufités. 
Mais il faut avouer que la plupart de 
ces prétendus fecrets font plus nuifi- 
blcs qu'utiles,& pires que le mal même. 
L'eau de fublimé , mêlée avec de la 
graiffe , fait mourir les Punaifes , ainfi, 
que les Poux. 

M. James , après avoir confeillé 
contre les morfures des Punaifes , s'il 
anivoit qu'on en fût incommodé , un 

Uniment 



P U N 

linîment d'huile d'Olive ou d'efprit 
de vin , ajoute , d'après Aetius, 
ancien Médecin Grec , que fi on lave 
les bois de lits avec de la décoction 
du Caméléon noir , qui eft une efpece 
de Carthame à feuille de Carline Se à 
fleur double , elle préviendra furement 
la génération de ces animaux. Enfin 
tous les Auteurs conviennent que les 
drogues qui ont une odeur forte font 
contraires aux Punaifes , Se l'on remar- 
que que chez les Apothicaires, chez 
les Droguïftes & chez les Corroyeurs , 
on ne voit point de cette vermine. 
Le Docteur Philippe Sachs, 
dans fa Gammarologie , dit qu'en Si- 
léfie le meilleur remède qu'en ait pu 
trouver pour chafler les Punaifes , 
eft de laver les trous où ell=s (e re- 
tirent avec une décoction d'EcrevilTe , 
& que cette décoction les fait fuir 
comme fi on les avoit touchées avec 
du fublime. Tout le monde fait com- 
bien les Anciens fe font efforcés de 
découvrir quelque remède capable de 
détruire toutes fortes de vermines , Se 
combien il y a eu de fuperftition dans 
ce qu'on appelloit Taiijmans- Se Amu- 
letes ; imis tar.s avoir recours à la 
Magie noire , on trouve chez les Mo- 
dernes des remèdes externes , dont 
l'effet réel peut s'expliquer fuivant les 
loix de la méchanique. Depuis peu on 
nous a donné'un certain remède pro- 
phylactique , ou préfervatif contre les 
Punaifes , qui eft fort en ufage dans 
quelques endroits , Se qu'on nomme 
YAmulete de la Chine ; mais cet Amu- 
lete prétendu eft apocryphe. 

Dans certains hôpitaux , on a cru 
pouvoir fe garantir d'une vermine fi 
incommode , en fubftituant le fer au 
bois pour les lits ; mais ces lits de fer 
font plus utiles pour la durée , que 
pour empêcher la production des Ptt- 
naijes ; car elles favent bien fe loger 
ailleurs que dans les bois de lits. Nous 
avons quelquefois éprouvé avec fuc- 
cès certaines Plantes à feuilles rudes 
& épineufes , telles que la Buglofle , 
Tome HL 



PU N 0-17 

la Bourrache , & fur-tout la grande 
Confonde : on étend ces feuilles fur 
le traverfin ou l'oreiller , Se le lende- 
main matin on y trouve les Punaifes 
comme empêtrées au milieu des épines. 
Mais, félon Aldrovande, rien 
n'eft plus commode que les nattes de 
paille ou de jonc, ainfi que les claies, 
d'ofier mifes au chevet du lit; car les 
Punaifes s'y retirent volontiers , Se Ton 
a foin de les fecouer matin Se foîr pour 
les écrafer. Plus les nattes Se les claies 
font vieilles , meilleures elles font , 
pareeque ces infectes ayant l'odorat 
très-fin , l'odeur de leurs femblables 
les y attire en foule. Les Araignées 
les mangent quand elles en peuvent 
attraper. 

Les Pitnaifes contiennent beaucoup 
de fel volatil Se d'huile. On les eftime 
propres pour faire uriner dans la fup- 
preflion d'urine. Dioscoride con- 
cilie de les faire deffécher , Se enfuite 
de les réduire en poudre pour en in- 
troduire dans l'uretre ; mais la cou- 
tume eft de les introduire vives dans 
ce canal pour y exciter du chatouil- 
lement & obliger le fphincter de la 
vefiïc à fe relâcher. Schroderus 
affure avoir vu en donner avec fùcccs 
le nombre de trois , piiées pour faire 
fortir l'arriere-faix & le fœtus. Quel- 
ques-uns en font prendre f;pt ou huit 
à l'entrée de l'accès des fièvres inter- 
mittentes; mais tous ces effets ne font 
pas aftez garantis par l'expérience , 
pour donner la préférence à ces in- 
fectes fur d'autres remèdes mieux con- 
nus qui peuvent être employés dans 
les mêmes cas ; Se leur odeur déi agréa- 
ble fait qu'on ne fe portera jamais vo- 
lontiers à en faire ufage , à moins qu'on 
n'y foit forcé par la difette de tout 
autre remède. Voilà ce que les Au- 
teurs de la Suite de la Matière Me- 
dicafe ont écrit fur les Pitnaifes. 

Après cèçte Punaife ddmefliqite , M. 
L 1 n n ■/£ u s donne quarante autres 
efpeces de Funaifes , dont les unes 
font de figure ronde , Se les autres de 
X £ i 1 



tfi8 PUN 



P U N 



figure oblongue. Parmi ces différentes 
efpeces , il y en a qui ont été connues 
les unes de F r i se h , de Ray, de 
Lister , de Jonston, de Sloane, 
de Petivert & de Bauhin ; les au- 
tres Je M. L i n N je u s , parcequ'elles 
font particulières à la Suéde f ainfi. 
qu'aux pays adjacens. 

Les Actes d'il pj al font auffi men- 
tion d'un grand nombre de ces Pit- 
naifes , dont plufieurs fe transforment 
en infectes qui ont des ailes. On trouve 
des Punaijes dans le fumier; celles-ci 
fe métamorphofent en Mouches quifen- 
tent fort mauvais. Il y a des Punaifes 
de bois } différentes Plantes en nour- 
rîffent. Enfin , les forêts , les prairies 
Se les campagnes en fourniifent. 

Voici les différentes efpeces dont 
M. L i n n je u s parle dans fa Fauna 
Suecica, 

Il nomme la première efpece ( n, 
6ùfj. ) Cimex roflro arcuato , antennis 
apice capillaceis , corpore oblongo nïgro. 
C'eft le Cimex (lercorarius major oblon- 
giis de Fris c h ; & peut-être le 
Cimex maximus niger feu atratus , alis 
midis ex loto membranacets. Cette P u- 
naife vit de rapine , fe nourrit de Mou- 
ches Se d'autres infectes : elle eft mon- 
tée fur fix pieds ; ceux de derrière 
font très-longs , faits en maffue , gros 
près des ongles : elle court d'une ma- 
nière extraordinaire , car fes pieds , 
quand elle marche , ne remuent pas 
tous en même temps. Elle eft couverte 
d'une craffe ou ordure dont elle fait 
fe défaire facilement : elle en change 
pour tromper les yeux de l'Obfer- 
vateur. Sa figure n'eft pas belle à voir : 
elle a celle d'une Araignée Phalange. 
Son corps eft velu , échancré , d'une 
couleur cendrée , qui imite le fable 
ou la terre feche; fa tête & fes an-- 
tennes , comme dansles autres efpeces , 
font fans poil; cependant le dernier ar- 
ticle des antennes eft velu. Elle porte 
une trompe courbée & faite en arc. 

La féconde efpece eft une Punaife 
ytrte > qui fe trouve par-tout à la cam- 



pagne, nommée (». 648.) Cimex fui- 
rotunâus viridis , margirie undique fla- 
vo. Elle a le corps rond , des antennes 
compofées de cinq articles oblongs , 
verds , le dernier très-petit. La tête , 
le corfelet ou la poitrine , Se les four- 
reaux des ailes font verds , un peu ru- 
des au toucher ; la pointe du corfelet 
eft jaune , les ailes fupérieuves font 
blanches , les inférieures font brunes , 
le ventre eft verd , le dos eft noir , le 
bout des mâchoires eft rouge Se four- 
ni de quatre articles. Cet infeéte a la 
langue de toute la longueurde la bou- 
che laquelle eft foyeufe ou chargée, 
de poils , la mâchoire fupérieure très- 
courte & pointue comme une alêne qui 
ferre la langue , Se le dos fous les ailes, 
non rouge , mais d'un noir foncé. M. 
Li N N & V s dit que c'eft la plus grande 
efpece de Punaife. qu'il y ait en Suéde, 
Ray en parle , inf. p. 5 3 . n. 1. 

La troifieme efpece nommée ( ». 
649 ) Cimex nigricans , abdomine pia- 
no , margine imbricatim fecto , fe trouve 
dans les forêts fur les troncs d'arbres 
fecs. Elle eft plus grande que la Pu- 
naife de lit , toute plate , très -maigre , 
& noire en- deffous. L'abdomen eft 
bordé de chaque côté de fix filets en 
forme de lambeaux , obtus , de la cou- 
leur de l'écaillé de Tortue ; le corps 
&la poitrine font fales ; les antennes 
font compofées de trois articles. Les 
ailes Se les fourreaux ou élytres , font ■ 
de couleur cendrée. 

La quatrième nommée (n. 65 o. ), 
Cimex grifeus , abdominis margirie ni- ■ 
gro maculato , eft le Cimex fylveft ris , 
corpore breviori , fufeus , feapulis ma- 
qij extantibus , macula è fiavo rttbente 
in centra crucis dorfalis de Ray ( Inj, 
p. 54. n. 2. ) , de Jonston ( Inf. 
t. ij-fig- 5>0 » de L 1 s t e r ( Mut. t. 
31./. 29. ), & le Cimex ex luteo-vi- 
refeente infitfcatus, corniculis maculât is, ■ 
jïmiliter ad alvi margines nigris ma- 
culis eleganter interftinl~lus , du même 
L I S T E R ( Loq. p. 3 9 6. n. 3 6. ). Les 
Suédois nomment Bearfis cette efpece- 



P U 'N 

£e Punaife. C'eft au (fi la même que le 
Cimex grifeus macula è fiavo rubente 
in apicc elytrontm , de M. Guettard. 
On la trouve communément en au- 
tomne dans les bayes ou fruits des ar- 
bres , auxquels elle donne une mau- 
vaife odeur que n'aiment pas les en- 
fans. 

La cinquième efpece , nommée ( n. 
tfj i. ) Cirnex grifeus ovatus , thorace 
titrinque obtufe angulato , pedibus ru- 
bris , qui fe trouve en plufieurs en- 
droits de la Suéde , eft du nombre des 
très-grandes efpeces : elle a des an- 
tennes rouges & noires vers la bafe , le 
dos tout gris , la pointe du corfelet 
rouge , le bord de l'abdomen pointu , 
varié de noir 5c de rouge , Se les pieds 
roux. 

La fixieme , nommée ( n. C52. ) 
Cimex grifeus ovatus , thorace utrinque 
acumine angulato, amennis ru fis , aie 
corps gris par-tout , la pointe du cor- 
felet d'un pâle de lune , les antennes 
d'un rouge pâle , & les pieds font de 
la même couleur du corps Elle eft 
iemblable à la précédente de forme & 
de grandeur. 

La feptieme efpece , nommée (n. 
6"5 5.) Tv.na.ijt rouge à deux ailes, en 
Latin Cimex ruber , alis fttjcis , fe 
trouve fur l'Ortie , ainfi que fur d'au- 
tres Plantes. Elle eft de la grandeur 
de la Punaife domejlique. Tout fon 
corps eft: rouge fans aucune tache no- 
table ; les fourreaux des ailes font 
marqués au milieu d'un point ou ta- 
che d'un noir pourpre ; les ailes font 
brunes , l'abdomen eft noirâtre fous 
les fourreaux , & il y a une ligne blan- 
che qui traverfe dans le milieu des 
fourreaux proche du bord extérieur. 

La huitième, nommée («. 654. ), 
Cimex ov.it us cm.rulefcenti-s.neus , tho- 
race lineolâ , fcutelli apice , ely tri/que 
fundo albo , rubrove , eft la même que 
le Cimex j'ylv efln s c -aritlt -J cens paulo re~ 
liquis m'inor & magis deprejj'us , de 
Ray (Inf. p. 59. n. 6.) , dont une 
variété qui diffère par une marque 



P U N «n? 

rouge , que cet înfeéte a aux épaules , 
arc afcapularumm.gr a. S l o a n e parle 
de cette huitième efpece de Punaife , 
p. 203, Il en donne la figure ( t. 137. 
n. 36". & 37. ) , 5c il la nomme Cimex 
mimr c&ruletts , lineis albis varius , tef- 
tudinis forma. On trouve cette efpece 
de Punaife far les grandes Plantes : 
elle a le corps d'un bleu de cuivre 
luifant , ainfi que la tête , la poitrine 
& les fourreaux des ailes. Le mâle brille 
par des taches blanches , Se la femelle 
par des taches rouges. 

La neuvième efpece , nommée (». 
<5 5 5 . > » Cimex ovatus niger , ely tris nï- 
gro alboque variegatis , alis albis , eft 
Ta même que le Cimex niger noflras , 
albo maculatus , de Petivert 
( Gaz., p. 22. t. 14. f 7-) > le Cimex 
niger maculis candidis noiatus , de 
Lister ( Loq. p. 398. n. 37. )> & 
le Cimex parvus fylvéfiris , corpore ro- 
tundiore , colore nigro fplendente , ma- 
culis albis piSlo. Cette efpece fe trou- 
ve comme la précédente fur les Plan- 
tes , 8c elle eft de fa grandeur Se de 
fa figure, Elle eft toute noire par le 
dos , les fourreaux font de la même 
couleur ; elle a une tache blanche an 
bord extérieur proche la bafe , une au- 
tre tache blanche au b ord proche de la 
pointe , 5c par devant au bord du cor- 
felet de chaque côté encore une tache 
blanche. : 

La dixième efpece , dont parle Lis- 
ter. ( Mut. t. 37. /. 20.) , nommée 
(n. 6^6.) Cimex ovatus, anticè atté- 
nuât us , cinerco-ex al Indus , antennis m- 
carnatis , eft la Mufca cimiciformis 
fexta de WlLLUGHflY. Ray ert 
fait mention ( Inf p. 56. » 6.) Cette 
Punaife eft de figure ovale, a la poi- 
trine Se le corfelet d'un cendré blan- 
châtre , marqués de deux points noi- 
râtres , deux bandes brunes , qui vont 
en long de la poitrine par la tête Se 
fmiffent vers le front , S; des antennes 
de couleur de chair ou rouffàtres. 

L'onzième efpece , nommée ( «. 
(5 y 7.) Cimex ovatus grifeus , alis ne- 
I î i i ij 



PUN 



bulofis , abdom'mis laterihts alho ni" 
groque variïs , eft très-commune en Up- 
ïande : c'eft une des petites elpeces : 
exJe a tout le deffus du corps gris Se 
marqué de points creux ; le corfelet 
vers la bafe, brun ; les ailes font d'un 
brun nébuleux , les antennes prefque 
en mafluc , d'un brun noirâtre Se com- 
pofées de cinq articles. Le dos fous 
les ailes eft dentelé Se bordé de blanc 
& de noir. 

La douzième , nommée ( », 6*5 8, ) , 
Cimex ovatus grijeus , alis albidis ,at- 
dominis lateribus ntbro , nigroque va- 
riis , eft le Cimex jubrotimdus grijeus 
des Ailes d'Upfal , 1736'. p, 35.». 
4. Cette efpece, qui fe trouve quel- 
quefois à la campagne , refTemble à 
la précédente pour la grandeur , pour 
la figure , & pour la couleur ; mais 
dans toutes fes diverfes parties , elle 
eft d'une couleur plus pâle : fon cor- 
felet à la bafe eft plus brun ; la fu- 
perficie extérieure eft marquée de 
points creux comme dans la précé- 
dente. Les ailes font blanches Se dia- 
phanes. La couleur du dos fous les ailes 
eft rouge , ce qui eft différent dans la 
précédente efpece qui l'a noir Se verd : 
elle a vers la bafe une large tache 
noire , vers l'anus des lignes noires 
qui traverfent, principalement aux cô- 
tés de l'abdomen. 

La treizième efpece , nommée ( ». 
65 ?■ ) Cimex ovatus , elytris lividis , 
apice fufeir , fe trouve en Scanie : elle 
eft de la grandeur d'une Puce ; elle 
a les pieds & les antennes de couleur 
fauve , le corps noir , les fourreaux 
de couleur livide , la pointe brune , Se 
les ailes de couleur d'eau. 

La quatorzième , nommée (». 6" 60. ) 
Cimex ovatus planas cineréo-nebulo fus , 
faite lineis tribus éleva tis, antertriis a-pic e 
nigris , fe trouve fur les têtes de Char- 
don. Cette efoece eft petite , plate, 
d'une ovale oblongue ; la tête eftpetite 
& de couleur de cendre ; les antennes 
font compoiées de trois articles pâles * 
le. dernier eft: d'une ovale noire - 3 la 



poitrine, qui eft en forme de tfeeur Se 
en pointe , eft bordée ; les ailes font 
d'un cendré nébuleux ; l'abdomen , 
aînfi que les cuïffes , font noirs ; les 
jambes font de couleur pâle. Le (ler- 
mm eft noir , étroit , ceint d'une ligne 
blanche , rond à la pointe , & bordé 
de blanc. 

La quinzième , qui fe trouve par- 
ticulièrement dans la Suéde auftrnle , 
eft nommée ( n. 66x.) Cimsx rotundo- 
ovatas , nigro rubroqitt ■variegatus , ca- 
pte a'tij'que nigris , c'eft-i- dire , Pu- 
riaift d'un rond-ovale , marquée de 
noir Se de rouge , qui a la tête & les 
ailes noires. Cette efpece eft des plus 
grandes Se des plus larges. Le der- 
rière de la tête Se de la poitrine oft 
d'une fort belle couleur rouge : elle a 
deux grandes taches fourchues qui fe 
féparent Se qui fe réunifient à la tête ; 
le bas du corfelet eft noir , marqué 
d'une tache oblongue qui fourche vers 
la poitrine , Se qui forme une tête par 
le haut. Les fourreaux font rouges , 
marqués de deux points noirs , l'un au 
haut ou au fommet des ailes , Se l'autre 
entre le milieu du bord extérieur : il 
y a une tache noire, oblongue , qui va 
le long du bord intérieur Se qui s'é- 
tend entre les deux points. Les ailes 
Se les pieds font noirs : le bord de l'ab- 
domen eft marqué par le dos d'une 
tache rouge & noire. 

La feîzieme efpece , qui eft de fi- 
gure oblongue , ainfique lesfuivantes 
eft nommée (n. 66z. ) Cimex obi ongus 
ntfus immacitlatus , tborace utrïnque 
angulato ; & dans les Ailes d'Upfal „ 
173 6. p. 3 6. n. 1. elle porte le nom de 
Cimex dtis tejlaceis , abdomine ntbro. 
Elle eft , dit le favant Naturalifte 
Suédois , des plus grandes que l'on 
voye dans fon pays : elle a le corps 
tout rouge fans être luifant , & la poi- 
trine de figure rhomboïde. Les angles 
qui regardent les ailes font échancrés: 
Se droits. 

La dix-feptieme , nommée ( n. 663. y 
Cimex oblangus viridis , fcutello maculêà 



P U N 



P U N Vi t 



iordatâ fiavâ , etytris dupîici macula 
tiigrâ , fe trouve dans les forêts : elle 
a la figure des deux précédentes , la 
tête noire , la nuque jaune , la poi- 
trine jaune par le bord de devant , Se 
noire par celui de dedans , le bas du 
corfelet en forme de cœur , jaune Se 
ceint de noir à la bafe des fourreaux. 
Ces fourreaux font d'un verd jaune , 
le haut en eft noir, Se il y a une tache 
de cette même couleur de chaque cô- 
té. Les ailes font blanchâtres , l'abdo- 
men eft verd , Se au côté il règne une 
ligne noire dans toute fa longueur. 

La dix-huitieme , nommée ( n. 664.. ) 
Cimex oblongus, rubro nigroque varie- 
gatus , alis fufeis , macidis albis s Se 
dans le Voyage d'GZlande (p. 
Cimex oblongus rubro nigroque variega- 
tus , eft femblable à la précédente ; 
mais elle eft du double plus grande. 
Son corps eft rouge par-deflus : elle 
a la tête rouge dans le milieu , noire 
de chaque côté , le devant Se le der- 
rière de la poitrine noirs , le bas du 
corfelet noir au milieu , rouge aux 
côtés , avec une tache plus noire en 
forme de cœur vers le haut de ce cor- 
felet ; une bande noire inégale traverfe 
le milieu des fourreaux. Les ailes font 
brunes avec des taches blanches , la 
poitrine eft noire en deffous , Pabdo- 
Bien eft rouge fur les côtés , avec cinq 
points noirs à double rang Se marqué 
endeiTous de crois petites lignes noires 
de chaque côté. L'anus , les antennes 
Se les pieds font noirs : les antennes 
font munis de quatre articles. Cet in- 
lefle eft commun en Œlande , Se il eft 
rare à Upfal. 

La dix-neuvieme efpece , nommée 
Cfft.&fS* ) Cimex oblongus, rubro nigro- 
que variegatus , dis fufeis immacula- 
Ùs , fe trouve fur les feuilles de la 
Ju/quiame. B A U H I N (p. 2 1 2. / 4. } 
l'appelle ScambàHs parvus. Peti- 
V l R t ( Gaz., t. 6t.. f. 2. ) nomme cet 
tnfeéte Cimex hyofcyamoïdes ruber , ma- 
eulis rdgris ; Lister ( Mut. t. 31, 
jf. 21. Se Loq. p. 397- «•Î9-J> Cimex 



miniatus ,n'tgris maculis notattts, hyofcya- 
moferè gaudens , 8e R A y ( bij. p. 5 5 . > 
Cimex Jylveflris minor , corpore obion- 
go angufio , colore dejuper nigro , macu- 
lis picto. Cette efpeee de Punaife a 
la tête noire, mais rouge au milieu ; la 
poitrine eft rouge , le devant eft noir , 
Se le derrière eft marqué de deux ta- 
ches noires angulaires. Les fourreaux 
font rouges avec une tache noire au 
milieu de chaque fourreau , Se deux 
au milieu du dos : la pointe du corfe- 
let eft noire, Se le haut eft rouge; la 
région de l'abdomen eft rouge fous 
le corfelet ; les ailes font brunes ou 
noires , ftriées , S: fans aucune tache 
blanche. Les antennes Se les pieds font- 
noirs. 

La vingtième , nommée ( », 666. ) 
Cimex grijeus , Jcutello macula cordatà 
fiavâ , elytmrum apicepunclofufco , ha- 
bite les prairies. Sa couleur eft un 
brun clair; une tache jaune en forme 
de cœur couvre fon corfelet ; fes four- 
reaux font gris Se marqués en haut 
d'un petit brun , Se fës aiies font blan- 
ches. Ceft par ces marques qu'on re- 
connoît cette efpece. 

La vingt- unième, nommée (n. 66j.y 
Cimex oblongus, viridis , Jcutello macu- 
la cor data vin di , elytris macula fer - 
rugineâ , eft très-commune en Suéde , 
dit M. L 1 N N m v s , Se fe trou ve dans 
les jardins Se dans les prés Elle eft 
plus petite que la précédente , Se plus 
oblongue : elle a vers le derrière des- 
fourreaux une grande tache brune fer- 
rugineufe , les pieds verds , les ante nncs 
brunes , compofées de quatre articles 
elle n'a nulpoint au fommet des ély- 
tres ou fourreaux. La tête Se la poi- 
trine font brunes , l'abdomen eft verd : 
elle a par derrière fept ou huit taches 
brunes qui traverfent , Se autant de ta- 
ches de la même couleur en deflbus 
proche du bord. Cette efpece, comme 
la précédente , eft facile à diftinguer- 
des autres de fon genre par la tache 
en forme de cœur qu'elle porte furie; 
corfelet,- 



t?22 P U N 



P U N 



La vingt - deuxième efpece , nom- 
mée ( n. 66$. ) Cime.v oblongus, grifeus , 
immaculatus , antennis fetaceis , fe trou- 
ve dans les forêts : elle n'a aucun 
point creux par derrière. Ses antennes 
ne font point en forme de maîTue. Ses 
pieds font de couleur pâle. 

La vingt - troifieme eft nommée 
(n. 55p.) Cimex oblongus, tôt us aibofuf- 
coque nebulofus : elle fe trouve dans 
les bois fur-tout fur les troncs du Peu- 
plier. Elle eft plus oblongue que les 
précédentes. La tête , la poitrine , les 
fourreaux, les ailes , les cuiffes Se les 
antennes font d'un brun & d'un blanc 
mêlé, Les antennes font de la lon- 
gueur du corps ; les pieds font longs , 
noirs Se blancs - } les ailes font larges & 
non étroites, 

La vingt-quatrième efpece , nom- 
mée (n. 6jo. ) Cimex oblongus , Jhprà 
rubiginofus ,clytrorum firiis janguhuis , 
alis porté albo fufcoque variis , le trouve 
en Scanie , dit l'Auteur : elle eft d'une 
moyenne grandeur. Elle a le corps 
obiong , la tête Se la poitrine ronfles 
par deifus , les ailes d'un roux pâle Se 
chargées de ftries ou veines couleur 
de fang qui vont longitudinalement. 
Les antennes font prefque de la lon- 
gueur du corps. Cette efpece de Pu- 
naife a des taches blanches par der- 
rière les ailes , qui font brunes Se mar- 
quées d'une croix. 

La vingt-cinquième efpece , nom- 
mée ( n. 6y\. ) Cimex oblongus niger , 
pedibus rufis , alis elytrifquc albo fuf- 
coque variis , fe trouve dans les fo- 
rêts. Elle a la tête , la poitrine , Se 
l'abdomen noirs , les pieds rubiconds 
ou de couleur incarnate , les antennes 
noires en deffus & rouifes en défions, 
les fourreaux comme de couleur brû- 
lée ,ou blancs verslabafe, bruns vers 
le femmet , & marqués au milieu d'une 
tache brune obfcure ; ks ailes font va- 
riées de brun & de blanc. ' Elle eft 
plus petite que la fuivante , Se quel- 
quefois elle lui reffemble en quelque 
manière pour la couleur. 



La vmgt-fixieme efpece , nommée 
(n. 6j%.) Cimex ely tris macidato -fui- 
vis , pedibus rufis , femoribus anticis 
crajfioribus , dentatis , Se dans les A des 
d'Upfal ( ï 73 S. «. io.), Cimex oblon- 
giujculus , alis flavo , fui vaque variis, 
fe trouve fur le Sapin. Elle a les an- 
tennes menues comme des fils, noires, 
compofées de quatre articles, dont le 
dernier eft très-court , la tête noire 
Se pointue , la poitrine noire , rouffe 
par derrière Se féparée par une triple 
noirceur ; le bas du corfclet eft auflt 
de la même couleur. Les fourreaux 
font de couleur pâle , les côtés font 
jaunes , avec une tache oblongue Se 
noire. Tous les pieds font roux : les 
cuiffes de devant font très -grofles , den- 
tées en dehors , Se l'abdomen ferrugi- 
neux. 

La vingt-feptîeme efpece , nommée 
(n. 573.), Cimex oblongus niger , ely- 
tris albo maculatij , Se dans les A des 
d'Upfal ( 1735. p. 35. n. 13. ), Ci- 
mex oblongiufculus fufeus , alis rn^ri- 
cantibus punïlo albo , fè trouve dans 
les forêts : elle eft toute noire; elle a 
les pieds de couleur pâle , des points 
grands Se petits, épars fur les fourreaux, 
dont les derniers font plus grands ; 
mais il n'y a que deux de ces points 
qui paroillent blancs au premier coup 
d'œil. 

La vingt- huitième efpece eft nom- 
mée ( n. 574. ) , Cimex oblongus ater , 
elytris grifeo-fufeis , macula rhombeâ 
nigra , Se dans les Ades d'Upfal (1736". 
p. 36". ». 11.) , Cimex obiongiuj'culus 
ater , alis fufcis , macula rhomboïdali 
nigra. Cette efpece de Punaife fe 
trouve abondamment fur le Pin : elle 
eft toute noire , c'eft- à-dire qu'elle 
a les pieds , les antennes , la tête , le 
corfelet , le bas du corfelet , l'abdo- 
men 3e les ailes , noirs ; les fourreaux 
font d'un gris brun. Au milieu , fur 
chaque fourreau proche du centre , 
eft une tache d'un noir foncé de figure 
rhornboïdale. 

La vingt-neuvième efpece, nom- 



PUN 

(liée («. 675O Cimex obîongus niger , 
pedibus antennifque flavis , fê trouve 
principalement fur le Coudrier, Se on 
la voit courir fur les feuilles de cet 
arb rifle au. Elle a le corps , la tête , le 
corfelet , le bas du corfelet , l'abdo- 
men , les fourreaux , Se les ailes noirs 
& fans taches. Mais les ailes dans 
quelques-unes des Punaijes de cette 
efpece ont un peu' de la couleur d'un 
bleu brillant ; les jointures font d'un 
jaune pâle , Se elle a les antennes féta- 
cées ou foyeufes. 

La trentième eft nommée («. 6j6. ) 
Cimex obîongus niger , elytris lineolis 
minutijfimis J'ulcatis , alis ponè fiavo 
maculatis ; Se par Ray ( ïnf p, J7. 
n. 2.) , Cimex brevis & ferè rotundus 
nigricans. On trouve cette efpece de 
Punaife fur les bords de la mer, des lacs 
Se des rivières. M. Linnius dit 
que cette efpece diffère de toutes 
celles qu'il a obfervées , en ce qu'elle 
faute comme la Cigale , mais non pas 
fi haut : elle eft d'un noir foncé. Elle 
a des taches d'un jaune obfcur fur les 
ailes & fur la queue , Se même des 
rides noires fur les ailes. Les antennes 
font menues comme un fil , Se com- 
pofées de quatre articles. Cette efpece 
de Punaife fent mauvais. 

La trente-unième, nommée (n. 6jj.) 
Cimex obîongus ater , antennis fetâ ter- 
minatis , fe trouve dans les prairies. 
Elle diffère de la Punaife de rivage , 
en ce qu'elle eft plus grande Se fans 
tache , qu'elle vit dans des lieux fecs , 
qu'elle ne faute pas , Se que fes anten- 
nes font faites en forme de maffue , Se 
terminées par une foie très-fine Se 
blanche. 

La trente-deuxième efpece , nom- 
mée ( n. 6jZ.y Cimex obîongus niger, 
elytris cinereis , aniieè nigris , alis ponè 
albis , fe trouve fur le fiable, Elle a le 
corps tout noîr. La croix des fourreaux 
eft noire en devant, blanche par der- 
rière , cendrée par les côtés , Se mar- 
quée de petits points noirs. 

La trente - troïfieme , nommée ( n. 



PUN 6-23 

679. ) Cimex obîongus exalbidur , Ute- 
rihus albis , & dans les Actes d'Upfal 
C 1735. p. 35. n. 9.) Cimex obîongus 
albus , fe trouve dans les pâturages. 
Elle eft très-oblongue : elle eft blan- 
che , ou d'un verd blanchâtre , aux 
antennes Se fourreaux ; la poitrine , la 
tête , les pieds & les ailes font de la 
même couleur. Les fourreaux font 
ftriés , Se font plus blancs par les côtés 
qu'ailleurs. Elle a les antennes foyeu- 
fes ou fétacées , compofées de trois 
articles. Cette efpece de Punaife varie. 
Il y en a qui ont une ligne noire der- 
rière de chaque côté des yeux , Se qui 
revient le long de la poitrine. 

La trente- quatrième , nommée (n. 

68 0. ) Cimex obîongus niger , elytris lu- 
tco fufc oque variis , pedibus rubris , fe 
plaît fur les feuilles de l'Orme. Elle 
reffemble à la précédente , & le der- 
nier article de les antennes eft blanc à 
fa bafe. 

La trente- cinquième , nommée (n. 

681. J Cimex obîongus pallido-fufcits , 
antennis nigris , lineâ dorfali rhoracis 

Se dans les Ailes d'Upfal {1730". 
p. 3 5. ». 8. ) Cimex obîongus , alis cine- 
reis , margine albis , feapulis nigris , li- 
ne â albâ , habite les champs. Elle a" 
les antennes noires ; la tête eft de la 
même couleur. Cette Punaife a devant 
les yeux une petite ligne noire ; une 
autre au milieu du front qui eft blan- 
che : le derrière de la poitrine eft noir 
Se les côtés font blancs. Elle a une ligne 
blanche le long du dos ; le bas du cor- 
felet noir, marqué d'une ligne blan- 
che longitudinale ; les fourreaux font 
comme de couleur brûlée , ou de cou- 
leur foncée , dont le bord extérieur 
eft blanc, Les fourreaux de cette efpece 
de Punaife font plus longs que ceux 
des autres efpeces, 

La trente-fixieme, nommée (n. 682.) 
Cimex obîongus nigricans , elytris albis , ■ 
antennis lividis , infime articule nigro > ■ 
habite les Plantes. Elle a l'abdomen Se 
tout le corps noirs ; les deux côtés de la - 
poitrine blancs -, Se celle-ci eft marqués- 



<Î24 TVN 
de trois lignes blanches longitudina- 
les : les antennes font de couleur li- 
vide , compofées de quatre articles , 
dont le dernier eft noir : elle a le bout 
des mâchoires de couleur blanche , les 
pieds livides , les ailes inférieures d'un 
blanc bleu luifant , les ailes fupérieu- 
res brunes , Se le bord blanc. 

La trente -feptieme cfpece , nom- 
mée ( ». 684. ) Cimex lintaris , fuprâ 
niger , pedibus anticis brevijftmis dans 
\z Voyage de Gothlande , p. 182, eft 
YInfcciwn Tipula diclum de Bauhin , 
p. 2 1 3 , & de Lister , Mut. t. 5./. 4. 
Se le Cimex aquaticus figura longions 
de Ray, Tuf. p. 57. ». 1. C'eft le 
Braxen-Mygz des Smolandois. Cette 
jPunaife aquatique court fur les eaux , 
& vit dans celles qui font tranquilles. 
Cet infecte a tout le deilbus du ven- 
tre blanc : il paroît noir par derrière. 
H a les fourreaux Se les ailes fupérieu- 
res d'un noir foncé : les ailes inférieu- 
res , qui font cachées , font de couleur 
"blanche. 

La trente - huitième , nommée ( n. 
ô'Sy.) Cimex Unearis nigricans , corn- 
prejfis pedibus , anticis brevijfimis , eft 
la Tipula Londinenfîs angufiiffima de 
Pi T 1 Vert, Ga^oph, 15. t. 12. 
Ceft une Punaife aquatique très-fem- 
blable à la précédente , mais fouvent 
plus petite Se plus étroite. 

La trente-neuvième eft nommée (#. 
<586. ) Cimex Unearis exalbïdus , pedi- 
bus omnibus longijjimis , femoribus cla- 
vatis s dans les Ailes d'Cfpfal ( 1736. 
p. %6. n. 15O, Cimex Unearis terctiuf- 
culits albus , genubus craffis s Se par 
M. F r 1 s c h ( Germ. p. 28. t. 10. ) , 
Cimex arborais Ctdiciformis. Cette ef- 
pece de Punaij'e fe trouve en Smo- 
lande. Elle diffère de la plupart des 
autres efpeces par la figure de fon 
corps , qui eft droit comme une ligne. 
Cet infeîle a les pieds foyeux , plus 
longs que le corps , 5; les cuiifes vers 
les genoux font en forme de maffue. 

La quarantième Se dernière efpece , 
gommée ( n. 687. ) Cimex antmms ela- 



P V H 

vatis , elytris , thoracifque maîgine reri- 
cuiato puntiaùs , fe trouve en Lp lan- 
de. Elle eft de la grandeur d'une Pu, 
ce brune , & de figure ovale. Les ailes 
Se le bord du corfelet font marqués 
de points diaphanes à réfeau , Se de 
taches épaiffes noirâtres. Le bord des 
fourreaux eft comme dentelé Se ponc- 
tué. 

Plufieurs efpeces de ce genre d'in- 
fectes vivent d'autres infectes. M. Lin- 
Ntf.us penfe qu'il faudroit éprouver fi 
entre ces efpects il n'y en auroit pas 
quelques-unes qui, introduites dans 
les maifons, pourroient faire la guerre 
aux Pmaifcs de lit , Se même les dé- 
truire. 

S w A m M E R D A M dit que les Pu- 
naifes aquatiques volantes ont drais la 
bouche un aiguillon , dont elles pi- 
quent avec force ceux qui veulent les 
prendre ; mais cette piquûre n'a pas 
de fuites fàcheufes. Il y a , félon M. 
de Ri au MUR, des infecces qui fe 
trouvent dans les galles , Se qui font 
des Chenilles , ou des Vers qui don- 
nent des Mouches à deux ailes , d'au- 
tres Vers qui produifent des Mouches 
à quatre ailes , d'autres Vers qui don- 
nent des Scarabées , Se d'autres qui 
fe métamorphofent en Punaifes , Se en- 
fin d'autres Vers qui produifent des 
Pucerons. 

11 y a beaucoup de Punaifes au Cap 
de Bonne-Efpérance. Les habitans en 
font fort tourmentés. Leur unique ref- 
fource pour s'en défendre eft de pein- 
dre en huile le bois de leurs lits Se 
de leurs fenêtres en y mêlant du mer- 
cure. Elles font auili fort incommodes 
dans l'Ifle de Madagafcar. Dans plu- 
fieurs cantons de la Chine les Punaifes 
font très-communes; mais ce qui pa- 
roît fort étrange, c'eft que les habitans 
écrafent cette vermine avec le doigt, 
Se prennent plaifir enfuite à la porter 
au nez, dit pu Halde , p. 274. 

PUNAISESà avirons : Ce font 
des Punaifes aquatiques. M, Linn/ïus 
( Fauna. Suec. p. 212. n. 6"88. o"8o. 

0-_ 



P U N 

y- 590. ) en donne de trois efpeces. Il 
comme la première Notoneiïa grifia » 
elytris grifeis margine fufco puniïatii. 
Cette efpece fe trouve dans les lacs. 
Bradeleï (Nat. p. 2,6.), Se Hofna- 
gel (Inf p. 12.) en parlent. C'eft le 
fJotonecta vulgaris nigropallidoque mix- 
ta de Peti vert (<j#z..i.4.p. 72./- 6.), 
& le Cimex aquaticus anguflior de M. 
F R 1 s C h ( Germ. 6. p. 2*8. ). Cet in- 
fecte , dit M. L 1 n n je u s ( n. <Î88.) , 
a la tête obtufe & jaune, les yeux bruns, 
la poitrine grande , jaune , Se luifante ; 
le bas du corfelet noir foncé ou cou- 
leur de cerife ; les fourreaux font 
jaunes , ponctués de noir au côté ; les 
ailes inférieures font blanches , lui- 
fantes : les pieds de devant font plus 
■courts que les autres ; ceux du mi- 
lieu font plus longs , 8c ceux de der- 
rière font très -longs : ceux-ci leur 
fervent à nager. Le bouc des mâchoires 
eit pointu en forme d' alêne ; les an- 
tennes font petites , compofées de deux 
articles. Le ventre eft noir Se velu en 
deiTous. 

La féconde efpece, plus petite que 
la précédente , Se fentant mauvais , fe 
trouve dans les eaux , Se eft nommée 
Notoneiïa elytris pallidis , lineolïs tranf- 
verfis Krtdulatis fîriata. Petivert, 
p. 72. l'appelle Notoneci a vulgaris corn- 
prejfa fi'.J'ca. Cet infecte eft oblong , a 
le front Se les pieds jaunes , le cor- 
felet Se les fourreaux bruns , chargés 
de petites lignes tranfverfales , ondées , 
en très- grand nombre , & d'un jaune 
pâle. Le corps eft jaune en deifous Se 
les yeux font noirs. 

Il eft parlé de la troifieme elpece 
dans les Actif d'Upfal, 173 dp. 37. 
fous le nom de Notoneiïa cinerea vix 
confpicua. Elle eft de la grofleur d'un 
petit grain de fable ; c'eft ce qui fait 
que M. L 1 N N je v s la nomme No- 
toneiïa arenttU magnhudine. On en 
trouve dans les fontaines. Cet Auteur 
croit qu'elle n'a ni ailes ni fourreaux. 
Les pieds de derrière font plus longs : 
la première paire eft très-petite j elle 
Tome III. 



P U N PUR 625 

a le dos brun , Se qui eft ftrié tranfver- 
falement. 

PUNAISE DE RIVIERE: 
C'eft le même infecte que le Scorpion 
aquatique. Voyez SCORPION 
AQUATIQUE. 

Les Naturaliftes qui ont écrit fur les diffé- 
rentes elpeces de funmfet , (ont Schroue- 
rus , p. 341. Ray, p. 7. Charleton, 

P. 51. AlDROVANDE, p. 534. JONSTON. 
P. 89. D A 1. E , p. 3S.4. M O U Ff E T, p. z6$, 

Mekret > p, zoo. IVf, Limn^eus, Mathiole, 
& ies autres. 

PUNARU, nom donné par 
Marc Grave à deux efpeces de 
poiifons du Bréfil de la figure des An- 
guilles. Le premier eft long de quatre 
doigts : il a le corps obiong , la tête 
grolfe , le devant obtus , la bouche pe- 
tite, deux dents fe ulement à la mâchoire 
inférieure: elles font longues Se aiguës. 
Ses yeux font placés au haut du front; 
l'iris eft de couleur d'or. Au-deflus 
des yeux il porte deux filets rouges 
Se courts : proche de la tête il y a une 
nageoire garnie de pointes , qui s'étend 
jufqu'à la queue , Se une pareille de- 
puis l'anus jufqu'à la queue. La peau 
eft de couleur brune , ainfi que les na- 
geoires. 

L'autre Punarit eft femblable au 
précédent pour la figure ; mais il a les 
mâchoires , comme garnies de petites 
dents. Depuis le fommet de la tête 
jufqu'à la naifTance de la queue, il a 
une nageoire garnie de pointes molles , 
mais qui ne font pas élevées comme 
celies du précédent. Sa couleur eft 
brune , variée de lignes courbes d'un 
pourpre obfcur. C'eft ainli que Raï 
(Synop. Mcth. Pifc. p. 73. n. 19. & 
20.), Se Ru ï se H( de Pifc. p. 142,) 
parlent d'après Marc Grave des 
deux efpeces de Punaru. 

PUNGI, nom qu'on donne dans 
le Royaume de Congo à des efpeces 
de ûinges. Voyez CAGVI. 

PUR 

PU RAQUE, forte de poilfoti 
du Bréfil, qu'on croit être la Torpil- 
Kkkk 



6%6 PUS PUT 

le , à caufc qu'en le touchant, il caufe 
un engourdiflement aux membres. Si 
quelqu'un le touche avec un bâton , 
fon bras demeure endormi. Ce poiuon 
eft bon à manger , Se n'a nul venin. 

PUS 

P U S A , nom que les Groenlan- 
èoh donnent , dit M. Anderson , au 
Veau marin. Voyez PHOCAS. 

PUT 

PUTOIS*: Cet animal eft mis 
par tous les Naturaliftes dans le genre 
de la Belette, M.Linn«us( Syfl. 
Nat. Edit. 6. gen. 6. /p. 3 • & Faima 
Sitec. n. 8. ) le nomme Mujîela nigri- 
cdns ore albo , collari fiavefcente i & 
M. Brisson (p, 249. ) , Muflela 
pilis in exortu. ex cinereo albidis , co- 
lore nigricante termïnctùs , vefiita , oris 
circumferentia alba. 11 eft appellé par 
M, Klein (p. 6^.) Muflela fœtida. 
On le nomme en François Putois , du 
Latin Putoriitf, à caufe de famauvaife 
odeur. Toute la circonférence de fa 
gueule eft blanche j un peu proche de 
l'angle de cette gueule commence un 
cercle , qui d'abord , au milieu de la 
tête , eft de couleur roufte. Les par- 
ties intermédiaires font blanches. Les 
poils les plus longs font noirs , & les 
plus courts font jaunes. Le gofier , les 
pieds Se la queue font plus noirs que 
les autres parties. La mâchoire fupé- 
rieure s'élève beaucoup au-deflus de 
l'inférieure. Ses oreilles font larges , 
courtes, Se bordées de blanc. Les on- 
gles de fes doigts en demis font bruns f 
Se en deiTous ils font blancs. La lon- 
gueur de tout fon corps a vingt-deux 
doigts de long , depuis le bout du 
mufeau jufqu'à l'extrémité de la queue. 
La queue de cet animal a fix doigts 
& demi de long. Les pieds de devant 

* Cet animal eft nommé en Latin Tuto- 
xtus ; les Italiens l'appellent Fretia , ou Pa- 
xolo , félon Aldrovande ; les Savoyards-, 
PaUlet ; les Allemands llris , ou Ulk , & Bunt- 
futvant GEsn£».i les lUy riens Êtles 



PUT 

depuis le fécond article ont de lon- 
gueur trois doigts & un quart , Se ceux 
de derrière cinq doigts Se demi. Il a la 
gueule & le ventricule faits comme 
font ceux des Belettes. Cependant ii 
en diffère par les inteftîns , dît Rat 
( Synop. Anim. Quad. p. 199.), qui 
font au nombre de quatre , dont le 
premier eft long d'une aune , large 
d'un demi -pouce , aflez mince , plat 
8c égal : le fécond a un quart d'aune 
de long , un quart de doigt de large ; 
il eft beaucoup plus épais que le pré- 
cédent , Se eft glanduleux : le troi- 
fieme a un pied Se demi de long , un 
demi-pouce de large , Se vers le mi- 
lieu il fe trouve un amas de glandes : 
le quatrième a à-peu-près cinq pou- 
ces de long , & de diamètre proche 
de l'anus trois quarts de pouce. Cet 
animal , comme tous ceux de ce gen- 
re , a proche de l'anus des follicules , 
qui contiennent une liqueur d'une odeur 
infupportable. Le Putois fait la chalfe 
aux Poules , & en mange les œufs. 

Les Naturaliftes qui ont écrit fur cet ani- 
mal, outre les Auteurs ci-deffiis cités , font 
Ray, Synop. Quad. p. 199. Gesner, Quad, 

S68. A l d B. o v a n d E , Quad. iigh. vivîp* 
p. 3 2,9. Jonîtok, Quad. p. 107» C H A R- 
ietob, Exercit. p. zo. Rzacriusiï, 
Hijl. Nat. Pol. p..z}6. & Y Auftuarmm , du 
même j p. 313.' 

PUTOIS RAYÉ , en Latin 
Putorïus flriatus , nommé par M. Bris- 
son , Muflela nigra ,, tmiis in dorfo 
albis. C'eft le Putois puant de l'Amé- 
rique , appellé Muflela Americana fœ - 
tida f dont parlent M. Klein , Quad. 
p. 64. Se Catesby , Tome 11. p. 62* 
Cet animal eft à-peu-prèa de la gran- 
deur du précédent , mais il a le mufeau 
un peu plus long. Il eft: noir , avec 
cinq bandes blanches fur le dos , dont 
une s'étend depuis le derrière de 1* 
tête , tout le long du milieu du dos r 

Bohémiens Tehorz ; les Polonois , Vydra ; 
les Habitans de la Province de Skone en; 
Suéde le nomment Iller , dit M. Likn'jïus;, 
les Anglois Polecat) ou Fitchet les Picards» 
Caiharet* 



P Y G 

jttfqu'à la queue , & deux autres de 
chaque côté qui lui font parallèles. On 
le trouve dans tout le Continent Sep- 
tentrional de l'Amérique. 

P Y G 

PYG ARGUS, nom donné par 
les anciens Naturaliftes à un Qua- 
drupède du genre des Chèvres fau- 
vages. Gesner {de Quad. L, I. 
p. 302.) ditque ce Pygargus pourroît 
bien être le Tragelaphus de B e L o n. 
Voyez TR A GÉLAPHU S. 

PYGARGUS, efi auffi le nom 
d'un oifcau de proie , qui eft une ef- 
pece d'Aigle , auquel les Grecs ont 
donné celui de tÉ^yapyêç- Gaza a tra- 
duit ce mot par Albicilla. Quelques 
Latins ont appelle cette Aigle, Hin- 
nttlaria. Voyez au mot AIGLE. 

Ray {Synop. Meé.Av. p. 17. ». 5.) 
parle d'un autre Pygargtis , qu'il met 
dans le rang des petits oifeaux de proie 
de jour, dont les Fauconniers ne font 
pas grand cas , entr' autres comme du 
Butor , en Latin Bttteo , non plus que 
du Balbufard des Anglois , Balbujar- 
dus Anglotflm , & du Milan, nommé 
Milvits , Sec. CePygargur ç&leSuè- 



P Y R P Y T 'tf»7 

huteo deTuRNERus. Les Anglois 
le nomment Ringtatl. Ils donnent auffi 
au mâle le nom de Hen-Harrow, ou 
Hen-Harrier, pareequ'il prend plaifir à 
mettre en pièces , Se à déchirer les 
Poules dont il fait fa proie. Le nom de 
Pygargiu lui a été donné à caufe de la 
blancheur de fon croupion. Il a au- 
tour de la tête un collier proche des 
oreilles , ou une eipece de couronne da 
plumes droites. 

P Y R 

P Y R O N T E S , du mot Grec 
nJpûïToi : Ce nom eft donné dans 
Athénée à des poifîons de rivière» 
qui fe pèchent dans les fleuves les plus 
rapides. Gesner {de Aquat. p. 317.) 
croit qu'ATHÉNÉE a voulu parler des 
Truites , qui ne fe plaifent que dans 
les rivières froides 8c rapides. 

P Y T 

* PYTHON, nom d'un Serpent 
fabuleux qu'A pollon tua à coup s 
de flèches. Les Poètes diferit qu'il a 
été engendré de la terre après le Dé- 
luge de Deucalion. VoyezRuvscH, 
de Serpent. f>- 3 S- 




K k k k ij 



'6z 8 




Q A U QUA 

AU H CHI-CHIL, pe- 
tit oifeau du Mexique, qui 
a la tête rouge. Il eft un peu 
plus grand que le Guainumbi. Le plu- 
mage du ventre eft blanc ; celui du 
dos" eft verd , tirant fur le brun. Sa 
tête eft de couleur de fafran. Son bec 
& fes pîeds font noirs. C'eft un oifeau 
qui chante , dit R a Y , Synop. Meth. 
Av. p. 84, Selon Seba, ce petit oi- 
feau a une longue queue , Se il eft de 
la groffeur de nos Moineaux. H a un- 
très-long bec , un plumage gris , varié 
de jaune Se d'un très- beau rouge.^ Il 
naît du croupion deux plumes très- 
longues , & toutes rouges. La poitrine 
Se le ventre font colorés d'un jaune 
clair-femé de rouge, La tête eft d'un 
beau gris ; le bec eft verd ; les pieds 
& les ongles font allez gros. Thef I. 
Tab. 51, n. 10. 

Q AU T Z O NE- COLIN, 
nom qu'on donne , dit Ra y ( Synop. 
Meth. Av. p. 84. ) , à des efpeces de 
Corneilles qu'on trouve au Mexique. 
Voyez CORNEILLE. 

QUA 

Q U A C A M A Y A S , Perroquets 
du Mexique qui font tout rouges , dit 
R U y S c h ( de Avïb. p. 1 5 3 . ) , à la 
réferve des épaules Se de la queue , qui 
font d'une couleur de bleu d'azur ou 
bleu célefte. On les nomme Alo au 
Mexique. Ils font de la grandeur de 
nos Poules. Leur bec eft blanc Se cro- 
chu : leurs pieds font noirs. Il y a de 
ces Perroquets qu'on inftruît à parler,. 
Se ils deviennent dans les maifons des 
oifeaux domeftiques , mais ils imitent 
mal le langage humain. 

QU ACHILTO, oifeau , difent 
Hernandez ScNieremberg,, 
qui eft le Porphyrio de l'Amérique. Il 



QUA 



chante la nuît comme nos Coqs. Sa 
couleur eft pourpre Se noire : il y a 

des plumes blanches mêlées parmi les 
autres plumes. Le- bec de cet oifeau eft 
pâle à fôn commencement ; les jeunes 
l'ont rouge. U n'y a point de plumes^ 
au commencement de ce bec. Cet oi- 
feau refiemble à la Foulque. Ses jam- 
bes font d'un roux verd , Se les yeux 
ont l'iris de couleur fauve. C'eft ainfi 
que R A Y ( Synop. Meth. Av. p. 116. 
n. 14.) parle de cet oifeau. Ruysch 
( de Avïb. p. 1 27. ) ajoute que c'eft un 
oifeau de marais qui fe nourrît de 
poifTons , Se fa chair n'eft point défa- 
gréable au goût. 

QUADRUPEDES: Ce font 
des animaux vivipares , couverts de 
poils , 5c qui marchent fur quatre pieds, 
Il y a un animal- amphibie vivipare , 
qui n'a que deux pieds ; c'eft la Ma- 
nate des Indiens , ou le hamentin. 
Prefque tous les Naturaliftes , il faut 
pourtant en excepter Ray & M. Lin- 
n/eus , fui vent Aristote dans la 
divifion qu'ils font des Quadrupèdes. 
Cet Ancien les a partagés en Solipe- 
dss, en Pieds fourchus, Se en Fijjspe- 
des. 

Les Solipedes , nommés eu Grec 
M*Vo-yaXee , en Latin Solïpeda , ou So- 
liungula ■ , font ceux qui n'ont qu'un 
feul ongle aux pieds , tels que le Che- 
val Se l'Âne , Sec. genre de Quadru- 
pèdes , que nous nommons genus Eqttt- 
num. 

Les Pieds fourchus, nommés en Grec 
AfcnXet , en Latin Bifulca , formant 
plufieurs genres , Se fe divifent en non 
Rttminans Se en Piuminans. Les non Ru- 
min ans font le genus Porcinum , c'eft— 
à-dire le genre des Porcs ; dans la 
clafle des Quadrupèdes Rumïnans , on: 
compte le genre des Bœufs , gennjy 



Q U A 

Hovïnum , le genre des Brebis , gémis 

Ovinurn , le genre des Chèvres , genus 
Caprinum » & le genre des Cerfs , ge- 
nus Cervinum. Ces animaux Ruminant 
portent tous des cornes : mais il y en 
a parmi eux , comme le Bceuf, la 
Brebis , & la Chèvre qui les ont tou- 
jours; & d'autres à qui elles tombent 
tous les ans , comme aux Cerfs : la 
femelle du Cerf, que nous nommons 
Biche , n'en a point. La plupart des 
Brebis , & même des mâles , dans ce 
genre d'animaux , n'en ont point auiïi , 
ou n'en ont qu'un commencement. 

Les Fijfîpcdes ou Digues- , nommés 
en Grec noA^itAn , ou n o^uSitzIvÀi*- , 
& en Latin Fijfipeda ou Dighata , font 
ainfi appelles à caufe de la pluralité 
des doigts fendus qu'ils ont aux pieds : 
tels font le Chien , le Lièvre , le Lion ,. 
le Renard , Sec. 

Ray iSynop, Qiiad. p. j5. ) dlvife 
les Quadrupèdes en animaux ongulés 
& onguiculés , en- Latin ungulata Se 
unguicuhita , ce font fcs termes. Il 
entend par ungulata ceux qui ont les 
doigts ou les extrémités des pieds cou- 
verts d'ongles r Se il appelle ongle 
vngula* un corps dur , de fubftance 
de" corne ,. concave , qui couvre Se 
contient les extrémités des doigts , Se 
fur lequel l'animal marche en partie. 
Le même Naturalifte entend par ungui- 
culata des animaux qui ont les doigts 
découverts 8e feulement armés au bout 
d'ongles naiiTans. 

Les animaux ongulés font les S»li- 
ped.es , les Bifukes ou Pieds fourchus , 
ou Pieds fendus en deux ; les Quadri- 
fulces ou Pieds fendus en quatre , en 
Grec TeTpa;#jAa , en Latin Quadrifulca, 
J'ai dît que les Solipedes font le Che- 
val ,. l'Âne , le Zèbre , Sec. Les Bi^ 
fulces font le Bœuf, la Brebis , la 
Chèvre , le Cerf , Sec. Les Quadri- 
fulces font le Rhinocéros Se FHippo- 
potame. 

Les animaux onguiculés- ont ou les 
ongles larges 3e font à figure humaine, 
comme- les Singes,, ou bien les ongles 



Q U A 6-29 

étroits , Se pour la plupart pointus 
Parmi ceux-ci il y en a qui n'ont que 
deux doigts aux pieds , comme les 
Chameaux , qui font des animaux ru- 
minans. On les appelle Bifida , Se les 
autres , ( c'eft le plus grand nombre ) 9 
ont plufieurs doigts aux pieds. On les 
nomme Multifida. 

Les Multifides qui fe reffemblcnt par 
l'arrangement 8e la forme de leurs 
dents font nommés par le Naturalise 
Anglois , Analoga. Ceux qui n'ont 
aucune reffemblance avec d'autres ani- 
maux , ni par la figure ni par l'arran- 
gement de leurs dents font nommés 
Anomala , irréguliers. 

Les premiers qui font les Analogues* 
ont à chaque mâchoire ou plulieurs 
premières dents , comme le Lion, le 
Chien , &c. ou ils n'en ont feulement 
que deux , comme le Caftor , le Liè- 
vre Se le Lapin. Les animaux de ce 
genre vivent de fruits. 

Ceux qui ont plufieurs premières 
dents à chaque mâchoire , fe nour- 
r-iffent de chair ou d'infectes , ou in- 
différemment d'infectes Se de végé- 
taux.. 

Ceux qui fe nourriffent de chair 
nommés Carnivora par les Latins , font' 
de grands ou de petits Quadrupèdes.^^- 
grands ont ou la tête, ronde Se le mu- 
feau court , 8c on nomme ce genre 
Felinum genus,, du nom du Chat , ani- 
mal domeftique fort connu ; ou ils onr 
la tête Se le mufeau plus allongés- r 
Se alors on les appelle Caninum genus,- 
à. caufe de leur grande reffemblance- 
avec le Chien: tels font- le Loup , le 
Renard , Sec. 

Les petits Quadrupèdes , qui fe nonr- 
riflent de chair , différent non feule- 
ment des grands par la petitelfe de leur 
corps, mais encore par celle de leur 
tête , leurs cuiffes courtes Se leur corps 
menu ; ce qui leur facilite de paffer 
par des trous. On les appelle Vermi~ 
neum- ou Muflelinum genus : ce font' 
tous les animaux qui appartiennent a* 
genre des Belettes, 



6ïo QUA 

Ceux qui fe nourriflfent d'infecles , 
infeElivora , comme le Blaireau , le 
Hériffon , le Tatou , la Taupe , le 
Tamandua , la Chauve - Souris Se le 
Fareffeux , autrement nommé Ai , font 
ces petits Quadrupèdes que Ray nom- 
me Anomaia. Les cinq premiers ont 
le mufeau allongé 8c peuvent appar- 
tenir au genre du Chien , ou à celui 
des Belettes : cependant ils en différent 
par la figure Se l'arrangement de leurs 
dents; mais le Tamandua n'en a point. 
Pour les deux derniers qui font la 
Chauve-Souris & lePareffeux, ils ont 
le mufeau plus court. 

M. Linnjeus , dans fon Syflema. 
tfauira, avoit d'abord divifé la claffe 
des Quadrupèdes en cinq ordres. Il a. 
depuis fait un fixieme ordre , qu'il 
nomme Agru , Bêtes fauvages , en 
faveur du Lézard écaîlieux , qu'on 
trouve dans les premières éditions de 
fon Syflema. Natitra. , au rang des Myr- 
mecophages. 

Le premier contient les Quadrupèdes 
à figure humaine , Antropomorpha, Ce 
font i°. l'Homme, 2°. les Singes, f, 
lesBradypes , qui font le Pareffeux de 
rifle de Ceylan Se celui de l'Améri- 
que. 

Dans le fécond ordre, qu'il nomme 
ïer& , on trouve 4 0 . fous le nom d'Ur- 
fus, l'Ours & le Coati; 5 0 . fous le 
nom de Felïs , le Lion , le Tigre , le 
Léopard, le Chat-Pard, le Chat 
d'Angora , le Chat domeftique Se le 
Loup Cervîer ; 6°. fous le nom de 
Mufhla, la Marte, le Putois, le Fu- 
ret, la Belette , l'Hermine, la Marte 
Zibeline , la Genette Se le Furet des 
Indes , nommé Mungo ; 7 0 , fous celui 
de Lutra , la Loutre Se la Loutre du 
Bréfil ; S®, fous celui de Canif , le 
Chien Se fes différentes variétés , le 
Loup , le Loup doré, l'Hyène, le 
Renard des champs , le Renard vul- 
gaire , le Renard blanc ; 9 0 . fous celui 
de Thoca , le Phocas ou Veau marin , 
& le Phocas ou Vache marine ; io°. 
fous celui de Mêles , le Blaireau, la 



QUA 

Civette & le Rat de Pharaon ; 1 1 9 . 
fous celui A'Erinacenf, l'Hériffon ter- 
relire Se l'Hériffon blanc de l'Améri- 
que ; 1 2°. fous celui deDafypus , Y Ar- 
mandille , l'Armandille Orientale , 
l'Armandille d'Afrique , l'Armandille 
du Mexique , l'Armandille du Bréftl 
& l'Armandille de Cayenne ; 1 3 °. fous 
celui de Talpa , la Taupe Se la Taupe 
de Sybérie; 14 0 . fous celui de Vefper- 
tilio , la petite Chauve - Souris de 
Ternate , la Chauve-Souris de notre 
pays, la Chauve - Souris rouffe de 
l'Amérique , la Chauve-Souris vul- 
gaire de l'Amérique 8e la grande 
Chauve-Souris tle Ternate. 

Dans le troisième ordre , nommé 
Agru, font placés 15 0 . fous le nom 
de Myrmecophaga trois efpeces de 
Fourmilliers , nommés autrement Ta- 
manoir , Se au Bréfil Tamandua ; 16 0 . 
fous celui de Manis, le Lézard écaîl- 
ieux. 

Dans le quatrième ordre , qui font 
les Giires , font compris^ 17 0 . fous le 
nom à'Hyfirix , le Porc-Épic , le Porc- 
Ép'c de l'Amérique , le Porc-Épic des 
Indes Orientales , le Porc-Epic de 
Maiacca; 18 0 . fous celui de Sciants,, 
l'Écureuil , l'Écureuil volant Se l'É- 
cureuil de l'Amérique ; 19 0 . fous 
celui de Lepur , le Lièvre du Bréfil , 
nommé Tapeti , le Lièvre , le Lapin Se 
le Lapin de Sybérie ; 20°. fous celui 
de Caflor, le Caftor , le Rat mufqué 
Se le Rat aquatique ; 21 0 . fous celui 
de Mus , le Lapin des Indes ou Co- 
chon des Indes , nommé en France 
Porcelet des Indes, le Lemîng ou Rat 
de Norvège > le Lapin d'Allemagne , 
le petit Rat des champs , le Rat do- 
meftique , le Mulot , la Souris , le 
Croque-Noix, la Marmotte de Straf- 
bourg, la Marmotte des Alpes; 12 0 . 
fous celui de Sorex , la Mufaraigne; 
2 3 0 , fous celui de Didelpbis, les diffé- 
rentes efpeces de Philandre. 

Dans le cinquième ordre , qui font 
les Jumenta , on trouve , 24 0 . fous le 
nom à* Elephas , l'Éléphant; 25°. fous 



Q U A 

celui de Rhinocéros , le Rhinocéros ; 
î 6°. fous celui d'Hippopoi amus , l'Hip- 
popotame ou Cheval de rivière ; 
fous celui d'Equus , le Cheval, l'Âne , 
l'Âne fauvage , le Mulet , le Zèbre 
ou Âne rayé; 28 0 . fous celui de Sus , 
le Cochon domeftique , le Cochon de 
la Chine , le Sanglier, le Cochon de 
Guinée , le Sanglier du Mexique , le 
Sanglier des Indes Orientales. 

Dans le fixieme ordre , qui font les 
Pecora , M. Linn/eus place, 29°. 
fous le nom de Camelus , le Droma - 
daire , le Chameau , le Clama Se le 
Pacos ; 30 0 . fous celui de Mofcus , le 
Mufc ; 3 i° r . fous celui de Cervits , le 
Léopard , l'Élan , le Cerf, le Rhenne 
le Daim Se le Chevreuil j 32 0 . fous 
celui de Capra , la Chèvre , la petite 
Chèvre de l'Amérique, le petit Cha- 
mois de l'Amérique , le Chevrotain 
des Indes , le Chamois ou l' Yfard , le 
Eouc-Etain , la Gazelle , la Gazelle 
des Indes , la Gazelle d'Afrique , la 
Chèvre de Syrie ; 33 °. fous celui d'O- 
vis, la Brebis, la Chèvre de Crète t 
la Brebis de Guinée; 34. 0 . fous celui 
de Bqj , le Bœuf domeftique , le Bœuf 
fauvage , le Bifon d'Allemagne Se de 
l'Amérique , Se le Bufle. 

Comme on vient de le voir , M, 
Linn^us donne trente-quatre genres 
de Quadrupèdes dans Ces fix ordres, 

Il a paru à Léipfick un Ouvrage 
intitulé > Quadrupedum Difpofitio > bre- 
vifqtte Hifioria Naturalis , par M. 
Klein, membre de la Société Roya- 
le de Londres Se de l'Académie des 
Sciences de Bologne. Ce Naturalifte 
réduit tous les Quadrupèdes vivipares 
à deux genres. Il nomme le premier , 
gemti pedibus ungulatïs , five cheliferis , 
Quadrupèdes qui ont des ongles ou 
cornes aux pieds , Se il établit cinq 
familles de ces Quadrupèdes ongulés. 
La première comprend les Monocbela ? 
qui font ce que les Naturalises nom- 
ment Solipedes : tels font le Cheval Se 
l'Âne. La féconde comprend les Di- 
fhela » Quadrupèdes à deux cornes ou à 



Q U A 6 3 i 

pieds fourchus , comme fous le nom de 
Taurus , le Taureau domeftique 5c 
fauvage; fous celui d'Anes, le Bélier, 
Se la Brebis; fous celui de Tragus „ le 
Bouc, la Gazelle , le Chamois , l'Ibex, 
le Bouc mufqué , le Bouc fauvage de 
Gkimmius, le Bouc à Bézoard , le 
Tragelaphe , les Traguli de Guinée , 
la Girafte , le Rhenne ; fous celui de 
Cervus f le Chevreuil, l'Alcé ou l'É- 
lan , le Daim des Modernes , le Daim 
vulgaire Se le fauvage ; fous celui de 
Forcus, l'animal qui porte le mufc» 
le Babîrouflà Se le Porc de Guinée , ou 
le Cochon d'Inde. La troifieme famille 
comprend les Trichela , Quadrupèdes 
qui ont trois ongles aux pieds. Il n'y 
a de cette famille que le Rhinocéros. 
La quatrième contient le Tetrachela » 
animaux À quatre ongles. L'Hippopo- 
tame eft feul de cette famille. Dans la 
fixieme font les fentachda , animaux 
à cinq ongles, C'eft l'Eléphant qui la 
compofe. 

M, Klein nomme le fécond genre 
de fes Quadrupèdes > genus Dïgitato- 
rum y f -.u Unguiculatorum , c'etl-à-dire 
Quadrupèdes digités ou onguiculés. Il 
les divife aulfi en cinq familles. Dans 
la première font ceux qui ont deux: 
doigts aux pieds , Didallyla , comme 
le Chameau & le Silenus. La féconde 
comprend ceux qui en ont trois , Tri- 
dattyla , comme ï'ignavus , nommé en 
François Parejfeux Se le Tamandua, 
Dans la troifieme font ceux qui ont 
quatre doigts Tetrada&yla , comme 
le Tatou ou l'ArmandiJle , les diffé- 
rentes elpeces de Cavia , le Lièvre , 
l'Écureuil, le Loir, le Rat, la Tau- 
pe , la Chauve-Souris , la Belette r 
l'Acanthion , qui eftl'Hériflbn, Dans la 
quatrième font les Quadrupèdes quî 
ont cinq doigts , Pentadactyla , favoir le 
Chien, le Loup, le Renard , le Coati, 
le Char, le Lynx ou Loup Cervier , le 
Léopard , le Tigre r le Lion , l'Ours r 
îe Goulu , les Satyres', qui font les- 
Singes Se le Cebus 1 , & la Loutre. Dans 
la cinquième famille font les Anomal*- 



tf 3i Q U A 

peda, ou Quadrupèdes qui font irré- 
culîers par les doigts des pieds , quoi- 
qu'ils enayentcinq, & dont quelques- 
uns les ont faits comme ceux des Oies. 
Dans cette famille font le Caftor, le 
Rofmarus Se le Manati. 

M Brisson a divifé tout le Règne 
Animal en neuf claflès. La première 
eft celle des Quadrupèdes , animaux , 
dit-il , qui conviennent avec 1 hom- 
me , en ce qu'ils ont du fang ; qu ils 
refpirent par les poumons ; qu'ils ont 
.deux ventricules au cœur ; qu'ils font 
vivipares, Se alaitent leurs petits, & 
qu'ils ont du poil , du moins à quel- 
que partie du corps , Se quatre pieds 
analogues aux pieds & aux mains de 
l'homme. Entre ces Quadrupèdes , 
ajoûte-t-il , quelques-uns n'ont point 
du tout de dents, comme le Fourmil- 
lier, Sec. le plus grand nombre en eft 
muni. De ces derniers les uns n'ont 
que des dents molaires , ( ce font celles 
qui font placées à la partie poftérieure 
delà mâchoire), comme le Pareffeux, 
&c. d'autres n'en ont que des molai- 
res Se des canines, comme l'Eléphant, 
Sec. ( les dents canines font placées 
entre les molaires Se les incifives Se 
fontordinalrementpointues) : d'autres 
enfin ont des dents incifives , ( ce font 
: celies qui font placées à la partie anté- 
rieure de la mâchoire ). Parmi ceux-ci , 
les uns n'ont de dents incifives qu'à 
la mâchoire inférieure feulement; les 
autres en ont aux deux mâchoires. De 
ceux qui n'ont de dents incifives qu'à 
la mâchoire inférieure , les uns n'en 
ont que fix , comme le Chameau : les 
autres en ont huit , comme le Cerf & 
le Bœuf, Sec. Parmi ceux qui ont des 
dents incifives.aux deux mâchoires , les 
uns ont la corne du pied d'une feule 
pièce , comme le Cheval : d'autres 
ont les pieds fourchus , comme le Co- 
chon , c'eft-à-dire qu'ils ont quatre 
doigts ongulés , Se qu'ils ne s'sppuyent 
que fur deux en marchant. D'autres 
ont trois doigts ongulés , c'eft-à-dire 
des doigts, dont l'extrémité eft toute 



Q U A 

entourée de l'ongle , Si qui en mar- 
chant s'appuyent fur l'ongle même , 
comme le Rhinocéros. D'autres ont 
quatre doigts ongulés aux pieds de 
devant Se trois à ceux de derrière , Se 
de ces derniers , les uns n'ont que deux 
dents incifives à chaque mâchoire , 
comme le Cabîai , Se les autres en ont 
dix à chaque mâchoire , comme le 
Tapir ou Manipouris. D'autres ont 
quatre doigts ongulés à chaque pied , 
comme l'Hippopotame. D'autres enfin 
ont les doigts onguiculés , c'eft-à-dire 
que l'extrémité eft couverte de l'on- 
gle dans la partie fupérieure , Se nue , 
ou feulement couverte de poils dans 
la partie inférieure. Parmi ceux qui 
ont les doigts onguiculés , les uns 
n'ont que deux dents incifives à chaque 
mâchoire, comme le Porc-Épic , le 
Lièvre , le Rat , Sec. D'autres ont 
quatre dents incifives à chaque mâ- 
choire, comme le Singe , Sec. D'autres 
en ont quatre à la mâchoire fupérieure , 
Se fix à l'inférieure , comme le Maki, 
&c. D'autres en ont fix à la mâchoire 
fupérieure , Se quatre à l'inférieure , 
comme le Phocas. D'autres en ont fix 
à chaque mâchoire , comme le Chien, 
le Chat , la Loutre , Sec. D'autres en 
ont fix à la mâchoire fupérieure , Se 
huit à l'inférieure , comme la Taupe. 
D'autres enfin en ont dix à la mâchoire 
fupérieure , Se huit à l'inférieure , com- 
me le Philandre. 

Ainfi la claffe des Quadrupèdes dans 
le Règne Animal de M. Brisson 
eftdîvifée en dix-huit ordres , fuivant 
le plus ou moins de dents molaires , 
canines Sf incifives qu'ils ont. 

Dans le premier font compris ceux 
qui n'ont point de dents , Edenuda. 
Parmi les Quadrupèdes de cet ordre , 
les uns ont le corps couvert de poils , 
Se les autres l'ont couvert de grandes 
écailles , fous la plupart desquelles 
font quelques poils. Cette différence 
d'habillement fait que l'Auteur les 
divife en deux feélions , qui contien- 
nent chacune un genre. 

Dant 



Q U A 

Dans la première font ceux qui ont 
ïe corps couvert de poils , qui fe nour- 
f iilent de Fourmis , Se qu'on a appelles 
pour QfA& Fourmillier s. Il y en a quatre 
efpeces , favoir le Fourmillier-Tama- 
noir , animal du Cap de Bonne-Efpé- 
rance , de la Guyane & du Bréfil ; un 
autre Fourmillier , rommé Tamanda-I 
par les Naturaliftes ; le Fourmillier 
a longue queue , animal des Indes 
Occidentales , & le petit Fourmillier , 
qu'on trouve aulTi à la Guyane. 

La féconde fecli on contient ceux qui 
ont le corps couvert d'écaillés , aux- 
quels l'Auteur donne le nom de Pho- 
lidote. C'eft: le Lézard écailleux, dont 
deux efpeces. On trouve la première 
eu Bréfd, dans les Mes de Ceylan, de 
Java Se de Formofe. La féconde qui 
eft le Pholidote à longue queue & le 
Diable du Tajoan , fe trouve auffi au 
Bréfil & dans Pille de Formofe. 

Tous les Quadrupèdes de cet ordre 
ont la langue cylindrique Se très- 
longue, Se peuvent, comme les Pics , 
la faire fortir en grande partie hors de 
la bouche. C'eft par fon moyen qu'ils 
attrapent les Fourmis dont ils fe nour- 
rirent. 

Dans le fécond ordre font placés les 
Quadrupèdes, qui n'ont que des dents 
molaires , dentibus molaribus tantum 
donata. 11 n'y a dans cet ordre , comme 
dans le précédent , que deux genres 
de Quadrupèdes » qui , à raifbn de la 
couverture de leur corps ,fedîvîfenteii 
deux feclions. Les uns ont le corps 
couvert de poils , & les autres l'ont 
comme cuirafTé , ou couvert d'un teft 
oifeux. 

Dans la première feftion font ceux 
couverts de poils , Sf qui à caufe de 
leur lenteur à marcher font appelles 
Parcjjeux y dont deux efpeces , qui fe 
trouvent , la première dans les Indes 
Orientales, à la Guyane & au Bréfil, 
Se la féconde dans l'Ifle de Ceylan. 

Dans la féconde feciion font ceux 
qui ont le corps couvert d'un teft of- 
feus. , Se qu'on appelle Armandiïlts ou 
Tome LIL 



Q U A 0-35 

Tatou dont fept efpeces. La première 
n'a point de bouclier derrière , mais 
feulement des bandes. La féconde , qui 
cft l'Armandille Oriental , fe trouve 
dans les Indes Orientales , au Bréfil 
& à la Guyane. La troifieme eft celui 
dont parle Cqlumna, La quatrième 
eft l'Armandille du iMexique. La cin- 
quième , l'Armandille du Bréfil. La 
fixieme , celui de Cayenne , Se la 
feptieme celui d'Afrique. 

Dans le troifieme ordre font compris 
les Quadrupèdes qui n'ont point de 
dents incifives, mais qui en ont de ca- 
nines Se de molaires, dentibus indforibus 
nullis , carànis & molaribus donata. U 
n'y a dans cet ordre que deux Quadru- 
pèdes , fa voir l'Eléphant Se la Vache ma- 
rine. L'Eléphant fe trouve en Afri- 
que , Se les plus grands en Afie. Pour 
le genre de la Vache marine , qui eft 
le Rofmarus des Naturaliftes » c'eft un 
animal amphibie , qui fe trouve dans 
tout le Nord. 

Tous les Quadrupèdes du quatrième 
ordre n'ont point de dents incifives à 
la mâchoire fupérieure Se en ont fix à 
l'inférieure , dentibus indforibus in ma- 
xillâ fuperiore nullis , in inferiore fex 
donata. Ils font rumïnans , comme ceux 
de l'ordre fuivant , Se ils ont comme 
eux quatre ventricules , mais ils n'ont 
point de cornes : leurs pieds font fen- 
dus en deux doigts onguiculés , Se non 
pas ongulés , comme ceux des pieds 
fourchus : la plante de leur pied eft 
couverte d'une peau molle Se un peu 
calleufe. Cet ordre ne contient qu'un 
feul genre , qui eft celui des Cha- 
meaux , dont le Chsmeau qui habite 
la partie Orientale de l'Afie , le Dro- 
madaire, qui fe trotive plus commu- 
nément dans la Syrie Se dans l'Arabie , 
le Chameau du Pérou , Se la Vigogne 
ou le Pacos qu'on trouve aufïi au 
Pérou, dans le Chili Se la Nouvelle 
Efpagne. 

Dans le cinquième ordre font com- 
pris les Quadrupèdes qui n'ont point 
de dents incifives à la mâchoire fupé- 
L 1 1 1 



^4 QUA 

rie ure , & qui en ont huit à l'inférieu- 
re , & le pied fourchu, dentibus inci- 
foriùus in maxillà f tperiorc nullis , in 
inferiore octo , & pede bifulco donata. Ils 
font ruminans , 8z ils ont quatre ven- 
tricules. Cet ordre eft divifé en trois 
feétions. 

Dans la première font ceux qui ont 
des cornes iimpies. Cette ieclion con- 
tient quatre genres. 

Lepremier eft le genre de la GirafFe, 
genus Giraffm , qui comprend le Çamé- 
léopard , animal d'Afrique Se d'Ethio- 
pie , qui a les cornes tournées par en 
haut , 8c les cuifles de devant beau- 
coup plus longues que celles de der- 
rière. 

Le fécond eft le genre du Bouc , 
genus Hircinum , qui comprend le 
Bouc, la Chèvre domeftique, la Chè- 
vre d'Angora , le Bouc - Étain , la 
petite Chèvre d'Amérique , le petit 
Chamois d'Amérique , 11' Chamois ou 
PYfard , la Gazelle des Indes , la 
Gazelle , la Gazelle à Bézoard , la 
Gazelle d'Afrique , la Gazelle de 
la Nouvelle Efpagne , la Gazelle du 
Levant, la Chèvre de Syrie , la Chè- 
vre de la Nouvelle Efpagne, la Chèvre 
de Crète. Ce genre d'animaux a auïli 
les cornes tournées en haut , & les cuif- 
fes à-peu -près d'égale longueur. 

Le troifieme genre eft celui du Bé- 
lier , genus Arutis , qui a des cornes 
fimples , tournée en arrière , qui 
comprend la Brebis domeftique , la 
Brebis à large queue, la Brebis à lon- 
gue queue , animai d'Arabie , Se la 
Brebis de Guinée. 

Le quatrième genre eft celui des 
Boeufs, çenus Bovinum, dont. les cor- 
nes font tournées vers les côtés, qui 
comprend le Bœuf domeftique , le 
Bulle d'Afrique , l'Aurochs ou Unis , 
animal qui fe trouve en Pologne, en 
Prufle, en Livonie & en Mofcovie ; le 
Bufle ,. commun en Italie , dans l'Etat 
Eccléfiaftîque & dans le Royaume de 
Napjes; le Biibn blanc, qui fe trouve 
Ctt Écoflê i le Bifon d'Amérique & le 



QUA 

Bœuf fauvage , qui fe trouve en PéûJ 
nie , fur le mont Meflapus. 

La féconde feftion ne contient que 
le genre des Cerfs, genus Cervinum t 
dont les cornes font branchues. Il n'y 
a que les mâles qui ont des cornes: il 
faut cependant en excepter les femel- 
les du Rhenne &^u Cerf de Groen- 
land. Ce genre renferme le Cerf, le 
Cerf d'Allemagne , qui eft le Trage- 
laphits des Naturaliftes ; le Cerf de 
Canada , le Cerf de Groenland , le 
Chevreuil , le Karibou du Canada , 
qui eft le Cervus Burgundicus de Jons- 
Ton ; le Daim, le Ilhenne & l'Elan. 

Dans la troifieme feclion eft placé 
un genre de Quadrupèdes ruminans à 
pieds fourchus , qui n'ont point- de 
cornes , auxquels M. Brisson a 
donné le nom de Cbevrotains ; tels font 
le Chevrotait! des Indes ou la Chèvre 
de Congo ; le Chevrotain de Guinée , 
le Chevrotain de Surinam ; le Chevro- 
tain d'Afrique, Se le Mufc. 

Le fixieme ordre comprend un gen- 
re de Quadrupèdes , qui ont des dents 
incifives aux deux mâchoires , Se dont 
la corne du pied eft d'une feule pièce, 
dentibus intiforibus in utrâque rnaxilla , 
& pedejolidungulo donata. C'eft ce que 
nous appelions Animaux folipedes : 
tels font le Cheval, le Zèbre ou l'Âne 
rayé, animal d'Afrique & du Cap de 
Bonne-Efpérance ; l'Âne , le Mulet Se. 
l'Âne fauvage. 

Dans le feptieme ordre font des 
Quadrupèdes qui ont des dents incifives 
aux deux mâchoires , Se le pied four- 
chu , dentibus inciforibus in utrâque 
maxillâ , & pede bifulco donata. Le 
genre de Cochon eft le feul qui corn- 
pofe cet ordre. 11 eft aufTi le feul , dont 
le nombre des dents incifives varie. Les 
Quadrupèdes de ce genre ont à la mâ- 
choire fupérieure tantôt quatre, tantôt 
cinq, tantôt fix dents, Se tantôt huit. 
Cette variété ne peut pas induire erï 
erreur , pareeque ce genre eft le feul 
qui ait des dents incifives aux deux 
mâchoires & en même temps le pied 



QU A 

Fourchu. Les efpeces de ce genre font 
le Cochon domeftique , le Cochon de 
la Chine , le Sanglier, le Cochon de 
Guinée , le Sanglier des Indes Orien- 
tales , & le Sanglier du Mexique, 

Dans l'ordre huitième, iln'y a qu'un 
feul Quadrupède , qui eft le Rhinocéros, 
lequel a des dents incifives aux deux 
mâchoires , & trois doigts ongulés à 
chaque pied , dentibus inciforibus in 
uttàque maxillâ , & tribus digitis un- 
gulatis in fïngulis pedibus donatus. Cet 
animal qui a une corne fur le nez fe 
trouve dans les déferts de l'Afrique Se 
dans les Royaumes de Bengale Se de 
Patane en Afie. 

L'ordre neuvième ne contient aufli 
qu'un feul Quadrupède , qui eft le Ca- 
biai ou Cspybara du Bréfil , Cochon 
d'eau de Desmarchais. Il a deux dents 
incifives à chaque mâchoire , quatre 
doigts ongulés aux pieds de devant , 
& trois à ceux de derrière , dentibus 
inciforibus in itiraqut maxillâ duobus , 
Cr quatuor digitis ungulads in peàïbus 
anticis , & tribus in pojlicis donatus. 

Le dixième ordre ne contient auflî 
qu'un feul Quadrupède , qui eft le 
Tapir ou Manipouris , Se V Anta des 
Portugais. Il a dix dents incifives à 
chaque mâchoire , & quatre doigts 
ongulés aux pieds de devant , Se trois 
à ceux de derrière , dentibus inciforibus 
in utrâque maxillâ decem , & quatuor 
digitis ungulatis in pedibus anticis , & 
tribus in pofticis donatus. Cet animal fe 
îrouve à la Guyane & au Bréfil. 

L'onzième ordre ne contient aufli 
qu'un feul Quadruptde , qui eft l'Hip- 
popotame ou Cheval marin , animal 
amphibie, qu'on trouve en Afrique Se 
dan? l'Inde , fur le fleuve Indus , Se en 
Egypte. Il a des dents incifives aux 
deux mâchoires, Se quatre doigts ongu- 
lés à chaque pied , dentibus inciforibus 
in utrâque maxillâ , & quatuor digitis 
îtngulatis in fïngulis pedibus donatus. 

Dans le douzième ordre font com- 
pris les Quadrupèdes qui ont des dents 
incifives à chaque mâchoire , Se les 



QUA <?n 

doigts onguiculés , dentibus inciforibus 
in utrâque maxillâ duobus , & digitis 
unguiculatis donata. Le plus grand 
nombre des Quadrupèdes de cet ordre 
n'ont point de dents canines : quelques- 
uns en ont, Ils fe divifent en quatre 
ferions. 

Dans la première eft le genre du 
Porc-Épic: genus Hyftricis , qui n'a 
point de dents canines , Se dont les 
dents incifives font contigues Se tran- 
chantes. Il y a plusieurs efpeces^ de 
Porcs -Epies , favoir le Porc-Epic 
d'Afrique , de Sumatra Se de Java ; 
le Porc-Épjc de la Nouvelle Eipagne ; 
le Porc-JÉpic de la Baye d'Hucfm ; 
le Porc-Épic d'Amérique ; le grand 
Porc- Épie d'Amérique , & le Porc- 
Épic des Indes Orientales. 

La féconde fe£Hon renferme des 
Quadrupèdes qui n'ont ni dents canines 
ni piquans fur le corps. Elle eft compo- 
fée de fix genres difFérens , qui fe distin- 
guent les uns des autres par la forme 
de la queue. 

Le premier eft le gsnre du Caftor , 
genus Cafloris, favoir le Caftor ou le 
Bievre, qui fe trouve en Languedoc 
Se dans la partie Septentrionale de 
l'Europe Se de l'Amérique ; le Caftor 
blanc , qu'on trouve en Norvège Se 
en Canada , & le Rat mufqué de Ca- 
nada. Parmi les Quadrupèdes de ce 
genre , les uns ont la queue plate hori- 
zontalement , & les autres l'ont plata 
verticalement. 

Le fécond eft le genre du. Uévte, 
%enus Leporimtm , qui comprend le 
Lièvre d'Europe , le Lièvre blanc des 
Alpes Se du Nord , le Lièvre noir, le 
Lapin d'Europe, le Riche, Se le Lièvre 
du Bréfil, 

Le troifieme eft le genre du Lapin , 
genus Cuniculi , dont ies efpeces font 
le Lapin de Java , l'Agouty Se le La- 
pin d'Amérique; le Pax ou Paca delà 
Guyane Se du Bréfil ; le Lapin de Nor- 
vège & de la Laponïe ; le Lapin d'Al- 
lemagne , qu'on trouve en Bohême , 
en Autriche , en Hongrie Se en Po- 
L 1 1 1 ij 



^6 Q U A 

îogne ; le Lapin des Indes , qui fè 
tr^'ive en Europe, dans lesmaifons, 
en Guinée & au Bréfil , aum nommé 
Porcelet des Indes , Se le Lapin du Bré- 
fil. 

Le quatrième genre eft celui de l'E- 
cureuil , genus Sciuri , dont plufieurs 
efpeces , qui font l'Écureuil d'Euro- 
pe , l'Écureuil blanc de Sibérie , l'É- 
cureuil noir , l'Écureuil varié , qui fè 
trouve en Europe ; l'Écureuil d'Amé- 
rique , celui de Virginie , celui du 
Bréfil , celui de la Nouvelle Efpagne , 
celui de la Caroline ; l'Écureuil pal- 
mifte vulgairement Rat Palmijh , qui 
fe trouve en Afte , en Afrique & en 
Amérique ; l'Écureuil de Barbarie ; 
l'Écureuil volant de Finlande , de 
Pologne , de Laponie , de la Nouvelle 
Efpagne & du Canada ; l'Écureuil vo- 
lant delà Sibérie, & l'Écureuil volant 
de la Virginie. 

Le cinquième genre eft celui du 
Loir , genusGliris , qui contient le Loir, 
commun dans les forêts , le Lerot , 
commun dans les endroits où il y a du 
fruit; le Croque-Noix, qu'on trou- 
ve en Europe dans les bols ; la Mar- 
motte de Bahama ; la Marmotte d'A- 
mérique; la Marmotte de Pologne; 
la Marmotte des Alpes Se la Marmot- 
te de Strafbourg. 

Le fixieme genre qui eft celui du 
Rat , genus Maris, a pour efpeces le 
Rat domeftique qu'on trouve dans les 
maifons , la Souris , le Rat de bois , le 
grand Rat des champs, la Souris d'A- 
mérique , le Rat d'Amérique ,. le Rar 
blanc de Virginie , le Rat de Norwe- 
ge , le Mulot , le Rat Oriental , le 
Rat d'eau & le petit Rat des champs. 

La troifieme fec'tion de ce douzième 
ordre de Quadrupèdes ne contient qu'un 
feul genre , qui eft celui de la Mufa- 
raigne , genus Mufaraneiy dontdeux 
efpeces , celle qu'on trouve dans les 
chamj s Se celle du Bréfil, 

La quatrième feftion ne renferme 
auffi qu'un feul genre » qui eft celui du 
HéiifToiiî. genus: Erinacei, 11 y a dans. 



Q U A 

ce genre le Hériffon qui fè trouvé, 
dans les boîs , le Hériffon de Sibérie , 
le Hériffon de Malacca Se le Hériffon 
d'Amérique. 

Dans le troifieme ordre font com- 
pris les Quadrupèdes qui ont quatre 
dents incifives a chaque mâchoire , 8c 
les doigts onguiculés, denttbus incifo- 
rihus in utuiqiie maxillâ quatuor , & 
digitis unguiculads donata. Parmi les 
Quadrupèdes de cet ordre , les uns , dit 
M. Buisson , ont tous les doigts 
féparés les uns des autres : les autres 
ont ceux des pieds de devant joints 
enfemble par une membrane étendue 
en ailes. Ilsfe divifent en deux fections: 
dans la première font ceux qui ont tous 
les doigts féparés les uns des autres , 
comme les Singes. Dans la féconde 
font ceux dont les doigts des pieds de 
devant font joints enfemble par une 
membrane étendue en ailes comme dans 
la Rouffette. 

La première fection ne contient 
qu'un feul genre , qui eft celui des 
Singes , genus Si?n'u. Il eft divifé eti 
cinq races. 

Dans la première font ceux qui 
n'ont point de queue , Se qui ont le mu- 
feaucourt, tels que le Singe d'Afrique, 
l'Homme des bois 8e le Singe de Cey- 
lan. 

Dans la féconde font ceux qui n'ont 
point de queue , & qui ont le mufeau 
allongé , tels que le Singe Cynocé- 
phale , qu'on trouve en Afrique , & 
le Singe Cynocéphale de Ceylan. 

Dans la troifieme font ceux qui ont 
une queue très - courte , tel que le 
Babouin. 

Dans la quatrième font ceux qui ont 
la queue longue & le mufeau court » 
dont vingt-neuf efpeces, telles que le 
Sapajou brun , le Sapajou noir , le- 
Sapajou cornu , le Sapajou à queue de 
Renard , le petit Singe - Nègre , le 
Singe mufqué , le Sapajou jaune , le 
Singe varié , le Tamarin , le petit 
Singe-Lion le petit Singe de Para ,. 
le Singe à queue de Rat,, le Sagouin g 



Q U A 

le Singe à queue de Lion , le Sînge- 
Lion , le Singe verd , le grand Singe 
de la Cochinchine , le Singe de Gui- 
née à barbe jaunâtre , le Singe blanc 
à barbe noire , le Singe noir à barbe 
blanche , le Singe de Guinée à barbe 
blanche , le Singe barbu , le Singe 
barbu à queue de Lion, le Singe noir 
d'Egypte, le Singe roux d'Egypte , le 
petit Singe du Mexique & le Béelze- 
but. 

Dans la cinquième race font ceux 
qui ont la queue longue , Se le mufeau 
allongé : tels font le Cercopithèque 
Cynocéphale, le Makaque Se le Ma- 
got ou Tartarin. 

La féconde feéKon ne contient qu'un 
feul genre , favoir celui de la Mouf- 
fette , gentis Pteropi , qui diffère de 
celui de la Chauve-Souris parla figure 
de fês dents incifives. Ce genre renfer- 
me pliifieurs efpeces , favoir la Rouf- 
fette des Ifîes de Bourbon Se de Ter- 
nate ; la RomTette à col rouge de l'Ifîe 
de Bourbon; la RomTette à longues 
oreilles de la Nouvelle Efpagne, 

Le quatorzième ordre comprend les 
Quadrupèdes qui ont quatre dents inci- 
fives à la mâchoire fupérieure & fix à 
l'inférieure, & les doigts onguiculés, 
dmtibits inciforibus in maxillà fuperiore 
quatuor, in inferiore ft.x , & digitis 
unguiculatis prédits.. Parmi les Qua- 
drupèdes de cet ordre , comme dans 
l'ordre précédent , les uns ont tous les 
doigts féparés les uns des autres ; les au- 
tres ont ceux des pieds de devant joints 
enfemble par une membrane étendue 
en ailes. Ils fe divîfent de même en 
deux fe&ions. Dans la première font 
ceux qui ont tous L'S doigts féparés les 
uns de3 autres , comme le Maki. Dans 
îa féconde font ceux dont les doigts 
des pieds de devant font joints enfem- 
ble par une membrane étendue en ai- 
les, comme la Chauve -Souris* 

Il n'y a dans la première feelxon 
qu'un feul genre , favoir celui du Ma- 
ki, genmfrofimUr dont quatre efpe- 
ces » favoir le Maki de Madagafcat j 



Q U A o*j7 

le Maki aux pieds fauves du mérrre 
pays; le Maki aux pieds blancs aufïï 
de Madagafcar, Scie Maki à queue 
annelée du même endroit. 

La féconde fecîion ne contient aufîi 
qu'un feul genre , qui eft celui de la 
Chauve -Souris , gênas Vefpertilionïs * 
dont plufieurs efpeces , qui font la. 
Chauve-Souris de notre pays , la pe- 
tite Chauve - Souris de Ternate , la 
petite Chauve-Souris de notre pays , 
la grande Chauve-Souris de Ternate , 
Se deux autres Chauves-Souris d'Amé- 
rique, 

Le quinzième ordre ne contient 
qu'un feul Quadrupède , qui eit le 
Phocas ou le Veau marin. Il a fix dents 
incifives à la mâchoire fupérieure , Se 
quatre à l'inférieure , Se les doigts on- 
guiculés, dentibm inciforibus in maxil- 
là fuperiore ftx , in inferiore quatuor r 
digids unguiculatis prxditus. 

Dans le feizieme ordre font com- 
pris des Quadrupèdes qui ont fix dents 
incifives à chaque mâchoire , Se les 
doigts onguiculés , denttbus inciforibus 
in titra que maxillâ fex r cr digitis un- 
guiculatis pnedita. Parmi les Quadru- 
pèdes de cet ordre , les uns ont les" 
doigts féparés les uns des autres , 8$ 
les autres les ont joints par des mem- 
branes. Ils font tous carnivores. Ils 
ont quatre dents canines , favoir une' 
de chaque côté à chaque mâchoire. Le 
nombre des dentS' molaires varie. Ils 
le divifent en deux fetlions. Dan3 la 
première font ceux qui ont les doigtg 
féparés les uns des autres , comme le 
Chien, la Belette , l'Ours. Dans îa 
féconde font ceux dont les doigts font 
joints enfemble par des membranes , 
comme la Loutre. 

La première feclion contient fis 
genres de Quadrupèdes , dont les ca- 
ractères font tirés des pieds. Les uns 
ont quatre doigts aux pieds de devant „ 
Se cinq à ceux, de derrière , comme 
l'Hyène. D'autres ont cinq doigts auM 
pieds de devant > Se quatre à- ceax de 
derrière » comme le- Chien. D'&auzs 



61% Q U A 

ont cinq doigts à chaque pied. Parmi 
ces derniers , les uns ont le pouce fé- 
paré des autres doigts Se articulé plus 
haut , comme la Belette , Se les au- 
tres ont le pouce placé auprès des 
autres doigts , comme le Blaireau : 
d'autres s'appuient fur le talon en 
marchant , comme l'Ours : d'autres 
enfin ont les ongles crochus , Se ils 
peuvent être retirés Se entièrement ca- 
chés comme dans le Chat. 

Le premier genre eft celui de l'Hyè- 
ne , genus Hyen<i , animal qu'on trou- 
ve en Afrique. 

Le fécond eft le genre du Chien , 
genus Caninum , dans lequel font com- 
pris le Chien, dont bien des variétés, 
le Loup, le Loup doré,, animal connu 
dans la Cilicie, la Turquie Sel'Afie; 
le Loup du Mexique, le Renard , le 
Renard croifé , animal qu'on trouve 
en Pologne , en Suéde Se au Cap de 
Bonne-Efpérance ; le Renard gris , 
qu'on trouve à la Caroline Se à la 
Virginie , Se le Renard blanc qu'on 
trouve dans les pays du Nord. 

Le troifieme genre eft celui de la 
Belette , genus MufteU , qui com- 
prend la Belette , l'Hermine qu'on 
trouve eu Ruffie , en Scandinavie Se 
dans tous les pays du Nord ; le Furet , 
le Furet des Indes , le Furet de Java ; 
le Vifon , animal du Canada ; la_Foui- 
ne ; la Marte , commune au Canada 
Se rare en Europe ; le Putois ; le Pu- 
tois rayé , qu'on trouve dans tout le 
continent Septentrional de l'Amérique; 
l'Ichneumon & la Mangoufte , vul- 
gairement nommé^ Rat de Fharaon , 
qu'on trouve en Egypte Se dansl'Iile 
de Ceylan , Se la Genette , qu'on trou- 
ve en Eipagne Se en Turquie. 

Le quatrième genre eft celui^ du 
Bkireau , genus Melis , qui contient 
le Bkireau ou Taiffon , animal qu'on 
trouve dans les bois ; le Blaireau blanc , 
qu'on trouve dans la Nouvelle Yorck ; 
le Blaireau de Surinam , Se la Civette , 
qu'on trouve à la Chine Se dans la 
Î-Touvelle Efpagne. 



Q u A 

Le cinquième genre eft celui de 
l'Ours , genus Urjinum , qui comprend 
l'Ours , commun dans les Alpes , en 
Allemagne , en Pologne , en Lithua- 
nie , en Ruflie , en Mofcovie , en 
Norvège Se dans tous les pays du 
Nord; l'Ours blanc , commun dans 
le Nord; l'Ours de la Baye d'Hud- 
fon ; le Coati , animal de l'Amérique; 
le Coati Mcndi, 8c le Coati Mondi à 
queue annelée. 

Le fîxieme genre eft celui du Chat, 
genus Felinum , qui comprend le Chat 
clomeftlque, leChatfauvage , le Chat 
fauvage tigré , animal du Cap de Bon- 
ne-Efpérance Se de l'Amérique ; le Chat 
d'Angora ; le Lion , le Tigre , le 
Tigre Royal , le Tigre d'Amérique , 
le Tigre noir , le Tigre Barbet ou 
Tigre frifé , le Tigre rouge , le Léo- 
pard , le Chat-Pard , le Chat Cer- 
vier Se le Loup Cervier. 

La féconde fection du feizîeme ordre 
des Quadrupèdes de M. Brisson, 
■ne contient qu'un feul genre , qui eft 
celui de la Loutre , genus Luira , qui 
a des doigts joints enfemble par des 
membranes. Toutes les efpeces de 
ce genre font des Amphibies , Se fa 
nourriflent de poiffons. Ce font la Lou- 
tre qu'on trouve au bord des eaux, 8c 
celle du Bréfil , fi fes doigts font joints 
enfemble : s'ils ne l'étoient pas , elle 
ne feroit pas de ce genre , comme la 
dit l'Auteur. 

Dans le dix - feptîeme ordre font 
compris les Quadrupèdes qui ont fix 
dents incifives à la mâchoire fupérieu- 
re , Se huit à l'inférieure , 8c les doigts 
onguiculés , denûbus inciforibus in 
maxiilà fuperiore Jex , in injeriore oclo , 
ûr digitis unguiculatis pr&dïta, Cet 
ordre ne contient qu'un feul genre, qui 
eft celui de la Taupe , genus Talpœ. 
Toutes les efpeces de ce genre vivent 
fous terre Se y font des tannieres , dans 
lefquelles elles fe cachent. 11 y en a 
plufieurs efpeces , favoir la Taupe 
vulgaire , la Taupe blanche , la Tau- 
pe variée, la Taupe de la Virginie, 



Q U A 

îa Taupe rouge d'Amérique Se la 
Taupe dorée de Sibérie. 

Le dix-huitieme Si dernier ordre 
des Quadrupèdes de M. Brisson 
contient ceux qui ont dix dents incifi- 
ves à k mâchoire fbpéneure , 8c huit 
à l'inférieure , & les doigts onguicu- 
lés , dentibus inciforibus in maxillâ 
fuperiore decern , in inferhre offo , & 
digitisunguiculatis âonata. Il n'y a 
dans cet ordre , comme dans le précé- 
dent, qu'un feul genre , qui eft celui du 
Pliilandre , genus Philandri , dont plu- 
lïeurs efpeces, fa voir le Philandre qu'on 
trouve en Amérique , le Philandre 
Oriental,, le Philandre d'Amboine, le 
Philandre du Bréfilde Philandre d'Afri- 
que , le Philandre d'Amérique , le Phi- 
landre de Surinam, le Philandre à grofle 
tête , Se le Philandre à courte queue. 

Telle e(l la divifion des Quadru- 
pèdes par M. Brisson, dont les 
caractères font tirés des dents Se des 
pieds ; Se je la trouve plus parfaite 
que la plupart des autres. Il n'y a que 
Mi Klein de nos Méthodiftes moder- 
nes , qui ait divifé la claffe des Qua- 
drupèdes en vivipares Se ovipares. Ceux 
qu'il nomme Quadrupèdes ovipares font 
les Tortues, les Grenouilles , les Cro- 
codiles , Se les autres efpeces de Lé- 
zards , animaux qui font munis de 
quatre pieds , mais ce font des Repti- 
les , que l'on trouve chez M. L i n- 
N*us dans la claffe des Amphibies, 
Se ils compofent la quatrième claffe 
du Règne Animal de M. B R i s s o n t 
fous le nom de Reptiles. 

Dans la curieufe Hijloire Naturelle 
de M. D E B u F F o N , les animaux 
qui font les plus néceffaires Se les plus 
utiies tiennent le premier rang. Il don- 
ne la préférence dans l'ordre des ani- 
maux au Cheval , au Chien , au 
Bceuf , à la Brebis , Sec. 8c il appelle 
cet ordre le plus naturel de tous. Ne 
vaut-il pas mieux , dit-il , faire fuivre 
îe Cheval , qui eft Solipede , par le 
Chien , qui efl: Fiffipede , Se qui a coû- 
lume de le fuivre en effet que par 



Q U A 

un Zebre qui nous eft peu connu , 8c 
qui n'a peut-être d'autre rapport avec 
le Cheval que d'être Solipede l Le 
rang qu'il donne aux animaux ne plaît- 
pas à M. Klein , qui veut que l'ar- 
rangement des Quadrupèdes en ongu- 
lés & digues, foit le plus naturel 8c 
le plus firnpîe. Mais dans un Ouvrage 
tel que celui de M. de Buffon, 
fait pour être entre les mains de tout 
le monde , & où le Lecteur ne veut 
apprendre que la vie 8c les mœurs des- 
animaux , on fe pafie de méthodes r 
Se cet Académicien a eu raifon de 
n'en point adopter. Ces ordres fylïé- 
matiques n'affectent que ceyx qui' font 
une étude particulière de' l'Hiitoire 
Naturelle , Se qui font plus Obferva- 
teurs qu'Hiïtoriens, tels que Gesner, 

ALDRÛVANDE , JONSTON , Raï , & 

M. Klein lui-même. En effet, dans 
ces Auteurs on ne trouve que des 
Naturalises qui fe font attachés à nous 
faire connoître les animaux , comme 
ils ont cru qu'ils étoient ; & dans M, 
de Buffon, au contraire , on voit 
un Obfervateur attentif, qui , après 
avoir été .i la recherche des merveilles 
de la Nature , fait en habile Écrivain 
nous les repréfenter fous les images 
les plus riantes Se les plus agréables ; 
qualités rares , fur-tout dans un Nam- 
raiifte, lorfquc le plus grand nombre de 
fis Confrères ne s'eft attaché qu'à dé- 
crire fidèlement les animaux, fans beau- 
coup s'inquiéter des aménités du tVyle. 

QUAMITZLI: C'eft , difent 
Nieremeerc( Hifl. Exot. L. IX, 
c. 24.) &Ruysch (deQuad.p. 81.) , 
un animal approchant du Lïon , mais 
plus doux Se plus agile. Quelques-. 
Naturalitt.es Efpagnols l'ont pris pour 
la Panthère. 

Q U A P A C H-CAN AUHTLI „ 
oifeau du Mexique, félon Hernan — 
dez. Il a , dit Ra ï ( Synop. Mcth. Av> 
p. 177. }, le bec large & bleu , ainfr 
que les pieds ; la tête , le col , la poi- 
trine , Se le ventre font de couleur 
fauve. Il a la queue courte j; elle dï. 



Q U A 

blanche -& noire, Les ailes Se le dos 
font d'un brun fauve , avec des ban- 
des de différentes couleurs qui traver- 
sent. 

QUAPAC H TOTOLT, au- 
tre oifeau du Mexique , aînfi nommé 
à caufe de la couleur fauve de fes 
ailes , de fon col , & de fa tête. Il 
contrefait le ris de l'homme : c'eft ce 
qui fait que les Indiens le prennent 
pour un oifeau de mauvais augure. Il 
a huit pouces de long , dîfent Ray 
(iiid. p. 174. ), &R.UYSCH (deAvib. 
•p. 119.) : fa queue en a autant. Son 
bec eft d'un bleu d'azur, tirant fur le 
noir , Se ce bec eft long Se courbé. Sa 
poitrine eft cendrée , 8c fon ventre eft 
noir jufqu'à la queue , qui eft d'un 
noir tirant fur le fauve. Sa chair n'eft 
point défagréable. 

QUARR EL ET , ou CAR- 
RE L E T , poiffon plat , qui eft mis 
par A R T e d 1 dans le rang des poif- 
ïbns à nageoires molles , Pifces mala- 
copterygii , Se nommé par le même 
Natur'alifte (Ichtk. Part. V. p- 30. ) , 
Plmrondies utrinqitc glaber, tuber cutis 
fix à dextrà capitis y par M. L 1 >: - 
N je u s , PleiironelUs oculis , & tuber- 
ciilis jèx à dextrâ capitis , lattrïbus 
glabns , fpinâ ad anum. Ce poiffon eft 
le -ir,T%. d'A t H É n e e ( Lib. VIL 
p. 329.) , nom Grec cependant qui 
convient , dît Rondelet( Liv. XL 
chap. 7. p. 2-53. Edit. Franf.), à plu- 
fieurs autres efpeces de poiflons plats. 
Quelques - uns nomment ce poiflbn 
Quarwlet , quand il eft petit , Se Plie , 
quand il eft vieux 5 mais , félon le 
même Rondelet, ce font deux 
efpeces différentes de poifTons. Il dît 
que le Qitarrelet a la figure plus quar- 
rée que la Plie , & que fa peau , qui 
eft liffe , eft femée de taches rouffes. 
La chair de ce poiffon eft blanche , 
molle Se fort humide. On pêche beau- 
coup de Quamlets dans l'Océan. 

QUATOTOMOMI , efpece 
de Pic du Mexique , de la grandeur 
de la Hupe , dont le plumage eft noir 



Q U A 

& brun. Il a la tête petite & couverte 
de plumes rouges , Se d'une hupe aufîi 
de la même couleur , noire par defllis 
& longue de trois pouces. Son bec eft 
blanc : le delfous eft plus court que 
le deifus. De chaque côté du col il a 
une bande blanche , qui defeend juf- 
qu'à la poitrine. Ses pieds font de cou- 
leur livide. Ray, Synop. Meth. Av. 
Append. p. 162. 

QUATOZTLI , autre oifeau 
du Mexique , félon le même Auteur 
(.Synop. Av. p. 172.), pluspetitque le 
Chardonneret, d'un plumage noir Se 
blanc, Ce plumage eft d'une couleur 
plus pâle à l'extrémité du corps Se 
autour de la tête. C'eft , dit Seba, 
une petite efpece de Chardonneret , 
qu'on voit aufli au Bréfil dans les mon- 
tagnes de Tetzocano. Il a la moitié 
de la tête ornée d'une crête blanche. 
Son col eft d'un rouge clair. Son efto- 
mac , fes ailes avec les plumes de- 
viennent pourpres , de rouge foncé 
qu'elles écoient auparavant. Le dos 
Se la queue changent en jaune leur 
fond noir, Pour le ventre , il eft tout 
d'un fauve clair ; fon bec Se fes pattes 
font d'un fauve ordinaire. Cet oifeau 
eft figuré chez Seba, Thef. L lab. 3 6. 

"'QUATRE AILES, oifeau 
extraordinaire , qui fe trouve au Sé- 
négal , ainfi nommé par les François. 
Il eft de la groffeur d'un Coq d'Inde. 
Il a le plumage blanc, le bec gros & 
crochu les pieds armés de fortes 
griffes , avec toutes les autres marques 
d'un oifeau de proie. Comme le temps 
de fa chaffe eft la nuit , on ne peut 
juger quelle eft fa proie. Cet oifeau eft 
extrêmement gras. Il a les ailes très- 
grandes , très -fortes Se bien garnies 
de plumes ; mais dans la partie qui 
touche à l'épaule , les plumes de 
défions font unies Se couvertes néan- 
moins d'autres plumes plus longues 
que les premières , qui , à la longueur 
de quatre à cinq pouces , portent une 
efpece de poil long Se épais , de forte 

qu'une 



Q U A 

qu'une aïle en s'étendant parole en 
former deux , l'une à la vérité plus 
grande que l'autre , avec un efoace 
vuide entre les deux : de-là vient le 
nom de Quatre Ailes , que les François 
donnèrent à cet oifeau , & tout le mon- 
de croiroit qu'il n'en a pas moins. Com- 
me il eftrobufte, ces ailes jouent parfai- 
tement. Il vole fort haut Se fort long- 
temps. 

Cet oifeau quî porte ie nom de Qua- 
tre Ailes, le tire moins du nombre de 
fes ailes , puisqu'il n'en a que deux , 
que de la difpofition de fes plumes. 
Mais J o n s o N dit en avoir vu un qui 
avoit réellement quatre ailes diftinctes 
&; féparées. Cet oifeau ne paroît jamais 
plutôt qu'une heure avant la nuit. Ses 
deux premières ailes font les plus gran- 
des : les deux autres en font à quelque 
diftance , de forte que le corps fe trou- 
ve placé entre les deux paires. 

Moore parle du même animal. 
On ne le voit , dit-il , que vers le 
commencement de la nuit. Il a réelle- 
ment quatre ailes , & fa grolTeur eft 
celle du Pigeon ; mais cet Auteur 
ajoute que malgré le nom d'OiJeate 
qu'on lui dorme , il doute s'il n'eft 
pas de l'efpece des Chauves -Souris, 
On ne le peut voir d'aflez près pour 
s'en afFurer parfaitement. Hifl.Génér. 
des Voyages , L. VI. & L. VIL 

QUATRE FOIS MUANTE , 
Chenille d'Arroche fauvage , dont 
parle GoiDARD ( Part. IL Exp. 2$.), 
de la couleur de la plante dont elle fe 
nourrit. Elle eft lente Se parefleufe 
dans fon manger 8c dans fa marche. 
L'Auteur dit qu'elle change de peau 
jufqu'à quatre fois & qu'elle en reçoit 
une nouvelle à mefure qu'elle vient à 
quitter la vieille. De cette Chenille 
eft fortie une Mouche rare , dit-il , 
qui a les pieds longs Se plats au bout , 
& qu'il foupçonne pouvoir vivre fur 
terre comme dans l'eau. U appelle 
C€tte Chenille Quatre fois Muante. 

QUAUHCHOCHOP1TLI, 
petit oifeau du Mexique , qui creufe 
Terne HL 



Q U A 6>t 

le boîs. Il eft de la grandeur & de la 
figure de la Caille : fes plumes font 
noires , ou d'un gris obfcur , diftin- 
guées par des lignes blanches qui les 
traverfent. Son ventre & fa poitrine 
font de couleur de vermillon. C'eft une 
efpece de Pic , dit Ray (Synop. Mcth. 
Av. p. 163.). d'après Hernandez. 

QUAUHU1 LNI» autre oifeau 
du Mexique , de la grandeur d'un 
Moineau , qui , félon le même Ray 
( iùid. p. 171 .) , a le bec long d'un 
pouce , menu Se noir. Son col & fon 
ventre foDt blancs. Le refte du corps 
eft mêlé de blanc , de brun , & de 
noir. 

QUAUHTOTOPOTLI; 

C'eft encore un autre oifeau du Mexi- 
que , qui eft égal à l'Étourneau. Son 
plumage, dit Ray {ibid. p. 162.) , 
eft noir, tacheté de blanc , principale- 
ment vers la queue , ainfi qu'aux ex- 
trémités des ailes , au bec , & au ven- 
tre : celui-ci eft prefque tout blanc. 
Cet oifeau s'apprivoife , 8c fe nourrit 
en cage. 

QUAUHTZO NE-COLIN: 
Ce font , dit R A y ( ibid. p. 1 5 8. ) , 
des efpeces de Cailles de la Nouvelle 
Efpagne , dont quelques - unes font 
brunes & hupées : d'autres font aulïï 
brunes , mais fans hupe , & un peu, 
plus petites ; d'autres qui font les plus 
grandes font de couleur fauve , mais 
cette efpece a la tête blanche & noi- 
re ; les extrémités des aîles Se le dos 
font blancs ; le bec 8c les pieds font 
de couleur noire. Toutes ces différen- 
tes efpeces de Cailles font une bonne 
nourriture , & très-convenable au^ in- 
firmes. 

QUAUPECOTLI, efpece 
de Blaireau de la Nouvelle Lfpagne, 
difent NlEREMBERG ( Hifi. txot. 
L. IX. c. 43.) Se Ruysch {de Quad. 
p. iqz.), dont te mufeau eft long Se 
menu , & un peu tortu à la partie fu- 
périeure. Il a la queue lonjue ; le 
poil de cet animal eft long , blanc vers 
le ventre brun ou noir, 8c blanc ail- 
M m m m 



ï 4 > QU'A QUE 
leurs , mais plus noir vers le dos. Il a 
les pieds noirs Se les ongles crochus. 
Cet animal s'apprivoife aifément. Il 
eft vorace : il mange indifféremment 
tout ce qu'on lui donne. Il eft paifi- 
ble , Se fait mille carènes ; mais il eft 
méchant vis-à-vis de ceux qu'il ne 
connoît pas. Il fe plaît dans les mon- 
tâ "^nc s 

"quauthlamacame, 

nom que les Indiens de la Nouvelle 
Efpagne donnent à une eipece de Cerf. 
Voyez CERF. 

QUAXOZOCTOTOTL, 
efpece de Pigeon du Mexique , qui , 
félon H E R n A N D E z , eft de la gran- 
deur des nôtres. Il a le bec grand , 
noir Se large , Se un peu tortu au bout. 
Sa tête eft de couleur d'azur; le refte 
du corps eft d'un bleu d'azur pâle , 
mêlé de verd Se de noir. C'eft ainfi 
qu'en parle Ray, Synop. Meth. Av. 
p. 164. 

QUE 

QUEEST, nom que les Anglois 
donnent au Pigeon Ramier. Voyez 
PIGEON RAMIER. 

QUELLE, nom qu'on donne 
au Léopard clans le pays des Nègres 
en Afrique. Voyez LÉOPARD. 

QUELLYQUA: C'eft le nom 
qu'on donne au Tigre dans le même 
pays des Nègres. Voyez TIGRE. 

QUERCERELLE , CER- 
CERELLE ,. ou CRESSERELLE ,. 
oifeau de proie ou de rapine , que ce- 
pendant Aristote n'a pas mis de ce 
nombre. M.Linn^eusC Fauna Suce, 
p. zi. n. 67. ) l'appelle Faico pedihus , 
cernque flavis, dorjb rttfefcente, in petiore 
7fiacnlis longitudinalibus fufeis , caudâ 
roumdata. Bel o n , Aldrovande , 
Willughby , Ray, Albin , Gesner 
Se les autres parlent de cet oifeau, C'eft 
le Ccnchris des Grecs , & X^Tinniinclus 
des Latins. Les Suédois chez qui il 
eft fort commun l'appellent Kyrkjo- 
Falck- Si A r 1 s t o t e n'a pas mis cet 
saifeau au nombre des oifeaux de proie , 



QUE 

c'eft qu'il eft celui qui a le moins d"e 
courage. Il ne fe plaît qu'à prendre des 
Souris , des Mulots , des Rats , des 
Lézards Se d'autres Vermines , qui dé- 
folent les campagnes ; mais il y rend de 
grands fervices aux Laboureurs , ainfi 
que la Bufe Se le Milan. Les Italiens 
lui ont donné le nom indécent deFouti- 
vmto ; car pour furprendre fa proie , il 
fe tient en l'air, fans changer de place , 
étudiant les moyens de pouvoir s'en 
faifir. 11 tombe deffus avec impétuofité. 
Cet oifeau a beaucoup de fympathie 
avec le Pigeon , puifqu'il le défend 
des autres oifeaux de proie , qui ap- 
préhendent fon regard Se fon cri. 

Les femelles des oifeaux de proie 
ne font ordinairement que deux œufs ] 
celle de celui - ci en fait quatre : fes 
œufs font rougeâtres. Elle fait fon nid 
dans les lieux les plus élevés , comme 
dans les clochers , les tours Se les ro- 
chers. Le mile, qui eft plus petit que 
la femelle , a le bec prefque long d'un 
travers de pouce , courbe infenfible- 
ment Se beaucoup pluojong Se plus 
crochu que celui de l'Épervier. Il a 
la première partie environnée d'une 
membrane contîgue à la tête , jaunâ- 
tre Se à demi de couleur cendrée : un 
certain tour par les côtés fait un demi- 
cercle , qui va fe terminer à la cavité 
de la lèvre inférieure: c'eft de-làque 
le bec fe recourbe : la pointe en eft tou- 
te noire, Se la partie de deffus eft plus 
longue que celle de défions. Cet oifeau 
a la prunelle extrêmement noîre, 8e le 
refte de l'œil jaune ; les paupières Se 
les plumes qui font autour des yeux 
aullï jaunes; le fommet de la tête un 
peu applati Se abaiffé. Toute la tête 
jufqu'au commencement du dos eft 
d'une coxdeur cendrée. Sa gorge , fa 
poitrine Se fon ventre font jaunâtres & 
femés de taches noires , defeendant 
en long à la partie du ventre où elles 
font plus larges qu'à la gorge. Les 5 
manteaux Se le dos font revêtus de. 
plumes de couleur de rouille , mar- 
quées de taches noires *. afTez larges. 



QUE 

Jx dedans des manteaux eft d'un cen- 
tré blanchâtre. Les grandes plumes Se 
les dernières proche du ventre font 
d'un tanné rouiTàtre , tirant fur le noir. 
Les plumes de la queue pour la plus 
grande partie font cendrées Se comme 
divifées en deux , à caufe de leur tuyau 
qui eft noir ; celles qui font fur les 
côtés , prefque à l'extrémité , font or- 
nées d'une tache noire qui les traverfe , 
& larges de deux doigts : l'extrémité 
de la queue elt terminée par une ta- 
che blanche , • qui la traverfe auffi , 
longue Se égalant tout -le refte du corps. 
Cet oifeau a le col long , bien affilé > 
defeendant au-dellbus du croupion de 
cinq grands doigts. Les jambes font 
jaunes. Les pieds font garnis de grands 
doigts Se d'ongles robuftes Se aigus, 
qui font noirs Si jaunes. 

La femelle , qui eft plus grande que 
le mâle, a le bec un peu plus court: 
■ce qui en efl: courbé n'eft pas fi long , 
mais plus crochu : il eft entièrement 
de couleur cendrée ou de corne , blan- 
chilTant un peu , fur-tout à la partie 
fupérieure , Se à l'endroit où il eft 
joint â la tête , il y a une pellicule rouf- 
fe. Elle a les yeux comme le mâle ; 
à leur coin extérieur eft une tache d'un 
cendré blanchâtre. Elle a tout le dos 
& le deftus des manteaux d'une couleur 
de rouille claire , approchant du roux ; 
tout fan plumage , de couleur châtain 
à la racine , qui eft un peu obfcure ; 
le haut des grandes plumes d'un tanné 
obfcur , Se vers le bas , à la partie qui 
penche en avant : elles font blanches Se 
diverfifiées de taches brunes obliques. 
Les plumes de l'extrémité du dos , qui 
couvrent le croupion , font de cou- 
leur cendrée , traverfées de marques 
brunes, qui finilfent en angle , pro- 
che du tuyau. Elle a les plumes de 
la queue très -longues , Se les plus 
grandes Se les principales rou'.Utres 
& traverfées de lignes noires : le tuyau 
qui les coupe en longueur eft noir : 
proche de leurs extrémités elles font 
couvertes de taches noires , grandes 



QUE <? 43 

Se larges , mais roufTes par le bout, La 
femelle a encore le col Se la poitrine 
femés de taches étroites Se longues , 
qui defeendent en bas. Les jamb;s 8c 
les pieds font jaunes , les ongles moins 
crochus que ceux du mâle , cependant 
un peu courbés , Se très -noirs. 
. 11 y a eu des perfonnes , qui ont 
drelfés des Quercerelles au vol du Mer- 
le Se du Moineau. Cette chafii n'eft 
cependant pas en ufàge dans la Fau- 
connerie. Turnerus dit que la 
Quercerelle nourrit long-temps Ces pe- 
tits , quoiqu'ils volent , en attendant 
qu'ils puiflent vivre de leur chaffe. On 
dit que cet oifeau a beaucoup de fym- 
pathie avec l'homme. Lorfque la fe- 
melle s'éloigne Se s'abfente du mâle, 
il en conçoit une douleur fi grande , 
qu'il fait des cris Se des plaintes conti- 
nuelles. La Qucrcerelle eft appellée par 
Aristote Se par Pline très-féconde, 
parcequ'elle produit quatre petits, con- 
tre l'ordinaire de tous les autres oifeaux 
de proie, Elle fait quelquefois fon nid 
dans le creux des arbres , auffi bien 
que dans les tours. Plufieurs Hifto- 
rîens foutiennent qu'elle boit point. 
Aristote veut le contraire. 

QU EREIVA, oifeau du Bréfil, 
dont toute la poitrine eft d'un tres- 
beau rouge. Les ailes font noires , Se 
le refte du corps eft d'un beau bleu 
céiefte. Les Sauvages en font très- 
grand cas , dit R U ï S G H ( de Avïb. 
p. 125.), à caufe de la beauté de fon 
plumage. 

QUETELE, nom qu'on donne 
dans le Royaume de Congo à la Pin- 
tade , dit Marc Grave. Voyez 
PINTADE. 

QL'ETPATEO , Lézard du 
Bréfil , dit Se b a , qui a la queue 
formée par anneaux Se garnie de poin- 
tes. Le deffus du corps , les cui les Se 
les pattes font revêtues d'écaUles uni- 
formes d'un gris clair. Le front eft garni 
d'écaillés plus grandes Se blanchâtres. 
Le fommet de la têt % eft couvert de 
très-petites écailles , que d'autres plus 
M m m m ij 



44 QUE 

grandes environnent. Le bord des oreil- 
les eft d'un bai brun. Ce Lézard a de 
remarquable un collier noir , placé fur 
la nuque du col , & divifé dans le mi- 
lieu. Toute fa queue efl très-pointue 
& très-mince à l'extrémité , & munie 
d'écaillés larges, piquantes, quifem- 
blent être formées d'une corne dure. 
Thef.L Tab. 97. n. 4. 

QUETZ ALTOTOL T, ou 
OISEAU DE PLUMES du 
Mexique. Ray (Synop.Av. p. 1^7.) 
& RuïSCH ( deAvib.p. 121.) qui ont 

COplé NlEREMBERG , difent qu'il 

eft hupé & qu'il eft couvert de plu- 
mes , qui pour la plupart égalent la 
beauté de celLe du Paon. Il eft de la 
grandeur d'une Pie ou d'un Pigeon. 
Son bec eft courbé Se de couleur rouffe :. 
fes pieds approchent un peu de cette 
couleur. Sa queue eft garnie de plu- 
fieurs longues plumes d'un verd clair, 
8c couleur de Paon, femblables pour 
la forme à des feuilles de Glayeul: les 
autres qui font couvertes font noires par 
d'eflus Se par defious : elles reflcaiblent 
à celles du Paon, Se celles du mllieur 
tirentfnrle verd, La hupe de cet oifeau 
etl compofée de plumes très-belles Se 
luifantes. Il a la poitrine Se le bas du 
col rouges , Se le haut comme le Paon. 
Son dos eft couvert des mêmes plu- 
mes , ainfi que les endroits qui font 
fous les ailes Se entre les cuifles ; mais 
ces plumes font fines & molles Se d'une 
couleur plus cLaîre, Celles des ailes 
font très -longues. Elles finiffent en 
pointe: leur couleur eft un verd clair. 
Les- petites plumes qui couvrent les 
épaules font vertes celles de deftous 
font noires : celles qui font entre les 
ailes, font un peu courbées Se de la 
couleur des ongles del'aifeau. 

Ces oifeaux vivent dans la Province 
de Tecolotlan , au-deU de Qauhtema- 
1-an » vers les Hunduras. Ils aiment les 
Beux expofés au foleil,. Se onn'enpeut 
apprivoifer ni élever en cage. Ils fe 
nourrirent de V erraiffeaux Se de cer- 
tains fruits fauv âges 3 que les babkans 



QUE 

du Mexique nomment Mazatîl. ïfs 
fout des trous aux arbres 8e ils élèvent 
leurs petits dans ces trous. Ils ont un 
cri à-peu-près femblable à celui que 
font les Perroquets. Trois fois par 
jour , le matin , le midi & au foleil 
couchant on les entend fiffler d'un ton 
fort vif Ils volent en troupe. Les plu- 
mes de ces oifeaux font plus eftimées 
que l'or. Les plus longues fervent à 
faire des aigrettes , les autres à faire 
d'autres ouvrages. On a foin de n'en pas 
tuer. On tâche de les prendre vivans 
pour avoir leurs plumes. Cette efpece 
de chaffe n'eft permife qu'aux Riches 
du pays. Quand ils ont de ces oifeaux 
fur leurs terres, ils les regardent com- 
me un bien qu'ils font pafièr à leurs 
héritiers. Hernandez a décrit la 
chaife de ces oifeaux. On la trouve auflï 
dans l'sippendix de {'Ornithologie de 

WlLLUGHBï. 

QUEUE BLANCHE, nom 

d'un oifeau , qui eft une efpece de 
Tygargui. Il a tout le champ de for* 
plumage d'une couleur qui tire entre 
le blanc & le cendré. Les extrémités 
de fan vol font noires , Se le ventre , 
le croupion & le deffus de la queue 
entièrement blancs , fans aucune tache,. 
Quand il vole il reffemble à un Héron 
volant : le battement de fes mahutes' 
eft tout femblable. Lorfque ce batte- 
ment ceife , il vole en planant Se noa 
comme les oifeaux de proie., qui élè- 
vent leurs têtes en volant 1 celui-ci 
ne regarde que la terre. Il vole plus, 
au lever Se au coucher du foleil qu'ea 
aucun autre temps. Cet oifeau prend! 
des Poules, des Perdrix, des Lapins,, 
des Lièvres Se il fréquente le bord des 
bois. 

Il eft fait mention dans B e l o nt 
d'une autre efpece , nommée auflî 
Queue blanche , qui a le vol très-léger* 
Le champ du plumage eft le même 
que celui du Milan Royal. Vovez 
AIGLE PYG ARGUS Sclemot 
PY G ARGUS. 

QUEUE ROUGE,. nom d'un 



Q U F QUI 

eïfeau nommé Cauda Rojfa en Italien » 
parcequ'il a cette partie d'un rouge 
très - éclatant. Pour l'ordinaire il fré- 
quente les montagnes efcarpées de 
rochers , de précipices 8c d'écueils : il 
y fait fbn nid. Son plumage eft très- 
agréable à voir , & il chante parfaite- 
ment bien. Ceux qui en nourriflent 
dans les cages , lui donnent comme 
aux Roffignols de la pâte 8c du cœur 
haché. On ne voit point de ces oifeaux 
en France. On en trouve en Italie , 
dans le pays des montagnes. Il y en a 
de trois fortes. Celui dont nous par- 
lons a le chant le plus agréable. Le 
mâle a la poitrine rouge r Se ces oifeaux 
vivent jufqu'à huit ans. 

Q U F 

QUFONSU, ouQFONSU: 
C'eft un oifeau que le Diblionnaire de 
Trévoux appelle Qjtfonjoo , 8c qui fe 
rrouve dans le Royaume de Quoja ,. 
pays des Noirs. Il a le corps noir , & 
te col blanc ; il eft gros à-peH-près 
comme un Corbeau : fon nid , qu'il fait' 
fur les arbres , eft' compofé de ronces' 
8c d'argille. Les Nègres racontent que 
lorique les petits font prêts à éclorre , 
îa femelle arrache fes plumes pour les 
couvrir , 8c que le mâle commence 
alors à les nourrir jufqu'à ce qu'ils 
foient en état de fe pourvoir eux- 
mêmes de nourriture , 8c que les plu- 
mes foient revenues à la mere. 

Q U I 

QUICK-HATCH, ou¥OL- 
N E R E N N E : C'eft un animal qui 
fe trouve dans le pays de la Baye 
d'Hudfon. Il eft tris-extraordinaire 8c 
de la grofteur d'un grand Loup. Il 
a le mufeau noir par en haut Se par en 
bas , jufqu'au-deifous des yeux. Le 
deflus de la tête eft blanchâtre : les 
yeux font noirs ; la gorge & le bas 
du col font blancs , tachetés de noir. 
Cet animal a les oreilles petites Se 
ïondes, & tout le corps d'un brun rou~ 
geâtre qui eft foncé du côté des- épau- 



QUI *f 4 $ 

les, & plus clair fur le dos & aux cô- 1 
tés. Le poil de tout le corps eft allez 
long , mais il n'eft gueres épais. Les 
pattes font couvertes de petits poita 
noirs jufqu'à la première jointure ; 
mais les cuiifes font brunes Se les on- 
gles d'une couleur claire. La queue- 
eft brune jufques vers la pointe , quf 
eft plus épaiïTe , touffue 8c noire. Cet 
animal porte fa tête fort bas en mar- 
chant, 3c fon dos paroît toujours voû- 
té. Lorfqu'il eft attaqué il fe défend 
vigoureufement &c avec opiniâtreté , 
8c on prétend qu'il a l'adrefle de caffér 
8c de déchirer en mille morceaux les 
trapes Se autres efpeces de pièges qu'on- 
lui tend. 

QUIJUBATUI , efpece de 
Perroquet du' Bréfil , dit M a r C 
Grave, de la grandeur d'un autre? 
nommé Titjapara. Il eft de couleur 
fauve , mais les extrémités de fes aiie3 
font d'un verd obfcur. Il a le bec gris 
& les cuiffes de couleur incarnat, Ray 
( Synop. Av. p. 3 5 . ) , & R u y s c h ( de 
Avib. p. 142. ) parlent de cet oifeau. 

QUILITOTON, autre efpece 
de Perroquet de la Nouvelle Efpagne 
dont parlent HernAndez , Ximenès r 
Clusius S; Nuremberg. Cetoifeau> 
dit Ruïsch (ibiâ. p. 1 5:3 . > , eft tout 
verd, U a fur le front une marque 
blanche. Son bec eft blanc 8c fes pieds 
font noirs. Il imite la voix humaine. Il- 
vole en troupe avec les oifeaux de 
fon genre , fe perche au haut des ar- 
bres Se y fait fon nid, Cette efpece da 
Perroquet n'eft pas plus grande qu'une 
Alouette, 

QUINCAJOU , animal de 
l'Amérique , qui approche du Chat; 
Il a le poil rouge 8c brun & la queue; 
fi longue , qu'en la relevant il en fais 
deux ou trois tours fur fon dos, Ses 
griffes font' fortes. Il s'en fert pour 
monter furies arbres , & fe couchant 
tout de fon long fur une branche, ii 
attend , dit Denis dans fon Dittisn- 
nairede l'Amérique, que quelque Orî— 
gnacpaffe pour fe jener fur lui. Quaaii- 



Q u ï 

L'Origfjac fefit le Qjdncajou fur fon dos , 
il court vîce fe jetter dans l'eau, & 
auiïi-tôt le Quincajou qui hait cet élé- 
ment, quitte prife Se faute à terre. 

QUI RAT AN G A , oifeau du 
Bréfil, d'une médiocre grandeur , qui 
eft tout blanc. lia la voix fi forte , que 
comme une cloche on l'entend prefque 
d'une demi-lieue , dit R u y s c h , ttid. 

P ' QUIRAQUEREA , autre 
oifeau du Bréfil , qui , félon le même 
Auteur { ibid. p. 1 3 8. ), eft de la gran- 
deur d'une Alouette ; mais parcequ'il 
a de longues ailes Se une queue beau- 
coup plus longue , il paroît plus grand. 
Sa tête eft large & aftez grande. Il a 
les yeux grands & noirs , un petit bec 
fait en triangle , crochu par en haut. 
Sa bouche eft large , Se très-large à 
proportion de fon bec. A chaque extré- 
mité de la partie fupérieure du bec, 
des deux côtés , il a environ dix ou 
douze filets, gros comme des poils de 
Porc , qui font étendus en devant & 
aux côtés. Son corps n'eft pas long , 
mais il eft prefque rond. Cet oifeau 
a quatre doigts aux pieds. Celui du 
milieu eft plus long que les autres » 
Se eft garni d'un ongle dentelé com- 
me un peigne. Ses ailes ont un demi- 
pied de longueur , Se fa queue huit 
doif-ts : cette queue a fes deux der- 
nières plumes plus longues que les 
autres. Les plumes de cet oifeau font 
d'un brun tirant fur le cendré , avec 
des taches d'un fauve obfcur , ou blan- 
ches, lia de plus, autour du col, un 
collier de couleur d'or obfcure. Ses 
jambes font cendrées ou brunes. Les 
doigts de fes pieds fe tiennent par une 
petite membrane , qui n'eft pas fi gran- 
de que celle des Canards ^ car ce n'eft 
pas un oifeau aquatique. 

Q U I R AT 1 N G A , oifeau aqua- 
tique du Bréfil , dont parle N 1 e- 
r emberg { Hifl. Exot- L.X.C.7,%,), 
Ï-iAET ( Itid. Occident. L. XV. c. 13.), 
Ruïsck (de Avib. p. 15c), & les 
autres. 11 eft de la grandeur de la 



QUI Q U O 

Grue. Ses plumes font blanches. Son 
bec long Se pointu eft de couleur de 
fafran. Ses jambes font longues , Se 
d'un rouge tirant fur le fauve. Son 
col eft couvert de plumes tres- fines 
Se très-belles , qui ne le cèdent point 4 
celles de l'Autruche. 

QUIRATANGEIMA, au- 
tre oifeau du Bréfil , un peu plus 
grand qu'une Alouette. Son corps a 
environ trois doigts de long , & fon 
col un doigt & demi. Il a la tête peti- 
te, le bec droit Se pointu , les doigts 
longs , les jambes Se les pieds comme 
font ceux des autres oifeaux. 11 a la 
queue droite ; elle eft longue de qua- 
tre doigts. La couleur de fon bec eft 
noire , excepté la partie inférieure , 
où il y a du brun. Sa tête eft très- 
noire , ainfi que fon col , jufqu'au 
commencement de la poitrine. La par- 
tie fupérieure du col , depuis la tête 
jufques proche le commencement du 
dos , eft de couleur de bleu célefte. 
Au commencement du dos , il a une 
tache blanche , qui s'étend jufqu'aux 
ailes , & ces ailes font d'un très-beau 
noir : au milieu il y a en longueur une 
tache blanche , longue d'un doigt Se 
demi. La queue eft toute noire. Le 
refte du corps eft: de couleur de bleu 
célefte. Les jambes font d'un bleu 
clair. Les yeux ont la prunelle tirant 
fur le noir , Se d'un blanc un peu fau- 
ve. Cet oifeau niche au haut des ar- 
bres, auxquels on donne dans le pays 
le nom d' Acaya. , tk il fait auffi très- 
volontiers fa demeure aftez proche des 
habitations. Son nid eft de figure cy- 
lindrique. Il eft compofé de brouflail- 
les , Se ce nid pend à l'extrémité des 
branches. Son cri eft prefque fembla- 
ble à celui de la Pie. Voyez Ruysch, 
de Avib. p. 132. 

Q U O 

Q U O G G E L O : C'efl: un Lézard 
des plus remarquables de la côte d'Or. 
Sa longueur eft d'environ huit pieds ; 
mais fa queue feule en prend plus de 



QUO 

quatre. Les écailles de ce Quadrupède 
reiTemblent aux feuilles d'Artichaux ; 
mais elles font plus pointues , fort fer- 
rées Se fi dures , qu'elles peuvent le 
défendre contre les attaques des autres 
bêtes. Ses principaux ennemis font les 
Tigres & les Léopards. Ils le pourfuî- 
vent , Se fa légèreté n'eft pas fi gran- 
de qu'ils ayent beaucoup de peine à 
l'atteindre ; maïs il fe roule alors dans 
fa cotte de maille , qui le rend invul- 
nérable. Les Nègres le tuent par la tê- 
te, vendent fa peau aux Européens , 
dont ils font un grand commerce , Se 
mangent fa chair , qui eft blanche & de 



QUO 

bon goût. Cet animal vit de Fourmis 
& fe fert pour les prendre de fa lan- 
gue , qui eft extrêmement longue Se 
gluante. Suivant De s marchais 9 
c'eft une créature douce & tranquille 
qui n'eft pas capable de nuire. Dapper 
afTure le contraire. Selon ce Voyageur , 
c'eft une bête de proie , qui reflemble 
beaucoup au Crocodile. Ses écailles 
bleffent dangereufement les hommes ; 
mais elles ne lui fervent qu'à fe dé- 
fendre contre les autres créatures. lia 
fept ou huit pieds de long. Uiftoire 
Gén. des Voyages , Tome XIV- L, IX, 
p. 188. Edit. in-ix. 



64$ 



R A B RAC RAD 



R A E RAF 



RABEKES: C'eft une ef- 
pece de Héron gris de rifle 
de Mayo en Afrique , dont la 
.chair eft fort bonne , dïfent les Voya- 
geurs. Hifi. Gén. des Voyages , Edit. 
én-iî, p. 1^9- 

RAC 

RAC, Coquillage operculé., qua- 
trième efpece de Buccin , de la côte 
du Sénégal , dont M. AdansoN a 
donné la figure à la Planche X. n. 4; 
•de fon Hiftotre des Coquillages du Séné- 
gal. Sa coquille, dit-il, p. 150. eft 
plus rare encore que celle du Nijot , 
( autre efpece du même genre) , dont 
elle ne paroît qu'une variété. Elle a 
les fpires un peu renflées , avec quel- 
ques canelures parallèles à la lon- 
gueur de fa coquille & fans tubercu- 
les. Sa couleur eft brune. 

RAD 

RADIEUX, poiflon des Indes 
Orientales , qui tire fon nom , félon 
le rapport de R u Y s c H ( Colled. Pifc. 
Amb. p. 38. ». 18. Ta h. 10. ) , des 
rayons qui fortent de fes yeux. Ces 
rayons y forment des taches d'un rou- 
ge obfcur. U eft armé d'aiguillons fur 
Je dos , dont les nageoires font ron- 
des : celles du ventre ne le font pas. 
Sa couleur eft bleue , mêlée de larges 
lignes rouges. Les habitans d'Amboi- 
ne s'en nourriflent ; mais la plupart 
n'en font point de cas. 

RADIS, nom donné à une efpe- 
ce de Coquillage du genre des Con- 
ques fphêriqtiet , ou Tonnes, qui eft de 
la clafle des Univalves, dont la co- 
quille allongée en queue recourbée , 
de même que les couleurs , imitent le 
naturel d'un Radis. Voyez au mot 



RAEVENBECK, ouPOlS- 

5 O N à bec de Corbeau, nommé en 
Latin Coracorhynchus , & dont parle 
N 1 e u h o F f. C'eft un poiuon des 
Indes , dit R A ï. 

RAF 

R A F E L, nom donné par M. 
Adanson ( Hifi. des Coquillages 
du Sénégal, p. 5©.), à un Coquillage 
de la côte du Sénégal , du genre de la 
Vis , en Latin Terebra. On le trouve 
fur la côte maritime de l'Anfe de Bea. 
Il eft figuré à la- Planche IV. ». 2. de 
l'Ouvrage de l'Auteur. Sa coquille , 
dit-il , a la même forme Se la même 
couleur que la première efpece de ce 
genre , qu'il nomme Miran s mais elle 
eft plus épaifTe Se plus allongée. Elle 
a un pouce & demi de longueur , Se 
une fois Se demie moins de largeur. 
Ses fpires font au nombre de onze , 
prefque applaties , renflées feulement 
dans leur partie inférieure , dans l'en- 
droit où elles fe joignent les unes aux 
autres. Elles font toutes coupées par 
fept ou huit petits filions , qui en font 
le tour parallèlement à leur longueur. 
Ces filions font croifés par d'autres 
filions plus petits , qui les coupent à 
,anglee droits , en fuivant la longueur 
de la coquille. Les deux premières fpi- 
res d'en haut font ordinairement lif- 
fes , unies , Se fans aucun de ces filions 
dans les vieilles coquilles. L'ouver- 
ture eft une fois 8c demie plus courte 
que le fommet La lèvre gauche eft 
relevée de quatre ou cinq plis , dont 
le plus élevé eft le plus confidérable. 
L'animal, ajoute l'Auteur, eft parfai- 
tement femblable au Miran. 

11 range fous le nom de Bafel le 
Bucçimtm breyiruflrum , claviculâ ttntd 

6 produdâ > Uvï , lama qiiâdam ad 

imam. 



RAf R A G RAI 

imum quemque orbem eleganter firiata 
diftinllum , de Lister , Hiji. Conchyl. 
Tab.pjj.fig. 34. & de M. Klein, 
lent. p. 3 •y.fpcc. 1 . 

Le Turbo apertus,canaliculatus , obli- 
qué incurvatus , flriatus , de Langi us , 
Me th. p. 4 6. 

KAFRAÎCHISSEUR: 

Goedard( Part. 1. Exp. y o. ) don- 
ne ce nom à un petit Ver , qui fe trou- 
ve dans le cœur d'un fruit , nommé 
Gui, ou Pommes hémorrhoïdales , parce- 
qu'elles font fouveraines contre la 
douleur des hémorrhoides. Si ce fruit 
efl rafraîchiffant , cela vient , dit-on , 
du Ver , qu'on trouve dans le cœur 
de ce fruit , qu'il faut , pour l'y trou- 
ver , cueillir vers le 1 6 Octobre, Ce 
Ver, dit Goedard , vers le 1 3 , le 
14, ou le 1 y Juin , de vient une belle 
Mouche , & il ajoute que quand le 
Ver eft hors du fruit , le fruit n'a plus 
la propriété de rafraîchir. 

R A G 

RAGOT , Sanglier qui a deux 
ans , Se qui fort de compagnie. Voyez 
SANGLIER. 

RAGUAHIL, ou EBAMA- 
R I , nom que les Ethiopiens donnent 
au Dromadaire. Voyez au mot DRO- 
MADAIRE. 

R A I 

RAIE, ou RAYE, forte de 
poiffbn plat , large & cartilagineux , 
ex génère Pifcis chondropterygiorum , 
félon Artedi, Ichth, Part. V. p. 99. 
R a y ( Synop. Meth. Fifo. p. 2 y. ) , 
Rondelet(L. XIL p. 26 9 . &fuiv. 
Edit. Franf. ) , Se tous les Icnthyolo- 
gues en parlent. Le premier de ces 
Auteurs fait connoître dix efpeces de 
Raies, Ray en défigne quinze, Se 
Rondelet dixr-huit. En général 
la Raie eft le Butos des Grecs , mot 
qui fignifie en Latin Rubus , & en 
François Ronce , à caufe que la Raie 
comme la Ronce a des pïquans. Les 
L atins , comme Pline, ont traduit 
Tems III. 



RAI 6*49 

le Grec b«tsç par Raia, dontnous avons 
fait celui de Raie. Les Grecs , dit 
R o ndelet, donnoient le nom de 
Ba-rof à la Raie mile , 8c celui de BatT-if 
à la femelle. Les Raies font despoif- 
fons plats , cartilagineux , 8c fans na- 
geoires , car ils nagent fur leur lar- 
geur , Se ils ont despiquans à la queue. 
Les efpeces d'ailes ou de nageoires 
qu'elles ont à la queue ne fervent qu'à 
diriger leur route. Toutes les Raies 
ont devantles yeux une taie , nommée 
en Latin nebula , 8c proche des yeux 
de grands trous , qui font ouverts 
quand la bouche eft ouverte , 8c ils 
font prefque fermés quand la bouche 
l'eft auffi. Devant la bouche , au lieu 
de narines , elles ont d'autres trous. Il 
y a des Raies qui ont des dents , 8c 
d'autres qui n'en ont point: elles ont en 
la place un os âpre. Toutes les diffé- 
rentes efpeces de Raies ont les ouies 
découvertes en la partie de deffous : 
elles diiférent entr'elles par les aiguil- 
lons ; les unes en font armées deffus 
8c deffous ; les autres deffus feulement , 
& d'autres deffous le mufeau : il y en 
a qui n'ont des aiguillons qu'à la queue. 
Quelques efpeces ont trois rangs d'ai- 
guillons , Se d'autres n'en ont qu'un. 
Les aiguillons de quelques-unes font 
foibles 8c moux ; ceux de quelques 
autres font forts Se fermes. Quelques 
efpeces ont des aiguillons longs & 
minces ; quelques autres les ont petits 
Se d'autres moyens. Prefque tous les 
aiguillons ont leur pointe tournée vers 
la queue : les plus longs font tournés 
vers la tête. Le foie de quelques Raies 
eft plus rouge, 8c d'autres l'ont plus 
jaune : la bourfe du fiel y eft attachée. 
La rate eft dans l'entortillure de 
l'eftomac ; les boyaux font gros au 
commencement , & étroits au bout. 
Les Anciens n'ont connu que trois ef- 
peces de Raies , l'une nommée fim- 
plemcnt Raie , en Latin Raia j l'autre 
Raie lijfe fans aiguillons , Raia lavis ; 
8c la troifieme la Raie étoiiée , ou mar~ 
quée d'étoiles , Raia afierias. 11 y en» 
Nnntt 



6$o RAI 

plufîeurs autres efpeces , comme on le 
verra ci-après. Les Raies font fort fé- 
condes & très-communes , parcequ'il 
n'y a prefque point de pofflon , ex- 
cepté la Lamie , qui ait la gueule afTez 
grande pour les dévorer. Déplus leurs 
aiguillons font auffi qu'aucun poifTon 
n'afe en approcher. Les Raies femelles 
ont beaucoup d'oeufs. Elles n'en dé- 
pofent qu'un ou deux à la fois ; ceux 
qui fortenr font couverts d'une coque 
qu'ils acquièrent quand ils font def- 
cendus dans la matrice; les autres font 
au-defius de la matrice , Se comme 
dans le corps des Poules : ils fe dé- 
tachent les uns après les autres pour 
acquérir leur dernière perfection , qui 
eft de fe revêtir d'une coque. Cette 
coque , aïnfi que l'a décrite A R i s- 
tote, eft quarrée comme un oreiller , 
les coins font longs , 8c d'un côté 
plus que de l'autre. Voilà ce que dit 
Rondelet en général des Raies. 
Paffons maintenant aux différentes ef- 
peces. 

RAIE LIS SE, nommée en Grec 
AuiSxTce y félon A r i s t o te ( L. II: 
c 1 5. ,& L. VI. c. 11.}, en Latin Raia 
lavis , en Eipagnol Leuda , en Lan- 
guedoc Fumât Se Fumando , dit Ron- 
delet, Ce poilfon a la peau lîfTe , 
& deuK grandes nageoires : il y a des 
aiguillons près des yeux , un de cha- 
que côté ; la ligne du milieu du dos eft, 
pareillement garnie de ces aiguillons , 
lefquels font petits Se clair-femés , Se 
àla queue il y en a trois rangs: il y en a 
auffi quelques-uns en deffous près de 
la bouche qui font recourbés Se pla- 
cés à propos pour retenir les poiffons 
dont cette Raie veut faire fa proie , 
à ce que croit Rondelet, parce- 
qu'elle a peu d'aiguillons & qu'ils font 
petits en compaiâifon de ceux des 
autres efpeces de Raies : on l'appelle 
Raie liffi. Son mufeau eft un cartilage 
tendre 8c tranfparent Se de moyenne 
longueur. Ce poiiîon , comme les au- 
tres Raies , regarde de côté. La taie 
des yeux fort d'en bas : elle eft dé- 



R A I 

coupée à l'entour , 8c elle couvre toute 
la prunelle quand on prefte l'œil par 
le bas. Les trous d'auprès des yeux 
font aOez grands pour y mettre le doigt. 
La bouche eft placée en deffous ; elle 
eft garnie d'os durs au lieu de^dents. 
De chaque côté font les ouies , fuit 
un cartilage , auquel eft attaché le 
diaphragme pour féparerles ouies avec 
le cecur , de l'eftomac , du foie , Se 
des autres parties deftinées pour la 
nourriture. Cette Raie a le foie dur; 
la bourfe du fiel y eft attachée. Toutes* 
les efpeces -de Raies fentent le fauva- 
gin , Se une mauvaife odeur de mer. 
Cette odeur fe perd en les gardant 
quelque temps. On fait que la Raie 
transportée eft meilleure , que celle 
que l'on mange fur les bords de la mer. 
La chair' en eft dure Se de difficile di- 
geftion ; mais elle eft meilleure en hi- 
ver qu'en été. Le foie de ce poîlTon 
paffe pour un mets délicat. On en fait 
cas en France c'eft-à-dire dans les 
Provinces intérieures , mais peu fur 
les côtes de la mer. En Angleterre 
8c en Hollande la Raie n'eft point dir 
toyt eftimée. 

RAIE ONDÉE, ou CEN- 
DRÉE, nommée en Latin Raia U- 
vts uriàidata , feu cinerea. Aristote 
( Hifi. Anim. L. L c. 5. L.II c. 15. 
L. V. c. 5. L, VI. c. 10. & es. L, 
VIII. a 15. L. IX. c. 37. ), Élien 
(L. XVI. c, 13. p. pu.) , Oppieîc 
( L. L p. 5. & L. II. p. 60. ) ; & 
Athénée { L. VII. p. 285. ) , en par- 
lent fous le nom de BaVof , Se innom- 
ment la femelle b<*t«. Les AngloiV 
lui donnent le nom de Skate ou de 
Flaire. Cette Raie n'a pas le corps 
enlofange, comme les autres efpeces 
de Raies , mais plus rond ou plus 
ovale. Elle a une ligne au milieu du 
dos garnie de quelques aiguillons : elle 
en a autour des yeux , Se trois rangs 
à la queue. Ces aiguillons font glus? 
grands Si plus épais que ceux de la 
Raie précédente. Elle lui refïemble par 
la bouche , par les yeux , par les trous r 



RAI 

jpar les ouïes , & par les parties in- 
térieures. Ce qui la diftingue , c'eft 
qu'elle eft cendrée 8c marquée de plu- 
sieurs traits ondés. Quelques-uns, dit 

Ro N D E L ET (L. XII. C. 5. p. 275. ) 

la nomme Coliart : c'eft une des gran- 
des efpeces de Raies. R A y C Synop. 
Metb. Pifc. p. 25. ) , marque qu'il y en 
a qui pefent jufqu'à deux cens livres. 
Les taches qu'elle a en grande quan- 
tité fur fa peau cendrée , font noires. 
Les Naturaliftes l'ont nomm'ée com- 
me la précédente , Raia lavis. Ce n'eft 
pasqu'elle n'ait point d'aiguillons ; elle 
en a en petite quantité:le nom de B« toç, 
que les Grecs lui donnent , convient 
à toutes les Raies qui font armées d'ai- 
guillons , ou de piquans , femblables 
à ceux des Ronces, Artedi( Icbtb. 
Part. V. p. 102.) nomme cette efpece 
de Raie , Raia varia , dorfo medio gla- 
bro , unico aculeorum ordine in caudà. 
Les mêmes Auteurs cités à l'article 
précédent parlent auffi. de cette forte 
de Raie. 

RAIE AU LONG BEC: 
Cette troifîeme efpece de Raie lijfe 
eft celle que les Grecs ont nommée 
Ô<zùouyx a v > c'eft-à-dire, Raie au bec 
pointu ; ce qui fait , dit Rondelet 
( p, 274. ) , qu'on la nomme en Lan- 
guedoc Alêne , en Italien Perofa raja » 
quelques-uns l'appellent Sot,8c les au- 
tres Giïioro. Elle a fur la peau des 
taches pareilles à une Lentille , d'où, 
lui eft venu en Languedoc le nom de 
Lentillade; elle après des yeux qua- 
tre aiguillons , Se fa queue eft garnie 
de trois rangs de ces aiguillons , lef- 
quels font inégaux entr'eux ; elle a 
des dents placées au milieu , c'eft-à- 
dïre au-devant de la mâchoire. Cette 
efpece de Raie a le dos brun , le ventre 
blanc , Se elle eft moins grande que 
la Pafiertaque. Ray ( p. %6. ». J. ) 
dit en avoir vu qui pefoient dix li- 
vres. 

RAIE AU BEC POINTU: 
C'eft une autre efpece d'Alêne , que 
quelques-uns ont cru être le Bœuf 



R A l g $l 

marin des Anciens : elle devient fort 
grande , & elle a de petites dents 
qui fontfoibles & cachées: cequ'Op- 
pien attribue au Bceuf marin, eft ce 
qui fait , dit Rondelet, que quel- 
ques-uns l'ont nommée Vache de mer* 
& d'autres Flajfade > à caufe de fa 
grandeur ; ce qui fignîfie couverture de 
lit. Cette efpece de Raie a les na- 
geoires fort grandes & étendues , le 
tronc du corps étroit venant en pointe 
vers la tête , & elle a feulement un 
rang d'aiguillons à la queue. Ses au- 
tres parties font comme celles de toutes 
les Raies. Sa chair eft molle Se plus 
agréable au goût que celle des autres , 
fur-tout quand elle eft vieille. Les Pê- 
cheurs , dit R o N D e L e t ( p, 2j6. ) , 
la font fécher à la fumée & au foleil. 
A r. t e D 1 ( Ichth. Part. V. p. ioi. 
». 8. ) la nomme Raia varia tuberculis 
dicem aculeatis in medio dorfi c'eft 
le bSï d'A r 1 s t o t e ( L. V. c. 5. 
& L. VL c. 12.), d'O p p 1 e n ( L. 
I.p. 5. L. IL p. 3$.) , & d'É LIEN 
{L.l.c. 19, p. 2 5.), le 2îo.r de Belon, 
qui eft VOxyrynchos major de Ron- 
delet. Cette efpece de Raie, comme 
nous venons de le dire , n'a aucun ai- 
guillon fur le dos. 

RAIE LISSE, nommée Mi- 
raîîlet. A r t e d i ( Part. V. p. 101. 
». 7. } la nomme Raia dorfo , ventreque 
glabris, aculeis ad oculos , ternoque eo~ 
rum ordine in caudà. Voyez MIR AIL- 
LET. 

RAIE E TOI LEE , nommée 
en Latin Rma Stellata, ou Afleriar, 
parcequ'elle a des étoiles fur le corps. 
Sa tête eft plus femblable à la Pafte- 
naque qu'aux autres Raies. Elis a des 
aiguillons qui commencent tout près 
de la tête & vont finir à la première 
nageoire de la queue. Ce paillon fré- 
quente la haute mer : on en voit peu 
près des rivages, Rondelet dit 
( p. 277.) que l'a chair eft plus te îdre , 
de meilleure digeftion , & de meilleure 
nourriture que les autres Raies. Raï 
( Synop. Metb. Pifc- p. 27.». ii.j,5c 
N n n n ij 



tf 5 i R A I 

Gesner (de Aquat. p. 934. ) <3Î- 
fent la même chofe de ce poifTon. 

RAIE PIQUANTE: Ron- 
delet (p. 278. ) la nomme Raia ocu- 
lata , parcequ'elle a des figures d'yeux 
fur les nageoires ou ailes : elle eft ar- 
mée d'aiguillons à la tête, au dos , 
à la queue Se aux nageoires. Ceux de 
la queue font plus grands , plus forts , 
& en plus grand nombre. Sa chaïr eft 
dure & de mauvaife nourriture. Il y 
a une [autre Raie piquante , dont je 
vais parler. 

RAIE PIQUANTE ETOILEE: 
Cette Raie eft auuî nommée Ajfaf(4f* 
dit Rondelet, p. 278. Elle 
a fur les côtés Se fur la queue plu- 
fieurs étoiles , & elle eft pleine d'ai- 
guillons : il y en a entre les yeux plu- 
îïeurs petits , deux grands à la ligne 
du milieu du dos , Se la queue en eft 
garnie de trois rangs de grands , par- 
mi lefquels il s'en trouve plufieurs 
petits placés çà Se là. Au lieu de dents 
elle a des os durs & âpres dans la 
bouche. Sa chair eft dure Se feche. 

RAIE BOUCLÉE, en La- 
tin Raia clavata : on la nomme en 
Provence Clavelade, en Anglois Thorn- 
back- Cette Raie , félon Rondelet 
(p. 279. ) reflemble aux autres ef- 
peces : elle a le bec plus court & moins 
pointu. On l'a nommée bouclée , parce- 
que fes aiguillons ont la figure de 
clous , & Thornback en Anglois , par- 
cequ'elle a un rang de piquans furie 
dos , Se trois autres à la queue. Le foie 
de cette efpece de Raie eft gras & dé- 
licat. Rondelet penfe que c'eft 
l'Aigle de mer des Anciens , parce- 
quela peau du dos eft noire, que fes 
aiguillons font courbés comme les on- 
gles de l'Aigle ; que fes nageoires font 
étendues comme les ailes de l'Aigle. 
.Mais Artedi (Part. V. p. 99. ». 2. 
p. 100. n. 5. ) diftingue la Raie bouclée 
de V Aigle de mer. Il nomme la Raie 
bouclée , Raia aculeata,dentibus tuber-* 
culofis y cartilagine tranfverj â in ventre ; 
Se V 'Aigle de mej eftappellée Raia cor- 



R A ï 

poregîabro , aculeo longo ferrato in catt~ 
dâ pinnatâ. Voyez AIGLE DE 
M ÈR. Les Anglois ont deux efpeces 
de Raies bouclées , dit R a ï , p. 26, 
n. 2. 

Il y a une autre efpece de Raie bou- 
cîêe y qu'on appelle Ronce en Langue- 
doc , dit Rondelet (p. 281.,): 
elle diffère de la précédente , en ce 
qu'elle a le mufeau plus pointu , Se 
qu'il n'y a point d'aiguillons. Aux 
côtés elle a huit arêtes , ce que n'onï 
pas toutes les autres Raies. Son dos 
eft armé de quatre aiguillons. La cou- 
leur de ce poiffon eft cendrée , la chair 
eft dure Se fent le fauvagin. Ray 
(p. 7.6. n. 4.) , & G es n e r (de Aquat. 
p. 930".) difent la même chofe de cette 
Raie bouclée. 

Autre RAIE PIQUANTE: Cette 
efpece de Raie eft la Raia afpera de 
R a ï (p. 27, n. 7. ) & de Gesne a 
( de Aquat. p. 937. )• Elle eft nommée 
piquante, parcequ'elle a les nageoires 
toutes femées Se pleines de petits 
aiguillons : cette Raye n'en a point au 
-corps ; mais il y en a trois rangs fur la 
queue qui font grands Se forts. Son 
mufeau eft pointu , Se fa chair eft dure 
8c de mauvais fuc. 

RAIE, nommée Fullonica. Cette 
efpece de Raie eft ainfi nommée par- 
ceque fes nageoires , fon corps , fa 
tête Se fa queue , font garnis d'aiguil- 
lons , Se reffemblent à ces outils gar- 
nis de pointes de fer , dont les Fou- 
lons fë fervent pour apprêter leurs 
draps. Son bec eft a(fez long 8c poin- 
tu , 8c il y a trois rangs d'aiguillons 
fur la queue. Rondele t (p. 283, 
c. 1 6. ) parle de cette efpece de Raie ; 
Se Artedi (ïcbth. Pan. V.p. toi. 
n. 6. ) penfe que c'eft la même que 
la Raia afpera nofiras\àç Willughbt 
( p. 78. ) , & de Ray (p. 7.6. ). Il 1 3 
nomme Raia toto dorfo aculeato , dn- 
plici ordine aculeorum in caudâ , Jim-' 
plicique ad oculos. 

m RAIE CARDAI RE, en La- 
tin Spinofa , ditRo N D e l e t , p. 281, 



Rai 

Cette efpece de Raie eft pleine d'ai- 
guillons ou d'arêtes : elle a fur tout 
le corps des pointes gui reffemblent 
aux cardes dont on fe fert pour car- 
der la laine • ce qui l'a fait nommer 
Cardaire en Languedoc. Je ne vois 
pas que d'autres Naturalises que Ron- 
delet , ayent parlé de cette efpece 
de Raie. 

RAIE PIQUANTE dejfus& 
defous. Cette Raie reffemble à la der- 
nière , dit RoNDïLET(p, 284,), 
excepté qu'elle a des piquans deffus 
& deffous. On ne la peut toucher ni 
la lever que par la pinnule de fa queue. 
Cette Raie n'a point de dents dans la 
bouche. 

Les différentes efpeces de Torpilles 
Se un autre poiffon plat » cartilagineux , 
nommé^w, font encore des efpeces 
de Raies. Voyez aux mots TORPIL- 
LE & ANGE. 

On pêche à Marfeille une Raie bou- 
clée , beaucoup plus , petite Se meil- 
leure que les autres. La Raie fe nour- 
rit de petits poiffons Se habite dans les 
lieux fangeux & bourbeux de la mer 
proche des rivages. 

Il y en a d'une grandeur prodi- 
gîeufe aux lues de l'Amérique. Celle 
qui fut prife à Saint Chriftophe en, 
1634. en eft une preuve. Ayant été 
vue en mer , à une portée de mouf- 
quet du rivage , on y envoya deux 
chaloupes avec quinze ou vingt hom- 
mes dans chacune : elle fut frappée 
de plufieurs harpons tout à la fois » 
& malgré les efforts que firent tous 
ceux qui étoient dans ces deux cha- 
loupes > elle les entraîna fi loin dans 
la mer, qu'ils perdirent prefquel'ef- 
pérance de s'en rendre maîtres. Après 
qu'elle eut perdu tout fon fang elle 
lut amenée à terre. Sa grandeur étoit 
de douze pieds depuis la tête jufqu'à 
la queue Se de dix pieds , depuis un. 
aileron jufqu'à l'autre. Elle fè trouva 
fi dure que perfonnen'en put manger. 
On ne profita que de fon foie , qui 
fut traîné par dix hommes ayee grande 



R Aï 6-53 

peine au lïeu où on en devoït faire la 
partage. 

Le Perè Lasat ( Tome VIIÎ. p. 
373' ) parle d'une Raie prodigieufe 
qui fut harponnée par les Nègres de 
la Guadeloupe. Elleavoit douze pieds- 
huit pouces de large par le travers du- 
corps , neuf pieds- Se demi depuis la- 
tête jufqu'à la naiffance de la queue , 
Se préside deux pieds d'épaiffeur dans 
fon milieu. Sa queue avoit quinze pied» 
de long , vingt pouces de large à fà- 
naiffance , en diminuant infenfiblemerfc 
jufqu'au bout, qui avoit un bon pouce 
de diamètre. La peau étoit plus épaiffe 
que le cuir d'un Bœuf Se parfemée 
de mailles. On fe fervit de fon foie 
pour faire de l'huile à brûler. Les 
Nègres falerent les meilleurs mor- 
ceaux de fa. chair , & ceux qui leur 
parurent les moins durs. Les Raies K 
que l'on prend ordinairement à la fenne 
font fort petites , Se d'un pied de large, 
Cela ne vient que de ce que l'on ne 
pêche pas fi avant dans la mer , car- 
ies filets dont on fé fert ne font bons 
que pour prendre les poiffons qui vien- 
nent à la côte, au lieu, dit l'Auteur, 
que fi l'on avoit des Barques Si des 
Tartanes de pêche , pour aller en haute 
mer, comme en Europe , on auroit 
du poiffon bien plus beau 8c bien plus 
gros. 

On trouve dans les Antilles une forte 
de Raie fort particulière. Elle a le 
goût du Porc , Se une queue longue 
de trois pieds, Se quelquefois de qua- 
tre. Cette queue eft toute noire , Se- 
va toujours en s'amenuifant. Au haut- 
de cette même queue font deux petite 
dards en manière d'hameçon , dont la 
piquûre eft mortelle ; mais pour en 
guérir , il ne faut qu'appliquer deffus- 
un morceau de la chair de ce poif- 
fon. La cendre de la chair brûlée ^ Se 
même celle du dardillon , mêlée avec 
du vinaigre fait le même effet. 

La Raie du Cap de Bonne-Efpé— 
rance , dit K o L b e (Tome III. p. 13 o.)v 
eft plate & large , & elle eft de Kêy 



<?54 RAI 
paifleur de trois quarts de pouce , ou 
d'un pouce. Les Holiandois du Cap 
la nomment Roch. Aux deux côtés 
de la bouche elle a une grande tache 
ronde qui jette de l'éclat comme le 
verre : elle renemble à un œil ou à 
un miroir. Son mufeau eft pointu Se 
prefque rranfparent. La partie infé- 
rieure efl: couverte d'une peau fort 
mince. Ce poiflbn jette une grande 
quantité de frai. Lorfque les œufs 
viennent à leur perfection ils font tous 
couverts d'une coquille cubique & 
châtain. On trouve jufqu'à deux ou 
trois cens œufs dans un fac d'une Raie 
du Cap. Elle efl: fort dure & dediffi- 
ciledigeftion , & même très-peu agréa- ' 
fele au palais. Ce poiflbn n'a point 
d'arêtes ; il a feulement des cartilages. 
Les Hottentots en prennent beaucoup 
& les échangent avec les Européens 
du Cap , contre les bagatelles dont ils 
peuvent avoir befoïn. 

La Raie à la côte d'Or eft un 
poiflbn dont l'abondance égale la bon- 
té. Il y en a beaucoup dans l'Ifle de 
Madagafcar. Le long de la côte des 
Abyfuns , félon ThevëNot, il y 
a des Raies plus longues qu'un ba- 
teau , & larges à proportion ; mais leur 
peau efl: fi dure que le harpon n'y peut 
mordre, 

La Raie de Seram, dit R u y s e H., 
eft fort e (limée des habitans d'Am- 
boine. Sa chair pour la délicatefle Se 
le goût l'emporte far les Raies d'Eu- 
rope. Les os cartilagineux qu'on y 
trouve font beaucoup plus tendres , Se 
on les mange. Ces Raies différent 
des nôtres par la tête & par la queue. 
Leur peau efl: fi dure Se fi bien mar- 
brée , que les femmes du pays s'en 
fervent pour couvrirleurnudité. Voyez 
R tf y s c H ( Ccllecl. Pijc. Amb. p. 3 2. 
Ta h. 17, n. t ) fur ces efpeces de Raies 
des Indes Occidentales. 

* Le Râle eft nommé en Grec dWvjo'/arp*, 
ab ÔpTvç^ft /UTpt , id efl , Ccturnieum mater 
Jeu matrlx. Cet oifeau eft appelle Crex en 
Latin j à c.aufe de f a voix. On le nomme 



RAI R A L 

II y a , dit M. B a r r e R e (Hifi. 
Nat.de la France Équin. p. 177.), cinq 
efpeces différentes de Rates dans l'Ifle 
de Cayenne. 

La première efl la Raie Diable , 
qu'il nomme en Latin Raia maxim.it 
circinata & cormtta. C'eft un poiffon 
de mer monftrueux , long de plus de 
vingt pieds ; il s'élance hors de l'eau 
à une certaine hauteur , &: fe laiflant 
omber tout-à-coup , il fait un bruit 
épouvantable : il fe bat avec l'Efpa- 
don. 

La féconde efl la Raie bouclée , nom- 
mée Jahdnrete au Bréfil , dît Marc 
Grave , en Latin Raia minima . 
clavata > caudâ longiffimâ. 

La troifieme eft une Raie monf- 
trueufe , nommée en Latin Raia om- 
nium maxima , ore amplijjtmo. 

La quatrième , nommée Raie Chau- 
ve-Souris , en Latin Raia pïnnis trian- 
gularibits , alas Vejpcrtïlionis referen- 
tibus, eft le Narinari Pinirna du Bréfil « 
dit Marc Grave. 

La cinquième eft la Raie commune , 
nommée en Latin par l'Auteur Raia 
vulgaris , lavis , edidis. 

RAINE, & RAINETTE î 
Rondelet {Part. II. p. r 6j, ) don- 
ne le nom de Raine aux différentes ef- 
peces de Grenouilles , Se celui de Rai- 
nette à une petite Grenouille de terre 
qui ne crie point, qui vit dans les ro- 
feaux & dans les herbes : elle eft ve- 
nimeufe, Si les Bœufs l'avalent en 
paiffant , ils deviennent enflés. Pline 
& Dioscoride parlent de cette ef- 
pece de Grenouille. Voyez GRE- 
NOUILLE. 

R A L 

RÂLE* , genre d'oîféau , dont 
le caraélere eft d'avoir le bec fort . 
ferré par les côtés , long d'un pouce, 
d'avoir le doigt de derrière placé en 

vulgairement en François Roi des Cailles , 
vulgà lUx Contriùcum. On l'appelle en Sué- 
dois Aengfnaerpa ; en Angiois Daker-Hen , oa 
Rail, 



droite ligne vis-à-vis de celui du mi- 
lieu de devant, Se d'avoir tous les doigts 
longs , les ongles courts , Se les jam- 
bes longues. M. LinnvEUsC Fauna 
Suec. p. 55. n. 762. } met Se place le 
Râle dans l'ordre des Aves Scolopa- 
cê s, Se M. Klein en compofe le 
treizième genre de la quatrième fa- 
mille de fes oifeaux, 

R a y ( Synop. Meth, Av. p. 5 8. ». S, 
& 11 3. n. 2.) parle de deux efpeces 
de Râles , du Râle terrefire , Se du Râle 
aquatique. Beeon ( de la Nat. des 
Oif. L. IV ch. 19. & 20. ) parle du 
Râle noir , du Râle de Genêt , & d'une 
Poulette d'eau , qui eft le plus grand 
de tous les Râles. Celui-ci eft le Râle 
aquatique. Le Diiliannaire de Trévoux 
diftingue quatre efpeces de Râles, Le 
Râle de Genêt , ainfi nommé de là fe- 
mence de Genêt , qu'il mange ; le 
Râle rouge , qui tire fur le roux , Se 
qui vit dans les bois taillis ; le Râle 
noir , dont le dos eft tout marqueté 
de noir , Se le Râle d'eau , qui fré- 
quente les eaux. M. Klein ( Ord. 
Av. p. 1O-2,) parle du Râle terrefire, 
du Râle aquatique , d'un' Râle cendré , 
qui eft de la figure d'une Mouette , 
d'un Râle terrefire de l'Amérique , d'un 
Râle aquatique de Bengale , & d'une 
autre efpece , dont Edward fait 
mention. 

Le Râle rouge , félon B E l o n ,■ 
diffère du Râle noir , non-feulement par 
la couleur , mais auffi par le bec. Le 
Râle- noir eft beaucoup plus commua 
que le rouge. Le Râle eft un oifeau qui 
court fi vite, qu'on dit proverbiale- 
ment courir comme un Râle, Il fré- 
quente le bord des ruifleaux ; c'eft-là 
que les Payfans le prennent aux la- 
cets ou aux filets. On le peut voler 
à l'Épervïer. H n'a qu'un vol , Se il 
eft auffi- tôt pris en pays découvert. 
Ses jambes font courtes , comme les 
oifeaux qui ont le pied plat. Il a les 
articulations Se les doigts très-longs; 
le doigt de derrière eft fort court. Son 
plumage lè fait paroître beaucoup plus 



R A L 6*52 

gros qu'il n'eft. Cet oifeau eft charnu, 
comme un Merle. Les plumes des 
cuiffies ont des taches blanches , des 
deux côtés en travers , fur une cou- 
leur qui tire entre le noir Se le bleu. 
Les plumes de deffous l'eftomae font 
de même nuancées de noir Se de bleu. 
Il a le defïùs du corps noir , marque- 
té d'une couleur tannée. Son bec eft 
long de deux doigts» grêle Se rouge 
par defïus. Sa queue eft courte , com- 
me tous les autres oifeaux de rivage» 
qui ne nagent pas. Les Grecs l'ont 
nommé c3pTo>-âjU«Tpoe>-en Latin Ortygo- 
metra. Aristote( Hifi. Anim. L, 
VII L c. 12 ) dit que le Râle eft le con- 
ducteur des Cailles , lorfqu'elles par- 
tent pour paner dans d'autres pays % 
cependant, comme l'a remarqué Be- 
LON, on voit dans l'hiver des Râles 
noirs en France , Se en automne , temps 
où ils font fort gras. La chair de ce-t 
oifeau eft fort eftimée , Se elle eft à- 
peu-près du même goût que celle de 
la Poule d'eau. TuRNERUsdit que; 
ce Râle noir eft le Crex d'A ristoi e, 
Voyez CREX. 

Il y a beaucoup de ces oifeaux en 
Irlande , mais peu en Angleterre z- 
cependant , au rapport de Ray, an 
en voit dans la Province de Northum- 
berland du côté du Nord. Aldr o-- 
van d E ( Ornith. L. XIII. c. 23, ) 5 < 
f illuch b y (Ornith. 522./. 29.},- 
Se Ray ( Synop. Meth. Av. p. 58. > 
parlent de cet oifeau fous le nom 
d'Ortygometra. M. Linn.ïus le nom- 
me Ortygometra alis rufe-ferrugineif, 
On appelle ordinairement cet oifeau 1 
Roi des Cailles, dit M. Klein ,.mais 
c'eft mal-à-propos qu'on le confond- 
avec elles , n'y ayant entr'eux rien de 
commun. 

Le Râle de Genêt fait fa demeure dans 
les Genêts. Il fréquente les Vignes Se; 
les petits bois taillis. Il eft plus grand- 
que le noir, dît Belon , de h, Nat, 
des Oif. L. IV. c. 10. p. 214. H a î& 
champ de fbn plumage de couleur 
rougeâtre , tirant un peu fur le tous- 



€}6 R A L 

Se approchant de la couleur du Vau- 
tour. Sa tête eft femblable à celle d'une 
Perdrix grife , ou à celle d'un Poulet. 
La couleur dominante fur fon corps 
& fur fes ailes font la rouffe Se la rou- 
geâtre. Il a les cuiffes couleur de châ- 
tain, femées de taches blanches; les 
jambes & les pieds comme le Râle noir. 
Cet oifeau a quelque chofe de plus 
friand & de plus délicat que la Per- 
drix. IL eft le conducteur des Cailles, 
quand elles entreprennent leur parta- 
ge , & il va toujours le premier ; c'eft 
ce qui fait que comme le précédent il 
eft furnommé le Roi des Cailles. Belon 
penfe que le Râle de Genêt eft la Fer- 
dix Ruflicula des Romains ; car à le 
voir, on diroït que c'eft proprement 
une efpece de Perdrix champêtre. C'eft 
peut - être auffi de cet oifeau dont 
Martial a voulu parler dans les 
deux vers fui y ans, 

Rufllca fitm Terdix. Qutd refert fi fapor idem ? 
Carior efi Terdix , fed fapit illa magis. 

RÂLE AQUATIQUE, ou 

le plus grand des RÂLES, ou 
POULETTE D'EAU, félon 
Selon , ihid. p. % 1 1 . Ce Natura- 
lifte diftingue cet oifeau de la Poule 
d'eau Se de la Macreufe , pareequ'il 
ne nage pas fur l'eau Se qu'il ne s'y 
plonge pas; fes pieds aulfi ne font-ils 
pas plats, Se cependant il reffemble 
à la Poule d'eau ; mais il eft beaucoup 
.plus petit , Se îl eft plus gros qu'un 
Râle. Il participe de l'un Se de l'autre. 
BiLON a trouvé dans cet oifeau des 
marques qui le d'iftînguent. Il n'a point 
les membranes larges , comme la 
Poule d'eau : fa queue eft plus longue. 
Il a une tache fur le fommet de la tête , 
proche du bec , mais plus petite que 
celle de la Poule d'eau. Le champ de 
fon plumage approche pour la couleur 
de celui du Râle terrefire, mais un peu 
femblable à celui de la Poule d'eau. 
Au premier afpeft on prendrait cet 
oifeau pour un Râle ; mais en le con- 
sidérant avec attention, on lui trouve 



R A L 

la paupière blanche par demis, ce quï 
ne convient ni au Râle ni à la Poule 
d'eau. Cet oifeau a deux plumes blan- 
ches à la queue , une de chaque côté. 
Le deffous de ia poitrine eft bleu , Se 
le deffus du dos de couleur tannée. 11 
y a de ces oifeaux qui font plus noirs 
que les autres. Ils ont encore les plis 
des ailes blancs , & une autre ligne 
blanche le long de l'aileron , ce qui 
provient de ce qu'une partie de la pre- 
mière plume eft blanche le long du 
tuyau. Cet oifeau fe nourrit comme 
la Poule d'eau & le Râle. Sa chair eft 
tendre. Il a le géfier gros , le foie petit » 
les os tendres : les inteftins & les autres 
parties intérieures font difpofés com- 
me dans la Poule d'eau. On lui trou- 
ve le même goût , 8c fa manière de 
nicher & de nourrir fes petits eft com- 
me celle du Râle. C'eft ainfi que Belon 
parle de cet oifeau , qu'il nomme le 
plus grand des Râles. 

RÂLE TERRESTRE DE 
L'A M É R I Q U E : Cet oifeau de- 
vient fi gras , qu'il eft facile aux In- 
diens d'en prendre. Sa chair pour la 
bonté égale celle de l'Ortolan. Il a , 
dit C a t e S b y , p. 70. la forme , la 
groiïeur & la relfemblance de notre 
Râle noir. Il a tout le corps brun , le 
deffous moins foncé que le deffus , Se 
le bec Se les jambes bruns. 

On trouve la defeription de trois 
Râles d'eau dans la Nouvelle Hiftvire 
des Oifeaux, gravée par Albin. Le 
premier (Tome L n.jy.) eft nommé 
Rail us aqua tiens en Latin , en Anglois 
the JVater Rail. Le fécond { Tome l. 
n. 88. ) , qui eft une efpece de Poule 
d'eau , fpecies Fulictt , eft appellé en 
Anglois the Wejel Coock.- Le troifieme 
eft un Râle d'eau de Bengale , nommé 
en Latin ( Tome 111. ». 90. ) , Rallus 
aquatïcus Bengalenfis , en Anglois the 
Bengali Water Rail. Voici la deferip- 
tion de ces trois efpeces de Râles d'eau , 
telle qu'on la trouve dans l'Ouvrage 
ci-deffus cité. 

Le premier Râle d'eau eft un oifeau 

qui 



R A L 

qui court fort vîte & qui fe cache fur 
le bord des rivières. Il marche plutôt 
qu'il rie nage dans l'eau. En volant il 
tourne fes pattes par en bas. Les Vé- 
nitiens l'appellent Fvrz,a?iJ , ou Porz.œ- 
fia, nom qui eftaufû commun à d'au- 
tres Poules d'eau. 11 reffemble à la 
Poule d'eau ordinaire ; maïs il eft plus 
petit Se plus grand qu'une Caille. Cet 
oifeau a le corps mince , étroit , ou 
reflerré. 

L'Auteur dit que ce Râle a douze 
pouces de longueur depuis la pointe 
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue , 
Si feize jufqu'à l'extrémité des griffes , 
Se quatorze Se demi de large , les ailes 
étendues. La tête en eft petite, étroite 
Se refTerrée de biais. Le bec reffemble 
à celui du Héron étoile : il eft de deux 
pouces de longueur , droit Se reff-rré 
au li de biais : fa mâchoire inférieure 
eft tout-à-fait rouge, Se la fupérieure 
eit de même couleur à fa bafe , Se noi- 
re vers la pointe , qui eft unie Se dure. 
La langue eft de même longueur que 
le bec , Se elle eft blanche Se inégale 
à la pointe. Ce Râle a au front une ta- 
che noire, ronde Se dégarnie de plu- 
mes , mais beaucoup moindre que cel- 
le de la Foulque : elle eft fi petite , 
qu'à peine peut- on la distinguer. La 
couleur de la tête, des épaules, du 
dos, des plumes couvertes des aiLes , 
enfin tout le de [fus eft varié de noir , 
de brun foncé 8e de couleur d'olive , 
chaque plume étant noire dans fon mi- 
lieu , Se couleur d'olive à fes bords. 
Cet oifeau a le menton blanc, la gor- 
ge rouge , avec un mélange de cou- 
leur de frêne , les derniers bords Se 
pour ainfi dire les franges des plumes 
étant un peu grifes. La poitrine eft plus 
bL'ue , avec une couche de blanc au 
milieu. Il y a fur les cuilTes Se fur les 
côtés fous les ailes des plumes noires , 
agréablement diverfifiées de raies blan- 
ches qui traverfent. Le ventre eft brun , 
avec des plumes blanches fous la queue, 
comme la Poule de marais ordinaire. 
JLa queue qui eft d'un brun obfcur a 
Tome III. 



R A L 0*57 

environ deux pouces de longueur , 
tirant un peu fur le noir, excepté que 
les bords des deux plumes dans leuj? 
milieu font rougeâtres. Les jambe Se 
les pieds font d'un brun obfcur rou- 
geâtre ; les premières font fortes : 
les doigts font tris-longs , de même 
qu'aux autres oifeaux de cette efpece, 
féparés dès leur jonction , excepté que 
le doigt de dehors eft uni à fa racine à 
celui du milieu par une membrane. 
Les griffes font de la même couleur 
que les doigts. 

Le fécond Râle d'eau eft un oifeau , 
dont parle encore le même Albin» 
qui, lorfqu'il s'engraiffe , vaut autant 
que la Cercerelle , ou Quercerelle , 
pour la bonté & le goût de la chair. 
Il eft , pour l'ordinaire , prefque de fa 
grandeur. 11 a dix-fept pouces de lon- 
gueur , depuis la pointe du bec juf- 
qu'à l'extrémité de la queue , ou des 
jambes , Se quinze pouces Se demi de 
largeur , lorfque les ailes en font éten- 
dues. Son bec eft noir: la mâchoire de 
deffus eft un peu plus longue que cel- 
le de deffous : l'une Se l'autre font 
gluantes , cette première étant em- 
boîtée dans la dernière , lorfqu'elles 
font fermées. Lefommet delà tête eft 
brun : il eft marqué d'une tache qui 
s'étend depuis le bec , au-delà du côté 
fupérieur du col. Le dos Se la queue 
font d'un brun foncé , tirant fur le 
noir, Se le côté inférieur du col, de 
même que la poitrine Se le ventre, font 
blancs. Chaque aile a vingt - trois 
grandes plumes , dont les quatorze 
premières font noires , Se les fl-pt qui 
les fuivent font blanches : la vingt- 
deuxième a fa texture extérieure blan- 
che , Se l'intérieure noire : la vingt- 
troifieme eft toute noire , Se les plumes 
couvertes du deffus des ailes font blan- 
ches. La queue eft compofée de feize 
plumes d'une couleur fombre , celle 
qui eft au milieu étant la plus longue, 
Se en fui te les autres font plus courtes 
des deux côtés , faîfant un tour en 
forme de demi - cercle , lorfqu'elles 
O o o o 



6*58 RAM 

font étendues. La langue eft rougeâ- 
tre , charnue Se canelée au milieu , 
Se aboutit en une fubftance membra- 
neufe. Les jambes & les doigts font 
d'une couleur orange pâle; quelques- 
uns de ces oîfeaux les ont noirs. La 
membrane qui unit les doigts eft noi- 
re. Le doigt du dehors eft égal à celui 
du milieu , ayant quatre jointures : 
les trois qui font au milieu Se le doigt 
intérieur de devant n'en ont que deux. 
Le doigt en arrière eft large & plat , 
avec une membrane latérale Se large 
qui y eft attachée. 

Le troifieme nommé Râle d'eau de 
Bengale , eft un oîfeau environ de la 
grandeur du Râle d'eau. Son bec eft 
long Se jaune. Ses yeux font entourés 
d'un cercle blanc , qui finit en pointe 
fur le derrière de la tête. L'iris eft jau- 
ne Se le fommet de la tête blanc. Les 
cotés de la tête Se le col entier font 
d'un brun foncé. Une partie du dos , 
1p. poitrine Si les cuifles font blancs. Le 
fommet du dos & les ailes font verds , 
excepté les trois ou quatre premières 
longues plumes des ailes qui Ion t pour- 
prées. Dans chaque plume il y a cinq 
grandes taches orangées. La dernière 
longue plume de l'aile , qui eft con- 
tigue au corps , eft blanche. La queue 
eft courte Se confifte en douze plumes 
colorées Se bigarrées comme celles des 
ailes. Les jambes font chauves au- 
deflbus des genoux , Se d'un jaune pâ- 
le tirant fur le verd. Il eneftde même 
des pieds. Les griffes font noires. C'eft 
ainn qu'A lbin en parle. 

RAM 

RAMIER , Pigeon fauvage , 
ainfi nommé du mot Latin Ramus , par- 
ce qu'il fe perche fur les arbres.Voyez 
PIGEON RAMIER pour fa 
defcriptîon. 

Il y a un fort grand nombre de Pi- 
geons- Ramiers dans les Ifles de l'Amé- 
rique , où ils font pafïagers. Ils ne 
s'arrêtent jamais long-temps dans un 
même lieu. Ils branchent 8c nichent fur 



RAM R A N 

les arbres les plus hauts deux ou trois 1 
fois l'année. Ils fui vent les graines qui 
ne mûrilfent pas en même temps dans 
toutes ces Ifles. Quand ils en rencon- 
trent qui leur foienr propres , ils s'a- 
mufent en fi grande quantité , que les 
arbres en font tout couverts. Ils font 
gras Se d'auffi bon goût que les Pi- 
geons d'Europe , lorfqu'ils ont man- 
gé de bons grains. A la Louifiane il y 
en a en fi grand nombre , qu'ils ca- 
chent le foieil quand ils volent en 
troupe Se à la file les uns des autres. 
C'eft ce que dit M. le Page du 
P r a t z. Les Pigeons Ramiers font 
suffi fort communs dans l'Ifle de Ma- 
dagafear. 

RAMPEUR, ouREM- 
PEUR: C'eft le nom d'un poiffon 
du Cap de Bonne-Efpérance , qui ref- 
femble à la Raie appellée Rocb. 11 eft 
plus grand. Sa longueur eft d'environ 
douze pouces , fur neuf de largeur. 
Il a la peau unie Se d'un brun obfcur , 
tacheté de blanc. Les Européens du 
Cap en prennent beaucoup , maïs ils 
ne font aucun ufage de fa chair , difent 
Kolbe, Defcriptîon du Cap de Bonne- 
Efpérance , Tome IH. Se Y Hfioirc 
Générale desVoyages , L. XIV. 

R A N 

RANATRA: Petivert 
(Gaz,. 6i. f. 10. t, 9.) donne ce nom 
à deux infectes hémiptères , du genre 
des Cigales. Il appelle la première , 
Ranatra bicolor , ex fitfco & pallido 
firiata , Se M. Linn^-us ( Fauna 
Suée. p. 200. n. 63 1. ) la nomme 
Cicad,a elytris fiavis , lineâ ahruptâ 
duplici longitudinali nigrâ. Cet infecte 
fe trouve dans les prés , dans le temps 
de la fauchaifon , Se peut être nommé 
Ranatra par Petivert, à caufe du 
bruit qu'il fait Se qui eft à -peu-près 
femblable à celui des Grenouilles. 

Le fécond , qu'il appelle Ranatta 
hicolor , capite nigricante , eft la Locufla. 
Pulex de S wa mmerdam (Inf.p. 67.) t 
nommée par M. LinNjEUsC Fauna, 



R A P RAR 

îuec.p. 202. ». €7,6. ) » Cicadafufca , 
elytrif maculis albis lateralibus , faj- 
eut duplici interntptâ , tranfverfâ , al- 
biâa. Cet infecte fe trouve dans les 
plantes Se les herbes, Il fort de fon 
anus une forte d'écume : c'eft ce qui 
fait qu'il eft nommé Vermis [pitmans 
parM.FfuscH , Gtrm. 8, p. atf,/. 12. 
Voyez CIGALE. 

R A P 

RAPE, ou HAPPE: Les Ita- 
liens du côté de Naples donnent ce 
nom a la quatrième efpece de Capito , 
poiffon de rivière, que Gesneii a 
fumommé Hapax, à caufe de fa vo- 
racité , à l'égard des autres poiiTons. 
Voyez CARPE. 

RAPE, ou RATISSOIRE, 
nom qu'on donne, dit M. d'Argen- 
ViLLE, à la coquille d'une efpece de 
Pétoncle de la claffe des Bivalves , à 
caufe des petites éminences qui fui- 
vent fes ftries , Se qui la rendent fort 
dure au toucher. Cette coquille eft 
toute de couleur blanche , 8c on ne 
lui remarque point d'oreille. Voyez 
PÉTONCLE. 

R A P H I D I A : M. L 1 n n u s 

( Fawia Sitec. p. 221. n. 130. ) donne 
ce nom à un infecle qu'il range parmi 
ceux qui ont les ailes nerveufes , neit- 
roptera. Il en eft parlé dans les AElet 
d'UpJal ( 1 7 3 6, p. 28. n. 1 . ) , où il eft 
nommé Raphidia aculeo recurvo. Il 
iôrt de l'anus de cet infecte un aiguil- 
lon foyeux , de couleur noire , fait en 
arc , Se long de la moitié de fon ab- 
domen. Il y a de ces infectes qui va- 
rient par leur aiguillon , & d'autres 
qui n'en ont point. Cette variété peut 
venir de la différence des fexes. Cet 
infecte eft de la grandeur & à- peu-près 
de la même figure que la Mouche- 
Scorpion , à laquelle a été donné le 
nom de Panovpa par le favant Natu- 
ralise Suédois. 

RAR 

RARE: Goedard ( Part. IL 



RAS 6-5? 

Exp. 50. ) nomme ainfi un Papillon 
noéturne , vulgairement appelle Léo- 
pard. Voyez ce mot. 

RAS 

RASPECON, ou TAPE- 
C O N , félon Rondelet, L. X. 
c. 12. p. 242. Edit. Fratif. C'eft un 
poiffon à nageoires ou ailerons épi- 
neux , Pifc is acanthopterygius , nomme 
par A r t e D 1 ( hhth. Part. V. p. 71 . 
n. 2. ) Trachinus cirris rnultu ïn maxil- 
la inftnore. Les Anciens ont connu ce 
poiffon. Aristote ( Hifi. Anim. L. IL 
c. 15. & L.VII1. c. 13.), Se Élien 
(L.XIII. <r. 4. p. 753.) le nomment 
Athénée (L.VILf. 142. 
& h. VIII. f. 177.) lui donne le nom 
d' j^otVM-ttswoç Se celui d'.,;Vvoî. Oppien 
(L. Iï. p. 37.) l'appelle Ei^po^n-iic » 
pareequ'il dort le jour fur le fable ; 
8c comme il veille la nuit pour chaffer 
fa proie , on lui a auffi donné le nom 
de NuKTsp/c. Ka.**tùvtj,uoç veut dire en 
François Poiffon de beau nom , en La- 
tin Puicher Pïjcis, comme l'a traduit 
Gaza , Se le mot Grec d'j'upfvs^o^cç 
fignific Poiffon qui contemple le Ciel , 
Cœli fpecidator. Les Naturaliftes Latins 
ont confervé à ce poiffon les noms 
Grecs qu'on lui avoir donnés. Pline 
( L. XXXII. c. 7. ) en parle fous le 
nom à'Uranofcopns , 8c fous celui de 
CaHionymus , ainfi que Cuba , L. III. 

C. IOI. fol. 93. S A L V I E N, fûl. I0<?. 
ALDROVANDE , p. 264. J O NST O N , 

L. /. c: 3 . Ray, Synop. Metb. Pifc. p. 97. 
n. 1 a. Charleton , p. 147. Woton , 
L.VIIL c. 171. fil- 154" Gesner, 

de Aqltat. p. I 59. Si \Vl L L U G H B Y , 

p. 287. A Rome on donne à ce poif- 
fon le nom de Meforo ; àVenife cehu 
de Lncsrae , ou de Pejcc prête , ou celui 
de Bocca. 

Si les Anciens , (ik Rondelet, 
ont donné un beau nom à ce poiffon , 
celui qu'il a en François eft bien laid. 
C'eft un poiffon de rivage de la gran- 
deur d'un pied. Il eft fans écailles. 
Sa tête eft grolfe. Sa bouche , dilfé- 
O 0 o o ij 



tftfo RAS 

remment placée que celle des autres 
poiffbns , eft fituée fur la tête. Il l'a 
grande 8c ouverte. La mâchoire baffe 
la couvre , quand ïl l'avance en haut. 
Une langue courte Se large remplit 
toute cette bouche, Entre la langue 8c 
la mâchoire inférieure fort une peau , 
qui eft un peu large dans fon commen- 
cement, Se peu-à-peu cette peau de- 
vient une rondeur charnue qui pend 
hors de la bouche. Le poiffbn s'en fert 
pour attirer les autres poiflbns , dont 
il veut faire fa proie. 11 a les yeux 
deflus la tête , regardant au Ciel ; ce 
qui lui a fait donner par les Grecs le 
nom d*QbjfcaYo<kMr<i< > c'eft-à-dire Con- 
templateur. D'autres poiffbns ontauffi 
les yeux fur la tête , mais leurs pru- 
nelles regardent de côté , Se non pas 
droit vers le Ciel. Les os de la tête 
de ce poiffbn finiffent en pointe vers 
la queue , ainfi que ceux des ouies , 
qui font au nombre de quatre de cha- 
que côté. Proche de la fente des ouies 
font deux nageoires , grandes, fortes, 
de diverfes couleurs , & deux autres 
plus petites de couleur blanche près 
de la mâchoire Inférieure, Après ces 
nageoires fuit une arête faîte comme 
un os de poitrine, & qui eft garnie de 
trois aiguillons. Il a une autre nageoi- 
re proche de l'anus ; deux au dos , 
& celle qui eft la plus proche de la 
tête eft petite Se noire ; l'autre , qui 
eft de la même couleur , s'étend juf- 
qu'à la queue. Sa queue eft large , Se 
quand le poiiTbn vit , elle reffcmble 
aifez à la queue du Paon. Il a le dos 
noir , Se le ventre blanc. De la tête à 
la queue il a deux rangs d'écaillés ; 
le refte du corps eft couvert d'une 
peau dure qui fe peut écorcher. Sa 
chair eft blanche , dure , & de mau- 
vaife odeur. Le Rafpccon vit de petits 
poiffbns. Rondelet dît que pour 
les attraper , il fe plonge dans la fan- 
ge ; qu'il met un peu la tête dehors , 
Se qu'il Uiffe pendre hors de fa bou- 
che ce filet , ou cette peau , dont on 
a parlé plus haut » que les petits poif- 



R AS RAT 

fbns prennent pour un Ver , Se vont 
mordre : auffi-tôt le Rafpecon attire 
à lui fon filet , & le poiffbn dont il fait 
fa nourriture. Le même R o n d e l e t 
nous dit avoir été témoin de la fineffe 
de ce poiflbn. On fe fert de fon fiel 
pour guérir les cicatrices, 8c confumer 
les chairs fuperflues des yeux , Se ar- 
rêter les commencemens de la cata- 
racte , dit G a l i e n. Selon Oppien , 
c'eft le plus pareffeux de tous les poîf- 
fons. Il eft fi goulu qu'il crevé 8c meurt 
à force de manger. On en voit un 
fort grand nombre dans la mer Médi- 
terranée. 

RASSANGUE, Oie fauvage 
de l'Ule de Madagafcar , qui a une 
crête rouge fur la tête. Voyez au mot 
OIE SAUVAGE, 

RAT 

RAT, genre d'animaux , mis par 
M. Linn/eus (Syft. Njt. Edit. 6, 
g. 21.) dans l'ordre des G lires , dont 
le caractère eft , dit M, Brisso n , 
p. 1 6j. d'avoir deux dents incifives à 
chaque mâchoire , point de dents ca- 
nines , les doigts onguiculés , point de 
piquans furie corps , la queue nue ou 
couverte de poils clair - femés. Les 
efpeces de ce genre , ajoute-t-il , fe 
dïftinguent entre elles parla longueur 
de leur queue 8c par leurs couleurs» 
Les unes ont la queue plus longue 
que le corps ; d'autres ont la queue 
à-peu-j rès de la longueur du corps , 
Se d'autres l'ont beaucoup plus courte» 
Il appelle la première queue tris-longue, 
la féconde queue longue , Se la troifie- 
me queue courte. Il entend par la lon- 
gueur du corps la diftance qu'il y a 
depuis l'occiput jufqu'à l'origine de la 
queue, 

Toutes les efpeces de Rats ont les 
pieds de derrière plus longs que ceux 
de devant. M. Linn/eus ibus le nom 
de Mur , range le Lapin ou Cochon 
des- Indes , le Rat de Noriuege , le Lapin 
d'Allemagne , le petit Rat des champs * 
le Rat » la Souris, le Mulot , le Croque- 



RAT 



RAT 66x 



Noix » la Marmotte de Strasbourg Se 
la Marmotte des Alpes. M.Klein 
f Dijp. Qttad. p. 57. ) place fous le nom 
de Mus , le Rat domefiique , la Souris , 
le Rat Oriental de S E b a , plufieurs 
efpeces de Rats de l'Amérique , la 
Mufaraigne , celle des Indes Orienta- 
les , le Rat de Nonvege , plufieurs 
Rats à bourfe du Bréfil Se des Indes 
Orientales, 

M. Beisson fait un genre par- 
ticulier des Marmottes , Se un autre 
des différentes efpeces de Philandres 
ouDidelphes, que M. Klein confond 
avec le genre des Rats , & fous le nom 
de Mus , il parle du Rat domefiique , 
de la Souris » dont je parlerai au mot 
SOURIS, du Rat de bois , du grand 
Rat des champs , de la Souris d'Amé- 
rique , du Rat d'Amérique , du Rat 
blanc de la. Virginie, du Rat de Nor- 
tvege , du Mulot , du Rat Oriental, 
du Rat d'eau , Se du petit Rat des 
champs. 

RAT DOMESTIQUE *: 

i! eft nommé par M. Linn^us ( Syft. 
Nat. Edit. 6. g. z 1 . [p. 6. ) , Mus cau- 
dâ lomrâ fubnudâ > corpore fufco cine- 
refeente , Se par M. Buisson, Mus 
caudâ longijftmâ , obfcurt cinereus. La 
longueur de cet animal , depuis le 
bout du mufeau jufqu'à l'origine de la 
queue , eft d'environ fept pouces , & 
celle de fa tête , depuis les narines juf- 
qu'à l'occiput,de deux pouces. Sa queue 
eft plus longue que le corps : fes oreil- 
les font grandes , • arrondies Se tranf- 
parentes. Il a quatre doigts aux pieds 
de devant , Se cinq à ceux de derrière. 
A la place du pouce qui manque aux 
pieds de devant eft un petit ongle 
très-court. Tout fon corps eft couvert 
de poils d'un brun obfcur , Se fa queue 
de très-petites écailles, entre lesquel- 
les font quelques poils très-clair-femés. 
Il y a des Rats qui font tout-à-fait 
blancs. Frédéric Lachmund, 

* Cet animal eft nommé en Grec Mî"î , 
d'où vient le mot LatinMax; enEfpagnol, 
Rapon ; en Portugais, Raio da C«fa ; en Ita- 



Médecin de Hildesheîm, dans l'Élec- 
torat de Trêves , dit dans les Éphé- 
mérides des Curieux de la Nature , 
Dé 1. 1. atm. 4. & 5, 1673, Cr 1674, 
Obferv. 185. qu'il a nourri pendant 
fept ou huit ans un Rat tout blanc, 
qu'il a fait deflecher Se conferver. On 
trouve cet animal dans les maifons. U 
eft très-incommode. II fe cache dans 
les caves Se les greniers , où il fait du 
dégât. 

M. Linn/Eus dît qu'on trouve 
aux environs d'Upfal , le plus fouvent 
ious terre Se dans l'eau , une efpece 
de Rat , fort nuifible aux jardins. Il 
le nomme , Mus caudâ pi lof â , auribus 
fubrotundis , vellcre brevioribus. Cet 
animal eft de la grandeur Se prefque 
de la couleur du Rat domefiique s mais 
fa queue , comme fon corps , eft toute 
couverte de poils &n'eftpas fi longue 
que celle du Rat , car à peine eft-el!e 
de la grandeur de la moitié de fon 
corps. Son dos eft noir ou brun. Il a 
le bas du ventre d'un cendré brun ■ les 
oreilles petites, couvertes de poils , Se 
les pieds fendus. Les dents fupérieures 
font couleur de buis. Telle eft la des- 
cription qu'en donne le favantNa- 
turalifte Suédois, Vanna Sueç. p. 10, 
n. 20. 

Les Auteurs qui ont écrit fur cet animal 
font Ch.irletoNj. Exercit. p. 15. Jonston , 
Qttad. f.iij.AtDROvoDE, Quad. dtgit. 
vivtp.p. 41 f. Gesner , Qttad. p. 829. Sloahe, 
Tome IL p. 330. Ray, Synop. Qund. p. 117. 
M. Klein, Qttad. p. 57- & les autres. 

RAT DE BOIS, en Latin 

Mus fylveflris , caudâ longijftmâ , fuprà 
dilutè fuhus , infrà albicans. Cet ani- 
mal , dît M. BriSSon, p. 1 70. a , 
depuis le bout du mufeau jufqu'à l'o- 
rigine de la queue, fept pouces &demî» 
Sa tête , depuis les narines jufqu'à 
l'occiput , eft longue de deux pouces i 
Se fa queue d'un pouce Se demi : elle 
eft , comme celle du Rat, couverte de 
très-petites écailles p entre lefquelles 

lien, Rato di Cafa; en Allemand, Ratz ; en 
Poîonois, Seiurez ; enAnglois, on l'appelle 
Rat & Rttte, 



662, RAT 

font quelques poils très-claîr-femés. 
Ses oreilles font femblables à celles 
du Rat. Il a quatre doigts aux pieds 
de devant , Se cinq à ceux de derrière, 
A la place du pouce qui manque aux 
pieds de devant eft un ongle très- 
court Se obtus. Toute la partie fu- 
périeure du corps Se l'extérieure des 
jambes font d'un fauve clair , Se la 
partie inférieure du corps 8c l'inté- 
rieure des jambes font blanches. On 
le trouve dans les bois. Feu M. de 
R É a u m u r en avoit un dans fon 
Cabinet, qui doit être aujourdhuî dans 
celui du Jardin Royal de Médecine. 

Il y a un Rat de bois de la Loui- 
fiane Se de Surinam, dont je parierai 
plus bas. 

GmWRATDES champs*, 

en Latin Mus campeflris major , caudâ 
longiffiiïïà , fufeus , ad latera rufus. 
C'eft le Mus Macrouros de Ray, 
Synop.Quad. p. 219. Se de M. Klein, 
Dijp. Quad. p. 57. ». 50. le Mus agrej- 
tis major de Gesner , Quad. p. 830. 
& d'A ldrovande, Quad. digit. 
vhip. p. 436'. 8c le Mus agreflis de 
Rz ACKÏNSK y, Auiluarium, p. 3 2 8 . C e t 
animal eft à -peu-près de la grandeur 
d'un Rat. Il a , comme lui , la queue 
longue Se grolfe : fes oreilles font ron- 
des : fa tête eft groffe & arrondie , Se 
tout fon corps eft couvert de poils 
bruns , excepté aux côtés. On le trou- 
ve dans les champs. 

RAT D'AMÉRIQUE, en 
Latin Rattus Americ anus , caitàa lon- 
giffima , fuprà ex fufco jïavcfce/is , 
infrà albicans , auricuSs retrorsum fitis. 
M. Klein en parle , Quad. p. 58, 
& S e b a , Tkef.lt, p. 30. Cet animal 
a depuis le bout du mufeau jufqu'à 
l'origine de la queue environ trois 
pouces 8c demi. Sa tête , depuis les 
narines jufqu'à l'occiput , a environ 
quinze lignes de long , & fa queue 
quatre pouces. Elle eft blanchâtre Se 

* Le grand Rat des Champs eft nommé en 
Italien Campagnol'. ; en Allemand Felmufz , 
§c Erdroufz , Noul-mufz , oMNidmufz, félon 



RAT 

hérilTée de quelques poils. Ses oreilles 1 
font afîez grandes , blanchâtres , Se 
placées plus en arrière que dans les 
autres eipeces de ce genre. Ses pieds 
de derrière font plus grands Se plus 
gros que ceux de devant. Son dos Se 
la partie fupérieure de fa tête font d'un 
roux jaunâtre. Le ventre & les quatre 
pieds font blancs. On le trouve en 
Amérique, 

RAT BLANC, nommé en La- 
tin Mus œlbus Virginianus > caudâ lon- 
gâ i al bus myflace nigricante. C'eft le 
M as a g refis Virginianus de M. Klein, 
Quad. p. 57. Se de S e b A , Thef. I. 
p. y 6. La longueur de fon corps , de- 
puis le bout du mufeau jufqu'à l'ori- 
gine de la queue , eft d'environ trois 
pouces Se demi : celle de fa tête, de- 
puis les narines jufqu'à l'occiput , eft 
de quinze lignes , Se celle de fa queue 
eft de deux pouces neuf lignes. Il a la 
tête oblongue, Se une mouftache com- 
posée de poils noirâtres. Sa queue , 
qui eft greffe à fon origine , fe ter- 
mine en pointe , Se eft garnie de poils 
longs Se clair-femés. Tout le corps de 
cet animal eft couvert de poils blancs 
Se courts. On le trouve dans la Vir- 
ginie, 

RAT D E N O RW E G E , 

nommé par M.Brisson, Mus cau- 
dâ longâ , & dilutè cimreo-fufcits , Se 
G lis NoYivcgicus par M. Klein , 
Quad. p. 5 6. Il a , dit S e b a , la tête 
allez longue , les oreilles courtes Se 
larges , le mufeau d'un Cochon , avec 
une grande mouftache dreflTée de cha- 
que côté du nez , le dos large Se 
courbé , le ventre pendant , les cuiffes 
groffes , les doigts des pieds armés 
d'ongles pointus propres à creufer • 
car il vit , comme la Taupe , dans des 
trous faits fous terre : fon poil eft d'un 
cendré clair , tirant fur le brun. S e b a 
a fait figurer cet animal , Thef. II, 
Tab. 61 . n. 50. 

Gesner; en Anglois , il pone le nom de 
Feldinujz } & en Polonois celui de Myf- 
Polna. 



RAT 

On en trouve une defcriptîott faite 
par M. Linnsus, dans le Journal 
Etranger du mois de Mai 1754. Ce 
Naturalifte en parle en ces termes. 

La perfuafion univerfelle où l'on eft 
enNorwege, qu'il y a dans ce pays 
certains petits animaux qui tombent 
des nues , a fait naître au favant 
\V o R m 1 u s , l'idée d'expliquer par 
des raifons probables, comment il peut 
tomber des Rats des nues , ce qu'il a 
fait dans un Ouvrage exprès , qui a 
paru en l'an 1 €"5 3 . in-4 0 . p. 66, De 
fou temps , dit M. Linnius, au- 
cun Naturalise n'étoît allé plus loin , 
ou , pour mieux dire , n'étoit revenu 
en de-çi; car avant d'examiner com- 
ment il peut tomber des Rats du 
Ciel , il eût été bon de s'affûter qu'il 
en tomboit effectivement. C'eft ce que 
je ma fuis propofé de faire , Se même 
ce que j'ai fait. Peut-être que mes 
recherches , continue le favant Natu- 
ralise Suédois » exciteront mes Com- 
patriotes à en faire de nouvelles, Je 
vais en attendant commencer par don- 
ner les miennes. On défigne cette ef- 
pece de Rat en Zoologie par le nom 
de Mus caudà abrupto. , corpore fidvo, 
nigro , maculato. Scheffer( Lap. 
p. 34.(5'. ) le défigne par Mus monta- 
nus ; W o r m 1 u s C Monograph. 6. ) 
l'appelle Mus Nonvcgictts ; le même 
( Mitf. p. 3 22 j, Se Ray ( Synop, Anirn, 
Quad. ) Mus Norivegicus , vulgo Le- 
ming ; Olaus Machvs (Tabula ter- 
tarumSeptentrionalium 18. c. 90.) lui 
donne le nom de Lemrnus. Je paffe 
fous filence les noms que G E s n e r , 
Ziegler, Jonston & d'autres 
leur ont donnés ; car ces Auteurs ont 
tiré leurs deferiptions de ceux que je 
viens de citer. 

Ce Rat eft un peu plus petit que 
le Rat ordinaire, Se eft à-peu-près gros 
comme une Taupe. Le fond de fa 
couleur eft un jaune tirant fur le brun , 
excepté au ventre où le jaune eft plus 
clair. Le devant de fa tête eft noir, de 
même que le delfus des épaules Se des 



RAT 6-0-3 

cuiffes , Se fes côtés font tachetés. Sa 
queue courte Se velue eft de couleur 
jaune , entremêlée de noir. 11 a une 
barbe comme les autres Ruts Se cinq 
doigts à chaque pied. Ses oreilles font 
fort courtes. Il a quatre dents devant , 
deux en haut Se deux en bas , & à 
chaque côté des mâchoires trois mo- 
laires. 

Ces Rats demeurent dans les mon- 
tagnes de la Laponie , qui font toutes 
perforées de trous qu'ils y font pour 
fe loger. Chacun a le fien. Us ne font 
pas cénobites. Ce n'eft pas pourtant 
qu'ils foient farouches , au contraire 
ce font des Rats très - réfolus. Us 
aboyent comme de petits Chiens lorf- 
qu'on en approche , Se fi on leur pré- 
fente le bout d'un bâton , au lieu de 
fuir , ils le mordillent 3c le tiraillent. 
Ils font ordinairement cinq ou fix petits 
à la fois, mais jamais plus : auffi leurs 
femelles n'ont-elles que fix tettes. 

J'ai obfervé dans ceux que j'aî clif- 
féqués , qu'ils fe nourriflent avec de 
l'herbe Se delamouffeàRhennes ; ainfi 
il n'en coûte pas plus aux Norvé- 
giens pour les nourrir que pour les 
loger. A ce que les Lapons rapportent , 
les Rhennes pourfuivent ces Rats Se 
les mangent avec avidité • ce qui eft 
une fingularité digne de remarque , 
car leur eftomac ne parolt pas difpo- 
fé pour recevoir ni pour digérer de la 
viande. 

Ces mêmes Rats Se les Vers de nei- 
ge , que les Lapons appellent Cheruna » 
fervent encore toute l'année de nour- 
riture à une e/pece de Renards , qui 
vivent dans les montagnes Se qui ref- 
femblent exactement aux nôtres , ex- 
cepté qu'ils font blancs Se que leurs 
peaux font moins eftimées. Les Chiens 
du pays qui font en grand nombre , 
chaque Lapon ayant le fien , en font 
auffi leur principale nourriture , quand 
fis accompagnent les Rhennes au pâ- 
turage ; cependant ils n'en mangent 
gueres que la tête. 

Mais ce qu'il y a de plus remarquai 



66* RAT * 

ble dans ces animaux , ce font leurs 
fuites ou leurs émigrations ; car en 
certains temps , ordinairement en dix 
ou vingt ans une fois , ils s'en vont 
en troupes nombreufes , & marchant 
par bandes de plufieurs milliers , ils 
creufent des {entiers de la profondeur 
de deux doigts , fur un demi- quart 
ou quart d'aune de largeur. On voit 
même plufieurs de ces fentiers à la fois , 
parallèles les uns aux autres 8e di viles 
en droites lignes , mais toujours diftan- 
ces de plufieurs aunes. Chemin faifant 
ils mangent les herbes Se les racines 
qui forcent de terre , Se font des petits 
en route , dont ils en portent un dans 
leur gueule , un autre fur le dos , Se 
abandonnent le furplus , s'il y en a. 
Ils prennent en defeendant les mon- 
tagnes le chemin du Golfe de Bothnie , 
mais ordinairement ils font difperfés & 
périîfent avant d'y arriver. 

Il y a encore quelque chofe de fort 
lîngulier dans la manière dont ils font 
ce voyage. Rien ne peut les obliger 
à fe détourner de leur route , qu'ils 
fuivent toujours en droite ligne. Quand 
lis rencontrent par exemple un hom- 
me , ils tachent de lui palier entre les 
jambes , plutôt que de fe déranger de 
leur chemin , ou ils fe mettent fur les 
pieds de derrière Se mordent la canne 
quand on la leur oppofe. S'ils rencon- 
contrent une meule de fo'n , ils fe 
font un chemin au travers à force de 
manger & de creufer , plutôt que d'en 
faire le tour; mais ils n'ont pas com- 
me Anniba Lie fecret de percer des 
montagnes avec du vinaigre. S'ils trou- 
vent du roc ou de la pierre à leur ren- 
contre , ils font le demi- cercle , mais 
fi exactement, qu'ils renfilent auffi-tôt 
la droite ligne. En arrivant à un lac , 
quelque large qu'il puiffe être , ils 
font leur poflîble pour le traverfer 
dans la même direction , quand ce fe- 
roit par fon plus grand diamètre. Si 
par hafard ils rencontrent dans ce lac 
quelque bâtiment , au lieu de l'éviter, 
ils tachent d'y monter , & fe rejettent 



R A T 

enfuîte dans le lac , précifément du 
côté oppofé. Le courant de l'eau le 
plus rapide ne les effraye point : ils 
pourfuivent toujours leur route, duf- 
fent-ils y périr infailliblement. 

Le Peuple qui n'a pas fu la demeure 
de ces animaux , s'ell imaginé qu'ils 
tomboîent du Ciel. D'autres ont cru 
que les nues les enlevoient des mon- 
tagnes & les portoient dans le plat 
pays , idée qui a donné la torture à 
ï'efprit de \f ormius, qui vouloit 
à toute force la juftifier Se l'expliquer 
par quelque chofe d'approchant dans 
les Grenouilles Se dans d'autres ani- 
maux ; mais on ne croit pas plus à 
préfent aux pluies des Rats qu'à celles 
des Grenouilles. Une nuée n'eft pas 
plus capable d'enlever quelque choie 
de la terre qu'un brouillard , Se les 
Souris qui fe propagent 8e ie nour- 
ri (Te nt dans les montagnes de la La- 
pon i e comme d'autres animaux , y fe- 
roient en grande fûreté de ce côté-là; 
mais il y a des temps où ils en defeen- 
dent eux-mêmes pour ainfi dire par 
colonies. Autrefois lorfqtteLs Provin- 
ces les plus voifines de la Laponie fe 
trouvoient inopinément Inondées par 
ces animaux , le peuple effrayé fe 
perfuadoit que la vengeance Divine 
s'en fervoît comme d'un fléau pour le 
punir Se faifoit des prières publiques 
pour les éloigner. Wormius nous a 
confervé , dans fon Ouvrage cité plus 
haut , les formules des prières Se des 
conjurations , dont jadis les Catholi- 
ques de ce pays fe font fervis contre 
cette Vermine. 

Si ces Rats font quelque dommage 
dans les champs Se dans les prairies, 
e'eft peu de chofe , Se leur préfence 
en indemnife les habitans ; car quand 
ils commencent à défiler dans les Pro- 
vinces Septentrionales de la Suéde , 
les habitans font une ample capture 
d'Ours , de Renards , de Martres , de 
Goulus Se d'Hermines, pareeque tous 
ces animaux qui fuivent les Rats , 
pour en faire leur proie , s'expofent 

par-là 



HAT 

-par-la eux-mêmes à devenir la nôtre! 
On feroit de leurs peaux des four- 
rures fort belles & fort douces , Ci ce 
n'eft qu'elles font trop tendres , & fe 
déchirent aifément. Quant à la qua- 
lité vénéneufe qu'on leur attribue , je 
ne vois pas fur quoi on l'a fondée ; 
chaque Obfervateur peut fe convain- 
cre aifément qu'ils n'infectent ni l'eau 
ni l'air. Si les Chiens aiment à n'en 
manger que la tête , cela ne prouve 
rien. Les Chats ne mangent gueres 
non plus que la tête des Rats ordinai- 
res. S'enfuit-il de-là que les Rats 
foient venimeux ? Varr o n nous 
apprend au contraire que les anciens 
habitans de l'Italie en engraiflbient 8c 
en mangeoient ,&Mathiole nous 
attelle qu'ils ont fort bon goût. On 
fait que dans le même pays on tue la 
Marmotte, qui eft une forte de Rat , 
qu'on en fait fumer la viande , & 
qu'on la mange. 

Le Circetuf., autre efpeee de Rat , 
eft un morceau friand , au rapport de 
Sebizius. Les Payfans mangent aufli 
les Ecureuils , qui font des animaux du 
même genre , & les Lapins , qui ont 
beaucoup d'affinité avec les Sourîs , 
font un mets ordinaire chez les An- 
g-loîs , les François 8c les Hollandais , 
& ne nattent prefque point le goût 
ni des Allemands, ni des Suédois *, 
tandis qu'au contraire on aime géné- 
ralement le Lièvre , qui n'a pas moins 
d'affinité avec ces mêmes fortes d'ani- 
maux. 

Au refte, je fuis perfuadé qu'il n'y 
a pas d'animal tellement venimeux , 
qu'il ne puiffe être mangé. Les Chi- 
nois qui en mangent de toutes les ef- 
peces , m'en fournilTent une preuve 
convaincante , dit encore M. L i N— 
uiu S; & je connois de pauvres La- 

* Ce dégoût des Allemands 8t des Sué- 
dois pour les Lapins , ne viendroit-îl pas de 
ce que les leurs ne font pas nourris dans les 
garennes qui font aux environs de Chantilly ? 
Je veux régaler des Allemands ou des Sué- 
dois en Lapins de bonne nourriture & de 
ton crû , dit l'Auteur du Journal Etranger , 
Toms HL 



% A T l&€% 

pons , habitans des forêts , que la né- 
ce ffité oblige à manger de ces Rats, 
dont je viens de parler , & qui n'en 
meurent pas. Seulement je conviens 
que la chair de certains animaux eft 
plus faine que celle de certains au- 
tres , & que les Loix de Moïse , fur 
le choix des viandes , avoient leur fon- 
dement dans la nature. 

RAT ORIENTAL, en Latin 
Mus Orient alis , nommé par M. Bris- 
son , Mus cauàà hnga , rufus, lineisin 
dorfo albicantibus Margaritarum &mit~ 
lis. M. Klein en parle, Qjtad. p. 57. 
& Seba en donne la figure, Tbef. IL 
p. 22. Tab. ai. fig. a. Cet animal a 
environ deux pouces de longueur , 
depuis le bout du mufeau jufqu'à l'ori- 
gine de la queue. Sa tête , depuis les 
narines jufqu'à l'occiput, a huit ou 
neuf lignes de long , & fa queue un 
pouce & demi. 11 aies oreilles & les 
jambes très - courtes ; les pieds font 
afïez larges , Se la queue eft grofie, La 
couleur de fon poil eft touffe. Il a fur 
le dos des raies blanches qui paroïf- 
fent perlées. On le trouve dans les In- 
des Orientales. 

RAT D'EAU**, nommé en La- 
tin Mus aquaticus , caitdâ longâ , pilis 
Juprà ex nigro & jiavefcente mixtis % 
infrà cinereis vefiitus. C'eft le Mus ma- 
jor aquaticus , fivs Rattus aquaticus de 
Raï, Syrwp. Qttad. p. 217. le Mus 
aqiiatilis ou aquaticus d'A ldk o— 
VANDE, Q_uad..digit. vîvip. p. 447- 
de G e S N e k , p. 830. de Jonston, 
Qjtad. p- 117.de B e l o N, de Aquau 
p. 35. & de Rzackinsky , Auciua- 
rutm > p- 328. Se le Sorex aquaticus de 
Charleton, Exerc. p, z 5 . Il eft 
nommé par M. Linn/eus (Syjf.Nat. 
Edit. 6. g. 20 jp. 3. & Fauna Suec. 
», 35. ) Cafior caudà line an tereti'. La 

avant d'embrafTer aveuglément le fentiment 
de M. L 1 n n s, v s. 

* * Cet animal eft nommé en Grec mCç 
ÉWf sS ; en Italien , Sorgo-Morgange ; en Po- 
lonois , Myf-Wcina ; en Allemand , IVafer- 
Mufz; en"Suédois, Watn-Rotta ; en Anglois a 
Wattr-Raîte, 

P P p p 



666 RAT 



RAT 



longueur du corps de cet animal , de- 
puis le bout du mufeau julqu'à l'ori- 
gine de la queue , eft de fix pouces : 
celle de la tête , depuis les narines 
julqu'à l'occiput , eft de deux pouces : 
celle de la queue eft de quatre pou- 
ces trois lignes » 8c le tour de fort 
corps eft de quatre pouces 8e demi. Il 
a les yeux allez grands , les oreilles 
courtes Se rondes , Se prefque cachées 
dans fes poils. Il a quatre doigts aux 
pieds de devant , Se cinq à ceux de 
derrière : à la place du pouce , qui 
manque aux pieds de devant , eft un 
ongle court & obtus. Ses poils font 
mêlés de noir & de jaunâtre dans la 
partie fupërieure de fon corps; & dans 
la partie inférieure , ils font cendres » 
Se mêlés d'un peu de jaunâtre. On le 
trouve dans des endroits aquatiques. 
11 diffère du f^r domefiiqiie , i°. en ce 
qu'il eft beaucoup plus grand ; 2°. 
pareequ'il eft d'une couleur beaucoup 
plus rou!fe ou plus brune ; 3 0 . en ce 
que les doigts de fes pieds fe tiennent 
par une membrane ; 4 0 . par fa queue , 
qui eft plus courte , ronde , Se par- 
tout égale ; 5 0 . par fes dents , qui font 
beaucoup plus longues , Se de cou- 
leur de buis , comme celle des Ecu- 
reuils , dit W 1 l L u G H B Y. 

Petit RAT DES CHAMPS, 
nommé par M. LinnjEus ( Syft. Nat. 
Edit. 6, g. zi, fpec. 4. ) , Mus caudet 
brevi , corpore nigro-ftifeo , abdomine 
cinerafeeme , Se par M. Brisson, 
jtfiis cauda brevi , pilis è nïgricame & 
fordidè luteo mixtis in dorjo , & fatn- 
ratè cinereis in ventre vefiitits. C'eft le 
Mus agrefîis capite grandi, brachiuros 
de R A y , Synop. Quad. p. 218. de 
M. Klein, Quad. p. 57. n. 50. de 
Gesjjes, Quad. p. 8 3 o. Se d'A L- 
lmiovande, Quad. digit. vivip. p. 
436". Les Italiens l'appellent Campa- 
gnïoli, félon le même Aldrovande. 
Cet animal eft plus grand que la 
Souris. Il a le corps allongé , la tête 
grotte , le mufeau court Se obtus , les 
veux petits , les oreilles courtes , lar- 



ges , arrondies , Se prefque cachées 
dans fes poils , qui font un peu plus 
longs que ceux de la Souris. Sa queue 
n'a gueres plus d'un pouce de long; 
elle eft plus couverte de poils que 
celle du Rat dome/Bque , quoiqu'ils 
foient encore clair-femés, Ses jambes 
font courtes, La couleur de fes poils 
eft mêlée de noir Se d'un vilain jaune 
fur le dos , Se d'un gris foncé fur le 
ventre. On le trouve dans les champs p 
Se fur- tout pendant la moi'Jcn. 

RAT DE BOIS: C'eft un 
animal qui fe trouve à la Louifiane. 
Il eft auffi extraordinaire qu'il eft laid. 
Il eft de lagroifeur Se de la longueur 
d'un Chat ordinaire. Ses jambes font 
plus courtes. Ses pieds font longs , 
avec des doigts armés de griffes. Sa 
tête retfemble à celle d'un Rat , quoi- 
que d'une groffeur proportionnée à 
fon corps. Sa queue eft faite comme 
celle d'un Rat, dégarnie de poils fur 
toute fa longueur. L'animal s'en fère 
pour s'accrocher. Il n'a nullement la 
vivacité du Rat ordinaire. M. le Page 
du Pratz dit qu'on devroit plutôt 
l'appeller le Lambin. Quand cet ani- 
mal fe voit pris, il conrrefaît le mort: 
alors on le prend par la queue, qui 
s'entortille au doigt. On le porte où l'on 
veut. Si on le pofe à terre , il ne don- 
ne aucun figne de vie, tant qu'il fent 
quelqu'un auprès de lui. Quand on en 
eft éloigné ou caciié , il fe levé Se cher- 
che à fe cacher. Si on le tue dans le 
temps qu'il fait le mort , à peine le 
voit-on remuer , même étant fufpen- 
du fur le feu. Il chafle la nuit Se vient 
jufques dans les Poulaillers fucer le. 
fang de la Volaille : il en abat beau- 
coup Se n'en mange pas la chair : en- 
fuite il s'endort. Quoiqu'il marche 
lentement , il grimpe fur les arbres. 
La femelle fait fes petits à terre au 
pied d'un arbre garni de broulfaiiles ,. 
après avoir fait avec fon mâle un amas 
d'herbes feches 8c fines : elle fe couche 
fur le dos , les quatre patte3 en l'air * 
enfuite le, maie lui charge le vencrs.- 



RAT 

S.e Cette herbe , l'arrange entre fes 
pattes & la traîne par la queue jufqu'à 
fon nid, Quand elle a mis bas fes petits , 
elle les tranfporte par-tout avec elle , 
arrangés dans une bourfe qu'elle a 
fous le ventre , laquelle eft fendue de- 
puis l'eftomac jufqu'entre les cuiffes. 
Les mammelles de la femelle font en 
dedans de cette bourfe ; ainfi les petits 
fe trouvent tranfportés dans une voi- 
ture douce Se chaude , qui leur eft 
d'autant plus commode , qu'ils y peu- 
vent tetter Se dormir. 11 n'eft pas pof 
fible d'ouvrir cette bourfe lans la dé- 
chirer, parcequ'elle eft fine &ferrée. Le 
poil de cette bête , quoique fin , n'eft 
jamais li fie. Les femmes des Naturels 
du pays le filent & en font des jarre- 
tières , qu'elles teignent en rouge ; 
mais ce rouge n'eft jamais beau, par- 
ceque le poil eft gris. La chair du Rat 
de bois- eft d'un très-bon goût , & gril- 
lée elle a le goût de celle d'un Cochon 
de lait. A la broche on croiroit que 
c'en eft un, tant il eft gras. Les Na- 
turels l'eftiment beaucoup Se on pré- 
tend que fa graiffé eft propre pour 
appaif-T les douleurs démembres. 

M c S y bille Merian( Hifl. des 
inf de L'Eur. ) parle de ce Rat de bois 
ou de forêt Se dit qu'on en volt à Suri- 
nam. La mere porte fes petits fur fon 
dos : elle en a ordinairement cinq ou 
-fix à chaque portée. Le poil eft d'un 
brun jsunâtre : celui du ventre eft 
blanc. Lorfque cet animal fort de fon 
trou pour cherchera manger, les pe- 
tits fui vent. Lorfqu'ils ont mangé ou 
qu'ils craignent quelque chofe , ils 
fautent fur le dos de la mere , s'atta- 
<rhant à fa queue par la leur , & la mere 
les rapporte aJtttl dans fon trou. On trou- 
ve , dit l'Auteur, plufieurs cfpeces'de 
ces Rats , mais le principal eft celui 
que les Hollandois nomment Zakr 
Rut , ou Eeurs-Rot, & dont la femelle 
porte fes petits fous fon ventre , d'où 
ils fortent pour manger , Se où ils ren- 
dent auJiï-tôt après. Cette efpece eft 
celle qu'on voit à la Louifiane. La 



RAT '€6 7 

Planche LXVL des InfeEles de Surinam 
repréfente un de ces Rats de forêt char- 
gé de fes petits. 

Les animaux fui vans ne font pas mis 
par M. Brisson dans le genre du 
Rat. 

RAT MUSQUÉ, en Latîn 
Mus Mofchiferus. Cet animal eft mis 
par Menteurs Linn/eus Se Brisson 
dans le genre des Caftors, Se par M. 
Klein dans celui des Loirs , Glires. 
Le premier Naturalifte ( Sy(l. Nat< 
Edit. 6. g. 20. fp. 2. & Vanna Suce. 
». 24 ) le nomme Cafter cattdâ longa , 
laticeolatâ , blasât le fécond , p. 135. 
Cafloï cauda ver tic aliter plana , digitis 
omnibus membranis inter fe connexis , 
Se le troifieme , p. 5 7. Glis Mofchiferus. 
C'cft le Mus aauaiicus ou aqiiatilis 
de Rai ( Synop. Quad. p. 217 ) , 
d'A ldrovakde ( Quad. Digit. 
Vivip. p. 448. ), du Mufeum Wormcn- 
fe , p. 334. de Jonston ( Quad. 
Tab. 73.)» de C L u s 1 u s {Exot. 
p. 375 • ) > Se le Sorex Mofcov'uicus , 
Jîve ndoriferens de Chari. eton, 
Exercit. p. 2 5 . Il eft nommé en Angloîs 
Mus-Covy, ou Musk-Rœt, Se en Sué- 
dois Defman. 

Il y a de ces animaux tout-à-faït 
noirs dans les pays Septentrionaux , 
Se en général plus le pays qu'ils habi- 
tent eit froid , plus leur couleur eft 
foncée. Cette efpece de Rat a depuis 
le bout du mufeau jufqu'à l'origine de 
la queue neuf pouces : le tour de fon 
corps eft de fept pouces. Sa tête eft 
petite à proportion du corps. Il a la 
partie fùpérieure de fon mufeau allon- 
gée, comme celle de la Taupe. L'ou- 
verture de fa bouche eft petite. Ses 
yeux font à peine vifibles. Sa queue 
qui eft plate verticalement a fix pouces 
Se demi de long Se huit lignes de large , 
Se fe termine en pointe obtnfe : elle 
eft couverte de tnrs-petites écailles , 
entre lefqueis pouffent quelques poils. 
Ses jambes font courtes. Il a à chaque 
pied cinq doigts , tous joints enfemble 
par de fortes membranes , Se armés 



«6% RAT 

d'ongles longs & forts. Les pieds de 
derrière font plus longs que ceux de 
devant. Tout fon corps eft couvert 
de poils très-doux Se très-épais , d'un 
brun brillant fur le dos Se d'un gris 
blanchâtre Se brillant fous le ventre. 
Il a une forte odeur de rnufe. On k 
trouve en Ruffie , en Mofcovie 8c en 
Laponïe. 

RAT MUSQUÉ DU CA- 
NADA, en Latin Mus Mofchiferus 
Canadenfts , nommé par M. BriSsoN, 
Caftor caudâverticatiter plana, digiiis 
omnibus à Je invicera Jeparatis. Il en 
eft parlé dans ï'Hifloire de l' Académie 
des Sciences , année 1725. p. 323. Cet 
animal a un pied de long, depuis le 
bout du bec jufqu'à l'origine de la 
queue : le tour de fon corps eit d'en- 
viron dix pouces. Sa tête eft oblon- 
gue , & a depuis les narines jufqu'à 
l'occiput deux pouces & demi. Ses 
yeux font grands , Se fes oreilles très- 
courtes. Sa queue , qui eft plate ver- 
ticalement, a neuf pouces, de long Se 
environ dix lignes de large , Se fe ter- 
mine en pointe obtufe : elle eft cou- 
verte de très-petites écailles , parmi 
îefqueiles pouffent quelques poils. Ses 
jambes font courtes. Il a à chaque 
pïed cinq doigts , tous féparés les uns 
des autres , armés d'ongles forts , le 
ponce bien diftinét. Ses pieds de der- 
rière font plus grands que ceux de 
devant. Tout le corps de cet animal 
eft couvert de poils très-doux Se très - 
épais ; toute la partie fupérieure du 
corps , ainfi que la poitrine , eft d'un 
roux plus foncé fur le dos qu'ailleurs. 
La gorge & le ventre font d'un blanc 
jaunâtre. Il a une forte odeur de mufe. 
Voilà ce que M. B r 1 3 s o n dit de 
ce Rat muj'qué. On le trouve en Amé- 
rique. 

Cet animal , difent les Mémoires de 
l' Académie des Sciences , a affez de 
rapport avec le Caftor. Les Sauvages 
les difent frères ; mais le Caftor eft 
beaucoup plus gros Se a plus d'inftinct. 
Au preîftier. coup, d'œil.on prendroiî:. 



R A T 

un vieux Rat mufqué Se un Caftôrd'urî 
mois pour deux animaux de même 
efpece. 

Ces Rats font inconnus dans toutes 
les contrées du Canada. Pendant l'été 
ils fe nourrîffent de toutes fortes d'her- 
bes , Se pendant l'hiver de différentes 
efpeces de racines , telles que de cel- 
les du JVymphtca al ba major , du Nynî- 
ph&a lutea major , Se fur-tout de celles 
du Calamus aromaticus. 

Ils vivent en fociété au moins pen-r 
dant l'hiver. Ils fe bâtilfent des caba- 
nes, dont les unes plus petites ne font 
habitée sque par une feule famille, & 
les autres plus grandes, en contiennent 
pluficurs. Leur génie fe montre dans 
le choix même du lieu où ils s'éta-r 
bliffent. Ils bâtiffent leurs loges dans 
des marais ou fur le bord des lacs Se des 
rivières, qui ont beaucoup d'étendue 
& dont, le lit eft plat, ou par confé- 
quent l'eau eft dormante , Se où enfin 
le terrein produit abondamment des 
plantes , dont les racines font conve- 
nables à leur nourriture. C'eft fur les 
endroits les plus hauts d'un pareil ter-*- 
rein qu'ils conftruifent leurs loges t 
afin que les eaux puiffent s'élever fans 
les incommoder. Si leur loge eft trop 
baffe , ils l' élèvent , Se l'abaiilent fi elle 
eft trop élevée. Ils la difpofent par 
gradins , pour fe retirer d'étage eïj 
étage à mefure que l'eau montera. Elle 
eft plus ou moins grande , félon qu'el- 
le doit être occupée par plus' ou moins 
de Rats. Lorfqu'elle n'eft deftinée que 
pour fep.t à huit , elle a environ deux 
pieds de diamètre en tout fens , & plufi 
grande, proportionnellement , lorfi- 
qu'elle en doit contenir davantage ? . 
& il y a autant d'appartemens qu'il y 
a de familles. 

Ces loges font environnées de joncs -a 
que ces Rats collent avec de la glaife „ 
qu'ils ont amollie avec leairs pieds , & 
qu'ils appliquent Se uniffent avec leurs 
queues , qui leur fervent de truelles. Il 
cependant des ChafTeurs qui difent 
qu'ils .fc fer\ ent moins de leurs «jueweg 



Rat 

que de leurs pattes de devant , pour 
appliquer la terre Se l'applanîr. Us fe 
ménagent une ouverture par laquelle 
ils peuvent entrer Se fortir ; maïs ils 
la bouchent entièrement quand l'hiver 
s'eft déclaré tout de bon , Se qu'ils 
veulent fe renfermer dans la retraite 
qu'ils fe font préparée. Par la fuite 
ces loges font quelquefois couvertes 
de neige , de la hauteur de trois à 
quatre pieds. 

Ces Rats mufqués ont dans leurs lo- 
ges les commodités elfentielles. Ils 
n'ont rien à craindre pendant l'hiver 
des Chaffeurs ; mais aux mois de Mars - 
Se d'Avril , quand leurs habitations 
commencent à fe découvrir , les Chaf- 
feurs renverfent leurs cabannes & les 
affomment à coups de bâton. Le mois 
de Mai eft le temps de leurs amours, 
lequel leur eft funefte , pareeque les 
Chaffeurs pipent les mâles , en imitant 
le cri des femelles, qui eft une efpece 
de gémiifement , Se les tuent à coups 
de fufil. 

Une cabanne ne leur fert qu'un hi- 
ver, lis en font de nouvelles au com- 
mencent de l'hiver fuivant. Les Rats 
mujqués qui vivent dans les pays chauds 
n'ontpas le même befoin de cabannes: 
auffi font-ils terriers comme nos La- 
pins. Le Rat mitfqué pefe environ trois 
livres. Il a comme le Caftor deux for- 
tes de poils. Le plus long l'eft de dix 
ou douze Lignes : il eft brun Se il donne 
fa couleur à l'animal. Le plus court 
eft une efpece de duvet très-fin , Se a 
cinq ou fix lignes. Si fa peau ne fentoit 
toujours le mufe , elle feroit admirable 
pour toutes les fourrures à caufe de fa 
grande délicateffe. Le duvet garantît 
le Rat du froid , & le grand poil , qui 
eft bien plus rude , conferve Se défend 
le duvet de la fange, dans laquelle il 
fe vautre fou vent, fur-tout en bàtllfant 
fa loge. 

Sa queue eft couverte d'écaillés , 
comme celle du Caftor , mais d'é- 
caillas qui n'ont qu'une ligne de fur- 
face, qui empiètent un peu les unes 



RAT 

fur les autres. Les pieds de devant du 
Rat mitfqité font femblables à ceux des 
tous les animaux qui rongent. Pour 
ceux de derrière ils n'ont aucune ref- 
femblance aux pieds du Rat domeftique s 
non plus qu'à ceux du Caftor Se du 
Rat mufqué , décrit par Clusius, Il 
marche comme une Cane, mais beau- 
coup moins que le Caftor Se les oifeaux 
de rivières. Voilà en abrégé l'hiftoira- 
du Rat nliij'qué. 

Pour ceux qui feront curieux d'en' 
voir la defeription anatomique , je 
renvoie aux Mémoires de l'académie 
des Sciences, année 1725. où l'on trou- 
vera un Extrait de M. de Réaumur-s 
fait far les Mémoires Se Lettres que M. 
Sarrazin , Médecin du Roi à 
Québec , Se Correfp ondant de l'Aca- 
démie , a envoyés fur le Rat mufqué. 

RAT PALMISTE, en Latte 
Mus P almarum ; C'eft un animal qu'on 
trouve en Afie , en Afrique & ea 
Amérique , Se qui eft du genre de 
l'Écureuil. Il eft nommé par'M. Bris- 
son (p. 155.) Sciurus coloris ex rufo 
& nigro mixti , it&niis in dorfo fiavicart- 
ùbus. Voyez ÉCUREUIL PAL- 
MISTE. 

RAT D'ÉGYPTE , eu RAT 
DE PHARAON : Il eft nommé 
dans les Ailes d'UpJal, 1750.- p. 17» 
Mus pedihus pofiieis iengiffimis , caudk 
corpore longiore , & in extremo villofa. 
J'ai déjà parlé de cet animal aux mots 
ICHN EU MON & MAN- 
GOUSTE; mais ayant trouvé 
depuis dans les Ailes d'UpfaL la def- 
eription que M. Hassel QUis ry a 
fait inférer , je la donne telle que ce 
Naturalifte la rapporte. Cet animal-, 
dit-il > a la tête oblongue , le haut 
convexe Se les côtés un peu élevés. Il 
a le corps ovale , tourné de côté , étroit 
vers la queue Se en pente. Son mufeau 
eft très- court , tronqué par le bout » 
gros Se cylindrique. L J ouverture de 
la gueule , placée au-deffous du mu-> 
feau, eft très-petite. La mâchoire fu- 
périeure eft très - grande - $ç com'ppfé-- 



6jo RAT 

tout le mufeau : l'inférieure eft très- 
courte Se eft cachée Tous la fupérieure. 
Il a deux dents au-devant de chaque 
mâchoire, convexes Se pointues. Ses 
narines font au bout de ion mufeau , 
larges , rondes , voifmes l'une de l'au- 
tre , & plus proches du haut du mu- 
feau que du bas. Sur ces narines on 
■voit une petite gro fleur ronde , un peu 
élevée , terminée en bas par deux ex- 
croiuances droites comme une ligne. 
Ses mouftaches font très-copieufes. Il 
en a trois rangs : le premier eft au 
bord du mufeau , au côté inférieur ; 
les poils de cette mouftache font en 
grand nombre , courts , mois , blancs : 
le fécond rang eft aux côtés des nari- 
nes , proche des côtés fupé rieurs du 
mufeau , compofé de poils roïdes , 
longs , noirs Se en petit nombre : le 
troifiemc eft au milieu des deux au- 
tres , en bas vers la bafe de la tête , 
-compofé d'environ dix poils , qui font 
très -rudes Se très -longs , dont un 
fui-paffe le corps en longueur ; ils font 
blancs Se noirs. Il a les yeux placés 
aux côtés de la. tête, plus proches du 
haut que de la gueule , Se de la bafe 
que de la pointe : eu égard au corps , 
ils font grands , gros Se tout noirs. Les 
oreilles font placées à la bafe 8c pro- 
che le derrière de la tête : elles font 
droites , d'un oblong ovale , obtufes 
au bout , larges par le bord antérieur 
qui fe replie perpendiculairement, 8c 
par l'inférieur qui eft convexe Scplat, 
I raifon de la tête , qui eft grande • 
nues , luifantes Se fournies d'artères 
très - diftinctes. Les pieds antérieurs , 
qu'on appelle les mains , placés pro- 
che du deffous du col, font très-courts, 
ronds, nuds , ne touchant pas à terre , 
tachés fous le col 8c à peine vifibles : 
les doigts en font fendus , menus & 
prefque égaux. Les pieds de derrière 
qui font très-longs, (car ils font du 
triple plus longs que ceux du devant , 
Se du double plus longs que le corps , 
les cuiffes comprïfes ) , ces pieds font 
ferrés Se nuds. Les cuiffes , qui font 



RAT 

fans poils & continues aux pieds , ref~ 
femblent à celles des oifeaux nommés 
Scolopaces. La plante ou la palme de 
ces pieds , les doigts compris , eft lon- 
guette , épaiflê , Se lanugineufe ; les 
doigts font fendus , ferrés , Se égaux. 
La queue de figure quarrée , égale Se 
très -longue, eft du triple plus éten- 
due que le corps ; cette queue eft 
couverte de poils très-courts Se ru- 
des : elle a le bout fourni de poils 
longs , mois Se diftinçts ; ce bout eft 
long d'environ un efpace de trois 
doigts. Le corps & la tête font cou- 
verts de poils longs , mois Se épais. La 
tête & le corps de cet animal par def- 
fus eft d'un brun pâle jufqu'au milieu 
des côtés : l'autre partie Se l'abdomen 
font blancs. Il a des poils blancs , en 
forme de petits ronds, au bout du corps 
proche de la queue; celle-ci eft d'un 
brun pâle , un peu plus luifante que 
le corps : fa partie lanugineufe par 
devant eft noire , Se blanche à fon ex- 
trémité. Les oreilles Se les pieds font 
de couleur de chair. La grandeur de 
ce Rat d'Egypte ou de Pharaon tient 
le milieu entre les efpeces fixieme Se 
huitième, dont parle M. LinNjEus, 
Syft.Nat. Edit. 6. p. iç>. n. 21. 

Cet animal ne fe fert que de fes 
pieds de derrière pour marcher. Il 
marche en fautant ; il fe repofe fur ces 
mêmes pieds , appliqués fur fon abdo- 
men, Se eft affis liir fes genoux pliés , Se 
les pieds de devant, qu'il approche de 
fa gueule , ne font pas alors vifibles. 
C'eft avec fes pieds de devant que , 
comme les Loirs , il prend fa nourri- 
ture; ces mêmes pieds font fes mains, 
■dont il fe fert pour puifer de l'eau Se 
pour boire * les doigts étant courbés. 
Il dort tout le jour , Se veille toute la 
nuit. Il fe nourrit de froment Se d'une 
plante nommée Sefanus. Il ne craint 
pas beaucoup les hommes ; cependant 
il n'eft pas facile de l'apprivoifer. Il 
faut toujours le tenir en cage. C'eft 
pourquoi M. Hasselquist dit n'en 
avoir gardé deux dans une chambre 



RAT R A V 

que pendant quatre mois , Se que quel- 
quefois on en a gardé pendant deux 
ans enfermés dans une cage. Son pays 
natal eft l'Egypte , Se les montagnes 
qui féparent l'Arabie d'avec l'Egypte. 
Son nom Arabe eft Gœrbna. En vou- 
lant fuîvre les Anciens fur la des- 
cription de cet animal , on diroît qu'il 
a la tête d'un Lièvre , les mouftaches 
d'un Ecureuil , le mufeau d'un Porc, 
le corps , les oreilles & les pieds de 
devant du Rat, Se peut-être la queue 
d'un Lion. Suivant cette ancienne des- 
cription , voilà un monftrueux ani- 
mal. 

RAT DE PONT, ou RAT 
DE T ART A RIE : C'eft une 
efpece d'Écureuil volant. Voyez ÉCU- 
REUIL VOLANT. 

R A T E-PENADE : Bel on 
donne ce nom à la Chauve- Souris. 
Voyez CHAUVE-SOURIS. 

Rondelet donne auffi ce nom 
à la féconde efpece de Paftenaque , 
pareeque ce poi'Jbn a la figure d'une 
Chauve -Souris , les ailes étendues. 
Voyez PAS T EN A QUE. 

RATO.HEA, Perroquet tout- 
blanc Se bu*! t ^ ont parle A l D R o- 
vande. M. Klein dit en avoir 
vu un pareil à Dantzick. Voyez PER- 
ROQUET. 

Il A V 

RAVAGEANT : Goedard 
donne ce nom à un Papillon rouge , à 
caufe du dégât qu'il fait parmi les fleurs. 
Il fort , dit-il , d'une Chenille , qui 
fait un grand ravage dans le cœur de 
VtEillet^Elle fe cache fous terre pen- 
dant le joun L'Auteur en a nourri une 
avec des feuilles d'ŒSîllet , qui eft la 
feule nourriture que ces fortes de 
Chenilles prennent. 

RAUBALET , RAPE , ou 
R A P P E , nom que les Allemands 
donnent à un poiifon du genre de3 
Carpes. C'eft le Lapito finviatilis ra~ 
pax d' Aldrovande. Voyez au mot 
CARPE.. 



RAV RAY R E I 67% 

RAVET, petit animal fem blabla 
à un Hanneton dépouillé de fes ailes 
mais un peu plus plat & plus tendre. 
11 y en a une grande quantité dans les 
Antilles , & fur-tout dans l'ifle de la 
Guadeloupe. On en trouve de deux 
fortes. Les plus ^ros font d'ordinaire, 
de la même groileur Se de la même 
couleur que les Hannetons. Les autres 
font plus petits rie la moitié. Il y en a 
dans la. Martinique Se les autres Ifles , 
qui font larges d'un pouce , Se longs 
d'un pouce Se demi, Se qui volent com- 
me des oifeaux. Ces animaux , tant 
gros que petits , font beaucoup de tort 
aux habitans , en fe gliffant à milliers 
dans leurs coffres , où ils rongent tout 
ce qu'ils peuvent attraper , comme 
papiers, livres & habits, de même que 
font les Rats , ce qui leur a fait donner 
le nom de Ravets. Le coton qui n'a 
pas encore été mis en œuvre n'eft pas 
de leur goût. On a remarqué qu'Us 
font ennemis des bonnes odeurs Se qu'ils 
ne fe fourrent pas volontiers dans les 
coffres qui font faits de Cèdre , Se de 
cesexcellens bois de fenteur qui font 
communs dans toutes ces Ifles. Ces in- 
fectes deviennent la proie des Arai- 
gnées. V oyez ARAIGNÉE D'A- 
MÉR1QUE. 

RAY 

RAYE, poiffon de mer. Voyes 
au mot RAIE. 

R E I 

REINE : Mouffet ( Edk, 
Lat. p. 99. ) , H 0 F F n a g e l ( Inf. 

t, 12. f. Q. ) , J O N S T O N ( Itlf. p. 40, 

». 4. t. 5. ) , & M e M e r 1 a n ( Hifi. 
des lnf. de l'Eur. ) donnent ce nom à 
un Papillon , que M. L 1 n n s. u s 
(Fauna Suec. p. 134. r.. 776-) nom- 
me Fapilio tetrapus , alis an^ulatis fui— 
vïf , nigro maculatis , omnibus ocello 
ç&tuleo var'ugatïs , en François (SàI de 
l'aon , Se en Latin Ocuhts F avertis r 
félon Goedard,. Fart, /.Lister,. 

p. I . /. I . P B T I V E R T , Mllf. p. 34f 



6 7 2 R E I REM 

«, 314. Albin, Inf Ang. Ray, 
Inf p. 122. M, de Réaumur 1 
Mém. de V Acaà. des Sciences , Tome I. 
8e les autres. C'eft un très-beau Pa- 
pillon , qu'on trouve fur les feuilles 
d'Ortie. Il a fur chaque aile des ta- 
ches qui ont la figure d'un œil , d'où 
lui eft venu le nom à.' (EU de Paon. 

REINE DES SERPENS : C'eft 
un beau Serpent du Bréfil du pays de 
Guaira , nommé Regina Serpentum par 
Seba , The/'. IL p. 105. Tab.yy. n. 2. 

R E M 

REM, ou R É E M : Ce mot 

Hébreu, eft employé plufieurs fois 
dans l'Écriture Sainte , & il eft tra- 
duit dans la Verfion Grecque Se dans 
la Vulgate , tantôt par le nom -de Rhi- 
nocéros , Se tantôt par celui de Mono- 
ceros , ou Unïcorms. M, Ladvocat, 
dans fa Lettre /ur le Rhinocéros , impri- 
mée chez T h iB oust en 1 749. dit 
que les Interprètes ne conviennent pas 
que le mot Récrn , ou Rem , fignifie 
le Rhinocéros. Ils abandonnent fur ce 
point les Verfions Grecque Se Lati- 
ne , pareeque les Septantes , & l'Au- 
teur de la Vulgate , ne font point 
tonftans dans leur Traduction. En effet, 
puifque le mot Hébreu Réem fè trou- 
ve par tout le même , pourquoi lui 
donner différentes lignifications , Se le 
traduire tantôt par Rhinocéros > Se tan- 
tôt par Mor.oceros > ou Unicornis ? Au- 
cune nécefïité n'y contraint , dit l'Au- 
teur de la Lettre ; car il n'y a rien 
dans tous les Textes où il fe trouve 
qui oblige de le traduire différem- 
ment , comme il eft aifé de s'en con- 
vaincre en confultant les endroits que 
îious indiquons, Nam. XXUL verf. 22. 
Dent. XXXM, verf. ij.Job XXXIX. 
verf 10. & 12. Pfal. XXII. verf 22. 
& Pfal. XXIX. verf 6. If. XXXlV. 
verfi. Pfal. XC. verf. 1 1 . Il n'eft donc 
pas certain que le Réem de la Bible 
(oit le même animal que le Rhinoce- 
ios. Il y a même plufieurs raifons qui 
«tocteot À croire qu'il n'eft jamais 



REM 

parlé du Rhinocéros dans le Texte 
original de l'Écriture. 

ï . Le Réem devoît être très-com- 
mun dans laPaleftine, dans i'ïdumée 
& dans l'Arabie , puifque l'Écriture 
en parle fi fouvenr. Or il n'y a point 
de Rhinocéros en ces trois pays , & 
nous n'avons aucune preuve qu'il y 
en ait jamais eu. Le Réem n'eft donc 
pas le Rhinocéros. 

2 0 . Le Réem a voit deux cornes; car 
Moïse, en parlant de Joseph, 
dit que fa beauté eft femblable à celle 
du Taureau, &que fa force rejfemble à 
celle des cornes du Réem , Deuteron. 
XXXIII. verf. 1 7. D A V 1 D prie auifi 
le Seigneur de le délivrer de la gueule 
du Lion & des cornes du Réem , Pfal. 
XXII. verf. 21. Or quoique le Rhi- 
nocéros mâle ait deux cornes , cepen- 
dant la femelle n'en a qu'une : on ne 
peut donc dire en général du Rhino- 
céros qu'il ait deux cornes , Se par 
conféquent il eft différent du Réem. 

3 0 . Le Réem dans l'Ecriture eft un 
animal farouche , indomptable , Se qui 
ne peut être apprivoifé. C'eft ce que 
Dieu lui-même fait obferver à Job ; 
Le Réem, lui dit-il , voitdra-t-it vous 
obéir , & demeurer dans votre étable ? 
Pourrez- vous Panacher à la charrue 
pour fendre les filons ? Et vottdra-t-il 
vous fuivre pour herfer vos terres ? 
Aurez,- vous confiance en fi force , & 
lui donner ez.-vous le foin de votre la- 
bour ? Croirez,-vous qu'il vous rende ce 
que vous aurez, femé , & qu'il rempli/fe 
vo&e aire de bled ? Job XXXIX. 
verf 1 o. 

Or le Rhinocéros qu'on a vu à Paris 
étoit apprivoifé , Se fi l'on en croit les 
Voyageurs , les Abyfiîns s'en fervent 
pour le travail, comme ils fe fervent 
de l'Eléphant. Le Rhinocéros & le 
Réem ne font donc pas le même ani- 
mal. 

4°. Les cornes du Réem .dévoient 
erre fort grandes , félon ces paroles 
du Pfalmifte : Vous élèverez, ma corne , 
( c'eft-à-dire majorée) » comme celle 

du 



REM 

ri«Réem, Vf XCUI. vtrf ix. C'eft 
l'obfervation du lavant A u e H Etra, 
11 paroît , dit- il , par ces paroles , 
qu'il s'agit ici d'un animal , dont la 
corne étoit fort longue : or celle du 
Rhinocéros n'eft pas telle , puifqu'elle 
a au plus deux pieds dj longueur , 
même en partant de la racine. Le Rhi- 
nocéros n'eft donc pas le Réem. 

De plus le Réem eft un animal , 
dont le propre eft de bondir & de fau- 
ter ; c'eft ce que dit le Pfalmifte : 
La voix du Seigneur fait bondir les mon- 
tagnes du Liban & du Sarion , comme 
les petits du Réem, Vf. XXIX. vsrf 6. 
Or le Rhinocéros ne paroît pas un ani- 
mal propre à fauter: ce n'eft donc pas 
le Réem. 

Enfin les Arabes , dont la langue 
n'eft qu'une forte de dialecte de l'Hé- 
breu, appellent le Rhinocéros, Kcr- 
kelan, félon d'H e r g e l o t {BibL 
Orient, p. 359-)» au-lieu qu'ils don- 
nent encore aujourd'hui le nom de 
Réem à un autre animal. Il ne paroît 
donc pas que le Rhinocéros Se le Réem 
l'oient le même animal. 

Aufii le do£te Bocbard penfe 
que le Réem eft l'Oryx , forte de 
Chèvre fauvage , appellée , dit -il , 
Réem ouRim par les Arabes. Mais cette 
opinion n'eft pas non plus fans difficul- 
té ; car outre qu'il eft difficile d'attri- 
buer à, l'Oryx toutes les propriétés 
que l'Écriture attribue au Réem , U 
n'eft pas bien prouvé que l'Oryx , 
tel qu'il eft décrit par A r i s T o T E & 
par d'autres Naturalistes , fe trouve 
en Paleftine , en Idumée Se en Ara- 
bie , & telle eft la raifon pour laquelle 
le favant Ludolph , qui étoit d'a- 
bord de l'opinion deBocHARD, dans 
fon Hiftotre d'Ethiopie , changea en- 
fuite de fentiment dans fon Commen- 
taire. 

Boot, autre favant Naturalifte , 
croit que le Réem eft l'Urus forte de 
Bœuf fauvage , dont il eft parlé dans 
César Se dans d'autres Naturaliftes ; 
piais cet animal ayant toujours été 
Tome III. 



REM 6-75 

Inconnu dans la Paleftine Se dans les 
pays voifins , la même raifon qui mili- 
te contre Bochaed, milite encore 
contre Boot. 

D'autres entendent par Réem , le 
Daim ; Se d'autres , difterens animaux * 
car il y a fur ce point autant d'avis 
divers , qu'il y a de textes dans l'E- 
criture où fe trouve le mot de Réem. 
Cette variété de fentimens a fait reve- 
nir Lu d olp h au Rhinocéros, de 
même que M. Scheuchzer , qui 
en parle dans fa Phyftqite Sacrée , Tome 
IV. p. 25. Ces deux Savans penfent 
que tout ce qui eft dit du Réem dans 
l'Ecriture , peut très - bien convenir 
au Rhinocéros. Ils fe fervent pour le 
prouver de la même raifon que Boot 
employoît pour prouver que le Réem 
étoit l'Urus: il eft à favoir que l'E- 
criture joint prefque toujours le Réem 
avec le Bœuf. Or , difent-ils, le Rhi- 
nocéros, eft appelle par P a u s A N 1 A S 
Bœuf d'Éthiopie. Il peut donc fe faire 
que par Réem l'Écriture entende le 
Rhinoceros , Se quoiqu'il n'y ait point 
de Rhinocéros dans la Paleftine , les 
anciens Juifs , difent-ils , peuvent en 
avoir entendu parler , foït dans leur 
féjour en Egypte Se dans les déierts 
d'Arabie , fait dans leurs conven- 
tions avec les Éthiopiens Se les Indiens , 
ce qui fuffit pour qu'ils ayent pu em- 
prunter de ces animaux étrangers des 
proverbes Se autres façons de parler, 
comme nous en empruntons nous- 
mêmes des Lions, des Éléphans Se des 
autres animaux des Indes Se d'Afrique. 
Mais il m'a paru qu'ils ne fatisfaifoient 
pas entièrement à toutes les raifons 
déduites ci-deffus , Si je fuis perfuadé 
qu'on ne connoîtra jamais bien le Réem, 
que l'on n'ait une Hiftoire Naturelle 
exacte des animaux de la Paleftine , 
de la Syrie, de l'Idumée 8e de l'Ara- 
bie , laquelle nous manque jufqu'à au- 
jourd'hui. 

En attendant , il fuffira d'obferver 
avec M. Schultens ( Comment, in 
Job, Vf. XXXIX. verf. 10. TomeIl\ 



tf 7 4 R E M 

p. 1 112. & fiàv.), qu'il y a dans tes 
ciéferts de Syrie Se d'Arabie un grand 
nombre de Bœufs fauvages , ce qui 
fe prouve par les Poètes Se par les 
autres Écrivains Arabes, qui en par- 
lent fans ceffe & qui les appellent Réem. 
Il paroît confiant , ajoute-t-ïl , que 
ce font ces mêmes animaux , dont par- 
le l'Ecriture fous le nom de Réem ; 
c'eft pourquoi elle les met dans la 
clafle des Bœufs indomptables > qui ne 
peuvent être attachés à la charrue , 
comme le Bceuf domeftique , Se c'eft 
ce que Dieu dit à J o b. En prenant 
ainfi le Réem pour un Boeuf fauvage 
de Syrie , de Paleftine , d'Idumée Se 
d'Arabie , où il s'en trouve un grand 
nombre , il eft aifé d'expliquer tous 
les textes de l'Écriture , dans lefquels 
îi eft parlé du Réem , au-lîeu qu'il ne 
paraît pas poffible de les expliquer 
d'une manière fatisfaifante, en les enten- 
dant du Rhinocéros & des autres ani- 
maux. Voilà les lavantes recherches 
de M. Ladvocat fur le Réem de 
l'Ecriture. Voyez au mot RHINO- 
CEROS. 

REMORA*, ou REMORE, 
poiflbn mis par Artedi ( hhib. Part. 
V. p. 28.) dans le rang de ceux qui 
ont les nageoires molles, Pifcis malci- 
copterygius. C'eft Vigjmt d'AîusxoTE 
(L. II. c. 14.) , d'E lien ( L. II. 
ç. 17. p. 95, ) Se d'O ïpien( Mal. 
L. I. p. 9. ), O v 1 D E C V. 99. ) , 
Pline (L. IX. c. 25. L. XXXI I. 
c. 1. ) , Ambrosin f Lexie. L. V. 

C. IO. p. 59. ) , WoTTON(L VIII. 

f. 1 66. fol. 149. ) Se Cuba ( L. III. 
c. 34. ) ont confervé le nom Grec 
%%miç> Gaza fur Aristote ( L. IL 
c. 14.) l'a traduit par Rémora. Impe- 
Rati ( Hift. Nat. ),Aldrovande 
( L. III. c. 22. p. 335.), Ray ( Synop. 
Meth. Pifc. p. 71. ». 12.) Se Jo n s- 
t o N C L. I. c. ï. ) en parlent fous le 
même nom , aînfi que Rondelet 

(L. XV. c. 17. ) Se C H A R L E T O N s 

, * En Anglois, Swking-ffch ; enHolIandois, 
Suygcr; en Portugais f «/«-Fedago»', çuPkxo- 



R E M 

p. 125. C'eft Vlpernqidba Se le P'ira- 
quiba du Bréfil , félon Willughby , 
p. 119. qui en parle d'après Marc. 
Grave, L. IV. c. 18. 

On dit que ce poiflbn arrête les 
vaiffeaux en pleine mer , d'où il eft 
appellé Rémora par les Latins. Les 
Anciens en ont beaucoup fait men- 
tion : mais il eft peu connu , à caufè 
des diverfes deferiptions que les Na- 
turaliftes en ont faites. Si ces différen- 
tes deferiptions font vraies , il y a difFé- 
rens poiflbns , dit Rondelet, qui 
arrêtent les vaiffeaux , Se auxquels on 
a donné le nom de Remcra. Opfieit 
en parlant de celui qu'il décrit dit 
qu'il fréquente la haute mer, 5c qu'il 
eft long d'une coudée : il ajoute que 
ce poilTon eft de couleur brune , Se 
eft fembîable à une Anguille. Élisn 
en parle comme Oppi en. Selon Pline, 
il eft fembîable à une grande Lima- 
ce, îl rapporte (L. IX.) les différens 
fentimens de plu fieurs Auteurs fur ce 
poiffon. Les Modernes n'ont point cru 
que le Rémora eût la vertu d'arrêter 
les vaiffeaux dans leur coïnrie? 

Voici la defeription qu'en donne 
R a y. Ce poiflbn , dit-il , a dix-huit 
doigts de long , quatre d'épaiffeur , Se il 
eft plus menu vers la queue. Sa bouche 
eft triangulaire ; fa mâchoire fupérieu- 
re eft plus courte que l'inférieure. Il 
a les yeux petits, l'iris en eft jaune. 
Au lieu de dents , il a beaucoup de 
petites éminenecs. Sa couleur eft cen- 
drée. Depuis le milieu du corps , ttnt 
en haut qu'en bas , il a une nageoire 
étroite , qui s'étend jufqu'à la queue» 
C'eft ainfi que Ray parle de VEchineis 

d'A R I S T O T E. 

Ruïsch(</( P'tfiih. p. 147. ) rap- 
porte l'hiftoire d'un vaiffeau Portu- 
gais , qui voyageoit dans les Indes , 
arrêté dans fa courfe par un Rémora s 
proche de la Ligne Équinoxîale. 

G E S n E r ( de Aquat. p. 414. ) dit 
que le Rémora , qui eft l' Ecbhuis des 

Tioltho. Les François aux Indes le nonuncnî 
Sncet Se Arrête-Nef, 



Il E M 

Anciens , n'eft pas plus grand que le 
Goujon, & il lui donne quatre na- 
geoires. 

Le poîfTon , nommé Remore ou Ré- 
mora , eft appelle Sucet , ou Arr'ète- 
Nef par les François établis aux In- 
des. On en voit dans l'Ifle de Cay en- 
ne. M. Barre re ( Hifl. de la Fran- 
ce Equin. p. 178 ) lui donne aufîi le 
nom de Sucet. Jonston a remarqué 
que cepoiflon avoir nu-deffus de la téte 
comme de petits balfms.femblablesaux 
pattes Seaux filamens du Polype , par 
le moyen defquels il s'attache forte- 
ment aux vaiffeaux Se aux gros poif- 
fons. Capice Jupino, dit cet Auteur {Hifi. 
Nat. de Fijcib. p. 8. ) , acetabula habet 
fmilitiidine cirrorum , five acetabulorum 
Tolypi, quibus naves, magnefque ac ce- 
taceos Pifces apprehendens , peninaciter 
haret Quand Jonston ( c'eft la ré- 
flexion de M. Barrere) aurait dit 
que le deffous de la tête du Rémora eft 
fort gluant , Se raboteux comme une 
lime , Se que c'eft par-là qu'il fe colle 
aux vaiffeaux Se aux gros poilfons , 
quand il fe voit pourfuivi , il n'auroit 
pas mal dit. 

M. Chevalier, Doreur- 
Régent , Se ancien Profelfeur de la 
Faculté de Médecine en l'Univerfité 
de Paris , Se ci - devant Médecin du 
Roi à Saint Domingue , dans une Let- 
tre fur le Rémora 8c fur les Alcyons 
écrite à M. Dejean, auflï Doifeur- 
Régent de la même Faculté*, s'ex- 
prime en ces termes : Vous m'avez 
entendu parler du Rémora 8c des Al- 
cyons d'une manière fort dïfférenre de 
ce qu'on en penfe ; 8c vous m'exhor- 
tez à écrire ce que j'en ai vu , Se ce 
que d'habiles Marins m'en ont appris. 
Je ne fais pas fi beaucoup de gens 
^ont curieux d'approfondir ce qu'il y a 
de vrai Se de faux dans les ancien- 
nes fables du Rémora Se des Alcyons. 
N'importe , dites - vous , cette con- 
noilTance eft du relTort de l'Hiftoi-re 

* Ce font trois Lettres qui fe vendent chez 
Duraino, rue du Foin. Elles traitent des ir.a- 



R E M 675 

Naturelle : il f e trouvera toujours 
quelques - uns qui feront bien aifes 
de favoir à quoi s'en tenir. A la bon- 
ne heure , Monfieur , je vous obéirai : 
mais n'attendez pas de moi que j'aille 
courir les Bibliothèques , lire des Ca- 
talogues , 8c feuilleter bien des Vo- 
lumes , pour rapporter ce que les Au- 
teurs modernes , ( s'il y en a ) , ont 
écrit fur cette matière ; je me con- 
tenterai de rapporter ce que Pline 
& les autres Auteurs anciens nous en 
ont laifTé , Se je tâcherai de dévelop- 
per ce que -l'on en doit croire. 

Le Rcmora , dit P l i n e , eft un 
très-petit poiifon qui fe trouve fur les 
rochers. Quand il s'attache à la quiLle 
des navires , on croit qu'ils en mar- 
chent plus lentement; ce qui lui a fait 
donner le nom de Rémora. Il rapporte 
après cela le fentiment des Anciens, 
Aristote, dit-il , croit qu'il a des 
pieds , à caufe de la manière dont la 
multitude defes nageoires eft difpofée. 

M u t 1 a n u s penfe que c'eft le 
Murex , Coquillage plus grand que 
le Purpura. Le même Auteur rapporte 
qu'il s'en étoit collé une fi grande 
quantité fous un vailfeau que Périan- 
DRE , Tyran de Corinthe , envoyoit , 
avec ordre de mutiler inhumainement 
trois cents enfans Nobles de Corcyre, 
qu'il ne put jamais avancer, quoique 
les vents ennaifent toutes les voiles, 
8c que l'on honorok à Gnide , dans le 
Temple de Venus, les Coquilles 
qui avoient opéré cette merveille. En- 
fin Tr e ii 1 u s Niger dit que ce 
poiifon eft long d'un pied Se épais de 
cinq doigts , Se qu'il retarde la marche 
des vaiffeaux. 

Nous voyons ici les fent.'mens par- 
tagés fur la nature du Rémora. Les uns 
penfent que c'eft un poiffon , Se d'au- 
tres que c'eft un Coquillage. Aristote 
fomble éloigner cette idée , en lui 
donnant des pieds , ou du moins en 
fuppofant que fes nageoires lui en fer- 

lariies de Saint Domingue, des plantes ne la 
mémelfle, du Rimera 8c des Alcyons, 
Q q q q ij 



€j6 REM 

vent ; car les Coquillages proprement 
dits n'ont ni pieds ni nageoires. 11 
faut joindre Trebius N iger à 
Aristote. Onpourroir, cefemble, 
attribuer le même fentiment à Pline; 
mais on fera détrompé , quand on lira 
ce qu'il en a dit dans fon Livre XXXll. 
où il parle en Déclamateur plutôt 
qu'en Kiftorien de la force immenfe 
de ce petit poiiTon, 

Qu'y a-t-il de plus fort que la mer, 
les vents & les tempêtes , dit-il , lorf- 
que leur puiffance fe réunit à poufler 
un navire? Etcependant un petit poif- 
fon commande à cet élément & à la 
fureur des vents & le retient en un 
même lieu. Ce que les chaînes les plus 
fortes &les ancres les plus pefantes ne 
peuvent faire , un feul petit poiiTon 
en vient à bout , fans peine , fans tra- 
vail, non en tirant, mais en s'y atta- 
chant. O vanité des hommes , s'écrie- 
t-il ! Ils bâtiffent des tours Se des for- 
te relies fur des vaiifeaux , afin de fe 
battre au milieu de la mer , comme 
ils feroient fur terre de deiTus des mu- 
railles , & un poiffon d'un demi -pied 
peut arrêter à fon gré ces machines 
énormes , armées de fer Se d'airain 
pour les combats. ïl a arrêté le vaiffeau 
Amiral que montoit An toine dans 
la bataille d'Aâium. Il a arrêté de 
notre temps celui du Prince C A ï u s 
Caligula , lorfqu'il revenoit 
d'Allure à Antium. Comme de toute 
la flotte fon vaifTeau à cinq rangs de 
rames étoitle feul qui n'avançait point , 
des gens fiuterent du vaifTeau pour 
chercher tout autour ce qui pouvoit 
caufer ce retardement. Ils trouvèrent 
ce poiffon collé contre le gouvernail, 
& le portèrent à Caïu s, qui fut fort 
indigné que fi peu de chofe eût pu 
l'arrêter , Se l'emporter fur les forces 
de quatre cents Rameurs. Ceux qui le 
virent alors , Se qui l'ont vu depuis , 
ont dit qu'il étoit femblable à un grand 
Limaçon. Nous fommes perfuadés , 
ajoûte-t-il, que toutes fortes de Coquil- 
lages ont la même force :. ceux qui 



REM 

font confacrés dans le Temple d"è 
Venus à Gnîde en font une preuve 
bien éclatante , Se ne nous permettent 
pas d'en douter. Il parok donc que 
l'opinion commune, & celle de Pline 
étoit que le Rémora eft un Coquil- 
lage. 

Examinons préfentement ce qu'il y 
a de vrai & de faux dans ce fentiment 
des Anciens. Deux chofes font l'objet 
de notre recherche : l'une , quelle eft 
la nature du Rémora j l'autre , quelles 
font les forces qu'on peut raifonnable- 
ment lui attribuer. 

Entre les avis dilTércns de plufieurs 
Auteurs, le bon fens veut que nous 
préférions le plus vrai - femblable. 
Donc, quand l'on me dira qu'un feul 
petit poiffon , d'un demi-pied ou d'un 
pied de long , en fe collant contre un 
navire , l'arrête tout court : je ne puis 
donner mon confentement à cette pre- 
pofition. Par conféquent le fentiment 
de Trebius Niger, & celui d'ARis- 
TOTE, me paroilTent évidemment faux : 
mais celui de Mutianus peut être 
vrai. 

11 s'enfuit donc , i°. Qu'en bonne 
critique un feul petit poiffon ne peut 
pas retarder la marche d'un navire. 

2°. Qu'il en faut un grand nom- 
bre. 

3°. Que ce doit être des Coquilla- 
ges , pareequ'un poiffon ordinaire fe- 
rait bientôt écrafé par ce froifTement 
de l'eau , qui eft tel , quand le vent 
eft favorable , que la mer paroît la 
nuit tout en feu autour du navire , par 
la quantité prodigieufe d'étincelles qui 
en fortent. Ainfi , première vérité , le 
Rémora doit être un Coquillage : maia 
quelle force doit avoir ce Coquil- 
lage ? 

Vous fevez , Monfieur, que la plu- 
part des fables , Se peut-être toutes ,. 
ont pour fondement quelques vérités 
hiftoriques. Celle-ci n'auroit proba- 
blement jama's été imaginée , fi l'on 
ne s'étoit pas ■ pperçu qu'il s'attachoit 
quelquefois des Coquillages fur la 



REM 

furface inférieure d'un vaifTeau. Ce fait 
a été altéré , changé , & exagéré , en 
paflant de bouche en bouche: la mul- 
titude des Coquillages a été réduite 
à un feul ; au Coquillage , on a fubfti- 
tué un petit poifTon : du retard de la 
marche , on a fait un arrêt total. Pour 
mettre cette vérité dans tout fon jour, 
51 n'eft queftion que de favoirfi effecti- 
vement il s'amalTe quelquefois une fi 
grande quantité de Coquillages fous 
la quille d'un navire , que fa marche 
en foit retardée : c'eft un fait certain , 
&c connu de tous les Marins qui ont 
fait des voyages de long cours. 

En revenant de Saint Domingue , 
comme je confidérois une Plante ma- 
rine , que l'on nomme Rai/m dit Tra- 
fique , mon Capitaine m'en fit tirer de 
la mer une poignée : elle étoit rem- 
plie de petits Coquillages de la lar- 
geur Se de la longueur de l'ongle du 
pouce : il m'atTura que quand des na- 
vires font long-temps dans de certai- 
nes Rades ou Ports , voifins des ro- 
chers , il s'en attachoit fous la quille 
une li grande quantité , que leur mar- 
che en étoit confidérahlement retar- 
dée , pareeque ce Coquillage devenoit 
de la groffeur des plus groffes Mou- 
les. Peut-on ne pas reconnoître à ce 
récit le Rémora des Anciens ? 

On conçoit aifément que quand la 
quille d'un navire eft plus ou moins 
garnie de ces Coquillages , cette fur- 
face étant devenue raboteufe Se fil— 
lonnée , elle glifie plus difficilement 
fur l'eau : c'eft ce qu'affurent tous les 
Auteurs , tardihs ire credunmr naves , 
morari. 

Ce que M. D e Lalï, Capitaine , 
qui m'a ramené , m'a dit , n'eft pas le 
fentiment d'un feul homme. Je ne m'en 
fuis pas tenu à fon feul témoignage ; 
j'ai prié M.Nicolas Charet, 
înon Correfpondant à Nantes , il con- 
nu en Europe & en Amérique par 
fa probité Se par fa piété , de s'infor- 
mer des anciens Mariniers de ce que 
Hi'aYoit dit M. de Lalï, Voici, 



REM 677 

Monfieur , la réponfè qu'il m'a faite 
« A l'égard, dit-il, du petit Coquil- 
le lage que M. de L a l y vous a dît 
:» croître de la grandeur d'une greffe 
35 Moule , qui fe colle en fi grande 
s> quantité fous le vaifTeau , qu'il erf 
» retarde la marche , le fait eft vrai ; 
s> cette forte de Coquillage s'appelle 
« des Biruacler. « 

Il eft donc aifé préfentement de 
diftinguer ce qu'il y a de fabuleux 
dans les récits que Pline Scies au- 
tres Auteurs nous ont faits du Rémora. 
Retranchons-en tout le merveilleux, 
Se nous en aurons une jufte idée : nous 
demeurerons convaincus que le Ré- 
mora ne peut être ni un petit poiilon , 
ni même une multitude innombrable 
de poitïcns, ni un feul Coquillage ; 
mais une multitude de Coquillages, 
qu'un vaiiïeau dont la quille lera gar- 
nie de ces Coquillages , pourra bien , 
à la vérité , marcher moins vîte qu'un 
autre , mais qu'il ne pourra réfifter 
aux vents qui le poufferont. Ajoutons 
que ce Coquillage fe tient probable- 
ment fur cette Plante, dont nous avons 
parlé , qui vient fur les rochers ; que 
quand elle en eft détachée , Se qu'elle 
vient à" pafferpar deffous des vailTeaux 
qui font en repos dans une Rade , oit 
dans un Port, elle s'y arrête ; que les 
petits Coquillages fe collent contre la 
quille , s'y multiplient & s'y groffif- 
fent ; que fi on n'a pas le foin de les 
détacher, avant que de mettre les vaif- 
feaux en route, ils marchent plus len- 
tement. Ceux qui ne font pas contens 
de mes preuves , ou de mes conjectu- 
res , comme on voudra les appeller , 
pourront confulter les Marins qui font 
les feuls en état de les confirmer, Se 
peut-être d'ajouter de nouvelles preu- 
ves aux miennes. 

Si vous êtes fatisfait , Monfieur Sé- 
cher Confrère , ce fera pour moi un 
heureux préjugé que le Public le fera 
auffi ; Se je doute fort qu'ils prennent 
pour le Rémora , le petit poifTon que 
l'on m'a dit qu'un certain Curieu-s; 



tf 7 â REN 

garde précieufement , ni la Lamproie 
qui , au rapport du P. H A r d o u i n, 
s'étant attachée au gouvernail d'un 
vaiffeau, fur lequel étoïent le Cardi- 
nal deTournon, & M. Pe l l i- 
C i er i Evêque de Montpellier, l'em- 
pëchoït de marcher , quoiqu'on cite 
Rondelet comme témoin ocu- 
laire de ce fait. On doit faire le même 
jugement du poiflbn que M. Gau- 
tier, Docteur en Médecine , appor- 
ta en France en 171 7. il avoit été 
envoyé par Monfeigneur le Duc 
d'O rléans, Régent du Royaume , 
fur la Méditerranée , pour y faire des 
Obfervations. A l'embouchure du Nil, 
on prit un poilTon à bord du vailfeau 
nommé le Touloitfe , commandé par 
M. Duquesne, qu'on dit être le 
Rcmora. 11 étoit de couleur brune , Se 
long d'environ un pied. Il avoit furie 
dos tranfverfalement des efpeces de 
filions , qui repréfentoient allez bien 
un efcalier , dont les marches dimi- 
nuoient de hauteur , à mefure qu'elles 
approchoient de la queue. Tous ces 
poilfons n'ont du Rémora que le nom 
qu'on leur a donné. 

REN 

RENARD*., animal que M. 
L 1 n n u s met dans l'ordre des 
Fera , & du genre du Chien. Le Re- 
nard vulgaire eft nommé dans fon 
Syft. Nat. Edit. 6. gen. 8. /pec. 6. 
Canis candâ relia , extremitate albîi ; 
le Renard des Champs { ibid, fp. 5.) 
Canis caudà reciâ , extremhate nigrci s 
Se le Renard roux , appellé Vulpes fui- 
vus ( Fauna Suec. n. 14. ) eft nommé 
Canis caudà ere'cïâ. Ces trois animaux 
ne font que des variétés & non des 
efpeces différentes. Le Renard vulgaire 
chez M. K 1. e 1 N ( Dijp. Quad. p. 71.) 
eft dans la famille des Pentadactyies. 

* Cet animal cft nommé en Hébreu Schttal , 
félon Gesker StAldrovande; en 
rChiiidccn , Tks.J ; en Arabe , Tkaleb ; en 
Grec ; entfpagnol, llapofa ; en Ita- 

lien , Vplpe ; en Allemand , Vuchjf; en Illy- 
jden j Lij'ska ; en PolonoU Lis , Se Lifzka , 



REN 

M. Brisson, comme les autres 
Naturalises méthodiftes , met le Re- 
nard dans le genre du Chien ; & il 
fait connoître quatre efpeces de 
nards , favoir le vulgaire , le croij'é ', 
le gris de l'Amérique j Se le Renard 
blanc du Nord Le Renard abboîe à- 
peu-près comme le Chien: il en dif- 
fère parfes poils longs, épais, mois, 
par fa queue velue , & fur-tout par 
la défagréable odeur qu'il exhale; mais 
il reffemble en tout au Chien parfes 
parties intérieures. Le favant M. 
G R E w a obfervé que le premier in- 
teftin , ou celui qui eft le plus gros, 
eft beaucoup plus court que celui du 
Chien, puifqu'il n'a pas un demi-pied 
de longueur. Le cœcum eft aulli plus 
grand & plus long. Le Renard eft re- 
marquable par fa fineffe & par fes 
rufes : il fait des trous en terre avec 
fes ongles pour fe retirer. Il eft gros 
comme un moyen Chien ; d'ordinaire 
il tire fur le roux ; il a les oreilles 
courtes , Se la queue fort chargée de 
poils. 11 eft ami des Serpens , Se vit 
avec eux ; mais il hait les oifeaux , 
les bêtes d quatre pieds, & certaines 
Plantes , comme la Rue. Il eft malin 
& fort fin ; il fait plufieurs trous 
à là tanniere afin de fe fauver plus fa- 
cilement. Il vit de Poules , d'Oies , 
d'Outardes, de Lapins, de Lièvres, 
de Chats, de petits Chiens , de Sou- 
ris , de Sauterelles ; & il a l'adrelfe de 
contrefaire le mort pour mieux attra- 
per les oifeaux. On dit qu'il fait mou- 
rir les Hérilfons en pillant deffiis. 

Il y a une prodigieufe variété de 
Renards dans la Laponie. Outre les 
communs , on y en voit de noirs , de 
tannés, de blancs , de marqués à une 
croix , & de cendrés. Les noirs font 
ceux que l'on eftime le plus à caufe 
qu'ils font plus rares. Les perfonnes 

dit R z a c k 1 n s k y ; en Suédois Racf, félon 
M. L 1 n n „« 1? s ; en Flamand Vob , dit Gfs- 
n e r , & en Anglois Fox , félon Ray. Son 
nom Latin Vulpvs , qua(î Folupes , lui a été 
donné à ctufe de la vuclie & de fa lege^etp à 
courir. 



KEN 

qui tiennent le plus haut rang en Mof- 
covie s'en font faire des chapeaux , 
ce qui eft caufe qu'une de leurs peaux 
fe vend jufqu'à dix écus d'or , Se quel- 
quefois quinze. Les peaux de Renards 
de couleur tannée , font les moyennes 
entre les communes rouffes Se les noi- 
res. Les marquées à une croix ont une 
ligne noire qui leur prend depuis le 
mufeau , le long de la tête 8e du dos , 
jufqu'à la queue , Se une autre qui la 
coupe depuis les épaules jufqu'aux 
jiieds de devant , Se ces deux lignes 
font une forme de croix. Ces animaux 
font d'ordinaire plus grands , & ont 
le poil plus épais que les communs 
toux : auffi en fait-on plus- d'état. Les 
Renards cendrés ont leur couleur mê- 
lée de cendré Se de bleu, Olaus 
M a g n u s les appelle Renards de cou- 
leur célefte ou d'azur, Se dit qu'on les 
eftime moins que les autres ; & que 
les blancs qu'il nomme luifans , par- 
ceque leur blancheur n'eft point mêlée 
d'une autre couleur, font ceux dont 
on fait le moindre cas , pareeque ce 
font les plus communs , Se que le poil 
de ces deux dernières efpeces tombe 
en peu de temps. Ce qui fait qu'ils 
font moins rares , c'eft que la chafle 
en eft plus facile ; Se cela vient de ce 
qu'ils ne vont point fe cacher dans 
les forêts , & qu'ils ne s'arrêtent que 
fur les montagnes toutes nues , qui font 
entre la Norwege Se la Suéde. 

Les Renards de ia Louifiane font 
delà même taille que ceux d'Europe. 
La peau eft beaucoup plus belle ; le 
poil en eft fin Se argenté , Se d'un 
brun foncé à l'extérieur. On ne voit 
autre chofe que des tannieres de Re- 
nards dans les coteaux remplis de bois. 
Toutes les nuits on les entend chafler 
le Lapin , dont ils font une grande 
deftruction ; mais on ne les voit pas 
inquiéter la volaille. 

Il y a des Renards dans toutes les 
Parties du Monde. Ceux de l'Améri- 
que , dit CaTESbï { Tome IL $. 78. ) , 
font entièrement d'un gris argenté , 



REN £79- 

Se différent peu de ceux d'Europe. 
Ils n'habitent point dans les trous fous 
terre , mais dans des arbres. 

11 fe trouve , dit M, Andersom 
{Hifi. Nat. d'Ifîande , p. 56". ) , une 
grande quantité de Renards en Iflande, 
Ils ne font point rougeâtres : il y en a 
peu de noirs , mais communément ils 
font gris ou bleuâtres en été , Se blancs 
en hiver. C'eût dans cette dernière fai- 
fon que leurs peaux font les mieux 
garnies , Se les Iflandois ont alors grand 
foin d'en prendre tant qu'ils peuvent. 
Une avertion naturelle qu'ils ont con- 
tre les armes à feu , fait qu'ils ne fe 
fervent pour cette chafle que de filets , 
ou d'une machine de fer , qui reffern- 
ble à-peu-près aux cifeaux d'unTail- 
leur d'habit , & qui eft garni d'un 
Agneau mort. Dans d'autres temps 
ou fans envier la peau de ces animaux , 
iis ne cherchent qu'à s'en défaire par 
rapport aux ravages qu'ils font dans 
leurs troupeaux , ils leur jettent des 
Noix vomiques , trempées dans du 
miel , Se les Renards qui ne trouvent 
rien de doux ailleurs , les avalent ayee 
beaucoup d'avidité. 

Gaspard Bartholin dît 
dans les Actes de Coppenh agite , que la 
queue du Renard a une odeur de vio- 
lette , Se tire un peu fur le mufe. 

Les parties du Renard dont on fe 
fert en Médecine , font la graille , les 
poumons , le foie , le fiel , la rate , 
la peau , le fang , l'animal entier , ainf» 
que fa fiente. La graiffe eft d'ufage 
dans les convulfions , les contractions „ 
les trernblemens , Se autres femblables 
défordres , aulli-bicn que dans les maux 
d'oreilles , les plaies "de la tête Se l'a- 
lopécie. Sa frelfure eft confondante 8c 
déterfive , Se par conféquent bonne 
dans les maladies des poumons , Se 
le refferrement de poitrine. Le foie 
eft d'ufage dans les maladies du foie 
Se de la rate. Le fiel guérit le ptéry- 
gium des yeux. La rate écarte la du- 
reté Se la tumeur de cette partie, La 
peau, avec le poil qui la couvre, eft 



tfSo R E N 

bonne employée à frotter lôî mem- 
bres froids , ou affligés de la goutte. 
Son fang fec Se trituré , guérit la pierre 
dans les reins Se dans la veffie , prin- 
cipalement s'il eft récent. On recom- 
mande le Renard entier , ou fa chair 
brûlée, pour les maladies de la poi- 
trine. Bouilli dans de l'eau ou dans 
de l'huile, il eft bon pour les affections 
des nerfs, Se par conféquent pour les 
contractions Se les douleurs des join- 
tures. Enfin fes excrémens emportent 
les afpérités de la peau. 

Les Naturalises qui ont écrit fur le Renard 
font entr'autres Dale, d'après Schrode- 
rcSj p. 341. Raï, Synop. Qttad. p. }fj. 
Gesner, Qttaâ, p. io3i.Aidrova»de, 
Quad. digit. vivlp. p. 19$. Jo n 8 TÔ N, Qtiad. 
p. 91. Charleton, Exercit. p. ij. Se 
Rzackinsky, Htjf, Nat. Pal. p. 2,3 t. & 
l'Auttuarium, dv même, p. 314. 

Sur le Renard croifé , qui !e trouve en Po- 
logne , en Suéde , & au Cap de Bonne- 
Elpéranee, confultezles Auteurs ci-deiïits ci- 
tés, SiKciBE, Tome 111 p. 61. 

Et fur le Renard gris de la Virginie & de 
la Caro! ne , M. Klein , Difp. Qiiai. p. 71. 
& Catesbt, Tome II. p. 7*. 

RENARD MARIN, ou 
PORC MARIN, poiffon carti- 
lagineux , qu'A rte d 1 ( Ichth. Part. 
V. p. 96. n. 8. ) nomme Saitalut caudà 
longiore quàm ipjum corpus. Il eft nom- 
mé AXwrftl par A r 1 s x o t e ( L.VI. 
c. 10. & 11. L. IX. c. 37. ), Se par 
O p p 1 e n ( L. IL p. 59. ) ; Àxùwweti 
par Athénée , L. VIL p. 294. 
©*>.*t7/!* AA»p| par E L 1 e N , L. IX. 
c. 12. p. 522. C'eft le Vulpes marina 
de P l 1 N E , L. IL p. 59. de C u b A , 
X. p- 102. de Gesner , de 
jiquat- p- 1 248. de W 1 l l u G h b y , 
p. 54. de R A Y , p,2G. n. 6. Se d'A t- 

DROVANDEit. ///. C. 3 9. Ce poif- 

fon eft le Simia marina de B E L o H. 
Les Anglois le nomment Sea Fox , 
ou Ape , félon R a y : il y a de ces 
poiflbns qui pefent jufqu'i cent livres. 
11 a le corps rond Se épais , la bouche 
petite, non pas fort au-delTous du bout 
des mâchoires qui font pointues , 8c 
fes dents font aiguës. Pour le refte 
il convient avec les Chiens de mer. 



R E N 

Maïs fori corps , comme on l'a dif <" 
eft plus gros Se plus court. Sa queue 
eft beaucoup plus longue que celle de 
toutes les autres efpeces de Chiens de 
mer : elle eft faite en forme d'épée, 
elle eft plus longue que tout fon corps. 
Il a à la nailTance du dos une petite 
nageoire, Ce poiflon fe trouve dans la 
Méditerranée. Il eft aufli fin Se rufé, 

dit R O N D E L E T C L. XIII. C. p. p. 

303.) , que le Renard de terre; c'eft 
ce qui lui a fait donner le nom de Re- 
nard. 

On trouve dans les Mémoires de 
l' Académie des Sciences , Tome III. 
Part- 1. la defeription d'un Renard ma- 
rin. La voici : 

Sa longueur étoit de huit pieds Se 
demi ; fa plus grande largeur, qui étoit 
au ventre, étoit de quatorze pouces; 
fon corps alloit en s'élargiiTant Se fé 
rétrécifToit à l'ordinaire pourproduire 
la queue , qui étoït prelque aulll lon- 
gue que tout le refte du corps , Se 
faite en manière de faulx un peu re- 
courbée vers le ventre. A l'endroit où 
cette figure de faulx commençoit , îl 
y avoit une feule nageoire au-def- 
fous. S A L V 1 e N (de Pijc. L. IV. ) 
dit qu'elle eft au-defiiis, 

Il avoit deux crêtes élevées fur le 
dos , une grande au miiicu , Se une 
autre plus petite vers la queue , quoi- 
qu'A ristote , au rapport d'A- 
thénée (L. VII. ) , dife qu'il n'a 
aucune crête fur le dos. Il y avoir 
trois nageoires de chaque côté. Les 
deux d'auprès delà tête étoient gran- 
des , Se repréfentoient les ailes d'un 
oifeau plumé , Se c'eft peut-être ce qui 
a fait croire à quelques Auteurs , com- 
me à Augustus Niphus ( in Lib. L 
Arifl. de Hifl, Anim. ) qu'AnisToTE 
a entendu parler de ce pouTon , quand 
il a dit qu'il y a un Renard qui a , 
comme la Chauve-Souris , des ailes 
faites de peau. Ces nageoires étoient 
longues de quinze pouces , Se larges 
en leur bafe de cinq. Celles qui étoient 
au milieu du ventre étoient moins 

grandes i 



REN 

grandes : elles étoient à côté du nom- 
bril , Sravoient chacune une pointe 
pendante ; ce qui etl le propre des 
mâles en cette forte de poiflbns : les 
dernières proche de la queue étoient 
fort petites. 

La peau étoit IifTe Se fans écailles ; 
les crêtes & les nageoires étoient du- 
res , Se compofées d'arêtes ferrées par 
la peau qui les couvrait , dont la cou- 
leur étoit égale partout d'un gris fort 
brun, bleuâtre comme de la bourbe. 
Se non pas blanchepar le ventre , com- 
me au Renard maria de Salvien. 

La gueule avoit cinq pouces d'ou- 
verture , Se elle étoit armée de deux 
iortes de dents. Le côté droit de la 
mâchoire fupérieure jufqit'à l'endroit 
où font les canines des autres animaux , 
avoit un rang de dentspointues , dures 
& fermes , étant toutes d'un feul os 
en forme de feie ; mais cet os étoit 
.beaucoup .plus dur que le retre des os 
qui tiennent du cartilage dans ces Ior- 
tes de poilfons. Les autres dents qui 
bordoient le refte de cette mâchoire 
& toute l'inférieure , faifoient fix rangs 
par-tout, & étoient mobiles Se atta- 
chées par des membranes charnues. 
Leur figure étoit triangulaire , un peu 
aiguë , ôc leur fubftance étoit beau- 
coup moins dure que celle des au- 
tres dents , qui étoient en forme de 
feie, principalement aux rangs de de- 
dans , où elles étoient fort fragiles Se 
moins dures que le cartilage \ en forte 
qu'il yen avoit quelques-unes qui ne 
paroi Ifoient que comme une 'membrane 
endurcie. 

La langue étoit toute adhérante à 
la mâchoire inférieure , Se compofée 
de plufieurs os joints fermement les 
uns aux autres , & recouverts d'une 
chair fihreufe. -Cette langue étoit re- 
vêtue d'une peau dure , Se couverte 
de petites pointes luifantes qui la ren- 
doient fort âpre Se rude en dehors , & 
fort li fie & gliflante au- dedans. Ces 
pointer vues avec .le microfeope , 
étoient tranfparenr.es comme du cry ftal. 
Tome lll. 



RE N R E P 6&* 

Ce Renard marin ne paroît pas être le 
même que celui d'A ristote, de 
Pline, de Salvien. de Ron- 
delet, & des autres Naturalises , 
dont Ray fait une efpece de Chien 
de mer. 

RENARD: Albin donne ce 
nom à un Papillon forti d'une Che- 
nille , qui fe nourrit de feuilles de 
Ronce.Voye-z CHENILLE de feuilles 
dt Ronce. 

RENNE, ouRANTHIER, 

efpece de Cerf de la Laponie. Voyez 
au mot RH EN N E. 

R E P 

REPTILES : Les Naturallftes 
entendent par ce mot des animaux qui 
rempent : M. Linnsus diflribue la 
claflè des Amphibies en deux ordres, 
qui font les Reptiles Se les Serpens , 
& cet ordre des Reptiles effc divifé en 
plufieurs genres , qui font ceux des 
Tortues , des Grenouilles Se des Lé- 
zards. Ces animaux font munis de 
quatre pieds , mais ils font fi courts , 
qu'ils ne leur fervent prefque pas à 
marcher ; de plus , ils font ovipares , 
ce qui fait que les Méthodiltes mo- 
dernes les entôté de la clafle des Qua- 
drupèdes proprement dits , qui font des 
animaux vivipares. M. Klein en 
compofe le fécond ordre de fes Qua- 
drupèdes , qu'il appelle Quadrupèdes 
digités fans poil Se ovipares. M. Bris- 
Son , dans la Table fynoptique qu'il 
a donnée de tout le Règne Animal , à 
la tête des claflés des Quadrupèdes & 
des Cétacées , place dans fa quatrième 
claffe les animaux qui ont ou le corps 
nud Se quatre pieds , ou le corps cou- 
vert d'écailies & quatre pieds , ou 
point de pieds. Tous ceux-li ont du 
fang , & n'ont qu'un ventricule au 
cœur. Quelques-unes de leurs femelles, 
ajoute M.Brisso N , font vivipares, 
les autres font ovipares. Toutes ce- 
pendant ont des œufs ; mais dans quel- 
ques-unes l'incubation fe fait hors du 
corps. Tous les animaux de cette clalTe 
R r r r 



6U R E P 

Fempeflt ; c'eft pourquoi on leur a 
donné le nom de Reptiles , Se voilà les 
Reptiles proprement dits , parmi les- 
quels on doit comprendre les Ser- 
pens. 11 y a de petits animaux qui 
ont le corps , ou du moins quelque 
partie du corps , capable d'un mouve- 
ment de contraction Se d'extenfion ; 
de forte que ce corps , ou cette par- 
tie du corps , peut occuper plus ou 
moins d'efpace à volonté ; ils n'ont 
ni antennes , ni pieds , ni ftigmates. 
On a donné à ces animaux le nom de 
Vers , Se ils compofent la dernière 
clarté du Règne animal de M. Brisson. 
Les Anciens ont artez communément 
confondu les petits animaux qui ont 
des pieds avec ceux qui n'en ont point,. 
Se ont indifféremment donné le nom 
A' Infeties aux uns& aux autres. Ceux 
qui ont des pieds , & dont le plus 
grand nombre fubhTcnt plufieurs mé- 
tamorphofes , font ce que les Modernes 
nomment Infeties , 5c fous ce titre font 
une clarté féparée de celle des Vers. 
M, Linnsus dî'vife la clafTe des 
Vers en Reptiles , en Zoophytes , en 
Ttfiacées , Se en Lubopbyter. L'ordre 
de ces petits animaux qui ont le corps 
nud"& deftitué de membres , Corpus 
mtdum, defiitutum ar tubas , comme le 
dit M. Linnius ( Syfi. Nat. Edh. 
6. p. 7 1 . ) compofe chez lui fix genres 
de Reptiles j favoir le Gordiits, Ver, 
qui a le corps menu comme un fil, 
voyez G O'RDI'US ; VAfiaris , 
Ver qui a le corps rond . pointu par 
lès deux bouts, voyez AS C AR I S ; 

* Les Grecs & les Latins ont nommé ce 
poiffbn Carcharïas , à caufe qu'il a la gueule 
garnie d'un grand nombre de dems , fortes 
& tranchantes; car, félon Alorovabde, 
le mot Grec K«px*F ls îi fignifie aigu, rude, 
âpre, ou tranchant. On le nomme autrement 
Lamia, du Grec Aai'jusî , qui veut dire faim, 
ou goîtrtnandife , pareeque ce potilon eft tou- 
jours affamé , & fort glouton. Tiburon , ou 
Tuhtran , Se non pas Vhiburon. comme difent 
quelques-uns , eft un mot Efpagnol ou Por- 
tugais. Arche strate, dans A t h é n é p , . 
L'appelle Anihropophagos , parcecu'il aime la 
ehair humaine. Les Anglois le nomment 



R E Q 

îe Ver Je terre , Lumbrïcns terre fin f 
voyez VER DE TERRE ; 1er 
Tœnia , qui a le corps droit Se long, 
plat Se articulé , voyez T7ENIA ; la 
Sangfue-Limace , qui a le corps long 
& étroit , plat , convexe , fillonné en 
long , la bouche large & échancrée,. 
& les mâchoires horîfontales , voyez 
SANGSUE-LIMACE ; & enfin la 
Sangfïe , Ver , qui a le corps large 
aux deux extrémités , voyez SANG- 
SUE. 

R E Q 

REQUIN , REQUIEN, 
ou REQUIEM*: J'ai déjà parlé 
de ce poiflbn cartilagineux , le plus 
grand & le plus formidable de tous 
les Chiens de mer ou marins , au mot 
L A M I E. C'efir le Canis carcharïas 
de B e L o N , de Aquat. p. 60. d'A L- 
D R o v a k d E , de Fifc. p. 383. de 
Charleton , Fifc. p. 7. de Dale, 
Fharm. p. 412. la Lamia de Gesner» 
de Aquat. p. 173. deRoNDELET, 
de Fifc. p. 3,90. de f illuGhbï,, 
Ichth. p. 47. le Canis Ariftotelis de 
Jonston, de Fifc. p. 13. le Ca- 
nis gaieus de S a l v 1 E N , de Aquat. 
p. 132. enfin c'ell le Tibitro des autres 
Auteurs , le Fifcis Jon& , five anthro- 
pephagus de quelques-uns. Artedi,, 
Gen. 70. Synop. 98. le nomme Squa- 
lus dorfo piano , dentibus plurimis ad 
luttera ferra tis. 

Le Tiburon ou Tuberon , que Ron- 
delet croit être du' genre des Veaux 
marins , & G e s ne r , un Efpadon , 

IVhite-Shark ; les Hollandoîs , Haye ; les Sué- 
dois, liai ; les Danois Harufisk, ou Hmvkall^ 
& les Iflandois Haackal, tous mots qui ré- 
pondent à la nomination Françcife de Chien 
marin , ou de Chien de mer , qui lui a été 
donnée, fost pareeque fa tête approche en 
figure de celle d'un Chien , foit pareequ'iî 
dévore avec avidité , & à co : ups de dents , 
comme font les Chiens. Quant aux mots de : 
Requiem , Requien , ou Requin, on prétend que 
ce font les Normands,- qui lui ont donné ces' 
différons noms, pareeque ce poiflbn en dévo- 
rant 1er, hommes ,, fait chanter pour eux. le 
Requiemt. 



REQ 

n'eft autre que le Requin , comme nous 
l'apprend Marc Grave, qui l'a 
très-bien connu; car il affure que c'eft 
une Lamie que les Portugais appel- 
lent liber aon ou 'ïuberam s mais, dit 
Wif.lughby, ils font fore excufables, 
vu que l'Auteur de V Hifloire des In- 
des , que Rondelet a fuivi , at- 
tribue à ce poiffon plufieurs fauffetés, 
comme par exemple qu'il fort fort 
fouvent de la mer dans le continent au 
grand dommage des animaux qu'il ren- 
contre ; qu'il ronfle en dormant fur le 
rivage ; que la femelle a plufieurs 
mammelles , qu'elle fait fes petits vi- 
vans , & qu'elle les nourrit de fen 
lait, Pour G e s n e r , ayant lu dans 
Pierre Martyr que le Tiburon 
coupe un homme par la moitié d'un 
coup de dent , ïl a cru que cet Au- 
teur avoit voulu fignificr une épée 
par le mot de dent , Se qu'ainfi il avoit 
pris 1' ' Efpadon pour le Tiburon, Pour 
nous , continue Willughbï, nous 
ne faifons aucun doute que le Tiburon, 
tant de Pierre Martyr, que 
de l'Auteur de V Hifloire des Indes , 
•ne foit une Lamie , quoiqu'ils lui at- 
tribuent plufieurs faulfetés , ayant été 
trompés par des Obfervateurs grof- 
fiers , qui aiment à ajouter certaines 
merveilles à ce qu'ils ont vu dans 
leurs voyages , attendu que la plu- 
part des caractères qui font contenus 
dans ces deferiptions conviennent à 
notre Lamie, De plus , la description 
de François Hernandez , 
prouve fuffifamment que le Tiburon 
n'eft autre que la Lamie. J'ai parlé 
du Requin d'après les Naturalises au 
mot LAMIE, Rapportons ici ce 
qu'en difent les Voyageurs, 

Labat dit avoir une infinité de 
raîfons qui le perfuadent que le Re- 
auin eft un véritable Chien de mer , 
qui n'a d'avantage fur ceux qu'on prend 
lur nos côtes que fa grandeur qui eft 
quelquefois démefurée. Son fentimeiit 
eft appuyé de celui de M. Anderson , 
qui dit que le Requin d'Illande eft le 



REQ <sb 3 

Chien de mer. Nous rapporterons plus 
bas ce que ce Naturaliste en dit, «près 
avoir donné la dc-feription du Requin , 
tel qu'on en voit dans les mers d'A- 
frique. On en trouve qui ont quel- 
quefois jufqu'à vingt - cinq pieds de 
longueur, Se plus de quatre pieds de 
diamètre. li y a des Voyageurs qui lui 
donnent jufqu'à trente pieds de long; 
mais Bosman affure que c'eft une er- 
reur de confondre les Requins avec les 
Chiens de mer , & prétend au con- 
traire qu'ils n'ont pas la moindre ref- 
femblance. Sa gueule eft fort grande 
garnie deffus Se defTbus de trois 
rangs de dents pour le moins > dont 
les unes font triangulaires > les autres- 
plates , & les aurres pointues ; toutes 
extrêmement dures Se tranchantes , qui 
s'emboé'tent les unes dans l'entre-deux 
des autres d'une manière que rien ne 
peut leur réfifter. Barbot lui donne 
de petits yeux à proportion de fort 
corps , ronds , Se fort enflammés. Les 
os de fa mâchoire ont un reflbrt fi 
fingulier qu'il peut ouvrir fa gueule 
fuivant la groffeur de fa proie, & lui 
donne une largeur prodigieufe. Heu- 
reufement cette gueule meurtrière eft 
à près d'un pied de diftance du bout 
de fon mufïau , ce qui fait qu'il pouffe 
fa proie devant lui au lieu de la mor- 
dre , s'il veut la prendre, étant dans 
la fituation ordinaire à tous les poif- 
fons. On obferve qu'après avoir man- 
qué l'amorce il y retourne jufqu'à 
quatre fois , quoique déchiré iufqu'au 
fang par ce croc de, fer qui fert d'ha- 
meçon. Quelques Ecrivains avancent 
qu'il fè renverfe fur le dos lorfqu'il 
veut mordre, Il fe met feulement fur 
le côté , & pour peu qu'il y foit , il 
fait jouer fes mâchoires à merveille. 
Ses nageoires font grandes ; il en a 
deux aux côtés , un aileron fur le dos, 
au tiers de fa longueur du côté de la 
tête ; il en a en outre un autre plus 
petit vers la queue , & deux moyens 
fous le ventre. La queue eft grande , 
forte Se éch-ancrée ; fa peau eft d'uta 
R r r r ij 



<58 4 R E Q 

brun foncé dans toutes les parties du 
corps , excepté fous le ventre où elle 
eft blanchâtre ; elle n'a point d'&cailïes, 
mais elle eft revêtue d'une force d'en- 
duit , dur , épais , & grainelé comme 
le chagrin , divifépar des raies ou des 
lignes qui fë croifent régulièrement. 
On le trouve en pleine mer, fur les 
Côtes , & dans les rivières. 11 y en a en 
abondance entre les Tropiques , parti- 
culièrement depuis Arguim au long de 
la côte jufqu'au Royaume d'Angola. 

Quand ce poilTcn pourfuit quelque 
proie , il le fait avec tant de vivacité 
qu'il échoue quelquefois fur le ri- 
vage. Il eit vorace , hardi , & dange- 
reux , &r il dépeuplerait la mer & les 
rivières fans la difficulté qu'il a de 
pouvoir mordre ce qu'il pourfuit. Le 
mouvement qu'il fait , quoique très- 
vif, donne le temps de s'échappera 
ce qu'il pourfuit, C'elt ce moment 
que les Nègres prennent pour le per- 
cer lorfqu'ils le voyent à portée de fe 
pouvoir lancer fur eux en fe tournant , 
ils plongent fous lui Se lui fendent le 
ventre en paffantdeifous. Toute forte 
de chair l'accommode : il femble pour- 
tant que celle de l'homme blanc l'at- 
tire moins que celle d'un Nègre , & 
celle-ci moins que celle d'un Chien. 
Il ne faut pas beaucoup d'adreflepour 
prendre ce poifTon. Comme if eft ex- 
trêmement goulu , il fe jette avide- 
ment fur tout ce qu'on lui prefente. 
Ordinairement c'eft un gros hameçon 
couvert d'une pièce de lard attachée 
à une bonne chaîne de fer. Sans cette 
précaution il couperoit l'amarre de 
l'hameçon. Lorfqu'il n'eft pas preffé 
de la faim , il s'approche de Pappas , 
l'examine , tourne autour , femble le 
négliger apparemment à caufe de la 
corde ou de la chaîne qui y font jointes; 
Il s'en éloigne un peu , &puis revient 
quelquefois , il fe met en devoir d'en<- 
gloutir l'appas , & il le quitte. Lorf- 
qu'on a pris affez de plaifir à voir 
toutes fes démarches , on tire la corde 
&. on. fait fembkku de vouloir retirer 



R E Q 

l'appas hors de l'eau , fbn appétit fe 
réveille; alors tout de - bon il fejette- 
goulûment fur le lard 8c l'avale. Mais 
comme il fè fent pris & retenu par 
la chaîne , c'eR un nouveau divertif- 
fement de voir tous les mouvemcng 
qu'il fe donne pour fe décrocher : il 
fait jouer fes mâchoires pour couper 
la chaîne , il tire de toutes fes forces 
pour arracher la corde qui le tient at- 
taché ; quelquefois il fe iance en avant 
Se fait des bonds furieux. Labat dit 
en avoir vu qui vouloient vomir ce 
qu'ils avoient pris , & qui fembloient 
aller mettre toutes leurs entrailles de- 
hors par la gueule. On le laiffe fe 
débattre pendant quelque temps , puis 
on tire la corde , & lorfqu'on lui a 
mis la tête hors de l'eau , on gliffe 
une autre corde avec un noeud cou- 
lant qu'on lui fait couler jufqu'à la. 
naiffance de la queue où on la ferre. 
Il eit aifé alors de le lever dans le bâ- 
timent ou de le tirer à terre , où on> 
achevé de le tuer. 11 n'y a point d'a- 
nimal plus difficile à faire mourir; car 
apres l'avoir coupé en pièces-, on voit 
encore remuer toutes fes- parties. La 
femelle du Requin eft vivipare; fa ma- 
trice reffemble à celle de la Chienne,, 
& fes autres parties à celles des poif- 
fons. 

Les Requins , commeon l'a dit, font 
très-voraces. On rapporte en preuve 
qu'en 1744. un Matelot Provençal fe 
baignant dans la mer Méditerranée 
près d'Antibes, s'apperçut qu'un Re- 
quin nageoit au-deffous de lui , & ob- 
fervant que ce poifTon faifoit le même 
chemin que lui', il fit en forte de fe 
rapprocher du vaûTeau d'où il étoi't 
forti , pour implorer le fecours de fes 
Compagnons, afin de fe tirer de l'em- 
barras où il fe trouvoit; mais auffi-tôt 
fes Confrères voyant le danger où.; 
étoit ce malheureux lui jerterent une 
corde, avec laquelle il s'attacha au— 
deffous des bras , Se ils l'enlevèrent r: 
le Requin alors s'élança hors de l'eau 
lui emporta une jamt>&. 



REQ 

Le Requin eft ordinairement accom- 
pagné d'une efpece de poifïbns de la 
grofteur de la Sardine , mais d'une 
forme plus ronde, qui marchent devant 
lui fans en recevoir de mal: on les a 
nommés Pilotes , Se plufieurs Écrivains 
remarquent qu'en prenant un Requin 
on lui trouve fbuvent quelques-uns 
de ces petits animaux attachés au dos. 
Ils s'approchent familièrement du 
monftre , Se l'on fuppofe que fervant 
à lui faire trouver fa proie , & à l'a- 
vertir des dangers qui le menacent , ils 
en reçoivent pour récompenfe des ali- 
mens Se de la protection. On y trouve 
quelquefois le Rémora , que les Fran- 
çois nomment Street , ou Arrête-Nef. 
Voyez SUCET, 

On trouve dans les mers du Cap 
de Bonne-Efpérance deux fortes de 
Requins , que les Européens appellent 
Hayes. La première eft de douze à feize 
pieds de long. Ses dents , dont il a trois 
rangées font crochues , fortes , & 
pointues : il a deux nageoires fur le 
dos , l'une près de la tête , l'autre a 
la diftance d'environ deux pieds de la 
queue , & fous le ventre il y en a 
quatre autres fituées de la même ma- 
nière , entre lefquelles eft une fente 
près de fa queue. Il a la peau rude 8c 
dure, quoique fans écailles; d'autres 
petits poiftons montent fur lui Se le 
fiicent. 

La féconde efpece de Requins a la 
tête & le dos beaucoup plus larges , 
Se diffère encore plus par les dents dont 
il a fix rangées. Sa peau eft auiïi rude 
qu'une lime. Sa queue fe termine en 
eroiffant. Un Requin médiocre de cette 
efpece eft tout ce que deux Chevaux 
peuvent tirer. Kolbe eft perfuadé 
que ce fut un Requin plutôt qu'une 
Baleine qui engloutit le Prophète 

J O N A S. 

M. AnderS'O n ( Hift. Nat. 
'd'iflande , p, 216.) dit que le Requin 
qu'il nomme en Latin Canis carcha- 
rias , Galea , eft allez fréquent fur les 
■cotes de l'Iflande j mais on n'en pread 



REQ 6Z$ 

que la plus grande efpece pour en tirer 
la graiffe & le foie. Il nomme cette 
grande efpece en Latin Canif carcha- 
rias , Lamia , ou Tihuronus. Ce poif- 
fon mord mieux à l'hameçon pendant' 
la nuit ; c'eft pourquoi on le prend 
vers Noël , lorfque les nuits font les 
plus longues. On attache l'amorce 
avec l'hameçon à une chaîne , qui a 
deux aunes de long , pour empêcher 
qu'il ne coupe la ligne avec les dents. 
Ce poiiTon a un foie énorme , dont un' 
feul donne une livre de Thran , ou 
d'huile. Son ovaire eft auffi fort grand , 
& les Norvégiens en font de bonnes 
omelettes , qu'ils appellent Haak'ize. 
Sa graifle a la qualité finguliere de^fe' 
conferver long- temps , Se de durcir en : - 
fe féchant comme le lard de Cochon. 
Aufii les Hkndois s'en fervent à la 
place du lard , & la mangent avec' 
l;ur Stocfifch s mais ordinairement on' 
la fait bouillir pour en tirer de l'huile,< 
Le foie de ce poiiTon eft d'une grof-- 
feur fi énorme , qu'un feul fuffit pour 
remplir un petit tonneau de plufieurs 
pintes. Martin ( Defcript. des Ijles 
Occident, de l'Europe , p. 385'. ) remar- 
que qu'un feul foie _d'urt gros Requin 
donne une pinte d'Écoffe d'huile ; ce' 
qui en fait quatre mefures d'Angle- 
terre. On fait bouillir le foie dans un' 
pot à moitié rempli d'eau , & à me- 
fure qu'il bout', on en ôte fucceffive- 
ment l'huile qui fumage , & on la ferre 
dans des tonneaux. On coupe la chair 
du bas-ventre de ce poiffon en tran- 
ches fort minces , qu'on lauTe fécher 
en les tenant fufpendues pendant un 
an & d'avantage , jufqu'd ce que toute 
la graine en foit dégouttée 5 & un fa- 
meux Négociant de Coppenhague , 
qui avoit fait plufieurs fois le voyage 
de l'Iflande , a afTuré PAuteur que 
ces tranches préparées d'une certaine 
façon , ont prefque le goût du palais 
de Bœuf, accommodé de même. 

On compte le Requin parmi les poï£ 
fons cétacées improprement dits , à 
raifon' de- fa' grandeurv&. parcequ*ill 



eu REQ 

fait fes petits vivans. BeloN dît avoir 
vu une femelle faire onze petits à la 
fois , non enveloppés de tuniques , mais 
attachés feulement par un cordon om- 
bilical à la matrice de la mere. he Re- 
quin fournit peu de parties d'ufage en 
Médecine. On mange fa chair , quand 
on n'a rien de meilleur: en effet elle 
eft dure , coriace , maigre , gluante , 
fade , de mauvais goût Se très-difficile 
à digérer. Il n'y a gueres que Pefto- 
mac des Matelots qui puifie s'en ac- 
commoder. La feule partie fupporta- 
ble eft le ventre , qu'on fait mariner 
l'efpace de vingt-quatre heures , & 
bouillir à l'eau , pour le manger avec 
l'huile. Si l'on prend une femelle avec 
quelques petits dans le ventre ,on fe 
hâte de les en tirer, Se les ayant fait 
dégorger dans l'eau fraîche pendant 
lin jour eu deux , on trouve leur chair 
aflez bonne. Nos Matelots Européens 
s'en accommodent volontiers dans le 
befoin. C'eft de tous les poiflbns celui 
que les Nègres aiment le mieux & 
qu'ils mangent le plus fouvent. Les Na- 
vigateurs n'en mangent prefque ja- 
mais , pareequ'ils trouvent fa chair 
trop dure ; mais les Nègres favent 
remédier à ce défaut , en la gardant 
huit ou dix jours , c'eft-à-dire jufqu'à 
ce qu'elle foit puante de corruption , 
après quoi ils la regardent comme un 
mets fort délicieux : aufli s'en fait-il 
un commerce très - confidérable dans 
la Guinée, 8c notamment lur la côte 
d'Or. 

On trouve dans la tête de ce poififon 
quelques onces de cervelle très-blan- 
che , laquelle étant féchée Se mife en 
poudre , eft fort apéritive , propre 
peur h colique , pour la gravelle Se 
pour faciliter l'accouchement. La do- 
fc en eft depuis douze grains jufqu'à 
un gros , dans un verre de vin blanc. 
On affûte que cette même cervelle , 
jrotle au feu , devient aufli dure qu'une 
pierre. Les dents du Requin réduites en 
poudre fubtile, font regardées comme 
alcalines & aj éritives. On les recom- 



R E S R E T 

mande contre la pierre , Se pour arrê- 
ter le cours de ventre Se les hémorrha- 
gies. La dofe en eft depuis un demi- 
fcrupule jufqu'à deux fcrupules. On 
enchâffe ces dents dans de l'argent , 
pour en faire des hochets , dont les 
enfans fe, fervent , pour aider leurs 
dents à percer. Rondelet dit qu'on 
en prépare d'exce liens dentifrices » 
propres à blanchir les dents & à les 
affermir. 

Sa peau eft d'uiâge cirez plufieurs 
Artifans, qui i'employent pour cou- 
vrir des étuis de lunettes & pour d'au- 
tres ouvrages. Enfin l'huile du Requin 
fournit une huile bonne à brûler. On 
a reconnu que les dents qu'on nous 
apporte de Malte , fous le nom de 
langues de Serpens ou de Glojfop êtres , 
font des dents de ce Chien de mer , 
ou d'autres grands poiffons , qui ont 
été poufieespar les flots vers cette lfle„ 
puis enterrées dans le rivage , Se pé- 
trifiées dans la terre par le long féjour 
qu'elles y font. Voyez fur le Requin 
les Auteurs cités au commencement 
de cet article. 

R E S 

RESSORT, ou LE MARÉ- 
CHAL, en Latin Elater, genre de 
Scarabée, dont parle M. Linn^us , 
Fauna Suec. p. 184. n. 57. 

R E T 

RETAN, Coquillage operculé, 
du genre du Sabot , figuré Planche XII. 
n. 10. de VHifloire des Coquillages du 
Sénégal , par M.Adansoh. On le 
trouve aux environs du Cap Manuel. 
Sa coquille , dit l'Auteur, a la même 
forme Se aufli la même grandeur 
que la première efpece du genre fuf- 
dit , qu'il nomme O fil in s mais elle 
eft un peu plus épaiffe. Ses (pires font 
moins renflées , peu distinguées Se 
chagrinées de boutons à -peu -près 
égaux, rangés fur plufieurs lignes, & 
qui tournent avec elies. Il y a ^'ingt 
de ces rangs dar.d la première fpire } 



R E V 

fix dans la féconde , Se trois feulement 
dans la troifieme. Le fomraet eft un 
peu plus court que l'ouverture , & de 
moitié plus large que long. La lèvre 
gauche de l'ouverture a une grotte Se 
longue dent cylindrique vers le haut , 
Se la droite porte au-dedans , comme 
une féconde lame féparée de celle du 
dehors par un profond fdlon & relevée 
de dix canelures , qui tournent en en- 
trant en dedans. Elle eft nacrée , fort 
blanche au-dedans , & de couleur de 
chair au-dehors. Ses tubercules font 
alternativement verdâtres & couleur 
de chair. 

M. A dans on range fous le nom 
de Retan , le Trocbus variegatus , ore 
dentato , fafciis nodofîs circitmdatus , 
de L i s t e r , Hifl. Concbyl. Tab. 645 . 

fis- 37 1 

La Cochlea Trochifarmis , bajî um- 
hilicata , & infigniter dentato. , & ru~ 
gofa, in dorfo minutifflmis globulis per 
feriem difpofttis undcquaqite circumda- 
ta , quorum un a Vmea purpureum coiorem 
ejlentat ; in altéra linea globulus iinus 
eft nigerrimus > alter candidiffimm ,. & 
fie alternatim ïft& linea ad apicem ufque 
mucronis eleganttffimè procédant , de 
Gualtieri , Lnd. Tab. & pag. <5j. 

fig- B - 

Et enfin le Trocho-Cachlea intégra , 
variegata , ore dentato , faf ~iis granu- 
latis , de M. K l e i n , Tent. p. 4a. 
jpec. 1. n. 3. 

RE V 

REVERSU S : Les Indiens , dît 
Gesner (de Aqaat. p. d'après 
Rondelet ( L. XV. c 16. p. 3 3 3- >; 
donnent ce nom à un beau poillon ,qui 
a la docilité de l'Éléphant. Il entend 
ceux qui lui parlent. Il eft de la lon- 
gueur de la main , & il eft couvert 
d'écaillés ridées. Ses nageoires font 
pointues. La chair en eft bonne, & il 

* Le Rhenne eft nommé en Grec ftr«/Afc<P*î ; 
en Latin Rangifer. 11 eft appelle en Allemand 
Rein , ou Reen , ou Reymr , ou Reenflhter ; 
en Polonois , Renjcheron ; en Suédois , Rhen. 



R H E 6-87 

fért aux Indiens pour prendre d'autres 
poilïbns. 

R H E 

RHENNE , RENNE , ou 
RANTHIER * ; Cet animal, qui eft 
du genre des Cerfs , fe voit dans- la 
Laponie ; il eft mis dans l'ordre des Pc--' 
cora par M. L 1 n n # u s ( Fauna Suec. 
p. 14. ». 39. ). Il le nomme Cervus 
cornibus ramofis teretibus , fummitati-- 
bus palmatis. B eft chez IVÏ. Brisson 
la huitième efpece du genre des Cerfs : 
il la nomme ( p. 92. ) Cervus cormtum 
fummitatibus omnibus palmatis ; 8c M,. 
Klein l'a placé dans la famille des 
Dichelons,& fous le nom générique 
de Cervus. Il en parle (p. 23.) après' 
le Cervus nobilis. C'eft le Rangifer de 
Gesner ( Quad. p. 130.), le Ta- 
ravdus d'A ldrovande ( Bifide 
p- 859.), le Cervus Palmœtus , le Cer- 
vus mirabilis , le Tragelapbus , 8c 
Y Hippelaphus de Jonston( Quad. 
p. 34. 36. & 37 ).Le MufisumOlea- 
rium (p. 16. t. 10. f. 3.) en pa'-le fous 
le nom de Rangifer ; Raï ( Symp,- 
A-nim. Quad. p. 88. ) fous celui de 
Cervus Rangifer ,&Charletoh 
(Onom. 9 ) fous celui de Rangifer Sis, 
de Tarandits. ■ 

Cet animal eft le principal bétail 
des habitans de la Lapon e : il rumine 
comme tous les autres animaux de 
fpn genre , quoiqu'en dife Schesser, 
Ecrivain de la Laponie. Ce Quadru- 
pède eft à-peu-pàs de la grandeur 
Se de la figure du Cerf; mais tousfes 
membres font plus déliés. Ses cornes 
font grandes Se branchues , rondes près 
de la tête , & toutes leurs extrémités 
font en palmes terminées par des poin- 
tes. La couleur de fon poil eft grife ; 
elle change cependant félon les faifons. 
Les femelles de cette efpece ont des 
cornes , mais elles font plus petites 

Ce même animal eft no'-mé en Norvvd- 
geois Reirten , ou Reinodttur , (êloïi W o 
hics; chez les Lapons , liéen ; chez les 
Anglois , Rain-Deer. 



î583 R H E 

que celles des mâles. Voilà en abrégé 
l'hiftoire naturelle du Rhenne. Mais 
entrons dans un plus grand détail. 

C'eft un animal commun dans la 
Laponie , & dans tous les pays du 
Nord : il reffemble au Cerf, excepté 
qu'il eft plus grand & plus gros , Se 
que fon bois a plus d'andouiliers,: il 
a deux cornes qui vont en arrière , 
Se il en fort au milieu une branche 
plus petite , mais qui elt partagée ainfi 
que le bois d'un Cerf en divers an- 
douillers : elle eft tournée fur le de- 
vant , Se àcaufe de cette fituation elle 
peut paffer pour une troifieme corne. 
C'eft ce qui a fait dire à Gesn e r. 
-& à Jonston que le Rhenne avoir trois 
cornes 5 mais ils fe font trompés. Il 
arrive fort fouvent que chacune des 
deux grandes cornes pouffe une bran- 
che , Se qu'ainfi il paroît jufqu'à qua- 
tre cornes , deux en arrière comme aux 
Cerfs , & deux en devant ; ce qui eft 
particulier aux R bennes. Les mâles , 
comme on l'a dit, les ont grandes Se 
larges Se avec beaucoup de branches ■ 
■les femelles les ont plus petites , Se 
avec moins de rameaux. Ces cornes 
font d'ordinaire couvertes d'une forte 
de duvet. Cela arrive ordinairement 
lorfqu'elles renaiiTent après que les 
premières font tombées j car quand 
elles pouffent au printemps, elles font 
tendres , velues , pleines de làng au- 
dedans : & quand elles ont acquis leur 
naturelle grandeur , le poil leur tombe 
en automne. 

Cet animai a les pieds fcmblables 
à ceux des Bufles , plus courts que 
ceux du Cerf beaucoupplus gros : 
il a naturellement la corne du pied 
fendue , comme une Vache ; ,Se de 
quelque manière qu'il marche , foie 
qu'il aille lentement ou qu'il courre, 
les jointures de les jambes font autant 
de bruit que des cailloux qui tombe- 
roient l'un fur l'autre , ou deî Noix 
qu'on cafferoit ; de forte que ce bruit 
détend lorfque l'on commence à dé- 
couvrir la bête. Sa couleur diiiere de 



R H E 

celle des Cerfs en ce qu'elle tire plus 
fur le gris cendré , Se outre cela les 
Rhennes ont non-feulement le poil de 
deffbus le ventre, blanc; mais encore 
celui des côtés Se des épaules, Ils ont 
des poils alTez longs Se qui pendent 
fur le col , lefquejs font tout-à-fait 
fembiables à ceux des Boucs , Se des 
Chèvres. Au lieu de la veffie du fiel 
ils ont feulement un petit conduit ou 
filet noir dans le foie , dont l'amer- 
tume n'approche point du fiel. Le 
Rhenne eft farouche de fa nature , Se 
M y en a une très- grande quantité de 
fauvages par toute la Laponie. Mais 
les habïtans ont trouvé le moyen de 
l'apprivoifer. Celui qui provient d'une 
Rhsnne privée eft privé de même, Se 
on en voit plufieurs grands trou- 
peaux. 

Il y en a une troifieme efpece quï 
provient de toutes les deux, 8e qui 
tient le milieu entre le fauvage Se le 
domeftique. 

Quand les Lapons veulent prendre 
des Rhennes fauvages , ils leur pré- 
fententdans les bois des femelles pri- 
vées lorfqu'elles font en chaleur, c'eft- 
à-dire vers la fin de Septembre , 8e: 
quelquefois il arrive que ces femelles 
retiennent & mettent .bas cette troi- 
fieme efpece de Rhennes , qui étant 
plus grands Se plus forts que les au- 
tres , font auffi plus propres à mener 
le traîneau. Ceux-là retiennent tou- 
jours quelque chofe de leur férocité , 
Se font quelquefois rétifs Se fantafques; 
en lorte qu'ils fe ruent fur celui qui 
eft dans le traîneau. L'unique moyen 
qu'on a de s'en garantir eft de ren- 
verferle traîneau &de fe tenir à cou- 
vert deiïbus , jusqu'à ce que la colère 
de cet animal foit pafTée ; car il eft fi 
fort qu'on ne te fauroit dompter à force 
de coups. 

Les Rhennes femelles portent qua- 
rante femaines Se mettent bas dans le 
mois de Mai ; elles ne portent cha- 
cune qu'un Faon à la fois , Se il y en 
a fort peu de ftériîes, .Celles-ci ont la 

chair 



R H E 

chair fort fucculente dans l'automne , 
comme fi on les avoir engraiffées ex- 
près : auflï on les tue d'ordinaire dans 
cette faifon. Celles qui ont mis bas 
demeurent au milieu des champs , où 
elles nourriflent leurs petits de leur 
propre lait , fans fe retirer fous aucun, 
toit , Se fans que le grand nombre qu'il 
y en a empêche chaque petit de fuîvre 
i'amere , qu'il reconnoît môme au bout 
de deux ou trois ans , comme il en eft 
parfaitement reconnu. Lorfqu'ils font 
devenus un peu plus grands , ils fe 
nourriffent de Gramen , de feuilles , Se 
d'autres herbages qu'ils trouvent fur 
les montagnes. La couleur de leur 
poil eft premièrement d'un jaune Se 
d'un roux mêlés , & rouge âtre en quel- 
que forte. Ce poïl étant tombé , il leur 
en revient un autre tirant fur le noir. 
Le Rhexne âgé de quatre ans ell dans 
fa jufte grandeur : fi -tôt qu'il eft dans 
fa force on le dompte Se on le dreffe 
au travail. On apprend aux uns à traîner 
les traîneaux à la courfe Se en polie , 
& aux autres à tirer des charges. 

Les Lapons ont coutume de couper 
tous ceux dont ils doivent fe fervir 
pour travailler, afin qu'ils foientplus 
traitables. Ce qu'ils font avec les dents 
lorfqu'ils ont un an , affoibliifant Se bri- 
fantpar la morfure tous les nerfs qui 
font autour des génitoires , fans quoi ils 
feroîent féroces Se difficiles à manier. 
Ainfi pour une centaine de femelles,on 
ne garde qu'un très-petit nombre de 
mâles. Les femelles fournilfent au La- 
pon du lait , du fromage , Si des petits. 
Les hommes Se les femmes les traient 
indifféremment , Se feulement une fois 
par jour fur les deux ou trois heures 
après midï. Le lait qui leur revient juf- 
qu'au lendemain matin eft deftiné pour 
la nourriture de leurs petits. Les fe- 
melles qui ont des petits ont plus de lait 
que celles dont les petits font morts, ou 
onté:é tués. Ce lait eftgros Se épais com- 
me s'il avoit été mêlé avec des œufs , 
& par conféquent fort nourrifTant, Les 
Lapons en vivent , Se ils font d'aiTez 
Tome III. 



R H E 

bons fromages de celui qu'ils ne font 
pas cuire. 

Les utilités qu'ils tirent de ces ani- 
maux, les obligent d'en avoir grand 
foin , de les garder nuit 8c jour l'hi- 
ver Se l'été , Se de les mener paître en 
des lieux fort fûrs de crainte qu'ils ne 
s'écartent , ou que les bêtes fauvages 
ne les infultent. On les diftîngue avec 
quelque marque particulière , afin que 
s'ils s'égarent , ou qu'on les retrouve 
bien loin mêlés avec les autres , on 
les piiiife reconnoître. Ces marques fe 
gravent fur les cornes ; mais pareeque 
les cornes leur tombent , elles fe font 
auffi aux oreilles ; de forte qu'il eft 
fouvent arrivé à des Lapons de pren- 
dre des Rhermes fauvages qu'ils trou- 
voient avoir leur marque. Ils fe fer- 
vent dépare aux lieux qui font voifins 
des forêts , où ils renferment une ef- 
pace convenable par le moyen des 
bâtons fort longs Se fort gros qu'ils 
mettent autour fur de petites four- 
ches. Ces parcs ont deux portes , l'une 
eftdeftinée à y faire entreries Rhennes, 
Se l'autre à les en faire fortir pour 
les mener paître. Leur pâture en été 
confifte en des herbes excellentes qu'ils 
trouvent dans les vallées. Ils mangent 
aufli des feuilles tendres , qui font 
épaiiTes Se graifes , 8c de petits arbrif- 
fçaux qui naiflent fur les coteaux des 
montagnes de Norvège ; ils ne brou- 
tent jamais de joncs, ni aucune herbe 
qui toit dure Se rude. En tout autre 
temps ils fe nourriffent d'une efpece 
très-particulière de moufle blanche , 
qui croît en très-grande quantité fur 
les montagnes Se dans les bois de la 
Laponie. Lorfquela terre eft couverte 
de neîge fort haute , cet animal par 
un înftinft naturel fait un trou avec 
le pied , Se ayant découvert un peu 
de terrein , il mange la moufle qu'il 
y trouve. Quoiqu'il ne mange en hî* 
ver que de cette moufle Se fort abon- 
damment, il eft néanmoins plus gras, 
plus net , Se couvert de plus beau poil , 
que quand il mange en été les rneit- 
Sfff 



<5oo RHE R H I 

kures herbes. Ce qui eft caufe que les tendres & molles , ( car elles font bien 

Rhennes font plus gras & fe portent plus grandes , Se bien plus dures dans 

mieux en automne Se en hiver , c'eft les vieux } ; & on lit dans le Terne IV. 

qu'ils ne peuvent nullement fouffrir de la Partie Etrangère des Collections 

le chaud , de manière qu'en été ils Académiques , p. 2,19. & fumantes, 

n'ont que les nerfs , la peau Se les os, la diflection du Rhenne ou Ranthier de 

Ils font tous les ans attaqués d'un mal Norvège , par Thomas Bartholin, 

qui leur vient après le mois de Mars, tirée des Ailes de Coppenhague , années 

Ce font des Vers qui s'engendrent dans 1671. & lôyr. Obf. 135. Confultez 

leur dos, & en fortent aufli-tôt qu'ils auffi la Planche X. de ce quatrième, 

ont pris vie. Si on tue un Rhenne dans Volume des Collections Académiques. 

ce temps-là, la peau fe trouve toute La Figure 1. repréfente les inteftins 

remplie de petits trous , percée comme du Rhenne en fituation; la Fig. 2. une 

un crible, & n'eft préfque plus pro- partie des inteftins ; la Fig. 3.1esmuf- 

pre à rien. Les Rhennes vivent rare- clés des yeux; aaaa les quatre muf- 

mentplus de treize ans. On tient qu'ils des droits; bb les deux mufcles obli- 

meurent quand on les tire des pays où ques j cccc les quatre mufcles fitués 

ils font nés. entre les mufcles droits & le nerfop- 

ïl eft incertain fi les Grecs & les tique dans l'endroit qui répond aux 

Latins ont connu cet animal , qui fe interfaces des mufcles droits. -Au lieu 

trouve , comme on l'a déjà dit , dans le de ces mufcles, dans les autres Qua- 

Nord du côté du Pôle Aréb'que , dans drupedes , il fe trouve un feptïeme 

la Norvège & dans la Suéde. Il y mufeie ; d. le nerf optique : la Fig. 4. 

en a qui croient, dit Gesner , que les extrémités poftérieures des mufcles 

c'eft le Machlin de Pline. Mais le droits qui concourent en un feul ten- 

Machlin Se ï'Alcé font le même ani- don fait en forme de croix : la Fig. 5,. 

mal, repréfente le pied de derrière du Rfeen- 

On trouve dans le Nord de l'A- ne. La ftruthire de ce pied eft remar- 

raérique une efpece de Rhenne , con- quable , tant à caufe des différentes 

nue fous le nom d'Orignal. Voyez ce poulies des mufcles , que par rapport 

mot. à leur infertion. On remarque dans 

Les Rhennes qui font fort communs les difterens animaux , qu'elle eft d'au- 

dans la Laponie Se dans la Norvège , tant plus éloignée du centre du mou- 

ne paroiffent point dans le Danne- vement que l'animal a plus de vîtefle 

marck , où il eft très-difficile d'en con- Se de légèreté. 

ferver. Il eft même très-rare qu'on en A la Planche XI. du même Ou- 

emmene dans ce pays. Thomas vrage , Fig. 2. & 3. on voiries cornes 

Bartholin, dit que M. Gris- du jeune Rhenne ; Fig. 4. le cervelet 

soNFELDena nonrri deux pendant diiféqué j Fig{$. la glande rénale ou- 

quelque temps dans fa ménagerie , l'un verte. 

mâle & l'autre femelle ; mais ces ani- R H I 

maux ne pouvant s'aecoutumer à l'air 

du climat, moururent de langueur. Il RHIN O BATE , du mot Grec 

en fit préfent à l'Amphithéâtre de Cop- Pjy«€«*o< , efpece de Raie , dont parle 

penhague. Ils étoient encore fort jeu- Aristote. Voyez RAIE, 

nes.commeonenjugeaparleurscornes RHINOCEROS*: Le carac- 



* Cet animal eft nommé en Hébreu Rem, 
ou Réem , félon Gesner; en Chaldéen , 
on 1 appelle Haras , QU Karafch , félon le 
même Auteur - y en Crée PhtHiftf j en Per- 



faii Elk?r-Kedom, <ln M. Klein; en Polo- 
nois hozorozec , & Zebati ' ; en Suédois En- 
hoerning. feion M. L 1 s n /eus. On ie nom- 
me au Cap de Bonne-Efpéraaçe Tuab&a, §i- 



R H î 

tere de ce genre d'anîmal , dît M. 
.Buisson , p, ï 1 3. eft d'avoir à chaque 
mâchoire deux dents incifives , très- 
éloignées l'une de l'autre ; trois doigts 
ongulés à chaque pied , Se une corne 
fur le nez, La partie antérieure de cha- 
cune de fes mâchoires eft en quelque 
façon applatie , ou plutôt comme cou - 
pée quarrément, & chacune des dents 
Incifives eft placée à -peu-près dans un 
des angles formés par le devant des 
mâchoires & leurs côtés. Le Rhinocéros 
n'a point de dents canines , mais il a 
à chaque mâchoire; douze dents mo- 
laires , fix de chaque côté. M. Li K- 
Niîus ( Syjl. Nat. tudit. 6. g. 2 5 . ) le 
place dans i'ordre des Jummtu , £< le 
nomme Rhinocéros cornu unico , conico. 
M. Klein ( Difp. Qftaé p.zô.) en 
compofe la troilîcme famille de fes 
Quadrupèdes , qu'il nomme Trichcloris. 
Le Rhinocéros pafîe pour le plus curieux 
Se le plus grand de tous les animaux 
après l'Eléphant. Le Rhinocéros , dit 
M. Brisson , a depuis la partie 
fupérieure du dos jufqu'à terre environ 
fix pieds, Se depuis le bout du mufeau 
jufqu'à la queue , environ douze pieds. 
Le tour de fon corps eft égal à fa lon- 
gueur. Il a la tête oblongue , les yeux 
petits & les oreilles femblables à celles 
d'un Cochon. Sa lèvre fupérieure , 
qu'il peut étendre Se retirer à volonté, 
eft beaucoup plus longue que l'infé- 
rieure & pointue. Cet animal porte 
line corne fur le nez. Quelques Au- 
teurs prétendent qu'il en a quelquefois 
deux. Sa queue eft longue de deux 
pieds. Sa peau eft d'un gris prelque 
noir , tr t s- raboteufe , avec des plis 
confidérables au col , fur le dos , aux 
côtés Se. aux jambes. Il n'a de poils 
qu'aux oreilles & à la queue. On le 
trouve dans les déferts de l'Afrique , 
& dans les Royaumes de Bengale & 
de Patane en Afie. Plufieurs Auteurs 
ont pris le Rem, ou Réem de l'Écri- 

tJabba ; chez les Indiens , Sanàa Benamet Se 
Gomda ; à Java, Abaàa Se Ncernbj ; en Ita- 
lien, iihinocaoïe ; en François, Porte-Corne. 



R H I cmji 

ture Sainte pour le Rhinocéros, Voyez 
au mot R E M, 

B y a quelque différence entre le 
Rhinocéros des Indes Se celui du Cap 
de Bonne -Efpérance , comme je le 
ferai voit plus bas. Agatarchides 
de Gnide , dit M. La d v o c a t , dans 
fa Lettre fur le Rhinocéros , eft le pre- 
mier qui ait donné la defeription de 
cet animal. Cet Auteur vivoit fous 
PtolomëePhilometor, envi- 
ron cent quatre-vingts ans avant Jesus- 
Chiisit : enfuke Diodore de 
Sicile , P l 1 ne .Artemidore, 

S T R A B O N , ÉLIEN .PaUSANIAS, 

Oppien, Martial, Philé, 
Solin, le Moine Cosme , Égyptien, 
Se un grand nombre d'autres en ont 
parlé. Artemidore, dans Strabon , 
Lib.XVL. allure en avoir vu: auffi fa 
defeription eft -elle plus exacte que 
celle des autres. A l'égard d'ARiSTOTE 
il eft conftanc qu'il n'a point connu le 
Rhinocéros , autrement il n'auroit pas 
manqué d'en parler dans fon Hifioire 
des Animaux , où il n'en dit rien. Les 
Modernes qui ont le mieux traité du 
Rhinocéros , font Bochahd , Gretser , 
Bontius, le Continuateur cI'Aldro- 
vande, Chardin & Ruysch; mais 
tous ces Auteurs , anciens Se modernes , 
félon que le marque la Lettre fur le 
Rhinocéros , ont fait un grand nombre 
de fautes dans la defeription de cet 
animal, ce qui vient de ce que la plu- 
part ne l'avoient pas vu , Se que ceux 
qui l'avoient vu , n'y ont point apporté 
aifez d'exactitude : de-la iont nées ces 
fables qu'on lit dans leurs écrits! De ce 
nombre eft celle que débitoient encore 
ceux qui montroient le Rhinocéros à 
Paris en 1748. ..Quand le Rhinocéros , 
difoient-ils , boit dans une rivière ou 
dans une fontaine , les autres animaux 
d'alentour n'ofent en approcher par 
rëfpeél , jufqu'à ce qu'il ait bu. Ce 
conte eft pris d'A lkazUin, Auteur 

Le nom du Uhïnoceroi a été fait du Grec 
fît, fVïtî t -,;afns % nez, & de xt'r»t , cornu , 



Arabe , quï ajoute que quanti le Rhi- 
nocéros s'eft emparé d'un endroit , les 
autres animaux par la crainte qu'ils 
en ont , n'ofent approcher de cent 
paranfages à la ronde , c'eft-à-dîre 
que le Rhinocéros , félon cette fable , 
occupe luifeul des Provinces entières. 

Temps où l'en a vu des Rhinocéros 
en Europe. 

Selon Dion (L.LI.) l'Empereur 
Auguste, après avok vaincu 
C lé o pâtre, fit paroître à Rome 
pour la première fois un Rhinocéros à 
îbn triomphe; mais Pline (L.VIII. 
c. 10.) , plus inftruit de l'Hiftoîre 
Romaine , affûte que ce fut le Grand 
Pompée, qui donna le premier au 
Peuple Romain le fpectacle du Rhino- 
céros. S o L i n confirme le récit de 
P l i k e. Avant les jeux de Pompée» 
dit-il, on n'avoit point encore vu de 
Rhinocéros aux ipe&acles des Romains, 
félon le rapport dePoLïSE, c. 43. 
Dans la fuite on en fit paroître Touvent 
dans le Cirque , comme le même Pline 
le témoigne , L. VU. c. 20. Le Peuple 
Romain prenait beaucoup de plaiftr 
à les confidérer , tantôt dans le temps 
qu'on ne les faifoit pas combattre , 
fpeclacle innocent & plus agréable aux 
perfonnes d'un caractère doux & hu- 
main , puifqu'il fe faifoit fans erfufion 
de fang , tantôt lorfqu'ils étoient aux 
prifes avec l'Éléphant , l'Ours ,1e Tau- 
reau , ou les Gladiateurs. Auguste, 
au rapport de Suétone ( in Augujt~o , 
c. 43. ), annonçoit fouvent de telles 
curiofités au Peuple. 

Sous le règne de D o m i t i e n , on 
en vit fouvent à Kbrne. On les faifoit 
battre avec le Taureau. Martial, 
témoin oculaire , dit qu'aucun animal 
ne combattoit dans l'arène avec plus 
de force & de férocité. Il affure que 
le Rhinocéros le voit un Taureau avec 
fa corne > comme un ballon à jouer. 
On voit par le même Poète que le 
Rhinocéros étoit très -lent à fe mettre 



R H î 

en colère ; mais que lorfqu'il étoît 
une fois enflammé , rien n'étoit plus 
terrible. Enfin il ajoute que le Rhino- 
céros enlevoit un Ours avec fes deux 
cornes Se le jettoit en l'aîr avec autant 
de facilité qu'un Taureau jetteroit un 
ballon qu'on lui auroit mis fur la tête. 
Les Commentateurs de Martial fe 
font mis l'efprit à la torture , pour 
expliquer cet endroit , & ils ont tous 
voulu changer quelque chofe au texte, 
par la raifon , difent-Hs , que le Rhi- 
nocéros mâle , C car c'eft de lui que 
parle le Poète), ne peut fe fervir de 
la corne qu'il a fur le dos. Mais en 
confidérant le Rhinocéros femelle qui 
étoit à Paris , on s'eft aiiement apper- 
çu que le Rhinocéros mâle , en tour- 
nant la tête vers fon épaule droite , 
peut ie fervir de fes deux cornes , & 
que c'eft même dans cette (kuation 
qu'il raffemble toutes fes forces , com- 
me fur un point d'appui. 

On vît encore des Rhinocéros fous 
Antoine le Pieux , fous Gordien 
& fous Éliogabale; mais depuis la 
décadence de l'Empire Romain , il n'en 
ert plus parlé , & il n'y a aucune ap- 
parence qu'il y en ait eu en Europe. 
Le premier, après cela , dont il eft fait 
mention , eft celui r qui combattit 3 
Liloonne contre un Éléphant en 1 5 1 5. 
fous le Roi Emmanuel. Depuis ce 
temps -là on en tranfporta encore quel- 
ques-uns en Portugal 8c en Efpagne. 
Enfin, on en fit voir un à Londres en 
1584. Se i62><). Se un autre , à ce que 
l'on dit,, il y a quelques années. MaÎ3 
il ne parolt pas qu'on en ait jamais 
mené en Allemagne ni en- France avant 
celui qu'on a vu à Paris en 1748. du 
moins l'Hiftoîre n'en parle pas. Nous 
ne croyons point non plus qu'on en 
ait jamais mené dans la Grèce ; car 
les Auteurs Grersn'auroient pas man- 
qué d'en parler. Au refte tous les Rhi- 
nocéros précédons étoient des Rhinocéros 
mâles. 

Tout ce que je viens de dire de 
cet animal eft du favant Auteur de 



R H I 

ia Lettre fur le Rhinocéros. Je vais d'à.' 
' près lui parler de la naiflance & de 
l'âge de cet animal , du pays où il naît , 
comment il fe nourrit , de fa corne 8c 
de fes vertus , de fon combat avec l'E- 
léphant , de fa chatte & de la manière 
de le prendre , & je finirai fon hiftoire 
par la defcrïption que K o l b e donne 
de celui du Cap de Bonne-Efpérance, 
qui diffère en quelque chofe du Rhino- 
céros des Indes. 

Defcription du Rhinocéros. 

Le Rhinocéros eft à-peu-près de la 
longueur de l'Éléphant , mais il eft 
moins gros & il a les jambes plus cour- 
tes. Celui que l'on a montré à Paris 
n'avoit qu'un pïed depuis les genoux 
jufqu'à terre, M. Ladvocat dit l'avoir 
mefuré les 7 & 8 Février 1 749^ La 
peau de cet animal, qui eft très-épaiffe, 
s'étend l'efpace de trois pieds depuis 
les oreilles jufques vers le commence- 
ment du dos : elle fe replie 8c fe rabat 
enfuîte des deux côtés du col , en for- 
me de capuchon applati , ce qui lui 
s fait donner par les Portugais le nom 
de Moine des Indes. Cette première 
peau fait à fon extrémité une efpece 
de bourrelet : elle defeend des deux 
côtés jufqu'au bas du ventre , & forme 
trois plis de chaque côté, qui fe joi- 
gnent les uns près des autres , 8c qui 
enveloppent les deux cuiflès antérieu- 
res de l'animal jufqu'aupres des ge- 
noux , comme fi c'étoient des bottes. 
Au-deflbus du col pend un autre cuir 
arrondi, très-épais, & long d'environ 
un pied , aflez femblable à la partie in- 
férieure d'un collier d'un Bœuf de 
charrue. Depuis les oreilles jufqu'au 
premier bourrelet il y a trois pieds. 

De deflous ce premier bourrelet , 
qui eft comparé à un baudrier , dans 
Straeon (Georg. L. XVL ), fort une 
peau , qui s'étend jufqu'à la croupe : 
elle eft fort épaifle , 8c reflemble à ces 
couvertures que l'on met fur le dos 
des Chevaux blettes : cette féconde 
peau s'étend auffi des deux cotés & 



R H 1 6*93 

forme à toutes fes extrémités un bour- 
relet très-dur. Elle a environ quatre 
pieds de longueur fur le dos , Se huit 
de largeur, c'eft-à-dire quatre pieds 
du côté du ventre. 

Sa queue prend naiflance un pied 
plus bas que la croupe , ou que l'ex- 
trémité du fécond bourrelet , appellé 
auffi baudrier dans Strabon, Elle a 
environ trois pieds de longueur; mais 
elle eft attachée au corps de l'animal 
jufqu'au fondement l'efpace de huit 
pouces. Elle eft aflez mince & com- 
pofée de plufieurs nœuds , tous fort 
près les uns des autres. Celle de la 
femelle s'emboëte en deux gros bour- 
relets de peau , qui font fort longs Se 
très-durs. 

La croupe du Rhinocéros eft tout-à- 
fait fmgttliere. Elle eft entourée de 
deux gros bourrelets , qui naiffent de 
chaque côté à l'extrémité de la fécon- 
de peau , 8c qui vont joindre la queue 
auprès du fondement : ainfi la croupe 
du Rhinocéros eft partagée en deux 
parties par la queue , ce qui forme 
comme un demi-cercle ou arc tendu 
d'environ trois pieds de circonférence» 
non compris la corde. Les deux cuiffes 
de derrière font auffi enveloppées juf- 
qu'auprès des genoux dans des efpeces 
de bottes à plufieurs plis. La peau du 
ventre n'eft qu'à dix-huit pouces de 
terre : elle fort de deffous les extré- 
mités de celle du dos , comme fi elle 
fortoit de deflous les extrémités d'une 
houfle de felle ; car les bourrelets ne 
font pas attachés au corps ; mais ils 
débordent d'un, de deux, & même en 
quelques endroits de trois & de quatre 
pouces. Elle eft mince 8c déliée , 8c n'a 
que deux pieds de largeur. Cela étoit 
néceflaire , pareequ'autrement la peau 
du Rhinocéros ne pouvant s'étendre , 
il lui feroit impoffible demander, Scia. 
femelle ne pourrait avoir de petits. 
D'un autre côté , fi elle avoit eu plus 
de largeur , elle feroit plus expofée 
aux traits 8c aux attaques de l'ennemi , 
n'étant point défendue par les peau» 



694 R H I 

dures qui enveloppent le refte du 
corps. 

La peau du Rhinocéros eft d'un gris 
brun : elle eft couverte par - tout , 
excepté à la tête & deffous le ventre , 
de durillons fort femblables à des bou- 
tons d'habits, élevés au-defïus de la 
peau d'environ une ligne. Les plus ap- 
pareils font ceux de la croupe Se du 
derrière. Les pieds font faits de trois 
fourchons , defquels celui du milieu 
eft de corne par le devant, 8c de du- 
rillons furie derrière : les deux autres 
font des griffes. Sa tête eft grotte Se 
reffembie affez à celle du Sanglier > 
excepté le mufeau, qui eft rond. Mais 
quand le Rhinocéros veut prendre quel- 
que chofepour le manger, il allonge 
la peau de fa mufeliere fupérieure , en 
forme de bec d'Aigle. La mufeliere 
inférieure à fept pouces de largeur. 
La bouche eft peu fendue : elle n'a 
environ qu'un demi -pied de chaque 
côté. Le Rhinocéros a quatre dents , 
femblables à de gros dez à jouer , deux 
en haut Se deux en bas , a fiez près des 
lèvres : mais au fond de la bouche il a 
plufieurs autres dents fi tranchantes , 
qu'elles coupent la paille Se les bran- 
ches d'arbres , comme Ci c'étoient des 
cifeaux. Ses yeux font petits à propor- 
tion de fa groifeur. Ils font vifs & de- 
viennent rouges fi peu qu'ils s'enflam- 
ment. D'un œil à l'autre il y a dix 
pouces. Chacun eft éloigné d'un pied 
de l'extrémité extérieure des narines , 
lefquelles font diftantes l'une de l'au- 
tre d'un demi-pied. Ses oreilles reffem- 
blent à celles de l'Âne , fi ce n'eft 
qu'elles font plus larges : elles ont 
onze pouces de hauteur. 

Sa langue n'eft point rude , nï cou- 
verte d'une membrane dentelée fem- 
blable à une lime , en forte qu'il écor- 
che ce qu'il veut lécher , comme l'ont 
aifuré plufieurs Naturaliftes. Bontius 
qui avoit vu un grand nombre de Rhi- 
nocéros eft tombé dans cette erreur. 
RuyscH {Tome II. p. 6f. ) dît le 
Contraire ; (cependant le Rhinocéros du 



R H I 

Cap de Bonne - Efpérance n'a pas la 
langue douce Se unie , comme celle du 
Rhinocéros d'Afie , mais rude Se épi- 
neufe comme une lime. ) Au contraire , 
dit M. Ladvocat , elle eft mince & 
déliée, comme celle du Chien, Se fi 
douce , qu'on croiroitpaffer la main fur 
le velours. C'eft ce que j'ai reconnu 
par ma propre expérience , lui ayant 
fait lécher ma main. Je l'ai vu , ajoute- 
t-il» auffi lécher le vifage d'un jeune 
homme du nombre de ceux qui eu 
avoient la garde. 

Quelques Naturaliftes ont avancé 
que le Rhinocéros avoit une bolfe fous 
le ventre , femblable à celle que le 
Chameau a fur le dos , mars cela n'eft 
pas véritable. Le deffous defon ventre 
eft uni comme celui du Taureau. Il 
n'a point de poils , fi ce n'eft tant foie 
peu aux extrémités des oreilles Se au 
bout de la queue. Celui que l'on a 
montré à Paris fut pefé à Studgard , 
dans le Duché de Wirtemberg , le 6 
Mai 1748. Si l'on en croit ceux qui 
le montroient , ilpefoit, dilbient- ils , 
cinq mille livres. 

Le Rhinocéros d'Afrique n'eft pas 
tout - à - fait femblable à celui des 
Indes Orientales. Cet animal , felen 
Kolbe ( Dejcription du Cap de Bonne- 
Efpérançe , Tom? III. p. 1 5. ), a les 
oreilles plus petites Se la corne ordi- 
nairement moins longue. Cette corne 
lui fert dans fa colère à déchirer la 
terre Se quelquefois à foulever de 
groffes pierres , qu'il jette en arrière 
par deffus fa tête , avec beaucoup de 
force. La femelle en Afrique comme 
en Afie a feulement une corne fur le 
nez. Le Rhinocéros mâle d'Afrique 
n'a point de corne fur le dos ; mais 
outre celle qu'il a fur le nez , fon front , 
dit Kolbe , eft armé d'una autre 
corne , qui n'a jamais plus de fix pou- 
ces de hauteur. Elle a la forme d'une 
moitié de jatte renverfée. Elle effc 
creufe Se préfente fur la tête une ef-. 
peee de dôme. 

Ofpien (L. IL v. 552. &fuiv.) 9 



R H I 

dans fort Pocme de la Cbajfe , dit que 
tous les Rhinocéros font mâles , qu'il 
n'y en a pas un feul de femelle , & qu'ils 
font à l'abri des panions de l'amour , 
des embarras des noces & de l'éduca- 
tion des enfans. Quelques Naturaliftes 
ont voulu prouver cette abfurditépar 
une autre abfurdïté. Ils s'imaginent 
que les Coquillages de la mer naifTent 
d'eux-mêmes, d'où ils concluent que 
le Rhinocéros peut auffi naître de lui- 
même de la terre ou des rochers. Ce 
ferok anurément une chofe merveil- 
leufe , comme le remarque M. La d- 
V o c a t , de voir un animal auflï gros 
que le Rhinocéros foitir de la terre com- 
me un Champignon. 

Naijfance & âge du Rhinocéros, 

Le Rhinocéros mâle eft conformé 
comme l'Eléphant Se le Chameau , qui 
font conformés tout autrement que le 
Cheval Se le Chien , dît Pline, 
L. X. c. ô" 3 . D a m i r , au rapport de 
Bochard ( Hieroz.. L. III. c. 16. 
Tome I. p. 9 3 5. ) , & Alkazuin, 
Auteurs Arabes , difent que le Rhino- 
céros femelle met bas fon petit après 
l'avoir porté trois ans , ( d'autres exem- 
plaires deDAMiR marquent fept ans); 
qu'elle ne commence à avoir des petits 
qu'à cinquante ans , & qu'elle vit fept 
cents ans. Ceux qui faifoient voir celle 
qui étoit à Paris atïïirolent que le Rhi- 
nocéros eft vingt-cinq ans à parvenir 
à fa grandeur naturelle , 8c qu'il vit 
cent cinquante ans. Ils ajouraient que 
l'animal qu'ils montraient étoit encore 
jeune ; qu'il n'avoit que dix ans , 8c 
qu'il deviendrait encore plus gros. 
Tout cela n'étoit qu'un conte , qui fe 
détruirait par leur affiche. Ils y aiTu- 
roi ent qu'il a voit été pris en 1741. à 
Page de trois ans par un Capitaine de 
VahTeau ; qu'il avoit alors cinq pieds 
fept pouces de hauteur , douze pieds 
de longueur 8c douze pieds de grof- 
feur , & que depuis ce temps-là , il 
étoit devenu beaucoup plus grand Se 
f lus gros. Tout cela n'a éré dît que 



R H I 



pour exciter la curiofité des Spec- 
tateurs ; car je l'ai méfuré , dit M 
Ladvocat. Il avoit dix pieds de 
longueur, depuis-les oreilles juiqu'au 
fondement , & dix pieds de circonfé- 
rence en le mefurant parle milieu du 
corps. Sa hauteur étoit de cinq pieds 
quatre pouces ou environ. Tout cela 
prouve qu'il étoit parvenu à fa gran- 
deur naturelle , quand le Capitaine 
Hollandois, auquel il appartenoit, le 
fit embarquer, Se qu'il n'a pas crû 
davantage ; ce qui étoit vifible par 
1 mipeftion feule de l'animal , & par 
un peu de réflexion ; car s'il avoit eu 
encore quinze ou vingt ans à croître , 
comme ils l'aHuroieiu, il deviendroit 
plus gros que l'Eléphant , ce qui ne fe 
peut pas dire. 

S'il étoit vrai qu'il n'avoit que trois 
ans , quand il a été débarqué , & fi 
alors il étoit tel que ceux qui l'ont 
montré le décrivoient , le Rhinocéros 
doit vivre environ vingt ans. Une au- 
tre raifon qui porte à croire qu'il ne 
vit pas davantage , c'en: qu'il tient 
beaucoup du Bœuf. La femelle a un 
pis & deux terres : elle n'a du lait que 
quand elle allaite ; ce qui fait qu'il 
eft difficile d'appercevoir fon pis dans 
les autres temps. 

B o n t 1 us, qui avoit vu un grand 
nombre de Rhinocéros , aflure qu'il gro- 
gne comme le Cochon. Kolbe dit la- 
même chofe. Ceux qui montraient celui 
qu'on a vu à Paris difoient qu'il touf- 
foit, Se que fon cri reflembloit à celui 
d'un Veau, il a paru à M. Ladvocat 
que fon cri reftembloit plutôt à celui 
d'un Bœuf pouffif. On dirait qu'il ne 
fait du bruit qu'avec les narines. Il ne 
rumine point. Son cri ne s'entend pas 
de fort loin lorfqu'il eft tranquille ; mais 
s'il marche après fa proie , on l'entend 
alors à une grande diftance. 

Pays où naijfent les Rhinocéros , & leur 
nourriture. 

Paul, Abbréviateur de Fe s t u s 
die ( L. XVI. ). qu'il y a des Rhinocéros 



696 R H I 

en Egypte ; mais il fe trompe , 8c il 
y efl démenti en cela par les Hiftoriens 
&c par tous les Voyageurs. On peut 
dire en général qu'il y a des Rhinocéros 
par-tout où il y a des Eléphans , c'eft- 
à-dire dans les défera d'Afrique , dans 
l'AbyiEnie 8c d^ns les Indes Le Pere 
DU Halde C Defcriprion de la Chine , 
Tome I. p. 2 3 9. ) aifure qu'il y en a aufli 
à la Chine , dans la Province de Quang- 
fi ; mais les pays où il s'en trouve en 
plus grand nombre , font les Etats du 
Grand Mogol Se ceux du Roid'Ava; 
le Royaume de Patane , ceux de Gam- 
baye & de Jacatra, & fur-tout les pays 
qui font fur le Golfe de Bengale. On 
dit au fli qu'il y en a en Amérique , mais 
cela n'eft pas encore bien afluré. Celui 
qu'on a montré à Paris a été pris dans 
la Province d'Achem , qui fait partie 
des Etats du Roi d'Ava. Uétoît appri- 
voifé , doux Se même carreffant. Il 
tnangeoit concinuellcmeut du foin , de 
la paille, du pain, des fruits, des lé- 
gumes & généralement de tout ce qu'on 
lui donnoit , excepté de la viande Se du 
poiffbn , dont il ne vouloit pas man- 
ger. Il buvoit à proportion. Ceux qui 
en avoient la garde afTuroient qu'il 
mangeoït par jour foixante livres de 
foin & vingt livres de pain , & qu'il 
buvoit quatorze féaux d'eau. 11 aimoit 
extrêmement la fumée de tabac , 8c 
ceux qui le montroient prenoient plai- 
fîr à lui en fourrier dans les narines & 
dans la bouche. 

Comme nous voyons des animaux 
qui fè font un ragoût des chardons , 
dont les petitespointes picotent agréa- 
blement les fibres 8c les extrémités 
des nerfs de leur langue , de même 
le Rhinocéros mange avec plaiflr des 
branches d'arbres , hérilTées de toutes 
parts de pointes d'épines vertes avec 
des fe\xilles. Je lui en ai fouvent don- 
né , dit le Pere le Comte, dont J.es 
pointes étoient très -rudes 8c très- 
longues » Se j'admiroïs avec quelle 
avidité & quelle adrefTe îl les plioit 
fur le champ & les brifçit dans fa bou- 



R H I 

che fans s'incommoder. Il eft vrai qu'il 
en étoit quelquefois un peu enfan- 
glanté ; mais cela même en rendoit 
le goût plus agréable , & ces petites 
blefTures ne falioient apparemment fur 
la langue d'autre impreffion que celle 
que fait le fel , ou le poivre , fur la 
nôtre. 

Il ne faut pas conclure de-là que 
fa langue foit rude 8c raboteufe com- 
me une lime. Il y a apparence qu'il la 
retire & qu'il i'applatk fur le bas de 
fan palais , pour éviter les pîquans. 
Quoiqu'il en foit , le principal garde 
de celui qu'on montroit à Paris , a aflù- 
ré à l'Auteur de la Lettre la même 
chofe que le Pere le Comte, quoique 
la langue de ce Rhinocéros femelle foit 
très-douce & très-déliée , comme on 
l'a dit. 

Les Pères Jéfuites Portugais , qui 
ont demeuré long -temps en Abyflinie , 
aflurent non - feulement qu'ils y ont 
nourri des Rhinocéros , mais aulïi que 
les Abyflïns les apprivoifent ; qu'ils 
s'en fervent Se les accoutument au tra- 
vail , comme ils font des Éléphans. La 
defeription que M. Chardin (Voyage 
de Perfe, Tome III. p. 45. ) fait as 
celui qu'il vit en Perfe , convient afTez 
à celui qui étoit à Paris. 

Le Rhinocéros aime les marais & les 
gras pâturages , & mange l'herbe com- 
me le Bœuf. On aifure aufîi qu'il fait 
nager, qu'il aîrne à fe plonger dans 
3'eau comme le Canard , 8c qu'il court 
avec une telle légèreté , qu'il fait 
quelquefois juf^u'à foixante lieues 
dans un jour. Ce dernier fait neparoît 
pas bien confiant. 

Corne du Rhinocéros. 

P a u s a n 1 a s , Auteur grave , 
aflure que le Rhinocéros a deux cornes , 
l'une fort grande, fortant du-nez, l'au- 
tre petite, mais très-forte, qui pouffe 
en haut. Cela n'eft vrai que du Rhino- 
céros mâle , qui a une petite corne fur 
le dos à l'épaule droite, & une autre 
plus grande fur J.e nez. La femelle . 

telle 



K H t 

telle que celle que l'on montrent à 
JParis , n'a point de corne fur le dos. 
Quelques-uns difent , ajoute Pau- 
sanias, que les cornes du Rhinocé- 
ros ne font point arrêtées , mais qu'elles 
s'agitent de part 6c d'autre , Se que 
quand il entre en colère elles devien- 
nent fi roides Se fi dures , qu'elles 
déracinent un tronc d'arbre , quand 
elles heurtent de front. Ces paroles 
font connoitre que Pausanias n'avoit 
jamais vu de Rhinocéros i car il eft 
confiant que fes cornes font arrêtées 
comme celles du Taureau. D'ailleurs 
des cornes qui deviennent dures , 
quand l'animal fe met en colère , font 
un conte deftitué de vrai-femblance, 
Se qui eft. entièrement contraire à la 
nature delà corne. 

Le Moine CoSme, Egyptien , qui 
nous a donné la defeription du Rhino- 
céros , eft tombé dans la même erreur. 
Aujll avoue-t-il ( Tome 11. Colleté, 
Montfaucon , p. 334.) qu'il n'en a ja- 
mais vu en vie que de loin , Se que 
celui qu'on montroit dans le Palais du 
Roi d'Ethiopie , n'étoit qu'une peau 
de Rhinocéros remplie de paille. 

Le Pere Labat ( Relut. d'Éthiop. 
p. 10V). ) marque que le véritable 
Rhinocéros a trois cornes , favoir une 
au-defius des narines , une autre fur 
le front Se une troifieme fur le dos. 
Après avoir parlé de cet animal, le 
Pere Labat parle encore d'un autre 
animal , fous le nom d' Alicorne , qui 
a deux cornes , l'une fur le front , 
l'autre au-deffus des cornes ; mais il y 
a toute apparence qu'il parie de ces 
ônimaux fans les avoir vus. La corne 
du Rhinocéros femelle qui étoit à Fans 
avoit neuf pouces de hauteur depuis 
la racine. De la corne du Rhinocéros 
aux oreilles il y a un efpace de quatorze 
pouces , Se neuf pouces jufqu'à la poin- 
te du mufeau , lorfqu'il eft en bec 
d'Aigle; ainfi la tête en cet état a 
vingt-trois pouces de longueur. Cette 
corne eft claire par en bas ; mais le 
haut eft d'un brun noirâtre , comme 
Tome III. 



RHI 'rf<?7 

îa peau. Elle n'eft pas tout-à-faît ron- 
de : elle eft fort greffe , un peu re- 
courbée vers le dos , Se très - dure. 
Celle du Rhinocéros mâle , { comme il 
arrive ordinairement à l'égard de tous 
autres animaux ) , eft plus greffe Se 
plus longue que celle du Rhinocéros 
femelle : elle a deux pieds de lon- 
gueur en partant de la racine , Se en- 
viron un pied de diamètre. Cette corne 
eft dure comme du fer, un peu re- 
courbée en haut , maïs plus pointue 
Se plus aiguë que celle de la femelle. 
On ne parle que de la corne qui eft 
fur le nez. Celle qui eft fur le dos 
eft, félon toutes les apparences , affez 
femblable à celle du Rhinocéros femelle. 
Au refte , Bontius obferve que ces 
cornes ne font pas toujours de même 
couleur ; tantôt elles font noires , tan- 
tôt cendrées , Se tantôt blanches , Se 
plus ou moins grandes , fuivant l'âge 
de l'animal. 

Miduleton rapporte qu'étant 
à Bombay , pays du Cap , il vit plu- 
fieurs cornes de Rhinocéros, qu'on avoit 
apportées de cette côte , plus longues 
qu'il n'en avoit jamais vues aux In- 
des Se à la Chine. L'une étoit compo- 
fée de trois petites cornes , qui for- 
toient de la même racine , dont la plus 
longue étoit de dix-huit pouces ; la 
féconde de douze , Se la troifieme de 
huit : mais cette forte de corne étoit 
plus petite que celle du Rhinocéros des 
Indes , Se plus aiguë par la pointe. 

La corne du Rhinocéros étoit de très- 
grand prix chez les Romains. Tout 
le monde fait qu'ils avoient pouffé le 
luxe des bains jufqu'à l'excès. Des 
femmes y tenoient des vafes à bec , 
remplis d'huile Se d'effence à l'ufage 
de ceux qui prenoient les bains. Les 
Princes Se les Riches achetoient bien 
cher des cornes de Rhinocéros, lef- 
quelles étant creufées en dedans Se 
bien travaillées leur fervoient de vafe 
pour conferver ces huiles Se ces eflen- 
ces : c'eft ce que nous apprenons de 
Martial ( JL, XIV. Epig. LUI ) , 



'ffo8 R Ht 

& du Scholîafte de Ju VENAL, fur 
.le vers i 30. de la Satyre Vil. 

Les Ecrivains Arabes & lès Orien- 
taux débitent beaucoup de fables fur 
la corne du Rhinocéros. Le Géographe 
de Nubie , de même qu'A L G iahid 
& D a m 1 r , racontent que cette cor- 
ne , étant fendue par le milieu , pré- 
lente aux yeux la figure d'un homme, 
tirée avec des lignes blanches , parmi 
lèfquelles on voit suffi des figures 
de Paon & autres oifeaux , de Chè- 
vres , & d'autres figures encore plus 
mcrveilleules. Ce qui fait , difent-ils, 
que les Princes Chinois Se les Indiens 
s'en fervent pour orner leurs bau- 
driers Se leurs thrônes. Ih ajoutent 
qu'on en fait auffi des colliers , Se des 
manches dè couteaux à l'ufage des 
Rois des Indes, qui fe fervent tou- 
jours à table de ces couteaux , Se qui' 
les achètent- bien cher , pareeque ,■ 
difent-ils encore , la corne fue à l'ap- 
proche de. quelque forte de venin que 
ce foît, 

Il n'eft pas douteux que la corne du 
Rhinocéros ne fbit d'un très-grand prix 
dans les Indes , Se qu'on ne s'enferve 
à beaucoup de chofes , pareequ'étant 
d'une dureté extraordinaire, les ou- 
vrages qu'on 1 en fait , lorfqu'ils font 
bien travaillés , font plus beaux, plus 
précieux , & de plus longue durée : 
mais ces Auteurs ont pris les figures 
que l'on y peint , pour des figures 
naturelles , Se ce qu'ils- difent de la 
fueur de la corne du Rhinocéros , à 
l'approche du venirr Se du poifon , eft 
viilblement fabuleux. Outre que les- 
anciens Auteurs Grecs & Latins n'ont 
point parlé dé cette vertu- Rhinocéro- 
tique contre lë venin-, plufieurs Savans 
ont prouvé qu'elte n'a voit aucun effet , 
& que fi l'on en trou voit quelquefois 
qui euffènt quelque vertu , c'étaient 
dès- cornes artificielles-, détrempées- 
avec des- antidotes, Se vendues-par les 
Charlatans comme de vraies cornes de 
Rhinocéros. . 

Quoi qu'il en foit cette opinion,. 



R H I 

vraie ou fauffe , paiTa des Indes efl 
Europe. Clément VII. fit préfenf 
d'une corne de Rhinocéros au Roi de- 
France , croyant lui envoyer quelque 
chofe de très-précieux. Les Vénitien3 
en achetèrent une très - cher d'un 
Juif; & Paul J o v e ( Hifi. Anim. 
Lib. XV III. ) raconte que quand les 
François pillèrent le Palais de Pierre 
de Médicis , Grand Duc de Tof- 
cane , ils crurent avoir trouvé un thré- 
for , lorfqu'ils découvrirent une corne 
de Rhinocéros. Aujourd'hui on eftaffez 
revenu de ce préjugé en Europe , Se ow 
ne montre plus ces cornes que comme 
des raretés dans les Cabinets des Prin- 
ces & desCurieux. G'eft ainfi queparle- 
M. L a- D V o c a t de la vertu attri- 
buée à la corne du Rhinocéros. 

Vf âges de la corne , du fang , & dé /<r 
çeau du Rhinocéros en Médecine. 

Cependant Ko i:be (Dtfcrïprion du 
Cap de Bonne - Efpérance , Tome HL 
p. 1*5. & j'ttiv, ) dit que la corne du-' 
Rhinocéros rte peut réfifter à l'attou- 
chement du poifon , Se qu'il a fouvenf 
été témoin oculaire de ce pbénomene. 
Plufieurs perfonnes du Cap , dit-il 
ont des coupes faites- de cette corne.. 
On les monte fort proprement , foie 
en or , foit en argent. Si on y verfe du; 
vin , on- le voit fur le champ s'élever r -, 
fermenter Se bouillonner ; mais lorf- 
que la liqueur eft empoifonnée , la: 
coupe fè fend. La même chofe arrive: 
loriqu'on met dans la coupe le poifon: 
tout feul. Les Tourneurs qui font ces 
eoupes ont grand foin de ramafler lesi 
copeaux. On les croit d'un excellent» 
ufage dans les convulfions , les foiblef— 
fes Se plufieurs autres incommodités.: 
Le fang de cet animal eft auffi fort 
eftiméauCap. Lorfque les Européens- 
en peuvent avoir de frais , ils le met- 
tent dans un boyau du Rhinocéros Se lé 
pendent au foleil pour le faire fécher,- 
C'eft un fpécifique admirable contre 
les obitruéHons Se pour confolider le$ 



ïl H ï 

:ipîaies Internes. On le prend dans un 
verre de vin , dans une rafle de thé ou 
de caffé. On raconte encore des mer- 
veilles du fang du Rhinocéros , pour 
«guérir les coliques , arrêter le flux de 
fang Seprovoquer l'écoulement pério- 
dique des femmes , deux effets entiè- 
rement oppofés , dit R e D i. 

Gervaise {Hijt. de Siam, p. 33. & 
3 4. ) Se VHifioire Générale des Voyager , 
itf-4 0 . Tome IX. p. 3 1 o. ) difent auffi que 
la corne de cet animal eft fur-tout un 
.puiCTant antidote contre toutes fortes de 
poifons.Elle fe vend,ajoute Gervaise, 
jufqu'à cent éens. On tire quelque uti- 
lité de fon fang., qu'on ramafle avec 
foin , pour en faire un remède qui gué- 
rit les maux de poitrine & plufieurs 
autres. 

Les Maures Indiens , félon Bôn- 
tius, mangent la chair d u Rhinocéros' j 
mais elle eft fi nerveufe , qu'il faut 
avoir de bonnes dents j?our en manger. 
Kolee cependant dit en avoir fouvent 
mangé , & toujours avec beaucoup de 
plaifir.. 'On fait ufage en Médecine de 
fa peau , ajoute le même Voyageur. 
Un favant Allemand qui avoît été em- 
ployé au laboratoire que la Compagnie 
a à Batavia , l'a aflii ré qu'il a voit tiré 
de -la peau de cet animal un fel qui lui 
avokfervi à faire .de très -belles cures. 
Non - feulement la corne , mais les 
griffes , le fang , la chair , la peau 8e 
généralement tout ce qui eft du Rhi- 
nocéros , jufqu'à la fiente Se l'urine , 
panent chez les Indiens Se chez les 
Abyflins pour des antidotes fouverains 
contre le poifon Se le venin. Ils ont le 
même ufage dans leur Pharmacopée , 
que laThériaque dans le nôtre. De-là 
vient que Zacut ordonne contre le 
venin Se le poifon de ta peau de Rhi- 
nocéros , détrempée dans du vin. La 
<léco£tion de la peau de cet animal 
avalée.pendant trois jours consécutifs , 
guérit , dît-on , tous les dégoûts , foit 
qu'ils viennent de foiblefle d'eftomac , 
■ou de quelque autre caufe , Se le Vul- 
gaire qui fe plaît à être trompé , & 



R H I 

qui mtt volontiers fa confiance dans 
les chofes étrangères & .rares , le croit 
aifément ; mais les expériences qus 
j'en ai faites , dit R e d 1 , ne me per- 
mettent point d'adqpter cette opinion. 
On vante, comme on l'a die, la corne de 
cet animal pour empêcher l'effet de 
toutes fortes de venins ; xependant 
le même R e d i marque ne lui avoir 
trouvé-aucune vertu , principalement 
contre le venin de la Vjpere Se du 
Scorpion de Tunis. 

Cette peau eft fi dure que les In- 
diens Se les Abyffins s'en fervent pour 
faire des cottes d'armes., des cuiraffes., 
■des boucliers., Se même des focs de 
charrue. Ces cuiraffès de peau font 
beaucoup plus légères Se plue commo- 
des que les nôtres. Pline (L. XXXIL 
c . 8.. jur le Lycium ,) rapporte que de 
fon temps on apportoit des Indes à 
Rome le meilleur Lycium dans des ou- 
tres de peau de Rhinocéros. 

Combat du Rhinocéros avec l'Eléphant. 

Pline f L, VU. c. 20. & L. XVIIL 
c. 1.) aiTureque le Rhinocéros eft l'en- 
nemi naturel de l'Éléphant. Il aiguife 
ia. corne contre les rochers , quand il 
fe prépare au combat , Se quand il at- 
taque l'Éléphant , il tâche de lui en- 
foncer fa corne dans le ventre , à l'en- 
droit où il fait qu'il a la peau plus 
tendre Se plus molle. AgatharchidE' 
dans P h o t 1 u s (Bibl. Cod. 2,50. > , 
Oppien, dans fon Poème de la Chajfe , 
Éli en, dans fon Hiftoire des Animaux, 
L, XVlI. c. 4. D 1 o D o r e de Sicile 
,( Bibl. L.IV.) , Martial, Saint 
Grégoire le Grand, Se géné- 
ralement les Auteurs anciens Se mo- 
dernes parlent du combat du Rhimcc 
ros avec l'Éléphant. Le Poëte d u 
Bartas en fait auflî mention dans 
fon Poème de la. Création du Monde » 
p. 160. Edit. de iû"i 1. 

L'Éléphant Se le Rhinocéros fe font 
la guerre à caufe des pâturages , par- 
ce qu'étant l'un Se l'autre des animaux 
T 1 1 1 ij 



très-voraces , ils veulent s'empêcher 
de pâturer dans les mêmes lieux. L'É- 
léphant qui eft rufé & fubtil , évite 
quelquefois la corne du Rhinocéros , le 
fatigue avec fa trompe , le hache Se le 
met en pièces avec fes dents ; mais 
le Rhinocéros remporte fouvent la vic- 
toire. C'eft ce que rapportent les An- 
ciens & les Modernes. 

Néanmoins quelques Auteurs trai- 
tent de fabuleux ce combat du Rhi- 
nocéros avec l'Éléphant ; mais il eft 
difficile de le révoquer en doute. 
Emmanuel, Roi de Portugal , fit 
combattre en i J 1 5 . un Rhinocéros mâle 
contre un Éléphant , & celui-ci fut 
vaincu. 

Selon le /apport des Jéfuites Portu- 
gais Se des Écrivains Orientaux, on voit 
aflez fouvent des Êléphans étendus 
morts Se percés par la corne du Rhino- 
céros i mais on ne doit pas croire ce 
que difent Pline, Élien & les autres 
Auteurs , que le Rhinocéros aiguife fa 
corne contre les rochers , pour fe pré- 
parer au combat. 11 eft vrai qu'il la 
frotte non-feulement contre les ro- 
chers, mais auffi contre les arbres Se 
tous les corps durs, & qu'il femble 
Pafguifer ; mais ce n'eft pas qu'il fe 
prépare au combat f c'eft un mouve- 
ment naturel. On a vu plufieurs fois 
celui qui étoit à Paris tourner alnfi ia 
tête en rond , & faire toucher fa corne 
le long d'une planche. On auroit dit 
qu'il vouloit l'aiguifer : néanmoins il 
eft bien clair qu'il ne faifoit pas ce 
mouvement pour fe préparer à com- 
battre l'Éléphant. Il n'eft pas non' plus 
vrai que l'Éléphant percé de la corne 
du Rhinocéros tombe fur fon ennemi 
Se l'éc'rafe par fon propre poids. Le 
Rhinocéros eft un animal trop gros & 
trop vigoureux pourfe laifferécrafer. 

Chajfe du Rhinocéros. , 

Ceux qui montroient le Rhinocéros 
à Paris , débitoient que l'on tuoit quel- 
quefois les Rhinocéros à coups de ca- 



R H I 

non ; maîs que la manière la pî'uS 
ordinaire de les prendre, éto t de les 
aller attaquer pendant les grandes cha- 
leurs de l'été , quand ils étoient cou- 
chés dans les marais ; que celui qu'ils 
montroient avoit été pris ainfi à l'âge 
d'un mois , comme il tettoît encore ; 
que fa mere avoit été tuée par les 
Indiens à coups de flèches , Si qu'une 
de ces flèches avoit fendu une oreille 
à celui qu'ils montroient. Mais , com- 
me le remarque le fa vant M. Ladvo- 
cat , Auteur de la Lettre Jkr le Rhi- 
nocéros , tous les Naturaliftes con- 
viennent qu'il n'eft pas poflâble de tuer 
un tel animal à coups de flèches , à 
caufe de la dureté Se de l'épaiffeur de 
fa peau. Ce qu'ils ont ajouté qu'on 
tue ces animaux à coups de canon le 
réfute de foi-même ; car avant qu'on 
eût mené & braqué le canon , le Rhi- 
nocéros feroit bien loin, outre la dé- 
penfe qu'il faudroit faire pour une telle 
chafle. 

Saint Grégoire , Saint Eustache,. 
Isidore, l'Abbé Rupert, le Bien- 
heureux Pierre Damien, Isidore,. 
Albert le Grand , Damir , Auteur 
Arabe , Se plufieurs autres , difent 
qu'on peut prendre le Rhinocéros en 
lui préfentant une jeune fille Vierge. 
Les Savans reconnoilfent tous aujour- 
d'hui que cette manière de le pren- 
dre eft fabuleufe. Ce que rapportent 
quelques Naturaliftes de la chaffe du 
Rhinocéros , Se de la manière de le 
prendre , parolt feul digne de croyance. 
Ils difent que quand le Rhinocéros fe- 
melle allaite fon petit dans lea pâtu- 
rages , les Indiens , les uns armés de 
piques & les autres de fufils , le vont 
attaquer. S'ils ont le bonheur de le 
tuer à coups de fufils, ou autrement , 
ils prennent le petit qui ne peut en- 
core courir bien vite , ni fe défendre: 
mais cette chatTe eft très-dangereufe; 
car quoique le Rhinocéros ne fafle na- 
turellement aucun mal à l'homme » 
cependant lorfqu'il eft bleffé , il va 
quelquefois au feu , Se renverfe corn? 



R H I 

rte une Puce, (ce font les termes de 
B o N T i u s ) , tout ce qui fe trouve 
devant lui , homme Se Cheval. Le 
même B o N T i u s ajoute que le Rhi- 
nocéros femelle ne va au feu que quand 
elle a mis fon petit en fureté. Telle eft 
la manière de prendre les petits Rhi- 
nocéros. 

A l'égard du Rhinocéros mâle , la 
chaffe n'en e 11 pas fi dangereufe. Les 
Indiens conftruifent dans les lieux où 
vont les Rhinocéros une forte cabane 
à plufieurs parties , qu'ils entourent 
d'arbres 5c de feuillages : ils mettent 
dans une partie de cette cabane un 
Rhinocéros femelle , déjà apprivoifé , 
dans le temps qu'elle eft en chaleur , Se 
laifTent ouverte la porte antérieure. 
Le Rhinocéros mile , attiré par la fe- 
melle , n'eft pas plutôt entré dans 
cette partie antérieure , que les In- 
diens qui's'étoient cachés ferment aufli- 
tôt la porte ; enfuîte ils le tuent , ou 
le prennent en vie. Telle eft la feule 
manière vrai-femblable de prendre le 
Rhinocéros , qui foit parvenue à la con- 
noiffànce de l'Auteur de la Lettre 
dont on a fait mention. 

En Afrique , félon K o L b e ( Tome 
III. p. 15.), Se VHifioire Générale des 
Voyages {Tome V. p. 80.}, les Peu- 
ples de Bamba entendent fort bien la 
manière de prendre les Rhinocéros. 
Leur méthode eft d'ouvrir dans les 
lieux que ces animaux fréquentent de 
larges fofles , qui vont en retréciffant 
vers le fond. Us les couvrent de bran- 
ches d'arbres Se de gafon qui cachent 
le piège ; les Rhinocéros y tombent , Se 
ne peuvent s'en retirer. 

Les Hottentots , dit Kolbe, font 
à-peu-pres de même. Comme les Rhi- 
nocéros fuivent prefque toujours la 
même route pour aller aux rivières , 
la trace de leurs pas eft toujours fa- 
cile à reconnoître , à caufe de la pe- 
fanteur de leur corps. Les Hottentots 
ouvrent dans cette route une foife de 
fept à huit pieds de profondeur , 3c 
d'environ quatre pieds de diamètre , 



R H I 7 oi 

au milieu de laquelle ils enfoncent un 
pieu pointu. Ils la couvrent enfuite 
avec tant d'art , que les yeux mêmea 
d'un homme y feroïent trompés. La 
Rhinocéros en tombant dans cette fofTe 
ne manque pas de rencontrer le pieu t 
qui lui perce la poitrine ou le col , Se 
qui l'arrête aifez pour donner le temps 
aux ChaiTeurs de l'achever à grands 
coups de fagayes. 

Force & fureur du Rhinocéros^ 

Le Rhinocéros a l'odorat extrême- 
ment fubtil. Avec le vent il fent do 
fort loin toutes fortes d'animaux. Il 
marche vers eux en droite ligne , ren- 
verfant tout ce qui fe rencontre fur 
fon paf[age, Il n'y a ni bui'fïbns , nt 
arbres , ni grofTcs pierres qui puiiTent' 
l'obliger à fe détourner , dit K o L b e. 
Avec la corne qu'il a furie nez il dé- 
racine les arbres, il enlevé les pierres 
quis'oppofent à fonpaiTage Se les jette 
derrière lui fort haut à une grande dif- 
tance ; en un mot il abbat tous les 
corps fur lefquels fà corne peut avoir 
quelque prife. Lorfqu'il nefe rencontre; 
rien Se qu'il eft en colère , baifïant la 
tête il fait des filions fur la terre , dont 
il jette avec fureur une grande quan- 
tité fur fà tête. 11 attaque affez rare- 
ment les hommes , à moins qu'ils ne 
le provoquent , ou que l'homme n'ait 
un habit rouge. Dans ces deux cas il 
fe met en colère Se il renverfe tout ce 
qui s'oppofe à lui. Lorfqu'il attaque 
un homme r il le faifit par le milieu 
du corps , Se le fait voler par defTus 
fa tête avec une telle force , qu'il eft 
tué par la violence de fa chute. Alors 
il vient le lécher Se fa langue eft fi ru- 
de Se fi dure , qu'il lui enlevé ainfi 
toutes les chairs. 11 en fait de même 
aux autres animaux. Si on le voit ve- 
nir, il n'eft pas difficile de l'éviter,, 
quelque furieux qu'il foit. U va fort 
vite , mais il ne fe tourne qu'avec 
beaucoup de peine : d'ailleurs il ne 
voit que devant lui , ainfi on n'a qu'à- 



7o2 R H I 

le laiiTer approcher à la dîllance de 
fouit ou dix pas , Se alors fe mettre un 
peu à côté: il ne vous voit plus Se ne 
peut que très-difficilement vous re- 
trouver. Cet animal au Cap & dans 
toute l'Afrique nefe nourrit pas d'her- 
bes, Il préfère les buiffons , le Ge- 
nêt & les Chardons. Mais entre toutes 
les plantes , il n'en eft point qu'il aime 
autant qu'un arbre qui reflemble beau- 
coup au Genévrier , qui ne fent pas 
auffi bon , Se dont les piquans ne font 
pas à beaucoup près fi pointus. Les 
Européens du Cap appellent.cette plan- 
te Y Arbrijfeau du Rhinocéros, 

Plufieurs Interprètes , comme on l'a 
déjà dit plus haut , ont pris le Rem 
ou Réem de l'Écriture Sainte pour le 
Rhinocéros ; mais M. Ladvocai, 
dans fa Lettre fur cet animal , fait voir 
que le Rem ou Réem n'eft pas le Rhi- 
nocéros. J'ai rapporté au mot R E M 
les raîfpns que ce Savant en donne, ■ 
Tertullien , Saint Grégoire, 
Isidore, le Vénérable B £ d e & 
plufieurs autres confondent le Rhino- 
céros avec la Licorne , le Monoceros Se 
VUnicornis, Le Rhinocéros mâle ne peut 
être mis au nombre des Licornes , des 
Monoceros, ni des Uniçornis , parce - 
qu'il a deux cornes ; mais le Rhinocéros 
femelle, qui n'en a qu'une , peut être 
placé dans la claife des Licornes } ajou- 
te M. L A D V O C A T. 

Alalgrétous ces difFérens fentimens, 
M. Klein ( Difp. Quad. p. 29.) eft de 
i'avis de Scheuchzer , qui foutient 
que le Rhinocéros n'a qu'une corne 
placée fur le nez. 11 croît cependant 
,ce que dit Bontius, témoin ocu- 
laire , Se le plus croyable. Celui-ci 
rapporte que dans toutes les parties 
.des Grandes Indes le Rhinocéros n'a 
qu'une corne placée dans l'intervalle 
des yeux Se des narines. Si beaucoup 
d'Auteurs aflurent que cet animal en a 
deux , pourîes concilier , U faut admet- 
tre , dit M.Klein, deux efpeces de Rhi- 
nocéros , ic fi ces deux efpeces fe con- 
tiennent & fe reffemblent , elles onj 



R H I 

cependant cette différence , que l'une 
eftunicorne & l'autre bicorne , comrna 
le Narhwal , poîlfon de mer cétacée t 
dont une efpece eft monodont Se l'au- 
tre didont. Suivant le témoignage des 
Auteurs qu'il a confultésj les Rhino~ 
ceros d'Aile ne font point bicornes » 
mais monocerotes. Dans une autre 
partie du Monde* il y en a de bicor-. 
nés: ce n'eft point en Amérique , car 
on n'en voit ni de l 'une ni de l'autre ef- 
pece , mais en Afrique, Selon le même 
Uontius , on volt des Rhinocéros 
dans les parties les plus éloignées des 
Indes , au-delà du Gange , dans l'E- 
thiopie Se dans l'Afrique. 

Il y a une Relation imprimée à 
Hambourg en 1744. qui favorife le 
fentiment de M, L ADVOCAT. Voici 
comme l'Auteur de cette Relation 
s'explique , ». 15. Les mâles font 
bicornes Se les femelles font unicornes. 
Cette différence de fexe fe trouve auffî 
dans le genre des Cerfs Se des Elans ; 
car il eft notoire que les mâles de ceux- 
ci ont des cornes longues , & que les 
femelles en ont de petites. Quelque 
refpeftable que foit l'Auteur de la Re- 
lation , M. Klein dit qu'il n'eft pas 
nptoire que les femelles des Cerfs , 
des Elans & des Chevreuils ayent ja- 
mais eu des cornes , à moins que ce 
n'eût été quelquefois par un phéno- 
mène extraordinaire > comme une fil- 
le qui avoit des cornes , dont il eft 
parlé dans Barthoiik ; maïs il eft 
probable que le célèbre Auteur de la 
Piffertation n'a entendu parler que de 
la femelle du Rhenne , qui a des cor- 
nes comme les mâles , ou qu'il s'eft 
du moins mépris en donnant aux fe- 
melles des Cerfs Se des Elans , ce qui 
n'appartient qu'à celles des Rhennes. 
En un mot M. Klein qui a fait de 
très-favantes recherches fur le Rhino~ 
ceros , penfe qu'on peut affirmer qu'il 
y en a de deux efpeces , 8c que celuï 
des Grandes Indes eft* unicorne Se celu! 
d'Afrique bicorne. Voyez cet Auteur» 
Difp, Qiiad. p. z6. &fniv. 



R H I 

"RHINOCEROS DE MER : 
C'eft la Licorne de mer , nommée auflî 
JfarhiunL Voyez ces deux mots. 

RHINOCEROS, oifeau des 
Indes. Bontius & Aldrovan- 
de donnent ce nom au Corbeau cor- 
nu des Indes , nommé Jager-Wogcl, 
Il eft nommé Tapeau dans le Mufaum 
JVormenfe. Cet oifeau furpafte de beau- 
coup en grandeur le Corbeau d'Eu- 
rope fi la defeription qu'en donne 
Bontius eft exacte : c'eft un des plus 
grands oifeaux , dit Ray , Synop. Meth. 
Av. p. 40. ». 7. Voyez CORBEAU 
CORNU DES INDES, 

RHINOCEROS: C h a r- 
ieion donne ce nom à un Scarabée 
étranger, qui eft fort rare en Europe , 
à moins qu'on n'y en apporte d'ail- 
leurs. M. L in n.su s parle de trois 
efpeces de Scarabées , auxquels les 
Natura liftes donnent le nom de Rbi- 
noceros. 

Ce ïàvant Naturalifte Suédois nom- 
me la première efpece ( Fauna Suec. 
rt. 340.X» Scarahuis capite itmcornire-- 
fiitrvo y îboracegihbofo ,abdornine birfu- 
10. Cet infecte porte fur la tête une 
corne recourbée : il a le ventre velu, 
$c le corfelet convexe. C'eft le Scara-- 
h&usnaficornis d'OtEARius , Maf 27. 
de J o n s t o h<> Inff de Jaco bée, 
de M. Frisch Se de Swammerdam;. 
le Monoceros de W o r m 1 u s , Muf 
p. 24a. Se le Rhinocéros- d'iMFER ati , ■ 
p. 504. de Bartholin , d'HoFFNA-- 
gel , 8c des autres. 

La féconde efpece eft le Rhinocéros 
qui a la figure du Scarabée Pillulaire , 
ou Fouille-merde , nommé en Latin 
Stercorarius. Le devant de la tête dé 
cet infeéte eft fait en forme de bou- 
clier , .taillé en croiflant , à bord élevé , 
Se d'où fort une p-etite corne échan- 
gée.: fes fourreaux font polis , & mar- 
qués de fept ou huit filions. M, LiN- 
NJf-US ( Fauna Suec. n. 341.) lui don- 
ne le nom de Scarabœus capite clypeo- 
lunato,margine elevato , corniculo emar- 
ginato. 



R H O R I C R I F 703 

La troifieme efpece eft le petit Rhi- 
nocéros noir, qui e ft de forme cylin- 
drique , dont les fourreaux font fillon- 
nés , 8c pointillés en creux : la corne 
de cet infecte eft repliée • il 3. le cor- 
felet échancré en devant , 8c on lui 
voit cinq dentelures. Le même Natu- 
ntlifte Suédois (ïbid.n. 342.) le nom- 
me Scarab&its cylindricus , fronte uni"' 
cor ai , tborace anticè truncato , qmnmàii 
dent Mo. 

R H O 

R HO MBOÏDE, en Latî» 
Rhomboïdes , efpece de poilfon plat, 
dont parle Rondelet ( L. XI. r. 4. 
p. 3 1 3 . ) , que l'on vend à Rome fous 
le nom de Turbot. Voyez au mot 
TURBOT. 

R I C 

RICHE; M. B r 1 s s o n donne 
ce nom à un petit animal du genre du 
Lièvre. Cet Auteur (p. 24.1.) le nom- 
me Leptu cauâatus , dilutè cir.ercus. II 
diffère , dit-il ,.de notre Lapin par fa 
couleur. Tout fou corps eft couvert 
de poils d'un très-joli petit gris. Il 
y en avoit un dans le Cabinet de M. 
DE R É A u M u r , & il eft fans doute' 
aujourd'hui au Cabinet Royal de Mé- 
decine à Paris. 

R I F 

R I F E T : M. Adanson( Hifî. 

des Coquillages du Sénégal , p, 172.) 
donne ce nom à une efpece de Co- 
quillage operculé du Sénégal, qui eft 
la quatrième & dernière efpece du 
genre de la Toupie. Cette eipece de 
Coquillage, dit- il , ne diffère d'une 
autre, qu'il appelle Dak.it qu'en ce 
qu'elle eft plus rare , que fa coquille 
eft cendrée, tirant fur le noir, infini- - 
ment plus mince , & toujours plus'' 
petite, n'ayant que deux lignes' de- 
longueur, 8c que fes fpircs font-ren-- 
fiées & arrondies. Elle eft figurée ;U 
la Planche Xïl. n. 4. de l'OCivrage de' 
l'Auteur, 



7©4 R I K R O B ROC 

RIKOURS, efpece de Singe 
fans barbe. Voyez SINGE. 

R O B 

ROBET: On trouve dans les 
fables vafeux de l'embouchure du 
Niger, dit M. Adanson , cette 
efpece de Cœur, Coquillage bivalve, 
qui approche beaucoup de ceux qu'on 
appelle vulgairement Arche de Noc , 
pareeque la figure de chaque battant 
imite celle d'une nacelle. 

Sa coquille repréfente un ovoïde 
arrondi aux extrémités , qui a dix li- 
gnes de largeur , huit de longueur Se 
prefque autant de profondeur. Elle eft 
peu épaiife , marquée au dehors de 
vîngt-fix petites canelures longitudi- 
nales , arrondies , ordinairement lifles 
Se unies , mais quelquefois ridées en 
travers. 

Chaque battant eft bordé au dedans 
d'an pareil nombre de canelures fort 
courtes , qui ne paiTent pas une bande 
d'une ligne de largeur , Se marquée 
de cinquante-deux filions très -légers, 
qui s'étendent des bords jufqu'aux 
fommets. Ceux-ci font fort courts Se 
placés au tiers de leur largeur vers 
l'extrémité inférieure. 

La charnière égale les deux tiers de 
la largeur de la coquille : on n'y comp- 
te que trente-cinq dents, qui reffem- 
blent plutôt à des dents de feie qu'à 
de petites lames , parcequ'elles font 
fort étroites Se pointues. 

Cette Coquille etl blanche Se tire 
quelquefois fur le rouge. Elle eft fi- 
gurée Planche XVIII. n. 6. 

ROC 

ROCHER, ou MUREX, en 

terme de Conchyliologie , font la mê- 
me chofe , félon M. d'Argenville. 
Sous le mot MUREX j'ai, d'après 
cet Auteur , donné la lifte des diffé- 
rentes efpeces de Murex Se les remar- 
ques qu'il a faites fur ce Coquillage. 
Il y eu a à qui on a donné des noms 
particuliers , dénominations qu'ils doi- 



R O D 

vent à leur figure : tels font par exem- 
ple l'Hériflbn , le Scorpion , le Boi» 
veiné , l'Araignée nommée Ayribit t 
l'Araignée nommée Millspeda , la Mu. 
fique , le Cafque Se l'Unique. Les 
autres qui confervent leur nom géné- 
rique de Rocher ou de Murex , font 
encore différons les uns des autres. Il 
y a le Rocher à oreille déchirée , avec 
deux rangs de pointes à la naiflance de 
fa clavicule , laquelle eft garnie de 
quatre à cinq rangs de tubercules , 
jufqu'i fon extrémité : fa couleur eft 
aurore, tirant fur le rouge. Un autre 
eft garni de rides Se de tubercules par 
étages; fa lèvre fort en forme d'aile : 
fa couleur à fond blanc eft mêlée de 
quelques taches de couleur brune. Il y 
en a^une efpece à lèvres minces , & 
une autre , dont les lèvres font fort 
épaiffes. Une efpece qui eft très-rare 
a le corps tout chargé de pointes noi- 
res affez longues fur un fond blanc : 
ces pointes forment différens étages, 
avec une clavicule élevée. 11 y en a 
encore une autre , qui eft extrême- 
ment rare, dont tous les rangs garnis 
de pointes pliées , fur-tout celui d'en 
bas , la diftinguent vifiblement des au- 
tres ; une autre qui a de très-belles 
couleurs brunes tirant fur le bleu , avec 
des pointes blanches , laquelle ne doit 
ces belles couleurs qu'à la fuppreHioii 
de fon épiderme , Se enfin une autre à 
côtes très-raboteufes , avec des tubercu- 
les à chaque côté. On découvre dans 
ce dernier Rocher un ombilic , & il eft 
d'un gris fale. M. d'Argenville 
nous a donné deux Planches de Murex , 
avec l'explication. Voyez MUREX. 

R O D 

RODING , en Suédois Roteîe , 
en Laponois Raud. C'eft un poiffoo 
qu'An. T e D i Çlchth. Part.V. p. 27.) 
nomme Saimo vix pedalîs , pïnnis ven- 
triî rubrïs , maxillâ inferiore paido 
longivre. C'eft VUrnbLa minor de G E s- 
N E K ( deAquat. p. 1 20 1. ) , de Char- 

LETON , p. 1 6"j, de WlLLUGHBY» 

p. 1$6. 



R O H ROI 

p , 1 9 6. de Ray , p. 6^5 . & d'A idro- 
v a n n e , L. V. c. 47. p. 6so. Voyez 
OMBRE. 

R O H 

R O H A U , nom que Rondelet 
donne à l'Alphefte , poiiïbn faxatile. 
Voyez ALPHESTE. 

R O I 

ROI, nom donné a un Papillon , 
appelle par M. Linhjeus ( Fauna 
Suec, p. 236". «.780.) Papilio tctrapus , 
ait s rotundatis , âentath , fulvis , nïgro 
maculatis , fubtus maculis vigmti-duo 
argenieis. Ce Papillon fe trouve dans 
les jardins. Mouffet ( Edït. Lat. 
p. 1 o 1 . ) &Aldrovande( Infetl. 
p. 245.) en parlent. Petivert ( p. 3 5. 
». 320. ) le nomme Papilio FruiLla- 
rius major, maculis fubùis argenitis , 
& Ray (Infetl. p. 1 19.) , Papilio major , 
alis fulvis , fupinâ parte maculis cre- 
bris, pronâ etiam argentés eleganter 
depitlus. Il a defllus & delTous les ailes 
beaucoup de taches argentées. C'eft 
la beauté de fes ailes qui lui a fait don- 
ner ce nom. 

ROI DES ABEILLES, nom 
improprement donné à la femelle ou 
mere poudeufe des Abeilles. Voyez 
ABEILLE. 

ROI DES CAILLES: Cet 
oifeau , qui eft le Râle noir , ou le 
Râle de Genêt , ell vulgairement nom- 
mé en François Roi des Cailles , parce- 
qu'il eft, dit-on, le conducteur des 
Cailles dans le temps de leur pafTage. 
Voyez RÂLE. 

ROIDE G U I N E E , en Latin 
Taitraco, Regia Avis , & félon E d- 
w a r D , Rex Guineenfîs. Albin 
{Tome IL n. 19. ) le nomme Oifeau 
couronné du Mexique. Il ne l'a , Ait 
M. Klein, ni bien dépeint , ni bien 
décrit, ni bien marqué le pays d'où il 
eft : car ce n'eft point un oifeau du 
Mexique , comme quelques-uns le pré- 
tendent , mais de Guinée Se de l'Afri- 
que Méridionale, vers le Royaume de 
Tome HL 



R O I R O J 705 

Congo , fur les confins du Cap de 
Bonne-Efpérance, 

ROI DES MULETS: Il y a 
apparence que c'eft le Surmuletou Vlm- 
briaco de Rondelet; le Mulet fans 
barbillons , ou le Roi des Mulets de 
Wulughbï. Voyez MULET 
& SURMULET. 

ROI DES OISEAUX DE 
PARADIS, en Latin Rex Avium 
Paradiftacarum majoris Moduli. Wi L- 
L u G h s Y en parle. Voyez OISEAU 
DE PARADIS. 

ROI DES POISSONS du 
genre des Carpes, en Latin RexCypri- 
norum. C'eft un poiflbn décrit par M. 
GRONOVtus dans les Acles d'Upfal. 
Voyez CARPE. 

ROI DES S E R P E N S : 
S e b A ( Thef. IL Tab. 104. n. t.} 
donne ce nom à un Serpent de Pille 
de Java , nommé aufFi Lamanda. 

RO JEL, Coquillage bivalve de 
la côte du Sénégal , du genre de l'Huî- 
tre , & qui eft la cinquième efpece de 
celles que M. Adanson a obfervées. 
Elle eft figurée dans fon Ouvrage , 
Planche XIV. ». 5. 

L'animal du Rojel a fon manteau bor- 
dé de deux cents filets , dont il y en a 
cent qui font alternativement plus Sç 
moins longs. 

Sa coquille eft ronde, de deux pou- 
ces de diamètre, fi mince Se fi applatie , 
qu'elle n'a pas trois lignes de profon- 
deur. Sa furface eft affez unie. 

Le fonimet ne s'avance point hors 
des bords de la coquille; il eft aufli 
obtus qu'il puifTe l'être. 

Le battant inférieur eft prefque aufïï 
applati que le fupérïeur , Se il n'y a 
aucun enfoncement ni dans l'un ni 
dans l'autre vers le fommet. 

La couleur de l'animal Se celle de 
l'intérieur de fa coquille eftd'un blanc 
fale : à l'extérieur elle eft d'un rouge 
fort rembruni. 

La première elpece d'Huître du Sé- 
négal ne s'attache qu'au bois Se aux 
arbres. Toutes les autres préfèrent les 
V u u u 



7 o6 ROI 

pierres pour s'y User , Se il y a appa- 
rence que toutes fortes de pierres leur 
conviennent également. Celle-ci a été 
trouvée fur un teiïbn de bouteille caf- 
fée , qui fut pêchée à la fonde à neuf 
brafTes de profondeur , dans l'anfe de 
l'Ifle de Gérée* Le battant inférieur 
de fa coquille s'étoit entièrement ap- 
pliqué Se étendu fur la furface un peu 
concave du verre, 

ROITELET: On donne ce 
nom à un genre d'oifeaux fort connus 
en Europe , & dont le corps eft court 
& gros. Il eft mis dans l'ordre des 
Aves F 'ajferes par M. Linnius, 
& par M. Klein dans la quatrième 
famille de fes oifeaux > Genre J , Tribu 2 . 
Il y a trois efpeces de Roitelets ; favoir 
le Roitelet ordinaire , le Roitelet In/pe » 
& le Roitelet non hupê. 

ROITELET ORDINAIRES 
Cet oifeau fur lequel on débite une 
fable , que l'Aigle le porte fur fa 
queue , Se l'élevé jufques proche du 
Soleil , eft nommé par M. Linnius 
( Faitna Suec. ». 232.), Mo ta cilla gri- 
fea , alif nigro , cinereoque undulatis. 
C'eft le Trochlodytes fimpliciter , & le 
Pajfvr Troch'odytes de Schroderus , 
p. 322. de D A L E , Pharm. p. 422. 
de Gesner, de AviB. p. 588. de 
SCHWENCKFELD , Av. Silef. p. 

324. de Jonston , de Av. p. 82. 
de M e R r e T ,. Pin. p. 1 77. d'A t- 
Drovande , Ornith. IL p. 6$ 5 . 
C'eft aufll le Regulur de Wïllughby , 
Ornith. p. 1 64.. de R a y , Synop. Meth. 
Av. p. 80. le Trochi'us , RexAvium, 
SenatOT , Reguhes de BfLON, de la 
Nat. des Oif. p. 343. 

Cet. oïfeau , félon le rapport de B e- 

* Cet oifeau eft nommé en GrecTfo'x;Aiç ; 
en Latin Trochilas , ou Regtdus , ou bien 
Cladorynckui , pareequ'on die qu'il eft X Oi- 
feau du Crocodile , induftrieux pour lui net- 
toyer les dents. On l'appelle en Italien Rea- 
û'no ; en Allemand Zaun-Koening , ou Winter- 
Koening;. en Angloîs, Wren-Common, Il por- 
te en François plufieurs noms, félon les Pro- 
vinces ; par exemple , on le nomme en So- 
logne Rahoiry , ou Rabery ■ eo Orléanois 
SjssiilfW , ou RovîHon.; en Périgprd, Reie.- 



R O I 

ION, aune à fe tenirfeul, & même 
s'il trouve un de fes femblables , prin- 
cipalement s'il eft mâle, ils fe battront 
l'un Se l'autre , jufqu'à ce que l'un 
des deux demeure vainqueur; 8c c'eft 
alfez au vainqueur que ie vaincu s'en- 
fuie devant lui. Il eft toujours gai , 
alerte oc vif ; il porte fa queue trouiïée 
comme un Coq. Scion A R 1 s t o t e 
il fe nourrit ordinairement par les buïf- 
fons,hantantles pertuis,& il ne fe prend 
qu'avec grande difficulté. C'eft un 
oifeau qui' n'eft jamais mélancolique , 
mais toujours prêt à chanter : aufll 
l'entend-on foir & marin de bien loin 
Se principalement en temps d'hiver. 
Alors il ne chante gueres moins haut,, 
ni moins bien que le Roflïgnol. La 
ftructure du nid, tel qu'il le fait com- 
munément couvert de chaume dans- 
quelques permis de murailles , eft en, 
forme ovale : il eft couvert deflùs 
& deflbus , Koifeau n'y laiflant qu'un 
fort petit pertuis par lequel il peut en- 
trer. On trouve des Roitelet/ qui ha- 
bitent dans les forêts , dans les haies 
épai'fles , & dans les buiÏÏbns. Ses pe- 
tits font fort difficiles à élever pour 
les nourrir en cage ; car bien qu'on les 
nourrifle jufqu'à un certain temps , ils 
meurent à la fin. Mais fi par hafard on en 
peuteonferver quelqu'un, on a autant 
de plaifir de fon chant , que de celui de 
tout autre oifeau, d'autant qu'il chante 
pendant l'hiver. La Nature lui a donné 
un bec grêle reffiemblant à celui de la 
Bergeronnette: il ne cafte pas de grains,, 
il vit de Vers , nourrit fix petits , 5e 
quelquefois huit , Se il a les. jambes; 
Se les pieds bons. 
F r 1 s c h dit que l'es Anciens ont 

net ; en Aniou Beurichon , Rurruchon, Beuri- 
ckot , Berichot , Berithon, Beruchet , Roi Ber- 
tauld , ou Bœuf de Dieu ; en Bourgogne , 
Roi de froidure ; en Normandie Rentre, & 
Rebetrer , ou Rebetrin ; en Saimonge , Roy- 
boitti; en Guyenne , Arrepit ; en Poitou , 
Kionkian. La plupart de ces dénominations 
répondent au mot Latin Regulus ,■ les autres 
dénominations données à cet oifeau font dé- 
rivées de' fon plumage, de fa contenance,, df 
la taille , ou de fon cri» 



R O I 

raconté bien des fables fur cet oifeau. 
Sur la fin de l'automne ou au com- 
mencement de l'hiver, il cherche en- 
core des Vers Se des Araignées dans 
les murailles. On l'entend 8c on le voit 
encore quand il y a peu de temps qu'il 
a neigé , ce qui le fait nommer Roitelet 
de neige par quelques-uns. Lorfqu'ii 
chante , le fon de fa voix eft fi fort 
Se fi agréable qu'on fouhaite toujours 
de l'entendre S; plus fouvent 8c plus 
long-temps. Il fait plus de petits que 
les autres petits oifeaux , mais non pas 
tant que la Méfange. 

O r, i K a rapporte qu il vît trois ou 
quatre ans , Se qu'il pond à chaque 
couvée cinq ou fix œufs , 8c quelque- 
fois plus. On dit que dans certaines 
Provinces de France , les gens de cam- 
pagne fe font un fcrupule non -feule- 
ment de tuer cet oifeau , mais même 
de toucher à fon nid , le regardant 
comme une chofe facrée ; Se les enfans 
îmbus de la même idée, pareeque leurs 
parens ne manquent gueres de leur inf ■ 
pirer de bonne heure leurs propres 
préjugés , n'oferoient en dénicher. 

Cet oifeau , dit A L B I N ( Tome I, 
n. 53. )t e ft long de quatre pouces &: 
un quart, Se large de fix. La tête , le 
col, le dos, le croupion &laqueue 
font d'une couleur rouge clair châtain. 
Le dos , les ailes & la queue font di- 
verti" fiées de lignes qui traverfent; la 
gorge eft d'un jaune pâle , le milieu de 
la poitrine eft plus blanc; le bas-ventre 
eft d'un rouge fombre. Les pointes du 
fécond rang des plumes des ailes font 
marquées de trois ou quatre taches 
d'une couleur jaunâtre , comme font 
les plumes couvertes de la queue. Les 
plumes fortes Se longues de l'aiie font 
au nombre de dix-huit. La queue qu'il 
tient ordinairement élevée , eft com- 
pofée de douze plumes. Le bec eft 
long d'un pouce & demi , délié , jau- 
nâtre au-deiTous, Se fombre au-deiTus. 

* Cet oifeau eft nommé en Italien fîar 
ramîo, c'eft-à-dire , Fleur de Souci , à caufe 
de la couleur de fa hupe. Les Anglois lui 



ROI 7 oj 

Le _ dedans de la bouche eft jaune , 
l'iris eft de couleur de noîfetier. Il a 
les doigts de dehors attachés à ceux 
du milieu , jufqu'â la première jointure. 
Il vole bas autour des haies Se des 
enfoncemens , Se comme il ne vole pas 
loin , fi on le châtie des haies , on le 
peut fatiguer Se le prendre très-aifé- 
ment. Il fait fon nid quelquefois près 
des murailles des maifons , dans les 
derrières des écuries, ou d'autres dé- 
pendances de maifons couvertes de 
chaume, mais plus ordinairement dans 
des bois & dans des haies. Le dehors 
du nid eft conftruit de moufle , Se le 
dedans de poil & de plumes. Ce nid 
eft fait comme un œuf pofé fur une 
de fes pointes. L'ouverture par lequel 
l'oifeau fort Se rentre eft pratiquée fur 
le côté. Quand il eft apprivoifé il ga- 
fouïlle fort agréablement; la voix eft 
plus fonore & élevée qu'on ne le croi- 
roit , eu égard à fa force & à fa grof- 
feur, fur-tout dans le mois de Mai, 
car c'eft alors qu'il engendre. Il pond 
neuf ou dix œufs , Se même quelque- 
fois davantage, Avant G e s n e k , les 
îologues modernes avoient tous 
pris cet oifeau pour le Roitelet des An- 
ciens , dit WlLLUGHBY. 

Cet oifeau, dît-on, eft un fpécîfi- 
que contre la pierre dans les reins 
ou dans la veille , fi on en mange la 
chair toute crue , ou fi on le brùie , 
Se qu'on en prenne les cendres dans 
du vin blanc. Ce Roitelet commun , di- 
fent les Auteurs de la Suite de la Ma- 
tière Aîéâicale , contient beaucoup de 
fel volatil & d'huile. De quelque fa- 
çon qu'on le mange , ïl poulîe puif- 
làmment les urines. 

ROITELET HUPÉ* nom- 
mé en Latin Regulus criflatus, C'eft 
le I roc h U us d'AmsToTE & de Pline, 
le Parus fylvaticus de Gesner, 
Av, p. 643. le Regulus d' A l D R o- 
v a N d e , Omith. L. XVII. c, 1. le 

donnent le nom de the Reped Wen; les Sué- 
dois défignent le Roitelet hupé par celui 
de Kongffogel, 

V u u u i j 



7 o3 ROI 

PaJfcTculm Troglodyte? ou Trochlodytes 
de Jonsto'n, Ornuh. p. 42. le Ré- 
gulas crifiatus de Ray, Av. p. 79. 
». o. de f illughby, Ornlth. p. 
163. t. 41. & d' A lbin , Tome I. 
p. 51. T<i£. 53. M. Li N N M u s dit 
que c'eftle plus petit des oifeaux qu'on 
voit en Suéde , 8e auffi le plus petit 
qu'il y ait en Angleterre , dit aufli 
Albin. Il eft long de trois pouces 
& un demi quart depuis la pointe du 
bec jufqu'à l'extrémité de la queue, 
Se large de fix pouces les ailes éten- 
dues. Il a fur le fommet de fa tête une 
très-belle ou brillante tache, ou hupe , 
d'un jaune doré , mélangée de couleur 
de fafran. De-là , il s'eft acquis chez 
les Anciens les titres pompeux de Ré- 
gulas & de Tyrannus. Il peut , quand 
il veut, cacher entièrement fa hupe, 
8c la rendre învifible en ridant fon front 
& en refferrant les côtés de la tache. 
Elle eft oblongue , Se directement éten- 
due à travers le milieu de la tête de- 
puis le bec jufqu'au col, Les bords en 
font jaunes des deux côtés » & le tout 
eft entouré d'une ligne noire; les cô- 
tés du col font d'un beau verd relui- 
fant 8c jaunâtre ;. fes yeux font entou- 
rés de blanc. Le col & le dos font d'un 
verd fombre tirant fur le jaune ; la 
poitrine eft d'un blanc fale. Les ailes 
reffemblent à-peu-près à celles d'un 
Pinçon , étant creufes : elles ont dix- 
huit fortes Se longues plumes , toutes 
d'une couleur fombre , excepté que 
leurs bords extérieurs font jaunâtres , 
& les intérieurs font blanchâtres ; les 
plumes contigues au corps font blan- 
ches à leurs extrémités ; les grandes 
qui font les plus avancées en dehors 
font très-courtes Se petites. Les plu- 
mes couvertes de la première aile ont 
des pointes blanches ; leur aflemblage 
rep réfente une ligne blanche en tra- 
vers de l'aile ; la queue eft compofée 
de douze plumes d'un pouce Se demi 
de longueur , non fourchue , Se d'une 
couleur fombre , excepté que les bords 
extérieurs des plumes font d'un verd 



R O I 

jaunâtre. Le bec eft délié » droit Se 
noir , lequel eft de la longueur d'un peu 
plus d'un quart de pouce. Les pattes 
8c les griffes font jaunâtres ; la langue 
eft longue , aiguë Se fendue ; les iris 
font de couleur de noifetier. Ces oi- 
feaux pondent fix ou fept œufs , qui 
ne font pas plus gros que de gros 
poids : ils fe nourrirent de petits in- 
fecles , font leurs nids dans des Ifs „ 
ou dans des Sapins , Se ils le compo- 
fent de moufle verte , mélangée de 
toiles d'Araignée , ce qui les fortifie 
beaucoup , Se contribue à tromper les 
fpeftateurs. Le nid de cet oifeau eft 
de la grandeur d'une greffe balle , étant 
couvert comme celui du Roitelet or- 
dinaire , avec un trou à côté pour y 
entrer Se pour en fbrtir. Catesbï 
C Append, p. 13. ) parle du Roitelet 
hupé. 

ROITELET NON HUPE, 
en Latin Régulas noncrijlatiu. Al b i n 
( Tome IL n. 50. ) dit que cet oifeau 
eftlong de cinq pouces depuis la pointe 
du bec jufqu'à l'extrémité des griffes 
ou de la queue, 8e , fes ailes déploy èes f 
il eft large de fept pouces.. Les plu- 
mes de la tête , du dos & du croupion 
dans le mâle font d'un verd fombre • 
le menton Se le3 côtés de la tête fous 
les yeux font jaunâtres. Il y a une 
tache de la même couleur des deux 
côtés de la poitrine près de la naiffance 
de l'aile. Les plumes de la poitrine , 
du ventre 8c des cuiffes font fort blan- 
ches ; une bande jaunâtre s'étend des 
narines au-deffus des yeux , prefque 
au derrière de la tête. Les ailes ont 
chacune dix - huit plumes principales 
d'une couleur fombre , Se leurs bords 
extérieurs font verds ; la queue a deux; 
pouces de longueur , de elle eft com- 
pofée de douze plumes de la même 
couleur que les ailes. Le bec eft délié ? 
droit, aigu Se brun; la mâchoire fupé- 
rieure eft un peu plus longue , Se plus 
crochue dans le mâle que dans la fe- 
melle. Les narines font larges; les jam- 
bes & les pieds font petits; le mâle lésa 



RON 

de Couleur d'ambre , & la femelle les 
a noirs. Ces oîfeaux fe nourriffent d%- 
ièctes : leur ramage reflTemble au ton 
rampe des Sauterelles ; ils fréquentent 
les bois & les déierts , Se fe perchent 
fur les fommets des Chênes, Ils font 
leurs nids de mouffe Se de paille , Se 
les garnifient en dedans de poils & de 
plumes. Leur ponte eft de cinq œufs 
qui font tachetés par- tout de petites 
marques rouges. La couleur du plu- 
mage de la femelle ne diffère point 
de celle du mâle , qu'en ce qu'elle 
eft plus brune. Cet oifeau eft nommé 
par M. L i n n /F. u s ( Fauna Suec. n. 
a 3 6. ) , Motacilla cinereo - vire/cens , 
fubths ftavefcens,fuperciliis luteis. Il eft 
connu fous le nom de Régulas non 
enflants par Aldrovande , Ornith. 
L. XVII. c. %. par Willughbï, 
Ornith. p. 164, f.42. Se par Ray, Sy/iop. 
Aie th. Av. p. 80. n. 10. Cet oifeau eft 
plus petit que le Roitelet ordinaire , 8c 
plus grand que le Roitelet hupé. 

On voit du côté d'Upfal un petit 
oifeau de la figure du Serin , mais du 
double plus pefit , qui eft toujours en 
mouvement , & qu'on voit fans ceffé 
fauter de branche en branche. M. 
Linn^eus ( n. 237.) le nomme 
Motacilla dorfo cinereo-virefeente , re- 
migibus fufeis , feptimo , oilavo , mm , 
apicibur albis. 

RON 

RONCE, efpece de Raie. Voyez 
RAIE. 

RONGERA, nom que les Gé- 
nois donnent à une efpece de Pourpre , 
Coquillage de la mer Adriatique , nom- 
mée à Rome Ogniella. C'eft le cou- 
vercle du Conchylium de M. d'A r- 
genville. Voyez POURPRE Se 
ONGLE AROMATIQUE. 

RONCKIE, nom donné à un 
Colibri » petit oifeau de l'Amérique , 
en Latin Mellifuga Ronckje dicta , Avi- 
€ula Americana yColibritis , dit S e b a 
( Thef. L p. 59- n. 5. } : il a le bec 
long Se pointu. F s. 1 s c K appelle la 



R O N R O O 709 

femelle de cet oifeau Roitelet des bi- 
des , ou Moineau mu fané. Voyez CO- 
LIBRI. Jï y 

R O N D E L L E, nom qu'on donne 
a Agde , dît R o n d e L e t , à la Mor- 
rude , poiffon de mer. Voyez MOR- 
RUDE. 

R O N D I N E , nom qu'on donne 
à Rome à l'Hirondelle de mer de 
Pline. Voyez HIRONDELLE 
DE MER. 

R O N D I R E , nom qu'on donne 
à Rome , dit A r t e d i , à un poiffon 
volant , qui eft le Milan de mer des 
uns , & l'Hirondelle de mer des au- 
tres. Voyez MILAN DE MER. 

R O O 

R O O T A U G , ou ROTEN- 

GLE , félon F 1 c u L u s , en Latin 
Eryihrophtalmtts , efpece de Brème , 
ou poiaon femblable à la Brème > con- 
nu en Allemagne. M. L 1 n n m u s 
( Fauna Suec. p. 123. n. 324. > le 
nomme Cyprinus pinn& ani radiis qua- 
tuordecim , pinnis omnibus rubris , 8c 
A R t E D 1 ( Fart. V. p. 5. n. 3.), Cy- 
prinus ir i de , pinnis omnibus caiiàatjiie 
rubris. Les Angiois le nomment the Red- 
Eye i les Suédois Sarf , & dans la Wef- 
trobonie Ijarf. Villughbï( Ichth. 
p. 240. ) , Se l\ a Y ( Symp. Mi th. Pifc, 
p, 116. ». 6. ) parlent de ce poiffon. 
Ce dernier dit qu'il approche de la 
Brème pour ta figure du corps ; mais 
il eft plus gros. Ses nageoires font rou- 
ges , & il a des teintes de rouge fur 
tout le corps , principalement dans les 
yeux. On lui voit fous la langue une 
tache jaune. Ses écailles font plus gran- 
des que celles du Pagel de R o N- 
D e L e T. Il eft diftingué de l'Orfus 
par la rougeur de fes yeux , par la ta- 
che jaune qu'il a fous la langue , par 
les rayons qu'il a à la nageoire du dos , 
Se par fes inteftins qui font différent 
tours. L'Alburnus d'AusoNE , qui elï 
Y Able , auquel oifëau Rondelst 
donne des yeux rouges , eft nommé par 
quelques-uns ErythropthaÏTnas. K y a 



7 io _ R O P 
encore le Vairon , qui a été nommé 
tpoôpo£8«ty»npar les Grecs, ditGESNEtt, 
de Aqiiat. p. 43 S. 

R O P 

R O P AN : C'eft le nom que l'on 
donne à une forte de Coquillage mul- 
ti valve qui fe trouve au Sénégal , 3c 
qui eft figuré à la Planche XIX. n. 21. 
de l'Ouvrage de M. A D a n s o n : 
il en parle en ces termes, La coquille 
du Ropan que j'ai rapportée au Taret , 
appartient à un genre différent : elle 
a beaucoup plus de rapport avec ce 
que l'on appelle Dali , ou Datte. Elle 
eft compofée de trois pièces , dont 
l'une eft un tuyau conique fort mince , 
qui refte attaché aux corps pie reine 
dans lefquels il eft enchâiîé. Ce 
tuyau eft percé comme celui du Ta- 
ret , de deux trous, dont le fupérieur 
eft beaucoup plus petit que l'intérieur. 
Il enveloppe entièrement les deux au- 
tres pièces de la coquille qui font les 
battans. 

Ces battans reprêferntent un ovoïde 
long d'un pouce ou environ , deux fois 
jmoins large , & beaucoup plus gros à 
fbn extrémité inférieure qu'à la fupé- 
rieure. Ils font égaux , fort minces , 
fans charnière ni fommets appareils , 
& terminés de manière qu'étant fer- 
més , ( Se ils le font irès-exa&ernent > , 
les deux dents fe croifent & s'em- 
braftenr. 

Leur furface eft |UTe , quelquefois 
fauve ou brune , mais elle eft ordinai- 
rement blanchâtre. Ce Coquillage ne 
fe trouve que dans les amas de Ba- 
Janus , autrement appelles Glands de 
mer, dont il perce la coquille pour fe 
loger. Il ne s'y enfonce jamais plus 
qu'il n'a de longueur , laiffant toujours 
fortir les deux pointes de fes battans 
pour communiquer avec l'eau. Il en- 
duit le trou qu'il a creufé d'une co- 
quille affez mince en forme de tuyau , 
femblable à celui du Taret , mais qui 
tient à ceux du Balanus , de manière 
qu'on ne peut l'en détacher. H eft fort 



R O P R O Q 

commun autour de l'Ifle de Gorée Se 
du Cap Verd. 

Sous le nom de Ropan , M. Adan- 
.SON" range le Pbolai Ugnorum , dont 
parle Rumphius , Mu]', p. 152.. art. 7. 
lab. 46. fig. H. 

Le Pbolas minor , atro-rnbens,firia- 
tus de Sloane , Jam. Vol. IL Tab. 
241. fîg. 22. & 23. 

Et le Fholas Ugnorum , Rumphiana , 
longa , acutè ellipnca , fragilis, verti- 
califoramin.ç roumdo , coloris cinerei > 
in palis putridis vivens de M. Klein , 
Tent- p. 165. Jp. %. n. 1. 

Pi. O P O S A , nom que les Portu- 
gais donnent à une efpece de Renard 
du Bréftl, C'eft le Carygueia. Voyez ce 
mot. 

R O Q 

ROQUET, ouROCQUET: 
C'eft une efpece de petit Lézard , à 
ce que dit Rochefort ( Hifi. des 
Ant. ) , qu'on trouve dans quelques 
petites lu.es lefquellcs font dans les 
culs de facs de la Guadeloupe. Ces 
Lizards ont tout au plus un pied de 
long ,&font portés fur quatre pieds, 
dont ceux de devant font affez hauts. 
Ils ont les yeux fort étincelans & 
vifs ; la peau eft de couleur de feuilles 
mortes , marquée de petits points jau- 
nes Se noirâtres : ils portent la queue 
retrouvée en arcade fur le dos , aulleu 
que tous les autres la portent trnînante 
à terre , & ils tiennent toujours la tête 
élevée en l'air. Ils font il agiles qu'on 
les voit toujouis fauter autour des 
hommes , qu'ils prennent plaisir à voir ; 
en forte qu'ils s'arrêtent aus lieux où 
ils en rencontrent. Quand ils font pour- 
fuivis , ils ouvrent la gueule & tirent 
la langue comme de petits Chiens 
de chaffe , ce qui leur a fait donner le 
nom de Koqiiets. Ils fe fourrent aufS 
dans la terre , non pour y pondre leurs 
œufs , mais pour manger les œufs des 
autres Lézards , Se ceux des Tortues. 
R a y ( Synop. Quad. p. 268. ) parle de 
cet animal. 



R O S 

ROSE, nom qu'on donne , dît 
Rondelet, à la troifieme Ortie 
de mer. Voyez ce mot. 

ROSETTE: M. Gronovius 
i Aél. d'Upfal , 1742. p. 101.) dit 
qu'on donne ce nom en Hollande à 
un poifTon de mer très-rare , que ce 
Naturalifte nomme TrigU facie Pifcis , 
ojjtculis membrarm brancbiojhgà utriîi- 
que fcptem. Le corps de ce poifïbn de- 
puis la têts jufqu'à la queue va peu- 
à-peu en diminuant ; la tête depuis 
le haut jufqu'à. la bouche eft auffi en 
pente , grande , quarrée , Se elle eft 
comme cuiraffée Se ftjrîée de différentes 
façons, ce qui forme comme un ou- 
vrage cîTeïè ; elle eft de la même cou - 
leur que celle du dos. Le haut Se les 
côtés font très-plats ; proche de l'occi- 
put , au deflus du commencement de 
la ligne latérale , il y a une épine ou 
un aiguillon , fort & pointu , tourné 
du côté du corps; & au-deffus du même 
occiput il en paroît un autre qui fort 
d'une lame offeufe. La bouche de ce 
poifTon eft large , Se l'ouverture très- 
ample , le bout eft un peu rude Se 
comme cariné ; on y voit de chaque 
côté trois éminences. Les dents de la 
mâchoire fupérieure Se inférieure font 
petites Se en grand nombre. La mâ- 
choire inférieure eft plus petite que la 
fupérieure Se n'a point de lèvres. Les 
narines , couvertes d'une membrane , 
font fur le penchant de la tête , entre 
la bouche Se les yeux de ce poifTon. Les 
yeux font placés au haut de la tête 
affez voifins les uns des autres , cou- 
verts d'une peau, grands , placés obli- 
quement , ce qui fait que ce poifTon 
regarde de côté. Les orbites des yeux 
ont fept lignes de long fur un pouce 
de large : ils font légèrement dentelés 
à leurs bords , 8e vers la bouche ces 
orbites paroifTent avoir une certaine 
groffeur , fur laquelle il y a deux 
courts aiguillons courbés , tournés du 
côté du corps; & à la partie pofté- 
sieure de ces orbites , il y a aufu un 
autre aiguillon bien plus petit , & auffi, 



R O S 711 

tourné du côté du corps. La paupière 
eft d'un bleu noir , l'iris eft large & 
blanche ; le dos , depuis le commence- 
ment de la première nageoire jufqu'à 
la fin de la féconde eft fillonné. Ces 
nageoires occupent le milieu du fillon , 
dont les bords de chaque côté font 
munis de vingt-neuf, ou de trente pe- 
tites pointes qui font tournées vers la 
queue. La couleur du dos eft d'un 
verd rougestre, L'anus , qui eft placé 
devant la nageoire de la queue , ré- 
pond à l'oiTelet quarré de la féconde 
nageoire du dos. La membrane » qui 
couvre les oui es , eft de la même cou- 
leur que celle du ventre. Ce poiffon 
a huit nageoires , dont il y en a deux 
de placées au dos , deux à la poitrine r 
deux au ventre , une à l'anus , Se une 
à la queue. Celles du dos font un peu. 
rougeàtres. La première, prcfque faire 
en forme de triangle , eft compofée 
de huit arêtes pointues Se fimples. La 
première arête eft longue d'un ponce 
Se deux lignes , la féconde d'un pouce 
Se trois lignes : les autres vont peu-à- 
peu en diminuant , de façon que la 
dernière a à peine deux lignes de long. 
La féconde nageoire du dos eft com- 
pofée de feize arêtes , fans être poin- 
tues, tournées vers la queue, toutes de 
la même longueur, Se de dix-huit li- 
gnes de long. 

La nageoire de la poitrine de cha- 
que côté eft très-ample , longue de 
trois pouces Se demi: étendue , elle a 
de largeur trois pouces Se deux lignes,. 
Se onze arêtes flexibles : celle qui eft" 
proche de la nageoire du ventre eft 
longue d'un pouce. Elles font cou- 
vertes d'une membrane forte Se bleue. 

Celles du ventre ont prefque deux 
pouces de long, & un pouce Se trois, 
lignes de large : elles font blanches, 
mêlées d'un peu de rouge , &compo- 
fées de fix fortes arêtes. La première 
qui eft proche de la nageoire du dos: 
eft longue de trois pouces & deux li- 
gnes; lss autres font raweufes depuis: 
leur milieu. 



7 i2 R O S 

Il y a entre les deux nageoires de 
la poitrine Se du ventre trois appen- 
dices articulées, un peu repliées vers la 
queue. La première de ces appendices 
placée proche de la poitrine eft prefque 
longue de deux pouces, la féconde d'un 
pouce Se demi , Se la troifieme d'un 
pouce Se une ligne, 

La nageoire de l'anus eft composée 
de feize arêtes , qui ne font point poin- 
tues , tournées vers la queue. Ces arê- 
tes font fimples , excepté la première 
Scia féconde qui font doubles : prefque 
toutes font de la même longueur que 
les arêtes de la féconde nageoire du 
dos. La nageoire , qui forme la queue, 
eft légèrement rouge Se fourchue , maïs 
étendue: elle paroît égale.Se elle eil lar- 
ge de trois pouces,longue de deux pou- 
cesdeux lignes.Cette nageoire eft çom- 
pofée de douze ou de treize arêtes ; 
la première Se la féconde des deux 
bouts font les plus petites & les plus 
fimples ; les autres font radiées. 

Les écailles de ce poiffon font ran- 
gées en forme de tuiles , blanches au 
ventre , Se d'un verd rouge au dos. Il 
a une ligne droite au côté qui s'étend 
le long du corps plus proche du dos 
que du ventre : elle prend fon origine 
entre l'épine fupérieure de l'occiput, 
ou elle eft un peu plus élevée. Cette 
ligne a peu d'élévation ; fans être rude 
au toucher, elle eft comme raboteufe; 
car elle eft remplie de petits tubercules 
longs , & d'un verd rougeâtre. 

Le palais & la langue font unis. Le 
eccur eftoblong , attaché au diaphrag- 
me qui eft mince ; le ventricule eft 
auffi oblong , très-membraneux & lar- 
ge du doigt. Il y a huit appendices 
au pylore. Les inteftins font forts Se 
épais , 5c font trois tours autour du 
ventricule. Le foie eft au-deffous du 
diaphragme, divîfé en deux lobes: il 
couvre le ventricule Se les appendices 
du pylore. La véficule du fiel eft oblon- 
gue Se rougeâtre , placée entre les deux 
lobes du foie : ily a deux grands ovaires 
de couleur rouge , Se de la longueur 



R O S 

de l'abdomen. La veflie d'air attachée 
aux reins, eft couverte de deux fortes 
membranes ; les deux reins font atta- 
chés A l'épine du dos , & font féparés 
l'un de l'autre de la longueur de l'ab- 
domen. La couleur de ce poiffon de- 
puis le dos jufqu'au milieu du ventre, 
eft d'un verd rouge ; le refte du ventre 
eft blanc. Sa chair eft blanche Se de 
bon çoût. 

CepoiflTon de mer eft très-rare. M. 
Gronovius obferve qu'il a quel- 
que reffemblance avec le Corbeau de 
merde Saivien , dont Wn.i.uGHBY 
( Tab. S. 4. ) donne la figure. Mais 
celui-ci en diffère par la nageoire de 
l'anus , qui eft beaucoup plus petite 
que la féconde du dos , Se par le nom- 
bre des arêtes dansplufieurs nageoires. 
Willuchbï, félon ce Naturalifte , 
a mal rendu les aiguillons de la tête , 
le bord dentelé des yeux , Se trois ai- 
guillons courbés qui s'y trouvent, ainfi 
que les appendices articulées d'entre 
les nageoires du ventre Se de la poi- 
trine , que Wi llughbï repréfente 
pendantes en dehors, Se qui dans leur 
état naturel ne font point telles : elles 
font placées entre ces nageoires, Se font 
Comme cachées fous celles du ventre , 
Se on ne peut en aucune manière les 
tirer en devant. Ce poiffon depuis le 
bout des mâchoires jufqu'à celui de la 
queue, a douze pouces de long. 

M. Gronovius parle d'un au- 
tre poiffon femblableà celui-ci, mais 
plus petit. Les Pêcheurs Hollandoîs 
en prennent en quantité dans les mois 
de Juin Se de Juillet ; ils l'apportent 
au marché , où il eft auffi efthné que 
le précédent.Ils l'appellent auffi Rofette. 
Il diffère de celui que nous venons de 
décrire par la membrane qui couvre les 
ouïes , qui eft compofée de fix arêtes ; 
parcelle de la première nageoire du 
dos, qui eft noire: cette couleur périt 
quand le poiffon eft mort ; par la fé- 
conde nageoire du dos , compofée 
de dix-huit arêtes , qui font molles 
& non pointues j par la nageoire de 

l'anus , 



R O S 

l'anus, qui* en a dix-neuf, qui ne font 
pas auffi pointues : la première eft 
fmple , 8c la dernière dès Ton origine 
paraît double ; par les arêtes de la na- 
geoire de la queue , qui font plus ra- 
diées; par les bords du filion du dos , 
qui font très-rudes & garnis de peti- 
tes épines , & par la ligne que cepoif- 
fon a au côté, garnie tout au long de 
quantité de petites pointes tournées 
vers la queue. Ce poiffon , depuis le 
bout des mâchoires jufqu'à l'extré- 
mité de la queue , a fept pouces cinq 
lignes de long. 

ROSIERE, poiffon bourbeux , 
que Rondelet ( Part. IL p. 1 49. ) 
nomme Phoxinus , en retenant le nom 
Latin qui vient du Grec. Voyez au mot 
PHOXINUS. 

R OS M A RE, du Latin Rofma- 
rus , Morjjen Ruffien , thé Seak,ow en 
Anelois , Hors - Hival en Anglo- 
Saxon , PSalros Se Walrus en Hol- 
landois , Phoca dentibus caninïs exertis 
par M. L 1 n n m u s , Vache marine 
en François , & Bête à U grande dent, 
félon Denis ( Defcript. des cotes de 
L'Am. Septentr. Vol. H. p. 250'.). Ce 
poiffon cétacée & amphibie , eft, fé- 
lon M. K l e 1 n C Dijp. Quad, p. 92. ), 
du genre des Quadrupèdes digités ve- 
lus ou poilus , Se de la famille des 
Anomalopedes. Cet animal , pour la 
forme du corps eft très-femblable au 
Phocas , cependant il eft plus grand ; 
il a plus de corps , Se il eft plus pe- 
lant. Les pieds font plus propres à na- 
ger qu'à marcher ; les doigts garnis 
d'ongles courts font couverts d'une 
peau. Cette peau a d'épaiffeur la moi- 
tié d'un pouce : les poils font courts , 
bruns & d'un jaune fale. Il a la tête 
groffe , informe , plate en devant , fur 
le front deux trous , l'ouverture de la 
gueule eft garnie de foies ou filets très- 
forts. C'eft en un mot un animal barbu. 
La mâchoire inférieure eft garnie de 

* On nomme en Italien Piota cette forte 
Ae poiffon ; en Anglois, Roche; en Suédois, 
Moert. Ce poiffon eft auili appelle en Da- 
Teme III. 



R O S 71? 

trois dents , Se la fupérieure de quatre. 
Outre ces dents fortent de fa mâchoire 
inférieure deux autres dents très-lon- 
gues faites en forme de croiffant : elles 
ne le cèdent en rien à celles de l'E- 
léphant pour la dureté & pour la blan- 
cheur ; elles ne font pas exactement 
rondes , mais un peu fourchues. La 
Nature l'a pourvu de ces deux for- 
midables dents , pour tirer de vaft.es 
corps dedeffusles glaces Se les traîner 
vers le rivage ; il ne peut pas long- 
temps fubfifter fous l'eau , fes pieds 
trop courts & placés de côté ne lui per- 
mettent pas de faire de grands efforts. 
Ces deux dernières dents , dont nous 
venons de parler , lui fervent à fe dé- 
fendre cruellement contre fes enne- 
mis. Voyez au mot VACHE MA- 
RINE. 

ROSE MU KEN, poiffon que 
l'on pêche dans les étangs & dans les 
lacs de Pruffe , dit G e s N E R , de 
A mut. p. 378. 

ROSEN-KAFER, ouGOLDE- 
KAFER , Mouches Cantharides , ainfi 
nommées par les Allemands, parce- 
qu'elles fe tiennent dans les Rofes. 

ROS OT A, ou GUIS EL A , 
Albert le G r a n d , dît Ruysch 
{ de Quad. p. 10 5. ) , donne ce nom à. 
une efpece de Belette , dont les ex- 
crémens font odoriférans. 

R O S P O , nom que les Génoif 
donnent à la féconde efpece de Paf- 
tenaque , dit Rondelet, parce- 
que ce poiffon a la tête faite comme 
celle du Crapaud. Voyez PASTE- 
NAQUE. 

ROSSE* , poiffon de rivière , 
nommé en Latin Ritdlus , ou Rubellio , 
à caufe de la couleur rouge de fes 
nageoires , mais différent du Rotele , 
nommé auflï Rutilus. Gaza, dît 
G e s N e r ( de Aqitat. p. %66. ) , a 
pris quelquefois V Erythrïnus , poiffon 
de mer , pour le Rubellio. Le Rutilus 

nois Rudfc - Rallîg ; en Allemand , on lui 
donne les différens noms de Roaiig , Rotoge » 
& Rotçle. 

X x x x 



7.14 nos 

eft au£& un poiQon de lac; il eft dif- 
férent d'un autre poiffpn que npus 
nommons Rouget. Ce peut bien être 
le Pkoxinus de Rondelet. Ak- 
t e d 1 ( Ichth. Part, V. p. 10. n. 18. ) 
le ngmme Cyprinus itide , pimi* ven ~ 
traiibus ac ani pltr unique rubenùbus. 
F 1 G u 1. a {fol. 5. a. ) le nomme Ru- 
bicultts , G e s n £ n Se Charleton 
(p, 158. ) Rutilus , five Rubdlio fiu- 
viatilis , ainfi que Whlughbi, 
p, 262. Se que Raï , Synop. Pifc. p. 
122, Aldrovande t JL. V. c. 32. 

p. 2.6l. JONSTON, I, III. C. ï 4. 

& Schonneveld, p. 63 . en 
parlent fous le nom de Rutilus. Ce 
poiffon eft commun dans les lacs de 
Suéde, M. L i N n .€ u s {Fauna Suec. 
p. 83, n. 2iiJ , qui le nomme Cjpn- 
»*// p*?/#<e ^ot radiis duoâecim rubicun- 
dis , marque qu'il fraie quand le Souci 
commence à fleurir. Artedi parle 
d'un autre Rutilus , nommé par Wil- 
lughby & par Ray , Rutilus latior t 
ou Rubellio fluviatilis. Ceft ï'Orfut 
des autres Naturaliftes , nommé iïo- 
tele par Baltner. Voyez ROTELE. 
Le Célerin a auffi le nom de Rojfe. 
Voyez CÉLERIN. 

ROSS 1 GN OL, ou ROUS- 
S ï G N O L '* : Ce nom eft donné au 
RojfignoL franc , au RoJJignol de mu- 
raille , Se à la Roujferole , ou alcyon 
vocal. 

ROSSI GNOL FRANC : 
Cet oifeau , mis par M. L 1 n m je u s 
au nombre des Avcr Pajjcrss , eft nom- 
mé par le même Naturalifte C Fauna 
Suec. p. 83. ». 221.), Motacilla rufo- 
cinsrea , genuum annulis cinereis. Il 
tient le premier rang entre- les oifeaux 
qui chantent. L'Alouette des bois , 
dît Albin, eft le feul oifeau qui le 
difpute avec le RoJJignol pour le chant: 

* Cet oifeau eft noramé en Grec aVm\, 
félon Aristote , Hifl. Anim. L. IX. c. 49. Il 
eti appelle en Latin Vhilomela , c'eft-à-dire 
Muficten par excellence, & lit feinta, ou 
Lufciela ; es Anglois., Jsightîvznk ; en Sué- 
dois, félon M. Linnje.us , 2v ad knrguhl. Les 
François j dit B £ 1 o n , ont nomxné cet oi- 



R O S 

ils s'efforcent de fe furpaffer l'un Se 
l'autre, Si l'Alouette paroît l'emporter 
par la force Se par l'aifance de fon chant, 
le Rojftgnol la furpafle auffi, par la va- 
riété de fes tons doux S; harmonieux. 

Il eft , dit R A y ( Synop. Melb-. Av. 
p. 78. n, z. ) t de la grandeur du Char- 
donneret , ou un peu plus petit qu'un 
Moineau , quoiqu'il paroïfle plus long. 
Il n'eft recommandable que par fori 
chant, n'ayant aucune beauté dans fon 
plumage. Son corps eft fi léger qu'il 
ne pefe en tout qu'une once. Il a le 
bec longuet , tendre , flexible , noi- 
râtre ; quand il l'ouvre , il fait voir un 
large gofier de couleur jaune-orangée : 
l'œil eft grand Se vif ; la tête , le col , 
8c le dos font couverts d'un plumage 
fauve , qui eft plus brillant aux ailes „ 
& fur-tout à la queue. La gorge, la 
poitrine, & le ventre font d'unblanc 
cendré ; les jambes font un peu lon- 
gues , Se les ongles font déliés. La 
femelle reflemble au mâle par fon port , 
mais elle tire un peu plus fur le cen- 
dré , de même que les jeunes RoJJi- 
gnols. 

Ceft un oifeau folitaire , fauvage , 
Se craintif loriqu'il n'eft pas apprivoifé. 
C'eft à cette timidité naturelle qu'on 
attribue l'habitude qu'il a de remuer- 
la queue , ce qui l'a fait nommer, 
comme on l'a dit , Motacilla par M. 
Linnius. Tous nos Ornitholo- 
gues , comme Belon , h. VU. c. l. 
Gesner, Av. p. 592. Aldro- 
vande , Omit h. L. XV III. c. 2. 
J o N s t o n t Ornith. p. 45 . WiL- 
l u G h b y , Ornith, p. 1 61. t. 41 . Se 
Ray, Synop. Metb.Av. p. 7 8.- ne font, 
mention que d'un RoJJignol franc. Mais 1 
l'Auteur du Traité dn Rvjpgriol franc 
marque ( p. 4. ) qu'il connoît des ama- 
teurs quien admettent de trois efpeces: 

feau RoJJignol , ou Roujïgnol , pareequ'il efl 
en partie roux. D'autres Naturaliftes , dit 
l'Auteur du Traité du RoJJigrwl franc^, font 
venir fon nom du mot Latin Lufciniola , ■ 
qui eft un diminutif de Lufcinia , comme qui ■ 
diroit Lei'.fctMoil\ Jk par, un léger changement 
Reujjlgnol , ou RoQignoL . 



R O S 

3°. -des Roffigmls de montagne, plus 
petits que les deux autres efpeces ; 
2 0 . des Roffigmls de campagne > de 
moyenne grandeur; 3 0 . des Roffigmls 
d'eau , ou qui habitent le long des eaux , 
plus gros , plus robuftes , Se meilleurs 
pour le chant , lefqùels chantent huit 
mots dè Tannée , tandis que les au- 
tres ne chantent que péndant trois mois 
au'plus. Cependant la plupart des Con- 
noiflèurs alfurent qu'il n'y a qu'une 
efpece de Roffigmls francs , qui fait 
voir feulement quelques variétés dé 
forme , de groflèur , & de chant , com- 
me on l'obferve dans le Chardonne- 
ret, & .principalement dans le Serin 
de Canarie. Ces ConnonTeurs - préten- 
dent même que les Roffigmls , qui ha- 
bitent près des eaux , ont le gofier plus 
humide , Se confécjuemment moins 
éclatant que ne le font ceux qui vi- 
vent dans des lieux-plus fecs. Au relie 
on en trouve de bons par-tour. Il y 
a la RoufTerole , ou Alcyon vocal , 
que Bëlon , p, 22,1. nomme Roffi^not 
de rivière , parcequ'elle chante fort 
haut Se fans cefle. Voyez ROL/SSE- 
ROLE. 

Saint A m b r-o 1 s e ( Héxamer. ) , 
Albert le Grand , Gesner, Belon, 
Aldrovanoe , & Jon-ston, ont 
avancé que - la femelle du Roffignol' 
chante comme le mâle pour s'égayer 
Se pour charmer l'ennui de la cou- 
vaifon , & que fon chant fert à vivi- 
fier fes œufs, en animant les efprits 
& la chaleur vitale. Malgré le témoi- 
gnage de ces graves Auteurs , & le' 
refpect qu'on leur doit , l'expérience , 
dit l'Auteur du Traité du Riffi^nà , a 
appris que la femelle eft muette. 
Pline le Naturalise , décrit élé- 
gamment le chant . du Roffignol. Il eil 
étonnant qu'il forte' une fi forte voix 
d'.un fi petit corps , Se c'eft ce qui l'a 
fait appeller le Chancre de la Nature. 
Il n'y a point d'oifèau pareil- en ja- 
loufia- au Roffignol : c'eft pour cela 
qu'on n'en voit jamais deux fort près 
l'un de l'autre» foit.poùr le chant , 



foît pdur le nid ; ils ne forment pas 
même de fociéré , ou compagnie de 
voyage. 

Selon Aristote, Pline & Élif\'. v 
URcffigno!,au retour du printemps chart- 
te continuellement jour & nuit pendant 
une quinzaine dé jours ; après quoi 
fon chant n'eit plus varié , ni vîf , ni 
harmonieux , mais tout fimple. Selon 
Jules S c a 1 1 0 e r , fon chant dan^ 
l'automne eft fi différent de celui du 
printemps , qu'on ne fauroir s'Imaginer 
que ce foit le même oifeau. Quand 
une fois les petits font éc'lô's , le' 
mâle ne chante plus , on prefque. 
plus*, pareequ'il eft occupé du loin 
de les nourrir, & de jouir de la com- 
pagnie de fa femelle qu'il aime éper- 
due ment. 

O h 1 n A ( Traite des Oifeaux qui 
chantent ) , Se prefque tous ïés' Ama- 
teurs fou tiennent que les petits p ris 
dans le nid, & élevés en cage, lans' 
avoir entendu' ni peré ni mere', chan- 
tent âuur-'bîeti que ceUx de la' campa- 
gne , la Nature leur enfeignant feule 
le chant qui leur ëft propre ; maig 
l'Auteur du Traité Au Roffignol avan- 
ce que l'expérience l'a convaincu du 
contraire; & Gesner , d'après Pierre 
Gilles ,■ nous apprend que fi l'on' 
prend de jeunes Roffignols , qui ne fa- : 
client pas encore chanter, faute c"être 
reftésaffez long-temps' avec les pere 
Se mere pOur être inftruits , ils ne 
chanteront jamais fi bien que d'autres. 
Oh lit dans la Nouvelle Maijon Rufti- 1 
que , que fur la fin du' mois d'Août , 1 
ou au cômmencénienrdè Septembre, 
on en prend qui ont oui chante! leur ' 
pere , 8c qui- valent mieux qtte ceux 
qu'on a éleVés -à la brochette , lefquels 1 
ont chacun leur chant particulier. 

Quoique tout le ménde convienne 
de la beauté raviffante du chant du 
Roffignol', Â't' rÎRôVANô't, d'après 
P'É T r'a r q u E « rapporte l'étrange 
bifarrerie d'un homme > qui demeu- 
rant à la campagne, fe le voit la nuit, 
pour aller chauer à-coups de pierres Se'' 

X X X X ïj 



7% 6 ROS 

de bâton les Roffignols , dont le chant 
lui déplaifoit tellement, que pour les 
éloigner plus fûrement de fa maifon , 
'il s'avifa de couper tous les arbres du 
voîfinage , tandis qu'il étoit enchanté 
du croailement des Grenouilles. 

Les Roffignols ont grand foin de leur 
pofiérité. Les pères inftruîfent leurs 
petits , & ceux-ci les écoutent avec 
beaucoup d'attention & de docilité , 
répétant enfuite leurs leçons. Gesner 
tdeAvib. p. 594.) rapporte l'hiitoire 
de deux Roffignols, qui pendant la nuit 
caufoient ensemble en Allemand Se ré- 
pétaient tout ce qu'ils avoient oiiî dire 
pendant le jour. Cette hiftoire tient du 
prodige: on- la rapporte dans le Traité 
du Roffignol ,p.n.& fuiv. LesNatura- 
liftes difent que le Roffignol franc aime 
la compagnie du Roffignol de muraille , 
avec lequel il s'accouple fouyent. H a 
une averfion naturelle pour l'Epervier, 
l'Aigle , la Vipère Se les autres Ser- 
pens. Aldrovande dit en avoir vu 
de tout blancs. Celui d'Ac R ifpine, 
félon Pline, étoit de la même couleur, 
Se cela n'eft pas difficile à croire , puif- 
que l'Auteur du Traité cité dit avoir 
vu des plumes entièrement blanches 
aux ailes Se à la queue, obfervation qu'il 
a faite , non-feulement dans des vieux, 
mais même dans des jeunes de l'an- 
née ; 8c d'ailleurs , ajoute-t-il , on 
voit quelquefois , fans fortir de notre 
pays , des Moineaux blancs , des Lï- 
notes , des Hirondelles , des Perdrix 
blanches , Se même des Corbeaux & 
des Merles blancs. 

Le Roffignol n'a prefque point de 
chair ; cependant Chomel ( DiHion. 
(Econ, } dit que les Gafcons l'engraif- 
fent , pour s'en faire un mets , qu'ils 
préfèrent à tout autre , & que lorf- 
qu'il eft gras , il a la chair blanche , 
tendre & auffi agréable à manger que 
celle de l'Ortolan. Cet oifeau craint 
le froid Se il périt aifément en cage 
durant l'hiver , à moins qu'on ne le 
tienne bien chaudement. C'eft ce qui 
a fait dire à Aldroyande que ceux 



R O S 

qu* ont pafle l'hiver fe vendent très- 
cher au printemps. Sur le témoignage 
d'A r 1 s t o t e Se de P l 1 n e il ajoute 
que les Roffignols s'en vont en automne 
chercher des lieux plus chauds. Selon 
Olina ils continuent d'arriver en 
Italie jufqu'à la fin d'Avril , Se ils fe 
retirent au commencement de No- 
vembre , 8e quelquefois plutôt. Quel- 
ques-uns ont dit qu'il n'y en a point 
en Irlande , ni en Hollande , Se que fi 
l'on y en portoit , ils y mourroienr. 
L'Auteur du Traité trouve que c'eft 
une fauffeté 8c qu'il n'eft pas encore 
vrai que le Roffignol en Ecofle ne chan- 
te pas auffi harmonieufement qu'en 
Italie , puifque , félon M. LiNN/EUS, 
cet oifeau fe trouve dans les différentes 
Provinces de Suéde , Se qu'il y fait 
entendre un chant des plus mélo- 
dieux. 

Beaucoup croyent que le Roffignol 
eft un oifeau de paffage. L'Auteur du 
Traité eft porté à croire qu'il ne paffe 
point la mer, Se qu'il fe tient l'hiver 
caché à l'abri du froid , fans quitter 
le pays. Si cet oifeau, dît-il, p. 21. 
quittoit nos contrées en automne , poux 
fe retirer dans des pays plus chauds , 
ce devrait être en Italie , en Efpagne 
& dans les parties de l'Afrique qui 
bordent la mer Méditerranée: or nous 
favons , ajoute-t-il , qu'il ne fe trouve 
ni en Italie ni en Efpagne , non plus 
qu'en France, depuis la fin de Sep- 
tembre au plus tard , jufqu'au com- 
mencement d'Avril. Quant à l'Afrique 
on fait par les Voyageurs qu'il n'y a 
point du tout de Roffignols dans cette 
partie du Monde f d'où il faut conclure 
que dans les mois où le Roffignol ne 
paraît point, il fe tient caché dans le 
pays , ou bien , ce qui n'eft néanmoins 
nullement probable , qu'il paffe dans 
des régions plus froides vers le Nord. 

Le Roffignol fe place ordinairement 
aux environs de quelque colline ou 
d'un ruîffeau , s'il le peut faire , Se 
fur-tout dans les endroits où il fe trou- 
ve un écho. C'eft-là qu'il fe plaît pkus 



R O S 

3 chanter , coupant fon ramage par 

mefures 8c par paufes , pour s'écouter 
& fe répondre à chaque fois foi-même 
par le moyen de l'écho : de-là vient 
que cet oifeau n'a que deux ou trois 
endroits favoris , où il fe met pour 
chanter, Quand il quitte ces endroits , 
il ceffe de chanter, 8c s'il y revient , 
en l'entend de nouveau. Quand la fe- 
melle couve , 8c particulierementquand 
elle doit pondre , c'eft alors que le 
mâle employé fes plus beaux ions & 
qu'il redouble la nuit Se le jour les 
efforts de fon ramage , pour divertir Se 
confolerfa compagne des peines de la 
ponte Se de l'ennui de la couvaifon. 

Le nid de cet oifeau eft affez bas , 
près de la terre , parmi les brouuailles , 
& dans des Buis ou des Ifs , ou au pied 
d'une haie ou d'une charmille, ce qui 
eft caufe que bien des pontes ne vien- 
nent pas à leur perfection , les œufs 
ou les petits étant fouvent mangés par 
des Chiens de cha(Te , des Renards , 
des Chats de campagne , des Fouines , 
des Belettes & autres bêtes. Ce nid eft 
un peu long Se profond , compofe 
pour la plus grande partie de feuilles 
de Chêne feches , qui fe tiennent bien 
enfemble , quoique fans fil , ni aucune 
autre liaifon , pourvu toutefois qu'on 
ne le déplace point; car fi-tôtqu'ony 
touche , tout s'écroule. 

Dans les climats chauds le Roffignol 
peut faire quatre pontes chaque année. 
Dans ce pays-ci il n'en fait tout au 
plus que trois , encore la troifieme ne 
réuffit - elle gueres , pour peu que le 
froid commence à fe faire fenrir de 
bonne heure. Chaque ponte eft pour 
l'ordinaire de quatre ou cinq œufs , 
qui font comme bronzés , Se il en pro- 
vient plus de mâles que de femelles , 
comme dans prefque tous les autres 
oïfeaux. 

Pour la manière de prendre le Roffi- 
gnol au filet , de le nourrir facilement 
en cage , Se d'en avoir le chant pen- 
dant toute l'année , je renvoie au 
Traité du Roffignol franc ou chanteur , 



R O S 717 

ïmprïmë à Paris en 1751. Se qui fe 
vend chez Debure l'aîné , Quai des 
Auguftins, à l'Image Saint Paul. 

Le Roffignol à la Louifiane eft le mê- 
me qu'en Europe. Son ramage , dit 
M. le Page DU Pratz, eftmoin^ 
uniforme. Il chante toute l'année. Il 
eft plus familier. On Pattire fous le 
pignon d'une maifon , en y mettant une 
petite latte , du manger , un morceau 
de CalebafTe , où il fait fon nid , Se alors 
il ne quitte plus cet endroit. 

Il y a un petit oifeau aufll connu à 
la Martinique , qu'il eft rare à la Gua- 
deloupe. Les habitans le nomment 
Roffignol. Il eft aflez femblable au Roi- 
telet , maïs un peu plus gros. Son ra- 
mage , qu'on fe plaît fort à entendre» 
lui a fait donner le nom de Roffignol. 
H vit de Mouches Se de petites /irai- 
gnées. Il fait fon nid dans les cafés. 
S e b A C Thef. 1. lab. 62. n. 4. ) parle 
d'un Roffignol d'Amboine. La N ature , 
dit-il, a donné en partage à ce petit 
oifeau un chant mélodieux Se fort doux. 
Quand il eft en amour il relevé fur le 
dos fa longue 8e magnifique queue. La 
tête , le col & le deflus du corps font 
d'un brun rouge. Cet oifeau a la poi- 
trine 8e le ventre d'un jaune clair j les 
ailes tachetées de jaune ; les plus gran- 
des plumes du croupion de couleur 
d'or , 8e le corps pardeflus eft d'un 
rouge obfcur. 

ROSSIGNOL DE MU- 
RAILLE: C'eft le <bùim«j f ct d'A- 
HiSTOTE (L, IX. Ci 49 1 ) nommé en 
Latin Ruticilla , en Anglois Red Start , 
en Suédois Roedfterjet. M. Linnsus, 
qui le met dans le rang des Motacilles , 
ou Hoche-Queues , l'appelle Motacilla. 
gulâ nigrà,ahdomine rufo , capite, dorfo- 
que canis. Cet oifeau fe nourrit d'in- 
fectes Se de Cerfs-volans. Voici comme 
il eft décrit dans la Nouvelle Hiftoire des 
Oifeaux , gravée par Albin, Tome L 
n. 5 o. Le Roffignol de muraille , ou Rouge 
queue , eft depuis la pointe du bec 
jufqu'à l'extrémité de la queue , long 
de cinq pouces & large de neuf, fes 



7 iS K O 5 

fJL;s étendues. Il a le bec & les jambes 
noirs : le bec & les jambes de la fe- 
melle font d'une couleur plus pâle. 
L'os de l'extrémité du doigt de dehors 
tient à celui du doigt du milieu. La 
langue eft fendue. Le dedans de la 
bouche eft jaune. L'iris eft couleur de 
noifetier. Les yeux font fournis de 
membranes qui les lient. Cet oifeau 
a dix--huk grandes plumes à chaque 
aile ; elles font toutes fombres : les 
plumes couvertes de deuus font noi- 
res , Se celles de deflbus font rouges. 
La queue eft compofée de douze plu- 
jprs , dont les cinq qui font les plus 
avancées en dehors de côté & d'autre 
font rouges. Les deux plumes qui font 
3,u milieu font fombres , ayant deux 
pouces & demi* de longueur. La poi- 
trine , le croupion Se les côtés fous les 
ailes , font rouges ; le deflus du ven- 
tre eft blanc. La tête , le col & le dos 
fpnt de couleur de plomb : le front 
eft marqueté d'une tache blanche , fé- 
paré des yeux Se du bec par une ligne 
noire. La gorge Se les joues fous les 
yeux font noires , avec un mélange 
de gris à l'extrémité des plumes. Le 
dos de la femelle eft d'une couleur 
de frêne fombre , & la gorge d'une 
couleur cendrée plus pâle; la poitrine 
eft rouge Se le ventre blanc. 

On prétend que cet oifeau eft fort 
bourru, de mauvaife humeur Se re- 
chigné ; car fi on le prend à un âge 
avancé , il ne jettera pas quelquefois 
l'œil fur fa nourriture pendant quatre - 
ou cinq jours,. Selorfqu'on lui apprend 
à fe nourrir lui - même , il relie un 
mois entier fans gafouiller. C'eft auifi 
le plus retenu de tous les oifeaux ; 
car s'il s'apperçoit qu'on le regarde 
pendant le temps qu'il fait fon nid , 
îl quittera fon ouvrage , Si fi l'on tou- 
che un de les ctufs , il ne revient ja- 
mais dans la fuite à fon nid. Si l'on 
touche fes petits , ou il les affamera , 
ou il les jettera hors du nid, & leur 
cai'fera le col , ce que l'on a vu plu- 
fieursfois, 11 faut en prendre les petits, 



R O S 

à l'âge de dix jours. Ils doivent être 
foîgnés Se nourris de même que les 
Roffignols , en les tenant chaudement 
en hiver. Ils gafouillent la nuit aufli 
bien que pendant le jour. Ils appren- 
nent même à fiffler, Se à imiter d'au- 
tres oifeaux. Lorfqu'on les attrape tout 
jeunes , ils deviennent doux Se appri- 
voifés. 

Le Rojfignol de muraille de Belon 
( L. Vil. c. 8. p. 347.) eft beaucoup 
plus petit que le Rojftgnol franc. Il a 
la voix 8e les mœurs diiférentes. Le 
chant en eft a fiez agréable. Cet oifeau 
a le bec long , grêle Se noir. Il fè 
nourrît de Mouches. Le champ de fon 
plumage défais Se deffous eft de cou- 
leur rouife Sa queue eft fauve , com- 
me la couleur d'une Datte , excepté 
les deux plumes des deux côtés du 
croupion , qui font noires. Sa langue 
eft prefque fourchue. Il a les jambes,», 
les pieds Se les ongles forts , Se de, 
couleur noire. On dïftingue le mâle 
de la femelle , en ce qu'il a la tête 
plus noire Se la queue fauve. 11 vole 
légèrement , Se fait du bruit, Lorfqu'il 
eft perché , il remue la queue , Se la 
■tient prefque toujours droite , comme 
le Roitelet. Le Rojfignol de muraille 
relfcmble à la Rouge Gorge, Il n'y a- 
que les pieds qui en font la différen- 
ce. C'eft ainfi que Belon parle de cet 
oifeau. 

G E S N E R ( Av. p. Ji)6. ) & A L- 

drovande ( Omith. 740. ) don- 
nent trois elpeces de Roffrgnoh de mu- 
raille. Le premier reflemble afTez à 
celui dont on vient de parler. Le fé- 
cond eft nommé Rotjihwentz^l par 
G E s N E r , à caufe de fa queue rou- 
ge. Le troifieme porte le nom de 
Wegjleckliyi. On en voit aux environs de 
Straibourg, Il a la poitrine bleue ; le 
bas eft d'un roux tirant fur le jaune ; 
lr ventre eft cendré - } les jambes font 
brunes , & le menton eft brun Se varié. 
Cet oifeau , dit M. Linn^us {Yauna. 
Suce. p. 83, n. 220, ) , eft connu en 
Suéde > Se ailleurs , comme en Wtftra- 



R O S 

bothnîe & en Laponie. Ce Natura- 
lise lui donne le nom de Motacïlla 
pettore c&ruleo , macula flavefcente , al- 
bedine cinclâ. 

Un Auteur Allemand fait mention 
■d'un autre Roffignol de muraille plus 
petit que le Roffignol franc. Cet oi- 
feau , dit-il , a la tête , le col 8c le 
dos de couletirplombée , ou d'un cen- 
dré brun ; le bec eft grêle ; la gorge Se 
la poitrine font noirâtres. Le ventre , 
proche de l'eftomac , eft d'un cen- 
dré brun ; le bas du ventre , ainfi que 
la queue , eft d'un jaune rougeâtre. 
Les jambes Se les pieds font grêles Se 
noirs. Les petites plumes des ailes 
font noires ; celles de defîus les pen- 
nes font blanches parle milieu, Se Les 
autres noires. La femelle a les couleurs 
plus lavées & plus pâles , qui tirent 
fur le cendré : elle n'a prefque point 
de noirceur fous le bec Se fur les ailes , 
& les plumes qui font blanchâtres au» 
mâle font d'un blanc plus éclatant à la 
femelle. On peut confulter Gesner 
& Aldrovande fur ces différentes 
efpeces de Rojfignoh de muraille , qui 
peut-être n'en font qu'une , ne diffé- 
rant les uns des autres que par quel- 
ques variétés. 

C a t e s b y parle d'un Roffignol de 
muraille de l'Amérique. Il eft , dit-il , 
plus petit que le nôtre. Cet oifeau a 
le bec mince Se noir ; la tête , le col , 
le dos Se les ailes font noirs. Le bout 
des fix grandes- plumes de l'aile eft' 
rouge; c'eft la rangée au-deffus du 
fouet. ïi a la poitrine rouge , divifée 
par une bande grife; le ventre gris, Se 
la queue rouge , à laquelle l'extrémité 
des plumes eft de couleur noire : les 
pieds font aufli. noirs. La femelle eft 
toute brune. 

Pour le Roffignol de rivière , dont 
parle Belon, c'eft un oifeau aqua- 
îiaue qu'il nomme Alcyon vocal Se 
Ronjferole. Voyez ROUSSEROLE. 

* Ce poifïcn eft nommé en Anglois Rud, 
ou Rond , & en quelques endroits c!e l' Angle- 
ierre , ï-inÇcdi, Les Allemands, dit Gesnek. > 



ROS ROT 7 i 9 

RO S V I Ç H , nom qu'on donne 
au Lap de Bonne - Efpérance , à un 
poison de mer, que K o l b e nom- 
me Rouget. Voyez ce mot. 

ROT 

ROTE LE*, nom que Balt- 
ner donne à un poiffon de rivière, 
nomme en Latin Riuilus latior , ou 
Kubelho ftuviatilis. A r t e d i { Ichtb. 
Fart. V p, 6. n. 8.) le nomme Cypri- 
nus Orfus ditlus. Gesner (Parai, 
p. ïoj,Aldrovande ( L.V. 
c 2i, p. Û05..) .CharletonCp. 
lî^.), Jonston (L. ///. c. 6.), 

WlLLUCHBÏ( p ,2Ji.),ΣRAl 

( ' p. 118. n. 14.) , parlent de ce poif- 
ion. Le poiffon blanc , dit R a y , eft 
plus large que la Roffe & la Carpe , 
Se plus épais que la Brème. Sa couleur 
eft d'un brun jaune , Se fes écailles 
iont de la grandeur de celles de la 
Garpe. Sa queue eft rouge , & les na- 
geoires qu'il a au ventre font d'un 
rouge plus clair. Il a une tache rouge 
ior les ouies : les yeux ont l'iris jau- 
ne , marquée de points noirs, Les dents 
& le palais font femblables à ceux dé 
la Carpe. La nageoire du dos en oc- 
cupe la moitié en longueur ; elle eft 
fournie de fix rayons, dont trois font 
très-longs : le premier eft'plus court 
de moitié que le fécond , Se n'eft point ' 
crochu comme à la Carpe ; c'elt par où 
il en diffère. La nageoire des ouies a 
dix-neuf rayons : le premier eft plus 
grand que ceux des poiffons de ce genre. 
11 a deux nageoires au ventre ; elles 
répondent à celle du dos; chacune a 
neuf rayons. Les nageoires des ouies 
font plus blanches que les autres, &- 
celle du dos eft d'une couleur plus 
livide. L'anus eft très -éloigné de la 
queue. On trouve de ces poiffons qui 
ont depuis douze jufqu'à feize pouces 
de long. On en pêche dans le'ilbin, ■ 
Se en plufieurs lacs d'Angleterre. 

lui donnent les noms d'Orjf, ou A'Urff,' oir* 
bien ceux à'Otrve , de Nezjtàig*. de Uyr- 



7ïo ROT R O U 

ROTFISCH, poiffon de mer, 
qu'on pêche en Norvège. Il eft rou- 
ge en dedans & en dehors. Ce poiffon 
eft fort eftimé , dit Gesneh , de 
Aquat, p. 378. 

R O T J É , nom que les Hollandois 
Se les Hambourgeois donnent à un 
petit oifeau du Groenland, Rotje ligni- 
fie Rat , Se il eft ainfi nommé à caufe 
de fa couleur noire & de là petiteffe , 
& pareeque fon chant refTemble au cri 
d'un petit Rat. Cet oifeau , dit M. 
Anderson ( Hift. Nu t. du Groenl. 
p. 54,) fait fon nid fous les débris des 
rocs écroulés dans des creux profonds 
Se étroits , Se auffi proche qu'il eft poffi- 
ble du bord de la mer. Aufll-tôt que 
les petits font en état de voyager , les 
vieux fe gliffent adroitement avec eux 
fous les pierres jufqu'à la mer pour 
gagner d'autres climats. 

R O U 

ROUE, poiffon qui fe trouve 
fur les côtes qui bordent les Royaumes 
de Congo 5c d'Angola, Il eft de forme 
ronde , comme une roue de carroffe. 
Il a deux dents au milieu du corps , 
& deux trous par lefquels il voit. Il 
entend Se il mange. Sa gueule qui eft 
une de ces ouvertures n'a pas moins 
d'un empan de long. Sa chair eft déli- 
cîeufe Se refTemble au Veau par fa 
blancheur. On fait de fes côtes des col- 
liers pour arrêter le fang. On lit fur ce 
poiffon dans 1' / /iftoire Générale des 
Voyages , L. XIII. que cette deferip- 
tîon regarde la Syrene. Voyez au mot 
SYRENE. 

Èlien donne le nom de Tp^oc» en 
Latin Rota , en François Roue , à un 
grand poiifon cétacée , qui nage eu 
troupe. Sa tête paroît au-deflus de 
l'eau hériffée de longues épines. Il fré- 
quente les goufres proche du mont 
Athos en Thrace. Quand il paroît fur 
le fein des eaux , il fe met en rond : 
c'eft ce qui lui a fait donner le nom de 
Keue. Jo V ius dit qu'il y a eu dans l'O- 
céan un poiffon cétacée de ce nom , 



R O U 

qui fut apperçu par une flotte Porta - 
gaîfe. On crut lui voir fur le dos deux 
roues , femblables à des meules de 
moulin. Rondelet parle d'une Rota , 
différente de celle de Pline. Ce 
poiffon appellé Rota , à caufe de ia 
reffemblance avec une roue , eft nom- 
mé à MarCeille Mo la ; en d'autres lieux 
Moleboui s en François Meule i en 
Efpagnol Bout. Voyez MEULE. 

Le Faber eft nommé dans Pille de 
Lerins Se à Amibes Rode > c'eft-à- 
dire Rota , pareequ'il eft rond comme 
une roue , dit Rondelet. 

Il y a dans la mer de petits Con- 
ehyles, du genre des Turbinés , qu'on 
nomme Trochos. 

Voyez fur les Toifons ronds , nommés en 
Latin Hota & Orbii , ce qu'en difent Gesner., 
de Aquat. p. 364. Ray, Synop. Meth. Vtfc. 
p. 41. Aldrovande,Wihoghbï, 
& Jes autres. 

ROUGEATRE, en Latîn 
$ubcr , nom que M. d'Argenville 
donne à une efpece d'Ourfin de mer. 
Voyez au mot OURSIN DE MER. 

ROUGE GORGE, ou RU- 
BELINE, félon Belon (L.VIÏ. 
c. 9. p. 348. ) , oifeau nommé par 
Aristote C Hift. Anim. L. IX. c. 40. ) 
£p$4ftoi > Se par les Latins Rubeculus 8c 
Rubecula ; en Suédois Rotjels en An- 
glois Rubin-Red-Breaft , ou Rud-Dock.- 
M.Linnjeus le met du nombre des 
Aves Fajferes , Se dans le rang des 
Motacilles. M. Klein en compofe 
la troifieme tribu du feptieme genre 
de la quatrième famille de les oifeaux. 
Se il en parle fous le nom de Sylvia. 
fylvatica. M. Linn^us ( Fauna Suce. 
p. 85. n. 226". ) nomme cet oifeau Mo- 
tacilla grifea , gula , peftoreque fulvis. 
Il y a une grande reffemblance entre 
le Roffignol de muraille & la Gorge 
Rouge ; maïs le premier paroît en été » 
& l'autre en hi ver, La Rouge Gorge » 
après le Roffignol , eft fort eftîmée 
pour fon chant. Elle eft de plus pe- 
tite corpulence que le Roffignol. Sa 
poitrine eft plutôt orangée que rouge. 
Le deffous du ventre eft blanc. Elle a le 

bec 



RGU 

qec grêle , délié 5c noir; les jambes 
Se les pieds rougeâtres, ce qui dillingue 
cet oifeau du Roffignol de muraille, 
qui les a noirs. Les plumes par def- 
fousf:>ut noires à la racine. Il a la tête , 
le col, le dos Scie deflus des.ailes com- 
me la queue , de couleur entre le 
cendré 5c le tanné. C'eft ainfi qu'en 
parle Beldn, Se voici la defcriptlon 
qu'on en trouve dans la Nouvelle 
d-Jifiaire des Oifeaux, gravée par A l- 
bin , Tome I. p. 51. ». 5. où il e£l 
nommé Rouge Gorge , ou autrement 
Rouge Bouïj'e. 

Cet oifeau l'hiver vient chercherai 
nourriture dans les maifons avec beau- 
coup d'alTurance. Il eft hardi , fociable 
Se fe familiarife avec le monde. Dans 
l'été, s'il a abondance de nourriture 
dans les bois , 5c s'il n'eft pas beaucoup 
incommodé du froid,, il cherche avec 
iâ couvée les endroits déferts. Cet 
oïfeau fait fon nid parmi les épines Se 
les arbriiïeaux les plus épais , en les 
couvrant de feuilles de Chêne , & en y 
laiflant un paiïàge ou entrée d'un côté 
feulement , lequel eft voûté comme 
un veftibule ., & lorfque la Ronge Gorge 
en fort pour chercher fa nourriture , 
elle le bouche de feuilles. Quelquefois 
elle fait fon nid dans des creux d'ar- 
bres , avec de la mouiTe, de l'herbe 
fauchée Se de menues broufTailles. Le 
mâle eft diftingué de la femelle par 
la couleur de fes jambes , qui font plus 
noires , de même que par certains poils 
ou barbes , qui croiffent des deux cô- 
tés de fon bec. Cet oifeau fe nourrit 
de Vers Se d'infecles. Lorfqu'on le 
tient en cage , on lui donne la même 
nourriture qu'au Roffignol , auquel il 
n'eft gueres inférieur , félon l'opinion 
de quelques-uns , quant à fon ramage. 
IL fait fon nid dans les mois d'Avril , 
de IVlai Se de Juin , Se n'a pas plus de 
cinq petits Sc pas moins de quatre. On 
peut les prendre âgés de dix jours. Si 
on les laifte trop long-temps dans le 
nïd, ils deviennent revêches. Il faut 
les tenir chaudement , en prenant gar- 
Tome llï. 



R O U 7 îï 

de de^ ne leur point donner trop de 
nourriture à la fois, autrement ils la 
regorgent. Lorfqu'ils paroiiTent aftez 
forts., on les met en cage , & on en a 
le même foin à tous égards que 'des 
RoiTignols. Ils font fujets à la crampe 
Se au tournoyement de tête. Pour re- 
médier à la première maladie, il faut 
leur donner un Ver Coquin , engendré 
dans de la farine., & une Araignée , & 
pour la dernière fix ou fept Perce- 
Oreilles par femaines, 

Cet oifeau a fixpouces de longueur , 
depuis la pointe du bec jufqu'à f'extré- 
mité^de la queue, Se neuf de largeur, 
fes ailes étendues. Sa poitrine eft d'une 
couleur orange foncée , qui entoure 
auffi les yeux & le delfus du bec. Le 
ventre eft blanc. La tête , le col , le 
dos Se la queue font d'un verd Me ou 
jaune , comme dans les Grives , ou 
plutôt cendrés , avec une teinte de 
verd. Il a une ligne d'un bleu pâle , qui 
iépare la couleur rouge de la cendrée, 
fur la tête Se fur le col. On voit fur fes 
ailes une eipece de couleur d'orange 
tannée. Les bords extérieurs des ailes 
font prefque de la même couleur que 
le dos : lesintérieurs font un peu jaunes. 
La queue a deux pouces 5c demi de 
longueur ; elle eft compofée de douze 
plumes. Le bec eft délié , d'une cou- 
leur fombre Se de plus d'un demi- 
pouce de longueur. La langue eft 
fendue Se dentelée. L'iris eft couleur 
de noifetier. Les jambes , les pieds 5c 
les griffes font un peu fbmbres ou 
noirâtres. Le doigt de dehors eft uni 
par le bout à celui du milieu , comme 
on le trouve dans les autres oifeaux 
de cette efpece. 

Cet oifeau hait la Chouette autant 
qu'il aime le Merle , 5c il vit quatre 
ou cinq ans. On tient qu'il eft d'un 
naturel fort jaloux, ne pouvantfouf- 
frir d'autres oifeaux dans les lieux où 
il eft ordinairement. 

Catesbï , p. 47. parle d'une Rouge 
Gorge bleue de l'Amérique , en Latin 
Rubecida Ametiçana candea , ventre ru- 
Yyyy 



7 2î R O U 

bro, qu'il nomme en Anglois the bleue 
Bird. 

Ray ScSloane font mention 
d'une Rouge Gorge verte , en Latin 
Sylviagidâ fh&nicea , Rubeculavirîdis, 
elegantifflma , qu'ils nomment en An- 
glois the Green fparroiv , Green Hum- 
ming Bird. 

Il y a un oifeau du genre des 
Grimpereaux , nommé Rouge Gorge 
lie l'Amérique hupce par Seba (Thsf. I, 
p. 160. Tab. 105. n. 3.), en Latin 
Falcinellus, Rubetra , Avis Americana 
cri/rata , Se en Allemand Gelb-Schuys. 
Cet oifeau , fous fon bec jaune , eft 
de couleur de terre. Il a les environs 
du col , de même que le corps , de 
couleur ferrugineufb Se jaune. Les pe- 
tites plumes qui couvrent les gran- 
des font jaunes ; celles qui dirigent 
fon vol , & la queue , font de couleur 
de Turquoife. 

S E b a ( Thef. I. Tab. 102. », 4, ) 
nomme aulTi Rubetra , ou Rouge Gorge , 
un oifeau d'Amérique , orné d'une 
crête, qui n'eft pss un des moindres 
oifeaux pour le chant. 11 a la crête 
jaune; le bec eft auflî jaune , excepté 
en defibus où il eft brun. Le plumage 
qui eft autour du col & fur le corps 
eft d'un roux tirant fur le jaune. La 
queue Se les groiïes plumes des ailes 
font d'un bleu éclatant , Se les petites 
plumes d'un jaune pâle. 

ROUGE QUEUE, forte de 
petits oïfeaux de la même tribu Se 
du même genre que les Rouges Gor- 
ges chez M. Klein, mis auûî dans 
l'ordre des Aves Pajferes par M. LiN- 

NjEUS. 

• On trouve dans Albin la def- 
cription d'un oifeau , auquel il donne 
le nom de grande Rouge Queue ; c'eft 
le Merle de Rocher , nommé en Latin 
Merula faxatills. "^oyez MERLE 
DE ROCHER. Le Bouvreuil , ou 
Pivoine , eft auffi une efpece de Rouge 
Queue. Voyez BOUVREUIL& 
PIVOINE. 

ROUGE QUEUE noire j en 



R O U 

Latin Rubicilla. fubmgra. C'eft un 
oifeau , dit Albin ( Tome III. n. 69. ), 
dont le bec eft de couleur de frêne , 
& duquel les yeux ont l'iris blanche. 
Il eft entièrement noir , excepté les 
extrémités de quelques plumes , qui 
couvrent le ventre , lefquelles font 
rouges. Les bords extérieurs des cinq 
premières longues plumes des ailes 
font blancs. Les jambes & les pù?ds 
font de couleur de chair , Se les griffes 
noires. 

ROUGE QUEUE DE LA 
CHINE, en Latin Rubicilla Sinen- 
fis. Cet oifeau, félon le même Au- 
teur (ibid. n. 68. ) , eft prefque de la 
grandeur de la Linotte rouge. Le bec 
eft épais , court Se brun : les yeux 
ont l'iris de la même couleur. La tête 
& le derrière du col font d'un pour- 
pre bleuâtre : le dos eft verd. Les plu- 
mes fcapulaires , de même que les 
plumes couvertes des ailes, font d'une 
couleur mélangée de jaune Se de verd. 
Les longues plumes de la partie ex- 
térieure de l'aile font d'un rouge fom- 
bre Se pourpré. Les longues plumes 
de la partie fupérieure font d'un rou- 
ge mélangé de verd. La gorge , la 
poitrine , le ventre & les cuilTes , font 
d'une couleur écarlate fort brillante. 
La queue confifte en quatorze plumes, 
qui font toutes d'un rouge fombre. 
Les jambes Se les pieds font jaunes, 
Cette defeription eft faite fur un oi- 
feau de cette efpece , qui fut apporté 
de la Chine fous le nom de Rouge 
Q tteue. 

ROUGE QUEUE DE BEN- 
GALE , en Latin Rubicilla Ber.ga- 
len ; 7s. C'eft un oifeau un peu plus 
grand que la grande Rouge Queue. Le 
bec eft de couleur de frêne fombre. 
Les yeux ont l'iris blanche. Le fom- 
met & le derrière de la tête depuis la 
racine du bec font noirs. Il y a une 
touffe de plumes , qui eft écarlate 
fous les yeux , dont le bout eft entouré 
de bhuic , Se de même que ce bout 
eft entouré de blanc , le derrière eft 



ROU 

entouré de noir , qui eft fuîvî de qua- 
tre demi-cercles de la même couleur, 
qui diminuent par degrés , en fépa- 
rant ces deux couleurs fur le côté du 
col , dont le derrière , ainfi que le dos 
Se les ailes , font bruns. La poitrine , 
le ventre Se les cuiffes, font blancs, 
Se au-deffous du cartilage de l'os de 
la poitrine le plumage eft rouge. La 
queue eft compofée de douze plumes 
qui font d'un brun pâle. Les jambes 
Se les pieds font noirs. Cet oifeau , ap- 
porté de Bengale en 1734. a paru à 
l'Auteur être par fon bec de la claffe 
des Ronges Queues. C'eft pour cette 
raifon , $$ par rapport à fes couleurs 
rouges , qu'il l'a nommé Rouge Queue 
de Bengale. 

M. Fr isch parle de trois efpeces 
de Rouges Queues. La première a l'efto- 
mac varié de blanc , tkorace ex albo 
variegato. Il lui donne le nom de Ph<c- 
nïcorus. 

La féconde a tout l'eftomac gris : 
elle eft nommée Sylvia grîfea , thorace 
lortgo , caudâ totâ rubrà. 

La troîfieme a le gofier gris , & elle 
eft appellée Sylvia. gulâ grifeâ fim- 
brïatà. 

S e a A ( Thef. I. Tab. 102. ». 3. ) 
parle d'un oifeau nommé Ronge Queue 
de l'Amérique, en Latin Rubicilla Ame- 
ricana. Cet oifeau , dit-il , eft une ef- 
pece de Roflignol de muraille. II ne le 
cède en rien à aucun autre oifeau 
pour le chant. Sa tête eft ornée d'une 
crête noire. Il a les yeux luifans , le 
bec blanc , court Se pointu ; le devant 
du col eft marqué d'une tache noire; 
la poitrine Se le ventre font bleus ; le 
dos , les ailes Se la queue font d'un 
rouge écarlate.Les pieds de cet oifeau 
font longs , grêles , munis d'ongles 
bienfaits Se déliés. 

ROUGET, poiffon de mer a 
nageoires épineufes , nommé par Ar- 
T e d 1 ( Ichth. Part. V. p. 74. n. 0. ) , 
Trigla roflro longo diacantho , naribus 
tubulofis. C'eit le At)p tt d'AuiSToTE , 
L. IV. c. p. Les Anciens connoifToient 



plufieurs efpeces de Rougets ; favoîr, 

I une qu'ils nommoient Mulhts , c'eft 
le Surmulet s une autre , qu'ils appel- 
aient Cuculus , qui eft la Morrude de 
Rondelet, & c'eft ce poiffon que 
le même Ichthyologue François nom- 
me Groncau. Voyez aux mots GRQ- 
NEAU , MORRUDE Se SURMU- 
LET. 

Meilleurs Andrï & Lémert 
parlent avec éloge du Rouget , Se il 
eft fort eftimé pour fa chair ferme Si 
ion bon goût. 

Kolbe (Defcript. du Cap de Bonne- 
Efpérance, Tome III. p. 140. ) dit qu'il 
fe trouve des Rougets aux environs du 
Cap de Bonne-Efpérance. Les Euro- 
péens ont donné au Rouget le nom 
de Rofvich. Ce poiffon a environ, fix 
pouces de longueur & deux d'épaif- 
feur. Il eft très-agréable au goût. C'eft 
un excellent mets , lorfqu'on le fait 
bouillir avec un peu de fel , dePer- 
fil Se d'épicerie. On le nomme Rouget* 
pareequ'il eft rouge en dehors. Xes 
Latins pour la même raifon le nom- 
ment Rubius , Se les Grecs EpiiSewoç. 

II y a des Rougets en abondance dans 
l'Ifie de Madagafcar. 

R O U L AN TE; Goedard 
C Part. Il Exp. 17.) donne ce nom à 
une Chenille qui , quand elle eft raf- 
fafiée de feuilles d'Ancolie , fe plie , 
& fe retire en forme de boule. Cette 
efpece de Chenille fe cache en terre , 
pour travailler à fa métamorphofe Se 
devenir une Mouche. Voyez CHE- 
NILLE. 

ROULEAU, Coquillage uni- 
valve , nommé auffi Cylindre Se Olive. 
J'en ai parlé au mot CVTLINDRE, 
Voyez ce mot. Je dirai feulement ici 
d'après M. D'A rgenville( Part. 
IL p. 38. ) , que le Rouleau, figuré 
ibid. Planche III. Lett. G. eftprc fque 
le même que le Cornet , non-feule- 
mentpour la coquille, mais même pour 
l'animal qui y eft logé. La feule forme 
extérieure de la coquille, qui eft ren- 
flée dans le milieu, Se plus large dans 
Y y y y î j 



7 a4 R O U 

1a partie d'en bas ( ce qui la rendpref- 
qu'égale à la fupérieure ) lui a fait 
donner le nom de Cylindre , de Rou- 
leau , ou d'Olive. Cette coquille eft 
fouvent plus mince , Se fon ouverture 
eft aufli plus large que celle du Cornet , 
quoique l'opercule qui doit la couvrir 
foit plus petit : on le trouve à l'or- 
dinaire prtsde la plaque. La tête eft 
plus détachée que celle du Cornet, 
mais fa clavicule eft ordinairement plus 
petite Se plus plate , n'ayant que fix 
fpires fouvent dentelées par étages. 
Sa plaque eft prefque auffi longue que 
fa coquille ; quand il veut marcher, 
elle fort par le côté : une autre fois 
elle en couvre une partie. La robe 
du Rouleau peut difputer de beauté 
avec celle du Cornet ; bariolée comme 
elle de taches jaunâtres , fur un fond 
blanc , elle occafionne les comparti- 
mens les plus beaux. On diftingue 
dans ce genre les Brocarts d ; e foie , les 
Moires , les firunettes , les Ecorchées-, 
les Tulipes , lé Porphyre de Panama , 
le Drap orangé , Se les belles Olives. 
C'eft une variété dans la Nature que 
les hommes ne peuvent pas trop ad- 
mirer. 

HOULEUSES , nom que M. 
DE Reaumur a donné à des efpe- 
ces de Chenilles qui roulent des feuil- 
les dans lefquelles elles fubiflent leur 
métamorphofe. Voyez CHENILLES 
HOULEUSES. 

R O U P E A U : C'eft le même 
oifeau que le Biherreau. Voyez au mot 
BIHORREAU. 

R O U S S E A U , nom qu'on don- 
ne en Normandie au Pagurits , féconde 
efpece de Cancre, à caufe de fa cou- 
leur rouffe Se rouge. Voyez au mot 
CANCRE. 

ROUSSE ROLE , ou A L- 
GYON VOCAL, en Latin Al- 
cedo vocalis. Belqn ( de la Nati 
des Oif.L. IV. c. 2,6.) dit qu'il y a deux 
fortes de Martinets Pécheurs. Le pre- 
mier, dont j'ai parlé à ce mot, 8c qui 
©ftJe plus grand j .eft commun en tous 



R O U 

lieux. La féconde efpece eft celuî-cî 
qui , de tous les oifeaux de rivière , a 
le chant le pkis agréable : il fréquente 
les lieux marécageux , Se le bord des 
rivières. Aristote(L. VI. c. 4. ) 
en parle Se le nomme Alcyon vocal „, 
pour le diflinguer de celui qui ne chan- 
te pas. Ces efpeces A' Alcyons fe per- 
chent l'été dans les rofeaux , ou ils 
chantent mélodieufement , & long- 
temps : leur chant eft varié. C'eft 
ce qui leur a fait donner le nom de" 
Rollk.nol de rivière : ils fe perchent 
aufïï furies arbres plantés fur le bord 
des- eaux. B e l o n met le chant de 
la Roujjérole au - deffus de celui des 
Fauvettes Se des Linottes , & même 
des Roiïignols : elle chante jour Se 
nuit , dit cet Auteur ; fes pieds font 
comme ceux des Grives Se des Mer- 
les. Cet oifeau eft de la grandeur 
du Proyer, 11 a le bec tranchant com- 
me celui de la Pie-Criêche. 11 fem- 
ble être hupé ; cela vient de ce que 
les plumes de deiTus la tête font lon- 
guettes. Ses jpmbes & fes pieds for.r 
de médiocre longueur , Se de couleur 
cendrée. Il ne vole gueres bien , Se il 
bat des ailes à la manière du Coche- 
vis. Cet Alcyon vocal eft fort commun 
dans le Maine Se en Touraine. Il fait 
fen nid dans les cannes ou rofeaux. 
La femelle y pond cinq à fix œufs. 
Ce nïd eft à découvert ; il eft différent 
ert cela du nid du grand Alcyon , ou 
grand Martinet Pêcheur , qui le fait en- 
terre fur le bord du rivage. C'eft ainlt 
que Belon parle de V 'Alcyon vocal , 
qu'il dit être celui dont les Anciens 
ont parlé. Voyez ALCYON. 

ROUSSETTE, genre de 
Quadrupèdes , dont le caractère eft 
d'avoir quatre dents incifives à chaque 
mâchoire : les doigts onguiculés font 
joints enfemble par une membrane 
étendue en ailes dans les pieds de de- 
vant , Se fïparés les uns des autres dans 
ceux de derrière. Au premier coup 
d'ceil , dit M. B R. 1 s S o N ( p. 2 1 5 . ) , 
la..KoUfJene femble être du genre de 1* 



ï 



R O U 

Ch auve-Sonris ; comme elle , elle a 
les pieds étendus en ailes, mais elle 
en diffère par le nombre Se par la fi- 
gure de fes dents incifîves , 8e par la 
forme de fon mufeau , qui eft beau- 
coup plus allongé que celui de la Chau- 
ve-Souris. L'Auteur donne trois ef- 
peces de Roujjettes. Elles ont les jam- 
bes de devant très-longues , dont le 
pied eft divifé en cinq doigts lone;s , 
Se tous, ( excepté le pouce qui eft fé- 
paré des autres , Se armé d'un ongle 
fort 8c crochu ) , joints enfemble par 
Une membrane , qui n'eft autre chofe 
qu'une continuation de la peau du dos, 
qui s'étend de chaque côté depuis le 
col jufqu'à l'anus , tout le long des 
jambes , Se jufqu'au bout des doigts 
des pieds de devant. C'eftparle moyen 
de cette membrane que ces animaux 
peuvent voler. Les pieds de derrière 
font divifés en cinq doigts armés d'on- 
gles crochus Se trts-pointus. 

La première efpece de Rouflette eft' 
nommée par M. Brisson Pteropus 
ru fus aut -niger , auriculis brevibus acu- 
tiufculis, C'eft le VefpertiUo caudâ 
mtllâ de M.Linnjeus( Syfi. Nat, 
Edit. 6. g, 14. fp. 1. ) , le VefpertiUo 
Cynocepbalitj 1 er v -ta tamis de M. Klein , 
t Di ff' Q'^d. p. 61.) , le VefpertiUo 
Bor/ippe de G e s N E k ( Av. p. y y 2.), 
le Vejperlilio ingens de Clusius 
( Exot. p. 94,) , le Canis volans Ter- 
natanus Orientait/ de Se b a (Tbef.I. 
pag. 91. fig. lab. 57. )J le mâle fig. 2. 
la femelle fig. 1. 

La longueur de fon- corps depuis le 
fommet de la tête jufqu'à l'anus eft 
de fept pouces Se demi ; celle de fa 
tête depuis fon fommet jufqu'au bout 
du nez eft de deux pouces neuf li- 
gnes ; fes oreilles font courtes Si un 
peu pointues: elle n'a point de queue , 
lorfque la membrane qui lui fert à 
voler , eft étendue ; elle a plus de trois 
pieds de- long d'un bout à l'autre: elle 
eft couverte de très-peu de poils. Ceux 
qui couvrent le corps font dans quel- 
ques individus d'un roux plus foncé 



R O U 715 

fur le dos que fur le ventre , & dans 
d autres ils font noirs. La partie ex- 
térieure de la tête Se le mufeau font 
couverts de poils roux. On la trouve 
dans les Lies de Bourbon Se de Ter- 
nate. 

La féconde efpece eft la Rouffette à 
cal rouge , qui fe trouve auffi dans' 
l'Ifle de Bourbon , d'où elle a été 
envoyée à feu M. D e R é a u m u r. 
M. Brisson la nomme Ftempus 
ftfjcus , auriculis brevibus acutiufculis , 
collo jupenore rubro. La longueur de ' 
fon corps depuis le fommet de la tête 
jufqu'à l'anus eft de cinq pouces Se 
demi ; celle de fa tête depuis le fom- 
met jufqu'au bout du nez eft d'un 
pouce Se demi. Ses oreilles font courtes 
& un peu pointues : elle n'a point de 
queue. Lorfque la membrane qui hit 
fert à voler eft étendue , elle a envi- 
ron deux pieds de long d'un bout à 
l'antre. Tout fon corps eft couvert de' 
poils bruns, excepté la partie fupérieure 
du col , qui eft couverte de poils- 
rouges. 

La troifieme efpece , nommée Rouf- 
fette à longues oreilles , en Larin Ftcro- ' 
pus auriculis longis , patulis , trajh mem- ' 
branà ar.trorjhm injiexâ auclo , diffère : 
des précédentes par les oreilles , qui 
font longues , ouvertes, Se rédreffées,- 
& par fon nez, au-deffus duquel eft 
une efpece de membrane recourbée 
en avant comme une corne. On la 
trouve dans la Nouvelle - Efpagne, 
C'eft le VefpertiUo Cynocephalus , ma-- 
ximus t auritus , ex Nova Hifpaniâ de 
M. Klein ( Difp. Qjstad. p. 62. ) , Sc- 
ie Canis volans maximus , auritus de 
S e b A , TheJ. I. p. 92, fig. & Tab-, - 
58. ». 1. 

ROUSSETTE, oifeau que-' 
B E L o N (p. 338.) nomme Lttfcimola 
en Latin. Cet oifeau eft de la gran- 
deur de la Fauvette brune , Se plus 
petit que Je Rolïïgnol. On ne fait quel 
nom les Grecs ■ Se les Latins lui ont 
donné : il eft peu connu , lînon dans 
certains endroits fitués le kng des 



7 z6 R O U 

forêts. Son plumage paroft rouffàtre, 
d'où lui eft venu le nom de Rouffette. 
Cet oifeau eft grivelé à Peftomac , 
deffus la tête , autour du col , & deffus 
le dos ; les plumes de la queue & des 
ailes font brunes. Son bec eft pointu, 
noirâtre, Se foible: il vit de vermine. 
Il a les bords Se le dedans du bec de 
couleur jaune. La Rouffette a quelque 
rapport avec le Tarier que Belon 
décrit; mais elle eft un peu plus grande 
&n'a aucune tache blanche aux ailes, 
8c de plus fes jambes Se Tes pieds ne 
font pas noirs , mais ils font blanchâtres. 
C'eft ainfi que Belon parle de la 
Roitffette. Ray ( Synop. Met h. Av. 
p. 80. ». 1. ) ne fait fi ce n'eft pas 
la Giarola d'ALDROVANDE ( Tome IL 
p, 765. ) dont le bec eft rouge, Se le 
plumage eft femblable à celui de la 
Caille. 

11 y a une autre efpece de Roulette, 
nommée en Latin Piubetra , que les 
François appellent Touquet,o\\ Traquet. 
Cet oifeau eft noir au haut de la tête : 
il a les ailes Se la queue de la même 
couleur ; le dos Se le col approchent 
de la couleur cendrée. Il vole près 
de terre & il eft un peu plus petit que 
le Pinçon. Le bec , les jambes , les 
p:eds & les ongles font noirs : il fré- 
quente les buiffons. Le mâle diffère de 
la femelle par le ventre blanchâtre , 
& par une ligne blanche qui traverfe 
les ailes. Aldrovande fait men- 
tion d'un autre oifeau qui a la tête 
noire , le deffus du col cendré, tirant 
fur l'obfcur Se blanchâtre par deilous. 
La Fatbetra de B e l o n eft le Traquet. 
Voyez ce mot. 

ROUSSETTE, poiffon à na- 
geoires cartiiagineufes , nommé en La- 
tin Pifcis chonUropterygius , duquel il y 
a trois elpeces. 

La première eft nommée par A R- 
T e d 1 ( Ichtk Part. V. p. 97. n. 10. ) 
Squahts ex ntfo v art us » g**«*<* a ^ me ~ 
ciio , inteï anura & cauàam pïnnatam. 
Ce poiiTon eft le 2a2p«{ d'ARiSTOTE, 
VI. Çi 10, p. fil, le ixû^yc; d'A- 



R O U 

THÉNÉE, L.VILp. 294. &d'OpPIEtt, 
L. I. fol. 113. Gaza a traduit le 
Grec d'A r 1 s T o T E par Canicula. 
S al v 1 e n tfol. 137. Aldrovande, 
L. III. c. 34. p. 390. Jonston , de 
Pifcib. Willughbï , p. 52, Se Ray , 
Symp. Pifc. p. 22. n. 12. en parlent 
fous le nom de Catulus major vulgaris. 
On nomme ce poilfonjtwiowe à Rome, 
Pefce Gatto à Venife , Rounce dans la 
Province de Cornouailles en Angle- 
terre. Cette première efpece de R011J- 
fette diffère du Chien de mer par fou 
dos qui eft plus large , par fon mu- 
feau qui eft plus court Se plus obtus , 
par fa bouche qui n'eft pas beaucoup 
avancée, par fa peau rouffe , marquée 
de beaucoup de points noirs , & qui 
eft bien plus dure que celle du Chien 
de mer. 

La féconde efpece eft nommée par 
Artedi ( îchtb'Part.V. p. 97. n- 10.) 
Squalus dorfo varia , pinnïs venir alibus 
conoretis. Ce poiffon eft le Catulus 
minor , vulgaris , ou tertius de S a 1- 
v 1 e n , L. XXXII. fol. 1 3 8. d' A l- 

D R O V A,N D E, L. ///. C. 34'P- 39°- 
de W 1 L L u G h b y , p. 54. & de 
Ray , p. 22, ». 13. On le nomme 
à Rome Pefce Gatto , & dans la Pro- 
vince de Cornouailles en Angleterre 
the Rough-Houd , ou Morgay.Ce poif- 
fon diffère du précédent , première- 
ment en ce qu'il eft beaucoup plus 
petit ; fecondement , en ce qu'il eft 
plus menu & plus long ; troifieme- 
ment en ce que fa couleur eft plus 
claire Se teinte un peu eh rouge. Il y 
a fur fa peau beaucoup de petites ta- 
ches , en partie brunes , en partie blan- 
ches , Se éparfes çà & là fans aucun 
ordre. 

La troifieme efpece eft nommée par 
Artedi ( Ichtb. Part. V. n. 1 1 . ) Squa* 
lus- cinereus,pimis venir alibus diferetis. 
C'eft le Catulus faxatilis de Ronde- 
let ( L. XIU. c. 7. p. loo.Êdit. Fr. ), 
qu'il nomme en François Chat de ro- 
cher ; c'eft auffi le Catulus marimus 
de Wl L LU, G H B Y ( p. 53.) , & de 



RUB 

R A Y f p. 2,2. ) ; 8c peut-être le Muf- 
tellus ftellaris de Belon Se de Gesner 
(p. 723. ), Cette efpece de Rouffette 
diffère de la première en ce qu'elle 
eft de couleur cendrée ; que fes ta- 
ches font beaucoup plus grandes , mais 
en plus petite quantité : fon mufeau 
eft plus long& plus épais ; fes narines 
font très éloignées de fa bouche : elle 
n'a point de nageoires jointes à l'a- 
nus ; elles en font féparées m 3 Se celle 
qui eft placée au-deflbus en eft plus 
proche que dans la première efpece. 
Rondelet parle de ces deux ef- 
peces de Rouffèttes , 8c non de la fé- 
conde. 

Quelques Ouvriers fe fervent de la 
Roujfette, 8c la font quelquefois pafTer 
pour une peau de Chien de mer , au- 
quel ce poiifon reffemble. On apporte 
ces fortes de peaux de la Hougue en 
Balle-Normandie. Il y a cependant 
une grande différence entre la peau du 
Chien de mer , qui eft extrêmement 
dure & toujours brune , & celle des 
Roitjfettes , qui font de différentes cou- 
leurs Se toujours garnies de petites 
étoiles fur le dos. Les Rouffèttes font 
aufli plus petites que les Chiens de 
mer , 8c leur peau n'eft prefque point 
rude. 

RUB 

RUBAN, poiifon de mer, dont 
il y a plusieurs efpeccs. 

La première fe nomme en Grec 
Ta/yict , fuivant A r istote, Ili/l. 
Anim. L. 'lï. e. 13. O p p i e n , L. I, 
p. 5. ScAthénée, L. Vil. p. 325. 
en Latin Vitta, félon G a z a, fur Aris- 
tote (L. I. c. 2. ) , Se Tania fuivant 
Rondelet , L. IL c. 17. p. z6i.Édit. 
Fratîf. G es ne r, p. 938. Aedro- 

VANDE , L. III. C. 30. p. 369. JoNS- 
TON , p. 23. ChARLFTON , p. I2CT. 

& Ray , p. 3 9. n. 7. C'eft un poillbn 
de mer qu'on nomme àRome Ccpole , 
difent Willughby , p- 116. & Ar- 
t e d 1 , Ichth. Part. V. p. 1 14. n. 1. 
En Languedoc , on l'appelle Flamba , 



RUB 727 

c'eft-à-dîre Flambe , pareequ'il eft rou- 
ge & de couleur de feu ; quelques-uns 
lui ont donné le nom de Spafe , qui 
veut dire Épée. C'eft un poiifon long; , 
étroit , Se flexible. La tête eft plate'sc 
compofée de plufieurs os ; fes yeux 
font grands 8c ronds , & la prunelle 
eft petite. Il a près des ouies un ai- 
leron de chaque côté ; au dos jufqu'à 
la queue une nageoire mince. Ce poif- 
fon eft fans écailles , Si il eft fi tranf- 
parent en l'expofant au jour , qu'on 
peut compter les arêtes. C'eft ce poif- 
îbn qui eft le vrai Tarda d'ARiSTOTE , 
dit Rondelet. Sa chair eft blanche 
& a le goût de celle de la Sole. Il y 
a quelque différence dans la deferip- 
tion que Ray en fait. Ce poiiTon 
a , dit-il , peu loin de lâ tête , au milieu 
de chaque côté , des taches d'argent 
placées en droite ligne. La nageoire 
du dos commence à un doigt de la 
tête , 8e s'étend jufqu'à l'extrémité de 
la queue, Se répond parfaitement à celle 
du ventre. 

Rondelet ne lui donne point 
de nageoire au ventre , & R a y mar- 
que qu'elle eft du triple plus large 
que celle du dos ; qu'elle commence 
fous la mâchoire, Se même qu'elle en 
eft fi proche , qu'à peine laifle- 1- elle 
un efpace pour l'orifice des excré- 
mens , qui eft ( ce qu'il y a de parti- 
culier ) fi tué prefque à l'angle de la 
mâchoire inférieure. 

La féconde efpece eft nommée par 
A R T e D 1 ( ibid. n. 2. ) , Tœnia Faix 
Venetoriim diiïa. Belon, de FiJ'cib. 
Jonston,^ Tifcib. G e s n e r , de 

Aquat. p. 039.W1 L LU G H H Y, p. I 17, 

& Aldkovande, L, ///. c. 3 o. 
parlent de ce poiffon. 

La troifieme efpece , nommée par 
Art edi , Tœnia S experts Rnbcfiens 
diila , & dont parlent Gesner SlTj. 
Aldrovande , L. III. c. 28. p. 377. 
& Willughby , p. 118. eft le Ser- 
pent marin de Rondeiet, 

La quatrième efpece eft nommée 
Ta,nia altéra dicta. Les mêmes Na.- 



7 z8 RUS 

turalutes , comme G E SN c R , p. 03 S. 

Al-DROVANDE ,L. III. C. 30. p. fJO. 
JoNSTON , t. 6. fol. 2. WlLLUGHBÏ , 

j>. 1 1 8. & R A Y , p. yi. parlent de ce 
poilfoii. Rondelet , p. 117. dit qu'il 
.eft femblable à la première efpece. 
Mais outre les nageoires qu'il a aux 
ouies , il en a deux autres de couleur 
rouge au delfousde la mâchoire baiTe : 
.il eft de plus marqué de cinq taches 
rouges Se rondes fur le corps : il n'a 
ni écailles ni aiguillons. Ccpoiiloneft 
■blanc , fon eftomac eft grand Se long , 
)e boyau eft droit, le cœur eft plat, 
le foie eft d'une couleur entre le blanc 
■Se le rouge , la rate & le fiel font pe- 
tits , fa chair eft dure & gluante , Se 
fait une mauvaifè nourriture. Il y a 
un autre poifton nommé T*enia rubra , 
fort commun à Gênes , Se il y eft nom- 
mé , félon "W 1 l l u g h e y , Se P» a y , 
,p. 71. n. 1 0- Cavagiro Se Fnggia , 
■qui peut bien être le même que le 
■précédent , dit Ahtedi, Part. V. 
p. 115. ». 4. 

Il y a une efpece de Goujon de 
rivière , qui a au-deflbus des yeux 
comme deux efpeces de cornes , & 
que S C H o n N e V E 1. D , Ichth. p. 74. 
■nomme Tmia cor mut a. C'eft le Cobitis 
aculeo bifurco injrà utrumqiie octi.lu.rp. 
jd'-A rte d 1 1 Ichth- Pan. V.p. 3. ». 
2.. le Cobitis acidcatus de Rondelet, 
part. IL d'ALDRovANDE , L. V. c. 
30. p. êvf. de Gf.sner , p. 404. & 
482. de C n a r l e t o n , p. i 5 7. de 
J O N S T O N , L. IfL tit. I . c. 12. de 
W 1 l lu g h B y , p. %6<y. Se de Ray , 
p. 124. n. 34. On le nomme T angiome, 
en Anglois , Se en AlL-mand Stein- 
lh:ijer , Schmeerpme , ou Steimpicher. 
Voyez au mot FLAMBEAU pour 
■les différentes eipeces depoiifons. 

RU BAN, eipece de Coquillage 
de la clafle des Uni valves; & de la 
famille des Vis , dit M. d'ArgeNi- 
v î l l e . Voyez V I S. 

Il y a le T&nia , qui eft le Ver Sor- 

* Ce poiiTon eft nommé en Suédois Giert J 
tri Danois, Ihi c ; en Hcllandois Pc/ci, §: 



R U C R U F 

litaîre , autrement nommé Ver plat:: 
Voyez VER SOLITAIRE. 

R U C 

RUCHER Abeilles & des Bour- 
dons. Voyez au mot ABEILLE,, 
Tome L p. 4. 

RUCHER Guêpes, Voyez au 
mot GUÊPE, Tome II. p. 362. 

RUCHE MARINE des 
Mouches aquatiques , qui ont dans la 
bouche , comme les autres infectes 
aquatiques , un aiguillon avec lequel 
elles fe défendent lorfqu'on veut les 
toucher* elles ont été décrites très- 
exactement par Aldrovande fous 
le nom d'Abeilles amphibies, Se Jons- 
TON les nomme Abeilles jauvages. 
SwAMMERDAMne doute point que 
ce ne foient les mêmes dont P 1 s o N 
a décrit la Ruche marine, qui n'eft au- 
tre chofe qu'une Èpor.ge aquatique. 
M o u F F e t appelle ces Mouches 
Notonecl& , parcequ'elles nagent fur le 
dos & non fur le ventre. Voye2 au 
mot NATONECTA. 

R U F 

RUFFE f , poiiTon à nageoires 
épïneufes , ainfi nommé par les An- 
glois : il eft du genre des Perches. 
A R T E D 1 C Ichth. Part. V. p. 6% . n. 4. ) 
l'appelle Perça dorfo monopterygio , ca- 
pite ■caverpôfo- Cet Ichthyologue penfe 
que ce peut être le Xo~po? noT*p.k 
thénée, L. VLIL c. 3 3 1 . le Xsîpce 
d'É lien , L. XIV. c. 23. p. 833. 
C'eft la Çermta fluviatilis deBELoN, 
de Pij'c. de Gesner, p. 701. & 825. 
de Willughby , p. 3 34. 6c de Ray , 
p. 144. C'eft aufti la Perça minor de 

ChARLETON, p.. 158. d'ALDROVANDE, 

L. V. c. 34, p. C>2 4. Ci" 6%6. Se de 

JONSTON , L. III. C. 2. 

Il y a un autre poiiTon, particulier 
au Danube , qui eft de la même ef- 
pece que le précédent; il n'en diffère 
que par les variétés. On le nomme 

Pofl ; en Allemand Kaulhaurf, ou Stùerbcff , 
fy. Smtr, 

Schrolln 



R U K R U M 

■Sehrottn à Ratilbonne. Gesner , 

f. I289. AlDROVANBE, L. V. C. 

3 'J- J o NS T 0 N , L. III. tit. 3 .c. 3. 
Willughb y , p. 3l5 , Se Ray, 
f 143. en fonrt mention. Parceque le 
Kujfe des Anglois a la partie autour 
des ouïes reluifante comme de l'or , 
quelques-uns, dit R a y , le nomment 
P erche dorée. Ce poiffon pour la fi- 
gure approche de la Perche , mais elle 
eltplus petite , & il n'a point débandes 
noires qui traverfent. Ses écailles font 
petites , taillées en rond , faites en ma- 
nière de franges , ce qui lui a fait don- 
ner le nom d'Afpredo par C aï us, 

& n. j, Ru f e P ar ies Anglois. Son dos 
eit d un verd qui tire fur le jaune 
taie ; le bas eft d'un jaune pâle. Le 
dos, le haut des cotés , l a queue & les 
nageoires font marqués de points Se 
débandes noires. Voyez au mot PEU- 
CHL ,pour la Perche. 

R U K 

RUKKAIA, nom qu'on donne 
dans Pille de Ceylan à VEcureuiL 
Voyez ce mot. 



R U M 



729 



R U M 

RUMINANT , poiffon qui 
rumine. A r i s t o t e (Hift. Anim. 
L. IX. ), dit R e n d e l e t f L. XV. 
e. 14. p. 332. > , parle d'un poiffon 
nommé Miipu? , & que G a z a a tra- 
duit par Ruminalis. Maïs cet endroit 
d'A r i s T o T e ne paroît pas bien tra- 
duit à notre Ichthyologue François, 
Il n'eft pas certain, dit-il , que ce foit 
un poiffon. Les animaux qui ruminent 
ont, ajoûte-t-ii, des dents aux deux 
mâchoires; Se entre les poiffons il n'y 
a que le feul Se are qui rumine. 

R U M I N A N S : Les Naturaliftes 
donnent ce nom aux animaux qui re- 
mâchent leur nourriture, Se qui l'ava- 
lent enfuite. Il y en a , dit Conrad 
Peyerus ( Marycolog. ou Traité des 
Anim. ritm, p. 4. ) , qui font vrais Ru- 
mina»! , & d'autres qui n'ont que l'ap- 
parence de l'être , ou qui ne le font 
Tome m. 



pas tour-a-fair. L'Auteur en parcou- 
rant toutes les différentes claffes des 
animaux , trouve des InfeÉtes , des 
Aquatiques, des Oifeaux Se des Qua- 
drupèdes Ruminam. Les Infeftes qui 
ont plufieurs ventricules Se qui fe nour- 
nflent d'herbages , ont , dît-il (p. 11.), 
ia facuLté de ruminer ; tels font les 
Urinons- Taupes , les Guêpes, les 
Bourdons , les Abeilles , les Saute- 
relles , Se d'autres. Parmi les Aqua- 
tiques , qui pafTent pour ruminer , ce 
lont les Ecreviffes de mer, les Can- 
cres , & les Homards , qui ont plu- 
fieurs ventricules. Les Anciens , com- 
me Aristote, Hift. Anim. L. II. c. 
17. Elien , Oppien , Pline, Hift. 
Nat. L. IX.c.ij. Se le favant Bo- 
C h a r T , Hkroz.. Part. I. L. I. c. 6. 
difent que le Scare eft un poilfon ru- 
minant. C'eft ce que dit aufii Ovide 
dans ces deux vers : 

Ai comrà herbofà Pif ces laxamur arenâ , 
Ut Siams , epaftas foins $ui ruminât efeas. 

Outre le Scare , Gesner (deAquat, 
L. IV. ) dit que le Saumon eft un poif- 
fon ruminant , Peyerus ne croit pas 
qu'il rumine , parce qu'il eft certain 
qu'il avale tout d'un coup la nourri- 
ture qu'il prend. La Dorade , félon 
Rondelet, eft un poiffon ruminant. 
Quoique le Muge neremâche pas , ce- 
pendant il fait quelque chofe d'ana-» 
logue à la rumination , dit Peyerus. 
Aristote, Hift. Anim, L. IV. c. 5. 
attribue plufieurs ventricules à l'Hé- 
riffon de mer , poiffon qui n'a point 
de fang. 

L'Auteur du Traité des Animaux 
ruminans , paffe des petits aux grands 
poifions , Se dit que Bartholin 
(Cent. II. Hift. 25,) attribue auPho- 
cme , ou Dauphin du Septentrion trois 
ventricules bien diftinéls ; il y en a 
auflî qui difent que les Bœufs , les 
Vaches, Se les Veaux marins, quifè 
nourriffent d'herbes marines , font ru- 
minans comme les autres animaux ter- 
reftres qui portent le même nom } mais 
Z z z z 



730 R U M 

ruminent-ils comme ceux-ci ? C 'efl: ce 
que n'affirme pas l'Auteur. D'ailleurs 
M. Perrault, dans la defcription 
qu'il donne du Veau marin , marque 
qu'il relfemble au Veau terreftre par 
la tête 8c par le poil , qu'il efl: Qua- 
drupède, mais digité, & qu'il ne lui 
3 trouvé qu'un ventricule. 

Si des animaux dépourvus de dents 
ne font pas des animaux ruminans , ce 
font fans doute les oifeaux, du moins 
la plus grande partie ; car il n'y en 
a qu'un petit nombre qui ont le bec 
dentelé ; mais la faculté de ruminer 
ne provient que de la pluralité des 
ventricules : or comme A r istote 
Se Pline en donnent plufieurs à 
certains Oifeaux , ce qui les met aux 
rangs des Quadrupèdes ruminans. Ce 
que les Anciens prennent pour plu- 
fieurs ventricules dans certains oifeaux 
font le jabot , le gofier & le ventre. Les 
oifeaux qui imitent les animaux ru- 
minans broyent dans leur bec la nour- 
riture qu'ils prennent ,elle defeend en- 
fuite dans leur jabot , où elle devient 
en maffe, ils la dégorgent pour en nour- 
rir leurs petits ; tels font le Pélican , 
qui a un grand fac , la Cicogne , le 
Héron , le Pigeon, la Tourterelle , & 
les autres oifeaux qui dégorgent leur 
nourriture pour en nourrir leurs pe- 
tits. 

Parmi les Quadrupèdes qui font ru- 
minans , ce font les Bifulces , ou ani- 
maux à pieds fourchus , & ils font les 
vrais animaux ruminans, P e t e r u s 
établit quatre genres de ces Bifulces 
ruminans. Le genre des Bœufs , Bo~- 
vimtm genus s celui des Cerfs , Cervi- 
num ; celui des Brebis , Gvile > 8c ce- 
lui des Chèvres , Caprinum. Dans le 
premier genre on compte le Taureau » 
ïe Bœuf, la Vache, les Bœufs fau- 
vages qu'on voit en.Dardanie ,,en 
MécUe , en Thrace , Se ailleurs , tels: 
que l'Urus:, le Bifon , & le Bonafus , 
dont parle A ri stote ( Hift. Anvm. 
IL. IX. e>~4$î$ Du; fécond genre font 
là; Cerf ,.1'Alté ou l'Élan;* commun 



R U M 

en Norvège , en Dannemarcfc s etf 
Suéde , Se en Laponie ; le Tarandus , 
le Rhenne , le Daim , Se le Chevreuil; 
Du troifieme font le Bélier Se la Bre- 
bis. Du quatrième font le Bouc , la 
Chèvre, le Chamois , 8c la Gazelle. 
Plufieurs Auteurs mettent le Rhino- 
céros 8c le Chameau parmi les ani- 
maux ruminans. IL y a parmi les Qua- 
drupèdes digités des animaux qui 
font aufïï ruminans , comme le Lièvre, 
le Lapin , la Marmotte , Bec. L'Hom- 
me n'eft point du nombre des ani- 
maux ruminans ; maisPEïERUS , p. 63 . 
d'après Fabricius Aquapendente , 
cite plufieurs hommes & plufieurs 
femmes qui ruminoient. Le premier 
étoit un noble habitant de PadoueY 
Le fécond , un Moine Bénédictin de 
Sainte Juftine de la même Ville ; ce- 
lui-ci digéroit promptement , 8c avoît 
toujours faim : il mourut de pourri- 
ture. Le troifieme étoit un pauvre 
Particulier de Gênes , qui, à l'âge de 
deux ans ayant perdu fa mere , fut 
nourri du lait d'une Vache qu'il tettoit, 
Se il vécut jufqu'd cinquante ans en 
ruminant toujours. Le quatrième fut 
un homme de Mariembourg , qui étoit 
très-vorace ; il avaloit tout d'un coup, 
Se fes alimens s ? é:ant cuits dans Ion 
ventricule , il les faifoit remonter aî- 
fément , 8e les ruminoit à la manière 
des Quadrupèdes. Le cinquième étoit 
un Suédois , qui , une demi-heure 
après fes repas , fe retiroit dans uo 
coin , pour rebroyer Se remâcher tout 
ce qu'il avoît pris, Le fixieme étoit 
un Anglois, Citoyen de Londres , 8c 
natif de la Principauté de Galles , qui 
une heure ou deux après qu'il avoit 
quitté la table , ruminoit ; mais fans 
avoir aucun mauvais rapport , comme 
le précédent; Le feptieme exemple 
cité , efl: une jeune fille qui ne ruminoit 
pas avec plaifir comme ceux dont oa 
vient de parler. 11 en eft fait men- 
tion dans les Ephrrnérides des Curieux 
de la Nature. , Tome 1. années 9. &, 
10. Okf, i<5o. Le dernier exemple que 



RU M 

V E Y E R u s cite des gens qui rumi- 
nent , font un riche Payfan de la SuiiFe, 
qui pendant toute fa yîe rumina avec 
grand plaifir ,. & une femme du même 
pays. 

Voilà en abrégé , félon l'Auteur , 
les animaux qui ruminent. On voit 
dans fan Ouvrage les parties & les 
organes qui fervent à la rumination , 
comme les différens ventricules qu'ont 
certains animaux, Il y en a , dit-il , 
qui en ont jufqu'à quatre. Le pre- 
mier eft le Ko/Ai*» en Latin Venter s le 
fécond eft le Kjapup^cî , félon Aris- 
totEj en LatinflefîV«/«j-,felonGAZA, 
Le troifieme L*v7ye« , en Latin Erina- 
ceiis , à caufe de fa reflemblance , dit 

F A B R I C I U S A Q U A P E N DENTE, 

avec l'Hériflbn ; le quatrième eft 
l'tivuç-pcv, en Latin Perfeilihile , parce- 
que , félon Aquapendente, c'eft 
dans ce dernier ventre que la nourri- 
ture prife fe transforme en chyle. Con- 
fultez P E y e R u s , fur les animaux 



RYN 731 

rumhram, dans fon Traité Latin im- 
primé à Bafle en 1685. 

RYN 

*RYNOBATON, mais mieux 
RHYNOBATON: Pline, 

d'après Ar is to te , a donné, dit 
Rondelet, ce nom à un poiflbn 
qui provient de la Raie Se de l'Ange. 
Ces deux Anciens n'ont parlé de ce 
poiffon que fur le rapport des autres. 
Le même Rondelet marque auflï 
n'en avoir jamais vu. Cette forte de 
poiffon n'eft point connu par les Na- 
turaliftes modernes , qui le regardent 
comme fabuleux. 

CYNOCÉPHALE, ou 
RHYNOCEP HALE: C'eft 
un animal fabuleux , qui a la tête 
d'un Cheval , & qui jette feu & fiam-' 
me par la bouche. G E s n e r ( de 
Quad. L. I. p. 845. J dit qu'il eft autfi- 
inconnu que le Phyftologue qui en' 
parle. 



Fin du troifieme. Volume du Diâionnaire des Animaux^